2-3 Le Tarn et les hommes : les anciennes pratiques de
la rivière
Cette étude vient sous forme de revue historique. Elle
nous permettra de retracer les usages anciens liés au Tarn ainsi que les
constructions qui fonctionnait jadis par l'eau du Tarn. Ceci a pour but d'une
part de cerner les mutations des représentations actuelles des individus
par rapport à la rivière, d'autre part ceci nous permettra
d'identifier la genèse des formes urbaines autour de la rivière
à travers
17 Rapport de présentation PLU Albi approuvé en
décembre 2007.
18 Philippe VALET, les paysages de la Garonne :
Les métamorphoses d'un fleuve, thèse de doctorat en
géographie, université Toulouse 2 le Mirail
19 D'après entretien avec Geneviève
Parmentier 16/05/2012.
20 D'après entretien avec guillaume OULES 24/04/2012
l'étude des axes de franchissement, ainsi que les
batiments d'usage ancien regroupés autour de cette ressource.
Dès le 3éme siècle av JC les
Ruthènes21 développent la vie économique d'Albi
grâce aux activités liées à la rivière du
Tarn. Celle-ci était une principale voie de navigation et donc de
liaison entre les différentes villes installées à son
bord. Albi était un carrefour géographique centralisé. Les
blés du ségala, le vin de chanvre de cordages, le pastel et le
safran qui sont les richesses du pays de cocagne, ainsi que le verre de
Grésigne et les poteries de Montans, sont tous transportés par
voie d'eau. Ceci illustre l'importance ancienne de cette voie de liaison.
1-1-1 711BU2IKiH/PH2t.
Figure 11: Les usages anciens du Tarn
Trafic fluvial à Albi au XIX siecle 1858 , gravure
anonyme
Embarquement du charbon sur la riviere du Tarn en aval d'Albi
1858, dessinateur anonyme.
Les ponts ont toujours était des éléments
importants dans la structure d'une ville. Ils dictent l'organisation des
espaces, le développement de l'étalement urbain, et peuvent etre
à l'origine de l'élaboration des villes. De ce fait ils jouent un
grand rôle dans l'émergence et dans l'évolution des formes
urbaines.
Nous allons étudier sur ce point l'évolution de ces
axes de franchissement car ils n'ont pas toujours été ce qu'ils
sont aujourd'hui.
En effet historiquement, la ville d'Albi a pris de l'ampleur
grace aux axes de franchissement qui ont mis en avant l'aspect d'un axe
structurant empreinté par les différents transitaires. Voici un
bref aperçu historique retraçant les principaux
évènements importants dans la mise en place de ces axes.
Le pont vieux :
Il est d'une longueur totale de 151m41 et présente sept
arches en tiers point. Ce fut le premier pont construit à Albi en 1035
pour répondre aux besoins de la circulation générale. Ceci
a permis de détourner la circulation vers la ville dans le but d'attirer
les bénéfices du transit des personnes et des bêtes et
assurer ainsi aux citadins de l'époque le profit du franchissement de la
rivière du Tarn.
21 Groupe ethnique celtes qui occupait les territoires
correspondant aujourd'hui a une grande partie du Tarn et de l'Aveyron.
De ce fait Albi a tiré une importante part de sa
prospérité par le transit des hommes et des marchandises par le
pont vieux.
Du point de vue des formes urbaines le pont a favorisé
l'étalement urbain de la ville d'Albi de l'autre côté du
pont au nord (La madeleine actuellement) le développement de
faubourgs.
L'avènement de l'ère industrielle, et le trafic
de marchandises et de voitures qu'elle apporte rend le pont impraticable et
crée des encombrements au niveau de celui-ci. Ceci a
nécessité la construction du pont neuf au prolongement des lices,
le pont vieux se trouve alors relayé au second plan et demeure seulement
un trait d'union entre le quartier de la rive droite avec
l'agglomération en rive gauche ce qui lui donne une fonction strictement
urbaine22
Actuellement il reste comme témoignage du passé
autant qu'un patrimoine historique d'une renommée internationale. En
effet selon Emile JOLIBOIS archiviste au département du Tarn «
c'est un monument historique qu'il ne faut pas laisser périr,
, toutefois il assure toujours les mouvements intra urbains
».23
27372 pratiques et métiers de la riviere
De nombreux métiers et pratiques étaient
liés à la vie de la rivière à Albi on peut
notamment en énumérer quelques-uns :
Teinturiers tanneurs, pécheurs de sable, de poissons
meuniers de céréales de pastel. Plus tard une manufacture de
pates s'installa aux moulins de vermicellerie, ainsi qu'une manufacture de
chapeaux.
Au mois de juillet (pour la saint jaques) une fête des
bateliers animait le coeur de la ville s'accompagnant de joutes nautiques et de
joyeuses agapes sur les quais près du chantier naval de la Berbi
à Albi.
La rivière a aussi joué le rôle de justicier.
En effet, au XI et au XII siècle de nombreux criminels ont
été condamnés à la noyade dans la rivière de
Tarn oil les révoltés qui promettent à leur adversaire un
châtiment qui est la noyade. Ou encore la pratique symbolique de la
dispersion des cendres des paysans de la région.
Ceci nous permet d'avoir une vue d'ensemble sur le nombre
important des pratiques autour de la rivière et nous laisse dire que le
Tarn à toujours était un élément de vie à
part entière, et un réel constituant de l'identité de la
ville d'Albi. En d'autres termes, nous pouvons dire que les pratiques de la
rivière du Tarn à Albi ont toujours existées de
façon multiple et diverse, et la relation des hommes avec la
rivière peut être géographique, physique, fonctionnelle ou
encore spirituelle ce qui a une influence sur les cultures et les
comportements.
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