La relation ville/riviere
Albi et la dynamique Unesco : vers un renouveau des discours
et pratiques autour de la rivière du Tarn
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Encadrant pédagogique : Frédérique BLOT
Centre universitaire JF. Champollion
Master 1 Géographie et aménagement
spécialité aménagement développement et
environnement
UE 81 : Démarche de recherche protocole
scientifique 2011/2012
Remerciements
A l'issue de ce travail, mes remerciements s'adressent
tout d'abord à mon encadrant pédagogique Frédérique
BLOT pour ses conseils et son soutien, et à mes enseignants.
Egalement, j'apporte ma gratitude aux personnes qui m'ont
reçu en entretien et m'ont aidé dans ma récolte
d'informations.
Enfin, Je tiens à remercier particulièrement
mes parents sans qui rien n'aurait été possible, ainsi que ma
tante pour son encouragement et son soutien moral.
Sommaire
Introduction générale : 3
Partie 1
Villes, Label Unesco, et cours d'eau : Mise en
perspective des reconquêtes fluviales 5
1.1.Evolution des rapports ville/fleuve : 5
1.2 Lyon et le plan bleu : Le Rhône, la Saône et le
patrimoine Unesco 7
1.3 Bordeaux et la Garonne :
Partie 2
Le classement d'Albi à l'Unesco : Le contexte
albigeois du Tarn 11
2.1 Présentation de la ville d'Albi : 11
2.2 Le Tarn : 13
2-4- les dangers du Tarn :
2-5 Le questionnement. 20
2-6 Cadre théorique et concepts clés 21
2-7 Hypothèses : 25
2-8 Méthodologie : 25
Partie 3
Résultats : Villes moyennes et patrimoine : vers
un renouveau des pratiques sociales 31
3.1 Des représentations du Tarn aux pratiques et
formes urbaines à Albi 31
3-1-1Le Tarn comme patrimoine : représentation
fonctionnelle du Tarn 32
3-1-2Le Tarn dangereux :risques d'aménagement des berges
du Tarn 34
3.1.3 Le Tarn comme image de marque : 36
3.1.4 Le Tarn comme terrain de loisir et
d'évènementiel . 36
3.2 Montauban et la reconquête du Tarn : du
référentiel politique aux pratiques
sociales : 37
3-3 Quel avenir pour le Tarn et Albi 38
Conclusion 43
Bibliographie 45
Annexes 48
Table des illustrations 52
Table des matières 53
Introduction générale
En France, depuis les années 1980 les FROURIVEXXEEIns
sont redevenus au centre des préoccupations des politiques publiques,
des institutions internationales, et de la société en
général. Ce regain (WpWt LYE dEns le sens de
rendre Fes FRnstituEnts paysagers plus esthétiques, fonctionnels et
productifs. De plus, le changement de représentation lié à
la reconnaissance mondiale des villes motive les décideurs à
revoir leurs actions en fonction du patrimoine. Ceci se traduit souvent par des
opérations visant à réhabiliter les fleuves, les
rivières en passant par les berges ce qui se transfRTP I nQ
EtROCTGIEttrEIIVterritorial. Ce sont ces aspects sur lesquels va VESSX HKRITe
sujet de recherche. Il siKkIROJIE5RXVERIP IR3M- IpEEuFKERMEETOV- 1 visant
à comprendre les représentations et les pratiques qui tournent
autour de la rivière du Tarn à Albi et aux multiples enjeux
quIESSRLIE RE SEAMP RQElLAEtARn.
Nous évoquerons dans un premier temps
l'évolution de la place des cours CIeEuCGEWOEVLYIOD, et son cadre
normatif actuel en matière de politiques s'EP pcE1eP
HY11/4111E3LY11ELGEKAGSEtIiP Rine. Nous appréhendons cette question de
renouveau fluvial à travers des exemples de reconquête à
différentes échelles territoriales. Nous prendrons comme exemple
le cas de Lyon et de bordeaux. Ces villes VESSXent sur divers dispositifs
physiques et politiques vers une reconsidération G IIIRSEFH IluLYIEl.
Dans un deuxième temps, le contexte act3IEXeIIE LYillD 11'AOEETIN du
Tarn sera traité en insérant une brève étude
historique G li'évolution de la ville et des pratiques autour de la
rivière. Cela en guise de mise en perspective à titre FRP
SEIEIIMINIMATX\Ege1 3yentant et contemporains pour cerner leur
évolution. Cela nous permettra de faire un point sur le passage des
utilisations révolues aux aménagements contemporains. La
problématique quant à elle, VIRUETI 1EutRKRa plusieurs niveaux de
réflexion, OWLSELIMMr le rôle du fleuve dans la dynamique de
patrimonialisation, HId'Eual ESELW identifier le changement de
représentations sociales et le renouveau des pratiques autour du Tarn
depuis le classement. Enfin IISeINIKESIinFISHOlaménagement G RIFINIEFI
LYillMrILY1q1FIEEWD 1FR011 WW I ville moyenne.
DEnKAWOpsuItEW IKAREMINIRQII'EERIfillles points
spécifiques et enjeux majeurs qui définiront les
représentations et les pratiques urbaines centrées autour du Tarn
à la suite du classement Unesco: représentations
fonctionnelles, esthétiques et
patrimoniales. Enfin, quelques pistes de réflexions sur
le rapport ville /rivière seront proposées en conclusion. Ce
dernier point proposera une nouvelle vision d'aménagement et
s'interrogera sur l'aménagement des bords de la rivière avec une
reconsidération à la fois territoriale patrimoniale et
paysagère de celle-ci.
1 Villes, Label Unesco, et cours d'eau : Mise en
perspective des reconqurtes fluviales
1.1. Evolution des rapports ville/fleuve
Les cours d'eau sont les berceaux de toutes les grandes
civilisations. Les villes traversées par ces derniers se singularisent
par un échange d'influence considérable entre les hommes, la
terre et l'eau, ce qui garantit une architecture patrimoniale et un urbanisme
unique. Souvent, la reconnaissance mondiale de ce patrimoine, propulse les
villes à un rang plus élevé, elles deviennent alors une
vitrine ouverte sur le monde. Autrement dit « Le patrimoine urbain
constitue, à cet égard, un atout de plus en plus valorisé,
en particulier lorsqu'il est reconnu « Patrimoine mondial » par
l'Unesco»1. D'une part, ceci remet en question les
priorités d'aménagement de ces villes et impose une dynamique de
mise en valeur et de sauvegarde patrimoniale2.
D'autre part, les relations entre une ville et son cours d'eau
se trouvent bouleversées. Le but est donc d'identifier ces points de
confluence rattachés au classement Unesco. De plus, l'eau en ville est
un élément non négligeable pour la mise en place des
politiques d'aménagement, ainsi la gestion de la présence de
l'eau dans la ville, est une question qui ressurgit tout au long de l'histoire
du développement urbain3 .
Des études ont démontré la mutation des
rapports en faisant une analyse rétrospective des rapports villes
rivière à travers les temps. En effet Les relations ville-fleuve,
souvent complexes, ont évolué au cours de l'histoire urbaine de
l'imbrication à l'exclusion. Cette évolution passe par trois
phases urbanistiques bien distinctes4 :
-Celui d'une ville ouverte sur le cours d'eau jusqu'au
début du XXe siècle ; -Celui d'une ville tournant le dos au
fleuve au cours du XXe siècle ;
- Enfin, celui d'un retour vers le fleuve depuis les
années 1980.
Le schéma (figure 1) illustre bien les étapes de la
relation ville rivière en France
1 Sarah RUSSEIL, Les pouvoirs publics
locaux face aux processus de labélisation : l'inscription du site
historique de Lyon au patrimoine mondial, revue politiques et
aménagement public, volume 22, N
1 mars 2004.
2 Recommandations Unesco 2006
3 Aude CHASSERIAU, Jean-Pierre PEYON ; Le
projet île de Nantes, où comment la ville se réconcilie
avec son fleuve, N° 22, octobre 2004
4 Café géographique
Toulouse, Entre nature et aménagement, quels sont les rapports entre
une ville et un fleuve ? Toulouse, 24/10/2001
Figure 1 : Schéma représentant
l'évolution de la relation ville rivière à travers le
temps
Source : projet ile de Nantes
Figure 2 : 1 Positionnement du bâti classé au
patrimoine mondial de l'Unesco par rapport au cours d'eau. De gauche à
droite : Cas de Lyon Bordeaux et Albi.
Source : Naila SMATI
Limite des sites classés au patrimoine mondial Unesco
Nous pouvons conforter l'idée que le label Unesco est
un élément non négligeable, vue l'encrage des cours d'eaux
par rapport à la délimitation de la zone patrimoniale (Figure
2).
Cependant, la valorisation de cet héritage peu
améliorer l'image de la ville et donc être à l'origine de
l'émergence d'un nouveau référentiel global. Autrement
dit, plusieurs politiques d'aménagement se basent sur ce nouveau rang
pour réformer et combler les carences d'un point de vue
d'aménagement, d'esthétique ou de qualité de vie urbaine.
Le but est de favoriser le dialogue entre les différentes sphères
sociales naturelles politiques et patrimoniales.
Le fait que les territoires soient plus attractifs, peut
donner naissance à de nouvelles représentations sociales et de
nouvelles pratiques urbaines liées au fleuve. C'est ce que nous allons
donc tenter d'identifier à travers cette étude.
Pour illustrer les expériences menées dans ce
contexte-là, nous allons faire une mise en perspective des
différents cas de reconquête fluviale. Nous prendrons à
titre d'exemple la ville de Lyon et de Bordeaux qui depuis leur
patrimonialisation oeuvrent pour s'inscrire dans de nouveaux principes de
gestion des formes urbaines et naturelles dans la ville.
1.2 Lyon et le plan bleu : Le Rhône, la
Saône et le patrimoine Unesco
La ville de Lyon est une ville du centre de la France,
située au confluent du Rhône et de la Saône. Son site
historique fut inscrit le 5 décembre 1998 au patrimoine mondial de
l'Unesco. Cette reconnaissance mondiale des monuments met en relief leur
environnement immédiat et donc le fleuve (Figure3). Autrement dit, la
mise en valeur de ce patrimoine bâti passe souvent par celle du
fleuve.
Source :
http://pjd69.blogspot.fr/2010/05/lyon-la-ville-aux-trois-fleuves.html
consulté le 02/06/2012
Figure 2 : Illustration de la mise en valeur du patrimoine
bâti à travers le fleuve à Lyon
Cette situation oriente les politiques publiques vers la
reconsidération du fleuve en ville, comme le signal Gérard
Colomb, président de la Communauté Urbaine de Lyon : « les
projets urbains les plus emblématiques se construisent à partir
du fleuve. Le site historique de Lyon tire toute sa spécificité
de l'occupation d'un site exceptionnel (deux collines au confluent de deux
rivières) combinée avec la matérialisation d'un style de
vie original à travers son urbanisme et son architecture
»5.
Ce changement de statut lié à la
patrimonialisation de Lyon a donné naissance à de nouvelles
politiques territoriales qui s'intéressent à la qualité de
vie des citadins. Cette notion de qualité de vie et donc de
durabilité passe par la proximité des riverains de l'eau. En
outre, le classement mondial favorise l'activité touristique
représentée souvent par le tourisme fluvial qui reflète
l'image de la ville autrement, et offre une vision du fleuve vers la ville
(figure3).
5 Interview Gérard COLOMB, président de la
Communauté Urbaine de Lyon ; Dans liste du patrimoine mondial,
N° 872, Lyon
Source :
http://www.lyon-france.com
consulté le 02/06/2012
Figure 3 : Actñités fluviales touristiques
à Lyon
Source :
http://www.lyon-photos.fr/2011/01/les-berges-du-rhone.html
Figure 4 : Réappropriation des usages des berges
à Lyon
Ainsi, le fleuve sort de sa vision réduite. Riverains et
acteurs sociaux se le représentent différemment, on peut parler
alors de reconquête fluviale.
Des discours politiques aux pratiques sociales:
Pour réconcilier la ville et le fleuve, Lyon est
passée par les berges du Rhône et la Saône après s'en
être détachée peu à peu au cours du XXe
siècle au profit de la voie ferrée6 .
La ville adopte en 2005 une politique fluviale de la
communauté urbaine de Lyon : Le Plan Bleu (CF annexe I). Ce plan
constitue le premier document de référence traitant de
l'aménagement des berges. L'objectif était d'élaborer un
schéma global d'aménagement de ses "espaces bleus", afin de
coordonner les efforts, de planifier les actions et les financements.
Ainsi nombreux projets témoignent de cette volonté
de créer une proximité de la ville au fleuve et ceci en
créant des espaces et des aménagements urbains publics qui
renforcent cette aspect de loisir vis-à-vis du fleuve. Le principe
étant de développer l'image patrimoniale et l'attractivité
territoriale de la ville, avec une mise en avant de la qualité de vie
pour les habitants (figure 5),
6 J. PELLETIER, J.P. BRAVARD, Lyon et ses fleuves : des
berges perdues aux quais retrouvés Revue de géographie de
Lyon. Vol. 65 n°4, 1990. pp. 300-307.
Le plan bleu comprend trois volets :
Environnement et patrimoine :
Cette partie est consacrée à la
préservation du patrimoine naturel, et la restauration des berges, tout
en prenant en considération les enjeux liés à la gestion
de l'environnement. Il prend aussi en compte la qualité de vie des
habitants et donc de l'eau et des berges, et la prévention des risques
liées aux crues et à la pollution, cela veut dire instaurer une
mise en scène des paysages fluviaux tout en atténuant les
atteintes au paysage.
Urbanisme et aménagement et usages :
Cette partie représente une vision globale de gestion
de l'agglomération par rapport au fleuve, le schéma
d'aménagement met en relation les aménagements proposés
avec les usages des riverains avec leur fleuve, les aménagements sont
alors créer dans une démarche d'intégration urbaine, et de
gestion des usages afin de combler les besoins des citadins en espace naturel,
de détente, et leur procurer ainsi une meilleur qualité de vie,
tout en sauvegardant l'équilibre naturel dont a besoin le fleuve.
Economie :
Cette partie traite les retombées économiques ou
les dépenses liées au fleuve. On y consacre toute une partie car
les activités économiques ont toujours existé sur le
fleuve dont l'histoire et sa reconqu~te est une préoccupation
importante.
Après l'analyse de ce document il s'avère que
cette politique fluviale lyonnaise peut se définir comme étant
une démarche incitative et ne peut satisfaire les obligations de chacun
de ces trois volets. On s'aperçoit finalement que ceux sont des
recommandations sans grand poids juridique.
La protection des espaces fluviaux naturels quant à
elle est loin d'rtre un objectif dominant autour duquel serait organisée
toute la "reconquête" du Rhône et de la Saône dans leur
traversée de la ville7.
On pourrait dire que ce référentiel politique
tend vers le changement des pratiques des citadins de leur fleuve. « La
façon dont les élus lyonnais envisagent aujourd'hui la
coexistence du patrimoine bâti, naturel et les citadins semble en effet
témoigner de ce que la production de nouvelles matrices cognitives,
normatives ou symboliques suppose »8. Pour les acteurs
concernés, ceci apporte une transformation de leurs
représentations et de leurs pratiques qui n'a rien de
l'évidence.
1.3 Bordeaux et la Garonne
En juin 2007, à Christchurch, le comité du
patrimoine mondial a inscrit Bordeaux, port de la Lune sur la liste du
patrimoine mondial comme ensemble urbain vivant. Le territoire concerné
couvre 1810 ha délimités par les boulevards et la rive droite de
la Garonne. Cette reconnaissance a contribué au changement du cours de
son histoire urbaine. Ainsi, le fleuve qui séparait les deux rives, les
réunies aujourd`hui. D'une façon générale ces
nouveaux aménagements en faveur de la Garonne ouvrent
7 Claire GERADOT, Les élus lyonnais et
leurs fleuves : une reconquête en question, geo-carrefour
Numéro 79 Vol. 79/1 (2004)
8 Op Sit,
un regard nouveau sur celle-ci en la mettant en avant avec des
aménagements qui contribuent à la mise en valeur du patrimoine
bâti (figure5)
Figure 5 : illustration des mises en valeur du patrimoine
bâti à travers le fleuve à Bordeaux
Source :
Pieton.blogs.sudouest.fr
consulté le 12/06/2012
Concrètement, cette politique de reconquête se
matérialise dans plusieurs formes urbaines. Les projets urbains sur la
Rive gauche, l'aménagement des quais en promenade urbaine sur cinq
kilomètres et rive droite, la création d'un nouveau quartier avec
un nouveau jardin botanique et un nouveau parc sur les berges ont permis aux
habitants d'accéder au fleuve (figure 6)
Figure 6:Amenagement des berges de la Garonne à
Bordeaux Source : yille de bordeaux
En conclusion, comme ce fut le cas pour Lyon, la
reconquête fluviale de bordeaux passe par la reconquête des berges
(CF annexe II), après le classement de leurs sites comme patrimoine
Mondial de l'Unesco. Ces aménagements vont donc dans la dynamique de
rendre au patrimoine bâti toute sa splendeur. Cet urbanisme patrimonial
paysager, s'impose dans l'élaboration des projets urbains. Cela
crée une proximité
ville-nature et donc ville-fleuve 9 et apporte une
nouvelle qualité urbaine, dans le but de créer un regard
historique sur le fleuve.
2 Le classement d'Albi à l'Unesco : Le contexte
albigeois du Tarn
2.1 Présentation de la ville d'Albi
Figure 7 : La Communauté
d'agglomération de L'Albigeois. Situation de la ville d'Albi
2-1-1 Caractéristiques :
Albi est une commune située dans le sud de la France
sur la rivière du Tarn près des vignobles de Gaillac, du plateau
cordais et de la forêt de la Grésigne. C'est la préfecture
du département du Tarn en région Midi-Pyrénées. La
commune est située au centre du département du Tarn entre le
bassin aquitain et le Massif Central. La géologie du département
présente l'aspect d'un amphithéâtre de plateaux et de
collines inclinés vers le sud-ouest. À l'est d'Albi, les premiers
plateaux de faible altitude forment les contreforts des Causses. Au sud-est,
quelques moyennes montagnes, atteignant les 1300 m d'altitude, formant une
barrière avec les Monts de Lacaune, du Sidobre et la montagne Noire. Au
nord d'Albi, existe un plateau de basse altitude appelé le
Ségala.10
9 Mayté BANZO, Dominique PROST,
Aménagement paysager et renouvellement urbain à
Bordeaux, 2009
10
http://fr.wikipedia.org/wiki/Albi
consulté le 03/03/2012
Sa superficie est 4 226 ha et son altitude moyenne est de 170
m. Albi est situé à 50 minutes en voiture de Toulouse, moins de 3
heures des Pyrénées et moins de 2 heures de la mer
Méditerranée. Les villes les plus proches sont : Castres,
Toulouse, Mazamet, Graulhet, Lavaur, Gaillac, Montauban, Rodez et Carmaux. La
ville compte plus de 51 199 habitants 11
La commune a entrepris depuis 1996 une politique
d'aménagement pour conserver et valoriser le patrimoine. Ceci lui a
accordé la reconnaissance par l'Etat français le 27 janvier 2009,
pour proposer la Cité épiscopale d'Albi pour être inscrite
sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité. Le 10 juillet 2010, la
cité épiscopale d'Albi a officiellement été
inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Le périmètre de cette
zone Unesco s'étend sur 19,47 ha comprend (figure 7):
1 * La cathédrale Sainte-Cécile
2* Le palais de la Berbie,
3* L'église Saint-Salvi et son cloître
4* le Pont-vieux
5* Les berges du Tarn comprises entre le Pont-vieux et le pont
ferroviaire.
Source : Naila SMATI
Figure 8: La cité épiscopale d'Albi
classée patrimoine mondial de l'Unesco
2-1.2 Evolution urbaine et développement de la
ville:
La ville d'Albi c'est implantée sur les rives de la
rivière du Tarn. Elle s'est développée autour d'un centre
historique, dense, groupé au pied de la cathédrale.
La ville originelle était installée sur la rive
gauche, en surplomb du Tarn. Elle s'est ensuite développée de
façon concentrique, d'abord sur la rive gauche, puis sur la rive droite,
le long des voies de communication. Elle forme aujourd'hui des couronnes bien
distinctes (figure 9) :
- Une première couronne urbaine dense autour du coeur
historique, définissant le centre-ville.
- Une deuxième couronne urbaine correspondant au
développement des faubourgs à partir du centre-ville.
11 Donnée Insee 2007.
- Une troisième couronne urbaine d'extension
récente.
A partir de cette organisation urbaine, se sont
développés des secteurs d'habitat pavillonnaire
péri-urbain parfois peu structurés correspondant au
phénomène de l'étalement urbain.
Les constructions individuelles se sont effectivement
installées en grand nombre hors des limites urbaines, en particulier sur
les coteaux et dans la plaine de Fonvialane en rive droite du Tarn.
Aujourd'hui, la zone urbaine n'est plus contenue du Sud à l'Est par la
barrière que constitue la rocade d'Albi.12.
Figure 9: Evolution urbaine de la ville d'Albi
Source : Naila SMATI
1km
Nous notons à travers ce bref aperçu urbain,
qu'historiquement, le Tarn a toujours divisé la ville en deux
entités, ce qui a fortement influencé l'évolution de cette
dernière. En effet, la rive droite était considérée
comme le coté pauvre de la ville. Celle-ci contenait les quartiers
populaires contrairement à la rive gauche.
Par conséquent, la commune a adopté une politique
de requalification axée sur la rive droite13. L'idée
était de casser l'image cette ville composée de deux
entités différentes. Pour ce fait, les aménagements
urbains entrepris sur une rive sont reproduits à l'identique sur l'autre
: jardins, rev~tements du sol, mobiliers urbains ... Le tout dans le but
d'éviter l'image d'une ville à deux vitesses, et de créer
ainsi une unité de ville réunie par la rivière.
12Pan Local d'Urbanisme de la ville d'Albi ,17
décembre 2007, p 02
13 D'après entretien réalisé avec
Geneviève PARMENTIER le 16/05/2012
2.2 Le Tarn :
2-2-1 Présentation
Nous ne pouvons pas parler d'Albi et de son patrimoine sans
parler de la rivière du Tarn. Elle traverse la ville en plein coeur de
son centre historique et constitue le fondement essentiel du paysage albigeois.
Elle est à la fois axe, d'après sa dimension longitudinale, et
barrière, d'après sa dimension transversale. Ses rives sont
hautes et généralement plantées. Cette rivière
coule de la source du mont Lozère à 1575 m au confluent de la
Garonne après Moissac à 60metres. le Tarn parcourt 375 km ce qui
est pour la France une belle longueur ses 375 km ne sont jamais que la 10e du
Mississippi et le 18e du Nil. Ce qui fait de lui de sa taille réduite
à une échelle humaine14.
Elle traverse 5 départements : Lozère Aveyron,
Tarn, Haute-Garonne, Tarn-etGaronne, et met pour dépasser Moissac un peu
plus de quatre jours. Moins de deux jours suffisent en période de crue
il file alors à 15 km/h son débit peut s'inscrire entre 10 et 20
m3 seconde15.
2-2-2 Hydrologie et géologie :
Le Tarn, est le troisième affluent de la Garonne
après la Dordogne et le Lot. Il prend sa source au Mont Lozère,
traverse les gorges du Tarn puis atteint Albi par l'est, il traverse la ville
puis prend une direction plus vers le sud pour se jeter dans la Garonne. La
rivière est navigable depuis la Garonne. Autrefois, quand d'autres
moyens de transport n'existaient pas, elle permettait d'assurer le commerce du
vin de Gaillac, du chanvre et du pastel grâce à des gabarres
à fond plat. Le Tarn a longtemps été un
élément important de l'industrie albigeoise grâce à
la puissance et à la régularité de son débit, ce
qui facilitait grandement la navigation16.
La vallée du Tarn oil se trouve Albi correspond aux
terrains sédimentaires du bassin aquitain déposés dans le
golfe de l'Albigeois et du Castrais. On y retrouve de la molasse datant de
l'ère quaternaire déposée sur des terrasses
creusées par le Tarn et sensible à l'érosion. Autour
d'Albi, les plateaux formant le Causse d'Albi ou de Carmaux fait de calcaire
pauvre.
2-2-3 Le Tarn dans les entités paysageres:
Les rives et berges du Tarn, forment une entité
paysagère linéaire et structurante. Les différences de
relief et la présence ou l'absence de cortège
végétal permettent de les caractériser (à
l'extérieur du méandre et à l'intérieur du
méandre). Les espaces de rive traversent la ville de part en part,
reliant sa partie Est à sa partie Ouest. Les espaces de rive constituent
à proximité du centre historique un espace vert important. En
effet, le Tarn ne constitue pas une composante paysagère isolée.
C'est
14 Jaque FENIES, une rivière appelée
Tarn ou la chronique d'un cours, édition los adralhans, Miau 1994.
P 05
15 Op. sit
16 C. BOURGOIS, S REGOURD, T. AZALBERT, Comment réagit
la ville d'Albi face aux crues, BTSA GEMEAU, 2010
la reconnaissance de l'ensemble de ces espaces et la
capacité à la mettre en réseau qui contribueront ainsi
à faire d'Albi une ville au paysage fortement marqué par le
végétal17.
2-2-3- 1 Les berges à Albi:
Les berges sont les limites extérieures du lit mineur.
Au-delà de ces levées topographiques débute le lit majeur.
Elles subissent les assauts répétés de la rivière
lors des périodes de crues, La succession de ces crues catastrophiques
façonnent une partie de la topographie des berges en mobilisant des
matériaux arrachés à la berge.18. A Albi
l'accès aux berges reste difficile à cause de
l'omniprésence de la végétation, et les
aménagements inexistants et ceci est dû à « une
volonté de donner un aspect sauvage au paysage en le laissant naturel
»19
2-2-3-2 Les falaises :
Les berges les plus hautes à Albi atteignent 30m da
hauteur20 (figure 8), et sont donc sujettes à des
érosions et présentent une instabilité du terrain
liée à la forte pente. Le glissement de terrain y est important.
Elles sont généralement couvertes de boisement, ou
bétonnée artificiellement.
Source : thèse P. Valet
Figure 10: Typologie des berges hautes en falaise.
2-3 Le Tarn et les hommes : les anciennes pratiques de
la rivière
Cette étude vient sous forme de revue historique. Elle
nous permettra de retracer les usages anciens liés au Tarn ainsi que les
constructions qui fonctionnait jadis par l'eau du Tarn. Ceci a pour but d'une
part de cerner les mutations des représentations actuelles des individus
par rapport à la rivière, d'autre part ceci nous permettra
d'identifier la genèse des formes urbaines autour de la rivière
à travers
17 Rapport de présentation PLU Albi approuvé en
décembre 2007.
18 Philippe VALET, les paysages de la Garonne :
Les métamorphoses d'un fleuve, thèse de doctorat en
géographie, université Toulouse 2 le Mirail
19 D'après entretien avec Geneviève
Parmentier 16/05/2012.
20 D'après entretien avec guillaume OULES 24/04/2012
l'étude des axes de franchissement, ainsi que les
batiments d'usage ancien regroupés autour de cette ressource.
Dès le 3éme siècle av JC les
Ruthènes21 développent la vie économique d'Albi
grâce aux activités liées à la rivière du
Tarn. Celle-ci était une principale voie de navigation et donc de
liaison entre les différentes villes installées à son
bord. Albi était un carrefour géographique centralisé. Les
blés du ségala, le vin de chanvre de cordages, le pastel et le
safran qui sont les richesses du pays de cocagne, ainsi que le verre de
Grésigne et les poteries de Montans, sont tous transportés par
voie d'eau. Ceci illustre l'importance ancienne de cette voie de liaison.
1-1-1 711BU2IKiH/PH2t.
Figure 11: Les usages anciens du Tarn
Trafic fluvial à Albi au XIX siecle 1858 , gravure
anonyme
Embarquement du charbon sur la riviere du Tarn en aval d'Albi
1858, dessinateur anonyme.
Les ponts ont toujours était des éléments
importants dans la structure d'une ville. Ils dictent l'organisation des
espaces, le développement de l'étalement urbain, et peuvent etre
à l'origine de l'élaboration des villes. De ce fait ils jouent un
grand rôle dans l'émergence et dans l'évolution des formes
urbaines.
Nous allons étudier sur ce point l'évolution de ces
axes de franchissement car ils n'ont pas toujours été ce qu'ils
sont aujourd'hui.
En effet historiquement, la ville d'Albi a pris de l'ampleur
grace aux axes de franchissement qui ont mis en avant l'aspect d'un axe
structurant empreinté par les différents transitaires. Voici un
bref aperçu historique retraçant les principaux
évènements importants dans la mise en place de ces axes.
Le pont vieux :
Il est d'une longueur totale de 151m41 et présente sept
arches en tiers point. Ce fut le premier pont construit à Albi en 1035
pour répondre aux besoins de la circulation générale. Ceci
a permis de détourner la circulation vers la ville dans le but d'attirer
les bénéfices du transit des personnes et des bêtes et
assurer ainsi aux citadins de l'époque le profit du franchissement de la
rivière du Tarn.
21 Groupe ethnique celtes qui occupait les territoires
correspondant aujourd'hui a une grande partie du Tarn et de l'Aveyron.
De ce fait Albi a tiré une importante part de sa
prospérité par le transit des hommes et des marchandises par le
pont vieux.
Du point de vue des formes urbaines le pont a favorisé
l'étalement urbain de la ville d'Albi de l'autre côté du
pont au nord (La madeleine actuellement) le développement de
faubourgs.
L'avènement de l'ère industrielle, et le trafic
de marchandises et de voitures qu'elle apporte rend le pont impraticable et
crée des encombrements au niveau de celui-ci. Ceci a
nécessité la construction du pont neuf au prolongement des lices,
le pont vieux se trouve alors relayé au second plan et demeure seulement
un trait d'union entre le quartier de la rive droite avec
l'agglomération en rive gauche ce qui lui donne une fonction strictement
urbaine22
Actuellement il reste comme témoignage du passé
autant qu'un patrimoine historique d'une renommée internationale. En
effet selon Emile JOLIBOIS archiviste au département du Tarn «
c'est un monument historique qu'il ne faut pas laisser périr,
, toutefois il assure toujours les mouvements intra urbains
».23
27372 pratiques et métiers de la riviere
De nombreux métiers et pratiques étaient
liés à la vie de la rivière à Albi on peut
notamment en énumérer quelques-uns :
Teinturiers tanneurs, pécheurs de sable, de poissons
meuniers de céréales de pastel. Plus tard une manufacture de
pates s'installa aux moulins de vermicellerie, ainsi qu'une manufacture de
chapeaux.
Au mois de juillet (pour la saint jaques) une fête des
bateliers animait le coeur de la ville s'accompagnant de joutes nautiques et de
joyeuses agapes sur les quais près du chantier naval de la Berbi
à Albi.
La rivière a aussi joué le rôle de justicier.
En effet, au XI et au XII siècle de nombreux criminels ont
été condamnés à la noyade dans la rivière de
Tarn oil les révoltés qui promettent à leur adversaire un
châtiment qui est la noyade. Ou encore la pratique symbolique de la
dispersion des cendres des paysans de la région.
Ceci nous permet d'avoir une vue d'ensemble sur le nombre
important des pratiques autour de la rivière et nous laisse dire que le
Tarn à toujours était un élément de vie à
part entière, et un réel constituant de l'identité de la
ville d'Albi. En d'autres termes, nous pouvons dire que les pratiques de la
rivière du Tarn à Albi ont toujours existées de
façon multiple et diverse, et la relation des hommes avec la
rivière peut être géographique, physique, fonctionnelle ou
encore spirituelle ce qui a une influence sur les cultures et les
comportements.
2-4 Le Tarn dangereux :
Les particularités physiques citées auparavant
favorisent les risques naturels du Tarn à Albi ce qui rend ce
thème le mieux étudié par les responsables.
22
Conseil Général du Tarn et scène nationale
de l'albigeois, A dos d'âne et toujours dans le bon sens, ponts et
viaducs du Tarn, expositions centre culturel de l'Albigeois.15 avril/15
mai 1994.
23 Jean louis BIGET, le pont vieux d'Albi,
Revue du Tarn 1978.
D'abord un aperçu sur les responsabilités des cours
d'eau :
Les cours d'eau domaniaux font partie du Domaine Public
Fluvial et l'Etat est tenu d'en assurer l'entretien pour maintenir le libre
écoulement des eaux et la sécurité des habitants. Les
cours d'eau non domaniaux doivent être entretenus par les
propriétaires riverains. L'article 31 de la loi sur l'eau permet aux
collectivités territoriales de s'y substituer en cas
échéant. La commune a entrepris des études
géotechniques aux termes desquelles des plans de prévention des
risques (PPR) ont été mis en place.
Le PPR traite les crues et le risque d'effondrement des
berges. Il présente un découpage en zones suivant l'importance de
l'exposition aux risques naturels prévisibles. Ce plan englobe aussi un
certain nombre de lois qui interdisent ou favorisent la mise en place
d'infrastructure sur les berges du Tarn suivant les degrés des risques
encourus par ces zones identifiées. C'est un outil d'aménagement
qui vise à protéger les habitants contre les dangers du Tarn.
2-4-2L'effondrement des berges :
Source : PLU Albi
Figure 12: Description des phénomènes
d'instabilité affectant les berges du Tarn
A Albi, il a été prescrit le 14 janvier 1998
pour le risque "effondrements de berges" le long de la rivière Tarn sur
le territoire de ses communes, Arthès, Brens, Castelnau-de-Levis,
Labastide-de-Levis, Lagrave, Lescure-d'Albigeois, Marssac-surTarn,
Rivières, Saint-Juéry et Terssac 24 (CF annexe III)
Sur le territoire inclus dans le périmètre du PPR
sont donc délimitées25:
*Les zones rouges : ce sont des zones directement
exposées au risque "effondrements de berges". Les constructions et
aménagement public sont interdits.
Ce qui est permis sur ces zones-là:
· Les travaux visant à la sécurité.
· Les aménagements paysagers, y compris les
plantations d'essences si celles-ci ne contribuent pas à
l'instabilité du massif (effet au vent,..) ;
24 Plan de prévention des risques de
l'albigeois, règlement janvier 2003.
25 Plan de prévention des risque de l'albigeois,
département du Tarn, règlement janvier 2003
·
Figure 13 Les principales crues du Tarn
Les imperméabilisations de surface, sous réserve de
collecter et d'évacuer les eaux de ruissellement ;
· Les déblais et la création de
carrière, si une étude justifie l'absence d'impact négatif
mesurable et préconise des mesures de prévention, notamment en
terme de maîtrise des eaux d'infiltration et de ruissellement ;
· Les créations d'infrastructure publique, si une
étude justifie l'absence d'implantation alternative, l'absence d'impact
négatif mesurable et préconise des mesures de prévention,
notamment en terme de maîtrise des eaux d'infiltration et de
ruissellement Les clôtures.
* Les zones bleues: qui ne sont pas directement
exposées au risque mais oil certains types de constructions,
d'aménagements, de modes d'exploitation ou d'activité pourraient
aggraver le risque ou en provoquer de nouveaux. Des mesures d'interdiction ou
de prescription y seront prévues.
Ce qui est permis sur ces zones-là:
· Les travaux visant à la sécurité.
· La construction à usage d'habitation,
limitée à un rez-de-chaussée de plain-pied. Les sous-sols
sont autorisés si une étude justifie l'absence d'impact
négatif mesurable, en particulier pendant les travaux, et
préconise des mesures de prévention, notamment en termes de
maîtrise des eaux d'infiltration et de ruissellement
· La construction d'annexes à l'habitat, de surface
"mesurée" et de plain-pied; la surface "mesurée" sera
limitée à 20 m2.
· Les citernes de combustible (gaz, fioul,...) à
usage domestique lié à l'habitat individuel autorisé.
· Les aménagements paysagers.
· Les pylônes, poteaux ou antennes si
l'impossibilité technique de les implanter hors zone bleue est
justifiée.
2-4-1 Les crues
Les riverains d'Albi ont appris à se méfier du
Tarn, la liste des crues historiques à Albi est longue comme le montre
la figure ci-dessous. (Figure 13)
Figure 14 : Figure 14 : zones inondables dans la commune
d'Albi
Source PPR Albi
Une crue est le débordement d'un cours d'eau de son lit
mineur vers son lit majeur. Le débit et la vitesse d'écoulement
sont décuplés suivant le type de crue. Ces causes sont dues
à des facteurs météorologiques. L'ampleur de l'inondation
est fonction de la capacité de l'écoulement des cours d'eau
l'intensité et la durée des précipitations de la surface
et la pente du bassin versant la couverture végétale et la
capacité d'absorption du sol, la présence d'obstacles à la
circulation des eaux ...Les pluies et la fonte des neiges peuvent ~tre deux
éléments constitutifs d'une crue, et ils le sont encore
plus lorsqu'ils sont réunis. L'imperméabilité du sol et
son taux de saturation sont deux éléments qui conditionnent aussi
une crue. La figure14 illustre les zones inondables à Albi.
Les points que nous venons d'évoquer, nous ont permis
d'identifier les éléments physiques qui limitent les
aménagements des berges. Ces paramètres freinent la
réflexion des politiques d'aménagement autour de la
rivière. Ceci réoriente les préoccupations actuelles
à l'extérieur du coeur historique, et vers le nouveau centre
culturel des cordeliers, entre autres. Aussi on souligne que ce sont des
réglementations très strictes qui laissent peu de marge de
manoeuvres pour la projection d'aménagements et la création
d'espaces publics urbains. En revanche, tout n'est pas figé. Des
solutions techniques peuvent être envisagées en matière de
protection contres ces dangers naturels limitant ainsi l'impact de ces risques
majeurs sur les aménagements. Aussi, la création
d'aménagements éphémères en période
hors-risque, peut aussi être une alternative concrète pour une
mise en valeur de cette interphase Ville/rivière.
2I5 Le questionnement.
La partie precedente nous a permis de constater
l'entrée en jeu de plusieurs facteurs dans les rapports qu'entretient la
ville avec la rivière. L'état general des lieux de la ville
d'Albi et de la rivière, fait emerger des interrogations sur le plan du
paysage, des milieux ''naturels'', et de l'aménagement du territoire.
On notera la presence de plusieurs facteurs dans le tissage
des rapports entre la ville d'Albi et le Tarn. Ces derniers sont liés
à la nature du site, la topographie, les risques naturels, le statut de
la ville <... etc. Prenons à titre d'exemple, les
contraintes naturelles du site ; qui expliquent l'intér~t minime de la
part des responsables à l'aménagement urbain de la
rivière.
Nous en déduisons par conséquent que le
contexte actuel de la ville d'Albi favorise l'émergence de questions en
rapport avec son changement de statut après le classement Unesco. Ce
dernier donne à la ville une dynamique d'attractivité
territoriale, mettant les aménagements urbains et l'image
esthétique au centre des preoccupations.
On peut egalement souligner qu'à la suite de ce
classement, la ville d'Albi opère un programme de renouvellement urbain
important dans le perimètre delimite. A ce propos, L'ancrage patrimonial
de la rivière du Tarn qui se situe au coeur de la cité
episcopale, soulève des interrogations sur les politiques urbaines et
actions de la commune sur le Tarn et ses berges. A partir de là, la
problematique generale prend forme : quelle est la place du Tarn dans la ville
après le classement Unesco, et quelles sont les representations et les
pratiques sociales emergentes de ce contexte ? Dans quelle mesure, les
politiques publiques articulent-elles les enjeux du patrimoine bâti avec
les enjeux de mise en valeur de l'environnement naturel ?
De surcroît, la situation charnière dans
laquelle se trouve les villes moyennes, nous mène à nous
interroger sur la particularite de la materialisation du retour de la ville
vers la rivière. Comme nous l'avons souligné auparavant ; le
retour de la ville vers sa rivière passe essentiellement par
l'aménagement des berges, en grandes ville. Mais comment cela peut-il
~tre traduit dans le cas d'une ville moyenne ? Peut-on observer la même
dynamique des rapports et representation de la rivière à Albi que
dans ces grandes villes patrimonialisees. Est-ce qu'on peut arriver à
s'interroger de la mrme façon en terme de ville moyenne et de grande
ville sur la problématique de l'eau en ville?
La reponse à ces interrogations nous permettra de
comprendre comment le fleuve est gere et integre au niveau de la politique
locale, le rôle du fleuve dans le processus d'aménagement urbain,
et comment les nouvelles représentations sont traduites par les
pratiques courantes, et des formes urbaines autour de la rivière.
2I6 Cadre théorique et concepts clés
2-6-1 Patrimoine
Le patrimoine dans la ville d'Albi, comme nous l'avons
évoqué dans la partie precedente, est une donnee importante. Donc
nous pouvons dire que le concept de patrimoine constitue la clef de voute de
cette recherche car il promeut toute une dynamique, politique, sociale et
économique dans l'espace urbain et naturel en ville.
La notion de patrimoine dans le droit romain, et encore
aujourd'hui dans le lexique juridique et fiscal, s'agit des « biens de
famille a», comme seuls susceptibles d'une appropriation privée (en
sont donc exclus les biens collectifs, publics, universels). À partir du
XIXe siècle, le patrimoine désigne aussi des
productions du passé, principalement plastiques, qui doivent être
conservées, soit dans les musées, soit in situ (cas du
patrimoine architectural). Cette définition est encore fonctionnelle,
mais il n'y a plus de délimitation physique a priori de ce qui
est patrimoine : ce peut être, par exemple, un objet doté d'une
étendue, d'une matérialité localisée (tel un
secteur de haute montagne), ou bien un élément quasiment
ubiquiste (tels l'air ou l'eau), ou encore un élément
immatériel 26
Dans notre cas l'enjeu en premier lieu est de définir
les représentations du patrimoine dans la ville. Il serait
intéressant d'évoquer à titre d'exemple les
représentations et les pratiques sociales autour de ce concept et
d'essayer d'identifier les dynamiques qu'il engendre. Nous considérons
alors le patrimoine comme un acteur social à part
entière27 car il rentre en jeu dans le changement de
paradigme lié à l'émergence des nouvelles
représentation sociales, d'un autre coté ces
éléments nous mènent à une réflexion qui met
au centre le patrimoine bâti dans les pratiques émergentes autour
du Tarn, et son rapport avec le patrimoine naturel, il s'agit donc en premier
lieu d'identifier le processus de patrimonialisation dans son ensemble pour
ensuite comprendre les usages liés à ce nouvel enjeu. En effet
comme l'a démontré Michel Lamy la patrimonialisation vise
à justifier des actions ou bien à engendrer des pratiques
sociales28. Seulement ceci ne suffit pas à expliquer la
logique de ces pratiques. Nous allons donc utiliser un autre concept, celui des
représentations et des pratiques sociales.
2.6.2 Représentations sociales
Le concept de représentation sociale initialement issu
de la sociologie durkheimienne vise à prouver l'importance de la
société comme objet nécessaire dans une explication du
monde29 Il est largement admis que les pratiques sociales et les
représentations sont en lien étroit30. Le but de cette
étude est de mettre en perspective géo urbaine les relations
entretenues entre la ville d'Albi et le Tarn.
Une autre définition des représentations cette
fois ci par Garnier et Sauvé "Une représentation est un
phénomène mental qui correspond à un ensemble plus ou
moins conscient, organisé et cohérent, d'éléments
cognitifs, affectifs et du domaine des valeurs concernant un objet particulier.
On y retrouve des éléments conceptuels, des attitudes, des
valeurs, des images mentales, des connotations, des associations... C'est un
univers symbolique, culturellement déterminé, oil se forgent les
théories
26 Style local dans l'architecture vernaculaire,
frtes « traditionnelles », savoir-faire mis en oeuvre dans les
productions « de terroir »
27 Yvon LAMY , L'Alchimie du Patrimoine --
Discours et politiques, M.S.H. Aquitaine, Talence 1999
28 Op sit.
29 1aigline DE CAUSANS, environnement et paysage,
les représentations sociales en réseau , Projet de Paysage -
www.projetsdepaysage.fr ,
consulté le 25/05/2012
30 j.c ABRIC, l'organisation interne des
représentations sociales : système central et système
périphérique. Dans C. GUIMELLI, structure et
transformations des représentations sociales. Coll. Textes de Base
en Sciences Sociales. Paris 1994, pp 73-84
spontanées, les opinions, les préjugés,
les décisions d'action, etc. »31 En effet, La
reconnaissance mondiale de la ville d'Albi suscite l'évolution des
politiques urbaines. Ceci peut itre à la base de l'apparition de
nouvelles pratiques sociales suivant le concept de représentations
sociales « impliquée[s] dans une pratique », « toute
pratique [...] impliquant évidemment une certaine façon de
connaître la réalité sur laquelle elle s'exerce »32
Autrement dit, les représentations sociales
constituent une des clés essentielles à l'évolution des
relations des albigeois avec la rivière et celle-ci après le
classement Unesco.
En effet, selon Aline Valence les «
représentations sociales » ont la particularité de se
fabriquer collectivement et de se construire en interaction33 Ainsi
les représentations sociales sont plus que des produits, ce sont des
processus dynamiques construits par et pour les interactions sociales
quotidiennes, et peuvent ainsi découler de la relation de l'individu
avec la rivière. Autrement dit les interactions entre les pratiques et
les représentations ne sont pas dissociées mais
interfèrent dans un dialogue perpétuel : elles
s'inter-construisent »34
Ainsi, selon cette définition l'appréhension
des pratiques est liée aux représentations envers le patrimoine
et aussi le paysage naturel. Cette reconnaissance de la dimension subjective de
notre relation au paysage et au patrimoine est au coeur de la formulation du
concept qui suit.
2.6.3 Le paysage:
L'utilisation des représentations est utile à
la compréhension des paysages. Elle nous oriente dans la façon
d'étudier Sa matière, son reflet, son influence et les
représentations sociales autour de la rivière.
Le dictionnaire de la géographie définit Le
paysage comme un agencement matériel d'espace naturel et social,
appréhendé par l'observateur 35"Le paysage
désigne une partie de territoire telle que perçue par les
populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs
naturels et/ou humains et de leurs interrelations"36.
Le paysage "représentation mentale" :
La représentation du paysage est nécessairement
incorporée à un individu socialement et culturellement
situé. Ce paysage n'existe pas sans observateur. C'est une posture
dite "interactionniste"37: elle accorde une place à
l'attente, la
31 GARNIER, C. et SAUVE, L. (1999). Apport de
la théorie des représentations sociales à
l'éducation relative à l'environnement- conditions pour
un design de recherche, Dans : SAUVE, L. et GOFFIN, L. , , enjeux et
perspectives de la recherche en éducation relative à
l'environnement, Ed Bilans, Belgique 1999, p. 65-77.
32 Luis J. PRIETO, Pertinence et pratique. Essai
de sémiologie, Les éditions de Minuit, Paris 1975, p. 10.
33 Aline VALENCE, Les représentations
sociales, éd de Boeck, paris octobre 2010. p 13
34 Fréderic Blot (2005) Discours et
pratiques autour du «développement durable» et des
«ressources en eau». Thèse de doctorat en
géographie et aménagement, toulouse2 le Mirail
35 Jaques LEVY, Michel LUSSAULT dictionnaire de la
géographie et de l'espace des sociétés, Belin
2éme édition, septembre 2003.
36 Convention européenne du paysage, Florence,
2000.
37 J.-F. THEMINES, 2001. Quel paysage enseigner
en classe de 6e ? Dans Enseigner le paysage ? A. LEROUX.,
Actes d'un séminaire IUFM de Caen - 17-24 mars 1999, Caen, CRDP de Basse
Normandie,
Figure 15: Système des filtres j-p PAULET
Source : Les représentations mentales en
géographie
recherche et la production de signification propre aux
"interlocuteurs" avec le paysage, ainsi qu'à leurs déterminants
individuels, sociaux, culturels. Cette approche va changer fondamentalement le
regard sur le paysage et sur sa représentation ou sa description, qui
nous informe dès lors surtout sur l'observateur qui regarde ce paysage,
sur "la manière dont cette réalité parle aux sens de celui
qui la découvre, entre en harmonie avec ses états d'âme ou
contrarie ses humeurs"38 , renouant d'une certaine façon avec
le discours romantique. Nous retenons de ce concept que la
représentation du paysage naturel dans la ville d'Albi et donc de la
rivière est une vision subjective que chaque individu interprète
suivant son sensible, cela dit cette vision est aussi forgée par des
facteurs extérieurs dans ce cas-là la patrimonialisation. Tout
l'intérêt réside donc dans l'explication de ce
phénomène de corrélation entre paysage patrimoine et
représentations. Et l'interprétation des interactions entre le
paysage le patrimoine et les représentations. Nous déduisons que
la perception du paysage est liée aux représentations sociales,
et donc la perception de la rivière du Tarn est une notion subjective
que nous allons tenter d'identifier à travers une méthodologie
spécifique. Pour illustrer ces relations nous utilisons le schéma
élaboré par J.-P. Paulet39 .
pp. 63-77.
38 P. CALAVAL, Les géographes, le paysage et la
modernisation, Colloque de l'UGI, Séoul 2000., Bulletin 50(2).
39 J.-P. PAULET. Les représentations mentales en
géographie, Anthropos, Paris 2002. p. 8.
2.6.4 Référentiel:
Le concept de référentiel permet d'aborder le
questionnement portant sur « l'influence exercée par des normes
sociales globales sur les comportements sociaux et sur les politiques
publiques »
Cela nous mène à inscrire dans nos
préoccupations les logiques des pratiques autour du Tarn liés
à la patrimonialisation d'Albi. Cette patrimonialisation peut rtre
considérée comme un référentiel émergeant.
Ceci nous mène à utiliser le concept développé par
Pierre Muller et Bruno Jobert. L'élaboration d'une politique publique
«revient à construire une représentation, une image de la
réalité sur laquelle on veut intervenir. C'est en
référence à cette image cognitive que les acteurs vont
organiser leur perception du système, confronter leurs solutions et
définir leurs propositions d'action : on appellera cet ensemble d'images
le référentiel d'une politique »40.
Ce concept nous permet d'établir « l'importance
des dynamiques de construction sociale de la réalité dans la
détermination des cadres et des pratiques socialement légitimes
à un instant précis41 » de la période qui
suit la patrimonialisation.
217 Hypothèses :
La reconnaissance mondiale de la ville d'Albi comme
patrimoine mondial et la montée en puissance des questions
environnementales sous-entend comme hypothèse une nouvelle
reconsidération des espaces naturels et bâtis. Ceci engendre la
mise en place de politiques d'aménagement qui s'inscrivent dans la
volonté d'apporter qualité, modernité et
fonctionnalité au centre ancien. Autrement dit, la place internationale
qu'acquiert cette ville, suscite l'apparence de nouvelles formes urbaines et de
nouvelles représentations liées au Tarn et crée un nouveau
dialogue entre les différentes sphères. A ce juste titre, nous
pouvons souligner que le Tarn est appréhendé suivant une notion
d'esthétique. Sa place privilégiée au centre du
périmètre Unesco le met au coeur des préoccupations
d'embellissement urbain et patrimonial. Sa reconsidération est
clairement mise en jeu. La notion de réaménagement et de
revalorisation passe par une approche de loisir autour du cours d'eau. Ceci
favorise la manifestation de pratiques nouvelles comme le tourisme fluvial, et
d'approche de détente et de repos le long des berges.
En deuxième lieu nous avançons comme
hypothèse que les enjeux d'une ville moyenne42 dans la prise
en charge de la rivière ne sont pas négligeables. En effet les
villes moyennes occupent une place spécifique dans le maillage urbain.
Très différentes des grandes métropoles, tant par leur
dynamique démographique que par leur spécialisation, Leur
particularité réside en leur position d'entre deux entre
l'attachement aux territoires ruraux (et donc un attachement fonctionnel au
cours d'eau ) et l'inéluctabilité d'un mouvement de
métropolisation qui met en avant une attractivité territoriale
lié à l'esthétique .
Les fonctions développées dans une ville sont
souvent liées à sa taille 43
40 MULLER Pierre, Les politiques publiques, PUF, Coll.
Que sais-je ?, n°2534, Paris1990, p. 42.
41 MULLER Pierre, SUREL Yves, L'analyse des politiques
publiques, Montchrestien, Paris, 1998.
42 Selon la définition de la FVMF ville
comprenant entre 20 000 et 10000 habitants
43 Frédéric SANTAMARIA, La notion
de "ville moyenne" en France, en Espagne et au Royaume-Uni
Université de Pau et des Pays de l'Adour,
http://hal.inria.fr/docs/00/17/40/18/PDF/Villemoyenne.pdf
2-8 Méthodologie :
Dans le cadre de cette étude, nous tentons d'expliquer
les pratiques des individus, en relation avec les nouvelles representations
liees aux politiques émergentes. La mobilisation de techniques
spécifiques a pour but d'explorer les Sphères de la pensée
et de l'agir. Cette méthodologie allie techniques de recueil et
techniques d'analyse et donne accès à la dialectique entre ces
deux sphères44.
Dans cette partie j'expliquerai les méthodes
utilisées, la logique de la constitution de mes échantillons,
ainsi que le nom des acteurs que j'ai interrogé pour étudier
cette dialectique tout au long des trois mois de recherche sur mon terrain.
Pour cela, j'ai procédé dans un premier temps
à dresser un bilan du contexte actuel de la relation ville
rivière à Albi. En second lieu, j'ai tenté d'identifier
les représentations sociales liees à cette dynamique de
patrimonialisation autour de la rivière. A cet effet, j'ai
procédé à l'analyse de discours écrit et oraux.
Les représentations sociales sont des
procédures d'interprétations du monde social. Elles designent des
processus generateurs de discours45. Autrement dit, l'accès
aux representations se fait par le recueil des differents discours autour de
mon sujet de recherche. Les discours sous la forme orale ou ecris ont constitue
première ressource exploitable pour une approche des representations.
Donc le discours est à prendre comme lieu privilegie oil se marquent les
conduites de references et les prises de position46 .
J'ai donc procéder par entretiens semi directifs avec les
porteurs et les animateurs des opérations d'aménagement.
Analyse des discours oraux : 2.8.1 Type
d'entretien
En travaillant sur ma problématique de
recherche j'ai tenté d'identifier des liens entre les
phénomènes qui m'intéressent et leurs déterminants.
Je me suis aidé aussi de methodes anterieures utilisees par les
chercheurs pour etudier ces mêmes phenomènes. Cela a influence mon
choix en ce qui concerne ma methodologie pour mener ma propre recherche.
La première stratégie d'investigation
scientifique utilisée est la technique de l'entretien. -- travers des
entretiens semi directifs j'ai procédé à la récolte
d'informations pour dresser un bilan actuel de ce qui
est fait sur la ville d'Albi auprès les porteurs et
les animateurs des opérations d'aménagement.
Le but etait de commencer par des entretiens type informatif,
pour ensuite aller à la recherche d'éléments
qualitatifs sur l'analyse du rapport au fleuve ; et des thematiques, plus
subjectives selon le concept de rationalite « Comprendre le
44Magali BERTRAND, Frederique BLOT, Johanne DASCON,
Melanie GAMBINO, Johan MILIAN, Geraldine MOLINA, Géographie et
représentations : De la nécessité des méthodes
qualitatives, Geographies et representations, recherche qualitative,
Hors-serie N3
45 Aline VALENCE, Les représentations
sociales, ed de Boeck, paris octobre 2010. p 13
46
J. BEAVOI, Montreuil 1994 p76, Dans Aline VALENCE, Les
représentations sociales, edition de Boeck, Paris octobre 2010.
résonnement des gens dans le sens de leur
rationalité »(FOUCOLT), car chacun résonne sa pratique en
fonction de sa propre rationalité, liés au vécu. C'est ce
qui prime pour comprendre les pratiques, sociales, politiques,
économiques autour du Tarn après le classement Unesco.
Donc la logique était de commencer par des entretiens
exploratoires ouverts, à la suite desquels j'ai formé mes
hypothèses, pour compléter les pistes de travail
suggérées par mes lectures préalables et ainsi
élucider les aspects de ma recherche auxquels je n'ai pu penser
spontanément 47
2.8.2 Echantillon
La constitution de mon échantillon est
hétérogène, sa formation est non aléatoire. Il est
composé d'acteurs susceptibles de répondre aux questions que je
me suis principalement posées abordant différents aspects. J'ai
ciblé tout d'abord, des acteurs dans le milieu institutionnel,
Associatif, ainsi que les usagers du Tarn c'est à dire les utilisateurs
quotidiens de la rivière.
N'ayant pas eu au premier abord des connaissances
préalables de mon terrain ni sur l'organisation administrative de mon
site d'étude, il a été particulièrement difficile
de trouver des participant clefs. J'ai donc procédé par
échantillonnage en boule de neige. J'ai établi un lien de
confluence avec un informateur privilégié qui m'a mis en contact
avec d'autres personnes de son groupe d'appartenance48. Je me suis
d'abord rabattu sur les contacts donnés par mon tuteur de recherche. Peu
à peu mon échantillon s'est formé; je rencontre des
acteurs clés qui m'orientent vers d'autres personnes. C'est ainsi que
l'échantillon grossit de façon exponentielle car il s'est
concrétisé par inter connaissances. De personne en personne
questionnée j'ai élargi le champ de mes entretiens comme en
témoigne le schéma qui va suivre :
Figure 16: Schéma systémique
récapitulatif de l'échantillonnage Source : Naila
SMATI
47 A. Blanchet A. GOTMAN, l'enquete et ses
méthodes, l'entretien, Armen colin, 2em ed , paris 2010 p39
48 R WRIGHT, M. STEIN, Snowball sampling
2005. dans K. KEMPF Leonard, Encyclopedia of social measurement (vol.3)
p.495-500. Amsterdam: Elsevier
Cette technique a été efficace, elle m'a permis
d'avoir accès à des personnes qui en temps normal auraient pu ne
pas accepter de m'accorder un entretien. Le fait d'rtre mise en contact avec
les personnes par le biais d'une de leurs connaissances et
par recommandation m'a facilité la t/che.
J'ai également orienté mes recherches
d'entretien et d'analyse de discours selon les axes qui
découlent directement de ma thématique ville rivière comme
ce qui suit :
Le Tarn dans l'urbanisme et les projets d'aménagements
Urbanisme et politiques territoriales à Albi :
L'objet de cette étape était de dresser un bilan
sur ce qui a été entrepris en matière de politiques
d'aménagements autour de la rivière, PLU, SCOT, PPR...«
Ceci a été complété par des
entretiens exploratoires semi directifs avec des personnes intervenants dans la
gestion et la mise en place de ces politiques territoriales. Ainsi qu'avec les
acteurs porteurs et les animateurs des grandes opérations
d'aménagement à Albi.
Les personnes interrogées dans cet axe-là sont
:
-Geneviève Parmentier : adjoint maire chargé de
l'environnement aménagement et esthétique urbaine à
Albi
-Marie-Françoise DELCAYRE : responsable service droit des
sols mairie d'Albi -Constance COLAS : chargé de mission Scot,
communauté d'agglomération de l'albigeois.
-Raphael SHAFFNER : chargé de mission déplacements
doux, communauté d'agglomération de l'albigeois.
-Guillaume LAVAL: Responsable service des Parcs, Jardins et
Espaces Naturels mairie d'Albi.
Le Tarn comme ressource naturelle :
La représentation du Tarn comme ressource, m'a
amené à étudier des documents de protection et de gestion
de l'eau du Tarn. Il a été aussi nécessaire d'identifier
des politiques pour comprendre la hiérarchie de la gouvernance de l'eau
tant au niveau européen qu'au niveau local. Cela m'a permis de me
familiariser avec l'eau de la ville d'Albi et comprendre le fonctionnement et
la gestion de cette ressource.
Ceci a nécessité l'analyse de textes de lois
relatives à la protection de l'eau SDAGE du bassin d'Adour Garonne,
SAGE, le contrat de rivière Tarn.
Les personnes interrogées sur ce volet:
-Guillaume OULES: chargé de mission direction de l'eau et
de l'environnement au conseil général du Tarn
-Anne laure VAUDOUR : Responsable du service assainissement
à la communauté d'agglomération de l'albigeois
Cela m'a donné une vue d'ensemble sur le positionnement et
le rôle des acteurs locaux et des « décideurs » externes
dans ces processus.
2.8.3 Outils employés pour construire une grille
d'entretien en l'appliquant à mon mémoire de recherche :
Pour réaliser ces entretiens j'ai
élaboré une grille d'entretien en relation avec les
hypothèses et les concepts clefs développés dans ma
problématique : représentation, pratiques, patrimoine...I<
J'ai posé une question de départ (de lancement)
suffisamment large pour déclencher la discussion dans mes entretiens
exploratoires. Ainsi les personnes parlent d'une façon relativement
libre, sans avoir prescrit de relation au préalable, pour ne pas fausser
les réponses ou apporter une certaine influence, en intervenant le moins
possible. Mon écoute était particulièrement attentive de
manière à pouvoir reformuler par la suite des questions qui
ramèneraient petit à petit la personne vers mon centre
d'intér~t : la rivière. Je relançais le discours en
utilisant les thématiques que j'ai identifié dans ma grille
d'entretien.
Mon sujet étant relativement large, et n'ayant fait
objet d'aucune étude antérieure j'ai dû adapter le discours
des personnes interrogées et les guider vers mon terrain de
recherche.
J'introduisais mes entretiens en allant du large au plus
précis dans le but de réorienter peu à peu la discussion
vers l'objet de mon étude. L'interrogé ressent un certain centre
d'intérIt de ma part qui le motive à m'informer au mieux sans
trop le disperser.
Ce choix a été fait de façon à ne
pas dresser une barrière dès le départ en exposant mon
sujet d'une façon très pointu. Car ceci
généralement met mal à l'aise mon interlocuteur, les
réponses sont du style : « ce n'est pas mon domaine, ou ce n'est
pas moi qui m'occupe de ... »
Grille d'entretien source : Naila SMATI
Cette grille constitue aussi une grille d'analyse
d'entretiens. Elle me permet donc de déconstruire les discours
recueillis afin de trouver des éléments de réponse pour
discuter et argumenter mes hypothèses. C'est l'analyse thématique
de mes entretiens. Lors de chaque entretien j'ai
constaté qu'il existait systématiquement des points
communs qui revenaient dans chaque réponse. Ceci a naturellement
engendré d'autres pistes à approfondir. Le thème qui
revenait le plus souvent est le suivant : les usages anciens du Tarn comme
voirie de transport sur l'eau et l'usage de sa force motrice. J'ai jugé
donc nécessaire :
- Faire une brève étude historique des usages
du Tarn d'antan et de retracer tous les événements historiques
autour de ce cours d'eau : construction de ponts, les crues importantes.
- Faire une comparaison de la nature des usages actuels et les
usages d'entant, pour voir l'évolution des pratiques et comprendre les
mutations des représentations sociales et la nature des pratiques autour
de la rivière.
Pour cela, cette partie a nécessité des entretiens
d'exploration avec des acteurs en rapport direct avec la rivière :
Michel LEGRAND : navigateur gabare
Jacqueline MATHA : présidente de l'office du Tourisme
Albi 2.8.4 Etude d'exemple
Pour illustrer ma recherche j'ai procédé
à une recherche documentaire sur ce qui se fait dans d'autres villes
classées à l'Unesco traversées par des cours d'eau
(Bordeaux et Lyon). J'ai donc mis en perspective les positions prisent par les
politiques publiques en matière de valorisation des fleuves et
rivières, des grandes métropoles.
Cependant, Albi étant une ville moyenne, il
était pour moi encore plus intéressant de la mettre ne rapport
avec un cas d'une autre ville moyenne Traversée par le Tarn. J'ai donc
choisi Montauban qui est en avance en matière d'aménagement et de
valorisation du Tarn en ville. J'ai donc pris contact avec
-Carole SONNET : technicienne de rivière au service
environnement voiries et infrastructures au grand Montauban.
-Antoine REIBERT : animateur patrimoine au centre
d'interprétation de l'architecture et du patrimoine à
Montauban.
-Maël LEROYER : guide conférencier au CAP
Montauban.
2.8.5 L'observation directe
J'ai ensuite utilisé un autre type de récolte
de données sur le terrain par le biais de l'observation. Elle m'a permis
de décortiquer les pratiques sociales en rapport avec la rivière
: la présence, l'absence, le déplacement, l'aménagement,
l'attractivité... Cela était un moyen de cerner les actions
usuelles autour de cet élément géographique. J'ai
parlé spontanément avec les usagers de la rivière. Cela
dans la finalité de comprendre le pourquoi des actes.
L'échantillon dans ce cas-là est accidentel, non aléatoire
car les éléments sont sélectionnés parce qu'ils
étaient présent au bord du Tarn et disponibles. Cette
méthode permet d'appréhender des réponses libres et
spontanées, permettant ainsi d'approcher au plus près de ce que
« les gens ont dans la tête ». Les personnes interrogées
sont :
3 touristes
1 gérant de restaurant
3albigeois installés depuis plus de 30 ans
5 jeunes
Le tout est complété par ma propre exploration
et ma dérive paysagère. L'objectif de la dérive est de
révéler la relation qui s'instaurera entre observateurs et le
paysage qu'il ne connaît pas. Le travail consiste à noter ce que
l'on perçoit ce que l'on ressent au fur et à mesure de la
flânerie pour en comprendre comment certains éléments
paysagers sont perçus choisis et mémorisés. La
méthode consiste donc à inscrire sur un carnet de bord des
événements marquants du paysage49 ainsi que les usages
liés à celui-ci.
La prise de notes sur le terrain:
La rédaction de carnet de chercheur
complétée par la prise de notes des observations quotidiennes ,
ou prise de photographies selon A. Volvey « la photo relève du
discours au même titre que le texte, la carte ou tout autre document
»50 C'est-à-dire qu'elle fait récit, une bonne photographie
résume et en dit souvent plus long qu'un texte., croquis...etc.
3. Résultats : Villes moyennes et patrimoine :
vers un renouveau des pratiques sociales
La ville d'Albi s'est développée en relation
étroite avec sa rivière, et ceci pour les différents
usages qui lui étaient jadis associés. En revanche, cette
recherche a fait apparaitre divers changements des représentations
fondamentales du Tarn. Nous tenterons dans cette dernière partie
d'exposer les grandes tendances qui sont au centre de la dynamique Unesco.
Ainsi nous ferons le lien entre la dynamique de
patrimonialisation de la ville d'Albi et les représentations sociales
autour du Tarn, en essayant de croiser les résultats avec le contexte
d'une ville moyenne.
3.1 Des représentations du Tarn aux pratiques
et formes urbaines à Albi :
D'une manière générale, pour les
habitants de la ville d'Albi, la rivière du Tarn est perçue comme
une ressource en eau. Selon une étude menée par le Master 2
GSE-VRT51 « la majorité des personnes à Albi
ont une vision très partielle des milieux aquatiques qui se limite
à l'eau, les milieux aquatiques sont perçus quasi exclusivement
à travers leur fonction pour l'homme » (figure 12). Cette
vision a été confirmée lors des entretiens menés
auprès des acteurs institutionnels interrogés qui en plus de cet
aspect, considèrent la rivière selon la même logique que la
structure ou le poste qu'ils occupent.
49 Y. ANDRE A. BAILLY R. FERRAS;
Représenter l'espace ; l'imaginaire spatial à
l'école, éd. Atropos. Paris 1989
50 A. VOLVEY Atelier géographique, thème: «
Le terrain »
51 Master 2 gestion de l'environnement et
valorisation des ressources territoriales, La présence des
résidus médicamenteux psychotropes dans les milieux aquatiques :
quelle dynamique dans la construction d'une pollution, CUFR JF
Champollion, avril 2012.
De plus, selon cette même étude, 51% de la
population estime que le classement au patrimoine mondial de l'UNESCO de la
ville d'Albi peut avoir une influence sur la rivière Tarn. Ces
premières remarques démontrent un changement de
représentations lié au classement Unesco de la cité
épiscopale, qui considère la rivière comme une ressource
et un patrimoine naturel à préserver52. Ceci
préconise un changement de référentiel global qui induit
l'émergence de nouvelles politiques d'aménagements liées
à la protection de la rivière comme patrimoine naturel.
Figure 17 : Principales représentations des milieux
aquatiques des personnes interrogées. Les individus devaient proposer
deux choix, parmi une liste de propositions, classés par ordre
d'importance.
Les référentiels écrits des politiques
d'aménagements actuels à Albi mettent en avant la valorisation et
la préservation du patrimoine bâti53 et naturel qui est
donc considéré comme « un élément
figé »54. Des programmes urbains comme le plan de
sauvegarde et la charte de la qualité urbaine illustrent bien cette
volonté de figer le patrimoine dans une logique de durabilité. Or
la rivière est vivante et loin d'rtre figée. Les actions
liées aux composantes naturelles du site paraissent
négligées ou minimisées.
Plus concrètement, pour exposer ces résultats,
nous avons procéder de la manière suivante :
Dans un premier lieu nous avons essayé d'identifier le
changement de représentation, liés à la patrimonialisation
de la ville d'Albi.
En second lieu nous avons essayé de voir la
manière dont celles-ci sont traduites en politique
d'aménagement et action sur le territoire dans le
contexte d'une ville moyenne.
En dernier lieu nous avons essayé d'identifier les
espaces créés et les formes urbaines émergentes comme
support aux pratiques nouvelles autour du Tarn.
52 Op sit
53 Plan de préservation du patrimoine , ville d'Albi
2010.
54 Selon entretien, Geneviève PARMENTIER
15/05/2012
3-1-1 Le Tarn comme ressource et patrimoine :
représentation fonctionnelle du Tarn
Comme nous venons de le voir, la perception
générale des personnes vis-à-vis de la rivière du
Tarn est fonctionnelle. De ce fait il nous a semblé nécessaire de
développer ce point sur la gestion de l'eau dans la ville d'Albi. Il ne
s'agit pas de dresser un bilan sur la gouvernance de l'eau en France (CF annexe
IV) mais plutôt une mise en perspective qui permet de situer Albi dans le
contexte de la gestion de l'eau dans le Tarn. De plus, il s'agit d'identifier
les discours politiques autour de la préservation et de la gestion de
l'eau.
Dans le cas de la rivière du Tarn, « la
gestion de l'eau aujourd'hui est partagée entre les différents
acteurs concernés »55. De même, ces acteurs
se sont concertés à l'échelle locale pour élaborer
un programme d'action appelé contrat de rivière du Tarn qui a
pour objectif :
· La lutte contre les pollutions de l'eau.
· La restauration et mise en valeur des milieux aquatiques
et humides.
· La prévention des inondations.
· La gestion quantitative de l'eau.
· L'animation du contrat, la communication et la
sensibilisation de la population aux objectifs du programme.
Pour lier les différents acteurs entre eux, le Conseil
Général du Tarn a créé une structure communale
unique : le syndicat mixte de rivière Tarn, afin de réunir les
conditions favorables à la mise en oeuvre du contrat de rivière
Tarn 81.
Les principes de ce contrat se traduisent par la mise en
place de plans pour atteindre leurs objectifs en matière de
préservation et de gestion de cette ressource patrimoniale.
3.1.1.1 La préservation de l'eau
A l'échelle départementale, les enjeux de la
politique de gestion de l'eau sont mis en place dans une volonté de
satisfaire les besoins des usagers tout en préservant les ressources et
les milieux aquatiques et en garantissant une bonne qualité d'eau. Ceci
a impliqué la mise en place du schéma départemental
d'alimentation en eau potable du Tarn qui représente un accompagnement
technique pour les collectivités territoriales et les maitres d'ouvrages
afin d'assurer la quantité et la qualité de l'eau.
3.1.1.2 La gestion de l'eau
« La gestion de l'eau englobe la gestion des
rejets. »56 Effectivement, les eaux de la rivière
en aval, ne sont pas de très bonne qualité. La présence
des agglomérations de Saint-Juéry et d'Albi occasionne une
diminution de la classe de qualité de l'eau, due essentiellement aux
pollutions industrielles et domestiques engendrées par
l'agglomération57. De ce fait, un schéma
départemental d'assainissement a été mis en place en 2010
par le Conseil Général du Tarn pour une
55 Selon entretien, guillaume OULES 24/04/2012
56 Selon entretien guillaume OULES 24/04/2012
57 Schéma de cohérence territoriale du
grand albigeois, rapport de présentation, p 291
préservation des milieux naturels et une protection de
la qualité écologique des écosystèmes
aquatiques58. Il propose d'appréhender les systèmes
d'assainissement domestiques et privilégie des techniques
d'épuration rustiques et économes.
Enfin, ce point nous a permis de voir comment les
représentations et les pratiques fonctionnelles autour du Tarn se
traduisent en discours, politiques d'aménagement et de gestion dans la
ville d'Albi.
3.1.2 Le Tarn dangereux : les risques d'aménagement
des berges du
Tarn
L'image dangereuse du Tarn est la plus ancienne
représentation associée à ce cours d'eau à causes
des nombreuses crues qu'il a connu59. Ceci a profondément
marqué la mémoire collective et les représentations
sociales autour de celui-ci. Il est également associé à
une certaine image négative et dévastatrice, ce qui
véhicule une crainte autour de cet élément naturel.
Ceci se traduit concrètement par des berges qui se
font parfois trop discrètes et donnent l'impression d'tre volontairement
cachées des regards (figure 16). Face à ces risques majeurs, les
politiques d'aménagement mettent en oeuvre des plans de gestion autour
du Tarn60 qui classent les berges en zones dangereuses et inondables
avec risque d'effondrement. En effet, ces berges seraient impraticables
même en période de décru et la question de leur
aménagement n'est pas envisageable par les différents acteurs
politiques, associatifs et économiques de la ville. De plus, on
considère que « le coût engendré par de telles
infrastructures pour le confortement des berges est trop élevé
(100 000€) »61. Cette situation accentue
inévitablement le rejet du cours d'eau et la marginalisation de
l'interface ville/ rivière.
Ces remarques mettent en évidence le fait que les
priorités des politiques d'aménagement sont plutôt
axées vers une logique d'entretien plutôt que de mise en valeur de
cet élément paysager et ceci au détriment du potentiel que
cette interface pourrait offrir à la ville. Il va de soi que des projets
d'aménagement architecturaux ou urbains sont quasi inexistants sur cet
axe-là. Selon Geuneviève Parmentier «A Albi les berges
sont peu aménagées, elles présentent un coté
sauvage qu'on entend de conserver, l'idée est de travailler sur les
coulées vertes et les ruisseaux qui viennent se jeter dans le Tarn [...]
du fait des caprices du Tarn, il est difficile pour nous de proposer encore
plus d'aménagements, la rivière est encaissée et notre
marge de manoeuvre est faible. Par décision de l'état on ne fera
jamais de grands aménagements ».
Or, nous pouvons dire que dans le cas d'une ville moyenne,
l'interface ville/rivière peut être réfléchi
différemment et adaptée au contexte et à l'identité
de celle-ci. Aussi de nombreuses solutions techniques permettent aujourd'hui de
prévenir ces risques naturels qui freinent l'ouverture de la ville vers
sa rivière.
58 Direction de l'eau, La gestion de l'eau, un
enjeu majeur, Revue atoutsTarn, N° 90
59 La crue de mars 1930 a causé d'innombrables
dégIts et fit près d'un millier de morts.
60 Plans de prévention des risques naturels
prévisibles du Tarn 2003
61 D'après entretien Guillaume LAVAL 24/04/2012
Source : Naila Smati 29/01/2012
Figure 18 : La problématique d'accès physique
des berges du Tarn : rivière trop encaissée
3.1.3 La rivière Tarn comme image de marque :
Après le rayonnement international de la ville d'Albi,
on remarque la mise en avant du Tarn en privilégiant l'aspect
esthétique, touristique et loisir (Figure 17). « Le Tarn est
une rivière vivante révélée par la couleur
tantôt grise ou verte, une belle teinte ocre formée par la terre
chargée par les eaux, cela redonne alors une valeur ajoutée au
patrimoine bâti qui est souvent associé à une image
d'embellissement urbain »62. De plus, l'argile provenant
du fond de la rivière a servi pour construire le patrimoine bâti,
ce qui a donné à la ville sa couleur rose. La politique de la
mairie d'Albi a jugé nécessaire de mettre en avant cet aspect en
esthétisant la rivière (figure 17) dans le but de rendre ce site
plus attractif. « Une stratégie de marketing territorial a
été mise en place dans le but de garder les touristes plus
longtemps en ville ». 63
A ce propos, une charte de qualité urbaine a
été instaurée pour l'esthétique dans le but de
promouvoir la ville à des fins d'attrait touristique. Par
conséquent, nous pouvons souligner que la volonté de la ville est
de s'inscrire dans une démarche de promotion territoriale qui vise
à développer son attractivité et sa visibilité
à l'échelle nationale et internationale. Elle utilise l'argument
du Tarn comme un atout embellisseur. Comme conséquence concrète,
selon un article paru dans Albi-info magazine, la fréquentation
touristique de la ville a augmenté de 30% depuis 200964.
Cette rivière contribue donc à mettre en avant
l'authenticité du patrimoine et l'affirmation de sa valeur universelle.
Ceci en reconsidérant la qualité de vie des habitants : Albi
où il y fait « bon vivre ».
62D'après entretien avec Geneviève
PARMENTIER 16/05/2012 63 D'après entretien avec guillaume LAVAL
04/06/2012
64Jérôme DAMOISON, effet Unesco :
une grosse fréquentaion à transformer en chiffre d'affaire.
Albi--info, N°1, mars 2012.
Vue sur les berges du Tarn et le port d'Albi
1847. Peinture Vue t du Tarn au début du XIX
siecle, Gravure
anonyme
Vue sur les berges du Tarn 2012. Naila SMATI
Vue sur les berges du Tarn 2011. Mairie d'Albi
Figure 19 : représentations du Tarn à deux
époques différentes.
3.1.4 Le Tarn comme terrain de loisir et
d'évènementiel
Ce point nous permettra de confirmer que la volonté de
réouverture de la ville vers son cours d'eau peut se faire non seulement
d'une façon physique mais aussi fonctionnelle, ce qui crée une
dialectique ville/rivière.
A Albi, on remarque l'apparition d'activités autour du
Tarn notamment avec la montée en puissance de l'afflux touristique :
· Les balades sur l'eau : sous l'initiative de la ville
d'Albi, une structure privée propose des balades sur le Tarn en gabare.
Ce sont des bateaux fabriqués en bois à fond plat,
possédant une petite voile carrée entrainée par le courant
à la descente et halée par les hommes à la
montée65 qui font aussi l'identité de cette
rivière
· Les balades sur les berges : Des projets
d'aménagements comme l'échappée verte créent un
support d'activités autour de la rivière Tarn.
65 Magazine du Conseil Général du Tarn, Atlas
espace culture société, Edition 2001. Albi 2001
Figure 20: Panneau échappée verte
Source : Mairie d'Albi
Ouverte en juin 2004, l'échappée verte offre
l'opportunité de promenades dans un milieu naturel respecté. Sur
ce site, la balade se fait sur 4 kilomètres passant du Tarn au Caussels
dans une nature authentique et préservée66.
Ce projet est un schéma global d'aménagement
dans le cadre d'une déclaration d'intérêt
général. Cette stratégie a été
adoptée pour l'entretien des cours d'eau lors de leurs passages par des
terrains privés. En d'autres termes, c'est un programme de sauvegarde
qui vient palier aux défauts d'entretien des berges des
propriétaires riverains. En effet, dans le cadre d'une DIG
(Déclaration d'Intérêt Général), la ville
s'est proposée d'entretenir les terrains touchés par la
dégradation des berges. Aujourd'hui, le projet a évolué
pour donner naissance à un sentier de randonnée selon les
thèmes suivants :
Le sentier des berges :
De son départ du parking de la cathédrale
jusqu'à l'embouchure du ruisseau du Caussels, le sentier des berges
qui longe le Tarn est praticable en toute saison.
Le sentier sauvage :
Entre le pont Neuf et l'avenue du Loirat, le sentier sauvage
longe une première partie du ruisseau du Caussels. Il est accessible
exclusivement à pied pour des personnes averties (présence de
marches, passages à gué, enrochements). Il n'est pas praticable
qu'en saison estivale67.
Cependant, ces activités restent encore trop peu
développées en comparaison aux
66
Mairie-Albi.fr consulté le
16/05/2012
67
http://www.mairie-albi.fr/dev_durable/parcs_jardins/echappee.html
consulté le 22/05/2012
potentialités du Tarn. L'aménagement de cette
partie des berges s'inscrit là aussi dans une perspective d'entretien
des berges plus tôt qu'une utilisation fonctionnelle à part
entière de cette interface. Pour cause, cette initiative
s'inscrit dans l'axe 5 du Plan d'Aménagement et d'Urbanisme d'Albi :
prendre en compte la dimension environnementale dans le développement
urbain. Ce projet répond donc à un enjeu majeur
du P.L.U. en renforçant la politique globale menée par la ville
d'Albi pour préserver et valoriser son potentiel environnemental.
Nous notons aussi que ce projet reste encore inachevé,
et ceci à cause des propriétés foncières
privées tout le long du Tarn qui crées des barrières
à l'extension des sentiers et des parcs naturels projetés au
départ68.
Ainsi nous pouvons dire que la question des activités
autour du Tarn reste encore à creuser. Il s'agit de trouver un compromis
entre les différentes composantes et les données de cet espace
dans le but de tirer à mieux profit de cet élément.
3.2 Montauban et la reconqu-te du Tarn : du
référentiel politique aux pratiques sociales :
La ville de Montauban a tiré profit des
potentialités du Tarn en valorisant ses berges en milieu urbain. Tout
Comme à Albi, le Tarn est omniprésent et traverse la ville en
plein centre intra urbain. Cet exemple illustre parfaitement la façon
avec laquelle les enjeux d'une ville moyenne orientent les politiques publiques
d'aménagement favorisant ainsi l'apparition de nouvelles
représentations, pratiques et formes urbaines autour d'un cours d'eau.
Autrement dit, « le caractère de la ville est primordial pour
définir la nature des aménagements à mettre en oeuvre et
des usages à favoriser dans le cas de l'interface ville/rivière
»69. En proposant des solutions techniques contre les
risques naturels et des aménagements éphémères, la
ville a tenté une opération de reconquête du Tarn du point
de vue physique, fonctionnel et visuel, malgré le contexte dangereux
qu'il représente.
37271 Les dispositifs d'aménagement des berges
Au niveau de la communauté d'agglomération du
grand Montauban, le Tarn est un trait d'union entre les communes qu'il
traverse. Les crues répétitives qui ont touché ces
communes dans les années 1990 ont enclenché un processus de
réflexion autour de la protection de la ville contre ces dangers. Ils
ont donné naissance à la planification de plusieurs
infrastructures dont les travaux ont commencé en 2005 suivant cette
logique:
68 D'après entretien Guillaume LAVAL 24/04/2012.
69 D'après entretien avec Carole Sonnet 24/05/2012.
Figure 21: Dispositifs anti-crues à Montauban
Coupe schématique sur le dispositif d'une digue
Photo exemple d'aménagement des berges du Tarn. Naila
SMATI 06/06/12
Dispositif de vidange après les crues :
Les infrastructures se sont faites dans un premier temps en
répondant à la problématique de vidange. Ceci par la mise
en place d'un quadrillage de réseaux constitués de pompes qui se
mettent en marche lors de la décrue pour vider.
Dispositif anti crues :
Dans un second temps, un deuxième dispositif a
été mis en place pour empêcher l'eau de rentrer. Ceci se
matérialise par l'emplacement de toute une panoplie de systèmes
techniques évitant la montée d'eau sur le Tarn et les cours d'eau
attenants. (Digues, reversoirs, portes ouvrages, vannes, clapets
anti-retour...).
Ce sont des protections réévaluées pour
résister à des crues centennales, jusqu'à 10,50m
d'élévation pour parer aux inondations.
Dispositif d'embellissement et d'amélioration du cadre
de vie :
Comme pour joindre l'utile à l'agréable, les
surfaces de ces barrières protectrices ont été
aménagées et utilisées comme axe de déplacement
doux. Les digues qui sont des composantes majeures de ces dispositifs
supportent des pistes bitumées de 3 m de large. Ce parcours de 7.9km
longe la rivière et est utilisé pour le développement
d'activités autour de celle-ci. Cette balade se trouve côtoyer par
des cyclistes, piétons et skateurs qui profitent de cette
barrière protectrice. De plus, les promeneurs tirent parti de la hauteur
de cette protection pour embrasser du regard la rivière du Tarn.
En contrebas, la succession des monuments historiques le long des
rives ponctuent ce parcours et donne une véritable identité
patrimoniale.
37272 La nouvelle vision du Tarn à Montauban : le
changement des représentations et des pratiques :
Après la mise en place de ces programmes
d'aménagements, la perception de la rivière du point de vue des
riverains a changé. En effet, le résultat final a donné
naissance à de nouvelles pratiques autour de la rivière, à
la suite de cette réorientation des enjeux de la ville vers la mise en
valeur de l'interface ville/rivière. Le Tarn est passé d'un
statut d'une source de crainte à celui d'un espace de détente et
de loisir. La balade tout le long du fleuve attire désormais les usagers
et la relation avec la rivière s'accentue. Ces aménagements se
sont fait de façon à ne pas apporter une grande modification au
paysage naturel et à l'identité existante du Tarn. Ceci
crée naturellement des balades ombragées qui permettent de
redécouvrir le Tarn. On notera aussi une nouvelle pratique qui a comme
support ce circuit, le marathon, qui empreinte le cheminement des pistes
cyclables, des départs de sentier et qui rejoignent le Tarn ceci dans un
seul but : ramener le public vers le Tarn. Des activités touristiques se
sont aussi développées autour de la rivière. Le Tarn est
redevenu navigable et on remarque désormais la présence de
péniches pour découvrir le patrimoine du Tarn.
Du point de vue des responsables et des citoyens, le retour de
la ville vers la rivière est réussi, malgré le fait que
ceux ne sont pas des aménagements de grandes envergures avec de grands
projets urbains en rapport avec la rivière comme ce fut le cas à
Lyon et Bordeaux.
Ainsi nous pouvons dire que la nature dangereuse du Tarn a
favorisé une mise en place d'un dispositif de confortement et
d'entretien des berges qui a contribué à recréer le lien
entre la ville et la rivière. Ces aménagements ont aussi
participé à donner une autre représentation du Tarn.
Après avoir été perçu comme un danger
associé aux risques naturels auparavant, aujourd'hui cette vision a
changé et le Tarn est devenu un atout d'attractivité et un
élément de fierté des montalbanais. On note aussi la
publication de plusieurs dépliants et de supports de communication
mettant en avant un circuit de déplacement doux reliant les
différentes communes du grand Montauban autour du Tarn.
Cela dit, cette reconquête ne va pas au-delà de
la maitrise des risques naturels liés au Tarn. En effet on remarque une
absence de relation d'un point de vue de la morphologie urbaine de
la ville. D'un point de vue physique, la rivière reste comme un
fossé divisant la ville en deux. De plus la relation visuelle se trouve
quelque peu insuffisante si ce n'est sur les berges elles-mêmes. On
notera jà titre d'exemple, une absence de percées visuelles vers
le Tarn qui renforce cette volonté de dialogue ville/rivière, et
pour redonner au Tarn sa fonction d'axe urbain à part entière. De
plus, des projets d'ouverture des chaussées pourraient être
envisagés afin d'avoir une vue du centre-ville depuis la rivière,
le patrimoine architectural sera alors encore plus mis en scène.
Figure 22: Regroupement des activités autour du Tarn
Source : Naila SMATI
3-3 Quel avenir pour le Tarn et Albi ?
La ville d'Albi mène un programme de renouvellement
urbain important après le classement Unesco. Tous les
aménagements urbains réalisés au centre-ville
répondent à un intérêt de développement
durable et équilibré des espaces, dans le respect de leur
identité.
Cependant ces aménagements restent ponctuels et la
rivière se trouve décontextualisée autour de cet
engouement de l'aménagement du centre-ville excluant les berges. Cette
ville se doit alors d'élargir la réflexion urbaine sur l'ensemble
des espaces publics en incluant la rivière, en la considérant
aussi comme un espace public à part entière. De plus, la ligne
d'action d'Albi doit intervenir au-delà de la problématique
d'accès à la rivière.
En effet la problématique de la ville d'Albi et du Tarn
est liée à l'accès, les barrières sont à la
fois physiques, à cause de l'encaissement de la rivière,
patrimoniale avec la problématique de la conservation et même
psychologique à cause de la crainte collective autour de cette
dernière. A ce propos la ville doit proposer des solutions qui vont
au-delà de ces contraintes.
On n'est pas sans négliger que le potentiel de cette
rivière est très important. La figure 21 illustre le regroupement
des activités et autour du Tarn. Cela nous permet de constater que les
espaces sont comme aimentés autour de cet élément naturel.
Cependant, il manque une liaison physique fonctionnelle ou même visuelles
entre ces différentes composantes. Une solution pourrait alors
être proposée à travers ce constat.
L'idée, est qu'à long terme un sentier pourrait
relier les différents éléments naturels et espaces verts
de la ville. Celle-ci se munira d'un parcours reliant les pôles verts de
la ville et les grands équipements de loisir autour du Tarn en passant
par les berges et la rivière avec des transports fluviaux. Le but est de
proposer une plaquette avec un vrai cheminement, des circuits touristiques
toujours axés sur l'esprit de la ville « culture et patrimoine
». En outre, ceci permettra de créer une vraie trame verte et bleue
de la ville comme l'oriente le Scot du Grand Albigeois. Ce maillage contribuera
aussi à garder l'équilibre biologique permettant à la
faune de circuler et d'accéder aux zones vitales. Enfin, cela permettra
aussi d'améliorer l'attrait touristique, en proposant aux touristes de
nouvelles activités sur ce site, dans le but de leur permettre de passer
encore plus longtemps dans la ville. En plus du circuit Unesco, la ville peut
mettre en place un circuit vert et bleu. Ceci fait du Tarn un marqueur
identitaire urbain.
Le principe est d'adopter une stratégie de
rénovation de ce qui existe déjà, en améliorant les
liaisons. Rendre la ville attractive d'un point de vue économique,
proposer un cadre de vie agréable qui satisfait les besoins fondamentaux
de la population. Sur cet axe, une stratégie à long terme
pourrait être mise en place car le Tarn est devenu un marqueur
identitaire, historique, des activités, de la biodiversité et de
la qualité de vie. Or, la ligne d'action d'Albi doit intervenir
au-delà de la problématique d'accès à la
rivière.
Dans le contexte actuel de la politique de la ville, la
reconquête est en train de se créer peu à peu. On assiste
donc à une prise de conscience et un regain d'intérêt de la
part des acteurs décideurs, aménageurs et urbanistes pour ce qui
est de l'aménagement des berges. Dans cette perspective nous assistons
à un lancement d'une étude géotechnique en 2012 pour le
confortement des berges du Tarn70 .
Cette patrimonialisation a été le fil conducteur
qui a accompagné le développement de la ville par des
requalifications urbaines. L'enjeu est de profiter de cette mise en avant pour
trouver des alternatives durables, annexant les composantes naturelles et
artificielles de la ville. Le but est d'attribuer à la ville une
authenticité dans la logique d'en faire la métropole
d'équilibre du nord midi Pyrénées.
70 D'après entretien Jacqueline MATHA 11/06/2012
Conclusion
Au terme de ce travail, nous pensons avoir touché du
doigt les différentes représentations des cours d'eaux dans
plusieurs contextes de ville patrimoniales. Nous avons pu constater que le
classement Unesco des villes est la reconnaissance de l'authenticité de
leur architecture, ainsi que celle de leur rivière. Nous avons
été touchés par la complémentarité des
relations entre la ville, l'homme et l'eau que les acteurs
d'aménagements ne peuvent ignorer.
La plupart des villes ont pris conscience de ces
données par la mise en place des politiques d'aménagements qui
réorientent la ville vers son cours d'eau. Cette recherche voudrait non
seulement rappeler le contexte actuel mais encore faire des propositions allant
dans le sens des nouvelles pratiques sociales autour des cours d'eau en prenant
en compte, le contexte de la ville.
Dans cette même perspective, et dans le cas d'Albi,
cette étude est le diapason d'une première prise de conscience
des enjeux liés à la présence de la nature en milieu
urbain. Sans avoir l'ambition de résoudre la question des dialectiques
entre la ville et sa rivière, cette recherche nous entraîne dans
une dynamique importante. En effet, les résultats nous ont permis
d'identifier les nouvelles représentations et politiques
d'aménagement autour du Tarn. Ainsi, le but d'une part est d'ouvrir une
brèche sur les solutions à la fois théoriques et
techniques qui mettent en harmonie les interactions des différentes
sphères. D'autre part, la finalité est de proposer des solutions
en matière d'aménagement durable liant : architecture paysage et
sociologie.
En outre, l'ancrage du Tarn par rapport au patrimoine
bâti, nous laisse supposer que la ville doit être
accompagnée dans le renouveau des représentations et pratiques
sociales. Elle pourra ainsi s'intégrer dans une nouvelle logique de
réconciliation avec sa rivière au sens large du terme. Le Tarn
à Albi est donc un constituant identitaire de la ville à la fois
patrimoniale et affectif pour les albigeois. La ville devrait contribuer au
développement d'une politique d'aménagement qui prend en compte
le contexte actuel au-delà de la problématique d'accès que
génère son contexte.
Pour conclure, / I 177EIQFRWEN un plpP IY0lIP pP
RIIII0uMUN05 OEILFINFSIpsente un YIELIRSIFeII0HNINELIWIMITSHIBMnt,
qu5il est questiRn aujRur05hui àMIRis 0e llpYpOR,
0e IJen0rIEEFFIMIFIK INAMERD. ICA5agB10e 1lXEInYeIteIDQ nRuYIDC
destin, de nouveaux usages qui mettent en valeur le patrimoine tout en le
mettant en scène. Cela nous mène à laisser une
réflexion ouverte Va l5lQE 0eIsI P NUTT harmonie dans son
contexte, conjugué avec les aspirations, les représentations et
les pratiques nouvelles liées à la patrimonialisation de la ville
05 OR.
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16/05/2012
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consulté le 22/05/2012
http://hal.inria.fr/docs/00/17/40/18/PDF/Villemoyenne.pdf
Annexes :
Annexe I :
Lyon : Schéma directeur d'aménagement des
berges
? Secteur val de Saône, proposition d'aménagement
:
Annexe II :
Bordeau : horizon grand Bordeaux 2030 /
van dt iwtliesstP tntvamwaiblt
Annexe III :
Plan de prévention des risques de
l'albigeois
Annexe IV : Gouvernance de l'eau
:
Service d'eau et d'urbanisme
Source : Marguerite BOUTELET, André LARCENEUX,
Aleksandra BARSZAK, gouvernance de l'eau : intercommunalité et
recomposition du territoire, éd société
université de Dijon, Dijon2010.
71E0IIEW UUMM1tURns
Figure 1 : Schéma représentant l'évolution
de la relation ville rivière à travers le temps 6
Figure 2 : Illustration de la mise en valeur du patrimoine
bâti à travers le fleuve à Lyon 7
Figure 3 : Activités fluviales touristiques à Lyon
8
Figure 4 : Réappropriation des usages des berges à
Lyon 8
Figure 5 : illustration des mises en valeur du patrimoine
bâti à travers le fleuve à Bordeaux . 10 Figure
6:Amenagement des berges de la Garonne à Bordeaux 10
Figure 7 : La Communauté d'agglomération de
L'Albigeois. Situation de la ville d'Albi 11
Figure 8: La cité épiscopale d'Albi classée
patrimoine mondial de l'Unesco . 12
Figure 9: Evolution urbaine de la ville d'Albi 13
Figure 10: Typologie des berges hautes en falaise. 15
Figure 11: Les usages anciens du Tarn 16
Figure 12: Description des phénomènes
d'instabilité affectant les berges du Tarn 18
Figure 13 Les principales crues du Tarn 19
Figure 14 : zones inondables dans la commune d'Albi 20
Figure 15: Système des filtres j-p PAULET 24
Figure 16: Schéma systémique récapitulatif
de l'échantillonnage . 27
Figure 17 : Principales représentations des milieux
aquatiques des personnes interrogées.
Les individus devaient proposer deux choix, parmi une liste
de propositions, classés par ordre
d'importance. 32
Figure 18 : La problématique d'accès physique des
berges du Tarn : rivière trop encaissée 35
Figure 19 : représentations du Tarn à deux
époques différentes. 36
Figure 20: Panneau échappée verte 37
Figure 21: Dispositifs anti-crues à Montauban 39
Figure 22: Regroupement des activités autour du Tarn 41
Table des matières :
Introduction gén
1 Villes, Label Unesco, et cours d'eau : Mise en
perspective des reconquêtes
1.1. Evolution des rapports ville/fleuve :
1.2 Lyon et le plan bleu : Le Rhône, la Saône et le
patrimoine Unesco
Des discours politiques aux pratiques sociales:
1.3 Bordeaux et la Garonne :
|
|
5
7
8
9
|
2 Le classement d'Albi à l'Unesco : Le contexte
albigeois du Tarn .......................
|
|
11
|
2.1 Présentation de la ville d'Albi :
|
|
11
|
2-1-1Caractéristiques :
|
|
11
|
2-1.2Evolution urbaine et développement de la ville
|
|
12
|
2.2 Le Tarn :
|
|
13
|
2-2-1 Présentation
|
|
14
|
2-2-2 Hydrologie et géologie :
|
|
14
|
2-2-3 Le Tarn dans les entités paysagères:
|
|
14
|
2-2-3- 1 Les berges à Albi:
|
|
15
|
2-2-3-2 Les falaises :
|
|
15
|
2-3 Le Tarn et les hommes : les anciennes pratiques de la
rivière
|
|
15
|
2-3-1 Le franchissement.
|
|
16
|
Le pont vieux :
|
|
16
|
2-3-2 pratiques et métiers de la rivière
|
|
17
|
Les risques de la Rivière:
|
|
|
2-4-2L'effondrement des berges :
|
|
18
|
2-4-1 Les crues :
|
|
19
|
2-5 Le questionnement.
|
|
21
|
2-6 Cadre théorique et concepts clés
|
|
21
|
2-6-1 Patrimoine :
|
|
21
|
2.6.2 Représentations sociales :
|
|
22
|
2.6.3 Le paysage :
|
|
23
|
2.6.4 Référentiel:
|
|
25
|
2-7 Hypothèses :
|
|
25
|
2-8 Méthodologie :
|
|
26
|
Analyse des discours oraux :
|
|
26
|
2.8.1 Type d'entretien :
|
|
26
|
|
53 /
|
54
|
Master 1 ADEN, 2011/2012
|
|
|
2.8.2 Echantillon : 27
2.8.4 Etude d'exemple : 30
2.8.5 L'observation non participative . 30
3. Résultats : Villes moyennes et patrimoine :
vers un renouveau des pratiques sociales 31
3.1 Des représentations du Tarn aux pratiques et formes
urbaines à Albi : 31
3-1-1Le Tarn comme patrimoine : représentation
fonctionnelle du Tarn
33
3.1.1.1 La préservation de l'eau . 33
3.1.1.2 La gestion de l'eau . 33
3.1.3 La rivière Tarn comme image de marque : 35
3.1.4 Le Tarn comme terrain de loisir et
d'évènementiel 36
3.2 Montauban et la reconquête du Tarn : du
référentiel politique aux pratiques sociales : 38
3-2-1 Les dispositifs d'aménagement des berges : 38
*Dispositif de vidange après les crues : 39
*Dispositif anti crues : 39
*Dispositif d'embellissement et d'amélioration du cadre de
vie : 39
3-2-2 La nouvelle vision du Tarn à Montauban : le
changement des représentations et des pratiques : 40
3-3 Quel avenir pour le Tarn et Albi 41
Conclusion : 43
Bibliographie : 45
Annexes : 48
Table des illustrations : 52
Table des matières : 53
|