REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
Scientia splendet et conscientia
B.P. 570 BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES
Forces et faiblesses de la République
Démocratique du Congo en relations
internationales africaines.
Présenté par Joseph APOLO
MSAMBYA
Travail de fin de cycle présenté pour
L'obtention du Diplôme de GRADUAT En relations
Internationales.
Encadreur : C.T. MWILO MWIHI WATUTA
Auguste
ANNEE ACADEMIQUE 2008- 2009
Épigraphe
« Qui contrôle la partie orientale du
continent (...) règne sur la terre centrale, Qui règne sur
la terre centrale règne sur l'île mondiale, Qui règne
sur l'île mondiale règne sur le monde ».
Sir Halford J. MACKINDER
« Tant que je n'ai pas battu l'adversaire, je peux
craindre qu'il ne me batte. Je ne suis pas mon propre maître car il me
dicte sa loi comme je lui dicte la mienne ».
Carl Philip Gottlieb von CLAUSEWITZ
A vous, notre père MUHUNGA RAMAZANI W'APOLO pour
les efforts fournis pour notre croissance physique, spirituelle et
intellectuelle, grâce à votre sens de responsabilité,
nous sommes devenu ce que nous sommes aujourd'hui par votre grand amour
paternel ;
A vous, notre très chère mère
FATUMA MARIE Claudine, pour avoir supporté les caprices de notre
enfance avec des sages conseils suite auxquels nous sommes devenu
mature;
A vous, nos oncles paternels, Jules SWEDI Bin RAMAZANI
et APOLO W'APOLO Joseph, pour votre contribution tant morale que
matérielle à notre parcours académique ;
A vous MASUDI MAZAMBI et MWAVITA MUNYOLOLO, vous qui
êtes pour nous autant que nos parents, pour nous avoir
hébergé chez vous pendant toutes nos années
d'études à Bukavu ;
A vous, nos petits frères et soeurs pour votre
soutien inestimable ;
A vous tous, pour votre affection, les sacrifices
consentis avec amour et patience ;
A notre future épouse, A notre future famille
;
A vous tous qui nous êtes chers, oncles, tantes,
cousins, grands-mères et pères, amis... ;
A toutes les âmes éprises de la formation
intégrale des jeunes ; Nous dédions ce travail.
Avant - propos
L'homme, en tant qu'être social, est
appelé à vivre en société. Dans cette entité
territoriale, il cultive le sens de solidarité et apprend à venir
en aide à ses semblables dans la résolution de différents
problèmes. Dans le cadre de reconnaissance et de gratitude à leur
égard, il serait ingrat de notre part de méconnaître
l'apport de nombreuses personnes dans la laborieuse rédaction de ce
travail, lequel travail nous a scientifiquement, moralement,
matériellement et même financièrement coüté et
dont le dépôt de la pierre de tout un chacun sur
l'édification de celui-ci s'avère indispensable.
Nous avons le réel plaisir de rendre hommage
aux corps académique, scientifique et administratif de
l'Université Officielle de Bukavu (U.O.B) pour avoir rendu possible
notre formation nonobstant la conjoncture difficile pendant tout notre cursus
de graduat à l'UOB.
Nous tenons à remercier tous les enseignants,
ceux de l'école primaire et secondaire pour leur formation qui nous a
servi de base pour avoir le niveau d'études que nous avons. Un mot doit
nécessairement s'adresser aussi à tous nos enseignants de
l'université pour avoir concrétisé en nous le nom de cadre
que nous portons déjà et qui réconforte à aller de
l'avant.
Nos remerciements s'adressent particulièrement
au Chef de Travaux MWILO-MWIHI WATUTA Auguste, notre aîné
scientifique, en qualité de directeur de ce travail, pour avoir
aimablement accepté de nous suivre dans la recherche en dépit de
ses multiples occupations. Ses remarques constructives, sa disponibilité
ainsi que ses sages conseils méritent l'expression de notre profonde
reconnaissance.
iv
Nous sommes reconnaissant envers nos chers parents
pour tant de sacrifices qu'ils se sont imposés pour que soit effective
notre formation scientifique, ce qui témoigne leur affection
incommensurable envers nous. Qu'ils trouvent, à travers ce travail, les
fruits de leurs mérites.
Que nos frères et soeurs, nos tantes, nos
oncles paternels et maternels, nos grands-mères et grands-pères,
nos amis et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont
soutenu durant toute notre vie estudiantine, trouvent ici l'expression de notre
profonde reconnaissance. Que les couples APOLO RAMAZANI et LONA WA MKYOBA, nos
grandsparents paternels ; LUKUBE LUHOTA DAVID et SOFIA MAUWA WA MKELELWA, nos
grands-parents maternels ; MWENEBATU LUKUBE Jacques et NGENA SIWATWA Ngeby, nos
chers oncles maternels, trouvent ici la félicitation pour leurs efforts
conjugués dans la réussite de nos études.
Que l'inoubliable feu grand-père APOLO RAMAZANI
que la mort a voulu arracher avant notre existence trouve ici l'expression de
notre profonde gratitude et notre regret pour son départ si
prématuré, qu'il jouisse et goûte les produits de ce
travail dans l'au-delà et que son âme repose en paix !
Nous sommes redevable aux familles MASUDI MAZAMBI,
MWAMBA WATEKWA et OBEDI SUMAILI ECA qui, durant tout notre séjour
académique à Bukavu, nous ont hébergé et dont nous
ne pouvons taire leur grande intervention dans le cadre
matériel.
Qu'il nous soit aussi permis de remercier nos
frères en Christ, le Révérend père PIERRE SARTORIO
et Mr. l'Abbé ALIMASI BWINGI Jean Marie ; nos frères APOLO
RAMAZANI Vital et MWENEBATU APOLO ; l'oncle paternel Jules SWEDI Bin RAMAZANI
qui nous ont secouru financièrement durant ces trois années
d'études à Bukavu.
Que nos frères de la famille estudiantine
M'mbondo (FEM), et particulièrement ceux de la cellule de
l'Université Officielle de Bukavu, trouvent ici l'expression de notre
reconnaissance pour le soutien mutuel et pour avoir semé au sein de
cette famille une très grande solidarité.
Nous sommes finalement et également redevable
à l'oncle paternel ASISA BULIMWENGU et envers tous ceux que nous n'avons
pas cités et que notre mémoire a oubliés, nous leur disons
: MERCI.
Joseph APOLO MSAMBYA
vi
Sigles et abréviations
A.O.F. : Afrique Occidentale Française
A.P.R. : Armée Patriotique Rwandaise
B.D.E.G.L. : Banque de Développement des
États des Grands Lacs C.E.E.A.C. : Communauté Économique
des États de l'Afrique Centrale C.E.P.G.L. : Communauté
Économique des Pays des Grands Lacs F.A.R. : Forces Armées du
Rwanda
F.A.R.D.C. : Forces Armées de la République
Démocratique du Congo
F.D.L.R. : Forces Démocratiques pour la
Libération du Rwanda
F.E.M. : Famille Estudiantine M'mbondo
F.M.I. : Fond Monétaire Internationale
G.A.T.T. : General Agreement on Trade and
Tariff
L.R.A. : Lord Resistance Army
MONUC : Mission d'Observation des Nations Unies au
Congo
O.M.C. : Organisation Mondiale du Commerce
O.N.U. : Organisation des Nations unies
O.U.A. : Organisation de l'Unité
Africaine
R.D.C. : République Démocratique du
Congo
R.D.F. : Rwanda Defense Force
R.I. : Relations Internationales
R.I.A. : Relations Internationales Africaines
S.A.D.C. : South African Development
Community
S.A.P.P. : South African Power Pool
S.A.T.C.C. : South African Transport Communications
Committee
S.D.N. : Société des Nations
SINELAC : Société Internationale
d'Electricité des Grands Lacs
U.A. : Union Africaine
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education,
la Science
Et la Culture
U.O.B. : Université Officielle de
Bukavu
U.P.D.F. : Uganda People Defense Force
U.R.S.S. : Union des Républiques Socialistes et
Soviétiques
1
0. INTRODUCTION
1. Choix et intérêt du sujet
L'enseignement universitaire en RDC s'organise autour
de trois cycles et est sanctionné par la rédaction des travaux
scientifiques à la fin de chaque cycle. C'est dans ce cadre qu'il nous a
plu à la fin de ce premier cycle d'études universitaires, de
faire une étude sur « Les forces et faiblesses de la
République Démocratique du Congo en relations internationales
africaines ».
Cette étude se décèle aussi bien
dans le cadre de la pratique en vue d'accoucher les connaissances acquises
à l'auditorium pendant notre cursus de graduat.
Un double intérêt a milité pour le
choix d'un tel sujet d'étude :
Il revêt une importance capitale en ce sens que
l'actualité sur les ambitions des États met au centre la question
de la politique internationale. C'est ainsi qu'il nous permettra de distinguer
les acteurs et les différentes forces agissant sur la scène
internationale africaine dans la dynamique de la matérialisation de la
puissance des États sur la scène internationale.
Il nous permettra également de relever et
d'analyser rationnellement les facteurs de puissance de la République
Démocratique du Congo dans ses relations avec l'Afrique ainsi que ses
insuffisances en vue de dégager la place qu'elle occupe dans le concert
des nations sur les plans sous régional et régional. Il
conviendra à l'issue de cette étude, de proposer, de
manière analytique, des voies et moyens pouvant renforcer la puissance
de la RDC ou alors de dégager quelques stratégies pour que
l'État congolais parvienne à avoir une grande influence sur la
scène politique africaine.
2. Etat de la question
Plusieurs personnes ont écrit sur les relations
internationales africaines mais nous n'avons pas eu dans nos recherches assez
d'auteurs qui se sont proposé de parler des forces et des faiblesses de
la RDC en relations internationales africaines.
L'ouvrage de Germain NGOIE TSHIBAMBE constitue une
analyse minutieuse du parcours de la RDC dans le concert des nations
africaines.
Comme toute politique étrangère a des
fondements ou des soubassements internes, Germain NGOIE TSHIBAMBE s'est
employé à scruter l'environnement interne de la République
Démocratique du Congo dans ses différentes séquences avant
de se pencher sur son imbrication dans les relations
interafricaines.
Cette oeuvre met en lumière les
différents facteurs qui ont directement ou indirectement entravé
l'érection de la RDC en pôle d'influence et relève les
faiblesses l'ayant transformée, a contrario, en pôle
d'insuffisance. Cette analyse porte surtout sur le plan diplomatique et sur le
plan de la politique étrangère de la RDC1.
L'analyse de cet auteur porte surtout sur les
réalités de la deuxième République du
Maréchal MOBUTU jusqu'à l'avènement de Mzee Laurent
Désiré KABILA.
Emile NGOY KASONGO, dans son ouvrage, tourne l'une des
pages sombres de l'histoire du Congo en mettant en évidence cinq
périodes significatives traduisant quatre décennies perdues pour
le développement de la RDC. Cependant, cet auteur, tient d'autre part,
à
1 G. NGOIE TSHIBAMBE, La République
Démocratique du Congo dans les relations interafricaines. La Trajectoire
d'une impossible quête de puissance, Lubumbashi, Editions de
Labossa, 2005, P.1.
3
épingler les ressources considérables
dont dispose le pays face aux contraintes multiples2.
Toutefois, il fonde cette étude sur l'aspect
purement économique en prétendant que seules les ressources
humaines et géoéconomiques sont capables d'assurer et de garantir
l'essor du pays. Il postule que la capacité d'une nation à
assurer et à garantir une norme de bien-être économique
à ses populations doit être l'enjeu de tout
gouvernement.
D'auteurs3 essaient de retracer la vie de
la RDC (à l'époque le Zaïre) en mettant en exergue diverses
formes de violence politique qui ont réapparu ou qui se sont
développées, rappelant à plus d'un titre le climat de
forte instabilité qui a régné au cours des
premières années de l'indépendance et en pointant les
principaux facteurs expliquant la lente dérive du pays vers le
chaos.
Par contre, ils démontrent qu'à son
indépendance, le pays disposait de pratiquement tout pour devenir une
grande puissance africaine. Avec son étendue (grand comme l'union
européenne, mais dix fois moins peuplé), ces auteurs
préconisent qu'il aurait dü devenir le pendant francophone du
Nigeria et de l'Afrique du Sud, et constituer un pôle de stabilité
et de développement rayonnant sur toute l'Afrique subsaharienne. Cette
étude axée sur la RDC donne des informations sur son parcours
dans les secteurs politique, économique, culturelle,
démographique, militaire...
Il faut enfin préciser que les informations
parues dans cet ouvrage sont arrêtées au 31 juillet
1996.
Guy GRAN4 démontre la grande
différence et la vie sombre qu'a connu la RDC en concluant que la voie
suivie par le gouvernement congolais (Zaïrois) depuis 1965, voire 1885, a
entraîné une impressionnante et inacceptable ampleur de
pauvreté, de la privation et de
2 Emile NGOY KASONGO, Quelle perspective
économique en République Démocratique du Congo
aprèsguerre ? Goma, U.L.P.G.L., Fac. de Gestion et Administration,
2003, P.5.
3 J. Marc BALENCIE et A. de La Grange, Mondes
rebelles. Acteurs, conflits et violences politiques, Paris,
Éditions Michalon, 1996, P.389.
4 G. GRAN, Zaire. The political Economy of
underdevelopment, New York, Praeger Publishers, 1979, P.Vii.
4
la souffrance pour la plupart de congolais. En 1979,
le Zaïre avait des arriérées de 1.3 billion de dollars
américains de dette à long terme et le FMI était
prêt à offrir son troisième plan de stabilisation pendant
trois ans. Cette étude qui s'apaisentit sur les faiblesses de la RDC,
porte sur le plan économique.
Dans une étude plus globalisante et
théorique, Charles PHILIPPE DAVID5 offre une synthèse
des principaux thèmes, courants de pensée et débats
théoriques qui marquent les études stratégiques comme
élément fondamental des relations internationales. Toutefois,
affirme-t-il, la connaissance et la maîtrise des outils du domaine de la
stratégie demeurent les préalables incontournables d'une
meilleure compréhension des défis de la guerre et de la paix en
vue de l'émergence sur la scène internationale. Sans
stratégie, estime-t-il, il ne peut y avoir de transformation chez les
acteurs des relations internationales de leurs perceptions et de leurs actions
de sécurité pour prétendre occuper une place de choix dans
le concert des nations et jouer un rôle de prédominance sur la
scène internationale.
Nous, par contre, nous examinerons les forces et les
faiblesses de la RDC dans les relations internationales africaines tant sur les
plans politique et géostratégique, sur les plans
géographique et démographique, que sur les plans
économique et culturel tout en ayant comme fondement les facteurs qui
influencent la puissance des États. Contrairement aux études
antérieures, notamment citées et qui ont reflété la
vie de la RDC des années 90, voire des années 80, nous allons
essayer d'actualiser nos propos avec la période actuelle.
L'apport de la présente étude portera
sur des tactiques ou mécanismes à appliquer pour que la RDC se
taille une place de référence comme un acteur incontournable sur
la scène internationale africaine.
5
3. Problématique
Les États extériorisent leur puissance
par des démonstrations de force (affrontements) ou puissance
diplomatique. Dans ce cas, c'est à l'issu d'un affrontement ou d'une
relation quelconque de puissance qu'un État donné soit
qualifié de faible ou de puissant par rapport à un autre. A titre
illustratif, vers la fin des années 30, la situation internationale
était marquée par les ambitions de deux grandes puissances de
l'époque, l'Allemagne et le Japon, dont les appétits
expansionnistes en Europe et en Asie déclenchèrent la seconde
guerre mondiale.
Actuellement aussi, pas mal d'États veulent se
tracer une quelconque ligne de conduite en prouvant leur existence par la
recherche de la puissance sous toutes ses formes, se posant en
s'opposant.
L'extériorisation de la puissance d'un
État ou la manifestation de cette puissance peut se traduire par des
actes de force (la guerre), qu'on appelle « Hard power » ou par une
persuasion diplomatique lors des négociations, qu'on qualifie de «
Soft power ». Chaque État fait ainsi face aux ambitions de
puissance des autres sur lui. De cette confrontation ressortent les forces et
les faiblesses de chacun. C'est depuis son indépendance que la RDC est
en face des autres États du continent comme État
indépendant et souverain. Dans ce parcours diplomatique qui exige qu'il
(l'État congolais) s'impose devant ses pairs du continent, il convient
de focaliser une attention particulière sur les forces et les faiblesses
de cet État. Pour y arriver, deux questions conduiront cette
étude :
1. Quels sont les facteurs de puissance des
États en relations internationales et lesquels d'entre eux se retrouvent
en République Démocratique du Congo ?
2. Comment la République Démocratique
du Congo exploite les facteurs de puissance dont elle dispose dans la
matérialisation de sa puissance ?
4. Hypothèses de travail
Plusieurs facteurs seraient à la base de la
puissance des États sur la scène internationale. Plusieurs
auteurs les ont évoqués en accordant, les uns ou les autres,
beaucoup d'importance sur tel ou tel autre facteur selon leur aspiration ou
plutôt selon leur formation scientifique. Ces facteurs se regrouperaient
en conditions géographiques et stratégiques, conditions
démographiques, forces économiques et financières en
sous-entendant les concurrences ou conflits et les ententes, en facteurs
militaires et technologiques, les avancées socioculturelles et un
puissant leadership entraînant une bonne gouvernance.
La RDC regorge des ressources naturelles d'une valeur
insoupçonnée qui justifie le qualificatif de « scandale
géologique » (ressources minières, forestières,
hydriques, énergétiques, spatial...) qui lui permettraient de
reprendre très vite une place de choix dans le concert des nations tant
au niveau continental que mondial. Cette connotation qu'elle porte fait qu'elle
soit convoitée par les pays voisins qui cherchent à tout prix
à asseoir aussi leur contrôle sur une partie de ses
greniers.
Cependant, dans la matérialisation de sa
puissance, un constat serait très amer pour la République
Démocratique du Congo. Le laisseraller de l'État congolais dans
l'exercice de ses fonctions régaliennes (la paix, la
sécurité, la justice, la fiscalité...) donne libre cours
à une multitude de rébellions internes et ouvre des
brèches à des ingérences plurielles et extrêmement
ravageuses. Tant sur le plan géostratégique qu'économique
de ses différentes ressources réelles potentielles, on
assisterait à leur forte inexploitation. Le manque de transparence dans
la négociation et l'octroi des marchés, les conflits
d'intérêts non déclarés, le manque
d'évaluation appropriée des atouts et des apports congolais
(produits ou marchandises) aux marchés, l'inclusion des clauses
désavantageuses pour l'État congolais, l'incapacité de
gérer l'espace pourraient, à cet effet, être
dénoncés.
7
5. Approche méthodologique
La méthode géopolitique nous a servi
à frayer le chemin d'explication, d'interprétation des faits en
nous permettant de comprendre les actions et les interactions des États
sur la scène internationale africaine. Cette méthode accorde une
place importante à la connaissance de l'espace en se posant « qui
fait quoi où ? », à la connaissance des intentions «
qui fait quoi pourquoi ? », à la connaissance des actions et
interactions « qui fait quoi ? ».
Nous avons également recouru à des
opérations de recherche pour la récolte des données, ce
sont des techniques. Ainsi, avons-nous usé des techniques vivantes
suivantes :
· Le questionnaire d'enquête :
celui-ci nous a permis de récolter les informations auprès des
personnes ressources à partir des questions écrites ;
· L'entretien et le sondage d'opinion :
à partir des dialogues et des échanges avec des personnes
ressources, nous avons pu recueillir les avis, informations auprès de
nos enquêtés.
A part les techniques vivantes ci-haut
mentionnées, nous avons également recouru à la technique
documentaire, il s'agissait d'accéder à la lecture des certains
ouvrages portant sur notre domaine d'étude. Nous avons de même
fait usage de l'Internet, analysé certaines informations
diffusées par la radio et la télévision.
6. Délimitation du sujet
Dans la plupart des cas, les conditions de recherche
obligent le chercheur à restreindre son champ d'action et son espace
temporel.
C'est ainsi que notre sujet de travail, de par sa
formulation, se délimite sur la RDC géographiquement. Il sied de
dire qu'il concerne les actions et le poids politique de la RDC sur la
scène internationale africaine.
Du point de vue chronologique, nous allons nous
atteler sur une période allant de 2006 à nos jours, 2009. Cette
période nous parait plus importante pour cerner à fond la vie de
la RDC sur la scène internationale africaine car elle est la
période qui marque l'acquisition, par la RDC, des premières
institutions issues des élections dites libres et démocratiques
depuis plus d'une quarantaine d'années après son
indépendance.
7. Difficultés rencontrées
Tout au cours de la rédaction de ce laborieux
travail, nous avons été confronté à plusieurs
difficultés, notamment :
· Le manque d'un nombre important d'ouvrages
dans les bibliothèques de la place susceptibles de nous fournir les
renseignements portant sur notre domaine d'étude. Ceci a
constitué pour nous un grand obstacle pour nous situer dans
l'état de la question car on devrait parcourir différents
ouvrages portant sur cette thématique en vue de préciser dans
quel sens aborder ce sujet par rapport aux études antérieures.
Mais les quelques ouvrages parcourus et lesquels décrivaient la vie de
la RDC d'une manière ou d'une autre sur ses différents secteurs
nous ont quand même servi pour contourner cette
difficulté;
· Les difficultés d'ordre financier pour
assurer à bon escient la recherche des données pour la
réalisation de ce travail. De ce fait, on ne pouvait que s'en prendre
à nos propres moyens disponibles pour faire ce que ces derniers nous
permettraient ;
· L'incapacité de nos
enquêtés à répondre à certaines questions,
d'où la remise de notre questionnaire d'enquête répondu
à moitié. C'est ainsi que nous avons seulement tenu compte des
données qui nous ont été fournies par eux.
9
8. Plan sommaire du travail
Pour mener à bon port l'élaboration de
ce travail scientifique, son ossature se présente en deux chapitres qui
seront encadrés par une introduction avant d'aborder le premier chapitre
et au finish, par une conclusion après avoir étayé le
second chapitre.
Le premier chapitre porte sur les facteurs de la
puissance des États sur la scène internationale et le second
concerne les forces et les faiblesses de la République
Démocratique du Congo en relations internationales africaines. Dans ce
second chapitre, après avoir épinglé les atouts majeurs
dont dispose la RDC et ses insuffisances, nous allons proposer certains
mécanismes ou stratégies en guise de pistes de solution pouvant
permettre à la RDC d'occuper une place importante sur la scène
internationale africaine ou dans le concert des nations.
10
Chapitre I. Les facteurs de la puissance des
États
sur la scène internationale.
Etant donné qu'on ne saurait pas mener une
étude sur les forces et les faiblesses de la RDC en relations
internationales africaines sans préalablement connaître les
facteurs influençant la puissance des États, il sied de se
pencher d'abord sur ce que sont particulièrement les relations
internationales africaines et de passer en revue les facteurs de puissance tels
qu'ils sont retenus par les spécialistes pour enfin les appliquer sur le
cas de la RDC.
I. Commentaires des spécialistes sur les
Relations Internationales Africaines6
L'expression « relations internationales »
en soi se réfère à deux objectifs différents. Le
premier est d'ordre pratique et le deuxième d'ordre théorique. En
tant que pratique, les relations internationales sont un secteur de
réalité sociale, elles donnent à se lire à travers
les interactions, elles mettent en contact plusieurs États ou les
ressortissants de plusieurs États.
Dans la deuxième acception, c'est-à-dire
en tant que théorie ou science, les relations internationales sont une
discipline scientifique, un domaine du savoir ayant un objet ou domaine
d'étude, un ensemble de méthodes et un corpus de propositions
considérées comme vraies7.
Entendue à la lettre, l'expression «
relations internationales africaines » pourrait surprendre si elle
signifiait que les relations en question sont les relations entre les nations
africaines. Même si on admettait que les nations sont des
réalités incontestables, la définition des
6 P.-F. GONIDEC, Relations internationales
africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, Pp.1-7.
7 G. NGOIE TSHIBAMBE, Cours de Relations
Internationales I, Inédit, G1 R.I., F.S.S.P.A, U.O.B., 2006-
2007.
Relations Internationales Africaines n'aurait pas fait
un grand pas du fait que le concept de nation n'est pas entendu par tous de la
même façon8. Les difficultés seraient-elles
résolues si on établissait une équivalence entre les
termes << nation » et << État » ? Ainsi, dans
l'expression << organisation des nations unies », le terme <<
nation » désigne en fait des États, puisque les membres
d'une organisation ne peuvent être que des États. L'expression RIA
signifierait alors « relations interétatiques », l'État
étant naturellement représenté par les gouvernants
habilités à agir dans l'ordre international.
La combinaison d'un critère d'ordre
géographique (l'espace considéré), d'un critère
d'ordre structurel (les éléments composant la région
étudiée), d'un critère d'ordre temporel (la période
de temps retenue) et d'un critère d'ordre matériel (les
problèmes constitutifs de l'étude) doit permettre de
définir ce que nous entendons par RIA.
Le qualificatif << africaine » indique
clairement que, d'un point de vue géographique, les relations
étudiées ne concernent qu'une fraction de la planète, la
région << Afrique ».
Cependant, l'idée qu'il puisse exister une
telle région est parfois contestée par les internationalistes.
REUTER et COMBACAU affirment : << l'Afrique n'existe guère comme
être autonome et comporte au moins deux mondes, l'Afrique noire et
l'Afrique arabe9 ». Une telle opinion, même si elle est
assez répandue, ne saurait être acceptée. Plusieurs
arguments militent en faveur de la reconnaissance d'une région
africaine.
D'un point de vue strictement géographique, on
peut invoquer la proximité, le voisinage qui fait de l'Afrique un
continent. Mais comme le souligne avec pertinence BIPOUN WOUM : << si le
voisinage géographique
8 Anonyme, Divers, l'idée de nation,
cité par P.- F. GONIDEC, Relations Internationales
Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.1.
9 REUTER et COMBACAU, cités par P.-F. GONIDEC
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.2.
12
est un élément nécessaire de la
région, il n'est guère suffisant, même pour
délimiter la région dans l'espace international
».
Le facteur historique peut également être
pris en considération. A juste titre, M. M'BOW10, ancien
directeur général de l'UNESCO, observe que pendant longtemps,
« le continent africain n'était presque jamais
considéré comme une entité historique ». L'accent
était mis sur la division de l'Afrique en Afrique noire et Afrique
blanche. Un des objectifs de l'histoire générale de l'Afrique,
publiée sous les auspices de l'UNESCO, est précisément de
mettre en lumière « l'unité historique de l'Afrique et les
relations de celle-ci avec les autres continents11 ». Selon
l'historien Burkinabé Joseph KI-ZERBO, « cette histoire ne saurait
être autre que l'histoire des peuples africains dans son ensemble,
envisagée comme une totalité englobant la masse continentale
proprement dite et les îles voisines, comme Madagascar, selon la charte
de l'OUA ».
Aux arguments d'ordre géographique et
historique, on peut ajouter un argument d'ordre culturel. Aussi bien L.S.
SENGHOR que KWAME NKRUMAH ont souligné qu'il existe un ensemble de
valeurs de civilisations communes à tous les africains. L'un parle
d'africanité et l'autre de personnalité africaine.
Enfin, un dernier facteur peut être
invoqué, qui est d'ordre juridique. Sur un plan général,
BIPOUN- WOUM a pu consacrer un ouvrage au droit international africain dont
l'existence avait été affirmée par Alvarez dès
1959. Sur le plan institutionnel, ceci s'est traduit notamment par la
création d'une organisation internationale régionale (OUA,
aujourd'hui UA) et par la mise en place d'antennes régionales (ou
sousrégionales) des organisations internationales à vocation
universelle. Ajoutons que la volonté des africains de se
considérer comme faisant
10 M. M'BOW, Préface à l'histoire
générale de l'Afrique, Paris, UNESCO, Vol. I, 1980, P.13.
11 Ibidem.
partie d'un ensemble régional est
attestée par l'existence à l'ONU d'un groupe
africain.
Ainsi alors, la prise en considération d'un
critère géographique permet de considérer la région
« Afrique » comme le lieu des relations internationales ayant ses
caractéristiques propres, une certaine spécificité. Cela
dit, l'expression RIA renvoie à 3 réalités12
:
1. Les relations qui existent à
l'intérieur de la région entre ses éléments
composants ;
2. Les relations entre l'Afrique et le reste du monde
ou certaines de ses parties (l'Europe par exemple ou bien tel ou tel
État ou groupe d'États non africains) ;
3. Ces deux sortes de relations à la
fois.
Pour cette étude, les RIA sont prises au sens
de la troisième réalité quand nous nous
référons à Pierre François GONIDEC.
Nous ne pouvons ignorer le fait que l'Afrique est
partie intégrante de la société internationale, ce qui se
manifeste juridiquement par sa présence dans les organisations
internationales universelles, politiquement, par sa volonté
affirmée de participer au règlement des affaires internationales
et les relations qu'elle entretient avec les autres États et les
organisations régionales (l'union européenne ou la ligue arabe
par exemple). Nous ne pouvons pas non plus négliger le fait que les RIA
telles que nous les envisageons, sont plus ou moins influencées par les
facteurs extérieurs à l'Afrique, ce qui soulève le
problème de savoir dans quelle mesure le sous-système africain
est autonome, sinon indépendant. Pour sa part, ZARTMANN13
affirme prudemment : « un système africain subordonné
autonome possédant certaines caractéristiques
identifiables
12 P.-F. GONIDEC, Op Cit., P.10.
13 N.I. ZARTMANN, Africa as subordinate state
system in International Relations, international organisation, sl, 1967,
Pp.545-564.
14
semble exister et être capable d'exécuter
certaines fonctions limitées dans certaines conditions
».
L'existence d'une région « Afrique »
justiciable d'une étude du point de vue des relations internationales
étant admise, il se pose un second problème qui est d'ordre
structurel. Pour reprendre les termes utilisés par Braillard, quels sont
les éléments composants du soussystème africain
?
La réponse à cette question
dépend de la conception que le chercheur se fait des R.I. en tant que
discipline particulière14.
Selon une conception étroite,
prônée par certains historiens (DUROSELLE par exemple),
sociologues (R. Aron) ou juristes (COLLIARD, S. DREYFUS), l'analyse devrait
être centrée sur les États en tant
qu'éléments composants les plus importants de la
société internationale globale ou restreinte. Par la suite, dans
cette conception, les autres éléments ne sont sans doute pas
complètement négligés mais ils ne seraient pas dignes de
la même attention. Il en résulte que les R.I. sont essentiellement
les relations entre les États, les relations
intergouvernementales.
Pour ce qui concerne l'Afrique, il faut
reconnaître que les États occupent une position centrale sur la
scène internationale même si certains observateurs les
considèrent parfois comme des États fictifs. Ils doivent cette
considération au fait que pendant des décennies, voire des
siècles, les pays africains ont été l'objet de domination,
de droit et/ou de fait, exercée par des États non africains
(européens). Par suite, pendant une période plus ou moins longue,
ils ont été mis dans l'incapacité d'influer sur le cours
des Relations Internationales. A partir du moment où des États
naissent (ou renaissent) comme conséquence de l'action menée par
les mouvements de libération, soutenus par certains États et par
différentes
14 Cf. P. M. MORGAN, cite par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P. 4.
organisations, y compris les organisations
internationales (SDN et ONU notamment)15, il est nécessaire
qu'ils s'efforcent d'affirmer avec vigueur leur souveraineté, qui leur
confère un droit à participer à la vie internationale. Au
moment où une partie de la doctrine part en guerre contre l'idée
de souveraineté, les États africains affirment au contraire avec
force la souveraineté conquise ou reconquise et prennent des distances
par rapport à l'idée d'une prétendue communauté
internationale, qui impliquerait que l'État devrait être
ravalé au rang d'élément secondaire de la
société internationale.
A l'époque actuelle, l'existence des
États africains jaloux de leur souveraineté, une
souveraineté de conquête (conquise ou reconquise) est un fait
qu'on ne peut ignorer. Cela dit, on peut discuter à l'infini sur
l'État africain, non pas en tant que concept, mais en tant que
réalité sociologique. Le fait, incontournable, est que les
États africains, faibles ou puissants, grands ou petits, riches ou
pauvres, pacifiques ou belliqueux, démocratiques ou non, existent et
doivent être reconnus, au même titre que les autres États,
comme « la structure élémentaire et immédiate
à partir de laquelle se construisent les rapports
internationaux16 ».
En dehors du facteur spatial et du facteur structurel,
un troisième facteur, d'ordre temporel, doit être
précisé pour délimiter le champ d'étude des
Relations Internationales Africaines. Celles-ci pourraient être
abordées dans une perspective diachronique. Certains auteurs ont
d'ailleurs parfois déploré qu'une plus grande attention ne soit
pas accordée à l'aspect historique des
problèmes17.
L'accession à l'indépendance marque, en
effet, non pas exactement une rupture avec la période antérieure,
mais le point de départ
15 Sur les mouvements de libération, voir le
« Que sais-je ? » de GANDOLFI et surtout la thèse de HASBI
(Reins). Consulter l'Annuaire du Tiers-monde (ATM), notamment l'année
1974-1975. Voir G. CHALIAND, Lutte armée en Afrique, cités par
P.-F. GONIDEC, Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA,
1996, P. 4.
16 M. MERLE, cité par P.-F GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.12.
17 T. M. SHAW et B. BARRY; cités par P.-F.
GONIDEC, Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996,
P.5.
16
d'une nouvelle période. D'une part,
l'État africain, né de la colonisation, sans être toujours
la reproduction pure et simple de l'État colonial, a été
façonné par ce dernier et conserve son empreinte. En ce sens, on
peut parler d'État nouveau par rapport à l'État
précolonial. D'autre part, à partir du moment où leur
souveraineté est reconnue, les États africains sont en mesure, si
les gouvernants en ont la volonté et la capacité, d'être
des parties prenantes et non plus des parties prises dans la vie
internationale18. Cette situation n'est d'ailleurs pas exempte des
contradictions.
D'une part, les africains manifestent, au plan du
discours, la volonté de régler eux-mêmes leurs propres
affaires et différends. D'où l'idée de «
self-reliance » utilisée aussi bien au plan national qu'au
plan régional. Mais d'un autre côté, l'insuffisance des
ressources disponibles, dont dépend la capacité d'action, les
conduit à solliciter plus ou moins l'aide internationale et à
s'ouvrir sur le monde extérieur, ce qui risque de limiter leur
liberté de manoeuvre en créant de situation de
dépendance19.
S'agissant des RIA, sont internationaux tous les
phénomènes sociaux qui ont un rapport avec la région
considérée soit parce qu'ils concernent les relations entre ses
éléments composants, soit parce qu'ils influent sur ces
relations.
La compréhension de ce que sont les relations
internationales africaines ayant été faite dans cette
première section, notre démarche consiste maintenant en l'analyse
des facteurs de la puissance des États sur la scène
internationale ou en relations internationales dans une seconde
section.
18 Expression utilisée par Moh. BEDJAOUI, pour
un nouvel ordre économique international, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.6.
19 Cf. J. KI-ZERBO, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.6.
18
I.2. Les facteurs de la puissance des États
Plusieurs éléments contribuent à
donner à l'État son assise sur la scène internationale.
Ainsi, en faisant référence aux dictatures qui se sont
multipliées après les indépendances, les États
africains ont parfois été qualifiés d'États forts.
C'est en ce sens que différentes approches et conceptions des facteurs
de puissance des États ont été développées
par différents auteurs sur tel ou tel autre plan. C'est par exemple le
cas du géographe américain Nicholas JOHN SPYKMAN (1942) qui en
retenait 1020 : la surface du territoire, la nature des
frontières, le volume de la population, l'absence ou la présence
des matières premières, le développement économique
et technologique, la force financière,
l'homogénéité ethnique, le degré
d'intégration sociale, la stabilité politique et l'esprit
national. Hans MORGENTHAU, quant à lui, l'un des fondateurs de la
pensée réaliste au lendemain de la seconde guerre mondiale,
préconise que la puissance est avant tout militaire et
économique21. Il la définit comme le résultat
de la capacité à combiner au mieux huit critères
essentiels : les ressources militaires (capacité de transformer
rapidement des ressources en force militaire, état de la
préparation de l'armée...), les capacités industrielles,
la possession ou la maîtrise des matières premières, des
avantages géostratégiques (géographie...), une
démographie favorable, des caractéristiques culturelles fortes
(caractère national...), un bon moral national (dont CLAUSEWITZ
lui-même faisait grand cas...) et des qualités diplomatiques et
gouvernementales (qualité des élites...).
Raymond ARON résume ces critères autour
des trois éléments : l'espace, les ressources et les
capacités d'action collective22. A l'heure actuelle, les
ressources naturelles dont disposent les États sont (...) devenues un
atout stratégique véritable. (...) Elles sont à l'origine
de bien de choix géopolitiques des gouvernements, et surtout des
États les plus puissants
20 E. AKONO ATANGANE, Cours de
géopolitique, Inédit, L1 RI, F.S.S.P.A., U.O.B., 2008-2009,
P. 51.
21 J.-G CONTAMIN et al. S/dir., Dictionnaire de
sciences politiques et sociales, Paris, Dalloz, 2004, P. 280.
22 R. ARON, Paix et guerre entre les nations,
Paris, Calmann-Lévy, 1964, P.40.
que sont les pays industrialisés, qui en sont
dépendants pour assurer le maintien de leur niveau de vie et de leurs
instruments de domination. Ces ressources peuvent en effet s'avérer
décisives, puisque de leur détention dépend la puissance
des pays23. Dans le cadre de ce travail, nous développerons
ces facteurs en les regroupant successivement dans les conditions
géographiques, les conditions démographiques, les
intérêts économiques et financiers, les facteurs militaires
et technologiques, les traits de la mentalité collective ou les grands
courants sentimentaux et les qualités liées au chef de
l'État comme les forces profondes des États sur la scène
internationale.
I.2.1. Les facteurs géographiques
D'abord il est reconnu qu'il ne peut exister un
État sans territoire ou, de façon plus générale,
sans un espace sur lequel il exerce, à l'exclusion de tout autre, son
contrôle, un espace dit national. « En politique
étrangère, c'est la géographie bien plus que les hommes
qui commande24 ».
Par espace national, il faut entendre à la fois
l'espace terrestre, l'espace maritime et l'espace aérien surjacent. Cet
espace doit regorger certaines potentialités pour conditionner la
politique des États et permettre ainsi leur déploiement sur la
scène internationale. Citons entre autres : l'influence du climat, du
relief, de l'hydrographie, de la qualité des sols et de la nature du
sous-sol qui déterminent les caractères de la
végétation et de l'état des ressources
minérales25.
En elle-même, l'étendue de l'espace
national est dépourvue de signification en tant que facteur de puissance
de l'État. Marcel MERLE écrit cependant que : « les petits
États qui ne contrôlent qu'une portion limitée de l'espace
sont, de ce fait, réduits à jouer les seconds rôles sur
la
23 S. CHAUTARD, Comprendre la
géopolitique, sl, Studyrama perspectives, sd, P.49.
24 B. BOUTROS GHALI, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.12.
25 G. NGOIE TSHIBAMBE, &1XLVDIKZMIZLe
DZSGoPDZqXe, Inédit, G2 R.I., F.S.S.P.A, U.O.B., 2007- 2008.
scène internationale26 ».
Toutefois, il ajoute qu'il faut tenir compte d'autres données : <<
contenu de l'espace, équipement technique, capacité des hommes
», ce qui le conduit à relativiser l'importance de l'étendue
de l'espace national. « Une corrélation étroite ne peut donc
être établie entre la superficie et la puissance
».
Dans la mesure où l'espace n'est pas seulement
une réalité matérielle, mais également mentale, on
peut en tirer la conclusion que les << petits » États peuvent
ressentir un sentiment de frustration par rapport aux << grands »
États, ce qui n'est pas de nature à faciliter leurs relations.
Cependant, la possession d'une vaste étendue d'espace n'est pas, non
plus, sans inconvénients. Il est évident que plus cette
étendue est importante, plus l'État éprouvera de
difficultés à étendre son contrôle effectif à
l'ensemble de son espace, à réaliser l'intégration
territoriale, c'est-à-dire à relier le centre à la
périphérie. En outre, une grande étendue d'espace
s'accompagnant de frontières vastes, la défense de ces
frontières et le contrôle des mouvements de personnes et de
marchandises à travers les frontières se trouvent
nécessairement plus malaisés.
Donc, le sol occupé par un État peut lui
être un avantage ou un désavantage27. Lorsque l'espace
occupé est un désavantage, l'État est limité dans
son déploiement, il ne peut agir correctement sur la scène
internationale.
Par contre, un État peut considérer sa
géographie comme un capital, c'està-dire un avantage
stratégique qui lui donne des possibilités et des
virtualités qui lui permettent de se déployer sur la scène
internationale. Actuellement, l'espace géographique a une valeur
neutre.
1. la position de l'État : c'est la
place qu'il occupe sur la carte du monde. L'État ayant l'accès
à la mer ou une position favorable à la recherche d'un
accès à la mer a donc un mobile de toute première
importance dans l'orientation de la politique extérieure des
États. Friedrich RATZEL avance
26 M. MERLE, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.
12. 27 G. NGOIE TSHIBAMBE, Cours de Relations Internationales
II, Inédit, G2 R.I., F.S.S.P.A., U.O.B., 2007- 2008.
20
que les peuples les plus forts ont toujours
cherché à occuper les zones littorales, en reléguant vers
l'intérieur les populations les plus faibles28. Un
État puissant, lorsqu'il possédait, dans une mer une dimension
relativement restreinte, une portion du littoral, a eu souvent le dessein
d'étendre son contrôle à la majeure partie ou même
à la totalité des côtes. C'est dans ce contexte par exemple
que la Bulgarie luttera pour obtenir en 1912-1913, l'accès à la
mer Egée qu'elle perdra en 1920 ; la revendication par la Serbie d'une
fenêtre sur l'Adriatique au cours de la première guerre mondiale ;
l'Éthiopie, devenue un État enclavé à la suite de
la sécession de l'Érythrée, a obtenu de cette
dernière la faculté d'accéder aux ports
érythréens.
Le géographe Halford J. MACKINDER, simplifie et
déforme la pensée de Ratzel. D'après MACKINDER, la balance
des forces politiques ne dépend pas uniquement des conditions
géographiques, car la virilité et la capacité
d'organisation des groupes humains ont aussi leur rôle, mais ce sont les
éléments géographiques qui exercent une influence
coercitive parce qu'ils sont plus mesurables et plus constants29.
Les corrélations entre la géographie et l'histoire doivent donc
être le thème essentiel de réflexion.
2. Le contrôle des voies de passage :
l'État dont le territoire est traversé par une voie
naturelle de passage prend, lorsqu'il est assez fort pour en interdire l'usage,
une place singulière dans les R.I. : tous les étrangers qui
utilisent ce passage ont besoin de sa complaisance, fort
intéressés car le transit peut donner lieu à la perception
de taxes ; la circulation des hommes ou des marchandises est donc une occasion
de profits pour les habitants de la région. La voie naturelle de passage
peut devenir donc un point d'attraction, un centre de fixation qui consolide
l'État. Mais cette ligne de circulation commerciale peut être
aussi une voie d'invasion : si l'État est faible et s'il y a des voisins
puissants, il risque de devenir la victime de sa situation géographique
favorable.
28 G. NGOIE TSHIBAMBE, Op. Cit., P. 18.
29 P. MOREAU DEFARGES, Introduction à la
géopolitique, Paris, Seuil, 1994, Pp. 46-55.
La puissance continentale est toujours, la plus forte,
surtout lorsqu'elle occupe une position stratégique centrale qui lui
permet d'agir dans toutes les directions. Mais dans ses analyses, l'amiral
américain Alfred THAYER MAHAN insiste sur l'importance de la puissance
maritime dans la vie des nations (sea power), en estimant qu'elle a un
statut spécial pour s'agrandir vite par rapport à ce que pouvait
s'agrandir une puissance continentale. Par ailleurs, il reconnaît
qu'aucune nation, si forte soit-elle, ne peut maintenir sa puissance si elle a
d'autres voisins puissants qui l'empêcheraient de contrôler les
mers et les océans30.
L'école allemande de la GEOPOLITIK dont
l'animateur est le général Karl HAUSHOFER se préoccupe de
donner à la science politique une base géographique. Elle doit
montrer comment la politique est déterminée par les
données géographiques. Cette analyse qui établira des
faits palpables et des lois démontrées donnera aux hommes
d'État les bases nécessaires pour construire une politique
pratique, elle leur indiquera en même temps les limites du possible :
tout ce qu'un gouvernement pourrait réaliser audelà de la
géopolitique ne serait pas durable. Dans son ouvrage : <<
frontières et leur signification », Karl
HAUSHOFER précise que les frontières ne sont en aucun cas des
lignes de partage juridiques (en allemand scheidende
rechtsnorm), mais au contraire, l'enjeu d'un combat pour
l'existence dans un monde fini31.
I.2.2. Les conditions démographiques
En ce qui concerne les facteurs démographiques,
on les considère sous l'aspect quantitatif et sous l'aspect
qualitatif.
1. Quantitativement, le nombre peut faire la
force. La quantité de la population peut être un
élément positif à même de contribuer à la vie
d'un État sur la scène internationale. Kuznets écrit que
<< tout État souverain dont la population est égale ou
inférieure à dix millions d'habitants » est
30 G. NGOIE TSHIBAMBE, Op. Cit., P.10.
31 P. LOROT et F. THUAL, La
géopolitique, Paris, Montchrestien, E.J.A., 1997, P.19.
22
un petit État32. Si cette opinion
était exacte, il faudrait constater que la majorité des
États africains seraient des << petits États ».
L'accroissement de la population engendre la politique expansionniste. En
Italie par exemple, la poussée démographique a été
une des raisons de la colonisation, partant de l'entrée en guerre de
l'Italie. En effet, Crispin, dans son discours de Juin 1889, déclarait
que l'Italie devait acquérir un territoire de colonisation pour y
diriger son << excèdent de population rurale33
».
2. Qualitativement, on
regarde la composition de la population, son homogénéité
et son habilité à gérer l'espace. Evoquons ici les
problèmes de xénophobie lorsque, à l'occasion de crises
économiques ou politiques, la présence d'une population
étrangère nombreuse est jugée intolérable. Ainsi
par exemple au Gabon, un comité de chômeurs n'a pas
hésité à menacer d'extermination de 100 à 150.000
immigrés s'ils n'avaient pas quitté le territoire avant le 31
janvier 199534.
L'essor démographique a plusieurs
conséquences, notamment le développement de la puissance
économique des États, c'est-à-dire l'augmentation de la
population a été un stimulant pour la production et le
développement industriel.
Lorsqu'on parle de la population, on
s'intéresse aussi aux mouvements migratoires. Ces derniers créent
des problèmes dans les pays d'arrivée d'une part et dans les pays
de départ d'autre part. Ils ont des avantages et des
inconvénients dans les deux cas. Ils ont donné lieu à des
conflits ou des menaces de conflits ou des conflits entre les
États.
Exemples :
-Transvaal avec la découverte des mines d'or, la
guerre de Boer en 1899 ; - Le conflit franco-italien en Tunisie ;
- Le conflit sino-japonais au sujet de la
Mandchourie.
32 KUZNETS, cité par P.-F. GONIDEC,
Relations Internationales Africaines, Paris, L.G.D.J., EJA, 1996,
P.14.
33 G. NGOIE TSHIBAMBE, Op. Cit., P. 18.
34 Anonyme, Le monde 10 janvier 1995,
cité par P.-F. GONIDEC, Relations Internationales Africaines,
Paris, LGDJ, EJA, 1996, P.14.
I.2.3. Les intérêts économiques et
financiers
Le facteur économique joue un rôle
important sur la scène internationale. Robert KEOHANE et Joseph NYE ont
ainsi mis en avant l'idée que la puissance se définissait plus
aujourd'hui par la capacité à maîtriser les
interdépendances multiples créées par les relations elles
aussi multiples entre États - et nouveaux acteurs internationaux - et la
compétition engagée dans tous les domaines, notamment
économique, que par l'expression de la force militaire
pure35. Un État ne peut plus, dans un tel contexte,
être puissant dans tous les domaines à la fois, il doit donc
composer avec les autres acteurs étatiques ou non, notamment à
travers le système institutionnel multilatéral (ONU, FMI,
OMC...).
La lutte contre la pauvreté induit les
États à multiplier les mécanismes de coopération
pour le développement. La croissance économique des années
1950-1973, par exemple, s'explique par toute une série de facteurs
positifs : le dynamisme démographique qui suit la guerre froide,
l'effort d'investissement et de modernisation des entreprises qui
améliore la productivité, l'expansion du commerce international
stimulé par la libéralisation des échanges, l'action des
gouvernements qui contrôlent la conjoncture économique et
procèdent à des redistributions sociales. Le commerce
international a constitué une force d'entraînement pour l'ensemble
de l'économie. Stimulé par l'action du GATT en faveur du
libreéchange, assuré de la stabilité monétaire par
le système de Bretton woods, le commerce international a
progressé au rythme annuel moyen de 7% entre 1950 et
197036.
Il est aussi vrai que la crise économique
constitue un facteur de croissance à telle enseigne qu'un État
frappé par la crise cherchera à développer des
mécanismes de prévention en vue d'éviter la
répétition de celle-ci et chercher à améliorer son
état. Cette stratégie va donner à
l'État
35 R. KEOHANE et J. NYE, cités par J.-G.
CONTAMIN et al. S/dir., Dictionnaire de sciences politiques et
sociales, Paris, Dalloz, 2004, P.280.
36 P. MILZA et S. BERSTEIN, Histoire
terminale, Paris, Hatier, 1993, Pp. 116-117.
24
des nouveaux élans pour se ressaisir sur le plan
économique et occuper une place importante dans le concert des
nations.
I.2.4. Les facteurs militaires et technologiques
Les facteurs militaires sont l'expression des arsenaux
de différents armements dont disposent les États et qui
concourent à leur puissance militaire. Lorsque les États
disposent des stocks importants et dangereux, cela peut créer la course
aux armements des États, augmentant des risques des guerres.
Actuellement, la prolifération nucléaire crée la crise
entre l'Iran et la communauté internationale.
En ce qui concerne les facteurs technologiques, ils
ont une incidence sur les relations internationales. Les progrès
technologiques induisent des effets globaux positifs ou négatifs sur la
vie de société. Cela polarise la richesse et les
inégalités.
I.2.5. Les facteurs culturels
Les Relations Internationales ont une dimension
culturelle, elles ont aussi une dimension idéologique. Ce sont des
idées qui permettent des avancées positives sur la scène
internationale. La révolution française, par exemple, a produit
l'idéologie de l'égalité et de la liberté. La
révolution bolchevique de 1917 en URSS a produit des nouvelles
idées sur les R.I., notamment la lutte contre l'impérialisme (la
tendance des États forts à dominer les faibles). Après la
deuxième guerre mondiale, le capitalisme et le socialisme ont
prédominé en relations internationales. La guerre froide a
été actionnée par la rivalité idéologique
Est-ouest. Dans les années 60, la décolonisation et
l'entrée des nouveaux États à l'ONU conduit à
l'apparition d'une nouvelle idéologie tiers-mondiste des relations
internationales. Cette dernière est centrée sur le droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes, sur la souveraineté
permanente des peuples, sur les ressources naturelles et sur le droit au
développement.
I.2.6. La personnalité de l'homme d'État
En dépit de tous les facteurs ci-haut
évoqués, les relations internationales seront également
caractérisées par les événements, les actions et
les réactions. Pour autant que les États jouent un grand
rôle, une importance est accordée aux hommes d'État.
Ceux-ci prennent des décisions qui poussent les États à
agir ou à ne pas agir. Dans ce sens, la 2ème guerre mondiale
découle avant tout de la personnalité d'HITLER qui l'a
provoquée et dirigeait l'Allemagne à l'époque. L'invasion
de l'Irak en 2000 est avant tout autre appui militaire, l'oeuvre du
président Georges WALKER BUSH ; etc.
En effet, dans les lignes qui suivent, après
avoir épinglé les différents facteurs de puissance des
États retenus par les spécialistes des relations internationales,
notre démarche consiste dans ce deuxième et dernier chapitre
à les appliquer au cas de la RDC en relevant ses forces ainsi que ses
faiblesses.
26
Chapitre II. Des forces et faiblesses de la RDC en
Relations Internationales Africaines.
Après avoir présenté les
différents facteurs influençant la puissance des États sur
la scène internationale dans le premier chapitre, il convient maintenant
de relever, dans ce second chapitre, les pôles d'influence ainsi que ceux
d'insuffisance de la RDC sur la scène internationale africaine. C'est
pourquoi un accent sera mis sur les facteurs de puissance dont dispose la RDC
avant d'évoquer la matérialisation de sa puissance et enfin,
envisager quelques pistes de solution pour son passage de la puissance
potentielle à la puissance réelle.
II. 1. Les facteurs de puissance de la RDC
Stratégique de par sa position
géographique, la RDC l'est aussi par l'abondance et la
variété de ses ressources naturelles. Au cours de la
conquête, les belges avaient qualifié, à juste titre, la
RDC de « scandale géologique ». D'autres continuent à
lui donner des qualificatifs de scandale sur plusieurs plans. C'est ainsi qu'on
parle de scandale géologique en premier lieu, le deuxième
scandale étant celui énergétique et le troisième
est lié à l'agriculture et à sa
biodiversité37. C'est pourquoi, pour relever ses forces ainsi
que ses faiblesses, nous allons chaque fois nous référer aux
facteurs de puissance évoqués dans le premier chapitre et cela
sur chaque plan traité.
II.1.1. Sur le plan géostratégique
La position de la RDC au centre de l'Afrique est une
donnée permanente dont tout pouvoir politique doit tenir compte. Non
sans raison, l'écrivain Frantz FANON avait présenté ce
pays comme la « gâchette » du
27
continent38. Cette position fait qu'elle
soit traversée par l'équateur qui lui fait
bénéficier d'un climat variable au nord et au sud de cette ligne,
surtout par rapport aux saisons de pluie. Elle recèle non seulement la
moitié des réserves mondiales de cobalt, métal hautement
prisé dans l'aéronautique, mais aussi s'impose comme l'un des
quatre principaux producteurs de diamant brut avec le Botswana, l'Australie et
la Russie. A ces atouts s'ajoutent la fertilité de ses sols abondamment
arrosés et la détention du pactole de l'eau de ses fleuves (Congo
et shiloango), convoitée du nord au sud du continent avec, comme
corollaire, la possession d'un potentiel hydroélectrique
considérable. Le fleuve Congo est le deuxième au monde par son
débit (40 000 m3/s), après l'Amazone (200 000
m3/s) et avec ses affluents, ils constituent le second bassin le
plus étendu au monde (3,8 millions de Km2) après celui
du grand fleuve sud-américain, l'Amazone (6,95 millions de
Km2).
Par lui, le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest du
continent peuvent être reliés de part en part. Une route, une voie
ferrée partant de la pointe la plus septentrionale de l'Afrique ne peut
joindre le cap de bonne espérance qu'en la traversant. La RDC aurait pu
être le carrefour des voies de communication dans le sens Nord-sud et
Est-ouest au centre du continent. D'autant qu'elle est entourée de neuf
pays auxquels elle doit avoir accès par des voies de communication
fiables d'une part, et est délimitée, sur une trentaine de
kilomètres, par l'océan atlantique d'autre part, elle est le seul
pays à avoir autant des voisins39.
Les ressources en eau et le potentiel de l'huile
blanche que recèle le Congo représentent également un
enjeu majeur. Le Congo fait, en outre, partie de l'espace géographique
sous-régional, constitué des grands lacs africains qui baignent,
en plus de lui-même, le Malawi, le Mozambique, la Zambie, la Tanzanie, le
Burundi, le Rwanda, le Kenya et l'Ouganda. De ces pays, seule la RDC partage
cinq frontières lacustres40. Ces caractéristiques
confèrent
38 M. #177;F. CROS et F. MISSER, Op. Cit., P.26.
39 V. de Paul LUNDA BULULU, Conduire la
première transition au Congo-Zaïre, Paris, Editions
L'Harmattan, 2003, Pp. 243-245.
40 Ibidem, Pp. 243-245.
au pays, vu sa taille et l'importance de son couvert
forestier, garantie de fertilité, un potentiel agricole
considérable et d'une exceptionnelle biodiversité que les
colonisateurs belges avaient beaucoup développés.
La taille du pays et sa localisation
géostratégique au coeur de l'Afrique expliquent également
pourquoi la République Démocratique du Congo est un acteur
clé de l'intégration politique et économique africaine
(sur le plan économique), même s'il est encore loin d'être
en mesure de jouer pleinement son rôle. En raison de ses ressources en
eau et en électricité, la RDC est un important partenaire de la
stratégie des organisations sectorielles créées par la
SADC tels le SAPP ou le SATCC.
II.1.2. Sur le plan économique et financier
La position de l'espace national dans la
région, et au-delà sur la planète, est sans doute plus
significative sur le plan économique. C'est ainsi que grâce
à ses voies de communication - routes maritimes, fluviales, lacustres,
routes, rail et voies aériennes existantes et à développer
- par lesquelles elle peut écouler sa production industrielle,
artisanale, agricole, agroalimentaire, culturelle...d'une part, et acheter les
productions des autres, d'autre part, en un mot produire, vendre et acheter, la
RDC peut se transformer en un carrefour économique, et même en
pool de développement41. Faisant référence au
passé, en 1959, le Congo belge était le premier producteur de
cobalt (5.996 tonnes, soit 39% de la production mondiale), de diamant
industriel (66% de la production mondiale) et le cinquième producteur
mondial de cuivre (282.094 tonnes, soit 9% de la production
mondiale)42. La même année, il a connu son record
absolu de production cotonnière : 179.660 de coton-graines, soit 59.280
de coton-fibres, dont 52.790 tonnes ont été exportées. A
cette époque, le Congo était un des plus grands producteurs de
coton en
41 V. de Paul LUNDA BULULU, Op. Cit., P.27.
42 P.-M. MANTUBA NGOMA et al, La République
Démocratique du Congo : une démocratisation au bout du
fusil, Kinshasa, Editions Konrad Adenauer stiftung, 2006, Pp.137-148.
29
Afrique, derrière l'Egypte et l'AOF et le
second producteur d'huile de palme de toute l'Afrique (après le
Nigeria), avec 400.000 tonnes.
La RDC est un acteur clé d'intégration
politique et économique et s'est efforcée sur ce plan,
d'encourager la création ou la relance des groupements
économiques régionaux dans lesquels elle entend assumer le
leadership. Actuellement, il sied de citer le cas de la CEEAC dont la
présidence est assumée par Joseph KABILA KABANGE et de la CEPGL
dont elle fait partie. Deux organismes spécialisés de la CEPGL
ont leurs sièges en RDC, il s'agit de la BDEGL à Goma au
Nord-Kivu et de la SINELAC à Bukavu au Sud-Kivu. Notons aussi que la RDC
est membre de la communauté de pays de l'Afrique australe, SADC, en
sigle anglais.
II.1.3. Sur le plan démographique
Suivant l'aspect quantitatif de la population
congolaise, les conflits qui ont agité la vie de la RDC depuis plus
d'une dizaine d'années ont profondément affaibli son appareil
administratif. Le dernier recensement date de 198443. Les
estimations de sa population proposées ne peuvent donc être
basées que sur des observations partielles ou indirectes et
essentiellement sur des projections. En 2003, par exemple, la population a
été estimée à environ 55 millions
d'habitants44.
Une première caractéristique de la
population de la RDC est sa croissance rapide malgré la crise,
c'est-à-dire malgré le sida et les traumatismes liés aux
guerres. Mais des indices existent d'un ralentissement de la croissance. Les
prévisions faites indiquaient un ralentissement de la croissance
après une dizaine d'années. Un des éléments en est
le recul de l'âge moyen au mariage suite à l'allongement des
études45.
Au plan qualitatif, ce géant pays dispose
d'importants cadres universitaires malgré le taux élevé de
l'analphabétisme. La qualité de ses
43 P.- M. MANTUBA - NGOMA et al, Op. Cit., P.28.
44 M.-F. CROS et F. MISSER, Op. Cit., P. 26.
45 P. #177;M. MANTUBA #177; NGOMA et al, Op. Cit.,
P.28.
enseignements tant au niveau primaire, secondaire,
universitaire ou postuniversitaire est toujours d'une grande
considération à l'étranger.
II.1.4. Sur le plan militaire et technologique
La force militaire consiste en la taille des forces
armées, leurs équipements et stratégies. De par la
diversité stratégique de différentes nations dans la
formation de l'armée congolaise, celle-ci présente des signes
d'une meilleure armée dans le tout prochain avenir. Sous MOBUTU, la
coopération militaire fut confiée à la fois à la
Belgique, à la France, à Israël, aux États-Unis,
à l'Italie, à l'Allemagne, à l'Egypte, à la Chine
et à la Corée du nord, en pleine guerre froide. Des telles
coopérations militaires ont aussi subsisté sous la dictature de
Laurent Désiré KABILA, durant laquelle se
succédèrent à Kinshasa instructeurs rwandais, ougandais,
tanzaniens, soudanais, zimbabwéens et angolais.
Même actuellement, les unités de
l'armée congolaise se trouvent entraînées par les casques
bleus de la MONUC parmi lesquels pakistanais, chinois, libanais, uruguayens,
sud-africains... ainsi que les troupes de la mission de l'union africaine en
RDC. Ceci peut leur permettre d'acquérir plusieurs stratégies
militaires selon qu'ils sont entraînés par les spécialistes
de différentes grandes armées du monde. Cette présence
militaire étrangère en RDC peut profiter à l'armée
congolaise un transfert de technologie militaire et la diffusion d'une culture
militaire. Mais cette intervention de différentes armées dans la
formation des unités congolaises n'est jamais sans inconvénient,
car la RDC ne retrouvera pas sa spécificité par rapport à
ces dernières.
Cependant, Un défi majeur règne au sein
de l'armée congolaise : celui de son unification. Les différentes
résolutions prises à la conférence de Goma sur la paix, la
sécurité et le développement dans les provinces du Nord
Kivu et du Sud Kivu du 06 au 23 janvier 2008 semblent jusque-là
n'avoir
pas atteint leurs objectifs. Plusieurs groupes
armés, bien qu'ayant ratifiéleur engagement dans la
cessation des hostilités et leur processus à
31
l'intégration dans l'armée
régulière, continuent à être les semeurs de
plusieurs tracasseries sur les populations civiles. Cette armée donne le
spectacle d'un corps dont les membres se combattent parfois les uns contre les
autres et dont la fiabilité est des plus aléatoires, les chefs
militaires obéissant encore à leur propre agenda qu'à
celui de l'armée.
Au plan technologique, la RDC dispose d'assez d'atouts
pouvant lui permettre la fabrication d'armes sur son sol. Le Congo fut un enjeu
stratégique durant la seconde guerre mondiale, en tant que
détenteur de la mine d'uranium de Shinkolobwe, au Katanga, qui servit
à la fabrication des bombes atomiques larguées en août 1945
sur Hiroshima et Nagasaki au Japon. Durant aussi presque toute la guerre
froide, il constituera un fournisseur important de cuivre et de cobalt du
« monde libre46 ». Mais fort surprenant, il n'existe pas
en RDC et presque partout en Afrique, les industries à fabrication
d'armes.
II.1.5. Sur le plan culturel
Pour rappel, la dimension culturelle des Relations
Internationales suppose cette capacité des peuples à produire des
idéologies susceptibles de permettre des avancées positives sur
la scène internationale. Le peuple congolais est travailleur, capable
d'atteindre toutes les performances lui exigées. La RDC se taille une
certaine place au point de vue scientifique par la qualité de ses
enseignements tant primaire, secondaire, professionnel, universitaire et
postuniversitaire. Sur ce plan, la RDC semble, via ses leaders, avoir
émis certaines idéologies qui ont eu de l'influence sur la
scène internationale. Dans les années 70 par exemple, le retour
à l'authenticité prôné par feu président
Mobutu a été une idéologie qui avait tracé une
certaine ligne de conduite aux congolais et qui a permis une certaine
cohésion nationale. KABILA père, lui, voulait aussi inculquer au
peuple congolais une idéologie, mais celle-ci a vite disparu alors
qu'elle était à sa phase embryonnaire. Avec la transition
de
46 M.-F. CROS et F. MISSER, Op. Cit., P.26.
2003 jusqu'à nos jours, rien n'est à
signaler comme idéologie dans laquelle l'un ou l'autre acteur politique
de cette période voulait embarquer tous les congolais.
Nous ne pouvons pas nous en passer, dans ce plan
culturel, de la dimension sportive où on veut faire l'équipe
nationale, le léopard, championne de l'Afrique et la dimension musicale
où on reconnaît au niveau mondial qu'en RDC il y a de la bonne
musique. Ces deux aspects permettent d'abord une unité nationale,
pouvant influencer un certain comportement sur la scène
internationale.
II.1.6. Sur le plan politique
Ici, il s'agit de la capacité des peuples,
gouvernants et gouvernés, à s'organiser pour atteindre des
objectifs communs. La RDC constitue un espace prêt à devenir
relais dans la défense des intérêts convergents avec ceux
de l'occident en Afrique. Pour tirer le pays du gouffre de la transition, le
peuple congolais avait conçu l'idée du gouvernement 1+4,
c'est-à-dire un chef d'État assisté de quatre adjoints, en
vue de satisfaire toutes les tendances politiques ou civiles assoiffées
de pouvoir. Cette stratégie était le fait d'une grande moquerie
aux vues des autres États, mais elle a permis une avancée
positive dans la consolidation et la recherche de la paix en RDC. La
République démocratique du Congo, grâce au Dialogue inter -
congolais organisé en Afrique du Sud (2002- 2003), a réussi
à se doter d'institutions issues des élections tenues en
2006.
II.2. De la matérialisation de la puissance de
la RDC
La puissance a depuis longtemps été
définie comme « la capacité d'une unité politique
d'imposer sa volonté aux autres unités47 ». Elle
est « la capacité de faire, de faire faire, d'empêcher de
faire ou de
47 R. ARON, Op Cit., P.17.
33
refuser de faire ». A ce titre ou à un
autre, les théoriciens réalistes des Relations Internationales
s'entendent sur les dimensions d'influence et de contrôle dans la
définition de la puissance48. La puissance est définie
par Joseph Nye comme << la capacité d'un pays à structurer
une situation de sorte que les autres pays développent des
préférences ou définissent leurs intérêts en
accord avec les siens » ou encore << de contrôler les
règles du jeu dans un ou plusieurs domaines clés de la
compétition internationale comme le soulignent Bertrand BADIE et SMOUTS.
C'est à travers la capacité à faire une guerre et à
la gagner qu'un État exprime donc principalement sa
puissance.
La RDC, comme nous l'avons montré
précédemment, dispose d'assez d'atouts pour arriver à
exercer le contrôle des règles du jeu de la compétition
interafricaine. Mais, les potentialités dont elle dispose sont
restées seulement une puissance matérielle potentielle,
c'est-à-dire l'incapacité de les transformer en
éléments de puissance réelle.
Cependant, la grande étendue d'espace que
possède la RDC n'est pas, non plus, sans inconvénients. Il est
évident que plus cette étendue est importante, plus l'État
éprouve de difficultés à étendre son contrôle
effectif à l'ensemble de son espace, à réaliser
l'intégration territoriale, c'est-à-dire à relier le
centre à la périphérie ainsi qu'à
l'intérieur du pays à travers des infrastructures de base
(routes). En outre, cette étendue d'espace s'accompagne de
frontières très vastes, d'où la défense de ces
frontières et le contrôle des mouvements de personnes et de
marchandises deviennent immaîtrisables. La géographie explique en
partie la difficulté du Congo, entouré de neuf États,
à défendre ses 9000 km de frontières et à
empêcher les tentatives des mouvements rebelles hostiles à son
régime et aux régimes voisins de se ménager des
sanctuaires sur son sol pour mener des attaques contre leur pays
d'origine.
48 C. #177; Philippe DAVID, Op. Cit., P.4.
Economiquement, la RDC présente des effets
néfastes dus à la non mise en valeur de ses ressources naturelles
et industrielles. Depuis un certain temps, l'économie de la RDC est
caractérisée par son bas niveau de productivité et son
incapacité à accumuler des richesses pour la consommation locale
et l'investissement. Sa survie actuelle dépend entièrement de
l'extérieur. Son économie est devenue dépendante des
économies métropolitaines ou des grandes puissances occidentales,
d'où le tarissement de l'aide publique extérieure avec pour
corollaire l'accroissement de la dette publique extérieure. La hauteur
et le poids de la dette intérieure et extérieure constituent un
obstacle important à la réalisation d'un programme minimum car au
moment où l'on s'attèle à stabiliser l'économie et
à relancer la croissance, il faut penser au remboursement de cette dette
afin de prouver la crédibilité des dirigeants49. C'est
pourquoi elle doit tout importer pour assurer son existence et ceci ne fait que
constituer des lourdes charges à l'État dont leurs
résolutions pèsent aux générations futures. C'est
ainsi qu'on peut remarquer sur le plan industriel que la RDC dispose d`un outil
vétuste très rarement renouvelé et d'autres tombés
en faillite il y a belle lurette, d'où la plupart d'entre eux ne
fonctionnent plus.
Actuellement, même les institutions bancaires ne
fonctionnent pas correctement et on assiste souvent à la
dévaluation du franc congolais face au dollar américain, devenu
monnaie de transactions dans les échanges commerciaux. La
dépréciation chronique, la non convertibilité de la
monnaie nationale et l'existence de plusieurs zones monétaires sont des
obstacles majeurs. Les congolais bafouent leur propre monnaie pour faire usage
des billets des banques étrangers notamment par la dollarisation de
l'espace économique national.
Le couple Marie-France CROS et François
MISSER50 affirme dans leur ouvrage que l'économie de la
RDC est à 90% informelle. Elle est du reste une «
économie populaire » marquée par la multiplicité
d'activités
49 E. - NGOY KASONGO, Op. Cit., P.2.
50 M.- F. CROS et F. MISSER, Op. Cit., P.26.
35
« dérisoires » mais, prises dans leur
ensemble, elles interagissent entre elles et s'organisent en dehors de
l'État pour former une machinerie économique et sociale
étonnamment forte.
Du point de vue démographique, on ne peut se
passer de la population congolaise marquée par une forte
diversité culturelle. Le faible degré d'intégration se
traduit par des phénomènes très divers qui
reflètent la fragilité de l'État : absence
d'identification des groupements d'individus propres à l'État.
Sur l'espace congolais, on ne sait pas distinguer un congolais d'un
étranger, ainsi on ne saura pas distinguer les ambitions de l'un de
l'autre et contrôler les mouvements des populations. La qualité
des frontières passoires dont dispose actuellement la RDC constitue un
défi majeur. On est libre d'entrer au Congo quand on le veut et sans
formalités légales. Aussi le niveau de culture civique ou
patriotique de la population congolaise fait une proie facile aux
désordres de tout genre en se laissant corrompre par des petites offres
pour des causes étrangères.
A en croire, le bas niveau de vie que connaît la
population congolaise laisse à désirer. Le congolais s'attendait
à un changement meilleur des conditions de vie après
l'établissement des institutions issues des élections
démocratiques. Mais quel désespoir ?
Cet état de choses occasionne des mouvements
migratoires des Congolais cherchant l'asile ou le soulagement dans des pays
étrangers. C'est ainsi qu'on voit s'accroître le nombre de
congolais de la diaspora. Les Congolais sont maintenant répandus partout
à travers la terre à cause de la misère réelle
vécue au pays. A ce point, si la RDC avait l'ambition d'ouvrir des
ambassades partout dans le monde, nous croyons bel et bien qu'elle n'aurait pas
tort car elle serait partout représentée par ses ressortissants.
Ce genre d'exode laissant le congolais fuir son pays constitue un grand danger
et un manque à gagner pour son avenir par la diminution d'une main
d'oeuvre abondante dans les industries, mais aussi en laissant derrière
des espaces vides susceptibles d'être occupés par des nouveaux
venus.
36
Les faiblesses au plan militaire et technologique sont
marquées par les manifestations d'une présence militaire
étrangère en RDC, l'assistance technique militaire par des
superpuissances et les interventions étrangères. L'armée
congolaise n'a jamais gagné une guerre sans faire appel à
l'extérieur51. C'est ainsi que pour repousser une agression
sur son territoire, la RDC recourt à des unités militaires
étrangères comme mercenaires. C'est avec ceci qu'on peut
illustrer le cas de la dernière intervention du Rwanda dans
l'opération conjointe « Umoja wetu52 » de RDF
(ex-APR)-FARDC pour la traque des FDLR (ex-FAR) et celui de l'opération
conjointe Ouganda (UPDF) -FARDC en vue de la poursuite des rebelles ougandais
de la LRA semant des troubles sur le sol congolais. Ceci constitue
énormément une faiblesse de la RDC. En recourant aux troupes
étrangères, le danger est imminent car les troupes de mercenaires
et des auxiliaires sont des armées d'autrui auxquelles un prince sage ne
peut compter indéfiniment car elles ne sont obéissantes que
lorsqu'elles reçoivent leurs soldes et peuvent déserter au moment
où on a encore le plus besoin d'eux pendant la guerre, comme elles
peuvent s'offrir au plus offrant et ainsi trahir53.
D'une part, l'existence des bases militaires
étrangères est de nature à dissuader les États
voisins de s'engager dans les aventures militaires (effet de dissuasion) ;
d'autre part, sur le plan interne, il est indéniable que la
présence des troupes étrangères sur le sol national est de
nature à assurer la stabilité du régime (quelle que soit
sa nature, démocratique ou non) dans la mesure où les opposants
peuvent craindre une intervention des forces armées
étrangères pour soutenir le gouvernement en place et maintenir
l'ordre établi.
Au plan culturel, l'État congolais se trouve
fragilisé par l'attachement à certaines valeurs
socio-traditionnelles qui peuvent
51 M.-F CROS et F.MISSER, Op. Cit., P.26.
52
www.altavista.com
53 G.- NGOIE TSHIBAMBE, Op. Cit., P.10.
37
constituer un frein au développement par la
résistance ou le refus de la modernité.
Au plan politique, l'appareil étatique
congolais reste caractérisé par un faible leadership, des recours
à la violence sous toutes ses formes, recrutement des agents publics et
des membres des partis politiques sur des bases subjectives (tribalisme,
népotisme, clientélisme), faible effectivité du pouvoir
d'hommes d'État (notamment la non application des règles de
droit), corruption, tendances autonomistes, etc., pourtant, la
personnalité des hommes politiques se prouve par la vive volonté
à prendre des décisions devant les menaces qui s'exercent contre
eux ou l'appareil de l'État et à envisager des types des
réponses appropriées pour repousser ces menaces.
C'est pourquoi, la mise en pratique par la RDC des
éléments proposés comme pistes de solution dans la section
suivante est de nature à rendre effectif le passage de la phase
potentielle de sa puissance vers celle de la puissance
réelle.
II.3. De la puissance potentielle à la puissance
réelle
A l'heure actuelle, la RDC dispose de beaucoup
d'atouts qui lui permettraient d'occuper très vite une place de choix
dans le concert des nations tant au niveau continental que mondial.
· La dignité et la maturité d'un
peuple qui a réussi le pari de tenir dans le calme, l'ordre et la
discipline les élections que d'aucuns qualifiaient d'élections de
tous les dangers, et de se choisir ses dirigeants54 ;
· Le fonctionnement effectif des institutions
issues des élections démocratiques (présidence de la
République, sénat, assemblée
54 CENCO, « &EFngeons nos F urs. » in
Appel à un engagement réel pour la reconstruction,
Kinshasa, 09 février 2008, P.6
nationale et assemblées provinciales,
gouvernement central et gouvernements provinciaux), constitue un cadre
général juridique et administratif de référence
pour une gestion responsable du pays ;
· La présence des ressources humaines de
grande qualité qui n'attendent que d'être mises à
contribution ;
· Les ressources naturelles d'une valeur
insoupçonnée qui justifie le qualificatif de « scandale
géologique » (ressources minières, forestières,
hydriques, énergétiques...) ;
· L'intérêt de plus en plus
manifeste dont jouit le pays à l'heure actuelle sur le plan
international. Pour s'en convaincre, il suffirait de voir le nombre de missions
de haut niveau venues non seulement présenter leurs civilités aux
institutions qui ont été élues, mais aussi exprimer leur
volonté de coopérer avec la RD Congo. L'on assiste depuis
l'avènement de la 3èmeRépublique à des
visites ininterrompues des investisseurs à la recherche de partenaires
en RD Congo.
Ainsi nous pouvons nous demander, comment un pays qui
a à sa portée autant d'atouts puisse rencontrer sur son chemin
les obstacles qui l'empêcheraient d'assumer pleinement ses
responsabilités à l'égard de ses habitants, des pays
voisins, des ensembles sous régionaux dont il est membre, du continent,
voire du monde ?
Quelques priorités incontournables sont
proposées à cette question comme pistes de solution : la
recherche hégémonique vise la création et la
cristallisation d'un rapport de forces relativement stable entre les
différents groupes dominants 55(...). Cette définition
a pour seul mérite de désigner le triple enjeu auquel se
réfère le processus de recherche hégémonique. Il
s'agit tout d'abord de circonscrire, idéologiquement aussi bien que
territorialement, l'espace neuf de la domination. La reconstruction de l'espace
social apparaît donc indissociable d'un
55 J.- F. BAYART, L'Etat en Afrique. La politique
du ventre, Paris, Editions Fayard, 1989, Pp.146-147.
39
deuxième enjeu : celui que représente
l'opportunité, non pas simplement de l'enrichissement mais d'une vraie
accumulation primitive consistant en la monopolisation des moyens de
production. Le rapport intime de l'État à cette évolution
indique le troisième terme de recherche hégémonique, le
plus manifeste : la détention du pouvoir politique, c'est-à-dire
de l'usage de la force légitime qui commande la « mise au travail
» des groupes subordonnés et la maîtrise de
l'économie.
Nos enquêtes sur le terrain ont
débouché à des résultats tels que nos
enquêtés ont proposé ce qui suit : refonder la politique de
la nation ; le changement de mentalité ; la prise d'un bon sens moral
national (en estimant qu'il vaut mieux être orphelin des père et
mère, mais pas d'un pays) ; le développement au niveau interne
favorisé par l'amélioration de la qualité des institutions
(du ménage au niveau le plus haut) pour permettre un
développement économique, lequel développement doit se
fonder sur l'amélioration de l'agriculture pour permettre à la
population de se suffire en aliments et en exportant le surplus ; la
création d'une armée forte et bien formée pour la
défense du territoire national ; la recherche de l'intérêt
général ; création d'entreprises étatiques et
paraétatiques avec un contrôle adéquat, création des
infrastructures (écoles, routes, hôpitaux...) pouvant permettre le
désenclavement des villages les plus lointains et la formation sur la
bonne gouvernance ; veiller à l'égalité des chances et
à la dignité pour tous les congolais ; poursuivre des tractations
pour que le pays recouvre rapidement sa souveraineté vis-à-vis
des voisins régionaux et de la communauté internationale dans le
délai le meilleur possible ; que les parlementaires s'acquittent
convenablement de leurs missions premières, à veiller au
fonctionnement normal de l'État ; que les jeunes ne cèdent pas au
désespoir qui les expose à toute sorte de manipulations, qu'ils
saisissent toute occasion pour s'investir de toutes leurs forces et
intelligence dans les travaux collectifs de développement en devenant
créateurs d'emplois au lieu de demeurer éternellement demandeurs
d'emploi...
Nous avons pu distinguer ces propositions et le situer
sur chaque plan traité.
Au plan géostratégique, la RDC doit
chercher à être un espace relais dans la défense des
intérêts convergents avec ceux de l'occident en Afrique. Elle doit
chercher à être un État leader sur la scène
africaine en cherchant à devenir le centre de rayonnement pour toute
l'Afrique.
Au plan politique, la nécessité d'un
leadership plus visionnaire et dynamique, à tous les niveaux et dans
tous les secteurs, capable d'anticiper sur les événements, de
garantir l'unité du peuple congolais, d'assurer son développement
harmonieux est l'une des priorités pour incarner le rêve d'un
Congo fort au coeur de l'Afrique.
L'exigence de la probité morale est
indispensable, en particulier pour la classe dirigeante, et la lutte contre la
corruption et l'impunité sous toutes ses formes ainsi que la
constitution d'une société civile responsable et bien
organisée, capable d'influer sur les acteurs étatiques en vue de
l'émergence d'un changement qualitatif au niveau des structures et des
institutions de l'État sont autant des visées qui ne peuvent
jamais être écartées pour un pays qui se voudrait puissant.
Et d'ailleurs, cette dernière pourra contribuer à la
consolidation de la démocratie, à l'amélioration de la
gouvernance dans tous ses aspects politique, économique, social,
culturel et à la défense des droits des citoyens. La RDC doit
s'efforcer de jouer un rôle de médiation dans la résolution
des conflits africains. Une telle ambition n'est envisageable que si elle est
politiquement stable grace à des institutions issues des urnes,
économiquement prospères et militairement puissantes, et donc
cette recherche de contrôle calqué sur les autres États
africains se fera par la quête d'une bonne gouvernance
démocratique et la nécessité d'une armée nationale
forte. Sur cette dimension politique, la fortune est l'attribut du vrai chef,
parfois parce que l'on espère qu'elle le dissuadera d'abuser de sa
charge.
41
Au plan économique et financier, la
reconstruction d'un État viable au Congo passe par la mise sur pied
d'une économie tout aussi viable56. Il n'est pas superflu de
rappeler que le destin de la RDC consiste, sur le plan interne, à
exploiter ses ressources naturelles et toutes ses potentialités dans le
but d'oeuvrer pour le mieux-être des populations. Au plan
sous-régional, régional et continental, il est de son devoir de
jouer seule et de concert avec les autres États, le rôle qui lui
revient.
L'insistance actuelle pour l'adoption d'une
stratégie globale de lutte contre la corruption, de transparence dans la
passation des marchés publics, de publication d'un code de bonne
conduite des agents et fonctionnaires de l'État sont là des
nouvelles conditionnalités destinées à barrer la route au
néo-patrimonialisme et au clientélisme qui ont longtemps
gangrené l'État congolais.
L'exigence de la mise en oeuvre rapide d'un programme
économique et social prenant en compte les besoins de la population :
adduction et distribution de l'eau potable, alimentation en énergie
électrique, assurance en soins de santé, encadrement de la
jeunesse, politique claire d'orientation scolaire, création des emplois,
paiement des salaires dignes, construction des infrastructures
routières, ferroviaires, aéroportuaires...constituent
également un point de repère qui puisse relever le secteur
économique longtemps resté taraudé. Les innombrables
péripéties connues par le pays depuis le début des
années 90 sont tout simplement l'expression d'un phénomène
majeur dans son histoire. Ce qui se passe en réalité
actuellement, depuis la mise en place des institutions de la « transition
» en 2003, c'est que le pays est en train péniblement et de
manière descente de vivre sa refondation.
Germain NGOIE TSHIBAMBE57 a envisagé
quelques priorités économiques que la RDC doit se fixer dans sa
politique africaine en proposant trois zones concentriques A, B et C (voir
annexe n°II). La zone concentrique A est dite de haute sensibilité
stratégique. Elle est celle qui regroupe les
56 S. MARYSSE et F. REYNTJENS, L'Afrique des
grands lacs, Par1Y GiIIIWIII + mIP mttmprri, nS.i1I316.
57 G. NGOIE TSHIBAMBE, Op. Cit., P.2.
États frontaliers de la RDC. Dans cette zone,
les priorités consistent pour la RDC à s'engager dans une
coopération fructueuse et responsable avec les différents pays de
cette aire en revitalisant des accords de coopération bilatérale
pour relancer des échanges frontaliers. A cet effet, il serait mieux
pour la RDC de constituer des commissions mixtes avec chacun des pays
limitrophes pour le règlement, la facilitation et l'encadrement des
échanges sur le plan économique. Et dans les zones concentriques
B et C, il s'agit de la promotion de la coopération bi-et
multilatérale entre la RDC et ses partenaires extérieurs. La zone
B est la zone de rayonnement constituée du Soudan, Éthiopie,
Somalie, Malawi, Mozambique, Zimbabwe, Namibie, Botswana, Gabon, Cameroun et le
Nigeria alors que la zone C est composée de l'Afrique lointaine
constituée du reste des pays. Toutefois cependant, la RDC doit
éviter, dans ses relations bilatérales ou multilatérales,
d'être conduite dans une dépendance réelle, à une
aliénation vis-à-vis de l'État donateur. Tel fut (ou est
encore) le cas entre les ex-colonies et leurs anciennes
métropoles.
Sur le plan militaire et technologique, il est urgent
que soit créée une armée républicaine avec comme
mission principale de garantir la stabilité du pays car
l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne
sont pas négociables58. La tenue des états
généraux de l'armée et la possession des bases militaires
s'avèrent aussi indispensables car la stabilité du pays en
dépend. La possession des bases militaires implique la libre disposition
de terrains, d'installations militaires, de facilités en matière
de stationnement et de circulation des forces armées, le droit de survol
aérien et d'escale dans les aéroports, c'est-à-dire autant
de limitations à la souveraineté de l'État59.
La RDC doit se présenter comme un État pouvant secourir
militairement des régimes alliés qui rencontrent des
difficultés de déstabilisation et éviter que le territoire
d'un pays
58 CENCO, Op. Cit., P.37.
59 J. BARREA, Théories des relations
internationales. De l' « idéalisme à la grande
stratégie », Bruxelles, Erasme, 2002, P.90.
43
limitrophe ne s'offre comme un sanctuaire aux
opposants pour le déstabiliser.
Pour échapper au dilemme de
sécurité, la puissance doit être moins concurrentielle. En
termes clairs, GRIECO estime que les États peuvent maximiser leur
puissance et leur sécurité, en coopération et non en
compétition avec les autres États60. L'usage de la
force n'est pas considéré comme une façon légitime
pour un État de réaliser des gains sur la scène
internationale. Le concept de puissance, dans son sens militaire, deviendra
caduc, conclut John Mueller. En outre, dans un contexte où
prédominent les conflits intra étatiques, la guerre sera
causée davantage par la faiblesse que par la puissance des États,
dit DELMAS61.
Dans un aspect culturel, il s'agit donc
désormais de bien prendre conscience que l'époque coloniale et
celle de la dictature appartiennent désormais et définitivement
au passé, de convertir les mentalités en profondeur, de combattre
la nostalgie du passé et de former la mentalité des gens à
des ambitions nouvelles. Car, il ne s'agit ni de rafistoler ce qui s'est
lentement dévitalisé ou a parfois été
détruit dans des poussées de violence, ni même de
reconstruire à nouveau et de manière identique ce qui existait
à la fin des années 50.
D'entrée de jeu, il s'agit d'écarter une
objection erronée : l'incapacité des congolais ! Il n'y a pas de
problème de déficit de capacité même s'il y a bien
sür çà et là des preuves manifestes
d'incompétence, mais la compétence est quelque chose qu'il est
possible d'acquérir.
L'éducation aux valeurs civiques et
républicaines, pour un changement réel de mentalité,
devrait être une préoccupation majeure au sein de la nation
congolaise. L'État doit y apporter un appui déterminant en
matière financière, logistique et thématique. Cette
éducation porterait sur les connaissances élémentaires des
institutions républicaines, sur l'initiation aux droits et devoirs des
citoyens, aux valeurs qui les sous-tendent parmi lesquelles la cohabitation
pacifique, la tolérance, la convivialité, la
60 Ch.-Philippe DAVID, Op. Cit., P.4.
61 Ibidem.
complémentarité, la capacité de
prévenir ou de gérer les conflits, la justice, la
réconciliation, l'esprit d'initiative et le sens du bien commun. Les
medias doivent particulièrement être interpellés pour
véhiculer ces valeurs car ils modifient ou éclairent sur la
manière d'organiser la société et sur ses enjeux
politiques.
45
Conclusion
Concernant la matière dans cette étude
sur les forces et les faiblesses de la République Démocratique du
Congo en relations internationales africaines, il est aisé de constater
que les faiblesses priment sur les forces bien que nombreux de facteurs de
puissance des États existent en RDC.
Notre objectif, en menant cette recherche,
était d'établir une balance entre les atouts dont dispose la
République Démocratique du Congo, lesquels atouts contribuent
à la perspective de sa puissance d'une part, et ceux qui constituent un
pôle d'insuffisance d'autre part.
Cette problématique a suscité des
questions de recherche
suivantes :
1. Quels sont les facteurs de puissance des États
sur la scène internationale et lesquels se retrouvent en RDC
?
2. Comment la République Démocratique du
Congo exploite les facteurs dont elle dispose dans la matérialisation de
sa puissance ?
Les réponses provisoires ou hypothèses
aux questions de la problématique se présentaient comme suit :
Plusieurs facteurs seraient à la base de la montée des
États en puissance sur la scène internationale. Il s'agit des
facteurs géostratégiques, des conditions démographiques,
des forces économiques et financières sous-entendant les
concurrences ou conflits et les ententes, des facteurs militaires et
technologiques, des facteurs socioculturels et des facteurs politiques
impliquant un puissant leadership et la bonne gouvernance.
La RDC regorge de beaucoup d'atouts qui lui
permettraient de reprendre très vite une place de choix dans le
concert des nations tant au niveau
régional que continental. Les ressources
naturelles d'une valeur insoupçonnée dont elle dispose -
ressources minières, forestières, hydriques,
énergétiques, etc. - lui donnent le qualificatif de scandale
géologique et constituent pour elle des facteurs d'une puissance
énorme. Ce travail a également répondu à la
question concernant la matérialisation de la puissance de la RDC. Nous
avons souligné que tant sur le plan géostratégique
qu'économique et pour tant d'autres ressources dont dispose la RDC, on
assisterait à leur forte inexploitation.
Pour répondre à ces questions de
recherche, nous nous sommes servi de la méthode géopolitique en
partant de la compréhension des actions des acteurs (États), de
leurs intentions et de l'espace où se déroulaient ces
dernières.
Nous avons également dressé un
questionnaire d'enquête distribué à 30
enquêtés et avons tenu plusieurs entretiens et sondages d'opinion
avec 30 personnes ressources pour la collecte des données, et enfin, les
sources électroniques nous ont aidé pour l'accès à
certaines informations.
Vis-à-vis de cette incapacité de la RDC
à transformer les atouts dont elle dispose en éléments de
puissance réelle sur le continent africain, ce géant État
est devenu presque inexistant sur la scène africaine et s'il peut
exister, c'est parce qu'il est devenu une proie que chaque pays veut engloutir.
Même le moindre des plus petits pays en Afrique risque de se soulever et
manifester ses ambitions contre la RDC.
Que les interactions et les relations soient l'oeuvre
des États (selon la doctrine réaliste) ou des États et
d'autres acteurs significatifs (selon le transnationalisme), les relations
internationales sont appuyées, soutenues, facilitées,
contrariées par certains facteurs. Ce sont ces facteurs que nous
considérons comme facteurs de puissance des États. Ils jouent
soit un rôle positif, soit négatif. Lorsqu'ils sont bien
combinés, ils sont positifs.
47
Un pays qui ne sait pas exploiter en sa faveur les
facteurs susceptibles de l'ériger en puissance, ces derniers joueraient
en sa défaveur. En mariant ceci à cette étude, nous
pouvons dire que les hypothèses de travail sont confirmées. Bien
plus, tous les facteurs de puissance évoqués par les
spécialistes des relations internationales se retrouvent en RDC et qu'il
ne reste que leur mise en exploitation pour lui permettre de prendre
très vite une place de choix sur la scène interafricaine. Nous
avons problématisé quelques suggestions ou stratégies
comme pistes de solution pour permettre à la RDC de se mouvoir, de
sortir de sa torpeur, quittant ainsi la puissance potentielle à la
puissance réelle.
Ce travail a connu une subdivision binaire : le
premier chapitre a porté sur les facteurs de puissance des États
sur la scène internationale. C'était l'occasion de cerner ces
derniers tels que les auteurs et spécialistes des relations
internationales les présentent.
Le deuxième chapitre, qui a traité de
l'application de ces facteurs de puissance sur le cas de la RDC, a
démontré ses forces ainsi que ses faiblesses dans les relations
interafricaines en lui proposant des nouvelles perspectives
d'avenir.
En rapport avec tout ce qui précède, il
y a lieu de conclure avec optimisme que cette étude nonobstant les
quelques vicissitudes signalées, nous a été utile pour
parfaire et compléter notre formation universitaire et nos connaissances
théoriques et pratiques sur la RDC. Précisons toutefois que
conclure ne veut pas dire qu'on a épuisé tous les aspects riches
que revêt un sujet de recherche. De ce fait, nous n'avons aucunement pas
la prétention d'avoir brillamment réussi, mais nous sommes
réconforté par ce courage d'avoir essayé et jeté
une goutte d'eau dans cette mer qu'est la science. C'est compte tenu de notre
empreinte contenue dans ces traces que d'autres chercheurs pourront nous
compléter sans que nous ne soyons à l'abri de leurs
critiques.
Références bibliographiques
A. OUVRAGES
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nations, Paris, Calmann-Lévy, 1964.
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Relations Internationales. De l' « idéalisme à la grande
stratégie », Bruxelles, Erasme, 2002.
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géopolitique, sl, Studyrama perspectives, sd.
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géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, Editions complexe,
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Approches contemporaines de la sécurité et de la
stratégie, Paris, Presses des Sciences Politiques,
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Internationales Africaines, Paris, L.G.D.J., E.J.A.,
1996.
10. GRAN, G., Zaire. The political Economy
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1979.
11. LOROT, P. et THUAL, F., La
géopolitique, Paris, Montchrestien, E.J.A.,
1997.
12. LUNDA BULULU, V. de Paul., Conduire la
première transition au Congo - Zaïre, Paris, Editions
L'Harmattan, 2003.
13. MANTUBA NGOMA, P.-M. et al., La
République Démocratique du Congo : une démocratisation au
bout du fusil, Kinshasa, Editions Konrad adenauer stiftung,
2006.
14. MARYSSE, S. et REYNTJENS, F., L'Afrique
des grands lacs, Paris, Editions L'Harmattan, 2003.
15. M'BOW, M., Préface à
l'histoire générale de l'Afrique, Paris, UNESCO,
Vol.I, 1980.
16. NGOIE TSHIBAMBE, G., La
République Démocratique du Congo dans les relations
interafricaines. La trajectoire d'une impossible quête de
puissance, Lubumbashi, Labossa, 2005.
17. NGOY KASONGO, E., Quelle perspective
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18. MOREAU DEFARGES, P., Introduction
à la géopolitique, Paris, Seuil, 1994.
19. SUR, S., Relations
internationales, Paris II, Montchrestien, 4ème Edition,
2006.
20. ZARTMANN, N.-I., Africa as a
subordinate state system in international relations, international
organisation, sl, 1967.
49
B. ARTICLE
21. CENCO, «changeons nos coeurs»
in appel à un engagement réel pour la
reconstruction, Kinshasa, février 2008.
C. COURS
22. AKONO ATANGANE, E., Cours de
géopolitique, inédit, L1 RI, F.S.S.P.A., U.O.B.,
2008-2009.
23. NGOIE TSHIBAMBE, G., Cours de Relations
Internationales I, inédit,
G1 RI, F.S.S.P.A., U.O.B., 2006-2007.
24. NGOIE TSHIBAMBE, G., Cours de Relations
Internationales II, inédit,
G2 RI, F.S.S.P.A., U.O.B., 2007-2008.
25. NGOIE TSHIBAMBE, G., Cours d'histoire
diplomatique, inédit, G2 RI, F.S.S.P.A., U.O.B.,
2007-2008.
D. SOURCE ELECTRONIQUE
26. www.altavista.com/ 12 mars 2009.
50
Table des matières
Epigraphe...~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.~i
Dedicace~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~,~~ ii
Avant-propos~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~,~ iii Sigles et
abreviations~~~~~~~~~~~,~~~~~~~~~~~~~~,vi
0. INTRODUCTION 1
1. Choix et interêt du sujet 1
2. Etat de la question 2
3. Problematique 5
4. Hypothèses de travail 6
5. Approche methodologique 7
6. Delimitation du sujet 7
7. Difficultes rencontrees 8
8. Plan sommaire du travail 9
Chapitre I. Les facteurs de la puissance des Etats sur la
scène internationale. 10
I. Commentaires des specialistes sur les Relations
Internationales
Africaines 10
I.2. Les facteurs de la puissance des Etats
17
I.2.1. Les facteurs geographiques
18
I.2.2. Les conditions demographiques
21
I.2.3. Les interêts economiques et financiers
23
I.2.4. Les facteurs militaires et technologiques
24
I.2.5. Les facteurs culturels 24
I,2,6, La personnalité de l7homme
d7État 25
Chapitre II. Des forces et faiblesses de la RDC en
Relations Internationales
Africaines. 26
II. 1. Les facteurs de puissance de la RDC
26
II.1.1. Sur le plan geostrategique
26
II.1.2. Sur le plan economique et financier
28
II.1.3. Sur le plan demographique 29
II.1.4. Sur le plan militaire et technologique
30
II.1.5. Sur le plan culturel 31
II.1.6. Sur le plan politique 32
II.2. De la materialisation de la puissance de la RDC
32
II.3. De la puissance potentielle à la puissance
reelle 37
Conclusion 45
References bibliographiques 48
Table des matières 50
a
DES
3MEXES
b
ANNEXE I.
GUIDE D'ENTRETIEN
A. IDENTITE
SEXE : Masculin Féminin
NIVEAU D'ETUDE
:.............................. PROFESSION
:.................................... PARTI OU GROUPEMENT POLITIQUE
:
B. QUESTIONS
1. Nous retenons comme facteurs de puissance des
États les éléments suivants : les ressources militaires
(capacité de transformer rapidement des ressources en force militaire,
état de la préparation de l'armée...), les
capacités industrielles, la possession ou la maîtrise des
matières premières, des avantages géostratégiques
(géographie...), une démographie favorable, des
caractéristiques culturelles fortes (caractère national...), un
bon moral national et des qualités diplomatiques et gouvernementales
(qualité des élites...). Parmi ces facteurs, lesquels jouent en
faveur de la RDC et en sa défaveur et comment ?
2. Comment la RDC exploite les facteurs dont elle
dispose dans la matérialisation de sa puissance ?
3. Quels sont les moyens et stratégies pour que
la RDC devienne influente sur la scène internationale africaine
?
Les cercles concentriques dans la politique africaine de
la RDC
Source : G. NGOIE TSHIBAMBE, La
République Démocratique du Congo dans les Relations
interafricaines. La trajectoire d'une impossible quête de puissance,
Lubumbashi, Labossa, 2005, P.217.
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