Conclusion
Comme moyen de communication de tous les jours, il est temps
de ne pas considérer le téléphone mobile comme un simple
outil de communication. Actuellement, il conduit toutes les actions
individuelles et collectives des usagers d'un espace donné en
général et celui de l'urbain en particulier. Les usagers se
promènent toujours avec leur téléphone et ne veulent pas
perdre un seul instant leurs contacts. Le téléphone mobile donne
la possibilité d'être joint à tout moment. Il change
l'attitude de son usager envers l'espace qui l'environne en termes de distance,
de perception, d'organisation, etc. Les résultats du terrain, nous
montrent que dans la ville de Bamako, nous assistons à une nouvelle
dynamique, une nouvelle force qui est en train de se consolider à
partir de l'usage du téléphone mobile. Ce qui engendre une
nouvelle territorialisation de l'espace bamakois.
Par conséquent, pendant que le téléphone
mobile est sollicité à cause de son renforcement des relations
sociales entre les citadins, en même temps il change l'interaction entre
ces personnes et leur milieu de vie.
L'augmentation du nombre des usagers du
téléphone mobile entraine une multiplication des antennes afin de
faire face à la demande. Il n'est plus étonnant de voir
actuellement les antennes sur les toits des immeubles dans la ville de Bamako.
Pour avoir une idée sur la répartition des
antennes dans le district de Bamako, nous avons été au CRT, et
aux sièges des deux opérateurs pour avoir des données les
concernant mais sans succès. Nous n'avons pas eu les données sur
les antennes des opérateurs.
Quant à l'installation des antennes, chaque
opérateur est libre de chercher un site pour implanter son antenne. En
principe ils doivent passer par le CRT pour valider ce qui ne se fait pas
comme il le faut.
Conclusion
générale
En définitive, la dernière décennie du
siècle dernier a été marquée sur toute
l'étendu du territoire du Mali par l'avènement du
téléphone mobile. Le téléphone mobile
révolutionne la vie quotidienne de ses usagers aujourd'hui. Il est sans
doute plus qu'un moyen de communication. Son dynamisme dans la ville de Bamako
a eu pour corollaire le changement tant sur le plan comportemental que spatial.
L'augmentation du nombre des usagers témoigne cet engouement de
communiquer avec cet outil. En effet, il est temps de prendre en compte la
réorganisation de l'espace urbain dans le contexte de l'expansion du
téléphone mobile et de se poser la question sur l'avenir de
l'espace urbain. Parce que, c'est à partir de l'espace
urbain de Bamako que l'expansion du téléphone mobile a
commencé au Mali.
Cependant, cette expansion rapide du téléphone
mobile a été favorisée par la réforme politique du
secteur de la télécommunication par le gouvernement du Mali.
Cette réforme qui répondait à des impératifs de
communication dans un pays où l'accès au téléphone
fixe est très limité par coût et le manque
d'infrastructures, le téléphone mobile ne serait que le bienvenu.
En plus de cette politique de réforme, la concurrence a aussi
joué un rôle très important dans l'attirance de la
clientèle avec une baisse du coût de la communication mobile.
Est-il possible de penser de l'espace urbain bamakois sans
téléphone mobile aujourd'hui?
Dans la mesure où, le téléphone mobile
est perçu comme un instrument important qui par son pouvoir à
mettre en contact des individus à distance -- il recélerait dans
ce cas une source de nouvelles formes d'interactions sociales et de
recomposition de l'espace.
Ce mémoire est une opportunité de comprendre la
relation entre la virtualisation de l'espace urbain et l'usage du
téléphone mobile.
L'usage du téléphone mobile est un
véritable pouvoir de réorganisation de l'espace. Dans la ville de
Bamako, il est difficile de distinguer l'espace privé de l'espace
public, tout espace est devenu un espace de réception, d'appel
téléphonique. Ce pouvoir du téléphone mobile
redynamise la ville. Comme la population continue à augmenter à
Bamako, le téléphone mobile joue un rôle majeur dans la
recomposition et le mode de vie des citadins. Non seulement il influence
l'espace qu'habite l'usager, le travail mais aussi la relation entre les
différents lieux d'intervention de ce dernier.
Ce mémoire soutien l'idée que le
téléphone mobile ne détruit pas l'espace physique de la
ville, mais plutôt une complémentarité qui aboutit à
la recomposition de l'espace. L'histoire de la télécommunication
nous enseigne que la technologie innove dans les comportements de l'usager
envers son environnement. Un de ces comportements est bien évidemment la
recomposition dudit espace.
La création des marchés de
téléphone mobile, la multiplication des antennes, des boutiques,
des plaques publicitaires, quel que soit l'image qu'on les donne, les formes de
morphologie spatiale, etc. constituent un mode de réorganisation qui
peut être prise en compte dans le cadre de l'aménagement du
territoire. Cependant, l'espace urbain est à la fois l'expression du
vécu et d'innovation par excellence. C'est un espace en constance
recomposition depuis l'avènement de la téléphonie mobile.
Cette expression de l'espace urbain montre combien de fois la ville est
animée, elle est en perpétuel changement dont la
géographie doit toujours tenir compte.
Les dynamiques territoriales imposent une nouvelle forme
spatiale comme le dit RAFFESTIN, en 1980, le territoire est un produit qui est
constamment retravaillé par les acteurs ou un groupe d'acteurs en
interaction donc un produit social. Le territoire (les formes issues de cette
production) peuvent être extrêmement divers (abstraits ou concrets,
éphémères ou permanent, informels ou
institutionnalisés, invisible ou tangible).
La dynamique d'insertion socio-spatiale du
téléphone mobile s'accompagne d'une recomposition du territoire.
L'urbanisation contemporaine doit accorder une importance aux modes, aux lieux,
au temps de déplacement. Le développement du
téléphone mobile ne se limite pas seulement à l'aspect
télécommunicationnel, mais il suscite de nouvelles normes et
contribue à la modification du contenu de la localisation et les formes
de polarisation fonctionnelles et sociales.
L'espace au sens traditionnel du terme, le territoire ne
disparait pas comme le pensent O'BRIEN en 1992 et CAIRNCROSS en 2001 qui disent
respectivement : « les progrès des
télécommunications diminuent considérablement l'importance
des localisations géographiques à l'échelle du
globe » ; « wireless is killing location,
putting the world (...) in our pokects » (p2). Une ère de
virtualisation commence où les différentes places sont en
relation au sein de cet espace. Il se construit autour de la mise en relation
des différentes places. L'espace physique est latent sous le virtuel. Ce
dernier rend confus ce qui n'était pas très clair. Il est
toujours en mouvement.
L'usage intensif du téléphone mobile ne fait
qu'augmenter l'abstraction qui est de plus en plus difficile à saisir.
Une bonne connaissance de cette celle-ci permet de faire la part entre l'espace
réel et celui virtuel.
Le téléphone à la capacité de
bousculer les règles longtemps établies par les usagers et les
transforme dans la plupart des cas. Si la population était
habituée à de nombreux déplacements pour la satisfaction
de leurs problèmes avec tous les désagréments et des
longues attentes, aujourd'hui le téléphone mobile change la
donne. Avec le téléphone mobile c'est tout une nouvelle vision
géographique qui se met en place à travers l'aménagement
des antennes, des affiches, etc. Il a introduit dans l'espace urbain quotidien
un certain nombre de sons nouveaux (sonneries téléphoniques) et
donné de l'importance à l'instantané de la voix. Il ne
tient pas compte des limites physiques de l'espace et du temps.
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