L'utilisation de téléphone mobile et dynamiques des acteurs dans l'espace urbain de Bamako( Télécharger le fichier original )par Issa FOFANA Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master II 2010 |
Chapitre 8: Dynamique urbaine de la ville de BamakoL'armature urbaine17(*) du Mali est classiquement macrocéphale, comme dans beaucoup de pays africains. Situé sur le 7°59' de longitude Ouest et le 12°40' de latitude Nord sur les deux rives du fleuve. La position particulière de Bamako provoque la concentration de toutes les ressources (constitue le carrefour en matière d'implantation des infrastructures de télécommunication18(*), (cf. carte1) et fonctions économiques dans la capitale. Son dynamisme à l'échelle nationale lui vaut néanmoins d'être le principal pôle malien de migrations. La diversité de la population bamakoise est liée à l'histoire de la capitale, qui n'a cessé d'être un point de rencontre entre des groupes d'origines diverses. Au 18ème siècle, la ville est une place de marché vers laquelle convergent des groupes de marchands itinérants. Avec l'installation des colons français, la ville de Bamako se voit doter d'un statut administratif et devient capitale en 1908. Son rôle de pôle politique est confirmé en 1920 par sa constitution en capitale officielle du Soudan français. En 1918, elle devient une commune mixte administrée par un administrateur maire, et en 1955, son autonomie est consolidée. La ville confirme sa prépondérance à l'indépendance en 1960 : les régimes autoritaires et centralisés qui prennent le pouvoir permettent à la capitale de la nouvelle République de rassembler les fonctions politiques, administratives et culturelles. Le District était, selon l'ordonnance n°78-32/CMLN (Comité Militaire de Libération Nationale) du 18 août 1978, à la fois une circonscription administrative de l'État, situé au même titre que la région, et une collectivité décentralisée dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. La ville de Bamako est divisée en 6 communes urbaines. La population du District a atteint 658 278 habitants en 1987 ; elle était estimée à 1016167 habitants et comptait 1 809 106 en 200919(*). Elle est jeune (plus de 50 % de la population a moins de 20 ans) et les familles sont nombreuses (plus de 7 personnes par famille). Par rapport à l'ensemble du pays, Bamako concentre 39 % de la population urbaine. Le district compte plus de 7,5 fois plus d'habitants que Ségou, la seconde ville du Mali. Le District de Bamako a rang de région au même titre que les sept autres du pays. Les réformes de décentralisation de 1996 prévoient qu'un maire de district remplacera le gouverneur après les élections communales de 1998. A la veille de l'indépendance en 1958, la ville de Bamako ne comptait que 100 000 habitants. Bamako compte aujourd'hui 73 quartiers. Avec ses 9 quartiers, la Commune I, qui s'étale sur 34 km². La Commune II qui se partage le centre ville de Bamako avec la Commune III, s'étend sur 16 km² avec 15 quartiers. La Commune III compte 23 quartiers, et s'étend sur 23 km². S'étendant sur 3768 ha, la Commune IV compte 8 quartiers. On compte 8 quartiers en commune V qui s'étend sur 41 km ². La Commune VI compte 10 quartiers et s'étend sur 8 882 ha (Essor quotidien, n°15212, 2004). En 2009 la population de Bamako comptait environ 1 809 106. Le tableau 5 présente l'évolution de la population de Bamako par commune de 1976 à 2009.
Source : direction Nationale de la statistique et de l'Information(DNSI), 2011 Le tableau 5. Population de Bamako de 1976 à 2009 par commune.
Figure 10. Évolution de la population de 1976 à 2009 par Commune. La figure 9 montre une évolution rapide de la population. Les communes I, V et VI sont celles qui connaissent le plus grand taux de croissance avec respectivement 5,1, 7,5, et 7,1. Les augmentations les plus importantes sont constatées dans les communes V et VI (respectivement plus 121% et plus 112%). Bamako se développe de façon contrastée sur les deux rives du fleuve Niger. Sur la rive gauche, l'ancien quartier européen est le centre administratif et commercial. Les autres quartiers anciens complètent cette zone d'habitat en se déployant vers l'est et l'ouest, le long de la voie ferrée (KONE, 1988). Sur la rive droite, des quartiers d'habitat ont surgi à partir de 1960, sans doute grâce à la construction du nouveau pont sur le Niger. Pendant longtemps, l'existence d'un seul pont reliant les deux rives a freiné l'extension sur la rive droite. L'ouverture d'un second pont en 1993 et la construction d'un troisième pont donnent une impulsion à l'extension urbaine au sud de l'agglomération et désenclavent cette rive du fleuve. La rive droite représente 35 % de la population de Bamako. Elle accueille 60 % des nouvelles populations et sa croissance démographique annuelle a été de près de 10 % au cours des deux dernières décennies. La densité de la population reste cependant faible. L'état des routes semble en moins bon état et l'équipement en services collectifs est inférieur à celui de la rive gauche20(*). Bamako est le principal carrefour malien aujourd'hui grâce à la convergence des principales voies routières du pays (Route Nationale 6 (RN6) vers Ségou, Mopti, Gao et ouvrant la voie vers le Burkina, RN7 vers Sikasso ouvrant la voie vers la Côte d' Ivoire, RN5 vers la Guinée, RN3 vers Kayes et Dakar). Ces routes qui traversent Bamako de part en part marquent d'ailleurs fortement la structure de l'urbanisation. Capitale administrative et économique du Mali, Bamako est aussi la plus grande ville. Elle est le siège des grandes institutions administratives et financières. On y trouve les grands hôpitaux ainsi que la plupart des grandes écoles du pays. Plus des 3/4 des entreprises industrielles et artisanales y sont localisées. Le potentiel de Bamako en tant que centre de diffusion des innovations et des résultats à la fois l'évolution des caractéristiques sociales et culturelles. Du point de vue social, l'augmentation de la population, la rapidité des évolutions économiques, et des infrastructures sociales sont combinés pour créer une synergie. Bamako a été considéré comme une ville hautement centralisée avec les populations urbaines et les fonctions industrielles concentrées dans un espace limité 21(*)(KELLERMAN, 1993). Avec l'augmentation de la population, l'agrandissement de la superficie, la dynamique économique, plus les contraintes physiques, le téléphone mobile devient le compagnon le plus fidèle des bamakois. De nombreux utilisateurs du téléphone mobile comprennent que son emploi n'est pas toujours approprié à toutes les situations. Certains répondants estiment que, la sonnerie d'un téléphone mobile peut provoquer un dérangement dans certaines situations. Les informateurs font état de plusieurs situations où ils ont senti qu'il ne convenait pas d'utiliser un téléphone mobile. Selon Guindo A. (coordinateur de projet) : « au mois de décembre 2010, j'étais dans une conférence ou il y avait plusieurs dizaines de participants. Certainement tous les participants avaient au moins un téléphone mobile. Soudain, le téléphone du modérateur a sonné, lorsqu'il était en plein conversation. Cela constitue un fait qui coupe le fil de la parole et de l'attention des participants. Je n'aime pas l'usage du téléphone dans ce genre d'endroit, c'est pourquoi je l'éteins le mien quand je rentre dans une réunion. » Pour Sanogo M. (administrateur civil) : « quant je partais au centre ville l'autre jour, sur le second pont, le téléphone du chauffeur a sonné. Pour la première fois il n'a pas pris, mais pour la seconde, juste à la sortie du pont il a essayé de répondre à l'appel. En se ralentissant, un grand embouteillage s'est créé derrière nous et les gens se sont mis à l'insulter partout. C'est vraiment ennuyant de se trouver dans une telle situation. » Ces remarques montent que l'usage du téléphone mobile n'est pas approprié dans toutes les circonstances même le citadin a tendance à apporter partout son téléphone mobile. Ce qu'on appelle l'externalité dans l'usage du téléphone mobile. Cependant rien ne prouve que cette résistance ou mécontentement de gens qui sont contre va durer longtemps. Les lieux mentionnés dans les citations sont des espaces particuliers. Ce sont des lieux qui sont occupés le plus souvent momentanément par un groupe de personnes. Du coup, l'usage du téléphone constitue un mélange de l'espace réel et l'espace virtuel. * 17 Un ensemble hiérarchisé des pôles urbains au sein d'un espace donné. * 18 Infrastructure de télécommunications: les installations nécessaires au déploiement d'un réseau de télécommunications telles que conduits, mats, pylônes, locaux. * 19 Recensements généraux de la population, 1987, 1998, 2009. * 20 Région Afrique et Banque Mondiale, 2000, Mobilité Urbaine, Étude régionale sur l'organisation, le financement et la rentabilité des micro-entreprises de transport urbain en Afrique subsaharienne Tome II : Le cas de Bamako * 21 L'augmentation de la demande de l'habitat due à la démographie galopante est en train d'accentuer l'extension spatiale de la ville de Bamako. |
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