L'intégration des valeurs traditionnelles congolaises dans l'amélioration du système éducatif moderne en RDC. Cas de l'initiation traditionnelle Lega de 1905 à 2008( Télécharger le fichier original )par Spartacus KABALA MUNYEMO Université pédagogique nationale - Diplôme d'études approfondies 2012 |
1.1.3. L'initiation traditionnelle Lega:L'initiation traditionnelle est un ensemble de rites de passage qui ont pour but d'insérer l'individu dans la société et de lui enseigner les règles de la vie en commun. Ledit passage fait accéder l'initié à un nouveau statut et aux dignités. Les étapes principales de l'initiation peuvent être réparties en six: a. La préparation de l'initiation:
Généralement, dans chaque clan Lega, il y a un chef coutumier (Mwami) appelé « Mukuli » qui est responsable de l'initiation des jeunes hommes du clan. Il réunit ses collègues des clans voisins et certains hommes déjà initiés (Bikonde) pour fixer la date et le lieu de la prochaine levée. Ainsi, à l'approche de la date convenue, ils érigent d'abord dans la brousse, à près de deux kilomètres du village, une cabane initiatique (lutende). Ensuite, ils sélectionnent des jeunes garçons non encore initiés remplissant certains critères tels que : appartenir à la tribu Lega, être âgé d'au moins quatorze ans, jouir d'une bonne santé mentale et physique, etc. Psychologiquement, l'âge initial pour aller à l'initiation est bien choisi car, pendant la puberté, constate-t-on, l'enfant éprouve le besoin de se faire orienter ; il commence à sentir la virilité. b. Séparation des néophytes de la communauté:
Le jour de l'initiation, tous les néophytes, habillés de raphia et les têtes complètement rasées se faisaient accompagner de leurs parents au domicile du responsable de l'initiation. La matinée était consacrée aux chants et danses très éducatifs. Les néophytes chantaient, comme le soulignent YATT et BEHLERT : « Entrer en Ndout c'est-à-dire à l'initiation c'est apprendre à dénouer pour renouer du sens à travers les faits et les évènements de la vie23(*) ». Quand le soleil était à son apogée, tous les hommes non initiés et les femmes quittaient le lieu car la cérémonie allait commencer.
Il sied de souligner l'aspect fondamental de toute initiation : la séparation totale avec le monde. Cette séparation rigoureuse a une très grande valeur éducative. Les candidats à l'initiation doivent quitter leur famille, le monde, pour aller dans la forêt...là, ils sont sous la conduite, non pas d'un homme quelconque, mais d'un vrai initié, un homme qui, pendant sa période d'initiation, s'est distingué parmi ses compagnons. C'est le Maître. Sous la conduite de ce dernier, les candidats à l'initiation subissent toute la transformation intérieure et extérieure. L'on parvient à cette transformation des initiés grâce à une bonne alimentation, aux lotions locales que l'on enduit au corps, aux enseignements, conseils et exercices très nombreux, très durs et très variés d'endurance et de volonté. Les manifestations du changement de la forme extérieure sont entre autres : l'élargissement du buste, l'éclaircissement du teint de la peau,etc. En revanche, la transformation intérieure se manifeste par la capacité dont, font preuve les initiés, de souffrir sans pleurer, sans se plaindre ; de supporter des choses plus dures avec une grande patience, d'assurer pleinement des responsabilités en tant que des hommes nouveaux. SY LALLA DIALLO observe chez les Bambara du Mali que « la circoncision réalise une mutation profonde et voulue au niveau de la personnalité (de l'initié) »24(*). MULUMA et ZIAKWAU renchérissent que "l'initiation établit la différence entre l'état d'enfant et celui d'adulte...elle se veut absolument une double décantation de la personne humaine : elle achève physiquement un état (l'enfance), tout en mettant en oeuvre un autre (état adulte). En mettant fin à l'homme qu'en tant qu'individualité, elle affirme l'existence de l'homo socialis dont l'initiation va parfaire les connaissances »25(*). * 23 ETIENNE YATT et LEONIE BEHLERT, in « L'initiation traditionnelle en Afrique », www.nouvelleacropole.org * 24 SY LALLA D., cité par MULUMA,A. et ZIAKWAU E., (1999) « L'initiation du garçon comme processus éducatif en milieu traditionnel mbala », in révue congolaise de théologie protestante, n°13, Université Protestante du Congo, Kinshasa, RDC, pp 201-202 * 25 D. SY LALLA, cité par MULUMA,A. et ZIAKWAU E.,p.202, Ibidem |
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