INTRODUCTION
Le bouleversement engendré par l'intégration
économique et financière dans certaines régions de la
planète (Europe par exemple) a suscité, à travers le
monde, l'émergence des pôles économiques ou blocs
régionaux. Avec l'extension de l'économie du marché et les
négociations qui s'opèrent par le biais de l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC), l'intégration économique devient un
impératif aux nations. A ce titre, le Général de
Gaulle l'a si bien souligné en 1958 : «
l'avenir appartient aux grands ensembles régionaux... » comme pour
dire que le processus d'intégration des Etats est une
nécessité incontournable. Une telle intégration serait
avantageuse aux pays membres à travers une allocation optimale des
ressources, un accroissement des investissements, de l'épargne
intérieure et une intermédiation financière qui
renforcerait l'accroissement des échanges internationaux. Ces vertus
sont censées permettre aux économies de l'espace, de tirer profit
des opportunités offertes par la nouvelle donne de l'économie
internationale qu'est la mondialisation. Elle se justifie par le fait que la
coordination des politiques économiques à l'échelle
sous-régionale pallierait la vulnérabilité
extérieure dont sont victimes ces économies, stimulerait la
possibilité de croissance interne, agrandirait leur poids dans les
négociations internationales et conduirait à une extension des
marchés nationaux via l'économie d'échelle.
Bien que convaincus du créneau porteur qu'est
l'intégration, les blocs économiques ont, cependant, connu des
situations mitigées dans leur marche vers une Union Economique et
Monétaire (UEM) viabilisée.
La ZMAO, malgré sa volonté de solutionner les
problèmes de paiement qui la minent, a toujours du mal à
faire de l'intégration économique un instrument utile pour faire
face aux enjeux et défis de la mondialisation afin d'asseoir les bases
d'une croissance durable aux pays membres. Au sein de l'UEMOA, par exemple, des
réformes sont engagées par cet espace à travers l'adoption
d'une politique commerciale commune et la création de son Marché
Financier Régional (MFR) pour accroître les échanges en son
sein.
De même, la gestion des politiques économiques
qui s'opère par l'instauration du respect des critères de
convergence, gage d'une bonne gestion des finances publiques, devrait permettre
de diminuer, au maximum, les différences entre certaines variables
macroéconomiques. Elle renforcerait les performances économiques
en termes de croissance et de surcroît, accélérerait
l'intégration économique de cette zone.
Eu égard à ces facteurs (accroissement des
échanges intra-zone et coordination des politiques économiques),
leur effectivité en termes de réalisation d'objectif devrait
permettre de voir, en la ZMAO, une zone monétaire optimale (ZMO).
L'étude des préoccupations relatives à la
convergence des économies et de l'intensification des échanges au
sein d'une UEM donnée, condition nécessaire au lancement de la
monnaie commune de la CEDEAO (Eco), permet d'introduire dans
l'analyse, la théorie des zones monétaires optimales. C'est dans
cette logique que nous avons jugé pertinent de porter notre
réflexion sur le thème : « Analyse de
l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO)
dans un contexte d'intégration». En d'autres termes,
la ZMAO peut-elle constituer une zone monétaire optimale favorable
à la création de la monnaie commune Eco
? C'est à ce niveau que réside la
problématique de cette recherche.
A la lumière de la revue de littérature en la
matière, pour y parvenir, nous avons calculé et analysé,
dans un premier temps, les indicateurs des échanges commerciaux intra
ZMAO, dans un second temps, ceux liés aux échanges financiers via
l'intégration financière. Enfin, nous avons utilisé le
test de la óconvergence et le modèle de â-convergence
d'inspiration néoclassique qui se complètent.
En effet, le test statistique de ó-convergence vise
à mesurer le degré de rapprochement, dans le temps, entre
plusieurs économies au regard d'un ou plusieurs indicateurs
macroéconomiques. Une tendance à la diminution de l'écart
type de ces indicateurs indiquerait la présomption de la présence
d'un mécanisme
de convergence au sein des économies. Tandis que le
modèle de â-convergence vise, d'une part, à indiquer la
nature de convergence dont il est question et, d'autre part, à calculer
le taux de convergence des économies vers l'état
d'équilibre. Ces analyses vont permettre de juger de l'optimalité
de l'aire monétaire ZMAO.
De ce fait, un plan tripartite structuré en chapitres
composés chacun de sections est adopté. Il s'agit d'aborder, dans
un premier chapitre, le cadre théorique et méthodologique dans un
second chapitre, l'approche de l'optimalité de la ZMAO à travers
les échanges intra zone et, dans un troisième chapitre,
l'approche de l'optimalité de la ZMAO à travers la convergence
des économies.
CHAPITRE PREMIER
CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre expose le cadre théorique et la
méthodologie de l'analyse de l'optimalité de la zone
monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO). Il présente, en premier
lieu, la problématique et la revue de littérature. Ensuite, nous
exposerons les objectifs, les hypothèses de recherche et la
méthodologie adoptée.
Section 1 : Problématique de l'étude et
revue de littérature
Paragraphe 1 : Problématique de l'étude
L'adoption, le 1er janvier 1999, par onze pays
membres de l'Union Européenne (UE) d'une monnaie commune (Euro) se
substituant à leurs monnaies nationales, suscite auprès d'autres
groupements régionaux, un regain d'intérêt pour
l'intégration monétaire. Aussi, compte tenu des impératifs
qu'imposent la mondialisation et ses retombées néfastes pour les
« petites nations », certains pays au sein de la CEDEAO projettent la
création d'une Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO)
viable, où tous les pays membres amorceront les bases d'un sentier de
croissance économique durable et soutenable.
Ainsi, en 1983, mus par la volonté de solutionner les
problèmes de paiement qui minent la CEDEAO et qui résultent de la
divergence des zones monétaires dans la région, les Chefs d'Etat
et de gouvernement de la Communauté vont entreprendre de nombreuses
initiatives dans le but de créer une zone monétaire unique en
Afrique de l'Ouest. D'initiative en initiative, la CEDEAO en est arrivée
à formuler une stratégie dite «approche
accélérée de l'intégration» au vingt
deuxième sommet de la Conférence des Chefs d'Etat et de
gouvernement de la CEDEAO, tenu les 9 et 10 décembre 1999 à
Lomé. Cette stratégie vise la construction rapide d'une zone
monétaire unique en Afrique de l'Ouest sur une base plus large et en
remplacement de l'actuelle UEMOA. La stratégie en question consiste,
dans une première phase, à créer une seconde zone
monétaire au sein de la CEDEAO, dénommée Zone
Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO)1 puis,
1 La zmao compte cinq pays : Gambie, Ghana
Guinée, Nigéria et Sierra Léone
dans une seconde phase, procéder à la fusion des
deux zones (UEMOA et ZMAO) en une seule dans l'espace CEDEAO avec une monnaie
baptisée Eco. Avec cette stratégie, le
projet de zone monétaire unique CEDEAO est devenu un espoir pour tout le
continent africain car, elle pourrait servir d'exemple pour toutes les autres
Communautés Economiques Régionales (CER) que compte le continent,
afin que l'union africaine (UA) puisse réussir à créer la
zone monétaire unique du continent en 2021.
Mais, le report de la date de lancement de la monnaie
Eco est venu alimenter le pessimisme quant à la volonté
des Etats de la ZMAO d'aller vers une union monétaire véritable
avec ceux de l'UEMOA. Ce report de la date est dû au fait que
l'écart entre les objectifs initiaux en matière de respect des
critères de convergence, indispensables au lancement de l'Eco,
et les performances réalisées par les Etats posent le
problème de la bonne définition de la stratégie, de la
réalité de la volonté politique et de la
nécessité de la création d'une zone monétaire
unique CEDEAO.
Face donc à la situation mitigée des pays
membres de la ZMAO dans leur marche vers une intégration
monétaire, il urge d'élucider cette préoccupation à
savoir : la ZMAO peut-elle constituer une zone monétaire optimale ? A la
lumière des soubassements théoriques et des travaux empiriques,
cette question de l'étude sera appréhendée à
travers les questions spécifiques que voici :
· Quelle est l'ampleur du volume des échanges intra
zone ?
· Quel est le degré d'intégration
financière de la zone ?
· Quel est l'état de convergence des
économies de la zone ?
Les réponses aux deux premières questions nous
permettront de nous prononcer sur le degré des échanges intra
zone et celles relatives à la dernière question sur l'état
de convergence des économies de cette zone.
La théorie des zones monétaires optimales
constitue le cadre théorique nous permettant d'appréhender cette
recherche.
Paragraphe 2: Revue de littérature
Cette section consistera à passer d'abord sur la
clarification des concepts, afin de mieux les cerner, ensuite, sur la revue
théorique et les prolongements empiriques des zones monétaires
optimales, et enfin, à un réexamen de la théorie.
A) La clarification des concepts.
· Zone monétaire :
C'est l'ensemble des pays regroupés autour d'un pays
central et respectant les règles monétaires suivantes :
· parité fixe entre monnaies des pays et celle du
pays central ;
· convertibilité des monnaies ;
· mise en commun des réserves de change ;
· harmonisation des règlementations de change.
A titre illustratif, on peut citer la zone franc, la zone euro,
la zone sterling2...
· Zone monétaire optimale
:
Théorie économique fondée sur les
travaux de Mundell R. (« A theory of optimum currency
areas », AER, 51, 1961) et de Mckinnon R. (« Optimum
currency areas », AER, 53, 1963).
Selon Mundell, une ZMO est un espace
monétaire à l'intérieur duquel, les régions qui le
composent n'ont pas besoin du taux de change (TC) commun, comme instrument
d'ajustement pouvant être utilisé pour les résorptions des
déséquilibres consécutifs à des chocs
asymétriques internes et externes qui frapperont les Etats membres de la
zone. L'adoption d'un taux de change fixe et irréversible et d'une
monnaie unique entre les pays est la condition sine qua non d'appartenance
à une union monétaire (UM).
· Intégration
2 La zone sterling est une zone monétaire de
1931 à 1967, date à laquelle la livre a été
dévaluée sans que les autres monnaies ne la suivent.
Regroupement, unification ou articulation et coordination
d'éléments antérieurement séparés en vue de
constituer un élément cohérent. En économie
politique, on distingue, notamment, l'intégration économique.
· Intégration économique
C'est l'ensemble des procédés par lesquels deux
ou plusieurs nations créent un espace économique commun.
Balassa B. retient cinq formes d'intégration par
degré d'intensité croissante :
ü la zone de libre-échange :
c'est une zone oCI les droits de douane et les restrictions
quantitatives aux échanges sont abolis entre les pays de la zone mais,
oCI les politiques extérieures de chaque Etat vis-à-vis des pays
tiers restent libres ;
ü l'union douani1re : il s'agit d'une
union tarifaire (zone de libreéchange dotée d'un tarif
extérieur commun) où les législations nationales en
matière de douane sont harmonisées ;
ü le marché commun : c'est une
union douanière où, en outre, la libre circulation des personnes
et des capitaux est réalisée ;
ü l'union économique : il s'agit
d'un marché commun qui a, en outre, réalisé une
harmonisation des politiques économiques nationales, aussi bien
conjoncturelles que sectorielles (énergie, monnaie, agriculture,
industrie, social, etc.).
ü l'union monétaire ou intégration
monétaire : c'est une union économique avec une banque
centrale unique, harmonisation des politiques monétaires et utilisation
d'une monnaie commune ou une monnaie unique. Elle apparaît comme un
préalable à l'union économique ;
ü l'intégration économique
totale : c'est l'étape finale de l'intégration qui
consiste en l'unification des politiques conjoncturelles, sectorielles,
structurelles sous l'égide d'une autorité supranationale.
· Convergence
C'est une évolution vers un même horizon ou une
même valeur pour deux ou plusieurs variables. Dans le domaine du
développement économique, on distingue plusieurs formes de
convergences :
V1 convergence absolue
Dans le modèle de croissance de
Solow, la thèse de la convergence absolue affirme que
les économies initialement pauvres connaissent des taux de croissance
par tête plus élevés que les économies initialement
riches. Donc, les pays pauvres vont rattraper les pays riches (effet de
rattrapage). Mais, les travaux empiriques, notamment, ceux de Barro R.
et Sala-I Martin portant sur un grand nombre de pays
et sur une période de près de quarante ans rejettent cette
hypothèse donnant ainsi lieu à la convergence conditionnelle.
V1 convergence conditionnelle ;
Les économies qui ont un certain nombre de
caractères proches, (comme, par exemple, la croissance
démographique, le taux d'épargne...) valident la
prédiction de convergence du modèle solovien qui
est donc une approximation acceptable de la réalité, à
condition, de prendre en compte le capital humain. Autrement dit, la
convergence ne s'opère qu'entre pays partageant les mêmes
caractéristiques structurelles.
V1 Club de convergence ;
On parle de club de convergence pour les pays ayant un
modèle de croissance commun. Il pourrait exister plusieurs clubs de
convergence ; ce qui signifie qu'il puisse ne pas y avoir de convergence entre
les pays appartenant à différents clubs.
B) Revue théorique de littérature
L'architecture de l'économie mondiale contemporaine,
notamment, avec l'éclosion des regroupements régionaux, a fait
renaître le débat sur les zones monétaires optimales.
Ainsi, la théorie économique, depuis plus d'une
quarantaine d'années, s'efforce de répondre
à la question de savoir : à partir de quels critères,
peut-on considérer que, des espaces monétaires nationaux ont
intérêt à se rassembler et à ne former qu'une seule
zone monétaire marquée par l'existence, soit d'une monnaie
unique, soit d'une structure de parité fixe et irrévocable. Cette
théorie des zones monétaires optimales s'inscrit dans le cadre de
la macroéconomie keynésienne des années 60. Elle est
née du débat en cours sur les avantages et coûts
liés à un régime de change (change fixe et flexible).
Deux types d'analyse prévalent jusqu'à ce jour
pour tenter de définir une zone monétaire optimale : les
traditionnelles sont formulées par Mundell (1961),
McKinnon (1963) et Kenen (1969). Après
eux, un nouveau type d'analyse dite analyse coûts-bénéfices
est apparue en complément et est menée par d'autres
économistes. La problématique était de savoir, à
partir de quel moment, deux pays ont intérêt à se lier
entre eux par un système de change fixe. En d'autres termes, la
théorie cherche à identifier le critère qui permettrait de
réduire les coûts de l'autonomie de l'abandon monétaire. En
effet, Mundell identifie la mobilité des facteurs de production comme
substitut à la fonction d'équilibre du système de change.
Ainsi, sous l'hypothèse de flexibilité des prix et des salaires,
une mobilité de travail entre pays et une immobilité des
capitaux, rendent moins nécessaires les modifications du taux de change
pour restaurer la compétitivité internationale et
l'équilibre extérieur. Pour lui, l'ajustement des
déséquilibres se réalise par un transfert de ressources
humaines d'une région A en récession vers une région B en
expansion. Ce qui permet, dans un système de change fixe, la
résorption du chômage et le déficit commercial en A. Par
contre, il est observé une hausse des salaires dans la région B
sans faire recours à l'usage du taux de change. Par exemple, le passage
des travailleurs d'une région A à chômage
élevé vers une région B à faible chômage tend
à uniformiser les salaires et les coûts. Ainsi, des Etats auront
intérêt à former une union monétaire, lorsque la
mobilité de leurs facteurs est avérée.
Pour compléter l'analyse de Mundell,
McKinnon (1963) va proposer de son côté, à
travers ses travaux intitulés « le degré
d'ouverture des économies » (mesuré par le
rapport des biens échangeables et les biens non échangeables)
comme critère à l'établissement d'une zone
monétaire. Autrement dit, les coûts liés à l'abandon
du taux de change comme instrument de politique économique diminuent en
fonction du degré d'ouverture des économies et de l'importance de
leurs échanges réciproques. En effet, plus une économie
est ouverte, plus les prix nationaux sont soumis aux effets de variations du
TC. Ces effets peuvent provoquer des modifications des coûts, notamment,
celui de la main d'oeuvre. Les variations de change auraient un fort impact sur
les prix relatifs des biens échangeables/biens non échangeables,
exprimés en monnaie locale pour les pays relativement ouverts. En effet,
si l'ouverture est forte, toute dépréciation du change qui
interviendrait en cas de changes flexibles aura un impact significatif sur le
rapport demande locale/demande externe. L'affectation des ressources sera ainsi
fortement perturbée et l'impact des variations de change par la
modification des prix relatifs sera très sensible. Par contre, si
l'ouverture est faible, le secteur des biens non échangeables dominera ;
ce qui aura pour effet d'atténuer le rôle perturbateur des
variations de prix relatifs dues au change. Une parité fixe est donc
préférable pour les économies ouvertes du fait que les
variations du taux de change nominal auraient, sans doute, des effets sensibles
sur leur compétitivité réelle. Par conséquent,
(selon McKinnon (1963)), les économies
ouvertes ont intérêt à constituer une zone monétaire
afin d'éliminer les risques de change qui sont sources de fortes
instabilités financières et économiques.
Kenen (1969), quant à lui,
contrairement à l'analyse de Mundell et de
McKinnon, va se focaliser sur « le
degré de diversification des productions ». Il montra
que la mobilité du travail n'est pas un critère satisfaisant de
la zone monétaire optimale car, elle est rarement parfaite. Pour lui,
les économies diversifiées peuvent, plus facilement, adopter des
changes fixes et s'intégrer à une
zone monétaire que celles qui se caractérisent
par une diversification modeste. En effet, si la structure de production est
diversifiée, un choc négatif sur la demande d'un type de bien ou
d'un secteur d'activité, aura un effet moindre. Ceci résulte
d'une faible fraction d'emplois détenue par chaque type de bien ou de
secteur dans l'économie. Un choc n'aura donc que peu de
conséquences sur l'agrégat et affectera les pays de
manière similaire. De même, les chocs ne peuvent atteindre
simultanément tous les secteurs de l'économie. Si le taux de
change est utilisé comme instrument de stabilisation, les variations
seraient plus importantes dans une économie non diversifiée. Dans
une économie diversifiée, les chocs extérieurs se
compensent plus facilement et l'instrument du taux de change sera moins
utilisé. La diversification et la similarité de la production
réduisent le besoin de politique de change et donc des coûts de
son abandon.
L'analyse de ces trois auteurs sur les critères
d'optimalité d'une zone monétaire optimale constitue le socle de
la théorie traditionnelle des zones monétaires optimales
(Mongelli, 2002). Néanmoins, le renouvellement de la
théorie des zones monétaires optimales, notamment basé sur
d'autres critères de convergences (la flexibilité des prix et des
salaires, le degré d'intégration des marchés financiers et
la similarité des taux d'inflation) va être formulé
à partir de la fin des années 60, pour renforcer cette
théorie traditionnelle.
Ainsi, pour Ingram et al
(1969), l'intégration financière rend moins nécessaire les
modifications des coüts relatifs entre pays via l'ajustement du taux de
change. La libéralisation financière permet de corriger les
déséquilibres de la balance des paiements sans pression sur le
taux de change et les taux d'intérêt. Cette approche se fonde sur
le fait que les capitaux sont plus mobiles que la main d'oeuvre pour financer
les déséquilibres intra régionaux. Si la fluidité
des capitaux entre pays excédentaires et pays déficitaires est
assurée dans le même espace, cette zone monétaire est
optimale. Ici, l'optimalité d'une union monétaire est
appréciée lorsqu'elle est totalement intégrée
financièrement.
Par contre, pour Fleming
(1971), la similarité des taux d'inflation sur une
certaine période de temps entre différents pays induit des
conditions d'échange stables et par conséquent réduit le
besoin d'ajustement du taux de change. Pour lui, des taux d'inflation
sensiblement différents selon les pays, pourraient être source de
pouvoirs d'achats divergents et entraîner le recours à
l'instrument taux de change pour corriger les écarts. Il suggère
un changement macroéconomique caractérisé par une
convergence de certains indicateurs tels que : les taux d'inflation, les
institutions du marché de travail, les politiques économiques ou
les préférences sociales. Giovanni et al
(1973) soutiennent la similarité des taux d'inflation entre les
pays comme une condition d'optimalité d'une zone monétaire. En
effet, cette similarité rend moins nécessaires les modifications
du taux de change (réévaluation ou dévaluation)
vis-à-vis des autres monnaies pour restaurer la
compétitivité internationale.
D'autres critères tels que la notion de bien public
qu'est l'espace intégré (Kindleberger, 1986) ;
le rôle des stratégies et des biens finals respectifs des
autorités en présence (Hammada et
al, 1980) ; l'identité dans les
préférences de structures qui expliquerait que même sans
structures économiques identiques, les préférences
communes en vues de les construire suffisent à justifier la perspective
d'intégration (Bourguinat, 1973) et enfin la
symétrie dans l'absorption des chocs sont identifiés comme
pouvant expliquer la construction de zones monétaires.
Quand bien même la théorie des zones
monétaires optimales offre un tremplin valable pour apprécier une
zone monétaire, elle n'en constitue cependant pas un cadre
opérationnel pour la construction de zones monétaires. C'est
à ce constat qu'est parvenu Tavlas (1994), pour qui la
théorie des zones monétaires optimales n'offrait pas un cadre
unifiant. La théorie traditionnelle des zones monétaires
optimales a pour avantage l'élimination du risque de change et pour
inconvénient la perte de la souveraineté monétaire. Elle
surestime le rôle du taux de change dans l'ajustement des chocs. Ces
auteurs de la phase pionnière ont posé la question de l'arbitrage
entre le taux de change fixe et flexible pour un espace
économique. Ils concluent qu'une union
monétaire ne serait concevable de manière optimale que pour les
régions affectées par des chocs symétriques et qui
disposent face à des chocs asymétriques, des mécanismes
d'ajustement automatiques.
La théorie traditionnelle des zones monétaires
optimales n'offre donc pas un cadre global pour juger de l'ensemble des
coüts et bénéfices de l'union monétaire. Elle se
concentre sur les coüts macroéconomiques qu'engendre l'abandon de
l'instrument du taux de change. De même, elle ne permet pas de
déterminer un seuil à partir duquel l'union monétaire est
bénéfique pour un pays. Ces limites de la théorie
renforcent l'option d'un prolongement empirique de cette théorie des
zones monétaires optimales par certains auteurs.
C-Prolongement empirique
Ce prolongement empirique repositionne la
problématique autour des enjeux de l'union économique et
monétaire. Dans cette nouvelle approche, il ne s'agit plus de
déterminer les critères d'optimalité d'une zone
monétaire optimale, mais d'identifier les coüts et
bénéfices liés à l'union économique et
monétaire.
L'enjeu d'une union monétaire s'analyse autour de deux
aspects :
· Une union monétaire est-elle optimale ?
· Un pays a-t-il intérêt ou non à
intégrer une zone monétaire existante ?
Ces enjeux posent le problème de la stabilité
(interne et externe) des structures. Plusieurs courants d'idées aussi
complémentaires vont enrichir la littérature économique en
la matière. Ainsi pour Krugman et al
(2000), l'analyse coût-bénéfice pour un pays de rejoindre
une zone monétaire à taux de change fixe dépend de la
mesure dans laquelle son économie est bien intégrée
à celle de ses partenaires potentiels. Il en résulte que le seuil
critique d'intégration d'un pays est en corrélation
négative avec la perte de stabilité économique
résultant d'une perturbation sur le marché des prix. De
même, ce degré d'intégration est en corrélation
positive avec le gain d'efficience monétaire. De ce fait, un pays
intégrera une zone monétaire lorsque son gain
d'efficience est supérieur à sa perte de stabilité
économique. L'adhésion n'est avantageuse qu'au-delà d'un
seuil critique d'intégration. Ils définissent, enfin, une zone
monétaire optimale comme un groupe de régions dont les
économies sont étroitement liées par les échanges
de biens et par la mobilité des facteurs de production.
Bayoumi (1994) va proposer, quant à
lui, l'analyse de la zone monétaire optimale dans un Modèle
d'Equilibre Général (MEG) dans lequel les prix et les salaires
sont rigides. En effet, dans son modèle à plusieurs
régions, il aboutit aux résultats suivants : d'une part, l'union
monétaire accroît le bien-être intérieur de la zone
tandis qu'elle le réduit à l'extérieur et, d'autre part,
l'adhésion accroît les bénéfices des
adhérents précédents. De même, le gain net de
l'union monétaire dépend de plusieurs facteurs tels que : la
taille économique de l'espace, la corrélation des chocs, la
mobilité du travail, le niveau des coûts de transaction des
relations entre les niveaux de demande des biens dans les différentes
régions.
De même, Ricci (1997) présente,
sous le MEG avec les mêmes hypothèses que
Bayoumi, le modèle visant à déterminer si
l'Union Européenne est une zone monétaire optimale. Pour ce
faire, il s'intéresse à mesurer le degré du commerce
intra-Union Européenne, l'asymétrie des chocs et étudie
les facteurs d'ajustement pouvant remplacer l'instrument du taux de change. La
résolution de son modèle nous renseigne que lorsqu'il y a une
croissance des économies, en accroissant l'ampleur des chocs
réels, ceci réduit le bien-être net de l'Union
Monétaire. Malgré la pertinence de ses conclusions, son
modèle n'a pas pu lever l'équivoque.
Helpman (1992) montre qu'en présence
du modèle d'équilibre général avec un marché
financier imparfait qu'il a développé, qu'il est difficile de
s'assurer contre les chocs affectant le revenu du travail. Dans ce contexte,
les fluctuations monétaires résultant des chocs réels,
engendrent des variations du taux de change. Ces variations ne sont
bénéfiques que si elles créent des opportunités
d'assurance dans les échanges d'actifs nominaux.
De son côté, Neumever (1998),
tout en soutenant la même vision que Helpman,
étend l'analyse aux chocs politiques. Il montre que les chocs politiques
(décisions politiques) diminuent l'efficacité des marchés
financiers. Il conclut que l'adhésion à une zone monétaire
améliore le bien-être si les gains issus de l'élimination
du risque de change excèdent le coüt des divers instruments
financiers dans l'économie.
Par ailleurs, Eichengreen (1997)
détermine un indice d'optimalité d'une zone monétaire. Cet
indice est la pondération des indicateurs suivants : asymétrie
des chocs, importance du commerce bilatéral, taille économique
des pays. Il aboutit à un résultat selon lequel, le coüt de
l'union monétaire est faible si le degré de symétrie des
chocs est grand. Cette approche est fondée sur le fait que les
mouvements de production reflètent, à la fois, l'influence des
chocs et les réponses de politique économique. Par la
méthode «auto regressive vector» et la
procédure de décomposition appliquées à cet effet,
il a permis d'identifier les chocs d'offre, de demande et de les
différencier des réponses aux chocs.
Néanmoins, cette méthode est remise en cause
car, elle ne permet pas d'identifier l'origine des chocs. De même, le
problème posé par l'abandon de l'instrument du taux de change ne
tient pas seulement à l'asymétrie des chocs, mais aussi, aux
réactions des économies face à un choc commun.
L'analyse des théories de la zone monétaire
optimale issue des prolongements empiriques nous laisse à notre. Ces
approches ne sont pas réellement novatrices puisqu'il existe une
similarité entre les arguments avancés. La détermination
des coüts et bénéfices liés à l'union
monétaire est difficilement quantifiable pour juger de
l'optimalité d'une zone monétaire. Cette situation amène
à un réexamen de la théorie.
D- Réexamen de la théorie
Les critiques sur les hypothèses et conclusions ont
engendré une reformulation de la théorie des Zones
Monétaires Optimales. Le cadre théorique
est remis en cause en raison de son manque d'unification et son
caractère restrictif.
En effet, la littérature économique
révèle que cette théorie (Théorie traditionnelle et
les prolongements empiriques) est régie dans :
· Un cadre non unifié.
On y détecte une contradiction interne. A titre
illustratif, une petite économie ouverte se doit d'adopter un change
fixe (selon le critère d'ouverture de Kenen, 1969).
Cependant, une petite économie a toutes les chances d'être peu
diversifiée et devrait opter pour un change flottant
(Kenen, 2003b). Ceci révèle un manque de
cohérence dans le cadre analytique. Cette contradiction dans les
conclusions est due aux différences dans les hypothèses et sur la
source des déséquilibres (Tavlas, 1994). De
même, si la mobilité du travail peut favoriser la concentration de
la production, ce critère de mobilité du travail peut donc
s'opposer aux critères de diversification des structures productives
(Gros, 2003).
· Un cadre restrictif.
La théorie traditionnelle des zones monétaires
optimales se concentre sur deux pays et omet les chocs extérieurs
(variation du TC). Il est probable que la politique monétaire
menée par les principaux pays partenaires non membres influence le
bien-être de la zone monétaire. Les études empiriques ont
montré que l'instrument du taux de change comme mécanisme
d'ajustement est moins efficace. Il permet un ajustement face aux chocs sous
certaines conditions. En effet, une variation du taux de change nominal ne
permet l'ajustement que si dans le premier pays, le même niveau de
dépréciation est requis vis-à-vis du RDM. Dans le second
pays, aucune modification du taux de change réel n'est viable
(Mélitz, 1995).
· L'endogénéité des
crit~res.
L'analyse des critères de la Zone Monétaire
Optimale est basée sur des hypothèses statiques. Les
critères peuvent évoluer, dans le temps, et sont affectés
par le processus même de l'intégration économique.
L'intensité du commerce et le niveau de corrélation des cycles
entre deux pays constituent deux critères des zones monétaires.
La formation de l'union économique et monétaire pourrait
influencer le niveau de ces deux critères à l'intérieur
d'une zone monétaire. Les études empiriques sur l'Union
Européenne révèlent que l'intégration
économique et monétaire a pour effets de renforcer les
échanges et rend les chocs plus symétriques. Cette
réalité amène les économistes, notamment,
Krugman à parler d'endogénéité des
critères d'une Zone Monétaire Optimale. Il en découle que,
même si un ensemble de pays ne remplit pas les critères d'une zone
monétaire optimale ex ante, il est possible qu'il les remplisse ex
post.
· Alternative de l'UEM.
Le taux de change est un instrument efficace de stabilisation
en raison de l'hypothèse keynésienne qui régit la
théorie des zones monétaires optimales. Lorsque ces
hypothèses ne sont plus vérifiées, le taux de change :
o n'est plus toujours efficace. Il est efficace lorsque la
variation du taux de change nominal se répercute sur la
compétitivité et n'est pas compenser par les variations du prix
;
o peut générer des chocs sur le marché
des titres, compte tenu des anticipations des agents économiques. Ces
anticipations se font de façon mimétique et créent des
bulles spéculatives, sources des crashs boursiers
(Buitter, 2000) ;
o peut être un instrument dangereux de crise.
En effet, dans la théorie traditionnelle des zones
monétaires optimales, il y a absence de mobilité des capitaux.
Or, dans un contexte d'extrême mobilité des capitaux, un pays ne
peut donc avoir, à la fois, un taux de change stable et une politique
monétaire indépendante [Triangle
d'impossibilité de Mundell].
Cette contrainte pèse sur les économies et se
traduit par des crises de change [crise du Système Monétaire
Européen, Mexicain, Asiatique]. Ainsi donc, l'adoption d'un taux de
change flottant constitue la nouvelle alternative.
Il ressort de ces insuffisances que la théorie
traditionnelle des zones monétaires optimales focalise son attention sur
les coûts et donne peu de chance aux bénéfices
découlant d'une Union Economique et Monétaire. De ce fait, elle
ne peut être considérée comme un cadre complet d'analyse
d'une UEM. On y décèle la non référence aux
relations entre pays membres et les tiers (Ricci, 1997). La
prise en compte des interdépendances entre les pays membres conduit
à l'analyse de la stabilité de l'union monétaire par une
coordination internationale des politiques économiques. Cette
coordination prend en compte les problèmes d'externalités (en
internalisant). Elle aboutit en général à un
bien-être supérieur pour l'ensemble des pays. Cette nouvelle donne
paraît aux yeux des économistes, l'outil d'analyse de
l'optimalité d'une zone monétaire.
Bourguinat et al (1999)
s'inscrivant dans cette logique montrent que les pays qui ont des relations
commerciales intenses et qui acceptent un même compromis en
matière de politique économique, remplissent les conditions
d'optimalité d'une zone monétaire. En d'autres termes,
l'intensification des échanges au sein d'une union économique et
monétaire donnée est une condition nécessaire mais, non
encore suffisante pour la formation d'une zone monétaire optimale. A
l'épreuve des faits et en s'inspirant de l'expérience de l'Union
Européenne la plus plausible, la convergence des économies
paraît ainsi une condition suffisante afin de rendre optimum un espace
économique et monétaire. Sur ce, ce paradigme pourrait être
un outil d'analyse de l'optimalité d`une zone monétaire dans un
contexte d'intégration. Ainsi donc, l'analyse de l'optimalité de
la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO) se fera sous deux
approches :
·
· l'approche d`échange intra zone ;
·
· l'approche de convergence des
économies.
Section 2 : Objectifs, hypothèses et
méthodologie de recherche
Pour répondre à la question de recherche, nous
avons formulé quelques objectifs et hypothèses.
Paragraphe 1 : Objectifs et hypothèses.
A) Objectifs de la
recherche.
L'objectif principal de la présente étude est
d'analyser, à la lumière de la théorie des zones
monétaires optimales, l'optimalité de la zone monétaire de
l'Afrique de l'ouest. De cet objectif global, découlent les objectifs
spécifiques suivants :
+ évaluer et analyser le volume des échanges
commerciaux intra zone ;
+ évaluer et analyser le degré
d'intégration financière de la zone à travers le
volume des transactions, la capitalisation boursière,
l'indice composite ;
+ analyser la convergence des économies au sein
de la ZMAO.
B) Hypothèses de
recherche
Pour atteindre les objectifs, nous avons formulé les
hypothèses de recherche suivantes :
H1 : le volume des échanges commerciaux intra ZMAO est
faible;
H2 : les échanges financiers de la zone sont faibles ;
H3 : les économies au sein de la ZMAO ne convergent
pas.
Paragraphe 2 : Méthodologie de recherche
Cette partie consistera à préciser les
données et leurs sources, les divers indicateurs des échanges
intra zone, et aussi, les tests de convergence des économies.
A) Données et sources
La recherche sur l'internet (sur le site de ecowas et ecostat) et
documentaire a permis de recueillir les données secondaires sur :
· les échanges commerciaux intra-ZMAO, d'une part,
et ses échanges avec le reste du monde, d'autre part;
· l'intégration financière dans la ZMAO
(mouvements transfrontaliers des capitaux) ;
· les séries chronologiques des agrégats
macroéconomiques, notamment, les critères de convergence, le taux
de croissance réel du PIB par tête et le taux d'épargne des
pays de l'espace ZMAO.
Les données statistiques utilisées dans le
cadre de ce travail sont celles fournies par le rapport sur la convergence des
économies de la CEDEAO par l'Agence Monétaire de l'Afrique de
l'Ouest (AMAO), la ZMAO et le FMI.
Il est très vraisemblable que ces statistiques sous
évaluent la taille des échanges internes car, beaucoup de
transactions transfrontalières ne sont pas enregistrées par les
services officiels spécialisés. En revanche, ces données
peuvent être utilisées comme base pour l'évaluation des
échanges intra-zone, et aussi, celle de la mesure de la convergence des
économies.
B) Indicateurs de mesures des échanges intra
ZMAO
Pour atteindre les deux premiers objectifs de cette
recherche, il est procédé à l'analyse des indicateurs
liés aux échanges intra-ZMAO. Ces indicateurs concernent les
échanges commerciaux et l'intégration
financière3. Ils sont de la période allant de 1998
à 2008.
1-Mesures des échanges commerciaux
intra-ZMAO
Il s'agit de calculer et d'analyser, pour la ZMAO et par
année, les éléments suivants :
3 Pour des questions de taille,
d'indisponibilité de données, cette analyse s'est faite sur le
NCM et sur la période allant de 2004 à 2008
taux de croissance des importations et exportations intra-ZMAO ;
balance commerciale intra-zone ;
taux de couverture du commerce intra- ZMAO ;
le commerce intra-ZMAO ou coefficient d'intégration.
Le taux de croissance des exportations (ou
importations) est le pourcentage de la différence des
exportations (ou importations) de l'année en cours et de l'année
précédente sur les exportations (ou importations) de
l'année précédente.
La balance commerciale est
déterminée par la différence entre les exportations et les
importations intra-ZMAO.
Le taux de couverture est le rapport en
pourcentage des valeurs réelles des exportations par les valeurs
réelles des importations.
Le degré du commerce intra ZMAO ou coefficient
d'intégration est le rapport de la somme des exportations et
des importations régionales sur la somme des exportations et des
importations mondiales de la ZMAO.
2-Mesures des échanges financiers :
intégration financière
En ce qui concerne l'analyse de l'intégration
financière, l'on se penchera sur le Nigeria Capital Market (NCM) pour
des questions de taille et d'indisponibilité des données. Pour ce
faire, il est question de mesurer de l'intégration financière
à travers deux aspects :
· la portée géographique :
il s'agit ici de calculer l'évolution des volumes de transactions dans
ce marché financier ;
· les catégories d'actifs : il
s'agira ici des liens entre les systèmes bancaires, les marchés
d'action et d'obligation. Ceci nous permettra de mettre en évidence le
type de financement propre aux économies de la ZMAO (bancaire et
boursier).
De même, dans le but de saisir le dynamisme du
processus d'intégration financière, il sera question
d'apprécier l'évolution de la capitalisation boursière du
NCM et l'indice composite (qui mesurent la santé financière de la
bourse),
instrument d'intégration financière. Ces
aspects élucideront le rythme d'intégration financière
dans la ZMAO via le NCM.
L'analyse de tous ces aspects ainsi décrits permettra
de vérifier les deux premières hypothèses. Ces
premières hypothèses seraient validées dès lors que
les indicateurs liés aux échanges intra-ZMAO seront
inférieurs à 50%.
C-Test économétrique de convergence
1-Discussion sur le choix de l'instrument de
mesure de la convergence des économies
L'analyse des hypothèses fondant l'optimalité
d'une zone monétaire selon Mundell paraît incompatible avec ceux
des nouvelles théories de croissance en qui se mire le test statistique
de la -convergence et le modèle de la âconvergence.
En effet, l'approche mundellienne d'une zone monétaire
optimale repose sur la mobilité des facteurs de production, notamment,
la main d'oeuvre et une flexibilité des salaires.
Par contre, selon la vulgate de Solow, le
progrès technique est fixe et exogène dans la formation du PIB au
sein d'une économie. A la lumière de l'expérience de l'UE,
ce modèle a été remis en cause du fait de son
caractère statique et de l'exogénéité du
progrès technique. La relecture des sources de croissance a
révélé une endogénéité du
progrès technique4. Cette critique portée à ce
paradigme a donné naissance à la nouvelle théorie de
croissance. De celleci, s'inspire le test de la ó-convergence et le
modèle de la â-convergence. S'il est vrai qu'il existe une
controverse dans la portée du test de la ó-convergence et le
modèle de â-convergence afin de juger de la convergence ou non des
économies du fait des conditions préalables d'une convergence
réussie (caractéristiques structurelles identiques quoi que,
évidemment, est quasi impossible), on note en
4 La nouvelle théorie de croissance
d'inspiration néoclassique
eux un effort de formulation du concept de convergence via
les outils économétriques. Toutefois, reconnaissant que cette
formulation du test de la óconvergence et le modèle de la
â-convergence constitue une théorie parcellaire, elle pourrait,
néanmoins, permettre d'appréhender l'état de convergence
des économies. Ainsi donc, au lieu de considérer ces deux
approches comme étant deux théories incompatibles de par les
hypothèses qui les y régissent, l'on pourrait valablement les
appréhender en termes de complémentarité dans une
dynamique d'explication des nouveaux faits économiques contemporains,
qui est la problématique de l'optimalité des espaces
économiques et monétaires.
Ceci étant, pour atteindre le dernier objectif de
cette recherche, l'approche de la convergence des économies
recommandée par Barro et al (1990)
serait utilisée à cette fin ; il s'agit de :
· la ó-convergence ;
· la â-convergence.
2-La ó-convergence
Ce concept permet de mesurer le degré de
rapprochement, dans le temps, entre plusieurs économies au regard d'un
ou plusieurs indicateurs (critères de convergence ou le revenu
réel par tête). Son analyse repose sur l'étude de
l'évolution de la dispersion des séries
considérées. Il y aura présomption de la présence
d'un mécanisme de convergence dès lors qu'on observe une tendance
à la diminution de la dispersion des valeurs prises par les variables au
sein d'un groupe de pays sur la période considérée.
L'indicateur de dispersion peut être la variance ou l'écart type
des séries.
Soit Xit la valeur de la variable X pour le pays i
à la date t ; (avec
i= 1.........n et t= 1........p) ici X représente les
critères de convergence
(R1 R9) Var Xit= ?
?
- ~ avec u= et ó=
)
L'analyse graphique (écart type) sur la
période, permet d'apprécier le processus de convergence de
l'économie par rapport à la variable X. Une tendance à la
diminution de l'indicateur de l'écart type indiquerait la
présence d'un «bon» processus de convergence. Dans le cas
contraire, les indicateurs divergent.
3-La â-convergence
L'idée sous-jacente de ce concept s'inspire de la
vulgate des théories de la croissance néoclassique selon laquelle
les pays pauvres rattraperont les nations opulentes s'ils réalisent un
taux de croissance supérieur. En d'autres termes, dans ce modèle,
le processus de convergence est enclenché lorsqu'un pays pauvres croit
plus vite qu'un pays riche et tend à rejoindre, à long terme, le
niveau de revenu par tête du pays riche (effet rattrapage).
En effet, on fait la régression du taux de croissance
annuel du PIB par tête du pays i (TCit) sur le niveau initial de ce PIB
en valeur (Y0i) tout en contrôlant les différences en
termes d'état stationnaire, c'est-à-dire, les différences
dans les technologies, les taux d'épargne, les taux de croissance de la
population, les dépenses publiques sur le PIB, la coordination des
politiques économiques à l'échelle régionale.
Toutes ces variables structurelles explicatives sont contenues dans le vecteur
Zit. En d'autres termes, zit est un vecteur de variables
explicatives de nature économique ou non permettant de contrôler
les états permanents des économies. Compte tenu de la
difficulté de quantifier les variables structurelles, le taux
d'épargne serait la seule variable explicative prise par Zit.
L'équation ci-après peut-être estimée
en utilisant les données de panel (pour les pays de la ZMAO de 2000
à 2009).
TCit= a-â log(Yit) +
yZit + Eit (1)
Après l'estimation de l'équation (1), il est
possible de calculer la vitesse de convergence conformément au
modèle de convergence néoclassique.
Le coefficient â s'écrit : â= -[1-
expo (-ë n)]/ n (2)
â mesure le degré de convergence, de divergence
ou de permanence des écarts des économies par rapport à
leur état stationnaire ; avec ë = vitesse de convergence vers
l'état d'équilibre ou taux de convergence. La transformation de
(2) donne : ë= -[ log(1 + fin) ]/n ;
avec n = période séparant l'année initiale (t--n) de
l'année finale t. De même, ce coefficient â permet de
mesurer la durée (d) nécessaire pour que l'économie comble
la moitié de cet écart (sa demi-vie).
d= ( log 2)/ë
L'équation (1) conduira à une
â-convergence si le coefficient â est négatif et est
statistiquement différent de zéro. Cette â-convergence est
dite conditionnelle si le paramètre y est
différent de zéro (c'est-à-dire, les zit sont
différentes d'un pays à un autre). Il y a convergence
conditionnelle lorsque le revenu par tête des pays dont les
caractéristiques structurelles sont identiques, converge vers un niveau
identique à long terme (état stationnaire) indépendamment
de leur niveau initial. Par contre, la â-convergence est dite absolue
lorsque y=0 (les zit sont identiques). On parle de la convergence absolue
lorsque le revenu réel par tête converge vers un niveau identique
à long terme quelles que soient les conditions initiales.
Les études empiriques ont montré que les
disparités dans les structures économiques sont très
déterminantes dans l'évolution des économies et du
processus de convergence à long terme. De même, l'équilibre
économique de long terme est fonction des caractéristiques
structurelles des pays (niveau de technologie, croissance
démographique...). La convergence absolue requiert, au préalable,
la convergence des caractéristiques structurelles. A la lumière
de ces facteurs, la convergence conditionnelle est acceptée pour la ZMAO
et résiste au test de régression économétrique par
rapport à la convergence absolue.
Les logiciels d'économétrie Stata et Eviews 5.0
sont utilisés pour l'obtention de l'estimation de ce modèle. Ces
deux outils de la mesure de la convergence des économies (ó et
â convergence) permettront de vérifier la dernière
hypothèse. En effet, l'hypothèse 3 est validée si
l'ensemble des indicateurs macroéconomiques ne converge pas (pour le cas
de la ó-convergence) et lorsque l'estimation économétrique
révèlera la faiblesse du taux de convergence des économies
de la ZMAO via un coefficient â négatif.
En somme, ce chapitre a retracé le cadre
théorique et méthodologique suivant lequel, le travail d'analyse
sera effectué. Il est nécessaire d'apprécier
l'optimalité de la zone à travers les échanges intra
ZMAO.
CHAPITRE DEUXIEME
APPROCHE DE
L'OPTIMALITE DE LA ZMAO
A TRAVERS LES ECHANGES INTRA-
ZONE
Ce chapitre vise à apprécier le degré des
échanges intra ZMAO à travers deux aspects : La première
section s'occupe d'analyser les échanges commerciaux tandis que les
échanges financiers (intégration financière) sont
analysés dans la seconde section.
Section 1 : Analyse des échanges commerciaux
intra-ZMAO
Cette analyse s'est faite par rapport à
l'évolution des indicateurs qui sont associés aux échanges
intra zmao.
Paragraphe 1 : Evolution des indicateurs
L'indicateur approprié de la
complémentarité entre les pays d'un même espace
économique est l'intensité des échanges des biens et
services. Les indicateurs qui reflètent l'évolution du commerce
intra-zone sont, entre autres :
· le taux de croissance des exportations et importations
intra-zone ;
· le taux de couverture du commerce intra-zone ;
· la balance commerciale intra-zone ;
· le coefficient d'intégration (approche
commerciale)
A) Taux de croissance des exportations et importations
intra-ZMAO
Le graphique ci-dessus porte sur l'évolution des
exportations et importations intra-ZMAO.
Graphique n°1 : Evolution des X et
M intra ZMAO.
Source : Réalisé à partir du
tableau A (cf Annexe1)
L'analyse du graphique indique que :
· de 1999 à 2003, le taux de croissance des
exportations intra zone évolue en dents de scie.
· vers la fin de 2003, ce taux a connu un trend haussier
persistant atteignant son pic en 2006 (86%) suivi malheureusement d'une chute
brutale et une reprise vers la fin de 2007.
· de même; sur toute la période, il est
observé une évolution en dents de scie pour le taux de croissance
des importations avec un pic en 2007.
Globalement, ces taux de croissance sont très volatiles
et sensibles aux
chocs.
B-Taux de couverture du commerce intra ZMAO
Les rapports de prix qui s'établissent à
l'international ont une influence certaine sur l'impact du commerce intra zone
via la production, la consommation et le bien-être. Il est donc
nécessaire de faire recours aux termes de l'échange (rapport des
prix à l'exportation d'un pays aux prix de ses importations). La
situation est considérée favorable lorsque ce rapport est
supérieur à 100% et défavorable dans le cas contraire.
L'analyse de ce tableau B (cf annexe1) indique que, tout au
long de la période, ce taux est supérieur à 100%. Ceci
révèle que la situation est favorable dans l'optique du commerce
intra zone. Il faut noter, néanmoins, que cette croissance, au lieu
d'être ascendante, est assortie d'une évolution mitigée et
contrastée.
Graphique n°2 : Evolution du taux de
couverture.
Source : Réalisé à partir du
tableau B (cf Annexe1).
La représentation graphique (graphique 2) de ce
même ratio révèle que :
· de 1998 à 1999, l'on observe une tendance en forte
instabilité avec une évolution en hausse ;
· vers fin 1999, il est constaté un trend baissier
qui se stabilise à partir de 2001 ;
· à partir de 2005, il est observé une
ascension vertigineuse atteignant son pic en 2006 suivi d'une chute drastique
du taux en 2007.
Cette chute de performance serait due aux différentes
crises internationales (alimentaire, économique et financière...)
ayant secoué le monde ces dernières années. La situation
se stabilise, heureusement, et l'on observe un trend relativement haussier
à partir de 2007.
C- Balance commerciale intra-ZMAO
Le tableau ci-dessous présente le solde de la balance
commerciale intra
200 001 202 2003 2004 205 2006 207 2008
Anné
ZMAO sur la période de l'étude.
Tableau n°1 : Balance commerciale
intra-ZMAO (en millions de dollars
EU)
Années
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Eléments
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
06
|
07
|
08
|
BC
|
347,4
|
818,4
|
963
|
45,7
|
642,6
|
213,2
|
560,9
|
432,6
|
5549,3
|
938,6
|
1034,5
|
TC%
|
-
|
135,6
|
17,7
|
-95,3
|
1306
|
-66,8
|
163,1
|
-22,9
|
1182,8
|
-83,1
|
10,2
|
|
Source : ecostat et calcul de
l'auteur
Il ressort de l'analyse de ce tableau que le solde de la
balance commerciale, tout au long de la période d'étude, est
excédentaire. Son évolution en termes de croissance est instable.
Elle est intercalée d'une croissance à taux positifs et
négatifs tout au long de la période. Le pic de ce solde est
atteint en termes de croissance en 2006 (1182,8%).
Cependant, l'analyse de cette balance commerciale, par pays,
cache des disparités importantes comme le montre le tableau
ci-après.
Tableau n°2 : Balance
commerciale intra ZMAO par pays (en millions de
dollars EU) (moyenne de la
période d'étude)
Pays Eléments
|
Gambie
|
Ghana
|
Guinée
|
Nigéria
|
Sierra Léone
|
X
|
02,8
|
590
|
19
|
1749
|
1,5
|
M
|
24
|
428
|
100
|
353
|
409
|
BC
|
-21,2
|
162
|
-81
|
1396
|
-408
|
|
Source : ecostat et calcul de
l'auteur
En effet, seuls le Ghana et le Nigéria
réalisent une balance commerciale excédentaire. Les autres pays
réalisent, par contre, une contre performance avec une balance
commerciale déficitaire. Ce déficit pourrait s'expliquer, d'une
part, par les habitudes de consommation des agents économiques
influencées par une préférence pour les produits hors zone
et, d'autre part, par la prolifération des maisons import-export dans
ces pays qui, en fait, ne font que de l'importation.
Cette situation ainsi décrite est préjudiciable
à l'optimalité de cette zone monétaire car, comme le
soulignait si bien MAGNIFICO, reprenant un avertissement de
G. MYRDEL à propos de l'Europe :
« l'intégration ne pourrait pas réussir si elle
promettait de rendre les régions fortes plus fortes et les
régions faibles encore plus faibles ».
D- Le coefficient d'intégration
Il est encore désigné sous le vocable de
degré de commerce intra zone. C'est un indicateur qui vise à
mesurer l'effort d'intégration qui s'opère au sein des pays de la
ZMAO en matière d'échanges commerciaux en son sein et par rapport
au reste du monde. Le tableau et le graphique ci-après nous permettent
d'analyser cet effort.
Tableau n°3 : Coefficient
d'intégration de la ZMAO
(milliards de dollars EU)
Pay
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
s Eléments
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
06
|
07
|
08
|
X M intra
|
313
|
673
|
2201
|
1886
|
110
|
506
|
2637
|
4152
|
8068
|
5829
|
6072
|
X M mondiale
|
9773
|
2783
|
13455
|
15628
|
6281
|
3540
|
20003
|
23237
|
41043
|
46163
|
47616
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
|
|
|
C.I
|
1,13
|
3,09
|
16,36
|
12,07
|
2,96
|
0,65
|
13,18
|
17,87
|
19,66
|
12,63
|
12,75
|
|
Source : ecostat et calcul de
l'auteur
L'analyse du tableau n°3 laisse apparaître que la
grande partie du commerce qu'effectuent ces pays est tournée vers le
reste du monde. Le tarif extérieur commun de la CEDEAO, au lieu
d'être un instrument stimulateur du commerce interne pour ces pays, ne
joue qu'un rôle passif au service des pays industrialisés. De
même, sur toute la période d'étude, ce coefficient oscille
entre 10% et 20% ; ce qui est très faible par rapport à
l'objectif escompté et au coefficient d'intégration des autres
zones monétaires. Par exemple, le
coefficientd'intégration de l'ASEAN est estimé
à 50,3% ; à 56% pour la ALENA ; à 73,8% pour
l'UE5.
Graphique n°3 : Evolution
du coefficient d'intégration
Source : Réalisé par l'auteur
à partir du tableau 3
L'analyse indique que :
· de 1998 à 2000, ce coefficient
d'intégration évolue à un rythme satisfaisant ;
· de 2000 à 2003, ce coefficient présente un
trend baissier ; on est passé de 16% 10% en 2003 ;
· à partir de 2003, cet indicateur a repris un trend
haussier avec son pic (19,66%) en 2006 ;
· à partir de 2006, ce trend a chuté puis,
stagne à partir de 2007.
La littérature économique sur l'interconnexion
des marchés fait ressortir une forte corrélation entre le
marché des biens services et le marché financier. Ceci
paraît à priori vrai du fait que le commerce intra zone facilite
l'intégration financière et sera stimulé par elle.
5 Source : OMC/Statistique du commerce international
2005...
Section 2- Analyse de l'intégration financiqre
dans la zmao
Cette section vise à analyser les mouvements de
capitaux qui sont censés accompagner les transactions commerciales, et
ceci, à travers la mesure du degré de l'intégration
financière de la zone. Dans l'espace CEDEAO, trois marchés
financiers peuvent être formellement cités. Il s'agit du Nigerian
Capital Market (NCM), de la bourse d'Accra au Ghana, la bourse du Cap - Vert et
la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), qui est une
création de l'UEMOA. La présente étude se focalisera
davantage sur le NCM pour des raisons de taille, d'importance et de
disponibilité de données.
Paragraphe 1 : Nigerian Capital Market (NCM) et
Missions.
A) Le NCM
Le NCM a été véritablement
créé en 1960 avec la mise en place du Lagos Stock Exchange (LSE).
Il n'a été, cependant, véritablement opérationnel
qu'en 1991. Admis d'abord comme une association limitée par garantie, il
fonctionnait sur la base de subventions annuelles versées par la Banque
Centrale du Nigeria (CBN). C'est en 1977 que le LSE a été
reconstitué en Nigerian Stock Exchange (NSE) qui est le centre
d'affaires du LSE. Il constitue un puissant moyen de mobilisation de
l'épargne du secteur public et privé et un instrument efficace de
redistribution de ces ressources à des fins de production. Il est
structuré en deux compartiments à savoir :
· le premier compartiment qui apporte une importante
caution au déroulement des affaires subvient aux besoins de financement
des entreprises, généralement, de grande taille. Ce compartiment
reste très sélectif au regard des conditions d'accès ;
· le Second Securities Market (SSM) est plus souple et
constitue le domaine prisé d'intervention des petites et moyennes
entreprises. L'objectif final attendu
est de renforcer la capacité de l'économie
nigériane à mobiliser, de manière efficiente, les fonds
endogènes pour l'économie.
B- Mesures de l'intégration financi~re
L'analyse de l'intégration financière sera faite
selon sa portée géographique.
V1 Mesure par la portée
géographique
Le but visé est d'analyser et d'apprécier
l'aptitude du NCM à attirer vers lui, le maximum de capitaux. Il sera
question d'apprécier l'évolution du volume des transactions au
sein de NCM.
En effet, l'UEM favoriserait l'intensification du volume des
transactions des capitaux. Ceci serait dû à la
complémentarité des flux commerciaux.
Tableau n°4 : Evolution du volume des
transactions dans le NCM
Années
|
|
|
|
|
|
Rubriques
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Volume des transactions
|
973526,00
|
1021967,00
|
1367954,00
|
2615020,00
|
3535631,00
|
Variations
|
|
5%
|
34%
|
91%
|
35%
|
|
Source : CBN, Bulletin statistics,
AMAO.
Il ressort de l'analyse de ce tableau que le volume des
transactions a augmenté de manière significative depuis 2004. Le
volume de transactions en 2007 représente 2,76 fois celui de
2004 alors que celui de 2008 équivaut à 1,3 fois, le niveau de
l'année précédente. Cette augmentation des transactions en
2008 s'est accompagnée d'une baisse drastique des cours dans le sillage
de la tendance baissière de la bourse suite à la crise
financière internationale.
Paragraphe 2 : Dynamisme du processus d'intégration
financi~re
Ce dynamisme sera apprécié à travers
l'analyse du trend de deux indicateurs à savoir : l'indice de la
capitalisation boursière et l'indice composite.
6 Selon AMAO
A) L'indice de la capitalisation boursiure
L'indice de la capitalisation boursière est la surface
financière déployée par l'ensemble des entreprises
cotées en bourse. Elle permet d'apprécier leurs poids dans
l'économie. Le tableau ci-après indique l'évolution de cet
indice sur le marché secondaire par titre.
Tableau n°5 : Evolution de la capitalisation
boursière
Années Eléments
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Total
|
CB/actions
|
1926,5
|
2523,5
|
4228,6
|
10301,0
|
6957,5
|
25937,1
|
CB/titres
|
178,1
|
365,5
|
888,9
|
2976,6
|
2529,6
|
6938,7
|
CB/obligations
|
7,9
|
11,1
|
3,5
|
17,00
|
29,1
|
68,6
|
Total
|
2112,5
|
2900,1
|
5121,00
|
13294,6
|
9516,2
|
32944,4
|
TC%
|
-
|
37
|
77
|
160
|
-28
|
|
|
Source : CBN, Bulletin statistics,
AMAO
Il ressort de ce tableau que 79% de la capitalisation
boursière est due aux actions alors que 21% seulement
représentent celle des obligations. Cela prouve que les agents
économiques du NCM sont plus attirés vers les actions qui sont
plus souples par rapport aux obligations pour ces derniers. De plus, depuis
2004, la capitalisation boursière s'est accrue à rythme soutenu.
Cette croissance soutenue serait due aux réformes économiques et
institutionnelles entreprises par le NCM. Cependant, il est observé une
contre performance en 2008 qui s'expliquerait par la crise économique et
financière mondiale qui a frappé l'économie mondiale. Elle
a fortement augmenté entre 2004 et 2007 avant d'enregistrer une baisse
de 28,4% en 2008.
B) L'indice composite
L'indice composite, c'est le reflet du poids financier de
toutes les valeurs admises au NCM. Ainsi, il constitue un bon indicateur qui
reflète l'évolution réelle du NCM. Le tableau ci-dessous
indique l'évolution de cet indice.
Tableau n°6 : Evolution de l'iQd1FeIFo
S1site
Années éléments
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Indice composite
|
23844,50
|
24085,80
|
33189,30
|
57990,20
|
31450,78
|
|
Source : CBN, Bulletin statistics,
AMAO
Il ressort de l'analyse de ce tableau que cet indice
présente un trend évolutif soutenu depuis 2004 à
l'année 2007 qui est donc celle de forte activité
boursière. Ce constat indique la performance financière de la
bourse au cours de cette année. Cependant, cette performance est remise
en cause en 2008. En effet, l'indice composite qui avait gagné 34145
points entre 2004 et 2007 a connu une chute de plus de 45% en 2008.
Cette analyse sur le NCM donne un aperçu de l'image du
marché financier de la ZMAO. La présente section nous permet de
dire que malgré la faiblesse de la culture boursière au sein de
cette zone, la vision optimiste quant à l'intégration
financière est possible.
En somme, cette section vient d'analyser l'optimalité
de la ZMAO sous l'aspect commercial et financier intra-zone. Il existe
d'énormes disparités sur le plan commercial (faiblesse des
échanges) et sur le plan financier entre les pays. Cette
disparité est sensible à l'optimalité d'une zone
monétaire.
APPROCHE DE
L'OPTIMALITE DE LA ZMAO
A TRAVERS LA CONVERGENCE
DES ECONOMIES
CHAPITRE TROISIEME
L'objectif de cette section est d'analyser la convergence des
économies de la ZMAO à partir de deux concepts :
ó-convergence et la â-convergence. Ces concepts permettent de
mesurer la convergence nominale des variables macroéconomiques (Section
1).
Par ailleurs, ce chapitre s'efforcera également
d'indiquer les mesures idoines à prendre au plan national et à
l'échelle sous-régionale afin de stimuler et
d'accélérer le processus de convergence ; les échanges
intra zone, et partant, jeter les jalons d'une UEM optimale (Section 2).
Section 1 : La convergence des indicateurs
macroéconomiques
La convergence des économies s'appréhende
à travers l'analyse des indicateurs macroéconomiques clefs. Il
s'agira dans le présent paragraphe, d'exposer les indicateurs de
convergence (paragraphe1) et de présenter dans un second paragraphe, les
résultats de l'estimation statistique (ó-convergence) et
économétrique (â-convergence).
Paragraphe 1 : Les indicateurs de convergence et leurs
objectifs
Nous allons utiliser les critères de convergence
définis par l'application des dispositions de la décision
A/DEC.7/12/997 portant adoption des critères de convergence
macroéconomiques de la CEDEAO, d'une part, et le taux de croissance
réel par tête du PIB des pays, d'autre part.
A) Critères de convergence
1- Critères de premier rang
R1 : Déficit budgétaire/PIB (hors
dons) = 4 %;
R2 : Taux d'inflation = 5 % ;
7 AMAO/PCMC/Rapport sur la Convergence
Macroéconomique 2008
R3 : Financement des déficits
budgétaires par la Banque centrale = 10 % des recettes fiscales de
l'année précédente;
R4 : Réserves extérieures brutes
= 6 mois de couverture des importations.
2- Critères de second rang
R5 : Arriérés intérieurs
;
R6 : Recettes fiscales/PIB ;
R7 : Masse salariale/Recettes fiscales totales
= 35 % ;
R8 : Investissements sur ressources
internes/Recettes fiscales = 20% ;
R9 : Taux d'intérêt réels
positifs ;
R10: Stabilité du taux de change
réel.
B) Objectifs
L'objectif visé dépend de la nature des
indicateurs de convergence.
En effet, R1 et R3 ont l'avantage de révéler
les efforts d'ajustement nécessaires pour assurer la viabilité
des finances publiques qui, à son tour, permettra d'établir les
conditions d'un endettement soutenable (pour éviter l'effet boule de
neige).
Le ratio R2 vise à réaliser un
différentiel d'inflation favorable à la zmao. Le ratio R5 vise
une élimination des arriérés de paiement. Ce qui accorde
une crédibilité à la politique monétaire, et de
surcroit, le déficit budgétaire ne sera plus financé par
la création monétaire.
Les critères de second rang représentent,
essentiellement, un gage de la réalisation des équilibres
internes et externes des économies. Ces critères viennent appuyer
l'effort d'ajustement budgétaire. Ceci permet de redonner un souffle au
secteur privé dans un environnement macroéconomique assaini.
En somme, le respect des critères de convergence est
censé asseoir les bases de la convergence des économies. Ces
mesures d'assainissement du cadre
macroéconomique des pays assureront, à moyen et
long terme, une croissance économique durable, harmonieuse et sans
cavalier solitaire des pays membres.
Paragraphe 2 : Résultats de l'estimation et
interprétation
A) Présentation des résultats de
l'estimation
1-I 1 Ji -convergence
L'écart type est l'indicateur de dispersion retenu pour
estimer le processus de convergence des économies de la ZMAO.
Le tableau c (Voir annexe 2) révèle les
résultats du calcul par type d'indicateur tout au long de la
période.
2-I 1 JJiI-convergence
Lorsque l'on considère les données de panel, la
toute première chose qu'il convient de vérifier est la
spécification homogène ou hétérogène du
processus
générateur des données. Sur le plan
économétrique, cela revient à tester
l'égalitédes coefficients du modèle étudié
dans la dimension individuelle. Sur le plan
économique, les tests de spécification
reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le
modèle théorique étudié est parfaitement identique
pour tous les pays ou au contraire s'il existe des spécificités
propres à chaque pays
a) Tests de spécification
Nous allons d'abord nous concentrer particulièrement sur
l'analyse des résultats des tests de spécification. STATA propose
trois tests.
v' Test 1 : Test de Fisher
Le test d'hypothèse s'écrit comme suit :
H0 : Absence d'effets fixes
H1 : Présence d'effets fixes
Le résultat est effectué automatiquement
après l'estimation du modèle à effets fixes ; le logiciel
donne : (voir test 1 de l'annexe 4)
F test that all u_i =0: F (4, 43) = 4.44 Prob>F=0.0043
La pvalue associé au test vaut 0, on accepte H1 de
présence d'effets fixes. V1 Test de Breusch Pagan
Le test d'hypothèse s'écrit :
H0 : Absence d'effets aléatoires
H1 : Présence d'effets aléatoires
Le test donne le résultat suivant : (voir test 2 de
l'annexe 4)
Test : Var(u)=0
Chi2(1)= 0.47 ; prob> chi2= 0.4911
On accepte l'hypothèse H1 de présence d'effets
aléatoire.
V1 Test de Hausman
Ce test, généralement utilisé en
économétrie de panel, il sert à discriminer les effets
fixes et aléatoires. Le test d'hypothèse s'écrit :
H0 : Présence d'effets aléatoires
H1 : Présence d'effets fixes
Le test donne le résultat suivant :
Chi2= 13.18
prob> 0.0014
On accepte l'hypothèse H1 de présence d'effets
fixes. En conclusion, le modèle à effets fixes donne les
meilleurs estimateurs
b) Test de Racine unitaire
Les séries économiques ne sont pas
stationnaires à priori par nature. Les valeurs obtenues à chaque
date ne sont pas toujours issue d'une même loi de probabilité. Il
faut toujours au préalable stationner les séries non
stationnaires afin d'éviter le risque de régression fallacieuse.
Les résultatS de test de stationnarité issus pour les
présentes variables sont consignés dans l'annexe 6.
Ainsi, nous avons :
? Test de racine unitaire sur Zit
Prob=O.OOO6?0.05 ; t student=-3.23281?1.96
Conclusion : la variable Zit est stationnaire
· Test de racine unitaire sur Yi0
Prob=0.0000?0.05 ; t-student=-5.09894?1.96 Conclusion : la
variable Yi0 est stationnaire
· Test de racine unitaire sur TCit
Prob=0.0000?0.05 ; t-student=-22.2644?1.96
Conclusion : la variable est stationnaire en première
différence
c) Modèle
estiméL'estimation a été faite
à partir des données de panel constituées par les
données des pays de la ZMAO sur une base chronologique
de 10 années (2000 à 2009). La méthode utilisée
pour cette estimation est la « Pooled Least Squares ». Cette
estimation a généré, pour ce panel, 50 observations (Cf.
Annexe 5).
Le modèle estimé donne :
TCit = 0.037158 --2.664860Log Yio
-0.107640Zit
(2.832631) (2.920053) (-2.112872)
n= 50 ; (.) t de student R2=0.55
De ce modèle estimé, il ressort que toutes les
variables explicatives sont significatives au seuil de 5%.
En effet, les t student des paramètres des variables
PIB réel initial par tête, les taux d'épargne et la
constante sont tous supérieurs à 1,96. Ces variables contribuent
donc effectivement à l'explication du modèle. Ainsi donc, le taux
de croissance réel par tête (TCit) des pays de la ZMAO repose,
bien entendu, sur le niveau antérieur de son PIB et aussi sur des
paramètres structurels tels le taux d'épargne. R2=0.55
indique les déterminants (Yio ; Zit) expliquent à 55% le niveau
du taux de croissance réel par tête de cet espace. D'autres
paramètres pourraient mieux expliquer le TCit. L'objectif poursuivi par
l'usage de ce modèle n'était pas d'identifier les
déterminants du taux de croissance réel par tête mais, la
valeur du coefficient â ; ceci nous permettra de calculer la vitesse de
convergence vers l'état d'équilibre et de mesurer la durée
(d) nécessaire pour que l'économie comble la moitié de
l'écart (écart des économies par rapport à leur
état stationnaire). Ainsi, cet outil constitue un point
de départ essentiel pour toute interprétation économique
du modèle.
B) Interprétation des résultats
1-La ó-convergence
La méthode utilisée pour apprécier le
processus de convergence des économies de la ZMAO est l'observation
graphique de l'allure des courbes. Graphique n°
4: Evolution de R1 et R2
Source : Réalisé à partir du
tableau c (cf l'annexe 2)
L'analyse de ce graphique indique que ces deux courbes ne
sont pas convergentes car, l'évolution de leur dispersion est en dents
de scie. La tendance observée pour R2 (taux d'inflation) montre toute la
difficulté de ces pays à faire converger leur taux d'inflation
afin de rendre leur économie plus compétitive via le taux de
change réel. La zmao éprouve donc d'énormes
difficultés à assainir les finances publiques et à
réaliser la stabilité des prix.
Heureusement, l'analyse du graphique ci-dessous fournit des
résultats satisfaisants.
Graphique n°5: Evolution de R3 et
R4
Source : Réalisé par l'auteur
à partir du tableau c (cf l'annexe2)
En effet, le trend visualisé pour R3 (financement de
la BC) révèle une évolution de la diminution de cet
indicateur. Ce ratio a donc entamé un processus de convergence au sein
de la zone. L'évolution de la dispersion de R4 est relativement
descendante. De plus, depuis 2007, cette évolution prend un trend
baissier. On peut, de ce fait, parler de déclenchement d'un processus de
convergence pour ce critère R4.
Par contre, les résultats obtenus après l'analyse
des graphiques ci-dessous sont non satisfaisants.
Source : Réalisé par l'auteur
à partir du tableau c (cf l'annexe2)
Graphique n° 6: Evolution de R6 et
R7
Graphique n°7 : Evolution de R8, R9 et
R10
Source : Réalisé par l'auteur à
partir du tableau c (cf l'annexe2)
En effet, l'allure des courbes liées aux
critères de convergence de second rang est très instable. Les
courbes R7, R8, R9 et R10 présentent des dispersions qui évoluent
en dents de scie. Ceci donne la présomption d'un mécanisme de
divergence de ces indicateurs.
Malgré l'évolution de la dispersion de R6 qui
est relativement constante à la baisse, on ne saurait parler d'un
processus de convergence pour ce critère car, cette tendance n'est pas
baissière.
Bref, aucun des critères de convergence de second rang
ne converge sur la période d'étude. Cet état de chose
montre l'existence de contraintes structurelles qui pèsent sur ces
économies et qui les empêchent de réaliser les
équilibres internes et externes.
De plus, l'analyse du graphique suivant indiquant le trend du
PIB réel par
R10
tête révèle qu'il y a une présomption
de la présence d'un mécanisme de divergence pour cette
variable.
En effet, suite à la contre performance observée
en 2003, ces pays ont
Années
entamé un relatif processus de convergence de leur
revenu réel par tête.
Cependant, cette tendance est
renversée en 2007 suivie d'une trajectoire
ascendante de cette
courbe. Cette remarque pourrait apparemment être due, d'une
part, à la non maîtrise de la démographique
de la zmao et, d'autre part, à l'amélioration des performances
économiques de cette zone en 2008. Graphique n°8 :
Evolution de la dispersion de Yit
Source : 5 pNOIp à SNUtiUICA ONVA A
E
En résumé, de l'analyse graphique des dix
courbes, seuls R3 et R4 ont entamé un processus de convergence au cours
de la période d'étude. Ce constat sur l'état de
convergence de ces indicateurs ressort la question de la
crédibilité et de l'effectivité de l'organe chargé
de surveiller la convergence des économies de la ZMAO.
En synthèse, l'indicateur de mesure
(ó-convergence) ne donne qu'un aperçu global de
l'évolution de la dispersion des variables sans fournir des
renseignements quant aux déterminants du processus et son rythme de
convergence. D'où l'indicateur â-convergence pour compléter
l'analyse de la convergence des économies pour remédier aux
insuffisances ci-dessus citées.
2- / N M-convergence
Ici, nous procédons à l'interprétation
économique des paramètres du
200 0 20
modèle estimé. Ainsi, on a :
â= -2.66 ; la négativité de cette valeur
est conforme aux propriétés de la â-convergence. Il exprime
le degré de convergence vers l'état stationnaire. Avec â=
-2.66 ; n=50 et ë=-(Log (1 ân))/n ; on a ë=0.042. ë
signifie que la vitesse de convergence des économies est de 4.2%. Cette
vitesse est faible eu égard aux
défis auxquels cet espace est appelé à
faire face dans l'ère de la mondialisation des économies qui
s'opère par le biais de l'intégration sous régionale.
De plus, le coefficient d=8 indique que la zmao comblera la
moitié de cet écart (convergence vers l'état stationnaire)
d'ici environ 8 années toute chose égale par ailleurs.
y=0.11; ce coefficient étant différent de 0, la
convergence des économies de la ZMAO est donc conditionnelle. Les
variables structurelles sont différentes d'un pays à un autre. En
d'autres termes, ce coefficient révèle que le revenu réel
par tête de ces pays convergera vers un niveau identique à long
terme indépendamment de leur situation initiale si elles sont
dotées des caractéristiques structurelles (Zit) identiques. Par
conséquent, le PIB réel par tête des pays de la ZMAO ne
sont pas convergents. Ces résultats issus de la â-convergence
viennent confirmer ceux de la ó-convergence.
3- Validation des hypothèses
· Vérification de l'hypothCse1 :
La première hypothèse suppose que le volume des
échanges commerciaux intra ZMAO est faible. De nos analyses, il ressort
que les échanges commerciaux intra zone oscillent entre 10 et 15% sur
toute la période d'étude. Ce qui est inférieur à
50%. Ainsi, l'hypothèse H1 est vérifiée.
· Vérification de l'hypothCse 2
:
La seconde hypothèse suppose que les échanges
financiers de la zone sont faibles. Les échanges financiers sont
appréciés par la culture boursière au sein de la zone qui
apparaît faible (21%). Ce qui est inférieur à 50%. Ainsi,
l'hypothèse H2 est vérifiée.
· Vérification de l'hypothCse3 :
La troisième hypothèse suppose qu'Il y a une
diminution de l'évolution de la dispersion des critères de
convergence fixés. Les résultats obtenus montrent que sur 10
indicateurs de convergence, seuls deux ratios (R3 ; R4) ont entamé un
processus de convergence au sein de la zone. Ce qui se
justifie par le faible niveau du taux de convergence (4.2%)
révélé par la â-convergence. L'ensemble des
indicateurs macroéconomiques n'étant pas convergent, ces
économies ne le sont pas non plus. L'hypothèse 3 est donc
vérifiée.
Les résultats issus de cette analyse empêchent
de voir en la ZMAO, une ZMO pour deux raisons :
o la faiblesse des échanges intra zone (car les
indicateurs des échanges intra zone sont tous inférieurs à
50%) ;
o la non convergence des économies qui trouve sa
justification dans le fait que l'ensemble des indicateurs ne converge pas et,
par ricochet, le faible niveau du taux de convergence des indicateurs ainsi
observé.
Ces facteurs sus-cités sont soumis à une forte
disparité au sein des économies de cette zone ; ce qui a pour
corollaire, la non symétrie des chocs au sein des économies.
Eu égard à tout ce qui précède,
il apparaît donc nécessaire de prendre des mesures de politique
économique pour lever les entraves afin d'améliorer les
performances en la matière.
Section 2 : Suggestions de politique
économique
Ces mesures visent à recenser un ensemble de
propositions dont le but est d'asseoir les bases d'une intégration
économique réussie. Elles sont destinées aussi bien aux
autorités nationales que celles sous régionales.
Paragraphe 1 : Mesures visant à accroître les
échanges intra ZMAO
A) Mesures de stimulation du commerce intra zone
Les difficultés majeures entravant le commerce au sein de
la ZMAO résulteraient de :
o la non compétitivité des produits de la zone
;
o la non diversité et la non convertibilité
directe des monnaies utilisées ;
o la similarité des produits offerts, ce qui pose le
problème de la spécialisation au sein de la zone ;
o une faible diversification de la production, ce qui a pour
conséquence une dépendance vis-à-vis d'un nombre
limité de produits exportables.
Pour relever ces défis, il apparaît
impérieux de :
· lever les contraintes qui entravent le dynamisme et la
compétitivité du secteur privé en adoptant les politiques
axées sur :
· . diminuer les coûts des facteurs de production
;
+ soutenir l'exportation à travers l'assistance aux
entreprises en termes de contrôle de qualité et de normes ;
+ renforcer la spécification des structures par produits
afin d'assurer une stabilité interne ;
+ réaliser une bonne adaptation de l'appareil
productif à la demande (nationale et internationale), ce qui favorisera
la stimulation de l'élasticité revenu du commerce
extérieur ;
· . réaliser une spécialisation
poussée des économies de la zone ;
· . promouvoir la recherche de débouchés
pour les produits de rente au sein de la zone pour être
transformés en produits semi finis dans l'espace avant leur
éventuelle réexportation hors de la ZMAO.
L'application de ces mesures va rendre les économies
plus compétitives, intensifieraient les échanges intra zone et
permettrait aux économies de bénéficier des initiatives
prises par les pays développés, notamment, la loi AGOA (African
Growth Opportunity Act).
B) Mesures visant à promouvoir
l'intégration financi~re
Au service de l'intégration économique, les
différents marchés financiers de la ZMAO (Nigerian Capital Market
(NCM), la bourse d'Accra (Ghana),...) doivent être soutenus par un
renforcement de la culture boursière dans le but de
promouvoir les finances directes, d'assurer une fluidité
des capitaux à travers l'espace et y attirer les IDE.
Il s'agira, de façon pratique de :
+ rendre plus souples les conditions d'accès aux
différents marchés financiers des pays de la ZMAO afin de
permettre aux unités économiques potentielles d'y trouver une
source de financement efficiente, gage d'une croissance économique ;
· . réduire certaines taxes sur les activités
financières afférentes aux transactions de fonds au sein de la
zone ;
+ harmoniser et assainir les codes d'investissement dans ces
pays, ce qui permettra d'attirer des IDE intra et extra ZMAO et, de
surcroît, fera émerger les firmes multinationales à
l'échelle sous régionale, vecteur de la consolidation de
l'intégration.
Paragraphe2 : Mesures visant à
accélérer le processus de convergence des
économies
Cet aspect (convergence des économies) mérite
une attention particulière car, il représente un maillon
essentiel de la coordination des politiques économiques dans une UEM.
En effet, outre les mesures répréhensibles
destinées à assainir les finances publiques économiques,
il urge de :
· . renforcer la cohérence des politiques
économiques : inter cohérence des politiques économiques
et cohérence entre les politiques nationales et régionales. Pour
cela, il paraît opportun d'apporter de l'assistance technique et de
l'expertise nécessaire au CNPE (Comité National de Politique
Economique) ;
·
· asseoir des mécanismes
appropriés pour que les taux de croissance réels des pays de la
zmao ne divergent pas de façon importante et durable. Le cas
échéant, une croissance plus forte que la moyenne se traduirait
par un déséquilibre des échanges qui engendrerait soit
:
v' un relâchement de la croissance qui serait
préjudiciable à la zone ;
v' un changement de parité (dévaluation) avec
ses limites, incertitudes et effets pervers. L'adoption d'une politique
démographique et d'innovation aux progrès techniques communs au
sein de la ZMAO serait l'un des mécanismes à promouvoir pour
cette fin.
La prise en compte de toutes ces propositions de politiques
économiques pourrait inhiber les contraintes structurelles et
extérieures qui pèsent sur ces économies et fera
émerger les pays de la zmao lorsque la paix et la stabilité
politique seraient une réalité au sein de l'espace. Ces mesures
pourraient rendre la zone plus optimale et permettre à la CEDEAO, la
réalisation de son objectif de création d'un seul espace
monétaire avec sa monnaie unique (Eco).
CONCLUSION
Cette étude avait pour objectif d'analyser
l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO)
dans un contexte d'intégration. En se basant sur la littérature
théorique et empirique des ZMO, nous retenons que la ZMAO n'est pas
encore une ZMO par excellence .
En effet, outre la faiblesse du niveau du commerce intra-zone
observée (en moyenne 12,5%), il est constaté également,
sur le plan des échanges financiers, une faible culture boursière
au sein de la zone. Elle se justifie par le fait que 28% du financement des
économies de la ZMAO se fait par la finance directe, toutes choses
égales par ailleurs.
Ces résultats portent à croire que, outre la
crédibilité qu'accorde cette UEM aux économies, elle ne
permet pas de générer et de stimuler les couloirs
d'échanges en son sein. Ceci est dû à trois facteurs
notamment :
- la non compétitivité des produits ;
- l'absence de spécialisation au niveau
sous-régional ;
- et la faible culture boursière au sein de la zone.
De qui précède, il ressort que la ZMAO n'est pas
horizontalement intégrée avec ses pays membres.
Par ailleurs, l'analyse de la convergence des économies
indique des résultats contrastés. S'il est vrai qu'un effort est
consenti par la ZMAO vers un rapprochement des économies, il n'est pas
fondé sur des réformes structurelles ; ce qui n'écarte pas
un éventuel risque d'essoufflement. Des différentes estimations,
seuls deux indicateurs R3 (Financement des déficits budgétaires
par la Banque centrale = 10 % des recettes fiscales de l'année
précédente) et R4 (Réserves extérieures brutes = 6
mois de couverture des importations) sur dix indicateurs ont entamé un
processus de convergence et la vitesse de convergence vers l'état
stationnaire est de 4.2%. Ce fait s'illustre par l'impact
différencié subit par les économies face aux chocs
asymétriques. Cette situation est contraire aux principes
d'optimalité d'une ZM.
Au regard des résultats de cette étude, les
suggestions de politique économique vont dans le sens de :
v' lever les contraintes qui entravent le dynamisme et la
compétitivité du secteur privé ;
v' renforcer la spécialisation des structures par produit
afin d'assurer une stabilité interne à cette zone ;
v' promouvoir la culture boursière au sein de la zone ;
v' assurer la gestion cohérente et durable des
politiques économiques afin d'asseoir les bases d'une convergence des
économies.
Néanmoins, s'il est vrai que ces modèles de
convergence nous ont permis de nous rendre compte de l'état de
convergence des économies de la zmao, ils ne permettent pas de mettre en
évidence les pays qui accélèrent ou retardent le processus
de convergence. Ce qui présage une limite dans la portée de ces
indicateurs à apprécier le caractère optimal ou non de la
ZMAO.
En revanche, à cette heure des grandes mutations,
où les UEM se soucient des outils optima pour se prémunir contre
les risques de change, le caractère optimal d'une ZM pourrait être
appréhendé essentiellement par sa finalité, de
manière à apprécier sa capacité à
créer, d'abord, une monnaie commune, et ensuite, à soutenir le
taux de change de celle-ci sur une longue période. De ce fait, la
problématique d'optimalité d'un espace économique et
monétaire peut se scruter à travers, d'une part, la
solidarité qui y règne et, d'autre part, l'instauration des
indicateurs d'alerte de vulnérabilité pouvant déclencher
les attaques spéculatives sur le marché des changes.
Par ailleurs, la situation géographique de la ZMAO par
rapport aux autres pays de la CEDEAO ne stimule pas le processus
d'intégration de façon harmonieuse. De ce fait, la ZMAO pourrait
accélérer ce processus d'intégration lorsqu'elle serait
sftrement capable de s'intégrer pleinement avec les autres pays de la
CEDEAO à travers une politique prospective comme, par exemple, la
possibilité
pour la zmao de se doter d'une monnaie unique dont le taux de
change pourrait être soutenu sur une longue période.
Au terme de la présente étude, nous ne saurions
prétendre à une quelconque exhaustivité en matière
d'étude de l'optimalité d'une zone monétaire. Raison pour
laquelle nous souhaiterions que des études ultérieures puissent
apporter la lumière nécessaire sur les aspects de ladite
problématique que la présente étude a pu occulter.
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