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Organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources naturelles: cas de Laà¯ndé Karéwa au Nord Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Borgoto DAOUD
Université de Dschang - Ingénieur agronome 2008
  

Disponible en mode multipage

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FACULTE
D'AGRONOMIE ET
DES SCIENCES
AGRICOLES

DEPARTEMENT DE
GENIE RURAL

 

FACULTY OF
AGRONOMY AND
AGRICULTURAL
SCIENCES

DEPARTMENT OF
AGRICULTURAL
ENGINEERING

Pôle Régional de Recherche Appliqué au Développement
des Savanes d'Afrique Centrale

PROJET ARDESAC/ programme 1.3

ORGANISATION DE L'ESPACE AGROPASTORAL D'UN TERROIR

SATURE POUR UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES
NATURELLES : CAS DE LAÏNDE KAREWA AU NORD CAMEROUN

PAR

DAOUD BORGOTO

Mémoire présenté pour
l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome, option Génie
Rural

DEPARTEMENT DE
GENIE RURAL

 

DEPARTMENT OF
AGRICULTURAL
ENGINEERING

FACULTY OF
AGRONOMY AND
AGRICULTURAL
SCIENCES

FACULTE
D'AGRONOMIE ET
DES SCIENCES
AGRICOLES

Pôle Régional de Recherche Appliqué au Développement
des Savanes d'Afrique Centrale

PROJET ARDESAC/ programme 1.3

ORGANISATION DE L'ESPACE AGROPASTORAL D'UN TERROIR

SATURE POUR UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES
NATURELLES : CAS DE LAÏNDE KAREWA AU NORD CAMEROUN

PAR
DAOUD BORGOTO

Mémoire présenté pour
l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome, option Génie
Rural

Superviseur :

M. NDONGO Barthélemy,

Chargé des cours, Département de Génie Rural, Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun

Encadreur :

M. ABOUBAKAR MOUSSA Directeur de la géomatique et Aménagement du territoire à la MEADEN Garoua, Cameroun

FICHE DE CERTIFICAT D'ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je, soussigné DAOUD BORGOTO, atteste que le présent document est le fruit de mes propres travaux effectués dans l'arrondissement de Tchéboa, Nord Cameroun, sous la supervision de M. NDONGO Barthélemy, chargé de cours à la FASA, Université de Dschang.

Ce mémoire est authentique et n'a pas été antérieurement présenté pour l'acquisition de quelque grade universitaire que ce soit.

Nom et Signature de l'auteur

Date :

Visa du Superviseur

Date :

Visa du Chef de Département

Date :

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE

Le présent travail a été revu et corrigé conformément aux observations du jury.

Visa des membres

1

2

Visa du Superviseur :

Date :

Visa du Chef de Département

Date :

Visa du président du jury

Date :

Nom et Signature de l'auteur

Date:

AVANT-PROPOS

Dans le cadre de la formation des ingénieurs agronomes à la faculté d'agronomie et des sciences agricoles (FASA) de l'université de Dchang, il est prévu en fin de cycle un stage d'insertion professionnelle. Ce stage devra permettre à l'étudiant de connaître les réalités du terrain et les moyens (techniques) qu'il pourra utiliser afin de résoudre un problème préalablement identifié. A cet effet, l'étudiant est amené à solliciter l'appui financier et technique d'une structure spécialisé dans son domaine de formation et entreprendre une étude qui s'étalera sur une période de six mois.

C'est dans cette lancée que la présente étude a fait l'objet de notre stage de fin de formation au sein du projet ARDESAC dans son programme 1.3. En effet, partant des études précédentes, il a été initialement prévu d'engager une étude sur l'évaluation contingente des ressources naturelles et la capitalisation des plates formes de concertation dans le Nord Cameroun. Cependant, vu les domaines concernés pour ces études et le souci de répondre aux exigences académiques dont on est soumis, un programme « spécial » a été initié dans le but de réaliser les différentes études. Ce programme nous a permis de définir, dans la même problématique, un nouveau thème à partir duquel part cette présente étude.

C'est ainsi que le problème de la gestion de l'espace et d'aménagement agro pastoral a été au centre de nos analyses et discussion. Avec l'appuie considérable de notre encadreur et les moyens tant financiers que matériels mis à notre disposition par le projet ARDESAC, les trois thèmes études ont été abordé selon le temps imparti à chaque cas.

La collecte des données de cette étude a débuté pendant le mois de juillet, période de pleine saison pluvieuse. En ce moment, les contraintes climatiques ont rendu difficile nos travaux de terrain. Car il était souvent question, dans le cas du bas fond, de visiter les différentes parcelles d'exploitation. Or en cette période cet espace est saturé d'eau et est beaucoup sollicité par des reptiles à cause de nombreuses touffes d'herbes.

Toutefois, nous restons vraiment réjoui de l'attention particulière accordée à ce travail et aussi de l'accueil enthousiaste marqués par les responsables du projet ARDESAC et les populations de Laïndé Karéwa.

RESUME

L'étude porte sur « l'organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources naturelles : cas de Laïndé Karéwa au Nord Cameroun». Elle s'est déroulée dans la période de Juin à Octobre 2008 dans l'objectif global de contribuer à l'organisation d'un espace saturé afin de minimiser les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs.

Pour l'atteindre, un diagnostic sur l'espace exondé et le bas fond et une analyse de l'état d'une des pistes à bétail ont été réalisés. Dans chaque cas, un parcellaire de l'organisation actuelle a été effectué à l'aide des opérations cartographiques (par interprétation des images satellite) combinées aux levés GPS et topographiques.

L'étude montre que l'espace exondé du terroir présente un paysage agraire du type mixte distingué en zone cultivé délimitée ou non par des pistes à bétail en limite du terroir. La morphologie agraire actuelle est influencée par les structures d'encadrement agricole et l'application de certaines techniques de lutte antiérosives. Le bas fond, pris comme ressource alternative, occupe une superficie de 126,6 ha et une pente globale de 1,47 %. Le débit maximal moyen dans son lit mineur atteint 185 l/s. Avec ces données, il est possible de développer les activités agricoles dans le bas fond par des ouvrages tels que le bief, les digues filtrantes et le barrage avec déversoir afin de mobiliser la population pour une gestion concertée des ressources naturelles. Ces ouvrages pourront favoriser la recharge de la nappe phréatique et le contrôle des écoulements de surface. La principale contrainte actuelle qui réduit la surface cultivable du bas fond, est la variation temporelle de sa disponibilité en eau. Cette situation peut en effet être mieux contrôlée par les aménagements hydro agricoles proposés. Le groupe des propriétaires dans le bas fond constitue un élément important pour le dialogue dans le processus de concertation entre les agriculteurs et les éleveurs.

L'état actuel de la piste à bétail traversant le village montre que 70 % des parcelles agricoles est conflictuelle à cause de l'occupation de 18 m de sa largeur. Cette situation est à l'origine de différents types de conflits agropastoraux et bloque le processus de concertation entre les exploitants. Pour y en venir, il est important de réhabiliter par des aménagements biologiques les limites de la piste à bétail et d'initier un bon système de sécurisation foncière.

Suivant les propositions d'amélioration de l'organisation, les scénarios d'évolution discutés montrent qu'en cas d'augmentation de la population et du cheptel animal, le développement des autres activités et de la cohésion sociale peut réduire la pression foncière.

ABSTRACT

The study that relates to «Agropastural organization within a densely occupied land for sustainable management of natural resources: case of Laïndé Karéwa, in the south of Garoua Northern region of Cameroon», was carried out from June to October 2008. The main objective was to contribute in space organization with some propositions which would help to minimize conflicts between farmers.

To achieve this goal, analysis of the actual mode of organization and the situation of the livestock track were carried out. At the same time, satellite image analysis, topographic survey and other cartographic tools were used to complete categorization of the spatial organization of the stream inland valley of the village. This space is considered as alternative resource which can help to improve the production system of the village and to better organize people for better concerted management of natural resources.

The study shows that, the agrarian morphology of the farm land area surrounding the stream inland valley has a mixed landscape that can either be opened and closed field. This agrarian landscape is made up of cultivated area with livestock track at the edge of the farms. The actual physical morphology of the farms is influenced by the presence of projects management support and some techniques of erosion control. According to the results, the stream inland valley occupies a surface area of 126.6 ha with 1.47 % slope and the valley stream has a flow rate of 185 l/s. With these data, it is possible to develop agricultural activity in the zone by constructing structures like small dam (bief), permeable rock dam and ordinary dam with a crest. These structures, by permitting the recharge of water table and enhancing control of water flow, will better manage the principal constraints (drainage control and lack of water for irrigation) encountered in the area.

In the rainy season, about 70 % of farms plots surrounding the main livestock track of the village are under agropastural conflicts. This is because, 18 m of the width of the track is being taken up by the farmers for cultivation, thus obstruct the livestock from passing. This situation will not allow dialogue between farmers and in contrast will generate conflicts. In order to minimize conflicts, it is important to rehabilitate the entire corridor by planting trees in the limits of the track and to initiate a good system of land security.

In the future, following all the propositions made in the study for better organisation of the space, we can state that when ever human and livestock population grow, the development of others activities can be able to absorb the demand without affecting the new organization.

REMERCIEMENTS

Au terme de la rédaction de ce mémoire, faisant suite au stage de terrain effectué dans le cadre du programme 1.3 du projet d'Appuie à la Recherche pour le Développement des Savanes d'Afrique Centrale (ARDESAC), qu'il me soit permis d'adresser mes sincères remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite totale de ma formation. Je m'adresse particulièrement :

A Mme DJIME BORGOTO, née MAÏMOUNA YOUNOUS, pour son soutient financier et moral permanent avant et pendant mes études.

A M. & Mme HEMAT TCHITA, née ADAMA Borgoto pour leur suivi et appui moral consentis tout au long de ma formation.

A toute la grande équipe de la Coordination Générale du PRASAC, institution spécialisée de la CEMAC, au sein du Laboratoire de Farcha, qui est au service de la Recherche Agronomique des Savanes d'Afrique Centrale. C'est dans cette institution que se sont déroulés tous mes stages académiques (niveau 3, 4, 5).

Au Dr SEÏNY BOUKAR Lamine, Coordinateur Général du PRASAC à N'Djamena et sa famille au sens large. Papa << coordo !» m'a toujours appuyé dans mes initiatives et ambitions. A M. BOUMAR PHILLIPE, Coordonnateur scientifique du PRASAC, pour son appui et ses services rendus pour le déroulement de mes divers stages réalisés dans le projet ARDESAC. A M. AMINOU BOUBA, << mon Grand ! », pour sa disponibilité, son soutient moral, technique et financier pendant toute ma formation.

A M. ALI BRAHIM BECHIR, chef de service de pastoralisme au Laboratoire vétérinaire de Farcha à N'Djamena, pour sa contribution à ma formation dans le domaine de la recherche et aussi pour son soutient moral.

Au Doyen Professeur ZOLI PAGNAH ANDRE, pour m'avoir facilité l'inscription à la FASA à l'université de Dschang et soutenu par ses lettres de recommandations dans mes multiples demandes de bourses.

A M. SERNO ABDOULAY, Directeur de la MEADEN de Garoua, pour avoir accepté me recevoir dans son institution et pour son appui logistique apporté lors de ce stage.

A toute la grande équipe de la MEADEN de Garoua, pour leur collaboration et leurs services rendus lors des travaux de terrain et de la rédaction de ce mémoire.

A Dr. ABOUBAKAR MOUSSA et sa famille dans le sens large, pour tous leurs efforts à mon
égard pendant mon séjour à Garoua. Merci également pour m'avoir très vite intégré dans la
famille. A cette famille et particulièrement à son épouse née DIDJA << Dada Aicha,

Maman ! » qui m'a accepté et traité comme son propre fils tout au long de mon séjour à Garoua, j'affirme toutes mes reconnaissances pour leur considération.

A M. NDONGO BARTHELEMY, pour avoir accepté de superviser avec beaucoup d'intérêt ce travail de mémoire. Au cours de son stage, vous nous avez été disponible et permis d'acquérir des expériences sur la pratique et l'esprit de synthèse.

A mon encadreur de terrain, Dr. ABOUBAKAR MOUSSA, Directeur de la géomatique et Aménagement du territoire à la MEADEN (Garoua), correspondant national du programme 1.3 ARDESAC, qui a voulus bien m'apprendre le Savoir, le Savoir-faire et le Savoir-être. Sans son attache particulier, sa disponibilité et ses multiples conseils, ce travail n`aurait pas été fait surtout avec le support cartographique qui a été réalisé.

A M. BOUBAKARY SIMON, aide géographe à la MEADEN (Garoua) qui, malgré son emploi du temps chargé, a bien voulu me supporter sur certains aspects techniques.

A mon grand frère WANIE ABOUBERK et son épouse OUMMA ABBA pour leur soutient moral, social et technique lors de tous mes séjours à Yaoundé pendant ma formation. Je n'oublie pas ses multiples conseils-services.

A M. ALHADJI ABOUYA pour son soutient moral et ses conseils durant mon stage.

A M. Joseph WEY à la station polyvalente de l'IRAD Garoua pour son accueil et sa participation au démarrage de ce stage.

A Mlle. ODETTE et M. BOUBA « Laïndé karéwa » qui ont facilité mes travaux de terrain et mon intégration dans le terroir de Laïndé Karéwa.

A mes frères, soeurs et amis suivants : Hamza B., Younous B., Adoulay B., El Djima B., Djibrilla Haman, Maïmouna Adoum, ABAKAR Malloum, Moussa Ali, Ahmat timan, Mahamat dodo, Anouar djidda, Klamon Haktouin, M. Daouda, la famille ALhadji Moussa à Pouss, Hamidou Bouba, Ibrahim Mamoudou, Alioum mana, Ousmanou Demba, Achak Ramo, « DJEDDO » et à tous mes camarades de la onzième promotion de la FASA en particulier à Yana Yana Bernard, Soun soun Nina, Edima Vondo Ninon, Kadry Adama, Tize Koda, Enongéné Ebong, Fongang Barthélémy, Nguimkeng F.(Tchesko), Biambé Alain, Aliou Moussa, Djeïnabou Moussa, Adama Moussa, Fadimatou Moussa (Tiffany), Aïssatou Amadou.

Je dédis ce Mémoire à ma mère MAÏMOUNA YOUNOUS, ma soeur
ADAMA BORGOTO et à toute la famille DJIMET BORGOTO

TABLES DES MATIERES

Liste des tableaux xiiListe des figures xiiiListe des abréviations xv

CHAPITRE I : INTRODUCTION 1

1.1 Généralités 1

1.2 Contexte et Problématique 2

1.3 Objectifs 3

1.4 Importance de l'étude 4

1.5 Limites de l'étude 4

CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE 5

2.1 L'Espace 5

2.1.1 Définition 5

2.1.2 Organisation de l'espace 5

Définition 5

Gestion de l'espace et des ressources naturelles 6

Etudes sur la dynamique spatiale 9

2.2 Relations Agriculture-élevage 11

2.2.1 Relation de concurrence 12

2.2.2 Relations de complémentarités économiques 13

2.3 Bas Fond et Bassin Versant 14

2.3.1 Définition 14

2.3.2 Morpho pédologie du Bas Fond 16

2.3.3 Hydrologie du bas fond 18

Alimentation en eau 18

Les crues 18

La dynamique des nappes 18

Eléments de caractérisation physiques du bas fond 18

Eléments de fonctionnement hydraulique du bas fond 21

2.4 Aménagement Hydro agricole 22

2.4.1 Définition et principe 22

2.4.2 Aménagement biologique 23

Les bandes enherbées 23

Plantation d'arbres 23

2.4.3 Types d'aménagements du bas fond en zone sahélienne 24

Le surcreusement des mares ou mares artificielles 24

Les petits barrages 24

Les digues filtrantes 25

Les biefs 26

CHAPITRE III : MATERIELS ET METHODES 28

3.1 Présentation de la zone d'étude 28

3.1.1 Localisation du terroir 28

3.1.2 Le milieu physique et humain 29

3.2 Examen du mode actuel d'organisation de l'espace 32

3.2.1 Diagnostic d'organisation actuelle de l'espace exondé 32

3.2.2 Diagnostic d'organisation actuelle du bas fond 33

3.3 Examen de l'état actuels des Pistes et identification des espaces

conflictuels 42
3.4 Proposition d'Amélioration d'organisation de l'espace et Scénarios

d'évolution 43

CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSIONS 44

4.1 Mode actuel d'organisation de l'espace 44

4.1.1 Mode actuel d'organisation de l'espace exondé 44

Caractéristique des éléments de la morphologie agraire 46

Logiques d'organisation de l'espace agropastoral exondé 50

4.1.2 Mode actuel d'organisation du bas fond 53

Caractéristiques physiques du bas fond 53

Fonctionnement hydrologique du bas fond 59

Plan parcellaire du bas fond : mode d'exploitation actuelle 63

4.2 Etat actuel de la piste à bétail du village et identification des espaces

conflictuels 78

4.2.1. Etat actuel de la piste à bétail du village 78

Objectifs d'exploitation de la piste 78

Les dimensions et ouvrages d'entretien 78

4.2.2 Les zones de conflits agropastoraux le long de la piste 80

Types et Causes des conflits 81

Possibilités d'amélioration de la gestion des pistes à bétail 85

4.3 Propositions d'amélioration de l'organisation de l'espace et scénarios d'évolution 86
4.3.1 Propositions d'amélioration du mode d'organisation actuel de

l'espace 86

4.3.2 Scénarios d'évolution 89

CHAPITRE V : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 92

5.1 Conclusions 92

5.2 Recommandations 93

BIBLIOGRAPHIE. 95

ANNEXE 1 98

ANNEXE 2 99

ANNEXE 3 101

ANNEXE 4 102

LISTE DES TABLEAUX

Tableaux

Pages

3.1

Effectifs des ménages en fonction du groupe ethnique

32

4.1

Paramètres géométriques du bas fond

54

4.2

Paramètres du degré de développement du réseau hydrographique

56

4.3

Débit maximal des sites 1 & 2

60

4.4

Principales techniques et pratiques culturales dans le bas fond

71

LISTE DES FIGURES

Figures Pages

2.1 Modélisation des rapports entre le système rural et l'espace9

2.2 Démarche d'analyse des rapports entre l'organisation spatiale et la gestion des

ressources renouvelables 10

2.3 Bassin versant. 15

2.4 Bassin versant et bas fond 16

2.5 Différenciation morpho pédologique d'amont aval du bas fond 17

2.6 Ordre des cours d'eaux 20

2.7 Eléments hydrauliques d'un cours d'eau 22

2.8 Digue filtrante 25

2.9 Plan d'un bief 26

3.1 Localisation du terroir de Laïndé Karéwa 28

3.2 Variation inter mensuelle de la pluviométrie de la zone 30

3.3 Implantation des courbes de niveau 35

3.4 Principe de nivellement par rayonnement 36

3.5 Principe de recherche des points de visée 37

3.6 Mesure de débit volumétrique 38

3.7 Paramètres d'un canal rectangulaire 39

3.8 Profondeurs des puits et méthode de mesure de la nappe 41

4.1 Paysage agraire du terroir de Laïndé Karéwa 44

4.2 Réseau des pistes d'exploitation 49

4.3 Réseau hydrographique du bas fond de Laïndé Karéwa 55

4.4 Courbes de niveau et Modèle numérique de terrain du bas fond 57

4.5 Vitesse de montée (Juillet-Septembre) de la nappe dans les puits 62

4.6 Répartition spatiale des principales cultures recensées en 2008 64

4.7 Répartition spatiale du statut foncier des exploitants du bas fond 65

4.8 Parcelle de canne à sucre inondée et agrandissement du canal 68

4.9 Calendrier de production de la canne à sucre 70

4.10 Répartition spatiale des types des parcelles 72

4.11 Variation du niveau de la nappe dans les puits suivant le profile en long du bas fond (Septembre 2008) 74

4.12

Parcelles de canne à sucre détruites par l'érosion par ravinement

77

4.13

parcellaire des zones conflictuelles sur la piste à bétail

80

4.14

Violation des bornes (limites de la piste à bétail) par les parcelles

82

4.15

Boeuf dans une parcelle cultivée lors du pâturage sur les jachères

82

4.16

Proportion des cas de manifestation de conflits agropastoraux

84

LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES

ARDESAC : Appui à la Recherche Appliquée aux Développement des Savanes d'Afrique Centrale

CDD : Comité Diocésain pour le Développement de Maroua-Mokolo

CES : Conservation des Eaux et du Sol

CIRAD : Centre International de Recherche Agricole pour le Développement CSCV : Cultures Sous Couverture Végétale

CTA : Centre de Coopération Technique Agricole

DPGT : Développement Paysannal et Gestion de Terroirs

ESA : Eau Sol Arbre

ETP : Evapotranspiration Potentielle

F.A.O : Organisations des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FIT : Front de convergence Inter Tropical

GDRN : Gestion Durable des Ressources Naturelles

GRN : Gestion des Ressources Naturelles

IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le Développement

L.K : Laïndé Karéwa

MEADEN : Mission d'Etude pour l'Aménagement et le Développement de la Province du Nord

MNT : Modèle Numérique de Terrain

M1NEF : Ministère des Eaux et des Forêts

PDOB : Programme de Développement de l'Ouest Bénoué

PRASAC : Pôle Régional de Recherches Appliquées aux Savanes d'Afrique Centrale PVC : Polyvinyle de Chlorure

SODECOTON : Société de Développement Cotonnière

SIG : Système d'Information Géographique

THR : Très Haute Résolution.

CHAPITRE I : INTRODUCTION

1.1 Généralités

Le milieu rural en Afrique subsaharienne a toujours servi comme lieu de production (ravitaillement), de refuge, de récréation et de loisirs aux villes riveraines. L'essentiel de la production agricole et animale provient directement de cette zone où se trouve l'important des ressources naturelles (eau, végétation et terre). Ces dernières, avec la forte variabilité annuelle et spatiale de la pluviométrie et la croissance démographique actuelle, estimée à 3,5 % en zone sahélienne (Bode, 2004), subissent des exploitations intenses qui conduisent à des déséquilibres écologiques (disparition de la faune, réduction du pâturage et de la végétation, épuisement du sol) souvent irréversibles. Ces différents déséquilibres rendent vains les efforts des populations, affaiblissent leurs relations et contribuent à la dégradation de la situation alimentaire et économique dans ces milieux.

Au Nord Cameroun, selon Barbier et al., (2002), les diagnostics sur l'agriculture dressent généralement un tableau relativement pessimiste des évolutions en cours : Sous la pression croissante des populations (entre 2 et 3 % par an dans les zones rurales), les écosystèmes sont en voie de dégradation rapide. Les producteurs, en général peu réceptifs aux thèmes techniques, pratiqueraient une agriculture minière, dégraderaient les sols et épuiseraient les ressources en bois, eau et pâturages (Barbier et al, 2002). Ces comportements, pour Djoumessi et al., (2007), sont à l'origine des tensions et de concurrence sur l'espace dans le terroir de Laïndé Karéwa.

Pour favoriser la gestion concertée des ressources naturelles dans certains terroirs d'Afrique centrale, le projet d'Appui à la Recherche et au Développement des Savanes d'Afrique Centrale (ARDESAC) a initié la mise en place des plates formes de concertation. Elles sont considérées par Bechir et Baoutou (2007), comme des situations dans lesquelles plusieurs acteurs sociaux négocient, définissent et garantissent entre eux un partage équitable des fonctions, droits et responsabilité de gestion d'un territoire, d'une zone ou d'un ensemble donné des ressources naturelles. Ce sont des approches participatives de gestion faisant appel à plusieurs partenaires à rôles variés et qui tendent généralement vers les objectifs de protection de l'environnement. Ces approches selon la FAO (1995), favorisent la prise en charge effective par la population, des

opérations de restauration et de développement du terroir. Cependant, parmi les multiples actions entreprises dans ce cadre par le projet (ARDESAC), peu d'entre elles se sont intéressées à des questions relatives à l'organisation de l'espace pour comprendre certaines logiques paysannes et leurs influences dans le processus de concertation.

Dans ce sens, Véron et Roque (1997), soulignent que : « Depuis quelques années, les coopérations pluridisciplinaires se sont beaucoup imposées dans des travaux qui abordent les questions relatives à l'eau, à l'air, aux déchets, aux transports, voire à la biodiversité ou au paysage. Très peu s'intéressent à l'espace en tant que tel alors que, dans le même temps, l'expression "gestion de l'espace", entendue avec une multitude d'acceptations implicites, rencontre un grand succès ». Objet de tension entre les communautés d'usagers, la source précise que l'espace est en train de devenir une ressource limitée pour laquelle se posent des questions de répartition et de renouvellement (Véron et Roque, 1997).

C'est dans cet esprit que la présente étude cherche à comprendre certains modes paysans d'occupation de l'espace et leur influence sur la Gestion Durable des Ressources Naturelles (GDRN) et d'aménagement agropastoral. Pour cela, elle analysera les deux logiques d'interventions des exploitants dans le terroir de Laïndé Karéwa : celles de l'espace exondé et celles du bas fond.

1.2 Contexte et Problématique

Dans les terroirs du projet ARDESAC, le processus de GDRN par la mise en place des plates formes de concertation ne se fait pas sans contraintes. La participation des agriculteurs et des éleveurs dans ces terroirs, reste encore non effective. Dans un contexte de saturation foncière où les relations agriculture-élevage sont conflictuelles (problème d'accès à la terre, à l'eau, mise en culture des pâturages et des pistes à bétails), le déroulement de ces plates formes est sérieusement entravé. Celles-ci tendent pourtant à concilier les points de vue des acteurs sur les mesures à prendre en compte pour développer des techniques durables d'exploitation commune des ressources naturelles.

Suite à la densification de la population (migration, élargissement de la famille), la sédentarisation des éleveurs, l'augmentation du cheptel villageois et la baisse de fertilité du sol, l'espace à Laïndé Karéwa subit une pression croissante tant par les

agriculteurs que par les éleveurs. Les conflits liés aux limites des parcelles de cultures, aux dégâts sur les cultures causés par les animaux etc. se manifestent d'avantage. En raison de leur étroitesse des pistes à bétail, pour les éleveurs, il devient presque impossible d'accéder à l'eau ou au pâturage sans que l'animal ne puisse causer des dégâts aux cultures. Il ressort alors, selon Tchobsala et al., (2008) que c'est le manque de terre qui est à l'origine de tous ces problèmes soulevés. A cause de ces tensions, pendant la phase d'animation de la plate forme, des tentatives de rapprochement des acteurs n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente. Ce qui a carrément rompu le processus de concertation lequel sans une solution adaptée restera encore à sa phase initiale. Dans le souci de faciliter la mise en place de cette plate forme et dans une perspective d'aménagement agropastoral, la présente étude a été initiée pour comprendre les logiques paysannes et identifier les alternatives techniques de valorisation des ressources naturelles.

En effet, le processus de prise de décision de gestion n'apparaît pas seulement dans le jeu d'intérêt des acteurs sur les ressources, mais aussi sur la manière dont s'organisent leurs activités autour de celles-ci. En l'absence d'alternatives techniques permettant une meilleure valorisation des ressources naturelles, leur gestion collective ne peut que buter sur des conflits graves pour l'accès au foncier, aux pâturages, aux forêts. Il est donc important selon certains auteurs, de faire le point sur les différentes alternatives disponibles, et sur les modalités de leur mise en oeuvre. Des initiatives locales de ce genre se sont traduites au Bénin par des avancées très significatives, ouvrant des perspectives novatrices de disponibilité durable de productions vivrières, de fourrages et de bois (Bilaz et Kane ; source : www.iram-fr.org ). C'est ainsi que Brunet (1990), cité par Dubiez (2006), affirme que : « Comprendre l'organisation d'un espace revient alors à en démêler l'organisation pour en chercher les structures fondamentales et, derrière celles-ci, les logiques sociales en oeuvre ».

1.3 Objectifs de L'étude

L'objectif global vise à contribuer à l'organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé. Pour l'atteindre, les objectifs spécifiques suivant ont été fixés :

> Examiner le mode actuel d'organisation de l'espace exondé et du bas fond pour

mettre en évidence leurs caractéristiques,

> Examiner l'état des pistes à bétail et identifier les zones de conflits agropastoraux

> Proposer quelques améliorations d'organisation de l'espace et discuter leurs scénarios d'évolution.

1.4 Importance de l'étude

Le terroir de Laïndé Karéwa vit un contexte particulier celui de sa saturation foncière caractérisée par une absence des terres de réserve. Cette étude, en exposant clairement son organisation spatiale, a permis d'apprécier le niveau de gestion actuelle de l'espace et de relever certaines contraintes à la concertation entre les exploitants. Dans ce sens, en ce qui concerne les pistes à bétail, l'étude a initié un processus participatif de réhabilitation des pistes capable de favoriser le rapprochement des exploitants agricoles et pastoraux.

L'aspect technique de ce travail a permis au projet d'enrichir sa vision des faits pour améliorer le processus de plate forme de concertation et même de s'engager vers une démarche plus globale qu'est la gestion du terroir. Les données sur le potentiel du bas fond et son mode d'exploitation ont permis de considérer cet espace comme ressource alternative (alternative technique) capable de valoriser les ressources naturelles (eau, sol, main d'oeuvre) et de réduire la pression humaine sur l'espace agricole exondé.

Pour la population, l'étude a permis de mettre en évidence leur demande d'aménagement du bas fond auprès du projet ARDESAC.

1.5 Limite de l'étude

Les limites à signaler dans cette étude sont relatives au temps et aux conditions de travail sur le terrain. Le diagnostic technique fait dans le bas fond reste à compléter. Il n'est pas exhaustif et l'état de deux autres pistes à bétail reste à informer. Nos activités n'ont pas pu approfondir l'aspect de conception d'ouvrage pour l'aménagement du bas fond. Lors des travaux de mesures, de levés topographiques et levés au GPS du bas fond qui ont servi à compléter sa caractérisation, les parcelles n'étaient pas facilement accessibles. Dans certains cas, les points à lever se localisent dans des touffes d'herbes où logent le plus souvent des reptiles. Ce qui constitue un danger majeur au déroulement des travaux et une source d'erreur de lecture ou de positionnement des appareils.

CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE

2. 1 L'Espace

2.1.1 Définition

La notion de l'espace, suivant les disciplines scientifiques, est très variable. Pour Véron et Roque (1997), elle s'appuie, avec la géologie, la géomorphologie et l'hydrologie, sous l'angle de l'étendue des phénomènes considérés. Avec la démographie ou l'économie, les auteurs remarquent que l'accent est mis sur la répartition des objets ou bien sur l'effet de distance. Alors que la géographie, qui est par définition une science de l'espace, de son organisation, de sa logique et de ses dynamiques, observe l'espace comme un objet d'étude en soi. C'est avec l'agronomie et l'écologie que la notion de qualité de l'espace comme la fertilité et la biodiversité apparaît. La notion d'écologie permet de donner une meilleure compréhension des relations fonctionnelles existant entre les êtres vivants et leur milieu et de proposer, pour un écosystème donné, les règles de gestion et les techniques permettant d'assurer la conservation de ces propriétés (Véron et Roque, 1997). En relation avec l'homme, Pinchemel et Pinchemel (1988), perçoivent l'espace humain, comme celui crée par les hommes, caractérisé par sa polarité et centralité (l'habitat), son dimensionnement (mesure de toute chose par rapport à l'envergure, sature, regard, sons de l'homme etc.) et son organisation (structure, état de fonctionnement, ordre). Ils définissent dans le même sens le paysage, comme « une portion de territoire vue par un observateur, où s'inscrit une combinaison des faits et des interactions dont on ne perçoit à un moment donné que le résultat global » (Pinchemel et Pinchemel, 1988). Ces différentes définitions nous amènent à considérer l'espace de manière générale sous l'angle de résultats de l'action de l'homme sur une portion de la surface terrestre.

2.1.2 Organisation de l'espace

2.1.2.1 Definition

Organiser, c'est doter d'une structure, mettre en état de fonctionnement, c'est-à-dire ordonner, disposer d'une séquence logique et hiérarchisée. L'organisation de l'espace est une spatialisation ou mise en espace, la socialisation de la surface de la terre (Pinchemel et Pinchemel, 1988). Pour les mêmes auteurs, la création de l'espace est

avant tout oeuvre collective, produit d'une société, et destiné à son usage. La mise en espace de la surface terrestre produit des formes, une morphologie spatiale (forme du sol, formes volumétriques) qui se relient à la fonction à travers la technique. Ils mentionnent que l'organisation de l'espace comporte plusieurs processus d'intervention que sont :

- le peuplement ;

- l'appropriation du sol (individuelle ou collective)

- la gestion (fonctionnement politique et administrative à travers la division de l'espace) ;

- l'exploitation et l'utilisation du sol ;

- l'établissement des réseaux de relation.

2.1.2.2 Gestion de l'espace et des ressources naturelles

Définie comme un ensemble d'outils et de savoirs techniques mis en oeuvre par un individu ou un groupe ayant une capacité de décision (Teyssier, 2002), la gestion permet de rendre cohérent le fonctionnement d'un système donné. Suivant l'idée de Pinchemel et Pinchemel (1988) qui supposent que : « C'est en créant l'espace que les hommes s'introduisent dans les milieux naturels. Il importe donc d'analyser d'abord les composantes de cet espace humain », l'analyse du processus de gestion de l'espace peut permettre de comprendre son organisation et sa dynamique au sein d'un territoire.

Véron et Roque (1997), définissent la gestion de l'espace comme une construction sociale destinée à assurer la permanence et le renouvellement des propriétés fonctionnelles (biologiques et/ou sociales) dont l'espace est porteur et dont la rareté lui confère une valeur.

> Evolution du processus de gestion de l'espace

Dans leur article, Véron et Roque (1997), recensent quatre figures ayant marqué les interventions institutionnelles en matière de gestion de l'espace. La première figure, celle de la protection avait pour principe d'isoler un espace et lui appliquer un régime spécifique de limitation d'usage afin de le soustraire aux acteurs économiques (restauration des terres en montagne, réserve naturelle et parcs nationaux). La deuxième, celle de l'aménagement, comme la protection, vise directement l'espace mais, cette foisci, comme moyen destiné à intervenir sur les acteurs économiques avec une perspective d'organisation, afin de faciliter l'exercice des activités ou leur répartition sur le territoire. Elle a donc peu à voir avec la gestion de l'environnement. La troisième figure,

celle du développement ne touche que de loin l'espace et ses propriétés environnementales ou sociales. Il est indirectement concerné par les retombées des interventions, notamment par les zonages réalisés pour la localisation de ces droits comme dans le cas des indemnités compensatoires de handicaps naturels. Si elles ne font pas totalement abstraction de l'espace, ces politiques ne le prennent en considération que dans son rôle de réceptacle des activités. La dernière figure, celle de la gestion, a connu un essor récent. Prolongeant la figure du développement, elle consiste à intervenir volontairement sur l'espace, dans une perspective de valorisation de ses propriétés, en passant délibérément par les acteurs économiques afin de connecter le développement des activités avec une mise en valeur durable. Selon l'auteur, avec la promotion des normes et des labels négociés et surtout avec la multiplication des conventions de gestion à la fin des années 80 dont les contrats agri-environnementaux sont l'exemple le plus répandu, la figure de la gestion permet de retisser les liens entre les acteurs du développement et leur espace d'implantation (Veron et Roque, 1997). Le concept de gestion de terroir est né sans doute de cette perspective.

> Gestion des terroirs

Le concept est défini par certains auteurs comme la prise de décisions sur les activités relatives à l'exploitation, à l'aménagement des ressources naturelles et humaines et à l'exécution de ces décisions par les populations dans un espace géographique donné (PPA, 2000). Selon Teyssier (2002), aucune « méthode-type >> n'aurait la prétention de donner une définition universelle du concept. Néanmoins, cette démarche obéit aux principes communs suivants :

- la gestion du terroir est une stratégie de développement sur un espace limité, - la gestion du terroir fait référence à une intervention locale,

- les usagers du terroir sont considérés comme les maîtres d'oeuvre des interventions immédiatement ou à terme.

Le schéma d'une approche de « gestion de terroir >> selon les mêmes auteurs, peut se présenter en quatre phases que sont :

i. la phase de connaissance de l'espace et de la société

Pendant cette phase, en dehors du zonage, les photographies aériennes et les images satellites interprétées à l'aide de système d'information géographique (SIG) comptent parmi les outils nécessaires à ce travail de cartographie de synthèse.

ii. La phase de programmation

Elle doit aboutir à la réalisation d'un plan de développement qui hiérarchise les priorités d'interventions et les besoins en financement, c'est-à-dire un schéma d'aménagement.

iii. La phase de réalisation

En respectant le schéma d'aménagement, les opérations de gestion de terroirs seront mises en oeuvre. Les engagements de chaque partie (projet, utilisateurs, services administratifs) seront définis et formalisés par contrats ou convention.

iv. Phase de suivi-évaluation

Elle doit entendre les réactions des usagers du terroir sur des actions en cours et de rapporter les impacts sociaux et économiques.

Le terroir aide à la compréhension du fonctionnement des sociétés rurales. Son étude et sa représentation sur une carte mettent à la disposition de l'agent de développement la photographie d'une situation agraire à une période donnée.

> Gestion des Ressources Naturelles (GRN) et approche participative

Teyssier (2002) définit la GRN comme « un ensemble de décisions qui sont prises pour exploiter les ressources naturelles, en réglementer l'accès, les modes de prélèvement et de mise en valeur. Ces décisions sont prises individuellement ou collectivement par ceux qui vivent sur cet espace, qui y ont accès ou qui ont un droit d'usage ». La FAO (1995), remarque que vers les années 1970, avec l'aide de la communauté internationale, beaucoup des projets exigeants des investissements importants ont été mis en place. Ces derniers privilégiant les aspects techniques, étaient conçus en dehors des conditions locales du milieu et sans prise en compte ni des besoins des populations ni des modes traditionnels d'exploitation. Ces comportements n'ont permis ni d'inverser ni de stopper le processus de dégradation des ressources forestières. C'est ainsi qu'à l'heure actuelle, la plupart des politiques environnementales ou de gestion des ressources naturelles et /ou forestières prônent la participation des populations locales comme principes de base. Suite à des multiples expériences dans plusieurs pays (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger), ces méthodes ont été formalisées sous forme d'une méthodologie connue sous le nom d'approche participative. Appliquée à la GRN, cette approche doit être considérée comme un outil qui favorise la prise en charge effective par l'ensemble de la population d'un village des actions de restauration et de développement du terroir (FAO, 1995).

Ainsi, dans le contexte de la décentralisation, le terroir constitue un niveau particulièrement pertinent pour étudier la gestion des ressources naturelles par les collectivités territoriales.

2.1.2.3 Etudes sur la dynamique spatiale

Dans

l e

l' auteur, l'analyse de la gestion des ressource s naturelles r ural, nécess ite une art iculation e ntre le fon ctionnement

s ressource

son article, Denise (1 9 97) menti onne que le s sociétés rurales organisent la
mise en valeur de leur territoire par secteurs de production qui se différencient tant par
s naturell e s qu'ils produisent que par le ur mode d'exploitation. Pour
renouvelables sur un territoire
du systè me rural et l'espace

dan s lequel il s'inscrit ( fi gure 2.1).

So urce : Denis

Figur e 2.1 : Modélisation des rapports

e (1997)

entre le système rural et l'espace

s complémentaires.

(biophysi ques, techniques et

, des princ ipes d'organisation sp atiale au

Pour cela, l' auteur propose une démarche a s sociant deux analyse L'une qui va du fonctionnement des sous -systèmes s ociaux) à l eur inscription spatial e, et l'autre fonctionnement du système rural ( figure 2.2).

Source : Denise (1997)
Figure 2. 2 : Démarche d'analyse des rapports entre l'organisation spatiale et la
gestion des ressources renouvelables

Le point de départ de la démarche, co mmun aux deux types d'analyse, e st un état des lieux du territoir e. Celui-c i est réali sé par analyse des paysages, analyse c artographique, analyse de statistiques spati ales. Cet état permet de déterminer, par l' observation de terrain, les diffé rentes inscriptions sp atiales et l eur fonctionnement re spectif. L' expérience enseigne par exemple que tel arbre a besoin d'humidité et de sols p rofonds pour être vi goureux et qu'il ne pousse pas au-dessus de tant de mètres d' altitude. C ette connai ssance écol ogique permet de connaître la localisation p otentielle de l'arbre sur le territ oire et de formuler des hypothèses sur sa répartition spatiale. Denise (1997 ) précise que l'intégration de ces deux analyses complé mentaires p ermet de relier des motifs d'organisation sp atiale à des systèmes de mise en valeur du territoire. Le squels sont détermin és par des paramètres biophysiqu es et sociaux. Ce qui donne du s ens à ces motifs spati aux. Il conclut que dans une perspective de gestion durable du territoire qui nécessite l 'intégration des compétences disc iplinaires, une prise en compte des dynami ques spatial es permet d'expliciter des principes de mod élisation de la mise valeur de l'espace : processus b iophysique s et humain s, événeme nts et conséquences spatiales (Denise 1997).

en

Dans le même esprit, Toilli er (2008), souligne que dès 1 998, Madagascar a p rivilégié le s zonages, pour assurer le transfert de gestio n des ressources naturelles aux

populations locales. Mais ceux-ci sont conçus uniquement sur des préoccupations d'exploitation et de conservation de la ressource forestière. Les logiques d'occupation de l'espace par l'agriculture et l'élevage ne sont pas prises en compte. Les nouveaux modes de gestion ne correspondaient pas forcément aux modèles locaux préexistants. Par son étude, Toillier (2008) se propose alors de remettre au centre des préoccupations, les logiques d'occupation de l'espace par l'agriculture et de construction de ces territoires agri-forestiers. Elle suggère que la gestion et l'aménagement du territoire pourraient être des approches de résolution de l'antagonisme apparent entre les deux orientations environnement et développement. Ce qui l'amène à remarquer deux constats qui reconnaissent la nécessité de s'intéresser au contexte spatial des zones à protéger :

i) les forêts constituent l'un des éléments du paysage qu'il faut donc voir ces zones non pas comme des îlots mais comme les éléments d'un réseau

ii) les systèmes agraires et les écosystèmes forestiers sont reliés par des questions sur le sol et l'eau, sur la définition de concepts d'habitat, d'écosystème, de paysage.

Il s'agit donc pour Toillier, (2008) de s'intéresser à la gestion collective d'un territoire pour maîtriser un problème environnemental par une organisation de systèmes de culture dans un espace aménagé. L'approche spatiale a été choisie par l'auteur pour comprendre les logiques d'organisation des systèmes agraires locaux et discuter de leurs perspectives d'évolution. Sa démarche met un accent particulier sur la géographie rurale et l'agronomie pour comprendre le mode d'organisation et de gestion territorial. La source souligne à cet effet que la question de la compréhension des pratiques agricoles en liaison avec un problème environnemental se situe à l'interface entre géographie et agronomie. L'espace est traité comme support et conséquence des pratiques mais son rôle spécifique dans la gestion des ressources renouvelables reste à approfondir.

2.2 Relations Agriculture-Elevage

Traiter du problème des relations agriculture-élevage selon Landais et Lhoste (1990), est une nécessité puisqu'il est évident que l'avenir des sociétés pastorales africaines dépend directement de l'évolution de ces relations. Donc, les problèmes y afférents à celles-ci sont à l'évidence des problèmes d'avenir. En pratique, selon la

source, deux types de relations apparaissent particulièrement importants. Ce sont les relations de concurrence et de complémentarité économique.

2.2.1 Relation de concurrence

Les relations de concurrence entre l'agriculture et l'élevage sont relatives à l'allocation des principaux facteurs de production agricole (la terre, capital et travail). En général, elles ont une dimension technique importante. Le principal problème est celui de la concurrence pour l'espace qui se pose en des termes variés dans les régions sahéliennes et soudaniennes selon les contextes locaux : aménagements hydrauliques, développement des surfaces cultivées, implantation de cultures nouvelles (cultures industrielles), etc. D'une façon générale, l'évolution de ces contextes conduit à des restrictions brutales ou progressives de l'espace pastoral, à son émiettement spatial qui entraîne des difficultés croissantes pour la circulation des animaux et l'accès aux ressources fourragères (Landais et Lhoste, 1990). Dans ce sens, Awono et al., (2002) soulignent qu'au Nord Cameroun ces vingt dernières années, l'accroissement des populations s'est accompagné d'une augmentation importante des cheptels d'élevage et des surfaces cultivées. La superficie pâturable est passée de 7 à 3,5 millions d'hectares et le cheptel bovin de 160 000 à 750 000 têtes entre 1974 et 1995, doit 96 000 bovins de trait aujourd'hui.

Dans un contexte de saturation foncière comme à Laïndé karéwa, les relations de concurrence entre l'agriculture et l'élevage (sur l'espace) conduisent à des situations de conflits ou de tensions permanentes. Car pour Landais et Lhoste (1990), la problématique de ces relations en Afrique rejoint souvent celle des rapports entre agriculteurs et éleveurs, pratiquant sur des espaces communs ou voisins des activités différentes. Les conflits agropastoraux identifiés le long des pistes à bétail dans le terroir d'étude sont des formes très fidèles de la dégradation des relations entre les principaux groupes d'acteurs. C'est dans la problématique des conflits agriculteurséleveurs que plusieurs cas d'intervention en matière de sécurisation foncière ont été constatés au Nord Cameroun vers 1985 et 1997. Ces interventions ont été l'oeuvre des deux opérateurs dont le Comité Diocésain pour le Développement de Maroua-Mokolo (CDD) et le projet de Développement Paysannal et Gestion des Terroirs (DPGT). Les expériences conduites par ces derniers sont respectivement la formalisation de transactions foncières et les actions de médiation (Teyssier et al, 2002). Par ces actions de médiations souligne l'auteur, le DPGT est intervenu sur la :

> Clarification foncière par des démarcations de terroirs (Dans la région de Touboro en 1985)

> Régulation des conflits agropastoraux par la préservation de parcours (en 1997 dans le lamidat de Tchéboa)

> Régulation foncière par anticipation de conflits et aménagement concerté du territoire (à Touroua)

Dans le cadre de la deuxième intervention, une action s'est engagée dès 1997 entre le DPGT et les notables de la chefferie de Tchéboa (sarkin saanu), arrondissement d'origine du village de Laïndé Karéwa. Elle devait identifier et statuer sur l'étendue des hurum (pâturage continu) et sur les pistes à bétail qu'il fallait préserver pour permettre le maintien des éleveurs face à la progression des espaces cultivés par les agriculteurs migrants (Teyssier et al, 2002). A cet effet, la même source indique que des négociations ont été menées par une commission composée de représentants des éleveurs, des villages migrants avoisinants, d'un animateur du projet et de notables de la chefferie chargés des questions d'élevage. Les décisions obtenues après débat ont conduit à une nouvelle réglementation. Ces dispositions sont matérialisées par un bornage des limites des hurum selon les trois étapes suivantes:

> le repérage des aires pastorales exploitées par les éleveurs dans le lamidat de Tchéboa;

> le levé des contours et une représentation cartographique de ces aires pastorales; > la rédaction d'une charte mentionnant les droits et devoirs des éleveurs utilisant ces pâturages et des agriculteurs voisins.

Au final, treize aires pastorales et plusieurs couloirs à bétail ont été négociés entre 1997 et 2001. Des chartes pour la préservation de ces espaces ont été rédigées pour servir de références lors d'arbitrages de conflits par la chefferie (Teyssier et al, 2002).

Cette vue d'ensemble relate ainsi le contexte de la création des pistes à bétail dans l'arrondissement de Tchéboa et donc dans le terroir de Laïndé Karéwa. Cependant la situation actuelle de la gestion de ces pistes reste à clarifier.

2.2.2 Relations de complémentarités économiques

L'élevage au même titre que l'agriculture joue un rôle important dans la reproduction des systèmes sociaux, économiques et culturels (Landais et Lhoste, 1990). Ce rôle est perçu à travers les fonctions suivantes qu'il remplit.

a) Fournitures d'aliments (protéines animales) :

La contribution qualitative de la viande, des produits lactés à l'équilibre protéique et lipidique des rations par ailleurs constituées principalement de céréales est tout à fait essentielle en termes de développement.

b) Contribution à la formation des revenus :

Cet apport est extrêmement variable. D'une façon générale, il est relativement modeste en zone soudanienne et il croît en mesure que l'on va vers le Nord. On a rarement évalué la productivité du travail dans le secteur de l'élevage, mais il est certain qu'elle est relativement élevée en moyenne. Le lait frais par exemple, à Laïndé Karéwa, est soit consommé entièrement au sein de la famille, ou soit vendu le plus souvent dans les marchés environnants, pour augmenter le revenu des producteurs (Aminou, 2007).

c) Epargne et capitalisation :

L'élevage assure la régularisation des flux monétaires aux ménages en différant l'utilisation des ressources en temps de soudure. La capitalisation quand à elle débouche sur l'investissement productif, qui concerne :

- le secteur de l'élevage lui-même, avec des taux de rémunération du capital généralement faibles en élevage extensif,

- le secteur agricole (équipement, financement de la culture attelée, achat d'intrants),

- des investissements alternatifs : construction «en dur», achat d'un véhicule, d'un fonds de commerce, d'un moulin artisanal, etc.

d) Sécurisation des systèmes de production :

Comme toute diversification, la combinaison de l'agriculture et de l'élevage est un facteur important de sécurisation des systèmes de production. Véritable réserve monétaire et alimentaire sur pied. La capacité de reproduction confère au troupeau par exemple, une aptitude à se reconstituer après une catastrophe, qui est son privilège et qui présente un autre facteur majeur de sécurité.

En vérité, ces relations de complémentarité sont primordiales. Ce sont elles qui sont évoquées par les paysans pour justifier la coexistence de ces activités (Landais et Lhoste, 1990).

2.3 Bassin Versant et Bas Fond

2.3.1 Définition

En hydrologie, le terme bassin versant (ou bassin hydrographique) désigne le territoire sur lequel toutes les eaux de surface s'écoulent vers un même point appelé

exutoire (figure 2.3). Ce territoire est délimité physiquement par la ligne suivant la crête des montagnes, des collines et des hauteurs du territoire, appelée ligne des crêtes ou ligne de partage des eaux (Gangbazo, 2004). Le bassin versant représente, en principe, l'unité géographique sur laquelle se base l'analyse du cycle hydrologique et de ses effets.

Source : Gangbazo (2004)
Figure 2.3 : Le bassin versant

Les bas fonds sont des portions amont des réseaux hydrographiques, dont le lit mineur est peu ou pas marqué. Ils sont submergés une partie de l'année par la concentration des ruissellements de surface et parfois par la remontée des nappes superficielles (CIRAD et GRET, 2002). Les bas fonds sont ainsi les têtes de réseaux hydrographiques. Ils s'inscrivent dans un bassin versant (figure 2.4) dont la superficie et le taux de ruissellement conditionnent les volumes d'eau qui le transite. Sa forme, ses pentes et sa végétation conditionnent les crues (Lavigne et al, 1996).

Source Figure 2.4

: Lavigne et al, (199 6)

: Bassin versant et bas fond

2 .3.2 Morp hopedologie du Bas Fond

Raunet (1985) distingue trois parties s oudano sahélienne que sont : la tê te, la partie

La tê te du bas fonds est souvent élargi e

un sol sableux et l'alté ration en place est proche de la surface. La affleure, s'écoule libre ment et disp araît rapidement après les crues. fait en napp e en suivant des che mins préférentiels marqués par la

p ellicules de surface.

Dans la zone am

apparaît au c e ntaille. Les

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entration des eaux

de cette

deviennent argilo-sableux et

et d'autre

contrôle

ont, une discrète entaille formée entre du profil transversal qui devient horizontal de part flancs so nt netteme nt concaves. Les sols quérir, si l e régime hydrique est assez contrasté, des caractères vertiques. Ces sols contiennent une part de matériaux issus des versants. On ne remarque pas d'alluvions. La nappe de surface inonde le centre du bas fond et pe ut persister en début de saison s èche. I1 e xiste généralement deux nappes superposé es dont une nappe p rofonde dans l'axe du bas fond située dans les altérites et alimente les fissures dans la roche mère. Une deuxième napp e d`eau libre saturante, plus te mporaire s e trouve p erchée dans la couche superficielle argilo-sableuse plus ou moins perméable. Le degré e t le temps d'inondation par les c rues dépend de la pente longitudinale et du

hydraulique aval. La violence des crues dépend du régime pluviométrique et de la perméabilité des versants.

En partie avale, le bas fond s'élargit, son profil transversal s'aplatit. Le cours d`eau est bien marqué et encaissé (figure 2.5). Il est bordé de discrètes levées alluviales. Un véritable remblai colluvio-alluvial de texture argilo-1imoneuse souvent colmaté et parfois à caractère vertique surmonte la couche sablo-gravillonnaire qui repose sur l'altérite. La présence des deux nappes superposées (décrites précédemment) est presque systématique. La nappe superficielle logée dans le remblai argilo-limoneux est alimentée par le cours d'eau et sa fluctuation est liée au régime des crues. Par rapport aux tronçons amont, le régime hydrologique se complique en raison de l`origine diversifiée des apports (pluie directe, ruissellement, crue, nappe générale, nappe perchée) et de leur décalage dans le temps. Le bas fond est généralement perméable en début de saison des pluies. Cette Perméabilité est induite par la végétation, l`activité de la méso faune et les fentes de retrait lorsque le sol a un caractère vertique. Le bas fond devient rapidement imperméable lorsqu'il est gorgé d`eau.

Source : CIRAD et GRET (2002)
Figure 2.5 : Différenciation morpho pédologique d'amont aval du bas fond

2.3.3 Hydrologie du bas fond

2.3.3.1 Alimentation en eau

L'alimentation en eau du bas fond est multiple. Elle concerne les pluies, les ruissellements, les écoulements hypodermiques, les nappes superficielles ou d'altérites, les remontées capillaires et éventuellement les sources.

2.3.3.2 Les crues

Lorsqu'une partie des précipitations ruisselle et atteint le bas fond, selon le volume en jeu, la morphologie du bassin versant, les pentes et la végétation, avec un débit supérieur à son débit de vidange, une crue se produit. Elle fait remonter le niveau de l'eau lorsque le bas fond est inondé. Une crue se décrit par son temps de concentration (décalage entre le début des pluies et celui de la crue), temps de montée (entre le début de la crue et le débit maximum), son débit de pointe et le temps de base (durée totale avant l'arrêt du ruissellement).

2.3.3.3 La dynamique des nappes

Sous le bas fond se trouvent, selon le substrat, un ou plusieurs aquifères superposés. Les nappes ne sont pas seulement des réservoirs d'eau, remplis par infiltration. L'eau circule dans le sol en fonction de la topographie des couches du sol, longitudinalement (vers l'aval du bas fond), et des zones hautes vers celles basses de la nappe. La dynamique de la nappe suit un rythme annuel (combiné avec des fluctuations courtes, en réponses aux épisodes pluvieux, pour les nappes superficielles). Le cycle des nappes est décalé par rapport aux pluies, de façon plus ou moins prononcée selon le type de la nappe et la conductivité hydraulique du sol (Lavigne et Camphius, 1997).

2.3.3.4 Eléments de caractérisation physique du bas fond

L'utilisation de caractéristiques physiques ou morphométriques a pour but de condenser en un certain nombre de paramètres chiffrés à l'intérieur du bassin versant (la fonction h = f (x,y) ; h altitude, x et y coordonnées d'un point du bassin versant). Trois types différents de paramètres morphométriques sont utilisés (Laborde, 2000). Ces facteurs, d'ordre purement géométrique ou physique, s'estiment aisément à partir de cartes adéquates ou en recourant à des techniques digitales et à des modèles numériques.

i.

Les caractéristiques géométriques

Elles concernent principalement la surface et la forme du bassin versant. La forme d'un bassin versant influence l'allure de l'hydrogramme à l'exutoire du bassin versant. Par exemple, une forme allongée favorise, pour une même pluie, les faibles débits de pointe de crue, ceci en raison des temps d'acheminement de l'eau à l'exutoire plus importants. En revanche, les bassins en forme d'éventail, présentant un temps de concentration plus court, auront les plus forts débits de pointe. Il existe différents indices morphologiques permettant de caractériser le milieu, mais aussi de comparer les bassins versants entre eux. l'indice de compacité de Gravelius (1914) KG , défini comme le rapport du périmètre P du bassin au périmètre du cercle ayant la même surface est le plus utilisé. Il est calculé par :

KG = P/2·vðA ou KG = 0.28*P/vA avec P en km et A en km2.

Les éléments de relief étudiés parmi les caractéristiques géométriques sont : la courbe hypsométrique (altitude en fonction de la surface du bassin), les altitudes caractéristiques (altitudes maximales, minimales et moyennes) et les pentes. Ces dernières sont relatives à la pente moyenne im, et l'indice de pente global Ig. Les formules correspondantes sont :

im = DxL/A Ig =D/l

Avec im [m/km], L : longueur totale de courbes de niveau [km], D : équidistance entre deux courbes de niveau [m],

A : surface du bassin versant [km2]

l : la longueur du rectangle équivalent.

ii. Les caractéristiques du réseau hydrographique

Le réseau hydrographique est constitué de l'ensemble des chenaux qui drainent les eaux de surface vers l'exutoire du bassin versant. Selon le support cartographique utilisé, on étudiera le réseau avec plus ou moins de détails : en photographie aérienne, on pourra déceler des thalwegs de très faibles extensions, tandis qu'on ne verra que les cours d'eau pérennes et importants sur une carte au 1/100 000ième. Le réseau hydrographique peut se caractériser par trois éléments : sa hiérarchisation, son développement (nombres et

longueurs des cours d'eau) et son profil en long (Laborde, 2000). La hiérarchisation du réseau consiste à chiffrer la ramification du réseau. Chaque cours d'eau reçoit un numéro fonction de son importance. Cette numérotation (figure 2.6), appelée ordre du cours d'eau, diffère selon les auteurs. Celle de STRAHLER est la suivante :

- tout cours d'eau n'ayant pas d'affluent est dit d'ordre 1,

- au confluent de deux cours d'eau d'ordre n, le cour d'eau résultant est d'ordre n + 1,

- un cours d'eau recevant un affluent d'ordre inférieur garde son ordre, ce qui se résume par : n + n = n + 1 et n + m = max (n, m).

Source : Adapté de Laborde (2000) Figure 2.6 Ordre des cours d'eau

Le degré du développement du réseau réfère à la connaissance de sa densité de drainage (Dd) définie comme la longueur totale du réseau par unité de surface du bassin, et de sa densité hydrographique (F) concernant le nombre des canaux d'écoulement par la même unité. En somme, les régions à haute densité de drainage et à haute densité hydrographique présentent en général une roche mère imperméable, un couvert végétal restreint et un relief montagneux. L'opposé, c'est-à-dire faible densité de drainage et faible densité hydrographique, se rencontre en région à substratum très perméable, à couvert végétal important et à relief peu accentué.

Le profile en long dans la plupart des cas, fait l'objet de relevé, soit par nivellement sur
le terrain, soit plus sommairement à partir des cartes topographiques. Les profils en long
permettent d'estimer la pente moyenne du cours d'eau. Cette pente moyenne sert surtout

dans l'évaluation des temps de concentration d'un bassin versant, ce temps de concentration étant lié à la vitesse de propagation des particules fines (Laborde, 2000).

iii. Les caractéristiques agro-pédo-géologiques

L'étude type de ces caractéristiques prend en compte trois principaux facteurs que sont : - la couverture du sol exprimée par la couverture végétale, les plans d'eau, les surfaces urbanisées et le coefficient de ruissellement ;

- la nature du sol marquée par sa structure et sa texture, elle influence par le potentiel gravitationnel du sol et dont sur la capacité de rétention d'eau ;

- la géologie du substrat influe indirectement sur l'évapotranspiration par l'effet thermique dû à la couleur des sols et par le développement de la végétation en fonction des sols.

2.3.3.5 Eléments de fonctionnement hydraulique

Du point de vue de l'aménagement trois composantes forment les éléments de fonctionnement hydrologique du bas fond : le lit majeur, lit mineur et la nappe phréatique. Ceux-ci pour Lavigne et Camphius (1997), constituent les principaux éléments hydrauliques (figure 2.7).

Le lit majeur a une géométrie qui découle de l'histoire géologique du bas fond. Il n'intervient que pour évacuer les importantes crues qui ne passent pas dans le lit mineur et assurer leur épandage. La largeur d'épandage dépend du débit de la crue et de la pente transversale du lit majeur.

Le lit mineur est le couloir préférentiel de circulation des débits, un lieu où l'eau circule le plus facilement, où elle rencontre le moins d'obstacle. Lorsqu'il est plein, il assure la recharge de la nappe phréatique, alors qu'il vidange les sols adjacents gorgés d'eau lorsqu'il est vide.

La nappe superficielle est un lieu de circulation et de stockage de l'eau à moyen et long terme. Elle a une géométrie qui suit celle du lit majeur qui lui donne naissance. Elle se développe dans deux types de matériaux (produits d'altération de la roche, sédiments déposés par l'eau) disposés en continuité sur la roche mère. Elle se caractérise par sa porosité, conductivité et la perméabilité.

Source : Burton (2001)

Figure 2.7 : Eléments hydraulique d'u n cours d'eau

1. Étiage ou b
3. Ligne des p

asses eaux et situation n ormale ; 2. Crue: fonte des neiges et forte précipitation lus hautes eaux : situation exceptionnelle ; 4. In ondation.

2.4 Aménage ment Hydro agricole

2 .4.1 Définition et principe

Lavigne et Camphius (199 7) définiss ent l'aménagement hydro agricol e du bas fond comme la modification de sa structure physique (o uvrages, di gues, cannaux) afin de modifier son foncti onnement hydrologique. Cette transformation vise à lever les c ontraintes que les ruraux renco ntrent dans leurs activités agric oles ou pastorales. CIRAD et GRET (200 2), souligne que : « Aménager les bas-fonds, c'est proposer aux p aysans qui le souhaitent des ouvrages, peu coûteux, mais efficace s et simples à gérer, p ermettant de modifier partielleme nt les flux hydriques afin de réso udre les principales c ontraintes qu'ils renco ntrent dans leurs modes d'exploit ation».

Dans les années 1980, une étude de factibilité des petits péri mètres et bas fonds a é té confiée à Euroconsult par la Mission d' étude pour l'Aménag ement de l a Vallée S upérieure de la Bénoué (MEAVSB). L'objectif de c ette étude est de proposer des aménagements capable s de créer l es possibilités d'empl oi aux paysans. Au final, deux types d'amé nagement o nt été retenus en fonction du site. Pour les petits périmètres dont s ept villages concernés , il a consi sté à amen er l'eau d' une source par des p ompes et canal, à pro ximité du périmètre e xploité. Av ec les bas fonds, un barrage a été retenu pour le stoc kage de l'eau dans le sol en sai son pluvieuse et son utilisation en saison s èche. (Euro consult, 19 87). Il a ét é réellement question de construire un barrage équipé

du déversoir et d'une écluse (fermeture). Le niveau d'eau est déterminé par la hauteur du déversoir et la saturation du sol par la mise sous eau du bas fond par la fermeture de l'écluse. Les critères de conception de cet aménagement étaient basés sur les points suivants :

> Calcul des besoins en eau (cas du mouskouari) : les paramètres calculés sont l'évapotranspiration actuelle par la méthode de Penman (Et) ; le coefficient cultural Kc (Oct-Fév) et l'évapotranspiration potentiel (ETP)

> Le volume d'écoulement minimum nécessaire : la quantité d'eau à stocker plus l'ETP en saison de pluie et les pertes.

> Le débit quinquennal de ruissellement utilisé est celle de la rive droite de la Bénoué.

> Le module d'assainissement

> Caractéristiques physiographiques des bas-fonds où seules les surfaces à pente assez faibles sont recommandées pour réduire le coût d'investissement.

2.4.2 Aménagements biologiques

Ce sont des dispositifs antiérosifs constitués de végétaux pérennes (graminées, arbustes, arbres, etc.).

2.4.2.1 Les bandes enherbées

L'installation spontanée des graminées pérennes est plus longue et plus difficile à obtenir dans les zones semi arides. Il est alors possible de semer ou de repiquer des graminées pour constituer rapidement les bandes enherbées. Cette technique est bien adaptée aux situations où la terre manque. Ainsi une double ligne de graminées pérennes peut constituer un ouvrage efficace contre l'érosion et n'occuper qu'une bande de terre de 80 cm de largeur. Pour renforcer ce type de dispositif, une ligne de graminées pourra être associée à une ligne d'arbustes épineux, généralement très résistants à la sécheresse et au passage du bétail (Djombaye, 2005).

2 4.2.2 Plantation d'arbres

Les arbres peuvent aussi constituer un frein à l'érosion dans les zones cultivées. Des lignes d'arbres ou arbustes sont implantées autour des champs pour constituer des brise-vent ou des haies vives. La plantation des arbres réduit localement l'intensité des pluies (Djombaye, 2005).

2.4.3 Types d'aménagements du bas fond en zone sahélienne

Le choix du type d'ouvrage ne se fait pas seulement en fonction des caractéristiques naturelles du site. Il est d'abord fonction du problème à résoudre et la finalité que lui donnent les paysans. Les contextes agro-climatiques et morphopédologiques du milieu doivent être pris en compte. Par un aménagement, on peut intervenir

- sur la forme des crues : épandage par submersion d'un seuil ou à travers des digues filtrantes, vidange accélérée, etc;

- sur le stockage en surface : en amont d'un ouvrage ou à la parcelle grâce au casiérage; - sur la dynamique de la nappe : accroître l'infiltration, réduire sa descente en fin de saison des pluies par des barrages souterrains ou en bloquant le lit mineur ; drainer pour rabattre la nappe.

2.4.3.1 Surcreusements des mares ou mares artificielles

La création de points d'eau permanents pour le bétail dans le bas fond est importante. Mais, vu l'ETP annuelle en zone sahélienne, le stockage d'eaux de surface implique des pertes énormes. Aménager une mare existante revient à faciliter son alimentation ou à accroître sa capacité de stockage. Pour les mares qui se sont envasées, un curage manuel ou au bulldozer permet d'accroître la profondeur et éventuellement la surface. Une protection amont, par digues filtrantes par exemple, est souvent nécessaire. La capacité de stockage peut être accrue par une digue aval, qui permet aussi de stocker les déblais sortis de la mare. Mais la mare ne sera permanente que si l'on atteint la nappe (ce qui n'est pas toujours possible), ou si la hauteur d'eau stockée dépasse les pertes. Les mares artificielles (ou boulis) sont des dépressions surcreusées. Elles sont alimentées en hivernage par dérivation des crues du lit majeur. Leur profil est beaucoup plus encaissé que les mares naturelles. Il faut atteindre une profondeur supérieure à la hauteur de l'évaporation, qui peut être freinée en limitant la surface à l'air libre et en végétalisant la digue (CIRAD et GRET, 2002 ; Lavigne et Camphius, 1997).

2.4.3.2 Les petits barrages

Les petits barrages sont des retenues de 3 à 4 m de hauteur, visant à constituer un stockage d'eau en surface et non plus en profondeur. Ils peuvent être en béton, en terre compactée, en gabion, ou mixtes. Un ouvrage en terre implique un déversoir partiel bétonné ou en gabions, capable d'évacuer la totalité de la crue. Les petits barrages

nécessitent des calculs hydrauliques complexes. Ils sont destinés à créer un point d'eau permanent, la hauteur stockée dépassant les pertes par évaporation. Dans la réalité, c'est rarement le cas. Les intervenants de développement sont aujourd'hui souvent réticents face à cette technique, coûteuse et à l'impact productif incertain. En sols peu filtrants, il ne faut cependant pas négliger l'impact sur la recharge des nappes d'un stockage d'eau de surface, même temporaire. Les petits barrages sont une option technique à réserver à des cas spécifiques : site favorable, enjeu de recharge de nappe, possibilité de valorisation agricole du fait de l'existence de dynamiques maraîchères ou de proximité urbaine, etc. (CIRAD et GRET, 2002 ; Lavigne et Camphius, 1997).

2.4.3.3 Les digues filtrantes

Constituées de pierres libres, éventuellement renforcées par des gabions, les digues filtrantes sont construites perpendiculairement à l'axe du bas fond ou en courbes de niveau, pour ralentir et étaler les flux de ruissellement (CIRAD et GRET, 2002). Elles visent à ralentir et étaler les flux de ruissellement dans le bas fond afin de favoriser l'infiltration en amont de la digue et de bloquer les sédiments emportés par l'érosion des versants (figure 2.8). Ce qui permet de combler une ravine et d'éviter la dégradation des parcelles amont et d'améliorer les conditions culturales. Un bas fond s'aménage par une série de digues, de façon à ce que la base de l'une soit à la cote du sommet de l'autre (Lavigne et Camphius, 1997). La même source précise que la hauteur des digues (au centre) varie entre 0.5 à 2 m maximum, leur longueur ne dépasse pas 100 à 200 m. La surface contrôlée dépend de la topographie, mais elle varie de 0,5 à 2 ou 3 ha. Les digues filtrantes sont donc des ouvrages parcellaires. Elles s'adaptent aux limites des parcelles. Cependant, elles ne permettent aucune gestion réelle de la lame d'eau. Lorsqu'une crue arrive, elles inondent toutes les parcelles amont tant que la réserve n'est pas vidangée.

Source : CIRAD et GRET, (2002)
Figure 2.8 Coupe d'une digue filtrante

2.4.3.4 Les biefs

Le bief est un micro barrage de retenue d'eau temporaire destiné à favoriser l'infiltration de l'eau dans le sol. Le mot a été introduit dans la zone septentrionale du Cameroun en 1984, pour contourner la législation sur les barrages. Ce nom s'est fait faute de trouver un mot approprié désignant à la fois un ouvrage de retenue temporaire et de recharge des nappes (Djombaye, 2005).

Les micros barrages sont construits en fonction d'objectifs résumés selon l'auteur comme suit :

> Arrêter l'eau en un endroit pour constituer une réserve d'eau de surface, permanente ou temporaire.

> Arrêter l'eau ou la ralentir en un endroit pour l'obliger à s'infiltrer et à réapprovisionner la nappe phréatique. C'est dans cet objectif que les biefs sont construits dans le Nord Cameroun.

> Arrêter la terre s'échappant avec l'eau de ruissellement en vue de récupérer des surfaces cultivables.

On distingue plusieurs types de biefs que sont : les biefs en pierres maçonnées, en béton et béton armé, en gabions, en pierres et terre et en pierres sèches (calées). Le bief comprend quatre parties visibles (corps du bief, aile de protection, mur d'accompagnement, tapis de déversoir) après construction et la fondation qui est évidemment souterraine (figure 2.9).

Source : Djombaye, (2005) Figure 2.9 : Plan d'un bief

Les biefs sont construits perpendiculairement au sens d'écoulement de l'eau dans le lit du cours d'eau. Le bief est construit avec une hauteur (hb) égale à la moitié de la hauteur maximale du mayo (Hm) :

hb= 1/2 Hm. avec hb et Hm en mètres

Un déversoir ordinaire de mesure de débit, construit de la même façon, souvent avec les mêmes matériaux a pour hauteur 2/3 de la hauteur du cours d'eau. L'eau sera

déchargée toujours librement en période des crues. La capacité de la retenue sera, alors plus grande. A cause des grandes crues violentes de vitesse grande et à débit élevé, il est préférable de garder la hauteur 1/2 Hm. Les procédures et normes de constructions sont largement expliquées dans la source citée ci haut.

Cependant, Il n'y a pas « une » solution qui s'impose dans « un » bas fond donné. Le choix d'un ouvrage est toujours un compromis entre les priorités du groupe demandeur et les contraintes du milieu ainsi que les impacts opposés de l'ouvrage (Lavigne et Camphius, 1997).

CHAPITRE III : MATERIELS ET METHODES

3.1 Présentation de la z one d'étud e

eu de la
et entre

3 .1.1 Localisation du t erroir

Laïndé Karéwa est un village situé à 3 0 km au sud-est de Garoua, chef l i région du Nord Cameroun. Il se localise entre 9°16'et 9 °54' de latitude Nord

1 3°52'et 14° de longitude Est. Administrativement, le village se trouve dans l' arrondisse ment de Tc héboa, dép artement de la Bénou é (Figure 3.1). Le terroir, avec une superfic ie de 16 km2, répond auprès de l' autorité traditionnelle du lamidat du même arrondissement (Doudet, 2007).

Source : Aminou (2007)
Figure 3.1 : Localisation du terroir de L aïndé Karéwa

3.1.2 Le milieu physique et humain

i. Relief

Le relief de la commune de Ngong est constitué de plaine avec une multitude de collines disséminées ça et là. L'existence des collines souvent très ravinées sur les flancs dénote de la présence de pentes abrupte à ce niveau. Ce ravinement est le résultat d'une intense activité des eaux de ruissellement. La zone de Ngong est située dans la Bénoué moyenne formée des basses terres à horizons argileux et argilo sableux (PDOB, 2007). La morphologie du terroir présente un espace de relief relativement plat qui se distingue en espace exondé et celui du bas fond. L'espace exondé est marqué par la chaîne de montagnes entourant le village et la plaine caractérisée par les habitations, les champs et la brousse. Le bas fond quand à lui est le lieu de production agricole par excellence en toute période de l'année. Celui-ci dispose d'une petite entaille sur laquelle circule librement l'eau de ruissellement et des nappes libres. Il s'étend jusqu'à la vallée de la Bénoué où il rejoint le cours naturel de la rivière et se rencontre avec les bas fonds de Laïndé Tapo et Kassalabouté (Tchopsala et al, 2007).

ii. Sols

IRAD et PRASAC (2006) distinguent en général sept types de sols à Laïndé Karéwa.

- les sols sablonneux, sols dégradés situés le long des pistes à bétail entre deux montagnes ;

- les sols sablo-gravillonnaire très peu représentés, on les retrouve de part et d'autre de la route menant à Karéwa et vers la limite supérieure du terroir, le long de la piste menant vers le campement des peulh,

- les sols argileux de couleur sombre qui sont des terres de bas fond, riches en argiles et bien fertiles,

- les sols sablo-limoneux qu'on trouve de part et d'autre du bas fond et une partie le long de la route qui mène à Karéwa,

- les sols rouges avec du gravier qui servent à la fabrication des briques ou au crépissage des cases, on les retrouve autour des montagnes,

- les vertisols avec des argiles non gonflantes ou hardé en fufuldé et

- les sols qualifiés de sablo-argileux avec des cailloux, se trouvant sous forme d'îlots autour de la montagne située derrière la case du chef du village.

Ces sols regroupés en trois grands groupes par la même source se subdivisent en sol sablonneux, argileux et argileux hydromorphes, avec chacun une vocation agricole différente.

iii. Climat

Le climat du village comme celle de toute la région, est du type soudano sahélien. Il est caractérisé par deux saisons, pluvieuse allant de Mai à Octobre et une sèche allant de Novembre à Avril.

La répartition annuelle de la pluie est inégale, elle influence de ce fait les activités agricoles très dépendantes du climat naturel. Les hauteurs de pluies augmentent progressivement de mai à septembre pour chuter brusquement en octobre qui marque ainsi la fin de saison des pluies (Figure 3.2). Cette chute pluviométrique combinée à une irrégularité de répartition de pluies a une influence sur les activités agricoles des paysans et sur la gestion des ressources naturelles.

Quantite de pluie en mm

300

250

200

150

100

50

0

Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre

 

2006/2007
2007/2008

Mois de saison des pluies

Source : Aminou, (2007) et relevés pluviométriques 2008 de Laïndé Karéwa
Figure 3.2 : Variation inter mensuelle de la pluviométrie de la zone

La saison sèche plus longue, est caractérisée par la rigueur de l'harmattan qui souffle avec violence. Les températures pendant cette saison sont très variantes lorsque le front de convergence inter tropical (FIT) franchit le relief montagneux de l'Adamaoua (PDOB, 2007). La période froide de la saison sèche est caractérisée par une

faible température moyenne le long de la journée (17 °C) avec un vent relativement fort. Elle dure trois mois environ à partir de décembre. La période chaude quand à elle débute vers fin février marquée par une augmentation de la température journalière. Celle-ci reste croissante jusqu'au mois de mars et commence à décroître en plein avril. Les maxima en fin de saison sèche sont 40 et 42 °C (Doudet, 2007). La vitesse du vent en cette période est faible.

iv. Hydrologie

La zone de Laïndé Karewa est drainée par deux principaux cours d'eau dont Laïndé Tapo et Laïndé Djoudé. Ce dernier forme le lit mineur du bas fond du village, très exploité dans l'année et sert de limite entre le campement de Laïndé Karewa et celui de Ouro-bocki. Laïndé Tapo plus ou moins permanent est situé entre le campement d'ISRAEL et celui de Laïndé Karewa. Pendant la saison pluvieuse, ces cours d'eau sortent de leur lit et se déversent dans les environs des campements d'éleveurs et surtout dans la grande plaine de Karewa qui constitue la grande réserve d'eau dont dispose la zone durant toute la saison pluvieuse (Aminou, 2007).

Le terroir de Laïndé karéwa en appartenant à la commune de Ngong, fait parti du bassin du Niger. Ce dernier a un régime hydrologique tropical du type guinéo soudanien (PDOB, 2007). Ngong se trouve dans la Bénoué moyenne où se rencontrent plusieurs vallées jonchées de petites collines. La Bénoué moyenne est issu de la haute Bénoué qui reçoit en rive droite (du sud au nord) le mayo Rey (250 km), mayo Godi et le mayo SINA (265 et 130 km) ; en rive gauche le mayo Mbay, le mayo Sala et Boki (Nanko et al, 2004). C'est dans cette Bénoué moyenne que le lit mineur du bas fond déverse ses eaux pendant toute l'année.

v. Population

Les principaux groupes ethniques du terroir concernent les : Mofou (majoritaires), Mafa, Peuls et Moundang. L'effectif des ménages en fonction de groupe ethniques est présenté dans le tableau 3.1. Cette zone, limitée au Nord par la colline du village Mafa Kilda, au Sud par le village Kassalabouté, à l'Ouest par la colline de Laïndé et le village Djéfatou et à l'Est par le village Karéwa, abrite des agriculteurs migrants et d'éleveurs peuls plus ou moins sédentarisé et vivant dans des campements d'éleveurs. L'agriculture et l'élevage étant les principales activités économiques du terroir.

Tableau 3.1 : Effectifs des ménages en fonction du groupe ethnique

Groupe ethnique Nombre de ménages Pourcentage de

ménages

Kapsiki 2 0,9%

Gadala 2 0,9%

Lamé 2 0,9%

Peul ou Mbororo 3 1,3%

Guiziga 3 1,3%

Moundang 6 2,5%

Autres (Doayo, Mboum, Laka) 25 10,82%

Mafa 67 29%

Mofou 121 52,38%

Total 231 100%

Source : fiche d'enquêtes des exploitations

3.2 Examen du mode actuel d'organisation de l'espace

3.2.1 Diagnostic d'organisation actuelle de l'espace exondé

Le diagnostic s'est fait sous la base d'interprétation des images satellites Quick bird de Très Haute Résolution (THR) obtenues dans le laboratoire de géomatique de la Mission d'Etude pour l'Aménagement et le Développement de la Province du Nord (MEADEN). Cette analyse a été complétée par plusieurs visites de terrain supportées par des entretiens ouverts avec les paysans. La méthode d'analyse que nous avons utilisée est l'étude de la morphologie agraire sous la base des éléments caractéristiques suivants :

- le type d'habitat rencontré,

- les formes et les dimensions des parcelles

- les reliefs crées par l'homme et

- la densité des pistes d'exploitations.

Ces éléments ont été ensuite discutés en rapport à la gestion des ressources naturelles et de l'espace en général. La morphologie agraire étant le paysage issu des activités agricoles des populations, nous a permis de comprendre les différentes occupations de l'espace par les activités paysannes. Afin de visualiser les descriptions et les discussions faites à cet effet, nous avons réalisé une carte du parcellaire du village sous la base des images THR et des levés au GPS de certains espaces. Le logiciel MapInfo professional (version 8.5) et MapSource ont été intensément utilisés pour l'ensemble de ce

diagnostic agraire. En fin, les logiques d'organisation de l'espace agropastoral ont été déduites pour mettre en évidence les caractéristiques de l'espace exondé.

3.2.2 Diagnostic d'organisation actuelle du bas fond

Pour le bas fond, trois méthodes ont été mises à contribution. Il s'agit de sa caractérisation physique, de son fonctionnement hydrologique et de son plan parcellaire agricole. Une analyse des données par système d'information géographique (SIG) a été faite pour l'illustration de certains résultats.

i. Caractérisation physique du bas fond

Dans cette méthode, nous nous sommes basés aux caractéristiques géométriques, hydrographiques, agrologiques et topographiques du bas fond. Ces caractéristiques conduisent à la connaissance du potentiel naturel du bas fond et prédisent sur son complexe hydrologique.

Pour des données géométriques (disposition dans le plan), la surface et la forme du bas fond ont été déterminées à partir des paramètres de distance (longueur, largeur) et du périmètre. Sous la base de la méthode d'interprétation d'image assistée par Ordinateur avec le logiciel MapInfo (version 8.5), la longueur et la largeur du bas fond ont été déterminé numériquement. Le périmètre (P) ou encore périmètre équivalent et la surface du bas fond (A) ont été estimé par la même technique d'analyse. Cependant, la forme est estimée à partir de l'indice morphologique de compacité de Gravilus KG qui est le rapport du périmètre du bassin au périmètre du cercle ayant la même surface (Laborde, 2000). On le calcul par :

KG = P/2·vðA ; soit KG = 0.28*P/vA ;

P = 2*(L+l) avec P, L et l en km

Les caractéristiques hydrographiques du bas fond ont été trouvées à partir de deux facteurs que sont la hiérarchisation du réseau hydrographique et son degré de développement. L'analyse des images assistée par ordinateur est à la base de ce travail. La hiérarchisation du réseau a été obtenue suivant la classification des cours d'eau du

réseau proposée par STRAHLER. Cette classification affecte un numéro au cours d'eau pour signifier son importance. Ainsi, le principe suivant a été respecté :

- tout cours d'eau n'ayant pas d'affluent est dit d'ordre 1,

- au confluent de deux cours d'eau de même ordre n, le cours d'eau résultant est d'ordre n + 1,

- un cours d'eau recevant un affluent d'ordre inférieur garde son ordre. Ce qui se résume par : n + n = n + 1 et n + m = max (n, m).

Nous avons déterminé le degré du développement du réseau à partir des paramètres suivants : la densité de drainage Dd et la densité hydrographique F. Pour cela, un contage systématique et la mesure des longueurs des cours d'eaux ont été effectuée à partir des images satellites. Les formules utilisées pour le calcul sont les suivantes :

Dd = ?li/A ; F= ?Ni/A,

- li : la longueur du cours d'eau (Km), A : la surface du bas fond (km2), Ni : le nombre de cours d'eau.

- Dd (km-1) et F (km-2).

Pour ce qui est de l'agrologie du bas fond, nous nous sommes limités aux données secondaires. Les sources consultées concernent les rapports de stages et d'activité, les thèses et les articles.

Les caractéristiques topographiques du bas fond ont fait l'objet de réalisation d'une carte topographique. C'est une représentation sur un plan horizontal d'une portion plus ou moins grande de la surface de la terre à partir des données obtenues à l'aide des opérations (levés) topographiques. Elle a servi comme les autres aspects du diagnostic, d'outil d'aide au choix du type d'aménagement hydro agricole approprié pour la valorisation du bas fond afin de réduire la pression humaine sur l'espace exondé. L'implantation des courbes de niveau, principale activité de cette partie, a consisté en un levé topographique des points de même altitude sur le sol du bas fond. Deux méthodes sont généralement utilisées pour cette implantation à savoir : la méthode directe et la méthode indirecte. La première, nettement plus lente mais plus précise consiste à déterminer et à marquer la ligne que suit chaque courbe sur le sol et à procéder au levé planimétrique de ces lignes afin de les représenter sur une carte. La méthode indirecte, utilisée dans cette étude, fait un levé topographique du terrain pour déterminer une série de points de hauteur connue, qu'on reporte ensuite sur une carte et

détermine le s

é tude, les po qui a permis p artir desqu e

après cette fois par les

courbes de niveau d' ints ont ét é levés à la de faire leur report dans un SIG ls un modè le numérique de terrai

carte (figure 3.3). Cependant, dans notre mesures altimétrique s et par le GPS. Ce pour déterminer les c ourbes de niveaux à a été réalis é.

Figure 3.3

S ource: FAO, 2003

: Méthodes d'implan tation des courbes de n iveau

La procédure de mesure s altimétri ques que nous avo ns utilisée est un c heminement par rayonnement dont le principe général selon la FAO c onsiste à déterminer l es altitudes de plusieurs points à partir d'un repère to pographiqu e unique. En effet, tout d'abord on détermine la hauteur HI de l'instrument placé à la station de nivellement zéro. On vise ensuite en direction d'un point X de hauteur connue H(X) qu'on relève une lectur e de visée arrière (Var) et calcule alors HI par :

HI = Va r + H(X)

Pour déterminer la hauteur de chacun des points A, B, C et D par exemple ( figure 3.4), on vise su ccessiveme nt chacun d'eux en effectuant une visée avant (Vav). L eurs hauteurs respectives se calculent par:

H(point) = HI - Vav

NB : toutes l es variables ont pour unité le mètre (m)

Source: FAO, 2003

Figure 3.4: Principe de nivellement par rayonnement

Mais sur le terrain, à tout point de stationnement choisis, nous mesurons par un ruban mètre flexible (mètre de taill eurs) la hauteur de l'appareil ou du tourillon (HI) qui est fixée à 1, 5m du sol (HI= 1,5 m). En l'absence d'un repère topographique de hauteur c onnue à la première station, aucune visée arrière n'a été effectuée. Elle est c onsidérée c omme égal e à la hauteur de l'in strument (HI). Toute dénivelée, par rapport à une station est calculée par :

H(point) = HI+ Vav ; ou H(p oint) = 1,5 + Vav

unique c'est a l'avantage mètre (e = 1 rapport à la

Par cette approche, Vav est toujours affectée du signe négatif, car le sens de levé est à dire de l' a l'aval de s orte que la dénivelée s oit négative. Ce qui
mont vers

de tenir c ompte de la réalité du terrain. Avec une équidistance fixée à un m), au niveau de chaque station, les points situés à 2,5 m et 3 ,5 m par station so nt recherc hés. L'app areil utilisé à cet effe t est un niveau de

'un trépie d. Ainsi no us réaliso ns deux courbes de

c hantier de marque Kern muni d

,5 m) par station (figure 3.5).

niveau (courbes de 2,5 et celles de 3

A chaque point et station de nivellement utilisé, nous marquons et relevons les coordonnées GPS correspondantes dans un bloc note, avant de les enregistrer dans l'appareil GPS utilisé de marque GARMIN 12. Ce double levé (topographique et GPS) a été effectué sur toute l'étendue du bas fond. En fonction de la nature du terrain (présence d'obstacle), le sens des courbes et le nombre des points à lever varient d'une station à l'autre.

Source : Auteur

Figure 3.5 : Principe de recherche des points de visée sur le terrain

Pour faciliter l'orientation de nos courbes et contourner certaines contraintes du terrain, une image satellite Quick bird du bas fond, imprimée à l'échelle de 1/50, a été utilisée. Quelques astuces sur le terrain ont été également développées parmi lesquelles : - les levés par « côté » qui consiste, à lever la moitié d'une surface donnée en réalisant de demi-courbes puis à les compléter du côté restant.

- la recherche du point zéro, où l'on cherche à lire un point de même altitude que le HI, de dénivelée nulle (d = 0), pour s'éloigner d'un obstacle sur la ligne de visée et placer la nouvelle station. Pour cela, l'observation globale du terrain permet de voir si la visibilité de l'appareil sera bonne ou non. Le recours à l'image satellite Qick bird nous a permis de vérifier à chaque fois les limites du bas fond et d'orienter nos mouvements.

C'est par cette démarche que nous avons pu collecter les données topographiques et géographiques pour passer au calcul de dénivelée et l'établissement final de la carte topographique. Par rapport aux statons individuelles, ce calcul a était fait au même moment que les levés. Mais pour la dénivelée de chaque point par rapport à la station de référence, SN1, nous avons utilisé le logiciel Microsoft Excel (2003).

Dans un tableau, chaque point de lecture a été référé d'abord à sa station d'origine ensuite à la station de référence SN1 à l'aide de son numéro de relevé GPS (way point) et de son niveau d'altitude (2,5 ou 3,5m). Par exemple : si SN2 est à -2m par rapport à SN1 et que le way point 005 est à -1m de SN2, alors 005 sera à -1 + (-2) = -3 m

C'est par cette approche que la position de tous les points a été déterminée par rapport à la station de référence. Dans le même sens, pour le calcul des pentes du terrain, une échelle de 1/1300 a été utilisée. Cette dernière est acquise en reportant la longueur totale présentée sur la carte topographique à celle du bas fond obtenu lors de l'analyse des images satellites. La formule utilisée pour la pente (p) entre deux point A et B est la suivante :

PA-B = 100x (DHA-B/dA-B),

DHA-B la dénivelée (m) ; dA-B la distance (m) entre A et B et PA-B (m).

Pour l'établissement final de la carte topographique ou carte des courbes de niveau, les données de levés topographiques ont été utilisées comme base. Dans un premier temps, elles ont été organisées dans Excel, après calcul de dénivelée, pour ressortir trois paramètres essentiels que sont : la longitude (X), la latitude (Y) et la dénivelée (Z). Ensuite, cette base numérisée est transférée dans un autre logiciel SURFER 3.5. Ce dernier, nous a permis de créer des fichiers GRID et de générer des courbes de niveau suivit du MNT. Ce dernier est une expression numérique de la topographie sous forme matricielle ou vectorielle. Il exprime en quelque sorte la vision à trois dimensions des courbes de niveau. Pour le réaliser, SURFER a été mis à note disposition par le laboratoire de géomatique de la MEADEN.

ii. Étude du fonctionnement hydrologique

En général, selon Lavigne et Camphius (1997), deux types d'écoulements d'eau caractérisent l'hydrologie du bas fond : les écoulements de surface et ceux hypodermiques. La complexité du fonctionnement hydraulique du bas-fond, se lit à travers les périodes de submersion et leur durée, la forme et la dynamique des crues, l'amplitude des variations saisonnières de la nappe. Dans cette étude, nous avons reposé cet aspect du diagnostic sur la connaissance du débit maximal et sur la dynamique de la nappe dans les puits pendant la période d'étude.

Pour la connaissance du débit maximal passant dans le bas fond, nous avons utilisé deux méthodes de mesure de débit suivant les sites choisis. La première, utilisée en amont et an aval (entrée et sortie) du bas fond, est la méthode volumétrique. La seconde, utilisée dans un canal homogène du bas fond, est celle de Manning Strickler (MS). Ces méthodes nous ont permis de connaître non seulement le flux potentiel du bas fond, mais aussi de comprendre certaines difficultés paysannes sur la gestion de l'eau.

La méthode volumétrique est la plus directe pour la mesure de débit dans un canal qui décharge l'eau. Elle a consisté en l'utilisation d'un seau de 20 litres et un chronomètre (chronomètre d'un téléphone portable) pour mesurer le temps de remplissage de celui-ci. Les données sur les trois mois plus pluvieux ont été collectées sur une fiche. Le débit est calculé à partir du temps et volume par la formule :

Q = V/T

V : volume en litre (l) ; T : le temps en seconde (s) et Q le débit en l/s

Deux sites de mesures ont fait l'objet d'application de cette méthode montrée par la figure 3.6. Le premier (site 1) est situé entre la tête et l'amont du bas fond et le second dans sa partie avale, en zone terminale ou déversoir du lit mineur.

Figure 3.6 : Mesure de débit volumétrique sur le site 1

La méthode de Manning Strickler correspond à un écoulement dans une section normale du bas fond assimilée à un canal. Elle nécessite des mesures de hauteur d'eau qui peuvent se faire après le passage de l'eau, et une estimation de la rugosité. Il faut se

situer dans un écoulement en régime permanent fluvial (Lavigne et Camphius, 1997). La formule du débit est donnée par :

Q = Ks*R2/3*i1/2*S

Ks : la rugosité du terrain ; R (m) : le rayon hydraulique, i : la pente du terrain et S (m2) : la section du canal.

Pour répondre à ces conditions, nous avons procédé par l'identification des tronçons homogènes sur le lit mineur et à la sélection des sections étroites d'écoulement fluvial. Les images satellite de très haute résolution et la visite de terrain ont permis de faire cette identification. En effet, un écoulement est qualifié de type fluvial, lorsque les rides de l'impact du jet d'un caillou dans l'eau se développent bien vers l'amont autant que vers l'aval (Lavigne et Camphius, 1997). C'est la technique qui a été utilisée pour s'assurer du type de l'écoulement dans le canal. Les mesures ont consisté à déterminer la hauteur d'eau atteinte dans le canal à l'aide d'une règle graduée. Dans ce canal, la longueur moyenne (L) a été d'abord mesurée directement par un double décamètre. Comme elle ne varie pas, la hauteur d'eau (h) ou largeur du canal, est alors mesurée à différentes périodes. Ces deux paramètres (figure 3.7) sont utilisés pour calculer le périmètre et la section mouillés (Pm, Sm) à partir desquels le rayon hydraulique est déterminé. Les formules utilisées pour ce calcul sont les suivantes :

Pm = L+ 2h Sm= L*h R = Sm / Pm

avec Pm, L, h et R en mètre et Sm (m2)

Quand à ce qui concerne la rugosité du canal Ks, nous avons utilisé les valeurs expérimentales du coefficient de Manning Strickler, n, en tenant compte de la situation du canal pendant la mesure. Le tableau utilisé à cet effet est présenté en annexe 2.

Le calcul des différents débits a été effectué avec le logiciel Excel 2003. Ce qui a permis d'avoir un débit maximal moyen du bas fond.

 
 
 
 
 

h

 
 

L

Figure 3.7 : Paramètres d'un canal rectangulaire

En ce qui concerne la dynamique de la nappe phréatique dans les puits, la méthode choisie est la mesure répétée des profondeurs d'eau dans ces puits. Elle nous a permis de voir la variation du niveau de la nappe phréatique et sa relation (influence sur la recharge) avec les écoulements de surface dans le bas fond. Premièrement, nous avons procédé au choix des puits pouvant caractériser la nappe du bas fond. Ceci a été possible grâce à la présence de quatre puits le long de son versant. Les trois premiers puits sont localisés en tête et sur le versant de la zone amont alors que le quatrième est situé en partie avale du bas fond. La mesure de la profondeur de la nappe phréatique s'est effectuée à l'aide du décamètre. Nous attachons une masse au bout du décamètre pour former un fil à plomb qu'on lance dans le puits en cherchant le plus faible contact avec la surface de l'eau dans le puits (figure 3.8). Ainsi, nous lisons la profondeur à partir d'un point marqué, considéré comme point de mesure de la profondeur, pris sur le bord du puits. Les données sont relevées sur une fiche et introduite par la suite dans le logiciel Excel pour l'analyse et interprétation des données. Ce qui a permis de ressortir les graphiques sur la vitesse d'augmentation du niveau de la nappe dans les puits et sur leur variation suivant le long du bas fond.

Figure 3.8 : Profondeurs des puits et méthode de mesure de la nappe.

iii. Le plan parcellaire du bas fond

Le plan parcellaire a été réalisé, sous la base des données numérisées de chaque parcelle du bas fond à l'aide d'un SIG, pour permettre de comprendre l'occupation spatiale des parcelles et le mode d'exploitation actuelle du bas fond. C'est à partir de ces éléments que l'organisation de cet espace a été mise en évidence. Les données

collectées sur le terrain ont été introduites numériquement grâce à l'image satellite Qick bird du terroir. Pour la collecte des données, nous avons d'abord élaboré une fiche d'identification des parcelles qui est présentée sous forme d'un tableau à double entrée avec des éléments d'informations sur l'exploitant et l'historique (de 2 ans) de sa parcelle. En suite, on a procédé sur le terrain, au levé GPS de chaque parcelle du bas fond où les coordonnées géographiques de tous les quatre coins de la parcelle sont marqués, relevés et enregistrés par la suite. C'est lors de ce levé que les informations de la fiche d'identification sont également collectées. Un exemplaire de la fiche est présenté dans l'annexe 1. C'est ainsi que toutes les 184 parcelles ont été identifiées. Nous avons eu recours à un guide, fils du terroir, lors de nos travaux de terrain. Lorsque deux à trois parcelles sont identifiées, un schéma du parcours est réalisé pour permettre d'harmoniser la suite du travail et de marquer certaines images en mémoire.

Enfin un travail de bureau a permis de récupérer les données de l'appareil GPS dans MapSource et dans MapInfo (logiciels SIG version 8.5) et de produire la carte du parcellaire. Dans un premier temps, nous avons projeté les points GPS (way points) des parcelles du bas fond sur l'image satellite Qick bird dans MapInfo pour repérer ces parcelles. Celles-ci ont été reproduites en créant des polygones joignant les quatre points levés sur le terrain. Nous avons par la suite créé des liens attributaires pour tous les polygones du parcellaire. Ainsi, les informations relatives aux parcelles ont été introduites donc numérisées. Les matériels utilisés lors de levé topographique à l'exception du niveau de chantier et de la mire parlante, l'ont été pour ce travail. De même, les bottes pour faciliter nos déplacements à l'intérieure des parcelles et un appareil photo numérique de marque CAMEDIA ; OLYMPUS C-220 zoom ont été utilisés.

3.3 Examen de l'état actuel de la piste a bétail du village et identification des espaces conflictuels

Pour atteindre cet objectif, la méthode de lever parcellaire comme décrit dans le cas du bas fond a été utilisée. Cette méthode nous a permis de faire une analyse spatiale critique de la disposition des parcelles vis-à-vis de la piste et de comprendre la nature des conflits en fonctions des zones le long de cette piste. La procédure de lever parcellaire utilisée au bas fond a été appliquée de la même manière. Cependant, nous avons associé à ce lever des mesures de longueur des parcelles et de largeur entre les

parcelles opposées pour déterminer les dimensions actuelles de la piste. Ensuite, des enquêtes ont été menées sur deux rubriques relatives aux conflits agropastoraux rencontrés et à la nature des exploitations de ces parcelles. Les données sur les dimensions actuelles de la piste ont été obtenues par mesure au double décamètre. Relatif aux enquêtes, nous avons établit une fiche résumant toutes les informations nécessaire à chercher sur les parcelles et leurs exploitants ; ce qui a permis d'éviter l'encombrement et de mieux gérer le matériel utilisé sur le terrain. Nous avons également fait de prise d'image à l'aide d'un appareil photo numérique pour illustrer certaines informations et montrer quelques réalités du terrain. Un exemplaire de fiche et quelques résultats du terrain sont présentés en annexe 3 & 4 respectivement.

3.4 Proposition d'amélioration de l'organisation de l'espace et étude des scénarios d'évolution

Dans cet objectif spécifique, nous somme partis des différentes remarques et suggestions faites pendant l'analyse et interprétation de nos résultats. Des données secondaires ont été utilisées en comparaison à la situation de notre terroir d'étude. Les propositions d'aménagement techniques émanent des paramètres trouvés dans l'analyse des données et surtout des propositions des paysans et des expériences d'ailleurs.

En ce qui concerne les scénarios d'évolution, on s'est servis de la méthode utilisée par PICARD (1999) relative en la détermination des paramètres-clés (facteurs) de l'organisation de l'espace et en une analyse des différentes situations de changements de ces paramètres dans l'avenir. A cet effet, nous avons retenus comme facteurs de changement : l'accroissement de la population et celui du cheptel animal du village. Trois cas de figure ont fait l'objet de discussion :

> L'augmentation de la population et du cheptel animal du village ;

> L'augmentation de la population et effectif constant du cheptel villageois ;

> L'augmentation du cheptel animal et effectif constant de la population. Partant des analyses des différents cas, nous avons essayé de donner quelques mesures à prendre ou à éviter pour maintenir à long terme la nouvelle forme d'organisation.

CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSIONS

4.1 MODE ACTUEL D'ORGANISATION DE L'ESPACE

4.1.1 Mode actuel d'organisation de l'espace exondé

Le résultat de l'analyse des images satellites Quick bird est présenté par la figure 4.1.

Source : Travaux de terrain et de laboratoire
Figure 4.1 : Paysage agraire du terroir de Laïndé Karéwa

De cette figure, il ressort que le terroir de Laïndé Karéwa présente globalement un paysage dominé par les champs ouverts à dimensions variables et une concentration de l'habitat au centre. Les espaces de pâturage, comme l'ont confirmé IRAD et PRASAC (2006), sont localisés en limite du terroir supposant ainsi que le bétail est exclu de la zone cultivée. Nous avons à faire donc à un paysage de type mixte qui ressort à la fois les traits d'un paysage d'openfield par les champs ouvert et un habitat groupé et celui de bocage par la non collectivisation agraire (parcelle individuelle).

L'habitat observé du terroir est d'une disposition linéaire, du type village rue. Cet habitat est lié à trois facteurs principaux suivants:

- la localisation des points d'eaux aménagés pour l'approvisionnement en eau ;

- l'historique de la population qui ressort qu'elle est essentiellement composée des migrants venus de l'extrême Nord suite à la migration organisée des années 1980, assuré par le projet Nord Est Bénoué. Ce mouvement qui de nos jours continu sans protocole officiel et affecte la disponibilité des ressources foncières, a favorisé l'occupation pour l'habitat, des zones facilement accessible ;

- la présence du bas fond est un facteur qui amène les exploitants à solliciter les espaces proches de cette ressource afin de s'investir plus fermement dans le travail. Dans ce sens, Lavigne et Camphius, (1997), constatent que dans les bas fonds soudano sahélienne, le critère de rendement chez les paysans est la productivité du travail, c'està-dire la meilleure rémunération de son travail. C'est de cet esprit que sont animés les producteurs au bas fond de Laïndé Karéwa.

La disposition actuelle de l'habitat est favorable à un système de production intensif. Elle facilite l'accès aux intrants agricoles et la diffusion des innovations techniques. Par cette disposition, il est facile de se rapprocher des paysans pour initier des travaux de groupe afin de gagner leur confiance. Pour la diffusion d'une technique de production par exemple, il est possible de choisir un site d'expérimentation ou de démonstration telle que la majorité de la population puisse en bénéficier de la pratique. C'est cette approche qui est largement utilisée par l'IRAD dans le cadre de la recherche en partenariat avec la culture de soja dans ce terroir.

La zone cultivée du terroir comme observé sur le terrain, se distingue par des espaces à sol saturés où s'exploitent le riz et les tubercules et ceux à sol non saturés exploités pour les cultures annuelles exondées (arachide, coton, maïs, sorgho, mil etc.). Les parcelles sont disposées en bas des collines et parcourus au milieu par le bas fond. La répartition des cultures à l'intérieur de cet espace semble peu structurée. Les cultures

tel que le relève IRAD et PRASAC, (2006), sont implantées sur les terres exondées sans distinction d'assolement, à l'exception du manioc qui semble plus important sur les sols sablonneux du coté Est.

Les espaces de pâturage sont bien distincts des espaces de culture. Ils sont aujourd'hui réduits aux zones non cultivables comme les montagnes (au Nord-ouest, Nord Est et au Sud) qui entourent le village. Les principaux pâturages naturels des campements Mbororo de Laïndé sont situés au nord et au sud-est des habitations faisant suite aux parcelles de cultures. Ces pâturages sont des ressources fourragères (herbacées et ligneuses) aussi bien pendant la saison des pluies que pendant la saison sèche.

La distinction actuelle des espaces (agricole et pastoral) marque le domaine de responsabilité de chaque groupe d'activité. Le degré de leur interrelation sera ainsi étroitement lié à leur mode de gestion. En effet, la séparation claire de la zone cultivée de celle pastorale, bien connue de tous, devrait favoriser le déroulement normal des activités. Mais sur le terrain, cette délimitation ne semble pas inciter le respect mutuel des domaines d'exploitation, car de temps à autres on note la présence des conflits liés à l'espace. Cette situation témoigne de l'absence de mesure ou d'initiative d'une bonne sécurité foncière. A ce titre, Teyssier et al., (2002) soulignent que l'impact de l'insécurité foncière sur la pauvreté et sur la gestion durable des ressources naturelles au Nord Cameroun est une évidence. Elle conduit selon l'auteur, à :

- un blocage du processus d'intensification de l'agriculture et de renouvellement des ressources naturelles ;

- la persistance, parfois sur plusieurs décennies, de conflits non résolus obligeant les producteurs ruraux à des dépenses très importantes pour les arbitres ;

- l'encouragement des pratiques conduisant à une dégradation des ressources renouvelables.

Le niveau de sécurité foncière qui existe dans le terroir doit être mis en évidence pour faciliter le processus de concertation entre les acteurs. Les éléments caractéristiques de la morphologie agraire du terroir ont aidé à dégager quelques directives.

4.1.1.1 Caractéristiques des éléments de la morphologie agraire

> Formes et dimensions des parcelles

Les parcelles agricoles du village, comme on peut le voir sur la figure 4.1, ont de formes géométriques dont les plus dominantes concernent les formes rectangulaires. Sur

les zones de plateaux, les formes allongées marquant la présence des aménagements anti-érosion sont dominantes. Elles notent par là, comme les formes triangulaires, l'existence d'une pression humaine sur l'espace de cultures. En effet, la population par ces aménagements valorise les espaces à contraintes agronomiques visibles sur les terrains accidentés des bas des montagnes. Vers le Sud du terroir, terrain à pente douce, les formes rectangulaires deviennent dominantes jusqu'au bas fond. Les formes régulières remarquées dans cet espace laissent penser à certaines techniques culturales comme le semis en ligne et à un encadrement des populations par des services sûrs offerts par l'IRAD-PRASAC, SODECOTON et l'OPCC. Les dimensions des parcelles près des habitations sont réduites et vont de moins d'un quart à un quart et demi d'hectare. Ces parcelles portent les cultures vivrières associées aux épices et condiments divers. Plus loin, les exploitations plus grandes de près d'un hectare se rencontrent. Elles atteignent par endroit deux hectares (rarement). A quelques exceptions près, les longueurs et largeurs officielles les plus utilisées sont : 100 m x 100 m; 100 m x 50 m ; 100 m x 25 m. Il existe aussi des parcelles dont les dimensions n'atteignent pas les valeurs officielles, mais le cas général reste ces dernières.

Comme remarqué ci haut, la technique du semis en ligne associée au dimensionnement des parcelles (longueurs et largeurs officielles) serait liée à la production cotonnière, filière la plus organisée de la région. Ce qui amène à dire qu'il y'a une certaine maîtrise de la gestion de l'espace agricole et une facilité d'accès aux intrants agricoles. Ce type d'organisation conduit vers une forme d'intensification du système de production qui actuellement apparaît comme le seul moyen de réduire la pression humaine sur les ressources naturelles.

> les reliefs créés par l'homme

Les principaux reliefs crées sur l'espace cultivé concernent les bandes enherbées, les billons et les planches rizicoles.

- Les bandes enherbées sont des aménagements réalisés pour la conservation des eaux et du sol (CES). Elles permettent de récupérer les terrains fortement érodés en minimisant l'érosion. Ceci par l'effet sur la structure du sol et la vitesse de ruissellement des graminées pérennes utilisées (Andropogon, herbe à éléphant). La technique a été introduite par le projet Eau-Sol-Arbre (ESA) de la SODECOTON, dans l'optique d'étendre les surfaces cultivées du coton et de gérer en partie le problème de la demande accrue en terre des paysans. Ces bandes se localisent dans le terroir, sur les versants des

montagnes et sur les zones de plateau présentes par endroit. Les dimensions des bandes varient en moyenne entre 100-200 m de longueur et 20-30 m de large. Elles sont orientées suivant le sens perpendiculaire à la pente du terrain pour freiner l'eau de ruissellement et le processus de transport des particules du sol. A la longue, la technique peut avoir un impact positif sur la fertilité des sols, car les conditions de dépôt et de porosité du sol seront améliorées. Toutefois, il convient de signaler que les largeurs des bandes sont grandes, on risque ne pas avoir à temps voulu les résultats escomptés. En Afrique tropicale, selon la FAO (source : http://www.bf.refer.org/toure/pageweb/eroeol.htm) sur les terrains pentus, les largeurs comprises entre 50 cm et 4 m fournissent des meilleurs résultats. Car, plus les bandes sont proches plus leurs effet sur l'érosion sera marqué. D'autre part, le manque d'espace pour l'agriculture accentue la compétition et réduit les surfaces enherbées.

- les billons réalisés pour la culture de patates, sont les principaux travaux de préparation du sol pour sa mise en place. On les localise en général dans les parties basses du terroir où se concentrent les eaux de ruissellement. Sur les zones non saturées, les billons sont réalisés une seule fois par an (en juillet). Dans les endroits humides, partie basse du terroir, ils se font à plus de deux reprises par an pour la même culture. Ce qui justifie leur présence beaucoup plus vers les zones basses du village et celles proches du bas fond où se fait cette culture en toute période de l'année.

- les planches rizicoles apparaissent comme des parcelles ordinaires mais en réalité, elles sont de dimensions plus petites et aménagées uniquement pour le stockage de l'eau dans les parcelles rizicoles. Elles confèrent une nouvelle forme d'organisation de ces parcelles. Comme la culture est exigeante en eau, seules les zones marécageuses sont exploitées à cet effet. La riziculture exondée est absente dans le terroir, les planches sont plus rencontrées du côté sud-est près du bas fond. C'est dans cette zone que les sols argilo sableux sont présents et les conditions hydriques favorables. Les planches rizicoles sont de forme carrée, leurs surfaces sont comprises entre 200 et 500 m2.

> la densité des pistes d'exploitation

De la figue 4.2 obtenue à l'issu d'analyse d'image, il apparaît que les pistes d'exploitation appartiennent à un réseau du type maillé qui prend naissance sur la route principale du terroir. La densité des pistes du village, comme son type de paysage est mixte, donc moyenne. Si l'on s'en tient à l'espace cultivé, elle est plutôt élevée, car elle est fonction du niveau de saturation de l'espace. Malgré cette forte densité, il existe très

p eu des pistes à bétail secondair es pouvant faciliter l' activité pastorale en c ertaines p ériodes. Ce facteur est à l'origine des con flits constaté en saiso n pluvieus e sur les p arcelles en j achères.

Figure 4.2 : R éseau des pistes d'exploitation

Cette figure d'e nsemble exprime, en dehors du dynamisme agraire, le degré de flux des bien s et servic es entre l es communautés internes et exte rnes. Elle confirme aussi l'accessibilité du village mentionné plus haut, qui constitue un facteur important d 'aménagement et de l a gestion des ressources via les plates formes de concertation. A travers ces pistes, mê me les habitations le s plus rec ulées parvi ennent à assurer le transport et même l'éc oulement de leurs pro duits agric oles ou pastoraux. Cel a traduit son importance dans l es échange s des produits entre les activité s de production du village mentionné par Aminou (20 07).

Dans le terroir de Laïndé Karéwa, le mouvement des populations dans l'espace cultivé est sans doute plus marqué en période de culture. On le constate par le nombre réduit des pistes vers le côté nord du village. Ce nombre est par contre plus élevé au sud à cause de la présence du bas fond (confère figure 4.1) qui est un espace exploité en toute saison de l'année dont l'apport économique dans le village est très considérable. Pendant les temps d'intenses activités (préparation du sol, sarclages, récolte) le bas fond constitue une source d'activité potentielle pour les jeunes et les femmes. Les flux des hommes et des produits agricoles dans ce côté du terroir sont très considérables. C'est pourquoi nous déduisons de tout cela qu'il existe une étroite relation entre les activités agricoles et le mouvement des populations. De ces deux facteurs, la gestion des ressources est très dépendante. Il convient donc d'étudier les possibilités de mise en valeur de cet espace pour mobiliser les acteurs et favoriser la gestion durable et concertée des ressources naturelles.

4.1.1.2 Logiques d'organisation de l'espace agropastoral exondé

La gestion paysanne de l'espace agropastoral dans le terroir, est basée de part

nos analyses, sur les logiques d'intérêt d'abord, ensuite sur les principes d'apaisement des tensions et sur les logiques techniques.

i. logiques d'intérêt

Nous avons pris cet aspect dans un sens où les jeux d'intérêt économique sont à la base du mode de gestion de l'espace par les exploitants. Les agriculteurs emblavent d'avantage les terres pour des raisons principalement liées à l'augmentation de leur revenu. Ils sollicitent plus de terres pour la production de cultures de rente (arachide, coton) et non de subsistance (sorgho, maïs). Il existe par rapport à cela, selon certains producteurs, des principes souvent imposés par les structures d'encadrement: Pour bénéficier des intrants agricoles par exemple, le producteur est obligé d'avoir plusieurs parcelles qu'il réparti en cultures vivrières et celles de rente. Une surface d'un demi hectare exploitée en coton lui vaudra un sac d'engrais (Urée) pour son champ vivrier. Globalement pour la production agricole et surtout avec le problème général actuel de rareté d'engrais, les paysans font la relation entre surface cultivée et rendement qu'on résume par l'équation suivante :

Grande surface exploitée = grande production = plus de revenu après vente.

Or dans un contexte d'agriculture de subsistance, cette équation ne peut qu'augmenter la pression sur l'espace. Elle va d'ailleurs limiter l'application de certaines techniques biologiques de restauration de la fertilité du sol. L'espace pastoral tel que les pâturages au sud et au nord du terroir est géré suivant un système de relais. En effet ils sont réservés au pâturage de saison sèche. En saison pluvieuse les animaux pâturent non loin des habitations et sur les zones de jachères pour permettre aux éleveurs de pratiquer aussi l'agriculture.

Dans ce contexte où les paysans cherchent à satisfaire leurs besoins économiques et surtout avec la pression démographique actuelle (2 à 3% par an), une gestion non conflictuelle de l'espace doit nécessairement passer par la responsabilisation des exploitants. Cette dernière suppose, une situation où chaque paysan (agriculteur/éleveur) respecte son domaine d'exploitation. Il doit reconnaître le droit de son prochain sur la ressource mais aussi de connaître ses devoirs pour assurer la pérennité de cette ressource. Cette éducation doit passer par le renforcement de la sécurité foncière et l'amélioration de la productivité des espaces agropastoraux. Pour ce dernier cas, Bilaz et Kane affirment que l'accroissement durable des productions vivrières, fourragères et forestières est indispensable à la solution des conflits d'usage des ressources naturelles qui entravent leur bonne gestion collective (Bilaz et Kane source : www.iram-fr.org ). La vulgarisation des techniques de cultures sous couverture végétale peut contribuer à cette démarche. A titre d'illustration, nous soulignons que l'un des facteurs expliquant la complexité foncière en zone de colonisation agricole au Burkina Faso (région de Padamé), est le jeu d'acteurs multiples dominé par les intérêts contradictoires. Ce facteur, caractérisé par la difficulté de cohabitation spatiale entre agriculteurs et éleveurs et la dégradation des relations entre autochtones et migrant, laisse entrevoir deux changements majeurs :

- l'impact de l'accroissement démographique qui accélère le sentiment de fin des terres disponibles, et qui contribue à l'émergence d'une vision beaucoup plus économique des relations à la terre ;

- le renouvellement des générations d'en temps par une nouvelle génération qui ne se sent pas forcément liée par les termes initiaux des premiers accords. Ce renouvellement introduit de nouvelles donnes dans le jeu des différents acteurs sociaux (Bernard Tallet ; source : www.iram-fr.org ). Ces changements limitent la participation paysanne au processus de prise de décision en matière de gestion commune des ressources naturelles. La

difficulté de cohabitation spatiale entre agriculteurs et éleveurs est la situation qui se vie dans le terroir de Laïndé Karéwa. La réticence des acteurs à la mise en place de la plate forme de concertation est directement liée à cette situation. L'initiative d'un projet de sécurisation foncière dans la zone peut faciliter la participation des acteurs. Comme proposé par Bernard Tallet dans la dernière source, la mise en oeuvre d'une approche de sécurisation foncière s'organise autour de trois axes de travail complémentaires :

- repérage et cartographie de l'organisation foncière : découpage de l'espace en maîtrises foncières, en domaines lignagers, en unités d'exploitation ;

- rétablissement du dialogue par la promotion d'instances locales de régulation foncière; - appui à la formalisation de pratiques contractuelles de contrôle foncier (clarification des droits concédés, élaboration de différents types de conventions).

ii. Logiques d'apaisement des tensions

Elles apparaissent comme les faiblesses de l'administration traditionnelle dans le processus de gestion de l'espace et d'arbitrage des conflits. Les autorités ont coutume de réagir sur l'occupation d'un espace lorsqu'il y'a conflit entre les acteurs. Ce qui ne favorise pas le suivi de la progression de la pression d'exploitation sur la ressource terre du village. Il en est de même chez les exploitants qui ne se prononcent sur leurs conflits qu'en période pluvieuse, temps des travaux. En saison sèche, cela ne constitue pas une priorité en zone exondée. Ainsi, il est difficile de trouver des solutions durables à moins que les paysans prennent au sérieux le problème d'organisation de leur espace pour son exploitation durable et saine. Avec le climat actuel, il y'a un sentiment de manque d'information sur le bien fondé de la gestion concertée des ressources naturelles du village. Une collaboration entre les autorités traditionnelles et les animateurs de la plate forme peut avoir un impact positif sur la gestion des espaces conflictuels et favoriser la mise en place d'un plan d'aménagement du village. Cette approche est de nos jours à la base d'élaboration des programmes locaux de développement et de gestion de terroir en Afrique de l'Ouest.

La logique d'apaisement de tension à Laïndé Karéwa peut être qualifié de non objective dans la mesure où, la gestion de l'espace ne se fait pas avec un esprit de préservation de la ressource. Mais plutôt avec un souci, variable d'un individu à l'autre, de maîtriser les populations pour des intérêts quelconques. Or ces deux aspects à savoir préservation des ressources et maîtrise de la population devraient être combinés pour

que les autorités arrivent à jouer pleinement leur rôle de modérateur et celui d'organisateur.

iii. Logiques techniques

L'exploitation de l'espace agricole devient de plus en plus liée à la capacité du paysan à résoudre certaines contraintes de terrain. Avec le manque de terre, cette qualité est importante pour l'activité agricole. Les planches rizicoles rencontrées sont l'oeuvre des producteurs. Elles ont permis de valoriser les terres marginales de la zone exondée. Cette attitude commence à être observée chez les éleveurs qui mettent en place des cultures fourragères. Encadrés par les chercheurs, ceux-ci expérimentent une association du fourrage (Mucuna spp) aux cultures vivrières (maïs) pour sa grande production. Le seul handicap signalé à cet effet, est le manque des semences de cette espèce fourragère. Tel que le soulignent Barbier et al., (2002), le Nord-Cameroun offre des exemples remarquables d'adaptations réussies. Dans ses zones cotonnières, les producteurs utilisent les sols de manière relativement durable.

Dans ce cadre il serait important d'étudier comme autres alternatives, les techniques agroforestières pour lever les contraintes de fertilité des sols et même de la disponibilité de fourrages. Pour ce cas de figure, la sécurité foncière s'impose puisqu'il s'agit d'aménagement durable sur une parcelle agricole ou pastorale donnée. De même, les techniques de culture sous couverture végétale, réussis dans certains villages de la Bénoué, peuvent être envisagées dans ce terroir. Cependant, le souci majeur étant la gestion des ressources naturelles, il serait indispensable d'associer le processus de la plate forme à celui de l'amélioration de la productivité des espaces. Ce qui sera un gage à la participation des exploitants.

4.1.2 Mode actuel d'organisation du bas fond

Le diagnostic global du bas fond a conduis non seulement à comprendre son mode d'organisation, mais aussi à connaître ses caractéristiques générales pour répondre à certaines questions d'aménagements dont il peut faire l'objet.

4.1.2.1 Caractéristiques physiques du bas fond

i. Les caractéristiques géométriques

Les résultats obtenus pour ces caractéristiques sont présentés dans le tableau 4.1 suivant avec des remarques sur les différents paramètres calculés.

Tableau 4.1 : paramètres géométriques du bas fond

Paramètres géométriques Valeurs Remarques

Longueur : L (km) 3,33 C'est le plus long thalweg, elle caractérise

l'importance hydrologique du bas fond.

Largeur : l (km) 0,74 Délimite la zone d'influence du bas fond, d'oül'importance de sa surface agricole.

Périmètre : P (km) 8.14 Influence sur les échanges et apports d'eaux

Surface du rectangle * 2,44 La surface réelle est de 126,6ha, très considérable

équivalent : Ae (km2) dans un contexte de saturation foncière. Le volume

Surface réelle: Ar (km2) * 1,266 du ruissellement du bas fond en dépend largement.

Forme : KG 5,21 KG > 1, le bas fond est de forme allongée. Influence le temps de concentration, offre des possibilités d'aménagement en conservation des eaux et du sol (CES)

De ce tableau, il est à retenir que la longueur, la surface et la forme du bas fond lui confèrent une position stratégique dans le terroir. En effet, il s'étale le long du village et offre ainsi la possibilité d'accès à toute la population. La longueur du thalweg principal marque celle du bas fond et dont l'extension de son processus de drainage. La forme allongée peut faciliter la mise en place des techniques simples de gestion de l'eau et du sol, car elle est fonction de la pente du terrain qui de ce fait est en général douce. Avec une superficie de 126,6 ha le bas fond constitue un potentiel non négligeable, qui pourra potentiellement réduire la pression à la terre sur l'espace exondé. En effet, comme le pense Lavigne et al., (1996), si les enjeux économiques du bas fond peuvent justifier son aménagement, une concentration des exploitations autour du bas fond pourrait se produire. L'impact de cette concentration sur la pression sur la terre sera positif. Le bas fond, réceptionne les précipitations et alimente les cours d'eau (Laborde, 2000) dont les débits d'alimentation en eau vont être en partie reliés à la surface. Cette dernière peut ainsi influencer sur la ressource en eau du terroir et les possibilités d'irrigation puisque l'exploitation d'une surface donnée par irrigation dépend de la quantité d'eau offerte par la source. Avec le bas fond de Laïndé Karéwa nous pouvons affirmer, sous réserve de certaines études économiques, que son aménagement peut être rentable et peut décongestionner la pression sur la terre en zone exondée.

ii. Les Caractéristiques hydrographique

> Hiérarchisa tion du réseau hydrographique

La classification de STRAHLER asso ciée aux opérations cartographique du bas fond nous a permis d'obtenir la figure 4.3.

Figure 4.3 : Réseau hydrographique du bas Jon d de Laïndé Karéwa

De cette figure, il apparaît que le lit mineur du bas fond a un ordre de trois (3). Cela suppose qu'i l possède assez de confluents pour son alimentation en eau de surface. Ces confluents reçoivent le s eaux de pluie et des montagne s formant ainsi une importante source d'alimentation pour le bas fond bien qu'e lle soit c onditionnée

par la dispose mais est

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l argement déficitaire e n période s èche. Le degré de dé veloppeme nt du réseau nous a p ermis d'avoir des vale urs chiffrée s de cette importance.

> le degré de développement du réseau

Après comp tage systé matique et mesure de longueurs des différent s cours d'eau, nous avons obtenu le tableau 4.2 et les val eurs sur les densité s de drainage et hydrographi ques.

Tableau 4.2 : paramètres du degré de développement du réseau hydrographique

Ordre des cours d'eaux Longueur totale (km) Nombre total

Ordre 1 9,51 18

Ordre 2 2,7 7

Ordre 3 3.44 4

Total 16 29

Densité de drainage : Dd (km-1) 6,55 -

Densité hydrographique : F (km-2) - 12

Du tableau, il apparaît que (Dd) 6,5 km de longueur de cours d'eau participe naturellement au drainage de 1 km2 du bas fond soit 100 ha. Cette longueur réfère, suivant la valeur de F, à 12 cours d'eaux. Cette densité est physiquement petite pour assurer un bon drainage d'une surface de 100 ha. En effet, d'autres facteurs comme la pente du terrain, la structure du sol et sa couverture influencent aussi ce processus. Toutefois, les densités (drainage et hydrographique) confirment davantage l'importance de la ressource en eau de surface du bas fond. Malgré un ordre assez élevé de son lit mineur, le réseau hydrographique du bas fond a un développement limité, étroit c'est-àdire beaucoup plus centralisé. Raison pour laquelle sur le terrain, les activités agricoles se déroulent plus au centre du bas fond. En général, selon Laborde (2000), les régions à haute densité de drainage et à haute densité hydrographique (deux facteurs allant souvent de pair) présentent une roche mère imperméable, un couvert végétal restreint et un relief montagneux. L'opposé, c'est-à-dire faible densité de drainage et faible densité hydrographique, se rencontre en région à substratum très perméable, à couvert végétal important et à relief peu accentué. Cette situation correspond bien à celle du bas fond de Laïndé Karéwa. Du point de vue aménagement agricole, nous pouvons dire que cet espace offre des possibilités de sa mise en exploitation intensive. La perméabilité du sol selon ce constat, constitue ainsi un facteur important pour la recharge de la nappe.

iii. Agrologie du bas fond

A l'issu de quelques enquêtes ouvertes et observation de terrain, nous sommes arrivé au résultat selon lequel dans le bas fond, les sols argileux sont dominants. Cependant, dans sa partie en tête, les argilo-sableux occupent une grande surface par rapport aux sols argileux, plus dominant dans les autres parties du bas fond. Globalement, ce sont des

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iv. Caractéristiques topographiques du bas fond L'étude topographi que du bas fond par l evé combiné PS) a cond

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Figure 4 . 4 : Carte topographique et modèle numérique de terra in du bas fond

Il ressort de la figure que, dans l'ensemble, le bas fond présente un relief régulier qui est scindé topographiquement en deux parties qu'on distingue en zone de pente assez forte et celle de pente faible. La première zone, près de 50 % de la surface totale, est marquée sur la figure par une concentration des courbes de niveau de -6 m à -29 m et une pente de 1,6 % calculée dans cette partie. Cette pente rend le terrain favorable, suivant la classification des terres par la FAO, à tous les modes d'utilisation agricole et à la lutte contre l'érosion hydrique par des mesures culturales simples. C'est dans cette zone que se rencontre le plus grand nombre des thalwegs ainsi que des cuvettes. Ces thalwegs jouent essentiellement le rôle de drainage (reception des eaux de ruissellement) dans le milieu et ne sont pas exploitable à des fins agricoles. Mais leur nombre assez elévé en tête du bas fond, lié à la pente conditionnant le ruissellement de cette partie, revèle la nécessité d'adaptation à l'érosion hydrique et au problème d'humidité du sol en saison sèche. D'où la nécessité de penser à l'irrigation ou au maintien d'humidité du sol dans cette partie pour réduire en temps sec, les espaces non cultivé du bas fond. La partie de faible pente est caractérisée au contraire par l'extension des courbes situées entre -33 m jusqu'à -50 m de dénivelée et d'une pente globale 0,012%. Les sommets, dans le bas fond, sont beaucoup plus rencontrés dans la partie de pente faible. Ces espaces sont exploités, comme en zone exondée, uniquement en saison de pluies. Leur irrigation n'étant pas facile par leur position plus élevée que le lit mineur, ils servent pendant les périodes sèches, de lieu de repos aux animaux en divagation. Leur inexploitation réduit la surface cultivable du bas fond. Les sommets se trouvent entre les courbes de -20 à -32,5 m de dénivélée. En relation avec le problème de drainage, nous relevons que l'eau de ruissellement, en esquivant ces sommets, se concentre dans les parcelles avales et dans les cannaux. Ce qui, combiné aux problèmes de dimensions des canaux, réduit l'efficacité du drainage. Il est bien possible de récupérer ces espaces en supprimant le ruissellement pour favoriser l'infiltration de l'eau dans le sol. L'aménagement de plusieurs diguettes perpendiculaires à la pente dans une parcelle peut être un moyen de concervation d'eau sur les sommets pour permettre la recharge de la nappe phréatique. Avec les ouvgares construits pour le même but en amont, la nappe sera affleurante et l'exploitation des sommets en saison sèche sera bien possible. Ce type d'aménagement est réalisé par un paysan dans sa parcelle dans le but de conserver la plus grande parties possible de l'eau qui tombe sur le champ, et de l'obliger à s'infiltrer (Chleq et Dupriez, 1984).

Les dénivelées moyenne et maximale obtenues dans le bas fond sont respectivement de -21,34 et -49 m. Ce qui donne un indice de pente global (Ig) de l'ordre de 1,47 %. Cette faible pente est un atout à la mise en valeur du bas fond à l'aide des aménagements hydroagricoles car l'influence de son intensité et de sa longueur sur l'érosion pluviale sera moindre. Toute chose étant égales par ailleurs, les pertes de sol augmentent avec l'intensité de la pente ; celles-ci sont élevées à la puissance deux en Afrique. Ce facteur est peu ménaçant dans le bas fond de Laïndé Karéwa. Elle est largement favorable à son exploitation, car les mesures concervatoires des sols par des pratiques culturales, telles que les diguettes en terres, le labour en courbe de niveau etc. sont possibles. Par contre, en matière de gestion de l'eau, les pentes faibles constituent un facteur d'inondation, car le temps de ruissellement sera long. Elles influencent la direction de l'eau et donc la disposition des parcelles pour éviter les problèmes d'inondation et de dévastation des cultures. Il en est de même de l'emplacement des canaux d'irrigation et de drainage. C'est pourquoi sur le terrain, le problème de maîtrise de la variation quantitative de l'eau est encore bien ressenti par les producteurs. Les techniques paysannes en matière d'irrigation et de drainage ne montrent pas une situation satisfaisante puisque des cas d'excès ou de manque d'eau dans les parcelles sont fréquemment rencontrés. Comme le constate Lavigne et al (1996) dans les bas-fonds non aménagés, les paysans calent les cycles de culture en fonction des conditions hydriques de chaque portion de bas fond.

Associée à ses caractéristiques physiques, le bas fond de Laïndé Karéwa constitue un espace favorable à une agriculture intensive capable de lutter contre le problème d'insécurité alimentaire dans la zone. Son indice de pente globale ne montre pas une nécessité d'investissement lourd pour lutter contre l'érosion (aménagement des terrasses, banquettes). Il renvoit plutôt à penser à un système de drainage performant pour la maîtrise des crues ou des inondations. Dans ce sens, pour comprndre comment agir sur cet espace, Il est important d'avoir une idée de son fonctionnement hydrologique.

4.1.2.2 Fonctionnement hydrologique du bas fond

i. Les écoulements de surface

Au vu de son réseau hydrographique, le bas fond de Laïndé Karéwa est alimenté, en saison pluvieuse, par plusieurs cours d'eaux. Ces derniers confluent en plusieurs endroits dont trois parmi eux ont été retenus pour les mesures de débit. Sur les deux

sites de mesure de débit par volumétrie, nous avons obtenus les valeurs moyennes

présentées dans le tableau suivant.

Tableau 4.3: Débit maximal des sites 1 & 2

 

Dates

Débit site 1 Q (l/s)

Débit site 2 Q (l/s)

Débit moyen sites 1&2 Q (l/s)

15-Juillet

2,1

15

9

30-Juillet

8,39

22

15

15-Août

14,73

125

70

30-Août

12,67

116

64

15-Septembre

4,3

366

185

30-Septembre

4

195

100

La différence de débit observée dans le tableau entre les sites provient du fait que, le site 2, situé en partie terminale (exutoire) de la zone avale du bas fond, reçoit les eaux venant des cours d'eaux avals qui augmentent considérablement son débit. L'écoulement moyen maximal atteint dans le lit mineur un débit de 185 l/s soit 666 m3/h. Il peut s'augmenter en fonction de la pluviométrie annuelle. En relation avec son réseau hydrographique et sa surface, le bas fond est le siège d'un écoulement de surface très important. La gestion de cet écoulement pose de nombreux problèmes techniques aux usagers de l'espace considéré. Les problèmes d'inondation des parcelles et des conflits entre producteurs liés à l'accès à l'eau d'irrigation en saison sèche sont les contraintes les plus citées par les exploitants. Ces problèmes sont les conséquences directes de la non maîtrise de la variation temporelle de cette ressource. Cette alternance de phase de submersion et d'exondation des sols du bas fond, selon Lavigne et al (1996), l'expose aux risques de toxicité ferreuse (réduction du fer Fe3+ en Fe2+) et aluminique (réoxydation du fer qui libère les ions H+ et dont acidifie le sol et l'aluminium devient alors plus soluble). La canne à sucre comme le riz, très exploitée dans des conditions de submersion, ne supportent pas les risques de toxicité. Il importe pour améliorer la production de créer des bonnes conditions de drainage.

Dans le tronçon de mesure avec la méthode de Manning Strickler, les débits obtenus sont encore plus élevés que ceux des sites 1 & 2. En moyenne 371 l/s sont enregistrés pendant la période pluvieuse. Ce débit, convoyé dans un canal mal dimensionné (petites dimensions, mauvaise orientation), produit plus d'effet négatif que positif. Néanmoins, il confirme l'importance des écoulements de surface signalée plus haut. Les dégâts répétés dans les champs, et leurs dévastations suite à une averse sont

des preuves palpables du problème vécu par les paysans. A cause de cette difficulté de canalisation, le problème de drainage persiste et empêche l'exploitation en saison pluvieuse de certaines parcelles près du lit mineur.

Avec les débits moyens de 185 l/s obtenue par méthode volumétrique et 371 l/s dans un canal de drainage, il serait bien de penser à la valorisation du stock d'eau annuel. Pour cela, la recharge des nappes phréatiques et l'épandage des eaux vers les versants peuvent accroître le temps de disponibilité de l'eau pendant la saison sèche. En effet, les principaux problèmes d'exploitation rationnelle du bas fond, comme nous l'avons dit plus haut, résident au niveau de la maîtrise de la variabilité de sa ressource en eau dans l'année. Cette contrainte peut être levée par des aménagements hydro agricoles (choix et type d'ouvrage hydrauliques) et l'amélioration du système actuel d'irrigation et drainage. Ces actions, outre l'accroissement des surfaces cultivées, permettront de mieux organiser les exploitants et par conséquence de mieux les intégrer dans le processus de gestion des ressources naturelles. L'absence des puits dans la zone centrale du bas fond est certainement due à l'abondance de cette ressource pendant une bonne partie de la saison sèche. Cela nous amène à dire, avec confiance, que toute action favorisant la recharge des nappes et l'épandage des eaux se traduira par une augmentation considérable des surfaces cultivables et une meilleure rémunération au travail des exploitants. Lavigne et al, (1996) mentionnent que la seconde contrainte, directement liée à la première, tient à l'enherbement, qui exige de lourds investissements en sarclage. En bas-fonds aménagés, le maintien d'une lame d'eau limite l'enherbement, et donc le temps de travail consacré au sarclage, ce qui accroît significativement la productivité du travail.

La permanence en quantité suffisante de l'eau dans le bas fond améliorera la capacité des points d'abreuvement des animaux surtout si la profondeur de ces points de stockage a été augmentée. Dans ce contexte, les conflits agropastoraux persisteront si les abords de ces points ne sont pas aménagés ou clôturé pour limiter le mouvement des troupeaux. L'intégration parfaite de l'élevage dans ce milieu dépendra des mesures prises pour assurer les activités d'abreuvement.

ii. Variation du niveau de la nappe phréatique

La dynamique des nappes superficielles (nappes phréatiques) suit en général un rythme annuel en réponse aux épisodes pluvieux. Elles remontent au cours de la saison pluvieuse et se vidangent en période sèche. Ce mouvement peut être apprécié par la

connaissance de leur vitesse de montée et de vidange. En considérant que le temps est le seul facteur de variation, le calcul de la vitesse de montée dans les puits pendant les mois de fortes pluies a permis de réaliser le graphique présenté par la figure 4.5.

Niveau de la nappe dans les puits (m)

5

4,5

4

3,5

3

2,5 2 1,5 1

0,5

0

 

puits 1 puits 2 puits 3 puits 4

Temps (en jour)

15 30 45 60 75 90

Figure 4.5 : Vitesse de montée d'eau (Juilet-Septembre) dans les puits

Cette figure exprime en réalité l'état d'écoulement souterrain observé au niveau des puits. Pour les paysans, c'est pendant le mois de juin que le niveau de l'eau dans les puits commence à monter. Mais en général, c'est à partir de juillet que cela devient remarquable. Dans la partie tête du bas fond, reflétée par les puits 1 & 2, la nappe remonte avec une hauteur de 1,3 m pendant la période d'étude, soit 1,44 cm/j. Sa recharge est plus liée aux eaux de percolation qu'à l'apport du lit mineur u bas fond. Au niveau du puits 3 où l'exploitation d'eau est intense, cette vitesse est très faible. Cela semble être normal par ce que le puits se trouve sur le versant amont du bas fond. Aucun cours d'eau ne participe à son alimentation. Avec le puits 4, situé en zone à chevale entre l'amont et l'aval du bas fond, l'effet du lit mineur sur la nappe est évident. La hauteur atteinte est de 4 m soit une vitesse de 4,44 cm/j. La nappe se trouve en fin de septembre à 0,5 m du sol malgré son exploitation pour les activités ménagères. La proximité de ce puits avec le lit mineur est un atout pour le développement du maraîchage. En effet si les conditions de stockage d'eau s'améliorent, la recharge de la nappe sera plus influencée et le développement de la culture maraîchère sur l'espace exondé sera bien possible.

L'analyse du fonctionnement hydrologique du bas fond nous confirme l'importance des écoulements de surface et souterrains. Il existe surtout en zone avale, une nette communication entre ces écoulements très dépendant de la perméabilité du sol. Toutefois, le calendrier et la hauteur des inondations, la vitesse et la durée des crues, la profondeur de la nappe en saison sèche sont les déterminants des possibilités de mise en culture sans aménagement, ainsi que les objectifs hydrauliques d'un aménagement (Lavigne et al, 1996).

4.1.2.3 Plan parcellaire du bas fond : mode d'exploitation actuelle

En milieu rural, les modes d'exploitations ne dépendent pas que de la nature du milieu mais aussi des stratégies économiques des ruraux qui sont elles mêmes fonction de leurs différentes sources de revenu, du contexte économique et des moyens de production qu'ils disposent (Lavigne et Camphius, 1997). Les modes d'exploitation du bas fond sont donc les déterminants de son état de fonctionnement, c'est-à-dire son organisation. A Laïndé Karéwa, on distingue trois types d'usages essentiels du bas fond : la production agricole à plus de 90 % de sa superficie totale, l'élevage qui est plus important en saison sèche et repose sur l'abreuvement et le pâturage, puis la pêche qui est pratiquée par les jeunes pour la complémentation alimentaire. Compte tenu de son importance, l'usage agricole a fait l'objet d'intérêt pendant cette étude. Le système des cultures du bas fond et les logiques de son organisation sont les principaux points développés.

i. Système de culture

Il a été traité suivant trois facteurs caractéristiques de la production agricole d'un milieu à savoir : les cultures, la terre et les techniques de productions.

Les principales cultures du bas fond qui ont une importance économique non négligeable chez les producteurs sont présentées à la figure 4.6.

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Figure 4.6 : Répartition spatiale des prin cipales cu ltures recensées en 20 08

pas rare de rencontrer ces types de cultures dans les bas fonds en zone soudano-sahélien où la surface occupée par l'arboriculture est de 6% de la surface totale du bas fond (Lavigne et Camphius, 1997). Cette valeur est inférieure à celle obtenue à Laïndé Karéwa qui est de 7,6 %. Cette valeur laisse croire que l'arboriculture est bien développée dans ce terroir, malgré l'investissement en temps et argent qu'elle réclame. La canne à sucre et les fruitiers nécessitent assez d'espace, leur importance est sans doute liée au système d'exploitation de la terre.

La sécurité foncière est nécessaire pour le développement de toute agriculture d'une région. Elle se caractérise par le mode d'accès et la liberté d'exploitation qu'a un paysan sur une parcelle donnée. A Laïndé Karéwa la saturation rapide de l'espace a rendu impossible de nos jours l'accès à la terre par défrichement. Le seul moyen, surtout dans le bas fond, est la location. Le coût de location de la terre dans cet espace se chiffre entre 10 000 et 15 000 FCFA /qrt/an (qrt= quart d'hectare soit 2500 m2). Les contrats de location des parcelles sont essentiellement annuels mais certains s'étalent sur deux ans. Ces contrats excluent tout investissement à long terme tel que la plantation d'arbres. Tout acte d'aménagement durable sur un espace signifierait une tentative d'appropriation de la parcelle par le locataire. Des cas de prêt et de don sont rarement rencontrés dans le contexte actuel. La figure 4.7 présente la carte de situation actuelle de la propriété foncière dans le bas fond de Laïndé Karéwa.

Figure 4.7 : Répartition spatiale du statut foncier des exploitants du bas fond

De cette figure, il apparaît que l'espace dans le bas fond est occupé pour l'essentiel par des propriétaires. Ces derniers sont soit des anciens qui sont les premiers occupants, soit des personnes « riches » ou soit des héritiers, adultes d'âge compris entre 30 et 40 ans. Les propriétaires représentent 78,3 % des exploitants. Ils existent parmi eux des paysans qui disposent de plusieurs parcelles localisées en différentes parties du bas fond. Cette opportunité est plus constatée au près des premiers arrivants que sont en majorité les Mofous. Les locataires dans le bas fond sont les 18% des exploitants et concernent pour la plupart, les habitants du village. La location d'une parcelle au bas fond se fait pour une durée de deux ans. Dans les contrats, le système de fermage (le bail) est le plus dominant. Le métayage existe aussi mais très rarement. Le nombre réduit des locataires vient du fait que le système d'exploitation de la terre dans cet espace est essentiellement du type faire valoir direct. Le propriétaire exploite en général lui-même sa parcelle. Les cas de prêt, 8% des parcelles, sont très peu fréquents et dépendent des circonstances et relations qu'entretiennent les exploitants. Ici, ce sont des personnes vivant hors du village et qui disposent des vergers à entretenir, qui confient leurs domaines à des connaissances locales. En plus de la rémunération qu'elles ont droit, la culture des sous bois et le maraîchage leurs sont également permises dans le verger.

La superficie occupée par les propriétaires, 99,1 ha, est très considérable dans une perspective d'aménagement. La raison principale pour laquelle, la culture de canne à sucre est dominante doit être liée à ce facteur. La répartition de cette surface sur toutes les parties du bas fond est un avantage dans la mesure où elle permet de voir les limites ou les manques liés à la gestion de l'espace et à la concertation. Tout bas fond en effet, est un espace socialisé, approprié, et ses différents modes de mise en valeur font l'objet de règles d'accès et de gestion. L'aménagement se faisant sur un espace socialisé, transforme le statut et la valeur de la terre. Il peut consolider des droits sur l'espace à aménager, ou au contraire d'en conquérir. Il aura des effets sur les différents usages (pâturage, vergers de bas de pente), et donc sur les différents usagers. Tout aménagement hydro agricole a un enjeu foncier. Il faut donc, préalablement à tout, clarifier s'il y a ou non redistribution foncière et selon quelles modalités, en négociant le devenir de ceux qui exploitent en faire valoir indirect, en négociant avec les usagers potentiellement lésés, en précisant les règles d'accès à la ressource (limitation des zones de culture autour d'un barrage pour permettre l'accès au bétail) (CIRAD et GRET, 2002). L'importance qu'un espace comme le bas fond, soit en majorité détenu par des

propriétaires est de ce fait évidente. La gestion de cette ressource, à haut potentiel d'ailleurs, peut être mieux discutée avec cette catégorie d'exploitants. Ces derniers sont en fait les maîtres des lieux, ceux avec lesquels, toute initiative d'aménagement et de gestion de conflit peut être bien débattus. La diversité ethnique des propriétaires est également importante dans la mesure où elle permet d'avoir au maximum possible une représentation globale des populations dans le processus de concertation.

En ce qui concerne les techniques de production, deux phases sont distinguées dans le mode d'exploitation du bas fond. La phase de saison pluvieuse et celle de contre saison. Les techniques de productions varient avec la période et dans tous les cas les paysans cherchent à s'adapter aux conditions hydriques du milieu. D'habitude, au début de la saison pluvieuse (avril-mai), la majorité des parcelles porte la canne à sucre qui est à la moitié de son cycle. Le semis du maïs dans certains vergers (vergers cultivés) et parcelles encore humides a lieu pendant la même période. Ceci est une stratégie qui permet aux paysans de vite se libérer pour s'occuper au mois de juin des parcelles exondées. Au début de juillet, les activités d'aménagement des parcelles de canne à sucre en monoculture ou associée aux tubercules commencent et continuent jusqu'en fin août. Elles consistent à la réalisation, au nettoyage des canaux de drainage et à la disposition des touffes d'herbes sur les limites des parcelles (lutte antiérosive sous forme de diguettes enherbées). Cette période est très exigeante en main d'oeuvre et demandent assez d'investissement. La gestion des canaux de drainage consiste à les ouvrir lors des inondations et à les fermer après drainage de la parcelle.

Les principales difficultés liées à ce mode d'exploitation du bas fond sont relatives aux situations extrêmes de son hydrologie. Globalement il se pose un problème de gestion de l'eau et du sol caractérisé par :

- un système de drainage limité laissant des parcelles inondées au mois d'août causant ainsi des dégâts considérables. Ceci est le résultat du contraste qui existe entre le débit d'écoulement du bas fond et les dimensions et formes des canaux. Ces derniers ont une capacité de contenance inférieure à ce débit. L'orientation et la forme des canaux constituent également une limite du système.

- les difficultés d'accès à l'eau d'irrigation marquées par une mauvaise organisation des tours d'eaux qui se soldent souvent par des disputes et bagarres. En effet, pendant la saison sèche, l'activité d'irrigation est intense. La canne à sucre en croissance est très exigeante en eau. La demande étant plus forte que l'offre, la ressource en eau devient insuffisante. Les paysans n'arrivent pas à

irriguer convenablement leurs parcelles. La ressource en eau du bas fond comme ci haut mentionné étant importante, on peut gérer de manière efficiente ce stock annuel pour amoindrir ces difficultés.

- l'ensablement des parcelles et l'agrandissement des canaux dus au processus d'érosion sont une contrainte agronomique dans le bas fond. Elles réduisent l'espace cultivable. En effet, de plus en plus les paysans constatent que le lit mineur s'agrandit, s'ouvre et prend des dimensions inquiétantes (figure 4.8). La pression de l'eau exercée sur les parois des canaux finit par créer des méandres (formes serpentées) le long de ceux-ci. Le transport et le dépôt des particules du sol favorisent alors l'ensablement des parcelles avales. Les champs de canne à sucre, par leur proximité au lit mineur, sont les plus touchés par ce processus.

Figure 4.8 : Parcelle de canne à sucre inondée et agrandissement du lit mineur

A Laïndé Karéwa, la culture de la canne à sucre ne respecte pas strictement ses exigences agroclimatiques. En effet, chez certains groupes de producteurs, la levée se situe en fin des pluies (septembre-octobre) et chez d'autres, une partie de la croissance en début de la même saison. La période de maturation, nécessitant le froid et le stresse hydrique, se rencontre pour la plus part en pleine saison humide. Si la température peut être satisfaite, le besoin en eau de la plante en cette période est excédentaire. Sa maturation sera de ce fait retardée. Cette pratique ne permet pas à la plante d'exprimer son potentiel. Ce qui à coup sûr serait à l'origine des multiples travaux d'aménagement et d'entretient que font les producteurs pour atteindre un rendement conséquent. La qualité du produit, le rendement et même leur capacité de production sont largement

affectés par ce problème de maîtrise du calendrier agricole. Avec le niveau actuel qu'occupe la culture en matière de génération de revenu aux producteurs, il est indispensable d'organiser sa production. A cet effet, nous pensons à un décalage de sa période de bouturage en avril afin de permettre la satisfaction des besoins en eau lors de la levée et une bonne partie de la croissance. La maturation correspondra ainsi à la saison froide et chaude, ce qui met la plante dans ces conditions de stress hydrique qui favorisera sa maturation et dont un meilleur rendement. La figure 4.9, montre le calendrier de production de la canne à sucre proposé. Le tableau 4.4 quand à lui résume les principales pratiques et techniques culturales annuelles dans le bas fond de Laïndé Karéwa.

Phase de Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre janvier Février Mars

développement

de la canne à

sucre

Bouturage

Levée

Croissance

Maturation

Récolte

Figure 4.9 : Calendrier de production de la canne à sucre

Cultures annuelles exploitées

Phase de saison pluvieuse Avril Mai Juin

-sarclage
-irrigation

Canne à sucre (12 mois)

-sarclage - sarclage et

aménagement des canaux de drainage

Pas de

culture véritable

- bouturage et

désherbag e

-laboure mécanisé du sol et pépinière

-début de

récolte

Riz (6 et 4 mois) Pas de

culture véritable

Patates (3 mois) aménagem

ent des

billons et

bouturage e

- sarclage -entretien

d'humidité du sol

Taro (6 mois) -semis

(associé aux

cannes)

- défense culturale

et début récolte

-sarclage

et défense culturale

- début de récolte

Manioc (12 et 6 mois)

-récolte et vente

-nouvelle mise en
place

Légumes (1 à 3 mois)

- entretien -récolte et

vente

-récoltevente des fruits

-récoltevente des fruits

Fruitiers (manguier et anacardier)

-élagage et

entretient

Tableau 4.4 : principales techniques et pratiques culturales dans le bas fond

Juillet

Techniques et pratiques culturales

Phase de saison sèche

Août Septembre Octobre Novembre

Décembre

 
 
 

Janvier

Février

Mars

Entretient

-même

-début

-récolte-

Aplanissem

- mêmes

sarclage et

bouturage

irrigation

des

activité

récolte-

vente

ent des

activités

aménagem

et début

des

canaux de

 

vente variété

-début de

parcelles et

 

ent des

d'irrigation

parcelles

drainage

 

longue

bouturage

bouturage

 

canaux d'irrigation

 
 

-récolte

Pas de

Pas de

- semis

sarclage

Sarclage et

Récolte et

Pas de

Pas de

 

culture

culture

 
 

début récolte

début de

semis

culture

culture

-

Désherba

Désherbage

désherba

-début

Récolte

Récolte

Pas de

Pas de

repiquage

ge manuel

manuel

ge manuel

récolte

 
 

culture

culture

-récolte et

bouturage

désherbage

Début

-récolte

Récolte et

bouturage

Désherbag

récolte

nouvel aménage ment

 
 

récolte

 

nouvel aménagement

et irrigation

e et

irrigation

 

-drainage

-début

-récolte

Récolte et

-entretien

Même activité

Même

irrigation

récolte

des parcelles

récolte

 

semis

d'humidité du sol

 

activité

 
 

-récolte et

Récolte et

Récolte et

Plantation

-plantation

Plantation de

Sarclage et

irrigation

irrigation

vente

plantation

plantation

 
 

remplacement

entretien des plants

 
 

-mise en

Récolte et

Pas de

Pas de

Pas de

Semis ou

Irrigation et

Récolte et

Nouvel

place en

zone exondée

vente

culture

culture

culture

repiquage

traitement

vente

mise en

place

-élagage

Couvertur

Récolte de

Entretien

Entretient

Entretient des

Début de

Récolte et

Récolte et

et

e sol et

fruits et

 

des fleurs et

fleurs et

récolte

vente des

vente des

entretient

élagage

vente

 

transplantati on des plants

transplantation plant

 

fruits

fruits

71

Maïs (3 mois) semis -sarclage -sarclage et

-irrigation fertilisation

ii. Logiques d'organisation des parcelles du bas fond

Globalement on distingue trois types de parcelle mise en exploitation dans le bas fond. Les parcelles à cultures annuelles, à cultures pérennes (vergers) et des parcelles à cultures combinées (vergers cultivés en dessous). Ces derniers concernent les vergers dans lesquels sont exploitées des cultures vivrières sur des espaces non occupés. La mise en exploitation de chaque parcelle tient compte de l'espèce à produire et de l'environnement en place.

Au regard de l'hydrographie du bas fond, la figure 4.10 montre la répartition spatiale des parcelles.

Figure 4.10 : Répartition spatiale des types des parcelles

La figure révèle que la mise en exploitation des parcelles respecte d'abord l'exigence en eau de l'espèce principale, la proximité de la parcelle à cette ressource et enfin les caractéristiques du sol. Au même titre que les parcelles à cultures combinées, on remarque que les parcelles à cultures annuelles (cultivées) soit 66 % du nombre total, sont plus localisées le long du lit mineur, dans les parties amont et avale du bas fond. Comme espèces principales concernées, on distingue la canne à sucre, le riz, le bananier

et les tubercules. Ces parcelles sont exploitées plus intensivement en contre saison. Leur proximité au lit mineur facilite leur irrigation en cette saison. Les parcelles à cultures combinées (verger cultivé en dessous) ont un double objectif dont la génération de revenu (à partir des fruitiers) et ensuite à la sécurité alimentaire (production précoce des vivriers en période de soudure). C'est également dans ces espaces que l'on rencontre la plupart des cultures maraîchères et même certains tubercules en association. Cette organisation rencontre quelques difficultés lorsque les pluies s'installent. La majorité des parcelles inondées et dévastées par les eaux de crues et de ruissellement sont celles à cultures annuelles. Ces dernières subissent uniquement l'effet d'une exploitation peu contrôlée et du manque de maîtrise du système de drainage. En saison sèche par contre, leurs sous irrigation dérivent du problème d'accès à l'eau. Celui-ci est caractérisé par un manque d'agencement dans le temps des tours d'eaux donc par une demande forte des producteurs au même moment. Les logiques paysannes tiennent rarement compte de la variation temporelle de la ressource en eau. Si non les canaux de drainage auraient des dimensions suffisantes telles que l'excès d'eau soit facilement drainé. Ce facteur comme le citent les paysans rend difficile l'exploitation du bas fond et par conséquent freine son intensification. Les parcelles à cultures pérennes (6,18 %) se trouvent sur les versants (Nord) et très rarement près du lit mineur. Elles occupent généralement des grandes surfaces, nécessitent beaucoup de temps de travail et sont à proximité des habitations. Ce qui permet aux paysans de limiter le vol pendant les périodes de production. Le manguier, l'espèce la plus cultivée, ne réclame pas la submersion du sol pour se développer. L'exigence en eau n'est pas la raison fondamentale de l'exploitation de cet espace. Celle-ci est beaucoup plus relative au sol et à la facilité d'accès aux vergers. Les parcelles à cultures combinées suivent également la même logique.

La mise en exploitation des parcelles au bas fond n'est pas trop influencée par la topographie. Mais comme elle joue sur l'écoulement de l'eau donc sur l'humidité du sol, elle influence cette organisation. Sur les zones de pente assez élevée 1.6%, les parcelles à cultures annuelles sont plus présentes au fond et sur les versants des cuvettes (maïs, tubercules et riz) en temps humide. Tandis qu'en temps sec, les espèces plus exigeantes comme le riz disparaissent à la faveur de celles moins exigeantes. Il existe une forme d'adaptation des cycles des cultures aux conditions du milieu. L'influence de la pente sur le niveau de la nappe et donc sur l'humidité du sol peut être observé par la figure 4.11 qui montre la variation du niveau piézométrique dans les puits suivant le profile en long du bas fond.

Niveau piezometrique (m)

0,8

0,6

0,4

0,2

1,2

0

1

puits 1

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5

puits 2

Distance entre les puits (Km)

puits 3

puits 4

juillet

Août

Septembre

Figure 4.11 : Variation du niveau piézométrique suivant le profile en long du bas fond

Il ressort de la figure que lorsque la pente s'adoucie (d'amont vers l'aval), le niveau piézométrique de l'eau remonte vers la surface du sol. Cependant, certains facteurs tels que la structure du sol et la proximité des puits au lit mineur du bas fond, peuvent influencer cette tendance. Pendant le mois de juillet où la pluviométrie atteint 175 mm et malgré sa position en aval, le puit 4 a un niveau piézométrique bas (profond). Ce qui suppose que l'apport du lit mineur et des percolations est très faible. Mais Lorsque la pluviométrie atteint 210 mm en Août et 200 mm en Septembre, on constate dans le même puit, une remontée sensible du niveau piézométrique vers la surface du sol. La courbe tend véritablement vers une droite. L'effet du lit mineur sur la recharge de la nappe phréatique est plus perceptible en ces périodes et ceci sur tous les puits. Ainsi, nous retenons que la recharge de la nappe phréatique dans le bas fond commence lorsque la pluviométrie atteint un certain seuil mensuel. La connaissance de la période à partir de laquelle son processus de vidange commence est indispensable pour compléter la caractérisation hydrologique de ce bas fond.

Dans le mode d'exploitation de ce dernier, la pente du terrain ne détermine pas le choix d'une culture. Mais en modifiant la vitesse d'écoulement de l'eau en surface, la pente finit par influencer l'hydrographie du bas fond. Par conséquence, elle détermine les zones de mobilisation de l'eau, c'est-à-dire les espaces à taux d'humidité élevé ou

non. Ces zones humides seront moins nombreuses lorsque la pente du terrain est forte (partie amont) et que la saison sèche s'installe et plus nombreuse lorsque le temps devient pluvieux posant ainsi deux contraintes agronomiques qui réduisent la surface cultivable du bas fond. La première est caractérisée par la « sous humidité » de certains espaces cultivables et la deuxième par leurs sur humidités. La maîtrise de la variabilité temporelle de l'eau est très indispensable pour l'activité agricole dans le bas fond. Elle peut sans doute favoriser une meilleure implication des acteurs dans la préservation des ressources naturelles. Pour cela, nous pensons qu'il faut faciliter la circulation de l'eau en réduisant le nombre excessif des canaux créer par les paysans, pour libérer le lit mineur du bas fond et retrouver le chemin naturel de l'eau. La réalisation des ouvrages sur des petites distances comme les digues (en terre ou filtrantes) avec aménagement du seuil du lit mineur supprimera, suivant le profile en long du bas fond, le ruissellement et favorisera la recharge de la nappe phréatique. Ces mesures doivent être intégrées dans un système global d'irrigation et drainage afin de définir clairement les réseaux à mettre en place. L'ensablement ressentis au centre et en aval du bas fond marque la fin du processus d'érosion initiée en tête sous l'influence combinée de la pente et de la structure du sol (massive ; sableuse). Pour résoudre ces problèmes, il est évident qu'on doit agir en tête du bas fond pour minimiser l'érosion et ensuite favoriser l'extension transversale des eaux accumulées en surface. La proposition d'aménagement que nous venons de faire peut lutter efficacement contre ce phénomène.

iii. Atouts et contraintes d'organisation du bas fond

Ils concernent les éléments favorisants ou limitants l'exploitation du potentiel agronomique du bas fond par les paysans. Les atouts d'organisation du bas fond de Laïndé Karéwa regroupent les points suivants :

- la proximité du bas fond avec les habitations facilite l'accès et permet le contrôle des dégâts liés au vol et aux pâtures des animaux;

- la densité du réseau hydrographique rattaché au bas fond qui compte environ douze cours d'eau pour le drainage d'un kilomètre carré;

- la superficie, 126,6 ha est très importante pour la production agricole et surtout dans un contexte de saturation foncière où la sécurité alimentaire devient de plus en plus aléatoire. Elle est suffisante pour inciter à penser à un aménagement hydro agricole pour encourager la gestion des ressources naturelles. Puisque de nos jours, pour certains auteurs, cette gestion renvoie beaucoup plus à

l'amélioration de la productivité des espaces portant ces ressources naturelles. Si la superficie conditionne le niveau d'investissement, le bas fond de Laïndé Karéwa devrait faire l'objet d'une étude d'aménagement. A ce titre nous rappelons que le périmètre irrigué de DROH GANA au Tchad est aménagé sur une surface de moins de 30ha;

- La tenure foncière est essentiellement du type propriétaire, ce qui favorise un bon cadre de dialogue pour la concertation. Elle garantie la pérennité de la production agricole dans cet espace souvent rares en milieu soudano sahélien;

- L'expérience villageoise sur les cultures de rente (canne à sucre, bananiers et fruitiers) et la gestion de l'eau. Les producteurs connaissent à leur niveau les itinéraires techniques des cultures et les méthodes bien que peu efficaces de contrôle des eaux de crues. Une étude critique sur les dimensions des canaux de drainage qu'ils ont aménagés, permettra d'améliorer leurs connaissances dans ce domaine;

- La reconnaissance par les agriculteurs des autres usages tels que l'abreuvement et le pâturage exercés par les éleveurs. Ceci constitue une base de dialogue et même un départ sur le processus de gestion concertée;

- L'existence d'une pente globalement favorable à une irrigation de surface par

gravité et une lutte anti-érosive moins exigeante en matériels et techniques.

En ce qui concerne les contraintes d'exploitation du potentiel du bas fond, nous

avons retenu les plus fréquemment rencontrées que sont:

- L'ignorance des paysans des limites exactes du bas fond. La densité d'exploitation en contre saison est plus élevée dans sa zone centrale. Les versants du bas fond restent presque inexploités. Or il est bien possible de les valoriser avec les cultures maraîchères (jardinage);

- l'absence de technique de conservation de l'eau qui s'observe par le fait que les exploitants en amont du bas fond se soucis plus au drainage des parcelles pendant la saison pluvieuse. Alors que dans la même partie, le problème d'accès à l'eau d'irrigation en saison sèche constitue une contrainte majeure à l'exploitation;

- Le manque de technique adaptée de conservation de sol en zone avale du bas fond est marqué par l'érosion par ravinement (présentée par la figure 4.12) qui favorise l'agrandissement du lit mineur et crée des méandres. Ce processus est à l'origine de la réduction des surfaces exploitables dans cette partie du bas fond.

Cette situation inquiétante évolue chaque année et fait déguerpir certains producteurs de leurs parcelles. La menace est évidente et les pratiques culturales ne peuvent pas supprimer ces ravins, il est imminent de penser à des aménagements plus appropriés.

Figure 4.12 : Parcelles de canne à sucre détruites par l'érosion par ravinement

- la sur humidité du sol de juillet à septembre, limite les activités d'entretien et d'aménagement des parcelles de canne à sucre en maturité. La présence des herbes et sous arbrisseaux augmente la couverture du sol qui contribue à l'humidifier d'avantage. Par conséquent, elle augmente le temps de travail consacré au sarclages et drainage. La canne à sucre en cette période a besoin de moins d'eau et d'une température assez basse. Cette contraintes aura une influence sur la production et donc sur le revenu final du producteur;

- la densité des canaux de drainage est élevée et rend difficile le transport des botes des cannes à sucre et même des régimes de banane lors des récoltes. Ce transport qui est généralement assuré sur la tête par les paysans et qui nécessite assez de main d'oeuvre et d'investissement.

4.2 ETAT ACTUEL DE LA PISTE A BETAIL DU VILLAGE ET IDENTIFICATION DES ESPACES CONFLICTUELS

4.2.1. Etat actuel de la piste à bétail du village

La piste à bétail traversant le terroir s'étale dans sa partie centrale sur près de trois kilomètres. Elle débouche au sud dans le bas fond de Laïndé Karéwa qu'elle traverse par sa deuxième mare d'eau, et au nord dans le bas fond en aval de la colline de Mafa kilda, à la limite du campement peul du terroir. Ses abords (gauche et droite) sont exploités à des fins agricoles et rarement à d'autres usages. Il s'agit en fait d'une piste prise en << sandwich >> par des parcelles agricoles en zone exondée du village. Les objectifs de son exploitation et ses dimensions caractérisent son état actuel.

4.2.1.1 Objectifs d'exploitation de la piste

L'exploitation de la piste en saison sèche par les éleveurs est liée à l'objectif d'abreuvement et de la recherche du pâturage (résidus culturaux, pâturage du sud-est de Laïndé). Lorsque l'eau devient abondante dans le terroir (présence des points d'eau superficielle), cet objectif est essentiellement lié au pâturage. Le non changement d'objectif d'exploitation de la piste depuis sa création à nos jours témoigne du fait que les acteurs (éleveurs comme agriculteurs) sont parfaitement informés sur cet aspect. Les travaux de délimitation de cet espace connue sur l'appellation de << Burtol >> (piste en foulbé) ont certainement intégré les différentes parties. L'existence des pistes à batail dans le village n'est pas méconnue par les exploitants. Ce facteur apparaît ainsi un élément important de négociation pour la concertation entre les acteurs (agriculteurs et éleveurs).

4.2.1.2 Les dimensions et ouvrages d'entretien

Entre les deux bas fonds, comme nous l'avons dit, la piste s'étale sur une longueur moyenne de 2,7 km. Suivant le même itinéraire, se localisent de part et d'autre de la piste, plusieurs parcelles agricoles aux limites souvent pas évidentes. Entre deux parcelles opposées, marquant les limites en largeur de la piste, nous obtenons un écart moyen de 32 m. Or selon les dires des paysans, la largeur initiale retenue par les autorités administratives est de 50 m. Ce qui a été confirmé sur le terrain par la mesure entre deux bornes administratives. L'écart direct entre les bornes est de 40 m. On suppose qu'un retrait de 5 m de part et d'autre de la piste a été prévu.

Habituellement, l'aménagement des pistes à bétails tient compte de l'accroissement naturel du cheptel villageois pour permettre d'allonger sa période d'utilisation (durée de vie). La largeur officielle de la piste à cet effet est de 100 m, soit 50 m de large et 25 m de retrait de part et d'autre pour sa protection. Dans le contexte actuel de Laïndé Karéwa, la largeur moyenne de 32 m (y compris le retrait) suppose une diminution littérale de la largeur initiale (50 m) de 18 m soit 9 m de part et d'autres de la piste. La diminution ne se fait pas de manière progressive et identique de deux côtés, dans la mesure où parfois on est en moins ou en plus de 32 m. Mais de façon générale, il est évident que la piste a été consommée par des parcelles agricoles, lesquelles d'ailleurs sont de plus en plus crées. On assiste alors à une conquête agricole de l'espace pastoral. Cette conquête est constatée par la reconnaissance des aménagements que sont les bornes, << sorte de titre foncier >>, à l'intérieure de certaines parcelles agricoles.

Pour une bonne sécurité foncière, un total de huit (08) bornes (5 bornes en béton et 3 bornes biologiques) sur une longueur de près de trois kilomètres est très insuffisant pour limiter la progression agricole. Ceci par conséquence n'encourage pas leur entretien par les exploitants. Sur le terrain aucun signe d'entretien ne se fait remarqué ni pour le rappel à l'ordre des agriculteurs ni pour la conservation de la piste. Cette situation constitue une faiblesse à l'initiative de départ qui est pourtant efficace à l'organisation d'un espace dans l'optique de gestion durable des ressources et de prévention des conflits dans un terroir. On peut tenter de dire qu'il manque de << police >> d'entretien capable d'assurer le respect des règles établies. Et surtout dans un contexte où il manque de transfert de responsabilité entre les exploitants, cette situation favorise l'occupation anarchique de ces espaces considérés comme accessible. La multiplication des conflits le long de la piste est sans doute liée, parmi tant d'autres facteurs, à l'absence de cette << police >> d'entretien. A ce propos, dans l'optique de minimiser les conflits agropastoraux au Tchad, la garde nationale nomade s'est vue confiée la mission de convoyer les éleveurs dans les couloirs de transhumance. La vulgarisation a permis d'éduquer les bouviers pour limiter leurs déviances de comportement (Doudet, 2007). La police d'entretien dont il est question est une sorte de dispositif à créer dans le but d'entretenir les couloirs par des opérations de suivi et contrôle des limites des pistes. Elle peut aussi de temps à autre planter d'autres bornes biologiques le long de la piste pour assurer sa protection.

4.2.2 Les zones de conflits agropastoraux le long de la piste

Les conflits agropastoraux dans le terroir de Laïndé Karéwa se manifestent différemment suivant leurs causes. Ils dérivent principalement de la pression humaine sur les ressources naturelles spécifiques telles que : la terre, les zones de pâturages, les points d'eaux etc. Le long de la piste, les enquêtes et le parcellaire fait au lever GPS des parcelles a permis d'obtenir la figure 4.13.

Figure 4.13 : Parcellaire des zones conflictuelles le long de la piste à bétail.

Les zones de conflits bordant les deux cotés de la piste sont des terres cultivées. A cause de leurs stratégies et objectifs divergents, les agriculteurs et les éleveurs n'arrivent pas à collaborer pour la gestion de ces espaces. Pourtant Cette collaboration est indispensable pour le processus de concertation. Elle devient à cet effet une quête à poursuivre et à gagner dans l'avenir.

De cette figure, les 40 zones conflictuelles soit 70 % du total des parcelles, sont essentiellement des parcelles agricoles cultivées pendant cette campagne. Leur nature

agricole et aussi à leur facilité d'accès (absence des obstacles sur les limites) est favorable aux conflits. L'aspect social encourageant ces derniers est lié : à la différence d'appartenance ethnique et celle de classe d'âge des exploitants (agriculteur et éleveur). Les bouviers à qui sont confiés les troupeaux, sont généralement des jeunes enfants (d'âge maximal compris entre 10-20 ans). Les 15 parcelles non conflictuelles sont des

espaces impropres à l'exploitation agricole. Ils sont soit rocheux, soit pierreux l'érosion hydrique est très poussée. Le fourrage qui se trouve sur ces espaces est de

faible valeur nutritive. Les animaux ne mettent pas de temps dans ces zones lors de leur passage. Au nord de la piste, les parcelles non conflictuelles appartiennent aux éleveurs et sont placées après les parcs à bétail.

Nous retiendrons grossièrement que les zones de conflits le long de la piste ne sont pas spécifiques aux critères relatifs à leurs exploitants. C'est plutôt l'état cultivé des parcelles qui fait office aux conflits. En effet pendant la saison pluvieuse, les cultures constituent des attractifs aux animaux et comme les parcelles sont facilement accessible (absence de clôture) le risque de dégâts devient élevé. Les parcelles inexploitées à cause de leur nature rocheuses, restent pratiquement pas sollicitées par les animaux. La mise en place d'une barrière naturelle ou artificielle pour rendre difficile l'accès aux parcelles cultivées apparaît comme un moyen de limiter les conflits sur ces parcelles. La localisation géographique de ces espaces a permis de comprendre les types et les causes des conflits.

4.2.2.1 Types et Causes des conflits

Les deux principaux types de conflits identifiés le long de la piste à bétail lors de nos enquêtes sont liés aux activités des exploitants. Il s'agit des conflits de type agricole et ceux de type pastoral.

Les conflits de type agricole tel que montré par la figure 4.14, résultent de la violation des limites de la piste à bétail par les agriculteurs. En augmentant la surface de son champ, l'agriculteur consomme chaque année l'espace définis pour la piste à bétail. Ce qui réduit au fur et à mesure sa largeur. Sur les 40 parcelles conflictuelles, nulle part une largeur égale à la dimension initiale de la piste n'a été rencontrée. Par conséquent, il s'agit d'une tendance générale à la violation des limites de la piste. Le désir d'accroître la production en agrandissant les parcelles n'est pas approprié puisque le problème de la baisse de la fertilité des sols est le facteur causal de la chute des rendements dans le

terroir. Une diminution moyenne de la largeur de la piste de 18m est suffisante pour expliquer la présence des bornes dans certaines parcelles agricoles.

Figure 4.14 ; Violation des bornes (limites de la piste à bétail) par les parcelles

Les conflits de type pastoral proviennent principalement de la mauvaise conduite des éleveurs lors du pâturage et de l'abreuvement de leurs animaux. En saison pluvieuse, la majorité des éleveurs est à la quête du bon pâturage qui est le plus souvent localisé dans les parcelles en jachères. Ces éleveurs, sachant bien que les pistes à bétail secondaires n'existent pas et que les jachères sont toujours entre les parcelles cultivées, n'hésitent pas de sortir carrément de la piste à bétail pour atteindre ces pâturages. Ce qui favorise l'occurrence des dégâts des animaux sur les parcelles de cultures. La figure 4.15, présente un cas de cette situation sur le terrain.

Figure 4.15 : Boeuf dans une parcelle cultivée lors du pâturage sur les jachères
82

Le résultat du comportement de ces éleveurs est plus tard ressenti par l'agriculteur sur sa production. Ce même problème, lors de l'abreuvement des troupeaux, est critiqué par les agriculteurs dans le bas fond. Malgré les reproches des producteurs, les éleveurs semblent être convaincus de leur conduite. Pour ces acteurs, comme le soulignent Tchopsala et al., (2007) c'est le problème de manque et d'éloignement des pâturages naturels qui les amène à convoiter les zones de jachère. Ils affirment à cet effet que : « ce n'est pas un acte volontaire de laisser le troupeau entrer dans les champs ».

Les causes liées aux différents types de conflits que nous avons retenues de l'analyse de la piste à bétail apparaissent comme des facteurs qui incitent ou favorisent un comportement donné. Dans le premier type de conflits, la conquête agricole de l'espace pastoral est favorisée par le manque de mesures de protection de la piste à bétail et du dispositif de contrôle de la progression des parcelles agricoles. L'absence d'informations plus spécifiques relatives à la création de ces pistes ne nous permet pas de tirer des conclusions sur cet aspect. Mais nous estimons que ces facteurs sont parmi les faiblesses du processus de création des pistes à bétails du terroir. Le manque de clôture sur les parcelles cultivées est également un facteur de conflit. En effet, les animaux, attirés par la verdure finissent toujours par pénétrer dans ces parcelles cultivées pour brouter les plantes en champs. Avec les conflits de type pastoral, la principale cause concerne le manque de responsabilité des propriétaires des bétails. Généralement le pâturage des animaux est assuré par des bouviers très jeunes. La majorité de ces jeunes n'est pas informée sur les règles et prescriptions établies au départ pour la préservation des conflits le long des pistes à bétail. Ce manque de transfert de responsabilité favorise des comportements moins convenables au maintien de la paix et de la stabilité sur les pistes à bétails.

Ainsi donc, lorsqu'il se pose un conflit quelque soit son type, les manifestations généralement observées chez les exploitants concernent les plaintes, les disputes, les bagarres ou la combinaison des trois. Sur le terrain, il existe très rarement des situations où on rencontre un seul cas de manifestation. En associant ces différents cas par ordre d'apparition, les enquêtes nous ont conduits aux proportions montrées par la figure 4.16.

Proportion de différents cas de manifestation de type de conflit

10%

42%

30%

18%

Disputes simples Disputes et plaintes

Disputes et bagarres Disputes, plaintes et bagarres

Figure 4.16 : Proportion des cas de manifestation de conflits agropastoraux

De cette figure, il ressort que 42 % de cas de manifestation des conflits associe les disputes et les plaintes aux bagarres. Ce qui signifie que dans la plus part des situations de conflits, on assiste à des bagarres. Celles-ci peuvent engendrer des pertes en vies humaines qui ne sont pas souhaitable dans une société donnée. De ce fait nous pouvons confirmer que les conflits agropastoraux le long de la piste à bétail sont la cause principale de la rupture de concertation entre les acteurs. Ce qui par voie de conséquence ne favorise pas la gestion concertée de la ressource naturelle. De cette évidence, les plates formes de concertation auront du mal à être mise en place. Mais comme pour Aminou (2007) qu'aux dires des exploitants, les conflits sont généralement mieux gérés par les populations elles-mêmes que par les autorités de la place, il convient de dire qu'il existe un préalable au processus de cogestion. Dans un proche avenir, il sera important de penser à la responsabilisation des agriculteurs et des éleveurs par leur sensibilisation sur les droits et devoirs de chacun sur une ressource naturelle donnée. Toutefois, nous devons retenir qu'il se pose un problème véritable de respect du prochain et d'intégration des peuples auxquels s'ajoute le problème de respect des normes et celui de réglementation. En effet, les normes voudraient que la largeur d'une piste à bétail officielle soit de 100 m dont 25 m de part et d'autre et 50 m au centre. Ce qui aurait l'avantage d'avoir même en cas critique une largeur d'au moins 50 m et duquel un bon climat de dialogue. La réglementation quand à elle établie des

mesures d'entretien et de respect des règles de gestion de l'espace. Il devrait exister un statut définissant le mode d'exploitation et d'occupation de l'espace aux alentours de la piste à bétail pour influencer les comportements des exploitants et assurer la police d'entretien souligné plus haut. La responsabilisation des acteurs peut passer par la vulgarisation des techniques de restauration de la fertilité du sol dont l'objectif est d'améliorer la productivité des espaces afin de freiner la progression agricole. A ce titre on peut penser au contrat de parcage et de fumure avec les éleveurs. Ces derniers, seront ainsi associé à la démarche et pourrons comprendre les problèmes de production dont souffrent les agriculteurs. Sur la base de certaines techniques agroforestières un effet triple peut être espéré par :

· la création des clôtures biologiques à l'aide de ces espèces agroforestières ;

· la résolution en partie des problèmes de fertilité des sols et à long terme;

· la disponibilité des fourrages à partir des espèces, la plupart légumineuses. utilisées dans les clôtures.

Une étude dans cette perspective devra permettre de connaître les possibilités de mise en oeuvre des clôtures des parcelles et les alternatives y afférentes.

4.2.2.2 Possibilités d'amélioration de la gestion des pistes à bétail

L'amélioration de la gestion des pistes à bétail dans le terroir de Laïndé Karéwa suppose une situation capable de restaurer le climat de confiance entre les différents groupes d'acteurs. Il est très difficile en tenant compte du contexte actuel d'arriver d'un seul tenant à cet objectif. Toutefois avec une vision progressive, on peut penser aux mesures ci après.

i. Identifier les acteurs propriétaires des parcelles et des bétails

Il sera question de connaître les exploitants propriétaires des parcelles ou des troupeaux, car très souvent, les conflits se passent entre les non propriétaires qui changent en fonction des années.

ii. Evaluer le niveau de connaissance de ces propriétaires sur l'historique de la piste à bétail (dimension, objectif d'utilisation)

Cette mesure permet de connaître le niveau de responsabilité de chacun sur les conflits. Elle facilitera le déroulement du processus de sensibilisation des différents exploitants.

iii. Négocier les possibilités de réhabilitation de la piste dans l'optique de résoudre les conflits agropastoraux

La négociation se fera de manière douce et très sérieuse, c'est à dire que le propriétaire terrien a la possibilité d'accepter ou non les propositions faites, mais doit véritablement comprendre la nécessité de la négociation. Cependant, l'idée de clôtures biologiques par les essences agroforestières ou épineuses est à privilégier, puisqu'il s'agit d'une intervention à bénéfices multiples. En cas d'accord, les éleveurs quand à eux doivent s'engager à fournir le fumier nécessaire pour la mise en place de ces essences. Si l'irrigation est à prévenir, le transport de l'eau et du fumier doit être assuré par ces éleveurs. Cette participation des éleveurs aura l'avantage d'amorcer le processus de concertation et de prise en charge par les populations de leurs problèmes de développement.

iv. Organiser une réunion de concertation

C'est la réunion au cours de laquelle les acteurs seront appelés à confirmer sans contraintes leur engagement devant leurs frères afin de fortifier les collaborateurs et de donner un poids à la démarche d'amélioration. Il sera astucieux d'inviter les populations lors de ces engagements afin de vulgariser leur message de prise en charge et de collaboration pour le développement de leur terroir.

v. Mettre en oeuvre le projet d'amélioration de la gestion des pistes

C'est la phase où les décisions des uns et des autres doivent être concrétisées à l'aide d`un support technique et de contribution locale (main d'oeuvre). Le projet ARDESAC pourra, pour accompagner les actions et faciliter la mise en place de la plate forme, s'engager à faire parvenir le matériel biologique nécessaire à la réhabilitation de la piste.

L'association des autorités à l'origine de la création et l'aménagement de la piste, au processus de négociation et de mise en oeuvre aura l'avantage de rétablir le climat de confiance entre elles et sa population. En même temps, elle permettra d'associer l'état, qui est incontournable dans les projets de résolution des conflits sociaux et dont l'engagement constitue une garantie à l'officialisation du cadre de dialogue.

4.3 PROPOSITIONS D'AMELIORATION DE L'ORGANISATION DE L'ESPACE ET SCENARIOS D'EVOLUTION

4.3.1 Propositions d'amélioration du mode d'organisation actuel de l'espace

Les propositions sont relatives aux différentes remarques faites tout au long de cette étude. Nous insistons sur le fait qu'il s'agit des éléments d'amélioration ou de

changement d'une situation donnée pouvant contribuer à l'essor des activités et à l'épanouissement de leurs acteurs. Partant de l'organisation spatiale du village et des comportements des exploitants, les propositions d'amélioration de l'organisation de l'espace exondé portent sur les points suivants :

> La mise en place d'un système de sécurisation foncière qui doit amener les exploitants à reconnaître le domaine foncier de chaque activité. Ceci se fera de manière progressive et avec l'implication des autorités locales et administratives.

> Une fois les espaces clarifiées, mettre en place, suivant le processus ci haut présenté, un programme de réhabilitation de toutes les pistes à bétails et hurum en les clôturant biologiquement par des espèces épineuses ou agroforestières. Les exploitants (agriculteurs et éleveurs) seront chargés de la réalisation de ces travaux.

> Renforcer les actions de lutte anti-érosive en insistant sur les techniques simples et faisables. Les cultures sous couverture végétale (CSCV) seront les bienvenus à côté des bandes enherbées déjà connues par les exploitants. En effet, on cherche par là à récupérer plus des terres possibles et à améliorer les rendements des producteurs par les effets induits de ces techniques. La meilleure approche dans ce contexte est d'utiliser la terre en fonction de sa vocation. On ira donc déterminer les terres marginales (rembourse l'investissement), les terres aptes (moins de 25 %) et celles très aptes (plus de 25 % d'investissement). L'individualisme agraire constitue une barrière à cette mesure, toutefois une étude devra être menée dans ce cadre.

> Clarifier les pistes d'exploitation en les officialisant pour permettre de distinguer

les différentes zones et d'avoir une répartition assez ordonnée de l'espace. L'application de ces propositions arrivera à créer un nouveau paysage où l'approche participative aura un poids considérable dans l'organisation du terroir et dans le processus de développement.

Par analogie à l'utilisation du sol en fonction de sa vocation, on pense que le bas fond doit être organisé de manière à supporter les insuffisances de la partie exondée. De ce point de vue, les aménagements hydro agricole doivent être prioritaires afin de favoriser l'installation d'un climat de sécurité alimentaire et de génération de revenu supplémentaire. Compte tenu de ses potentialités physiques (forme, superficie, pédologie, hydrologie, topographie), nous proposons :

i)- La réalisation en amont du bas fond, d'un ouvrage hydraulique capable de stocker les eaux de ruissellement en temps pluvieux et de favoriser leur épandage dans les versants. Ce qui aura l'avantage, parmi tant d'autres, de réduire la vitesse d'écoulement des eaux, d'assurer la recharge des nappes phréatiques, et de mieux contrôler le problème de drainage qui s'y pose. Au même moment, certains espaces deviendront aptes à produire en contre saison à cause de la proximité de la nappe. L'irrigation de surface à petite échelle (arrosoir, sillons ou en planche) dans les versant s'installera à cet effet pour la culture maraîchère. Pour répondre aux objectifs d'aménagement sollicité, trois types d'ouvrages peuvent être envisagés. Ils concernent :

> Le barrage équipé d'un déversoir et d'une écluse (vanne) comme proposé par Euroconsult, (1987) dans les bas fonds de Bounga et de Djaloumi au Nord Est Bénoué. Pour ce faire, la nature et la pente du sol, le type de culture (besoin en eau), le stock annuel (débit minimal nécessaire) sont les paramètres clés de la conception de l'ouvrage. Son fonctionnement global impose un contrôle permanent de l'écluse pour la mise ou non sous eau du bas fond. Ce qui nécessite la formation technique des producteurs et une réglementation dans la gestion afin d'éviter des conflits sociaux.

> Les digues filtrantes, qui en plus des effets sur le flux hydrique permettent de résoudre certains problèmes d'érosion. Ce sont des ouvrages parcellaires construits perpendiculairement à l'axe du bas fond ou en courbes de niveau, pour ralentir et étaler les flux de ruissellement. Leur inconvénient résidera au niveau de la réorganisation des parcelles et l'exigence en main d'oeuvre.

> Les biefs, tant sollicités par les producteurs, ont l'avantage d'être construits sur le lit du cours d'eau. Leur conception est complexe, mais l'effet sur le contrôle de l'écoulement est satisfaisant. Le problème d'érosion avec ces ouvrages persiste dans la plupart des cas.

En somme, il serait très indispensable d'engager une étude spécifique sur le type d'aménagement à mettre en oeuvre. Celle-ci mettra plus d'accent sur les faisabilités techniques, c'est-à-dire le dimensionnement en fonction du site choisis et des objectifs énumérés plus haut.

ii)- la réhabilitation des points d'abreuvement des animaux

Ces points d'eau sont en général taxés de source de maladie en saison sèche profonde à
cause du niveau très bas de l'eau. A cause de la concentration des animaux au tour de
ces eaux, les conflits agropastoraux deviennent plus fréquents. Il importe donc

d'aménager les berges du lit mineur et d'approfondir ces zones de concentration d'eau pour augmenter le volume disponible. Les effets induits de l'ouvrage hydro agricole proposé plus haut seront importants pour accroître cette disponibilité. En réhabilitant les pistes à bétail, ces points d'abreuvement seront sécurisés, une gestion plus responsable de cette ressource se déroulera.

4.3.2 Scénario d'évolution

C'est une forme de projection dans l'avenir de ce qui pourra affecter l'organisation proposée dans le cadre de cette étude. Nous fixons les bases de changements sur deux facteurs déterminants du mode d'organisation : l'accroissement de la population et celui du cheptel animal du village. La pression démographique sous entend une pression agricole sur la ressource terre et fourrage. Par contre, la croissance du cheptel animal affecte la charge pastorale des espaces de pâturage et même des pistes à bétail. En variant ces deux paramètres, on peut prédire le devenir des propositions d'organisation avancées plus haut. Ainsi, nous aborderons trois cas de figure.

i. Augmentation de la population et du cheptel animal

Dans ce premier cas de figure, l'augmentation de la population va entraîner un accroissement de la concurrence sur l'espace et une persistance des conflits au sein de la société. Mais si les propositions d'amélioration sont respectées, la nouvelle organisation soutiendra l'émergence d'autres secteurs d'activités comme le commerce, le transport, l'éducation et la transformation des sous produits agricoles. Comme tout le monde ne sera pas agriculteurs ni éleveurs, une bonne partie de la population sera dirigée vers ces secteurs. Ce qui réduit la pression humaine sur les ressources naturelles sollicitées comme la terre. Dans le contexte actuel, le phénomène d'augmentation du cheptel animal est bien possible dans la mesure où Aminou (2007) remarque dans ce sens que, les agriculteurs intègrent de plus en plus les productions animales dans leur système. Cependant avec les aménagements dans le bas fond, l'économie de ces producteurs sera améliorée et leur climat d'affaire se développera. Ainsi, les effets de la pratique d'élevage sur les espaces agricoles et pastoraux seront négligeables. Puisque, la production intensive s'installera dans tous les secteurs d'activités. Les flux de résidus culturaux vont changer de sens. Ils tendront beaucoup plus vers une destination familiale. On passera ainsi à un système intensif d'élevage sédentaire. Les éleveurs quand à eux persisteront dans leurs systèmes de semi transhumant par ce qu'ils sont en

possession des gros bétails dont l'alimentation exige plus de moyens. La taille du cheptel chez les producteurs n'ira pas au-delà de cinq à dix têtes.

ii. Augmentation de la population et effectif constant du cheptel animal

Dans ce cas, la sécurité foncière a un rôle très déterminant à jouer. Elle doit officiellement reconnaître le droit d'usage et le domaine de chaque secteur d'activité sur l'espace. En zone exondée, si les règles de gestion (limites des pistes et des hurum) sont parfaitement respectées par les acteurs, il n'y aura pas de graves conséquences sur la zone cultivée. Mais le système de production va s'intensifier d'avantage. La recherche dans le domaine de fertilité et des CES sera très sollicitée pour assurer la pérennité des activités. L'élevage va continuer normalement et son importance dans l'approvisionnement en protéines animales sera plus marquée. Avec une forte demande, les prix des produits d'élevage vont augmentés, ce qui constituera une marge bénéficiaire aux éleveurs. Au bas fond, on assistera à une compétition sur l'accès aux parcelles de cultures et progressivement on observera les situations suivantes :

- Les propriétaires des grands domaines seront obligés de céder ou vendre une

partie de leurs parcelles aux amis et frères. Il y'aura des signes

d'individualisation sur les parcelles;

- L'augmentation du prix de la terre aura des conséquences sur le marché local et régional des produits agricoles;

- De plus en plus on assistera à la production des cultures à cycle court et on passera donc à une double ou triple culture par an. Ce qui interpellera forcement la recherche ;

- La surexploitation du bas fond entraînera la dégradation rapide des ouvrages et dont la nécessité d'un comité de gestion très performant.

iii. Augmentation du cheptel animal et effectif constant de la population

L'augmentation du cheptel animal du village se traduira malgré la présence des jachères, par la diminution sensible du fourrage et de l'eau. La non disponibilité du fourrage devient alors un facteur limitant à l'activité pastorale. Ce manque d'aliment apparaîtra sur la morphologie des animaux (amaigrissement général). Les taux de morbidité et de mortalité seront ainsi plus élevés. Les mesures d'intensification du système d'élevage ou le développement des techniques sylvopastorales doivent être mises en oeuvre par l'état et les services d'encadrement pour maintenir l'activité. Au

niveau du terroir, si les propositions d'amélioration ont été respectées, une bonne cohésion sociale sera développée. Ainsi, il est possible de voir émerger des contrats de fumure (échange entre les acteurs) en binôme, c'est à dire un éleveur pour un agriculteur. Ceci peut largement résoudre le problème de disponibilité du fourrage, car on pourra valoriser au maximum les résidus culturaux. Cette cohésion sera facilitée par le respect des règles de gestion de l'espace établies lors des négociations de réhabilitation des pistes. La non augmentation de la population est très peu probable selon le contexte actuel dont on estime un accroissement annuel de la population de 2 à 3 % dans les zones rurales au Nord Cameroun (Barbier et al, 2002). Mais s'il s'agit d'une augmentation moins sensible de la population, cette croissance légère aura moins d'impact sur les ressources naturelles et en particulier sur la terre.

CHAPITRE V : CONCLUSION ET RECOMMANDATION

5.1 Conclusion

Il ressort de l'analyse de l'organisation actuelle de l'espace que la zone exondée du terroir présente un paysage agraire de type mixte. Les dimensions des parcelles sont essentiellement des dimensions officielles. Les reliefs crées par l'aménagement (homme) les plus rencontrés concernent les billons, les bandes enherbées et les planches rizicoles. Dans ce paysage, la présence du bas fond a une influence sur la densité des pistes d'exploitation. Elle est plus élevée du côté où se trouve le bas fond (sud du terroir). Les pistes marquent aussi le réseau de distribution des biens et services entre les exploitants et dont l'état conditionne leur flux. Dans la zone exondée, les logiques paysannes d'organisation de l'espace identifiées sont liées aux intérêts, à l'apaisement de tensions et à la technique d'adaptation au milieu.

Le bas fond est un espace à potentiel agropastoral très important. Ses caractéristiques physiques montrent une surface de 126,6 ha de forme allongée et d'un indice de pente global de 1,47 %. Au total, 184 parcelles agricoles sont exploitées dont 144 sont détenues par les propriétaires fonctionnant en faire valoir direct. Ceux-ci forment un groupe important avec lequel la décision d'une gestion plus organisée du bas fond par un aménagement hydro-agricole peut être entreprise. Le fonctionnement hydrologique du bas fond montre que son écoulement de surface (dans le lit mineur) contribue bien à l'alimentation de sa nappe phréatique en saison des pluies. Cette communication entre les ressources de surface et celles souterraines malgré le ruissellement est bien ressentie, du moins en temps pluvieux, au niveau des puits proches du lit mineur du bas fond. Les principales contraintes agricoles de ce milieu sont liées au problème de maîtrise de la variation temporelle de sa disponibilité en eau. Dans le mode d'exploitation du bas fond, la canne à sucre et les fruitiers occupent une place importante. Les logiques d'organisation de cet espace reposent beaucoup plus sur son hydrographie et sur sa topographie qui influence le flux d'eau. Globalement les paysans organisent leur parcelle en fonction du gradient d'humidité et des possibilités d'accès à l'eau pour l'irrigation. Ces deux facteurs sont à la base du mode d'occupation du sol.

Sur la piste à bétail du village, la situation actuelle est caractérisée par la persistance des conflits de type agricole et pastoral. Ces derniers dérivent à la fois du grignotage de la piste et du mauvais comportement des éleveurs. La largeur de la piste est passée de 50 m selon les dimensions initiales à 32 m en moyenne aujourd'hui soit une réduction de l'ordre de 9 m de part et d'autres. Le long de cette piste, 70 % des parcelles identifiées sont conflictuelles. Le manque de clôture sur les parcelles et des mesures d'entretiens de la piste crée d'avantage ce climat de conflit. Avec les dimensions actuelles, les animaux, en perpétuelle croissance, ne peuvent pas être convoyé dans ce couloir. Une nouvelle négociation pour la réhabilitation des pistes s'impose, elle apparaît comme la solution la plus pacifique à entreprendre.

Les propositions d'améliorations d'organisation de l'espace faites en zone exondée concernent deux points clés à savoir : le développement d'un climat de sécurité dans le domaine foncier et la réhabilitation des pites à bétail et celles d'exploitation. Ces propositions viennent en appuie aux initiatives déjà existantes pour faciliter la responsabilisation des différents exploitants et leurs interdépendance. Le bas fond, observé comme ressource potentielle capable de réduire la pression humaine sur les terres exondées, a fort besoin d'un aménagement (réalisation d'ouvrage) hydro agricole pour améliorer sa productivité. Le développement d'une intense activité agricole dans cet espace va ôter la pression foncière sur la zone exondée.

L'étude des scénarios d'évolutions remarque qu'en cas d'application des propositions d'amélioration, la croissance de la population et ou du cheptel animal du village aura peu d'impacts sur la nouvelle forme d'organisation de l'espace. Les agriculteurs et éleveurs, en état de conscience véritable de leur prise en charge et des efforts des services d'encadrement, seront bien motivés à respecter leurs engagements et à garantir leur sécurité. En plus, le développement des autres secteurs tels que le commerce et la transformation constituera un gage au désir de maintenir une situation stable pour éviter la marche en arrière.

5.2 Recommandations

> Au projet ARDESAC et particulièrement à son programme 1.3 nous recommandons les points suivants :

- faire une étude sur le mode de sécurisation foncière existant dans le terroir et les possibilités de son affermissement ;

- initier un cadre de dialogue entre les animateurs de la plate forme et la nouvelle génération des acteurs, potentiels agents de sensibilisation.

- clarifier la situation des autres pistes à bétail pour ressortir leur point commun.

- réhabiliter par des aménagements biologiques ou à l'aide des roches volumineuse les différentes pistes à bétail pour les particulariser clairement des espaces cultivés. A défaut d'avoir 100 m de largeur officielle sur les pistes, les dimensions initiales de 50 m avec un retrait des parcelles de 10 m par côté doivent être maintenues. Nous pensons qu'on peut engager ce processus en respectant la démarche proposée dans le texte.

- lancer une campagne de sensibilisation des paysans sur la nécessité de gestion concertée et les perspectives d'avenir qu'elles peuvent procurer.

> Aux études futures, on peut envisager de :

- faire une étude d'évaluation du système d'irrigation et drainage dans le bas fond pour mieux apprécier le niveau de gestion de l'eau et de définir plus clairement les objectifs d'aménagement.

- faire une étude de conception d'ouvrage hydro agricole proposé. Ce dernier doit tenir compte des avis des producteurs.

- faire une étude sur l'apport économique des activités agricoles du bas fond dans les revenus des ménages.

> Aux des exploitants de l'espace agropastoral du terroir, nous recommandons :

- leur coopération volontaire avec les animateurs de la plate forme pour encourager le projet à mettre en oeuvre les propositions,

- l'intensification des pratiques de restauration du sol comme l'enfouissement des résidus de récolte, les cultures sous couverture végétale et les jachères améliorées,

- la démarcation de leurs parcelles près des pistes à bétails par des clôtures biologiques temporaires en attendant la mise en place des clôtures plus incontestables,

- les exploitants du bas fond doivent s'organiser au sein d'un groupement pour faciliter les tours d'eau d'irrigation et les activités de drainage en saison des pluies,

- l'aménagement des canaux de drainage, doit se faire en tenant compte du volume maximal d'eau à drainer (371 litres) et de la forme trapézoïdale des canaux pour augmenter leurs sections mouillées.

- la mise en place des boutures de la canne à sucre au mois d'avril est plus souhaitable pour mettre la plante dans ces conditions agro climatiques requises.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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ANNEXE 1

FICHE D'IDENTIFICATION DES EXPLOITANTS ET LEURS PARCELLES

Noms et

prénoms

Way point

Mode acquisition parcelle

Cult Prncp SS de

2007/2008

Cult Sec SS

2007/2008

Cult Princip

SP 2008/2009

Cult secon SP

2008/2009

type Engrais

type herbicide

Rdmtcult princ

07/2008

Rdmt

cult sec

07/2008

Propriétaire

Non prop

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ANNEXE 2
PROTOCOLE D'ETUDE DU FONCTIONNEMENT HYDROLOGIQUE

DU BAS FOND DE LAINDE KAREWA

I MESURES DE DEBITS PAR METHODE DE MANNING STRICKLER 1.1 Identification des sections de mesure

> Localiser deux tronçons homogènes à écoulement fluvial > Chercher la forme du canal : rectangulaire ou trapézoïdale > Mesurer les dimensions du canal : longueur, largeur maximale du canal (profondeur

maximale d'écoulement dans le canal) ; schématiser le canal

> Calculer le rayon hydraulique R du canal : section d'écoulement/périmètre mouillé

> Avoir une idée de la pente du terrain naturel

> Estimer toujours le coefficient n de Manning Strickler par la situation du canal

Situation

n

- canaux nus

 

Section uniforme, alignement régulier, sans pierre

0,018

Petites variations de la section, avec peu des pierres

0,0225

Canaux irréguliers et alignement

0,0225-0,03

- Canaux avec végétation

 

Courtes herbes (50-150 mm)

0,03-0,06

Herbes moyennes (150 -250 mm)

0,03-0,085

Herbes hautes (250 -600 mm)

0,04-0,150

- canaux naturels

propre et rectiligne

0,025-003

sinueux avec des mares

0,033-0,040

Très mauvaises herbes , sinueux

0,075-0,15

- Etat des rives

Bon : Ks

Mauvais :Ks

Lit mineur seul en ligne droite, niveau d'eau maximum

35

30

Lit mineur avec méandres, quelques trous d'eau ou quelques endroits peu profonds

40

20

Lit mineur avec méandre, avec des herbes et pierres

30

22

Lit majeur à écoulement lent sur fond d'herbe

 
 

Lit majeur très enherbé

10

7

Source : Fonteh et al (1996) ; Lavigne Delville et al, (1997).

1.2 Prise de mesures

> Utiliser la règle ou une échelle pour jauger le canal et avoir la hauteur d'eau

> Après chaque pluie, les mesures se font sur deux heures du temps avec intervalle de 30 minutes : chercher la pluviométrie correspondante du jours de mesure

> Lire et noter la hauteur correspondante, ainsi que le Ks ou n

II- MESURE DU NIVEAU PIEZOMETRIQUE DE LA NAPPE DANS LES PUITS

2.1 choix des unités de mesures

> Localiser trois à quatre puits suivant le profile longitudinal du bas fond et deux à trois puits suivant le transversal

> chercher la profondeur et la distance de chaque puits à l'aide des enquêtes ou en mesurant avec le décamètre en réalisant un fil à plomb

¾ nommer chaque puit pour l'identifier

> prendre les coordonnées GPS de chaque puit

2.2 Déroulement des mesures

> les mesures se font 2 fois par mois (début et fin du mois)

> fabriquer quatre fils à plomb à partir des ficelles (plus grosse) de longueur 5 mètre chacun. La graduation étant de 2 cm d'intervalle

> le principe est de chercher le plus faible contact possible avec la surface libre de l'eau dans le puit

ANNEXE 3

ZONES CONFLICTUELLES DES PISTES À BETAIL DANS LA PARTIE EXONDEE

Identifier d'abord les pistes actuellement exploitées par les éleveurs et remplir le tableau lors du suivi de l'itinéraire des pistes Tableau des zones conflictuelles de pistes à bétail

Way

point de

la

parcelle

Longueur (m)

Largeur (m)

Types de

conflit

Causes du

conflit

Position des parcelles agricoles (retrait et localisation)

Parcelle gauche de la piste

Parcelle droite de la piste

Nom &prén, sexe &

waypoint

Ethnie

Age

Nom, prén , sexe & waypoint

Ethnie

Age

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ANNEXE 4

Tableau: Nature des Exploitants et Parcelles Conflictuelles le Long de La Piste à Bétail du village de Laïndé Karéwa

Nom de l'Exploitant

Ethnie

Age

Position
parcelle

longueur de la parcelle

largeur

de la
piste

manifestation conflit

Causes
conflits

Baba Mbaïlo

Mboum

plus de 50

gauche de la piste

48 m

30.6 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts des animaux sur parcelles en SP

Moussa dourou

Dourou

plus de 50

droite de la piste

99 m

30.6 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts des animaux sur parcelle en SP

Moussa dourou

Dourou

plus de 50

droite de la piste

66 m

30 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts des animaux sur parcelle en SP

Naïda pierre 1

Mboum

plus de 40

gauche de la piste

89 m

37.6 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites, dégâts sur parcelles en SP

Naïda pierre 2

Mboum

plus de 40

gauche de la piste

75 m

31 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles en SP

Abdou bouba 1

Fadi

plus de 30

gauche de la piste

56 m

30.6 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts animaux sur parcelles en SP

Abdou bouba 2

Fadi

plus de 20

gauche de la piste

45 m

30.6 m

disputes

pénétration animale dans la parcelle

Paul gadala 1

Gadala

plus de 40

gauche de la piste

84 m

17 m

disputes,
bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelle

Paul gadala 2

Gadala

plus de 40

gauche de la piste

70 m

24 m

disputes,
bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles

Ngambay

Laka

plus de 30

gauche de la piste

69 m

47.6 m

disputes

désordre du troupeau

Mal Ousmanou

foulbé

plus de 35

gauche de la piste

88 m

29 m

disputes, plaintes

désordre du troupeau

Bassoro

Mboum

plus de 30

droite de la piste

50 m

30.6 m

disputes, plaintes

dégâts animaux sur parcelles

Gaston rimkoto 3

Laka

plus de 40

droite de la piste

85 m

29 m

disputes, plaintes

désordre du troupeau

Sadjo

Moundang

plus de

gauche de

153.2 m

36.6 m

disputes,

non respect

 
 

30

la piste

 
 

plaintes, bagarres

des limites et dégâts sur parcelles

Martin

Laka

plus de 40

gauche de la piste

60 m

35.6 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts animaux sur parcelle en SP

Yoro

Laka

plus de 40

droite de la piste

92 m

36.6 m

disputes, plaintes

dégâts animaux sur parcelles

Abraham "la famille" 1

Mboum

plus de 20

droite de la piste

30 m

36.6 m

disputes,
bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles

Achak ramo gaston

Moundang

plus de 20

droite de la piste

48 m

35.6 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts animaux sur parcelle en SP

Abraham "la famille" 3

Mboum

plus de 20

droite de la piste

97 m

50 m

pas de conflit

ras

Youssoufa

Gadala

plus de 20

gauche de la piste

75 m

50 m

pas de conflit

ras

Aïssatou

Lamé

plus de 30

gauche de la piste

50 m

50 m

pas de conflit

ras

Dada Ndriam

Moufou

plus de 50

gauche de la piste

35 m

50 m

pas de conflit

ras

Aïssatou

Lamé

plus e 30

gauche de la piste

50 m

50 m

disputes

désordre du troupeau

Vaïdjoua

Lamé

plus de 50

gauche de la piste

92 m

35.6 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelle

Maoundé
bernard 2

Mboum

plus de 40

droite de la piste

45 m

35.6 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelle en SP

Beïdji paul 1

Laka

plus de 35

gauche de la piste

93 m

65.8 m

disputes, plaintes

dégâts animaux sur parcelle en SP

Martine 1

Mboum

plus de 30

droite de la piste

65 m

65.8 m

disputes, plaintes

dégâts animaux sur parcelle en SP

Beïdji paul 2

Laka

plus de 35

gauche de la piste

97.4 m

47.6 m

disputes, plaintes

dégâts animaux sur parcelle en SP

Martine 2

Mboum

plus de 30

droite de la piste

66 m

47.6 m

disputes, plaintes

dégâts animaux sur parcelle en Sp.

Sadjo

Moundang

plus de 30

droite de la piste

102 m

44 m

disputes, plaintes

non respect des limites et dégâts sur parcelle

Ousmanou ladane

Moufou

plus de 65

gauche de la piste

307 m

63 m

disputes, plaintes,

dégâts animaux sur

 
 
 
 
 
 

bagarres

parcelle en SP

Mamouda

Mbororo

plus de 40

droite de la piste

58.4 m

63 m

pas de conflit

ras

Amadou guiziga

Guiziga

plus de 35

gauche de la piste

158 m

53 m

disputes, plaintes

dégâts sur parcelle lors de la sortie des animaux du parque

Amadou guiziga

Guiziga

plus de 35

gauche de la piste

174 m

30 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts sur parcelle lors de la sortie des animaux du parque

Ladane mbororo

Mbororo

plus de 40

droite de la piste

60 m

50 m

pas de conflit

ras

Handji

Mbororo

plus de 30

droite de la piste

89 m

50 m

pas de conflit

ras

Abdou hamadou

Mbororo

plus de 40

droite de la piste

67 m

30 m

pas de conflit

ras

zone du campement Mbororo

Mbororo

ras

droite de la piste

ras

50 m

pas de conflit

ras

Vaïdjoua

Lamé

plus de 50

droite de la piste

122.5 m

37.6 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles en SP

Gaston rimkoto 2

Laka

plus de 40

droite de la piste

71m

29 m

disputes

désordre du troupeau

Gaston rimkoto 1

Laka

plus de 35

droite de la piste

122.5 m

17 m

disputes,
bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles

Pas d'exploitant

ras

ras

gauche de la piste

107 m

50 m

pas de conflit

ras

pas d'exploitant

ras

ras

droite de la piste

92 m

50 m

pas de conflit

ras

pas d'exploitant

ras

ras

droite de la piste

111 m

50 m

pas de conflit

ras

Abraham "la famille" 2

Mboum

plus de 20

droite de la piste

32.7 m

36.6 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles en SP

pas d'exploitant

ras

ras

droite de la piste

125 m

45 m

pas de conflit

ras

Maoundé bernard

Mboum

plus de 40

droite de la piste

45.5 m

35.6 m

disputes, plaintes

non respect des limites et dégâts sur parcelle

pas d'exploitant

ras

ras

gauche de la piste

88.2 m

50 m

pas de conflit

ras

Ambété garga

Mofou

plus de 50

gauche de la piste

65 m

30 m

disputes,
bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelles en SP et SS

Bouba mafa

Mafa

plus de

gauche de

43 m

10 m

disputes,

non respect

 
 

30

la piste

 
 

bagarres

des limites et dégâts sur parcelles en SP et SS

Djaworo Hamidou

Mofou

plus de 40

gauche de la piste

100 m

35 m

disputes,
bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelle en SP et SS

Moussa Dourou

Dourou

plus de 50

droite de la piste

50 m

30 m

disputes, plaintes

non respect des limites et dégâts animaux sur parcelles en S

Baba Kaoussi

Dourou

plus de 40

droite de la piste

90 m

35 m

disputes, plaintes, bagarres

non respect des limites et dégâts sur parcelle en SP et SS

Djaoro Hamidou

Mofou

plus de 40

droite de la piste

100 m

10 m

disputes, plaintes, bagarres

dégâts lors du pâturage et

abreuvement

parcelle inexploitée

ras

ras

gauche de la piste

100 m

35.6 m

pas de conflit

ras






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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite