FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
DEPARTEMENT DE GENIE RURAL
|
|
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ENGINEERING
|
Pôle Régional de Recherche
Appliqué au Développement des Savanes d'Afrique
Centrale
PROJET ARDESAC/ programme 1.3
ORGANISATION DE L'ESPACE AGROPASTORAL D'UN
TERROIR
SATURE POUR UNE GESTION DURABLE DES
RESSOURCES NATURELLES : CAS DE LAÏNDE KAREWA AU NORD
CAMEROUN
PAR
DAOUD BORGOTO
Mémoire présenté pour l'obtention du
diplôme d'Ingénieur Agronome, option Génie Rural
DEPARTEMENT DE GENIE RURAL
|
|
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ENGINEERING
|
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
Pôle Régional de Recherche
Appliqué au Développement des Savanes d'Afrique
Centrale
PROJET ARDESAC/ programme 1.3
ORGANISATION DE L'ESPACE AGROPASTORAL D'UN
TERROIR
SATURE POUR UNE GESTION DURABLE DES
RESSOURCES NATURELLES : CAS DE LAÏNDE KAREWA AU NORD
CAMEROUN
PAR DAOUD BORGOTO
Mémoire présenté pour l'obtention du
diplôme d'Ingénieur Agronome, option Génie Rural
Superviseur :
M. NDONGO Barthélemy,
Chargé des cours, Département de Génie
Rural, Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles, Université
de Dschang, Cameroun
Encadreur :
M. ABOUBAKAR MOUSSA Directeur de la géomatique et
Aménagement du territoire à la MEADEN Garoua, Cameroun
FICHE DE CERTIFICAT D'ORIGINALITE DU TRAVAIL
Je, soussigné DAOUD BORGOTO, atteste que le
présent document est le fruit de mes propres travaux effectués
dans l'arrondissement de Tchéboa, Nord Cameroun, sous la supervision de
M. NDONGO Barthélemy, chargé de cours à la FASA,
Université de Dschang.
Ce mémoire est authentique et n'a pas été
antérieurement présenté pour l'acquisition de quelque
grade universitaire que ce soit.
Nom et Signature de l'auteur
Date :
Visa du Superviseur
Date :
Visa du Chef de Département
Date :
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS
APRES SOUTENANCE
Le présent travail a été revu et
corrigé conformément aux observations du jury.
Visa des membres
1
2
Visa du Superviseur :
Date :
Visa du Chef de Département
Date :
Visa du président du jury
Date :
Nom et Signature de l'auteur
Date:
AVANT-PROPOS
Dans le cadre de la formation des ingénieurs agronomes
à la faculté d'agronomie et des sciences agricoles (FASA) de
l'université de Dchang, il est prévu en fin de cycle un stage
d'insertion professionnelle. Ce stage devra permettre à
l'étudiant de connaître les réalités du terrain et
les moyens (techniques) qu'il pourra utiliser afin de résoudre un
problème préalablement identifié. A cet effet,
l'étudiant est amené à solliciter l'appui financier et
technique d'une structure spécialisé dans son domaine de
formation et entreprendre une étude qui s'étalera sur une
période de six mois.
C'est dans cette lancée que la présente
étude a fait l'objet de notre stage de fin de formation au sein du
projet ARDESAC dans son programme 1.3. En effet, partant des études
précédentes, il a été initialement prévu
d'engager une étude sur l'évaluation contingente des ressources
naturelles et la capitalisation des plates formes de concertation dans le Nord
Cameroun. Cependant, vu les domaines concernés pour ces études et
le souci de répondre aux exigences académiques dont on est
soumis, un programme « spécial » a été
initié dans le but de réaliser les différentes
études. Ce programme nous a permis de définir, dans la même
problématique, un nouveau thème à partir duquel part cette
présente étude.
C'est ainsi que le problème de la gestion de l'espace
et d'aménagement agro pastoral a été au centre de nos
analyses et discussion. Avec l'appuie considérable de notre encadreur et
les moyens tant financiers que matériels mis à notre disposition
par le projet ARDESAC, les trois thèmes études ont
été abordé selon le temps imparti à chaque cas.
La collecte des données de cette étude a
débuté pendant le mois de juillet, période de pleine
saison pluvieuse. En ce moment, les contraintes climatiques ont rendu difficile
nos travaux de terrain. Car il était souvent question, dans le cas du
bas fond, de visiter les différentes parcelles d'exploitation. Or en
cette période cet espace est saturé d'eau et est beaucoup
sollicité par des reptiles à cause de nombreuses touffes
d'herbes.
Toutefois, nous restons vraiment réjoui de l'attention
particulière accordée à ce travail et aussi de l'accueil
enthousiaste marqués par les responsables du projet ARDESAC et les
populations de Laïndé Karéwa.
RESUME
L'étude porte sur « l'organisation de l'espace
agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources
naturelles : cas de Laïndé Karéwa au Nord Cameroun».
Elle s'est déroulée dans la période de Juin à
Octobre 2008 dans l'objectif global de contribuer à l'organisation d'un
espace saturé afin de minimiser les conflits entre les agriculteurs et
les éleveurs.
Pour l'atteindre, un diagnostic sur l'espace exondé et
le bas fond et une analyse de l'état d'une des pistes à
bétail ont été réalisés. Dans chaque cas, un
parcellaire de l'organisation actuelle a été effectué
à l'aide des opérations cartographiques (par
interprétation des images satellite) combinées aux levés
GPS et topographiques.
L'étude montre que l'espace exondé du terroir
présente un paysage agraire du type mixte distingué en zone
cultivé délimitée ou non par des pistes à
bétail en limite du terroir. La morphologie agraire actuelle est
influencée par les structures d'encadrement agricole et l'application de
certaines techniques de lutte antiérosives. Le bas fond, pris comme
ressource alternative, occupe une superficie de 126,6 ha et une pente globale
de 1,47 %. Le débit maximal moyen dans son lit mineur atteint 185 l/s.
Avec ces données, il est possible de développer les
activités agricoles dans le bas fond par des ouvrages tels que le bief,
les digues filtrantes et le barrage avec déversoir afin de mobiliser la
population pour une gestion concertée des ressources naturelles. Ces
ouvrages pourront favoriser la recharge de la nappe phréatique et le
contrôle des écoulements de surface. La principale contrainte
actuelle qui réduit la surface cultivable du bas fond, est la variation
temporelle de sa disponibilité en eau. Cette situation peut en effet
être mieux contrôlée par les aménagements hydro
agricoles proposés. Le groupe des propriétaires dans le bas fond
constitue un élément important pour le dialogue dans le processus
de concertation entre les agriculteurs et les éleveurs.
L'état actuel de la piste à bétail
traversant le village montre que 70 % des parcelles agricoles est conflictuelle
à cause de l'occupation de 18 m de sa largeur. Cette situation est
à l'origine de différents types de conflits agropastoraux et
bloque le processus de concertation entre les exploitants. Pour y en venir, il
est important de réhabiliter par des aménagements biologiques les
limites de la piste à bétail et d'initier un bon système
de sécurisation foncière.
Suivant les propositions d'amélioration de
l'organisation, les scénarios d'évolution discutés
montrent qu'en cas d'augmentation de la population et du cheptel animal, le
développement des autres activités et de la cohésion
sociale peut réduire la pression foncière.
ABSTRACT
The study that relates to «Agropastural organization
within a densely occupied land for sustainable management of natural resources:
case of Laïndé Karéwa, in the south of Garoua Northern
region of Cameroon», was carried out from June to October 2008. The main
objective was to contribute in space organization with some propositions which
would help to minimize conflicts between farmers.
To achieve this goal, analysis of the actual mode of
organization and the situation of the livestock track were carried out. At the
same time, satellite image analysis, topographic survey and other cartographic
tools were used to complete categorization of the spatial organization of the
stream inland valley of the village. This space is considered as alternative
resource which can help to improve the production system of the village and to
better organize people for better concerted management of natural resources.
The study shows that, the agrarian morphology of the farm land
area surrounding the stream inland valley has a mixed landscape that can either
be opened and closed field. This agrarian landscape is made up of cultivated
area with livestock track at the edge of the farms. The actual physical
morphology of the farms is influenced by the presence of projects management
support and some techniques of erosion control. According to the results, the
stream inland valley occupies a surface area of 126.6 ha with 1.47 % slope and
the valley stream has a flow rate of 185 l/s. With these data, it is possible
to develop agricultural activity in the zone by constructing structures like
small dam (bief), permeable rock dam and ordinary dam with a crest. These
structures, by permitting the recharge of water table and enhancing control of
water flow, will better manage the principal constraints (drainage control and
lack of water for irrigation) encountered in the area.
In the rainy season, about 70 % of farms plots surrounding the
main livestock track of the village are under agropastural conflicts. This is
because, 18 m of the width of the track is being taken up by the farmers for
cultivation, thus obstruct the livestock from passing. This situation will not
allow dialogue between farmers and in contrast will generate conflicts. In
order to minimize conflicts, it is important to rehabilitate the entire
corridor by planting trees in the limits of the track and to initiate a good
system of land security.
In the future, following all the propositions made in the
study for better organisation of the space, we can state that when ever human
and livestock population grow, the development of others activities can be able
to absorb the demand without affecting the new organization.
REMERCIEMENTS
Au terme de la rédaction de ce mémoire, faisant
suite au stage de terrain effectué dans le cadre du programme 1.3 du
projet d'Appuie à la Recherche pour le Développement des Savanes
d'Afrique Centrale (ARDESAC), qu'il me soit permis d'adresser mes
sincères remerciements à tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué à la réussite totale de ma formation.
Je m'adresse particulièrement :
A Mme DJIME BORGOTO, née MAÏMOUNA YOUNOUS, pour
son soutient financier et moral permanent avant et pendant mes
études.
A M. & Mme HEMAT TCHITA, née ADAMA Borgoto pour
leur suivi et appui moral consentis tout au long de ma formation.
A toute la grande équipe de la Coordination
Générale du PRASAC, institution spécialisée de la
CEMAC, au sein du Laboratoire de Farcha, qui est au service de la Recherche
Agronomique des Savanes d'Afrique Centrale. C'est dans cette institution que se
sont déroulés tous mes stages académiques (niveau 3, 4,
5).
Au Dr SEÏNY BOUKAR Lamine, Coordinateur
Général du PRASAC à N'Djamena et sa famille au sens large.
Papa << coordo !» m'a toujours appuyé dans mes initiatives et
ambitions. A M. BOUMAR PHILLIPE, Coordonnateur scientifique du PRASAC, pour son
appui et ses services rendus pour le déroulement de mes divers stages
réalisés dans le projet ARDESAC. A M. AMINOU BOUBA, << mon
Grand ! », pour sa disponibilité, son soutient moral, technique et
financier pendant toute ma formation.
A M. ALI BRAHIM BECHIR, chef de service de pastoralisme au
Laboratoire vétérinaire de Farcha à N'Djamena, pour sa
contribution à ma formation dans le domaine de la recherche et aussi
pour son soutient moral.
Au Doyen Professeur ZOLI PAGNAH ANDRE, pour m'avoir
facilité l'inscription à la FASA à l'université de
Dschang et soutenu par ses lettres de recommandations dans mes multiples
demandes de bourses.
A M. SERNO ABDOULAY, Directeur de la MEADEN de Garoua, pour
avoir accepté me recevoir dans son institution et pour son appui
logistique apporté lors de ce stage.
A toute la grande équipe de la MEADEN de Garoua, pour
leur collaboration et leurs services rendus lors des travaux de terrain et de
la rédaction de ce mémoire.
A Dr. ABOUBAKAR MOUSSA et sa famille dans le sens large, pour
tous leurs efforts à mon égard pendant mon séjour
à Garoua. Merci également pour m'avoir très vite
intégré dans la famille. A cette famille et
particulièrement à son épouse née DIDJA <<
Dada Aicha,
Maman ! » qui m'a accepté et traité comme
son propre fils tout au long de mon séjour à Garoua, j'affirme
toutes mes reconnaissances pour leur considération.
A M. NDONGO BARTHELEMY, pour avoir accepté de
superviser avec beaucoup d'intérêt ce travail de mémoire.
Au cours de son stage, vous nous avez été disponible et permis
d'acquérir des expériences sur la pratique et l'esprit de
synthèse.
A mon encadreur de terrain, Dr. ABOUBAKAR MOUSSA, Directeur de
la géomatique et Aménagement du territoire à la MEADEN
(Garoua), correspondant national du programme 1.3 ARDESAC, qui a voulus bien
m'apprendre le Savoir, le Savoir-faire et le Savoir-être. Sans son
attache particulier, sa disponibilité et ses multiples conseils, ce
travail n`aurait pas été fait surtout avec le support
cartographique qui a été réalisé.
A M. BOUBAKARY SIMON, aide géographe à la MEADEN
(Garoua) qui, malgré son emploi du temps chargé, a bien voulu me
supporter sur certains aspects techniques.
A mon grand frère WANIE ABOUBERK et son épouse
OUMMA ABBA pour leur soutient moral, social et technique lors de tous mes
séjours à Yaoundé pendant ma formation. Je n'oublie pas
ses multiples conseils-services.
A M. ALHADJI ABOUYA pour son soutient moral et ses conseils
durant mon stage.
A M. Joseph WEY à la station polyvalente de l'IRAD Garoua
pour son accueil et sa participation au démarrage de ce stage.
A Mlle. ODETTE et M. BOUBA « Laïndé
karéwa » qui ont facilité mes travaux de terrain et mon
intégration dans le terroir de Laïndé Karéwa.
A mes frères, soeurs et amis suivants : Hamza B.,
Younous B., Adoulay B., El Djima B., Djibrilla Haman, Maïmouna Adoum,
ABAKAR Malloum, Moussa Ali, Ahmat timan, Mahamat dodo, Anouar djidda, Klamon
Haktouin, M. Daouda, la famille ALhadji Moussa à Pouss, Hamidou Bouba,
Ibrahim Mamoudou, Alioum mana, Ousmanou Demba, Achak Ramo, « DJEDDO »
et à tous mes camarades de la onzième promotion de la FASA en
particulier à Yana Yana Bernard, Soun soun Nina, Edima Vondo Ninon,
Kadry Adama, Tize Koda, Enongéné Ebong, Fongang
Barthélémy, Nguimkeng F.(Tchesko), Biambé Alain, Aliou
Moussa, Djeïnabou Moussa, Adama Moussa, Fadimatou Moussa (Tiffany),
Aïssatou Amadou.
Je dédis ce Mémoire à ma
mère MAÏMOUNA YOUNOUS, ma soeur ADAMA BORGOTO et à toute
la famille DJIMET BORGOTO
TABLES DES MATIERES
Liste des tableaux xiiListe des figures
xiiiListe des abréviations xv
CHAPITRE I : INTRODUCTION 1
1.1 Généralités 1
1.2 Contexte et Problématique 2
1.3 Objectifs 3
1.4 Importance de l'étude 4
1.5 Limites de l'étude 4
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE 5
2.1 L'Espace 5
2.1.1 Définition 5
2.1.2 Organisation de l'espace 5
Définition 5
Gestion de l'espace et des ressources naturelles 6
Etudes sur la dynamique spatiale 9
2.2 Relations Agriculture-élevage 11
2.2.1 Relation de concurrence 12
2.2.2 Relations de complémentarités
économiques 13
2.3 Bas Fond et Bassin Versant 14
2.3.1 Définition 14
2.3.2 Morpho pédologie du Bas Fond 16
2.3.3 Hydrologie du bas fond 18
Alimentation en eau 18
Les crues 18
La dynamique des nappes 18
Eléments de caractérisation physiques du bas
fond 18
Eléments de fonctionnement hydraulique du bas fond
21
2.4 Aménagement Hydro agricole 22
2.4.1 Définition et principe 22
2.4.2 Aménagement biologique 23
Les bandes enherbées 23
Plantation d'arbres 23
2.4.3 Types d'aménagements du bas fond en zone
sahélienne 24
Le surcreusement des mares ou mares artificielles 24
Les petits barrages 24
Les digues filtrantes 25
Les biefs 26
CHAPITRE III : MATERIELS ET METHODES 28
3.1 Présentation de la zone d'étude 28
3.1.1 Localisation du terroir 28
3.1.2 Le milieu physique et humain 29
3.2 Examen du mode actuel d'organisation de l'espace 32
3.2.1 Diagnostic d'organisation actuelle de l'espace
exondé 32
3.2.2 Diagnostic d'organisation actuelle du bas fond 33
3.3 Examen de l'état actuels des Pistes et identification
des espaces
conflictuels 42 3.4 Proposition d'Amélioration
d'organisation de l'espace et Scénarios
d'évolution 43
CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSIONS 44
4.1 Mode actuel d'organisation de l'espace 44
4.1.1 Mode actuel d'organisation de l'espace exondé 44
Caractéristique des éléments de la
morphologie agraire 46
Logiques d'organisation de l'espace agropastoral
exondé 50
4.1.2 Mode actuel d'organisation du bas fond 53
Caractéristiques physiques du bas fond 53
Fonctionnement hydrologique du bas fond 59
Plan parcellaire du bas fond : mode d'exploitation actuelle
63
4.2 Etat actuel de la piste à bétail du village et
identification des espaces
conflictuels 78
4.2.1. Etat actuel de la piste à bétail du village
78
Objectifs d'exploitation de la piste 78
Les dimensions et ouvrages d'entretien 78
4.2.2 Les zones de conflits agropastoraux le long de la piste
80
Types et Causes des conflits 81
Possibilités d'amélioration de la gestion des
pistes à bétail 85
4.3 Propositions d'amélioration de l'organisation de
l'espace et scénarios d'évolution 86 4.3.1 Propositions
d'amélioration du mode d'organisation actuel de
l'espace 86
4.3.2 Scénarios d'évolution 89
CHAPITRE V : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
92
5.1 Conclusions 92
5.2 Recommandations 93
BIBLIOGRAPHIE. 95
ANNEXE 1 98
ANNEXE 2 99
ANNEXE 3 101
ANNEXE 4 102
LISTE DES TABLEAUX
Tableaux
|
Pages
|
3.1
|
Effectifs des ménages en fonction du groupe ethnique
|
32
|
4.1
|
Paramètres géométriques du bas fond
|
54
|
4.2
|
Paramètres du degré de développement du
réseau hydrographique
|
56
|
4.3
|
Débit maximal des sites 1 & 2
|
60
|
4.4
|
Principales techniques et pratiques culturales dans le bas fond
|
71
|
LISTE DES FIGURES
Figures Pages
2.1 Modélisation des rapports entre le système
rural et l'espace9
2.2 Démarche d'analyse des rapports entre l'organisation
spatiale et la gestion des
ressources renouvelables 10
2.3 Bassin versant. 15
2.4 Bassin versant et bas fond 16
2.5 Différenciation morpho pédologique d'amont aval
du bas fond 17
2.6 Ordre des cours d'eaux 20
2.7 Eléments hydrauliques d'un cours d'eau 22
2.8 Digue filtrante 25
2.9 Plan d'un bief 26
3.1 Localisation du terroir de Laïndé Karéwa
28
3.2 Variation inter mensuelle de la pluviométrie de la
zone 30
3.3 Implantation des courbes de niveau 35
3.4 Principe de nivellement par rayonnement 36
3.5 Principe de recherche des points de visée 37
3.6 Mesure de débit volumétrique 38
3.7 Paramètres d'un canal rectangulaire 39
3.8 Profondeurs des puits et méthode de mesure de la nappe
41
4.1 Paysage agraire du terroir de Laïndé
Karéwa 44
4.2 Réseau des pistes d'exploitation 49
4.3 Réseau hydrographique du bas fond de
Laïndé Karéwa 55
4.4 Courbes de niveau et Modèle numérique de
terrain du bas fond 57
4.5 Vitesse de montée (Juillet-Septembre) de la nappe dans
les puits 62
4.6 Répartition spatiale des principales cultures
recensées en 2008 64
4.7 Répartition spatiale du statut foncier des exploitants
du bas fond 65
4.8 Parcelle de canne à sucre inondée et
agrandissement du canal 68
4.9 Calendrier de production de la canne à sucre 70
4.10 Répartition spatiale des types des parcelles 72
4.11 Variation du niveau de la nappe dans les puits suivant le
profile en long du bas fond (Septembre 2008) 74
4.12
|
Parcelles de canne à sucre détruites par
l'érosion par ravinement
|
77
|
4.13
|
parcellaire des zones conflictuelles sur la piste à
bétail
|
80
|
4.14
|
Violation des bornes (limites de la piste à bétail)
par les parcelles
|
82
|
4.15
|
Boeuf dans une parcelle cultivée lors du pâturage
sur les jachères
|
82
|
4.16
|
Proportion des cas de manifestation de conflits agropastoraux
|
84
|
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ARDESAC : Appui à la Recherche
Appliquée aux Développement des Savanes d'Afrique Centrale
CDD : Comité Diocésain pour le
Développement de Maroua-Mokolo
CES : Conservation des Eaux et du Sol
CIRAD : Centre International de Recherche
Agricole pour le Développement CSCV : Cultures Sous
Couverture Végétale
CTA : Centre de Coopération Technique
Agricole
DPGT : Développement Paysannal et Gestion
de Terroirs
ESA : Eau Sol Arbre
ETP : Evapotranspiration Potentielle
F.A.O : Organisations des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FIT : Front de convergence Inter Tropical
GDRN : Gestion Durable des Ressources
Naturelles
GRN : Gestion des Ressources Naturelles
IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le
Développement
L.K : Laïndé Karéwa
MEADEN : Mission d'Etude pour
l'Aménagement et le Développement de la Province du Nord
MNT : Modèle Numérique de
Terrain
M1NEF : Ministère des Eaux et des
Forêts
PDOB : Programme de Développement de
l'Ouest Bénoué
PRASAC : Pôle Régional de
Recherches Appliquées aux Savanes d'Afrique Centrale
PVC : Polyvinyle de Chlorure
SODECOTON : Société de
Développement Cotonnière
SIG : Système d'Information
Géographique
THR : Très Haute Résolution.
CHAPITRE I : INTRODUCTION
1.1 Généralités
Le milieu rural en Afrique subsaharienne a toujours servi
comme lieu de production (ravitaillement), de refuge, de
récréation et de loisirs aux villes riveraines. L'essentiel de la
production agricole et animale provient directement de cette zone où se
trouve l'important des ressources naturelles (eau, végétation et
terre). Ces dernières, avec la forte variabilité annuelle et
spatiale de la pluviométrie et la croissance démographique
actuelle, estimée à 3,5 % en zone sahélienne (Bode, 2004),
subissent des exploitations intenses qui conduisent à des
déséquilibres écologiques (disparition de la faune,
réduction du pâturage et de la végétation,
épuisement du sol) souvent irréversibles. Ces différents
déséquilibres rendent vains les efforts des populations,
affaiblissent leurs relations et contribuent à la dégradation de
la situation alimentaire et économique dans ces milieux.
Au Nord Cameroun, selon Barbier et al., (2002), les
diagnostics sur l'agriculture dressent généralement un tableau
relativement pessimiste des évolutions en cours : Sous la pression
croissante des populations (entre 2 et 3 % par an dans les zones rurales), les
écosystèmes sont en voie de dégradation rapide. Les
producteurs, en général peu réceptifs aux thèmes
techniques, pratiqueraient une agriculture minière, dégraderaient
les sols et épuiseraient les ressources en bois, eau et pâturages
(Barbier et al, 2002). Ces comportements, pour Djoumessi et al.,
(2007), sont à l'origine des tensions et de concurrence sur
l'espace dans le terroir de Laïndé Karéwa.
Pour favoriser la gestion concertée des ressources
naturelles dans certains terroirs d'Afrique centrale, le projet d'Appui
à la Recherche et au Développement des Savanes d'Afrique Centrale
(ARDESAC) a initié la mise en place des plates formes de concertation.
Elles sont considérées par Bechir et Baoutou (2007), comme des
situations dans lesquelles plusieurs acteurs sociaux négocient,
définissent et garantissent entre eux un partage équitable des
fonctions, droits et responsabilité de gestion d'un territoire, d'une
zone ou d'un ensemble donné des ressources naturelles. Ce sont des
approches participatives de gestion faisant appel à plusieurs
partenaires à rôles variés et qui tendent
généralement vers les objectifs de protection de l'environnement.
Ces approches selon la FAO (1995), favorisent la prise en charge effective par
la population, des
opérations de restauration et de développement
du terroir. Cependant, parmi les multiples actions entreprises dans ce cadre
par le projet (ARDESAC), peu d'entre elles se sont intéressées
à des questions relatives à l'organisation de l'espace pour
comprendre certaines logiques paysannes et leurs influences dans le processus
de concertation.
Dans ce sens, Véron et Roque (1997), soulignent que :
« Depuis quelques années, les coopérations
pluridisciplinaires se sont beaucoup imposées dans des travaux qui
abordent les questions relatives à l'eau, à l'air, aux
déchets, aux transports, voire à la biodiversité ou au
paysage. Très peu s'intéressent à l'espace en tant que tel
alors que, dans le même temps, l'expression "gestion de l'espace",
entendue avec une multitude d'acceptations implicites, rencontre un grand
succès ». Objet de tension entre les communautés d'usagers,
la source précise que l'espace est en train de devenir une ressource
limitée pour laquelle se posent des questions de répartition et
de renouvellement (Véron et Roque, 1997).
C'est dans cet esprit que la présente étude
cherche à comprendre certains modes paysans d'occupation de l'espace et
leur influence sur la Gestion Durable des Ressources Naturelles (GDRN) et
d'aménagement agropastoral. Pour cela, elle analysera les deux logiques
d'interventions des exploitants dans le terroir de Laïndé
Karéwa : celles de l'espace exondé et celles du bas fond.
1.2 Contexte et Problématique
Dans les terroirs du projet ARDESAC, le processus de GDRN par
la mise en place des plates formes de concertation ne se fait pas sans
contraintes. La participation des agriculteurs et des éleveurs dans ces
terroirs, reste encore non effective. Dans un contexte de saturation
foncière où les relations agriculture-élevage sont
conflictuelles (problème d'accès à la terre, à
l'eau, mise en culture des pâturages et des pistes à
bétails), le déroulement de ces plates formes est
sérieusement entravé. Celles-ci tendent pourtant à
concilier les points de vue des acteurs sur les mesures à prendre en
compte pour développer des techniques durables d'exploitation commune
des ressources naturelles.
Suite à la densification de la population (migration,
élargissement de la famille), la sédentarisation des
éleveurs, l'augmentation du cheptel villageois et la baisse de
fertilité du sol, l'espace à Laïndé Karéwa
subit une pression croissante tant par les
agriculteurs que par les éleveurs. Les conflits
liés aux limites des parcelles de cultures, aux dégâts sur
les cultures causés par les animaux
etc. se manifestent d'avantage. En raison de
leur étroitesse des pistes à bétail, pour les
éleveurs, il devient presque impossible d'accéder à l'eau
ou au pâturage sans que l'animal ne puisse causer des dégâts
aux cultures. Il ressort alors, selon Tchobsala et al., (2008) que
c'est le manque de terre qui est à l'origine de tous ces
problèmes soulevés. A cause de ces tensions, pendant la phase
d'animation de la plate forme, des tentatives de rapprochement des acteurs
n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente. Ce qui a
carrément rompu le processus de concertation lequel sans une solution
adaptée restera encore à sa phase initiale. Dans le souci de
faciliter la mise en place de cette plate forme et dans une perspective
d'aménagement agropastoral, la présente étude a
été initiée pour comprendre les logiques paysannes et
identifier les alternatives techniques de valorisation des ressources
naturelles.
En effet, le processus de prise de décision de gestion
n'apparaît pas seulement dans le jeu d'intérêt des acteurs
sur les ressources, mais aussi sur la manière dont s'organisent leurs
activités autour de celles-ci. En l'absence d'alternatives techniques
permettant une meilleure valorisation des ressources naturelles, leur gestion
collective ne peut que buter sur des conflits graves pour l'accès au
foncier, aux pâturages, aux forêts. Il est donc important selon
certains auteurs, de faire le point sur les différentes alternatives
disponibles, et sur les modalités de leur mise en oeuvre. Des
initiatives locales de ce genre se sont traduites au Bénin par des
avancées très significatives, ouvrant des perspectives novatrices
de disponibilité durable de productions vivrières, de fourrages
et de bois (Bilaz et Kane ; source :
www.iram-fr.org ).
C'est ainsi que Brunet (1990), cité par Dubiez (2006), affirme que :
« Comprendre l'organisation d'un espace revient alors à en
démêler l'organisation pour en chercher les structures
fondamentales et, derrière celles-ci, les logiques sociales en oeuvre
».
1.3 Objectifs de L'étude
L'objectif global vise à contribuer à
l'organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé. Pour
l'atteindre, les objectifs spécifiques suivant ont été
fixés :
> Examiner le mode actuel d'organisation de l'espace
exondé et du bas fond pour
mettre en évidence leurs caractéristiques,
> Examiner l'état des pistes à bétail et
identifier les zones de conflits agropastoraux
> Proposer quelques améliorations d'organisation de
l'espace et discuter leurs scénarios d'évolution.
1.4 Importance de l'étude
Le terroir de Laïndé Karéwa vit un contexte
particulier celui de sa saturation foncière caractérisée
par une absence des terres de réserve. Cette étude, en exposant
clairement son organisation spatiale, a permis d'apprécier le niveau de
gestion actuelle de l'espace et de relever certaines contraintes à la
concertation entre les exploitants. Dans ce sens, en ce qui concerne les pistes
à bétail, l'étude a initié un processus
participatif de réhabilitation des pistes capable de favoriser le
rapprochement des exploitants agricoles et pastoraux.
L'aspect technique de ce travail a permis au projet d'enrichir
sa vision des faits pour améliorer le processus de plate forme de
concertation et même de s'engager vers une démarche plus globale
qu'est la gestion du terroir. Les données sur le potentiel du bas fond
et son mode d'exploitation ont permis de considérer cet espace comme
ressource alternative (alternative technique) capable de valoriser les
ressources naturelles (eau, sol, main d'oeuvre) et de réduire la
pression humaine sur l'espace agricole exondé.
Pour la population, l'étude a permis de mettre en
évidence leur demande d'aménagement du bas fond auprès du
projet ARDESAC.
1.5 Limite de l'étude
Les limites à signaler dans cette étude sont
relatives au temps et aux conditions de travail sur le terrain. Le diagnostic
technique fait dans le bas fond reste à compléter. Il n'est pas
exhaustif et l'état de deux autres pistes à bétail reste
à informer. Nos activités n'ont pas pu approfondir l'aspect de
conception d'ouvrage pour l'aménagement du bas fond. Lors des travaux de
mesures, de levés topographiques et levés au GPS du bas fond qui
ont servi à compléter sa caractérisation, les parcelles
n'étaient pas facilement accessibles. Dans certains cas, les points
à lever se localisent dans des touffes d'herbes où logent le plus
souvent des reptiles. Ce qui constitue un danger majeur au déroulement
des travaux et une source d'erreur de lecture ou de positionnement des
appareils.
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE
2. 1 L'Espace
2.1.1 Définition
La notion de l'espace, suivant les disciplines scientifiques,
est très variable. Pour Véron et Roque (1997), elle s'appuie,
avec la géologie, la géomorphologie et l'hydrologie, sous l'angle
de l'étendue des phénomènes considérés. Avec
la démographie ou l'économie, les auteurs remarquent que l'accent
est mis sur la répartition des objets ou bien sur l'effet de distance.
Alors que la géographie, qui est par définition une science de
l'espace, de son organisation, de sa logique et de ses dynamiques, observe
l'espace comme un objet d'étude en soi. C'est avec l'agronomie et
l'écologie que la notion de qualité de l'espace comme la
fertilité et la biodiversité apparaît. La notion
d'écologie permet de donner une meilleure compréhension des
relations fonctionnelles existant entre les êtres vivants et leur milieu
et de proposer, pour un écosystème donné, les
règles de gestion et les techniques permettant d'assurer la conservation
de ces propriétés (Véron et Roque, 1997). En relation avec
l'homme, Pinchemel et Pinchemel (1988), perçoivent l'espace humain,
comme celui crée par les hommes, caractérisé par sa
polarité et centralité (l'habitat), son dimensionnement (mesure
de toute chose par rapport à l'envergure, sature, regard, sons de
l'homme etc.) et son organisation (structure, état de fonctionnement,
ordre). Ils définissent dans le même sens le paysage, comme «
une portion de territoire vue par un observateur, où s'inscrit une
combinaison des faits et des interactions dont on ne perçoit à un
moment donné que le résultat global » (Pinchemel et
Pinchemel, 1988). Ces différentes définitions nous amènent
à considérer l'espace de manière générale
sous l'angle de résultats de l'action de l'homme sur une portion de la
surface terrestre.
2.1.2 Organisation de l'espace
2.1.2.1 Definition
Organiser, c'est doter d'une structure, mettre en état
de fonctionnement, c'est-à-dire ordonner, disposer d'une séquence
logique et hiérarchisée. L'organisation de l'espace est une
spatialisation ou mise en espace, la socialisation de la surface de la terre
(Pinchemel et Pinchemel, 1988). Pour les mêmes auteurs, la
création de l'espace est
avant tout oeuvre collective, produit d'une
société, et destiné à son usage. La mise en espace
de la surface terrestre produit des formes, une morphologie spatiale (forme du
sol, formes volumétriques) qui se relient à la fonction à
travers la technique. Ils mentionnent que l'organisation de l'espace comporte
plusieurs processus d'intervention que sont :
- le peuplement ;
- l'appropriation du sol (individuelle ou collective)
- la gestion (fonctionnement politique et administrative à
travers la division de l'espace) ;
- l'exploitation et l'utilisation du sol ;
- l'établissement des réseaux de relation.
2.1.2.2 Gestion de l'espace et des ressources
naturelles
Définie comme un ensemble d'outils et de savoirs
techniques mis en oeuvre par un individu ou un groupe ayant une capacité
de décision (Teyssier, 2002), la gestion permet de rendre
cohérent le fonctionnement d'un système donné. Suivant
l'idée de Pinchemel et Pinchemel (1988) qui supposent que : « C'est
en créant l'espace que les hommes s'introduisent dans les milieux
naturels. Il importe donc d'analyser d'abord les composantes de cet espace
humain », l'analyse du processus de gestion de l'espace peut permettre de
comprendre son organisation et sa dynamique au sein d'un territoire.
Véron et Roque (1997), définissent la gestion de
l'espace comme une construction sociale destinée à assurer la
permanence et le renouvellement des propriétés fonctionnelles
(biologiques et/ou sociales) dont l'espace est porteur et dont la rareté
lui confère une valeur.
> Evolution du processus de gestion de l'espace
Dans leur article, Véron et Roque (1997), recensent
quatre figures ayant marqué les interventions institutionnelles en
matière de gestion de l'espace. La première figure, celle de la
protection avait pour principe d'isoler un espace et lui appliquer un
régime spécifique de limitation d'usage afin de le soustraire aux
acteurs économiques (restauration des terres en montagne, réserve
naturelle et parcs nationaux). La deuxième, celle de
l'aménagement, comme la protection, vise directement l'espace mais,
cette foisci, comme moyen destiné à intervenir sur les acteurs
économiques avec une perspective d'organisation, afin de faciliter
l'exercice des activités ou leur répartition sur le territoire.
Elle a donc peu à voir avec la gestion de l'environnement. La
troisième figure,
celle du développement ne touche que de loin l'espace
et ses propriétés environnementales ou sociales. Il est
indirectement concerné par les retombées des interventions,
notamment par les zonages réalisés pour la localisation de ces
droits comme dans le cas des indemnités compensatoires de handicaps
naturels. Si elles ne font pas totalement abstraction de l'espace, ces
politiques ne le prennent en considération que dans son rôle de
réceptacle des activités. La dernière figure, celle de la
gestion, a connu un essor récent. Prolongeant la figure du
développement, elle consiste à intervenir volontairement sur
l'espace, dans une perspective de valorisation de ses propriétés,
en passant délibérément par les acteurs économiques
afin de connecter le développement des activités avec une mise en
valeur durable. Selon l'auteur, avec la promotion des normes et des labels
négociés et surtout avec la multiplication des conventions de
gestion à la fin des années 80 dont les contrats
agri-environnementaux sont l'exemple le plus répandu, la figure de la
gestion permet de retisser les liens entre les acteurs du développement
et leur espace d'implantation (Veron et Roque, 1997). Le concept de gestion de
terroir est né sans doute de cette perspective.
> Gestion des terroirs
Le concept est défini par certains auteurs comme la
prise de décisions sur les activités relatives à
l'exploitation, à l'aménagement des ressources naturelles et
humaines et à l'exécution de ces décisions par les
populations dans un espace géographique donné (PPA, 2000). Selon
Teyssier (2002), aucune « méthode-type >> n'aurait la
prétention de donner une définition universelle du concept.
Néanmoins, cette démarche obéit aux principes communs
suivants :
- la gestion du terroir est une stratégie de
développement sur un espace limité, - la gestion du terroir fait
référence à une intervention locale,
- les usagers du terroir sont considérés comme les
maîtres d'oeuvre des interventions immédiatement ou à
terme.
Le schéma d'une approche de « gestion de terroir
>> selon les mêmes auteurs, peut se présenter en quatre
phases que sont :
i. la phase de connaissance de l'espace et de la
société
Pendant cette phase, en dehors du zonage, les photographies
aériennes et les images satellites interprétées à
l'aide de système d'information géographique (SIG) comptent parmi
les outils nécessaires à ce travail de cartographie de
synthèse.
ii. La phase de programmation
Elle doit aboutir à la réalisation d'un plan de
développement qui hiérarchise les priorités
d'interventions et les besoins en financement, c'est-à-dire un
schéma d'aménagement.
iii. La phase de réalisation
En respectant le schéma d'aménagement, les
opérations de gestion de terroirs seront mises en oeuvre. Les
engagements de chaque partie (projet, utilisateurs, services administratifs)
seront définis et formalisés par contrats ou convention.
iv. Phase de suivi-évaluation
Elle doit entendre les réactions des usagers du terroir
sur des actions en cours et de rapporter les impacts sociaux et
économiques.
Le terroir aide à la compréhension du
fonctionnement des sociétés rurales. Son étude et sa
représentation sur une carte mettent à la disposition de l'agent
de développement la photographie d'une situation agraire à une
période donnée.
> Gestion des Ressources Naturelles (GRN) et approche
participative
Teyssier (2002) définit la GRN comme « un
ensemble de décisions qui sont prises pour exploiter les ressources
naturelles, en réglementer l'accès, les modes de
prélèvement et de mise en valeur. Ces décisions sont
prises individuellement ou collectivement par ceux qui vivent sur cet espace,
qui y ont accès ou qui ont un droit d'usage ». La FAO (1995),
remarque que vers les années 1970, avec l'aide de la communauté
internationale, beaucoup des projets exigeants des investissements importants
ont été mis en place. Ces derniers privilégiant les
aspects techniques, étaient conçus en dehors des conditions
locales du milieu et sans prise en compte ni des besoins des populations ni des
modes traditionnels d'exploitation. Ces comportements n'ont permis ni
d'inverser ni de stopper le processus de dégradation des ressources
forestières. C'est ainsi qu'à l'heure actuelle, la plupart des
politiques environnementales ou de gestion des ressources naturelles et /ou
forestières prônent la participation des populations locales comme
principes de base. Suite à des multiples expériences dans
plusieurs pays (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger), ces
méthodes ont été formalisées sous forme d'une
méthodologie connue sous le nom d'approche
participative. Appliquée à la GRN, cette approche
doit être considérée comme un outil qui favorise la prise
en charge effective par l'ensemble de la population d'un village des actions de
restauration et de développement du terroir (FAO, 1995).
Ainsi, dans le contexte de la décentralisation, le
terroir constitue un niveau particulièrement pertinent pour
étudier la gestion des ressources naturelles par les
collectivités territoriales.
2.1.2.3 Etudes sur la dynamique spatiale
Dans
l e
l' auteur, l'analyse de la
gestion des ressource s naturelles r
ural, nécess ite une art iculation e
ntre le fon ctionnement
s ressource
son article, Denise (1 9 97)
menti onne que le s sociétés rurales organisent
la mise en valeur de leur territoire par
secteurs de production qui se
différencient tant par s naturell e
s qu'ils produisent que par le ur
mode d'exploitation.
Pour renouvelables sur un territoire du
systè me rural et l'espace
dan s lequel il s'inscrit ( fi gure 2.1).
So urce : Denis
Figur e 2.1 : Modélisation des
rapports
e (1997)
entre le système rural et
l'espace
s complémentaires.
(biophysi ques, techniques
et
, des princ ipes
d'organisation sp atiale au
Pour cela, l' auteur propose une
démarche a s sociant deux analyse
L'une qui va du
fonctionnement des sous
-systèmes s ociaux) à l
eur inscription spatial e,
et l'autre fonctionnement du
système rural ( figure 2.2).
Source : Denise
(1997) Figure 2. 2 : Démarche d'analyse des rapports
entre l'organisation spatiale et la gestion des ressources
renouvelables
Le point de départ de
la démarche, co mmun aux
deux types d'analyse, e st
un état des lieux du territoir
e. Celui-c i est réali
sé par analyse des paysages, analyse c
artographique, analyse de
statistiques spati ales. Cet
état permet de déterminer, par
l' observation de terrain, les diffé
rentes inscriptions sp
atiales et l eur
fonctionnement re spectif. L'
expérience enseigne
par exemple que tel arbre a
besoin d'humidité et de sols p
rofonds pour être vi
goureux et qu'il ne pousse pas au-dessus de
tant de mètres d' altitude. C ette
connai ssance écol ogique
permet de connaître la
localisation p otentielle de l'arbre sur le
territ oire et de formuler
des hypothèses sur sa
répartition spatiale. Denise (1997 ) précise
que l'intégration de ces
deux analyses complé
mentaires p ermet de relier
des motifs d'organisation sp
atiale à des systèmes de mise
en valeur du territoire. Le squels
sont détermin és par des
paramètres biophysiqu
es et sociaux. Ce qui donne
du s ens à ces motifs spati
aux. Il conclut que dans une
perspective de gestion durable du
territoire qui nécessite l
'intégration des compétences disc
iplinaires, une prise en
compte des dynami ques spatial
es permet d'expliciter des
principes de mod élisation de
la mise valeur de l'espace : processus b
iophysique s et humain s,
événeme nts et
conséquences spatiales
(Denise 1997).
en
Dans le même esprit, Toilli
er (2008), souligne que dès 1
998, Madagascar a p
rivilégié le s zonages,
pour assurer le transfert de gestio
n des ressources naturelles
aux
populations locales. Mais ceux-ci sont conçus
uniquement sur des préoccupations d'exploitation et de conservation de
la ressource forestière. Les logiques d'occupation de l'espace par
l'agriculture et l'élevage ne sont pas prises en compte. Les nouveaux
modes de gestion ne correspondaient pas forcément aux modèles
locaux préexistants. Par son étude, Toillier (2008) se propose
alors de remettre au centre des préoccupations, les logiques
d'occupation de l'espace par l'agriculture et de construction de ces
territoires agri-forestiers. Elle suggère que la gestion et
l'aménagement du territoire pourraient être des approches de
résolution de l'antagonisme apparent entre les deux orientations
environnement et développement. Ce qui l'amène à remarquer
deux constats qui reconnaissent la nécessité de
s'intéresser au contexte spatial des zones à protéger :
i) les forêts constituent l'un des éléments
du paysage qu'il faut donc voir ces zones non pas comme des îlots mais
comme les éléments d'un réseau
ii) les systèmes agraires et les
écosystèmes forestiers sont reliés par des questions sur
le sol et l'eau, sur la définition de concepts d'habitat,
d'écosystème, de paysage.
Il s'agit donc pour Toillier, (2008) de s'intéresser
à la gestion collective d'un territoire pour maîtriser un
problème environnemental par une organisation de systèmes de
culture dans un espace aménagé. L'approche spatiale a
été choisie par l'auteur pour comprendre les logiques
d'organisation des systèmes agraires locaux et discuter de leurs
perspectives d'évolution. Sa démarche met un accent particulier
sur la géographie rurale et l'agronomie pour comprendre le mode
d'organisation et de gestion territorial. La source souligne à cet effet
que la question de la compréhension des pratiques agricoles en liaison
avec un problème environnemental se situe à l'interface entre
géographie et agronomie. L'espace est traité comme support et
conséquence des pratiques mais son rôle spécifique dans la
gestion des ressources renouvelables reste à approfondir.
2.2 Relations Agriculture-Elevage
Traiter du problème des relations
agriculture-élevage selon Landais et Lhoste (1990), est une
nécessité puisqu'il est évident que l'avenir des
sociétés pastorales africaines dépend directement de
l'évolution de ces relations. Donc, les problèmes y
afférents à celles-ci sont à l'évidence des
problèmes d'avenir. En pratique, selon la
source, deux types de relations apparaissent
particulièrement importants. Ce sont les relations de concurrence et de
complémentarité économique.
2.2.1 Relation de concurrence
Les relations de concurrence entre l'agriculture et
l'élevage sont relatives à l'allocation des principaux facteurs
de production agricole (la terre, capital et travail). En
général, elles ont une dimension technique importante. Le
principal problème est celui de la concurrence pour l'espace qui se pose
en des termes variés dans les régions sahéliennes et
soudaniennes selon les contextes locaux : aménagements hydrauliques,
développement des surfaces cultivées, implantation de cultures
nouvelles (cultures industrielles), etc. D'une façon
générale, l'évolution de ces contextes conduit à
des restrictions brutales ou progressives de l'espace pastoral, à son
émiettement spatial qui entraîne des difficultés
croissantes pour la circulation des animaux et l'accès aux ressources
fourragères (Landais et Lhoste, 1990). Dans ce sens, Awono et al.,
(2002) soulignent qu'au Nord Cameroun ces vingt dernières
années, l'accroissement des populations s'est accompagné d'une
augmentation importante des cheptels d'élevage et des surfaces
cultivées. La superficie pâturable est passée de 7 à
3,5 millions d'hectares et le cheptel bovin de 160 000 à 750 000
têtes entre 1974 et 1995, doit 96 000 bovins de trait aujourd'hui.
Dans un contexte de saturation foncière comme à
Laïndé karéwa, les relations de concurrence entre
l'agriculture et l'élevage (sur l'espace) conduisent à des
situations de conflits ou de tensions permanentes. Car pour Landais et Lhoste
(1990), la problématique de ces relations en Afrique rejoint souvent
celle des rapports entre agriculteurs et éleveurs, pratiquant sur des
espaces communs ou voisins des activités différentes. Les
conflits agropastoraux identifiés le long des pistes à
bétail dans le terroir d'étude sont des formes très
fidèles de la dégradation des relations entre les principaux
groupes d'acteurs. C'est dans la problématique des conflits
agriculteurséleveurs que plusieurs cas d'intervention en matière
de sécurisation foncière ont été constatés
au Nord Cameroun vers 1985 et 1997. Ces interventions ont été
l'oeuvre des deux opérateurs dont le Comité Diocésain pour
le Développement de Maroua-Mokolo (CDD) et le projet de
Développement Paysannal et Gestion des Terroirs (DPGT). Les
expériences conduites par ces derniers sont respectivement la
formalisation de transactions foncières et les actions de
médiation (Teyssier et al, 2002). Par ces actions de
médiations souligne l'auteur, le DPGT est intervenu sur la :
> Clarification foncière par des démarcations de
terroirs (Dans la région de Touboro en 1985)
> Régulation des conflits agropastoraux par la
préservation de parcours (en 1997 dans le lamidat de Tchéboa)
> Régulation foncière par anticipation de
conflits et aménagement concerté du territoire (à
Touroua)
Dans le cadre de la deuxième intervention, une action
s'est engagée dès 1997 entre le DPGT et les notables de la
chefferie de Tchéboa (sarkin saanu), arrondissement d'origine
du village de Laïndé Karéwa. Elle devait identifier et
statuer sur l'étendue des hurum (pâturage continu) et sur
les pistes à bétail qu'il fallait préserver pour permettre
le maintien des éleveurs face à la progression des espaces
cultivés par les agriculteurs migrants (Teyssier et al, 2002).
A cet effet, la même source indique que des négociations ont
été menées par une commission composée de
représentants des éleveurs, des villages migrants avoisinants,
d'un animateur du projet et de notables de la chefferie chargés des
questions d'élevage. Les décisions obtenues après
débat ont conduit à une nouvelle réglementation. Ces
dispositions sont matérialisées par un bornage des limites des
hurum selon les trois étapes suivantes:
> le repérage des aires pastorales exploitées
par les éleveurs dans le lamidat de Tchéboa;
> le levé des contours et une représentation
cartographique de ces aires pastorales; > la rédaction d'une charte
mentionnant les droits et devoirs des éleveurs utilisant ces
pâturages et des agriculteurs voisins.
Au final, treize aires pastorales et plusieurs couloirs
à bétail ont été négociés entre 1997
et 2001. Des chartes pour la préservation de ces espaces ont
été rédigées pour servir de
références lors d'arbitrages de conflits par la chefferie
(Teyssier et al, 2002).
Cette vue d'ensemble relate ainsi le contexte de la
création des pistes à bétail dans l'arrondissement de
Tchéboa et donc dans le terroir de Laïndé Karéwa.
Cependant la situation actuelle de la gestion de ces pistes reste à
clarifier.
2.2.2 Relations de complémentarités
économiques
L'élevage au même titre que l'agriculture joue un
rôle important dans la reproduction des systèmes sociaux,
économiques et culturels (Landais et Lhoste, 1990). Ce rôle est
perçu à travers les fonctions suivantes qu'il remplit.
a) Fournitures d'aliments (protéines animales)
:
La contribution qualitative de la viande, des produits
lactés à l'équilibre protéique et lipidique des
rations par ailleurs constituées principalement de
céréales est tout à fait essentielle en termes de
développement.
b) Contribution à la formation des revenus
:
Cet apport est extrêmement variable. D'une façon
générale, il est relativement modeste en zone soudanienne et il
croît en mesure que l'on va vers le Nord. On a rarement
évalué la productivité du travail dans le secteur de
l'élevage, mais il est certain qu'elle est relativement
élevée en moyenne. Le lait frais par exemple, à
Laïndé Karéwa, est soit consommé entièrement
au sein de la famille, ou soit vendu le plus souvent dans les marchés
environnants, pour augmenter le revenu des producteurs (Aminou, 2007).
c) Epargne et capitalisation :
L'élevage assure la régularisation des flux
monétaires aux ménages en différant l'utilisation des
ressources en temps de soudure. La capitalisation quand à elle
débouche sur l'investissement productif, qui concerne :
- le secteur de l'élevage lui-même, avec des taux
de rémunération du capital généralement faibles en
élevage extensif,
- le secteur agricole (équipement, financement de la
culture attelée, achat d'intrants),
- des investissements alternatifs : construction «en
dur», achat d'un véhicule, d'un fonds de commerce, d'un moulin
artisanal, etc.
d) Sécurisation des systèmes de production
:
Comme toute diversification, la combinaison de l'agriculture
et de l'élevage est un facteur important de sécurisation des
systèmes de production. Véritable réserve monétaire
et alimentaire sur pied. La capacité de reproduction confère au
troupeau par exemple, une aptitude à se reconstituer après une
catastrophe, qui est son privilège et qui présente un autre
facteur majeur de sécurité.
En vérité, ces relations de
complémentarité sont primordiales. Ce sont elles qui sont
évoquées par les paysans pour justifier la coexistence de ces
activités (Landais et Lhoste, 1990).
2.3 Bassin Versant et Bas Fond
2.3.1 Définition
En hydrologie, le terme bassin versant (ou bassin
hydrographique) désigne le territoire sur lequel toutes les eaux de
surface s'écoulent vers un même point appelé
exutoire (figure 2.3). Ce territoire est
délimité physiquement par la ligne suivant la crête des
montagnes, des collines et des hauteurs du territoire, appelée ligne
des crêtes ou ligne de partage des eaux (Gangbazo, 2004).
Le bassin versant représente, en principe, l'unité
géographique sur laquelle se base l'analyse du cycle hydrologique et de
ses effets.
Source : Gangbazo
(2004) Figure 2.3 : Le bassin versant
Les bas fonds sont des portions amont des réseaux
hydrographiques, dont le lit mineur est peu ou pas marqué. Ils sont
submergés une partie de l'année par la concentration des
ruissellements de surface et parfois par la remontée des nappes
superficielles (CIRAD et GRET, 2002). Les bas fonds sont ainsi les têtes
de réseaux hydrographiques. Ils s'inscrivent dans un bassin versant
(figure 2.4) dont la superficie et le taux de ruissellement conditionnent les
volumes d'eau qui le transite. Sa forme, ses pentes et sa
végétation conditionnent les crues (Lavigne et al,
1996).
Source Figure 2.4
: Lavigne et al, (199 6)
: Bassin versant et bas fond
2 .3.2 Morp hopedologie du Bas Fond
Raunet (1985) distingue
trois parties s oudano
sahélienne que sont : la tê te,
la partie
La tê te du bas fonds
est souvent élargi e
un sol sableux et
l'alté ration en place est proche de
la surface. La affleure, s'écoule libre
ment et disp araît
rapidement après les crues. fait en
napp e en suivant des che
mins préférentiels
marqués par la
p ellicules de surface.
Dans la zone am
apparaît au c e
ntaille. Les
p euvent y ac
principales amont et la
en "spatul
sur les bas fonds de
partie aval e
.
la zone
e" ou en
"
amphithéâtre
", elle a nappe phréatique y Le
ruissell ement se différenci ation
des
par la conc
entration des eaux
de cette
deviennent argilo-sableux et
et d'autre
contrôle
ont, une discrète
entaille formée entre du profil
transversal qui devient
horizontal de part flancs so
nt netteme nt concaves. Les
sols quérir, si l e régime
hydrique est assez contrasté, des
caractères vertiques. Ces sols
contiennent une part de matériaux
issus des versants. On ne remarque pas
d'alluvions. La nappe de surface
inonde le centre du bas fond et pe
ut persister en début de
saison s èche. I1 e xiste
généralement deux nappes
superposé es dont une nappe p
rofonde dans l'axe du bas
fond située dans les altérites
et alimente les fissures dans la
roche mère. Une deuxième napp e
d`eau libre saturante, plus te
mporaire s e trouve p
erchée dans la couche superficielle
argilo-sableuse plus ou moins
perméable. Le degré e
t le temps d'inondation par
les c rues dépend de la
pente longitudinale et du
hydraulique aval. La violence des crues dépend du
régime pluviométrique et de la perméabilité des
versants.
En partie avale, le bas fond s'élargit, son profil
transversal s'aplatit. Le cours d`eau est bien marqué et encaissé
(figure 2.5). Il est bordé de discrètes levées alluviales.
Un véritable remblai colluvio-alluvial de texture argilo-1imoneuse
souvent colmaté et parfois à caractère vertique surmonte
la couche sablo-gravillonnaire qui repose sur l'altérite. La
présence des deux nappes superposées (décrites
précédemment) est presque systématique. La nappe
superficielle logée dans le remblai argilo-limoneux est alimentée
par le cours d'eau et sa fluctuation est liée au régime des
crues. Par rapport aux tronçons amont, le régime hydrologique se
complique en raison de l`origine diversifiée des apports (pluie directe,
ruissellement, crue, nappe générale, nappe perchée) et de
leur décalage dans le temps. Le bas fond est généralement
perméable en début de saison des pluies. Cette
Perméabilité est induite par la végétation,
l`activité de la méso faune et les fentes de retrait lorsque le
sol a un caractère vertique. Le bas fond devient rapidement
imperméable lorsqu'il est gorgé d`eau.
Source : CIRAD et GRET (2002) Figure 2.5 :
Différenciation morpho pédologique d'amont aval du bas
fond
2.3.3 Hydrologie du bas fond
2.3.3.1 Alimentation en eau
L'alimentation en eau du bas fond est multiple. Elle concerne
les pluies, les ruissellements, les écoulements hypodermiques, les
nappes superficielles ou d'altérites, les remontées capillaires
et éventuellement les sources.
2.3.3.2 Les crues
Lorsqu'une partie des précipitations ruisselle et
atteint le bas fond, selon le volume en jeu, la morphologie du bassin versant,
les pentes et la végétation, avec un débit
supérieur à son débit de vidange, une crue se produit.
Elle fait remonter le niveau de l'eau lorsque le bas fond est inondé.
Une crue se décrit par son temps de concentration (décalage entre
le début des pluies et celui de la crue), temps de montée (entre
le début de la crue et le débit maximum), son débit de
pointe et le temps de base (durée totale avant l'arrêt du
ruissellement).
2.3.3.3 La dynamique des nappes
Sous le bas fond se trouvent, selon le substrat, un ou
plusieurs aquifères superposés. Les nappes ne sont pas seulement
des réservoirs d'eau, remplis par infiltration. L'eau circule dans le
sol en fonction de la topographie des couches du sol, longitudinalement (vers
l'aval du bas fond), et des zones hautes vers celles basses de la nappe. La
dynamique de la nappe suit un rythme annuel (combiné avec des
fluctuations courtes, en réponses aux épisodes pluvieux, pour les
nappes superficielles). Le cycle des nappes est décalé par
rapport aux pluies, de façon plus ou moins prononcée selon le
type de la nappe et la conductivité hydraulique du sol (Lavigne et
Camphius, 1997).
2.3.3.4 Eléments de caractérisation
physique du bas fond
L'utilisation de caractéristiques physiques ou
morphométriques a pour but de condenser en un certain nombre de
paramètres chiffrés à l'intérieur du bassin versant
(la fonction h = f (x,y) ; h altitude, x et y coordonnées d'un point du
bassin versant). Trois types différents de paramètres
morphométriques sont utilisés (Laborde, 2000). Ces facteurs,
d'ordre purement géométrique ou physique, s'estiment
aisément à partir de cartes adéquates ou en recourant
à des techniques digitales et à des modèles
numériques.
i.
Les caractéristiques géométriques
Elles concernent principalement la surface et la forme du
bassin versant. La forme d'un bassin versant influence l'allure de
l'hydrogramme à l'exutoire du bassin versant. Par exemple, une forme
allongée favorise, pour une même pluie, les faibles débits
de pointe de crue, ceci en raison des temps d'acheminement de l'eau à
l'exutoire plus importants. En revanche, les bassins en forme
d'éventail, présentant un temps de concentration plus court,
auront les plus forts débits de pointe. Il existe différents
indices morphologiques permettant de caractériser le milieu, mais aussi
de comparer les bassins versants entre eux. l'indice de compacité de
Gravelius (1914) KG , défini comme le rapport du
périmètre P du bassin au périmètre du cercle ayant
la même surface est le plus utilisé. Il est calculé par
:
KG = P/2·vðA ou KG = 0.28*P/vA avec P en km et A en
km2.
Les éléments de relief étudiés
parmi les caractéristiques géométriques sont : la courbe
hypsométrique (altitude en fonction de la surface du bassin), les
altitudes caractéristiques (altitudes maximales, minimales et moyennes)
et les pentes. Ces dernières sont relatives à la pente moyenne
im, et l'indice de pente global Ig. Les formules correspondantes
sont :
im = DxL/A Ig =D/l
Avec im [m/km], L : longueur totale
de courbes de niveau [km], D : équidistance entre deux courbes
de niveau [m],
A : surface du bassin versant [km2]
l : la longueur du rectangle équivalent.
ii. Les caractéristiques du réseau
hydrographique
Le réseau hydrographique est constitué de
l'ensemble des chenaux qui drainent les eaux de surface vers l'exutoire du
bassin versant. Selon le support cartographique utilisé, on
étudiera le réseau avec plus ou moins de détails : en
photographie aérienne, on pourra déceler des thalwegs de
très faibles extensions, tandis qu'on ne verra que les cours d'eau
pérennes et importants sur une carte au 1/100 000ième. Le
réseau hydrographique peut se caractériser par trois
éléments : sa hiérarchisation, son développement
(nombres et
longueurs des cours d'eau) et son profil en long (Laborde,
2000). La hiérarchisation du réseau consiste à chiffrer la
ramification du réseau. Chaque cours d'eau reçoit un
numéro fonction de son importance. Cette numérotation (figure
2.6), appelée ordre du cours d'eau, diffère selon les auteurs.
Celle de STRAHLER est la suivante :
- tout cours d'eau n'ayant pas d'affluent est dit d'ordre 1,
- au confluent de deux cours d'eau d'ordre n, le cour d'eau
résultant est d'ordre n + 1,
- un cours d'eau recevant un affluent d'ordre inférieur
garde son ordre, ce qui se résume par : n + n = n + 1 et n + m = max (n,
m).
Source : Adapté de Laborde (2000) Figure
2.6 Ordre des cours d'eau
Le degré du développement du réseau
réfère à la connaissance de sa densité de drainage
(Dd) définie comme la longueur totale du réseau par unité
de surface du bassin, et de sa densité hydrographique (F) concernant le
nombre des canaux d'écoulement par la même unité. En somme,
les régions à haute densité de drainage et à haute
densité hydrographique présentent en général une
roche mère imperméable, un couvert végétal
restreint et un relief montagneux. L'opposé, c'est-à-dire faible
densité de drainage et faible densité hydrographique, se
rencontre en région à substratum très perméable,
à couvert végétal important et à relief peu
accentué.
Le profile en long dans la plupart des cas, fait l'objet de
relevé, soit par nivellement sur le terrain, soit plus sommairement
à partir des cartes topographiques. Les profils en long permettent
d'estimer la pente moyenne du cours d'eau. Cette pente moyenne sert surtout
dans l'évaluation des temps de concentration d'un bassin
versant, ce temps de concentration étant lié à la vitesse
de propagation des particules fines (Laborde, 2000).
iii. Les caractéristiques
agro-pédo-géologiques
L'étude type de ces caractéristiques prend en
compte trois principaux facteurs que sont : - la couverture du sol
exprimée par la couverture végétale, les plans d'eau, les
surfaces urbanisées et le coefficient de ruissellement ;
- la nature du sol marquée par sa structure et sa texture,
elle influence par le potentiel gravitationnel du sol et dont sur la
capacité de rétention d'eau ;
- la géologie du substrat influe indirectement sur
l'évapotranspiration par l'effet thermique dû à la couleur
des sols et par le développement de la végétation en
fonction des sols.
2.3.3.5 Eléments de fonctionnement
hydraulique
Du point de vue de l'aménagement trois composantes
forment les éléments de fonctionnement hydrologique du bas fond :
le lit majeur, lit mineur et la nappe phréatique. Ceux-ci pour Lavigne
et Camphius (1997), constituent les principaux éléments
hydrauliques (figure 2.7).
Le lit majeur a une géométrie qui découle
de l'histoire géologique du bas fond. Il n'intervient que pour
évacuer les importantes crues qui ne passent pas dans le lit mineur et
assurer leur épandage. La largeur d'épandage dépend du
débit de la crue et de la pente transversale du lit majeur.
Le lit mineur est le couloir préférentiel de
circulation des débits, un lieu où l'eau circule le plus
facilement, où elle rencontre le moins d'obstacle. Lorsqu'il est plein,
il assure la recharge de la nappe phréatique, alors qu'il vidange les
sols adjacents gorgés d'eau lorsqu'il est vide.
La nappe superficielle est un lieu de circulation et de
stockage de l'eau à moyen et long terme. Elle a une
géométrie qui suit celle du lit majeur qui lui donne naissance.
Elle se développe dans deux types de matériaux (produits
d'altération de la roche, sédiments déposés par
l'eau) disposés en continuité sur la roche mère. Elle se
caractérise par sa porosité, conductivité et la
perméabilité.
Source : Burton (2001)
Figure 2.7 : Eléments hydraulique d'u n cours
d'eau
1. Étiage ou b 3. Ligne des p
asses eaux et situation n
ormale ; 2. Crue: fonte des
neiges et forte précipitation lus hautes
eaux : situation
exceptionnelle ; 4. In ondation.
2.4 Aménage ment Hydro agricole
2 .4.1 Définition et principe
Lavigne et Camphius (199
7) définiss ent
l'aménagement hydro agricol
e du bas fond comme la
modification de sa structure physique (o
uvrages, di gues, cannaux)
afin de modifier son foncti onnement
hydrologique. Cette
transformation vise à
lever les c ontraintes que
les ruraux renco ntrent dans leurs
activités agric oles ou
pastorales. CIRAD et GRET (200
2), souligne que : « Aménager les
bas-fonds, c'est proposer aux p aysans qui le
souhaitent des ouvrages, peu coûteux,
mais efficace s et simples à gérer, p
ermettant de modifier
partielleme nt les flux
hydriques afin de réso
udre les principales c
ontraintes qu'ils renco
ntrent dans leurs modes
d'exploit ation».
Dans les années 1980, une étude
de factibilité des petits péri
mètres et bas fonds a é
té confiée à Euroconsult
par la Mission d' étude pour
l'Aménag ement de l a Vallée S
upérieure de la
Bénoué (MEAVSB). L'objectif de c
ette étude est de
proposer des
aménagements capable
s de créer l es
possibilités d'empl oi aux paysans. Au
final, deux types d'amé
nagement o nt été
retenus en fonction du site. Pour les
petits périmètres dont s
ept villages concernés , il a consi
sté à amen er l'eau d'
une source par des p ompes et
canal, à pro ximité du
périmètre e xploité. Av
ec les bas fonds, un barrage
a été retenu pour le stoc
kage de l'eau dans le sol en sai son
pluvieuse et son utilisation en saison s
èche. (Euro consult, 19
87). Il a ét é
réellement question de
construire un barrage équipé
du déversoir et d'une écluse (fermeture). Le
niveau d'eau est déterminé par la hauteur du déversoir et
la saturation du sol par la mise sous eau du bas fond par la fermeture de
l'écluse. Les critères de conception de cet aménagement
étaient basés sur les points suivants :
> Calcul des besoins en eau (cas du mouskouari) : les
paramètres calculés sont l'évapotranspiration actuelle par
la méthode de Penman (Et) ; le coefficient cultural Kc (Oct-Fév)
et l'évapotranspiration potentiel (ETP)
> Le volume d'écoulement minimum nécessaire : la
quantité d'eau à stocker plus l'ETP en saison de pluie et les
pertes.
> Le débit quinquennal de ruissellement utilisé
est celle de la rive droite de la Bénoué.
> Le module d'assainissement
> Caractéristiques physiographiques des bas-fonds
où seules les surfaces à pente assez faibles sont
recommandées pour réduire le coût d'investissement.
2.4.2 Aménagements biologiques
Ce sont des dispositifs antiérosifs constitués de
végétaux pérennes (graminées, arbustes, arbres,
etc.).
2.4.2.1 Les bandes enherbées
L'installation spontanée des graminées
pérennes est plus longue et plus difficile à obtenir dans les
zones semi arides. Il est alors possible de semer ou de repiquer des
graminées pour constituer rapidement les bandes enherbées. Cette
technique est bien adaptée aux situations où la terre manque.
Ainsi une double ligne de graminées pérennes peut constituer un
ouvrage efficace contre l'érosion et n'occuper qu'une bande de terre de
80 cm de largeur. Pour renforcer ce type de dispositif, une ligne de
graminées pourra être associée à une ligne
d'arbustes épineux, généralement très
résistants à la sécheresse et au passage du bétail
(Djombaye, 2005).
2 4.2.2 Plantation d'arbres
Les arbres peuvent aussi constituer un frein à
l'érosion dans les zones cultivées. Des lignes d'arbres ou
arbustes sont implantées autour des champs pour constituer des
brise-vent ou des haies vives. La plantation des arbres réduit
localement l'intensité des pluies (Djombaye, 2005).
2.4.3 Types d'aménagements du bas fond en zone
sahélienne
Le choix du type d'ouvrage ne se fait pas seulement en
fonction des caractéristiques naturelles du site. Il est d'abord
fonction du problème à résoudre et la finalité que
lui donnent les paysans. Les contextes agro-climatiques et
morphopédologiques du milieu doivent être pris en compte. Par un
aménagement, on peut intervenir
- sur la forme des crues : épandage par
submersion d'un seuil ou à travers des digues filtrantes, vidange
accélérée, etc;
- sur le stockage en surface : en amont d'un ouvrage
ou à la parcelle grâce au casiérage; - sur la dynamique
de la nappe : accroître l'infiltration, réduire sa descente
en fin de saison des pluies par des barrages souterrains ou en bloquant le lit
mineur ; drainer pour rabattre la nappe.
2.4.3.1 Surcreusements des mares ou mares
artificielles
La création de points d'eau permanents pour le
bétail dans le bas fond est importante. Mais, vu l'ETP annuelle en zone
sahélienne, le stockage d'eaux de surface implique des pertes
énormes. Aménager une mare existante revient à faciliter
son alimentation ou à accroître sa capacité de stockage.
Pour les mares qui se sont envasées, un curage manuel ou au bulldozer
permet d'accroître la profondeur et éventuellement la surface. Une
protection amont, par digues filtrantes par exemple, est souvent
nécessaire. La capacité de stockage peut être accrue par
une digue aval, qui permet aussi de stocker les déblais sortis de la
mare. Mais la mare ne sera permanente que si l'on atteint la nappe (ce qui
n'est pas toujours possible), ou si la hauteur d'eau stockée
dépasse les pertes. Les mares artificielles (ou boulis) sont des
dépressions surcreusées. Elles sont alimentées en
hivernage par dérivation des crues du lit majeur. Leur profil est
beaucoup plus encaissé que les mares naturelles. Il faut atteindre une
profondeur supérieure à la hauteur de l'évaporation, qui
peut être freinée en limitant la surface à l'air libre et
en végétalisant la digue (CIRAD et GRET, 2002 ; Lavigne et
Camphius, 1997).
2.4.3.2 Les petits barrages
Les petits barrages sont des retenues de 3 à 4 m de
hauteur, visant à constituer un stockage d'eau en surface et non plus en
profondeur. Ils peuvent être en béton, en terre compactée,
en gabion, ou mixtes. Un ouvrage en terre implique un déversoir partiel
bétonné ou en gabions, capable d'évacuer la
totalité de la crue. Les petits barrages
nécessitent des calculs hydrauliques complexes. Ils
sont destinés à créer un point d'eau permanent, la hauteur
stockée dépassant les pertes par évaporation. Dans la
réalité, c'est rarement le cas. Les intervenants de
développement sont aujourd'hui souvent réticents face à
cette technique, coûteuse et à l'impact productif incertain. En
sols peu filtrants, il ne faut cependant pas négliger l'impact sur la
recharge des nappes d'un stockage d'eau de surface, même temporaire. Les
petits barrages sont une option technique à réserver à des
cas spécifiques : site favorable, enjeu de recharge de nappe,
possibilité de valorisation agricole du fait de l'existence de
dynamiques maraîchères ou de proximité urbaine, etc. (CIRAD
et GRET, 2002 ; Lavigne et Camphius, 1997).
2.4.3.3 Les digues filtrantes
Constituées de pierres libres, éventuellement
renforcées par des gabions, les digues filtrantes sont construites
perpendiculairement à l'axe du bas fond ou en courbes de niveau, pour
ralentir et étaler les flux de ruissellement (CIRAD et GRET, 2002).
Elles visent à ralentir et étaler les flux de ruissellement dans
le bas fond afin de favoriser l'infiltration en amont de la digue et de bloquer
les sédiments emportés par l'érosion des versants (figure
2.8). Ce qui permet de combler une ravine et d'éviter la
dégradation des parcelles amont et d'améliorer les conditions
culturales. Un bas fond s'aménage par une série de digues, de
façon à ce que la base de l'une soit à la cote du sommet
de l'autre (Lavigne et Camphius, 1997). La même source précise que
la hauteur des digues (au centre) varie entre 0.5 à 2 m maximum, leur
longueur ne dépasse pas 100 à 200 m. La surface
contrôlée dépend de la topographie, mais elle varie de 0,5
à 2 ou 3 ha. Les digues filtrantes sont donc des ouvrages parcellaires.
Elles s'adaptent aux limites des parcelles. Cependant, elles ne permettent
aucune gestion réelle de la lame d'eau. Lorsqu'une crue arrive, elles
inondent toutes les parcelles amont tant que la réserve n'est pas
vidangée.
Source : CIRAD et GRET,
(2002) Figure 2.8 Coupe d'une digue
filtrante
2.4.3.4 Les biefs
Le bief est un micro barrage de retenue d'eau temporaire
destiné à favoriser l'infiltration de l'eau dans le sol. Le mot a
été introduit dans la zone septentrionale du Cameroun en 1984,
pour contourner la législation sur les barrages. Ce nom s'est fait faute
de trouver un mot approprié désignant à la fois un ouvrage
de retenue temporaire et de recharge des nappes (Djombaye, 2005).
Les micros barrages sont construits en fonction d'objectifs
résumés selon l'auteur comme suit :
> Arrêter l'eau en un endroit pour constituer une
réserve d'eau de surface, permanente ou temporaire.
> Arrêter l'eau ou la ralentir en un endroit pour
l'obliger à s'infiltrer et à réapprovisionner la nappe
phréatique. C'est dans cet objectif que les biefs sont construits dans
le Nord Cameroun.
> Arrêter la terre s'échappant avec l'eau de
ruissellement en vue de récupérer des surfaces cultivables.
On distingue plusieurs types de biefs que sont : les biefs en
pierres maçonnées, en béton et béton armé,
en gabions, en pierres et terre et en pierres sèches (calées). Le
bief comprend quatre parties visibles (corps du bief, aile de protection, mur
d'accompagnement, tapis de déversoir) après construction et la
fondation qui est évidemment souterraine (figure 2.9).
Source : Djombaye, (2005) Figure 2.9 : Plan
d'un bief
Les biefs sont construits perpendiculairement au sens
d'écoulement de l'eau dans le lit du cours d'eau. Le bief est construit
avec une hauteur (hb) égale à la moitié de la hauteur
maximale du mayo (Hm) :
hb= 1/2 Hm. avec hb et Hm en
mètres
Un déversoir ordinaire de mesure de débit,
construit de la même façon, souvent avec les mêmes
matériaux a pour hauteur 2/3 de la hauteur du cours d'eau. L'eau sera
déchargée toujours librement en période
des crues. La capacité de la retenue sera, alors plus grande. A cause
des grandes crues violentes de vitesse grande et à débit
élevé, il est préférable de garder la hauteur 1/2
Hm. Les procédures et normes de constructions sont largement
expliquées dans la source citée ci haut.
Cependant, Il n'y a pas « une » solution qui
s'impose dans « un » bas fond donné. Le choix d'un ouvrage est
toujours un compromis entre les priorités du groupe demandeur et les
contraintes du milieu ainsi que les impacts opposés de l'ouvrage
(Lavigne et Camphius, 1997).
CHAPITRE III : MATERIELS ET METHODES
3.1 Présentation de la z one d'étud e
eu de la et entre
3 .1.1 Localisation du t erroir
Laïndé Karéwa
est un village situé à 3
0 km au sud-est de Garoua, chef l i
région du Nord
Cameroun. Il se localise entre 9°16'et
9 °54' de latitude Nord
1 3°52'et 14° de
longitude Est. Administrativement, le village
se trouve dans l' arrondisse
ment de Tc héboa, dép
artement de la Bénou
é (Figure 3.1). Le terroir, avec
une superfic ie de 16
km2, répond auprès
de l' autorité traditionnelle
du lamidat du même
arrondissement (Doudet, 2007).
Source :
Aminou (2007) Figure 3.1 :
Localisation du terroir de L aïndé
Karéwa
3.1.2 Le milieu physique et humain
i. Relief
Le relief de la commune de Ngong est constitué de
plaine avec une multitude de collines disséminées ça et
là. L'existence des collines souvent très ravinées sur les
flancs dénote de la présence de pentes abrupte à ce
niveau. Ce ravinement est le résultat d'une intense activité des
eaux de ruissellement. La zone de Ngong est située dans la
Bénoué moyenne formée des basses terres à horizons
argileux et argilo sableux (PDOB, 2007). La morphologie du terroir
présente un espace de relief relativement plat qui se distingue en
espace exondé et celui du bas fond. L'espace exondé est
marqué par la chaîne de montagnes entourant le village et la
plaine caractérisée par les habitations, les champs et la
brousse. Le bas fond quand à lui est le lieu de production agricole par
excellence en toute période de l'année. Celui-ci dispose d'une
petite entaille sur laquelle circule librement l'eau de ruissellement et des
nappes libres. Il s'étend jusqu'à la vallée de la
Bénoué où il rejoint le cours naturel de la rivière
et se rencontre avec les bas fonds de Laïndé Tapo et
Kassalabouté (Tchopsala et al, 2007).
ii. Sols
IRAD et PRASAC (2006) distinguent en général sept
types de sols à Laïndé Karéwa.
- les sols sablonneux, sols dégradés situés
le long des pistes à bétail entre deux montagnes ;
- les sols sablo-gravillonnaire très peu
représentés, on les retrouve de part et d'autre de la route
menant à Karéwa et vers la limite supérieure du terroir,
le long de la piste menant vers le campement des peulh,
- les sols argileux de couleur sombre qui sont des terres de bas
fond, riches en argiles et bien fertiles,
- les sols sablo-limoneux qu'on trouve de part et d'autre du bas
fond et une partie le long de la route qui mène à
Karéwa,
- les sols rouges avec du gravier qui servent à la
fabrication des briques ou au crépissage des cases, on les retrouve
autour des montagnes,
- les vertisols avec des argiles non gonflantes ou hardé
en fufuldé et
- les sols qualifiés de sablo-argileux avec des cailloux,
se trouvant sous forme d'îlots autour de la montagne située
derrière la case du chef du village.
Ces sols regroupés en trois grands groupes par la
même source se subdivisent en sol sablonneux, argileux et argileux
hydromorphes, avec chacun une vocation agricole différente.
iii. Climat
Le climat du village comme celle de toute la région,
est du type soudano sahélien. Il est caractérisé par deux
saisons, pluvieuse allant de Mai à Octobre et une sèche allant de
Novembre à Avril.
La répartition annuelle de la pluie est inégale,
elle influence de ce fait les activités agricoles très
dépendantes du climat naturel. Les hauteurs de pluies augmentent
progressivement de mai à septembre pour chuter brusquement en octobre
qui marque ainsi la fin de saison des pluies (Figure 3.2). Cette chute
pluviométrique combinée à une irrégularité
de répartition de pluies a une influence sur les activités
agricoles des paysans et sur la gestion des ressources naturelles.
Quantite de pluie en mm
300
250
200
150
100
50
0
Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre
|
2006/2007 2007/2008
|
Mois de saison des pluies
|
Source : Aminou, (2007) et relevés
pluviométriques 2008 de Laïndé
Karéwa Figure 3.2 : Variation inter mensuelle de la
pluviométrie de la zone
La saison sèche plus longue, est
caractérisée par la rigueur de l'harmattan qui souffle avec
violence. Les températures pendant cette saison sont très
variantes lorsque le front de convergence inter tropical (FIT) franchit le
relief montagneux de l'Adamaoua (PDOB, 2007). La période froide de la
saison sèche est caractérisée par une
faible température moyenne le long de la journée
(17 °C) avec un vent relativement fort. Elle dure trois mois environ
à partir de décembre. La période chaude quand à
elle débute vers fin février marquée par une augmentation
de la température journalière. Celle-ci reste croissante jusqu'au
mois de mars et commence à décroître en plein avril. Les
maxima en fin de saison sèche sont 40 et 42 °C (Doudet, 2007). La
vitesse du vent en cette période est faible.
iv. Hydrologie
La zone de Laïndé Karewa est drainée par
deux principaux cours d'eau dont Laïndé Tapo et Laïndé
Djoudé. Ce dernier forme le lit mineur du bas fond du village,
très exploité dans l'année et sert de limite entre le
campement de Laïndé Karewa et celui de Ouro-bocki.
Laïndé Tapo plus ou moins permanent est situé entre le
campement d'ISRAEL et celui de Laïndé Karewa. Pendant la saison
pluvieuse, ces cours d'eau sortent de leur lit et se déversent dans les
environs des campements d'éleveurs et surtout dans la grande plaine de
Karewa qui constitue la grande réserve d'eau dont dispose la zone durant
toute la saison pluvieuse (Aminou, 2007).
Le terroir de Laïndé karéwa en appartenant
à la commune de Ngong, fait parti du bassin du Niger. Ce dernier a un
régime hydrologique tropical du type guinéo soudanien (PDOB,
2007). Ngong se trouve dans la Bénoué moyenne où se
rencontrent plusieurs vallées jonchées de petites collines. La
Bénoué moyenne est issu de la haute Bénoué qui
reçoit en rive droite (du sud au nord) le mayo Rey (250 km), mayo Godi
et le mayo SINA (265 et 130 km) ; en rive gauche le mayo Mbay, le mayo Sala et
Boki (Nanko et al, 2004). C'est dans cette Bénoué moyenne que le
lit mineur du bas fond déverse ses eaux pendant toute l'année.
v. Population
Les principaux groupes ethniques du terroir concernent les :
Mofou (majoritaires), Mafa, Peuls et Moundang. L'effectif des ménages en
fonction de groupe ethniques est présenté dans le tableau 3.1.
Cette zone, limitée au Nord par la colline du village Mafa Kilda, au Sud
par le village Kassalabouté, à l'Ouest par la colline de
Laïndé et le village Djéfatou et à l'Est par le
village Karéwa, abrite des agriculteurs migrants et d'éleveurs
peuls plus ou moins sédentarisé et vivant dans des campements
d'éleveurs. L'agriculture et l'élevage étant les
principales activités économiques du terroir.
Tableau 3.1 : Effectifs des ménages en fonction du
groupe ethnique
Groupe ethnique Nombre de ménages Pourcentage de
ménages
Kapsiki 2 0,9%
Gadala 2 0,9%
Lamé 2 0,9%
Peul ou Mbororo 3 1,3%
Guiziga 3 1,3%
Moundang 6 2,5%
Autres (Doayo, Mboum, Laka) 25 10,82%
Mafa 67 29%
Mofou 121 52,38%
Total 231 100%
Source : fiche d'enquêtes des exploitations
3.2 Examen du mode actuel d'organisation de
l'espace
3.2.1 Diagnostic d'organisation actuelle de l'espace
exondé
Le diagnostic s'est fait sous la base d'interprétation
des images satellites Quick bird de Très Haute
Résolution (THR) obtenues dans le laboratoire de géomatique de la
Mission d'Etude pour l'Aménagement et le Développement de la
Province du Nord (MEADEN). Cette analyse a été
complétée par plusieurs visites de terrain supportées par
des entretiens ouverts avec les paysans. La méthode d'analyse que nous
avons utilisée est l'étude de la morphologie agraire sous la base
des éléments caractéristiques suivants :
- le type d'habitat rencontré,
- les formes et les dimensions des parcelles
- les reliefs crées par l'homme et
- la densité des pistes d'exploitations.
Ces éléments ont été ensuite
discutés en rapport à la gestion des ressources naturelles et de
l'espace en général. La morphologie agraire étant le
paysage issu des activités agricoles des populations, nous a permis de
comprendre les différentes occupations de l'espace par les
activités paysannes. Afin de visualiser les descriptions et les
discussions faites à cet effet, nous avons réalisé une
carte du parcellaire du village sous la base des images THR et des levés
au GPS de certains espaces. Le logiciel MapInfo professional (version 8.5) et
MapSource ont été intensément utilisés pour
l'ensemble de ce
diagnostic agraire. En fin, les logiques d'organisation de
l'espace agropastoral ont été déduites pour mettre en
évidence les caractéristiques de l'espace exondé.
3.2.2 Diagnostic d'organisation actuelle du bas fond
Pour le bas fond, trois méthodes ont été
mises à contribution. Il s'agit de sa caractérisation physique,
de son fonctionnement hydrologique et de son plan parcellaire agricole. Une
analyse des données par système d'information géographique
(SIG) a été faite pour l'illustration de certains
résultats.
i. Caractérisation physique du bas
fond
Dans cette méthode, nous nous sommes basés aux
caractéristiques géométriques, hydrographiques,
agrologiques et topographiques du bas fond. Ces caractéristiques
conduisent à la connaissance du potentiel naturel du bas fond et
prédisent sur son complexe hydrologique.
Pour des données géométriques
(disposition dans le plan), la surface et la forme du bas fond ont
été déterminées à partir des
paramètres de distance (longueur, largeur) et du
périmètre. Sous la base de la méthode
d'interprétation d'image assistée par Ordinateur avec le logiciel
MapInfo (version 8.5), la longueur et la largeur du bas fond ont
été déterminé numériquement. Le
périmètre (P) ou encore périmètre équivalent
et la surface du bas fond (A) ont été estimé par la
même technique d'analyse. Cependant, la forme est estimée à
partir de l'indice morphologique de compacité de Gravilus KG qui est le
rapport du périmètre du bassin au périmètre du
cercle ayant la même surface (Laborde, 2000). On le calcul par :
KG = P/2·vðA ; soit KG = 0.28*P/vA ;
P = 2*(L+l) avec P, L et l en km
Les caractéristiques hydrographiques du bas fond ont
été trouvées à partir de deux facteurs que sont la
hiérarchisation du réseau hydrographique et son degré de
développement. L'analyse des images assistée par ordinateur est
à la base de ce travail. La hiérarchisation du réseau a
été obtenue suivant la classification des cours d'eau du
réseau proposée par STRAHLER. Cette classification
affecte un numéro au cours d'eau pour signifier son importance. Ainsi,
le principe suivant a été respecté :
- tout cours d'eau n'ayant pas d'affluent est dit d'ordre 1,
- au confluent de deux cours d'eau de même ordre n, le
cours d'eau résultant est d'ordre n + 1,
- un cours d'eau recevant un affluent d'ordre inférieur
garde son ordre. Ce qui se résume par : n + n = n + 1 et n + m = max (n,
m).
Nous avons déterminé le degré du
développement du réseau à partir des paramètres
suivants : la densité de drainage Dd et la densité hydrographique
F. Pour cela, un contage systématique et la mesure des longueurs des
cours d'eaux ont été effectuée à partir des images
satellites. Les formules utilisées pour le calcul sont les suivantes
:
Dd = ?li/A ; F= ?Ni/A,
- li : la longueur du cours d'eau (Km), A : la surface du bas
fond (km2), Ni : le nombre de cours d'eau.
- Dd (km-1) et F (km-2).
Pour ce qui est de l'agrologie du bas fond, nous nous sommes
limités aux données secondaires. Les sources consultées
concernent les rapports de stages et d'activité, les thèses et
les articles.
Les caractéristiques topographiques du bas fond ont
fait l'objet de réalisation d'une carte topographique. C'est une
représentation sur un plan horizontal d'une portion plus ou moins grande
de la surface de la terre à partir des données obtenues à
l'aide des opérations (levés) topographiques. Elle a servi comme
les autres aspects du diagnostic, d'outil d'aide au choix du type
d'aménagement hydro agricole approprié pour la valorisation du
bas fond afin de réduire la pression humaine sur l'espace exondé.
L'implantation des courbes de niveau, principale activité de cette
partie, a consisté en un levé topographique des points de
même altitude sur le sol du bas fond. Deux méthodes sont
généralement utilisées pour cette implantation à
savoir : la méthode directe et la méthode indirecte. La
première, nettement plus lente mais plus précise consiste
à déterminer et à marquer la ligne que suit chaque courbe
sur le sol et à procéder au levé planimétrique de
ces lignes afin de les représenter sur une carte. La méthode
indirecte, utilisée dans cette étude, fait un levé
topographique du terrain pour déterminer une série de points de
hauteur connue, qu'on reporte ensuite sur une carte et
détermine le s
é tude, les po qui a
permis p artir desqu e
après cette fois par les
courbes de niveau d' ints
ont ét é levés à la de faire
leur report dans un SIG ls un modè
le numérique de terrai
carte (figure 3.3).
Cependant, dans notre mesures
altimétrique s et par le
GPS. Ce pour déterminer les c
ourbes de niveaux à a
été réalis é.
Figure 3.3
S ource: FAO,
2003
: Méthodes d'implan tation des courbes de n
iveau
La procédure de
mesure s altimétri ques que nous avo
ns utilisée est un c
heminement par rayonnement
dont le principe général selon
la FAO c onsiste à
déterminer l es altitudes de
plusieurs points à partir d'un
repère to pographiqu e unique.
En effet, tout d'abord on
détermine la hauteur HI de
l'instrument placé à la
station de nivellement
zéro. On vise ensuite en
direction d'un point X de
hauteur connue H(X) qu'on
relève une lectur e de visée
arrière (Var) et calcule alors HI par
:
HI = Va r + H(X)
Pour déterminer la hauteur de
chacun des points A, B, C et D par exemple (
figure 3.4), on vise su ccessiveme
nt chacun d'eux en
effectuant une visée avant (Vav). L
eurs hauteurs respectives se
calculent par:
H(point) = HI - Vav
NB : toutes l es variables ont pour unité
le mètre (m)
Source: FAO,
2003
Figure 3.4: Principe de nivellement par
rayonnement
Mais sur le terrain, à tout point de
stationnement choisis, nous
mesurons par un ruban mètre
flexible (mètre de taill
eurs) la hauteur de
l'appareil ou du tourillon (HI) qui est
fixée à 1, 5m du sol (HI= 1,5
m). En l'absence d'un repère
topographique de hauteur c
onnue à la première
station, aucune visée
arrière n'a été
effectuée. Elle est c onsidérée
c omme égal e à la
hauteur de l'in strument
(HI). Toute dénivelée, par
rapport à une station est calculée par :
H(point) = HI+ Vav ; ou H(p oint) = 1,5 + Vav
unique c'est a l'avantage
mètre (e = 1 rapport
à la
Par cette approche, Vav est
toujours affectée du signe
négatif, car le sens de levé est à dire
de l' a l'aval de s orte que la
dénivelée s oit
négative. Ce qui mont vers
de tenir c ompte de la réalité
du terrain. Avec une
équidistance fixée à un
m), au niveau de chaque
station, les points situés à
2,5 m et 3 ,5 m par station so
nt recherc hés. L'app
areil utilisé à cet effe t est
un niveau de
'un trépie d. Ainsi no
us réaliso ns deux
courbes de
c hantier de marque
Kern muni d
,5 m) par station (figure
3.5).
niveau (courbes de 2,5
et celles de 3
A chaque point et station de nivellement utilisé, nous
marquons et relevons les coordonnées GPS correspondantes dans un bloc
note, avant de les enregistrer dans l'appareil GPS utilisé de marque
GARMIN 12. Ce double levé (topographique et GPS) a été
effectué sur toute l'étendue du bas fond. En fonction de la
nature du terrain (présence d'obstacle), le sens des courbes et le
nombre des points à lever varient d'une station à l'autre.
Source : Auteur
Figure 3.5 : Principe de recherche des points de
visée sur le terrain
Pour faciliter l'orientation de nos courbes et contourner
certaines contraintes du terrain, une image satellite Quick bird du
bas fond, imprimée à l'échelle de 1/50, a
été utilisée. Quelques astuces sur le terrain ont
été également développées parmi lesquelles :
- les levés par « côté » qui consiste, à
lever la moitié d'une surface donnée en réalisant de
demi-courbes puis à les compléter du côté
restant.
- la recherche du point zéro, où l'on cherche
à lire un point de même altitude que le HI, de
dénivelée nulle (d = 0), pour s'éloigner d'un obstacle sur
la ligne de visée et placer la nouvelle station. Pour cela,
l'observation globale du terrain permet de voir si la visibilité de
l'appareil sera bonne ou non. Le recours à l'image satellite Qick
bird nous a permis de vérifier à chaque fois les limites du
bas fond et d'orienter nos mouvements.
C'est par cette démarche que nous avons pu collecter
les données topographiques et géographiques pour passer au calcul
de dénivelée et l'établissement final de la carte
topographique. Par rapport aux statons individuelles, ce calcul a était
fait au même moment que les levés. Mais pour la
dénivelée de chaque point par rapport à la station de
référence, SN1, nous avons utilisé le logiciel Microsoft
Excel (2003).
Dans un tableau, chaque point de lecture a été
référé d'abord à sa station d'origine ensuite
à la station de référence SN1 à l'aide de son
numéro de relevé GPS (way point) et de son niveau d'altitude (2,5
ou 3,5m). Par exemple : si SN2 est à -2m par rapport à SN1 et que
le way point 005 est à -1m de SN2, alors 005 sera à -1 + (-2) =
-3 m
C'est par cette approche que la position de tous les points a
été déterminée par rapport à la station de
référence. Dans le même sens, pour le calcul des pentes du
terrain, une échelle de 1/1300 a été utilisée.
Cette dernière est acquise en reportant la longueur totale
présentée sur la carte topographique à celle du bas fond
obtenu lors de l'analyse des images satellites. La formule utilisée pour
la pente (p) entre deux point A et B est la suivante :
PA-B = 100x (DHA-B/dA-B),
DHA-B la dénivelée (m) ; dA-B la
distance (m) entre A et B et PA-B (m).
Pour l'établissement final de la carte topographique ou
carte des courbes de niveau, les données de levés topographiques
ont été utilisées comme base. Dans un premier temps, elles
ont été organisées dans Excel, après calcul de
dénivelée, pour ressortir trois paramètres essentiels que
sont : la longitude (X), la latitude (Y) et la dénivelée (Z).
Ensuite, cette base numérisée est transférée dans
un autre logiciel SURFER 3.5. Ce dernier, nous a permis de créer des
fichiers GRID et de générer des courbes de niveau suivit du MNT.
Ce dernier est une expression numérique de la topographie sous forme
matricielle ou vectorielle. Il exprime en quelque sorte la vision à
trois dimensions des courbes de niveau. Pour le réaliser, SURFER a
été mis à note disposition par le laboratoire de
géomatique de la MEADEN.
ii. Étude du fonctionnement
hydrologique
En général, selon Lavigne et Camphius (1997),
deux types d'écoulements d'eau caractérisent l'hydrologie du bas
fond : les écoulements de surface et ceux hypodermiques. La
complexité du fonctionnement hydraulique du bas-fond, se lit à
travers les périodes de submersion et leur durée, la forme et la
dynamique des crues, l'amplitude des variations saisonnières de la
nappe. Dans cette étude, nous avons reposé cet aspect du
diagnostic sur la connaissance du débit maximal et sur la dynamique de
la nappe dans les puits pendant la période d'étude.
Pour la connaissance du débit maximal passant dans le
bas fond, nous avons utilisé deux méthodes de mesure de
débit suivant les sites choisis. La première, utilisée en
amont et an aval (entrée et sortie) du bas fond, est la méthode
volumétrique. La seconde, utilisée dans un canal homogène
du bas fond, est celle de Manning Strickler (MS). Ces méthodes nous ont
permis de connaître non seulement le flux potentiel du bas fond, mais
aussi de comprendre certaines difficultés paysannes sur la gestion de
l'eau.
La méthode volumétrique est la plus directe pour
la mesure de débit dans un canal qui décharge l'eau. Elle a
consisté en l'utilisation d'un seau de 20 litres et un
chronomètre (chronomètre d'un téléphone portable)
pour mesurer le temps de remplissage de celui-ci. Les données sur les
trois mois plus pluvieux ont été collectées sur une fiche.
Le débit est calculé à partir du temps et volume par la
formule :
Q = V/T
V : volume en litre (l) ; T : le temps en seconde (s) et Q le
débit en l/s
Deux sites de mesures ont fait l'objet d'application de cette
méthode montrée par la figure 3.6. Le premier (site 1) est
situé entre la tête et l'amont du bas fond et le second dans sa
partie avale, en zone terminale ou déversoir du lit mineur.
Figure 3.6 : Mesure de débit
volumétrique sur le site 1
La méthode de Manning Strickler correspond à un
écoulement dans une section normale du bas fond assimilée
à un canal. Elle nécessite des mesures de hauteur d'eau qui
peuvent se faire après le passage de l'eau, et une estimation de la
rugosité. Il faut se
situer dans un écoulement en régime permanent
fluvial (Lavigne et Camphius, 1997). La formule du débit est
donnée par :
Q = Ks*R2/3*i1/2*S
Ks : la rugosité du terrain ; R (m) : le rayon
hydraulique, i : la pente du terrain et S (m2) : la section du
canal.
Pour répondre à ces conditions, nous avons
procédé par l'identification des tronçons homogènes
sur le lit mineur et à la sélection des sections étroites
d'écoulement fluvial. Les images satellite de très haute
résolution et la visite de terrain ont permis de faire cette
identification. En effet, un écoulement est qualifié de type
fluvial, lorsque les rides de l'impact du jet d'un caillou dans l'eau se
développent bien vers l'amont autant que vers l'aval (Lavigne et
Camphius, 1997). C'est la technique qui a été utilisée
pour s'assurer du type de l'écoulement dans le canal. Les mesures ont
consisté à déterminer la hauteur d'eau atteinte dans le
canal à l'aide d'une règle graduée. Dans ce canal, la
longueur moyenne (L) a été d'abord mesurée directement par
un double décamètre. Comme elle ne varie pas, la hauteur d'eau
(h) ou largeur du canal, est alors mesurée à différentes
périodes. Ces deux paramètres (figure 3.7) sont utilisés
pour calculer le périmètre et la section mouillés
(Pm, Sm) à partir desquels le rayon hydraulique
est déterminé. Les formules utilisées pour ce calcul sont
les suivantes :
Pm = L+ 2h Sm= L*h R = Sm /
Pm
avec Pm, L, h et R en mètre et Sm
(m2)
Quand à ce qui concerne la rugosité du canal Ks,
nous avons utilisé les valeurs expérimentales du coefficient de
Manning Strickler, n, en tenant compte de la situation du canal pendant la
mesure. Le tableau utilisé à cet effet est présenté
en annexe 2.
Le calcul des différents débits a été
effectué avec le logiciel Excel 2003. Ce qui a permis d'avoir un
débit maximal moyen du bas fond.
L
Figure 3.7 : Paramètres d'un canal
rectangulaire
En ce qui concerne la dynamique de la nappe phréatique
dans les puits, la méthode choisie est la mesure
répétée des profondeurs d'eau dans ces puits. Elle nous a
permis de voir la variation du niveau de la nappe phréatique et sa
relation (influence sur la recharge) avec les écoulements de surface
dans le bas fond. Premièrement, nous avons procédé au
choix des puits pouvant caractériser la nappe du bas fond. Ceci a
été possible grâce à la présence de quatre
puits le long de son versant. Les trois premiers puits sont localisés en
tête et sur le versant de la zone amont alors que le quatrième est
situé en partie avale du bas fond. La mesure de la profondeur de la
nappe phréatique s'est effectuée à l'aide du
décamètre. Nous attachons une masse au bout du
décamètre pour former un fil à plomb qu'on lance dans le
puits en cherchant le plus faible contact avec la surface de l'eau dans le
puits (figure 3.8). Ainsi, nous lisons la profondeur à partir d'un point
marqué, considéré comme point de mesure de la profondeur,
pris sur le bord du puits. Les données sont relevées sur une
fiche et introduite par la suite dans le logiciel Excel pour l'analyse et
interprétation des données. Ce qui a permis de ressortir les
graphiques sur la vitesse d'augmentation du niveau de la nappe dans les puits
et sur leur variation suivant le long du bas fond.
Figure 3.8 : Profondeurs des puits et
méthode de mesure de la nappe.
iii. Le plan parcellaire du bas fond
Le plan parcellaire a été réalisé,
sous la base des données numérisées de chaque parcelle du
bas fond à l'aide d'un SIG, pour permettre de comprendre l'occupation
spatiale des parcelles et le mode d'exploitation actuelle du bas fond. C'est
à partir de ces éléments que l'organisation de cet espace
a été mise en évidence. Les données
collectées sur le terrain ont été
introduites numériquement grâce à l'image satellite
Qick bird du terroir. Pour la collecte des données, nous avons
d'abord élaboré une fiche d'identification des parcelles qui est
présentée sous forme d'un tableau à double entrée
avec des éléments d'informations sur l'exploitant et l'historique
(de 2 ans) de sa parcelle. En suite, on a procédé sur le terrain,
au levé GPS de chaque parcelle du bas fond où les
coordonnées géographiques de tous les quatre coins de la parcelle
sont marqués, relevés et enregistrés par la suite. C'est
lors de ce levé que les informations de la fiche d'identification sont
également collectées. Un exemplaire de la fiche est
présenté dans l'annexe 1. C'est ainsi que toutes les 184
parcelles ont été identifiées. Nous avons eu recours
à un guide, fils du terroir, lors de nos travaux de terrain. Lorsque
deux à trois parcelles sont identifiées, un schéma du
parcours est réalisé pour permettre d'harmoniser la suite du
travail et de marquer certaines images en mémoire.
Enfin un travail de bureau a permis de récupérer
les données de l'appareil GPS dans MapSource et dans MapInfo (logiciels
SIG version 8.5) et de produire la carte du parcellaire. Dans un premier temps,
nous avons projeté les points GPS (way points) des parcelles du bas fond
sur l'image satellite Qick bird dans MapInfo pour repérer ces
parcelles. Celles-ci ont été reproduites en créant des
polygones joignant les quatre points levés sur le terrain. Nous avons
par la suite créé des liens attributaires pour tous les polygones
du parcellaire. Ainsi, les informations relatives aux parcelles ont
été introduites donc numérisées. Les
matériels utilisés lors de levé topographique à
l'exception du niveau de chantier et de la mire parlante, l'ont
été pour ce travail. De même, les bottes pour faciliter nos
déplacements à l'intérieure des parcelles et un appareil
photo numérique de marque CAMEDIA ; OLYMPUS
C-220 zoom ont été utilisés.
3.3 Examen de l'état actuel de la piste a
bétail du village et identification des espaces conflictuels
Pour atteindre cet objectif, la méthode de lever
parcellaire comme décrit dans le cas du bas fond a été
utilisée. Cette méthode nous a permis de faire une analyse
spatiale critique de la disposition des parcelles vis-à-vis de la piste
et de comprendre la nature des conflits en fonctions des zones le long de cette
piste. La procédure de lever parcellaire utilisée au bas fond a
été appliquée de la même manière. Cependant,
nous avons associé à ce lever des mesures de longueur des
parcelles et de largeur entre les
parcelles opposées pour déterminer les
dimensions actuelles de la piste. Ensuite, des enquêtes ont
été menées sur deux rubriques relatives aux conflits
agropastoraux rencontrés et à la nature des exploitations de ces
parcelles. Les données sur les dimensions actuelles de la piste ont
été obtenues par mesure au double décamètre.
Relatif aux enquêtes, nous avons établit une fiche résumant
toutes les informations nécessaire à chercher sur les parcelles
et leurs exploitants ; ce qui a permis d'éviter l'encombrement et de
mieux gérer le matériel utilisé sur le terrain. Nous avons
également fait de prise d'image à l'aide d'un appareil photo
numérique pour illustrer certaines informations et montrer quelques
réalités du terrain. Un exemplaire de fiche et quelques
résultats du terrain sont présentés en annexe 3 & 4
respectivement.
3.4 Proposition d'amélioration de l'organisation
de l'espace et étude des scénarios d'évolution
Dans cet objectif spécifique, nous somme partis des
différentes remarques et suggestions faites pendant l'analyse et
interprétation de nos résultats. Des données secondaires
ont été utilisées en comparaison à la situation de
notre terroir d'étude. Les propositions d'aménagement techniques
émanent des paramètres trouvés dans l'analyse des
données et surtout des propositions des paysans et des
expériences d'ailleurs.
En ce qui concerne les scénarios d'évolution, on
s'est servis de la méthode utilisée par PICARD (1999) relative en
la détermination des paramètres-clés (facteurs) de
l'organisation de l'espace et en une analyse des différentes situations
de changements de ces paramètres dans l'avenir. A cet effet, nous avons
retenus comme facteurs de changement : l'accroissement de la population et
celui du cheptel animal du village. Trois cas de figure ont fait l'objet de
discussion :
> L'augmentation de la population et du cheptel animal du
village ;
> L'augmentation de la population et effectif constant du
cheptel villageois ;
> L'augmentation du cheptel animal et effectif constant de la
population. Partant des analyses des différents cas, nous avons
essayé de donner quelques mesures à prendre ou à
éviter pour maintenir à long terme la nouvelle forme
d'organisation.
CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1 MODE ACTUEL D'ORGANISATION DE L'ESPACE
4.1.1 Mode actuel d'organisation de l'espace
exondé
Le résultat de l'analyse des images satellites Quick
bird est présenté par la figure 4.1.
Source : Travaux de terrain et de
laboratoire Figure 4.1 : Paysage agraire du terroir de
Laïndé Karéwa
De cette figure, il ressort que le terroir de
Laïndé Karéwa présente globalement un paysage
dominé par les champs ouverts à dimensions variables et une
concentration de l'habitat au centre. Les espaces de pâturage, comme
l'ont confirmé IRAD et PRASAC (2006), sont localisés en limite du
terroir supposant ainsi que le bétail est exclu de la zone
cultivée. Nous avons à faire donc à un paysage de type
mixte qui ressort à la fois les traits d'un paysage d'openfield par les
champs ouvert et un habitat groupé et celui de bocage par la non
collectivisation agraire (parcelle individuelle).
L'habitat observé du terroir est d'une disposition
linéaire, du type village rue. Cet habitat est lié à trois
facteurs principaux suivants:
- la localisation des points d'eaux aménagés pour
l'approvisionnement en eau ;
- l'historique de la population qui ressort qu'elle est
essentiellement composée des migrants venus de l'extrême Nord
suite à la migration organisée des années 1980,
assuré par le projet Nord Est Bénoué. Ce mouvement qui de
nos jours continu sans protocole officiel et affecte la disponibilité
des ressources foncières, a favorisé l'occupation pour l'habitat,
des zones facilement accessible ;
- la présence du bas fond est un facteur qui
amène les exploitants à solliciter les espaces proches de cette
ressource afin de s'investir plus fermement dans le travail. Dans ce sens,
Lavigne et Camphius, (1997), constatent que dans les bas fonds soudano
sahélienne, le critère de rendement chez les paysans est la
productivité du travail, c'està-dire la meilleure
rémunération de son travail. C'est de cet esprit que sont
animés les producteurs au bas fond de Laïndé
Karéwa.
La disposition actuelle de l'habitat est favorable à un
système de production intensif. Elle facilite l'accès aux
intrants agricoles et la diffusion des innovations techniques. Par cette
disposition, il est facile de se rapprocher des paysans pour initier des
travaux de groupe afin de gagner leur confiance. Pour la diffusion d'une
technique de production par exemple, il est possible de choisir un site
d'expérimentation ou de démonstration telle que la
majorité de la population puisse en bénéficier de la
pratique. C'est cette approche qui est largement utilisée par l'IRAD
dans le cadre de la recherche en partenariat avec la culture de soja dans ce
terroir.
La zone cultivée du terroir comme observé sur le
terrain, se distingue par des espaces à sol saturés où
s'exploitent le riz et les tubercules et ceux à sol non saturés
exploités pour les cultures annuelles exondées (arachide, coton,
maïs, sorgho, mil etc.). Les parcelles sont disposées en bas des
collines et parcourus au milieu par le bas fond. La répartition des
cultures à l'intérieur de cet espace semble peu
structurée. Les cultures
tel que le relève IRAD et PRASAC, (2006), sont
implantées sur les terres exondées sans distinction d'assolement,
à l'exception du manioc qui semble plus important sur les sols
sablonneux du coté Est.
Les espaces de pâturage sont bien distincts des espaces
de culture. Ils sont aujourd'hui réduits aux zones non cultivables comme
les montagnes (au Nord-ouest, Nord Est et au Sud) qui entourent le village. Les
principaux pâturages naturels des campements Mbororo de
Laïndé sont situés au nord et au sud-est des habitations
faisant suite aux parcelles de cultures. Ces pâturages sont des
ressources fourragères (herbacées et ligneuses) aussi bien
pendant la saison des pluies que pendant la saison sèche.
La distinction actuelle des espaces (agricole et pastoral)
marque le domaine de responsabilité de chaque groupe d'activité.
Le degré de leur interrelation sera ainsi étroitement lié
à leur mode de gestion. En effet, la séparation claire de la zone
cultivée de celle pastorale, bien connue de tous, devrait favoriser le
déroulement normal des activités. Mais sur le terrain, cette
délimitation ne semble pas inciter le respect mutuel des domaines
d'exploitation, car de temps à autres on note la présence des
conflits liés à l'espace. Cette situation témoigne de
l'absence de mesure ou d'initiative d'une bonne sécurité
foncière. A ce titre, Teyssier et al., (2002) soulignent que
l'impact de l'insécurité foncière sur la pauvreté
et sur la gestion durable des ressources naturelles au Nord Cameroun est une
évidence. Elle conduit selon l'auteur, à :
- un blocage du processus d'intensification de l'agriculture et
de renouvellement des ressources naturelles ;
- la persistance, parfois sur plusieurs décennies, de
conflits non résolus obligeant les producteurs ruraux à des
dépenses très importantes pour les arbitres ;
- l'encouragement des pratiques conduisant à une
dégradation des ressources renouvelables.
Le niveau de sécurité foncière qui existe
dans le terroir doit être mis en évidence pour faciliter le
processus de concertation entre les acteurs. Les éléments
caractéristiques de la morphologie agraire du terroir ont aidé
à dégager quelques directives.
4.1.1.1 Caractéristiques des
éléments de la morphologie agraire
> Formes et dimensions des
parcelles
Les parcelles agricoles du village, comme on peut le voir sur la
figure 4.1, ont de formes géométriques dont les plus dominantes
concernent les formes rectangulaires. Sur
les zones de plateaux, les formes allongées marquant la
présence des aménagements anti-érosion sont dominantes.
Elles notent par là, comme les formes triangulaires, l'existence d'une
pression humaine sur l'espace de cultures. En effet, la population par ces
aménagements valorise les espaces à contraintes agronomiques
visibles sur les terrains accidentés des bas des montagnes. Vers le Sud
du terroir, terrain à pente douce, les formes rectangulaires deviennent
dominantes jusqu'au bas fond. Les formes régulières
remarquées dans cet espace laissent penser à certaines techniques
culturales comme le semis en ligne et à un encadrement des populations
par des services sûrs offerts par l'IRAD-PRASAC, SODECOTON et l'OPCC. Les
dimensions des parcelles près des habitations sont réduites et
vont de moins d'un quart à un quart et demi d'hectare. Ces parcelles
portent les cultures vivrières associées aux épices et
condiments divers. Plus loin, les exploitations plus grandes de près
d'un hectare se rencontrent. Elles atteignent par endroit deux hectares
(rarement). A quelques exceptions près, les longueurs et largeurs
officielles les plus utilisées sont : 100 m x 100 m; 100 m x 50 m ; 100
m x 25 m. Il existe aussi des parcelles dont les dimensions n'atteignent pas
les valeurs officielles, mais le cas général reste ces
dernières.
Comme remarqué ci haut, la technique du semis en ligne
associée au dimensionnement des parcelles (longueurs et largeurs
officielles) serait liée à la production cotonnière,
filière la plus organisée de la région. Ce qui
amène à dire qu'il y'a une certaine maîtrise de la gestion
de l'espace agricole et une facilité d'accès aux intrants
agricoles. Ce type d'organisation conduit vers une forme d'intensification du
système de production qui actuellement apparaît comme le seul
moyen de réduire la pression humaine sur les ressources naturelles.
> les reliefs créés par
l'homme
Les principaux reliefs crées sur l'espace cultivé
concernent les bandes enherbées, les billons et les planches
rizicoles.
- Les bandes enherbées sont des aménagements
réalisés pour la conservation des eaux et du sol (CES). Elles
permettent de récupérer les terrains fortement
érodés en minimisant l'érosion. Ceci par l'effet sur la
structure du sol et la vitesse de ruissellement des graminées
pérennes utilisées (Andropogon, herbe à
éléphant). La technique a été introduite par le
projet Eau-Sol-Arbre (ESA) de la SODECOTON, dans l'optique d'étendre les
surfaces cultivées du coton et de gérer en partie le
problème de la demande accrue en terre des paysans. Ces bandes se
localisent dans le terroir, sur les versants des
montagnes et sur les zones de plateau présentes par
endroit. Les dimensions des bandes varient en moyenne entre 100-200 m de
longueur et 20-30 m de large. Elles sont orientées suivant le sens
perpendiculaire à la pente du terrain pour freiner l'eau de
ruissellement et le processus de transport des particules du sol. A la longue,
la technique peut avoir un impact positif sur la fertilité des sols, car
les conditions de dépôt et de porosité du sol seront
améliorées. Toutefois, il convient de signaler que les largeurs
des bandes sont grandes, on risque ne pas avoir à temps voulu les
résultats escomptés. En Afrique tropicale, selon la FAO
(source :
http://www.bf.refer.org/toure/pageweb/eroeol.htm)
sur les terrains pentus, les largeurs comprises entre 50 cm et 4 m fournissent
des meilleurs résultats. Car, plus les bandes sont proches plus leurs
effet sur l'érosion sera marqué. D'autre part, le manque d'espace
pour l'agriculture accentue la compétition et réduit les surfaces
enherbées.
- les billons réalisés pour la culture de
patates, sont les principaux travaux de préparation du sol pour sa mise
en place. On les localise en général dans les parties basses du
terroir où se concentrent les eaux de ruissellement. Sur les zones non
saturées, les billons sont réalisés une seule fois par an
(en juillet). Dans les endroits humides, partie basse du terroir, ils se font
à plus de deux reprises par an pour la même culture. Ce qui
justifie leur présence beaucoup plus vers les zones basses du village et
celles proches du bas fond où se fait cette culture en toute
période de l'année.
- les planches rizicoles apparaissent comme des parcelles
ordinaires mais en réalité, elles sont de dimensions plus petites
et aménagées uniquement pour le stockage de l'eau dans les
parcelles rizicoles. Elles confèrent une nouvelle forme d'organisation
de ces parcelles. Comme la culture est exigeante en eau, seules les zones
marécageuses sont exploitées à cet effet. La riziculture
exondée est absente dans le terroir, les planches sont plus
rencontrées du côté sud-est près du bas fond. C'est
dans cette zone que les sols argilo sableux sont présents et les
conditions hydriques favorables. Les planches rizicoles sont de forme
carrée, leurs surfaces sont comprises entre 200 et 500 m2.
> la densité des pistes
d'exploitation
De la figue 4.2 obtenue à l'issu d'analyse d'image, il
apparaît que les pistes d'exploitation appartiennent à un
réseau du type maillé qui prend naissance sur la route principale
du terroir. La densité des pistes du village, comme son type de paysage
est mixte, donc moyenne. Si l'on s'en tient à l'espace cultivé,
elle est plutôt élevée, car elle est fonction du niveau de
saturation de l'espace. Malgré cette forte densité, il existe
très
p eu des pistes à bétail
secondair es pouvant faciliter l'
activité pastorale en c
ertaines p ériodes. Ce facteur est à
l'origine des con flits
constaté en saiso n pluvieus e
sur les p arcelles en j
achères.
Figure 4.2 : R éseau des pistes
d'exploitation
Cette figure d'e nsemble
exprime, en dehors du
dynamisme agraire, le
degré de flux des bien s et servic es entre l
es communautés
internes et exte rnes. Elle
confirme aussi l'accessibilité du
village mentionné
plus haut, qui constitue un facteur
important d 'aménagement et de l
a gestion des ressources via les plates
formes de concertation. A
travers ces pistes, mê
me les habitations le s plus rec
ulées parvi ennent à
assurer le transport et
même l'éc oulement de
leurs pro duits agric oles ou
pastoraux. Cel a traduit son
importance dans l es échange s
des produits entre les
activité s de production du
village mentionné par
Aminou (20 07).
Dans le terroir de Laïndé Karéwa, le
mouvement des populations dans l'espace cultivé est sans doute plus
marqué en période de culture. On le constate par le nombre
réduit des pistes vers le côté nord du village. Ce nombre
est par contre plus élevé au sud à cause de la
présence du bas fond (confère figure 4.1) qui est un espace
exploité en toute saison de l'année dont l'apport
économique dans le village est très considérable. Pendant
les temps d'intenses activités (préparation du sol, sarclages,
récolte) le bas fond constitue une source d'activité potentielle
pour les jeunes et les femmes. Les flux des hommes et des produits agricoles
dans ce côté du terroir sont très considérables.
C'est pourquoi nous déduisons de tout cela qu'il existe une
étroite relation entre les activités agricoles et le mouvement
des populations. De ces deux facteurs, la gestion des ressources est
très dépendante. Il convient donc d'étudier les
possibilités de mise en valeur de cet espace pour mobiliser les acteurs
et favoriser la gestion durable et concertée des ressources
naturelles.
4.1.1.2 Logiques d'organisation de l'espace
agropastoral exondé
La gestion paysanne de l'espace agropastoral dans le terroir, est
basée de part
nos analyses, sur les logiques d'intérêt d'abord,
ensuite sur les principes d'apaisement des tensions et sur les logiques
techniques.
i. logiques d'intérêt
Nous avons pris cet aspect dans un sens où les jeux
d'intérêt économique sont à la base du mode de
gestion de l'espace par les exploitants. Les agriculteurs emblavent d'avantage
les terres pour des raisons principalement liées à l'augmentation
de leur revenu. Ils sollicitent plus de terres pour la production de cultures
de rente (arachide, coton) et non de subsistance (sorgho, maïs). Il existe
par rapport à cela, selon certains producteurs, des principes souvent
imposés par les structures d'encadrement: Pour bénéficier
des intrants agricoles par exemple, le producteur est obligé d'avoir
plusieurs parcelles qu'il réparti en cultures vivrières et celles
de rente. Une surface d'un demi hectare exploitée en coton lui vaudra un
sac d'engrais (Urée) pour son champ vivrier. Globalement pour la
production agricole et surtout avec le problème général
actuel de rareté d'engrais, les paysans font la relation entre surface
cultivée et rendement qu'on résume par l'équation suivante
:
Grande surface exploitée = grande production =
plus de revenu après vente.
Or dans un contexte d'agriculture de subsistance, cette
équation ne peut qu'augmenter la pression sur l'espace. Elle va
d'ailleurs limiter l'application de certaines techniques biologiques de
restauration de la fertilité du sol. L'espace pastoral tel que les
pâturages au sud et au nord du terroir est géré suivant un
système de relais. En effet ils sont réservés au
pâturage de saison sèche. En saison pluvieuse les animaux
pâturent non loin des habitations et sur les zones de jachères
pour permettre aux éleveurs de pratiquer aussi l'agriculture.
Dans ce contexte où les paysans cherchent à
satisfaire leurs besoins économiques et surtout avec la pression
démographique actuelle (2 à 3% par an), une gestion non
conflictuelle de l'espace doit nécessairement passer par la
responsabilisation des exploitants. Cette dernière suppose, une
situation où chaque paysan (agriculteur/éleveur) respecte son
domaine d'exploitation. Il doit reconnaître le droit de son prochain sur
la ressource mais aussi de connaître ses devoirs pour assurer la
pérennité de cette ressource. Cette éducation doit passer
par le renforcement de la sécurité foncière et
l'amélioration de la productivité des espaces agropastoraux. Pour
ce dernier cas, Bilaz et Kane affirment que l'accroissement durable des
productions vivrières, fourragères et forestières est
indispensable à la solution des conflits d'usage des ressources
naturelles qui entravent leur bonne gestion collective (Bilaz et Kane
source :
www.iram-fr.org ). La vulgarisation
des techniques de cultures sous couverture végétale peut
contribuer à cette démarche. A titre d'illustration, nous
soulignons que l'un des facteurs expliquant la complexité
foncière en zone de colonisation agricole au Burkina Faso (région
de Padamé), est le jeu d'acteurs multiples dominé par les
intérêts contradictoires. Ce facteur, caractérisé
par la difficulté de cohabitation spatiale entre agriculteurs et
éleveurs et la dégradation des relations entre autochtones et
migrant, laisse entrevoir deux changements majeurs :
- l'impact de l'accroissement démographique qui
accélère le sentiment de fin des terres disponibles, et qui
contribue à l'émergence d'une vision beaucoup plus
économique des relations à la terre ;
- le renouvellement des générations d'en temps
par une nouvelle génération qui ne se sent pas forcément
liée par les termes initiaux des premiers accords. Ce renouvellement
introduit de nouvelles donnes dans le jeu des différents acteurs sociaux
(Bernard Tallet ; source :
www.iram-fr.org ). Ces changements
limitent la participation paysanne au processus de prise de décision en
matière de gestion commune des ressources naturelles. La
difficulté de cohabitation spatiale entre agriculteurs
et éleveurs est la situation qui se vie dans le terroir de
Laïndé Karéwa. La réticence des acteurs à la
mise en place de la plate forme de concertation est directement liée
à cette situation. L'initiative d'un projet de sécurisation
foncière dans la zone peut faciliter la participation des acteurs. Comme
proposé par Bernard Tallet dans la dernière source, la mise en
oeuvre d'une approche de sécurisation foncière s'organise autour
de trois axes de travail complémentaires :
- repérage et cartographie de l'organisation
foncière : découpage de l'espace en maîtrises
foncières, en domaines lignagers, en unités d'exploitation ;
- rétablissement du dialogue par la promotion
d'instances locales de régulation foncière; - appui à la
formalisation de pratiques contractuelles de contrôle foncier
(clarification des droits concédés, élaboration de
différents types de conventions).
ii. Logiques d'apaisement des
tensions
Elles apparaissent comme les faiblesses de l'administration
traditionnelle dans le processus de gestion de l'espace et d'arbitrage des
conflits. Les autorités ont coutume de réagir sur l'occupation
d'un espace lorsqu'il y'a conflit entre les acteurs. Ce qui ne favorise pas le
suivi de la progression de la pression d'exploitation sur la ressource terre du
village. Il en est de même chez les exploitants qui ne se prononcent sur
leurs conflits qu'en période pluvieuse, temps des travaux. En saison
sèche, cela ne constitue pas une priorité en zone exondée.
Ainsi, il est difficile de trouver des solutions durables à moins que
les paysans prennent au sérieux le problème d'organisation de
leur espace pour son exploitation durable et saine. Avec le climat actuel, il
y'a un sentiment de manque d'information sur le bien fondé de la gestion
concertée des ressources naturelles du village. Une collaboration entre
les autorités traditionnelles et les animateurs de la plate forme peut
avoir un impact positif sur la gestion des espaces conflictuels et favoriser la
mise en place d'un plan d'aménagement du village. Cette approche est de
nos jours à la base d'élaboration des programmes locaux de
développement et de gestion de terroir en Afrique de l'Ouest.
La logique d'apaisement de tension à Laïndé
Karéwa peut être qualifié de non objective dans la mesure
où, la gestion de l'espace ne se fait pas avec un esprit de
préservation de la ressource. Mais plutôt avec un souci, variable
d'un individu à l'autre, de maîtriser les populations pour des
intérêts quelconques. Or ces deux aspects à savoir
préservation des ressources et maîtrise de la population devraient
être combinés pour
que les autorités arrivent à jouer pleinement leur
rôle de modérateur et celui d'organisateur.
iii. Logiques techniques
L'exploitation de l'espace agricole devient de plus en plus
liée à la capacité du paysan à résoudre
certaines contraintes de terrain. Avec le manque de terre, cette qualité
est importante pour l'activité agricole. Les planches rizicoles
rencontrées sont l'oeuvre des producteurs. Elles ont permis de valoriser
les terres marginales de la zone exondée. Cette attitude commence
à être observée chez les éleveurs qui mettent en
place des cultures fourragères. Encadrés par les chercheurs,
ceux-ci expérimentent une association du fourrage (Mucuna spp)
aux cultures vivrières (maïs) pour sa grande production. Le seul
handicap signalé à cet effet, est le manque des semences de cette
espèce fourragère. Tel que le soulignent Barbier et al.,
(2002), le Nord-Cameroun offre des exemples remarquables d'adaptations
réussies. Dans ses zones cotonnières, les producteurs utilisent
les sols de manière relativement durable.
Dans ce cadre il serait important d'étudier comme
autres alternatives, les techniques agroforestières pour lever les
contraintes de fertilité des sols et même de la
disponibilité de fourrages. Pour ce cas de figure, la
sécurité foncière s'impose puisqu'il s'agit
d'aménagement durable sur une parcelle agricole ou pastorale
donnée. De même, les techniques de culture sous couverture
végétale, réussis dans certains villages de la
Bénoué, peuvent être envisagées dans ce terroir.
Cependant, le souci majeur étant la gestion des ressources naturelles,
il serait indispensable d'associer le processus de la plate forme à
celui de l'amélioration de la productivité des espaces. Ce qui
sera un gage à la participation des exploitants.
4.1.2 Mode actuel d'organisation du bas fond
Le diagnostic global du bas fond a conduis non seulement
à comprendre son mode d'organisation, mais aussi à
connaître ses caractéristiques générales pour
répondre à certaines questions d'aménagements dont il peut
faire l'objet.
4.1.2.1 Caractéristiques physiques du bas
fond
i. Les caractéristiques
géométriques
Les résultats obtenus pour ces caractéristiques
sont présentés dans le tableau 4.1 suivant avec des remarques sur
les différents paramètres calculés.
Tableau 4.1 : paramètres
géométriques du bas fond
Paramètres géométriques Valeurs
Remarques
Longueur : L (km) 3,33 C'est le plus long
thalweg, elle caractérise
l'importance hydrologique du bas fond.
Largeur : l (km) 0,74 Délimite la zone
d'influence du bas fond, d'oül'importance de sa surface
agricole.
Périmètre : P (km) 8.14 Influence
sur les échanges et apports d'eaux
Surface du rectangle * 2,44 La surface
réelle est de 126,6ha, très
considérable
équivalent : Ae (km2) dans un contexte de
saturation foncière. Le volume
Surface réelle: Ar (km2) * 1,266
du ruissellement du bas fond en dépend largement.
Forme : KG 5,21 KG > 1, le bas fond est de
forme allongée. Influence le temps de concentration, offre des
possibilités d'aménagement en conservation des eaux et du sol
(CES)
De ce tableau, il est à retenir que la longueur, la
surface et la forme du bas fond lui confèrent une position
stratégique dans le terroir. En effet, il s'étale le long du
village et offre ainsi la possibilité d'accès à toute la
population. La longueur du thalweg principal marque celle du bas fond et dont
l'extension de son processus de drainage. La forme allongée peut
faciliter la mise en place des techniques simples de gestion de l'eau et du
sol, car elle est fonction de la pente du terrain qui de ce fait est en
général douce. Avec une superficie de 126,6 ha le bas fond
constitue un potentiel non négligeable, qui pourra potentiellement
réduire la pression à la terre sur l'espace exondé. En
effet, comme le pense Lavigne et al., (1996), si les enjeux
économiques du bas fond peuvent justifier son aménagement, une
concentration des exploitations autour du bas fond pourrait se produire.
L'impact de cette concentration sur la pression sur la terre sera positif. Le
bas fond, réceptionne les précipitations et alimente les cours
d'eau (Laborde, 2000) dont les débits d'alimentation en eau vont
être en partie reliés à la surface. Cette dernière
peut ainsi influencer sur la ressource en eau du terroir et les
possibilités d'irrigation puisque l'exploitation d'une surface
donnée par irrigation dépend de la quantité d'eau offerte
par la source. Avec le bas fond de Laïndé Karéwa nous
pouvons affirmer, sous réserve de certaines études
économiques, que son aménagement peut être rentable et peut
décongestionner la pression sur la terre en zone exondée.
ii. Les Caractéristiques
hydrographique
> Hiérarchisa tion du réseau
hydrographique
La classification de STRAHLER
asso ciée aux opérations cartographique du bas
fond nous a permis d'obtenir
la figure 4.3.
Figure 4.3 : Réseau hydrographique du bas Jon
d de Laïndé Karéwa
De cette figure, il
apparaît que le lit
mineur du bas fond a un
ordre de trois (3). Cela
suppose qu'i l possède
assez de confluents pour son
alimentation en eau de surface. Ces
confluents reçoivent le
s eaux de pluie et des montagne
s formant ainsi une
importante source d'alimentation pour le
bas fond bien qu'e lle soit
c onditionnée
par la dispose mais est
p luviométrie. Comme le
confirme Aminou (2007), la zone
de Laïndé suffisamment des source
s d'alimentation en eau de
surface en saison pluvieuse,
l argement déficitaire e
n période s èche. Le
degré de dé veloppeme
nt du réseau nous a p
ermis d'avoir des vale urs
chiffrée s de cette importance.
> le degré de développement du
réseau
Après comp tage
systé matique et mesure de
longueurs des différent s
cours d'eau, nous avons obtenu le
tableau 4.2 et les val eurs sur
les densité s de drainage et
hydrographi ques.
Tableau 4.2 : paramètres du degré de
développement du réseau hydrographique
Ordre des cours d'eaux Longueur totale (km) Nombre total
Ordre 1 9,51 18
Ordre 2 2,7 7
Ordre 3 3.44 4
Total 16 29
Densité de drainage : Dd (km-1) 6,55
-
Densité hydrographique : F (km-2) -
12
Du tableau, il apparaît que (Dd) 6,5 km de longueur de
cours d'eau participe naturellement au drainage de 1 km2 du bas fond
soit 100 ha. Cette longueur réfère, suivant la valeur de
F, à 12 cours d'eaux. Cette densité est
physiquement petite pour assurer un bon drainage d'une surface de 100 ha. En
effet, d'autres facteurs comme la pente du terrain, la structure du sol et sa
couverture influencent aussi ce processus. Toutefois, les densités
(drainage et hydrographique) confirment davantage l'importance de la ressource
en eau de surface du bas fond. Malgré un ordre assez élevé
de son lit mineur, le réseau hydrographique du bas fond a un
développement limité, étroit c'est-àdire beaucoup
plus centralisé. Raison pour laquelle sur le terrain, les
activités agricoles se déroulent plus au centre du bas fond. En
général, selon Laborde (2000), les régions à haute
densité de drainage et à haute densité hydrographique
(deux facteurs allant souvent de pair) présentent une roche mère
imperméable, un couvert végétal restreint et un relief
montagneux. L'opposé, c'est-à-dire faible densité de
drainage et faible densité hydrographique, se rencontre en région
à substratum très perméable, à couvert
végétal important et à relief peu accentué. Cette
situation correspond bien à celle du bas fond de Laïndé
Karéwa. Du point de vue aménagement agricole, nous pouvons dire
que cet espace offre des possibilités de sa mise en exploitation
intensive. La perméabilité du sol selon ce constat, constitue
ainsi un facteur important pour la recharge de la nappe.
iii. Agrologie du bas fond
A l'issu de quelques enquêtes ouvertes et observation de
terrain, nous sommes arrivé au résultat selon lequel dans le bas
fond, les sols argileux sont dominants. Cependant, dans sa partie en
tête, les argilo-sableux occupent une grande surface par rapport aux sols
argileux, plus dominant dans les autres parties du bas fond. Globalement, ce
sont des
de rétention
onn e capacité
en eau. Pour une
s sont in dispensable s, mais
elle s doivent e et de sa ison de cul
ture. Lavig ne et al.,
engrais, des observ ateurs
en bout de qu elques ann ées, avec
apports Laïndé canne à
sols riches en éléments minéraux et de b
p roduction a gricole ren
table, ces c ar actéristiq
ue ê tre mainten u ou
améli orées en fo n ction de t
yp ( 1996) sign alent
à pro pos que, p our la r izic ulture
sans G tière indiq uent une ba
i
sse des (au lie
rend ements au
uinée fores
u d e 3 à 4t/ha
après dé friche). Les
s ne sont pas encore
t plus expl oités pour l
a
exportatio ns dus aux
différents p rocessus
de 2 t/ha
une stabilisation autour
aux na ppe
connus. A culture de
inéraux li
m és au ruiss ellement
et aréwa, les
gileux so n apports et
nnaître le r
ement hy dr
K sols argilo- sableux et
ar
isque lié à o agricole
une exploitation plus i ntensive .
s ucre, du ma ïs et du
riz pluvial. Le s do
ivent faire l'objet d'étude pour c
o de cette ressource
suite à un aménag
iv. Caractéristiques topographiques du bas
fond L'étude topographi
que du bas fond par l evé
combiné PS) a cond
G uit au résultat
présenté par la figure 4.4.
|
(au niveau de chanti
|
er et au
|
Figure 4 . 4 : Carte topographique et modèle
numérique de terra in du bas fond
Il ressort de la figure que, dans l'ensemble, le bas fond
présente un relief régulier qui est scindé
topographiquement en deux parties qu'on distingue en zone de pente assez forte
et celle de pente faible. La première zone, près de 50 % de la
surface totale, est marquée sur la figure par une concentration des
courbes de niveau de -6 m à -29 m et une pente de 1,6 % calculée
dans cette partie. Cette pente rend le terrain favorable, suivant la
classification des terres par la FAO, à tous les modes d'utilisation
agricole et à la lutte contre l'érosion hydrique par des mesures
culturales simples. C'est dans cette zone que se rencontre le plus grand nombre
des thalwegs ainsi que des cuvettes. Ces thalwegs jouent essentiellement le
rôle de drainage (reception des eaux de ruissellement) dans le milieu et
ne sont pas exploitable à des fins agricoles. Mais leur nombre assez
elévé en tête du bas fond, lié à la pente
conditionnant le ruissellement de cette partie, revèle la
nécessité d'adaptation à l'érosion hydrique et au
problème d'humidité du sol en saison sèche. D'où la
nécessité de penser à l'irrigation ou au maintien
d'humidité du sol dans cette partie pour réduire en temps sec,
les espaces non cultivé du bas fond. La partie de faible pente est
caractérisée au contraire par l'extension des courbes
situées entre -33 m jusqu'à -50 m de dénivelée et
d'une pente globale 0,012%. Les sommets, dans le bas fond, sont beaucoup plus
rencontrés dans la partie de pente faible. Ces espaces sont
exploités, comme en zone exondée, uniquement en saison de pluies.
Leur irrigation n'étant pas facile par leur position plus
élevée que le lit mineur, ils servent pendant les périodes
sèches, de lieu de repos aux animaux en divagation. Leur inexploitation
réduit la surface cultivable du bas fond. Les sommets se trouvent entre
les courbes de -20 à -32,5 m de dénivélée. En
relation avec le problème de drainage, nous relevons que l'eau de
ruissellement, en esquivant ces sommets, se concentre dans les parcelles avales
et dans les cannaux. Ce qui, combiné aux problèmes de dimensions
des canaux, réduit l'efficacité du drainage. Il est bien possible
de récupérer ces espaces en supprimant le ruissellement pour
favoriser l'infiltration de l'eau dans le sol. L'aménagement de
plusieurs diguettes perpendiculaires à la pente dans une parcelle peut
être un moyen de concervation d'eau sur les sommets pour permettre la
recharge de la nappe phréatique. Avec les ouvgares construits pour le
même but en amont, la nappe sera affleurante et l'exploitation des
sommets en saison sèche sera bien possible. Ce type d'aménagement
est réalisé par un paysan dans sa parcelle dans le but de
conserver la plus grande parties possible de l'eau qui tombe sur le champ, et
de l'obliger à s'infiltrer (Chleq et Dupriez, 1984).
Les dénivelées moyenne et maximale obtenues dans
le bas fond sont respectivement de -21,34 et -49 m. Ce qui
donne un indice de pente global (Ig) de l'ordre de 1,47 %. Cette faible pente
est un atout à la mise en valeur du bas fond à l'aide des
aménagements hydroagricoles car l'influence de son intensité et
de sa longueur sur l'érosion pluviale sera moindre. Toute chose
étant égales par ailleurs, les pertes de sol augmentent avec
l'intensité de la pente ; celles-ci sont élevées à
la puissance deux en Afrique. Ce facteur est peu ménaçant dans le
bas fond de Laïndé Karéwa. Elle est largement favorable
à son exploitation, car les mesures concervatoires des sols par des
pratiques culturales, telles que les diguettes en terres, le labour en courbe
de niveau etc. sont possibles. Par contre, en matière de gestion de
l'eau, les pentes faibles constituent un facteur d'inondation, car le temps de
ruissellement sera long. Elles influencent la direction de l'eau et donc la
disposition des parcelles pour éviter les problèmes d'inondation
et de dévastation des cultures. Il en est de même de l'emplacement
des canaux d'irrigation et de drainage. C'est pourquoi sur le terrain, le
problème de maîtrise de la variation quantitative de l'eau est
encore bien ressenti par les producteurs. Les techniques paysannes en
matière d'irrigation et de drainage ne montrent pas une situation
satisfaisante puisque des cas d'excès ou de manque d'eau dans les
parcelles sont fréquemment rencontrés. Comme le constate Lavigne
et al (1996) dans les bas-fonds non aménagés, les
paysans calent les cycles de culture en fonction des conditions hydriques de
chaque portion de bas fond.
Associée à ses caractéristiques
physiques, le bas fond de Laïndé Karéwa constitue un espace
favorable à une agriculture intensive capable de lutter contre le
problème d'insécurité alimentaire dans la zone. Son indice
de pente globale ne montre pas une nécessité d'investissement
lourd pour lutter contre l'érosion (aménagement des terrasses,
banquettes). Il renvoit plutôt à penser à un système
de drainage performant pour la maîtrise des crues ou des inondations.
Dans ce sens, pour comprndre comment agir sur cet espace, Il est important
d'avoir une idée de son fonctionnement hydrologique.
4.1.2.2 Fonctionnement hydrologique du bas fond
i. Les écoulements de surface
Au vu de son réseau hydrographique, le bas fond de
Laïndé Karéwa est alimenté, en saison pluvieuse, par
plusieurs cours d'eaux. Ces derniers confluent en plusieurs endroits dont trois
parmi eux ont été retenus pour les mesures de débit. Sur
les deux
sites de mesure de débit par volumétrie, nous avons
obtenus les valeurs moyennes
présentées dans le tableau suivant.
Tableau 4.3: Débit maximal des sites 1 &
2
|
|
Dates
|
Débit site 1 Q (l/s)
|
Débit site 2 Q (l/s)
|
Débit moyen sites 1&2 Q (l/s)
|
15-Juillet
|
2,1
|
15
|
9
|
30-Juillet
|
8,39
|
22
|
15
|
15-Août
|
14,73
|
125
|
70
|
30-Août
|
12,67
|
116
|
64
|
15-Septembre
|
4,3
|
366
|
185
|
30-Septembre
|
4
|
195
|
100
|
La différence de débit observée dans le
tableau entre les sites provient du fait que, le site 2, situé en partie
terminale (exutoire) de la zone avale du bas fond, reçoit les eaux
venant des cours d'eaux avals qui augmentent considérablement son
débit. L'écoulement moyen maximal atteint dans le lit mineur un
débit de 185 l/s soit 666 m3/h. Il peut s'augmenter en
fonction de la pluviométrie annuelle. En relation avec son réseau
hydrographique et sa surface, le bas fond est le siège d'un
écoulement de surface très important. La gestion de cet
écoulement pose de nombreux problèmes techniques aux usagers de
l'espace considéré. Les problèmes d'inondation des
parcelles et des conflits entre producteurs liés à l'accès
à l'eau d'irrigation en saison sèche sont les contraintes les
plus citées par les exploitants. Ces problèmes sont les
conséquences directes de la non maîtrise de la variation
temporelle de cette ressource. Cette alternance de phase de submersion et
d'exondation des sols du bas fond, selon Lavigne et al (1996),
l'expose aux risques de toxicité ferreuse (réduction du fer Fe3+
en Fe2+) et aluminique (réoxydation du fer qui libère les ions H+
et dont acidifie le sol et l'aluminium devient alors plus soluble). La canne
à sucre comme le riz, très exploitée dans des conditions
de submersion, ne supportent pas les risques de toxicité. Il importe
pour améliorer la production de créer des bonnes conditions de
drainage.
Dans le tronçon de mesure avec la méthode de
Manning Strickler, les débits obtenus sont encore plus
élevés que ceux des sites 1 & 2. En moyenne 371 l/s sont
enregistrés pendant la période pluvieuse. Ce débit,
convoyé dans un canal mal dimensionné (petites dimensions,
mauvaise orientation), produit plus d'effet négatif que positif.
Néanmoins, il confirme l'importance des écoulements de surface
signalée plus haut. Les dégâts répétés
dans les champs, et leurs dévastations suite à une averse sont
des preuves palpables du problème vécu par les
paysans. A cause de cette difficulté de canalisation, le problème
de drainage persiste et empêche l'exploitation en saison pluvieuse de
certaines parcelles près du lit mineur.
Avec les débits moyens de 185 l/s obtenue par
méthode volumétrique et 371 l/s dans un canal de drainage, il
serait bien de penser à la valorisation du stock d'eau annuel. Pour
cela, la recharge des nappes phréatiques et l'épandage des eaux
vers les versants peuvent accroître le temps de disponibilité de
l'eau pendant la saison sèche. En effet, les principaux problèmes
d'exploitation rationnelle du bas fond, comme nous l'avons dit plus haut,
résident au niveau de la maîtrise de la variabilité de sa
ressource en eau dans l'année. Cette contrainte peut être
levée par des aménagements hydro agricoles (choix et type
d'ouvrage hydrauliques) et l'amélioration du système actuel
d'irrigation et drainage. Ces actions, outre l'accroissement des surfaces
cultivées, permettront de mieux organiser les exploitants et par
conséquence de mieux les intégrer dans le processus de gestion
des ressources naturelles. L'absence des puits dans la zone centrale du bas
fond est certainement due à l'abondance de cette ressource pendant une
bonne partie de la saison sèche. Cela nous amène à dire,
avec confiance, que toute action favorisant la recharge des nappes et
l'épandage des eaux se traduira par une augmentation considérable
des surfaces cultivables et une meilleure rémunération au travail
des exploitants. Lavigne et al, (1996) mentionnent que la seconde
contrainte, directement liée à la première, tient à
l'enherbement, qui exige de lourds investissements en sarclage. En bas-fonds
aménagés, le maintien d'une lame d'eau limite l'enherbement, et
donc le temps de travail consacré au sarclage, ce qui accroît
significativement la productivité du travail.
La permanence en quantité suffisante de l'eau dans le
bas fond améliorera la capacité des points d'abreuvement des
animaux surtout si la profondeur de ces points de stockage a été
augmentée. Dans ce contexte, les conflits agropastoraux persisteront si
les abords de ces points ne sont pas aménagés ou
clôturé pour limiter le mouvement des troupeaux.
L'intégration parfaite de l'élevage dans ce milieu
dépendra des mesures prises pour assurer les activités
d'abreuvement.
ii. Variation du niveau de la nappe
phréatique
La dynamique des nappes superficielles (nappes
phréatiques) suit en général un rythme annuel en
réponse aux épisodes pluvieux. Elles remontent au cours de la
saison pluvieuse et se vidangent en période sèche. Ce mouvement
peut être apprécié par la
connaissance de leur vitesse de montée et de vidange.
En considérant que le temps est le seul facteur de variation, le calcul
de la vitesse de montée dans les puits pendant les mois de fortes pluies
a permis de réaliser le graphique présenté par la figure
4.5.
Niveau de la nappe dans les puits (m)
|
5
4,5
4
3,5
3
2,5 2 1,5 1
0,5
0
|
|
puits 1 puits 2 puits 3 puits 4
|
Temps (en jour)
15 30 45 60 75 90
Figure 4.5 : Vitesse de montée d'eau
(Juilet-Septembre) dans les puits
Cette figure exprime en réalité l'état
d'écoulement souterrain observé au niveau des puits. Pour les
paysans, c'est pendant le mois de juin que le niveau de l'eau dans les puits
commence à monter. Mais en général, c'est à partir
de juillet que cela devient remarquable. Dans la partie tête du bas fond,
reflétée par les puits 1 & 2, la nappe remonte avec une
hauteur de 1,3 m pendant la période d'étude, soit 1,44 cm/j. Sa
recharge est plus liée aux eaux de percolation qu'à l'apport du
lit mineur u bas fond. Au niveau du puits 3 où l'exploitation d'eau est
intense, cette vitesse est très faible. Cela semble être normal
par ce que le puits se trouve sur le versant amont du bas fond. Aucun cours
d'eau ne participe à son alimentation. Avec le puits 4, situé en
zone à chevale entre l'amont et l'aval du bas fond, l'effet du lit
mineur sur la nappe est évident. La hauteur atteinte est de 4 m soit une
vitesse de 4,44 cm/j. La nappe se trouve en fin de septembre à 0,5 m du
sol malgré son exploitation pour les activités
ménagères. La proximité de ce puits avec le lit mineur est
un atout pour le développement du maraîchage. En effet si les
conditions de stockage d'eau s'améliorent, la recharge de la nappe sera
plus influencée et le développement de la culture
maraîchère sur l'espace exondé sera bien possible.
L'analyse du fonctionnement hydrologique du bas fond nous
confirme l'importance des écoulements de surface et souterrains. Il
existe surtout en zone avale, une nette communication entre ces
écoulements très dépendant de la
perméabilité du sol. Toutefois, le calendrier et la hauteur des
inondations, la vitesse et la durée des crues, la profondeur de la nappe
en saison sèche sont les déterminants des possibilités de
mise en culture sans aménagement, ainsi que les objectifs hydrauliques
d'un aménagement (Lavigne et al, 1996).
4.1.2.3 Plan parcellaire du bas fond : mode
d'exploitation actuelle
En milieu rural, les modes d'exploitations ne dépendent
pas que de la nature du milieu mais aussi des stratégies
économiques des ruraux qui sont elles mêmes fonction de leurs
différentes sources de revenu, du contexte économique et des
moyens de production qu'ils disposent (Lavigne et Camphius, 1997). Les modes
d'exploitation du bas fond sont donc les déterminants de son état
de fonctionnement, c'est-à-dire son organisation. A Laïndé
Karéwa, on distingue trois types d'usages essentiels du bas fond : la
production agricole à plus de 90 % de sa superficie totale,
l'élevage qui est plus important en saison sèche et repose sur
l'abreuvement et le pâturage, puis la pêche qui est
pratiquée par les jeunes pour la complémentation alimentaire.
Compte tenu de son importance, l'usage agricole a fait l'objet
d'intérêt pendant cette étude. Le système des
cultures du bas fond et les logiques de son organisation sont les principaux
points développés.
i. Système de culture
Il a été traité suivant trois facteurs
caractéristiques de la production agricole d'un milieu à savoir :
les cultures, la terre et les techniques de productions.
Les principales cultures du bas fond qui ont une importance
économique non négligeable chez les producteurs sont
présentées à la figure 4.6.
p rin p ar p
éd
( d'amont en ( anacardiers,
pour la
commercialisation. Ces
importance économiqu
e supérieure e
ntretien et d'investisse
ment qu'il s
cu
so nt les plu
s'
exploitent
De cette fi
ltures du
cipalem e
exploita n
ologique s
s exploité es pour la
les plus s ouvent deux
subsistanc e
fois par
aval) rencontrées dan s le bas
fond
manguiers, agrumes etc.), sont
vergers quand ils s
à celle de
nécessitent, peu
d'exp
nt liée à s o t. En
plus
) du bas fo
gure, il re s
bas fond.
nd sont assez favorabl
n revenu q , les cond
sort que la
L'importance accor
canne à sucre est
l'espèce la plus
dée par l es exploit
ants à celle-ci est
u'on estime annuelle ment
à plus de 150 000 FCFA
itions agro climatiques
(hydriques, climatiques et
es à cette culture. Les
céréales (maïs, riz),
. Elles so nt suivies des tuberc
ules qui
n. Les di
a fférentes conditions
hydriques
ne limitent pas leur culture.
Les fruitiers
ans les ve
d rgers expl oités
principalement
ont une
de leur
la canne
à sucre. M
ont en production,
loitants les
ais à cause
dominante
disposent
. Il n'est
dans les
Figure 4.6 : Répartition spatiale des prin
cipales cu ltures recensées en 20 08
pas rare de rencontrer ces types de cultures dans les bas
fonds en zone soudano-sahélien où la surface occupée par
l'arboriculture est de 6% de la surface totale du bas fond (Lavigne et
Camphius, 1997). Cette valeur est inférieure à celle obtenue
à Laïndé Karéwa qui est de 7,6 %. Cette valeur laisse
croire que l'arboriculture est bien développée dans ce terroir,
malgré l'investissement en temps et argent qu'elle réclame. La
canne à sucre et les fruitiers nécessitent assez d'espace, leur
importance est sans doute liée au système d'exploitation de la
terre.
La sécurité foncière est
nécessaire pour le développement de toute agriculture d'une
région. Elle se caractérise par le mode d'accès et la
liberté d'exploitation qu'a un paysan sur une parcelle donnée. A
Laïndé Karéwa la saturation rapide de l'espace a rendu
impossible de nos jours l'accès à la terre par
défrichement. Le seul moyen, surtout dans le bas fond, est la location.
Le coût de location de la terre dans cet espace se chiffre entre 10 000
et 15 000 FCFA /qrt/an (qrt= quart d'hectare soit 2500 m2). Les
contrats de location des parcelles sont essentiellement annuels mais certains
s'étalent sur deux ans. Ces contrats excluent tout investissement
à long terme tel que la plantation d'arbres. Tout acte
d'aménagement durable sur un espace signifierait une tentative
d'appropriation de la parcelle par le locataire. Des cas de prêt et de
don sont rarement rencontrés dans le contexte actuel. La figure 4.7
présente la carte de situation actuelle de la propriété
foncière dans le bas fond de Laïndé Karéwa.
Figure 4.7 : Répartition spatiale du statut
foncier des exploitants du bas fond
De cette figure, il apparaît que l'espace dans le bas
fond est occupé pour l'essentiel par des propriétaires. Ces
derniers sont soit des anciens qui sont les premiers occupants, soit des
personnes « riches » ou soit des héritiers, adultes
d'âge compris entre 30 et 40 ans. Les propriétaires
représentent 78,3 % des exploitants. Ils existent parmi eux des paysans
qui disposent de plusieurs parcelles localisées en différentes
parties du bas fond. Cette opportunité est plus constatée au
près des premiers arrivants que sont en majorité les Mofous. Les
locataires dans le bas fond sont les 18% des exploitants et concernent pour la
plupart, les habitants du village. La location d'une parcelle au bas fond se
fait pour une durée de deux ans. Dans les contrats, le système de
fermage (le bail) est le plus dominant. Le métayage existe aussi mais
très rarement. Le nombre réduit des locataires vient du fait que
le système d'exploitation de la terre dans cet espace est
essentiellement du type faire valoir direct. Le propriétaire exploite en
général lui-même sa parcelle. Les cas de prêt, 8% des
parcelles, sont très peu fréquents et dépendent des
circonstances et relations qu'entretiennent les exploitants. Ici, ce sont des
personnes vivant hors du village et qui disposent des vergers à
entretenir, qui confient leurs domaines à des connaissances locales. En
plus de la rémunération qu'elles ont droit, la culture des sous
bois et le maraîchage leurs sont également permises dans le
verger.
La superficie occupée par les propriétaires,
99,1 ha, est très considérable dans une perspective
d'aménagement. La raison principale pour laquelle, la culture de canne
à sucre est dominante doit être liée à ce facteur.
La répartition de cette surface sur toutes les parties du bas fond est
un avantage dans la mesure où elle permet de voir les limites ou les
manques liés à la gestion de l'espace et à la
concertation. Tout bas fond en effet, est un espace socialisé,
approprié, et ses différents modes de mise en valeur font l'objet
de règles d'accès et de gestion. L'aménagement se faisant
sur un espace socialisé, transforme le statut et la valeur de la terre.
Il peut consolider des droits sur l'espace à aménager, ou au
contraire d'en conquérir. Il aura des effets sur les différents
usages (pâturage, vergers de bas de pente), et donc sur les
différents usagers. Tout aménagement hydro agricole a un enjeu
foncier. Il faut donc, préalablement à tout, clarifier s'il y a
ou non redistribution foncière et selon quelles modalités, en
négociant le devenir de ceux qui exploitent en faire valoir indirect, en
négociant avec les usagers potentiellement lésés, en
précisant les règles d'accès à la ressource
(limitation des zones de culture autour d'un barrage pour permettre
l'accès au bétail) (CIRAD et GRET, 2002). L'importance qu'un
espace comme le bas fond, soit en majorité détenu par des
propriétaires est de ce fait évidente. La
gestion de cette ressource, à haut potentiel d'ailleurs, peut être
mieux discutée avec cette catégorie d'exploitants. Ces derniers
sont en fait les maîtres des lieux, ceux avec lesquels, toute initiative
d'aménagement et de gestion de conflit peut être bien
débattus. La diversité ethnique des propriétaires est
également importante dans la mesure où elle permet d'avoir au
maximum possible une représentation globale des populations dans le
processus de concertation.
En ce qui concerne les techniques de production, deux phases
sont distinguées dans le mode d'exploitation du bas fond. La phase de
saison pluvieuse et celle de contre saison. Les techniques de productions
varient avec la période et dans tous les cas les paysans cherchent
à s'adapter aux conditions hydriques du milieu. D'habitude, au
début de la saison pluvieuse (avril-mai), la majorité des
parcelles porte la canne à sucre qui est à la moitié de
son cycle. Le semis du maïs dans certains vergers (vergers
cultivés) et parcelles encore humides a lieu pendant la même
période. Ceci est une stratégie qui permet aux paysans de vite se
libérer pour s'occuper au mois de juin des parcelles exondées. Au
début de juillet, les activités d'aménagement des
parcelles de canne à sucre en monoculture ou associée aux
tubercules commencent et continuent jusqu'en fin août. Elles consistent
à la réalisation, au nettoyage des canaux de drainage et à
la disposition des touffes d'herbes sur les limites des parcelles (lutte
antiérosive sous forme de diguettes enherbées). Cette
période est très exigeante en main d'oeuvre et demandent assez
d'investissement. La gestion des canaux de drainage consiste à les
ouvrir lors des inondations et à les fermer après drainage de la
parcelle.
Les principales difficultés liées à ce
mode d'exploitation du bas fond sont relatives aux situations extrêmes de
son hydrologie. Globalement il se pose un problème de gestion de l'eau
et du sol caractérisé par :
- un système de drainage limité laissant des
parcelles inondées au mois d'août causant ainsi des
dégâts considérables. Ceci est le résultat du
contraste qui existe entre le débit d'écoulement du bas fond et
les dimensions et formes des canaux. Ces derniers ont une capacité de
contenance inférieure à ce débit. L'orientation et la
forme des canaux constituent également une limite du système.
- les difficultés d'accès à l'eau
d'irrigation marquées par une mauvaise organisation des tours d'eaux qui
se soldent souvent par des disputes et bagarres. En effet, pendant la saison
sèche, l'activité d'irrigation est intense. La canne à
sucre en croissance est très exigeante en eau. La demande étant
plus forte que l'offre, la ressource en eau devient insuffisante. Les paysans
n'arrivent pas à
irriguer convenablement leurs parcelles. La ressource en eau
du bas fond comme ci haut mentionné étant importante, on peut
gérer de manière efficiente ce stock annuel pour amoindrir ces
difficultés.
- l'ensablement des parcelles et l'agrandissement des canaux
dus au processus d'érosion sont une contrainte agronomique dans le bas
fond. Elles réduisent l'espace cultivable. En effet, de plus en plus les
paysans constatent que le lit mineur s'agrandit, s'ouvre et prend des
dimensions inquiétantes (figure 4.8). La pression de l'eau
exercée sur les parois des canaux finit par créer des
méandres (formes serpentées) le long de ceux-ci. Le transport et
le dépôt des particules du sol favorisent alors l'ensablement des
parcelles avales. Les champs de canne à sucre, par leur proximité
au lit mineur, sont les plus touchés par ce processus.
Figure 4.8 : Parcelle de canne à sucre
inondée et agrandissement du lit mineur
A Laïndé Karéwa, la culture de la canne
à sucre ne respecte pas strictement ses exigences agroclimatiques. En
effet, chez certains groupes de producteurs, la levée se situe en fin
des pluies (septembre-octobre) et chez d'autres, une partie de la croissance en
début de la même saison. La période de maturation,
nécessitant le froid et le stresse hydrique, se rencontre pour la plus
part en pleine saison humide. Si la température peut être
satisfaite, le besoin en eau de la plante en cette période est
excédentaire. Sa maturation sera de ce fait retardée. Cette
pratique ne permet pas à la plante d'exprimer son potentiel. Ce qui
à coup sûr serait à l'origine des multiples travaux
d'aménagement et d'entretient que font les producteurs pour atteindre un
rendement conséquent. La qualité du produit, le rendement et
même leur capacité de production sont largement
affectés par ce problème de maîtrise du
calendrier agricole. Avec le niveau actuel qu'occupe la culture en
matière de génération de revenu aux producteurs, il est
indispensable d'organiser sa production. A cet effet, nous pensons à un
décalage de sa période de bouturage en avril afin de permettre la
satisfaction des besoins en eau lors de la levée et une bonne partie de
la croissance. La maturation correspondra ainsi à la saison froide et
chaude, ce qui met la plante dans ces conditions de stress hydrique qui
favorisera sa maturation et dont un meilleur rendement. La figure 4.9, montre
le calendrier de production de la canne à sucre proposé. Le
tableau 4.4 quand à lui résume les principales pratiques et
techniques culturales annuelles dans le bas fond de Laïndé
Karéwa.
Phase de Avril Mai Juin Juillet Août Septembre
Octobre Novembre Décembre janvier Février Mars
développement
de la canne à
sucre
Bouturage
Levée
Croissance
Maturation
Récolte
Figure 4.9 : Calendrier de production de la canne
à sucre
Cultures annuelles exploitées
Phase de saison pluvieuse Avril Mai Juin
-sarclage -irrigation
Canne à sucre (12 mois)
-sarclage - sarclage et
aménagement des canaux de drainage
Pas de
culture véritable
- bouturage et
désherbag e
-laboure mécanisé du sol et
pépinière
-début de
récolte
Riz (6 et 4 mois) Pas de
culture véritable
Patates (3 mois) aménagem
ent des
billons et
bouturage e
- sarclage -entretien
d'humidité du sol
Taro (6 mois) -semis
(associé aux
cannes)
- défense culturale
et début récolte
-sarclage
et défense culturale
- début de récolte
Manioc (12 et 6 mois)
-récolte et vente
-nouvelle mise en place
Légumes (1 à 3 mois)
- entretien -récolte et
vente
-récoltevente des fruits
-récoltevente des fruits
Fruitiers (manguier et anacardier)
-élagage et
entretient
Tableau 4.4 : principales techniques et pratiques
culturales dans le bas fond
Juillet
|
Techniques et pratiques culturales
Phase de saison sèche
Août Septembre Octobre Novembre
|
Décembre
|
|
|
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Entretient
|
-même
|
-début
|
-récolte-
|
Aplanissem
|
- mêmes
|
sarclage et
|
bouturage
|
irrigation
|
des
|
activité
|
récolte-
|
vente
|
ent des
|
activités
|
aménagem
|
et début
|
des
|
canaux de
|
|
vente variété
|
-début de
|
parcelles et
|
|
ent des
|
d'irrigation
|
parcelles
|
drainage
|
|
longue
|
bouturage
|
bouturage
|
|
canaux d'irrigation
|
|
|
-récolte
|
Pas de
|
Pas de
|
- semis
|
sarclage
|
Sarclage et
|
Récolte et
|
Pas de
|
Pas de
|
|
culture
|
culture
|
|
|
début récolte
|
début de
semis
|
culture
|
culture
|
-
|
Désherba
|
Désherbage
|
désherba
|
-début
|
Récolte
|
Récolte
|
Pas de
|
Pas de
|
repiquage
|
ge manuel
|
manuel
|
ge manuel
|
récolte
|
|
|
culture
|
culture
|
-récolte et
|
bouturage
|
désherbage
|
Début
|
-récolte
|
Récolte et
|
bouturage
|
Désherbag
|
récolte
|
nouvel aménage ment
|
|
|
récolte
|
|
nouvel aménagement
|
et irrigation
|
e et
irrigation
|
|
-drainage
|
-début
|
-récolte
|
Récolte et
|
-entretien
|
Même activité
|
Même
|
irrigation
|
récolte
|
des parcelles
|
récolte
|
|
semis
|
d'humidité du sol
|
|
activité
|
|
|
-récolte et
|
Récolte et
|
Récolte et
|
Plantation
|
-plantation
|
Plantation de
|
Sarclage et
|
irrigation
|
irrigation
|
vente
|
plantation
|
plantation
|
|
|
remplacement
|
entretien des plants
|
|
|
-mise en
|
Récolte et
|
Pas de
|
Pas de
|
Pas de
|
Semis ou
|
Irrigation et
|
Récolte et
|
Nouvel
|
place en
zone exondée
|
vente
|
culture
|
culture
|
culture
|
repiquage
|
traitement
|
vente
|
mise en
place
|
-élagage
|
Couvertur
|
Récolte de
|
Entretien
|
Entretient
|
Entretient des
|
Début de
|
Récolte et
|
Récolte et
|
et
|
e sol et
|
fruits et
|
|
des fleurs et
|
fleurs et
|
récolte
|
vente des
|
vente des
|
entretient
|
élagage
|
vente
|
|
transplantati on des plants
|
transplantation plant
|
|
fruits
|
fruits
|
71
Maïs (3 mois) semis -sarclage -sarclage
et
-irrigation fertilisation
ii. Logiques d'organisation des parcelles du bas
fond
Globalement on distingue trois types de parcelle mise en
exploitation dans le bas fond. Les parcelles à cultures annuelles,
à cultures pérennes (vergers) et des parcelles à cultures
combinées (vergers cultivés en dessous). Ces derniers concernent
les vergers dans lesquels sont exploitées des cultures vivrières
sur des espaces non occupés. La mise en exploitation de chaque parcelle
tient compte de l'espèce à produire et de l'environnement en
place.
Au regard de l'hydrographie du bas fond, la figure 4.10 montre la
répartition spatiale des parcelles.
Figure 4.10 : Répartition spatiale des types
des parcelles
La figure révèle que la mise en exploitation des
parcelles respecte d'abord l'exigence en eau de l'espèce principale, la
proximité de la parcelle à cette ressource et enfin les
caractéristiques du sol. Au même titre que les parcelles à
cultures combinées, on remarque que les parcelles à cultures
annuelles (cultivées) soit 66 % du nombre total, sont plus
localisées le long du lit mineur, dans les parties amont et avale du bas
fond. Comme espèces principales concernées, on distingue la canne
à sucre, le riz, le bananier
et les tubercules. Ces parcelles sont exploitées plus
intensivement en contre saison. Leur proximité au lit mineur facilite
leur irrigation en cette saison. Les parcelles à cultures
combinées (verger cultivé en dessous) ont un double objectif dont
la génération de revenu (à partir des fruitiers) et
ensuite à la sécurité alimentaire (production
précoce des vivriers en période de soudure). C'est
également dans ces espaces que l'on rencontre la plupart des cultures
maraîchères et même certains tubercules en association.
Cette organisation rencontre quelques difficultés lorsque les pluies
s'installent. La majorité des parcelles inondées et
dévastées par les eaux de crues et de ruissellement sont celles
à cultures annuelles. Ces dernières subissent uniquement l'effet
d'une exploitation peu contrôlée et du manque de maîtrise du
système de drainage. En saison sèche par contre, leurs sous
irrigation dérivent du problème d'accès à l'eau.
Celui-ci est caractérisé par un manque d'agencement dans le temps
des tours d'eaux donc par une demande forte des producteurs au même
moment. Les logiques paysannes tiennent rarement compte de la variation
temporelle de la ressource en eau. Si non les canaux de drainage auraient des
dimensions suffisantes telles que l'excès d'eau soit facilement
drainé. Ce facteur comme le citent les paysans rend difficile
l'exploitation du bas fond et par conséquent freine son intensification.
Les parcelles à cultures pérennes (6,18 %) se trouvent sur les
versants (Nord) et très rarement près du lit mineur. Elles
occupent généralement des grandes surfaces, nécessitent
beaucoup de temps de travail et sont à proximité des habitations.
Ce qui permet aux paysans de limiter le vol pendant les périodes de
production. Le manguier, l'espèce la plus cultivée, ne
réclame pas la submersion du sol pour se développer. L'exigence
en eau n'est pas la raison fondamentale de l'exploitation de cet espace.
Celle-ci est beaucoup plus relative au sol et à la facilité
d'accès aux vergers. Les parcelles à cultures combinées
suivent également la même logique.
La mise en exploitation des parcelles au bas fond n'est pas
trop influencée par la topographie. Mais comme elle joue sur
l'écoulement de l'eau donc sur l'humidité du sol, elle influence
cette organisation. Sur les zones de pente assez élevée 1.6%, les
parcelles à cultures annuelles sont plus présentes au fond et sur
les versants des cuvettes (maïs, tubercules et riz) en temps humide.
Tandis qu'en temps sec, les espèces plus exigeantes comme le riz
disparaissent à la faveur de celles moins exigeantes. Il existe une
forme d'adaptation des cycles des cultures aux conditions du milieu.
L'influence de la pente sur le niveau de la nappe et donc sur l'humidité
du sol peut être observé par la figure 4.11 qui montre la
variation du niveau piézométrique dans les puits suivant le
profile en long du bas fond.
Niveau piezometrique (m)
0,8
0,6
0,4
0,2
1,2
0
1
puits 1
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5
puits 2
Distance entre les puits (Km)
puits 3
puits 4
juillet
Août
Septembre
Figure 4.11 : Variation du niveau
piézométrique suivant le profile en long du bas
fond
Il ressort de la figure que lorsque la pente s'adoucie
(d'amont vers l'aval), le niveau piézométrique de l'eau remonte
vers la surface du sol. Cependant, certains facteurs tels que la structure du
sol et la proximité des puits au lit mineur du bas fond, peuvent
influencer cette tendance. Pendant le mois de juillet où la
pluviométrie atteint 175 mm et malgré sa position en aval, le
puit 4 a un niveau piézométrique bas (profond). Ce qui suppose
que l'apport du lit mineur et des percolations est très faible. Mais
Lorsque la pluviométrie atteint 210 mm en Août et 200 mm en
Septembre, on constate dans le même puit, une remontée sensible du
niveau piézométrique vers la surface du sol. La courbe tend
véritablement vers une droite. L'effet du lit mineur sur la recharge de
la nappe phréatique est plus perceptible en ces périodes et ceci
sur tous les puits. Ainsi, nous retenons que la recharge de la nappe
phréatique dans le bas fond commence lorsque la pluviométrie
atteint un certain seuil mensuel. La connaissance de la période à
partir de laquelle son processus de vidange commence est indispensable pour
compléter la caractérisation hydrologique de ce bas fond.
Dans le mode d'exploitation de ce dernier, la pente du terrain
ne détermine pas le choix d'une culture. Mais en modifiant la vitesse
d'écoulement de l'eau en surface, la pente finit par influencer
l'hydrographie du bas fond. Par conséquence, elle détermine les
zones de mobilisation de l'eau, c'est-à-dire les espaces à taux
d'humidité élevé ou
non. Ces zones humides seront moins nombreuses lorsque la
pente du terrain est forte (partie amont) et que la saison sèche
s'installe et plus nombreuse lorsque le temps devient pluvieux posant ainsi
deux contraintes agronomiques qui réduisent la surface cultivable du bas
fond. La première est caractérisée par la « sous
humidité » de certains espaces cultivables et la deuxième
par leurs sur humidités. La maîtrise de la variabilité
temporelle de l'eau est très indispensable pour l'activité
agricole dans le bas fond. Elle peut sans doute favoriser une meilleure
implication des acteurs dans la préservation des ressources naturelles.
Pour cela, nous pensons qu'il faut faciliter la circulation de l'eau en
réduisant le nombre excessif des canaux créer par les paysans,
pour libérer le lit mineur du bas fond et retrouver le chemin naturel de
l'eau. La réalisation des ouvrages sur des petites distances comme les
digues (en terre ou filtrantes) avec aménagement du seuil du lit mineur
supprimera, suivant le profile en long du bas fond, le ruissellement et
favorisera la recharge de la nappe phréatique. Ces mesures doivent
être intégrées dans un système global d'irrigation
et drainage afin de définir clairement les réseaux à
mettre en place. L'ensablement ressentis au centre et en aval du bas fond
marque la fin du processus d'érosion initiée en tête sous
l'influence combinée de la pente et de la structure du sol (massive ;
sableuse). Pour résoudre ces problèmes, il est évident
qu'on doit agir en tête du bas fond pour minimiser l'érosion et
ensuite favoriser l'extension transversale des eaux accumulées en
surface. La proposition d'aménagement que nous venons de faire peut
lutter efficacement contre ce phénomène.
iii. Atouts et contraintes d'organisation du bas
fond
Ils concernent les éléments favorisants ou
limitants l'exploitation du potentiel agronomique du bas fond par les paysans.
Les atouts d'organisation du bas fond de Laïndé Karéwa
regroupent les points suivants :
- la proximité du bas fond avec les habitations facilite
l'accès et permet le contrôle des dégâts liés
au vol et aux pâtures des animaux;
- la densité du réseau hydrographique
rattaché au bas fond qui compte environ douze cours d'eau pour le
drainage d'un kilomètre carré;
- la superficie, 126,6 ha est très importante pour la
production agricole et surtout dans un contexte de saturation foncière
où la sécurité alimentaire devient de plus en plus
aléatoire. Elle est suffisante pour inciter à penser à un
aménagement hydro agricole pour encourager la gestion des ressources
naturelles. Puisque de nos jours, pour certains auteurs, cette gestion renvoie
beaucoup plus à
l'amélioration de la productivité des espaces
portant ces ressources naturelles. Si la superficie conditionne le niveau
d'investissement, le bas fond de Laïndé Karéwa devrait faire
l'objet d'une étude d'aménagement. A ce titre nous rappelons que
le périmètre irrigué de DROH GANA au Tchad est
aménagé sur une surface de moins de 30ha;
- La tenure foncière est essentiellement du type
propriétaire, ce qui favorise un bon cadre de dialogue pour la
concertation. Elle garantie la pérennité de la production
agricole dans cet espace souvent rares en milieu soudano sahélien;
- L'expérience villageoise sur les cultures de rente
(canne à sucre, bananiers et fruitiers) et la gestion de l'eau. Les
producteurs connaissent à leur niveau les itinéraires techniques
des cultures et les méthodes bien que peu efficaces de contrôle
des eaux de crues. Une étude critique sur les dimensions des canaux de
drainage qu'ils ont aménagés, permettra d'améliorer leurs
connaissances dans ce domaine;
- La reconnaissance par les agriculteurs des autres usages
tels que l'abreuvement et le pâturage exercés par les
éleveurs. Ceci constitue une base de dialogue et même un
départ sur le processus de gestion concertée;
- L'existence d'une pente globalement favorable à une
irrigation de surface par
gravité et une lutte anti-érosive moins exigeante
en matériels et techniques.
En ce qui concerne les contraintes d'exploitation du potentiel
du bas fond, nous
avons retenu les plus fréquemment rencontrées que
sont:
- L'ignorance des paysans des limites exactes du bas fond. La
densité d'exploitation en contre saison est plus élevée
dans sa zone centrale. Les versants du bas fond restent presque
inexploités. Or il est bien possible de les valoriser avec les cultures
maraîchères (jardinage);
- l'absence de technique de conservation de l'eau qui
s'observe par le fait que les exploitants en amont du bas fond se soucis plus
au drainage des parcelles pendant la saison pluvieuse. Alors que dans la
même partie, le problème d'accès à l'eau
d'irrigation en saison sèche constitue une contrainte majeure à
l'exploitation;
- Le manque de technique adaptée de conservation de sol
en zone avale du bas fond est marqué par l'érosion par ravinement
(présentée par la figure 4.12) qui favorise l'agrandissement du
lit mineur et crée des méandres. Ce processus est à
l'origine de la réduction des surfaces exploitables dans cette partie du
bas fond.
Cette situation inquiétante évolue chaque
année et fait déguerpir certains producteurs de leurs parcelles.
La menace est évidente et les pratiques culturales ne peuvent pas
supprimer ces ravins, il est imminent de penser à des
aménagements plus appropriés.
Figure 4.12 : Parcelles de canne à sucre
détruites par l'érosion par ravinement
- la sur humidité du sol de juillet à septembre,
limite les activités d'entretien et d'aménagement des parcelles
de canne à sucre en maturité. La présence des herbes et
sous arbrisseaux augmente la couverture du sol qui contribue à
l'humidifier d'avantage. Par conséquent, elle augmente le temps de
travail consacré au sarclages et drainage. La canne à sucre en
cette période a besoin de moins d'eau et d'une température assez
basse. Cette contraintes aura une influence sur la production et donc sur le
revenu final du producteur;
- la densité des canaux de drainage est
élevée et rend difficile le transport des botes des cannes
à sucre et même des régimes de banane lors des
récoltes. Ce transport qui est généralement assuré
sur la tête par les paysans et qui nécessite assez de main
d'oeuvre et d'investissement.
4.2 ETAT ACTUEL DE LA PISTE A BETAIL DU VILLAGE ET
IDENTIFICATION DES ESPACES CONFLICTUELS
4.2.1. Etat actuel de la piste à bétail du
village
La piste à bétail traversant le terroir
s'étale dans sa partie centrale sur près de trois
kilomètres. Elle débouche au sud dans le bas fond de
Laïndé Karéwa qu'elle traverse par sa deuxième mare
d'eau, et au nord dans le bas fond en aval de la colline de Mafa kilda,
à la limite du campement peul du terroir. Ses abords (gauche et droite)
sont exploités à des fins agricoles et rarement à d'autres
usages. Il s'agit en fait d'une piste prise en << sandwich >> par
des parcelles agricoles en zone exondée du village. Les objectifs de son
exploitation et ses dimensions caractérisent son état actuel.
4.2.1.1 Objectifs d'exploitation de la piste
L'exploitation de la piste en saison sèche par les
éleveurs est liée à l'objectif d'abreuvement et de la
recherche du pâturage (résidus culturaux, pâturage du
sud-est de Laïndé). Lorsque l'eau devient abondante dans le terroir
(présence des points d'eau superficielle), cet objectif est
essentiellement lié au pâturage. Le non changement d'objectif
d'exploitation de la piste depuis sa création à nos jours
témoigne du fait que les acteurs (éleveurs comme agriculteurs)
sont parfaitement informés sur cet aspect. Les travaux de
délimitation de cet espace connue sur l'appellation de <<
Burtol >> (piste en foulbé) ont certainement
intégré les différentes parties. L'existence des pistes
à batail dans le village n'est pas méconnue par les exploitants.
Ce facteur apparaît ainsi un élément important de
négociation pour la concertation entre les acteurs (agriculteurs et
éleveurs).
4.2.1.2 Les dimensions et ouvrages d'entretien
Entre les deux bas fonds, comme nous l'avons dit, la piste
s'étale sur une longueur moyenne de 2,7 km. Suivant le même
itinéraire, se localisent de part et d'autre de la piste, plusieurs
parcelles agricoles aux limites souvent pas évidentes. Entre deux
parcelles opposées, marquant les limites en largeur de la piste, nous
obtenons un écart moyen de 32 m. Or selon les dires des paysans, la
largeur initiale retenue par les autorités administratives est de 50 m.
Ce qui a été confirmé sur le terrain par la mesure entre
deux bornes administratives. L'écart direct entre les bornes est de 40
m. On suppose qu'un retrait de 5 m de part et d'autre de la piste a
été prévu.
Habituellement, l'aménagement des pistes à
bétails tient compte de l'accroissement naturel du cheptel villageois
pour permettre d'allonger sa période d'utilisation (durée de
vie). La largeur officielle de la piste à cet effet est de 100 m, soit
50 m de large et 25 m de retrait de part et d'autre pour sa protection. Dans le
contexte actuel de Laïndé Karéwa, la largeur moyenne de 32 m
(y compris le retrait) suppose une diminution littérale de la largeur
initiale (50 m) de 18 m soit 9 m de part et d'autres de la piste. La diminution
ne se fait pas de manière progressive et identique de deux
côtés, dans la mesure où parfois on est en moins ou en plus
de 32 m. Mais de façon générale, il est évident que
la piste a été consommée par des parcelles agricoles,
lesquelles d'ailleurs sont de plus en plus crées. On assiste alors
à une conquête agricole de l'espace pastoral. Cette conquête
est constatée par la reconnaissance des aménagements que sont les
bornes, << sorte de titre foncier >>, à l'intérieure
de certaines parcelles agricoles.
Pour une bonne sécurité foncière, un
total de huit (08) bornes (5 bornes en béton et 3 bornes biologiques)
sur une longueur de près de trois kilomètres est très
insuffisant pour limiter la progression agricole. Ceci par conséquence
n'encourage pas leur entretien par les exploitants. Sur le terrain aucun signe
d'entretien ne se fait remarqué ni pour le rappel à l'ordre des
agriculteurs ni pour la conservation de la piste. Cette situation constitue une
faiblesse à l'initiative de départ qui est pourtant efficace
à l'organisation d'un espace dans l'optique de gestion durable des
ressources et de prévention des conflits dans un terroir. On peut tenter
de dire qu'il manque de << police >> d'entretien capable d'assurer
le respect des règles établies. Et surtout dans un contexte
où il manque de transfert de responsabilité entre les
exploitants, cette situation favorise l'occupation anarchique de ces espaces
considérés comme accessible. La multiplication des conflits le
long de la piste est sans doute liée, parmi tant d'autres facteurs,
à l'absence de cette << police >> d'entretien. A ce propos,
dans l'optique de minimiser les conflits agropastoraux au Tchad, la garde
nationale nomade s'est vue confiée la mission de convoyer les
éleveurs dans les couloirs de transhumance. La vulgarisation a permis
d'éduquer les bouviers pour limiter leurs déviances de
comportement (Doudet, 2007). La police d'entretien dont il est question est une
sorte de dispositif à créer dans le but d'entretenir les couloirs
par des opérations de suivi et contrôle des limites des pistes.
Elle peut aussi de temps à autre planter d'autres bornes biologiques le
long de la piste pour assurer sa protection.
4.2.2 Les zones de conflits agropastoraux le long de la
piste
Les conflits agropastoraux dans le terroir de
Laïndé Karéwa se manifestent différemment suivant
leurs causes. Ils dérivent principalement de la pression humaine sur les
ressources naturelles spécifiques telles que : la terre, les zones de
pâturages, les points d'eaux etc. Le long de la piste, les enquêtes
et le parcellaire fait au lever GPS des parcelles a permis d'obtenir la figure
4.13.
Figure 4.13 : Parcellaire des zones conflictuelles le
long de la piste à bétail.
Les zones de conflits bordant les deux cotés de la
piste sont des terres cultivées. A cause de leurs stratégies et
objectifs divergents, les agriculteurs et les éleveurs n'arrivent pas
à collaborer pour la gestion de ces espaces. Pourtant Cette
collaboration est indispensable pour le processus de concertation. Elle devient
à cet effet une quête à poursuivre et à gagner dans
l'avenir.
De cette figure, les 40 zones conflictuelles soit 70 % du
total des parcelles, sont essentiellement des parcelles agricoles
cultivées pendant cette campagne. Leur nature
agricole et aussi à leur facilité d'accès
(absence des obstacles sur les limites) est favorable aux conflits. L'aspect
social encourageant ces derniers est lié : à la différence
d'appartenance ethnique et celle de classe d'âge des exploitants
(agriculteur et éleveur). Les bouviers à qui sont confiés
les troupeaux, sont généralement des jeunes enfants (d'âge
maximal compris entre 10-20 ans). Les 15 parcelles non conflictuelles sont
des
espaces impropres à l'exploitation agricole. Ils sont
soit rocheux, soit pierreux oül'érosion hydrique est
très poussée. Le fourrage qui se trouve sur ces espaces est de
faible valeur nutritive. Les animaux ne mettent pas de temps
dans ces zones lors de leur passage. Au nord de la piste, les parcelles non
conflictuelles appartiennent aux éleveurs et sont placées
après les parcs à bétail.
Nous retiendrons grossièrement que les zones de
conflits le long de la piste ne sont pas spécifiques aux critères
relatifs à leurs exploitants. C'est plutôt l'état
cultivé des parcelles qui fait office aux conflits. En effet pendant la
saison pluvieuse, les cultures constituent des attractifs aux animaux et comme
les parcelles sont facilement accessible (absence de clôture) le risque
de dégâts devient élevé. Les parcelles
inexploitées à cause de leur nature rocheuses, restent
pratiquement pas sollicitées par les animaux. La mise en place d'une
barrière naturelle ou artificielle pour rendre difficile l'accès
aux parcelles cultivées apparaît comme un moyen de limiter les
conflits sur ces parcelles. La localisation géographique de ces espaces
a permis de comprendre les types et les causes des conflits.
4.2.2.1 Types et Causes des conflits
Les deux principaux types de conflits identifiés le
long de la piste à bétail lors de nos enquêtes sont
liés aux activités des exploitants. Il s'agit des conflits de
type agricole et ceux de type pastoral.
Les conflits de type agricole tel que montré par la
figure 4.14, résultent de la violation des limites de la piste à
bétail par les agriculteurs. En augmentant la surface de son champ,
l'agriculteur consomme chaque année l'espace définis pour la
piste à bétail. Ce qui réduit au fur et à mesure sa
largeur. Sur les 40 parcelles conflictuelles, nulle part une largeur
égale à la dimension initiale de la piste n'a été
rencontrée. Par conséquent, il s'agit d'une tendance
générale à la violation des limites de la piste. Le
désir d'accroître la production en agrandissant les parcelles
n'est pas approprié puisque le problème de la baisse de la
fertilité des sols est le facteur causal de la chute des rendements dans
le
terroir. Une diminution moyenne de la largeur de la piste de 18m
est suffisante pour expliquer la présence des bornes dans certaines
parcelles agricoles.
Figure 4.14 ; Violation des bornes (limites de la
piste à bétail) par les parcelles
Les conflits de type pastoral proviennent principalement de la
mauvaise conduite des éleveurs lors du pâturage et de
l'abreuvement de leurs animaux. En saison pluvieuse, la majorité des
éleveurs est à la quête du bon pâturage qui est le
plus souvent localisé dans les parcelles en jachères. Ces
éleveurs, sachant bien que les pistes à bétail secondaires
n'existent pas et que les jachères sont toujours entre les parcelles
cultivées, n'hésitent pas de sortir carrément de la piste
à bétail pour atteindre ces pâturages. Ce qui favorise
l'occurrence des dégâts des animaux sur les parcelles de cultures.
La figure 4.15, présente un cas de cette situation sur le terrain.
Figure 4.15 : Boeuf dans une parcelle
cultivée lors du pâturage sur les
jachères 82
Le résultat du comportement de ces éleveurs est
plus tard ressenti par l'agriculteur sur sa production. Ce même
problème, lors de l'abreuvement des troupeaux, est critiqué par
les agriculteurs dans le bas fond. Malgré les reproches des producteurs,
les éleveurs semblent être convaincus de leur conduite. Pour ces
acteurs, comme le soulignent Tchopsala et al., (2007) c'est le
problème de manque et d'éloignement des pâturages naturels
qui les amène à convoiter les zones de jachère. Ils
affirment à cet effet que : « ce n'est pas un acte volontaire de
laisser le troupeau entrer dans les champs ».
Les causes liées aux différents types de
conflits que nous avons retenues de l'analyse de la piste à
bétail apparaissent comme des facteurs qui incitent ou favorisent un
comportement donné. Dans le premier type de conflits, la conquête
agricole de l'espace pastoral est favorisée par le manque de mesures de
protection de la piste à bétail et du dispositif de
contrôle de la progression des parcelles agricoles. L'absence
d'informations plus spécifiques relatives à la création de
ces pistes ne nous permet pas de tirer des conclusions sur cet aspect. Mais
nous estimons que ces facteurs sont parmi les faiblesses du processus de
création des pistes à bétails du terroir. Le manque de
clôture sur les parcelles cultivées est également un
facteur de conflit. En effet, les animaux, attirés par la verdure
finissent toujours par pénétrer dans ces parcelles
cultivées pour brouter les plantes en champs. Avec les conflits de type
pastoral, la principale cause concerne le manque de responsabilité des
propriétaires des bétails. Généralement le
pâturage des animaux est assuré par des bouviers très
jeunes. La majorité de ces jeunes n'est pas informée sur les
règles et prescriptions établies au départ pour la
préservation des conflits le long des pistes à bétail. Ce
manque de transfert de responsabilité favorise des comportements moins
convenables au maintien de la paix et de la stabilité sur les pistes
à bétails.
Ainsi donc, lorsqu'il se pose un conflit quelque soit son
type, les manifestations généralement observées chez les
exploitants concernent les plaintes, les disputes, les bagarres ou la
combinaison des trois. Sur le terrain, il existe très rarement des
situations où on rencontre un seul cas de manifestation. En associant
ces différents cas par ordre d'apparition, les enquêtes nous ont
conduits aux proportions montrées par la figure 4.16.
Proportion de différents cas de manifestation de
type de conflit
10%
42%
30%
18%
Disputes simples Disputes et plaintes
Disputes et bagarres Disputes, plaintes et
bagarres
Figure 4.16 : Proportion des cas de manifestation de
conflits agropastoraux
De cette figure, il ressort que 42 % de cas de manifestation
des conflits associe les disputes et les plaintes aux bagarres. Ce qui signifie
que dans la plus part des situations de conflits, on assiste à des
bagarres. Celles-ci peuvent engendrer des pertes en vies humaines qui ne sont
pas souhaitable dans une société donnée. De ce fait nous
pouvons confirmer que les conflits agropastoraux le long de la piste à
bétail sont la cause principale de la rupture de concertation entre les
acteurs. Ce qui par voie de conséquence ne favorise pas la gestion
concertée de la ressource naturelle. De cette évidence, les
plates formes de concertation auront du mal à être mise en place.
Mais comme pour Aminou (2007) qu'aux dires des exploitants, les conflits sont
généralement mieux gérés par les populations
elles-mêmes que par les autorités de la place, il convient de dire
qu'il existe un préalable au processus de cogestion. Dans un proche
avenir, il sera important de penser à la responsabilisation des
agriculteurs et des éleveurs par leur sensibilisation sur les droits et
devoirs de chacun sur une ressource naturelle donnée. Toutefois, nous
devons retenir qu'il se pose un problème véritable de respect du
prochain et d'intégration des peuples auxquels s'ajoute le
problème de respect des normes et celui de réglementation. En
effet, les normes voudraient que la largeur d'une piste à bétail
officielle soit de 100 m dont 25 m de part et d'autre et 50 m au centre. Ce qui
aurait l'avantage d'avoir même en cas critique une largeur d'au moins 50
m et duquel un bon climat de dialogue. La réglementation quand à
elle établie des
mesures d'entretien et de respect des règles de gestion
de l'espace. Il devrait exister un statut définissant le mode
d'exploitation et d'occupation de l'espace aux alentours de la piste à
bétail pour influencer les comportements des exploitants et assurer la
police d'entretien souligné plus haut. La responsabilisation des acteurs
peut passer par la vulgarisation des techniques de restauration de la
fertilité du sol dont l'objectif est d'améliorer la
productivité des espaces afin de freiner la progression agricole. A ce
titre on peut penser au contrat de parcage et de fumure avec les
éleveurs. Ces derniers, seront ainsi associé à la
démarche et pourrons comprendre les problèmes de production dont
souffrent les agriculteurs. Sur la base de certaines techniques
agroforestières un effet triple peut être espéré par
:
· la création des clôtures biologiques
à l'aide de ces espèces agroforestières ;
· la résolution en partie des problèmes de
fertilité des sols et à long terme;
· la disponibilité des fourrages à partir des
espèces, la plupart légumineuses. utilisées dans les
clôtures.
Une étude dans cette perspective devra permettre de
connaître les possibilités de mise en oeuvre des clôtures
des parcelles et les alternatives y afférentes.
4.2.2.2 Possibilités d'amélioration de la
gestion des pistes à bétail
L'amélioration de la gestion des pistes à
bétail dans le terroir de Laïndé Karéwa suppose une
situation capable de restaurer le climat de confiance entre les
différents groupes d'acteurs. Il est très difficile en tenant
compte du contexte actuel d'arriver d'un seul tenant à cet objectif.
Toutefois avec une vision progressive, on peut penser aux mesures ci
après.
i. Identifier les acteurs propriétaires des parcelles et
des bétails
Il sera question de connaître les exploitants
propriétaires des parcelles ou des troupeaux, car très souvent,
les conflits se passent entre les non propriétaires qui changent en
fonction des années.
ii. Evaluer le niveau de connaissance de ces
propriétaires sur l'historique de la piste à bétail
(dimension, objectif d'utilisation)
Cette mesure permet de connaître le niveau de
responsabilité de chacun sur les conflits. Elle facilitera le
déroulement du processus de sensibilisation des différents
exploitants.
iii. Négocier les possibilités de
réhabilitation de la piste dans l'optique de résoudre les
conflits agropastoraux
La négociation se fera de manière douce et
très sérieuse, c'est à dire que le propriétaire
terrien a la possibilité d'accepter ou non les propositions faites, mais
doit véritablement comprendre la nécessité de la
négociation. Cependant, l'idée de clôtures biologiques par
les essences agroforestières ou épineuses est à
privilégier, puisqu'il s'agit d'une intervention à
bénéfices multiples. En cas d'accord, les éleveurs quand
à eux doivent s'engager à fournir le fumier nécessaire
pour la mise en place de ces essences. Si l'irrigation est à
prévenir, le transport de l'eau et du fumier doit être
assuré par ces éleveurs. Cette participation des éleveurs
aura l'avantage d'amorcer le processus de concertation et de prise en charge
par les populations de leurs problèmes de développement.
iv. Organiser une réunion de concertation
C'est la réunion au cours de laquelle les acteurs
seront appelés à confirmer sans contraintes leur engagement
devant leurs frères afin de fortifier les collaborateurs et de donner un
poids à la démarche d'amélioration. Il sera astucieux
d'inviter les populations lors de ces engagements afin de vulgariser leur
message de prise en charge et de collaboration pour le développement de
leur terroir.
v. Mettre en oeuvre le projet d'amélioration de la
gestion des pistes
C'est la phase où les décisions des uns et des
autres doivent être concrétisées à l'aide d`un
support technique et de contribution locale (main d'oeuvre). Le projet ARDESAC
pourra, pour accompagner les actions et faciliter la mise en place de la plate
forme, s'engager à faire parvenir le matériel biologique
nécessaire à la réhabilitation de la piste.
L'association des autorités à l'origine de la
création et l'aménagement de la piste, au processus de
négociation et de mise en oeuvre aura l'avantage de rétablir le
climat de confiance entre elles et sa population. En même temps, elle
permettra d'associer l'état, qui est incontournable dans les projets de
résolution des conflits sociaux et dont l'engagement constitue une
garantie à l'officialisation du cadre de dialogue.
4.3 PROPOSITIONS D'AMELIORATION DE L'ORGANISATION DE
L'ESPACE ET SCENARIOS D'EVOLUTION
4.3.1 Propositions d'amélioration du mode
d'organisation actuel de l'espace
Les propositions sont relatives aux différentes remarques
faites tout au long de cette étude. Nous insistons sur le fait qu'il
s'agit des éléments d'amélioration ou de
changement d'une situation donnée pouvant contribuer
à l'essor des activités et à l'épanouissement de
leurs acteurs. Partant de l'organisation spatiale du village et des
comportements des exploitants, les propositions d'amélioration de
l'organisation de l'espace exondé portent sur les points suivants :
> La mise en place d'un système de
sécurisation foncière qui doit amener les exploitants à
reconnaître le domaine foncier de chaque activité. Ceci se fera de
manière progressive et avec l'implication des autorités locales
et administratives.
> Une fois les espaces clarifiées, mettre en place,
suivant le processus ci haut présenté, un programme de
réhabilitation de toutes les pistes à bétails et
hurum en les clôturant biologiquement par des espèces
épineuses ou agroforestières. Les exploitants (agriculteurs et
éleveurs) seront chargés de la réalisation de ces
travaux.
> Renforcer les actions de lutte anti-érosive en
insistant sur les techniques simples et faisables. Les cultures sous couverture
végétale (CSCV) seront les bienvenus à côté
des bandes enherbées déjà connues par les exploitants. En
effet, on cherche par là à récupérer plus des
terres possibles et à améliorer les rendements des producteurs
par les effets induits de ces techniques. La meilleure approche dans ce
contexte est d'utiliser la terre en fonction de sa vocation. On ira donc
déterminer les terres marginales (rembourse l'investissement), les
terres aptes (moins de 25 %) et celles très aptes (plus de 25 %
d'investissement). L'individualisme agraire constitue une barrière
à cette mesure, toutefois une étude devra être menée
dans ce cadre.
> Clarifier les pistes d'exploitation en les officialisant
pour permettre de distinguer
les différentes zones et d'avoir une répartition
assez ordonnée de l'espace. L'application de ces propositions arrivera
à créer un nouveau paysage où l'approche participative
aura un poids considérable dans l'organisation du terroir et dans le
processus de développement.
Par analogie à l'utilisation du sol en fonction de sa
vocation, on pense que le bas fond doit être organisé de
manière à supporter les insuffisances de la partie
exondée. De ce point de vue, les aménagements hydro agricole
doivent être prioritaires afin de favoriser l'installation d'un climat de
sécurité alimentaire et de génération de revenu
supplémentaire. Compte tenu de ses potentialités physiques
(forme, superficie, pédologie, hydrologie, topographie), nous proposons
:
i)- La réalisation en amont du bas fond, d'un ouvrage
hydraulique capable de stocker les eaux de ruissellement en temps pluvieux et
de favoriser leur épandage dans les versants. Ce qui aura l'avantage,
parmi tant d'autres, de réduire la vitesse d'écoulement des eaux,
d'assurer la recharge des nappes phréatiques, et de mieux
contrôler le problème de drainage qui s'y pose. Au même
moment, certains espaces deviendront aptes à produire en contre saison
à cause de la proximité de la nappe. L'irrigation de surface
à petite échelle (arrosoir, sillons ou en planche) dans les
versant s'installera à cet effet pour la culture
maraîchère. Pour répondre aux objectifs
d'aménagement sollicité, trois types d'ouvrages peuvent
être envisagés. Ils concernent :
> Le barrage équipé d'un déversoir et
d'une écluse (vanne) comme proposé par Euroconsult, (1987) dans
les bas fonds de Bounga et de Djaloumi au Nord Est Bénoué. Pour
ce faire, la nature et la pente du sol, le type de culture (besoin en eau), le
stock annuel (débit minimal nécessaire) sont les
paramètres clés de la conception de l'ouvrage. Son fonctionnement
global impose un contrôle permanent de l'écluse pour la mise ou
non sous eau du bas fond. Ce qui nécessite la formation technique des
producteurs et une réglementation dans la gestion afin d'éviter
des conflits sociaux.
> Les digues filtrantes, qui en plus des effets sur le
flux hydrique permettent de résoudre certains problèmes
d'érosion. Ce sont des ouvrages parcellaires construits
perpendiculairement à l'axe du bas fond ou en courbes de niveau, pour
ralentir et étaler les flux de ruissellement. Leur inconvénient
résidera au niveau de la réorganisation des parcelles et
l'exigence en main d'oeuvre.
> Les biefs, tant sollicités par les producteurs,
ont l'avantage d'être construits sur le lit du cours d'eau. Leur
conception est complexe, mais l'effet sur le contrôle de
l'écoulement est satisfaisant. Le problème d'érosion avec
ces ouvrages persiste dans la plupart des cas.
En somme, il serait très indispensable d'engager une
étude spécifique sur le type d'aménagement à mettre
en oeuvre. Celle-ci mettra plus d'accent sur les faisabilités
techniques, c'est-à-dire le dimensionnement en fonction du site choisis
et des objectifs énumérés plus haut.
ii)- la réhabilitation des points d'abreuvement des
animaux
Ces points d'eau sont en général taxés de
source de maladie en saison sèche profonde à cause du niveau
très bas de l'eau. A cause de la concentration des animaux au tour
de ces eaux, les conflits agropastoraux deviennent plus fréquents. Il
importe donc
d'aménager les berges du lit mineur et d'approfondir
ces zones de concentration d'eau pour augmenter le volume disponible. Les
effets induits de l'ouvrage hydro agricole proposé plus haut seront
importants pour accroître cette disponibilité. En
réhabilitant les pistes à bétail, ces points d'abreuvement
seront sécurisés, une gestion plus responsable de cette ressource
se déroulera.
4.3.2 Scénario d'évolution
C'est une forme de projection dans l'avenir de ce qui pourra
affecter l'organisation proposée dans le cadre de cette étude.
Nous fixons les bases de changements sur deux facteurs déterminants du
mode d'organisation : l'accroissement de la population et celui du cheptel
animal du village. La pression démographique sous entend une pression
agricole sur la ressource terre et fourrage. Par contre, la croissance du
cheptel animal affecte la charge pastorale des espaces de pâturage et
même des pistes à bétail. En variant ces deux
paramètres, on peut prédire le devenir des propositions
d'organisation avancées plus haut. Ainsi, nous aborderons trois cas de
figure.
i. Augmentation de la population et du cheptel
animal
Dans ce premier cas de figure, l'augmentation de la population
va entraîner un accroissement de la concurrence sur l'espace et une
persistance des conflits au sein de la société. Mais si les
propositions d'amélioration sont respectées, la nouvelle
organisation soutiendra l'émergence d'autres secteurs d'activités
comme le commerce, le transport, l'éducation et la transformation des
sous produits agricoles. Comme tout le monde ne sera pas agriculteurs ni
éleveurs, une bonne partie de la population sera dirigée vers ces
secteurs. Ce qui réduit la pression humaine sur les ressources
naturelles sollicitées comme la terre. Dans le contexte actuel, le
phénomène d'augmentation du cheptel animal est bien possible dans
la mesure où Aminou (2007) remarque dans ce sens que, les agriculteurs
intègrent de plus en plus les productions animales dans leur
système. Cependant avec les aménagements dans le bas fond,
l'économie de ces producteurs sera améliorée et leur
climat d'affaire se développera. Ainsi, les effets de la pratique
d'élevage sur les espaces agricoles et pastoraux seront
négligeables. Puisque, la production intensive s'installera dans tous
les secteurs d'activités. Les flux de résidus culturaux vont
changer de sens. Ils tendront beaucoup plus vers une destination familiale. On
passera ainsi à un système intensif d'élevage
sédentaire. Les éleveurs quand à eux persisteront dans
leurs systèmes de semi transhumant par ce qu'ils sont en
possession des gros bétails dont l'alimentation exige plus
de moyens. La taille du cheptel chez les producteurs n'ira pas au-delà
de cinq à dix têtes.
ii. Augmentation de la population et effectif constant du
cheptel animal
Dans ce cas, la sécurité foncière a un
rôle très déterminant à jouer. Elle doit
officiellement reconnaître le droit d'usage et le domaine de chaque
secteur d'activité sur l'espace. En zone exondée, si les
règles de gestion (limites des pistes et des hurum) sont
parfaitement respectées par les acteurs, il n'y aura pas de graves
conséquences sur la zone cultivée. Mais le système de
production va s'intensifier d'avantage. La recherche dans le domaine de
fertilité et des CES sera très sollicitée pour assurer la
pérennité des activités. L'élevage va continuer
normalement et son importance dans l'approvisionnement en protéines
animales sera plus marquée. Avec une forte demande, les prix des
produits d'élevage vont augmentés, ce qui constituera une marge
bénéficiaire aux éleveurs. Au bas fond, on assistera
à une compétition sur l'accès aux parcelles de cultures et
progressivement on observera les situations suivantes :
- Les propriétaires des grands domaines seront
obligés de céder ou vendre une
partie de leurs parcelles aux amis et frères. Il y'aura
des signes
d'individualisation sur les parcelles;
- L'augmentation du prix de la terre aura des conséquences
sur le marché local et régional des produits agricoles;
- De plus en plus on assistera à la production des
cultures à cycle court et on passera donc à une double ou triple
culture par an. Ce qui interpellera forcement la recherche ;
- La surexploitation du bas fond entraînera la
dégradation rapide des ouvrages et dont la nécessité d'un
comité de gestion très performant.
iii. Augmentation du cheptel animal et effectif constant
de la population
L'augmentation du cheptel animal du village se traduira
malgré la présence des jachères, par la diminution
sensible du fourrage et de l'eau. La non disponibilité du fourrage
devient alors un facteur limitant à l'activité pastorale. Ce
manque d'aliment apparaîtra sur la morphologie des animaux
(amaigrissement général). Les taux de morbidité et de
mortalité seront ainsi plus élevés. Les mesures
d'intensification du système d'élevage ou le développement
des techniques sylvopastorales doivent être mises en oeuvre par
l'état et les services d'encadrement pour maintenir l'activité.
Au
niveau du terroir, si les propositions d'amélioration
ont été respectées, une bonne cohésion sociale sera
développée. Ainsi, il est possible de voir émerger des
contrats de fumure (échange entre les acteurs) en binôme, c'est
à dire un éleveur pour un agriculteur. Ceci peut largement
résoudre le problème de disponibilité du fourrage, car on
pourra valoriser au maximum les résidus culturaux. Cette cohésion
sera facilitée par le respect des règles de gestion de l'espace
établies lors des négociations de réhabilitation des
pistes. La non augmentation de la population est très peu probable selon
le contexte actuel dont on estime un accroissement annuel de la population de 2
à 3 % dans les zones rurales au Nord Cameroun (Barbier et al,
2002). Mais s'il s'agit d'une augmentation moins sensible de la population,
cette croissance légère aura moins d'impact sur les ressources
naturelles et en particulier sur la terre.
CHAPITRE V : CONCLUSION ET RECOMMANDATION
5.1 Conclusion
Il ressort de l'analyse de l'organisation actuelle de l'espace
que la zone exondée du terroir présente un paysage agraire de
type mixte. Les dimensions des parcelles sont essentiellement des dimensions
officielles. Les reliefs crées par l'aménagement (homme) les plus
rencontrés concernent les billons, les bandes enherbées et les
planches rizicoles. Dans ce paysage, la présence du bas fond a une
influence sur la densité des pistes d'exploitation. Elle est plus
élevée du côté où se trouve le bas fond (sud
du terroir). Les pistes marquent aussi le réseau de distribution des
biens et services entre les exploitants et dont l'état conditionne leur
flux. Dans la zone exondée, les logiques paysannes d'organisation de
l'espace identifiées sont liées aux intérêts,
à l'apaisement de tensions et à la technique d'adaptation au
milieu.
Le bas fond est un espace à potentiel agropastoral
très important. Ses caractéristiques physiques montrent une
surface de 126,6 ha de forme allongée et d'un indice de pente global de
1,47 %. Au total, 184 parcelles agricoles sont exploitées dont 144 sont
détenues par les propriétaires fonctionnant en faire valoir
direct. Ceux-ci forment un groupe important avec lequel la décision
d'une gestion plus organisée du bas fond par un aménagement
hydro-agricole peut être entreprise. Le fonctionnement hydrologique du
bas fond montre que son écoulement de surface (dans le lit mineur)
contribue bien à l'alimentation de sa nappe phréatique en saison
des pluies. Cette communication entre les ressources de surface et celles
souterraines malgré le ruissellement est bien ressentie, du moins en
temps pluvieux, au niveau des puits proches du lit mineur du bas fond. Les
principales contraintes agricoles de ce milieu sont liées au
problème de maîtrise de la variation temporelle de sa
disponibilité en eau. Dans le mode d'exploitation du bas fond, la canne
à sucre et les fruitiers occupent une place importante. Les logiques
d'organisation de cet espace reposent beaucoup plus sur son hydrographie et sur
sa topographie qui influence le flux d'eau. Globalement les paysans organisent
leur parcelle en fonction du gradient d'humidité et des
possibilités d'accès à l'eau pour l'irrigation. Ces deux
facteurs sont à la base du mode d'occupation du sol.
Sur la piste à bétail du village, la situation
actuelle est caractérisée par la persistance des conflits de type
agricole et pastoral. Ces derniers dérivent à la fois du
grignotage de la piste et du mauvais comportement des éleveurs. La
largeur de la piste est passée de 50 m selon les dimensions initiales
à 32 m en moyenne aujourd'hui soit une réduction de l'ordre de 9
m de part et d'autres. Le long de cette piste, 70 % des parcelles
identifiées sont conflictuelles. Le manque de clôture sur les
parcelles et des mesures d'entretiens de la piste crée d'avantage ce
climat de conflit. Avec les dimensions actuelles, les animaux, en
perpétuelle croissance, ne peuvent pas être convoyé dans ce
couloir. Une nouvelle négociation pour la réhabilitation des
pistes s'impose, elle apparaît comme la solution la plus pacifique
à entreprendre.
Les propositions d'améliorations d'organisation de
l'espace faites en zone exondée concernent deux points clés
à savoir : le développement d'un climat de sécurité
dans le domaine foncier et la réhabilitation des pites à
bétail et celles d'exploitation. Ces propositions viennent en appuie aux
initiatives déjà existantes pour faciliter la responsabilisation
des différents exploitants et leurs interdépendance. Le bas fond,
observé comme ressource potentielle capable de réduire la
pression humaine sur les terres exondées, a fort besoin d'un
aménagement (réalisation d'ouvrage) hydro agricole pour
améliorer sa productivité. Le développement d'une intense
activité agricole dans cet espace va ôter la pression
foncière sur la zone exondée.
L'étude des scénarios d'évolutions
remarque qu'en cas d'application des propositions d'amélioration, la
croissance de la population et ou du cheptel animal du village aura peu
d'impacts sur la nouvelle forme d'organisation de l'espace. Les agriculteurs et
éleveurs, en état de conscience véritable de leur prise en
charge et des efforts des services d'encadrement, seront bien motivés
à respecter leurs engagements et à garantir leur
sécurité. En plus, le développement des autres secteurs
tels que le commerce et la transformation constituera un gage au désir
de maintenir une situation stable pour éviter la marche en
arrière.
5.2 Recommandations
> Au projet ARDESAC et particulièrement à son
programme 1.3 nous recommandons les points suivants :
- faire une étude sur le mode de sécurisation
foncière existant dans le terroir et les possibilités de son
affermissement ;
- initier un cadre de dialogue entre les animateurs de la plate
forme et la nouvelle génération des acteurs, potentiels agents de
sensibilisation.
- clarifier la situation des autres pistes à bétail
pour ressortir leur point commun.
- réhabiliter par des aménagements biologiques
ou à l'aide des roches volumineuse les différentes pistes
à bétail pour les particulariser clairement des espaces
cultivés. A défaut d'avoir 100 m de largeur officielle sur les
pistes, les dimensions initiales de 50 m avec un retrait des parcelles de 10 m
par côté doivent être maintenues. Nous pensons qu'on peut
engager ce processus en respectant la démarche proposée dans le
texte.
- lancer une campagne de sensibilisation des paysans sur la
nécessité de gestion concertée et les perspectives
d'avenir qu'elles peuvent procurer.
> Aux études futures, on peut envisager de :
- faire une étude d'évaluation du système
d'irrigation et drainage dans le bas fond pour mieux apprécier le niveau
de gestion de l'eau et de définir plus clairement les objectifs
d'aménagement.
- faire une étude de conception d'ouvrage hydro agricole
proposé. Ce dernier doit tenir compte des avis des producteurs.
- faire une étude sur l'apport économique des
activités agricoles du bas fond dans les revenus des ménages.
> Aux des exploitants de l'espace agropastoral du terroir,
nous recommandons :
- leur coopération volontaire avec les animateurs de la
plate forme pour encourager le projet à mettre en oeuvre les
propositions,
- l'intensification des pratiques de restauration du sol comme
l'enfouissement des résidus de récolte, les cultures sous
couverture végétale et les jachères
améliorées,
- la démarcation de leurs parcelles près des pistes
à bétails par des clôtures biologiques temporaires en
attendant la mise en place des clôtures plus incontestables,
- les exploitants du bas fond doivent s'organiser au sein d'un
groupement pour faciliter les tours d'eau d'irrigation et les activités
de drainage en saison des pluies,
- l'aménagement des canaux de drainage, doit se faire
en tenant compte du volume maximal d'eau à drainer (371 litres) et de la
forme trapézoïdale des canaux pour augmenter leurs sections
mouillées.
- la mise en place des boutures de la canne à sucre au
mois d'avril est plus souhaitable pour mettre la plante dans ces conditions
agro climatiques requises.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AMINOU, B., 2007. Eau, facteur d'organisation des
activités pastorales des campements d'éleveurs de
Laïndé karéwa au nord Cameroun. Thèse de Master of
science, FASA. Université de Dschang, Dschang, Cameroun, 76 p +
annexes.
AWONO, C., ASSANA, M., HAVARD M., 2002. Le conseil, une
démarche pour accompagner l'intégration de l'élevage dans
les exploitations agricoles du nordCameroun, Garoua. DPGT/IRAD, 10 p.
BARBIER, B., DURY, S., WEBER, J., 2002. Simulation des
relations populations-ressources naturelles. Prototype de modèle pour un
terroir du Nord-Cameroun. Acte du colloque, PRASAC-Garoua, Garoua, Cameroun,
9p.
BECHIR ALI, B., BAOUTOU, L., 2007. Mise en place de la plate
forme de concertation autour de forêt de N'guette 1 en zone soudanienne
du Tchad. Rapport scientifique, Programme 1.3 ARDESAC, PRASAC-N'Djaména,
N'Djaména, Tchad, 30p.
BODE, S., 2004. Pratiques pastorales et biodiversité des
parcours dans le canton de Dantchandou (fakara).
Mémoire de D.E.S.S, Université Abdou Moumouni, Niger, 59
p.
BURTON, J., 2001. La gestion intégrée des
ressources en eau par bassin. Manuel de formation, (c) institut de
l'énergie et de l'environnement de la francophonie, Site Web:
http://agence.francophonie.org.
238 p.
CHLEQ, J.L., DUPRIEZ, H., 1984. Métiers de l'eau du sahel,
eau et terre en fuite. Terres Et Vie, rue Laurent Delvaux, 13, 1400
Nivelles-Belgique. 136p.
CIRAD-GRET, 2002. Contribution de Lavigne Delville.,
Aménager les bas fonds: exemple de l'Afrique de l'Ouest,
Mémento de l'agronome, 297-371p..
DENISE, G., La prise en compte des dynamiques spatiales pour
modéliser la mise en valeur des espaces ruraux, Cybergeo,
Space, Society,Territory, Article 25, 1997, modified on 03 May 2007. URL :
http://www.cybergeo.eu/index5431.html.
DJOMBAYE, B., 2005. Normes de construction des biefs,
évaluation des effets et estimation d'impacts dans les bas-fonds de
Kaélé, province de l'extrême nord Cameroun. Mémoire
d'Ingénieur Agronome. Université de Dschang, Dschang Cameroun,
100 p.
DJOUMESSI, M., TCHOPSALA., ABOUBAKAR, M., ONANA, J., 2007.
Gestion de l'espace, des ressources naturelles et de l'environnement. Rapport
scientifique PROGRAMME 1.3 ARDESAC, PRASAC-Garoua, Garoua, Cameroun, 43p.
DOUDET LAGNA I., 2007. Les conflits fonciers entre
agriculteurs et éleveurs dans la vallée de la
Bénoué (Nord Cameroun). Les cas des terroirs de
Laïndé Karéwa et de ISRAEL. Mémoire de maîtrise
en sociologie, Université de N'Gaoundéré,
N'Gaoundéré Cameroun, 79p.
DUBIEZ, E., 2006. Représentation sociale de l'espace,
usage et droits d'appropriation de la ressource arborée,
Mémoire d'ingénieur forestier de l'Engref, Paris, France.,
97p.
EUROCONSULT, 1987. Étude de factibilité de
petits périmètres et bas-fonds, rapport provisoire. MISSION
D'EUDE POUR L'AMENAGEMENT DE LA VALLEE SUPERIEURE DE LA BENOUE (MEAVSB),
Cameroun, Fond Européen de Développement, 44p.
FAO. 1995. Approche participative, communication et gestion des
ressources forestières en Afrique sahélienne : bilan et
perspectives.
Site web :
http://www.fao.org/documentd/show
cdr.asp?url file=/dorep/V9974F/V9974F00.htm
FAO, 2003.Méthodes simples pour l'aquaculture,
pisciculture continentale ; la topographie, levés topographiques.
Edition FAO, CD Rom.
Siteweb :
ftp://ftp.fao.org/FI/CDrom/FAOTraining/FAOTraining/General/x6707f/x6707f08.htm
FONTEH, M. F., ASSOUMOU, E. E., 1996. Irrigation et drainage.
Centre pour l'enseignement à distance B.P. 294. Université de
Dschang. Dschang, Cameroun, 147 p.
GANGBAZO, G., 2004. Gestion intégrée de l'eau
par bassin versant : Concepts et Application. Direction des politiques de
l'eau, Bureau de la gestion par bassin versant, 5V7, 46p.
IRAD, PRASAC, 2006. Diagnostic global : terroir de
Laïndé karéwa. Centre régionale de Maroua,
PRASAC-Garoua, Garoua, Cameroun, 23 p.
LABORDE, J.P., 2000. Éléments d'hydrologie de
surface, Université de Nice - Sophia Antipolis, Centre National de la
Recherche Scientifique U.M.R. 5651 "Espace" du C.N.R.S, Paris, France,
192p.
LANDAIS, É., LHOSTE, Ph., 1990. L'association
agriculture-élevage en Afrique intertropicale: mythe techniciste
confronté aux réalités du terrain, Cahier des Sciences
Humaines, Montpellier, France, 10p.
LAVIGNE Delville, Ph., BOUCHER L., VIDAL, L., 1996. Les bas
fonds en Afrique tropicale humide : stratégies paysannes, contraintes
agronomiques et aménagements in Pichot et al eds. Fertilité
du milieu et stratégies paysannes sous les tropiques humides,
CIRAD, France, 148-161 pp.
LAVIGNE Delville, Ph., CAMPHUIS, N., 1997. Aménager les
bas-fonds dans les pays du sahel. Guide d'appuis à la maitrise d'ouvrage
locale. Coopération française, CTA, GRET, 530 p.
NANKO, G.L., MAH MAH, S., 2004. Evaluation des
opportunités et contraintes au développement de la partie
Camerounaise du bassin du Niger, s/c ERE développement, BP. 11 487,
Yaoundé, Cameroun, 228p.
PDOB (Programme de Développement de l'Ouest
Bénoué), 2007. Plan d'aménagement de la commune de Ngong,
volume 1. MEADEN, Garoua, Cameroun, 84p.
PPA (Projet Promotion d'Elevage dans l'Atacora), 2000. Comment
valoriser 17 ans d'expériences ? Documentation d'un processus de gestion
de savoir, Gtz Natitingou, Natitingou, BENIN, 5p.
PICARD, J., 1999. Espaces et pratiques paysannes. Les
relations élevage-agriculture dans deux terroirs cotonniers du
Nord-Cameroun. Tome 1&2. Thèse de Doctorat de L'université de
PARIS X-NANTERRE 200, France, 500p.
PINCHEMEL, Ph., PINCHEMEL, G., 1988. La face de la terre,
éléments de géographie. Armand colin, 75240 paris cedex
05, 519p.
RAUNET, M., 1985. Bas fonds et riziculture en Afrique, approche
structurale comparative, Agronomie Tropicale, 202p.
TCHOPSALA., DJOUMESSI, M., ABOUBAKAR, M., 2008. Gestion de
l'espace, des ressources naturelles et de l'environnement. Rapport
scientifique, Programme 1.3 ARDESAC, PRASAC-Garoua, Garoua, Cameroun, 25p.
TEYSSIER A., 2002 : Gestion des terroirs. In Mémento de
l'agronome [Cédérom], CIRADGRET. PP 223- 225.
TEYSSIER, A., OUSMAN H., SEIGNOBOS, C., 2002. Expériences
de médiation foncière dans le Nord-Cameroun.
Site web: http//
www.FAO.org/dorcep/005/Y8999T/y8999t0l.htm#fnb17,
15p.
TOILLIER, A., 2008. Une approche spatiale pour la prise en
compte des modes de gestion paysans des territoires ruraux dans
l'élaboration des dispositifs de conservation des forets. Projet de
thèse Doctorat, Institut National Agronomique de Paris-Grignon, Paris,
France., 8p.
VÉRON, F., Roque, O., 1997. La gestion de l'espace : un
lieu de dialogue entre environnement et société. Cemagref,
Division Agricultures et Milieux Montagnards (AMM), revue de géographie
alpine 1997 n° 3, 11p.
Site web :
-
www.iram-fr.org
: participation paysanne, gestion des ressources naturelles et
questions foncières ; Journées d'Etude iram
2003 - dossier préparatoire 3/7.
-
ftp://ftp.fao.org/FI/CDrom/FAOTraining/FAOTraining/General/x6707f/x6707f
08.htm
ANNEXE 1
FICHE D'IDENTIFICATION DES EXPLOITANTS ET LEURS
PARCELLES
Noms et
prénoms
|
Way point
|
Mode acquisition parcelle
|
Cult Prncp SS de
2007/2008
|
Cult Sec SS
2007/2008
|
Cult Princip
SP 2008/2009
|
Cult secon SP
2008/2009
|
type Engrais
|
type herbicide
|
Rdmtcult princ
07/2008
|
Rdmt
cult sec
07/2008
|
Propriétaire
|
Non prop
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ANNEXE 2 PROTOCOLE D'ETUDE DU FONCTIONNEMENT
HYDROLOGIQUE
DU BAS FOND DE LAINDE KAREWA
I MESURES DE DEBITS PAR METHODE DE MANNING STRICKLER 1.1
Identification des sections de mesure
> Localiser deux tronçons homogènes
à écoulement fluvial > Chercher la forme du
canal : rectangulaire ou trapézoïdale
> Mesurer les dimensions du canal : longueur,
largeur maximale du canal (profondeur
maximale d'écoulement dans le canal) ; schématiser
le canal
> Calculer le rayon hydraulique R du canal :
section d'écoulement/périmètre mouillé
> Avoir une idée de la pente du terrain
naturel
> Estimer toujours le coefficient n de Manning
Strickler par la situation du canal
Situation
|
n
|
- canaux nus
|
|
Section uniforme, alignement régulier, sans pierre
|
0,018
|
Petites variations de la section, avec peu des pierres
|
0,0225
|
Canaux irréguliers et alignement
|
0,0225-0,03
|
- Canaux avec végétation
|
|
Courtes herbes (50-150 mm)
|
0,03-0,06
|
Herbes moyennes (150 -250 mm)
|
0,03-0,085
|
Herbes hautes (250 -600 mm)
|
0,04-0,150
|
- canaux naturels
propre et rectiligne
|
0,025-003
|
sinueux avec des mares
|
0,033-0,040
|
Très mauvaises herbes , sinueux
|
0,075-0,15
|
- Etat des rives
|
Bon : Ks
|
Mauvais :Ks
|
Lit mineur seul en ligne droite, niveau d'eau maximum
|
35
|
30
|
Lit mineur avec méandres, quelques trous d'eau ou quelques
endroits peu profonds
|
40
|
20
|
Lit mineur avec méandre, avec des herbes et pierres
|
30
|
22
|
Lit majeur à écoulement lent sur fond d'herbe
|
|
|
Lit majeur très enherbé
|
10
|
7
|
Source : Fonteh et al (1996) ;
Lavigne Delville et al, (1997).
1.2 Prise de mesures
> Utiliser la règle ou une échelle pour
jauger le canal et avoir la hauteur d'eau
> Après chaque pluie, les mesures se font sur
deux heures du temps avec intervalle de 30 minutes : chercher la
pluviométrie correspondante du jours de mesure
> Lire et noter la hauteur correspondante, ainsi que
le Ks ou n
II- MESURE DU NIVEAU PIEZOMETRIQUE DE LA NAPPE DANS LES
PUITS
2.1 choix des unités de mesures
> Localiser trois à quatre puits suivant le
profile longitudinal du bas fond et deux à trois puits suivant le
transversal
> chercher la profondeur et la distance de chaque
puits à l'aide des enquêtes ou en mesurant avec le
décamètre en réalisant un fil à plomb
¾ nommer chaque puit pour l'identifier
> prendre les coordonnées GPS de chaque
puit
2.2 Déroulement des mesures
> les mesures se font 2 fois par mois (début et
fin du mois)
> fabriquer quatre fils à plomb à partir
des ficelles (plus grosse) de longueur 5 mètre chacun. La graduation
étant de 2 cm d'intervalle
> le principe est de chercher le plus faible contact
possible avec la surface libre de l'eau dans le puit
ANNEXE 3
ZONES CONFLICTUELLES DES PISTES À BETAIL DANS LA
PARTIE EXONDEE
Identifier d'abord les pistes actuellement
exploitées par les éleveurs et remplir le tableau lors du suivi
de l'itinéraire des pistes Tableau des zones conflictuelles de pistes
à bétail
Way
point de
la
parcelle
|
Longueur (m)
|
Largeur (m)
|
Types de
conflit
|
Causes du
conflit
|
Position des parcelles agricoles (retrait et
localisation)
|
Parcelle gauche de la piste
|
Parcelle droite de la piste
|
Nom &prén, sexe &
waypoint
|
Ethnie
|
Age
|
Nom, prén , sexe & waypoint
|
Ethnie
|
Age
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ANNEXE 4
Tableau: Nature des Exploitants et Parcelles
Conflictuelles le Long de La Piste à Bétail du village de
Laïndé Karéwa
Nom de l'Exploitant
|
Ethnie
|
Age
|
Position parcelle
|
longueur de la parcelle
|
largeur
de la piste
|
manifestation conflit
|
Causes conflits
|
Baba Mbaïlo
|
Mboum
|
plus de 50
|
gauche de la piste
|
48 m
|
30.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts des animaux sur parcelles en SP
|
Moussa dourou
|
Dourou
|
plus de 50
|
droite de la piste
|
99 m
|
30.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts des animaux sur parcelle en SP
|
Moussa dourou
|
Dourou
|
plus de 50
|
droite de la piste
|
66 m
|
30 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts des animaux sur parcelle en SP
|
Naïda pierre 1
|
Mboum
|
plus de 40
|
gauche de la piste
|
89 m
|
37.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites, dégâts sur parcelles en
SP
|
Naïda pierre 2
|
Mboum
|
plus de 40
|
gauche de la piste
|
75 m
|
31 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
en SP
|
Abdou bouba 1
|
Fadi
|
plus de 30
|
gauche de la piste
|
56 m
|
30.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts animaux sur parcelles en SP
|
Abdou bouba 2
|
Fadi
|
plus de 20
|
gauche de la piste
|
45 m
|
30.6 m
|
disputes
|
pénétration animale dans la parcelle
|
Paul gadala 1
|
Gadala
|
plus de 40
|
gauche de la piste
|
84 m
|
17 m
|
disputes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle
|
Paul gadala 2
|
Gadala
|
plus de 40
|
gauche de la piste
|
70 m
|
24 m
|
disputes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
|
Ngambay
|
Laka
|
plus de 30
|
gauche de la piste
|
69 m
|
47.6 m
|
disputes
|
désordre du troupeau
|
Mal Ousmanou
|
foulbé
|
plus de 35
|
gauche de la piste
|
88 m
|
29 m
|
disputes, plaintes
|
désordre du troupeau
|
Bassoro
|
Mboum
|
plus de 30
|
droite de la piste
|
50 m
|
30.6 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts animaux sur parcelles
|
Gaston rimkoto 3
|
Laka
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
85 m
|
29 m
|
disputes, plaintes
|
désordre du troupeau
|
Sadjo
|
Moundang
|
plus de
|
gauche de
|
153.2 m
|
36.6 m
|
disputes,
|
non respect
|
|
|
30
|
la piste
|
|
|
plaintes, bagarres
|
des limites et dégâts sur parcelles
|
Martin
|
Laka
|
plus de 40
|
gauche de la piste
|
60 m
|
35.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts animaux sur parcelle en SP
|
Yoro
|
Laka
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
92 m
|
36.6 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts animaux sur parcelles
|
Abraham "la famille" 1
|
Mboum
|
plus de 20
|
droite de la piste
|
30 m
|
36.6 m
|
disputes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
|
Achak ramo gaston
|
Moundang
|
plus de 20
|
droite de la piste
|
48 m
|
35.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts animaux sur parcelle en SP
|
Abraham "la famille" 3
|
Mboum
|
plus de 20
|
droite de la piste
|
97 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Youssoufa
|
Gadala
|
plus de 20
|
gauche de la piste
|
75 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Aïssatou
|
Lamé
|
plus de 30
|
gauche de la piste
|
50 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Dada Ndriam
|
Moufou
|
plus de 50
|
gauche de la piste
|
35 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Aïssatou
|
Lamé
|
plus e 30
|
gauche de la piste
|
50 m
|
50 m
|
disputes
|
désordre du troupeau
|
Vaïdjoua
|
Lamé
|
plus de 50
|
gauche de la piste
|
92 m
|
35.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle
|
Maoundé bernard 2
|
Mboum
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
45 m
|
35.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle en
SP
|
Beïdji paul 1
|
Laka
|
plus de 35
|
gauche de la piste
|
93 m
|
65.8 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts animaux sur parcelle en SP
|
Martine 1
|
Mboum
|
plus de 30
|
droite de la piste
|
65 m
|
65.8 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts animaux sur parcelle en SP
|
Beïdji paul 2
|
Laka
|
plus de 35
|
gauche de la piste
|
97.4 m
|
47.6 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts animaux sur parcelle en SP
|
Martine 2
|
Mboum
|
plus de 30
|
droite de la piste
|
66 m
|
47.6 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts animaux sur parcelle en Sp.
|
Sadjo
|
Moundang
|
plus de 30
|
droite de la piste
|
102 m
|
44 m
|
disputes, plaintes
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle
|
Ousmanou ladane
|
Moufou
|
plus de 65
|
gauche de la piste
|
307 m
|
63 m
|
disputes, plaintes,
|
dégâts animaux sur
|
|
|
|
|
|
|
bagarres
|
parcelle en SP
|
Mamouda
|
Mbororo
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
58.4 m
|
63 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Amadou guiziga
|
Guiziga
|
plus de 35
|
gauche de la piste
|
158 m
|
53 m
|
disputes, plaintes
|
dégâts sur parcelle lors de la sortie des animaux
du parque
|
Amadou guiziga
|
Guiziga
|
plus de 35
|
gauche de la piste
|
174 m
|
30 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts sur parcelle lors de la sortie des animaux
du parque
|
Ladane mbororo
|
Mbororo
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
60 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Handji
|
Mbororo
|
plus de 30
|
droite de la piste
|
89 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Abdou hamadou
|
Mbororo
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
67 m
|
30 m
|
pas de conflit
|
ras
|
zone du campement Mbororo
|
Mbororo
|
ras
|
droite de la piste
|
ras
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Vaïdjoua
|
Lamé
|
plus de 50
|
droite de la piste
|
122.5 m
|
37.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
en SP
|
Gaston rimkoto 2
|
Laka
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
71m
|
29 m
|
disputes
|
désordre du troupeau
|
Gaston rimkoto 1
|
Laka
|
plus de 35
|
droite de la piste
|
122.5 m
|
17 m
|
disputes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
|
Pas d'exploitant
|
ras
|
ras
|
gauche de la piste
|
107 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
pas d'exploitant
|
ras
|
ras
|
droite de la piste
|
92 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
pas d'exploitant
|
ras
|
ras
|
droite de la piste
|
111 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Abraham "la famille" 2
|
Mboum
|
plus de 20
|
droite de la piste
|
32.7 m
|
36.6 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
en SP
|
pas d'exploitant
|
ras
|
ras
|
droite de la piste
|
125 m
|
45 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Maoundé bernard
|
Mboum
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
45.5 m
|
35.6 m
|
disputes, plaintes
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle
|
pas d'exploitant
|
ras
|
ras
|
gauche de la piste
|
88.2 m
|
50 m
|
pas de conflit
|
ras
|
Ambété garga
|
Mofou
|
plus de 50
|
gauche de la piste
|
65 m
|
30 m
|
disputes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelles
en SP et SS
|
Bouba mafa
|
Mafa
|
plus de
|
gauche de
|
43 m
|
10 m
|
disputes,
|
non respect
|
|
|
30
|
la piste
|
|
|
bagarres
|
des limites et dégâts sur parcelles en SP et SS
|
Djaworo Hamidou
|
Mofou
|
plus de 40
|
gauche de la piste
|
100 m
|
35 m
|
disputes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle en
SP et SS
|
Moussa Dourou
|
Dourou
|
plus de 50
|
droite de la piste
|
50 m
|
30 m
|
disputes, plaintes
|
non respect des limites et dégâts animaux sur
parcelles en S
|
Baba Kaoussi
|
Dourou
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
90 m
|
35 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
non respect des limites et dégâts sur parcelle en
SP et SS
|
Djaoro Hamidou
|
Mofou
|
plus de 40
|
droite de la piste
|
100 m
|
10 m
|
disputes, plaintes, bagarres
|
dégâts lors du pâturage et
abreuvement
|
parcelle inexploitée
|
ras
|
ras
|
gauche de la piste
|
100 m
|
35.6 m
|
pas de conflit
|
ras
|
|