I-2- Les
procédés stylistiques
Il n'existe pas une manière figée ou
étalon de dire les contes. Chaque conteur peut selon sa fantaisie faire
appel aux procédés stylistiques de son choix. Néanmoins,
les contes négro-africains se caractérisent par trois
procédés stylistiques récurrents : le discours
direct, l'usage du proverbe et l'anthropomorphisation.
I-2-1- Le discours direct ou
style direct ou conversationnel.
L'univers du conte négro-africain proscrit
systématiquement l'emploi de la première personne du singulier ou
du pluriel. C'est sans doute pourquoi quoique omniscient et omniprésent,
le narrateur ne se met pas directement en scène. Il raconte toujours ce
qui est arrivé aux autres et dont il était le seul témoin
oculaire. Son discours est en permanence un discours à la
troisième personne où il se contente d'imiter tous les
protagonistes à travers un discours direct.
D'une manière générale le discours direct
est la transcription des propos ou des pensées tels qu'ils sont
censés avoir été exprimés par un personnage. Dans
un texte narratif il se caractérise par deux points
précédés par un verbe introducteur qui peut être une
déclaration, une interrogation, une réponse, un ordre. Il se
traduit également par les guillemets et par le retour à la ligne
avec des répliques précédées par les tirets qui
traduisent le passage d'un personnage à un autre. Il s'en suit donc dans
les contes que le style direct est marqué par des séquences
dialoguées qui reflètent parfois le parler quotidien. C'est
précisément ce parler quotidien que tous les contes subsahariens
ou presque essayent de reproduire. Quelques extraits ou fragments viennent
à point nommé. Notamment ceux des contes subsahariens
suivants : numéros 9,10,12,13,14, 15, 16, 17, 18 ,19, 20, 21, 24,
26 , 29.
Conte n°9 "Le prince"
Un jour, le prince fait une mauvaise chasse et ne rapporte
même pas un oiseau. Il revient s'asseoir et regarde ses petits
animaux ; il ne sait que faire ni où trouver à leur donner
à manger. Ce jour-là, le petit charognard dit à ses
compagnons : « Aujourd'hui, notre tuteur a le coeur triste car
il n'a rien pour nous, mais je vais l'aider. » Il part dire au
prince : « Aujourd'hui, je vais t'aider, je vais te conduire
chez moi, dans mon village » Le prince est d'accord et va avertir sa
mère qui lui dit :" Qu'est-ce que j'ai à voir avec tes
promenades inutiles ?
Conte n°10 " Le cultivateur, sa femme et les
génies"
Quelques temps après, le mari revient et voit sa
cour remplie de génies. Pris de peur, il ne s'approche pas. Il reste
à distance et demande à sa femme : « Pourquoi ces
génies sont-ils dans la cour ? ». La femme
répond : « Le plus petit est venu chercher du feu et je
lui ai demandé de s'asseoir, lui disant qu'après ton retour,
j'allais le raser. Les autres sont ensuite arrivés un à un en lui
demandant : « Tu es venu t'asseoir, tu es venu t'asseoir ?
Conte n° 12 " La jeune fille et le
lion"
Chaque jour les choses se passaient ainsi, et la fille
n'osait rien dire à ses parents. Un jour elle se décida à
en parler à ses parents : « Papa, chaque fois que je vais
au champ un lion vient me provoquer pour me manger, je chante pour lui en
disant que mon père va le tuer, alors il prend peur et s'enfuie.
Le papa répondit à sa fille :
« Ne t'inquiète pas, demain nous irons ensemble aux champs
et ce vieux lion je vais le tuer. S'il vient te saluer ne prend même pas
la peine de répondre.
Conte n°13 "le lièvre et
l'hyène"
Pendant qu'ils partaient chercher des termites, ils
trouvèrent un trou à ouverture étroite. Le
lièvre dit : « Hyène, vient voir ce
petit trou en cas de danger, Hyène, tu y entreras
aisément ».
L'hyène dit : « Compère
lièvre avec tes gros yeux-là, avec tes longues oreilles-là
si tu ne les mets pas ailleurs, quel danger peut me menacer, moi
l'hyène, avec tes propos insolents-là »
Le lièvre dit :
« Hyène, allons chercher nos termites je n'aime pas les
longues discussions »
Conte n°14 "L'ingratitude"
"Les animaux sortis du puits conseillent alors notre
promeneur : « attention, surtout ne laisse pas cet homme sortir
du puits ! » Mais notre homme réplique :
« Comment çà ? Je vous ai aidés à
sortir, et je n'abandonnerai pas mon semblable au fond de ce
puits ! ». Et il aide l'homme à sortir du puits.
Conte n°15 "La femme de Mesha'atsang"
Il partit un jour à la pêche et trouva sur sa
route une vieille femme. Mère, dit-il, donne-moi ton fagot de
bois, je t'accompagne à la maison. Il prit le fagot de bois, le
porta sur la tête et accompagna la vieille chez elle. Fils, lui
dit-elle, où vas-tu ?
- A la pêche, répondit Mesha'atsang
- Où ? A la rivière. Non, lui dit-elle,
ne part pas à la rivière, va plutôt où
j'étais chercher le bois ; il y a deux mares : l'une claire,
l'autre sale. Ne jette pas ta ligne dans celle qui est claire, jette la
plutôt dans la mare boueuse.
- Conte n° 16 "Le fils de Nkan"
Le petit esclave lui dit :
- Maître, voilà qu'on t'appelle
- Ah non ! Cesse de dire des folies
Il lui coupa une oreille et la mit dans son sac.
Conte n°17 "Les épouses de
Kalak"
La deuxième marmite fut remplie de larmes jusqu'aux
bords. Voyant cela, les gens dirent : « C'est donc
ainsi ? » Kanak revint à la vie et dit à sa
première femme : « C'est donc ainsi ? Si je
meurs tu regagnes ton village natal ? Fais donc tes bagages et rentre tout
de suite » Gang fit ses bagages et rentra à
Bepei.
Conte n° 18 "Mesut-le-lièvre épouse
la fille du roi"
Le roi rassembla tous ses enfants et toutes ses
femmes et les informa de cette décision :
- Je vous ai réunis pour vous dire que je vais
marier Ntùtùere, ma première file ici présente,
vendredi de la semaine prochaine. Son mari cumulera en lui d'étonnantes
qualités : le courage, l'intelligence et une force
d'athlète.
- Décidément Sire, fit la favorite, vous
n'arrêtez jamais de nous surprendre. Avez-vous déjà choisi
l'homme avec qui elle convolera en justes noces ?
- Pas encore, mais ne vous souciez guère. Vendredi
prochain, tout ira comme sur des roulettes.
- Et comment ? interrogea la femme.
- J'organiserai une compétition qui comportera
plusieurs épreuves ardues. Celui qui en sortira victorieux
épousera Ntùtùère. Que tout le royaume soit donc
informé, et tous les hommes, jeunes ou vieux, accourent ici vendredi
prochain pour tenter leur chance."
Conte n° 19 "Mesut-le-Lièvre sauve un
chasseur".
Une fois revenu au lieu de départ, Mesùt
demanda au crocodile :
- Est-ce que ce chasseur t'a trouvé ?
- C'est ici qu'il m'a trouvé, fit naïvement le
crocodile. Et je l'ai supplié de nous venir en aide, mes enfants et
moi.
- Ah bon ! C'est donc ici, à cet endroit
desséché !
- Oui Tita Mesùt, répondit le
caïman.
- Qu'es-tu donc venu chercher ici demanda Tita
Mesùut au chasseur ?
- Je me rendais à la chasse.
- Et qu'allais-tu chercher ?
- Du gibier.
- Oh ! Mon brave homme, je suis étonné
que tu fasses du mouron. Qu'as-tu devant toi ? L'homme est la seule
créature à pouvoir accéder à la réflexion,
et vous voulez vous en laisser accroire par une bête, fut-elle
gigantesque ?
Conte n° 20 "La destitution de Memvù- le
chien"
Puis il sortit de son sac un paquet de crabes
grillés et un os qu'il se mit à croquer délicatement. A la
vue de cet appât, Memvù-le chien perdit l'esprit.
- D'où vient cette odeur appétissante ?
S'exhalerait-elle de ton sac, Mesùt ?
Mesùt, qui savait que Memvù est un goinfre,
lança devant sa Majesté un crabe et un os. Le roi fit un grand
bon en avant et se précipita sur ces restes. Il ne se doutait pas que
son attitude remplirait toute la cour de stupeur.
- Non ! Criaient les bêtes consternées
par ce spectacle déshonorant, un roi ne doit pas avoir le museau
léger ! C'est très ridicule ! Nous ne méritons
point un tel roi ! "
Conte n° 21 "La dette de Kimanga la
Tortue"
Une nuit dame Kimanga fit cette remarque à son
mari :
- A cette allure nous allons tous crever avant les
premières pluies. Il nous faut quelque chose à manger.
Trouve-nous un peu d'argent.
- Quoi ? Es-tu folle ?
- Un peu d'argent nous permettra de survivre pendant
quelque temps.
- Mais où allons nous trouver l'argent dont tu
parles ?
- Ecoute. Ton ami kùpù-le cochon est bien
fortuné ! Il a toujours sa bourse pleine. Pourquoi ne pas lui
demander de nous prêter une petite somme que nous lui rembourserons
après l'arrivée des premières pluies. Nous aurons alors
récolté nos ignames et leur vente nous permettra de lui
rembourser son dû.
- Voilà une idée bien
géniale.
Conte n° 24 "Pourquoi y a -t-il tant d'idiots de
par le monde ? "
Un jour, trois idiots qu'on avait chassés pour leur
bêtise se retrouvèrent à une croisée de chemins et
se dirent :
« Peut-être arriverons-nous à
quelque chose d'utile en réunissant l'intelligence de trois têtes
stupides. »
Et ils poursuivirent leur chemin ensemble. Peu de temps
après, ils arrivèrent devant une cabane d'où
sortit le vieil homme.
« Où allez-vous ? »
demanda celui-ci.
Les idiots haussèrent les
épaules :
« Là où nous porteront nos jambes.
On nous a chassés de chez nous pour notre bêtise »
Le vieux répliqua :
« Alors, entrez. Je vais vous mettre à
l'épreuve »
Conte n°26 "Les trois antilopes"
Voilà qu'un homme suivi de son fils arriva à
la fontaine, et nos antilopes recommencèrent à se
plaindre : « Nous ne voulons pas
d'homme ! » L'homme dresse
l'oreille : « Quelles sont ces
voix ? » . Mais le jeune homme, assoiffé, but
à la fontaine sans plus attendre. Aussitôt, il se
transforma en antilope sous le regard médusé de son père.
Celui-ci comprit, cependant, ce qui venait d'arriver ; il
soupira : « Hélas, mon fils. Si tu rencontres
les hommes, enfuis-toi. Si tu croises les éléphants, sauve-toi.
Mais si tu aperçois les antilopes, joins-toi à
elles ». Sur ces paroles, il s'en alla.
Conte n°28 "Le prince de la pluie"
Anga grouille de jeunes gens. Mais aucun d'eux n'est
entièrement pur de corps et d'esprit.
- J'en connais bien un, dit un gentil conseiller en se
caressant la barbe. C'était un homme qui était originaire du
même village que le père de Devi et connaissait son histoire et
celle de son fils. Il la raconta au roi et aux autres conseillers.
- Je crains cependant que le père n'accepte jamais
que nous ramenions son fils à Anga, dit-il,
découragé.
Il réfléchit un instant. Soudain, son visage
s'éclaira.
- Je connais le moyen de faire venir ce jeune homme
à Anga, dit-il en riant. Avez-vous donc oublié que j'ai une
fille ? Elle est la plus belle du pays et, en plus, elle est
intelligente. Si je lui explique l'affaire, elle fera de son mieux et je ne
doute pas un instant qu'elle ne parvienne à persuader ce jeune
garçon de l'accompagner.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le roi parla
immédiatement à sa fille qui trouva très amusant
l'idée de séduire un gentil garçon avec l'accord de son
père.
- Est-il très beau ? Demanda-t-elle avec
curiosité.
- Tu le verras toi-même, répondit le roi avec
impatience. Tu n'as pas à l'épouser de toute
façon.
La princesse préféra ne pas répondre
et commença immédiatement à préparer ses valises
pour ce long voyage.
Conte n° 29 "Les trois Soeurs et
Itrimoubé"
Elles appelèrent Ifara et lui dirent de
s'habiller pour sortir avec elles. La première personne qu'elles
rencontrèrent fut une vieille femme.
- Oh ! Bonne mère, crièrent les deux
soeurs, quelle est la plus jolie de nous trois ?
La vieille répondit : « Ramatoua
n'est pas mal, Raïvou non plus, mais c'est Ifara qui est la plus
belle ».
Alors Ramatoua enleva à sa jeune soeur sa robe de
dessus. Elles rencontrèrent un vieillard et lui dirent :
- Oh ! Bonhomme, quelle est la plus jolie de nous
trois ?
Le vieillard fit la même réponse que la
vieille femme, et Raïvou dépouilla Ifara de sa robe de
dessous.
Ensuite elles rencontrèrent Itrimoubé, un
monstre moitié homme, moitié taureau, avec une longue queue
pointue.
- Voici Itrimoubé, dirent les deux soeurs, et elles
lui crièrent : « Itrimoubé, quelle est la plus
jolie de nous trois ? Itrimoubé poussa un grognement et
répondit : « ça n'est pas difficile à dire,
c'est Ifara ».
En somme, nous pouvons dire que presque tous les contes
subsahariens comportent des parties dialoguées. Nous nous proposons
à présent de voir si les contes Egyptiens présentent aussi
des dialogues.
Les extraits de conte qui vont suivre nous donne force de
confirmer que pareillement aux contes subsahariens, les dialogues
parsèment les contes Egyptiens.
Conte n° 1 "La légende des deux
frères "
Le cadet lui dit : « Debout !
Donne moi les semences, que je les rapporte aux champs en courant, car mon
frère aîné m'a dit en m'envoyant : point de
paresse ! » Sans se déranger, la femme
lui dit : « Va, ouvre la bûche de terre battue et
emporte ce qu'il te plaira, mais je ne veux pas interrompre ma coiffure pour te
servir » Le garçon pénétra dans
l'étable, choisit une énorme jarre (car son intention
était de prendre beaucoup de grains), la remplit de blé et d'orge
et sortit, ployant sous le faix. Elle lui dit « Ton
épaule est bien chargée. Quelle quantité as-tu
prise. Il répondit : « Orge :
trois mesures ; froment : deux mesures. Total : Cinq.
Voilà ce que supporte mon épaule ». Elle
reprit : « Tu as bien du courage, chaque jour je
constate que tu deviens de plus en plus fort » Elle le
regardait en l'admirant. Soudain, elle se leva et lui dit :
« Tu es plus fort que ton frère aîné.
J'aurais dû t'épouser
Conte n° 3 "Le duel de Vérité et de
Mensonge"
Il aperçut le boeuf laissé par l'adolescent,
un boeuf très, très beau d'apparence, et dit à son
berger : « Que l'on me donne ce boeuf afin que je
le mange ! »
Mais le berger lui dit : « Il n'est
pas à moi, je ne saurais donc te le donner ». Alors
Mensonge lui dit : « Vois, tous mes boeufs,
ils sont tous en ta possession, donne l'un d'eux au propriétaire de
celui-là ». Le jeune homme entendit que Mensonge
s'était emparé boeuf. Il vint aussitôt à
l'endroit où se tenait le berger et lui dit de son:
« Où est mon boeuf ? Je ne le vois plus au milieu des
tiens » le berger répondit :
« Tous les boeufs, tous sont pour toi, emmène celui que tu
désires » Le jeune homme dit :
« Existe-il un boeuf aussi grand que le mien ? Quand il se
tenait debout dans l'ïle d'Amon, la touffe de sa queue reposait parmi les
papyrus, tandis que l'une de ses cornes était sur la colline de
l'occident, l'autre sur la colline de l'orient, le Nil en sa crue étant
la place de son repos, et soixante veaux étaient mis au monde pour lui
quotidiennement ». Le berger lui dit : « Est-il un
boeuf aussi grand que celui dont tu parles ?
Conte n° 4 "L'amitié des deux
chacals"
Le lion fort surpris ne put s'empêcher de leur
demander :
- Eh bien, pourriez-vous m'expliquer par quel prodige vous
ne vous êtes pas enfui à mon approche ? Etes-vous
inconscients ? Ne voyez-vous pas que je suis affamé et à la
recherche de nourriture ?
L'un des deux chacals prit la parole et dit :
- Pour sûr, Ô Seigneur ! Nous sommes
forts conscients de cet état de fait. Nous avons vu que tu étais
en chasse et que tu allais te jeter sur nous et nous dévorer. Nous avons
cependant décidé de ne pas fuir. Quoi que nous fassions, aussi
vite que nous puissions courir, tu nous rattraperais. Nous avons donc
décidée de ne pas fuir. Nous préférons que tu ne
sois pas épuisé au moment où tu décideras de nous
dévorer. Nous préférons mourir rapidement et non souffrir
par une mort lente.
Conte n° 5 "La femme adultère"
Des jours après cela, comme il y avait un pavillon
de plaisance dans le jardin d'Oubaoner, le vilain dit à
l'épouse de celui-ci : « N'y a-t-il pas un
pavillon ? Allons donc y passer un moment ». La femme
parla donc à l'intendant qui était chargé de l'entretien
du jardin : « Fais préparer le pavillon de
plaisance » Puis elle s'y rendit et y passa le jour à
boire...l'homme vil descendit dans l'étang.
Conte n° 6 "La boucle de la rameuse"
Sa Majesté dit : « Pourquoi
ne ramez-vous plus ? » Elles
répondirent : « C'est que notre commandant s'est
arrêtée ». Sa Majesté dit alors à
celle-ci : « Pourquoi ne veux-tu plus
ramer ? » Elle répondit :
« Ma boucle d'oreille faite de turquoise neuve est tombée
dans l'eau »
Sa majesté : « Je te la
remplacerai »
La jeune fille : « C'est celle-ci
que j'aime et non sa semblable »
Sa Majesté dit alors :
« Que l'on amène jusqu'à moi le prêtre
lecteur en chef Djadjaemankh, mon frère, j'ai agi conformément
à ce que tu m'as dit, et le coeur de ma Majesté s'est diverti
à contempler ces rameuses. Mais la boucle d'oreille, faite de turquoise
neuve appartenant au commandant est tombée dans l'eau ; celle-ci
s'est arrêtée, ne voulant plus ramer. Le trouble a gagné
ses compagnes de rang. Je lui ai dit : « Pourquoi ne veux-tu
plus ramer ?
Conte n° 8 "Le prince
prédestiné"
Ils lui dirent en manière de
conversation :
« D'où viens-tu, bon jeune
homme ? Il leur dit :
« Moi, je suis fils d'un soldat des chars du
pays d'Egypte. Ma mère mourut, mon père prit une autre femme.
Quand survinrent les enfants, elle se mit à me haïr, et je me suis
enfui devant elle ».
Ils le serrèrent dans leurs bras, ils le couvrirent
de baisers. Or, après que beaucoup de jours eurent passé
là-dessus, il dit aux princes :
« Que faites-vous donc
ici ? » Ils lui dirent :
« Nous passons notre temps à faire
ceci : Nous nous envolons et celui qui atteindra la fenêtre de la
fille du prince de Naharinna, on la lui donnera pour femme ». Il
leur dit : « S'il vous plait, je conjurerai mes jambes et
j'irai m'envoler avec vous ».
Nous pouvons dire au regard de ce qui précède
que les dialogues qui entrecoupent les contes de notre corpus font que
l'univers fictif, merveilleux et fantastique de ces derniers se rapproche de
plus en plus du vécu quotidien des hommes. Outre ce style direct, les
contes laissent apercevoir les proverbes.
|