I-1-3 - Les
répétitions
Faut-il le rappeler, le conte est un genre narratif oral qui
exige nécessairement la présence d'un orateur et d'un auditoire.
Cette situation oblige par moment l'orateur à se répéter
afin que ceux des auditeurs qui étaient distraits puissent se rattraper.
Six contes subsahariens sont riches en répétitions.
Conte n°10 "Le cultivateur, sa femme et les
génies"
Dans ce conte, un vieux génie envoie son plus jeune
fils chercher du feu chez une femme. Le jeune fils tarde à revenir,
inquiet, le père envoit l'aîné s'enquérir de la
situation, ce dernier trouve son petit frère assis et l'interroge :
« Kunkelen, le vieux t'a envoyé chercher du feu et tu es
venu t'asseoir ? ». Le jeune tente de se disculper en
répondant « C'est cette femme bavarde qui veut me
raser ». Et le grand frère de réagir :
« Elle va me raser aussi ». Cette même
question est posée successivement par le fils cadet et le vieux
génie et à chaque fois nous avons la même réponse.
« C'est cette femme bavarde qui veut me raser » et
la même réaction « Elle va me raser
aussi ». Dans le conte n°14
"L'ingratitude" nous avons deux séquences de
répétitions qui reviennent en trois temps. Nous avons dans un
premier temps la répétition de la question.
« N'est-ce pas toi qui nous a aidés à sortir du
puis l'autre jour ? » Cette question est posée
successivement par le singe, le lion et le serpent. A chaque fois l'homme
répond « C'est bien moi ! » A la
deuxième séquence nous avons la répétition en trois
temps de la phrase : « Chez nous un serpent ne peut pas nous
faire de mal. S'il mord l'un d'entre nous, notre médicament le
protègera ou le ressuscitera ». Au conte n° 16
"Le fils de Nkan " nous avons comme dans les deux contes
précédents la répétition en trois temps de cette
réplique de Nkan.
"Apporte-moi l'enfant !
Sur le bras, sur le bras ;
Que je l'asseye sur le tabouret lè dok,
Et lui applique les cornes sur la cuisse lè
tok
Dzail !
Quant au conte n° 24"pourquoi- y a-t-il tant
d'idiots de part le monde ? " Nous relevons la
répétition de « Tiens, je n' y ai pas
pensé » par les trois idiots.
Dans le conte n°29 "Les trois soeurs et
Itrimoubé", nous avons comme dans le conte n° 14 une
double répétition. Dans le premier cas nous pouvons relever dans
le récit : "Il sortit et huma l'air vers le nord :
rien ; il huma l'air vers l'est rien, vers l'ouest rien ; il huma
l'air enfin vers le sud : Ah ! Cette fois, je la tiens ! ".
Les répétitions de « huma l'air vers »
(3 fois) et de « rien » (3 fois). Nous avons ensuite cette
phrase « Maintenant, je t'aurai », que
Itrimoubé répète trois fois.
Le dernier conte "L'histoire de Raboutity"
comporte une double répétition. Il s'agit de la
répétition de « Il n'y rien de plus fort que
........... » qui apparaît onze fois et la
répétition de « C'est vraie, je suis fort
(e)... » qui revient treize fois.
Parallèlement aux contes Subsahariens, les contes
Egyptiens comportent des répétitions. Ce sont notamment les
contes n°1, n°3, n° 4 et n°8
Dans le premier "La légende des deux
frères" nous avons la répétition en trois temps
de "tu savais bien... »
Quant au second, conte n°3 "Le duel de
vérité et de mensonge", on peut relever la
répétition de « Après de nombreux
jours » qui revient quatre fois. Dans le conte n°4
"L'amitié des deux chacals" nous avons
"Ensemble" qui revient quatre fois.
Le dernier conte Egyptien "Le prince
prédestiné" comporte la répétition
de : « Après que les jours eurent passé
là-dessus » qui apparaît sept fois dans le
conte.
Au total, les contes subsahariens et Egyptiens contiennent des
répétitions. Ces répétitions que tolère.
L'oralité permet également aux auditeurs, surtout les jeunes
à retenir ou à mémoriser facilement le conte. Outre cette
valeur mnémotechnique, les répétitions ont une valeur
comique. Il est comique que le vieux génie et ses enfants
répondent « Elle va me raser aussi ». Outre
les répétitions, le conteur peut réveiller et divertir
l'auditoire avec les chants
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