CHAPITRE I : LA
MANIFESTATION ET LES PROCEDES STYLISTIQUES
I-1 La manifestation
Notre souci dans ce chapitre inaugural est d'examiner
comparativement les contes Egyptiens anciens et les contes de l'Afrique
Subsaharienne sur le plan de la manifestation et des procédés
stylistiques. Etudier la manifestation dans un texte narratif c'est
procéder à l'étude des structures superficielles qui
jonchent le récit. Il s'agira des formules, des chants et des
répétitions. Les figures de styles qu'affectionnent les conteurs
négro-africains sont plurielles, nous nous limiterons aux plus
fréquents à savoir : l'usage des proverbes, le discours
indirect, l'anthropomorphisation.
Le but escompté dans ce chapitre est de ressortir sur
ce double plan les convergences et les divergences qui existeraient dans ces
contes respectifs. Toutefois, avant d'entreprendre l'analyse de la
manifestation proprement dit, il serait judicieux que nous nous attardions sur
les titres.
La structure tripartite du conte est légèrement
modifiée lors de son passage de l'oralité à
l'écriture. A l'écrit les contes ont en plus des trois parties
reconnues, une quatrième partie appelée titre.
I-1-1 Les titres
Le mot titre est plurivoque, il peut être un mot, une
expression, une phrase, etc....servant à désigner un
écrit, une de ses parties, une oeuvre littéraire ou artistique,
une émission, etc ; à en donner le sujet. Il peut
désigner la subdivision du livre employée dans les recueils de
lois, les ouvrages juridiques. Dans la presse il renvoie à un texte en
gros caractères qui coiffe un article et en annonce le sujet. Il peut
aussi être la dénomination d'une dignité, d'une charge,
d'une fonction souvent élevée ou la qualité de vainqueur
ou de champion dans une compétition sportive. Des définitions qui
précèdent, seule la première nous est avantageuse parce
qu'elle convient à notre étude.
Les titres de contes négro-africains sont pour la
plupart des phrases non verbales ou nominales dans lesquelles on note l'absence
de verbes conjugués. Elles sont généralement construites
autour d'un nom qui, en l'absence du verbe, devient le socle de la phrase.
Des contes de l'Afrique subsaharienne de notre corpus, 16
obéissent à cette logique. Ce sont les contes :
n°9 "Le prince"
n°10 "Le cultivateur, sa femme et les
génies"
n°11 "Les coépouses "
n°12 " La jeune fille et le lion"
n°13 "Le lièvre et
l'hyène
n°14 "L'ingratitude"
n° 15 "La femme de
Mesha'atshang "
n° 16 "Le fils de Nkan"
n° 17 "Les épouses de Kalak"
n°20 "La destitution de Memvü- le
chien.
n° 21 "La dette de kimanga- la
tortue"
n° 22 "L'origine du divorce"
n° 26 "Les trois antilopes"
n°28 " Le prince de la pluie"
n° 29 "Les trois soeurs et
Itrimoubé"
n° 30 L'histoire de Raboutity
A l'instar des titres qui précèdent tous les
titres de contes Egyptiens de notre corpus sont des phrases simples ou
nominales.
Conte n° 1 "La légende des deux
frères"
Conte n° 2 " Le conte de
Rhampsinité"
Conte n° 3 "Le duel de vérité et de
mensonge"
Conte n° 4 " L'amitié des deux
chacals"
Conte n° 5 "La femme adultère"
Conte n° 6 "La boucle de la rameuse"
Conte n° 7 " Le pharaon et le
tisserand"
Conte n° 8 "Le prince
prédestiné"
Un coup d'oeil global sur les 30 contes qui constituent notre
corpus nous permet de constater que certains titres sont des titres
introductifs. Ils dévoilent de manière flagrante le contenu du
conte. Appartiennent à cette catégorie les contes n°
5 "la femme adultère",
n° 14 "l'ingratitude" ,
n ° 23 "Et le ciel recula" ,
n° 24 "Pourquoi y'a-t-il tant d'idiots dans le
monde ?. n° 27 "Comment le tambour
est arrivé sur terre ". Ces titres lèvent un pan de
voile sur le contenu des contes. Tous donnent un aperçu de l'objet du
récit. A titre d'illustration, le n°5 préfigure l'histoire
d'une femme qui a eu des rapports sexuels avec au moins un homme autre que son
mari. Le n°14 sera sans doute un récit où un ou plusieurs
personnages méconnaîtrons les bienfaits reçus et
n'exprimeront pas leur gratitude à l'endroit de leur bienfaiteur. Le
n°23 tentera de nous expliquer pourquoi le ciel est reculé de la
terre et le n°27 dévoile les causes de l'idiotie dans le monde.
Au rebours de ces titres introductifs, les autres titres ne
nous plongent aucunement dans le contenu du conte. Il faut par
conséquence s'armer de patience et avoir véritablement un pied
dans le récit pour comprendre la connexité qui existe entre le
titre et le contenu du conte. Les conteurs négro-africains entament
généralement leur récit par des formules.
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