4.1.4. Les indicateurs de risques diarrhéiques
4.1.4.1. Le volume moyen d'eau consommé et les
niveaux de risques sanitaires
Selon les relevés de consommation du quartier
Gamkallé fournis par la SEEN et vérifiés par nos
enquêtes de terrain (tableau 3 du chapitre III), la population de ce
quartier vit un niveau de risque sanitaire élevé. En effet,
d'après les études de Howard G. & Bartram J.,
réalisées en 2003 et dont les résultats sont
rassemblés dans le tableau 6, un volume inférieur à 20l
par jour et par personne ne permet pas à l'individu d'assurer
l'hygiène corporelle. Cependant, nous considérons que consommer
un volume entre 23 et 28l dans un pays chaud et plus précisément
dans un quartier insalubre comme Gamkallé, peut ramener l'individu
à une situation d'accès basique c'est-à-dire un niveau de
consommation inférieur à 20l/jr/personne.
En conséquence, nos enquêtes de terrain ont
révélé de nombreux cas de maladies de la peau : les
dermatoses 15% ; et d'yeux : la conjonctivite 10%. Ces maladies sont
liées à une insuffisance d'eau pour l'hygiène
corporelle.
Volume d'eau consommée par personne et par jour
|
Couverture des besoins
|
Risques sanitaires
|
Pas d'accès (<5 litres)
|
Insuffisant pour la consommation Pas de pratique
d'hygiène
|
Très élevé
|
Accès basique (< 20 litre)
|
Consommation assurée
Besoins minimums couverts Bains : ressources
insuffisantes
|
Elevé
|
Accès immédiat (50 litres)
|
Consommation assurée
Hygiène : besoins basiques assurés Bain et lavage
possibles
|
Faible
|
Accès optimal (> 100 litres)
|
Tous les besoins sont couverts
|
Très faible
|
Tab 6 Accès à l'eau potable et impact
sanitaire (Source: HOWARD G. & BARTRAM J., (2003)
4.1.4.2. Les risques liés aux modes de gestion
de l'eau
4.1.4.2.1 La collecte et le transport de
l'eau
La manipulation et le parcours de l'eau après le
robinet ont un impact considérable sur sa
potabilité. Nos observations de terrain ont montré que, mis
à part les garçons qui pre mes de ménages
nnent l'eau avec les bidons de 20l, en moyenne 9 filles
et fem
sur 10 prennent
l'eau à la borne fontaine avec des
récipients non couverts. Ces sont en général des
sc
eaux en plastique qui sont utilisés pour collecter
l'eau aux bornes fontaines (confère
photo5).
Photo 5 : vue d
es récipients utilisés par les
ménagères pour collecter de l'eau
potable à la borne fontaine
A cela s'ajo utent les situations de contact s
permanents des mains sales avec l'eau, tels que les transvasements de
l'eau d'un récipient à un autre et des lavages
inappropriés de
ces récipients. Ces récipients
dépourvus d'anses sont hissés sur la tête
de sorte que les doigts peuvent souiller l'eau. Cette pratique peut contribuer
à une contamination d'origine fécale lorsqu'on
sait que dans plus de la moitié des ménages
(55%) le lavage des mains avec du savon après les selles n'est pas
observé. Enfin, la vidange non complète des futs
métalliques utilisés(pourtant interdit depuis 2006) par
certains
Garoua, peut favoriser les oxydoréductions et
d'autres réactions chimiques susceptibles de nuire
à la santé humaine.
4.1.4.2.2 Les modes de conservation de l'eau de
boisson
Les ménages de Gamkallé
que nous avons interrogés procèdent
à un stockage de
l'ea
u de boisson pendant un temps durant la
consommation.
La préservation de la potabilité de
l'eau ou la dégradation de sa qualité dépendent
en grande partie de ses modes et temps de stockage. En effet,
le produit chlore ajouté à l 'eau au bout de son
traitement a
pour fonction de conserver la qualité potable
de tact
cette eau. Or cet élément se dégage
en con de l'air faisant ainsi perdre à l'eau,
non seulement sa potabilité, mais cette eau devient du
coup un milieu favorable de culture microbienne. Certains barriques en
plastique et des jarres que nous avons observé ne sont pas couverts et
la petite cuvette (gobelet) utilisée pour prendre l'eau de boisson n'est
pas rangée à l'abri de la saleté (déposé sur
la natte, sur un siège ou autres). Il arrive, et c'est le cas le plus
observé, que les ménagères ne font pas de sérieuses
différences entre les récipients servant à stocker l'eau
de boisson et ceux servant à d'autres usages. Ces pratiques font
augmenter un risque de diarrhée permanent sur la population et surtout
les enfants.
La durée prolongée de conservation de l'eau de
boisson est un facteur important participant de la dégradation de sa
qualité. Il est cependant appréciable d'observer que 85% des
ménages interrogés ne conservent pas l'eau de boisson
au-delà de 24 h (ils n'en ont pas assez d'ailleurs). Néanmoins
13,5% de ces ménages conservent l'eau au-delà de 24 h. Or selon
les résultats d'une étude du ministère de l'eau du Burkina
menée en 1988, au bout de 18 h de stockage, tous les récipients
de stockage présentent un taux de coliformes fécaux
supérieur à 22 unités pour 100 ml quelque soit le
récipient utilisé pour le transport ou stockage. A
Gamkallé, plus de 13,5% de ménages qui se situent à plus
de 200m d'un point d'eau ont tendance à conserver l'eau de boisson
pendant plus de 24 h.
Les différents récipients utilisés pour
conserver l'eau de boisson sont rassemblés dans le tableau 7 :
Type récipient de stockage de l'eau de boisson
|
Nombre de cas
|
Pourcentages
|
Jarre
|
52
|
65
|
Barrique en plastique
|
11
|
14
|
Bidons de 20l
|
14
|
17,5
|
Réfrigérateur
|
3
|
3,5
|
Total
|
80
|
100
|
Tableau 7 Répartition des modes de conservation de
l'eau de boisson
|