6.2. Utilisation du crédit pour les activités
agricoles
La plupart des producteurs sous contrat (25 sur 31
producteurs sous contrat, soit 81%) utilisent le crédit reçu pour
financer l'acquisition de la main d'oeuvre salariée. Certains (13 sur
les 25, soit 52%) ont le crédit reçu comme seule source de
financement des dépenses liées à la main d'oeuvre
salariée. Pour ces 13 producteurs, on a trouvé que presque la
totalité (99,5%) du montant du crédit destiné au
financement agricole est employée pour acquérir la main d'oeuvre
salariée. Les autres producteurs (12 sur les 25 producteurs qui
utilisent le crédit pour louer la main d'oeuvre salariée, soit
48%) ont déclaré qu'ils utilisent à la fois le
crédit et des fonds propres pour financer l'acquisition de la main
d'oeuvre salariée. Mais, la part des fonds propres dans ce financement
est faible ; le crédit reste la principale source de financement de
cette dépense.
La contribution de la main d'oeuvre salariée à
l'activité de production agricole est certainement substantielle dans la
zone d'étude et les producteurs sont prêts à s'endetter
pour l'acquérir. On a observé que ce type de main d'oeuvre est
utilisé sur 88,5% de la superficie emblavée en maïs,
principale spéculation dans la zone d'étude. Les
résultats présentés sur les figures 7, 8 et 9
révèlent avec plus de détails l'ampleur de l'utilisation
de ce type de main d'oeuvre dans la zone d'étude.
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Figure 7 : Part des
différents types de main d'oeuvre dans la main d'oeuvre totale
employée pour la culture du maïs dans le village d'Adakplamè
(producteurs sous contrat uniquement)
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
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Figure 8 : Part des
différents types de main d'oeuvre dans la main d'oeuvre totale
employée pour la culture du maïs dans le village d'Ewè
(producteurs sous contrat uniquement)
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
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Figure 9 : Part des
différents types de main d'oeuvre dans la main d'oeuvre totale
employée pour la culture du maïs dans la zone d'étude
(producteurs sous contrat uniquement)
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
Certes, dans un système d'agriculture faiblement
intensive comme on le rencontre dans la plupart des régions rurales dans
les pays sous-développés, le facteur `'
travail'', tant dans sa qualité que dans sa
quantité, reste le principal déterminant du niveau de production.
C'est certainement pour cela que les producteurs sous contrat investissent dans
ce facteur en faisant appel aux ouvriers agricoles. Toutefois, il est
intéressant de noter que, contrairement à ce qu'on n'observe dans
d'autres régions rurales du Bénin, l'utilisation de la main
d'oeuvre salariée pour la production vivrière semble très
prépondérante dans la zone d'étude.
Les données des figures 7 et 8 montrent que 65% de la
main d'oeuvre totale employée pour la production du maïs par les
producteurs sous contrat est constituée de main d'oeuvre salariée
à Adakplamè. A Ewè, on a enregistré 44%. Mais les
producteurs sous contrat d'Ewè ont aussi recours à
l'entraide ; l'entraide représente 32% de la main d'oeuvre totale
consacrée à la production du maïs dans ce village.
L'entraide est presque inexistante dans le village d'Adakplamè.
Comme le montrent les figures 10, 11 et 12 pour la plupart des
opérations agricoles (défrichement, labours, sarclage, semis,
récolte), les producteurs sous contrat font appel à un nombre
important de salariés agricoles à Adakplamè. A Ewè,
on remarque nettement que c'est surtout pour les activités de
récolte que la main d'oeuvre salariée est fortement
utilisée.
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Figure 10 : Part
des différents types de main d'oeuvre dans la main d'oeuvre
employée par opération agricole pour la culture du maïs
à Adakplamè (producteurs sous contrat uniquement)
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
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Figure 11 : Part
des différents types de main d'oeuvre dans la main d'oeuvre
employée par opération agricole pour la culture du maïs
à Ewè (producteurs sous contrat uniquement)
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
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Figure 12 : Part
des différents types de main d'oeuvre dans la main d'oeuvre
employée par opération agricole, pour la culture du maïs,
dans la zone d'étude (producteurs sous contrat uniquement)
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
Comme l'indique le tableau 12, la main d'oeuvre
salariée coûte environ 860 FCFA l'homme-jour dans la zone
d'étude. La dépense totale et la dépense par hectare
effectuées par les producteurs sous contrat pour la main d'oeuvre
salariée s'élèvent, en moyenne, à 66 100 FCFA et 29
570 FCFA environ, respectivement. Mais elles sont plus élevées
chez les producteurs sans contrat (66 330 FCFA et 33 780 FCFA, respectivement)
mais la différence n'est pas significative entre les deux groupes. Les
niveaux élevés de dépenses observés pour les
producteurs sans contrat viennent confirmer le rôle
prépondérant de la main d'oeuvre salariée dans le milieu.
Ces données permettent aussi d'apprécier l'importance de la
disponibilité de crédits, pour les producteurs ayant une
trésorerie difficile, et montre l'intérêt de
l'agriculture contractuelle.
Tableau 12 :
Dépenses monétaires pour l'acquisition de la main
d'oeuvre
Variables
|
Adakplamè
|
Ewè
|
Zone d'étude
|
Sous contrat
|
Sans contrat
|
Sous contrat
|
Sans contrat
|
Sous contrat
|
Sans contrat
|
Dépense monétaire totale pour la main d'oeuvre
salariée
(FCFA), moyenne
|
63 420
(39 280)*
|
77 820
(59 090)
|
53 330
(53 145)
|
50 250
(48 815)
|
57 900
(47 110)
|
66 330
(56 195)
|
Dépense monétaire par hectare pour la main
d'oeuvre salariée (FCFA/ha), moyenne
|
32 440
(7 190)
|
43 685
(24 710)
|
19 715
(13 635)
|
19 815
(16 115)
|
25 360
(12 840)
|
33 780
(24 240)
|
Coût de la main d'oeuvre salariée par homme-jour
(FCFA), moyenne
|
710
(305)
|
1015
(785)
|
760
(520)
|
935
(770)
|
735
(430)
|
985
(780)
|
* sont reportés entre parenthèses les
écarts-types
Source : Nos enquêtes, Septembre - Octobre,
2009
La main d'oeuvre salariée n'est pas la destination
unique du crédit obtenu grâce au contrat. Il est aussi
utilisé pour acheter des engrais minéraux. Mais le pourcentage de
producteurs qui financent cet intrant avec le crédit reçu est
faible (19%), et comme indiqué plus haut, la part qui est
destiné à cet intrant est très limité.
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