La territorialisation des
Plan-Climats
Yannick MONLOUIS
Elève Mastère spécialisé
ACTERRA Action publique pour le développement durable des
territoires et de l'agriculture
Promotion 2010-2011
Rapport de thèse professionnelle rédigé
suite à la mission en alternance auprès du cabinet ARGOS_8 rue
Raymond Bank - BP 1523 38025 Grenoble Cedex 01
Fiche signalétique
AUTEUR
Yannick MONLOUIS
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Promotion
2010-2011
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TITRE
La territorialisation des Plan-climats
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RESUME :
Cette thèse vise à observer la manière
dont les territoires s'approprient la question climatique. Nous essayons de
comprendre comment, à partir de leurs compétences respectives,
ils participent à l'effort nécessaire à la
réduction des émissions de Gaz à Effets de Serre et
comment ils s'adaptent aux impacts du changement climatique. Afin de montrer la
diversité des situations, cette réflexion fut menée sur 3
territoires différents. Elle vise à identifier et à
comprendre les freins et les leviers d'intégration des questions
climatiques dans les politiques territoriales : Selon quelles conditions les
préoccupations liées au changement climatique
pénètrent l'agenda politique et selon quelles modalités
sont-elles intégrées aux politiques territoriales. Quels en sont
les acteurs et les actions ?
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Domaines
Mots clés : Climat, changement
climatique, territorialisation
des politiques
publiques
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Caractéristiques : nb. vol. : 1 nb. pages : [ ] illus. [ ]
biblio.
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CADRE DU TRAVAIL :
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Nom du tuteur AgroParisTech Clermont-Ferrand Carole MAURY
Organisme pilote ou contractant : Cabinet ARGOS
Nom, prénom et fonction : Michel BASSET (Gérant)
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Type de travail : Dates de début
[ ] Travail de groupe d'élèves (TGE) Du
1er novembre
[ ] Mission en entreprise au 2 septembre
[ ] Stage en exploitation agricole Date et lieu de
[x] Mission / Thèse le 8 2011,
en alternance professionnelseptembre
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et de fin :
2010
2011
soutenance :
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Clermont-Ferrand
[ ] Projet à l'étranger
[ ] Autre travail (à préciser) :
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Contrat junior entreprise [ ] oui [x] non
|
Diffusion envisagée après avis du
commanditaire
|
[ ] Diffusion large : parution catalogue et vente
autorisée
[ ] Consultation : dépôt au centre de documentation,
consultation et/ou photocopie *
[ ] Contenu confidentiel jusqu'au :
[ ] Contenu confidentiel "à vie"
|
Domaines possibles : 1- Eau ; 2- Littoral - Milieux
aquatiques ou humides - Aquaculture - Pêche ; 3- Environnement - Espaces
naturels - Chasse - Pollution - Déchets ; 4- Forêt - Bois - Papier
; 5- Agriculture - Elevage - Agro-Alimentaire - Para-chimie ; 6-
Développement local - Aménagement du Territoire - Monde Rural -
Economie - PED (Pays en Développement) ; 7- Gestion, Management et
Economie d'Entreprise - Finances - Droit - Informatique de gestion -- 8 --
Divers
"AgroParisTech Centre de Clermont-Ferrand n'entend
donner aucune approbation ni improbation aux thèses et opinions
émises dans ce rapport ; celles-ci doivent être
considérées comme propres à leur auteur."
Je tiens à remercier d'une part Michel Basset,
gérant du cabinet d'étude Argos, ainsi que l'ensemble des «
Argossiennes et Argossiens » qui m'ont permis de réaliser des
missions diverses et intéressantes. Bien qu'ayant souvent un emploi du
temps chargé, ils ont toujours été disponible pour
m'orienter et échanger sur les pratiques d'évaluation.
Je remercie également Frédéric Jacques et
Xavier Favrolt, tous deux respectivement chargés « Plan-climat
» de la commune de Voiron et du Conseil Général
d'Isère, ainsi que Mme Anne Micoud, directrice du Pays d'Ardèche
Verte, qui m'ont accordé de leur temps et ont grandement facilité
ma compréhension de la territorialisation des plans-climat.
Une pensée également pour Alain Roumieu qui a
pris le temps de relire mon travail, et s'est particulièrement
intéressé pour le sujet, lui-même victime de la hausse du
niveau des températures à travers la fonte
accélérée des glaçons du petit punch !
Je tiens enfin à remercier Mme Caroline Maury,
professeur-chercheur à l'ENGREF qui m'a accompagné tout au long
de mon stage et m'a orienté et conseillé dans la
réalisation de cette thèse professionnelle.
Sommaire
INTRODUCTION 8
METHODOLOGIE 10
I. LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : UNE POLITIQUE DE
DEVELOPPEMENT DURABLE 11
Les principes des politiques de développement
durable 11
Rôle des collectivités : Agir local, penser
global 12
II. LA DECENTRALISATION FRANÇAISE
EST-ELLE ADAPTEE A LA LUTTE
CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ? 15
L'inévitable décentralisation
15
Critiques de la décentralisation 19
Une décentralisation inachevée 20
Enchevêtrement des compétences 20
Efficience financière 20
III. LA TERRITORIALISATION :
INSTITUTIONNALISATION D'UNE NOUVELLE
FORME D'ACTION PUBLIQUE POUR LUTTER CONTRE LE
CHANGEMENT
CLIMATIQUE 23
De la décentralisation à la
territorialisation des politiques publiques 23
Caractéristiques du processus de
territorialisation 26
IV. LE PCET : POLITIQUE TERRITORIALISEE DE LUTTE CONTRE LE
CHANGEMENT CLIMATIQUE 29
Le PCET : un outil de projet territorial de
développement durable 29
Conséquences collatérales du Grenelle de
l'Environnement 30
1. Imbrication des échelles 30
2. la nécessité d'avoir la maîtrise
d'ouvrage 32
3. Accélération du processus 34
V. ETUDE DE CAS DE LA TERRITORIALISATION DES PCET EN REGION
RHONE-
ALPES 36
A. Présentation des terrains d'études
36
1. La commune de Voiron 37
2. Le département d'Isère 37
3. Le Pays d'Ardèche Verte 38
B. Rôle de l'élu 39
C. Maitrise d'ouvrage/compétences 40
D. Coordination des échelles 41
E. Les chargés de mission « Plan-climat
» 43
F. Les moyens financiers 44
G. Le suivi-évaluation 45
CONCLUSION 49
ANNEXES 51
Annexe 1 : Guide d'entretien 51
Annexe 2 : Entretiens 53
Annexe 3 : Tableau comparatif du nombre de PCET dans les
régions 60
REFERENCES BIBLIOGRAPHIE 61
WEBOGRAPHIE 62
Table des sigles et abréviations
A21 Agenda 21
ADEME Agence De l'Environnement et de la
Maîtrise de l'Energie
CAPV Communauté d'Agglomération du
Pays Voironnais
CCEN Commission Consultative d'Evaluation des
Normes
CDDRA Contrat de Développement Durable
Rhône-Alpes
CG Conseil Général
CNRS Centre National de la Recherche
Scientifique
CPER Contrat de Plan Etat-Région
ENGREF Ecole Nationale du Génie Rural,
des Eaux et des Forêts
EPCI Etablissement Public de Coopération
Intercommunale
FSL Fonds de Solidarité pour le
Logement
GES Gaz à effets de serre
PAV Pays d'Ardèche Verte
PCED Plan Climat Energie Départemental
PCET Plan Climat Energie Territorial
PLH Programme Local de l'Habitat
PLU Plan Local d'Urbanisme
PNR Parc Naturel Régional
RGPP Révision Générale des
Politiques Publiques
SCoT Schéma de Cohérence
Territorial
SRADDT Schéma Régional
d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire
SRCAE Schéma Régional Climat Air
Energie
TOS Technicien et Ouvrier de Service
TVB Trame Verte et Bleue
Introduction
L'histoire de la décentralisation française,
appuyée par le concept du développement durable, a abouti au
développement du phénomène de territorialisation des
politiques publiques. La territorialisation est un terme polysémique qui
est généralement perçue comme un processus. « C'est
la mobilisation des acteurs endogènes d'un territoire pour la mise en
place d'une politique publique » (B.Pecqueur, 2004). Aujourd'hui quelle
collectivité décentralisée en France ne territorialise pas
ses politiques publiques ?
Le concept de développement durable a grandement
participé à ce phénomène en orientant la
réflexion sur l'imbrication des échelles et la
transversalité des démarches. « La transversalité est
l'apparition d'un élément nouveau qui « traverse »
l'existant » (L.Ménégoz, 2003). Elle aboutit à une
vision décloisonnée des secteurs et des thématiques qui
permettrait d'avoir un aperçu d'ensemble. Le dialogue entre des
secteurs, qui auparavant s'ignoraient, amène à de nouvelles
formes de gouvernance territoriale. Cette forme de gouvernance « se
caractérise précisément comme le processus,
essentiellement dynamique, qui vise à la formulation et/ou la
résolution d'un ou de problème(s) productif(s) le plus souvent
inédit(s) » (Zimmermann et al., 1998). Cette mise en
compatibilité implique l'existence d'un compromis institutionnel
composite dont les partenaires sont, d'une part les acteurs économiques
et, d'autre part les acteurs publics qu'ils soient locaux ou non. Le compromis
se situe dans deux dimensions qui sont le local et le global. Cela signifie que
le processus de gouvernance territoriale permet d'articuler entre eux les
acteurs situés sur le même site géographique mais aussi
dans le même temps, il relie les acteurs locaux et les niveaux
macro-économiques globaux du national voire du supranational
(B.Pecqueur, 2003).
Poussée par le Grenelle, la lutte contre le
réchauffement climatique est une politique qui connaît un
processus de territorialisation important. Il a été admis que les
collectivités territoriales ont un rôle déterminant dans le
changement de comportement sociétal nécessaire à
l'atténuation des émissions de GES et pour l'adaptation des
territoires aux impacts du changement climatique. Certaines
collectivités se sont d'ailleurs engagées bien avant que cette
ambition territoriale soit impulsée par les lois Grenelle. Cependant,
plusieurs d'entre elles doivent, si elles ne l'ont pas fait, mettre en place un
Plan-Climat Energie Territorial (PCET) et si elles se sont déjà
engagées, faire correspondre leur démarche par rapport aux
objectifs et aux attentes nationales et régionales.
Le PCET est un outil permettant d'atténuer les effets
du changement climatique et de s'y adapter. Il repose sur une démarche
concertée qui permet à un ensemble d'acteurs d'identifier des
actions à mettre en oeuvre en fonction de la situation de leur
territoire. Après une phase d'expérimentation, l'Etat passe
actuellement à une phase d'institutionnalisation des politiques climat,
incitant les collectivités à territorialiser dans des
délais « convenus » leur démarche climat afin
d'atteindre les objectifs nationaux et internationaux.
Ce travail de réflexion a pour objectif de comprendre
ce processus et d'identifier comment les collectivités
décentralisées ainsi que les territoires de projet,
territorialisent leur politique climat en fonction de leurs «
compétences ».
Pour cela nous allons dans un premier temps déterminer
les spécificités des politiques de développement durable
afin de comprendre leurs incidences sur le cadre d'action collective. Puis,
nous verrons pourquoi la décentralisation telle qu'elle se
présente actuellement, ne représente pas un cadre de
développement optimal pour établir une politique
climat-énergie, et en quoi la territorialisation représente un
processus de construction adaptée pour cette politique. Enfin, nous
finirons pas l'analyse des points principaux relevés dans le cadre de
l'étude comparative de 3 PCET de la Région Rhône-Alpes.
Méthodologie
L'objectif de ce travail est d'analyser la territorialisation
des politiques publiques de développement durable en ayant comme objet
d'analyse, les Plans Climats Energies Territoriaux.
Pour cela, je me suis basé d'une part, sur une
analyse documentaire qui m'a permis de clarifier le sujet et
de comprendre le développement du concept de territorialisation au
travers des différents travaux1. Les principaux auteurs qui
ont nourri ma réflexion sont, Alain Faure et Bernard Pecqueur. Tous deux
font partie du PACTE, l'unité mixte de recherche du CNRS et de
l'Université de Grenoble et ils travaillent depuis de nombreuses
années sur la territorialisation des politiques publiques.
D'autre part, je me suis basé sur une
étude comparative des démarches
énergie-climat de trois territoires de la région
Rhône-Alpes. Le choix de la région est pragmatique car je me
situais lors de la réalisation de cette thèse professionnelle
à Grenoble. Ensuite, je voulais absolument avoir trois territoires
différents afin de toucher la diversité des situations et de
mieux comprendre comment chacun se positionnent dans ce patchwork de territoire
et de possibilités d'actions.
Enfin, je me suis servi de mes connaissances
empiriques au travers des missions que j'ai pu réaliser au sein
du cabinet Argos.
1 L'ensemble des travaux et documents sur lesquels je me suis
basé pour ce travail sont dans la bibliographie.
I. La lutte contre le changement climatique : une
politique de développement durable
La lutte contre le réchauffement climatique est une des
5 finalités du développement durable. En tant que telle, toute
action publique de lutte contre le réchauffement climatique devra
respecter les principes fondamentaux du développement durable. Afin de
mieux comprendre ce qu'implique la mise en place d'une telle politique et en
particulier les incidences dans la gouvernance des institutions locales, nous
allons dans un premiers temps nous intéresser aux principes du
développement durable puis au rôle que jouent les
collectivités pour engager la société sur cette voie.
A. Les principes des politiques de développement
durable
Le développement durable s'appuie sur des principes
fondamentaux. Parmi l'ensemble de ces principes, trois nous
intéresseront particulièrement car ils influent directement sur
la gouvernance des collectivités territoriales.
Le premier est le principe de participation
(principe n°10 de la déclaration de Rio). Il encourage tout
processus de démocratie participative en incitant les acteurs publics
à développer leur connaissance des besoins des citoyens. Cette
meilleure connaissance sera possible grâce à la diffusion et la
transparence d'information entre les acteurs publics et les citoyens, et en
encourageant la concertation avec l'ensemble des acteurs, dont la
société civile, afin de déboucher sur des prises de
décision partagées.
Le second est le principe de
subsidiarité2 (principe n°13 de la
déclaration de Rio). Il s'agit d'agir au niveau le plus pertinent dans
une perspective de politique de proximité tout en respectant le partage
des compétences entre les différents niveaux territoriaux. Il
faut responsabiliser les acteurs concernés dans la mise en oeuvre
concrète des actions favorisant le développement durable. Le
principe de subsidiarité s'applique également afin de
répartir et coordonner les actions et les objectifs menés par les
différentes échelles territoriales (commune, communauté de
communes, département, région, etc.).
2 Cf. témoignage de Xavier Favrolt, Chargé de
mission Plan climat du Conseil Général d'Isère, p 32
Enfin, le dernier est le principe de
transversalité3 (principe n°27 de la
déclaration de Rio) qui favorise l'intégration en amont des
dimensions sociale, environnementale et économique. Ce principe
s'applique également aux acteurs qui vont participer au processus de
décision, dans le cadre de la gouvernance : toute personne
compétente sur le sujet est invitée à participer. Ces
acteurs peuvent être issus d'associations, d'entreprises, être
élus ou simple citoyen : la représentation de tous les acteurs de
la société est nécessaire pour la transversalité de
la décision.
Ces principes réaffirment la nécessité
d'effort collectif à toutes les échelles d'actions possibles.
Ainsi les collectivités territoriales et les territoires de projets ont
un rôle déterminant dans la transition que doit engager la
société pour répondre à ses besoins sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs.
B. Rôle des collectivités : Agir local,
penser global
« Je crois que ça ne sert à
rien d'avoir une réflexion globale sur la planète, si on n'agit
pas localement, et qui peut agir localement si ce n'est d'abord les
collectivités locales ? » (Jacques BIGOT, Maire
d'Illkirch-Graffenstaden, Président de la Communauté urbaine de
Strasbourg)4
L'ensemble des collectivités territoriales
françaises doivent s'inscrire dans une démarche permettant
d'atteindre les objectifs européens et nationaux en matière de
lutte contre le changement climatique :
· Les objectifs européens : les 3 fois 20 pour
2020
L'objectif est de réduire de 20 % les émissions
de GES, d'améliorer de 20 % l'efficacité
énergétique et de porter à 20 % la part des
énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie.
L'objectif de réduction européen des émissions d'ici 2020
pourrait être porté à 30 %, récemment 7 pays de
l'Union Européenne (La France non incluse) estiment que le
relèvement de l'objectif est impératif5.
3 Cf. témoignage de Frédéric Jacques,
Chargé de mission Plan-climat de la commune de Voiron, p24
4 Interview Terre TV [
http://www.terre.tv/fr/1959le-plan-climat-territorial]
5 « Climat : 7 pays de l'UE plaident pour une
réduction de 30% des émissions de GES d'ici 2020 », 20
minutes, le 14/03/2011 [en ligne] [
http://www.20minutes.fr]
· Le facteur 4 pour la France à l'horizon 2050
Afin de contribuer à la stabilisation du climat
à une hausse des températures contenue à 2°C par
rapport à la période préindustrielle, la France s'est
fixée comme objectif national de diviser par 4 ses émissions de
GES (sur base 1990) d'ici 2050. La France, par le facteur 4, contribuera
à l'objectif de convergence mondiale des trajectoires d'émission
pour une stabilisation du climat sur terre dans le XXIe siècle. Cet
objectif a été inscrit dans la loi en juillet 2005 (Loi
n°2005-781 du 13 juillet 2005). Ce niveau d'exigence est exprimé
dans la loi sous la forme d'une réduction de l'intensité carbone
de 3 % des émissions par an. C'est le niveau de progrès que la
France doit accomplir pour s'inscrire dans l'objectif global planétaire.
Car la division par deux des émissions mondiales d'ici 2050 devra
être obtenue tandis que la population humaine devrait augmenter de
moitié d'ici là.
Si le changement est global, ses conséquences en
revanche, seront bien locales. Les modifications de température, de
précipitations (annuelles ou saisonnières), de vents, auront des
traductions spécifiques et ciblées dans chaque territoire. Ces
conséquences devront donc être traitées au niveau local.
Par ailleurs, les problèmes posés varieront selon le territoire
concerné, sa géographie, son développement urbain et
économique, sa population ; autant de données qui
définissent le degré d'exposition aux principales menaces du
changement climatique (montée des eaux, inondations, érosion des
sols, épisodes caniculaires, sécheresses, etc.). Les
collectivités sont les plus à méme d'identifier les
spécificités de leurs territoires et de concevoir des actions
répondant aux besoins locaux.
Actuellement, elles contribuent, de façon directe,
à environ 12 % des émissions nationales de GES et agissent, de
façon indirecte, sur plus de 50 %, à travers leur politique
d'aménagement du territoire et d'urbanisme, d'habitat, de transport,...
6 En tant que premier niveau de l'autorité publique, elles
sont les mieux placées pour mobiliser les multiples acteurs de la vie
locale et pour favoriser les évolutions de comportements des citoyens.
Or, ces évolutions sont déterminantes car la sphère
privée représente 50 % des émissions de GES.
6 Source : Ademe [
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=13092]
Le lois Grenelle I et II réaffirment l'importance des
collectivités territoriales en rendant obligatoire
l'établissement de PCET pour les collectivités de plus de 50 000
habitants (art.7 du chapitre II, loi « Grenelle 1 »). La loi Grenelle
2 (Article L. 2224-34) précise que toutes les collectivités de
moins de 50 000 habitants, ainsi que les territoires de projet ont la
possibilité, s'ils le souhaitent, d'engager volontairement un PCET.
Les efforts qui doivent être consentis pour atteindre
les objectifs nationaux et internationaux sont en premier lieu portés
par les collectivités locales et les territoires de projets. Ce sont
leurs efforts collectifs qui feront la différence. En tant que politique
de développement durable, les PCET devront s'appuyer sur une gouvernance
multi-niveaux et leur démarche devra être transversale. Nous
pouvons alors nous demander si le système de décentralisation
Français, avec les réformes actuelles (RGPP et réforme des
collectivités), peut répondre à ces impératifs ?
II. La décentralisation française est-elle
adaptée à la lutte contre le changement climatique ?
De grandes avancées ont eu lieu en matière
d'organisation et de partage du pouvoir ces 30 dernières années,
cependant le chantier est loin d'être fini, la preuve en est les
réformes conséquentes que connaissent l'Etat et les
collectivités territoriales. Dans un premier temps nous verrons en quoi
la décentralisation fut nécessaire et comment elle est
appliquée. Cette partie ne va pas développer en détail le
système décentralisé Français, cependant comprendre
comment sont réparties les compétences et quels sont les limites
de ce système nous permettra d'appréhender le concept de «
territorialisation des politiques publiques » développé dans
la partie suivante.
A. L'inévitable décentralisation
Dès lors que l'on évoque la
décentralisation, nous faisons référence aux lois Defferre
du 2 mars 1982, cependant le processus fut antérieur à ces lois
et continue à nos jours. A travers son histoire la France et surtout les
territoires de France se sont toujours efforcés d'obtenir une
participation plus importante dans les processus de décisions, assurant
ainsi plus de démocratie à la population. La
décentralisation est considérée comme la réponse la
plus adaptée à la gestion publique. A travers ce système
politique, les élus créent un lien de proximité avec les
administrés permettant de gérer au mieux la Cité. Dans
cette quête permanente vers plus de démocratie, il est
incontestable que les lois Defferre revêtent d'une ampleur sans
précédent depuis le début du XIXème siècle.
Ces lois avaient pour but de réduire les résistances à un
bouleversement qui poursuivait trois objectifs : rapprocher les citoyens des
centres de décision, responsabiliser les autorités élues
et leur donner de nouvelles compétences, et favoriser le
développement des initiatives locales.
Selon J.C Thoenig et P. Duran, « La politique de
décentralisation décidée par le gouvernement et par le
Parlement a, de manière inattendue et spectaculaire, redistribué
la donne institutionnelle. Sans nul doute, le changement des règles a
profondément modifié le jeu. Elle constitue une réforme
à la fois rétrospective et prospective. Rétrospective, car
elle
entérine les évolutions de la gestion publique
locale; prospective, car elle ouvre de nouvelles perspectives d'action.
»7
Parmi les principaux changements constitués par ces
lois, les transferts de compétences représente le sujet le plus
controversé. L'Etat a transféré des blocs de
compétences qui étaient auparavant les siennes au
bénéfice des communes, des départements et des
régions.
La loi du 7 janvier 1983 relative à la
répartition des compétences entre les communes, les
départements, les régions et l'Etat a posé trois grands
principes devant présider aux transferts de compétences :
1°) Les transferts doivent être globaux : chaque
domaine de compétence est attribué en totalité soit
à la région, soit au département, soit à la
commune. Mais la loi assortit cette règle d'une réserve : il en
est ainsi « dans la mesure du possible »
2°) Les compétences, à chaque niveau, sont,
en principe, exclusives. Cela signifie que les transferts ne doivent pas
provoquer l'ingérence d'une collectivité dans les affaires d'une
autre. En effet, est interdite toute tutelle exercée par une
collectivité supérieure (par exemple, la région) sur une
collectivité de niveau inférieur (par exemple, le
département ou la commune). Suite à la révision
constitutionnelle de mars 2003, ce principe a été inscrit dans la
Constitution (à l'article 72 alinéa 5).
3°) Les transferts de compétence doivent
être rigoureusement accompagnés du transfert par l'Etat aux
collectivités ou de la mise à leur disposition des moyens
nécessaires à l'exercice des compétences
transférées. Là encore, ce principe a été
constitutionnalisé (à l'article 72-2 alinéa 4 de la
Constitution).
7 Jean Claude Thoenig et Patrice Duran, L'Etat et la gestion
publique territoriale, Revue française de science politique,
46ème année, n°4, 1996.pp. 580-623
Il convient d'ajouter un quatrième principe introduit
par la révision constitutionnelle de mars 2003 : le principe de
subsidiarité. L'article 72 alinéa 2 de la
Constitution dispose ainsi que « Les collectivités territoriales
ont vocation à prendre les décisions pour l'ensemble des
compétences qui peuvent le mieux être mises en oeuvre à
leur échelon ».
Le tableau suivant permet d'avoir une vision complète des
compétences des collectivités.
Tableau des compétences actuelles des
collectivités
|
Formation professionnelle et
apprentissage
Région
Définition de la politique régionale et mise en
oeuvre
Département
Communes ou EPCI
Enseignement
Culture, vie
sociale,
jeunesse, sport et loisir
|
Lycées (bâtiment, TOS)
· Culture (patrimoine,
éducation, création,
bibliothèques, musées,
archives)
· Sports (subventions)
· Tourisme
|
|
Collèges (bâtiment, TOS)
· Culture (éducation,
création, bibliothèques, musées, archives)
· Sports (équipements et subventions)
· Tourisme
|
|
Ecoles ((bâtiment)
· Culture (éducation, création,
bibliothèques, musées, archives)
· Enfance (crèche, centre de loisirs)
· Sport (équipements et subventions)
· Tourisme
|
|
· Schéma régional (SRADDT)
· CPER
|
Espace naturel
Parcs régionaux
Eau (participation au
SDAGE)
SRADDT (avis, approbation)
Espace naturel
Déchets (plan départemental) Eau (participation au
SDAGE)
|
Action sociale facultative
(CCAS)
PLU, SCoT, Permis de construire, ZAC
SRADDT (avis, approbation)
Déchets (collecte, traitement) Eau (distribution,
assainissement) Energie (distribution)
Port de plaisance Aérodromes
|
Voirie
Transports
Schéma régional
Transports ferroviaires
Voies départementales
Transports routiers et scolaires hors milieu urbain
Voies communales
Transports urbains et scolaires
Communication
Logement et
habitat
Gestion des réseaux
Financement
Gestion des réseaux
Financement, parc et aide (FSL), plan et office de l'habitat
Gestion des réseaux
Financement, parc et aides (PLH)
Développement économique
Sécurité
Aides directes et indirectes
Aides indirectes
Circulation
Prévention de la délinquance Incendie et secours
|
Aides indirectes
Police municipale
Circulation et stationnement Prévention de la
délinquance
|
Action sociale et médico sociale
Urbanisme
L'action sociale en faveur des personnes âgées,
des personnes handicapées, de l'enfance, de la famille et des personnes
en difficulté
Aménagement du territoire
Environnement
Grands Equipement
|
|
Ports fluviaux Aérodromes
|
|
Ports maritimes, de commerces et de pêches
Aérodromes
|
Tableau élaboré par l'auteur
En analysant ce tableau nous constatons que dans plusieurs
domaines les collectivités ont des compétences similaires. Bien
que dans certains cas l'attribution des rôles peut sembler claire
(éducation), la coordination inter-territoriale devient indispensable
pour certaines thématiques, particulièrement celles qui ont
attrait à l'environnement naturel. Afin de se prémunir d'une
rigidité qui nuirait à l'action publique, le législateur
à élaboré une clause générale de
compétence. Par celle-ci la loi dispose
qu'indépendamment des compétences que les collectivités
tiennent expressément de la loi, elles peuvent agir et prendre des
décisions sur le fondement de l'intérêt
général local.
Les bilans couramment dressés relèvent les
nombreux acquis de la décentralisation (meilleure prise en compte des
problèmes locaux, renforcement de la capacité d'initiative des
collectivités, participation accrue des citoyens à
l'échelle locale...) mais ils soulignent aussi des frictions entre
l'Etat et les collectivités et entre collectivités ainsi qu'un
insuffisant transfert de moyens. Il est important pour nous de comprendre les
faiblesses actuelles de ce système de gouvernance car au regard de ce
que nous avons analysé, la centralisation du pouvoir ne va pas de paire
avec les politiques de développement durable qui doivent se reposer en
grande partie sur l'échelon local. Ainsi, la décentralisation
semble être le cadre politique le plus approprié pour
répondre aux enjeux de lutte contre le changement climatique.
B. Critiques de la décentralisation
« La loi désormais votée a
comme premier défaut majeur de ne pas traiter le sujet clé des
compétences, celles des collectivités mais aussi celles de
l'Etat, qui s'est évidemment affranchi de ce devoir [...] Cette
réforme est une évidente recentralisation, à un moment
où l'Etat n'en a plus les moyens, ni financiers ni humains.
»8 (Alain Rousset, Président de la
Région Aquitaine)
Cette critique d'Alain Rousset, Président de la
Région Aquitaine et de l'Association des Régions de France (ARF)
illustre parfaitement l'inquiétude actuelle des collectivités
face à une réforme qu'elles jugent pour la plupart
nécessaire mais dont l'élaboration et la mise en oeuvre sont
vivement critiquées. Nous allons analyser les principales critiques de
la
8 Interview d'Alain Rousset, Institut François Mitterrand,
le 16 décembre 2010, [en ligne] [
http://www.mitterrand.org/Revenons-a-l-espritdes-lois.html]
décentralisation avec pour objectif de juger si le
système actuel est compatible avec les impératifs de gouvernance
dans le cadre d'une politique de lutte contre le changement climatique.
1. Une décentralisation inachevée
La décentralisation française est
réelle. Les collectivités sont administrées par des
assemblées élues qui bénéficient de ressources
propres et qui possèdent des compétences inscrites dans la loi.
Cependant, ces grands mouvements de décentralisation n'ont pas
été accompagnés d'un recul suffisant de l'Etat.
« De manière générale, l'Etat,
l'administration centrale, rechigne à sélectionner ses
interventions, à se concentrer sur ses responsabilités
régaliennes, pourtant majeures. Au lieu de quoi, l'Etat paraît
toujours désireux de s'occuper de tout, alors même qu'il porte un
discours de rationalisation que l'on ne peut que partager sur le
fond.9 » (Alain Rousset, Président de la
Région Aquitaine)
2. Enchevêtrement des compétences
Les politiques transversales (lutte contre le changement
climatique, gouvernance alimentaire, etc.) ne trouvent pas de chef de file pour
les porter. L'enchevêtrement des compétences et la concurrence
entre les territoires tend à diluer les rôles de chacun et au
final, c'est un facteur de déresponsabilisation des décideurs.
Cet imbroglio fut renforcé par la constitutionnalisation (article 72) en
2003 de l'interdiction de toute tutelle d'une collectivité territoriale
sur une autre. Au final cette situation a opposé les grandes villes aux
petites, la ville à la campagne et la région au
département.
3. Efficience financière
La gestion publique nécessite une utilisation efficiente
des finances, or les chevauchements institutionnels nuisent à la
maitrise de la dépense publique. Les citoyens et les élus perdent
du temps à se repérer dans cet éventail de financements
croisés. Des projets prennent du retard et
9 Interview d'Alain Rousset, Institut François Mitterrand,
le 16 décembre 2010, [en ligne] [
http://www.mitterrand.org/Revenons-a-l-espritdes-lois.html]
certaines actions sont parfois redondantes ou contradictoires.
Par exemple, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement
climatique plusieurs collectivités mettent en place des actions des
sensibilisations (Département, intercommunalité, etc.) ayant pour
cible le grand public. Il est alors difficile de juger de l'efficacité
de l'action et surtout de son efficience.
Bien que les faiblesses précédemment
citées soient partagées, la réponse apportée est
loin de l'être. La situation ne va pas en s'arrangeant puisque la
souplesse qui était permise par la clause de compétence
générale va disparaître. En effet, au 1er
janvier 2015 cette clause sera supprimée pour les régions et les
départements. En remplacement, ces collectivités auront la
possibilité de mettre en place un « Schéma d'organisation
des compétences et de mutualisation des services » qui fixera les
délégations de compétences, l'organisation des
interventions financières en matière d'investissements et de
fonctionnement. A priori, les possibilités de partenariats sont donc
maintenus. Toutefois nous pouvons craindre que cette évolution aura pour
conséquence de spécialiser les collectivités
désignées. D'autre part, les dotations de l'Etat aux
collectivités territoriales sont gelées pour une période
de 3 ans, de 2011 à 2013. Le risque est au final d'avoir un
système plus rigide qui n'aura pas les moyens ni humains, ni financiers
de traiter des domaines transversaux.
Nous avons pu constater les difficultés que pose le
système de décentralisation français. Le dialogue entre
les collectivités et l'Etat, et entre collectivités n'est pas
aisé, pourtant la discussion est l'outil le plus adapté pour
répondre aux maux actuels que connaissent les institutions
politiques.
La notion de développement durable qui peut se
résumer à travers l'adage « agir local, pensez global »
ne va pas de paire avec un mouvement de recentralisation du pouvoir et le
développement des logiques sectorielles favorisées par la
spécialisation des collectivités. La prise en compte de la
diversité des territoires est nécessaire afin d'atteindre les
objectifs nationaux et internationaux. Il est donc impératif de poser
les bases d'un système permettant le dialogue et la
transversalité.
Ce mouvement est déjà en marche. Le Grenelle de
l'Environnement fut la première action institutionnalisée
à l'échelle de l'Etat d'une démarche partagée.
Toutefois, les collectivités locales ont depuis longtemps innové
afin de pallier aux défauts du système décentralisé
français. Portées par le mouvement de démocratie
participative10, plusieurs collectivités ont initié
des démarches favorisant la discussion entre acteurs institutionnels,
privés et issus de la société civile. Dans la partie
suivante nous analyserons comment ce mouvement volontaire répond en
partie aux faiblesses de la décentralisation.
10 La démocratie participative est une
forme de partage et d'exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de
la participation des citoyens à la prise de décision
politique.
III. La territorialisation : institutionnalisation
d'une nouvelle forme d'action publique pour lutter contre le changement
climatique
La décentralisation avait pour objectif de rendre plus
efficace la gestion publique en améliorant son adaptation à la
complexité des situations territoriales. Cependant, les entités
administratives se sont vite aperçues du manque de flexibilité et
de cohérence face à un environnement systémique qui
connait des changements aussi brutaux que rapides. Les collectivités
territoriales sont les premières concernées par la
complexité du réel et elles ont du depuis longtemps trouver des
moyens et des procédures leur permettant de répondre de
façon efficace et pertinente aux enjeux du terrain, tout en respectant
les règles édictées par l'administration. Nous allons voir
dans cette partie comment le dogme des blocs de compétences s'est
émietté au fil du temps et en quoi la territorialisation, comme
processus de construction des politiques publiques, est une alternative propice
afin de réconcilier la gestion publique aux enjeux du
développement durable des territoires
A. De la décentralisation à la
territorialisation des politiques publiques
En transposant des blocs de compétence
à d'autres niveaux, la décentralisation n'a pas permis
de prendre en compte la diversité des territoires. Au final, les
compétences n'étaient considérées qu'en termes de
répartition y voyant le seul moyen de parvenir à une
clarté des responsabilités, condition de la sanction citoyenne
par le vote. Nous comprenons d'autant mieux les critiques vis-à-vis du
monde politique : trop de bureaucratie, trop d'enchevêtrement des
procédures et pas assez de cohérence, ni de projet collectif. Ce
sont ces raisons qui ont donné lieu en mars 2003, à
l'instauration du principe de subsidiarité qui remet en cause la logique
des blocs de compétences en permettant à toutes les
collectivités, de quelques niveaux que ce soit, de prendre directement
en charge les affaires qui leur sont propres, même si elles ne
correspondent pas à leurs compétences obligatoires, ceci afin de
maximiser l'efficacité de l'action.
Historiquement, ce principe a permis aux collectivités
de se questionner sur l'échelle la plus appropriée pour
traiter d'une thématique. Cette réflexion a mis en exergue
l'absurdité des
limites administratives pour traiter certaines
thématiques. Par exemple, la gestion de l'eau n'est cohérente que
si elle se gère à l'échelle d'un bassin versant ; idem
pour la question des transports et des modes de déplacement, qui pour
être pertinente s'aborde à l'échelle d'un bassin de vie. Il
fut donc nécessaire pour les collectivités d'innover afin
d'inventer des modes de gestion qui favorisent l'articulation des
échelles. On constate alors la création de nouveaux
territoires. Selon Bernard Pecqueur, « dès
lors que dans un espace géographique délimité, même
s'il n'est pas strictement borné, il est globalement
délimité, des acteurs font immerger une question et ensuite
tentent de résoudre le problème commun, ils fabriquent du
territoire et dès lors on a de la construction territoriale
»11. Ces territoires sont spécifiques car ils n'existent
qu'au travers d'un intérét, d'une problématique, d'un
projet partagés par les acteurs qui le composent. Ils peuvent
correspondre à des découpages politico-administratifs
(régions, départements, etc.) mais également se superposer
à eux.
La « découverte du territoire » a
profondément modifié le cadre d'intervention de l'action publique
en questionnant la logique sectorielle qui prévalait. Par tradition, les
collectivités territoriales, et particulièrement les
régions et les départements, ont défini des politiques
verticales, sectorielles, cloisonnées en fonction des différents
secteurs d'activité. Cette logique ne permet pas d'aborder la
complexité du territoire et elle conduit parfois à une
fragmentation excessive des politiques publiques, à une perte de
visibilité et au final à une multiplication des coûts
cachés. Dès lors la logique de projet est favorisée
puisqu'elle permet le passage d'une obligation de moyens à une
obligation de résultats. Ce n'est plus le respect de la règle qui
prévaut mais le résultat final. Cette logique fondamentalement
transversale, modifie les politiques publiques en les ajustant aux
spécificités du territoire sur lequel elles s'appliquent. Le
débordement du cadre d'intervention sectoriel par les politiques dites
« territoriales » apparaît aujourd'hui comme la règle.
« La « territorialisation » des politiques publiques devient
[...] une sorte d'évidence dans l'action publique sans que l'on sache
toujours s'il s'agit de déconcentration, de décentralisation ou
de management organisationnel » (A. Faure, 2004).
La territorialisation des politiques publiques
implique le passage d'une politique uniforme, pour laquelle les mémes
règles sont applicables sur l'ensemble du territoire de
compétence, à
11 B.Pecqueur, Vidéo XLVIème colloque de l'ASRDLF,
le 7 juillet 2009, [en ligne] [
http://www.territoriesnet.org/territoryconcept/?p=49&lang=fr]
une politique adaptée aux spécificités
des espaces identifiés12. Le territoire est le
résultat, alors que la territorialisation est le processus,
c'est-à-dire la mobilisation des acteurs endogènes pour la mise
en place d'une politique publique. La territorialisation ne correspond pas
à une définition juridique stabilisée mais elle semble
être devenue la nouvelle norme. On le constate au travers d'un
véritable mouvement de territorialisation des politiques publiques.
La territorialisation de la gestion publique locale concerne tout
à la fois la définition des
politiques publiques et de façon plus
opérationnelle les pratiques administratives. Elle
contraint à repenser les rapports entre administrations
sectorielles. Lors de mes entretiens,
hormis le Pays d'Ardèche Verte qui est un territoire de
projet13 et a une organisation assez
souple, les chargés de mission PCET des deux
collectivités (commune de Voiron et Conseil
Général d'Isère) m'ont parlé d'une
évolution du management en interne qui se déroule de
façon concomitante avec la territorialisation de leur
plan-climat. Cette transformation
progressive a pour objectif, entre autres, de favoriser
l'approche transversale de l'élaboration
des politiques publiques.
« On travaille sur une modernisation de
l'Administration, donc il y a un programme au
niveau de « l'entreprise » collectivité
Ville de Voiron où l'on trouve des référents par
service
et par direction pour se poser les bonnes questions sur le
travail que l'on fait [...] Le fait
qu'il y ait des référents, c'est des gens quand
même qui sont convaincus. C'est des gens qui
sont porteurs des messages et puis c'est intéressant
parce que ça donne du poids en fait. Faut
surtout pas qu'un Plan climat ne soit que de la
responsabilité d'une seule personne, le chargé
de mission. Il faut qu'après dans chaque direction,
etc., il y ait une déclinaison » (Frédéric
Jacques, Chargé de mission PCET, Ville de
Voiron)14
La territorialisation concerne également les relations
avec les citoyens et les acteurs du
territoire qui vont être amenés à participer,
à co-construire des politiques publiques locales
complètement adaptées aux besoins de chacun des
territoires.
12 La territorialisation : menace ou levier de l'action publique
?, Atelier organisé par l'INET, 5 et 6 décembre 2007
13 Un territoire de projet se définit
comme « l'espace économique, social et physique sur lequel un
projet de territoire s'élabore. Organisé, il est en
capacité de contractualiser sur un projet global avec les
autorités chargées de l'aménagement et du
développement territorial ».
14 Frédéric JACQUES, chargé de mission PCET,
entretien réalisée le lundi 1er août 2011, ville
de Voiron, [42 min. 30 secondes de l'enregistrement]
Afin de clarifier le processus de territorialisation nous allons
dans la partie suivante nous intéresser aux caractéristiques de
ce concept.
B. Caractéristiques du processus de
territorialisation
Le concept de territorialisation n'étant pas encore
stabilisé, il nous est impossible de donner une liste établie des
caractéristiques endogènes de ce processus. En revanche, la
littérature actuelle sur le sujet est riche et les auteurs sont
nombreux. En nous appuyant sur un nombre important de travaux
réalisés, nous essaierons d'identifier les
caractéristiques des processus de territorialisation. Cette
clarification du concept nous servira notamment, dans la partie suivante, pour
l'analyse des PCET.
L'ensemble des lectures m'a permis d'isoler cinq
caractéristiques importantes des processus de territorialisation. Tout
d'abord la vision partagée, nous l'avons vu un
territoire apparaît autour d'un projet, d'une problématique
partagée par un ensemble d'acteurs qui fait, qu'à un moment
donné, ils se rencontrent et discutent pour établir une
réponse collective. C'est donc à partir de cet accord commun que
va débuter le processus de territorialisation.
Ensuite, les pratiques partenariales sont la
règle. « Les acteurs ou groupes d'acteurs qui participent à
cette construction territoriale peuvent avoir des mobiles et des processus
très divers pour se regrouper en vue d'un avantage dont chaque membre
serait bénéficiaire (groupe de pression, syndicat, entreprise)
»15. Ce sont les échanges qui vont enrichir le processus
car c'est la confrontation d'acteurs engagés dans l'action
concrète qui permet de dégager une philosophie
générale de l'action (vision partagée).
Puis le changement de paradigme à travers le
passage de la règle aux résultats. L'expression des
intérêts dont sont garants les « niveaux supérieurs
» ne se fait pas par la mise en oeuvre de règles uniformes
s'appliquant à des individus isolés, mais par la formulation
d'obligations de résultats. Cette évolution favorise le passage
d'une logique sectorielle à une logique territoriale. « Il
serait aujourd'hui impensable de comprendre l'action publique sans
prendre
15 Fabienne LELOUP, Laurence MOYART et Bernard PECQUEUR, La
gouvernance territorial comme nouveau mode de coordination territoriale
(Article scientifique), Géographie, économie,
société 7, 2005
en compte les relations sociales localisées, ce qui
constituerait un tournant de taille dans la mesure où les analyses
« classiques » de l'action publique ont précisément
expliqué le développement des politiques publiques par le passage
du territoire au secteur comme mode de régulation sociale
» 16 (Anne-Cécile Douillet, 2005). Ces obligations de
résultats s'adressent à la communauté des partenaires
(fonctionnaires d'Etat, fonctionnaires territoriaux, acteurs privés
économiques et associatifs, etc.) et à travers la pratique
partenariale qu'elles créent, elles favorisent un apprentissage
permanent de la pertinence de l'action et de la recherche de sens.
Ainsi, les échanges
d'expériences encadrent tous processus de territorialisation.
« Des auteurs ont déjà montré que l'action
publique locale relevait de plus en plus d'un processus d'apprentissage, le
tournoi, dans lequel différents acteurs confrontaient et adaptaient sur
un espace politique réduit et dans une temporalité limitée
leur vision des problèmes collectifs » (Lascoumes, Le Bourhis,
1998)17. Il n'y a pas de savoir supérieur transcendant le
local et dont la légitimité immanente permettrait de
définir dans l'abstrait des obligations de résultat. Ce n'est
plus le respect de la règle qui prime mais la manière dont elle a
été définie et mise en oeuvre localement, en double
référence aux finalités poursuivies (dont certaines sont
formulées par des instances régionales ou nationales) et aux
réalités spécifiques de chaque contexte.
Enfin, l'adaptabilité permanente qu'imposent tous
processus de territorialisation entraîne la démarche dans une
recherche constante d'TINTIMITT. Celle-ci permet d'une
certaine façon de s'affranchir d'un carcan de réglementations ou
de représentations juridiques détaillées et minutieuses.
L'entretien réalisé avec le chargé du PCED d'Isère
nous montre l'importance de l'innovation à travers
l'expérimentation au sein des collectivités.
« Chacun en fonction de la position qu'il a, a
développé la méthodologie appropriée et
donc aujourd'hui les méthodologies standards nationales ne sont
qu'une compilation des différentes expériences au niveau
intercommunale et communale qui ont été lancées.
En
16 Anne-Cécile Douillet, 2005, Fin des
logiques sectorielles ou nouveaux cadres territoriaux ?, paru dans
L'action publique et la question territoriale, Presses Universitaires de
Grenoble
17 Alain Faure, 2005, Intercommunalité et
pouvoir d'agglomération : les nouveaux tournois de l'action
publique, paru dans L'action publique et la question territoriale, Presses
Universitaires de Grenoble
essayant de faire valoir cet aspect « mobilisation du
terrain » et cet aspect « gestion des compétences propres
». Nous, on s'inscrit dans cette démarche
»18.
Dans une telle dynamique, l'administration centrale de l'Etat
ne va pas tirer sa légitimité de l'autorité
hiérarchique, exercée par l'édiction de normes
générales, mais plutôt de son aptitude à animer un
travail en réseau où sont impliquées différentes
catégories d'acteurs.19
La territorialisation des politiques publiques permettant de
repositionner le cadre de l'action collective au réalité du
terrain est devenue la nouvelle norme. Toutefois, il convient de rester prudent
car ce processus comporte également des risques. Par exemple, les
échanges d'expérience, favorisés par le
développement de notre société de communication,
contribuent au processus d'isomorphisme institutionnel qui imprègne le
fonctionnement des collectivités et de leurs élites
administratives, techniques et politiques. Ce phénomène de
mimétisme risque d'être contre productif car
l'adaptabilité, la personnalisation des politiques publiques tant
recherchée risque de n'être qu'au final une pâle copie de ce
qui aura était fait ailleurs sans cohérence avec le contexte
local. Nous ne développerons pas ici les risques que peuvent comporter
tous processus de territorialisation puisque nous allons l'étudier au
prisme de notre analyse comparative des PCET dans la dernière partie.
Cependant, il est intéressant de constater le renouveau des politiques
publiques locales au travers de leur territorialisation. Les politiques de
lutte contre le réchauffement climatique n'y ont pas
échappé puisque la France, via les Grenelle I et II a
renforcé la territorialisation des politiques climatiques et
énergétiques.
18 Xavier Favrolt, Chargé de mission PCED Isère,
entretien réalisé le mardi 2 août, Conseil
Général, [33 min. 30 secondes de l'enregistrement]
19 Pierre Calame, le principe de subsidiarité active, [en
ligne] [
http://www.institut-gouvernance.org]
IV. Le PCET : politique territorialisée de
lutte contre le changement climatique
Nous avons établi que le système de
décentralisation français, et surtout la tendance qu'il prend, ne
constitue pas un cadre optimal de gouvernance pour l'établissement d'une
politique de lutte contre le réchauffement climatique. L'adaptation
nécessaire d'une telle politique aux spécificités du
territoire serait freinée par les frictions entre les échelles
administratives. En revanche la territorialisation, comme processus de
construction de cette politique, semble correspondre aux impératifs
nécessaires au développement d'un Plan Climat. La souplesse
requise, la vision sur le long terme, et la démarche
fédératrice nécessaire, sont « les ingrédients
» qu'offrent les processus de territorialisation. C'est d'ailleurs le
choix qu'a fait la France en rendant obligatoire l'instauration de PCET au sein
de toutes les collectivités de plus de 50 000 habitants et ceci avant le
31 décembre 2012. Après avoir clarifié ce qu'est un PCET,
nous allons analyser les modalités de leur mise en place et ses
conséquences sur la gouvernance des territoires.
A. Le PCET : un outil de projet territorial de
développement durable
Un PCET est un projet territorial de
développement durable dont la finalité première
est la lutte contre le changement climatique. Institué par le Plan
Climat national et repris par les lois Grenelle 1 et 2, il constitue un cadre
d'engagement pour le territoire. Le PCET vise deux objectifs :
l'atténuation, qui a pour ambition de limiter l'impact
du territoire sur le climat en réduisant les émissions de gaz
à effet de serre (GES) dans la perspective du facteur 4 et
l'adaptation, qui consiste à réduire la
vulnérabilité du territoire puisqu'il est désormais
établi que les impacts du changement climatique ne pourront plus
être intégralement évités. Le PCET vient
s'intégrer au projet politique de la collectivité. Si un Agenda
21 local préexiste, il en renforcera le volet « Energie-Climat.
Dans le cas contraire, il pourra en constituer le premier volet.
La loi Grenelle 2 définit précisément le
cadre d'établissement des PCET. Selon son article L.222-1, « [...]
les départements, les communautés urbaines, les
communautés l'agglomération ainsi que les communes ou
communautés de communes de plus de 50 000 habitants doivent avoir
adopté un plan climat-énergie territorial pour le 31
décembre 2012.
Source : Ademe, Observatoire des PCET,
août 2011
[...], ce plan est défini, dans les champs de
compétences respectifs de chacune des collectivités publiques
énumérées. »
L'article L. 2224-34 du même code est
complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les communes ou établissements publics de coopération
intercommunale de moins de 50 000 habitants, les syndicats mixtes, notamment
les syndicats visés au premier alinéa du présent article
et les pays prévus par l'article 22 de la loi no 95-115 du 4
février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire qui ne sont pas soumis à cette
obligation peuvent adopter un plan climat-énergie territorial.
»
B. Conséquences collatérales du Grenelle
de l'Environnement
A la lecture de ces articles, nous relevons deux points
importants.
1. Imbrication des échelles
Premièrement, il est important de noter que les
Plans-Climat sont obligatoires pour un peu plus de 200 collectivités
(régions, départements, communauté de communes,
communauté d'agglomération, communes, etc.) et qu'ils
recouvrent l'ensemble du territoire national. A
cela, viennent s'ajouter les territoires de projets (Pays, PNR
SCoT, etc.) qui ont la possibilitéd'établir un PCET.
Les territoires les plus denses seront forcément plus investis et ils
verront s'entremêler un nombre plus important d'initiatives climat.
Au total cela fait un grand nombre de PCET d'autant plus que
la transversalité de la démarche impose une cohérence avec
les autres politiques du territoire. Le schéma ci-dessous
représente l'articulation entre les politiques climats et les documents
d'urbanisme.
L'importance majeure est la différence entre la
compatibiité et la prise en compte. Dans le
premier cas, même si des différences peuvent subsister entre les
documents, ceux de rang inférieur ne devront pas remettre en cause les
options fondamentales arrêtées à l'échelon
supérieur. En revanche, la prise en compte ne définit aucun lien
juridique. Par exemple, les SCoT doivent prendre en compte les PCET qui sont
sur leur territoire, mais si l'instance instigatrice du PCET n'est pas
satisfaite de l'orientation que prend le SCoT, elle n'aura pas la
possibilité de le retoquer sous prétexte qu'il représente
un frein à l'atteinte des objectifs du
Energie
Bâtiment
Transports
Déchets
Eau
Santé
PCET. Néanmoins, ces derniers (instigateurs) pourront
prendre part aux ateliers qui détermineront les conditions de
réduction des émissions de gaz à effet de serre, la
maîtrise de l'énergie et la production des énergies
renouvelables, la préservation de la qualité de l'air (L 121-1 du
Code de l'urbanisme).
2. la nécessité d'avoir la maîtrise
d'ouvrage
Les actions d'atténuation et d'adaptation doivent se
limiter aux compétences de chacun. A priori, certaines
collectivités sont plus favorisées que d'autres par leurs
compétences dans tel ou tel champ du PCET, toutefois l'enjeu est
d'appliquer une politique d'ensemble, cohérente à
l'échelle des territoires. Le tableau suivant ne se veut pas exhaustif,
cependant il permet d'avoir un aperçu des possibilités d'actions
des collectivités en fonctions de leurs compétences, ainsi que
les possibilités d'actions concernant les territoires de projets.
« ACTIONS PCET » des Collectivités
territoriales
|
Commune ou Intercommunalité
|
|
Département
|
|
Régions
|
|
Territoire de projet (PNR, Pays, SCoT,
etc.)
|
|
|
|
|
|
|
· Augmenter la part d'énergie renouvelable de la
collectivité
· Augmenter la part d'énergie renouvelable de la
collectivité
n Effectuer des travaux d'isolation dans les écoles
n Effectuer des travaux d'isolation dans les
collèges
n Favoriser le
développement des modes de transport qui
émettent le moins de GES en milieu urbain
n Favoriser le
développement des modes de transport qui
émettent le moins de GES hors milieu urbain
n Amélioration des usines de gestion des
déchets
|
n
|
n Promouvoir la prévention des déchets dans les
collèges et en interne
type pour
|
|
|
Favoriser
l'implantation d'éoliennes et champs
photovoltaïque
|
Animation d'une
démarche « économie
d'énergie »
|
Effectuer des travaux
|
Sensibilisation
|
à
|
d'isolation dans
lycées
|
les
|
l'isolation bâtiments.
|
des
|
Favoriser
|
le
|
Sensibilisation
|
au
|
développement
|
des
|
développement
|
des
|
TER
|
|
modes de transports
doux.
|
· Promouvoir la prévention des déchets
dans les lycées et en interne
Sensibilisation au
triage des déchets
|
Améliorer l'efficience du
|
Diminuer les pressions
|
Diminuer les pressions
|
Sensibilisation aux
|
réseau de distribution des
|
sur la ressource en eau
|
sur la ressource en eau
|
économies d'eau
|
eaux
|
|
|
|
· Sensibiliser la population
|
Intégrer des critères
|
· Développer des
|
Sensibiliser la
|
concernant les périodes
|
d'adaptation aux
|
observatoires de la
|
population concernant
|
de canicule
|
changements climatiques dans le
|
santé
|
les périodes de
canicule
|
|
plan départemental
santé-nutritions
Etc.
|
|
· · ·
|
·
|
· · ·
|
·
|
· · ·
|
·
|
· · ·
|
Il peut paraître surprenant de constater que les
collectivités ont la possibilité d'agir sur l'ensemble des
thématiques, sachant que leurs compétences sont distinctes.
Cependant, il faut rappeler que la clause générale de
compétence leur permet d'agir, pour l'intérêt
général, dans un domaine de compétence qui n'est pas
forcément le leur. En revanche, en observant de plus près les
actions, nous nous apercevons que celles qui ne relèvent pas directement
du domaine de compétence de la collectivité se limitent soit
à de la communication et de la sensibilisation, soit à des
actions en interne. Dans tous les cas, même lorsque les actions sont
à priori les mêmes, les collectivités essayent de se
différencier afin d'éviter les redondances avec les autres
échelles de gouvernance. Elles ont alors la possibilité de se
différencier soit au niveau de la nature de l'action, soit au niveau de
sa cible.
« Notre position fait que, à mon avis, on doit
prendre en compte le fait qu'il y a beaucoup d'acteurs qui sont obligés
de mettre en place un Plan-climat et que si on veut avoir une lisibilité
publique, il ne faut pas que l'on fasse la même chose que les autres.
Donc ça implique deux choses. D'abord travailler sur nos
compétences propres qui ne sont pas gérées par les autres
niveaux de collectivités, parce qu'il n'y a personne qui le fera
à notre place, et puis éviter de marcher sur les plates-bandes
des autres.... Et puis pareil, s'adresser à un public sans marcher aussi
sur les plates-bandes des autres pour éviter ce problème
de
lisibilité20 » (Xavier Favrolt,
Chargé de mission PCED d'Isère)
Ce constat nous montre que la capacité de
maîtrise d'ouvrage est l'élément fondamental pour jauger de
l'étendue du champ d'actions possibles. Il est indéniable que
pour certaines thématiques, les territoires de projet, bien souvent
démunis de la maîtrise d'ouvrage, auront des moyens limités
pour mener des actions. Le cas du Pays d'Ardèche Verte (PAV) est
révélateur de ce problème. D'après Anne Micoud,
directrice du PAV, ce n'est pas évident de motiver les élus du
territoire sur les problématiques climatiques et en particulier sur la
question de la mobilité. Le Pays d'Ardèche Verte est un
territoire rural où les déplacements en véhicules
motorisés sont fréquents. Au vu des connaissances incertaines de
l'impact du changement climatique sur le territoire, une majorité
d'élus ne voient pas l'intérêt de prendre des mesures qui,
en l'état actuel, nuiraient au mode de vie des habitants. Le Pays
n'ayant pas
20 Xavier Favrolt, Chargé de mission PCED Isère,
entretien réalisé le mardi 2 août, Conseil
Général, [33 min. 50 secondes de l'enregistrement]
la maîtrise d'ouvrage, le développement d'actions
est, selon sa directrice, un exercice délicat. Le PAV est principalement
financé par le Contrat de Développement Durable Rhône-Alpes
(CDDRA) qui s'est orienté sur les actions de diminution des
émissions de GES et l'adaptation du territoire aux effets du changement
climatique. Le peu d'intérêt des élus sur ces questions,
remet en question l'existence méme du Pays. Un territoire de projet se
construit à travers le consensus des acteurs autour d'une « vision
partagée ». Dans le cas du PAV, l'initiative vient de
l'échelon supérieur à travers l'orientation que prennent
les financements. Ces derniers, vitaux pour ce territoire, sont axés sur
une problématique qui n'est pas partagée par ses élus.
Ainsi, les actions actuelles consistent essentiellement à sensibiliser
les élus sur l'importance d'engager le territoire dans la lutte contre
le changement climatique. En d'autres termes le territoire « Pays »
tente de construire la vision partagée nécessaire pour
légitimiser son existence.
3. Accélération du processus
La période actuelle est marquée par une
très forte inflation législative. L'empilement de réformes
au sein des services déconcentrés de l'Etat (fusions des
directions régionales, ...), des collectivités locales
(modification des ressources financières : réforme territoriale),
ainsi que la multiplication des documents de planification à
élaborer (Schéma de Cohérence Ecologique, PCET obligatoire
pour les collectivités de plus de 50 000 habitants, Schémas
Régionaux Climat Air Energie à réaliser dans les 12
mois...) rendent incertain et difficilement lisible la traduction effective des
multiples injonctions faites par le niveau central aux collectivités
locales. Le caractère obligatoire de certains PCET et des SRCAE marque
le second temps pour les politiques climatiques locales françaises, qui
passent d'une période d'expérimentation volontaire à une
période de normalisation réglementaire.
« J'ai l'impression que ce SRCAE qui a pour but de
créer des orientations précises, à respecter par les
plans-climat, c'est encore quelque chose d'assez mou quoi, mal défini...
On n'a du mal à saisir comment les choses vont ressortir. Parce que,
aujourd'hui le constat qu'on a fait à travers tous les scenarios qui ont
été étudiés dans le cadre du SRCAE, c'est que
même en plaçant les curseurs très hauts et en envisageant
même parfois des sauts technologiques ; on n'arrive pas aux logiques
« facteur 4 ». [...] Pour essayer de mettre en place ces changements
forts d'organisation de société, il faut vraiment qu'il y ait un
changement d'organisation sur plein de choses, la logistique, les
déplacements, les outils de
travail,... enfin on n'est pas seulement « je rajoute
des voitures électriques ». Je pense qu'aujourd'hui la
Région et l'Etat sont forcément embarassés par rapport
à ce constat. Parce que, comment approuver un schéma
régional qui dans les faits n'arriverait pas à respecter les
objectifs fixés au niveau national et européen ? [...]
Au-delà d'un plan d'action et de concertation, on souhaite faire
remonter à l'Etat que la mise en place d'un facteur 4 ne peut se faire
que si des actions fortes au niveau de l'Etat, et notamment dans le domaine
réglementaire, sont prises. Parce que le système incitatif ne
sera pas suffisant.21 » (Xavier Favrolt, Chargé de
mission PCED d'Isère)
Le témoignage exprime parfaitement l'empressement du
processus de territorialisation imposé par l'Etat. Les territoires
doivent se mettre en ordre de marche pour atteindre, dans les
délais, leurs objectifs et ainsi contribuer à atteindre
ceux de la France, de l'Europe et du Monde. Cependant cette course complexifie
la reconfiguration des cadres de l'action publique. Pour ne pas retomber dans
les travers de la décentralisation, les territoires doivent reconstruire
leur identité vite et bien, afin de mieux discuter des modalités
de leurs partenariats. Dans la dernière partie de notre
réflexion, nous verrons comment trois territoires, situés
à des échelles différente, territorialisent leur politique
climat.
21 Xavier Favrolt, Chargé de mission PCED Isère,
entretien réalisé le mardi 2 août, Conseil
Général, [38 min. 18 secondes de l'enregistrement]
V. Etude de cas de la territorialisation des PCET en
Région Rhône-Alpes
Les territoires de la Région Rhône-Alpes sont
depuis de nombreuses années pionniers dans le domaine des politiques
environnementales. L'exceptionnalité de l'environnement naturel du
territoire et sa fragilité expliquent en partie cette sensibilité
accrue. D'ailleurs, avec 25 PCET recensés et plusieurs autres en cours
d'élaboration, la région est aujourd'hui celle qui compte le plus
de plans-climat en France22. Ce développement rapide aboutit
aujourd'hui à une situation particulière dans le sens où
une grande partie des territoires rhône-alpins sont dotés d'un
PCET alors méme que le SRCAE n'est pas encore élaboré. Une
concertation a donc été lancée par la Conseil
régional qui évidemment compte s'appuyer sur l'expérience
de terrain des collectivités qui composent son territoire. Dans cette
partie nous nous intéresserons justement à trois territoires qui
sont engagés dans une démarche climat-énergie.
Après les avoir présenté brièvement et
constaté ce qui les sépare, nous allons analyser ce qui les
rapproche afin de comprendre les difficultés relevées concernant
la territorialisation des plansclimats.
A. Présentation des terrains d'études
Nous allons présenter les territoires d'études
mais surtout les entités de gestion publique qui mettent en place le
PCET. Un territoire se formant à partir des interactions entre les
acteurs, leur présentation est aussi importante que celle de l'espace
physique sur lequel ils interagissent. Notre échantillon se compose de
deux collectivités (Département et commune) et d'un territoire de
projet (Pays).
22 Cf Annexe 3 p60
LES TERRITOIRES D'ETUDES
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Légende :
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Pays d'Ardèche Verte Département d'Isère
Commune de Voiron
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Source : Daniel Dalet/
d-maps.com Conception :
Yannick Monlouis, août 2011
1. La commune de Voiron
Voiron est une commune d'Isère située à
25 km au nord-ouest de la ville de Grenoble. La commune est une des portes du
massif de la Chartreuse. Ayant une population d'environ 21 000
habitants23, elle ne fait pas partie des collectivités qui
ont l'obligation de mettre en place un PCET. Cependant, les élus ont eu
la volonté de s'engager dans cette démarche et le plan climat de
la ville fut voté en mai 2009. Pour faire vivre le PCET un chargé
de mission a été recruté et actuellement le plan est en
phase de mise en oeuvre.
2. Le département d'Isère
L'Isère est le département le plus vaste de la
région Rhône-alpes et le deuxième en termes
de population. En tant que département, la collectivité a
l'obligation de mettre en place un PCET, toutefois les démarches
climat-energie portées par le Conseil Général
d'Isère sont antérieures
23 Données Insee
au Grenelle puisque dès la fin des années 1990,
le département s'intéresse aux énergies renouvelables et
aux questions d'efficience énergétique. L'obligation
légale entraînée par le Grenelle n'a fait que confirmer le
processus qui était déjà engagé dans cette
collectivité. En 2008, le premier Plan Climat Energie
Départemental (PCED) a été lancé pour une
période de 3 ans. Le nouveau PCED est actuellement en phase
d'élaboration avec pour but d'avoir, au début de l'année
prochaine, des objectifs définis et les conditions de leur mise en
oeuvre. Le chargé de mission Plan-climat s'occupe seul de la politique
par contre il n'est pas à 100% dessus, il a d'autres projets à
mener par ailleurs.
3. Le Pays d'Ardèche Verte
Le PAV situé au nord du département de
l'Ardèche, est un territoire de projet créé en 2004. Il
compte environ 80 000 habitants en 200724, 64
communes et 6 communautés de communes. Le territoire a la
particularité de compter 49% de sa population qui vit en milieu rural.
La région Rhône-Alpes porte les Pays via ses CDDRA qui sont des
outils adaptés à la définition et à la
réalisation de projet de territoire. La première
génération de CDDRA s'est achevée en 2010. Le PAV
élabore actuellement la prochaine convention qui sera davantage
axée sur les questions climatiques. La démarche qui consistait au
départ à la mise en place d'un PCET volontaire a aujourd'hui
évolué pour devenir une démarche climat permettant
à la fois de maintenir les financements du CDDRA, sans toutefois
être contrainte par les règles de mise en place d'un PCET.
Actuellement, l'équipe technique du Pays se compose de trois personnes,
dont un chargé de mission climat.
Nous constatons que les trois territoires sont
différents à plusieurs niveaux. Il y a leur superficie, le nombre
d'habitants, leurs compétences propres, leur histoire par rapport aux
actions climat-énergie, d'autres différences qui n'ont pas
encoré été révélées mais que nous
allons traiter par la suite, telles que la nature des actions mises en place,
leurs cibles, leurs relations avec les autres échelles de gouvernance,
etc. Cependant, ce qui surprend le plus, ce ne sont pas les différences,
mais plutôt les similitudes. Annoncer des lois générales,
applicables à toutes les échelles de gouvernance serait un
exercice hasardeux, cependant il y a
24 Données Insee
bien des leçons à tirer des trois cas
étudiés. Nous essaierons d'identifier et de comprendre les
enseignements tirés de l'expérience de ces territoires concernant
les processus de territorialisation des politiques publiques.
B. Rôle de l'élu
Selon M. F. Jacques, « les PCET sont un objet politique
comme un autre »25, en ce sens, la place de l'élu est
déterminante. Toutes les personnes interrogées ont insisté
sur le rôle important du politique. Que le PCET soit obligatoire ou non,
ce sont les élus qui vont faciliter ou non sa mise en place. M.
F.Jacques a souligné la rapidité de mise en oeuvre du Plan-Climat
de Voiron.
« Quand vous rentrez dans une collectivité
où un élu est porteur, les élus sont sensibilisés,
des directions aussi, on va très vite. S'il faut déjà,
avant de discuter sur des actions, sur des diagnostics.... S'il faut
déjà sensibiliser, on perd du temps. Enfin, avec des gens
sensibilisés on gagne du temps [...], Moi je suis arrivé, j'ai
bénéficié du diagnostic qui est arrivé pendant que
j'étais embauché [...], ça m'a permis de voir les points
forts et les points faibles et de monter des actions en 3 mois1/2 ,
4 mois... enfin, proposer une première série
d'actions26. » (Frédéric Jacques,
Chargé du plan-climat de la commune de Voiron)
Dans le cas du PAV, nous l'avons vu la situation est ralentie
par l'intérêt moindre des élus du territoire pour cette
thématique27. Dès le début de la mise en place
du Pays, sa construction autour de la question climatique n'était pas
évidente. Selon Anne Micoud, plus de 50% des élus du territoire
étaient climato-sceptiques. Actuellement, cette propention est moindre
bien qu'elle ne note toujours pas une ferveur autour de cet enjeu.
En tant qu'objets politiques, les élus ont tendance
à privilégier les actions qui ont des résultats rapides
et qui sont facilement évaluables. Selon F. Jacques, ce n'est pas un
inconvénient car ces actions aboutissent souvent à de
très bons résultats et permettent de maintenir la
25 Frédéric Jacques, entretien
réalisé le mardi 2 août [en off]
26 Frédéric Jacques, entretien
réalisé le mardi 2 aoüt [53 min. 45 secondes de
l'enregistrement]
27 P33.
dynamique. Ce constat explique entre autre pourquoi un grand
nombre de collectivités privilégient les mêmes actions.
L'isolation des bâtiments publics est particulièrement
sollicitée car non seulement cette action entraîne des
résultats rapides, mais elle a l'avantage d'être lisible et
visible. Pour les collectivités de grandes échelles, comme la
région ou le département, il est difficile de mettre en oeuvre
des actions rapides qui s'inaugurent. L'isolation des bâtiments est une
des rares actions qui offre cette possibilité. Ce constat nous conduit
à nous demander si la dimension politique du PCET ne mènera pas
les territoires à privilégier les actions d'atténuation au
dépend des actions d'adaptation qui demandent, en général,
un investissement plus important en temps et en argent et qui sont plus
difficiles à évaluer.
L'engagement des décideurs est important, cependant il
est liée à un cadre d'action limité par les règles
publiques. La réussite de la politique dépendra donc aussi, des
compétences de chaque acteur.
C. Maitrise d'ouvrage/compétences
Nous l'avons beaucoup évoqué dans la partie
précédente, la capacité d'une collectivité ou d'un
territoire de projet à mettre en oeuvre des actions est la clé
pour discuter les partenariats nécessaires à tous processus de
territorialisation. Afin de clarifier cette compléxité
d'échelles et de règles, les territoires se concentrent sur leurs
compétences propres afin de mieux se coordonner autour d'un projet
commun. Tout acteur qui ne sera pas en capacité de se
différencier n'aura aucune légitimité à entrer dans
le processus de territorialisation. En effet, le processus favorise les
complémentarités et élimine les doublons. Un acteur qui
s'engage dans une politique sans que sa participation n'apporte de plus-value
à la démarche, constitue un frein à l'action. Ainsi, il
est normal de voir que le PAV développe des actions de sensibilisation
envers les collectivités de son territoire, car il se positionne, pour
l'instant, sur une thématique pour laquelle il n'a pas de
légitimité. En n'affirmant cela nous ne disons pas que les Pays
représentent une échelle non adaptée pour mettre en oeuvre
un PCET. Beaucoup d'exemples montrent au contraire que ces territoires peuvent
constituer un espace pertinent. Cependant dans le cas du PAV, la source de sa
légitimité doit venir des élus et force est de constater
qu'actuellement, l'enjeu climatique est loin d'être partagé.
Une fois que les acteurs sont en capacité de se
positionner par rapport à ce qu'ils peuvent mettre en oeuvre, il faut
qu'ils se coordonnent pour mener une action cohérente à
l'échelle de leur territoire.
D. Coordination des échelles
La territorialisation suggère de mettre l'accent sur les
formes de coordination verticale et horizontale de l'action publique.
Concernant le niveau vertical, les acteurs et les espaces
d'application des politiques publiques sont nombreux. Les bouleversements que
connaît l'administration politique française n'arrange en rien la
situation. Pourtant cet environnement n'est pas aussi chaotique qu'il y
paraît puisque l'Etat fixe un cadre de l'action publique. Les
collectivités territoriales étant bien plus flexibles que l'Etat,
ce sont elles qui expérimentent les actions sur le terrain. Ensuite les
« bonnes pratiques » sont capitalisées afin que l'Etat s'en
saisisse et fasse un guide qui constituera le cadre d'action à
destination de l'ensemble des territoires. Ce processus fonctionne
également aux échelles décentralisées. En effet
pour la région Rhône-Alpes, le SRCAE s'inspire des
expériences des territoires qui le composent pour construire le cadre
d'action régional, tout en restant en cohérence avec les
objectifs nationaux et européens.
Au niveau horizontal, la situation s'améliore mais le
dialogue n'est pas encore systématique. Les territoires, comme les
services déconcentrés de l'Etat, sont en pleine mutation. Dans ce
contexte, chacun travaille en premier lieu à son organisation en interne
avant de complexifier le cadre d'intervention. M. X.Favrolt nous indique la
difficulté et dans le même temps la nouveauté d'un
fonctionnement transversal en interne.
« Si on veut intégrer dans chacune des
politiques publiques les problématiques énergieclimat, il faut
que les autres Vice-présidents chargés des différentes
thématiques s'en emparent. [...] Il y a vraiment un travail à
faire de transversalité entre personnes responsables dans
l'exécutif des différentes thématiques et ça, c'est
un travail à mettre en place. L'A21 comme le PCET [...]concernent
énormément de domaines puisque ce sont des projets complexes, et
donc ça implique de travailler en transversalité, ce qui est
quelque chose d'assez novateur dans la plupart des grosses administrations, qui
ont l'habitude de fonctionnement plutôt vertical, avec le
Vice-président, le directeur et les services thématiques
consacrés, mais pas forcément de relation de
l'un à l'autre. [...] C'est déjà une évolution dans
la façon de faire de l'administration et il faut arriver à
convaincre pour aller dans ce sens là. Je pense aussi que c'est un
challenge pour les élus. [...] C'est plus compliqué de
gérer avec ses collègues des objectifs communs, que de
gérer sa propre politique seul et d'avoir son plan d'action en lien
direct avec l'administration ».28
Ainsi pour le département d'Isère, la
transversalité des actions énergie-climat se fait à deux
niveaux. Chaque service doit intégrer des actions d'atténuation
ou d'adaptation en fonction de son domaine d'actions
(thématique) et chaque direction territoriale
déclinera les orientations en fonction de ses caractéristiques
(territoire). Les directions territoriales n'ont pas
l'obligation de travailler sur l'ensemble des thématiques. Elles
identifient celles qui correspondent aux leviers les plus importants en
fonction de leur situation. Le mode de fonctionnement du département est
assez innovant dans le sens où il favorise réellement la
transversalité tant recherchée.
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Les 13 territoires de l'Isère
Source : Conseil Général
d'Isère
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Le Shéma de Cohérence Territoriale (SCoT)
représente également un moyen pour les territoires de
s'inscrire dans une démarche transversale. Ce document d'urbanisme a
28 Xavier Favrolt, Chargé de mission Plan Climat
d'Isère, entretien réalisé le mardi 2 aoüt, Conseil
général d'Isère [27 min. 40 secondes de
l'enregistrement]
l'avantage de mettre en cohérence l'ensemble des
politiques sectorielles à l'échelle d'un territoire. Le SCoT
prend de plus en plus d'importance en intégrant des objectifs de
développement durable. Il s'enrichit au fil du temps, devant prendre en
considération de plus en plus de domaines tels que la dernière
évolution en date, la prise en charge de la régulation de
l'aménagement commercial des territoires.
L'articulation des territoires d'études est
satisfaisante au niveau vertical et horizontal. La commune de Voiron a une
échelle adéquate pour développer le dialogue entre les
services et elle maintient un contact permanent avec la Communauté
d'agglomération du Pays Voironnais qui développe son propre PCET.
le Pays d'Ardèche Verte a, de fait, une certaine flexibilité dans
son fonctionnement et enfin le Conseil général d'Isère qui
est une organisation plus lourde, a élaboré un système
innovant de territorialisation des politiques qu'il met en place.
L'articulation entre les PCET est également favorisée par le
phénomène de réseau entre les chargés de mission
Plan-climat de la région qui se connaissent presque tous.
E. Les chargés de mission « Plan-climat
»
Tous les territoires étudiés disposent d'une
personne référente pour le Plan-climat. Le nombre de personnes en
charge de cette thématique va dépendre de l'engagement du
territoire, cependant le domaine étant par nature transversal, il
demande une disponibilité à temps complet. M. X. Favrolt nous
explique les difficultés qu'il peut parfois rencontrer du fait que son
temps de travail ne soit pas uniquement réservé au PCED.
« Sur le plan-climat, je suis seul. En plus, je ne
suis pas à 100% sur le sujet, j'ai d'autres projets à mener
parallèlement. Donc ce n'est pas évident, et c'est ce qui
explique aussi un petit peu les problèmes de dérapages dans le
temps, parce que, à un moment donné, il faut gérer les
priorités dans le travail et que, quand on est pas à 100%,
automatiquement on fait avec les impondérables des différents
projets »29.
La réussite de leur mission repose principalement sur
leur capacité à sensibiliser et à convaincre les
acteurs, et en premier lieu leurs collègues (services,
collectivités, etc.), sur la
29 Xavier Favrolt, Chargé de mission Plan Climat
d'Isère, entretien réalisé le mardi 2 aoüt, Conseil
général d'Isère [24 min. 50 secondes de
l'enregistrement]
question climatique afin de les mobiliser à tous les
niveaux en maintenant une cohérence d'ensemble. En effet, bien que la
thématique soit connue, les chargé(e)s de mission constatent
qu'il est important de rappeler à chacun l'importance de sa
contribution. D'après F. Jacques, parfois les agents ne
considèrent pas qu'il y ait une différence entre une mise en
veille prolongée et l'arrêt complet de leur ordinateur. Il lui
revient donc la tâche de rappeler à ses collègues que les
efforts ne se feront pas uniquement par des grandes actions mais que chacun,
à son échelle, peut agir. La sensibilisation participe à
la construction d'une vision partagée et facilite d'autant plus la mise
en oeuvre du plan d'actions.
Nous pouvons également relever le recours très
fréquent à des bureaux d'études pour des questions
techniques ou l'animation de la politique. Les thématiques étant
nouvelles, les chargés de mission n'ont pas toujours les
compétences techniques nécessaires. La réduction de la
masse salariale favorise également l'externalisation des études,
diagnostics, évaluations, etc. Les chargés de mission se
concentrent sur le pilotage de la politique publique.
F. Les moyens financiers
Dans son bilan d'activités 2010, la Commission
consultative d'évaluation des normes (CCEN) juge "significatif" le
coût pour les collectivités territoriales des textes d'application
des lois Grenelle 1 et 2. Elle évalue le coût pour les
collectivités à 1,84 milliard d'euros entre 2010 et 2022. Le
décret relatif aux bilans des émissions de gaz à effet de
serre et au plan climat énergie territorial (PCET)
"générerait pour les 440 collectivités potentiellement
soumises à cette réglementation un coût global compris
entre sept et douze millions d'euros", estime la CCEN. Parmi notre
échantillon, excepté le PAV qui est principalement financé
par le CDDRA, les deux collectivités n'ont pas de source de financement
spéciale pour la mise en oeuvre des actions climat-énergie,
cependant elles possèdent un budget propre « Plan-climat » en
complément des budgets thématiques (bâtiment, eau, etc.).
Hormis pour le financement d'un éventuel renforcement des moyens
humains, les deux collectiviés ne semblent pas rencontrer de
difficultés à financer leurs actions, d'autant plus que plusieurs
d'entre elles vont leur permettre, sur le long terme, d'économiser de
l'argent qu'elles pourront réinvestir dans de l'investissement.
« L'an dernier, il y a un bâtiment avec 800
m2 de toiture, les combles n'étaient pas isolés et le
fait de les isoler.... C'est estimé à 3% de la consommation dans
les calculs qui ont été faits. C'est énorme 3% sur un
bâtiment dont la consommation est de 40 000-45 000 euros/an. C'est une
opération qui est facile à faire et qui rapporte entre 3 et 10%.
10% c'est bien, c'est-à-dire qu'au bout de 10 ans, on amortit
l'investissement, c'est ce que l'on recherche aussi. L'argent qui permet
d'être économisé est réinjecté. C'est ce que
recherchent les élus. Tout l'argent économisé est remis
systématiquement en investissement30. » (F.Jacques,
Chargé de mission Plan-Climat, commune de Voiron)
La gestion publique, encore dans cette période
d'instabilité, impose une gestion très rigoureuse de l'argent
public. Les élus sont très attentifs et privilégient des
actions sans regrets, c'est-à-dire des actions dont les coûts nets
sont négatifs car elles entraînent des avantages directs et
indirects. Toutefois, afin de juger des choix faits aujourd'hui, il est
nécessaire de mettre en place un système de
suivi-évaluation qui servira aux décideurs de piloter l'action
publique.
G. Le suivi-évaluation
Le PCET de Voiron étant en phase de mise en oeuvre,
c'est le seul territoire de notre échantillon qui dispose d'un
système de suivi-évaluation. Chaque fiche action dispose de son
indicateur, lequel est actualisé une fois par an. Concernant le Conseil
général d'Isère, leur système de
suivi-évaluation se limite pour le moment à un suivi de projet.
Cependant une réflexion est menée pour disposer d'un
système d'évaluation performant.
« Aujourd'hui la personne qui est innovante dans
cette conception des choses, c'est mon collègue qui passe avant moi sur
l'agenda 21, et qui, lui, cherche à développer un certains
nombres d'indicateurs d'effets. Ça c'est le plus important,
c'est-à-dire en quoi l'action menée contribue à
l'évolution sociétale ? C'est pas évident, mais bon, c'est
ce qu'il y a de plus pertinent pour une évaluation. Parce que savoir
qu'on a fait vraiment, qu'on a fait bien,
30 Frédéric Jacques, Chargé de mission Plan
Climat de la commune de Voiron, entretien réalisé le lundi
1er août, Voiron [38 min. 00 secondes de l'enregistrement]
qu'on a fait pas cher, c'est une chose, mais quels effets
vraiment ça a autour ? Ça, c'est aussi très important.
»31
Le PAV rencontrant des difficultés pour lancer ses
actions, l'élaboration du système de suiviévaluation est
laborieuse. Selon A. Micoud32, l'équipe du Pays n'est pas au
point sur les questions de suivi-évaluation des actions
climat-énergie et c'est une des raisons pour laquelle elle a
souhaité participer au projet « ClimactRegions » lancé
par l'agence RhônalpénergiesEnvironnement. L'organisation compte
notamment à travers cette initiative rendre évaluable le projet
de territoire par l'attribution de résultats attendus et des indicateurs
à la stratégie et aux projets là où ils n'existent
pas, et les vérifier là où ils sont déjà
définis. La participation à ce projet permettra de diffuser les
expériences du Pays et également de renforcer les
compétences de l'équipe pour le suivi-évaluation de la
démarche climat.
Le suivi-évaluation est un exercice nécessaire
afin d'adapter en permanence l'action en fonction de l'environnement. La
transversalité induite par les questions de développement durable
et la complexité du vivant accroissent la difficulté de
l'exercice. Les questions climatiques ont la particularité d'être
mondiales. D'ailleurs les connaissances sur lesquelles se basent l'ensemble des
politiques climat, même au plus petit échelon (commune), sont
pensées à l'échelle du globe. Nous savons qu'il est
crucial de diminuer l'impact des activités anthropiques sur
l'environnement, nous savons également que ce changement étant
inéluctable, il faut que nous nous y préparions en nous adaptant
au mieux à ses effets. Chaque geste est nécessaire et l'ensemble
des habitants de la planète doit s'engager vers cette transition. C'est
précisement ce phénomène qui rend l'exercice impossible.
Comment peut-on réellement isoler les effets d'une action ? Afin de
contourner la difficulté, les indicateurs devront représenter une
réalité construite, une sorte de susbstitut du réel. Par
exemple, un nombre de kilomètres parcourus par une moto correspondra
à un étalon d'émissions de GES. Même si les
émission réelles ne correspondent pas aux émissions de
l'étalon. Ainsi, l'ensemble des indicateurs d'effets ou d'impacts repose
sur une modélisation. Les personnes
31 Xavier Favrolt, Chargé de mission Plan Climat
d'Isère, entretien réalisé le mardi 2 août, Conseil
général d'Isère [23 min. 53 secondes de
l'enregistrement]
32 Anne Micoud, Directrice du Pays d'Ardèche Verte,
entretien téléphonique réalisé le mercredi 3
aoüt
en charge de mettre en place le système de
suivi-évaluation devront être attentivent à ne pas
évaluer uniquement les moyens mais également les
finalités.
Les chargés de missions étant seuls,
l'actualisation des données prend du temps. M. F.Jacques nous dit que
pour son cas, l'actualisation des données est facilitée du fait
qu'il travaille dans une commune. La taille de l'organisation rend possible le
suivi dans des délais raisonnables. Cependant, dans tous les territoires
interrogés, Voiron y compris, on compte beaucoup sur la participation
des différents services et directions. Sans quoi non seulement
l'évaluation sera difficile mais le portage par le chargé de
mission uniquement ne favorisera pas l'intégration d'action climat dans
chaque domaine.
« Moi aujourd'hui, parce que ça fait pas mal
d'années que je travaille dessus.... De toute façon, il n'y a pas
eu de renforcement d'équipe depuis que je suis là, ça fait
au moins 7 ans [...] je ne compte plus là-dessus pour développer
les projets. Je compte plus sur l'implication des directions et des personnes
dans les directions pour relayer le message et s'approprier un certain nombre
de projet, que dans le renforcement d'équipe. C'est notre
stratégie, mais comme on dit, ça prend plus de temps que d'avoir
quelqu'un sous ses ordres et de lui dire :
« tu fais ci » et « tu vas faire ça
». Ça demande du travail transversal, de la conviction,
voilàça demande beaucoup de choses. C'est très prenant de
temps, effectivement33. »
Le suivi-évaluation des activités climat va donc
dépendre des activités et du nombre d'acteurs
impliqués.
Les territoires de notre échantillon tâtonnent
mais avancent certainement et progressivement dans la mise en place de leur
plan-climat. La sensibilisation et le partage de l'enjeu semblent être
une clé importante pour appliquer la politique. L'exemple du PAV
illustre l'impact que peut avoir une mauvaise définition de la «
vision partagée ».
Une fois les acteurs rassemblés autour d'une cause, se
sont les questions d'ordre organisationnel qui se posent. Comment se
coordonner ? Comment prendre en compte les impératifs climat dans mon
domaine d'activités ? etc. Le Conseil Général
d'Isère est
33 Xavier Favrolt, Chargé de mission Plan Climat
d'Isère, entretien réalisé le mardi 2 août, Conseil
général d'Isère [49 min. 57 secondes de
l'enregistrement]
particulièrement innovant sur ces questions et bien que
le chargé de mission insiste sur le travail d'orfèvre pour
changer les habitudes, la structure s'oriente favorablement dans ce sens,
aidée par son mode de gouvernance34.
En revanche l'articulation horizontale n'est pas encore
évidente, chacun préférant dans cette période de
reconfiguration de l'identité des territoires, se concentrer sur ses
compétences et sur son management en interne avant de développer
ses partenariats et ses modalités d'articulation avec les autres
échelles de gouvernance. La réforme des collectivités
accompagne la transversalité des démarches, notamment en mettant
en place des outils juridiques permettant de formaliser le contour des
partenariats entre acteurs (schéma de mutualisation des services), mais
actuellement les collectivités ont des difficultés à
percevoir quelles formes de coopération elles pourront adopter. Faut-il
qu'elles se contentent d'une prestation de service, qu'elles mettent en place
une mutualisation des services ou qu'elles aillent plus loin en
transférant des compétences au sein d'une entité
supraterritoriale ? Ce transfert va-t-il aboutir à moins de pouvoirs
pour les élus ? Etc. Aujourd'hui le recul n'est pas suffisant. Les
collectivités sont dans une période d'expérimentation et
d'incertitudes fortes, accélérées par les réformes
des collectivités.
34 P42
Conclusion
Les démarches climat sont une des politiques de
développement durable que les collectivités territoriales et les
territoires de projets sont « invités » à
développer. L'exemple du Conseil général d'Isère a
illustré les difficultés que peut rencontrer une administration
de taille importante pour travailler de façon transversale, mais il nous
a également permis de constater les initiatives innovantes qui sont
trouvées pour engager cette transition. Le processus de
territorialisation n'est pas une chose aisée surtout dans ces temps de
réformes, mais les collectivités semblent s'accomoder de cette
situation puisque dans l'obligation, elles trouvent des moyens
d'intégrer ces politiques. En revanche, les territoires qui ne se voient
pas imposer de manière cohercitive cet enjeu, doivent entreprendre une
démarche concertée pour coconstruire le référentiel
commun, au risque de ne pas être en capacité de développer
des actions.
La réussite d'un PCET dépend de la
capacité des acteurs locaux à construire le cadre d'action
publique selon plusieurs éléments. Premièrement, la
définition des modalités de leur partenariat, puis en fonction de
leurs compétences, ensuite de la situation des territoires et enfin de
l'enjeu abordé. Alors que certains souhaitent que l'Etat prennent ses
responsabilités, particulièrement en matière de
réglementation (X. Favrolt), d'autres au contraire aspirent à
plus d'autonomie quant à leurs champs d'action (A.Rousset). Méme
si les temporalités sont souvent asymétriques entre la
règle, plus longue, et le projet, plus dynamique, l'analyse de nos
collectivités montrent que les pratiques évoluent de façon
positive.
Le 1er janvier 2015 est appelé à marquer une
nouvelle étape de la décentralisation, avec l'entrée en
vigueur du dispositif de répartition des compétences conçu
par la réforme des collectivités territoriales du 16
décembre 2010. A quatre ans de l'échéance, le débat
n'est pas clos entre les adversaires de la logique des « blocs de
compétences », qu'ils estiment condamnée par le verdict des
faits, et les partisans de la spécialisation des différents
niveaux de collectivités, seul moyen, selon eux, d'assurer la
lisibilité d'une action locale perdue sous l'enchevêtrement des
interventions et dans le labyrinthe des cofinancements.
Le rapport d'Antoine LEFÈVRE, établi au nom de la
délégation du Sénat aux
collectivités territoriales et à la décentralisation,
refuse d'entrer dans une discussion qui oscille souvent entre fausse
rhétorique et vrai manichéisme. Il vise à dresser un
état des lieux au lendemain
d'une réforme d'envergure, qui a souhaité mettre
la répartition des compétences sur de bons rails et
émettre quelques pistes de réflexion dans le cadre d'un
dispositif qui annonce lui même des « mesures d'adaptation »
à ses propres dispositions. Ces propositions pragmatiques suivent la
ligne directrice tracée en 2009 par la mission temporaire du
Sénat sur l'organisation et l'évolution des collectivités
territoriales : faire confiance à l'intelligence
territoriale.
« La seule manière d'apporter une
réponse satisfaisante n'est ni de nier la diversité pour faire
prévaloir l'égalité ni d'admettre l'arbitraire pour faire
prévaloir la diversité mais d'élaborer une jurisprudence
publique.35 »
L'ambition affichée est de trouver une certaine
stablilité dans la manière d'aborder les problèmes. Il ne
s'agit plus de savoir quelles solutions correspondent à tel
problème mais plutôt, de savoir quel processus puis-je mettre en
place pour trouver des solutions à ce problème et surtout quels
résultats je souhaite au final? Faire confiance aux territoires est la
base de la décentralisation et des processus de territorialisation. Une
telle démarche transforme l'attitude des fonctionnaires qui ne sont plus
détenteurs de la règle, mais deviennent détenteurs du
sens.
Toutefois, avant d'arriver à une stabilité de
nombreux changements sont encore à prévoir puisque
l'identité des territoires est encore mis en ballotage par
l'avènement des métropoles et des pôles
métropolitains qui sont en construction. La métropole sera
à priori une collectivité cohérente puisqu'elle pourra
bénéficier, sur son territoire, à la fois de
compétences émanant du département et de celles de la
région. Cependant, nous pouvons nous demander si cette nouvelle
entité, en phagocytant les compétences départementales et
régionales ne va pas complexifier davantage les démarches
laborieuses actuelles ?
35 Pierre Calame, Le principe de subsidiarité
active, 1996, Institut de recherche et de débat sur la gouvernance,
[en ligne] [
http://www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/fiche-analyse-32.html]
Annexes
Annexe 1 : Guide d'entretien
Pouvez-IIXVP 11111EFIVe111 l'KIMI111iTXRCX 3 &( 7
?
- Historique du PCET (ante-PCET ?) : Votre motivation pour le
faire
- Intérêt pour le territoire
PCET
- Objectifs (Atténuation, réduction, chiffre)
- Thématique(s) abordée(s) : agriculture, eau,
transport, bâtiment ?
- Moyens humains et financiers
- Communication
- Système de suivi-évaluation ?
- Critères ?
- Indicateurs ?
- Résultats
Comment fonctionne la gouvernance au sein du PCET
?
- Système organisation (organisation fonctionnelle) : qui
décide ? Comment ça fonctionne ?
- Temps commun (réunion, forum, etc.)
- Partenaires (quelles sont vos relations, fréquence des
rencontres, moyens de les mobiliser, leur engagement ?) - Animateur (formation,
type, compétences, etc. ?)
- Rôle de ou des élus
- Existence de Relais locaux ?
Territorialisation
Le PCET est une politique qui se limite aux
compétences du territoire qui le met en oeuvre, à partir de vos
compétences, comment répondez-vous à la
problématique du changement climatique ?
- Comment vos compétences peuvent être liées
au PCET ?
- Difficulté par rapports aux compétences ?
- Difficulté par rapports au territoire (espace
géophysique) ?
- Innovation ?
- Au niveau financier quels moyens supplémentaires
avez-vous ?
- En quoi votre politique est-elle adaptée à votre
territoire ? N'est ce pas une pâle copie de ce que vous avez pu
voir ailleurs ?
- Quelle lisibilité pour le citoyen ?
Quelle est la place de l'Etat (service
déconcentré) dans votre PCET ?
- Comment imaginez-vous votre collaboration avec les services de
l'état ? - Le cadre réglementaire, lois, application, etc.,
est-il assez précis ?
- Quelles sont vos marges de liberté par rapport ce qui
est promulgué par la loi ? - La loi est-elle trop précise ou trop
évasive ?
prendre en compte ? (Descendant)
- La compatibilité avec les schémas
régionaux est-elle aisément possible ?
- Comment imaginez-vous votre collaboration avec la région
?
Comment les différentes politiques de
développement durable sur votre territoire
s'articulent ? (Ascendant)
- Comment vous coordonnez vous avec les autres PCET du territoire
?
- Comment vous coordonnez vous avec toutes autres actions de
développement durable sur le territoire ? (Agenda 21 ? SRCAE ?, etc.)
Perspective/Prospective
- Comment peut-on améliorer votre PCET ?
- Au niveau de la territorialisation de la politique
Annexe 2 : Entretiens
Notes de l'entretien avec M. Frédéric
Jacques36 (Charge de mission PCET) Lieu : Commune de
Voiron
Date : Lundi 1er août
La station de référence de Grenoble pour les
températures, est située en dehors de l'agglomération
(Versoud). Les températures ne correspondent donc pas à celles de
l'agglomération.
Le PCET est une volonté des élus de la commune
car il ne sont pas dans l'obligation de le faire. Toutefois ils ont
souhaité s'inscrire dans le protocole de Kyoto. L'objectif du mandat de
diminuer les émissions de GES de 10%.
Le PCET est porté par l'élu en charge de
l'environnement et un conseiller « environnement ». Une cellule plan
climat a été créée. Ses membres se composent du
Maire, d'un conseiller adjoint, du service urbanisme et du service responsable
des bâtiments publics. 39 actions ont été actées.
La Communauté d'Agglomération du Pays Voironnais
(CAPV) a un agenda 21 et élabore actuellement un PCET. Son diagnostic
est réalisé par un bureau d'étude. A Voiron, l'audit
énergétique des bâtiment fut également
externalisé. Comme types d'actions communes avec la CAPV ils ont fait la
4ème édition de la semaine éco-énergie.
Il participe également régulièrement à des
animations, des conférences organisées par la CAPV. La
sensibilisation est leur compétence commune.
Les élus de Voiron privilégient les actions
à court terme qui rapportent le plus. Dans le cadre du PCET, les
citoyens et les agents de la commune ont été sensibilisés
aux déplacements doux. La commune a mis à disposition des agents
des vélos électriques. L'action est satisfaisante puisque,
à la demande des agents, 5 autres vélos vont être
rajoutés. A chaque renouvellement de voiture, la commune
privilégie l'achat de celles qui émettent le moins de
36 Ce sont mes notes, donc elles ne reflètent pas in
extenso les propos de la personne interrogées. L'intégrale de
l'entretien est disponible dans le CD qui accompagne cette thèse
professionnelle
CO2. Le PLU travaille sur le concept d'îlots
verts avec des points verts éparpillés dans le centre ville.
Le PCET n'est pas forcément un agenda 21.
Le PCET de la commune fut rapide car l'objet était
partagé et décidé en amont.
Concernant le financement, pour chaque action, ils font une
recherche classique auprès des partenaires habituels (Conseil
Général, Conseil Régional, Europe, etc.)
Il est important de travailler avec le service communication pour
faire connaître le projet, rassembler, expliquer son fonctionnement. Il
est important de valoriser la démarche.
L'évaluation de la démarche se fait de façon
annuelle. Les chefs de service sont les relais climat et ils actualisent les
données au niveau de leur service.
Les chargés de mission « Plan-Climat » des
territoires de Rhône-Alpes et parfois par delà se connaissent, il
n'y a pas besoin de séminaire pour qu'il y aient des échanges.
M. F. Jacques pense qu'il faut aller très vite dans
l'action. Certains territoires prennent trop de temps dans la phase de
conception. Il est bien de penser la démarche mais le but est de la
faire. Elle pourra être réajustée au fur et à
mesure.
Il est associé régulièrement aux
réflexions menées dans le cadre du SRCAE.
Il attend des nouvelles de la TVB sur son territoire.
Notes de l'entretien avec M. Xavier Favrolt37
(Chargé de mission PCED) Lieu : Conseil Général
d'Isère (CG)
Date : Mardi 2 août
Le PCED d'Isère commence par la thématique
énergétique à la fin des années 1990. Les actions
concernent le solaire et le bois-énergie, les politiques d'aides en
complémentarité des aides fournies par l'Ademe et le Conseil
Régional.
En 2004, les élus ont la volonté d'aller plus
loin. En 2006 est créé le plan énergie pour
l'Isère. Ce plan concerne les économies d'énergies,
l'éco-conditionnalité des aides, les énergies
renouvelables et la sensibilisation/communication. Il est mis en place en 2009,
à cause de nombreuses évolutions du mode d'organisation en
interne.
Le prochain PCED est en cours d'élaboration. Il ont
commencé par un bureau d'étude mais ils ne furent pas satisfaits,
donc ils ont décidé de gérer l'élaboration en
interne. Le nouveau PCED souhaite inciter les partenaires à des actions
vertueuses (éco-conditionnalité). Le PCED est également un
support pour faire évoluer le système de management par objectif.
Les directions territoriales ont la possibilité de s'organiser comme
elles le souhaitent, cependant il faut qu'elles atteignent les objectifs qui
sont construits collectivement (directions territoriales et services
thématiques).
La question qui se pose en permanence est : « comment
introduire des critères énergies-climat au niveau de nos
compétences propres qui concernent à la fois l'atténuation
mais aussi l'adaptation ? ». Pour nous aider dans cette tâche nous
avons mis en place une phase de consultation afin de travailler sur la
façon dont nous pouvions relier nos compétences aux
différentes thématiques concernées par le changement
climatique. Quatre ateliers furent réalisés : Ressources
naturelles, précarité énergétique, activité
économique (tourisme, agriculture, etc.), risques du changement
climatique.
Etant donné que le PCED est en phase d'élaboration,
il ne dispose pas encore d'un système de suivi-évaluation. Les
indicateurs se limitent au suivi du projet.
37 Ce sont mes notes, donc elles ne reflètent pas in
extenso les propos de la personne interrogées. L'intégrale de
l'entretien est disponible dans le CD qui accompagne cette thèse
professionnelle
Le chargé de mission ne travaille pas à 100% sur le
PCED, à certains moments il a besoin de renfort et demande le soutien de
ses collègues.
L'élu en charge de l'environnement est le
référent pour le PCED. Il pilote et porte la démarche mais
pour qu'elle aboutisse il faut que l'ensemble des élus se saisissent de
cette question. On voit que ces démarches sont assez innovantes dans la
plupart des grandes administrations et elles représentent un challenge
pour les élus. Ce sont des démarches qui prennent du temps mais
qui sont incontournables et plus riches qu'une démarche non
concertée.
Nous sommes dans une période où l'on cherche
à optimiser les budgets publics. Il y a une volonté importante de
rendre efficiente la gestion publique. Par exemple, la direction des routes va
fusionner avec la direction des transports pour devenir la direction de la
mobilité unique. On ne peut plus cloisonner ces activités l'une
n'allant pas sans l'autre.
L'action est proactive et vise à l'adhésion dans
un premier temps des membres en interne et de l'éco-compatibilité
de l'ensemble des politiques relevant des compétences du Conseil
Général. Il faut éviter de marcher sur les plates-bandes
des autres, d'où le fait que le CG a choisi de ne pas faire de
concertation avec le grand public. Les directions territoriales doivent inciter
les collectivités « inférieures »
(géographiquement parlant) si aucune démarche climat n'est
entreprise et se coordonner si elles existent.
Afin de faire entendre la voix des départements, les 8
départements de la région se sont répartis dans chaque
atelier thématique du SRCAE. Actuellement, nous avons des
difficultés à percevoir comment les choses vont ressortir ?
L'atteinte du facteur 4 dans les délais impartis n'est pas possible. Le
système incitatif n'est pas suffisant. Il faut des outils
réglementaires qui imposent la mise en place de telle ou telle
activité. Il faut un certain niveau de contrainte sans quoi on ne peut
pas y arriver. Les appels à projet fonctionnent mais ce sont des
opérations vertueuses qui portent quelques uns. Il faut au contraire un
modèle qui permette à l'ensemble d'avancer.
Aujourd'hui le CG d'Isère ne travaille pas trop avec
l'Etat sur ces questions. L'équipe est restreinte (1 seul) et le
chargé de mission avoue que ce ne sont pas dans les habitudes.
Cependant, il estime qu'il faut que les collectivités
territoriales évoluent et fassent de la place à l'Etat au niveau
local car c'est par eux que pourront remonter les besoins
réglementaires.
Le PCED voulait au départ travailler sur le partage des
méthodes et des données afin d'éviter que chacun
réinvente l'eau chaude, mais le chargé de mission manque de temps
pour ça. Il travaille davantage sur la mobilisation en interne avant de
s'ouvrir aux autres. « Lorsque l'on créé des appétits
vers l'extérieur, il faut assurer ».
Notes de l'entretien avec Ms Anne Micoud38
(Directrice du PAV) Lieu : Entretien téléphonique
Date : Mercredi 3 août
En avril 2009, ce fut la fin du précédent
contrat (CDDRA). La démarche climat fut lancée par Didier Jouve
(Europe-Ecologie-Les Verts), qui était vice-président CDDRA
à la Région Rhône-Alpes. Il n'y avait pas encore le
Grenelle, ni de collectivités qui étaient désignées
pour mettre en place des démarches climat-énergie. Les
éléctions ont entraîné un changement au niveau de
l'équipe régionale, désormais c'est Hervé Soulignac
(PS) qui prend en charge les CDDRA. Sous sa direction, il y a eu un coup de
frein. La démarche ne s'est pas arrêtée, mais l'ambition de
départ est changée. Il n'est plus question de réaliser un
PCET mais plutôt d'être climato-compatible. Ceci pour ne pas non
plus sortir des critères de financement des CDDRA.
En 2010, une élue du Pays (PS), également
conseillère du territoire auprès de la Région, porte le
projet d'une démarche climat. Il n'y avait pas d'obligations, mais elle
affectionnait particulièrement ce projet. A la suite de sa
démarche, des ateliers furent lancés pour impliquer les
élus du territoire sur la question. Au premier atelier, l'équipe
technique s'est vite rendue compte qu'il y avait plus de 50% des élus
qui étaient climato-sceptiques.
Alain Cabanes (Europe-Ecologie-Les Verts), à
l'époque président de la Communauté de communes du
Haut-Vivarais était motivé par cette démarche. Le
président actuel, M. Bernard Couedel poursuit le travail de son
prédécesseur.
En 2010, les bilans des émissions de GES de 3CDDRA + 1
PNR sont réalisés. A partir de son diagnostic, chaque territoire
a pu définir des actions à mettre en oeuvre. Cependant, il faut
rappeler que le PAV n'a pas de compétences. Il fait essentiellement de
l'accompagnement de projet auprès des collectivités qui le
composent. Il n'a pas la maîtrise d'ouvrage. La situation fait
qu'actuellement la démarche énergie n'est pas évidente
à mettre en place. Les élus ne sont pas très
motivés, c'est une des raisons pour laquelle la directrice a
souhaité faire partie du programme « ClimactRegions » afin de
relancer la dynamique. Actuellement, le Pays finalise le livre blanc qui
compile l'ensemble des propositions qui ont été faites durant les
ateliers
38 Ce sont mes notes, donc elles ne reflètent pas in
extenso les propos de la personne interrogées.
énergies-climat. Il a également
édité un guide pour les éco-manifestations. La
participation au programme « ClimactRegions » va également
servir pour améliorer le système de suiviévaluation de
projet.
Le PAV travaille sur l'atténuation et l'adaptation.
L'atténuation à travers de la sensibilisation aux
économies d'énergies et l'adaptation à travers diverses
activités telles que l'accompagnement des agriculteurs du territoire
dans l'évolution de leurs pratiques agricoles, idem pour les
sylviculteurs.
En termes de moyens humain, il y a une personne : M. Guillaume
Bacciotti qui monte en compétence sur ce sujet en suivant des
formations. Autrement, toute l'équipe est active sur la
thématique.
Les activités et le fonctionnement du Pays sont
financés à 60% par le CDDRA et à 40% par les
collectivités du territoire.
Il y a un fossé culturel avec certains élus
concernant les questions de développement durable. Selon A. Micoud, il y
a une différence « incroyable » parmi les territoires. Il y a
un travail important de sensibilisation à faire. Il faut d'une part
informer les élus sur les questions climatiques et l'importance qu'elles
revétent et d'autres part accompagner ceux qui sont déjà
lancés dans des projets plus précis.
A l'échelle du département une agence de la
mobilité va se créer (Drôme Ardèche Mobilité
) avec le soutien de l'association «Mobilité 07-26 ». Une des
communes du territoire s'intéresse à cette initiative. On
s'aperçoit que sur la question des transports, les habitants du
territoire manquent d'informations.
Le PAV n'a pas de contact avec le SRCAE, d'après ce que
A. Micoud sait, l'enjeu pour l'instant est plutôt interne à la
Région. Ils ont été invités une fois mais c'est
surtout parce qu'il font partie des 10 territoires accompagnés par la
Région.
Annexe 3 : Tableau comparatif du nombre de PCET dans
les régions39
Régions
|
Nombre de PCET
|
%
|
Rhône-Alpes
|
25
|
12,5
|
Midi-Pyrénées
|
19
|
9,5
|
Île-de-France
|
16
|
8
|
Bourgogne
|
15
|
7,5
|
Languedoc-Roussillon
|
15
|
7,5
|
Aquitaine
|
12
|
6
|
Alsace
|
10
|
5
|
Lorraine
|
10
|
5
|
Franche-Comté
|
9
|
4,5
|
Nord-Pas-de-Calais
|
9
|
4,5
|
Basse-Normandie
|
9
|
4,5
|
Poitou-Charentes
|
8
|
4
|
Champagne-Ardenne
|
7
|
3,5
|
Picardie
|
7
|
3,5
|
Bretagne
|
5
|
2,5
|
Haute-Normandie
|
5
|
2,5
|
Pays-de-la-Loire
|
5
|
2,5
|
PACA
|
5
|
2,5
|
Auvergne
|
4
|
2
|
Centre
|
3
|
1,5
|
Corse
|
1
|
0,5
|
Limousin
|
1
|
0,5
|
Total
|
200
|
100
|
39 Source : Site de l'observatoire des PCET
[http:iobservatoire.pcet-ademe.fr/]
Références
bibliographie
BERTRAND F. ; « Projet de recherche : Gestion territoriale
du changement climatique_Une analyse à partir des politiques
régionales » ; Rapport final, volume 1 - synthèse ; Juillet
2007
BERTRAND F. ; « Projet de recherche : Gestion
territoriale du changement climatique_Une analyse à partir des
politiques régionales » ; Rapport final, volume 2 - études
régionales ; Juillet 2007
BOULESTEIX-COUTELIER C. : « Thèse professionnelle :
Articulation entre projets sur un même territoire », Septembre
2010
Sous la direction de, FAURE A. : Symposium « Territoires et
subsidiarité, l'action publique locale à la lumière d'un
principe controversé », L'Harmattan, 1997
FAURE A. : « Article scientifique :
Territoires/Territorialisation », CNRS PACTE IEP Grenoble, 2004
Sous la direction de, FAURE A. et DOUILLET C.: Symposium «
L'action publique et la question territoriale », Presses Universitaires de
Grenoble, 2005
Sous la direction de, FAURE A. et NEGRIER E.: « Les
politiques publiques à l'épreuve de l'action locale : critiques
de la territorialisation », Paris : l'Harmattan, 2007
GAZIER A. : Fiche « Les compétences des
collectivités territoriales », Paris 10, 2007
HOUZIR M. : Rapport final PNUD : Approche locale et territoriale
du changement climatique dans les Pays Arabes », Novembre 2010
LEFEVRE A. : Rapport d'information de M. Antoine LEFÈVRE,
fait au nom de la délégation aux collectivités
territoriales, n° 283 (2010-2011), Février 2011
MERCIER J.P. : « Communcation lors du séminaire
« Régions, décentralisation, et coopération
internationale », Kinshasa, Novembre 2008
THOENIG JC et DURAN P. : « L'Etat et la gestion territoriale
», In: Revue française de science politique, 46e année,
n°4, 1996. pp. 580-623.,
Webographie
Histoire de la décentralisation :
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/decentralisation.asp
Observatoire des PCET : http://www.pcet-ademe.fr/
Label Energie-climat des communes et intercommunalités
: http://www.citergie.ademe.fr/
Finance territoriale :
http://finances-territoriales.over-blog.com/
Institut de recherche et de débat sur la gouvernance :
http://www.institut-gouvernance.org
Site du SRCAE de la Région Rhône-Alpes :
http://srcae.rhonealpes.fr/
BON A TIRER ET FICHE DE DIFFUSION DU RAPPORT PROVISOIRE
CONSIGNES DE CONFIDENTIALITE : [X] non conf. [ ] contenu conf [ ]
titre
Si confident. jusqu'au : conf.
|
Promotion : 2010-2011 Date de publication :
Auteur : Yannick MONLOUIS
|
REPROGRAPHIE : Date de dépôt : / /
de retrait : / /
|
Titre : La territorialisation des plan-climats
|
|
Type de travail : [ ] Travail de groupe (TGE)
[ ]MISSION ENENTREPRISE []STAGE EN EXPLOITATION AGRICOLE
|
[x] THESE PROFESSIONNELLE [ ] PROJET A L'ETRANGER
[ ] AUTRE TRAVAIL :
|
Nb.
|
DESTINATAIRE
|
ADRESSE
|
Date envoi
|
Tuteur AgroParisTech Tuteur professionnelle Secrétariat
formation initiale élève auteur :
Autres destinataires :
|
1
Total :
La diffusion est assurée par les élèves en
accord avec le commanditaire et le tuteur AgroParisTech Centre de
Clermont-Ferrand.
L'envoi pourra se faire par le secrétariat du tuteur ou de
son représentant. Pensez à rédiger une lettre
d'accompagnement et préparer les enveloppes. Merci
|