`ESSAI'
ANALYSE COMPARATIVE DE LA CRISE
ECONOMIQUE DE 1929 ET DE LA CRISE
FINANCIERE INTERNATIONALE DE
2007.
Hen KA TOKA K.L.V.
Kinshasa, aoiit 2010.
41( Imaginez une r~gle tenue verticalement sur
votre doigt : cette position tres instable devrait conduire et sa chute, au
moindre mouvement de la main ou en raison d'un tres lager courant d'air. La
chute est liée fondamentalement au caractire instable de la position; la
cause immediate de la chute est, elle, secondaire
x,.
Didier SORNETTE, 2002.
INTRODUCTION GENERALE
L'économie mondiale subit depuis 2007 sa crise la plus
grave depuis de nombreuses décennies. Un environnement favorable,
caractérisé par une forte croissance et une inflation faible
durant les années précédentes, avait conduit les
investisseurs à penser que l'avenir serait éternellement radieux
et à sous-estimer les risques.
Aux Etats-Unis, le prix du logement et d'autres actifs est
monté en flèche. Les crédits immobiliers ou prêts
hypothécaires font leur apparition et sont accordés aux
ménages américains à revenus modestes.
Ces prêts, appelés « subprimes »,
profitent aux institutions financières tant que les prix de l'immobilier
augmentent et que les taux (variables) sont bas, car, elles sont sûres de
recouvrer leurs fonds en vendant les biens hypothéqués à
des prix qui leur seraient favorables.
Le statu quo s'est accentué suivant le mouvement sans
cesse en hausse du prix du logement, nourri par une stabilité accrue des
évolutions macroéconomiques (croissance et inflation).
Lorsque la courbe des prix du logement s'est inversée,
entraînant l'effondrement de la valeur des biens
hypothéqués et rendant par conséquent le recouvrement des
fonds prêtés difficile par les institutions financières,
tous les ingrédients de la crise étaient réunis.
La baisse drastique du prix des logements, couplée
à la hausse des taux d'intérêts, a rendu le remboursement
trop difficile pour plusieurs ménages causant l'insolvabilité
puis la faillite de plusieurs organismes financiers.
La faillite des institutions financières a
engendré une crise de confiance touchant l'ensemble des agents
économiques et provoquant une crise à l'ensemble de
l'économie.
Dans un contexte marqué par une intégration
mondiale rapide et des interconnexions étroites et complexes entre les
institutions financières et marchés du monde entier, la crise
s'est propagée à toute vitesse à l'ensemble du
système financier et à l'économie mondiale.
Plus loin, dans le courant des années 1920 et 1930, le
monde a eu également à connaître une crise d'une
très grande ampleur, touchant une grande partie de l'économie
mondiale.
Cette grande crise, connue sous le nom de « la crise
économique de 1929 » ou encore « la grande dépression
», a pris naissance aux Etats-Unis, en octobre 1929, mettant fin à
une importante période de prospérité, et s'est rapidement
étendue au reste du monde.
Au cours de la décennie 1920 et même bien avant,
les Etats-Unis connaissent une grande prospérité marquée
par un boom économique caractérisé par d'importantes
innovations technologiques telles que la radio, le téléphone et
de nouveaux outils et systèmes de production rénovateurs qui
entraînent une augmentation de la productivité industrielle, une
forte croissance, un recours au crédit de plus en plus important
causé par des taux d'intérêt très bas et une grande
spéculation boursière.
Mais le recours trop important au crédit, la
surproduction industrielle (on produit trop par rapport à ce que les
américains consomment), la crise dans le secteur de l'agriculture (en
raison de la baisse des prix de gros des produits agricoles et de
l'accumulation des stocks), et surtout la spéculation boursière,
jettent les bases de la crise.
L'annonce d'une baisse prochaine des prix (consécutive
à une offre trop abondante) et des bénéfices industriels
en octobre 1929, pousse certains spéculateurs boursiers à vendre
leurs titres au moment où ils sont encore cotés à un
niveau élevé en bourse. Un nombre trop important d'actifs sont
alors mis en vente, provoquant un effondrement des cours et une panique
boursière qui débouche sur la faillite et la fermeture de
nombreuses banques, engendrant une forte diminution de la production
industrielle et de la consommation.
Lorsque les banques américaines, à court de
liquidités pour assurer le remboursement des dépôts, ont
commencé à réclamer le remboursement de leurs prêts
à l'étranger, la crise s'est étendue au monde entier,
provoquant l'effondrement du système financier mondial, et s'est
propagée à l'échelle de l'économie mondiale par le
biais des échanges commerciaux qui se sont resserrés du fait de
la montée des barrières commerciales dans un grand nombre de
pays.
La comparaison entre la crise financière internationale
de 2007 et la crise économique de 1929 permet de déceler le fait
qu'à l'origine de chaque crise on trouve différentes combinaisons
de causes, souvent endogènes aux systèmes, ayant
des effets à diverses échelles et appelant
à l'intervention de l'Etat, à travers différentes mesures
pour résorber les dangers qu'elles suscitent.
Pour résoudre la crise de 1929, L'Etat était
obligé d'intervenir (aux Etats-Unis comme dans d'autres pays
capitalistes) à travers certaines mesures et politiques
interventionnistes. Dans le cadre de la crise de 2007, l'histoire a
semblé se répéter, suscitant une confusion quant aux
croyances de ces pays au libéralisme, à l'autorégulation
des marchés, et à l'interventionnisme keynésien auquel ils
font recours pour résoudre les crises.
La crise financière internationale de 2007 a eu certes
une profondeur énorme, une étendue et une férocité
extraordinaires. Mais quelle a été son ampleur par rapport
à la crise de 1929 ? Les interventions des Etats signifient-elles un
abandon du libéralisme ? Que devrait-on faire, se référant
à la crise de 1929, pour endiguer définitivement les
dégâts de la crise financière internationale de 2007 ?
Le corps de cette étude a la prétention de
réunir les éléments de réponse à ces
importantes interrogations à travers l'analyse approfondie :
· des facteurs à l'origine de chaque crise ;
· du déroulement et des mécanismes de
propagation de chaque crise ;
· des interventions et politiques nationales pour endiguer
chaque crise ;
· de l'importance de l'Etat dans l'économie.
Partant de l'acception selon laquelle l'hypothèse
cherche à établir une vision provisoire du problème
soulevé, ou à apporter des réponses anticipatives devant
découler de la problématique, nous émettons, au regard de
l'objectif poursuivi dans notre travail, l'hypothèse que, la crise que
la crise financière internationale de 2007 est bien comparable, de par
son ampleur, à la crise économique de 1929, et que les
différentes interventions des Etats ont conduit effectivement à
un certain abandon du laissez-faire.
L'histoire économique nous montre que vers la fin de
la deuxième décennie du vingtième siècle
jusqu'à la décennie d'après, il y a eu une crise
économique d'envergure mondiale, avec d'énormes pertes
financières, faillites d'entreprises et d'institutions
financières ainsi que des déséquilibres commerciaux,
etc.
Depuis 2007, une importante crise sévit
l'économie mondiale, entraînant des pertes financières
d'une très grande ampleur, la faillite en cascade de plusieurs
institutions financières, ainsi que des crises dans divers secteurs
de
l'économie. Nous pouvons dès lors constater que
dans les deux cas, il y a des effets dévastateurs dans l'économie
mondiale.
L'ampleur de la crise de 2007, vue sa propagation dans les
moindres recoins de l'économie mondiale, a réellement
représenté pour la prospérité de la planète,
une menace sans précédent depuis la crise de 1929.
C'est dans ce cadre qu'il nous a paru important d'analyser et
de comparer la crise financière internationale de 2007 à la crise
économique de 1929, sans toutefois avoir l'intention d'écrire une
histoire économique des deux périodes. Et ce, en vue d'en faire
ressortir les causes, l'impact économique, ainsi que ce que l'on peut
faire pour en endiguer les dégâts et prévenir une nouvelle
calamité de cette espèce, dans l'espoir que cette analyse sera
utile pour les futures analyses sur les crises économiques et
financières, car l'histoire peut aider à trouver des solutions
aux problèmes qui se posent au présent.
BEN KATOKA K.L.Y.
Juin 2010
Ce travail portera respectivement, pour la crise
économique de 1929, sur la période allant de 1920 à 1934,
laquelle nous permettra d'une part, de faire une analyse de la période
1920-1929, caractérisée par l'expansion ayant
précédée la crise et d'où nous chercherons les
facteurs ayant causé la crise. D'autre part, nous étudierons la
période 1929-1934, considérée comme celle du
déroulement de la crise économique. Ensuite, concernant la crise
financière internationale de 2007, nous nous intéresserons
à la période allant de 2000 à ces jours, d'où nous
étudierons la période 2000 à 2007, ayant
précédée la crise, puis la période de crise
proprement dite, c'est-à-dire, de 2007 (année de
déclenchement de la crise) à ces jours.
I
NOTIONS SUR LES CRISES FINANCIERES ET
ECONOMIQUES
Avant d'entrer dans le vif de l'analyse des deux
périodes faisant l'objet de la présente étude, il est
prioritaire de passer en revue certains concepts susceptibles d'en fluidifier
la lecture, et faciliter la compréhension. C'est ainsi que ce chapitre
sera consacré à l'explication et l'analyse de certaines notions
basiques.
1.1. DEFINITIONS
Le mot crise peut être compris selon différentes
acceptions. Il peut en effet être compris comme un brusque changement
d'état ou une aggravation subite, une apparition brutale d'un
état morbide, une période d'intense activité qui retombe
soudainement et un point de paroxysme où s'expriment des graves
tensions.
Il peut également désigner le moment
périlleux ou décisif d'une affaire, une période
d'instabilité ou de doute collectif. Ou encore, comme une phase grave
dans l'évolution des choses, des événements, des
idées.
On peut alors distinguer diverses sortes de crises à
savoir, les crises de santé, les crises politiques, les crises sociales,
les crises culturelles, les crises de change, les crises boursières, les
crises financières, les crises économiques, etc.
Dans le cadre de ce chapitre, il sera question d'approfondir
la notion de crise financière et de crise économique.
1.1.1. Crise financière
Une crise financière peut être comprise comme le
blocage du fonctionnement de l'économie d'un pays, d'une région
ou encore du monde, en raison d'une rupture de liquidité et de la crise
de confiance des acteurs économiques vis-à-vis du système
financier.
Elle peut également être comprise comme une
période d'instabilité et de déficits financiers.
Elle peut aussi être définie comme une
oscillation de grande ampleur affectant tout ou partie d'un ensemble de
variables financières : volumes d'émission et cours des
obligations ou des actions, encours de crédits et de dépôts
bancaires, taux de change1.
Une crise financière peut être également
décrite comme un ensemble de situations diverses dans lesquelles
certaines institutions financières perdent soudainement une grande
partie de leur valeur du fait d'un dérèglement du système
de refinancement.
Il y a également crise financière, selon Michel
AGLIETTA, lorsqu'un accident localisé peut se propager à
l'ensemble du système financier, à cause des externalités
qui sont inhérentes à la présence du risque dans un
système2.
Selon F. MISHKIN, une crise financière désigne
une interruption profonde du fonctionnement des marchés financiers,
caractérisée par des fortes baisses du prix des actifs et par la
défaillance de nombreuses sociétés financières et
non financières3.
1 BCC, « De la crise financière à
la crise économique », in Notes de conjonctures, Kinshasa,
2008, pp. 1-2.
2 M. AGLIETTA, Macroéconomie
financière, 4ème Edition, La découverte,
Paris, 2008, p.7.
3 F. MISHKIN, Monnaie, Banques et Marchés
Financiers, 8ème Edition, Nouveaux Horizons, 2008, p.
231.
Dans le cadre de la présente étude, nous avons
choisi de retenir cette dernière définition, car elle cadre bien
avec la situation de la crise financière dont il sera question dans les
chapitres suivants.
Une crise financière, telle que nous l'avons
définie, peut être d'échelles différentes. Elle peut
en effet, être régionale, nationale, mondiale, ou se limiter
à une seule institution financière, entreprise, secteur, etc.
Elle se traduit généralement par des
conséquences sociales dramatiques sur l'économie réelle
(faillites en cascades d'entreprises, déflation, chômage, etc.) et
résulte, selon F. MISHKIN4, la plupart du temps de :
· la hausse des taux d'intérêt ;
· la baisse de la bourse ;
· déclin non anticipé du niveau des prix ;
· la montée de l'incertitude ;
· paniques bancaires.
1.1.2. Crise économique
Comme pour la crise financière, plusieurs acceptions
peuvent être accordées à la notion de crise
économique. Par crise économique en effet, on peut entendre une
période de grave déséquilibre économique
résultant du décalage entre production et consommation.
Elle peut également désigner une période
où le climat des affaires dégrade brusquement la majorité
des activités économiques, entraînant sur une
échelle importante, des faillites et des licenciements, arrêtant
l'investissement, bloquant le crédit, ruinant une partie du secteur
bancaire, et freinant les échanges5.
Toutes ces définitions semblent bien cadrer avec la
crise économique dont il sera question plus loin. Cependant, quelles
sont les causes d'une crise économique ?
Selon l'école Autrichienne d'économie, les
crises économiques sont essentiellement dues à l'accumulation de
défauts d'ajustement de l'appareil de
4 F. MISHKIN, Cité par Banque de France,
« Les canaux de transmission monétaire : leçons pour la
politique monétaire », In Bulletin de la Banque de France,
n°27, mars 1996, pp. 98-99.
5 BCC, Op. cit., pp 2-3.
production à la demande réelle6. Les
économistes de cette école notent en effet qu'à mesure que
les prix deviennent de plus en plus faussés, des malinvestissements,
soit des investissements qui n'auraient pas été faits dans les
conditions normales du marché, finissent par s'accumuler et, la
surabondance de crédit fait en sorte que des décisions de plus en
plus risquées sont prises dans le but d'accroître les rendements,
et l'effet de levier atteint des niveaux dangereusement
élevés.
Par contre, la théorie marxiste7, voit dans
le libéralisme un système en lui-même
générateur de crise, à cause essentiellement des conflits
entre patrons et ouvriers (lutte des classes).
La crise économique est définie dans les
théories économiques du cycle8, comme une
période de ralentissement de l'activité économique,
faisant suite à une période d'expansion :
Figure 1. Phases du cycle
économique
3 4
1
2
6« Le libéralisme au service du peuple », in
Cinquième Université annuelle du Club de l'Horloge, Paris,
1er octobre 2OO5.
7 Le Marxisme représente une doctrine et
une méthode d'analyse formulées par Karl Marx et Friedrich Engels
et développées par leurs disciples. Selon cette école,
c'est sur le travail que repose tout le principe de la production
capitaliste..., or, dans le salariat, le prix de la force de travail est
sous-évalué par rapport à la valeur qu'elle produit..., le
salaire que chaque travailleur reçoit pour commencer et reproduire ainsi
sa force de travail reste inférieur à la valeur que son travail
produit... C'est cette situation qui conduit à terme au blocage de la
machine capitaliste.
8 Les théories qui distinguent la succession
plus ou moins régulière des périodes de
prospérité et de dépression dans une économie. On
distingue essentiellement 3 types de cycles à savoir, le cycle de 40
mois ou KITCHIN, cycle de 8 à 10 ans ou JUGLAR, cycle de 50 ans ou
KONDRATIEFF. Voir P. GILLES, Histoire des crises et des cycles
économiques, ARMAND COLLIN, Paris, pp. 20-70. ; MAGNAN (Jean de
Bornier), « Cycles et fluctuations économiques, 2008 » ; Et
MUBAKE MUMEME, « Fluctuations et croissances économiques »,
Cours de L1 Sciences Economiques, UNIKIN, Kinshasa, 2OO8.
Source : Figure élaborée par
nous-même sur base du cours de Fluctuations et Croissances
économiques (Première Licence Sciences Economiques), et d'autres
ouvrages consultés.
· La première phase (1) correspond à la haute
conjoncture, la croissance ou l'expansion, qui se caractérise par une
hausse de la production ;
· la deuxième (2) correspond à la phase de
crise ou récession, c'est-à-dire le point de retournement ou de
passage d'une phase de croissance à une phase de
décroissance9, marquée par un affaiblissement du
rythme d'accroissement de la production ;
· la troisième (3) constitue une phase de basse
conjoncture, de dépression, de creux, de liquidation10. Elle
s'accompagne d'une baisse de la production ;
· la quatrième (4), s'analyse comme une phase de
reprise.
Nous pouvons également ajouter que l'expansion des
crédits met en mouvement les différentes phases du cycle
économique : le boom (expansion) est marquée par l'expansion de
l'offre de monnaie et par des erreurs d'investissement tel que nous aurons
à l'expliquer plus loin ; la crise survient lorsque l'expansion des
crédits s'arrête et que les mauvais investissements deviennent
évidents ; la dépression est le processus par lequel
l'économie connaît des réajustements pour préparer
la reprise.
Durant la phase de croissance, où l'on assiste en
effet à une augmentation de l'emploi, des salaires et des
bénéfices, les entrepreneurs expriment un optimisme les amenant
à accroître leur niveau de production futur. Cependant, à
partir d'un seuil donné, se dressent certaines barrières faisant
obstacle aux attentes de ces derniers : hausse des coûts de production,
hausse des taux d'intérêt, des prix, baisse de la consommation en
réaction aux hausses des prix, etc. Le niveau de la production
n'étant pas proportionnel à celui de la consommation, les stocks
s'accumulent, provoquant une chute des prix. Face à une telle situation,
les entrepreneurs réduisent alors leurs dépenses et
procèdent à des licenciements. Le cumul de tous ces
événements débouchent sur une récession.
Autrement, tel que nous l'avons évoqué plus
haut, toute période d'expansion provoque une expansion du crédit
et une augmentation de l'endettement emmenant les agents économiques
à s'engager au-delà de leurs capacités d'endettement. Ce
surendettement est la cause première de la panique boursière. En
effet, la panique provoque une volonté de liquidation de la dette qui,
à
9 D. J. MAGNAN, « Cycles et fluctuations
économiques », 2008, (
http://fr.wikipedia.org/wiki/crisefinancière),
p. 2.
10 Idem.
son tour, entraîne un dégonflement de la masse
monétaire, puisqu'on a ici beaucoup plus de remboursements de
crédits que d'émissions de crédits, débouchant sur
une contraction de la masse monétaire, puis du niveau de la demande.
MURRAY N. ROTHBARD affirme que : « le boom
economique est en
realite une periode de malinvestissements, durant
laquelle les erreurs sont faites, du fait des credits fausses des banques et du
libre marche ; la crise signale la fin du desordre accumule pendant la periode
du boom ; la depression est le processus preparant la reprise et dont la fin
annonce le
retour a la normale de l'activite
»11. Il renchérit en affirmant que : «
la
depression, loin d'etre un mauvais fleau, peut
etre consideree comme le
retour necessaire et benefique de l'economie a la
normalite apres une
periode de graves distorsions causees par
l'expansion »12. En effet, durant
cette période, les projets non rentables doivent
être abandonnés ou être révisés à bon
escient, tandis que les activités, les firmes, les entreprises
inefficaces ayant vu le jour pendant le boom doivent être
liquidées ou mises à la disposition des entreprises plus
efficaces. Autrement, comme le dit Nicolas CRESPELLE : « une
crise est un
accelerateur de changement, et s'en sortent les
premiers, et mieux que les autres, ceux qui disposent de la plus grande
flexibilite et ceux qui disposent de la plus grande capacite
d'investissement»13.
Cela dit, une crise économique peut être
provoquée par :
· une politique monétaire erronée : taux
directeur trop faible ou trop élevé, provoquant respectivement un
surinvestissement ou un assèchement des liquidités
réduisant la demande et donc le niveau de la production ;
· une crise financière : via les canaux des
crédits, puisqu'en effet, lorsqu'il y a une rupture dans le
système financier qui provoque un accroissement de
l'anti-sélection et du risque moral sur les marchés financiers,
et lorsque les marchés sont incapables d'organiser les transferts de
fonds efficacement des prêteurs vers les agents à qui s'offrent
des occasions d'investissement productif, il en résulte une forte
contraction de l'activité économique réelle. En effet, si
le taux directeur est revu trop à la hausse en vue de contrecarrer une
demande accrue de crédit, il est probable que les bons risques de
crédit cesseront de chercher un financement, alors que les mauvais
risques voudront encore emprunter. L'anti-sélection s'intensifiant, les
prêteurs pourraient devenir plus retissant quant à consentir des
nouveaux prêts. Il en résulte une baisse des prêts qui
conduit à une chute importante de l'investissement et de
11 M. ROTHBARD, America's great depression,
Mises Institute, Alabama, 2000, p.12.
12 Idem, pp 13-14.
13 N. CRESPELLES, La crise en questions,
Eyrolles, Paris, 2009, p.22.
l'activité économique globale. En outre, une
diminution des crédits aux ménages suite à une crise
bancaire par exemple, est susceptible d'entraîner une réduction
des dépenses de consommation, qui à son tour provoque une
contraction de la production ;
· un changement majeur du contexte politique (guerre,
instabilité politique, etc.) ;
· des erreurs des politiques économiques : mises en
place des politiques protectionnistes, nationalisations massives,
déficits publics excessifs ;
· etc.
Toutefois, il est important de noter que la variable
considérée comme la plus importante (ou centrale) pour le
repérage de la conjoncture (crise) est soit la production industrielle,
soit le PIB14. Ainsi, pour mieux analyser la morphologie d'une
crise, il faut étudier le comportement des différentes variables
économiques relativement à la variable centrale. Il s'agit par
exemple : des prix industriels, des ventes des producteurs, du taux de
chômage, de l'investissement privé, de la production des biens
durables (automobiles, réfrigérateurs, etc.), des profits, des
taux d'intérêt, des nouveaux projets d'investissement, de la masse
totale du crédit, etc.
1.2. CRISES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DE L'HISTOIRE
Comme nous l'avons déjà évoqué
précédemment, l'activité économique n'est pas
constante. Elle est marquée par des périodes de haut et de bas,
c'est-à-dire de croissance, de crise, de récession, etc.
La théorie des cycles économiques, qui
intègre la crise économique comme un événement
récurrent de l'histoire économique, permet cependant de voir que
c'est depuis des siècles lointains que l'humanité est
marquée par des crises financières et économiques majeure
:
Tableau 1. Quelques crises économiques et
financières de l'histoire
Année
|
Crise
|
Mécanisme
|
1720
|
Krach de 1720
|
Crise survenue simultanément en France et en
Angleterre, concernant les titres des compagnies exploitant les ressources du
nouveau monde (Amérique)
|
1797
|
Crise monétaire de 1797
|
En France, les mauvaises récoltes agricoles
enregistrées au début de la décennie 1790 conduit à
la Révolution Française.
|
|
14 D. J. MAGNAN, Op. cit., P. 3.
|
|
Durant la même période, l'Angleterre est
frappée par une crise financière déclenchée le 26
février 1797. Des bruits d'invasion ayant amené une foule de
particuliers, fermiers et petits commerçants à retirer leurs
avoirs auprès des banques, ont conduit à l'insolvabilité
puis la banqueroute de nombreuses d'entre elles.
|
1810
|
Crise de 1810
|
Durant les années 1810-1811 éclate une crise de
l'industrie cotonnière en Europe continentale, à la suite d'un
manque de matière première résultant d'un blocus des cotes
et de l'augmentation des droits de douane. L'effondrement des ventes provoque
l'insolvabilité des industriels face aux banques qui, jusque là
ont financé leurs activités. Ces dernières, en manque de
liquidités, obligent les industriels du coton à vendre leurs
stocks à fin de rembourser. Un trop grand stock de coton est alors mis
en vente à des prix très bas et prive les banques des
liquidités dont elles avaient besoin. Cette situation entraînant
la faillite de
plusieurs établissements bancaires, à Hambourg,
Amsterdam, Paris, Vienne,
etc. et les industriels privés de
liquidités, déposent leurs bilans et ferment leurs usines.
|
1819
|
La crise américaine de 1819
|
Considérée comme la première crise
financière de grande ampleur aux USA, la crise de 1819 met un terme
à l'expansion qui a suivi la guerre de 1812 (entre colons britanniques
et Indiens). Le financement de cette dernière avait en effet conduit
à un assèchement des réserves
bancaires, débouchant sur une augmentation des
émissions monétaires privées qui se sont
investies dans
des placements fonciers spéculatifs jusqu'à ce
que la Banque Centrale Américaine (Second Bank of the United States,
aujourd'hui FED) engage une politique restrictive qui débouchera sur une
vague de faillites et une profonde récession aux Etats-Unis qui
entraînera par la suite la faillite définitive (en 1837) de la
Second Bank of The United States.
|
1836
|
Krach de 1836
|
En 1836, l'Angleterre connaît un important Krach
boursier qui survient suite à la décision du Président
américain Andrew Jackson15 de subordonner la vente de terres
américaines à un paiement en métaux précieux et non
plus en monnaie papier, entraînant la panique dans le secteur foncier, la
faillite de nombreuses banques Britanniques ayant prêté aux
établissements bancaires américains et aura des sérieuses
répercutions sur le système financier Français, Allemand,
etc.
L'ensemble de ces événements
débouchât sur une longue récession économique de
plusieurs années, marquée par
|
|
|
|
d'importantes faillites bancaires (343 établissements sur
850 fermèrent leurs portes)
|
1857
|
Crise de 1857
|
En août 1857, la banque Ohio Life and Insurance
Company, une des plus importantes banques américaines,
est confrontée à une forte demande de crédit et suspend
ses paiements. Elle est rapidement suivie par les banques de New York, du
Maryland et de Pennsylvanie, puis par d'autres banques importantes à
Baltimore, Philadelphie et Boston. Le taux de l'escompte s'accroît
fortement et, dans le courant de septembre, les actions de chemin de fer
enregistrent une forte baisse à la Bourse de New York. La crise
américaine se propage immédiatement en Angleterre sous la forme
d'une crise de change qui se complique rapidement d'une crise de crédit
intérieur. Bien que moins violente, elle atteint également la
France où la Bourse de Paris connaît une forte baisse. Elle est
suivie d'une récession économique dans tous les pays unis par des
liens monétaires, financiers et économiques.
|
1907
|
Crise boursière américaine de 1907
|
La crise boursière de 1907a pour origine le
resserrement des conditions de crédits suite au relèvement du
taux d'intérêt par les établissements bancaires
américains ainsi que différents scandales financiers à New
York, provoquant par la suite une ruée des déposants vers les
banques pour retirer leurs dépôts.16 Partie de New
York, la panique se propage dans tout le pays et de nombreuses banques et
entreprises font faillite
|
1966
|
Crise
américaine du crédit
|
Après plusieurs années de forte croissance de
l'économie, les banques américaines se trouvent à
court de réserves dans un contexte où la
Réserve
Fédérale conduit une politique restrictive afin
de
contenir l'inflation. La crise se traduira par une chute des
cours boursiers, une baisse de liquidités et une hausse des taux
d'intérêts provoquant un fort ralentissement de l'activité
économique.
|
1982
|
Dette des pays en voie de développement
|
Les pays en voie de développement s'étaient
lourdement et facilement endettés à la suite du choc
pétrolier de 1973. En effet, les banques de dépôt
cherchaient à utiliser les énormes dépôts de
pétrodollars dont elles disposaient. Une partie importante de la dette
des PVD était à taux
variable et à court terme. La hausse des taux courts
américains décidée fin 1979 a donc
considérablement
alourdi la charge de la dette. Le pays où la situation
de la balance des paiements s'est dégradée le plus rapidement a
été le Mexique, qui a fait défaut brusquement en
août 1982. Cela a eu un effet de raréfaction
générale du crédit
|
|
16
http://www.lemonde.fr/web/module
|
|
et provoqué une crise bancaire mondiale. La banque
centrale américaine dut baisser ses taux en
catastrophe, tandis que le FMI accordait des lignes de crédit d'urgence
aux PVD.
|
1997
|
La crise économique asiatique
|
L'ancrage fixe au dollar US de plusieurs monnaies de l'Asie
du Sud Est, en particulier le bath thaïlandais, donnait l'illusion d'une
garantie de change. Le système bancaire local s'endette
considérablement à court terme et en devises, sans se
préoccuper du risque de change, notamment pour financer les deux
gigantesques vagues de spéculation immobilière et
boursière qui ont lieu dans toute la région. Les banques locales
se livrent donc à une double transformation: elles empruntent à
court terme, en devises, pour prêter à long terme, en monnaie
locale. Quant aux garanties des prêts, elles sont constituées par
des immeubles surévalués ou par des actions également
surévaluées. L'afflux de capitaux
étrangers est, de son
côté, facilité par la politique
monétaire expansive que
mène la banque centrale japonaise pour lutter contre
la déflation. Mais les créanciers étrangers
réduisent progressivement leur exposition au cours de l'année
1997 et le 2 juillet 1997, les autorités thaïlandaises doivent
laisser flotter le bath. Le piège se referme alors sur les
économies de la région, par une crise des taux de change et une
crise bancaire.
N.B. Cette crise est attribuée à la
libéralisation financière incontrôlée,
encouragée par le concessus de Washington17
|
2000
|
Bulle Internet
|
La survalorisation des sociétés internet et
technologique et la frénésie des acquisitions par les plus
grandes sociétés (en terme de valorisation), conduiront à
une envolée des indices boursiers dans les années 1998-1999, puis
à l'éclatement ensuite de cette bulle spéculative à
partir de fin 2000 puis 2001. Le Dow Jones passera ainsi de pratiquement 12.000
points en 2000 à 7.000 points en 2003 (-40%).L'éclatement de la
bulle internet a donné lieu à une crise classique de
surinvestissement, tout le monde se précipitant sur un marché
apparemment porteur.
|
|
A travers ce tableau, nous pouvons constater que le monde
connaît depuis les siècles passés des crises
financières et économiques, souvent accompagnées de
paniques boursières et bancaires, de ruées des épargnants
vers les guichets des banques fragilisées, et de faillites importantes
d'établissements
17 J.-P. PIROU, Lexique des sciences
économiques et sociales, 8ème édition, La
découverte, Paris, 2009, p.35.
bancaires et d'entreprises non financières. Les crises
qui feront l'objet des chapitres suivants n'ont pas dérogées
à cette règle, tel que nous aurons à le
démontrer.
Ainsi, avant de passer aux chapitres suivants, nous
définirons certains concepts élémentaires, essentiels
à la compréhension des crises qui en feront l'objet.
1.3. QUELQUES CONCEPTS DE BASE
Comme nous avons eu à le souligner, une meilleure
compréhension des crises dont il sera question dans les chapitres
suivants nécessite à priori celle de certains concepts tels que
:
1.3.1. Titre
Un titre est un document représentant un droit de
propriété ou de créance. Ainsi, on distingue
différents types de titres, dont :
· Les actions : sont des titres représentatifs d'une
partie du droit de propriété sur une entreprise, et dotées
de rémunérations variables appelées dividendes.
· Les obligations : une obligation est un titre de
créance représentant une partie d'un emprunt à long terme
émis par une personne morale (société, Etat, etc.).
1.3.2. Bourse
Est un marché organisé et public où
s'échangent des titres ou des marchandises.
1.3.3. Titrisation
La titrisation au sens plus large est un montage financier
qui permet à une société d'améliorer la
liquidité de son bilan18. Mais pris dans le contexte des
activités bancaires, elle est une opération qui consiste pour une
banque, dans un premier temps, à revendre les créances
correspondant à des crédits immobiliers (ou à la
consommation, etc.) à un organisme qui va les transformer en titres
financiers. Ensuite, ces organismes à leur tour, revendent ces titres
à des investisseurs (banque, Hedge Funds, ménages, etc.), qui en
contrepartie touchent le principal et les intérêts des prêts
versés par les emprunteurs.
Elle est une transformation d'actifs financiers non liquides
(prêts immobiliers, crédits automobiles, etc.) en titres
échangeables sur le marché de capitaux19.
1.3.4. Prêt subprime
Un prêt subprime est un crédit à taux
variable basé sur une garantie hypothécaire prise sur le logement
acquis par l'emprunteur.
1.3.5. Agence de notation
Une agence de notation est une entité commerciale qui
évalue les titres émis par les banques, les entreprises, les
investisseurs et les gouvernements. Cette évaluation permet de
refléter les risques associés aux titres émis, et de
vérifier la solvabilité de l'émetteur20.
1.3.6. Marché des capitaux
Les marchés des capitaux sont des marchés qui
permettent la rencontre entre les agents ayant un excédent de capitaux
et les agents ayant des besoins de financements. Dans ce cadre, on distingue
:
· les marchés financiers : sur lesquels s'effectuent
les emprunts et placements à long terme, où se négocient
les titres (actions, obligations, etc.) ;
· les marchés monétaires : sur lesquels
les agents économiques négocient entre eux leurs besoins et leurs
excédents de capitaux à court et moyen terme. Il comprend le
marché interbancaire (où les acteurs exclusifs sont les banques),
le marché des gros, le marché au jour le jour, le marché
de réescompte, le marché des effets publics21.
1.3.7. Bulle
Une bulle se dit d'une hausse du prix d'actifs suite à
l'augmentation de la demande de cet actif22. Cette augmentation est
lié au fait que de nombreux agents
19 F. MISHKIN, Op. cit., p. 286.
20
http://www.wikipedia.com/fin
21 « L'impact de la crise financière sur le choix de
financement des entreprises françaises »,
http://www.lemonde.fr
22 J. PIROU, Op. cit., pp. 10-11.
se portent acheteurs de cet actif parce qu'ils anticipent une
hausse de son prix et de son rendement. Dans ce cadre, une bulle
spéculative désigne une situation dans laquelle les agents
pensent que le prix de l'actif va augmenter (parce qu'il a déjà
augmenté), et anticipent alors une poursuite « certaine » de
la hausse. Ainsi, en achetant massivement l'actif, son prix augmente de
manière effective, et pousse d'autres agents à faire de
même. Ce qui nourrit davantage cette hausse de prix.
Cependant, l'éclatement de la bulle survient suite
à un événement fortuit (hausse des taux
d'intérêt, attentats terroristes, etc.) qui pousse les agents
à prendre conscience de la réalité et à vendre les
actifs le plus vite possible de peur d'enregistrer des pertes23. Ce
qui fait chuter les prix, et conduit à un krach boursier.
1.3.8. Panique bancaire
La panique bancaire peut être comprise comme un
enchaînement des défaillances bancaires résultant de la
détérioration des bilans des banques, et provoquant un effet de
contagion dans l'ensemble du système bancaire.
23 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 18.
HISTORIQUES DE LA CRISE ECONOMIQUE DE
1929 ET DE LA CRISE FINANCIERE
INTERNATIONALE DE 2007
1. HISTORIQUE DE LA CRISE ECONOMIQUE DE 1929
La crise économique de 1929, dite aussi la grande
dépression, est une crise déclenchée aux Etats-Unis en
octobre 1929, à la suite d'un krach boursier, provoquant d'importantes
vagues de faillites, un accroissement significatif du chômage et
plongeant le monde dans la récession pendant plusieurs années
(1929 à 1935 en moyenne dans la majorité de pays).
Dans cette section, il sera question de retracer l'historique
de cette crise économique de 1929, d'en décrire les facteurs
à l'origine, de confronter les différentes explications
théoriques sur les causes profondes de cette crise et enfin, d'en
analyser les effets.
Comme nous l'avons évoqué dans le chapitre
précédent, la crise est une période qui fait suite
à une période de prospérité ou d'expansion. Ainsi
dans le cadre de l'analyse de la crise économique de 1929, nous
analyserons l'économie américaine d'avant la crise,
c'est-à-dire, durant la période 1920-1929, période de
croissance ayant précédée le déclenchement de la
crise.
1.1. Déroulement de la crise économique de
1929
Vers le début du 20è Siècle, l'Europe est
en déclin24 et les Etats-Unis deviennent la première
puissance économique du monde. Wall Street25 remplace la
bourse de Londres comme première place financière mondiale et
l'Amérique devient créancière de l'Europe.
Les Etats-Unis confortent de plus en plus leur position et
connaissent, à partir du début des années 1920, un boom
économique caractérisé par d'importantes innovations
révolutionnaires telles que l'électricité, la radio et le
téléphone, de nouveaux outils et systèmes de production
rénovateurs tels que les chaînes d'assemblage automobile,
l'organisation scientifique du travail (le taylorisme), qui permettaient
d'augmenter considérablement la productivité de l'industrie
américaine et emmenant la prospérité ainsi qu'une vaste
gamme de nouveaux produits de grande consommation à des niveaux de plus
en plus élevés.
Dans un marché libre en effet, et c'est le cas du
marché américain durant cette période, une
amélioration de la productivité conduit à une augmentation
de l'offre de biens et services et donc, à une baisse du niveau des
prix, et à l'amélioration du niveau de vie des consommateurs.
C'est ainsi que l'on peut noter que durant cette période, les prix
étaient relativement bas et stables.
Cette amélioration de la productivité et
l'augmentation de la richesse dans l'économie avaient ainsi conduit
à une croissance très marquée du PIB américain
durant cette période. On note également une remarquable
augmentation du taux d'épargne et de l'investissement26.
24 Les dépenses de guerre
(1ère guerre mondiale) ont ruiné les économies
européennes
25 Place boursière des Etats-Unis, autrement
appelée New York Stock Exchange (NYSE), (voir NYEMBWE MUSUNGAIE, «
Institutions et Marchés Financiers Internationaux », cours de L2
Economie Monétaire, Unikin, Kinshasa, 2009.).
26 M. ROTHBARD, Op. Cit., pp. 86-87.
Tableau 2. Evolution du PIB Américain
1920-1929
Année
|
PIB nominal (en milliards de Dollars)
|
PIB nominal/tête (en milliers
de Dollars)
|
1920
|
88,4
|
830
|
1921
|
73,6
|
678
|
1922
|
73,4
|
667
|
1923
|
85,4
|
763
|
1924
|
87,0
|
762
|
1925
|
90,6
|
782
|
1926
|
97,0
|
826
|
1927
|
95,0
|
803
|
1928
|
97,4
|
808
|
1929
|
103,6
|
851
|
Sources :
http://www.digitalhistory.uh.edu/database/article
http://research.stlouisfed.org/fred2/data/INDPRO
http://www.federalreserve.gov/releases/htm
Comme l'indique le tableau ci-dessus, durant la période
du boom, nous pouvons constater que le PIB nominal a augmenté de 15
milliards de Dollars, soit une augmentation de 17%. Le PIB par tête a
quant à lui augmenté de 2,53%.
M. FRIEDMAN, dans son ouvrage, coécrit avec Anna
SCHWARTZ, « Histoire monétaire des Etats-Unis,
1860-1963»27, décrit les années 1920 comme une
période d'accélération de la croissance économique
sans contraction majeure, où le progrès dans l'industrie et la
finance a modifié sensiblement le rôle des banques, changeant
remarquablement le caractère et la distribution des actifs bancaires,
etc.
Durant cette période de forte expansion, où l'on
note une augmentation remarquable de la production industrielle, on constate
également une expansion considérable des crédits,
favorisée par des taux d'intérêt très bas (3% en
moyenne), causant une forte croissance de la masse monétaire.
TABLEAU 3. Evolution du taux directeur de la FED
1920-1929
Années
|
Taux
|
1920
|
-
|
1921
|
4,83
|
1922
|
3,47
|
1923
|
3,93
|
1924
|
2,77
|
1925
|
3,03
|
1926
|
3,23
|
1927
|
3,10
|
1928
|
3,97
|
1929
|
5,42
|
Source :
http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97.011.pdf
http://www.digitalhistory.uh.edu/database/articledisplay.cfm?HHID=188
L'accès facile au crédit, favorisé par
des taux faibles, tel que l'indique le tableau 3, a sensiblement
accéléré le volume de la masse monétaire dans
l'économie américaine durant cette période.
Le tableau suivant renseigne sur l'évolution de la masse
monétaire durant la période du boom.
Tableau 4 : Evolution de la masse monétaire
1920-1929
Date
|
Circulation
fiduciaire hors banque (en milliards de
Dollars)
|
Volume de Dépôts (en milliards
de Dollars)
|
Prêts spéculatifs (en milliards
de Dollars)
|
Offre totale de monnaie (en milliards
de Dollars)
|
30 juin 1920
|
-
|
-
|
-
|
-
|
30 juin 1921
|
3,68
|
16,58
|
1,85
|
45,30
|
30 juin 1922
|
3,35
|
17,44
|
2,08
|
47,16
|
30 juin 1923
|
3,74
|
19,72
|
2,42
|
51,79
|
30 juin 1924
|
3,65
|
21,26
|
2,89
|
54,67
|
30 juin 1925
|
3,57
|
23,19
|
3,48
|
59,86
|
30 juin 1926
|
3,60
|
24,74
|
4,09
|
63,62
|
30 juin 1927
|
3,56
|
26,46
|
4,70
|
66,91
|
30 juin 1928
|
3,62
|
28,53
|
5,39
|
71,12
|
30 juin 1929
|
3,64
|
28,61
|
6
|
73,26
|
Source :
http://www.federalreserve.gov/releases/htm
Ce tableau nous montre que, durant la période du boom,
l'offre de monnaie s'est accrue de 28 milliards de Dollars, soit une
augmentation de 61,7% en huit ans. On note également une augmentation
moyenne de l'ordre de 7,7% l'an. Les dépôts se sont accrus de
12,03 milliards de Dollars, soit une augmentation de 72,6%, tandis que les
prêts ont augmentés de 4,15 milliards de Dollars, soit 224,3%
d'augmentation. Cette augmentation des crédits peut être vue sur
la figure 1, laquelle donne une vision claire de cette expansion.
Murray N. ROTHBARD, déjà cité, affirme
que, ce qui avait nourri cet accroissement de l'offre de monnaie
résidait dans le fait que l'on enregistrait durant cette période,
un accroissement du taux d'épargne de l'ordre de 30,8%, tandis que la
demande de retraits des déposants diminuait de 72,3% au
cours de la même période. Cette situation avait nourri un certain
laxisme dans le respect des ratios de gestion de la part des banques, notamment
celui des réserves obligatoires qui, entre 1920 et 1929, avait
baissé de 10% à 3%, entraînant un fort accroissement de la
création monétaire28.
Figure 1 : Evolution des prêts en milliards
USD
4
0
5
3
2
1
1921 1922 1923 1924 1925 1926
Prêts ...
Source : voir chiffres du tableau 4
Cette figure, à travers sa courbe positive, montre que
la manière dont les prêts bancaires ont évolué entre
1920 et 1929, a contribué à la désarticulation de la
situation économique, tel que nous aurons à le démontrer
plus loin.
Cet accès facile au crédit entre 1920 et 1929, a
entraîné d'une part, une masse de plus en plus accrue
d'investissements et une production des biens de consommation qui devient
supérieure à la demande des américains (on produit trop
par rapport à ce que les américains consomment). D'autre part,
cette augmentation trop importante de la masse d'investissements, a accru
remarquablement la spéculation boursière, augmentant sensiblement
la valeur du Dow Jones, passant de 166 points en 1926 à 245 points en
1928, puis à 452 points en 192929, doublant pratiquement les
cours des valeurs industrielles en moins de deux ans.
La raison de cet envolé des cours résidait
cependant dans le fait qu'un nombre de plus en plus élevé
d'américains, encouragé par l'accès facile au
crédit, s'était lancé dans la spéculation
boursière, vu les profits qu'elle rapportait.
28 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 93.
29
http://www.bloomberg.com/data
Ainsi, aussi longtemps que les cours continuaient à
grimper, les investisseurs faisaient profit, poussant un nombre encore plus
grand d'américains à se lancer dans les investissements en
bourse. Et durant cette période on note même le fait que certains
américains moins dotés en capitaux, empruntaient massivement et
ce, dans le seul but d'investir en bourse.
Il en ressort qu'en 1929, 1 548 707 d'américains
étaient lié à des opérations en bourse, sur une
population de 120 million d'habitants, et environ 30 millions de ménages
étaient activement liés aux opérations
boursières.30 La figure suivante la relation entre les
prêts spéculatifs et le prix des actifs.
Figure 2. Evolution des prêts
spéculatifs et du prix des actifs de 1927 à
1929
250
10
7,5
200
5
150
2,5
100
50
0
Dec
Jun
Mar
Dec
Jun
Mar
Dec
Jun
Mar
Sep
Sep
Sep
1929
1928
1927
|
Prêts spéculatifs Prix des
actifs
|
Source : Vincent SARDA, « La crise de 1929 »,
p.6.
La figure 2 illustre bien la manière dont
l'augmentation des prêts spéculatifs a nourri la hausse des prix
d'actifs. En effet, en regardant cette figure, nous nous apercevons que les
prix des actifs évoluent positivement dans le sens des prêts
spéculatifs.
En vue de stopper cette hausse effrénée des prix
des actifs et limiter la spéculation, les autorités
Américaines ont décidé d'interdire tout prêt
à but spéculatif (les ventes de titres se faisant même
à crédit) et de relever le niveau du taux d'intérêt,
passant de 3,97% en 1928 à presque 6% en 1929. D'autre part, l'annonce
d'une baisse prochaine des prix et des bénéfices industriels en
octobre 1929, poussent certains spéculateurs à anticiper
l'évolution des cours et donc, à vendre
leurs actions pour empocher une plus-value au moment où
les cotations boursières de Wall-Street sont encore à un niveau
élevé. Plus de 13 millions de titres, au lieu de 4 millions
habituellement, sont alors mis en vente, provoquant l'effondrement des cours,
faisant chuter le Dow Jones de 452 points à 224 points, soit moins que
le niveau atteint en décembre 1928, c'est-à-dire 241
points31, le jeudi 24 octobre 1929 (jeudi noir), et entraînant
une grave panique boursière dans laquelle des centaines de milliers
d'actionnaires se sont retrouvés complètement ruinés.
La figure suivante montre la relation entre le taux
d'intérêt de la FED et les prix en bourse, lesquels ont quasiment
évolué en sens opposés. Ce qui revient à dire que
les prix en bourse étaient négativement liés au taux
d'intérêt de la FED.
Figure 3. Evolution des prix en bourse et du Taux de
réescompte de la FED de
janvier 1928 à décembre 1929
255
230
205
5
180
155
130
Prix des actifs Taux de la FED
1929
1928
J
F
J
J
J
J
M
A
M
A
S O
N
D
F
M
A
M
A
S
O
N
D
J
4
3
7
6
Source : Vincent SARDA, Op. cit., P. 9.
Cette figure renseigne sur la manière dont les prix en
bourse ont évolué par rapport au taux d'intérêt de
la FED. Nous remarquons en effet, une évolution des prix en bourse
fonction relativement inverse du taux d'intérêt de la FED. Cela
permet ainsi clairement d'apercevoir l'effet des politiques restrictives de la
FED vers le milieu de l'année 1929, lesquelles ont conduit au Krach
boursier en octobre de la même année. C'est alors de cette crise
que se déclenche la panique dans le secteur bancaire des Etats-Unis.
En effet, la crise boursière
dégénère très vite en crise bancaire, vu que les
banques, ayant multiplié les crédits depuis plusieurs
années, sont prises en
31
http://www.workforall.net/library,
Op. cit., p.1.
tenailles, puisque dans l'incapacité de
récupérer leurs fonds au près des personnes
endettées, alors que, dans le même temps, il commençait
à se produire une ruée des déposants vers les guichets des
banques.
Devant les défauts de remboursements de leurs
emprunteurs et les retraits massifs des déposants, des nombreux
établissements bancaires feront faillites, entraînant
l'effondrement du système bancaire. On note que près des 2/5 des
banques détenant un volume très important des dépôts
aux Etats-Unis ont ainsi commencé à suspendre leurs
activités à cause des difficultés financières
consécutives à cette situation32. Dès
l'année suivante, on recensait 9000 banques en faillites,
représentant plus de 15% du système bancaire
américain33.
En même temps, la raréfaction des
liquidités débouchera sur une diminution du volume des
investissements industriels et de la consommation des produits
manufacturés et agricoles, conduisant à une profonde crise
économique, aux conséquences très désastreuses sur
non seulement l'économie Américaine, mais aussi sur celle du
reste du monde.
Comme nous l'avons constaté, l'économie
Américaine durant la période de boom était en fait, un
mélange de deux forces différentes, et fondamentalement
incompatibles. D'une part, une grande prospérité, avec une
augmentation considérable de l'épargne (voir tableau 4), due
notamment à l'augmentation du revenu par tête, elle-même
liée à l'augmentation de la productivité et de
l'investissement. D'autre part, une expansion du crédit,
débouchant sur l'accumulation de mauvais investissements (tel
qu'évoqué précédemment), causant finalement et
inévitablement la crise, dont les causes profondes seront
évoquées aux points suivants.
32 M. ROTHBARD, Op. cit., p.299.
33 P.C. HAUTECOEUR, « La crise de 1929 et ses
enseignements », In Crises Financières, Economica, Paris,
2008, p.2.
1.2. Causes de la crise
C'est bien le Krach boursier survenu en octobre 1929 qui,
comme nous avons eu à le souligner, a déclenché la crise
économique, ayant par la suite dégénéré en
dépression, la plus longue et la plus sévère qu'a connu le
monde au 20è siècle.
Cependant, de nombreuses études menées au sujet
de cette grande crise, ont permis de déceler divers facteurs à
son origine. Il s'agit notamment de la baisse de la demande des consommateurs
ou la sous-consommation (explication keynésienne), des politiques
monétaires inadaptées (explication monétariste), ainsi que
les relations économiques internationales, qui, quant à elles,
avaient joué un rôle majeur dans la transmission de la crise des
Etats-Unis au reste du monde.
1.2.1. Les politiques monétaires
inadaptées
Les politiques monétaires inadaptées dont il est
question ici, peuvent être regroupées en deux catégories
à savoir, les politiques expansionnistes menées entre 1920 et
1929, ainsi que les politiques restrictives menées par la FED vers la
fin de la même période.
1.2.1.1. Les politiques monétaires expansionnistes
entre 1920 et 1929
Pour Murray ROTHBARD, Friedrich HAYEK et de nombreux autres
économistes de l'école Autrichienne, la principale cause de la
crise de 1929 résidait dans l'expansion des crédits au cours de
la décennie 1920 (voir tableau 4), qui a conduit à des
malinvestissements.
En effet, à partir du moment où les
autorités monétaires avaient décidé de gonfler le
volume de la masse monétaire et du crédit, les taux
d'intérêt ont commencé à diminuer. Et dans ce
contexte, les entreprises ont investi cet argent facile dans de nouveaux
projets de production, entraînant un certain essor dans la production des
biens de consommation. Cependant, avec l'évolution du boom, les
coûts des entreprises ont à leur tour commencé à
augmenter, conduisant à un réajustement des taux
d'intérêt à la hausse, avec pour effet de comprimer les
profits.
Dans ce contexte, les autorités monétaires
Américaines, craignant une inflation des prix, ont décidé
de réduire la croissance de la masse monétaire en augmentant les
taux d'intérêts. Et, cela a suffit pour déclencher
l'effondrement de toute l'activité.
Dans le même ordre d'idées, Irving Fisher pense
que c'est la frénésie boursière nourrie par les taux
d'intérêt faibles, et l'irresponsabilité des banquiers, qui
ont prêté sans retenue aux spéculateurs,
c'est-à-dire, le fait que les banques finançaient non plus
l'économie réelle, mais la spéculation, qui se trouve
être à l'origine de la crise34.
1.2.1.2. Les politiques monétaires restrictives de
la FED
La décennie 1920-1929, comme nous avons
déjà eu à le souligner, était une période de
grande prospérité, caractérisée aussi par une
certaine constance du prix de gros.
Cependant, on a enregistré durant cette période,
une augmentation très marquée du prix des actions, ayant presque
quadruplé entre 1920 et 1929. C'est dans ce contexte que, la
Réserve Fédérale (FED), dans le but de ralentir cette
hausse vertigineuse des prix des actions, avait décidé de relever
les taux d'intérêt (voir tableau 3). Mais seulement, contrairement
aux attentes des autorités monétaires américaines, ces
taux d'intérêt plus élevés avaient eu pour effet de
baisser sensiblement les dépenses dans les achats des biens immobiliers,
automobiles et autres biens durables (pourtant en plein essor et moteur de la
croissance durant cette période), réduisant par la suite la
production (dans les secteurs qui connaissaient le plus gros volume
d'investissements).
Cette réduction des dépenses a par la suite
conduit à une baisse progressive des prix, provoquant des anticipations
baissières des prix des actions (les investisseurs ayant perdu toutes
certitudes sur les bénéfices futurs), et débouchant sur le
Krach du « jeudi noir ».
Les incertitudes sur les bénéfices futures, et
la chute des prix, ont à leur tour conduit les consommateurs et les
entreprises à retarder leurs achats de biens durables, ce qui a sans
doute débouché sur la baisse de la production réelle aux
EtatsUnis dès la fin de l'année 1929, et à une spirale
déflationniste, à la base de faillites d'entreprises, et de
vagues de licenciements.
Dans le même temps, les difficultés des banques
à recouvrer leurs prêts, avaient elles aussi provoqué de
grosses faillites bancaires, débouchant sur une profonde crise de
confiance entre les institutions bancaires encore viables. Ce qui a eu pour
effet de resserrer davantage les crédits, avec pour conséquence
la chute de
34 « La grande dépression », (
http://www.wikipédia.org/wiki/grande_dépression)
la consommation et de la production réelle,
débouchant sur la grande dépression les années qui ont
suivi.
Plusieurs économistes, dont notamment Milton FRIEDMAN
et Anna SCHWARTZ, insistent sur le fait que la grande dépression a
été causée par la contraction monétaire
consécutive aux politiques restrictives de la FED.
Si en effet, la FED avait effectivement joué son
rôle de prêteur en dernier ressort, les banques ne seraient pas
tombées en faillites, et ainsi, la crise économique
consécutive à la panique bancaire, aurait pu être
évitée.
Ainsi, d'après les monétaristes, c'est la
politique restrictive de la FED qui était à l'origine non
seulement du krach boursier, mais aussi, et plus gravement, des crises
bancaires qui ont débouché sur la crise économique. En
effet, c'est en freinant la réalisation de l'activité
économique par le coût excessif de crédits, que la
consommation a sensiblement baissé, que les investissements ont
progressivement commencé à disparaître, et que les
entreprises ont cessé de fonctionner. C'est de là que la crise
s'est remarquablement aggravée, pour déboucher sur la grande
dépression.
1.2.2. La sous-consommation
Pour J.M. KEYNES, la prospérité de
l'économie Américaine pendant la période 1920-1929 n'avait
pas réussi à éliminer les inégalités
sociales aux EtatsUnis35. Le laissez-faire prôné par
les Républicains au pouvoir à l'époque, n'avait pas permis
un certain interventionnisme étatique en vue de mieux redistribuer la
richesse, notamment aux plus pauvres, possédants des propensions
marginales à consommer plus élevées. On sait en effet que,
un accroissement de la richesse chez les petits revenus entraîne une
forte propension marginale à consommer.
Or, au cours des années 1920 aux Etats-Unis, une grosse
part de la richesse allaient aux entreprises et à leurs chefs, mais pas
aux petits revenus. Cela a, dans une certaine mesure, nourrit l'accroissement
remarquable du volume de l'épargne durant cette période. Et,
c'est en s'inscrivant au point de vue de KEYNES, que François COCHET
stigmatise la très inégale répartition des revenus aux
EtatsUnis, qu'il identifie comme étant le facteur majeur de transmission
de la crise. Il
35
http://www.wikipedia.com/article
souligne le fait qu'entre 1928 et 1929, 5% de la population
Américaine contrôlait 33% des revenus individuels36.
Ainsi, pour KEYNES, la phase de très forte croissance
enregistrée durant la décennie 1920-1929, avait permis aux
Etats-Unis d'accumuler considérablement la richesse. Mais cette
richesse, cependant, n'a pas été suffisamment diffusée
dans toutes les couches de la société Américaine. Et,
c'est cette concentration de la richesse qui a réduit les
possibilités de consommation que l'appareil de production permettait
(les riches dépensant proportionnellement moins que les pauvres). C'est
alors la diminution progressive de la consommation tout au long des
années 1920- 1929, qui a conduit à une baisse de la production
vers la fin de ladite période.
1.2.3. Les relations économiques
internationales.
D'autre part, l'importance des liens internationaux, la
mobilité des capitaux, ont également joué un rôle
majeur dans la transmission de la crise au reste du monde.
Comme nous avons déjà eu à
l'évoquer plus haut, les Etats-Unis, au lendemain de la première
guerre mondiale, vers le début des années 1920, étaient
devenus créanciers de l'Europe et de plusieurs Etats du monde. Des
nombreux prêts avaient été octroyés en effet aux
pays étrangers, notamment Européens, Asiatiques, etc. comme
l'illustre le tableau suivant :
Tableau 5. Evolution des prêts
américains a l'étranger par régions du monde (en
millions de $)
Année
|
Europe
|
Asie et Océanie
|
Canada
|
Amérique Latine
|
Total
|
1924
|
527
|
100
|
151
|
191
|
969
|
1925
|
629
|
147
|
137
|
163
|
1076
|
1926
|
484
|
38
|
226
|
377
|
1125
|
1927
|
577
|
164
|
237
|
359
|
1337
|
1928
|
598
|
137
|
185
|
311
|
1251
|
1929
|
142
|
58
|
295
|
176
|
671
|
Total
|
2957
|
644
|
1231
|
1597
|
6429
|
Source : P. GILLES, Histoire des crises et des cycles
économiques, ARMAND COLIN, Paris, p. 152.
Ce tableau démontre l'importance des capitaux
américains à l'étranger, qui étaient en constante
évolution de 1924 à 1928, puis en nette diminution en 1929.
36 F. COCHET, La grande crise, 1929-1939,
Dunod, Paris, p.42.
En effet, avec la hausse des taux d'intérêt en
vue de faire face à la crise dans le secteur bancaire américain,
il s'est amorcé d'importants rapatriements des capitaux vers les
Etats-Unis dès la fin de l'année 1929, et qui ont eu pour
conséquence de baisser la production dans les pays emprunteurs
(Allemagne, Autriche, Brésil, Argentine, etc.).
Cependant, dans l'optique de faire face à la
réduction de la production aux Etats-Unis, et de rendre les produits
américains plus compétitifs face à la chute
enregistrée dans la production mondiale, les autorités
américaines ont alors décidé de durcir les politiques
commerciales protectionnistes. D'autres pays ayant emboité le pas, les
échanges commerciaux se sont réduits, conduisant à une
baisse de la production mondiale et à une profonde récession.
Toutes les causes de la crise évoquées ci haut,
tiennent bien. Cependant, nous convenons de souligner l'importance des
politiques monétaires menées par les autorités
monétaires américaines durant la période 1920-1929, qui,
nous semblent bien tenir le rôle de premier plan au déclenchement
de la crise économique.
En effet, les politiques expansionnistes, menées par la
FED, durant la période du boom, et les politiques restrictives mises en
place dès le début de l'année 1929, sont effectivement
à la base de la spéculation et du krach boursier ayant
précédé le déclenchement de la crise
économique, et ce, concrètement de la manière suivante
:
Premièrement, grâce aux politiques
expansionnistes menées pendant la période du boom, avec des taux
d'intérêt d'une moyenne de 3% (voir tableau 3), les banques,
nourries également par des taux d'épargne très
élevés, ont énormément prêter. Mais à
partir d'un moment donné, elles ont, au lieu d'octroyer des
crédits à l'économie réelle, à travers des
investissements productifs, commencé à prêter massivement
aux spéculateurs.
Dans ce contexte, où il y a une abondance de
liquidités sur le marché financier Américain (Wall
Street), les Etats étrangers (Allemagne, France, Grande-Bretagne,
Brésil, Argentine, etc.), ont commencé à emprunter
également des capitaux privés américains pour financer
leurs dépenses, en vendant des titres publics (obligations et bons du
Trésor). Mais seulement cependant, ces titres d'Etats étrangers
étaient porteurs de gros intérêts. En effet par exemple,
les Gouvernements Allemand et Brésilien, vendaient respectivement des
bons à intérêt de 8% et 7%, pendant que les banques
Américaines pouvaient emprunter à des taux d'environ 3%
sur le marché interne37. Ainsi en se
lançant dans les achats de ces titres d'Etat, ces dernières
pouvaient bénéficier d'une marge de 4 à 5%.
Ainsi, toutes les banques Américaines, petites ou
grandes, éparpillées dans tout le territoire Américain,
ont, dans ce contexte de profit, commencé à prêter aux
spéculateurs, en vue que ces derniers acquièrent ces titres
d'Etats à Wall Street.
C'est alors de ce besoin pressant des banques de faire profit,
de l'empressement pour un grand nombre d'Américains à
acquérir ces titres, et de cette euphorie totale, que les prix des
actifs ont commencé à grimper en bourse, jusqu'à atteindre
le niveau le plus élevé en septembre 1929 (voir figure 2).
Deuxièmement, consciente de cette situation, la FED, en
tant que régulatrice du marché monétaire Américain,
décide alors de freiner l'augmentation des prêts à but
spéculatif, en relevant son taux directeur jusqu'à environ 6%
(voir tableau 3). C'est ainsi, consécutivement à cette
décision de la FED, qu'un climat de morosité s'est
installé parmi les déposants38, qui de ce fait, ont
petit à petit commencé à réclamer leurs
dépôts au près de leurs banques. Celles-ci n'ayant pas
suffisamment de liquidités, parce que trop engagées dans les
prêts spéculatifs, ont commencé à leur tour à
réclamer le retour de l'argent prêté aux
spéculateurs. Ces derniers, à leur tour, n'ayant pas suffisamment
de liquidités, étaient contraints de vendre les titres qu'ils
détenaient39, en vue de faire face à la pression des
banques créditrices. Mais cependant, en vendant un trop grand nombre
d'actifs au même moment, cela a entraîné la chute drastique
de leurs prix, qui pourtant fondaient la prospérité et des
banquiers et des spéculateurs. C'est alors la faillite en cascade des
banques.
Dans ce cadre, nous pouvons ajouter que les banques, en
prêtant aux spéculateurs, s'exposaient à des graves
risques. Cela peut s'expliquer par le fait que, logiquement, lorsqu'une banque
prête pour financer un investissement productif, elle est en mesure, en
cas de défaut de remboursement, de récupérer au moins le
principal (montant du prêt accordé sans les
intérêts). Mais en prêtant aux spéculateurs, ces
derniers n'ayant rien produit, sont incapables ni de payer les
intérêts, ni même de rembourser le principal, en cas de
perte de la valeur des actifs sur lesquels cette spéculation est faite.
Ainsi dans ce cas, ce qui représente l'argent
37 G. GARETT, A bubble that broke the world,
Little, Brown and Company, Boston, 1932, pp. 54-55.
38 Durant la période du boom, on note une
augmentation drastique du taux d'épargne et une diminution des retraits.
(Voir M. ROTHBARD, Op. Cit., pp. 86-87.)
prêté (soit le titre) est perdu. Et c'est ce qui est
survenu lors du krach ayant déclenché la crise
économique.
Après avoir retracer l'historique de la crise
économique de 1929 au premier point de cette section, le deuxième
point a consisté à passer en revue les différentes causes
à l'origine du déclenchement de la crise aux Etats-Unis, et
à sa diffusion au reste du monde. Quant au dernier point de cette
section, il sera question de voir ce qu'ont été les
conséquences de ladite crise.
1.3. Conséquences de la crise économique de
1929
Le krach boursier survenu en octobre 1929 a eu, comme nous
avons eu à le souligner, des lourdes conséquences sur la
sphère financière et réelle aussi bien Américaine
que du reste du monde.
Aux Etats-Unis, le krach a provoqué une vente
précipitée des actions, plongeant davantage leurs valeurs ; les
banques engagées dans les prêts spéculatifs connaissent des
pertes d'avoirs très considérables, occasionnant une crise de
confiance sur l'ensemble des banques, et des retraits massifs des
dépôts, lesquels ont débouché sur une crise de
liquidités dans le système bancaire.
Dans ce contexte, les banques ont diminué leurs
activités de crédits aux entreprises et aux ménages. C'est
alors l'ensemble de l'économie Américaine qui est entré en
crise, et, par différents canaux, a transmis ces bouleversements au
reste du monde, tel que nous avons eu à l'expliquer plus haut.
Cette crise déclenchée en 1929,
déjà diffusée dans le monde entier, a alors
entraîné, en l'espace d'une période assez courte, soit
dès le début de l'année 1930, la chute de la production
mondiale et du niveau de vie, et à une grave récession.
C'est dans ce cadre que ce point s'intéressera à
l'analyse des conséquences de la crise, notamment sur les cours des
actions, le secteur bancaire, l'investissement, l'emploi, le commerce mondial,
la production industrielle, le niveau des prix, le commerce extérieur,
etc.
1.3.1. Les cours des actions
La crise a eu des non seulement aux Etats boursières au
monde.
Figure 4. Evolution des cours des actions aux
Etats
Source : Figure élaborée à
partir des données de l'ouvra
La figure 4 permet de lire l'évolution des cours
Unis, laquelle a eu un impact très négatif sur le
comportement des agents. En effet, ces derniers anticipant une évolution
de plus en plus négative d
augmenté leur incertitude sur le futur. Et c'est cette
incertitude qui
méfiance vis-à-vis des banques, débouchant
sur une réticence à l'épargne bancaire, et à des
retraits massifs des dépôts. Situation qui
bancaires, tel que cela sera démontré au point
suivant.
traduit également le climat d'incertitud
après le krach. En effet, les investisseurs sont
réticents à acheter
entreprises ne trouvent pas de nouvelles opportunités
d'investissements.
La figure 4 permet également de voir
baissé entre 1929 et 1932, et ont connu une
crise ait atteint son creux aux Etats
contracycliques mises en place par les autorités, et que
nous verrons plus loin.
Comme nous l'avons souligné plus haut, la crise a eu
également des effets dévastateurs sur l'évolution de
travers le monde, notamment au Royaume
Figure 3. Evolution des cours boursiers dans
différents pays (1929-1933)
400
600
500
300
200
100
0
1929 1930 1931 1932 1933
Royaume Uni France
Allemagne
Source : P. GILLES, Op. cit., p. 168.
Comme le renseigne cette figure, les cours ont
également baissé dans d'autres pays, notamment européens
entre 1929 et 1932. Cela traduit sans doute l'incertitude qui prévalait
dans l'économie mondiale durant cette période.
La chute des prix des actions aux Etats-Unis cependant, ayant
suscité un climat de méfiance dans le système bancaire, a
débouché sur l'effondrement de plusieurs institutions bancaires,
soit plus de 8000 entre 1929 et 1933.
1.3.2. Faillites bancaires entre 1929 et 1933
Comme nous avons déjà eu l'occasion de le
souligner, le krach d'octobre 1929 a entraîné une grave crise dans
le secteur bancaire américain, notamment par la perte de confiance des
déposants, la méfiance entre les banques elles-mêmes
à se prêter de l'argent, débouchant sur une crise de
liquidités et sur de nombreuses faillites.
Cependant, les faillites bancaires durant la crise
reflètent deux aspects :
1° Elles impliquent les pertes patrimoniales et des
banques et des déposants : en effet, d'un côté, plusieurs
banques étant engagées dans les prêts spéculatifs se
sont retrouvé ruinées avec l'effondrement des cours boursiers. De
l'autre, les agents ayant effectué des dépôts dans ces
banques se sont à leur tour retrouvé ruinés.
2° Suivant les politiques restrictives menées par
la FED, les faillites ont constitué un
mécanisme à
travers lequel s'est traduite la réduction drastique de l'offre
de
monnaie. En effet, les banques n'étant plus en mesure d'emprunter
en vue de faire
face à d'éventuels retraits des déposants,
étaient alors fatalement contraintes à la faillite.
Le tableau suivant permet d'entrevoir le nombre de faillites
bancaires, ainsi que l'importance des pertes subies par les banques et par les
déposants.
Tableau 6. Evolution des faillites bancaires et des
pertes patrimoniales (1929-1933)
Années
|
Faillites bancaires
|
Dépôts bancaires (en milliers de
$)
|
Pertes des déposants (en milliers de
$)
|
1929
|
659
|
230643
|
76659
|
1930
|
1350
|
837096
|
237359
|
1931
|
2293
|
1690232
|
390476
|
1932
|
1453
|
706187
|
168302
|
1933
|
4000
|
3596708
|
540396
|
Source :
http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97-011.pdf
Tax and Budget Bulletin N°14, mars 2003, CATO
INSTITUTE
M. FRIEDMAN et A. SCHWARTZ, Histoire monétaire
des Etats-Unis, 1860-1963, Princeton University Press, New Jersey, 1965, p.
438.
Le tableau 6 permet de voir l'importance des faillites
bancaires entre 1929 et 1933, consécutives au krach boursier et aux
politiques restrictives de la FED. Les faillites bancaires ont positivement
évolué entre 1929 et 1931, avant de baisser en 1932, puis
remonter l'année suivante, durant laquelle 4OOO banques feront
faillites. Les raisons de cette évolution seront
développées plus loin.
Les dépôts bancaires et les pertes des
déposants suivent également le même mouvement de hausse
entre 1929 et 1932, avant de retomber en 1932, puis remonter en 1933.
Notons également durant cette période, une
diminution de la masse monétaire (M1 et M2), c'est-à-dire la
circulation fiduciaire hors banque, les dépôts à vue, les
dépôts à terme, etc., du fait notamment des pertes subies
par les déposants.
Tableau 7. Evolution de la masse monétaire M1
et M2 (1929-1932)
Années
|
M1 (en millions de $)
|
M2 (en millions de $)
|
1929
|
26189
|
45918
|
1930
|
25293
|
45303
|
1931
|
23883
|
42598
|
1932
|
20449
|
34480
|
1933
|
19232
|
30087
|
Source :
http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97-011.pdf
Le tableau 7 permet de voir que la masse monétaire,
dans ses composantes M1 et M2 a évolué négativement de
1929 à 1933. Nous pouvons noter une diminution de 26,56% de M1 et de
34,48% de M2, entre 1929 et 1933.
C'est alors, l'ensemble d'événements dans les
secteurs bancaire et financier, c'est-à-dire, la panique
boursière, la chute des prix des titres, les faillites bancaires, les
pertes des déposants, le manque de liquidités et le resserrement
du crédit, qui vont créer un climat d'insécurité
économique totale.
Dans ce contexte, les agents économiques
réduisent leurs dépenses de consommation, et les entreprises,
devant les difficultés à obtenir des liquidités,
réduisent leurs productions et leurs investissements.
1.3.3. La production industrielle
Au premier chapitre de ce présent travail, en
expliquant sommairement les phases du cycle économique, nous avons eu
à évoquer le fait que toute crise perturbe le fonctionnement
normal de l'économie. Cela dit, l'important recul dans l'offre de
monnaie (raréfaction des liquidités) et la réduction
considérable dans les dépenses de consommation
consécutives à la crise, ont eu pour effet de réduire
à leur tour le niveau d'investissement aux Etats-Unis.
Le tableau suivant permet d'entrevoir l'évolution de la
production industrielle aux Etats-Unis, entre 1929 et 1933.
Tableau 8. Evolution de la production industrielle en
milliards de $ (1930-1933)
Années
|
Production Industrielle (en milliards de
$)
|
1930
|
81
|
1931
|
68
|
1932
|
54
|
1933
|
64
|
Source :
http://www.digitalhistory.uh.edu/database/articledisplay.cfm?HHID=188
NBER, Bulletin n° 53, Décembre 1934.
Ce tableau renseigne que le volume de la production
industrielle a chuté de 1929 à 1933, le plus faible niveau par
rapport à celui d'avant le début de la crise étant atteint
en 1932, soit 54 milliards USD. Durant cette période, nous notons une
chute de près de 33% de la production industrielle. Mais après le
plus faible
niveau enregistré en 1932, il y a eu une re milliards
USD.
Ces oscillations enregistrées dans la production
industrielle s'expliquent par la chute des prix enregistrée dès
le déclenchement de la crise en 1929, jusqu'en 1932, du fait notamment
des anticipations
part des américains, qui ont eu pour effet de diminuer les
dépenses de consommation. La remontée dans le niveau de
production
celle des prix dès le début de la même
La figure suivante illustre en exemple l'évolution de la
producti manufacturière (en milliards
Figure 5. Evolution des prix et de la p
Source : NBER, Bulletin n°53, Décembre
1934
Cette figure renseigne qu'effectivement l'évolution de
la
industrielle est positivement
est boostée par les politiques de soutien à la
consommation, mises en place par les autorités, à travers un
vaste programme baptisé «
loin.
L'incertitude
entraîné une baisse drastique de la consommation, la
chute du niveau des prix et de la production industrielle, a alors causé
la faillite de no
poussé des nombreux américains au chômage.
Le tableau suivant donne un aperçu de l'évolution
du taux de chômage aux Etats-Unis durant la crise.
Tableau 9. Evolution du taux de chômage aux
Etats-Unis de 1929 à 1933
Années
|
Taux de chômage
|
1929
|
3,1
|
1930
|
8,7
|
1931
|
15,2
|
1932
|
22,3
|
1933
|
20,5
|
Source :
http://www.digitalhistory.uh.edu/database
http://research.stlouisfed.org/fred2/data
Ce tableau témoigne de la gravité du
chômage pendant la période de crise. En effet, le taux de
chômage a grimpé de 619,36% en 1932, par rapport à son
niveau de 1929, dépassant les 20% de la population active
américaine.
Le climat d'incertitude dans l'économie
Américaine depuis le déclenchement de la crise, qui a
réduit sensiblement la masse monétaire, les dépenses de
consommation, les prix, et, qui a considérablement augmenté le
taux de chômage, a également entraîné une forte
diminution du PIB Américain.
Le tableau suivant renseigne sur l'évolution du PIB
Américain de 1929 à
1933.
Tableau 10. Evolution du PIB Américain de
1929 à 1933
Années
|
PIB nominal (en milliards USD)
|
PIB nominal par tête (en USD)
|
1929
|
103,6
|
851
|
1930
|
91,2
|
741
|
1931
|
76,5
|
617
|
1932
|
58,7
|
470
|
1933
|
56,4
|
449
|
Source :
http://www.digitalhistory.uh.edu/database
Le tableau 10 permet de voir la manière dont le PIB a
baissé entre 1929 et 1930. En effet, le PIB nominal a chuté de
45,6% de 1929 à 1933, avec une baisse annuelle d'une moyenne de 13%,
tandis que le PIB nominal par tête a quant à lui connu une baisse
de 47,2% durant la même période.
La production industrielle ayant baissée, celle-ci a
également très lourdement affecté le commerce
extérieur des Etats-Unis, le faisant chuter de plus de 50% entre 1929 et
1933.
Tableau 11. Commerce extérieur des Etats-Unis
en millions USD
Années
|
Exportations
|
Importations
|
1929
|
437
|
366
|
1930
|
315
|
260
|
1931
|
198
|
174
|
Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.
Le tableau 11 renseigne que le commerce extérieur
Américain a été également très lourdement
affectée par l'ampleur de la crise déclenchée en 1929. En
effet, les exportations ont chuté de 55% entre 1929 et 1931, et les
importations ont quant à elles chuté de 52,4% durant la
même période.
Ainsi que le démontrent tous les chiffres fournis par
les tableaux précédents, la récession aux Etats-Unis
était d'une ampleur remarquable. Durant cette crise
déclenchée à la suite du krach boursier d'octobre 1929, la
production industrielle Américaine avait chuté de 33%, le PIB
nominal, les exportations et les importations quant à eux, de plus de
40%.
Cependant la crise déclenchée aux Etats-Unis et
ayant déjà atteint le reste du monde, a eu également des
lourdes conséquences sur le plan économique dans de nombreux
pays, affectant notamment le commerce extérieur, leur production
industrielle, l'emploi, etc.
Ici, l'exemple est tiré des pays tels que la
Grande-Bretagne, la France, l'Italie, et l'Allemagne, qui ont été
très profondément affectés par les effets de la crise.
Tableau 12. Production industrielle dans le reste du
monde (en millions USD)
Années
|
Royaume Uni
|
France
|
Allemagne
|
Italie
|
1930
|
92
|
100
|
88
|
92
|
1931
|
84
|
89
|
72
|
78
|
1932
|
83
|
77
|
58
|
67
|
1933
|
88
|
83
|
65
|
74
|
Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.
Dans le même ordre d'idées, le chômage a
également, bien que dans des proportions moindres que celles
enregistrées aux Etats-Unis, augmenté dans ces différents
pays, et ce, en raison de diverses causes, dont notamment la réduction
des achats américains à l'étranger, consécutive
à la crise.
Tableau 13. Evolution du chômage (en %)
Années
|
Royaume- Uni
|
France
|
Allemagne
|
Canada
|
1929
|
7,2
|
5,5
|
5,9
|
2,9
|
1930
|
11,1
|
7,0
|
9,5
|
9,1
|
1931
|
14,8
|
9,7
|
13,9
|
11,6
|
1932
|
15,3
|
13,7
|
17,6
|
17,6
|
1933
|
13,9
|
16,3
|
14,2
|
19,3
|
Source : P. GILLES, Op. cit., 164.
En lisant les chiffres du tableau n°13, nous nous
apercevons que les taux de chômage ont certes augmenté dans tous
ces pays durant la période allant de 1929 à 1933, mais qu'ils ont
été plus élevés au Royaume Uni et en Allemagne,
où ils ont baissé dès l'année 1933, alors qu'ils
ont poursuivi leur évolution en France et au Canada, et ce, pour des
raisons qui seront évoquées plus loin.
Le Royaume Uni, malgré l'effet de contagion de la crise
déclenchée aux Etats-Unis, a vu s'aggraver sa situation notamment
à cause de sa politique monétaire de prestige, qui consistait
à réévaluer la Livre Sterling, et ce, dans le but de
repositionner la Livre comme monnaie mondiale face à un Dollar de plus
en plus puissant40. Cette politique a eu pour conséquence de
rendre les biens et produits britanniques moins compétitifs à
cause des prix trop élevés.
En Allemagne, la réduction suite à la crise, des
investissements Américains, qui représentaient un peu plus de 250
millions de Dollars en 1928, et qui sont passé à seulement 40
millions de Dollars l'année suivante, a affecté sensiblement
l'économie, notamment dans les secteurs du textile, charbon,
sidérurgie, pourtant en grand essor avant la crise. C'est sans doute ce
qui justifie les taux élevés de chômage enregistrés
pendant la crise.
Les pays en développement (d'Amérique latine,
d'Asie et d'Océanie) quant à eux, ont été
également très lourdement frappés par la crise, à
cause notamment du fait que leur croissance enregistrée dans les
années 20 avait été centrée sur les produits de
base et dépendait par conséquent de leur accès aux
40 F. COCHET, Op. Cit., p. 46.
marchés des pays développés ainsi qu'aux
capitaux de ces derniers. Dès lors que ces marchés à
l'exportation et que les capitaux ont commencé à se
réduire, ces pays sont vite tombés en faillite.
Cependant, comme nous avons déjà eu l'occasion
de le souligner, la réduction des prêts et des achats
américains à l'étranger, suite à la crise, a
donné lieu à des contractions de nouveaux crédits et
à la baisse de la production dans les pays emprunteurs (voir tableau
12).
Mais il convient également de souligner le fait que, la
mise en place par le Gouvernement Américain, de la loi
dénommée « Smoot-Hawley-Tariff »41, visant
à relever les tarifs douaniers aux Etats-Unis, a davantage
contribué à la contraction des échanges commerciaux
mondiaux, et à la réduction de la production.
Cette loi qui visait à favoriser les producteurs
Américains et contrer l'accélération de la
récession par la réduction de la concurrence
étrangère, a eu pour effet de réduire la production
mondiale, car, d'autres pays n'ont pas tardé à prendre des
mesures comparables. C'est dans ce contexte de guerre tarifaire entre
partenaires commerciaux que tout le commerce mondial s'est contracté.
Le tableau suivant renseigne sur le volume du commerce mondial
entre 1930 et 1933.
Tableau 14. Commerce mondial entre 1930 et 1933(en
millions de $)
Années
|
Royaume- Uni
|
France
|
Allemagne
|
1930
|
92
|
100
|
88
|
1931
|
84
|
89
|
72
|
1932
|
83
|
77
|
58
|
1933
|
88
|
83
|
65
|
Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.
Ce tableau illustre la contraction du commerce mondial dans
quelques pays42. En effet en termes de USD, les échanges du
Royaume-Uni avec d'autres pays, qui étaient de 92 millions en 1930, ont
chuté à 84 millions de dollars en 1931, et à 83
41 Smoot-Hawley-Tariff Act, loi adoptée en
juin 1930, suite à l'aggravation de la crise, et dans le but de
protéger les producteurs américains contre la concurrence
étrangère. Dans cette loi, le taux moyen Ad valorem des droits
sur les importations, qui était de 25,9%, est passé à
50%.
42 Une contraction des échanges contribue
à aggraver la crise. En effet, une baisse de l'activité dans un
pays, diminue, par la contraction de ses importations, les exportations et donc
l'activité de ses partenaires commerciaux. Les importations de ce pays
diminuent à leur tour, ce qui réduit les débouchés
des autres pays et alimente une spirale baissière. Voir cours de
macro-économie, Première Licence Sciences Economiques.
millions en 1932, avant de remonter en 1933, à 88
millions. En France et en Allemagne, les échanges ont chuté
respectivement de 23 et 34%, entre 1930 et 1932.
Dans la majorité des pays du monde, cette contraction
du commerce mondial a eu pour effet de réduire drastiquement les
recettes fiscales, et ce, notamment dans les pays en développement.
Suite à cette contraction du commerce mondial,
l'Australie par exemple, dont l'économie dépendait en grande
partie de l'exportation des produits agricoles et industriels, a
enregistré une forte réduction de sa production, et une
importante augmentation du chômage, à un peu plus de 25% de la
population active en 1932.
Le canada également, a subi de plein fouet les effets
de la contraction du commerce mondial. En effet, il a vu sa production
industrielle chuter de plus de 55% en 1932, par rapport à son niveau de
1929. Son revenu national a chuté de 56% en 1932, tandis que le taux de
chômage est passé à 17% la même année, et
à 19% l'année suivante (voir tableau 13).
Le japon, quant à lui, n'a pas été
très lourdement frappé par la crise. En effet, l'économie
Japonaise a connue une contraction de 8% entre 1929 et 1931, mais est vite
sortie de la crise, en raison notamment de la mise en place des politiques
expansionnistes, impliquant des réductions d'impôts et
d'importants déficits budgétaires, ainsi qu'en procédant
à la dévaluation de sa monnaie.
Le déficit a permis entre autres l'achat
d'équipements militaires, tandis que la dévaluation a permis un
important accroissement des exportations japonaises, permettant une sortie de
crise dès 1933.
D'autres pays, notamment ceux d'Amérique latine et
d'Afrique, ont été également très fortement
frappés du fait de la contraction de la demande d'exportation des
produits agricoles et miniers.
L'étalon-or, comme nous avons également eu
l'occasion de le souligner, a joué un rôle majeur dans la
diffusion de la crise au reste du monde. Cependant, les pays qui ont
abandonné l'or avant les autres ont pu bénéficier d'une
sortie de crise beaucoup plus rapide, tandis que ceux qui en sont resté
fidèles ont été plus sévèrement
touchés.
En effet, les pays en régime de change fixe, sont
contraints de mener des politiques déflationnistes pour sauvegarder la
valeur interne de leur monnaie. Or, les politiques déflationnistes ont
tendance à aggraver la crise43.
Dans le même contexte, les pays en développement
(d'Amérique latine et d'Océanie), producteurs des produits
primaires, ont subi de plein fouet la crise, en ce qu'ils s'étaient
endettés dans les années 1920 pour construire les
capacités de production nécessaires aux besoins apparemment
indéfiniment croissants de l'Europe. Et, quant les prix de leurs
exportations se sont effondrés, ils se sont retrouvés face
à de graves crises de balances de paiements44. Ainsi, ces
pays ayant perdu leurs recettes d'exportation, se sont retrouvé
contraints de choisir entre politiques de rigueur et
dévaluations45.
Avec les changes fixes en effet, pour ne pas transgresser les
règles, les pays déficitaires étaient contraints à
mener une politique de rigueur, tandis que les pays excédentaires
étaient contraints à ne pas effectuer de relance
économique. Politiques qui sans doute, ont été
procycliques, aggravant davantage la crise.
Le tableau suivant montre que les pays qui sont sortis de
l'étalon-or, ont recouvré leurs niveaux de production plus
tôt que les autres.
Tableau 15. Production industrielle par rapport aux
politiques de change (en %)
|
1929-1932
|
1933
|
1934
|
Pays du bloc-or
|
-28,17
|
-22,6
|
-21,8
|
Pays de la zone Sterling
|
-8,7
|
-2,5
|
8,8
|
Autres pays ayant dévalué
|
-17,4
|
-1,6
|
3,2
|
Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.
Ce tableau renseigne que les pays qui ont poursuivi avec
l'étalon-or, ont vu leur production industrielle continuer à
baisser. Il s'agit des pays tels que la France, la Belgique, etc.
A l'inverse, les pays qui ont dévalué et
abandonné l'étalon-or plus tôt, ont vu jouer en leur faveur
les termes de l'échange. Il s'agit des pays de la zone
43 F. COCHET, Op. cit., p. 44.
44 Pierre-Cyrille HAUTECOEUR, « La crise de 1929
et ses enseignements », In Crises financières, Economica,
Paris, 2008, pp. 9-10.
45 Idem, p. 10.
Sterling (Grande-Bretagne et pays du Commonwealth) ainsi que
d'autres pays ayant choisi d'abandonner l'étalon-or (Allemagne, Japon,
etc.)46.
De ce qui précède, nous pouvons retenir que la
crise économique de 1929, qui s'est transformé par la suite en
une importante récession durant trois années successives
(1930-1932), a causé d'importants dégâts aussi bien dans
l'économie américaine que dans celle du reste du monde.
Aux Etats-Unis, elle a poussé le chômage à
des niveaux très élevés (soit plus 20% de la population
active), causé la chute drastique de la production industrielle, la
déflation générale des prix, la faillite de plus de 9000
banques sur un peu plus de 20000 que comptaient le pays (soit plus du tiers),
la contraction de ses exportations, la fermeture de milliers d'entreprises,
etc. La figure suivante illustre l'évolution des faillites d'entreprises
entre octobre 1930 et mars 1932.
100
80 60 40 0
Figure 6. Faillites d'entreprises (en millions
usd)
|
|
|
|
|
|
|
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
1931
|
|
JASON
|
|
|
D
|
J
|
F 1932
|
M
|
Faillites
Source : Vincent SARDA, Op. cit., p. 19.
La figure 6 témoigne bien de l'ampleur de la crise, avec
les sommets atteints en janvier 1931 et 1932.
46 En Grande-Bretagne, l'étalon-or est
abandonné en 1931. La Livre Sterling est alors
dépréciée par rapport au Dollars, qui lui, est
resté sur le système. Dans ce contexte, les prix anglais
diminuent et deviennent plus compétitifs, et les producteurs
étrangers, notamment américains sont eux aussi contraints, pour
résister à cette forte concurrence, suivre le mouvement. C'est
alors qu'en 1932, la FED décide à son tour de quitter
l'étalon-or. (Voir, F. COCHET, La grande crise 1929-1939 ; HAUTECOEUR
(Pierre-Cyrille), « La crise de 1929 et ses enseignements », M.
ROTHBARD, America's great depression ).
Dans le reste du monde, elle a également causé
la faillite de nombreux établissements bancaires (notamment en Europe),
la hausse sensible du chômage, la chute de la production industrielle, la
déflation des prix, la chute du commerce mondial, etc.
Dans le même ordre d'idées, il convient
également de noter que la crise économique de 1929 a
entraîné l'abandon général de l'étalon-or, et
le bouleversement de l'ensemble de l'économie mondiale.
2. HISTORIQUE DE LA CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE DE
2007.
Dans la première section de ce chapitre, nous avons
analysé la crise économique de 1929, laquelle était parti
des Etats-Unis, et a constitué la crise économique la plus
sévère qu'ait connu le monde durant le 20è siècle.
Cette crise avait en effet eu des lourdes conséquences sur
l'économie mondiale, tel que les chiffres en ont
témoigné.
Cependant en aout 2007, s'est de nouveau
déclenchée une crise aux Etats-Unis, importante de par son
ampleur, puisqu'étant certainement la plus sévère depuis
celle de 1929. Cette crise dite « financière internationale de 2007
» ou « crise des subprimes », au-delà des
frontières Américaines, a causé des grandes pertes sur
quasiment tous les marchés financiers du monde, et a non seulement
débouché sur un profond ralentissement de la croissance mondiale,
avec une sensible diminution de la production dans de nombreux secteurs de
l'économie, mais aussi sur un accroissement du chômage dans la
quasi-totalité des pays du monde. Cependant, comment cette crise
a-t-elle commencé ? Quelles en sont les effets ?
En vue de répondre à ces importantes
interrogations, il sera question dans cette section, de retracer l'historique
de cette crise, d'en décrire les différents facteurs à
l'origine, et enfin d'en analyser les conséquences.
Dans ce cadre, et comme nous avons eu à procéder
dans la section précédente, nous procéderons avant tout
à l'analyse de la période de prospérité ayant
précédée le déclenchement de ladite crise
financière, c'est-à-dire celle d'expansion entre 2000 et 2007,
puis de la période de crise proprement dite, soit, de 2007 à ce
jour.
2.1. Déroulement de la crise financière
internationale
Dans la première moitié de la décennie
2000-2009 aux Etats-Unis, un environnement favorable,
caractérisée par une inflation faible et stable, et un taux de
croissance en constante évolution, avait conduit les investisseurs, les
entreprises et les ménages à penser que l'avenir serait
éternellement radieux47et à sous-estimer le risque.
Durant cette période, nous pouvons noter également que la FED a
mené une politique très expansionniste, caractérisé
par des taux d'intérêt très bas.
Tableau 16. Taux d'inflation et de croissance (en %)
aux Etats-Unis de 2000 a 2007
Années
|
Taux d'inflation
|
Taux de croissance
|
2000
|
2,2
|
-
|
2001
|
3,4
|
6,0
|
2002
|
2,8
|
2,6
|
2003
|
1,6
|
3,0
|
2004
|
2,3
|
6,0
|
2005
|
2,5
|
5,9
|
2006
|
3,2
|
2,5
|
2007
|
2,5
|
-1,6
|
Source : http://www.indexmundi.com/
Le tableau 16 renseigne que le taux d'inflation était en
moyenne de 3% entre 2000 et 2007.
L'environnement favorable qu'a ainsi offert l'économie
Américaine a entraîné la baisse des taux
d'intérêt, alimenté des crédits abondants et bon
marché48, et donc une forte augmentation de l'offre de
monnaie.
Tableau 17. Evolution de la masse monétaire
de 2000 a 2007 (en milliards de $)
Date
|
M2
|
Date
|
M3
|
01/12/00
|
4920,9
|
25/12/00
|
7147,9
|
O1/12/01
|
5430,3
|
24/12/01
|
8045,0
|
01/12/02
|
5774,1
|
23/12/02
|
8574,7
|
01/12/03
|
6062,0
|
22/12/03
|
8876,9
|
01/12/04
|
6411,7
|
27/12/04
|
9458,7
|
01/12/05
|
6669,4
|
26/12/05
|
10193,4
|
01/12/06
|
7021,0
|
13/12/06
|
10336,3
|
01/12/07
|
7081,3
|
-
|
-
|
Source :
http://www.federalreserve.gov/releases
http://www.forecasts.org/data
Durant cette période, comme le montre ce tableau 17,
nous pouvons noter une augmentation de la masse monétaire, dans ses
composantes M2 et M3, en constante évolution. De décembre 2000
à décembre 2007 par exemple, la composante M2 de la masse
monétaire s'est accrue de 43,9%. Ce qui témoigne parfaitement de
l'expansion de la masse monétaire durant la période ayant
précédée le déclenchement de la crise.
Durant cette période en effet, nous pouvons
également noter des taux d'intérêt très faibles,
d'une moyenne de 1,3% entre 2001 et 2004, et qui ont également permis
l'émergence d'une forme de crédits appelés «
subprimes ». Le tableau suivant donne un aperçu sur
l'évolution du taux d'intérêt de la FED au courant de cette
période.
Tableau 18. Evolution du taux d'intérêt
de la FED
Date
|
Taux d'intérêt
|
Mai 2000
|
6,5%
|
Décembre 2001
|
1,75%
|
Novembre 2002
|
1,25%
|
Juin 2003
|
1,00%
|
Juin 2004
|
1,25%
|
Décembre 2005
|
4,25%
|
Juin 2006
|
5,25%
|
Août 2007
|
5,25%
|
Source :
http://www.federalreserve.gov/data
Avec les taux d'intérêt faibles, facilitant les
crédits subprimes, les ménages américains dont
l'accès au crédit était jusque là très
limité, parce que ne présentant pas de garantie suffisante en
terme de revenu, d'emploi, ou de patrimoine, se sont vu offrir la
possibilité de contracter des emprunts immobiliers mieux adaptés
à leurs besoins49.
En effet, traditionnellement, nous savons qu'un crédit
est accordé à un individu (ménage) au regard de son
revenu, emploi ou patrimoine, de sorte qu'il ne puisse s'endetter
au-delà de sa capacité de remboursement. Mais aux Etats-Unis,
depuis quelques années, des crédits étaient
octroyés aux ménages à faibles revenus, lesquels
crédits étaient gagés sur la valeur du logement
acheté et apporté en garantie par l'emprunteur.
Ces crédits, hypothécaires, ont connu une
très grande et rapide expansion entre 2000 et 2007.
Tableau 19. Evolution des emprunts
hypothécaires aux Etats-Unis de 2000 a 2007
Années
|
Emprunts (en milliards USD)
|
2000
|
383,3
|
2001
|
507,1
|
2002
|
704,5
|
2003
|
870,1
|
2004
|
927,2
|
2005
|
1033,4
|
2006
|
977,4
|
2007
|
658,9
|
Source : FED, «Statistical release», 10
décembre 2010.
Ce tableau illustre bien l'attractivité des
crédits subprimes aux EtatsUnis. En effet, entre 2000 et 2005, ils ont
progressé d'environ 170%. Ensuite, à partir de 2006, ils se sont
réduits pour des raisons que nous évoquerons plus loin.
Ces crédits, octroyés à des taux
d'intérêt variables, ont ainsi attiré largement les
ménages américains, dans un contexte où les taux
d'intérêt évoluaient dans le sens de la baisse (voir
tableau 18).
Ainsi ces crédits ont été largement
répandus entre 2001 et 2005, dans la mesure où le secteur de
l'immobilier était en pleine croissance aux Etats-Unis, nourri notamment
par la politique expansionniste menée par la FED (et qui a eu une
incidence très considérable sur les prix des actifs).
Tableau 20. Evolution du prix moyen des maisons aux
Etats-Unis 2000 a 2007
Années
|
Prix moyen
|
2000
|
147300
|
2001
|
156600
|
2002
|
167600
|
2003
|
180200
|
2004
|
195200
|
2005
|
219000
|
2006
|
221000
|
2007
|
217900
|
Source :
http://www.census.gov/const/uspricemon.pdf
Ce tableau renseigne que le marché immobilier aux
Etats-Unis était en plein expansion durant cette période, avec
une évolution des prix en constante augmentation entre 2000 et 2006,
avant de chuter en 2007 en raison de la hausse des taux d'intérêt
par la FED50.
Notons toutefois que l'attractivité des crédits
subprimes pour les banques pouvait s'expliquer par le fait de leur forte
rentabilité et du peu de risque « apparent » que ces
dernières prenaient en les octroyant.
Il était en effet possible pour une banque de saisir
une maison achetée par un emprunteur en défaut de remboursement,
puis la revendre et recouvrer facilement ses fonds, dans un contexte
d'augmentation continu des prix dans le secteur immobilier.
Ces crédits présentaient également une
grande attractivité pour les ménages, dans un contexte de hausse
continue des prix :
Supposons en effet par exemple, un ménage qui emprunte
50000$ pour acheter une maison. Quelques temps après, la valeur de la
maison monte à 75000$. Dans ces conditions, l'emprunteur peut
décider d'effectuer un nouvel emprunt de 25000$, et en profiter pour
acheter un autre bien (un véhicule par exemple), ou payer les
études de ses enfants, etc.
50 Les crédits étant indexés sur
le taux directeur de la FED
Cela permet de voir à quel point pour un ménage,
une maison acquise grâce à un prêt subprime peut garantir
plusieurs prêts et varier les activités du ménage.
Ces prêts hypothécaires étaient cependant
favorables aux banques et aux ménages tant que les prix immobiliers
continuaient à augmenter et les taux d'intérêt à
baisser. Car en effet, en cas de contraction du marché de l'immobilier,
la maison détenue et hypothéquée par le ménage
vaudrait moins que le crédit contracté pour l'acquérir et
par conséquent causer une perte qui entraînerait un
problème de remboursement pour le ménage, et amener la banque
créditrice à enregistrer une perte.
Cependant, dans un contexte de rentabilité
généralisée des activités sur les crédits
subprimes, ces derniers sont vite devenus des produits phare des courtiers en
bourse, car, leur attractivité ont conduit à leur titrisation,
c'est-à-dire, leur transformation en titres financiers.
La rentabilité des titres subprimes attirent les
investisseurs non seulement américains, mais du monde entier, et
conduisent les banques à se lancer davantage dans les activités
de titrisations, qui, comme nous l'avons évoqué plus haut, est
une activité qui consiste à transformer des prêts bancaires
(traditionnellement illiquides) en titres aisément négociables
sur le marché, par l'intermédiaire d'une entité juridique
ad hoc (investisseurs institutionnels, banques d'affaires,
etc.)51.
A travers ce mécanisme, la banque ayant octroyé
des crédits subprimes, les cède à ces entités ad
hoc, qui financent cette acquisition, c'est-à-dire financent la banque
en contre partie de ces crédits, et ensuite émettent des titres
représentant ces crédits sur le marché (financier), que
les investisseurs (ménages, banques, entreprises, etc.) aussi bien
nationaux qu'étrangers achètent, en vue de percevoir les revenus
(intérêt et principal) issus des prêts
représentés par ces titres52.
Par conséquent, à travers la titrisation, les
banques transforment les risques liés aux prêts et obtiennent
rapidement des liquidités grâce aux plus-values
générées par ces opérations et sont par
conséquent en mesure d'octroyer plus rapidement des nouveaux
crédits.
Ces opérations ont été profitables aux
banques, aux entités émettrices des titres, et aux investisseurs
tant que le marché immobilier continuait à être en hausse
et que les taux d'intérêt continuaient à baisser.
51 P. ARTUS et J.P. BETBEZE, Op. cit., p.
36.
52 Idem, pp. 36-37.
Figure 7. Evolution du New York stock Exchange
(NYSE)
12000
10000
4000
8000
6000
2000
0
01/12/2000 01/03/2001 01/06/2001 01/09/2001 01/12/2001
01/03/2002 01/06/2002 01/09/2002 01/12/2002 01/03/2003 01/06/2003 01/09/2003
01/12/2003 01/03/2004 01/06/2004 01/09/2004 01/12/2004 01/03/2005 01/06/2005
01/09/2005 01/12/2005 01/03/2006 01/06/2006
DJI
Source :
www.forecasts.org/data
La figure 7 illustre la tendance positive de
l'évolution de l'indice du Dow Jones entre 2000 et 2006, avec toutefois
une régression entre 2001 et 2002, en raison des attentats terroristes
du 11 septembre 2001, qui avait provoqué un climat de morosité
dans les activités boursières.
Toutefois, en se lançant dans les activités de
prêts aux plus démunis, et ensuite en s'octroyant la
possibilité de vendre ces prêts à d'autres
établissements, investisseurs, etc. à travers la titrisation, les
banques s'exposaient à de graves risques, susceptibles d'entraîner
tout le système bancaire et financier dans une profonde crise. En effet,
dans les deux cas, elles opéraient dans l'hypothèse d'une
expansion continue du marché immobilier et d'une baisse des taux
d'intérêt.
Dans ce contexte d'euphorie générale, la FED a
alors commencé à relever son taux directeur. Le faisant passer de
1,25 à 2,00%, de juin à novembre 2004, puis à 2,75 ; 3,50
; 4,00 et 5,00 entre mars 2005 et mai 2006, pour ensuite atteindre 5,25% en
août 2006 (voir tableau 18, p. 48).
Avec cette augmentation des taux d'intérêt d'une
part, les ménages américains se sont retrouvé dans
l'incapacité de rembourser les crédits leur
accordés53. Plus de 2 millions de ménages
américains se sont ainsi retrouvés ruinés, faute de
pouvoir rembourser. D'autre part, cette augmentation des taux
d'intérêt par la FED, a débouché à court
terme, sur un assèchement des liquidités, lequel a conduit
à une contraction de l'offre de crédit.
53 Le remboursement des crédits étant
indexé sur le taux directeur de la FED.
Dans ce contexte, les banques ont vite
récupéré les maisons acquises par les ménages
grâce aux crédits subprimes, et les ont mises en vente, dans le
but de recouvrer les fonds prêtés. Ce reflexe « maladroit
» des banques n'a eu pour effet que de provoquer la baisse drastique des
prix de l'immobilier, en août 2007, le stock des biens immobiliers en
vente ayant trop augmenté.
Cependant, les banques qui avaient excessivement recouru aux
prêts subprimes se sont retrouvées dans l'impasse54.
Et, étant donné la titrisation, de nombreuses banques,
investisseurs, entreprises, américains comme étrangers
détenteurs des titres subprimes, se sont retrouvés
complètement ruinés.
Dans cette situation de panique générale, un
climat de méfiance s'est installé sur le marché
interbancaire, et les banques ont commencé à refuser de se
prêter. Faute de liquidités, de nombreuses institutions bancaires
à travers le monde sont au bord de la faillite.
Avec le resserrement des crédits, les ménages
par crainte de chômage, ont accru leur épargne de
précaution et réduit leurs dépenses de consommation. Ce
resserrement des crédits, conjugué à une baisse de la
demande, conduisent alors les entreprises à restreindre leurs
activités, avec comme effet direct, le licenciement de nombreux
travailleurs.
Cette baisse de la demande, ayant déjà
entraîné une réduction de la production, a alors
débouché sur une contraction du commerce mondial, propageant la
crise à l'ensemble de l'économie mondiale et causant une
récession quasigénéralisée, n'épargnant
surtout aucun des grands pays industrialisés55.
Comme nous avons eu à l'évoquer au début
de cette section, entre 2000 et 2007, l'économie Américaine en
pleine croissance, a connu une abondance de liquidités, favorisée
par des taux d'intérêt faibles. Cette situation a à son
tour favorisé un octroi abondant de crédit et l'émergence
des crédits hypothécaires dits « subprimes » et
à leur transformation en titres par la titrisation. C'est donc la
conjonction de tous ces phénomènes qui a débouché
sur le déclenchement de la crise, dite « des subprimes », dont
les causes profondes seront évoquées au point suivant.
54 http://www.politique.net/
55 J.C. BRICONGNE, Op. cit., p.26.
2.2. Causes de la crise
C'est bien l'éclatement de la bulle immobilière
survenu en août 2007 aux Etats-Unis qui, comme nous avons eu à le
souligner au point précédent, a déclenché la crise
dans le secteur bancaire américain et du monde entier, et qui par la
suite a débouché, à travers certains canaux, sur une
importante crise économique ressentie par quasiment tous les pays du
monde.
Plusieurs études menées au sujet de cette crise,
ont cependant permis d'en déceler les divers facteurs à son
origine. Il s'agit notamment de la régulation inadéquate du
secteur bancaire et financier durant la période ayant
précédée le déclenchement de la crise, de
l'abondance de crédits « subprimes » par les banques, la
sous-évaluation du risque par les banques, les agences de notation, les
investisseurs et les régulateurs56, par rapport
particulièrement aux risques de la titrisation, laquelle a joué
un rôle majeur dans la transmission de la crise des EtatsUnis au reste du
monde, par le biais des interconnexions entre les marchés financiers du
monde.
2.2.1. Sous-évaluation massive du risque
Comme nous avons déjà eu l'occasion de
l'évoquer, l'expansion des crédits subprimes a été
nourrie par un environnement macroéconomique favorable. L'expansion des
crédits et l'abondance des liquidités ont favorisé une
hausse de prix d'actifs57. Cette situation a alors entretenue des
anticipations de hausses de prix futures d'actifs.
Ce même contexte d'abondance de liquidité a
favorisé le recours à l'emprunt pour financer l'achat des actifs
subprimes. De nombreuses banques, entreprises, sociétés
d'assurance, ménages, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du
monde (Europe, Asie, Etc.) se sont alors lancé dans les achats desdits
actifs, vu le rendement qu'ils procuraient, négligeant les risques
potentiels qu'ils comportaient.
Dans ces conditions, les responsables de la bulle
immobilière sont les banques elles-mêmes ainsi que leurs filiales,
les agences de notation, les fonds d'investissement ou spéculatifs
(hedge funds), ainsi que les particuliers du monde
56 Aux Etats-Unis, les secteurs bancaire et boursier
sont respectivement régulés par la FED (Federal Reserve) et la
SEC (Securities and Exchange Commission)
57 En période d'expansion, la richesse des
agents économiques augmente. Ainsi la demande d'actifs augmente, et
augmente leur prix. Voir F. MISHKIN, Monnaie, banques et marché
financiers, 8ème édition.
entier, ayant acheté en masse les titres
subprimes58. Les banques sont les artisans majeurs de la bulle dans
la mesure où, étant devenu de moins en moins exigeantes sur le
profil des emprunteurs et multipliant les risques en octroyant des prêts
à taux variables, elles ont prêté à des
ménages américains à faibles revenus (donc peu solvables),
et se sont par conséquent exposé à des graves risques.
2.2.2. Régulation inadéquate
La régulation financière a en effet
présenté d'importantes failles face à l'expansion des
crédits subprimes et de la titrisation.
Nous savons en effet que l'un des piliers de la gestion
bancaire repose sur le respect strict des ratios prudentiels de
gestion59. Ainsi, la supervision du système bancaire
prévoit par exemple que l'augmentation du volume des crédits
s'accompagne d'une augmentation des besoins en fonds propres des
banques60, dans le but de contraindre celles-ci à être
plus prudentes dans leur offre de crédits.
Cependant, la réalité est telle que, les
années ayant précédées le déclenchement de
la crise, les banques se sont détournées de cette contrainte, en
particulier grâce à la titrisation. La titrisation permettait
ainsi aux banques (qui accordaient des prêts subprimes), de
transférer le risque de crédit.
En effet, grâce à la titrisation, une banque qui
cédait les crédits subprimes dont au départ elle
était à l'origine, pouvait poursuivre ses opérations, et
accorder des nouveaux crédits, avec une base en fonds propres intacte.
Ce qui ne l'obligeait pas par conséquent au strict respect des ratios
prudentiels.
En utilisant plus rigoureusement les moyens de contrôle
et de sanction existants, les régulateurs auraient pu mieux cerner et
contrer les institutions à prendre trop de risque.
58 N. MARTELIN, « Crise financière :
causes et conséquences », In Les Jeunes Radicaux,
(
http://www.jeunesradicaux.net/crise-financière)
59 Dans la plupart des pays, les autorités
chargées des contrôles bancaires ont édicté des
règles professionnelles portant entre autres sur la constitution des
réserves liquides, le contrôle permanent des comptes et de
l'activité (de manière à éviter des risques
inconsidérés) : règles d'intervention de la Banque
Centrale en cas par exemple de défaillance d'une banque, les ratios
prudentiels (de liquidité, de division de risques, de couverture de
risque, de solvabilité, de trésorerie, etc.). Voir BOLALUETE
MBWEBEMBO, « Politique Monétaire », Cours de L1 Economie
Monétaire, UNIKIN, Kinshasa, 2008.
60 Le ratio de fonds propres permet par exemple de
limiter la transformation des dépôts à court terme en
prêts à long terme, et permet ainsi de limiter les risques
liés à cette transformation.
2.2.3. La titrisation
Grâce à la titrisation, nous sommes en mesure
d'expliquer comment la crise qui, au départ ne concernait que le secteur
de l'immobilier, a pu se transformer en crise bancaire et contaminer toute
l'économie et la finance mondiale :
Certes les crédits subprimes étaient
octroyés aux Etats-Unis, aux ménages américains, mais
seulement cependant, ces prêts n'étaient pas resté au sein
des banques prêteuses, mais ont été transféré
sous forme de titres de créance à d'autres banques et
investisseurs institutionnels via la bourse61. C'est ainsi que s'est
propagé le mal à travers les marchés boursiers pour se
retrouver au bilan de nombreuses banques à travers le monde. C'est ainsi
que lorsque la bulle immobilière a éclaté aux Etats-Unis,
tous les marchés financiers se sont retrouvés dans l'alerte,
jusqu'à affecter l'économie réelle.
2.2.4. Les agences de notation
Les agences de notation ont fait une évaluation
erronée du risque lié aux titres subprimes, en leur attribuant
une note élevée, tout en sous-estimant les grands risques qu'ils
comportaient62. Elles ont ainsi une grosse part de
responsabilité en ce que, par leur action, les titres subprimes ont
connu une grande expansion, exposant leurs acquéreurs à des gros
risques.
2.2.5. Les fonds d'investissements ou fonds
spéculatifs (Hedge Funds)
Les fonds d'investissement avaient amassé des titres
affectés par les défauts de paiements (subprimes)63.
Et, lorsque la crise s'est déclenchée, les Hedge Funds
détenaient plus de 40% de titres subprimes sur le total du
marché, représentant environ 1400 milliards de Dollars, sur les
2000 milliards de Dollars d'actifs qu'ils géraient. C'est de cette
manière qu'ils se sont retrouvés au coeur de la
crise64.
61 N. MARTELIN, Op. cit., pp. 2-3.
62 Nous pouvons dans ce cadre souligner le fait que
les agences de notation sont rémunérées par les
émetteurs de titres. Si les titres sont bien notés, la
rémunération sera d'autant plus intéressante pour les
agences de notation. Ce facteur aurait donc joué dans la
défaillance de ces dernières.
63 A. NYEMBWE et R. LUANYI, « La crise
financière internationale causée par les subprimes : Analyses et
leçons pour la réforme du système financier Congolais
», In Notes Economiques de l'Ambassade de RDC en Belgique,
août 2008, p.2.
64A. CARTAPANIS et F. PISANI, « Les Hedge Funds
et la crise financière internationale », in Revue d'Economie
financière, juin 2008, p.4.
Le tableau suivant montre la place des Hedge Funds dans la
détention de titres subprimes.
Tableau 21. Place des Hedge Funds dans la
détention de titres subpimes (en 2007)
|
Sociétés d'Assurances
|
Hedge Funds
|
Banques
|
Autres
|
Total en %
|
9,8
|
46,5
|
24,9
|
18,8
|
Total en milliards USD
|
295
|
1396
|
746
|
564
|
Source : A. CARTAPANIS et F. PISANI, « Les Hedge
Funds et la crise financière internationale», in Revue
d'Economie financière, juin 2008, p.4.
Ce tableau illustre bien l'importance de la détention de
titres subprimes par les Hedge Funds, qui s'élevait à un peu plus
de 46% en 2007.
Les Hegde Funds sont devenus des acteurs majeurs dans le
marché des produits de titrisation, puisqu'en effet, ils étaient
les plus gros acheteurs de titres adossés aux crédits subprimes,
et leur part était particulièrement élevée, comme
l'illustre (le tableau 21). Il a donc suffit de leur effondrement pour plonger
tout le marché dans la crise.
2.2.6. Les investisseurs
Comme nous avons déjà eu l'occasion de
l'évoquer, l'attractivité des titres issus des prêts
subprimes avait conduit des nombreux investisseurs à les
acquérir. La part de ces derniers dans la détention de titres
subprimes s'élevait à des milliards de Dollars.
Ainsi, dans la mesure où leur participation
était importante sur le marché des subprimes, il a suffit de leur
panique pour accentuer la crise. Car, lorsqu'ils ont décidé de
déverser en masse leurs titres sur le marché par crainte de
pertes, cela a contribué à l'effondrement de leurs valeurs, et
à l'approfondissement de la crise.
Après avoir retracer l'historique de la crise
financière internationale actuelle au premier point de cette section, au
deuxième point, nous avons passé en revue les différents
facteurs à l'origine de son déclenchement, c'est-à-dire,
partant de l'abondance des crédits subprimes à
l'éclatement de la bulle immobilière en août 2007 aux
Etats-Unis, qui a débouché sur une désarticulation des
marchés financiers du monde entier et à une importante crise
économique au niveau mondial. Ainsi, le troisième point de cette
section s'intéressera aux conséquences de la crise.
2.3. Conséquences de la crise financière
internationale
L'éclatement de la bulle immobilière survenu en
août 2007 a eu, comme nous l'avons souligné, des lourdes
conséquences sur la sphère financière, non seulement
Américaine mais du monde entier.
Aux Etats-Unis, la défaillance des emprunteurs
subprimes, suite à la hausse des taux d'intérêt et à
la baisse des prix de l'immobilier, a occasionné d'importantes
défaillances des banques, surtout celles engagées dans les
prêts subprimes.
La défaillance de certaines banques a à son tour
occasionné une crise de confiance sur l'ensemble du secteur bancaire,
laquelle, conjuguée à une hausse des taux d'intérêt,
a débouché sur un resserrement de crédits aux Etats-Unis.
Dans ces conditions, la consommation a baissé, et les entreprises ne
trouvant plus de ressources pour financer leurs activités, se sont
retrouvées contraintes de réduire leurs activités.
Cependant, avec l'expansion de la titrisation, et dans un
contexte marqué par une intégration mondiale et des
interconnexions étroites entre les institutions financières, la
crise s'est propagée à toute vitesse aux actifs, aux
marchés et aux économies du monde entier65.
C'est dans ce cadre que ce point s'intéressera à
l'analyse des conséquences de la crise financière internationale
actuelle.
2.3.1. Conséquences sur le marché
immobilier
D'abord, les défaillances des emprunteurs
américains ont créé une baisse auto-entretenue des
prix de l'immobilier.
Figure 7. Evolution du prix moyen de l'immobilier
résidentiel aux Etats
300000
200000
100000
0
2000 2001 2002
Source :
http://www.census.gov/const/uspricemon.pdf
http://www.guardian.co.uk/business/2009
Cette figure montre que le prix de l'immobilier
positivement évolué de 2000 à 2006,
avant de chuter à partir de 2007, notamment de la hausse des taux
d'intérêt de la FED.
Cette baisse des prix de l'immobilier est
auto-entretenue. En effet, lorsque par exemple la dette d'un
ménage américain est supérieure à la valeur de son
bien immobilier (étant donné la hausse des taux
d'intérêt et la baisse des prix des logements), il a la
possibilité d'annuler le remboursement de sa dette et accepter de se
faire saisir sa résidence, qui est alors mise en vente par le
créancier. C'est donc ce
sse de plus en plus accrue des prix de l'immobilier
mécanisme qui a entraîné une
bai
ouché sur une spirale
et du nombre de ménages en défaut de
paiement, et qui a déb
baissière66.
La multiplication des défauts de remboursement
des crédits subprimes,
ur les titres subprimes, pourtant très
a provoqué des anticipations de perte
s
répandue sur les marchés financiers,
débouchant sur une chute de la capitalisation boursière
aux Etats-Unis.
66 J.C. BRICONGNE, Op. Cit., pp 28-
29.
La figure suivante illustre l'évolution du Dow Jones et du
Standard and Poor's67 entre 2006 et novembre 200
Figure 8
Source :
http://www.federalreserve.gov/data
La chute enregistrée entre 2007 et mars 2009
des produits issus de la titrisation, et le man
financier68, qui a provoqué une augmentation de
l'incertitude sur le marché b étant donné l'opacité
qui ne permettait
actifs. Tandis que la remontée à partir de mars
2009 po
politiques contracycliques mises en place par les
autorités, et que nous verrons plus loin.
2.3.2. Conséquences sur les banques
Comme nous avons déjà eu l'occasion de
l'évoquer, la régulation financière avait failli durant la
période précédent le déclenchement de la crise
défaillance avait permis aux banques
Cependant, la perte de la valeur des titres subprimes
banques avait installé un climat de méfiance entre
les banques, refusant de se pr des liquidités entre
elles69.
67 S & P est la bourse de valeurs
spécialisées dans les titres hypothécaires
68 Le manque de transparence ici est lié au
fait que les bons et les mauvais actifs sont mélangés, ne
permettant pas aux investisseurs de pouvoir les distinguer.
69 Quand le doute s'installe sur le marché
interbanca
mutuellement s'envolent. En effet, les banques se financent
à court terme sur le marché interbancaire. Normalement, les taux
interbancaires à 3 mois ne dépassent pas de plus de 20 points de
base le ta
Ainsi, si par exemple le taux directeur est à 4%, le
taux interbancaire à 3 mois doit être inférieur ou
égal à 4,2%. Cependant, les pertes subies par certaines banques
créent un élément d'incertitude qui débouche sur
des hausses importantes de taux d'intérêt à des niveaux 2
à 6 fois supérieurs à la normale.
Devant cette situation, les banques ont été
contraintes à enregistrer d'énormes pertes dans leurs actifs, et
certaines ont été au bord de la faillite. Le tableau suivant
illustre les résultats de quelques grandes banques internationales.
Tableau 22. Résultats nets de quelques
grandes banques internationales (en
milliards USD)
|
3ème
trimestre 2006
|
3ème trimestre
2007
|
4ème trimestre 2007
|
Citigroup
|
3,00
|
-2,24
|
-7,8
|
UBS
|
1,4
|
-0,495
|
-7,57
|
Merill Lynch
|
3,00
|
-2,24
|
-7,8
|
Bank of America
|
5,44
|
3,7
|
3,3
|
JP Morgan
|
3,24
|
3,3
|
3
|
Société Générale
|
1,27
|
1,12
|
-3,35
|
Source : P.ARTUS et J.P. BETBEZE, La crise des
subprimes, La Documentation Française, Paris, 2008, p.
75.
Ce tableau illustre l'impact de l'exposition aux
crédits subprimes par les banques. En effet, certaines ont même
enregistré des résultats négatifs. Nous pouvons
également noter que ces banques ont enregistré d'importantes
dépréciations d'actifs liés aux subprimes. En fin 2007 par
exemple, Citigroup, UBS et Merill Lynch ont enregistré respectivement
des pertes de 30.1, 18, et 24 milliards USD.
Cependant, il convient de noter que c'est la faillite en
septembre 2008 de la banque Lehman Brothers, l'une des plus importantes des
Etats-Unis, et de plus grandes au monde, qui a aggravé les tensions sur
les marchés financiers, laquelle faillite a enfoncé le secteur
dans la crise, avec la multiplication de fermetures d'autres banques.
Une autre conséquence de la crise est qu'elle a
provoqué de nombreuses fusions et acquisitions entre banques.
Les défauts de paiement des ménages
combinés aux pertes sur les actifs subprimes, lesquels sont largement
détenus par d'autres institutions financières, notamment les
compagnies d'assurance, les Hedges Funds, etc.
2.3.3. Conséquences sur les ménages
La baisse des prix des actifs qui a également eu une
incidence très considérable sur la richesse des ménages,
en ce qu'avec le resserrement des crédits, ils ont vu leur
capacité d'endettement s'effriter profondément, provoquant une
chute de la consommation. Le tableau suivant illustre l'évolution des
crédits à la consommation et hypothécaires, suite au
resserrement du crédit.
Tableau 23. Evolution des crédits (en
%)
Années
|
Crédit à la consommation
|
Crédit hypothécaire
|
2005
|
13,2
|
4,5
|
2006
|
11,0
|
4,1
|
2007
|
6,7
|
5,7
|
2008
|
-0,6
|
1,6
|
2009
|
-3,6
|
-3,2
|
Source :
http://www.federalreserve.gov/data
FED, Statistical release, Décembre 2009
2.3.4. Conséquences sur les entreprises
Le resserrement des crédits suite à la hausse
des taux d'intérêt, avec la chute des dépenses de
consommation, ont eu pour effet de réduire le niveau d'investissement et
la production. La figure suivante illustre l'évolution de la production
industrielle de 2004 à 2005, et montre la chute drastique à
partir de 2008, c'est-à-dire après le déclenchement de la
crise aux Etats-Unis.
Figure 9. Taux de croissance annuel de la production
industrielle aux USA de 2004 à
2009
-2
-4
-6
-8
4
0
2
004 2005
3 2,6
2006 2007 2008
1,8 1,8
-6,6
2009
-4,5
Taux de croissance
Sources : FED, « Statistical release
», 15 janvier 2010.
http://
www.sourceocde.org
La figure 9 illustre bien l'impact de la crise sur la
production industrielle
aux Etats-
Unis. En effet, le constat est que, après
l'année du déclenchement de la crise, le taux de
croissance de la production industrielle a été
négatif . Cela est sans doute la conséquence du
resserrement du crédit et de la baisse de la consommation.
En effe t, d'une part, les entreprises, face à
un durcissement des conditions d'octroi de crédits, se
sont retrouvées dans l'incapacité de financer leurs
activités et par conséquent contraintes de réduire
leurs activités, avec pour effet, de faire chuter la
production.
Dans ce contexte d'incertitude continue au sein de
l'économie américaine, avec déjà une baisse
drastique de la consommation, une chute des prix et de la
production industrielle, les entreprises se sont retrouvées contraintes
de réduire leurs effect ifs, provoquant une vague de
licenciements.
-1
-2
-3
0
3
2
1
2006
2,8
Taux de croissance
2007 2008 2009
2
1,1
-2,6
Tableau 24. Evolution du taux de chômage aux
USA
Années
|
Taux de chômage
|
2000
|
4
|
2003
|
6
|
2004
|
5,5
|
2005
|
5,1
|
2006
|
4,6
|
2007
|
4,4
|
2008
|
5,1
|
2009
|
7,5
|
Janvier 2010
|
10,2
|
Source :
http://www.martincapital.com/charts
http://www.sourceocde.org/stat
Le taux de chômage qui était d'une
moyenne de 4,7% avant le déclenchement de la crise, a grimpé pour
atteindr e un niveau supérieur à 10% en janvier 2010.
L'éclatement de la bulle immobilière en
2007, qui a déjà, comme nous avons eu à
le signaler, entraîné d'importantes pertes pour les banques, les
ménages, les entreprises, etc., et qui a entraîné une
baisse dela consommation et une forte chute de la production, a plongé
l'économie américaine dans une profonde
récession.
Figure 10.
Evolution du taux de croissance annue l du PIB
Américain
Comme l'illustre la figure 10, le taux de croissance annuel du
PIB américain a évolué decrescendo à partir de
2006, jusqu'à être négatif en 2009, soit - 2,6%.
2.3.5. Conséquences sur le commerce
extérieur
Aux Etats-Unis, le retournement des prix immobiliers, a
d'abord, comme nous l'avons évoqué, réduit la
capacité d'emprunt des ménages dont le patrimoine s'est
trouvé diminué. Ensuite, le durcissement des conditions de
financement des ménages a entraîné une contraction de la
demande de ces derniers. Ainsi, la consommation et les prix se sont
contractés. Cependant, les mêmes difficultés étant
également ressenties dans d'autres pays (notamment partenaires
commerciaux des Etats-Unis), le commerce extérieur des Etats-Unis s'est
également contracté.
2.3.6. Conséquences sur l'économie
mondiale
La crise financière qui a débuté aux
Etats-Unis sur le marché des subprimes, s'est ensuite amplifiée
et propagée dans le reste du monde. En effet, par l'étroitesse
des interconnexions des marchés financiers, comme nous avons eu à
l'évoquer, la transmission de la crise des Etats-Unis au reste du monde,
s'est faite à un rythme très accéléré.
Etant donné la diffusion des actifs issus de la
titrisation dans la quasitotalité des marchés financiers,
banques, et entreprises du monde entier en effet, la crise a obligé
plusieurs institutions financières et non financières du monde
entier à enregistrer des dépréciations d'actifs, et donc
d'énormes pertes dans leurs bilans, tel que nous avons
déjà eu l'occasion de le souligner.
C'est donc par les interconnexions des marchés
financiers, avec la forte expansion des titres subprimes, que la crise a eu des
conséquences considérables sur les principales places
boursières du monde, qui ont également essuyé
d'importantes pertes.
Les deux figures suivantes, illustrent comme exemple
l'évolution de la bourse de Londres (le FTSE), et celle de Paris (le CAC
40), comptées parmi les plus importantes places boursières au
monde.
Figure 11. Evolution du FTSE
Source :
http://www.bloomberg.com/markets
Figure 12. Evolution du CAC 40
4000
6000
5000
3000
2000
1000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009
CAC 40
Source :
http://www.bloomberg.com/markets
Comme l'illustrent les figures 11 et 12, les places
boursières du monde entier ont été sérieusement
touchées par l'éclatement de la bulle immobilière en
août 2007. En effet, nous pouvons noter une évolution très
positive du CAC 4O et du FTSE de 2004 à 2006, puis une chute à
partir de 2007, c'est-à-dire, après le déclenchement de la
crise aux Etats-Unis.
La raréfaction des liquidités,
consécutive à l'effondrement de la valeur des actifs, et la
baisse de la consommation ont également entraîné au niveau
mondial, une chute de la production industrielle.
Dans ce contexte, le repli de la demande des ménages
et, partant, des entreprises, dans les économies déjà
victimes de la crise immobilière s'est diffusée aux autres
économies via l'effondrement du commerce mondial. Un mouvement de
déflation rapide s'est alors amorcé dans de nombreux pays,
débouchant sur une spirale baissière du commerce mondial, de la
production industrielle, et sur une augmentation du chômage.
Figure 13. Taux de croissance annuel du commerce
mondial
-10
15
10
-5
0
5
2000 2001 2002
10,6
0,6
3,5
Taux de croissance annuel du CM
Source :
http://www.sourceocde.org/stat
A la lecture de la figure 13, nous constatons
une tendance positiv et 2006, freinée par la crise
déclenchée en 2 commerce mondial entre 2001
partir de ladite année en effet, nous pouvons
noter une sensible diminution du commerce mondial, avec un taux négatif
de -9% atteint en 2009.
La chute de la production mondiale s'explique surtout par
une chute de la demande d'importation et une contraction du commerce
international
Dans le même ordre d'idées, la chute de la
production industrielle dans de nombreux pays, et la
contraction du commerce mondial, ont
augmentation du chômage , conséquence de
nombreux licenciements
Noto ns cependant qu'au cours de l'année
2008, les économies avancées, mais également de
nombreux pays émergents, sont entrés en récession
Jusqu'en 2007 en effet , la croissance mondiale était
tirée par le dynamisme de la
ndettement croissant, dans un
demande des ménages, financée par un
e
-Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne.
nombre de pays, notamment les États
demande profitait
aux économies exportatrices, en particulier
l'Allemagne et le Japon, qui souffraient
d'une demande intérieure quelque peu
atone, et celle des rattrapage industriel. La crise financière
grands pays émergents en pleine phase de
de 2007 a donné un coup d'arrêt à
cette dynamique, avec la contraction de la
70 Au total, à partir de 2008,
l'ensemble des économies avancées est entré en
récession. D'une part, la demande des ménages s'est
contracté du fait du durcissement des conditions d'octroi d
banques, des pertes de richesse induites par le
retournement général des marchés immobiliers et boursiers,
et de la baisse de leurs rev
enus d'activité, avec la montée du
chômage notamment. D'autre part, les entrepr qui ont ajusté leur
activité
à la baisse de la demande, sont confrontées
à des stocks élevés et
de financement difficiles ; elles réduisent
fortement leurs stocks et leurs dépenses
. Voir « l'économie mondiale en 2008 : du
ralentissement à la
accélèrent le rythme des
licenciements
récession », REDOULES (Olivier).
demande des ménages des économies en
déficit commer
cial. Par le biais des éc hanges
extérieurs, les économies japonaise et
allemande71, qui
semblaient moins
et de la
exposées à la crise, du fait du faible
niveau d'endettement des ménages modération de leur marché
immobilier, ont été touchées par la contraction de la
demande de leurs
partenaires commerciaux. La figure suivante
illustre le taux de
croissance du PIB par zone économique.
Figure 14. T
aux de croissance du PIB par zone é
conomique
15
10
-5
0
5
2,4
-0,3
Japon Chine Zone Euro -2,6
-5
13
9
6,7
2,6
1
2007
2008
2009
Source :
http://www.sourceocde.org/stat
La figure 14
illustre bien l'impact de la crise sur la croissance des
pays aussi bien développés qu'émergents.
Quant aux pays en développement, notamment
africains, la crise a eu, dès les mois qui ont sui vis
son déclenchement, et surtout en 2008, un impact
considérablement négatif sur leur économie
réelle, du fait de leur extrême dépendance aux
exportations. Ainsi, avec la contraction du commerce mondial, la demande pour
les matières premières a sensiblement baissée.
Dans ce contexte, la crise dans les pa
ys en développement a eu pour effet entre autres :
- l
a réduction des exportations de matières
premières, entraînant une chute
de recettes fiscales 72, et donc un ralentissem
ent des investissements
publics ;
- la réduction des réserves de change
;
71
Les pays les plus touchés par la contraction du
commerce international sont le Japon et l'Allemagne, du fait
de la prépondérance des exportations dans leur commerce
extérieur.
72
En RDC par exemple, 40 à 70
sociétés qui intervenaient dans l'exploitation minière ont
fermé, et cela a débouché sur la suppression de plus de
300000 emplois. Voir BCC, Note de conjoncture au 27 février 2009,
Kinshasa, et « Rapport économique annuel 2009
», Représentation Suisse à Kinshasa, 28 juillet
2009.
- la baisse de l'aide publique au développement, avec
pour effet, la réduction du financement des projets de
développement, avec une grande incidence notamment sur la croissance et
l'atteinte des OMD.
En RDC notamment, la crise financière de 2007 a eu une
incidence très considérable sur les recettes du secteur minier,
entre 2008 et 2009. Le tableau suivant renseigne sur l'évolution des
recettes du secteur minier en RDC, de juin 2008 à février
2009.
Tableau 25. Evolution des recettes du secteur minier
en RDC (en millions USD)
Date
|
Juin-
|
Juil-
|
Août-
|
Sept-
|
Oct-
|
Nov-
|
Déc-
|
Janv.
|
Fév.
|
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2009
|
2009
|
Montant
|
7,8
|
24,7
|
9,3
|
7,9
|
6,3
|
13,1
|
1,4
|
3,4
|
3,3
|
Source : BCC, Note de conjoncture au 28 février
2009, Kinshasa.
Nous pouvons constater en lisant le tableau 25, que les
recettes du secteur minier ont connu une forte diminution en RDC, passant de
24,7% en juillet 2008, à 3,3% en février 2009. Cela
résulte de la chute des cours sur les marchés mondiaux, et de
celle des exportations en RDC, consécutives à la crise
financière internationale de 2007.
Concernant les réserves de change, la crise a
imposé une lourde contrainte sur les pays en développement, du
fait, comme nous avons eu à le souligner plus haut, de leur forte
dépendance à leurs exportations des matières
premières notamment le cuivre, le cobalt, le pétrole, le bois, le
diamant, etc.
C'est donc le déclin des prix dans le secteur minier
par exemple, qui a conduit à la chute des recettes dans le secteur, en
RDC notamment (voir tableau 25). C'est dans ce même contexte que la
Zambie a enregistré également une importante baisse de ses
recettes d'exportations, réduisant considérablement ses
réserves de change73. En effet, le volume des réserves
de change généré par le secteur minier en Zambie, est
passé de 649 millions USD au premier semestre de l'année 2008,
à 454,5 millions USD, au second semestre de la même
année74.
En RDC, la chute des recettes d'exportation, a
également eu un impact très considérable sur ses
réserves de change. Le tableau suivant illustre l'évolution des
réserves internationales de la Banque Centrale du Congo de mai 2008
à février 2009.
73 M. BENHAMMOU, « Impact de la crise
économique internationale sur le développement économique
et social en Afrique », Centre Marocain d'Etudes stratégiques,
Tanger, Novembre 2009, p.9.
74 Idem
Tableau 26. Evolution des réserves
internationales de la BCC (en millions USD)
Date
|
Mai-
|
Juin
|
Juil-
|
Août
|
Sept-
|
Oct-
|
Nov-
|
Déc-
|
Jan.
|
Fév.
|
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2008
|
2009
|
2009
|
Montant
|
252,8
|
181,8
|
184,7
|
210,7
|
219,7
|
189,5
|
159,0
|
77,0
|
34,5
|
32,9
|
Source : BCC, Note de conjoncture au 28 février
2009, Kinshasa.
Comme l'indique le tableau 26, les réserves
internationales ont sensiblement baissé en RDC entre mai 2008 et
février 2009. En effet, elles sont passé de 252,8 millions USD en
mai 2008, à seulement 32,9 millions en février 2009.
LES POLITIQUES MISES EN PLACE POUR
LUTTER CONTRE LES CRISES
La crise économique qui s'est déclenchée
aux Etats-Unis après le krach boursier en octobre 1929, a
provoqué de nombreuses faillites bancaires, de fermetures d'entreprises,
l'augmentation du chômage, la chute des prix, la contraction du commerce
international, etc. elle a eu, comme nous avons eu à l'expliquer, des
effets désastreux sur la sphère réelle et
financière aussi bien américaine que du reste du monde.
De même, la crise financière internationale,
toujours déclenchée aux Etats-Unis, après
l'éclatement de la bulle immobilière en 2007, a eu des
conséquences désastreuses sur les établissements
bancaires, les entreprises, etc. les obligeant à enregistrer
d'énormes pertes dans leurs actifs. Elle a engendré une chute de
la production, une contraction du commerce international, une augmentation du
chômage, etc., et ce, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du
monde.
Dans ce cadre, et étant donné, comme nous
l'avons évoqué dans les chapitres précédents, que
les effets n'ont cessé de s'aggraver à partir du
déclenchement de chacune des deux crises, et chacune à son
époque, des mesures ont dues être prises dans le but de les
résorber.
dans la seconde, à un essai de comparaison des deux crises
qui ont fait l'objet de notre travail, à travers leurs points les plus
marquants.
1. POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISE
ECONOMIQUE
DE 1929 ET FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007
1.1. Politiques initiées dans le cadre de la crise
économique de 1929
La crise déclenchée après le krach
boursier d'octobre 1929, s'est transformée en récession, avec la
chute de la production, de la consommation et des prix, la fermeture de
nombreuses banques et entreprises, l'accroissement du chômage, etc.
Dans ce contexte, quelles mesures ont-elles pu être
prises par les autorités de l'époque en vue de combattre la
crise, notamment aux Etats-Unis, et ailleurs ?
En décidant par exemple d'augmenter les taux de
salaire, avec l'augmentation du chômage, elles auraient davantage
aggravé la situation. Avec la déflation, une décision
visant à booster les prix n'aurait qu'entraîner une augmentation
des surplus invendus. De plus, une augmentation des recettes par les
impôts pour financer les dépenses du gouvernement, n'aurait eu
pour effet que de réduire le revenu des ménages et diminuer
davantage la consommation, débouchant au final sur une plus forte
contraction de la production75. Quelles politiques les
autorités ont-elles alors mises en place pour résorber la crise
?
1.1.1. Politiques mises en place aux Etats Unis
Aux Etats-Unis, les autorités en place à
l'époque, ont tardé à prendre des mesures
conséquentes, du fait de leur grand attachement au « laissez-faire
» et à l'autorégulation du marché, qui les faisaient
croire en un retour rapide à l'équilibre. Mais vu que la crise ne
cessait de s'aggraver, le Gouvernement, à l'époque dirigé
par le Président Herbert Hoover76, était finalement
obligé de prendre certaines mesures « contracycliques » dans
le but de contrer la phase de plus en plus descendant du cycle. Ces mesures ont
porté notamment sur :
- L'augmentation des taux de salaires et des prix, et
l'obligation pour les entreprises de ne plus effectuer des licenciements
- L'augmentation des dépenses du gouvernement
(augmentation des indemnités de chômage, grands travaux, etc.)
75 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 185.
76 Herbert Clark HOOVER, Président des
Etats-Unis arrivé au pouvoir en 1928 et investi en mars 1929,
succédant ainsi au Président
WIDROW. IL fît un seul mandat, de
1929 à 1932.
Ces politiques ont eu des effets assez encourageants sur la
crise, expliquant ainsi le faible taux de chômage enregistré en
1930 (voir tableau 13).
Poussées par les résultats de leurs mesures, les
autorités ont alors résolu au courant 1930, de prendre d'autres
mesures bien plus importantes et révolutionnaires comportant :
- La loi « Smoot-Hawley Tariff », établissant
des tarifs spéciaux sur certains produits (notamment agricoles et
manufacturés).
- Le « Revenu Act », établissant une
augmentation de 25 à 63% des impôts sur le revenu77.
La mise en place de la « Smoot-Hawley Tariff » aux
Etats-Unis, a cependant donné aux autres pays le signal d'une
prolifération des politiques protectionnistes78, y
entraînant l'instauration des mesures similaires. Ce qui a eu pour
conséquence de faire chuter le commerce international (Voir tableau 14),
et provoquer la contraction de la production et des exportations
américaines (voir tableau 11). C'est ainsi que la production et les prix
ont fortement chuté, et que le taux de chômage a de manière
drastique augmenté, dans des proportions plus grandes, comparées
à celles enregistrées entre 1929 et 1930.
Cependant, l'approfondissement du chômage a conduit le
gouvernement à prendre d'autres mesures, portant notamment sur le
bannissement de l'immigration, en vue de combattre le chômage.
L'autre facette des politiques du gouvernement pour combattre
la crise, et qui portait sur l'augmentation des taxes pour financer les
dépenses du gouvernement, n'ont eu pour conséquence que
d'aggraver la crise. En effet, nous savons que dans une situation de basse
conjoncture, telle que c'était le cas depuis 1929, il était
important pour le gouvernement de réduire la charge fiscale des
entreprises, en vue de permettre le réinvestissement des profits encore
existant, et favoriser l'augmentation des investissements. Or, les politiques
fiscales menées par le gouvernement, ont été procycliques,
c'est-à-dire, réduisant les revenus, la consommation, et
aggravant davantage la situation des entreprises et approfondissant la
récession.
C'est donc cette même politique qui explique la chute
brutale enregistrée dans la production industrielle dès 1931
(voir tableau 8).
77 V. DE RUGY, « High taxes and high budget
deficits : The Hoover-Roosevelt tax increases of the 30s », in Tax
& Budget Bulletin, n°14, CATO INSTITUTE, mars 2003, p.2.
78 Idem, pp 2-3.
Ainsi, après toutes ces mesures prises pour lutter
contre la crise, des signes plus menaçants ont commencé à
apparaître dans l'économie américaine vers la fin de
l'année 1931, tels qu'en témoignent les chiffres contenus dans
les différents tableaux (voir chapitre 2). C'est alors le début
de la grande dépression.
En 1932, d'autres mesures ont alors été prises, et
portant notamment
sur :
- La mise en place du fonds national pour la création :
chargé de la redistribution de fonds publics entre banques, industries,
secteur agricole, gouvernements locaux.
- La baisse des taux d'intérêt par la FED
- La création d'une banque spécialement
chargée du financement des projets de construction
- L'élargissement de l'aide publique aux banques
privées
- L'élargissement des restrictions à
l'immigration
- Prêts de 300 millions de dollars aux Etats.
Cependant, ces nouvelles mesures n'ont pas produits les effets
escomptés, tellement le mal était devenu profond, et la crise
s'étant déjà transformée en dépression.
Jusqu'au début de 1933, la crise atteint son paroxysme.
Le Président nouvellement élu, Franklin Roosevelt79,
apporte ses nouvelles politiques, dans le but de mettre fin à la crise.
C'est alors l'ensemble de mesures contenues dans le programme plus connu sous
le nom du « New Deal ». Quel en a cependant été le
contenu ?
Le New Deal
La crise ayant atteint son paroxysme, le Président
Roosevelt apporte son plan dans le but de combattre celle-ci. Ce vaste
programme a pour but de stimuler la demande et fournir de l'emploi, à
travers notamment une augmentation des dépenses publiques. Ainsi, le New
Deal portait sur :
1. La réforme du système financier et un soutien
massif aux entreprises en difficulté. Dans ce cadre, nous pouvons
retenir la mise en place de plusieurs lois dont :
- Le « Securities Act » : dans le but d'apporter un
soutient financier massif aux entreprises en difficulté et soutenir les
nouveaux investissements. Dans
79 Franklin Delano ROOSEVELT, 32è
Président des Etats-Unis et successeur de Herbert Hoover.
ce cadre, le taux d'intérêt de la FED qui
était de plus de 4% en 1931 a été ramené à
2,75 en 1933 et 1,75 en 1934.
- Le « Glass-Steagal Act » : loi promulguant
l'abandon de l'étalon-or, et permettant à la FED de multiplier
les opérations d'open market (par une vente massive des bons du
Trésor Américain) en vue de financer les dépenses du
Gouvernement, et permettre ainsi de moins recourir à l'impôt.
- Le « Emergency Banking Act » : Cette loi instaure
le contrôle strict des organismes financiers par les Banques
Fédérales, afin de rétablir une confiance populaire
ébranlée par de nombreuses faillites bancaires. Elle
établit ainsi le plein contrôle par l'Etat des
établissements bancaires en très mauvaises postures. La loi
établit également une distinction claire entre banques d'affaires
et banques de dépôts. En outre, elle assure les déposants
(en cas de défauts des banques) à travers un fond appelé
« Federal deposit Insurance Corporation».
2. La mise en place d'une politique de diminution des prix
intérieurs en vue de rendre les biens et les entreprises
américains plus compétitifs80.
3. L'accroissement du salaire minimum
4. Le « Social Security Act » : loi sur les retraites,
et l'augmentation des indemnités de chômage.
5. Le « National Industrial Recovery Act » (NIRA) :
réglemente la collaboration entre l'Etat et les entreprises dans un but
concerté contre la crise, à travers notamment la fixation des
prix, des salaires, etc.
6. Le « Civilian Conservation Corps » (CCC) :
élaborant les grands travaux financés par l'Etat dans le but
prioritaire d'employer directement des chômeurs, et par conséquent
donner un pouvoir d'achat à ces derniers, et donner un nouvel
élan à la consommation, qui aura à son tour pour effet
d'augmenter l'investissement.
Ainsi, en mesurant les effets du New Deal, nous pouvons
évoquer la reprise qu'il a induite, à travers notamment
l'augmentation de la production industrielle, la diminution du chômage,
dès 1933.
Pour ce qui est des politiques menées dans d'autres
pays pour combattre la crise, nous pouvons retenir essentiellement que la
gestion de la crise n'était pas concertée. Chaque pays voulant
combattre la crise à sa manière et selon ses propres
intérêts.
En Europe, cette gestion non concertée de la crise
était notamment favorisée par le climat d'hostilité qui
existait encore entre d'une part, l'Allemagne et ses alliés, et d'autre
part, les pays ayant combattu contre ces derniers durant la première
guerre mondiale.
1.1.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne
Les mesures prises par les autorités britanniques peuvent
être énumérées comme suit :
- L'abandon de l'étalon-or
- Les politiques de dévaluation de la Livre Sterling, dans
le but de rendre les produits britanniques plus compétitifs
- La mise en place de la loi baptisée «Import
Duties Act », instaurant des tarifs préférentiels sur les
produits provenant des colonies et des pays du Commonwealth (Australie, Canada,
RSA, Inde, etc.)
1.1.3. Politiques mises en place en Allemagne
Pour combattre la crise, les autorités allemandes ont pris
différentes mesures qui peuvent être synthétisées
comme suit :
- Les politiques d'industrialisation et de militarisation
- Les politiques anti-chômage portant notamment sur
l'interdiction de travailler pour les femmes mariées et la suspension de
l'immigration.
- La suspension des paiements des dommages de guerre
1.1.4. Politiques mises en place dans d'autres pays
Ici, nous signalons simplement le fait que les pays ayant
abandonné l'étalon-or (comme la Grande-Bretagne) ont recouru
à des politiques de dévaluation. Par contre, d'autres, comme la
France, la Belgique, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, qui sont restés
fidèles à l'étalon-or ont dû mener des politiques
déflationnistes, qui les ont davantage plongé dans la crise (voir
tableau 15).
1.2. Politiques dans le cadre de la crise financière
internationale de 2007
La crise déclenchée après
l'éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis en août
2007, a profondément secoué les marchés financiers, a
atteint l'économie réelle et provoqué d'importantes vagues
déflationnistes à la base de la récession
enregistrée dans la majorité de pays du monde. Cependant, quelles
mesures ont-elles été prises en vue de combattre cette crise ?
Comme nous avons eu à l'évoquer,
l'étroitesse des interconnexions entre les différents
marchés financiers et économies du monde, a favorisé une
diffusion à grande vitesse de la crise dans le monde entier.
Ainsi, face à la crise et aux difficultés des
institutions financières, les Etats sont intervenus massivement :
- En injectant d'importantes liquidités et en baissant
les taux directeurs, en vue notamment d'éviter le risque de faillites en
chaîne des établissements financiers
- En assurant le remboursement des ménages, vu les
difficultés des institutions bancaires
- En recapitalisant les principales banques, voire en
nationalisant certains établissements en situation critique.
1.2.1. Politiques mises en place aux Etats-Unis
Le Gouvernement Américain en place au moment du
déclenchement de la crise, et dirigé par le Président
Georges BUSH81, a proposé dès décembre de
l'année 2007, un plan baptisé « Hope Now Alliance », en
vue de lutter contre la crise et prévenir d'autres situations
similaires. Ce plan propose (en grandes lignes) :
- De limiter les faillites hypothécaires à travers
le gel pendant 5 ans des taux
d'intérêt sur les prêts subprimes
- Des mesures de grâce pour les propriétaires
(emprunteurs subprimes) en mesure de rembourser mais qui ont été
mis en difficulté par l'augmentation des taux d'intérêt
- Le réalignement des taux variables pour les prêts
qui ont moins de 3% de différence entre la valeur de la maison et la
valeur du prêt.
81 Georges Walker BUSH, 43ème
Président américain, au pouvoir de 2001 à 2008.
En rendant ces mesures effectives, l'Etat Américain
devait ainsi éviter la saisie de 300000 maisons, et des pertes de plus
de 300 milliards de dollars sur deux ans, soit 250 milliards USD en 2008, et 70
milliards USD en 200982.
Toujours avec le même Gouvernement dirigé par le
Président Bush, un plan de 700 milliards de dollars a été
mis en place. Ce plan baptisé « Paulson »,
élaboré en 2008, prévoit une prise de participation du
Trésor Américain dans le capital des institutions
financières les plus fragiles et les plus exposées aux
activités liées aux subprimes, en vue de débarrasser
celles-ci de leurs actifs à l'origine de la crise, et dans le but de
restaurer la confiance dans le système financier. Dans le même
cadre, l'Etat sera tenu d'assouplir les modalités des prêts
subprimes pour soulager les emprunteurs propriétaires de maisons
menacées de saisies.
Toujours dans le but de combattre la crise, le nouveau
Gouvernement investi en 2009 et dirigé par le Président
Obama83, a également mis au point un plan de relance
baptisé « New Foundation », visant principalement à
soutenir la demande, limiter la chute de la production, rétablir la
confiance et relancer les dépenses privées. Ce plan, monté
pour un montant d'environ 816 milliards USD, prévoit :
- 544 milliards USD de dépenses
fédérales, portant entre autres sur le financement des grands
travaux de modernisation d'infrastructures (bâtiments publiques,
autoroutes, etc.), des prêts aux Etats.
- 275 milliards USD de réduction d'impôts pour les
particuliers et les entreprises
Concernant les mesures contre la crise bancaire, le Gouvernement
Américain actuel prévoit :
- de limiter la taille des banques et encadrer leurs
activités sur le marché ;
- l'interdiction pour les banques de s'adonner à la
spéculation pour leur propre compte ;
- l'interdiction pour les banques de dépôt de
posséder des fonds d'investissement spéculatifs ;
- l'interdiction pour les fonds spéculatifs de s'endetter
auprès des banques
- l'augmentation de la taxation de 50 des plus grandes
institutions bancaires.
82 P. ARTUS et J.P.BETBEZE, Op. cit., p.
104.
83 Barack Hussein OBAMA, 44ème
Président américain, successeur de G. BUSH, et au pouvoir depuis
Janvier 2009.
1.2.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne
Les mesures prises en Grande-Bretagne pour lutter contre la crise
peuvent être synthétisées comme suit :
- Injection de 50 milliards de Livres, soit un peu plus de 70
milliards USD, pour soutenir le crédit, et un peu plus d'argent public,
pour prendre des participations dans des banques en état critique, et
procéder à une nationalisation partielle des
établissements bancaires via l'achat d'actions.
- Ouverture d'une ligne de crédit de 200 milliards de
Livres, soit un peu plus
de 230 milliards USD pour assurer le refinancement des banques
- Réduction de 5% de taxes et ce, dans le but de stimuler
la demande
1.2.3. Politiques mises en place en Allemagne
Le Gouvernement Allemand a adopté un plan de 500
milliards d'Euro, soit un peu plus de 500 milliards USD, en vue principalement
de stabiliser le marché financier84. Il porte ainsi sur :
- 400 milliards USD pour relancer le marché des
crédits interbancaires
- 100 milliards USD pour la recapitalisation des
établissements bancaires en difficulté
En plus de ce plan, le gouvernement a mis au point un plan de
relance économique qui vise à soutenir la consommation et les
entreprises, sous forme d'allègements fiscaux.
1.2.4. Politiques mises en place en France
Le Gouvernement Français a, quant à lui,
élaboré un plan de 26 milliards d'Euro, ciblant principalement
les entreprises et les infrastructures. Il prévoit :
- 12,1 milliards d'Euro d'aide aux entreprises
- 10,5 milliards d'Euro d'investissement publics
- 1,8 milliards d'Euro d'aide au secteur du logement - 1,52
milliards pour d'autres dépenses
84 www.magazine_deutshland.de/fr/article
A travers ce plan, nous pouvons cependant noter que les
autorités françaises privilégient l'outil de production au
détriment de la consommation.
Mais de manière plus globale, nous pouvons noter qu'au
niveau international, les banques centrales ont massivement réagi
dès les mois, voire les semaines qui ont suivis le déclenchement
de la crise, dans le but d'éviter une crise bancaire systémique
en injectant des liquidités :
- La BCE a injecté plus de 4OO milliards d'Euros en
2007 (sur le marché au jour le jour), puis 95 et plus de 300 milliards
d'Euros, respectivement en 2007 et 2008
- La FED a injecté plus de 100 milliards USD, avec une
forte baisse de son taux directeur
- La banque du Japon a injecté 2OOO milliards de Yens,
soit un peu plus de 2 milliards USD dans le système bancaire, en vue de
prévenir une pénurie des liquidités85.
Signalons en outre que le Japon et la Chine ont adopté
des plans de stimulation économique d'envergure, s'élevant
respectivement à 276 milliards USD en octobre 2008 et 588 milliards USD
en novembre de la même année86.
85
http://r.orange.fr/r
86 K. SASI, « Les conséquences de la crise
financière mondiale », in Rapport de l'assemblée
parlementaire Européen, Janvier 2009, pp. 2-3.
2. ESSAI DE COMPARAISON DES DEUX CRISES
Comme nous l'avons évoqué en introduisant ce
travail, analyser les crises économique de 1929 et financière
internationale de 2007 permettrait de déceler le fait qu'à
l'origine de chacune d'elles se trouvaient différentes combinaisons de
causes, conduisant à des effets pervers à diverses
échelles.
Cependant, avant de nous lancer dans cette démarche,
nous aurions pu être emmené à penser que, comparer la crise
financière internationale de 2007 à la crise économique de
1929 était excessif. Mais l'analyse approfondie de la situation actuelle
depuis 2007 nous a permis de voir qu'elle est indéniablement la plus
sévère depuis la grande dépression.
En effet, par le mécanisme qu'elle développe et
sa diffusion dans les moindres recoins de la planète, la crise de 2007 a
sans conteste représenté la plus grande menace pour
l'économie mondiale depuis la crise économique de 1929.
Les deux crises présentant de grandes
similarités, un parallélisme doit cependant être fait, au
regard de ce qui a été dit aux chapitres et sections
précédents.
Avant tout, nous convenons d'évoquer le fait qu'une
bulle (boursière en 1929 et immobilière en 2007) se situe
à l'origine desdites crises, accompagnée chaque fois d'un
surendettement des ménages (crédit à la spéculation
boursière en 1929 et à la construction immobilière en
2007), conduisant à une crise bancaire, et débouchant sur une
déflation (par le biais du resserrement de crédit « credit
crunch »).
En outre, en comparant quelques statistiques des deux crises,
nous pouvons déceler certaines différences et similarités
:
Concernant l'ampleur des pertes financières
engendrées par l'éclatement de la bulle boursière en 1929
et immobilière en 2007, aux Etats-Unis, elles s'élèvent
respectivement en 1933 à plus de 50 milliards USD (voir tableau 6) et
à plus de 1400 milliards USD en 200987. Ceci témoigne
donc de l'ampleur des pertes engendrées par la crise de 2007.
En ce qui concerne le secteur bancaire en particulier, nous
relevons le fait qu'il y a eu moins de faillites bancaires dans la crise de
2007 que lors de la crise de 1929, où nous avons noté pas moins
de 9000 établissements tombés en faillite aux Etats-Unis.
87
http://www.imf.org/fandd
La raison réside dans les retraits massifs des
déposants et le resserrement de crédits sur le marché
interbancaire. La situation a semblé se répéter lors de la
crise de 2007, mais cependant avec moins d'ampleur, en raison de la
réaction prompte du Gouvernement Américain, et de la FED dans le
secteur bancaire, notamment en jouant véritablement son rôle de
prêteur en dernier ressort.
Concernant le taux de chômage aux Etats-Unis notamment, la
différence entre les deux crises sera bien observable à travers
la figure suivante.
Figure 15. Evolution du taux de chômage durant
les trois premières années
1930-2007 1931-2008 1932-2009
7,5
8,7
4,4
22,3
5,1
15,2
La crise de 2007
La crise de 1929
Source : voir chiffres des tableaux 9 et 24
La figure n°15 renseigne que durant les trois
premières années de la crise de 1929, le chômage avait
frappé plus de 20% de la population active alors que pour la crise de
2007, seulement 7,5% de la population active était au chômage aux
Etats-Unis jusqu'en 2009. Cependant, à notre entendement, la
différence entre les deux épisodes relève tout simplement
du fait que les autorités avaient tardé à prendre des
mesures conséquentes pour résorber le chômage lors de la
crise de 1929, alors que dans le cas de la crise de 2007, les autorités
n'ont pas tardé à mener des politiques budgétaires et
monétaires adéquates pour soutenir l'économie.
Concernant la production industrielle, notons qu'elle
s'était contracté de plus de 16% en 1931, alors qu'en 2008, elle
n'a baissé que d'un peu moins de 7%. Il convient également de
souligner le fait que la gestion des deux crises a joué dans la
contraction de la production industrielle. En effet, lors de la grande
dépression, ce n'était qu'en 1933, soit 4 ans après le
déclenchement de la crise, qu'un véritable soutien a
été apporté au secteur industriel.
Soulignons également une importante contraction du
commerce mondial lors de la crise économique de 1929, qui semble se
répéter dans la crise de 2007, avec une diminution de 9% en
2009.
En outre, nous convenons d'ajouter que la contraction du
commerce mondial dans la crise de 2007 réside dans la diminution de la
demande adressée aux pays partenaires par les pays en crises, tel que
nous avons eu à l'évoquer au chapitre 2. En effet, les
difficultés bancaires qui ont entraîné un resserrement de
crédits, ont à leur tour provoqué une baisse de la demande
pour les produits étrangers dans les pays en crise. C'est alors de cette
baisse de la demande qu'a débouché la contraction du commerce
mondial, par le mécanisme du multiplicateur du commerce extérieur
(voir chapitre 2). En revanche, la raison de la contraction du commerce mondial
dans la crise de 1929 réside essentiellement dans la montée des
politiques protectionnistes dans différents pays, partenaires
commerciaux.
Dans le même ordre d'idées, un autre facteur
permettant de faire un parallélisme entre les deux épisodes,
concernant le commerce mondial, réside dans les mouvements
internationaux des capitaux.
En effet, les économies frappées par une crise
financière procèdent aux rapatriements des capitaux investis
à l'étranger lors des périodes d'expansion
précédentes, afin de palier aux problèmes de fonds. C'est
dans ce contexte que, les Etats-Unis, alors créancier de l'Europe, avait
décidé du rapatriement de ses capitaux en vue de faire face
à la crise bancaire qui commençait à pointer à
l'horizon. Ces retraits des capitaux Américains avaient alors lourdement
pesé sur l'économie Européenne, plongeant le commerce
mondial dans un profond tourment.
De même, le mécanisme de retrait des capitaux
suite à la crise de 2007, a contribué lourdement à
l'approfondissement de la crise dans de nombreux pays émergents et en
voie de développement88. C'est ce qui a expliqué les
interventions du Fond Monétaire International dans nombre de ces
pays89. C'est dans ce cadre que lors du sommet du G-20, à
Londres, en novembre 2008, il avait été décidé un
renflouement de l'ordre de 500 milliards USD au capital du FMI, pour venir en
aide aux pays émergents et en voie de développement en
crise90.
De ce qui a été dit dans les lignes
précédentes, notamment sur la comparaison des quelques
statistiques des deux crises, nous pouvons souligner le fait
88 C'est ainsi que la crise s'est approfondie dans des
pays tels que l'Islande, l'Ukraine, etc.
89 Le FMI est intervenu sans tarder pour aider les
pays émergents touchés par les répercussions des
perturbations économiques mondiales et par le brusque ralentissement de
l'activité dans les pays industrialisés. En Europe notamment, le
FMI a accordé 16,4 milliards USD à l'Ukraine et 15,7 milliards
USD à la Hongrie. En RDC, entre autres pays Africains, le FMI a
débloqué en 2009, un total de 195,6 millions USD au titre de
Facilité de protection aux chocs exogènes, tandis que la Banque
Mondiale et la BAD ont débloqué chacune 100 millions USD, la
même année. Voir Finances & Développement,
décembre 2008, et « Rapport économique annuel 2009 »,
Représentation Suisse à Kinshasa, p. 2.
90 Journal De SPIEGEL du O4 septembre 2009.
que, le caractère relativement contenu de la crise
financière internationale de 2007, comparé à la crise
économique de 1929, se justifie par :
- La présence dans le contexte actuel des
stabilisateurs automatiques tels que la sécurité sociale,
l'assurance-chômage, qui compensent le retournement de l'économie
et amortissent les effets de pertes d'emplois. Sur ce point cependant, il
convient de noter que lors de la crise économique de 1929, la
sécurité sociale, l'assurance chômage aux EtatsUnis n'ont
vu le jour que plusieurs années après le déclenchement de
la crise, précisément en 1933, grâce au New Deal, à
travers le « Social Security Act », encore en application à ce
jour.
- Lors de la crise économique de 1929, les
autorités avaient tardé à réagir, laissant
l'économie à la merci de la crise, alors que pour contrer la
débâcle de 2007, elles n'ont pas tardé à injecter
des sommes colossales dans l'économie.
- La mise en place par le Gouvernement de l'assurance sur les
dépôts bancaires, qui a sans ambages aidé à
réduire les effets d'une panique bancaire, mais qui n'avait cependant vu
le jour aux Etats-Unis lors de grande dépression que grâce
à l' « Emergency Banking Act » du New Deal, en 1933, soit plus
de trois ans après le déclenchent de la crise.
- Lors du déclenchement de la crise de 2007, la FED a
effectivement joué son rôle de prêteur en dernier ressort,
au secours de grandes banques en difficulté, tandis qu'elle avait
attendu longtemps avant de baisser son taux directeur et apporter des
liquidités au secteur bancaire en général et aux banques
en difficulté en particulier.
Ainsi, comme nous avons eu à l'évoquer, les
interventions massives des Gouvernements, aussi bien sur le plan
budgétaire que monétaire, notamment aux Etats-Unis, pour
résoudre la crise de 2007, justifie son caractère relativement
contenu comparé à la crise de 1929. La figure suivante permet de
voir l'importance des déficits budgétaires dans les deux
épisodes.
Figure 16 . Déficit public en pourcentage d u PIB
aux Etats -Unis
15
10
0
5
1931-2008
0,7
3,24 2,78 3,27
1932-2009 1933-2010
10,64
9,92
Crise de 1929
Crise de 2007
Source :
http://www.usgovernementspending.com/charts
La figure 16 témoigne de l'importance du
déficit budgétaire dans le cadre de la crise
financière internationale de 2007
comparé à la
situation lors de la grande dépression. En 1931
par exemple (deux ans après le déclenchement de la crise), le
déficit n'était que de 0,7%, alors qu'en 2008, il était
déjà à 3,24%.
CONCLUSION GENERALE
Cette étude visait à faire une comparaison des
crises économiques de 1929 et financière internationale de 2007,
laquelle nous a permis de percevoir le fait que depuis les années 1930
le monde n'avait pas connu une crise classique majeure à la hauteur de
celle qui a secoué l'économie mondiale à partir de 2007.
Cela dit, de cette analyse nous avons pu tirer quelques leçons
concernant de nombreux points.
Le premier chapitre s'est efforcé de présenter
la notion de crise financière et économique, en analysant
cependant un certain nombre d'éléments susceptibles de conduire
l'économie réelle ou financière à une situation de
marasme. En outre, nous avons relevé la récurrence des crises
économiques et financières dans le système capitaliste
à travers le temps.
Le deuxième chapitre, faisant une analyse
quasi-complète des deux épisodes, montre que les deux crises dont
il est question dans ce travail, tirent leurs origines dans les perversions
enregistrées durant les périodes d'expansion. Les chiffres et
illustrations présentés dans ce chapitre montrent en outre
l'impact des deux crises sur l'économie mondiale.
Le troisième chapitre a présenté les
différentes politiques anticrises mises en place lors des deux
épisodes. Nous avons vu dans ce chapitre que la crise économique
de 1929, ayant du reste enfoncé l'économie mondiale durant trois
années successives après octobre 1929, n'avait pas vu une forte
réactivité des dirigeants de l'époque, contrairement
à ce qui s'est produit dès les mois, voire les semaines qui ont
suivi le déclenchement de la crise financière actuelle. En effet,
nous avons vu que les dirigeants d'aujourd'hui, contrairement à ceux de
l'époque, ont réagi différemment en adoptant des solutions
plus agressives en termes de mise en place des politiques visant à
soutenir la demande, limiter la chute de la production, rétablir la
confiance et relancer les dépenses privées.
Cependant, la lecture des deux épisodes nous a permis
de comprendre que la crise de 1929 et financière internationale de 2007
sont des crises, comme nous avons eu à l'évoquer,
résultant des perversions du « laissez-faire », et que les
remèdes y apportés, avec les différents plans de relance
(New Deal, New Alliance, ou aussi les différentes politiques
protectionnistes mises en place lors de la grande dépression, notamment
en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans d'autres pays), se sont bien
inspiré des théories économiques de l'économiste
Anglais John
MAYNARD KEYNES (interventionnisme), et ont tous porté
un sacré coup au libéralisme, en donnant à l'Etat une
place centrale dans l'économie et en mettant les marchés sous
« tutelles ».
En outre, l'expérience des deux crises nous a permis
dans une certaine mesure, à connaître parfaitement par avance les
enchaînements des raisons qui conduisent à la formation des bulles
(hausses excessives et auto-entretenues des prix d'actifs dans les
périodes d'euphorie au cours d'une phase de prospérité),
les difficultés ou le laxisme dans l'évaluation des risques,
jusqu'à l'éclatement de ces bulles et à leurs
conséquences sur l'économie réelle.
Nous avons de plus constaté dans les faits, que le
déclenchement de la crise pour les deux épisodes est toujours la
même : une expansion monétaire permet aux agents
économiques d'emprunter massivement et avec une telle facilité
pour acquérir de plus en plus d'actifs qui voient ainsi leurs valeurs
s'envoler pour finir par chuter. Et, quand à leur tour, les banques sont
touchées par la perte de la valeur de ces actifs, les
conséquences se répercutent sur l'économie réelle.
Nous assistons alors à un resserrement des crédits (credit
crunch), qui débouche sur la chute de la consommation, des prix, des
investissements, de la production, un important accroissement du chômage,
etc.
Au cours de cette étude, nous avons également
relevé que le contexte économique international joue
indubitablement un rôle majeur dans l'amplification d'une crise. Ainsi,
l'étalon-or a eu un rôle dans l'approfondissement de la crise de
1929, tandis que la globalisation des marchés financiers a eu à
son tour un impact décisif sur la diffusion de la crise
financière en cours depuis 2007 dans la quasitotalité de pays du
monde.
Cette étude nous a permis en outre de tirer quelques
leçons, concernant les excès du libéralisme avec son
« laissez-faire », et ce à quoi le monde s'expose en laissant
celui-ci voué à lui-même. Nous l'avons relevé
cependant, à travers les différentes politiques
interventionnistes (du reste contraires aux principes du libéralisme)
des gouvernements pour résorber les effets des crises, que
l'interventionnisme a chaque eu raison sur le laissez-faire pour combattre les
crises.
Cela nous pousse donc à affirmer que le capitalisme a
été mis en péril par la crise économique de 1929 et
l'a encore été par la crise de 2007. Cependant, le recours
à l'interventionnisme pour résoudre les crises, nous conduit en
outre à affirmer que si la crise économique de 1929,
malgré ses effets dévastateurs n'a pas débouché sur
la chute pure et simple du capitaliste, la crise de 2007 n'aboutira pas
non plus à la disparition du capitalisme, mais
probablement à un système hybride, combinant libéralisme
et interventionnisme.
Cela dit, malgré le caractère contenu des effets
de la crise de 2007, nous pensons que la sortie définitive de crise,
n'est à envisager qu'en 2012, voire début 2013. Cette sortie
dépend cependant de l'assainissement complet des bilans des banques, de
la restauration de la confiance des investisseurs et des prêteurs. Elle
dépend aussi et surtout de l'application de certaines réformes au
niveau mondial, dans le système bancaire et l'industrie
financière, et dont le but sera également de prévenir
toute nouvelle crise.
Comme Murray ROTHBARD, nous pensons qu'il est
préférable de prévenir une crise plutôt que d'en
souffrir. Nous estimons pour cela qu'il est nécessaire d'opérer
certaines réformes dans la sphère financière
internationale, devant passer par le renforcement de la réglementation
prudentielle des banques et par la régulation des marchés
financiers (notamment la transparence de l'information sur les produits
financiers). En outre, dans ces temps modernes, étant donné
qu'aucun pays ne vit en vase clos du point de vue économique, nous
pensons qu'il est important, pour une économie « locomotive »
qu'est celle des Etats-Unis, d'avoir une parfaite maîtrise de son secteur
financier en vue d'éviter de plonger le monde entier dans une nouvelle
débâcle.
De ce qui a été dit, une question reste
cependant posée concernant les différentes politiques mises en
place par les gouvernements pour résorber la crise de 2007. En effet, en
dehors des impôts, un Etat ne peut que recourir à l'emprunt pour
financer ses dépenses, en émettant pour cela des bons du
trésor ou des obligations d'Etat (le recours au seigneuriage
étant dépassé pour tout Etat sérieux et moderne).
Cela dit, si à un moment donné, les créanciers estiment
que l'Etat s'est trop endetté, ils peuvent de ce fait, décider de
ne plus lui prêter, avec pour conséquence de plonger son
économie dans une crise.
Certes les plans de relance des différents
gouvernements, du reste, se chiffrant à des centaines de milliards de
dollars, ont permis d'amortir les effets de la crise financière
internationale de 2007, mais cela ne nous empêche pas néanmoins de
craindre que la situation puisse se retourner. En effet, sur quoi le
financement des différents plans de relance débouchera-il sur le
long, voire le moyen terme ?
SIGLES ET ABREVIATIONS
B.A.D. : Banque Africaine de Développement
B.C.C. : Banque Centrale du Congo
B.C.E. : Banque Centrale Européenne
B.M. : Banque Mondiale
CAC 40 : Cotation Assistée en Continu des 40 plus grandes
entreprises
Françaises
DJI : Dow Jones Index
S&P : Standard and Poor's
Fed : Federal Reserve
FMI : Fond Monétaire International
FTSE : Financial Time Stock Exchange Index
G-20 : Groupe des 20
NBER : National Bureau of Economic Research
NYSE : New York Stock Exchange
OCDE : Organisation de Coopération et de
développement Economiques
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PIB : Produit intérieur brut
SEC : Security and Exchange Commission
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE 3
1 : NOTIONS SUR LES CRISES FINANCIERES ET ECONOMIQUES
8
1.1. DEFINITIONS 8
1.1.1. Crise financière 8
1.1.2. Crise économique 10
1.2. CRISES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DE L'HISTOIRE 14
1.3. QUELQUES CONCEPTS DE BASE 18
1.3.1. Titre 18
1.3.2. Bourse 18
1.3.3. Titrisation 18
1.3.4. Prêt subprime 19
1.3.5. Agence de notation 19
1.3.6. Marché des capitaux 19
1.3.7. Bulle 19
1.3.8. Panique bancaire 20
2. HISTORIQUES DE LA CRISE ECONOMIQUE DE 1929 ET DE LA
CRISE FINANCIERE
INTERNATIONALE DE 2007 21
1. HISTORIQUE DE LA CRISE ECONOMIQUE DE 1929 21
1.1. Déroulement de la crise économique de
1929 322
1.2. Causes de la crise 330
1.2.1. Les politiques monétaires inadaptées
330
1.2.1.1. Les politiques monétaires expansionnistes
entre 1920 et 1929 330
1.2.1.2. Les politiques monétaires restrictives de la
FED 31
1.2.2. La sous-consommation 32
1.2.3. Les relations économiques internationales.
33
1.3. Conséquences de la crise économique de
1929 36
1.3.1. Les cours des actions 37
1.3.2. Faillites bancaires entre 1929 et 1933 38
1.3.3. La production industrielle 40
2. HISTORIQUE DE LA CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007.
49
2.1. Déroulement de la crise financière
internationale 550
2.2. Causes de la crise 57
2.2.1. Sous-évaluation massive du risque 57
2.2.2. Régulation inadéquate 58
2.2.3. La titrisation 59
2.2.4. Les agences de notation 59
2.2.5. Les fonds d'investissements ou fonds
spéculatifs (Hedge Funds) 59
2.2.6. Les investisseurs 60
2.3. Conséquences de la crise financière
internationale 61
2.3.1. Conséquences sur le marché immobilier
62
2.3.2. Conséquences sur les banques et autres
institutions financières 63
2.3.3. Conséquences sur les ménages 65
2.3.4. Conséquences sur les entreprises 65
2.3.5. Conséquences sur le commerce extérieur
65
2.3.6. Conséquences sur l'économie mondiale
68
3. LES POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES
CRISES 74
1. POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISE
ECONOMIQUE DE
1929 ET FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007 76
1.1. Politiques initiées dans le cadre de la crise
économique de 1929 76
1.1.1. Politiques mises en place aux Etats Unis 76
1.1.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne
80
1.1.3. Politiques mises en place en Allemagne 80
1.1.4. Politiques mises en place dans d'autres pays
80
1.2. Politiques dans le cadre de la crise financière
internationale de 2007 81
1.2.1. Politiques mises en place aux Etats-Unis 81
1.2.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne
83
1.2.3. Politiques mises en place en Allemagne 83
1.2.4. Politiques mises en place en France 83
2. ESSAI DE COMPARAISON DES DEUX CRISES 85
CONCLUSION GENERALE 90
SIGLES ET ABREVIATIONS 93
BIBLIOGRAPHIE 94