Mémoire de fin d'études
Le comportement du
consommateur et les films d'horreur
Delphine ROUCHON
Promotion 2011
Professeur-suiveur : Isabelle Horvath
Date de dépôt du document : 27 mai
2011
Statut de diffusion du mémoire
:
Diffusion libre via l'infomédiathèque
Indiquez les mots-clés qualifiant au mieux votre
mémoire (10 maximum) :
- - marketing,
- - comportement du consommateur,
- - promotion, - -
sociologie, - - film d'horreur,
- - cinéma,
- - société,
- - valeur.
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Résumé
Tout au long de ce mémoire, nous allons tenter de
répondre à la question suivante : Comment le marketing du
film l'horreur s'adapte t-il au comportement du consommateur moderne ?
Pour ce, nous sommes partie de l'hypothèse suivante :
L'industrie du cinéma d'horreur utilise les peurs modernes pour
attirer son public. Les facteurs clés de succ~s évolueraient
d'une génération à l'autre : l'adaptation et la
réactivité sont alors primordiales.
L'horreur est un dérivé du fantastique, il
provoque des réactions physiques et se complait dans la
démonstration. L'horreur caricature les sociétés, en
particulier dans le sous-genre slasher, très présent sur les
écrans. Le slasher met en scène la jeunesse et les rites
initiatiques : il s'agit d'un sous-genre très moralisateur mais
également très représentatif du genre horreur. Dans la
littérature de recherche, nous avons trouvé des auteurs traitant
de la relation choc sociaux/cinéma d'horreur. Nous en avons conclu que
l'industrie du cinéma d'horreur utilise les préoccupations
sociales comme trame de fond pour attirer les spectateurs : prenons l'exemple
du film Amityville. Amityville a comme toile de fond une
histoire de maison hantée par le diable. Mais son succès
reposerait en partie sur une notion économique implicitement
omniprésente tout au long du film, à une époque où
les Américains connaissaient une récession économique
importante.
Le public des films d'horreur est varié puisque le genre
horreur est père de
|
nombreux sous-genres. Et la censure peut-être
utilisée comme un levier marketing : l'interdiction attise la
curiosité.
Nous avons testé la littérature sur deux
terrains : nous avons mené deux entretiens qualitatifs de groupe et six
entretiens qualitatifs individuels. Ainsi, nous avons noté que l'outil
promotionnel le plus important est le bouche-à-oreille, de plus en plus
développé au travers des forums et blogs. Le consommateur (ou
ici, le spectateur) est celui qui regarde le film. Son comportement
répond à deux valeurs : la valeur de l'objet culturel (le film)
et celle du lieu culturel (le cinéma).
Les facteurs clés de succès de l'industrie du
cinéma d'horreur sont : la peur, la violence et la défaite, la
cohésion avec la société et le filon des suites et des
sagas. Le point essentiel de nos préconisations porte sur la
légende urbaine. Elle est le reflet de la société.
Le marketing de l'industrie du cinéma d'horreur
s'adapte au consommateur moderne en utilisant l'actualité de
façon implicite. Le spectateur à besoin de se sentir
concerné pour apprécier un film. Nous avons en partie
validé notre hypothèse : l'industrie du cinéma d'horreur
doit etre aussi réactive que l'actualité et l'utiliser comme
levier marketing.
Abstract
Throughout this work, we will endeavor to answer this
question: how does the horror movies' marketing adapt itself to the
behavior of the modern consumer? We chose to start from this
hypothesis: the horror movies' industry uses modern fears to attract
spectators. Success key points could change from a generation to another:
adaptation and responsiveness are essential.
The Horror genre is derived from the fantasy genre. It causes
physical reactions and it shows things a lot. The Horror genre caricatures
societies. This is especially the case of slasher movies. Slasher movies
feature teenagers or very young adults and their initiation rites. They
constitute a moralistic subgroup but they represent very well the horror
movies type at the same time. During our research work, we found many
authors who had studied the link between social traumas and horror movies.
This led us to Page 3 sur 80
Mémoire de fin d'études, ESC Saint-Etienne,
promotion 2011
conclude that the horror movies' industry uses social problems
as an inspirational background to attract spectators.
The Amityville movie is a good example with its devil-haunted
house scenario. However, as the movie was out, American citizens were suffering
from a big economic recession. This might also be a reason for the success of
the movie knowing that there was such an ongoing implicit economic notion in
the movie.
The Public of horror movies is varied because the
«horror» type is the father of a lot of «sub-groups» (like
slasher movies). Censoring movies can represent a marketing lever: interdiction
pokes curiosity.
We tested the theory at two different levels: first we did 2
qualitative group interviews, then 6 qualitative individual interviews. In the
end we noticed that the most important promotional tool was the word of mouth
which is developing more and more thanks to forums and blogs. The consumer
(i.e. the spectator) is the person who watches movies. His behavior pattern
responds to two values: the value of the cultural object (the movie) and the
value of the cultural place (the cinema).
Success key points of the horror movies' industry are: fear,
violence and defeat. Coherence with the everyday life is another factor.
Sequels and remakes are also big hits. To conclude, we noticed that express
urban legend in horror movies is a key point success: Urban legends reflect the
society we live in.
By using what makes the news, the marketing of the horror
movies' industry adapts itself to the modern consumer. The spectator needs to
feel concerned to enjoy a movie. Thus, we have almost proven our primary
statement: the horror movies' industry has to react quickly to the news but
also use the news as a marketing lever.
Table des matières
REMERCIEMENTS 7
INTRODUCTION 8
PARTIE 1 : CADRE GENERAL 10
Chapitre 1 Films d'horreur : popularisation du genre 14
1 Indéfinition du genre 14
2 Les chocs sociaux : aperçu historique de l'horreur 17
3 Le public des films d'horreur 22
Chapitre 2 Approche théorique 27
Chapitre 3 Terrain d'observation 29
PARTIE 2 : LE CINEMA D'HORREUR ET SON SUCCES 33
Chapitre 1 Le consommateur et les films d'horreur : entre
attirance et répulsion 34
1 Définitions 34
2 Industrie du cinéma 37
3 Le marketing : de l'inexistence à l'outrance 40
Chapitre 2 Préconisations 44
1 Les facteurs clés de succès du cinéma
d'horreur 45
2 Le rôle de la légende urbaine : « c'est
vraiment arrivé au copain de la cousine d'une copine » 48
3 L'idéalisation de l'horreur 50
Chapitre 3 Bilan 54
- Limite de notre étude 55
CONCLUSION 57
- Perspectives d'élargissement 58
TRAVAUX CITES 59
ANNEXES 62
Remerciements
Tout au long de cette année, nous avons eu l'occasion de
solliciter plusieurs personnes que nous remercions très
sincèrement :
Isabelle Horvath, notre tutrice école, pour son
expertise, ses conseils, sa disponibilité et ses encouragements. Ses
apports personnels et professionnels nous ont permis de mener à bien ce
travail.
Muriel Rouchon, pour ses encouragements également, ainsi
que pour ses corrections et son avis.
Le directeur de la prépa où nous avons
mené nos entretiens de groupe, ainsi que ses élèves. Ils
nous ont tous accordé du temps et ont permis d'enrichir
significativement ce mémoire.
Et enfin, Les six personnes qui ont participé à nos
entretiens individuels, pour leur amitié, leur soutien et bien
évidemment pour le temps qu'ils nous ont accordé.
Introduction
Dans le cadre de ce mémoire de fin d'études,
nous allons travailler sur le comportement du consommateur face au film
d'horreur. Depuis les premiers films à nos jours, le marketing
a influencé les consommateurs dans le domaine du cinéma en
général. Au-delà de l'aspect purement scientifique ou
marketing, on peut se demander comment le cinéma d'horreur fait vendre,
quels leviers les publicistes utilisent. On verra au fil des pages que le
cinéma d'horreur connait une activité cyclique. Pourtant d'une
génération à l'autre, les facteurs clés de
succès évoluent, la véritable question serait donc :
Comment le marketing du film l'horreur s'adapte t-il au comportement du
consommateur moderne ?
Comme hypothèse de départ en réponse
à notre problématique, nous dirons que le cinéma d'horreur
fait vendre lorsqu'il met un nom, une image, une personnalité à
des angoisses sociales. Il fédère des groupes d'individus devant
des peurs communes. Comme le nombre fait la force, et comme l'angoisse a
été identifiée, les films d'horreur ont un effet non
seulement cathartique, mais en plus apaisant. L'industrie du
cinéma d'horreur utilise les peurs modernes pour attirer son public. Les
facteurs clés de succ~s évolueraient d'une
génération à l'autre : l'adaptation et la
réactivité sont alors primordiales.
La première partie de ce mémoire posera le cadre
général :
Dans le premier chapitre, nous définirons le
cinéma d'horreur et nous testerons la littérature de notre
hypothèse (L'industrie du cinéma d'horreur utilise les peurs
modernes pour attirer son public. Les facteurs clés de succès
évolueraient d'une génération à l'autre :
l'adaptation et la réactivité sont alors primordiales). Nous
verrons que le cinéma d'horreur prolifère en période de
choc social. Enfin, nous parlerons du public des films d'horreur et de son
approche de la censure.
Dans le second chapitre, nous justifierons le choix de notre
sujet et de notre domaine scientifique.
Dans le troisième chapitre, nous évoquerons notre
terrain d'observation : les types d'entretiens menés,
l'intérêt de ses entretiens...
La deuxième partie de ce mémoire
développera les points essentiels :
Dans le premier chapitre, nous aborderons le domaine
scientifique (le marketing) à l'aide de définitions et de
concepts. Ensuite, nous parlerons de l'industrie du cinéma en
général avant de nous restreindre au cinéma d'horreur.
Nous verrons que le marketing du cinéma d'horreur est délicat et
que le bouche-à-oreille revêt une importance majeure.
Dans le second chapitre, nous ferons des
préconisations. Après avoir décrit les facteurs
clés de succès de l'industrie du cinéma d'horreur, nous
proposerons des préconisations établies d'après la
littérature et les résultats de nos études terrains.
Dans le troisième chapitre, nous ferons un bilan de notre
étude et nous présenterons ses limites.
PARTIE 1 : CADRE GENERAL
Dans Marketing (Mayrhofer, Marketing, 2002) explique
le cycle de vie d'un produit (lancement, croissance, maturité,
déclin). Il annonce également que tout produit a une durée
de vie limitée : on peut se demander si cela est vrai dans le cas de
films qui traversent et marquent plusieurs génération (la
nuit des morts-vivants (Romero, La nuit des morts vivants, 1968),
mais dans la majeure partie des films, cela semble exact : de nouvelles
éditions ne sortent plus. Le film s'éteint et devient de plus en
plus méconnu de génération en génération.
Par contre, si on parle de genre, c'est différent, un
genre meurt, devient démodé, puis se réactualise : les
films de vampires trouvent de nouveaux adeptes environ tous les dix ans.
D'où vient cet attrait pour le cinéma d'horreur
? Dans pouvoir de l'horreur, essai sur l'abjection (Kristeva,
1980), l'auteure raisonne en terme de religion (interdits sociaux,
morale...). Le cinéma d'épouvante serait un exutoire de notre mal
être. C'est en tout cas ce que pense Thomas Michaud lorsqu'il
évoque les films de zombie, en 2009, dans Zombification du monde
(Michaud, 2009) : il raisonne, quant à lui, en terme de sociologie
et dit que les films de zombies connaissent du succès dans
différents cas : pendant et après la guerre, le génocide
des juifs a laissé des traces sur les écrans de cinéma,
les zombies reflétaient le monstre, le corps sans âme, que la
population ne voulait pas (re)devenir. Pendant la guerre froide, les zombies
représentaient les communistes, l'ennemi qui s'infiltre et qui infecte.
Dans les années 1980, les zombies évoquaient la propagation du
sida. Aujourd'hui, c'est la peur des islamistes, mais également celle du
vieillissement de la population.
En 1993, David Skal avait déjà soulevé
une problématique similaire dans the monster show: A Cultural
History of Horror (Skal, 1993). Pour lui, les spectateurs prennent plaisir
à regarder un film d'épouvante, car cela exorcise leurs peurs
face aux conditions économiques et sociales parfois délicates.
L'intérêt d'un monstre, serait de déplacer ses angoisses
concernant le chômage, l'inconnu, ou encore la mort. En effet,
après les guerres, quand les vétérans reviennent
mutilés, défigurés ou fous, les films de monstres
pullulent sur les écrans, mettant en scène des personnages
estropiés et repoussants. La peur de la bombe atomique a
également été source d'inspiration chez les
cinéastes qui ont pris plaisir à imaginer les pires tests de
bombes (et les
conséquences qui en ont découlé). Pour
David Skal, les bébés monstrueux et les grossesses insoutenables
montrées à l'écran (Rosemary's baby (Polanski,
1968) ne reflétaient que la peur des américains face à la
libération sexuelle. Malheureusement publié en 1993,
l'étude de David Skal ne couvre pas les vingt dernières
années, mais son raisonnement tient toujours et on peut aisément
supposer que :
- L'ère des remakes des films des années 1980,
au début des années 2000, auraient pu avoir pour rôle de
sécuriser les spectateurs en leur rappelant le « bon vieux temps
».
- On peut également imaginer que les films comme
stay alive (Bell, 2005), sur les jeux vidéo, The ring
(Verbinski, 2002), ou tout simplement le roman Cellular
de Stephen King (2006), traduisent la peur de l'inconnu face à la
montée en puissance de nouvelles technologies toujours plus
intelligentes.
Nos recherches sur le comportement du consommateur face aux
films d'horreur nous ont conduits à découvrir que les premiers
consommateurs du genre sont les adolescents. Ils ont tout du moins leur propre
façon de les consommer. L'analyse faite dans Conseiller un film
d'horreur... justifications et jugements de valeur dans quelques copies de
seconde (Masseron, 2003) montre que chez les adolescents, l'attrait pour
les films d'horreur est justifié par un gout commun de la peur. Leur
comportement est influencé par leur besoin d'être en groupe, mais
également par leur recherche d'identification. Enfin, les films
d'horreur donnent une identité aux serials killers, ainsi que des
explications sur leurs motivations, il y a donc une question d'éthique :
une recherche d'explication.
Le choix du consommateur adolescent relève en partie de
l'effet d'imitation (Duesenberry, 1949), ainsi, ils ont comme idée
commune qu'un bon film d'horreur doit forcément faire peur, mais il faut
également qu'il ait du succès auprès des autres
adolescents. Enfin, ils en sont moins conscients, mais les films d'horreur qui
les attirent le plus, sont également ceux qui ne sont pas
dépourvus d'humour (on citera Scream (Craven, Scream, 1996) ou
encore Chucky : jeu d'enfant (Holland, 1988)).
Si les films pour adolescents se ressemblent tous, quand un
réalisateur vise un public plus âgé, le genre change. Il
devient au choix, plus noir, plus psychologique ou plus froid. « Par
définition, une expérience trop souvent renouvelée cesse
d'en être une. Il faut donc rechercher de nouveaux leviers pour continuer
à surprendre le consommateur, innover en permanence et rentrer dans une
logique de surenchère pour maintenir ce vécu d'expérience.
» (Brée, 2007).
Suivant de nombreux auteurs, en particulier des chercheurs et
des passionnés qui ont beaucoup travaillé sur le sujet, regarder
un film d'horreur est une forme d'exutoire, il n'y a rien de pervers, et pas
d'effet négatif (si tant est qu'on ait l'age conseillé par la
censure). Pourtant, dans un monde où elle est omniprésente, la
violence n'a jamais été autant montrée du doigt, et de
nombreux auteurs en ont fait leur sujet d'étude comme Brad Bushman et
Graig Anderson dans Media violence and The american public : scientific
facts VS media misinformation in american psychologist, en 2001. Les
français sont terres à terres et catégoriques sur le
sujet, deux rapports dénoncent la violence : Claire Brisset
s'inquiète au sujet des enfants dans Les enfants faces aux images
diffusés par les différents supports de communication
(2002), et Blandine Kriegel dénonce la même chose dans La
violence à La télévision : mission d'évaluation,
d'analyse et de proposition relative aux représentations violents
à la télévision, (2002).
Parallèlement, et de façon plutôt cocasse,
cette peur presque panique d'une montée de violence, est
réutilisée de manière suggestive dans certains films
récents qui mettent en scènes les peurs modernes (violence
à outrance, sexualité débridée, enlèvement,
trahison des nouvelles technologies...). Ces films utilisent et
véhiculent des légendes urbaines traditionnelles ou modernes.
On comprend que le genre « horreur » est dans la
démonstration. Le but est de montrer, de tout voir. Ainsi, les films
d'horreur personnalisent ce qui n'était qu'angoisse au départ.
Prenons un exemple, après la deuxième guerre mondiale, les
américains n'ont eu de cesse d'explorer le nucléaire. L'accident
de Tchernobyl n'avait pas encore eu lieu que les populations angoissaient
à ce sujet. En 1977, Wes Craven a réalisé la colline
à des yeux, un film dans lequel une famille a un accident de
voiture dans le Nouveau-
Mexique, dans une zone d'essais nucléaires. Ils finissent
par être attaqués par des mutants, victimes de ces essais.
Chapitre 1 Films d'horreur : popularisation du genre
Introduction-
Nous allons dans un premier temps, nous attacher à
définir ce qu'est l'horreur. Ensuite, nous mettrons en parallèle
la sociologie, l'économie et l'industrie du cinéma d'horreur pour
voir en quoi les chocs sociaux boostent cette industrie. Pour terminer, nous
décrypterons le public des films d'horreur : ses peurs et ses
attentes.
|
1 Indéfinition du genre
Le genre « horreur » est difficilement
définissable. Dans l'absolu, chacun a sa propre définition du
genre « horreur », aussi, un film peut glisser d'un genre à
l'autre dans le temps. Par exemple, King Kong (Cooper &
Schoedsack, 1933) était qualifié de film d'horreur à sa
sortie. Aujourd'hui, il est communément rangé dans le
fantastique. D'ailleurs, Henry Franck soutient que « c'est en 1950 que
fantastique et horreur se sont différenciés » (Franck,
2009, p. 2).
Ainsi, « Le cinéma d'horreur - ou «
cinéma fantastique » dont les sous-genre « épouvante
» et « horreur » sont des ramification - plonge ses racines dans
les romans « gothiques » de la littérature fantastique
anglaise des XVIIIème et XIXème siècles (...) Leur trame
se déroule sous fond de mystère, de damnation, de
décrépitude et de vieilles demeures remplies de fantômes,
de fous, de malédictions héréditaires, autant
d'ingrédients qui trouveront une large expression dans le cinéma
d'horreur. » (Penner & Schneider, 2008, p. p.9). Les auteurs sont
d'accord sur un point, le cinéma d'horreur est un tentacule du
cinéma fantastique et « Le cinéma fantastique
plonge ses racines dans les origines du cinématographe et se
développe selon quatre grands axes : la science-fiction, l'horreur, la
féerie, et le bizarre. » (Grim, 2004, p. 75).
slasher
survival
horreur
vampires
bizarre
fantastique
zombies
féérie
...
Science- fiction
Ainsi, pour résumer les propos précédents,
nous pouvons proposer le schéma suivant :
Figure 1: définition de l'horreur
|
L'horreur a ses spécificités, «
L'horreur est la manifestation du réel, son actualisation, la
réalité à laquelle nous ne pouvons échapper.
L'horreur, c'est le regard glacé de l'assassin qui brandit un couteau,
toutes dents dehors, c'est la femme gisant dans une mare de sang sur le sol de
la cuisine, c'est la vue de lambeaux de chair dans le miroir, c'est l'enfant
qui court après son ballon sans voir le camion qui arrive. C'est
l'insecte qui surgit du fond de l'oreille en grimpant. » (Penner
& Schneider, 2008, p. 9). L'horreur provoque des sensations physiques et
viscérales chez le spectateur : l'accélération du rythme
cardiaque, par exemple. D'ailleurs, nous pouvons illustrer cette
définition avec la bande annonce du film Paranormal Activity
(Oren, 2009) : on peut voir les réactions du public filmé pendant
une projection, il est effrayé, se cache les yeux, sursaute. Vous pouvez
voir la bande annonce française en cliquant sur ce lien :
http://www.youtube.com/watch?v=F_cUNvD6BJQ.
Dans les bonus du DVD de Destination finale (Wong,
2000), on trouve un reportage sur les réactions physiques. Vous
trouverez un compte rendu de ce reportage en annexe 1.
Selon certains auteurs, ces sensations physiques
provoquées par les films d'horreur et recherchées par les
spectateurs sont non seulement bien réelles mais aussi utiles : «
Le cinéma d'horreur a une double fonction : cathartique et
lénifiante. C'est un
cinéma qui permet d'évacuer un certain nombre
d'angoisse et de les apaiser » (Franck, 2009, p. 6)
Enfin, quand on tape « genre cinématographique
» sur Wikipédia1, le classement proposé
différencie film d'horreur, film fantastique, film de zombies,
science-fiction, slasher et vampirisme. La source n'est pas scientifique, mais
c'est un site populaire et un accès facile au spectateur lambda, on
réalise donc que les amateurs n'ont pas la même définition
du genre que les scientifiques. En annexe 2, vous trouverez une copie
d'écran de la page en question.
Dans ce mémoire, pour faciliter la compréhension
et parce que nous devons limiter le champ de recherche, nous
considérerons que « Le cinéma d'horreur constitue en
luimême un genre complexe qui s'est élaboré à partir
d'une tradition orale et écrite d'histoires de peur. »
(Roberge, 2004, p. 4/5)
Nous ne définirons pas tous les sous-genres de
l'horreur (gore, snuff movie, survival, final
girl...) mais juste le slasher, sous-genre que nous
jugeons le plus présent et le plus représentatif du cinéma
d'horreur.
Le slasher est inspiré de la légende urbaine.
Bien que Psychose (Hitchcock, 1960) soit considéré comme
le pionnier du genre, il a connu son age d'or dans les années 1970/1980
avec comme chef de fil Halloween (Carpenter, Halloween, 1978), et une
recrudescence du genre a eu lieu à la fin des années 1990 avec la
réalisation de Scream (Craven, Scream, 1996).
« Slasher est un néologisme tiré du
verbe « to slash » qui peut signifier entailler, trancher, couper.
Cette dénomination fut inventée dans les années 1970 par
des critiques de cinéma pour décrire des films d'horreur
où des jeunes gens (de 15 à 25 ans) se font assassiner par un
maniaque, avec des objets longs et tranchants (couteaux, machettes...). (...)
Si le slasher en tant que tel apparaît au cinéma à la fin
des années 70 avec le séminal Halloween de John
Carpenter, il semble trouver sa source dans les
1
http://fr.wikipedia.org/wiki/Genre_cin%C3%A9matographique
traditions populaires de la sous-culture, dans les
légendes urbaines, dans ces figures punitives inventées pour
effrayer les «mauvais» enfants. » (Courty, 2004, p. 630)
Ainsi, vu la complexité du genre, nous
considérerons la définition suivante : l'horreur est un
dérivé du fantastique, il provoque des réactions
physiques et se complait dans la
démonstration. L'horreur caricature les
sociétés, en particulier dans le sous-genre
slasher, très présent sur les écrans. Le
slasher met en scène la jeunesse et les rites initiatiques : il s'agit
d'un sous-genre très moralisateur mais également
très représentatif du genre horreur.
2 Les chocs sociaux : aperçu historique de
l'horreur
Nous allons remonter le cours historique du cinéma
d'horreur afin de le lier aux chocs sociaux. Notre hypothèse
étant que l'industrie du cinéma d'horreur s'est largement
inspirée de l'actualité, en particulier de ses aspects
négatifs. Nous souhaitons mettre en relief l'idée que les
films d'horreur seraient le miroir de la société, et
surtout, le miroir de ses défauts.
D'ailleurs, « Le cinéma fantastique est par
essence un cinéma de crise. Qu'elle soit
économique, sociale, politique ou existentielle, elle est un terrain
propice au développement de ce genre cinématographique. La crise
majeure de 1929 en est une illustration. Dans un tel contexte, le cinéma
fantastique connaîtra un extraordinaire développement. Son age
d'or --selon la formule consacrée --, va recouvrir la décennie
1930-1940. Mais la période la plus génératrice d'oeuvres
marquantes pour le genre se situe entre 1931 et 1935, période historique
charnière où le monde bascule, l'horreur cinématographique
préfigurant l'horreur historique. » (Grim, 2004, p. 76). En
effet, l'entre-deux-guerres est une période sensible : elle
représente la montée en puissance des dictateurs, le krach
boursier de 1929 a conduit à une situation de stress. Le cinéma
d'horreur s'est renforcé à cette période, profitant de la
tension ambiante.
Les tensions politiques semblent titre souvent
utilisées et généralement sous forme de métaphore
par l'industrie du cinéma. La guerre froide a donné naissance
à une multitude de films représentants des invasions : invasions
d'insectes, d'extraterrestres,
d'épidémies... « Dans nombre de cas -
en particulier durant les années 50 et au début des années
70 - les terreurs exprimées par [les films d'horreur] sont de nature
socio politique, ce qui donne à des oeuvres aussi différentes
que L'invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel
et L'Exorciste de William Friedkin des allures de documentaires.
Lorsque le film d'horreur porte une de ses casquettes sociopolitiques - de la
série B considérée comme une forme d'éditorial -,
il se comporte comme un baromètre permettant de mesurer avec une
précision extraordinaire les cauchemars d'une société.
» (King, 1981, p. 196).
La guerre froide est implicitement présente dans de
nombreux films de science-fiction : l'extraterrestre qui s'infiltre incognito
parmi les humains pour mieux les envahir et les piéger peut être
le reflet de l'ennemi politique.
Cet intérét pour le film d'horreur ancré
dans la réalité s'est vérifié lors de notre
étude terrain, puisque durant les entretiens de groupe, les
étudiants qui n'étaient pas familiers aux films d'horreur, n'ont
pas hésité à affirmer que « un bon film d'horreur
ressemble à notre vie, on doit pouvoir penser que ça peut arriver
» et que « il doit nous faire réfléchir, ne
pas être un simple produit de consommation ».
En réponse à la violence souvent
décriée des films d'horreur trop réalistes, la citation
qui suit est en anglais, les auteurs mettent en avant un argument de
l'industrie du cinéma, soit que les films ne font que recréer
à l'écran la violence déjà présente dans la
société : « The entertainment industry often claims that
violent media simply reflect the violence that already exists in society.
Consider the following statements from representatives of the three major
television networks. According to Leonard Goldenson of ABC, "We are presently
reaping the harvest of having laid it on the line at a time when many Americans
are reluctant to accept the images reflected by the mirror we have held up to
our society" ("Fighting Violence," 1968, p. 59). Julian Goodman of NBC agreed,
"The medium is being blamed for the message" ("Fighting Violence," 1968, p.
59). Howard Stringer of CBS claimed that the TV industry is "merely holding a
mirror to American society" (West, 1993). Zev Braun, also of CBS, said, "We
live in a violent society. Art imitates the modes of life, not the other way
around: It would be
better for Congress to clean that society than to clean up
the reflection of that society" ("Violence Bill Debated in Washington,"
1990). » (Bushman & Anderson, 2001, p. 479)
Nous n'aurons malheureusement pas le temps de remonter tous le
vingtième siècle pour vérifier que chaque film d'horreur
est bien ancré dans son époque et dans les traumatismes de sa
société (ce qui est d'ailleurs sans doute faux. Les films
d'horreur de série Z, considérés comme des navets, ne
seraient-ils tout simplement pas sortis au mauvais moment ? Ne seraient-ils pas
tout simplement trop éloignés des préoccupations des
sociétés de leur époque ?). Nous allons néanmoins
recenser quelques films à grand succès et les mettre en
parallèle avec leur histoire.
Commençons par l'indémodable
vampire, personnage gothique récurrent du film
d'horreur : « La créature de Bram Stoker (1897), née
sous sa plume à la période où naissaient de par le monde
occidental les futurs dictateurs qui allaient ensanglanter le XXe
siècle, fait son apparition sur les écrans hollywoodiens en 1931,
au moment où ceux dont il est la métaphore tragique exercent - ou
vont exercer -, leurs coupables industries : Mussolini (1883-1945)
accède au pouvoir en 1922 à l'âge de 39 ans ; Staline
(18791953) au pouvoir en 1924 est alors âgé de 45 ans ; Hitler
(18891945) au pouvoir en 1933, 44 ans ; Franco (18921975) au pouvoir en 1936,
44 ans. L'interprète de Dracula : Bela Lugosi (1882-1956) est
âgé de 49 ans au moment du tournage. Si le vampire est sans age,
son apparence physique dans cette version de 1931 est celle d'un
quadragénaire. » (Grim, 2004, p. p.78). Ainsi, Dracula, suceur
de sang, serait le reflet, le portrait des dictateurs avides de pouvoirs qui
mettent le monde à feu et à sang.2
A partir du milieu des années 80, les films de vampires
recouvrent leur notoriété, peut-on faire coïncider ce retour
avec l'arrivée du SIDA ? En effet, si le vampire type des années
30 est un homme cruel, bestiale et froid, celui des années 80 et surtout
90 est romantique, distant et aussi séduisant que séducteur comme
en atteste des films comme Buffy, tueuse de vampires (KUSLLI, 1992) ou
Dracula (COPPOLA, 1992).
Dans zombification du monde (Michaud, 2009), Thomas
Michaud explique que les films de zombies sont le reflet d'une
société inquiète. Notamment, page 156, il écrit
2 Dracula 1931, trailer :
http://www.youtube.com/watch?v=UehobGtSnOk
que les zombies représentent « la perte
d'humanité », la « peur de devenir un monstre
». Ce genre de films apparait à la suite de traumatisme comme
l'holocauste, les guerres... White Zombie (Halperin, 1932) exprime la
peur du retour de la guerre, la première guerre mondiale ayant
été particulièrement violente et traumatisante. Pendant la
guerre froide, les zombies dénoncent le nucléaire et
l'utilisation des « biopouvoirs » : Down of the dead
(Romero, Down of the dead, 1978). Depuis les années 1980, trois
thèmes sont sous-jacents : d'abord la peur du SIDA, puis le
vieillissement de la population et enfin (thème sans doute le plus
récent), la peur des attaques terroristes. Tous ces thèmes
tiennent aux deux mêmes fils : la peur de la contamination et celle de
l'extermination de la race humaine.
L'avènement d'internet et le
développement des nouvelles technologies (ordinateur,
téléphone...) ont également drainé nombre de films
capables de capter l'attention des spectateurs : les nouvelles technologies
sont à la fois le plus gros problème des réalisateurs
actuels (certains huis-clos ne sont plus crédibles, en effet, depuis les
années 2000, tout le monde a un smartphone, un simple
téléphone portable, un netbook...) et une source d'inspiration
intarissable. A ce sujet, nous pouvons amorcer un thème qui sera
développé dans la deuxième partie : celui de la
légende urbaine. Les derniers films réalisés autour des
nouvelles technologies sont empreints de légendes urbaines. L'exemple le
plus explicite est le film Chain letter (Taylor, 2010), qui met en
scène les personnages classiques d'un slasher : une jolie blonde, une
brunette intelligente, un sportif narcissique, un geek à lunettes...
l'un des protagonistes va recevoir par SMS une chaine. Il va la faire circuler
à ses amis. Tous ceux qui ne transféreront pas le message seront
assassinés.
Les crises économiques sont également un sujet
d'inquiétude. Selon une étude menée par le romancier
Stephen King, le film Amityville (Rosenberg, 1979), jugé fade
et grossier au premier abord a rencontré un énorme succès
auprès du public américain, car il abordait implicitement le
sujet de la crise économique : « Tout ceci nous amène au
principal ressort d'Amityville et nous permet d'expliquer son
efficacité : le symbole de ce film n'est autre que le malaise
économique, et c'est là un thème que son
réalisateur, Stuart Rosenberg, travaille de façon constante. Vu
le contexte de l'époque - le taux d'inflation a 18%, le coüt
exorbitant du litre d'essence et des remboursements
de prêts immobiliers -, Amityville, tout
comme l'Exorciste, tombait vraiment à pic. » (King,
1981, p. 211). Pour prouver ces faits, Stephen King met en avant plusieurs
arguments : un personnage du film doit payer le traiteur en liquide, mais au
moment de régler son dü, impossible de mettre la main sur l'argent
retiré un peu plus tôt. Il fait donc un chèque au traiteur,
mais continue à chercher désespérément l'argent
« dont il a besoin pour honorer son chèque (...) nous avons
devant nous un homme au bord de la ruine. Il ne parvient à ne trouver
qu'un seul objet : une bande de caoutchouc sur laquelle est tamponné le
chiffre $500. Elle gît sur le tapis mais aucun billet n'est visible
autour d'elle. « Où est passé ce fric ? » hurle Brolin,
et sa voix exprime la frustration, la colère et la peur. Et c'est
là que nous entendons le tintement du cristal de Waterford - ou si vous
préférez une phrase musicale sublime noyée dans une
cacophonie mélodramatique. » (King, 1981, p. 212). La notion
d'argent est omniprésente tout au long du film : au départ, on
insiste sur le fait que la famille acquiert la maison pour une modique somme.
La mère exprime sa fierté en disant qu'elle est la
première de sa famille à devenir propriétaire. Pourtant,
à la fin du film la maison est complètement
détériorée : « les fenêtres implosent, une
pâte noire coule des murs, les escaliers de la cave s'effondrent.
» (King, 1981, p. 212). Stephen King avoue qu'il s'est interrogé
sur l'assurance habitation de la famille Lutz avant de se demander s'ils
allaient survivre. Et il témoigne : « « Imagine les
factures », a dit à un moment donné la spectatrice assise
derrière moi... moi je la soupçonne d'avoir plutôt
pensé à ses propres factures. » (King, 1981, p. 212)
Cette phrase : « Ce film aurait tout aussi bien pu
s'appeler le compte bancaire qui rétrécie » (King,
1981, p. 212) résume parfaitement le propos de Stephen King et illustre
ce que la théorie cherche à prouver : un film a du succès
s'il correspond à une société à un moment
donné.
D'autres évènements ont marqué l'histoire
du cinéma (l'incident de Tchernobyl, l'arrivée massive de la
téléréalité, ou encore plus récemment,
l'attentat 11 septembre), cependant nous ne donnerons pas plus d'exemple
maintenant que le principe a été explicité.
Nous pouvons avancer une chose : depuis le manoir du
diable (Méliès, 1896), premier film d'horreur, les choses
ont évolué : « «Le cinéma d'horreur est
appréhendénon plus comme un spectacle, mais comme une
expérience, explique Aja3. Plus question
de regarder tranquillement l'écran; il faut vivre
pleinement ce que les personnages éprouvent, comme au bon vieux de temps
de Délivrance ou des Chiens de paille.»
» (Carrière, 2006)
L'implication du spectateur est de plus en plus physique, le
développement de la technologie 3D rend les films presque intrusifs. La
violence domine, « Modern society is exposed to a massive dose of
violent media. What effect, if any, does this exposure have on people? In the
2Oth century, two major explosions occurred: a mass media explosion and a
violent crime explosion. After discussing both, we raise four questions. Does
the level of violence in the «reel" world mirror the level of violence in
the real world? Is there strong evidence linking exposure to media violence to
aggression? How have news reports of the violent-media effect on aggression
changed over time? Is there any correspondence between the cumulative
scientific knowledge about media violence effects on aggression and news
reports about this link? » (Bushman & Anderson, 2001, p. 477).
Nous pouvons inverser cette citation en nous demandant : comment la violence
mondiale (révoltes, guerres, danger du nucléaire, catastrophes
naturelles...) est transposée dans les films récents ? Quel
public ces films drainent-ils ?
Qui est ce spectateur ? Celui qui en veut toujours plus, qui
veut toujours voir plus loin ? Comment l'industrie du cinéma d'horreur
va-t-elle fidéliser ses spectateurs et en convaincre de nouveaux ? Nous
développerons ces points dans le chapitre suivant et dans la
deuxième partie.
3 Le public des films d'horreur
« Les observations historiques et sociologiques
permettent de définir le cinéma comme un phénomène
universel. Il touche tous les individus quelles que soient leur appartenance
sociale, nationale ou sexuelle, même si, bien évidemment, les
modes de
3 Alexandre Aja, réalisateur de films
d'horreur.
consommation et les préférences des spectateurs
varient en fonction de ces critères » (Morin, 1953)
Des contes de fée aux films d'horreur, il n'y a qu'un
pas. Précédemment, nous avons dit que nous considérerons
particulièrement la définition du terme slasher pour
définir le cinéma d'horreur. Brice Courty fait un
parallèle entre ce sous-genre de l'horreur et les contes de fée.
Qui est le public des slashers ? Nous n'avons trouvé aucune étude
à ce sujet, mais les réalisateurs visent un public composé
essentiellement d'adolescents. Ce qui pourrait s'expliquer par le concept
suivant : « Finalement, tous les contes de fées [et les
slashers] que nous avons étudiés jusqu'ici signifient que si l'on
veut affirmer sa personnalité, réaliser son
intégrité et assurer son identité, il faut passer par une
évolution difficile : il faut accepter des épreuves, affronter
des dangers et gagner des batailles. Ce n'est que de cette façon que
l'on peut maîtriser son destin et gagner son propre royaume. Ce qui
arrive aux héros et aux héroïnes de contes de fées
[et de films d'horreur] peut être comparé (...) aux rites
d'initiation que le novice aborde avec toute sa naïveté et son
manque de formation et qu'il quitte après avoir atteint un niveau
supérieur qu'il ne pouvait imaginer au début de ce voyage
sacré » (Courty, 2004, p. 637). Mais les adolescents ne
peuvent pas être le seul public des films d'horreur, puisque, comme nous
l'avons montré précédemment, les chocs sociaux influencent
le choix du consommateur en matière de cinéma d'horreur.
L'exemple d'Amityville est palant : on imagine difficilement que la
crise économique ait pu rendre attractif ce film aux yeux des
adolescents encore insouciants.
Sur notre terrain, pendant nos entretiens de groupe, nous
avons pu observer des comportements contradictoires. Les étudiants
n'étaient pas familiers à l'univers du cinéma d'horreur,
pourtant, ils savaient ce qu'ils en attendraient le cas échéant :
« j'aimerais voir un film qui me mette mal à l'aise
», cette déclaration illustre notre théorie puisque tous les
jours, face au journal palé, aux journaux papier ou à la radio,
on arrive à faire cette expérience. L'actualité nous met
mal à l'aise : en particulier les faits divers dont s'inspirent
allègrement les slashers. Cependant, parmi les quelques films
appréciés par les étudiants de nos entretiens de groupe,
on ne retrouvait que des films très sérieux, violents ou froids :
La colline à des yeux (Aja, La colline à des yeux,
2006), Hannibal Lecter : les origines du mal (Webber,
2007), Black Swan (Aronofsky, 2010).
A contrario, la théorie ne se vérifie pas
entièrement dans nos entretiens individuels. Les amateurs du genre
apprécient avant tout les classiques : « j'adore Shinning,
c'est mon film d'horreur préféré, ensuite vient
ÇA ", « Tobe Hooper ! Laisse tomber ! Je suis super fan.
Massacre à la tronçonneuse, c'est mon film de
chevet ! ", Ou encore « Rob Zombie, c'est Old school, c'est
parfait ! ". On notera sur ce terrain une nostalgie du passé et une
recherche de distraction à travers les films d'horreur.
En annexe 3, vous trouverez une filmographie de Rob Zombie,
réalisateur peu connu du grand public.
- Le role de la censure
Les films d'horreur sont parfois perçus comme
véhicule de violence. En effet, on ne peut nier cet aspect, cependant,
il est inhérent au genre, « le film d'horreur est dans la
démonstration " (Franck, 2009, p. 2). Avant l'arrivée du
cinéma et de la télévision, l'horreur existait : les
contes de fée, la mythologie ou tout simplement les religions regorgent
d'une imagerie à caractère violent.
L'omniprésence de la violence est vécu comme une
menace et est dénoncée par l'Etat : « L'évolution
de tous les médias depuis une quinzaine d'années a vu
l'arrivée en masse - et même leur généralisation -
de contenus présentés de façon
répétée et intense, dont le climat d'agression, de
sexualisation et de domination des personnes ne peut être ignoré.
La violence dans les divers médias, qu'il s'agisse de la radio, de la
télévision, de la presse écrite, de la vidéo, des
jeux vidéos et plus récemment d'Internet, suscite des
débats récurrents à propos de ses effets éventuels
sur les spectateurs et lecteurs, en particulier les plus jeunes d'entre
eux. " (Brisset, 2002)
Les constats vont même plus loin puisqu'est
dénoncé : « le caractère mortel de la
montée de la violence dans une société démocratique
" (Kriegel, 2002). Cependant, dans ce dernier rapport, il n'est pas
question de supprimer les programmes violents, mais uniquement de les rendre
inaccessible aux plus jeunes.
Sur le terrain, nous avons noté que l'aspect
pédagogique de la censure était plébiscité. Durant
les entretiens de groupe, lorsque le thème de la censure était
abordé, tout le monde s'accordait à dire : « la censure,
c'est bien pour protéger les jeunes ", mais « quand on a
18 ans, on peut regarder ce qu'on veut ". La censure à la
télévision donne beaucoup plus matière à
polémiquer, puisque certains diront « il n'y a pas assez de
censure à la télé, il devrait y en avoir sur les pubs
aussi », quand d'autres pensent que la censure à la
télévision relève du rôle de l'éducation et
qu'ainsi : « la télé, c'est le rôle des parents
".
Les entretiens individuels que nous avons menés vont
également dans ce sens. L'un de nos interviewés reprend
parfaitement l'idée générale : «Je pense que les
recommandations liées à l'âge ne sont pas si mauvaises en
France " nous a-t-il dit avant d'ajouter spontanément : « Je
suis de ceux qui soutiennent, pour les films mais aussi les dessins
animés et les jeux vidéo, que ça n'a aucun effet sur le
comportement des jeunes, qui dépend de beaucoup d'autres choses
(socialisation, etc). Après, c'est la responsabilité des parents
de ne pas montrer n'importe quel film à leur enfant, et de l'avoir
préalablement visionné. Sinon, après, on se retrouve avec
des gens qui ont peur des pigeons parce qu'ils ont vu Les Oiseaux trop
jeunes ! "
Quelqu'un a tout de méme admit que les films d'horreur
banalisait la violence, au méme titre que les journaux, la
télévision, internet... mais sans pour autant l'engendrer.
Une notion importante émerge de nos entretiens et de
nos observations générales : la censure peut être une
source de motivation pour le spectateur. L'un des étudiants que nous
avons interrogé nous a avoué une chose : « étant
petit, je cherchais par exemple à regarder des films qui
m'étaient normalement "interdits" ".
Nous avons également eu une expérience similaire
: en novembre 2006 sortait Saw 3 (Bousman, 2006) dans les salles
françaises. Pour la première fois, un film d'horreur allait
être classé X, soit interdit aux moins de18 ans, sans pour autant
comporter de scènes à caractère sexuel. Nous sommes
allée voir ce film, un samedi soir,
pour la dernière séance, celle de 22h30.
Arrivée aux alentours de 21h30 au cinéma Le Gaumont de Saint
Etienne, soit une heure avant le début de la séance, quelle ne
fut pas notre surprise de voir tous les guichets assaillis, et la queue
dépasser les limites du cinéma ! La salle était tellement
bondée que, pour ne pas être séparés, nous avons
dû nous assoir dans les escaliers, et nous n'étions pas les
seuls.
En quoi ce Saw était différent des deux
qui le précédaient et des trois ou quatre qui allaient suivre ?
Darren Lynn Bousman avait déjà réalisé le
deuxième opus qui n'avait pas été à la hauteur des
attentes du public. Mais après tout, peu importe le scénario, peu
importe le réalisateur. L'industrie Saw ne vend pas de la
dentelle, mais du sang, du gore, de la violence, du choc. Et ce, au grand
désarroi d'une étudiante que nous avons interrogé : «
Aujourd'hui, le film d'horreur passe par le gore. On joue donc sur le sale,
le trash, ... Exemple type : Saw. On vend le film sur le fait qu'il y
ait du sang, un mec qui se cautérise un moignon sur un tuyau de gaz, y'a
de la mâchoire qui vole et en 3D, s'il vous plait !... Et voila comment
le marketing pourrit un super film. Pourquoi ? Parce que Saw, c'est
avant tout un film d'horreur qui prend en compte la dimension humaine : la
psychologie, les limites de l'homme, son rapport à l'injustice... Et on
nous le vend comme la méga boucherie du siècle. Résultat,
on se retrouve au milieu de mouflards de 12 ans qui se sont
dessinés de la barbe pour en paraître 16 à l'entrée
du cinéma. »
La censure est un outil sécurisant, certes, mais peut-elle
encore protéger tout en étant un levier marketing comme elle l'a
été avec Saw 3 ?
Conclusion-
Il est difficile de donner une définition au genre
horreur. Pour simplifier, nous utiliserons la définition du sous genre
slasher : le slasher vise principalement les
adolescents. Il met en scène des personnages caricaturaux qui sont
assassinés un a un par un maniaque. Le slasher est en
quelque sorte la continuité du conté de fée : il un
rôle d'initiateKL.
|
Nous avons réalisé en rapprochant la
théorie et nos enquêtes terrain que les films d'horreur mettent en
scène les angoisses des sociétés. Nous
avons cité l'exemple des films de vampires apparus alors que les
dictateurs (Hitler, Mussolini...) montaient en puissance, mais également
celui d'Amityville. Amityville a comme toile de fond une
histoire de maison hantée, possédée par le diable. Mais
son succès reposerait en partie sur une notion économique
implicitement omniprésente tout au long du film, à une
époque où les Américains connaissaient une
récession économique importante.
Ensuite, nous avons tenté de définir le public
des films d'horreur : s'il peut être d'age, de sexe, de catégorie
sociale... variés, l'industrie du cinéma d'horreur vise
essentiellement un public jeune, le récent Piranha
3D (Aja, Piranha 3D, 2010) en est l'exemple type. Le film met en
scène des centaines de jeunes dans le cadre du fameux springbreak
américain. Ces derniers sont attaqués par des piranhas, le tout
utilisant la technologie 3D.
Enfin, nous avons évoqué le thème de la
censure et nous nous sommes demandée où
étaient ses limites.
Chapitre 2 Approche théorique
Introduction-
Dans cette partie, nous allons expliquer l'approche
théorique que nous mobilisons.
|
Travailler une année entière sur un sujet trop
éloigné de nos préoccupations nous paraissait
ingérable. Nous avons donc recherché notre sujet comme nous
pourrions rechercher un stage ou un travail, en nous posant cette simple
question : qu'a-t-on envie de faire à temps plein les dix ou douze
prochains mois ? En l'occurrence, nous avons toujours apprécié
leJcinéP IJd'hILLeKL.
Le champ s'est imposé à nous : nous en connaissions
les bases, le fonctionnement, l'histoire et les règles.
Concernant Le domaine scientifique, nous avons choisi
l'approche marketing en nous focalisant sur le
comportement du consommateur et la promotion, ce sont
les domaines qui nous maitrisions le plus.
Partant d'un champ et de deux domaines scientifiques, nous
avons en premier lieu recherché les points sur lesquels ils se
rencontraient en faisant de simples recherches Google, puis en utilisant des
moteurs de recherche plus sophistiqués. Nous avons ainsi commencé
à forger notre problématique.
Par la suite, nous avons fait des recherches uniquement
basées sur notre champ, puis uniquement basées sur nos domaines
scientifiques. Nous avons défini les termes importants, monté une
revue de littérature qui, si elle ne se veut pas exhaustive, reste tout
de même hétéroclite. En effet, nous alimenterons ce
mémoire en citant des films, des articles, des livres, des magasines,
des reportages... Ce panel de sources, essentiel au traitement d'un tel sujet
(le comportement du consommateur face aux films d'hILLIKL),
nous a permis d'avoir une vision globale et d'enrichir ce travail de notions
parfois sociologiques, voire psychologiques.
Nous avons rencontré une difficulté majeure : la
littérature est pauvre concernant les liens marketing/films d'horreur.
Nous avons dü composer avec la littérature du cinéma en
général et comparer aux résultats de nos études
terrain.
Conclusion-
Nous allons axer notre travail sur le
marketing et plus particulièrement sur le
comportement du consommateur et sur la
promotion. La littérature scientifique ayant pour objet le
cinéma d'horreur étant pauvre, nous avons souvent dü
composer avec la littérature du cinéma général et
comparer avec les résultats de nos études terrain.
|
Le comportement du consommateur et les films d'horreur
Chapitre 3 Terrain d'observation
Introduction-
Nous avons mené des entretiens qualitatifs
semi-directifs. C'est-à-dire que nous avons conduit les personnes
interrogées à parler de thèmes et sous-thèmes
préalablement préparés par nos soins.
Nous avons géré la partie terrain en deux temps.
Tout d'abord, nous avons mené un entretien de groupe
sur des sujets qui ne connaissaient pas et n'affectionnaient pas
particulièrement les films d'horreur. Ensuite, nous avons mené
six entretiens individuels, sur des sujets sensibles à
l'univers du film d'horreur, on pourrait les qualifier de « connaisseurs
».
Avec des moyens étudiants, nous n'avons pu mener que
des entretiens de convenance. C'est pourquoi, nous avons
limité notre terrain aux jeunes adultes, encore étudiants.
Vous pourrez trouvez notre grille d'entretien en annexe 4.
Nous allons détailler les deux types d'entretien :
|
- Entretiens de groupe
Un entretien de groupe nous a paru nécessaire pour
observer l'interactivité des interrogés. Il a s'agit d'un
entretien semi-directif, et notre groupe était un groupe de
discussion. Nous voulions comprendre ce que ressentaient les
interrogés, et voir la manière dont ils exprimaient ce ressenti
en groupe.
Nous avons rencontré une classe de prépa HEC,
première année, sur Saint-Etienne. L'intérêt
était qu'ils étaient jeunes, disponibles, et qu'ils ne
connaissaient que
très peu de choses au sujet des films d'horreur. Nous ne
les connaissions pas mais cela n'a pas été un frein à leur
expression, car ils se connaissaient entre eux.
Les entretiens se sont déroulés le 18
février 2011, de 8h00 à 10h00. La classe était
composée de 15 élèves, nous avons procédé en
deux groupes, un de six et un de neuf. Les sujets ont pu choisir leur groupe en
fonction des affinités, ce qui explique qu'un groupe était plus
important que l'autre. Cependant, l'intérêt était qu'ils se
sentent à l'aise, peu importe le nombre. Ils étaient tous
nés entre 1991 et 1993, jeunes adultes tout juste bacheliers.
Le premier groupe était composé de cinq filles
et un garçon, tandis que le second était plus homogène.
Nous étions dans une salle de classe isolée, sans professeur.
Nous avons fait installer les tables en « U » pour une meilleure
interactivité.
La première question que nous avons posée
à chaque groupe a été « si on vous dit « films
d'horreur », à quoi pensez-vous ? », et nous les avons
laissés échanger en les aiguillant quand ils déviaient de
nos thèmes.
Débriefing des entretiens de groupe
Rubrique
|
Evaluation
|
Quelles questions ont semblé gêner les
répondants ?
|
Deux thèmes ont suscité un silence, puis des
divergences d'opinion : la censure, et les stéréotypes.
|
Vous êtes vous senti à l'aise pendant l'entretien ?
Pourquoi ?
|
Oui. Les participants étaient agréables et ils
interagissaient bien.
|
A quels types d'interlocuteurs avez-vous été
confronté ?
|
Certains (et surtout certaines) étaient
timides. Nous avons dû les solliciter pour qu'ils
s'expriment.
Nous avons également été
confrontés à un fort caractère. Il avait réponse
à tout, coupait la parole à tout le monde et s'éloignait
du sujet volontiers ! Nous
avons souvent dû le recadrer, voire
|
|
|
|
|
|
|
l'interrompre.
|
Quels ont
l'entretien ?
|
été
|
les
|
moments
|
clés
|
de
|
La partie marketing a été la plus
intéressante à gérer. Les réponses
ont été utiles à notre réflexion.
|
- Entretiens individuels
Nous avons mené six entretiens individuels. Le but de
ces entretiens était différent de celui des entretiens de groupe.
En effet, les six personnes interrogées étaient des fans de films
d'horreur. Ils les aimaient chacun à leur manière, chacun pour
des raisons différentes, mais au bout du compte, ils aimaient tous la
même chose. Leurs réponses étaient variées, parfois
surprenantes, mais généralement, elles tendaient toutes vers les
mêmes idées.
Il s'agissait de six étudiants que nous connaissions
personnellement, depuis de nombreuses années pour certains.
Deux d'entre eux étaient en école de commerce :
une fille et un garçon de respectivement 23 et 22 ans. Trois autres
à science po : il s'agissait de trois garçons de 22 et 21 ans. Un
de mes sujets était étudiant en biologie, il avait 26 ans et
enfin, le dernier avait 20 ans et était étudiant en
comptabilité.
Les entretiens se sont déroulés chez nous, en
weekend. L'ambiance était très détendue et nous avons
rencontré beaucoup de difficultés à ne pas intervenir pour
donner notre propre avis. En effet, avec des connaissances, il est toujours
plus délicat de garder ses distances.
En annexe 5, vous pourrez trouver les débriefings complets
de nos entretiens.
Tableau récapitulatif des entretiens individuels et de
groupe :
Entretiens de groupe
Entretiens individuels
Nombres
de personnes interrogées
|
Ages
|
lieu
|
durée
|
6
|
Entre 20 et 26 ans
|
A domicile
|
Une heure par personne
|
15
|
Entre 18 et 20 ans
|
Une salle de cours
|
Une heure par groupe
|
Conclusion-
Nous avons mené deux types d'entretien : Deux
entretiens de groupe ont été réalisés dans
une classe de prépa au mois de février.
Six entretiens individuels se sont
échelonnés entre février et mars auprès de
connaissances.
Les deux types d'entretien nous ont permis de remplir
correctement nos grilles d'entretien. Tous nos thèmes et
sous-thèmes ont été abordés.
Page 32 sur 80
Mémoire de fin d'études, ESC Saint-Etienne,
promotion 2011
PARTIE 2 : le cinéma d'horreur et son
succès
Nous avons défini le comportement du consommateur de
film d'horreur, qu'il soit occasionnel ou régulier. Dans cette seconde
partie, nous allons nous attacher á essayer de comprendre ce
comportement. Quels sont les facteurs clés de succès de
l'industrie du cinéma d'horreur ? Quelles pressions marketing semblent
les plus efficaces ? Quel est l'avenir du cinéma d'horreur ?
Chapitre 1 Le consommateur et les films d'horreur :
entre attirance et répulsion
Introduction-
Nous allons définir le consommateur de films
d'horreur. Ensuite, nous nous attacherons á étudier
l'industrie du cinéma en général pour
comprendre les rouages de l'industrie du cinéma d'horreur.
Enfin, nous développerons le thème du
marketing.
|
1 Définitions
Pour comprendre qui est le consommateur du film d'horreur, on
doit d'abord définir le terme consommateur dans son contexte
général. Ainsi, « Le terme de consommateur est [...]
utilisé aussi bien pour désigner des acheteurs potentiels que des
acheteurs réels du produit d'une entreprise. Toutefois, dans la
littérature de recherche, le terme consommateur désigne
plutôt l'acheteur du produit qu'un consommateur n'étant pas
passé à l'acte d'achat mais consommant le produit »
(Van Vracem & Janssens-Umflat, 1994, p. 16). Pour notre part, le
consommateur de film d'horreur est celui qui le regarde. Ce n'est pas
la personne qui va offrir un DVD d'horreur, ni le parent qui va payer
l'entrée de cinéma à son enfant, mais bien celui qui
regarde.
Au niveau de la stratégie, nous avons vu
l'évolution du cinéma d'horreur. Les enjeux sont
différents pour chaque génération et aujourd'hui, les
critiques de fans ou de professionnels du cinéma sont
démultipliées et accessibles á tous par le biais
d'internet. De ce fait, les exigences des consommateurs sont de plus en plus
importantes. Après un
engouement sans précédent pour les slashers dans
les années 1980 et au début des années 1990, le genre est
critiqué, dévalorisé. En 1996, Wes Craven réalise
Scream (Craven, 1996), satire de ce qu'est devenu le slasher. Il
énonce alors les règles du slasher comme le démontre la
bande annonce4. Scream a été un
électrochoc dans l'industrie du cinéma d'horreur. De nombreux
réalisateurs ont tout d'abord tenté de l'imiter. Puis, pour
convaincre un public toujours plus large, les positionnements
stratégiques ont évolué : « La notion de
positionnement introduite par Ries et Trout (1981) est devenue une variable
clé de la formulation de la stratégie marketing de toute
organisation en vue d'obtenir un avantage concurrentiel décisif.
Concernant les voies de positionnement possibles, la réflexion s'est
longtemps limitée à mettre en avant les attributs fonctionnels ou
utilitaires de l'offre. Néanmoins, au fur et à mesure que
la
pression concurrentielle s'est accentuée, d'autres
sources de différenciation ont
étérecherchées tant par les praticiens que par
le monde académique. » (Marteaux & Mencarelli, 2005/3
n° 5, p. 161)
Nous pouvons également aborder le sujet du
cinéma en tant que lieu. En effet, malgré les sorties DVD de plus
en plus tôt et l'explosion du téléchargement illégal
et du streaming, les box offices ne sont pas à plaindre, Scream
4 (Craven, 2011) a fait 109.095 entrées françaises le
premier jour de sa diffusion en salle, et son taux de remplissage des salles
est exemplaire5. Ainsi, « [...] Le lieu culturel influence
les comportements physiques du public. Le lieu est alors compris comme un cadre
dans
lequel les comportements des individus vont s'inscrire.
Chaque comportement déployépar l'individu traduit
l'expérience et la relation qu'il entretient avec l'espace dans
lequel il se situe (Aubert Gamet, 1996 ; Bonnin, 2000).
L'espace devient un matériau pour une expérience
individuelle. » (Marteaux & Mencarelli, 2005/3 n° 5, p.
173). Nous avons été voir Scream 4 le vendredi suivant
sa sortie. Lors de la séance de 20 heures, la salle était remplie
au trois quart. Et le public semblait être composé essentiellement
de couples de jeunes adultes. Nous avons également noté la
présence de trois hommes, à priori trentenaires, venus seuls. Il
y avait peu d'adolescents, ce qui confirme quelque chose que nous avions
noté sur le terrain, lors de nos entretiens collectifs menés
auprès
4
http://www.youtube.com/watch?v=RErXwwPPh5U
5
http://www.excessif.com/cinema/actu-cinema/news/box-office-rio-et-scream-4-triomphent-lorsde-la-premiere-journee-6396771-760.html
d'étudiants qui avaient 18 ans maximum : « je ne
vais pas souvent au cinéma car ça coute trop cher ».
Lors du visionnage de Scream 4, nous avons pu
observer les notions de valeurs (J?l'objJI?FXlIXLJl (le film)
et du lieu (cinéma). Dans la file d'attente, les gens
semblaient excités à l'idée de voir ce film couvert
d'éloge par les critiques. Cette suite était attendue et
annoncée depuis dix ans. Une fois dans la salle, l'ambiance suintait
l'américanisme : tout le monde autour de nous avait soit un seau de pop
corn, soit un paquet de chips, soit une glace et une boisson sucrée.
L'objet (Scream 4) avait fédéré des fans et dans
le lieu (la salle de cinéma) on ressentait l'entente : les éclats
de rire fusaient, les sursauts, les marques de dégout... tout se
mélait d'une seule voix : celle du public. Cette
fédération nous rappelait pourquoi nous avions accepté de
payer plus de neuf euros par tête pour voir un film qui se retrouvera sur
canal+ dans trois mois, sans doute.
Le schéma suivant modélise la notion de valeur :
(Marteaux & Mencarelli, 2005/3 n° 5, p. 173)
Le comportement du consommateur et les films d'horreur 2
Industrie du cinéma
« The American public has consumed media as if they
were ambrosia. A recent national study reported that consuming media is a
full-time job for the average American child, who spends about 40 hours per
week doing it (KaiserFamily Foundation, 1999). More than half of this time is
spent watching television programs, movies, or videos. One telling statistic is
that at 10 a.m. on any Saturday morning, more than 60% of all children in
America are watching TV (Comstock& Scharrer, 1999). " (Bushman &
Anderson, 2001, p. 478). Cette citation en anglais fait état de la
démocratisation de la télévision et, par ce biais de la
culture : aujourd'hui, dans les sociétés occidentales, nous avons
tous accès à la télévision et au cinéma. Par
conséquent, le public est plus nombreux et plus difficile à
satisfaire. Nous avons précédemment évoqué ce point
pour justifier l'évolution de l'industrie du cinéma.
Le consommateur peut aller voir un film pour plusieurs raisons
: le casting, une sollicitation de la part de ses amis, un scénario
alléchant, une promotion agressive faite autour du film, des critiques
élogieuses... mais la chose essentielle est le genre du film : «
Au niveau qualitatif, la similarité des marchés est
appréhendée à travers le genre. Comme le relève
Austin (1988 : 75), le public « a des préférences au niveau
des genres, et peut articuler ses préférences, souvent en
utilisant les étiquettes de genre communément utilisées
». Les films classés sous un même genre partagent des
éléments communs de scénario (Hsu, 2006) qui forment la
base des attentes du public au sujet du film. " (Cartier & Liarte,
2010, p. p.80). Ainsi, nous pouvons illustrer ces propos par ceux recueillis
sur notre terrain : « Je recherche avant tout un moyen d'avoir
peur " ; « Un film qui m'empêche de dormir le soir ",
« désir de se faire peur ou de l'envie d'observer la violence
à l'état brut ", « Quelle déception ! J'ai
eu moins peur que d'habitude " ...
Wes Craven tourne en dérision l'évolution de
l'industrie du cinéma d'horreur dans Scream 4 : il
décortique savamment les films des années 2000 pour arriver
à la conclusion que le public veut de plus en plus de sang, Saw
(Wan, 2004) et ses suites à n'en plus finir (à l'instar des sagas
des années 1980 comme Freddy (Craven, 1984) ou
Halloween (Carpenter, 1978)...) sont autant raillés que les
remakes qui ont poussé
comme des champignons : La colline à des yeux
(Aja, 2006), massacre à la tronçonneuse (Nispel, 2003),
la dernière maison sur la gauche (Iliadis, 2009),
Piranhas (Aja, 2010)... tous sont dans la démonstration
là où les originaux qui ont servis de modèle
étaient dans la suggestion.
Le film d'horreur a perdu son côté moralisateur :
bien se comporter (ne pas boire, fumer ni avoir de rapports sexuels) n'est plus
forcément un gage de salut pour les personnages des films d'horreur :
les règles ont changé, l'insécurité est partout.
« Pour Michel Maffesoli, sociologue, auteur de La Part du diable.
Précis de subversion postmoderne (Flammarion), "on assiste à
la fin d'un refoulement. Le mythe du progrès et du happy end perdure
depuis deux mille ans. Aujourdhui, il y a une fascination pour les films
d'horreur, mais également pour la musique gothique et diverses
manifestations sataniques, où le Mal n'est plus marginalisé ou
dépassé, mais accepté». En clair, il n'y a plus de
mal à se faire du mal. L'actualité le prouve dramatiquement tous
les jours: on s'étrangle dans les cours d'école, on filme ses
actes de violence en détail... On joue avec la mort. "Le cinéma
d'épouvante est une catharsis, précise Christophe Gans. Entre
l'exécution de Daniel Pearl ou les exactions à Guantanamo
diffusées sur le Net, le public cherche à connaître ses
limites, à savoir jusqu'où il peut supporter
l'insupportable.» » (Carrière, 2006), la violence est une
force marketing en vogue : les affiches de film et les pochettes de DVD qui
jusqu'à présent étaient dans la suggestion passent
à la démonstration avec en chef de film Saw (Wan, 2004)
et ses suites qui mettent en exergue un pied ou encore des doigts
mutilés, voir annexe 6. Ces films d'horreur où l'happy end
n'existe pas ou très rarement forment le sous-genre «
torture porn ». Le torture porn n'est pas nouveau,
Cannibal holocaust (Deodato, 1980) en était un. Cependant, ce
sous-genre n'avait jamais été autant représenté.
Aujourd'hui les slogans de films d'horreur rivalisent de « plus violent
que... », « ... dans l'horreur des snuff movies »...
L'industrie du cinéma est fondamentalement
chamboulée, méme pour les programmes jeunesse. La violence est
omniprésente tant sur les écrans des télévisions
que sur ceux des cinémas. Le cinéma d'horreur n'échappe
surement pas à la règle avec une déferlante de films de
plus en plus réalistes, agressifs et à l'ambiance sale,
poussiéreuse : The descent (Marshall, 2005),
Wolf creek (McLean, 2004), Hostel (Roth, 2005)... le second
degré des années 1980 et 1990 s'évapore.
Les règles évoluent : quand nous regardons un
film d'horreur des années 1980, nous savons quels personnages nous
allons retrouver, quels sont leurs points faibles, leur rôle dans le
film. Nous pouvons parfois même deviner quels personnages vont mourir et
quels personnages vont survivre. Le film des années 2000 est plus
ambitieux : les sommes investies dans le domaine culturel sont
considérables. « A titre d'exemple, le coüt moyen d'un
film français en 1996 est de 25 millions de francs, tandis que certaines
productions peuvent atteindre des sommes colossales comme c'est le cas du
dernier film dirigé par James Cameron Le Titanic dont le budget
prévisionnel est de 200 millions de dollars. » (Euzeby, 1997,
p. 91 ). Partant de là, « Les choix d'investissement ne peuvent
donc plus se fonder sur l'intuition d'un seul individu (Holbrook et Schindler,
1994), les conseils marketing sont alors nécessaires pour réduire
les risques et mieux comprendre les besoins des consommateurs. Cependant, le
chercheur en marketing se trouve généralement confronté
à un domaine hostile à son intervention (même si le
cinéma est le domaine culturel qui fait le plus appel aux techniques de
marketing) » (Euzeby, 1997, p. 91).
Le marketing de l'industrie du cinéma d'horreur ne peut
plus se contenter de clichés : le public attend qu'il les bouscule. La
surenchère de violence et de réalisme demande des budgets de plus
en conséquents, le public est de plus en plus exigeant.
Cependant, on peut noter une lassitude face à des films
trop sérieux : la surenchère fait perdre de la
crédibilité au cinéma d'horreur et on revient à des
films plus légers comme Piranhas 3D (Aja, 2010) qui,
malgré sa violence explicite reste une comédie horrifique, ou,
encore plus récemment, Scream 4 (Craven, 2011). L'enjeu du
marketing est de comprendre vers quoi tend le spectateur aujourd'hui : quels
leviers activer ? La violence a-t-elle toujours de l'avenir ?
Le comportement du consommateur et les films d'horreur 3
Le marketing : de l'inexistence à l'outrance
« Ce qui intéresse l'humain, c'est toujours
l'objet du désir de l'Autre » (Forest, 2010, p. p.25) cette
citation à forte connotation philosophique est plus vraie que jamais
dans le marketing. Nous en faisons l'expérience tous les jours : les
mannequins des publicités (affiches, télévision...)
rivalisent de beauté et de charme, n'avons-nous pas l'impression qu'en
utilisant le produit qu'ils promeuvent nous accéderions à leur
idéal ?
Le cinéma d'horreur utilise cette technique : les
personnages stéréotypés sont une continuité
rassurante du manichéisme des contes de fée. Si dans la vraie vie
tout le monde se voit comme le héros, le personnage principal, dans les
films d'horreur, et en particulier dans les slashers, c'est tout autre chose.
Un personnage (généralement féminin et vertueux)
émerge, non pas grâce à son charisme, ni grâce
à son physique, mais plutôt grace à ses valeurs. Il s'agit
du héros. Les personnages qui l'entourent ne sont là que pour
l'épauler ou le valoriser : la meilleure amie, la chipie, le petit
copain... ce cadre extrêmement apaisant est une base utilisée dans
la majorité des films, mais également dans leur promotion :
bandes-annonces et affiches en font leur pain blanc.
Pour appuyer nos dires, nous pouvons comparer deux
bandes-annonces, une datant de 1980, Prom Night (
http://www.youtube.com/watch?v=2QHjUFSt_OM)
et une datant de 2010, Chain letter (
http://www.youtube.com/watch?v=HQvf4G3a6EU).
Trente ans les séparent, et leur promotion est pourtant montée
sur le même principe : une emphase sur des personnages
caricaturés, une intrusion des spectateurs dans leur intimité
(dans le premier, le spectateur entre dans la chambre de plusieurs jeunes
filles alors qu'elles se préparent, dans le second, on voit une jeune
fille en peignoir, chez elle)
et une présentation du tueur très
manichéenne : froid, pervers... le tueur est
encastrédans un rôle de méchant, ses motivations
ne sont d'ailleurs jamais mise en exergue dans
les slashers, ou alors elles ont un caractère narcissique
qui dessert le personnage et le rend d'autant plus antipathique.
On peut se montrer surpris de voir à quel point les
années passent et les films d'horreur gardent des codes similaires.
« Dans ces sociétés où on prône
l'individualisme, on ne s'est jamais autant imité
» (Forest, 2010, p. 18). Aujourd'hui, la surenchère de
violence est parole d'évangile et tous les films d'horreur misent
dessus.
Lors de nos entretiens de groupe, nous avons pu noter une
certaine résistance, voire un snobisme de la part d'une personne qui
affirmait ne pas apprécier le cinéma d'horreur et n'aimer que
Hitchcock : « dans mon entourage on aime Hitchcock, c'est mythique
». Cependant, « (...) La fidélité verbale au
cinéma d'auteur est très répandue (...) mais les
entrées payantes enregistrées le concernant demeurent faibles
» (Forest, 2010, p. 282). C'est pourquoi, nous pensons que le
cinéma d'horreur a raison d'user d'une image populaire.
La publicité des films se fait au travers d'affiches,
d'une bande-annonce, parfois de bandeaux sous allociné. La
bande-annonce est l'intermédiaire le plus percutant, c'est du moins ce
qui découle de nos entretiens : « Le plus important pour moi
est sans doute la bande-annonce, qui doit donner envie de voir le film (ou plus
exactement de le voir tout de suite et sur grand écran pour les nouveaux
films), mais sans trop en dévoiler. Ce dernier point me semble
important, peut-être même plus que pour d'autres types de film.
Après tout, ce qui est le plus terrifiant dans un film est rarement ce
qu'on nous montre, mais plutôt ce qu'on nous suggère. »,
« La bande annonce de Black swan m'a donné envie
d'aller voir le film » ou encore « les bandes-annonces sont
presque toujours bien faites pour les films d'horreur ». Les plus
récalcitrants y voient tout de même une source de frustration :
« parfois il y a les meilleures scènes dans la bande-annonce,
donc plus rien pour nous surprendre dans le film ».
Pourtant, si les bandes annonces sont jugées comme
bonnes par les personnes que nous avons interrogées, certains reprochent
l'aspect commercial : « Je trouve le marketing autour des films d'horreur
complètement fallacieux. C'est d'ailleurs bien dommage. J'avoue que, la
plupart du temps, quand je tombe sur une bande annonce sympa (c'est à
dire correspondant à mes critères de sélection), le
produit qui lui correspond est bien en dessous de ce que semblait promettre sa
publicité ». Nous pouvons nous poser la question suivante : un
consommateur déçu, retourne t-il voir un film d'horreur ?
Éradique t-il le réalisateur en question de ses choix futurs ? Ne
change
t-il rien à ses habitudes ? En résumé :
l'industrie du cinéma peut-elle perdre des clients par la pratique d'un
marketing disproportionné par rapport à la qualité d'un
film ?
Dans les chapitres précédents, nous
développions l'hypothèse que les films d'horreur s'inspiraient de
la société. Le marketing joue également sur ce sujet : les
réalisateurs, lors d'interviews ou dans les bonus des DVD, sont de plus
en plus nombreux à expliquer la genèse de leur film et ses bases
sociologiques. Ceci donne de la crédibilité aux films d'horreur
qu'on a communément l'habitude d'associer à des films creux :
« Si, de Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse)
à George Romero (La Nuit des morts-vivants), tout le monde
s'accorde à dire que la vague d'horreur arrivée à
l'écran dans les années 1970 résultait de la guerre froide
et du conflit au Vietnam, celle d'aujourd'hui vient en grande partie du 11
septembre 2001. "Et de notre planète qui se déglingue, ajoute
Billy O'Brien, réalisateur d'Isolation, cauchemar paysan encore
à l'affiche. Moi, j'évoque les dangers de la manipulation
génétique, d'autres traitent des bavures nucléaires comme
Tchernobyl [La colline a des yeux, version 2006]... Le cinéma
fantastique est un écho des peurs de notre
société.» Qui peuvent aussi être tout
simplement domestiques, comme dans Ils (sortie le 26 juillet), petite
production française à 1 million d'euros, réalisé
par David Moreau, 29 ans, et Xavier Palud, 35 ans. "On s'est aperçus que
la plus grande angoisse des gens était l'intrusion d'un inconnu dans
leur foyer. Une situation qu'on voulait traiter avec réalisme, donc sans
humour.»Tuer à tour de bras n'empêche donc pas de penser.
Certains auteurs y voient un corollaire essentiel. Pour Alexandre Aja, "La
colline à des yeux se réfère à une
société américaine construite sur l'exclusion des
minorités. Bien que Wes Craven s'en défende, le premier volet,
comme celui-ci, plaît parce qu'une famille aisée y est
sacrifiée, à la manière d'une offrande aux marginaux
laissés pour compte, donnant ainsi bonne conscience aux
spectateurs». » (Carrière, 2006)
- La magie du bouche-à-oreille
Quand le marketing est « à outrance », le fan
du genre va se méfier. C'est du moins ce que conclut notre enquête
terrain. Le bouche-à-oreile reste alors le moyen de
communication le plus sûr.
Lors d'un entretien individuel, une personne nous a
confié : « Le bouche-àoreille est souvent un
élément qui, lorsque j'hésite à aller voir un film,
va faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. D'abord la
réaction de mes amis qui ont vu le film, ensuite celle des spectateurs,
sur allociné, par exemple. "
Quant aux entretiens de groupe, ils se sont
révélés utiles pour déceler les « ondit »
qui font parfois le succès d'un film. Ainsi, un étudiant nous a
dit « il y a des films cultes comme Carrie (De Palma, 1976)
ou Christine (Carpenter, Christine, 1983)". Quand nous lui avons
demandé ce qu'il en avait pensé personnellement, il nous a
répondu qu'il n'avait pas eu l'occasion de les voir, tout en insistant
sur le fait qu'il s'agissait tout de méme de bons films. D'autres nous
ont dit « on a voulu voir Saw car tout le monde en parle.
"
Lors d'un entretien individuel, quelqu'un nous a confié
: « je pense qu'on ne va pas voir un film d'horreur en
s'intéressant au casting ou même à l'affiche souvent
affublée de son classique et ridicule paraphe « ils étaient
partis pour .... Ils n'en reviendront jamais.... » Par exemple, mais
surtout en écoutant les avis de son entourage. Certes certains
réalisateurs sont des valeurs sûres comme Craven mais dans ce
milieu on a souvent droit à des réalisations inégales
". On se rend compte que le nom du réalisateur, bien
qu'alléchant, ne fait pas tout. Avant d'aller voir un film d'horreur, le
futur consommateur se renseigne par le biais des forums ou d'amis.
Conclusion-
Le consommateur de films (et ici, de films
d'horreur) est celui qui regarde le film, qu'il ait payé l'entrée
de cinéma ou le DVD ou pas. Il est avant tout attiré par le
genre d'un film.
Deux valeurs sont à noter pour comprendre la
fidélité du spectateur : la valeur de
l'objet culturel (le film) et la valeur du
lieu culturel (le cinéma).
Les années 2000 marquent l'émergence d'un
sous-genre du cinéma d'horreur : le torture porn,
basé sur des scènes de violence particulièrement crues.
Cependant, en
|
2010 et 2011, deux films ont une vision plus comique de l'horreur
: Scream4 (Craven, Scream 4, 2011) et Piranha 3D (Aja,
Piranha 3D, 2010).
Au niveau du marketing, on remarque peu de
moyen de communication : affiche, bandes-annonces, magazines
spécialisés (en ligne ou papier). Les spectateurs ne font pas
particulièrement confiance aux affiches et bandes-annonces qu'ils jugent
souvent trop prometteuses par rapport à la qualité réelle
du film. Le bouche-à-oreille est alors le mode de
communication le plus puissant.
Chapitre 2 Préconisations
Introduction-
Nous allons relever les facteurs clés de succès de
l'industrie du cinéma d'horreur. Et, nous ferons des
préconisations à partir de la littérature et de notre
terrain.
Nous parlerons des films relatant les légendes urbaines
et dans la dernière partie de ce chapitre, nous ferons un point sur le
film d'horreur idéal selon les personnes interrogées durant nos
entretiens.
|
Nous avons défini le cinéma d'horreur et
éclairé l'industrie du cinéma. Parmi nos
hypothèses, celle que le cinéma d'horreur est inspiré des
chocs sociaux semble se révéler exacte. La théorie et les
résultats obtenus dans l'étude de nos différents terrains
tendent vers le même point.
Cependant, il existe de nombreux freins au visionnage d'un
film d'horreur. Les préjugés sont coriaces. Ainsi, lors de nos
entretiens de groupe auprès d'étudiants qui n'étaient pas
accoutumés à ce type de cinéma, nous avons pu remarquer
que les premières réactions n'étaient pas positives. Quand
nous avons posé notre question d'ouverture : « si on vous dit film
d'horreur, à quoi pensez-vous ? », les mots qui revenaient le plus
étaient : violent, violence gratuite, sale, psychopathe,...
Face à une classe d'élève de
prépa, nous avions à faire à un public qui faisait
particulièrement attention à l'image qu'il renvoyait, ce qui
explique sans doute qu'il était sur la réserve au premier
abord.
Nous n'avons pas rencontré cette difficulté lors
de nos entretiens individuels car nous étions face à des fans du
genre. L'expression « film d'horreur " résonnait pour eux comme :
« se faire peur ", « passer une soirée entre
ami ", « voir un film psychologique ", « Tobe
Hooper ", « Rob Zombie »...
L'un des défis des réalisateurs de films
d'horreur serait de redorer leur image auprès du non public. Seulement,
en ont-ils réellement envie ? La plupart semblent viser un marché
plus restreint méme si d'autres font des films très populaires
comme Wes Craven avec Freddy (Craven, Freddy, les griffes de la nuit,
1984) ou Scream (Craven, Scream, 1996).
A présent, nous n'allons pas nous intéresser aux
freins, mais plutôt aux moteurs, en mettant dans un premier temps, en
valeur les facteurs clés de succès de l'industrie du
cinéma d'horreur.
1 Les facteurs clés de succès du
cinéma d'horreur
« Différents facteurs expliquent l'existence de
consommateurs potentiels : - La reconnaissance du besoin
- La très faible intensité de ce besoin
à l'heure actuelle
- Le manque d'information concernant les produits
disponibles
- Les achats effectués auprès de produits
concurrents
- Le manque réel de moyens d'achat " (Van Vracem
& Janssens-Umflat, 1994, pp. 14-15)
Le but de l'industrie du cinéma d'horreur (comme toutes
les industries, d'ailleurs) est de transformer des clients potentiels en
clients fidèles.
Nous n'aurons pas la prétention de dresser une liste
exhaustive des facteurs clés de succès du cinéma
d'horreur. Si c'était possible, on imagine aisément que certains
réalisateurs les auraient trouvés et enchaineraient les
succès. Or, même les réalisateurs les plus
chevronnés connaissent des échecs cuisants : Tobe Hooper, Wes
Craven...
Cependant, certaines règles sont connues.
Le facteur clé de succès indéniable du
cinéma d'horreur est la peur : « "La peur est
un bon marché, continue Christophe Gans. Et ce, quelle que soit la
qualité du produit. Même un mauvais film, comme Saw II,
dégage d'énormes bénéfices en salles, et encore
plus en vidéo." Mais, dans ce cas, il s'agit souvent de
productions insipides, à la violence allégée afin
d'éviter toute interdiction. "Les Picsou de l'industrie hollywoodienne
vendent de l'horreur sans en montrer, se plaint James Gunn, auteur de
L'Armée des morts et réalisateur de Horribilis.
C'est comme promettre une viande grillée et ne servir que
l'odeur.» " (Carrière, 2006). Pourtant les spectateurs
répondent présents. Les suites sont un bon filon, elles sont
extrêmement critiquées comme on a pu le voir sur le terrain :
« les suites, c'est tout le temps la même chose », " t'en
vois un, t'as tout vu ", « je préfère les
originaux »... et pourtant « je savais que les suites de
Souviens-toi l'été dernier ne seraient pas biens, mais
je les ai regardées car j'ai aimé le premier ». Le
spectateur suit, s'il est harponné par le premier épisode d'une
saga, il garde toujours espoir : « franchement, je suis
dégoutée d'avoir filé autant d'argent au ciné pour
mater les Saw. A chaque fois, je me disais " allez, c'te fois, il va
être bien ». Je savais que ça allait être nul, mais j'y
allais parce que bon, le 1 était trop bon. J'ai même les 4
premiers en DVD ! "
Facteur clé de succès de notre siècle :
la violence et la défaite. Comme nous l'avons vu
précédemment, le torture porn est en vogue. « Ce n'est pas
pour autant qu'on sort de là rasséréné. Le happy
end est passé à la Moulinette. Le ton est défaitiste.
Noir, c'est noir. «Comment voulez-vous qu'on garde espoir? se demande
Tobe Hooper. L'économie ne profite qu'aux riches, la
sécurité de l'emploi n'existe plus, les classes minoritaires sont
niées... Regardez ce qui s'est produit à La
Nouvelle-Orléans: sait-on seulement ce que sont devenus les milliers
d'exilés, sans logement ni argent? Ce n'est pas CNN ou Fox News,
transformées en chaînes de divertissement déguisées,
qui nous l'apprendront. Maintenir les gens dans l'ignorance, c'est alimenter la
peur et le
désespoir.» Mais quel malin plaisir prend donc le
public à se repaître de tous ces malheurs? »
(Carrière, 2006).
Ce qui nous amène à un troisième facteur
clé de succès du cinéma d'horreur : la
cohésion avec la société. Nous ne
développerons pas plus ce point, car nous en avons déjà
longuement parlé dans les chapitres précédents. Cependant,
nous pouvons faire une brève analyse des chocs des années 2000 :
l'attentat du World Trade Center, la Guerre en Irak, la Crise des subprimes, la
Téléréalité qui prend de l'ampleur et cette
volonté de devenir célèbre à tout prix, même
sans talent, les Fusillades de Columbine (99) et de Virginia Tech (07) qui
remettent encore et toujours au gout du jour l'accès trop facile aux
armes à feu aux Etats-Unis.
Le dernier phénomène d'actualité est la
saga Scream (Craven, Scream, 1996), avec Scream 4 (Craven,
2011) sur nos écrans en avril. Wes Craven nous prouve qu'il est un vrai
développeur de franchise. Scream 4, attendu par les fans depuis
dix ans est la version moderne de Scream 1 (Craven, 1996). Dans le
premier opus, Wes Craven faisait état des facteurs clés de
succès des films d'horreur des années 1980 et 1990. Dans le
dernier épisode, Scream 4, il décortique les nouvelles
formes de consommation du spectateur des années 2000 : il évoque
les suites à n'en plus finir, les remakes plus ou moins réussis,
le torture porn, les nouvelles règles : en l'occurrence, il n'y aurait
(selon lui) plus de règle. Il émet également une violente
critique contre la société : recherche de
célébrité à tout prix, addiction aux nouvelles
technologies, banalisation de la violence...
Le budget est-il un facteur clé de
succès aujourd'hui ? A première vue, on a envie de dire oui,
puisque la surenchère de violence et de réalisme est
passée maître, cependant, quelques exemples prouvent que petit
budget peut rimer avec gros cachet : « Deux petits malins, Daniel
Myrick et Eduardo Sanchez, tournent, pour 30 000 dollars, un
long-métrage dans les bois, où des campeurs sont victimes d'une
sorcière qu'on ne verra quasiment pas. Le Projet Blair Witch,
avec une recette mondiale de 248 millions
de dollars, devient l'affaire la plus juteuse de toute
l'histoire du 7e art. Hollywood, quien était resté au
succès phénoménal de Scream et s'enlisait dans
d'autres parodies de slashers, cherche à exploiter ce nouveau
filon. » (Carrière, 2006). C'est également le
cas de Paranormal activity (Oren, 2009) qui a
profité de son succès pour tester le filon des suites.
Pour résumé, nous avons trouvé quatre
facteurs clés de succès : la peur, la
violence, la cohésion sociale, le
filon des suites et des remakes. Ces facteurs
ne sont pas nécessairement regroupés dans un même film.
Bien que Scream 4 (Craven, Scream 4, 2011) soit à la fois un
film effrayant, (relativement) violent, et qu'il s'agisse en même temps
d'une suite mais également en partie d'un remake.
2 Le rôle de la légende urbaine : « c'est
vraiment arrivé au copain de la cousine d'une copine »
Un filon que nous aurions pu citer comme facteur clé de
succès est celui de la légende urbaine. A l'origine des contes de
fée et des films d'horreur, la légende urbaine est une histoire
que tout le monde raconte et amplifie. Il s'agit généralement de
quelque chose d'effrayant, qu'on redoute plus que tout. Sa
véracité est souvent impossible à prouver. Au
départ, c'était une légende qui se diffusait oralement,
aujourd'hui, elle se propage encore plus rapidement par le biais d'internet.
La légende urbaine a pour caractéristique
l'intrusion d'un élément dérangeant dans un quotidien
banal.
« Les légendes ne meurent jamais »
était l'accroche aguicheuse de la jaquette du film Urban Legend 2
(Ottoman, 2000). A en croire les résultats de nos entretiens de
groupe, cette accroche pourrait se vérifier : « ça fait
peur quand ça peut arriver » « le babysitting, c'est
le pire ».
Certaines histoires sont intemporelles : notamment celles mettant
en scène des baby-sitters. Nous pouvons en raconter deux :
- Alors qu'elle garde des enfants, une jeune femme
reçoit des appels étranges, de plus en plus menaçant. Elle
finit par prévenir la police qui après quelques minutes lui
annonce que les appels viennent de l'intérieur de la maison. Cette
légende est reprise dans le film Terreur sur la ligne (West,
2005).
- Une jeune fille garde des enfants pour une nuit
entière. Cependant, la chambre d'amis qui lui est prêtée ne
l'enchante pas car un clown en porcelaine de taille humaine est installé
sur un rocking-chair. Il la met très mal à l'aise. Après
avoir regardé la télévision jusqu'à minuit
passé, elle finit par appeler les parents des enfants qu'elle garde pour
leur demander si elle ne peut pas plutôt emprunter leur chambre comme le
clown la gêne. Les parents répondent évidemment : «
mais de quoi parles-tu ? nous n'avons pas de grand clown dans cette chambre,
nous n'avons pas de grand clown du tout d'ailleurs... »
Ces histoires de baby-sitters sont intemporelles et elles
s'adressent à de jeunes filles, souvent même des adolescentes.
Le cinéma d'horreur peut aisément user de
légendes urbaines car « Le cinéma d'horreur parce qu'il
est bien ancré dans le marché de consommation de masse, offre
l'avantage d'une grande popularité auprès des spectateurs mais
aussi des critiques, d'une uniformité des thème regroupés
dans des répertoires, et surtout, l'attrait d'un terrain quasi-vierge,
du moins pour l'ethnologie. Pourquoi ne pas le considérer comme un autre
pôle du discours quotidien ? L'ethnologue d'aujourd'hui doit
réviser sa vision passéiste du folklore : du conte traditionnel
écouté au coin du feu au film d'horreur visionné au
magnétoscope, il n'y a qu'un pas à franchir, modernité
oblige. » (Roberge, 2004, p. 4)
La légende urbaine intemporelle est liée aux
chocs sociaux. Il y a une quinzaine d'année, une légende
racontait que les gitans enlevaient des petites filles aux cheveux longs dans
les grandes surfaces. Ils les emmenaient dans les toilettes pour leur couper
les cheveux et leur mettre des vêtements de garçon, ainsi, lorsque
les responsables du magasin se mettaient à la recherche de l'enfant, ils
cherchaient une petite fille aux cheveux longs et les gitans pouvaient sortir
sans créer d'émeute.
Les enlèvements d'enfant sont une peur
indéniablement intemporelle ! Récemment nous avons
également reçu un e-mail ayant pour objet : « ATTENTION A
TOI ». Ce dernier disait de ne pas accepter de carte de visite de la part
d'un inconnu. Qu'elles pouvaient contenir un poison : argument
d'autorité à la clé, cette information
aurait été donnée par un policier... vous
pourrez trouver le détail du courriel en annexe 7.
Ces légendes sont un puits d'inspiration sans fond pour
les films d'horreur. Leur succès ne peut qu'être immédiat,
à moins d'utiliser une histoire trop loin des préoccupations
modernes, comme la légende de la dame blanche.
La légende urbaine moderne effraie les gens en usant
particulièrement de la peur des nouvelles technologies : Certains
réalisateurs ont compris l'astuce : chain letter (Taylor, 2010)
en est un exemple.
La force d'une légende est qu'on ne peut pas prouver sa
véracité. Car, au fond, il ne s'agit que de quelque chose d'oral,
que d'un récit et « . le récit parce qu'il rapporte des
faits et des évènements, n'est pas pour autant la
réalité ; il est un regard sur une réalité qui a
existé dans un présent qui est passé au moment où
le récit est raconté. Le récit, en ce sens, ne
présente pas les faits, il les représente, il construit un
discours sur les évènements, réels ou fictifs, dont il
prétend rendre compte ». (Roberge, 2004, p. 28). Le
récit n'a rien d'objectif.
Page 89/90, Martine Roberge s'attarde sur le cas des slashers
et notamment sur celui de Freddy (Craven, 1984). Elle le décrit
comme un nouveau « boogeyman ». Il représente des peurs
primaires : celles d'être guetté, attaqué... Pour rappel,
Freddy était un tueur d'enfant. Pour se venger et alors que la justice
n'agissait pas, les habitants de la ville où vivait Freddy le
traquèrent et le firent bruler vif. Ils se croyaient
débarrassés, cependant Freddy revint en fantôme et se mit
à attaquer les enfants dans leur rêve.
3 L'idéalisation de l'horreur
Ici, nous allons uniquement nous appuyer sur nos enquêtes
terrains.
Lors de nos entretiens, nous avons tenté de
définir ce que serait le film d'horreur idéal. Le critère
qui est revenu le plus souvent, et que nous avons cité en premier dans
les facteurs clés de succès est la peur et, les
personnes que nous avons interrogées sont
d'accord sur ce point, elles veulent : « Un film qui
m'empêche de dormir le soir ", « Mon film d'horreur
idéal serait une histoire de fantômes car c'est le style que je
préfère et qui me semble être le plus efficace pour "avoir
peur". "
Cependant, le peur oui, mais pas à n'importe quel prix,
le film doit être intelligent pour plaire à un
public composé d'adultes connaisseurs: " Il faudrait que ce soit un
film que j'ai envie de revoir plusieurs fois, seul ou avec mes amis, pour
essayer d'éclaircir les zones d'ombre, de remarquer les détails
qui m'ont échappés. Ca peut être le cas avec pour un film
avec un twist final comme Les Autres (encore que, on ne le regarde
souvent que deux fois).Autre chose, qu'il soit, d'une façon ou d'une
autre, original, et donc unique. Peut-être, enfin, un film où
j'aimerais être. Ca peut paraître étonnant car ce qui arrive
au héros est rarement sympathique, mais je pense que ce serait une belle
réussite de la part du réalisateur ! ", « Un film
qui fasse réfléchir, pas juste un produit de consommation ",
" Je ne veux pas me dire " ils m'ont bien eu » en sortant du
ciné ", « Un film où on comprend la fin ".
Un bon film d'horreur doit être ancré
dans notre quotidien. Nous venons de citer un étudiant qui
précise : « Peutêtre, enfin, un film où j'aimerais
être ". Une autre personne se voit également dans les films :
« Un bon film d'horreur doit amener à comprendre les origines
de la violence qui meurtrit notre société, à comprendre
comment cette violence arrive à déchainer tant de passion,
à remplir des salles de cinéma, comprendre quelle est cette envie
profonde qui nous pousse à observer la douleur alors qu'on ne cesse de
la fuir au quotidien. Apprécier un film d'horreur, c'est à ce
moment là se placer dans la peau de celui qui crée le mal ou au
contraire dans celle de celui qui a mal ". Les citations ne manquent pas :
« Quelque chose ancrée dans notre vie, qu'on se dise :
ça pourrait arriver ".
Pour d'autres, le film d'horreur parfait a déjà
été crée : « Il existe déjà : pour
moi le meilleur du monde c'est Ca. Pas la peine d'en dire plus : un clown, de
la psychologie, de l'angoisse... tout quoi ". Il est difficile d'analyser
cette réponse sans entrer dans un domaine que nous ne maitrisons pas :
la psychologie, mais le plaisir que ressent cette personne en regardant
Ca (Wallace, 1990) est peut-être lié à une notion
de nostalgie. Il semblerait que de nombreux enfants aient été
marqués par ce téléfilm
adapté d'un roman de Stephen King. Les héros de
cette histoire sont des enfants d'àpeine dix ans qui
comprennent, suite à la mort du petit frère d'un des leurs, que
leur
ville est hantée. Cette ville est personnifiée par
un clown maléfique. Un extrait de la scène d'ouverture est
visible sur ce lien :
http://www.youtube.com/watch?v=k9RT9rM4TIQ&NR=1
La violence gratuite a été
généralement rejetée au profit de
films
psychologiques, capables de provoquer des
sentiments chez le spectateur : « Un film qui met mal à
l'aise ", « Quelque chose de psychologique ", «
Plus d'angoisse et moins de sang ", « Un peu stressant mais
pas de pieds et de bras qui giclent ".
Les personnages ont été
abordés : « Les protagonistes seraient des enfants et des
adultes car on peut jouer avec la peur de manière différente en
fonction de la maturité du héros ", « Les
fantômes seraient dotés de la capacité de blesser voire de
tuer les personnages principaux. Les héros ne seraient pas dotés
dun courage à toute épreuve pour faire en sorte que,
malgré l'évidente absurdité de l'histoire, cela paraisse
le plus crédible possible ".
Ainsi que l'ambiance qui est un autre point
clé : « Avec une bonne musique " « Il n'y aurait
aucune pointe d'humour car je trouve que la moindre blague casse l'élan
vers le sentiment de peur. Il y aurait une forte part de "psychologie".
Ça se finirait mal ". « Attention au choix de la musique :
surtout pas de hard-rock comme dans les films gores, mais plutôt un fond
sonore angoissant ".
Précédemment, nous avons tenté
d'énumérer les facteurs clés de succès de
l'industrie du cinéma d'horreur. Nous en avions trouvé quatre (la
peur, la violence et la défaite, la cohésion avec la
société et le filon des suites et des sagas).
Concernant la peur, notre étude terrain confirmerait ce
facteur clé de succès. C'est en effet, l'élément
essentiel, il définit le genre.
Bien qu'une ambiance noire soit souhaitée, seulement
une personne nous a dit aimer les films d'horreur particulièrement
violents et défaitistes. Cependant, le happy end n'est pas
forcément acclamé.
La cohésion avec la société (sujet sur
lequel nous avons fait deux parallèles tout au long de ce mémoire
: avec les chocs sociaux et avec les légendes urbaines) a
été validée par notre terrain. Les étudiants
souhaitent tous se sentir impliqués dans le scénario, qu'il soit
crédible même quand il fait appel au fantastique.
Quant au filon des suites et des remakes, nous avons compris
son fonctionnement dans les chapitres précédents : si un opus est
réussi, sa suite ou son remake sera plébiscité mais
également critiqué, quelque soit sa qualité.
Conclusion-
Les motivations qui poussent un individu à aller voir un
film d'horreur sont nombreuses comme le prouvent les résultats
recueillis sur notre terrain.
Et, le succès d'un film est basé sur divers
éléments. Cependant, certains facteurs clés de
succès sont inévitables comme la peur. Nous avons
également remarqué que le cinéma d'horreur fonctionne
lorsqu'il est dans l'air du temps et qu'il met en scène des peurs
populaires (comme les légendes urbaines).
Malgré tout le sérieux que représentent
les films d'horreur selon la littérature, nous avons relevé une
certaine légèreté sur notre terrain. Les spectateurs
cherchent avant tout un moyen de se divertir.
|
Le comportement du consommateur et les films d'horreur
Chapitre 3 Bilan
Introduction-
Dans ce chapitre final, nous allons faire un bilan de notre
étude et mettre en avant ses limites.
|
« Fini de rire. Au cinéma, l'heure n'est plus
au rendez-vous de la mort joyeuse pour jeunes écervelés à
l'humour bas de plafond. Voici venu le temps des cris et des pleurs, dans le
film d'horreur, c'est tous les jours un cauchemar... On connaît la
chanson. Dans les années 1970, c'était même un tube,
entonné surtout aux Etats-Unis (Massacre à la
tronçonneuse et tutti quanti) et en Italie (Les Frissons de
l'angoisse et les giallos). Aujourd'hui, le monde entier s'y met. Avec
sérieux et sans pitié. Du Japon (Ring) à la
Grande-Bretagne (Isolation), en passant par l'Inde
(Fantômes), à chaque semaine suffit sa peur ».
(Carrière, 2006) Cette citation résume la situation : le
cinéma d'horreur est actuellement noir et dépourvu d'humour.
Reflet de la société ? Sans doute. C'est tout du
moins ce que nous avons tenté de prouver tout au long de ce
mémoire. Le bilan est plutôt riche. En confrontant la
théorie et le terrain, nous sommes arrivée à mettre en
valeur de nombreux points de convergence. Plus qu'un rite initiatique, le film
d'horreur apporte une réponse implicite aux problèmes sociaux.
On peut imaginer qu'avec l'explosion de la centrale de
Fukushima, dans peu de temps, les films relevant de catastrophes
nucléaires pulluleront à nouveau sur les écrans. Le
cinéma d'horreur est un exutoire, après tout, ce qui se passe sur
un écran ne peut pas arriver « en vrai » ?
Le torture porn inonde les écrans jusqu'à
l'écoeurement. Et l'industrie du cinéma d'horreur a raison
d'insister : ça fonctionne. Les box offices sont à la fête
grâce au consommateur (celui qui regarde le film) qui trouve toujours de
la valeur à la fois à l'objet culturel (le film) et au lieu
culturel (le cinéma).
Le rôle du marketing est plus ou moins limité :
en dehors des affiches promotionnelles et de la bande annonce, peu de chose
sont mises en place. Les futurs consommateurs ne font, à priori, pas
particulièrement confiance aux industriels et jaugent la qualité
d'un film par rapport aux critiques émises par les magazines
spécialisés (papiers ou virtuels) et par rapport aux avis des
autres (amis, internautes...). Le bouche à oreille est un mode de
communication particulièrement plébiscité par les fans du
genre.
- Limite de notre étude
Durant cette année de travail sur le comportement du
consommateur face au cinéma d'horreur, nous nous sommes heurtée
à de nombreux choix. En effet, le sujet est dense et comporte de
nombreuses racines. Beaucoup de points restent à explorer.
On aurait pu prendre en compte l'asSec',1YiP
o',if, effectivement, nous avons parlé des chocs sociaux
personnifiés dans les films d'horreur. Si cette personnification est
implicite, le réalisateur en est-il conscient ou est-il juste quelqu'un
d'instinctif ? : « C'est particulièrement vrai dans le cas que
nous étudions ici : celui des réalisateurs de cinéma qui
doivent prendre des décisions rapides mais néanmoins cruciales
lorsqu'ils sont dans la phase de production d'un film, c'est-à-dire dans
l'ambiance survoltée d'un plateau de tournage. « En fait, c'est
très instinctif comme démarche : ce n'est pas du tout
intellectuel », nous commente l'un des réalisateurs
étudiés lorsqu'il tente de décrire sa manière de
prendre une décision. Les décisions de ce type, prises dans
l'instant, au coeur de l'action, sans réflexion analytique consciente,
sont appelées « intuitives » par opposition aux
décisions « rationnelles ». Simon (1987) a été
l'un des premiers chercheurs à étudier la prise de
décision intuitive (PDI). » (Coget, Haag, & Bonnefous,
2009, p. 119).
Des auteurs ont d'ailleurs travaillé sur cet aspect,
celui de la prise de décision : « Les chercheurs adoptant
une approche cognitive de l'émotion furent les premiers
à mettre en évidence un lien positif entre émotion et
prise de décision (Frijda, 1986; Lazarus & Folkman, 1984;
Scherer, et al., 2001). Ils développèrent la théorie
de l'évaluation cognitive, connue sous le nom d'Appraisal Theory.
Selon cette théorie, Page 55 sur
80
Mémoire de fin d'études, ESC Saint-Etienne,
promotion 2011
l'émotion est un processus cognitif qui permet
à un individu d'évaluer la signification des stimuli internes ou
externes, au regard de ses préoccupations et de ses objectifs. Selon la
valence de l'émotion, l'individu va modifier son approche de l'action et
prendre la décision qui maximisera au mieux son bien-être (Frijda,
1986). » (Coget, Haag, & Bonnefous, 2009, p. 121)
Nous avons également rencontré des
problèmes liés à notre statut d'étudiant et
d'apprenti : par manque de moyen, nous n'avons pu interroger que très
peu de personnes. Sont-elles représentatives de l'ensemble des individus
de leur âge ? Nous en doutons. Cependant, nous avons tenté de
prendre des personnes différentes et qui, dans la majeure partie des
cas, ne se connaissaient pas.
Enfin, nous n'avons fait qu'effleurer la majeure partie des
thèmes : légendes urbaines, choc sociaux, rôle de la
censure, rôle du marketing... tous ces points mériteraient un
approfondissement et pourraient faire l'objet d'un mémoire à eux
seuls.
Conclusion-
Nous avons fait un parallèle entre la
littérature et nos études terrain pour tenter de valider notre
hypothèse de départ (L'industrie du cinéma
d'horreur utilise les peurs modernes pour attirer son public. Les facteurs
clés de succès évolueraient d'une génération
à l'autre : l'adaptation et la réactivité sont alors
primordiales.). Le résultat est plutôt probant.
Cependant, nous avons été limités par
quelques facteurs : notre statut d'étudiant ne nous a permis que de
réaliser des études sur un public restreint et de convenance.
De plus, par manque de temps nous n'avons pas pu
développer tous les sujets gravitant autour du notre avec autant de
précision que nous l'aurions souhaité.
|
Conclusion
Nous avons étudié le comportement du
consommateur face aux films d'horreur. Notre domaine scientifique
était le marketing et plus précisément le comportement du
consommateur et la promotion.
Au début de ce travail, nous nous posions la question
suivante : Comment le marketing du film l'horreur s'adapte t-il au
comportement du consommateur moderne ? Aujourd'hui, après avoir
étudié le sujet, nous pouvons dire que l'industrie du film
d'horreur s'attache à utiliser les peurs enfouies, primaires ou non, des
populations.
Loin de ne représenter qu'un simple divertissement, le
film d'horreur est souvent une réflexion, un point de vue sur la
société et ses malaises.
Notre hypothèse de départ : L'industrie
du cinéma d'horreur utilise les peurs modernes pour attirer son public.
Les facteurs clés de succ~s évolueraient d'une
génération à l'autre : l'adaptation et la
réactivité sont alors primordiales, est en partie
validée. En effet, la littérature et notre étude empirique
nous ont montré que les peurs modernes (les légendes urbaines)
sont un facteur clé de succès de l'industrie du cinéma
d'horreur. Ce genre de cinéma évolue suivant les
générations, car chaque génération a ses
préoccupations politiques, sociales.... Ainsi, après l'âge
d'or du slasher, les années 2000 ont dérivé vers
le torture porn.
De la littérature, nous avons tiré l'influence
des chocs sociaux, de nombreuses définitions sans lesquelles nous
n'aurions pas pu délimiter le sujet, des concepts (tel que celui de
valeur de l'objet culturel et du lieu culturel), des études...
Notre étude empirique a à la fois été
une source de vérification des dits littéraires mais
également un tremplin formidable vers de nouveaux points de
recherches.
Le comportement du consommateur et les films d'horreur -
Perspectives d'élargissement
Les points qui mériteraient un approfondissement sont
évidemment très nombreux.
Tout d'abord, nous avons évoqué Les
légendes urbaines comme source d'inspiration pour l'industrie
du cinéma : quelles industries en profitent en dehors
de l'industrie du cinéma d'horreur ? Par exemple, les
sociétés proposant des systèmes de sécurité
aux particuliers (comme les caméras, les alarmes...) ne sont-elles pas
bénéficiaires du transport de plus en plus rapide et efficace des
légendes urbaines ?
De plus, comment fonctionnent réellement les
légendes urbaines ? Pourquoi certaines sont intemporelles quand d'autres
ont beaucoup vieilli ?
Au départ, nous pensions aborder le sujet des films
d'horreur par le biais du cycle de vie 4'XQ ISro4Xit : «
Le concept de cycle de vie d'un produit est fondé sur trois
hypothèses principales : tout produit a une durée de vie
limitée ; son volume de vente et son niveau de profit varient en
fonction de chaque stade du cycle ; les politiques marketing appropriées
sont différentes à chaque étape » (Mayrhofer,
Marketing, 2002, p. 96), une fois que tout le monde a vu un film et/ou l'a
acheté en DVD, on entre dans une phase de déclin.
Cependant, nous avons pu noter la redondance des genres : les
genres sont cycliques et reviennent chaque décennie. Ainsi, chaque
génération a son ou ses film(s) de référence
concernant les vampires, les zombies... Au-delà des chocs sociaux, n'y
aurait-il pas un choc promotionnel qui propulse tel ou tel genre au rang de
référence d'une génération ?
Enfin, pour aborder quelque chose de plus moderne, nous
pourrions parler des nouveaux modes de consommation : le
téléchargement illégal nuit-il à l'industrie du
cinéma d'horreur ou au contraire la démocratise t-il ? Les films
d'horreur en 3D ont-il de l'avenir ?
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Boeck.
Page 61 sur 80
Mémoire de fin d'études, ESC Saint-Etienne,
promotion 2011
Annexes
Annexe 1 : reportage Destination finale
|
Annexe 2 : genre cinématographique selon Wikipédia,
le 24.02.11
|
Annexe 3 : Rob Zombie
|
Annexe 4 : grille d'entretien
|
Annexe 5 : debriefing entretiens
|
Annexe 6 : Affiches Saw
|
Annexe 7 : courriel/légendes urbaines
|
Annexe 1 : reportage Destination finale 2
|
Parmi les bonus du DVD de Destination Finale 2, on
trouve un reportage : « Les effets physiologiques de la peur ». Dr
Victoria Ibric, neurologue va faire subir une expérience à
trois jeunes adultes. Elle va effectuer une
Electro-encéphalographie (utilisé pour corriger des troubles tels
que le manque de concentration, les dépressions...). C'est-à-dire
qu'elle va mesurer les ondes cérébrales de ces cobayes.
Des capteurs mesurent l'activité des
glandes sudoripares, la température du
corps, le rythme cardiaque et la sudation au
niveau des mains.
Les cobayes sont seuls, attachées à leur fauteuil :
ils regardent Destination Finale2.
Le reportage met l'accent sur six scènes
particulièrement violentes :
- Un carambolage impressionnant sur une voie rapide. Les effets
spéciaux sont
particulièrement réalistes et les morts
déconcertantes et nombreuses.
- Un personnage qui se coince la main dans la broyeuse de son
évier alors que
sa cuisine prend feu.
- Une séance de dentiste. Le cabinet se trouve en haut
d'un immeuble tout en baies vitrées et des pigeons se cognent contre les
vitres car ils ne la voient pas.
- Une femme qui se coince la tête dans les portes d'un
ascenseur.
- Une femme coincée dans sa voiture suite à un
accident. L'air bag finit par exploser et elle se plante la tête dans un
tuyau d'acier qui avait traversé son fauteuil.
- La scène finale : les personnages se croient
tirés d'affaire, l'ambiance pesant retombe chez les spectateurs qui
s'attendent à ce que survienne la bande annonce, quand un barbecue
explose faisant une dernière victime.
Scène à scène, la neurologue décrit
les effets physiques sur les spectateurs « cobayes » :
- la sudation est de plus en plus élevée au fur et
à mesure qu'avance le film.
- Le rythme cardiaque accélère au rythme de tension
des scènes. Il retombe durant les scènes calmes.
- Lors de la scène de la cuisine, la neurologue note une
très forte augmentation des ondes cérébrales d'un des
sujets.
- Lors de la scène du dentiste, l'activité
cérébrale de tous les sujets augmentent fortement : la neurologue
l'explique par le fait que personne n'aime aller chez le dentiste. La
scène est donc éprouvante. Même les muscles sont tendus.
- La tension et les contractions musculaires sont bien
réelles : un des sujets se sent particulièrement tendu au niveau
des cervicales après avoir visionné le film.
ANNEXE 2 : genre cinématographique selon Wikipédia, le
24.02.11
|
« Connu pour être l'un des pionniers de la
scène métal-indus, Rob Zombie s'installe à New York pour
effectuer des études d'art à la Parsons School of Design.
Rapidement renvoyé, il travaille comme designer pour divers magazines
pornos, avant de décrocher un emploi d'assistant de production sur Pee
Wee's Playhouse.
En 1985, il crée le groupe White Zombie avec lequel il
compose une musique hybride rock-punk hardcore, à base de
sonorités électroniques, marquée par une imagerie à
la fois gothique et monstrueuse. Il réalise lui-même plusieurs
dizaines de clips vidéo pour ses prestations et celles de son groupe. En
1995, White Zombie remporte d'ailleurs le MTV Music Video Award pour More Human
Than Human.
Après cinq albums sortis en indépendant, White
Zombie signe avec Geffen Records en 1990. Tous les disques sortis sous ce label
sont plusieurs fois disques de platine, notamment La Sexorcisto : Devil Music
vol. 1 et Astro-Creep : 2000. En 1998, Rob Zombie décide de se mettre
à son compte. Il sort alors le triple album de platine Hellbilly Deluxe,
puis l'album de platine The Sinister Urge et la compilation disque d'or
Greatest Hits : Past, Present & Future.
En 2001, Rob Zombie fait ses débuts de
scénariste et de réalisateur avec la remarquée Maison des
1000 morts, un film d'horreur sans compromis et particuliàement gore
interprété par Sid Haig, Bill Moseley et sa propre épouse
Sheri Moon. Le succès de ce premier opus est tel que Rob Zombie est
salué par la critique et les fans comme un cinéaste visionnaire
et qu'une suite intitulée The Devil's Rejects voit le jour en 2005. Fort
de cette réussite, il est contacté par Dimension Films pour
mettre en scène un prequel au classique de l'épouvante Halloween.
Les habitués du genre Malcolm McDowell, Brad Dourif, Richard Lynch ou
encore Udo Kier répondent présents pour ce nouvel opus
horrifique. »
Source :
http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=62311.html
-Filmographie-
La maison des 1000 morts, 2001 The devil's reject, 2006
Halloween, 2007
Halloween 2, 2008
Marketing
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Sociologie
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Violence
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Peur
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Affiche/Pochette
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La place de femme
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Choquer
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Angoisse/stress
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Bouche-à-oreille
|
La place de l'enfant
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Reproduction
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Aimer se faire peur
|
Suites/Saga/Remakes
|
Stéréotypes
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Banalisation
|
Monstres
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Film d'horreur idéal
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Psychopathes
|
Censure
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Musique
|
|
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Bande-annonce
|
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Thème
Sous-themes
Annexe 4 : grille d'entretien
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Annexe 5 : debriefing entretiens
ENTRETIENS DE GROUPE
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Reproduction
chose de
|
VOLENCE
actions sur les « le gore devient
s jeux vidéo
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|
|
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MARKETING
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Affiche/pochette
|
Bouche-a-oreille
|
Suites/sagas/remakes
|
Film d'horreur ideal
|
Musique
|
Bande annonce
|
divers
|
demier exorciste «n'est
pasattirante»
«jenetrouvepasBoucheàoreie« la pochette du
lesaffichestresimpactantes»«Sawdonneenvieauxamateursavec
sesScream, j pens avec que ça
adents bien »
« marché » doit viser le public « il y a
des fimsfilm,
cutes comme pas les autres »
|
que ca a bien march黫ilyadesfilms
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cultescomme
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font sutes la pub cest que to le le film temp
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exemple, auaime
début lhtoire Hitchcock,
bien, après »
« on a tent pasvoulu debout
voir Saw « il ycar a des tout suit le
biens, dautresen parle »
|
« lesFlm suites dhorreur c'est tout le temps la
même chose.PourSaw
parexemple,audebutl'histoireestbien,aprescane
MARKETNGtientpasdebout»«ilyadessuites
« pus dang
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to les as pas de vu br »
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dequelquesouviens-toi chose ancré dans
ne n
vie, quon pas supers,se dit ç
pourrait les ai regardéarriver car « un
aimefilm qu 1»fas « je réfléchir,
pasdire
un produ »
|
« Msque plus d'angoisse et
moins de sang »
«unpeustressant,pasdebrasetdepiedsquigiclent»«quelquechoseancrédansnotrevie,qu'onseditca
pourrait « la musique est» « super film
importante qui fasse « mais l paspire juste ces un
quand produit i ny a consommation de musique » »
« un film oia on comprend la fin » « avec
de la bonne musique »
« je ne veux pas me « ils m'ont bien eu » a la
sortie
« un film qui me mette mal a l'aise » «
psychologique »
|
« la musique est super importante »
«maislepirec'estquandiln'yaplusdemusique»
|
« divers il y a un peu tout dans les bandes
annoncesetdonc
rienavoirdanslefilm»
«lesbandesannoncessontbienfaites»
« « lalambiance annonce est de
importante Swan » m'a donné « la
Colne envie à dedes voir yeux film es »
|
« ('ambiance est importante » «laColineades
yeuxestoriginal, j'aibienaime» «Hannibal,c'est paslefilm
d'horreurbateau... il est vicieux mais dans le premier, c'est que de l'angoisse
»
« le prix du cinema joue un role aussi »
|
PEUR
|
e méchante
|
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par p
|
|
« PEUR
s illes films ne se d'horreur aissent pas Amera se faire
« , à la n ouie »açprovoque des
sensations de peur » « on aime se faire peur »
« on flipp
« ennuyeu e essant »
ants alternent un coup « es»
« ça fait psychoter bien,» pas «
dneproiceerie » »
« ca herchent à provoquer des ca pourraitbruits
arriver» »
« le silence e montrer a violence agneaux » est plus
« psychologique,le babysitting c
ca s sensations de peur »» f
|
« paranormal activity, a la fin ca fait peur quand «
certaines communs comme e maison isolée C'est es arriver des films
» et c'est « les clowns, c'est horrible »
même nt tous é flippant » « les
poupées, ca fait peur »
« fois » « c'est p» « typé
cequand même de » film, on est réceptif a tous les « les
enfants... les petites filles genre Esther ca me
« les films d'horr des c'est pu » fait peur »
reactions plutôt que de montrer « c'est violence
gore c' fms le avec du sang c'est » le pire » « les animaux ca
me touche »
|
|
SOCIOLOGIE
LafemmeStereotypesPsychopathes
«iln'yapasdefemmeméchantedanslesfilm«lesfilmsd'horreurontlesmêmespoints«despsychopathesilyenaputout,capeut
d'horreur»communscommeunemaisonisolée.C'estlesarriver»
«facealapeur,ilssonttouségaux,jeveuxdire...elementsdebase»
lesmecspleurentparfois»«c'estpasmalstereotypequandmême»
«dansThedescentlesfillesneselaissentpas«lesfilmsd'horreur,c'estpluspourlesmecs»
faire»«c'estgore,c'estdesfilmsavecdusang»
«iln'yapasdefavoritisme»«ennuyeuxetinintéressant»
«dansSaw,lesméchantsalternent,uncoup«lesgensquiregardentdesfilmsd'horreursont
garcon,uncoupfille»dessadiques»
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Mémoire de fin d'études, ESC Saint-Etienne,
promotion 2011
ENTRETIENS INDIVIDUELS
me semble
ilms d'horeur» par
voca5ulaire inji leorcément soit physique parti i sions
torture..
n bon fil
symboliquebrut, limite desht mtvivats,
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· · ·
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M envoi re de fin d'études,
ESC Saint-Etienne, promotion 2011 eaux rop jeunes ! »
Pe72 stir 80
pense que ies siners films avec des évènem
etranges, lesespritset k exemple. Leshuit clos l'angoisse. De
même br au personnage. C'est po
p que es person car je ponctue be fi fait ça!
Pourquoi
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à12 000 km, ib g&* p non pbustrès fan desi
mum batêtesur besE
peut bien ou mal sefinir, Ia fin est bonneet inatten
suisassezcbientdesfibm àbafindesesennemis, a trouve cajouissif
(Hostel
'immersion, ib faut que bE
aJ juste pour finir
souverit propices a on peut s'identifier ioi jenesupporte 3nt
trop stupides, iaispourquoi ii
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àrardeunfiIm
Regarder un bon vieux fil
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eàl'état
raisons qui pousse une pair denepasavoir pai
'horreur pour se
'ai eu moms peur que d'ha
Mémoire de fin d'études, ESC Snt-Etienne,
promotion 2011
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vul n6rabl e u n pli c d'un qui
acile stéréotypes. C
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i o
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deombis c'est stoujours plus i oire mas on s'en lassecoma oir
comment ils s'en sortent arrive à être original »
est assez impressionnant ils sont présents dans les
omme personnage The G tifier (Sixième sens
me dérange pas en tant
les mêmes ficelles sont du temps (filles
opains faisant preuve d'un ment les conduit à la
s réseau .)»
demment le enpublic ciblé utôt jeunede Du
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reuvede zomt
ou moins
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meme · ·
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sont en effet bourrés de
ntribue à la platitude de
OLOGIE
« En gros
psychopathes névros
possible » a la
Psychopathes
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MARKETING
|
Affiche/pochette
|
Bouche-à-oreille
|
Suites/sagas/remakes
|
Film d'horreur ideal
|
Musique
|
Bande annonce
|
divers
|
" Pour ce qui ea de l'aff iche, elle a surtout
pour
objectif d'attirer
l'ceil, donc si elle est Bouche-àoreille
« Le bouche à
oreillepeut est souvent
un élément qui, je orsque
jhésite à allerenverslw voir un film,
vafont faire pencher de promo la
balanceautour dun cô»
· · ·
|
" Le bouche a orei Ile est souvent un dement qui, lorsque
j'hésite à alley voir un film,
Suites/sagas/remak
la
« On peut dailleurs noter que a série
S sestla
essouffléemes cot box
office.
Pourquoi ? Parcele quune
spertateurs fois que le(sur premier fil
uccès, on est plu entré dans laspect
réflexion et moins dans laspect gor qu'il y a eat sur ce
film. " Ce film m'a
4
fait Berber » ; rai
bien failli vomir » ; dégueulasse »
...
A utant de
qual if icatifs qui pousserait
n'importe quel amateur
à
pour alley le
regards en salle obscure et pourquoi
|
son ticket " On peut
d'ailleurs
noter que la skie Saw s'est
essoufflée cote box office.
MARKETI
Pourquoi ? Parce
Film dhorreur id qu'une fois que le
« Mon film dhorr
du
idéal serait une hre de fantômes car
style que e préf
me semble être le
· · ·
exd'hémoglobine voirpayer
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|
"C'est
C< Mon fi 1 m d'horreur ideal serait
une hi ad re de fentegnee car
c'est le
style que je préfère et qui
Musique Ba
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divers
|
|
" J'avoue que, la plupart du temps, quand je
tombe sur une bande
« Je trouve l marketing autour a des films de
d'horreur le complètement fallacieux C'es d'ailleurs en
bien ·
de ce dommage » at « Aujourd'hui
film d'horre
par le gore. On joue donc sur le sans
dégelasse, le tra
»
« qui doit
saw, c'est avan out un film (ou plus d'horreur
qui pren en compte la suite et dimension écran
humaine : la
imites de lhomm son rapport à Ce
'injustice Et on nous le vend
comme la méga boucherie du s
|
" Je trouve le marketing autour des films
d'horreur
d'ai I I eurs bi en dommage 0
" Aujourd'hui, le film d'horreur passe par le
gore. On joue
donc sur le
égd el asse, le trash
tout un film
nurreur qui prend
en compte le dimension
humaine : la
psychologie, les
Humes de rnemme,
93.n raPPort a
l'injustice... Et on
nous leveed
comme la mega boucherie du si Ed e.
retrduve au
milieu
de mduflarde
de 12 ens dui se sant
dessi nés de la babe
|
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M envoi re de fin d'etudes,
oissant. Les
ESC Saint-Etienne, promotion 2011
semble im
MARKETING
|
Affiche/pochette
|
Bouche-h-oreille
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Suites/sagas/remakes
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Film d'horreur ideal
|
Musique
|
Bande annonce
|
divers
|
...
|
pas en 3D. *
<4 Je pense qu'on ne vapasvoir un film d'horreur
en
s'intéressant Suites/sagas/rema
classique et ridicule paraphe « ils daient
pour .... ils n'en reviendront
* Par
scemple, mai s
en écoutant
les avis deson
....
|
...
filpartis
nonjamais....
esurtout êcheentourage.. n'en ai pas encore
trouvé
|
dotés d'un courage à toute épreuve pour
faire en sorte que, malgré l'évi dente absurdité de
Musique Band
d'a
ie film
plus, l'i ntérêt de ces
e te
e le
e pas
indispensable. .
« Un film qui m'empêche dormir le soir, mais je !
Plusserieusement,
comme tout film, i I
is je que ce soit un
uvé que j'ai envie de
nrevoir plusieurs foil, seul ou avec mes amis, pour
essayer d'éclaircir les zones d'ombre, de
seulremarquer les détai Is qui m'ont
échappé. Ca peat
ur le cas avec pour un
film avec un twist final
comme Les Autres
|
|
d'autres types de film. Apr4s tout, ce
qui est le plus terrifiant dans un
diversqu'on nous montre, pourmai s en
paraître 16
ànous lentrée suggera..!* du P
|
pour en paraitre 16 a l'entrée du
cinema Parceque le problerne du film
simpleselon moi : le film d'horreur (real isle ou non :
j'entends par la,
qu'il puisse exister genre un fou qui tue des gens ou que se
soit inconcevable genre Ca de
Stephen King), apportetoujours uneréflecion tits
pousséesur la dimension humaine et la peur. Mais, le film d'horreur ne
se vend pas comme ca : il taut le mettre en avant sur le gore
puisqu'aujourd'hui le public est rdativement jeune
et quelejeuneaime le sang et sefaire
pair. .
|
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Ca pt avec pou n
Mémoire de fin d'études,
un twist finl
ESC Saint-Etienne, promotion 2011
|
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Musinue Ban
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Annexe 6 : Affiches Saw
|
Annexe 7 : courriel/légendes urbaines
Email reçu le 22 février. Objet : ATTENTION A
TOI
A LIRE ABSOLUMENT ET A DIFFUSER. MERCI
DE LA PART DU FRERE DE SANDRINE VILLANUEVA QUI EST GENDARME.
A DIFFUSER A TOUS VOS CONTACTS
C'est arrivé à une collègue pas plus tard
qu'hier (à Bègles près de Carrefour). vigilance
!!!!!!!!!
Dans une station service, un homme a approché une dame
qui était en train de remplir son réservoir. Il lui a offert ses
services en tant que peintre et lui a laissé sa carte. Elle a
accepté sa carte pour faire preuve de bonne foi et est entrée
dans sa voiture.
L'homme est alors entré dans une voiture conduite par
un autre monsieur... Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la
station service, elle a vu les hommes la suivre hors de la station en
même temps.
Presque immédiatement, elle a commencé à
se sentir étourdie et ne pourrait pas attraper son souffle.. Elle a
essayé d'ouvrir la fenêtre et s'est rendu compte que l'odeur
était sur sa main, la même main qui a accepté la carte du
monsieur à la station service. Elle a alors noté que les hommes
étaient collés derrière sa voiture et a senti qu'elle
devait faire quelque chose à ce moment. Elle est rentrée dans le
premier stationnement qu'elle a vu, a arrêté sa voiture et a
commencé à appuyer sur son klaxon à plusieurs reprises
pour appeler à l'aide. Les hommes se sont enfuis loin d'elle mais la
dame ne se sentait toujours pas bien. C'est seulement après plusieurs
minutes qu'elle a pu finalement reprendre son souffle.
Apparemment, il y avait une substance sur la carte qui aurait pu
sérieusement lui faire du tort.
Cette drogue s'appelle le BURUNDANGA et elle est
utilisée par des personnes qui souhaitent frapper une victime afin de la
voler ou de tirer profit d'elle. Cette drogue est quatre fois plus dangereuse
que la drogue du viol et est transmissible sur de simples cartes.
Prenez garde et assurez-vous de ne pas accepter des cartes
d'un inconnu sur la rue et d'autant plus si vous êtes seule. Ceci
s'applique à ceux qui font des visites à domicile et qui vous
glissent une carte quand elles offrent leurs services.
Merci de diffuser aussi largement que possible, utilisez les
bienfaits des nouvelles technologies, ainsi nous éviterons peut
être d'autres agressions similaires. Jean-Charles MOROTE S.I.D.P.C.
Préfecture de la Dordogne
2, Rue Paul Louis Courier 24016 Périgueux cedex
05.53.02.24.22 / 06.09.60.25.74
Jean-François DORVILLE Préfecture de Police de
Paris
Direction de la Police générale
Sous-direction de l'Administration des Etrangers
Section des Laissez-passer
Tél. : 01.53.71.37.91 / Fax. : 01.53.71.57.28
Courriel :
jean-francois.dorville@interieur.gouv.fr
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