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UNIVERSTÉ BADJ MOKHTAR ANNABA FACULTE DES
SCIENCES DEPARTEMENT DE BIOLOGIE LABORATOIRE DES ECOSYSTEMES TERRESTRE ET
AQUATIQUES
MEMOIRE DE MASTER
Filière : Monitoring des Milieux Naturels et
Gestion Durable des Ressources Option : Diagnose des communautés
animales
Caractérisation d'un site Ramsar
l'aulnaie d'Ain Khiar - Proposition d'un plan de gestion
et de conservation
Présenté par : BOUCHAREB
YOUCEF
DEVANT LE JURY :
PRESIDENT : ROUAG RACHID (MAA C.U d'El Tarf).
DIRECTEUR de Mémoire : BENYACOUB SLIM (Professeur
UBM d'Annaba).
EXAMINATEUR : BOULAHBAL RAOUF (MAA C.U d'El
Tarf).
Année 2011
REMERCIEMENTS
Je tiens à adresser mes sincères remerciements
à Monsieur ROUAG Rachid pour avoir accepté de présider ce
jury.
Mes remerciements particuliers son également
adressés à Monsieur BOULAHBAL Raouf pour avoir pris le temps
d'examiner mon mémoire.
Monsieur BENYACOUB Slim a consacré une partie de son
temps pour dispenser conseils et suggestion. Qu'il en soit respectueusement
remercié.
Je tiens tout particulièrement à exprimer ma
reconnaissance à Madame BENYACOUB Zahra pour ses conseils, ses
encouragements et la documentation spécialisée qu'elle m'a
aidé à me procurer.
Je tiens à exprimer toute ma gratitude à mon
père et ma mère pour m'avoir soutenu durant toute ma formation
universitaire et à mes frères et soeur pour avoir partagé
avec moi les efforts de rédaction et de confection de mon
mémoire.
Enfin, Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance aux
personnes qui ont participé de près ou de loin à la
conduite de ce travail. Mes amis m'ont été d'un grand
réconfort, je ne pourrais les citer tous, mais je voudrais qu'ils
sachent que je leur suis très reconnaissant.
LISTE DES FIGURES
Figure N°
|
Titre
|
Page
|
1
|
Localisation générale de l'aulnaie d'Ain Khiar.
|
6
|
2
|
Bassin versant de l'Aulnaie d'Aïn Khiar et de son
réseau hydrographique (1/50 000).
|
9
|
3
|
Zones inondables autour de l'Aulnaie (1/50 000).
|
10
|
4
|
Principales formations naturelles de l'aulnaie d'Ain Khiar.
|
12
|
5
|
Physionomie classique de l'aulnaie d'Ain Khiar.
|
13
|
6
|
(Image SPOT, décembre 2006).
|
17
|
7
|
Evolution de l'urbanisation d'Ain Khiar.
|
17
|
8
|
déversement des eaux usées.
|
18
|
9
|
Vaches pâturant dans l'aulnaie.
|
18
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau N°
|
Titre
|
Page
|
1
|
paramètres physicochimiques des eaux de l'aulnaie d'Ain
Khiar
|
10
|
2
|
Hauteur, DBH et recouvrement des principales essences
arborées
|
13
|
3
|
Grille de qualité globale des eaux de surface
|
20
|
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
I.MATERIEL ET METHODES 3
I-1. HYDROGRAPHIE 3
I-2. CARACTERISATION DE LA ZONE D'ETUDE 3
I-3. CARACTERISATION ECOLOGIQUE 4
I-3-1. Caractérisation de la flore 4
I-3-2. Caractérisation de la faune 4
I-4. MENACES ET FACTEURS D'ALTERATION 5
II. CONTEXTE BIOGEOGRAPHIQUE 6
II-1.DESCRIPTION DE LA ZONE D'ETUDE 6
II-2. TYPES DE SOLS 7
II-3. OCCUPATION DU SOL 7
II-4. CLIMAT 8
III. RESULTATS 9
III-1. GEOMORPHOLOGIE ET HYDROLOGIE 9
III-1-1. RESEAU HYDROGRAPHIQUE 9
III-1-2. ZONES INONDABLES 10
III-1-3. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE DE L'EAU 10
III-2. CARACTERISTIQUES ECOLOGIQUES GENERALES 11
III-2-1. STRUCTURE ET COMPOSITION DE L'AULNAIE 11
III-2-1-1. La Strate arborée 11
III-2-1-2. La Strate arbustive. 11
III-2-1-3. La strate herbacée 12
III-2-2. DIVERSITE BIOLOGIQUE 14
III-2-2-1. LA FLORE 14
III-2-2-2. LA FAUNE 15
III-2-2-2-1. L'avifaune 15
III-2-2-2-2.La Faune mammalienne 16
III-2-3. FACTEURS D'ALTERATION ET MENACE 16
III-2-3-1.L'urbanisation 16
III-2-3-2. La pollution 17
III-2-3-3. Pâturage 18
III-2-3-4. Sécheresse et incendies 18
IV. DISCUSSION 20
V. MESURE DE GESTION ET DE CONSERVATION 24
V-1.CONSERVATION DU SITE ET DES ESPECES VEGETALES D'INTERET
MAJEUR 24
V-2. GESTION DE L'EAU 24
CONCLUSION 26
BIBLIOGRAPHIE 28
RESUME
ANNEXES
Introduction
Classées au rang des milieux naturels les plus
menacés, les zones humides remplissent pourtant un grand nombre de
fonctions utiles à l'homme. Elles sont précieuses pour leurs
fonctions hydrologiques et biologiques. Ainsi, elles contribuent au maintien et
à l'amélioration de la qualité de l'eau en agissant comme
un filtre épurateur physique (rétention des sédiments) et
biologique (dégradation biochimique) et jouent un rôle
déterminant dans la régulation des régimes hydrologiques
(épanchement des crues). Elles constituent également un important
réservoir de biodiversité en abritant une faune et une flore
remarquable.
L'aulnaie d'Aïn Khiar est un milieu
caractéristique du Parc National d'El-Kala, particulièrement rare
en Algérie. En effet, la Numidie orientale est la seule zone africaine
qui compte des aulnaies. De tels écosystèmes ont probablement des
valeurs biologiques et scientifiques élevées dans le Maghreb. A
ce titre Junqua (1954) affirmait déjà que « c'est uniquement
dans le cercle de la Calle qu'on trouve les peuplements nord africains connus
d'Aulne glutineux (Alnus glutinosa) ». C'est donc un site
sensible qui justifie pleinement son classement Ramsar.
Cette formation forestière a été
classée d'importance internationale selon les critères Ramsar en
2003. Cette convention a pour objectif déclaré la conservation et
la promotion de l'utilisation rationnelle des zones humides par des actions
nationales et une coopération internationale comme moyen de parvenir au
développement durable partout dans le monde. L'Aulnaie de Ain Khiar est
caractérisée par une importante richesse floristique. On y
observe de nombreuses espèces arborées inféodées
aux sols hydromorphes - Frêne, Aulne, Saule, Orme - et une strate
buissonnante exigeante en humidité. Cette diversité botanique
s'accompagne d'une complexité structurale du milieu qui permet à
une faune remarquable de s'installer. Oiseaux, mammifères et insectes y
déploient une diversité généralement
supérieure à la moyenne des milieux forestiers limitrophes.
Ce petit écosystème de 110 hectares, fragile et
original, est très vulnérable. Depuis quelques années,
à la suite de l'expansion urbaine de la petite agglomération
éponyme qui répond à la croissance démographique de
la région, ce milieu naturel subit de multiples agressions dues
essentiellement à l'action de l'homme. En effet, le développement
de l'agriculture, de l'élevage et de l'habitat ont eu pour
conséquence une dégradation progressive de l'aulnaie.
De ce fait, nous nous proposons dans cette étude de
caractériser l'état actuel de ce milieu patrimonial d'importance
internationale ; afin d'en décrire et présenter les
différents aspects physionomiques et écologique sur la base d'une
définition des paramètres naturels, hydrologiques, botaniques,
zoologiques ; d'en souligner la vulnérabilité ; d'identifier les
facteurs d'altération et de proposer quelques mesures raisonnées
de conservation et de gestion durable.
La présente étude s'inscrit dans le cadre d'un
plan de gestion des six zones humides classées Ramsar du parc national
d'El-Kala, financée par le Ministère de l'Agriculture -
Sous-Direction des Forêts. Ce plan directeur de gestion des sites Ramsar
doit fournir les outils techniques et conceptuels de gestion et de conservation
des sites sensibles pour une période de cinq années.
I. MATERIEL ET METHODES
La caractérisation des différents aspects
physionomiques et écologiques de l'Aulnaie a nécessité un
certain nombre de déplacements sur site pour des enquêtes
diverses, des vérifications de limites géographiques de certaines
formations naturelles, des mesures physico-chimiques des eaux, des mesures de
structure de végétation, des sondages ornithologiques et des
relevés botaniques.
I-1.HYDROGRAPHIE
Cette partie de l'étude a pour objectif d'identifier,
de délimiter et de cartographier les principales voies de circulation
des eaux. Aussi bien le flux entrant d'alimentation de l'aulnaie que les
exutoires d'évacuation du trop-plein d'eau.
Des mesures altimétriques ont été
réalisées à l'aide d'un altimètre Suunto®
Digital pour déterminer le sens d'écoulement des cours d'eau
lorsqu'ils étaient à sec.
Nous avons également estimé le débit de
l'écoulement d'un cours d'eau, oued El Aloui, qui est un exutoire de
l'aulnaie vers Oued El Kebir.
Les paramètres physico-chimiques de l'eau on
été mesurés in-situ au niveau de 6 stations. Le PH, la
température de l'eau, la conductivité et l'Oxygène dissous
ont été mesurés à l'aide d'une sonde
multiparamètres (WTW - pH/Cond 340i/SET) et HANNA Instruments - HI 9143.
Le dosage des nitrates, des nitrites et de la silice a été
effectué à l'aide d'un Kit colorimétrique (Visocolor ECO -
MACHEREY-NAGEL)
Les stations de prélèvement de l'eau ont
été sélectionnées selon un choix raisonné.
Elles ont privilégié les points d'alimentation de l'aulnaie
(station 2, 5 et 6) et les points de sortie des eaux vers les exutoires
(station 3 et 4). La station 1 permet de définir les variables de la
rive « Est » de l'aulnaie. Cette répartition des points
d'échantillonnage devrait nous permettre d'évaluer l'ampleur de
la pollution hydrique qui affecte l'aulnaie ; et éventuellement, ses
capacités d'autoépuration à la sortie.
I-2. CARACTERISATION DE LA ZONE D'ETUDE
L'étude a débuté par une
délimitation géographique de l'aulnaie proprement dite ; ainsi
que les différentes formations végétales qui la
caractérisent. Cette étape a été
réalisée à l'aide d'un traceur GPS. Les données ont
été restituées sous logiciel GIS Map InfoTM
version 6.0 Via MAp Source TM version 6.15.7. Cette
délimitation s'est également appuyée sur
l'interprétation d'images Google Earth TM 2001-2005-2009.
I-3. CARACTERISATION ECOLOGIQUE I-3-1. La
flore
Nous décrirons dans cette partie les
éléments généraux de la flore et de la faune de
l'aulnaie ; sans rentrer dans les détails des associations
d'espèces, qui ont du reste, été définies par
plusieurs botanistes pour la flore et par des ornithologues pour les oiseaux.
Nous nous attacherons donc à en étudier les aspects patrimoniaux
sur la base de la littérature disponible. En ce qui concerne la
caractérisation de la flore, les délais impartis pour la
réalisation du stage nous ont juste permis de caractériser les
grands traits de la végétation ligneuse. Tout le
reste de la flore, notamment la végétation
herbacée, qui compte de nombreuses espèces endémique, rare
et rarissime a été étudiée à partir des
travaux (Belouahem et al., 2009).
Cette caractérisation a été
confortée par une prospection au mois d'avril avec une Botaniste de
l'INA d'El-Harrach : Pr. BENHOUHOU S. qui nous a permis de vérifier et
de reconnaitre un certain nombre d'espèces présentes sur le
site.
La structure de la végétation a fait l'objet
d'un échantillonnage afin de disposer d'un état structurel de
référence. Ces données sont utiles pour mesurer le
degré d'évolution ou de régression du milieu forestier
à partir d'une période de référence.
L'analyse de la structure de la végétation a
été réalisée à partir de la mesure de la
hauteur, du recouvrement et du DBH des principales essences arborées de
l'aulnaie, formant des peuplements identifiables et distincts : la zeenaie, la
fraxinaie et l'aulnaie proprement dite.
Le DBH :(diameter at breast height) se mesure par convention
à 1m30 du sol on divisant la circonférence mesuré de
l'arbre par ð =3,14 (Lucy et al., 1994).
La hauteur moyenne de la strate arborée H est
mesurée à l'aide d'un dendromètre (Blum Leiss).
Le recouvrement au sol de la végétation est
mesuré à l'aide d'une simple grille de recouvrement qui permet
une évaluation du pourcentage de la surface du sol recouverte par la
strate arborée. On peut utilement utiliser les images Google
EarthTM dans certains cas.
Les arbres mesurés on été
sélectionnés selon un échantillonnage systématique
en effectuant une mesure tous les 20 m environ. Le pas de mesure a
été fixé de manière arbitraire afin de
réaliser 16 relevés par formation arborée, répartis
sur toute la zone d'étude.
I-3-2. La faune
Dans cette partie nous ne traiterons que de l'avifaune et des
mammifères, car les insectes sont encore trop peu renseignés dans
ce type de milieu.
L'avifaune a été caractérisée par
la réalisation des sondages ornithologique sur site avec l'appui du Pr
Benyacoub .S et sur la base de données sur l'avifaune du parc national
d'ElKala (Benyacoub et al., 2007)
I-4. MENACES ET FACTEURS D'ALTERATION
Dans cette partie de l'étude, nous identifions les
différents facteurs d'altération et de dégradation
auxquels est soumise l'Aulnaie. Les effluents d'eaux usées sont
localisés et leur débit évalué. Une enquête
auprès des cultivateurs a permis de confirmer l'utilisation d'engrais
chimiques en bordure de l'aulnaie.
L'expansion urbaine a été estimée par une
méthode comparative des images Google 2001, 2005, 2009. Elle a
été appuyée par l'interprétation d'une image spot
de 2006 (BOUGHERARA et al., 2009).
II. CONTEXTE BIOGEOGRAPHIQUE
II-1.DESCRIPTION DE LA ZONE D'ETUDE
Annaba
Aulnaie de Ain
El Tarf
Figure 1: Localisation générale de l'aulnaie
de Ain Khiar
Le territoire de l'aulnaie de Aïn Khiar, à
l'instar des zones telliennes littorales algériennes, se
caractérise par un relief et une géologie relativement complexes.
D'une manière générale, on distingue, selon une ligne
fictive Nord-Sud, de grands ensembles géomorphologiques, des formations
collinaires basses de 30 à 310 m d'altitude, comme Djebel Koursi avec
une altitude moyenne de 100 m. Ces collines de basses altitudes qui peuvent
être dunaires près du littoral ou gréseuses plus à
l'intérieur, s'étirent sur une quinzaine de kilomètres
vers le Sud et s'interrompent au niveau de l'étroite vallée de
l'Oued El Kebir qui draine toute la région. C'est dans cette
vallée, qui marque un seuil entre les formations collinaires
précédentes et les contreforts des monts de la Medjerda, que se
constituent les aulnaies à la faveur de résurgences de la nappe
phréatique des dunes (Thomas, 1975) (GÉHU J.M.,et al.,1992
.1994).
L'aulnaie d'Aïn Khiar est caractéristique de ces
Aulnaies (Melloul, Oum Lagareb, Righia) qui bordent, au sud, les massifs
dunaires et qui se sont développées dans les dépressions
du littoral du nord-est du pays. Elle bénéficie à la fois
des apports hydriques quasi permanents provenant des aquifères dunaires
et de ceux des eaux des crues hivernales de l'oued Kébir. On peut
supposer que des échanges existent avec les nappes d'eau souterraine des
plaines alluviales du Kébir (Nefaâ et al. 2008). L'Aulnaie
d'Aïn Khiar se situe à 5 km au nord du chef-lieu de wilaya,
El-Tarf. Ses coordonnées géographiques sont : 36,799° N et
8,322° E. C'est une zone humide inscrite en 2003 sur la liste Ramsar des
sites d'importance internationale (Boumezbeur ,2002). Elle est
entièrement inscrite dans la commune d'El-Tarf
et dans le Parc national d'El Kala où elle n'a pas le
statut de Réserve intégrale (classe I) ou celui de Réserve
primitive et sauvage (classe II). Ceci est probablement dû à sa
faible étendue comparée à celles des autres zones humides
du Parc national. Cette aulnaie est à proximité immédiate
de l'agglomération d'Aïn Khiar qui a tendance à
s'étendre le long de la route qui la borde au nord et où est
déjà implanté l'établissement pénitentiaire
d'El-Tarf. À l'ouest, la mechta de Agbet Chaïr s'urbanise en
prenant de l'extension. Le sud de l'aulnaie est barré par un drain qui
récolte et évacue les eaux des crues hivernales qui avant cela,
immergeaient l'aulnaie pendant une longue période de l'année.
(KHERICI N.1985).
II-2. TYPES DE SOLS
Ce sont des sols de marécages à base de limons,
largement développés dans les bas fonds inondés. Partout
l'imperméabilité du sous-sol est liée à l'extension
des argiles de Numidie. Alluvions limoneuses du fond de vallée de l'Oued
Kebir datant du Néopléistocène et des basses terrasses de
la vallée de l'Oued Kebir datant du pléistocène
récent, à base de limons, sables et de cailloux roulés.
Ces sols hydromorphes sont relativement acides et peuvent développer des
conditions de tourbières (Neffaâ et al. Op. cit.) (BOULEKROUD Z.
& ZERKOUT E.F.2001)
II-3. OCCUPATION DU SOL
Les parcelles agricoles sont rassemblées dans la partie
ouest du BV, au pied des reliefs du Djebel Hadjr Siah au nord de la mechta de
Agbet Chaïr. La végétation naturelle est celle
constituée par l'aulnaie proprement dite fortement pâturée
avec des signes évidents de coupes d'arbres. La végétation
des dunes est constituée par des maquis livrés au pâturage
et aux défrichements pour étendre les parcelles agricoles. Au
nord-est du BV, les pouvoirs publics ont entrepris le défrichement de
150 ha dans le maquis des dunes pour offrir aux jeunes des opportunités
d'emploi avec des activités agricoles et de 200 ha pour des projets
pilotes de reboisement en chênes-lièges dans le cadre d'une
opération de reconstitution de la subéraie. La rive Est de
l'aulnaie est occupée par des prairies qui sont parfois inondées
en hiver.
Le nord-est de l'aulnaie est l'objet d'une urbanisation qui a
tendance à croître vers l'est et le sud.
II-4. CLIMAT
Selon la classification d'Emberger (1971), l'Aulnaie de Ain
Khiar se situe dans l'étage bioclimatique Subhumide
caractérisé par un hiver froid et humide et un été
chaud et sec. Le volume des précipitations varie de 717,2 mm à
944 mm par an. Janvier est le mois le plus pluvieux. Ce volume d'eau important
est dû à l'absence d'obstacles topographiques ainsi qu'à la
proximité de la mer et des lacs environnants du complexe humide
d'El-Kala (Boumezber, 2002). Les variations thermiques montrent qu'août
est le mois le plus chaud, les minima des températures moyennes sont de
8°C et les maxima de 29,7°C. Les vents les plus violents soufflent en
hiver et les plus faibles en été ; ceux qui prédominent
sont de direction NordOuest, à l'opposé des vents de Sud-ouest
qui amènent le Sirocco pouvant souffler 14 jours par an. Le maximum de
journées étant enregistré en août à raison de
2 à 3 jours de vent chaud (MESSERER YACINE.1998).
III. RESULTATS
III-1. GEOMORPHOLOGIE ET HYDROLOGIE
III-1-1. RESEAU HYDROGRAPHIQUE
Le bassin versant de l'aulnaie d'Aïn Khiar s'étend
sur près de 980 ha. Son périmètre est d'environ 14 km. Il
comprend l'aulnaie proprement dite d'une superficie de 110 ha qui occupe la
partie plane au sud du bassin, une zone de basses collines d'altitude moyenne
de 75 m formées par des dunes qui appartiennent au massif dunaire de
Bouteldja et, au nord-est, une cuvette où est localisé le petit
plan d'eau de Garaât El Ouez. L'aulnaie présente en fait une forme
à géométrie variable selon la quantité d'eau qu'il
y a dans les cours d'eau qui la traversent et les zones d'épandage qui
se forment de part et d'autre. Le microbassin versant de la Chaâbet
Boukechrida qui est localisé au sud-ouest du bassin versant, alimente de
manière pérenne la partie basse de l'aulnaie (Baba-Hamed,
com.pers.).
Figure2 : Bassin versant de l'Aulnaie d'Aïn Khiar et
de son réseau hydrographique (1/50 000)
Deux petits cours d'eau traversent en permanence l'aulnaie. Le
premier, est relié à l'étang de Garaêt El Ouez, qui
est alimenté tout le long de son parcours par la nappe phréatique
des dunes. Il draine la partie centrale de la zone humide. Le second, l'oued
Boukchrida alimente l'excroissance que développe l'aulnaie au sud-ouest.
Les apports proviennent à la fois des eaux de surface du bassin versant
et des eaux souterraines stockées dans les aquifères des
formations dunaires du nord-ouest. Cependant, on peu observer que l'aulnaie
d'Ain Khiar est drainée de manière définitive par deux
oueds : oued Tchaouf et oued El Aloui qui se déversent dans oued
Kébir. L'aulnaie est alimentée aussi de manière permanente
avec les écoulements de surface alimentés par les
aquifères des formations dunaires en amont du bassin et par la
résurgence des écoulements souterrains qui apparaissent au
contact des aquifères des dunes et des terrains limoneux des formations
alluviales de la plaine.
De manière temporaire, elles est alimentée par
les eaux des précipitations récoltées sur son bassin
versant et des crues hivernales assuré par une multitude de cours d'eau
qui drainent d'est en ouest, sur la rive droite de l'Oued El Kébir, la
plaine d'Aïn El Assel qui se prolonge par celle d'Ain El Khiar, ce qui
favorise la restitution de l'eau de crue mise en réserve du
réseau complexe relié au lac Oubeira.
III-1-2. ZONES INONDABLES
Figure3: Zones inondables autour de l'Aulnaie (1/50
000
)
Situés au fond d'une cuvette qui se transforme en
réceptacle du trop plein du réseau hydrographique de l'oued El
Kébir, l'aulnaie d'Aïn Khiar prend l'aspect d'une vaste plaine
d'inondation qui s'étale sur son flanc sud. La réalisation
à cet endroit d'un drain dans le cadre d'un projet hydroagricole pour
« assainir » la plaine ne semble pas avoir résolu le
problème. La zone d'inondation peut atteindre 190 ha. (MAJOUR H., &
OUELAA K.1990)
III-1-3. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE DE L'EAU
L'analyse de l'eau a été effectuée en 6
points répartis à la périphérie de l'aulnaie.
Station 1 : bordure est - Station 2 : bordure nord-est à
proximité du village
Station 3 : déversoir El Aloui vers Kebir - Station 4 :
Pointe Boukechrida
Station 5 : Chaâba Boukechrida dans aulnaie - Station 6 :
Ruisseau d'alimentation nord de l'aulnaie
Station
|
Temp °C
|
pH
|
Cond. uS/cm
|
Nitrates mg/l
|
O2 dissous %
|
Silice mg/l
|
1
|
21,8
|
7,15
|
419
|
4,5
|
76
|
> 10
|
2
|
22,6
|
6,92
|
256
|
5
|
78,5
|
> 10
|
3
|
21,6
|
7,80
|
328
|
5
|
77
|
> 10
|
4
|
22,8
|
7,38
|
277
|
3
|
76,8
|
> 10
|
5
|
18,6
|
6,36
|
245
|
4
|
|
> 10
|
6
|
21,3
|
6,85
|
203
|
3
|
|
> 10
|
Tableau 1 : paramètres physicochimiques des eaux de
l'aulnaie d'Ain Khiar
Remarquons les valeurs élevées des concentrations
en nitrate aux stations 1,2 et 3. Les valeurs des concentrations en silice sont
également supérieures aux limites mesurables par les tests. La
conductivité à la station 1, avec 419 uS/cm, est
supérieure à la moyenne des valeurs mesurées dans les
autres stations. Les valeurs du pH ne présentent pas de
singularité. Elles varient entre 6,36 et 7,80.
Les mesures de débits effectuées font
apparaître des valeurs de 80 l/s au niveau de l'exutoire de l'oued Alloui
(station 3) ; environ 2 l/s au niveau du rejet d'égout de
l'établissement pénitentiaire, et 3 l/s au niveau de
l'alimentation nord-est de l'aulnaie affectées par des rejets d'eau
usées du village (station 2).
III-2. CARACTERISTIQUES ECOLOGIQUES GENERALES
III-2-1. STRUCTURE ET COMPOSITION DE L'AULNAIE
III-2-1-1. La Strate arborée
La strate arborée est principalement constituée
d'Aulne (Alnus glutinosa) qui domine dans les parties inondées
en permanence au centre de l'aulnaie. Il est associé au frêne
(Fraxinus angustifolia) et à l'orme (Ulmus campestris)
lorsque les conditions d'exondation le permettent. Le saule (Salix
pedicellata et S. alba) s'installe préférentiellement
lorsque la profondeur de l'eau réduit au minimum la période
d'exondation. Le laurier noble (Laurus nobilis) apparaît
ça et là dans des conditions stationnelles de lisière,
ombragées et faiblement inondées.
Les deux principaux chênes font partie aussi de ce
mélange d'espèces arborescentes : le chêne zeen
(Quercus faginea ssp Mirbeckii) forme un peuplement continu en
lisière ouest grâce à un rehaussement topographique qui
réduit le caractère hydromorphe du sol. Dès que son
hygrométrie diminue fortement, apparaît alors le chêne
liège qui s'installe dans les parties où la sécheresse
estivale a un effet significatif sur la lame d'eau du sol (Belouahem et al.,
Op.cit.).
III-2-1-2. La Strate arbustive
Sous le couvert de la strate arborée, une strate
arbustive sciaphile, plus ou moins abondante, se développe lorsque
l'aulnaie n'est pas inondée en permanence. La présence de
lumière a pour conséquence l'apparition d'arbustes à
feuilles caduques : la bourdaine (Rhamnus frangula), l'aubépine
(Crataegus oxyacantha subsp. monogyna), le merisier (Prunus
avium). On trouve également dans cette strate arbustive des
arbustes à feuilles persistantes comme la viorne (Viburnum
tinus).
Les lianes sont nombreuses et sont représentées
par les phanérophytes suivantes : la salsepareille d'Europe (Smilax
aspera), le lierre grimpant (Hedera helix), la vigne sauvage
(Vitis vinifera), la ronce à feuilles d'orme (Rubus
ulmifolius), l'églantine (Rosa sempervirens), les
clématites (Clématis cirrhosa et C. flammula), la
nanophanérophyte nommée garance voyageuse (Rubia peregrina).
Parmi les géophytes lianoïdes, il a été
inventorié la bryone dioïque (Bryonia dioïca),
l'asperge à feuilles épineuses (Asparagus acutifolius)
ainsi que (Tamus communis) « l'herbe aux femmes battues
» !, généralement toutes ces lianes sont humicoles.
Plusieurs arbustes propres au cortège floristique de la
subéraie se trouvent sur les bordures asséchées des
aulnaies marécageuses; c'est le cas de la filaire (Phillyrea
latifolia), le myrte commun (Myrtus communis), le
pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) , la bruyère à
balai
III-2-1-3. La strate herbacée
La strate herbacée est constituée par quelques
ptéridophytes : l'osmonde royale (Osmunda regalis), (Dryopteris
gongyloides), le capillaire noir (Asplenium adiantum nigrum), la
fougère femelle (Athyrium filix femina) quand le milieu est
ombragé. Au bord des aulnes prospèrent abondamment la
fougère aigle (Pteris aquilina) espèce héliophile
envahissante et parfois quelques pieds du capillaire de Montpellier
(Adiantum capillus veneris) en terrains sablonneux. Parmi les
épiphytes inventoriées, le polypode commun (Polypodium
cambricum ou P. vulgare) affectionne les troncs d'arbres et se
développe vigoureusement sur les branches étalées des
aulnes et des frênes (Belouahem et al, op. cit., 2009).On remarque aussi
la présence de Bellis anua , Ranunculus sp , Hypericum sp, ficaria
verna , Fedia cornucopiae , Carex flacca , Biscutella didyma ,Iris
pseudacorus . C'est parmi les herbacées que se recrutent les
espèces les plus vulnérables et les plus patrimoniales.
Figure 4 : Principales formations naturelles de l'aulnaie
de Ain Khiar
H (m)
|
DBH (m)
|
H (m)
|
DBH (m)
|
H
(m)
|
DBH (m)
|
13,00
|
0.35
|
15.50
|
0.64
|
11.5
|
0.47
|
10,00
|
0.22
|
18
|
0.65
|
17
|
0.41
|
08.50
|
0.35
|
18.50
|
0.53
|
19
|
0.46
|
10.50
|
0.16
|
13
|
0.46
|
17
|
0.43
|
10.50
|
0.29
|
14
|
0.36
|
18.50
|
0.58
|
11.50
|
0.22
|
18.50
|
0.37
|
12
|
0.29
|
10
|
0.17
|
15.50
|
0.33
|
19.50
|
0.33
|
9.50
|
0.14
|
16.50
|
0.35
|
18
|
0.29
|
11
|
0.17
|
15.50
|
0.46
|
17.50
|
0.35
|
11
|
0.28
|
13
|
0.54
|
17.50
|
0.39
|
10.50
|
0.22
|
9.50
|
0.17
|
9.50
|
0.33
|
11.50
|
0.30
|
19
|
0.60
|
15
|
0.47
|
13.00
|
0.35
|
15
|
0.38
|
19
|
0.45
|
8
|
0.22
|
17.50
|
0.39
|
10.5
|
0.33
|
9.50
|
0.29
|
14.50
|
0.41
|
17.5
|
0.46
|
14
|
0.42
|
13
|
0.40
|
19
|
0.38
|
H moy : 10.75 m Ecart type :
1,61
|
DBH moy : 0.26 m Ecart type : 0,082
|
H moy : 15.4 m Ecart type : 2
,577
|
DBH moy : 0.44 m Ecart type :
0,127
|
H moy : 16.12 m Ecart type : 3,344
|
DBH moy : 0.40 m Ecart type : 0,079
|
recouvrement Moy : 70% Ecart
type 8,37
|
recouvrement Moy : 58% Ecart
type 8,89
|
recouvrement Moy : 59% Ecart
type 15,74
|
Tableau 2 : Hauteur, DBH et recouvrement des principales
essences arborées
Les mesures du DBH, de la hauteur et du recouvrement au sol de
l'aulne glutineux, du frêne et du chêne zeen sont consignées
dans le tableau
Figure 5 : Physionomie classique de l'aulnaie de Ain
Khiar
L'aulne a le recouvrement le plus important avec 70% en moyenne.
De fait la densité de peuplement est élevée, notamment au
niveau des zones de régénération dans lesquelles il forme
un perchis dense. Cependant, les DBH mesurés révèlent des
arbres de faible diamètre.
Le Chêne zeen forme un peuplement quasi continu sur
près de 500 mètres. Avec un recouvrement moyen de 58%, une
hauteur moyenne de 16,2 m et un DBH moyen de 40 cm. Le Frêne connait
également des conditions optimales de croissance puisque la hauteur
moyenne des sujets est de 15 ,4 m en moyenne, pour un DBH moyen de 44 cm et un
recouvrement de 59%.
III-2-2. DIVERSITE BIOLOGIQUE III-2-2-1. LA
FLORE
L'aulnaie glutineuse de Ain Khiar est une formation hygrophile
dont la diversité des espèces végétales est
liée à une diversité de conditions de milieu due aux
variations de l'hygrométrie du sol, le niveau de la nappe
phréatique et l'intensité de l'éclairement.
La compilation des données floristiques des aulnaies
glutineuses de la Numidie fait ressortir une richesse exceptionnelle de ce
milieu avec un total d'environ 370 espèces (Belouahem et al., 2009).
L'examen détaillé de ce cortège floristique
illustre une valeur patrimoniale remarquable. En effet, sur les 370
espèces recensées
· 10 espèces sont endémiques et
considérées communes :
Brassica procumbens, Campanula alata, Cyclamen africanum,
Cynosurus
polybracteatus, Genista ferox, Hypericum afrum, Iris
unguicularis, Laurentia bicolor, Scilla aristidis, Drimia
maritima ssp anthericoides (Urginea maritima).
· une endémique assez rare : Borago
longifolia
· une endémique rare : Linaria pinifolia
· une endémique très rare : Satureja
hispidula
· 28 espèces très rares : Alternanthera
sessilis, Helosciadium crassipes, Bellis repens, Carex elata, Carex
pseudocyperus, Cyperus longus subsp eu-longus,
Dryopteris gongyloides, Eleocharis multicaulis, Eragrostis atrovirens,
Eragrostis pilosa, Illecebrum verticillatum, Juncus bulbosus, Ludwigia
palustris, Mibora minima, Nymphea alba, Polygonum hydropiper, Polygonum
senegalense, Ranunculus flammula, Rhamnus frangula, Salix triandra, Salvinia
natans, Satureja hispidula, Scirpus inclinatus, Scirpus setaceus,
Sideritis
romana subsp numidica, Tolpis barbata eu-barbata,
Utricularia exoleta, Wolffia arrhiza.
· 35 espèces rares :
Anagallis crassifolia, Anthemis arvensis, Aristolochia
longa, Carduus numidicus, Carex acutiformis, Cladium mariscus, Colocasia
antiquorum, Cyperus esculentus, Dactyloctenium egyptiacum, Daucus carota
ssp maritimus, Daucus virgatus, Dryopteris aculeata, Eryngium
barrelieri, Euphorbia biumbellata, Fimbristylis squarrosa, Geranium dissectum,
Hypericum androsaemum, Juncus heterophyllus, Leersia hexandra, Lemna gibba,
Linaria flava, Linaria pinnifolia, Lotus pedunculatus, Malcolmia parviflora,
Osmunda regalis, Paspalum distichum, Populus nigra, Potamogeton lucens,
Ranunculus bulbosus, Ranunculus sceleratus, Salix cinerea, Stachys
marrubifolia, Tetragonolobus maritimus, Utricularia vulgaris subsp
major, Vitex agnus castus.
· 22 espèces assez rares :
Alnus glutinosa, Athyrium filix femina, Astragalus
pelecinus, Borago longifolia, Carex punctata, Carex remota, Carex vulpina,
Crataegus azarolus, Cystopteris filix fragilis, Erica scoparia, Iris
planifolia, Lycopus europaeus, Mentha aquatica, Myosotis
lingulata, Pinus pinaster, Potamogeton trichoides, Prunella
vulgaris, Solanum
dulcamara, Thypha latifolia, Trifolium filiforme, Trifolium
pratense, Vicia hirsuta.
En ce qui concerne la protection de ces espèces, seules 8
espèces ont été évaluées par l'IUCN.
L'évaluation de l'IUCN 1997 concerne : Borago longifolia, Laurentia
bicolor et Satureja hispidula (Walter & Gillets, 1998).
L'évaluation de l'IUCN 2010 concerne : Anagallis
crassifolia, Helosciadum crassipes, Campanula alata, Fimbristylis squarrosa
et Juncus heterophyllus (Garcia et al., 2010). Dans les aulnaies
seules 3 espèces sont protégées par décret :
Nymphaea alba et Saturaja hispidula, Salix triandra. (ZERAIA
L. 1983, REDHA MALEK.1993)
Environ 26% du cortège floristique des aulnaies est
caractérisée par une valeur patrimoniale élevée
(endémiques et /ou plus ou moins rares).
III-2-2-2. LA FAUNE
III-2-2-2-1. L'avifaune
L'aulnaie d'Ain khiar est une formation forestière de
plaine à essences caducifoliées, caractérisé par la
présence d'arbres de grande taille et d'arbres âgés et une
densité de peuplement végétal importante. Elle a la
particularité d'être accolée à des formations
forestières sempervirentes telle que la subéraie
dégradée à l'ouest et la pineraie à pin maritime au
nord-ouest. Cette diversité de milieux, va être le siège de
la mise en place d'une avifaune aux exigences diverses
caractérisée par une richesse élevée et une
composition à l'éventail taxonomique large.
Les relevés d'avifaune ont permis d'y mesurer une
richesse égale à 54 espèces (Benyacoub et al, 2000). Les
espèces de grande taille, comme les rapaces, y sont attirés par
la présence de populations proies abondantes, mais également par
la disponibilité de vieux arbres vivants ou morts sur pied qu'ils
utilisent comme perchoirs ou comme support de nid. Les espèces
cavicoles, comme les pics, les mésanges, l'étourneau unicolore,
profitent largement de la présence de ces vieux arbres qu'ils occupent
pour se reproduire. Les fourrés denses du sousbois attirent de nombreux
sylviidae comme la Bouscarle de Cetti, la Fauvette à tête noire ;
mais également des turdidés comme le Rossignol philomèle,
très abondant. Les fringillidés sont omniprésents dans le
feuillage des arbres. Ils exploitent volontiers les prairies sèches ou
humides en périphérie du site. La présence permanente de
l'eau et la constitution de mares couvertes d'hélophytes, relativement
pérennes, favorise grandement l'installation d'une avifaune aquatique.
Celle-ci est composée d'anatidés, d'ardéidés, de
rallidés et de sylviidés paludicoles. L'aulnaie se comporte ainsi
comme un sanctuaire qui héberge une avifaune qui ressemble à
l'avifaune ancestrale des anciens milieux forestiers nord-africains durant les
périodes glaciaires du quaternaire (Blondel, 1979).
Les sondages effectués au printemps 2011 confirment la
richesse mise en évidence en 2000. La présence de rapaces
nicheurs comme l'Aigle botté, le Circaète Jean-le-blanc ; atteste
de la qualité encore exceptionnelle de ce site qui peut assurer la mise
en place de réseaux trophiques complexe et complets.
III-2-2-2-2.
La Faune mammalienne
L'aulnaie
d'Ain khiar fait l'objet d'une importante
fréquentation faunique grâce à une on (milieu
forestier, pelouse,
variabilité structurelle de la
végétati subéraie). Les ressources
trophiques disponibles générées par
une i
mportante productivité primaire suivi des
niveaux de consommateurs suivants, va être la source
d'une fréquentation du site par plusieurs espèces de
mammifères.
Parmi l es mammifères les plus fréquents on
note la présence du chacal (Canis
aureus), du renard roux (Vulpes vulpes
), de la Genette (Genetta genetta),
de
la mangouste ( Herpestes ichneumon),
du sanglier (Sus scrofa). La hyène
rayée (Hyaena hyaena)( HAOU f. comm.
Pers.)
serait un visiteur régulier du site. Nous
pouvons affirmer par ailleurs que la Loutre commune est
présente. En effet, nous avons eu l'occasion de la contacter au sein
même de l'aulnaie. Le Hérisson
(Erinaceus algirus), fréquente les
lisières des formations végétales. On
note également la présence des lagomorphes comme le lapin
et le lièvre au niveau de la subéraie
dégradée.
Les rongeurs et les chiroptères sont partout
présents et profitent largement de la production la faune
entomologique.
primaire disponible et de la masse de
III-2- 3. FACTEURS D'ALTERATION ET MENACE
III-2-3-1.
L'urbanisation
Aïn Khiar (5000 Hab) est la seule
agglomération importante à proximité du bassin
versant de l'aulnaie. A l'ouest, on trouve la mechta de Agbet
Chaïr (500 Hab). Les habitants sont en premier lieu agriculteurs,
mais cette activité est devenue complémentaire pour les
ménages, car les parcelles, rarement de plus d'un
hectare, sont loin de suffire aux besoins des familles (BABA-
HAMED, com. Pers).
L'observation des images SPOT 2002 et 2006 ,
nous révèle que la répartition des zones
blanches est une signature chromatique de l'armature urbaine. En effet,
toutes les agglomérations sont entourées par une
couronne blanche qui marque l'impact de celles -ci sur les
milieux naturels environnants .
logements
400
600
500
300
200
100
0
2001 2005
2009
Figure 6 : (Image SPOT, décembre 2006)
Figure 7 : évolution de l'urbanisation
d'AinKhiar
Les mesures du taux d'extension urbaine montre une
évolution de 24% entre 2001/2005 et une évolution de 42
% entre 2005 et 2009. Cette évolution empiète largement
sur la zone périphérique de l'aulnaie
III-2-3-2. La pollution
La population en constante croissance voit ses besoins en
eau augmenter. Corrélativement, les rejets d'eaux
usées connaissent la même tendance. L'aulnaie constitue
malheureusement le .
réceptacle naturel et obligatoire de ces rejetsCe
phénomène devient de plus en plus intense
-
et peut avoir une incidence grave sur la qualité
physico chimique de l'eau.
La réalisation d'une enquête sur site nous a
confirmé la présence de deux exutoires d'eaux
usées qui se déversent directement dans l'aulnaie. Ces
déversements sont dus à la mauvaise
l'établissement pénitentiaire
qualité des conduites d'assainissement de
situé au nord et de
celles de l'agglomération urbaine situé
à l'est de l'aulnaie.
Figure 8 : déversement des eaux usées.
III-2-3-3. Pâturage
L'aulnaie de Ain Khiar est exposée
à un pâturage intensif ; ce qui n'est pas sans
conséquences sur la régénération des essences
arborées. L'aulne, le frêne et le chêne zeen en souffrent
très probablement surtout dans la partie ouest de l'
aulnaie ; qui a con nue, par ailleurs, une
dégradation importante c es dix dernières
années par l'action conjuguée, de la
sécheresse, des incendies et du surpâturage. (
MEKADEM, 1997)
Figure 9 : Vaches pâturant
dans l'aulnaie
III-2-3-4. Sécheresse et incendies
L'aulnaie d'Ain Khiar à connu plusieurs épisodes
d'altération par le feu et la sécheresse. La conséquence
de ces phénomènes est un recul de la strate arborée
caducifoliée avec une quasi impossibilité de
régénération du fait de la pression de pâturage.
Ain khiar 2001 Ain khiar 2009
Les deux images ci-dessous ont une dizaine d'années
d'intervalle. Elles révèlent nettement le recul de l'aulnaie dans
la zone considérée
IV. DISCUSSION
> HYDROLOGIE
Nous remarquons d'emblée que l'état de l'eau est
satisfaisant. D'une manière générale les indicateurs
physico-chimiques ne sont pas dans des intervalles de valeurs alarmants. Le pH
est généralement proche de la neutralité, et les
concentrations des nutriments sont plutôt caractéristiques d'une
eau de bonne qualité selon les normes de qualité des eaux de
surface du MEAT.
Tableau 3: Grille de qualité globale des eaux de
surface (Ministère de l'équipement et de l'aménagement du
territoire ; agence du bassin hydrographique constantinois-Seybouse-Mellegue,
octobre 1999)
Qualité de
l'eau
Paramètre
|
Excellente
|
Bonne
|
Passable
|
Médiocre
|
Pollution excessive
|
O2 dissous mg/l
|
> 7
|
5 à 7
|
3 à 5
|
< 3
|
0
|
% saturation
|
> 90
|
70 à 90
|
50 à 70
|
< 50
|
0
|
DB0 5 mg/l
|
< 3
|
3 à 5
|
5 à 10
|
10 à 25
|
> 25
|
DCO mg/l
|
< 20
|
20 à 25
|
25 à 40
|
40 à 80
|
> 80
|
NH4 mg/l
|
< 0,1
|
0,1 à 0,5
|
0,5 à 2
|
2 à 8
|
> 8
|
PO4 mg/l
|
< 0,2
|
0,2 à 0,5
|
0,5 à 1
|
1 à 2
|
> 2
|
NO3 mg/l
|
< 5
|
5 à 25
|
25 à 50
|
50 à 80
|
> 80
|
NO2 mg/l
|
< 0,1
|
0,1 à 0,3
|
0,3 à 1
|
1 à 2
|
> 2
|
Cependant, il serait prudent de surveiller la qualité
des eaux d'alimentation de l'aulnaie, notamment au niveau du rejet des eaux
usées du village. La conductivité qui y a été
mesurée est égale à 419 uS/cm, c'est la valeur la plus
forte. Elle pourrait être due à cette pollution dont les effets
à long terme peuvent être fortement perturbateurs pour le milieu
récepteur.
La zone sud-ouest présente aussi une
conductivité plus ou moins élevée. Il est probable que le
déversement des eaux usées de l'établissement
pénitentiaire y soit pour beaucoup dans ces valeurs. En revanche, la
valeur la plus faible (203) est mesurée au nord de l'aulnaie dans le
ruisseau d'alimentation nord. Ce ruisseau prend naissance dans un étang
« Es Sahara » à l'écart de tout habitat rural ou urbain
qui est donc indemne de tout déversement d'eaux usées.
La concentration en nitrate est conditionnée par la
minéralisation de la matière organique et par les apports
d'origine anthropique : eaux usées domestiques et lessivage d'engrais
azotés.
Nous remarquons que les apports naturels d'eau par les
ruisseaux d'alimentation de Boukechrida et Es Sahara présentent les
valeurs les plus faibles avec 3 et 4mg/l : points 5 et 6. Le point 4 qui
correspond à la sortie des eaux de Boukechrida présente une
faible valeur avec 3 mg/l. Ceci suggère une épuration des eaux
efficace, à l'oeuvre dans cette partie de l'aulnaie (Rodier, 1978). Ces
observations doivent sans aucun doute être validées par des
mesures supplémentaires.
La charge en nitrates augmente par la suite au niveau du cours
d'eau exutoire El Aloui, avec 5 mg/l ; point 3. L'augmentation de cette charge
est vraisemblablement à imputer aux parcelles agricoles que l'exutoire
traverse sur près d'un kilomètre.
La concentration en oxygène dissous est en dessous de
la saturation. Ceci révèle une activité biologique
consommatrice d'oxygène (biodégradation bactérienne) mais
également un confinement de l'eau de l'aulnaie, qui est de ce fait non
exposée à la lumière solaire, réduisant ainsi la
prolifération algale productrice d'oxygène et la soustrayant
également à l'action du brassage mécanique du vent, qui
facilite l'incorporation du gaz dans l'eau.
Tous les dosages de silice effectués ont
révélé des teneurs importantes de cet
élément. L'environnement géologique, où les
grès et les argiles de Numidie sont le principal substrat, en est de
toute évidence à l'origine.
> STRUCTURE ET DIVERSITE
L'Aulnaie de Ain Khiar est constitué de l'imbrication
étroite de plusieurs groupements arborés. Dans sa partie ouest,
on distingue une subéraie dégradée qui occupe un
rehaussement topographique sur 50 ha. Au sud de l'aulnaie proprement dite on
distingue un fourré dense d'oléo-lentisque, chêne
liège et quelques frênes, de forme parfaitement circulaire qui
occupe une superficie de 20 ha : « El Guendoula ». Cette
formation bénéficie de conditions d'exondation grâce,
à un léger rehaussement topographique. De ce fait, l'aulnaie
sensu stricto, n'occupe en réalité que 110 ha environ.
L'aulnaie est caractérisée par sa
complexité structurale. Les mesures de hauteur, de recouvrement et de
DBH, réalisées offrent une information globale actualisée
de la strate arborée. Cette information de référence
permettra de mesurer l'évolution (ou la régression) du milieu.
Elle révèle que l'aulnaie de Ain Khiar constitue un milieu
forestier dont la structure est équivalente aux peuplements forestiers
d'altitude (djebel Ghorra, djebel Dir...). Cela est dû aux conditions
d'humidités édaphiques qui jouent un rôle
déterminant dans cette situation. Les végétaux,
stimulés, par ces conditions ont une croissance importante. Nous
obtenons ainsi un milieu forestier de plaine qui constitue, pour la faune et la
flore, une zone refuge favorable à leur pérennité. Ces
milieux peuvent constituer également un pôle de dispersion et de
repeuplement d'espèces animales ou végétales (Benyacoub et
al. 2007).
Par ailleurs la valeur patrimoniale de ce milieu est
remarquable à plus d'un titre. L'analyse détaillée du
cortège floristique montre qu'environ 26% du cortège floristique
des aulnaies est caractérisée par une valeur patrimoniale
élevée. En effet, 28 espèces sont
considérées très rares, 35 espèces
considérées comme rares et 22 espèces comme assez
rares.
85 espèces y sont donc classées comme
patrimoniales.
En ce qui concerne la protection de ces espèces, 8
d'entre elles ont été évaluées par l'IUCN et
inscrites dans la liste des espèces menacées d'extinction plus ou
moins imminente. Ce qui souligne encore le caractère précieux de
ces milieux. Ont déplorera que, parmi ces 373 espèces
recensées dans les aulnaies, seules 3 d'entre-elles
bénéficient d'une protection légale. Cette
complexité du milieu et la disponibilité permanente de l'eau,
vont conditionner une large disponibilité de ressources qui vont
profiter à une des plus importantes biodiversités animales des
milieux forestiers d'Afrique méditerranéenne. Les conditions de
déroulement de l'étude n'ont pas permis la caractérisation
complète de l'avifaune et de la faune mammalienne. Cependant, des
études approfondies antérieures (Benyacoub, 1996) ; (Benyacoub et
al., 1998), (Benyacoub et al. 2000), ont mis en évidence la richesse
ornithologique importante de ces milieux forestiers caducifoliés de
plaine. Les relevées d'avifaune ont montrés une richesse de 54
espèces, cette valeur est d'autant plus exceptionnelle qu'elle se mesure
sur un territoire d'à peine 180 hectares. Sur les 54 espèces
d'oiseaux, 20, soit 37% sont protégées. Pas
moins de 8 rapaces fréquentent et/ou nichent dans le site. Nous avons,
du reste, la preuve formelle de la nidification du Circaète JLB et de
l'Aigle botté. Cette richesse en espèces carnassières
hautement intégratrices est un signe fort en faveur de la grande
qualité écologique globale d'un milieu naturel.
L'examen de la liste d'espèces du tableau 3
révèle par ailleurs, une
hétérogénéité forte qui ne peut
qu'être le résultat d'une structure en mosaïque du secteur
écologique que constitue le site.
Cette complexité abrite en parallèle une faune
mammalienne importante qui contribue fortement à la valeur
écologique du site. Parmi les mammifères présents,
l'Hyène rayée et la Loutre commune constituent un
élément de biodiversité remarquable. Ces deux
espèces se maintiennent cependant difficilement eu égard au
morcellement global qui affecte les milieux naturels de la région.
Notons par ailleurs, que l'entomofaune doit, de toute
évidence, refléter le caractère humide du site. On peu
donc soupçonner la présence d'une odonatofaune
particulièrement riche ; qui est connue pour compter de nombreuses
espèces patrimoniales tels que les populations d'odonates d'origine
africotropicale qui constituent une faune relictuelle comme Acisoma
panorpoides ascalaphoides, Diplacodes lefebvrii, Trithemis
annulata, Hydrocyrius columbae, Anisops sardea et Mesovelia
vittigera (Samraoui et al.1993). ( Kheouf Sofiane., Attar wadii .2009).
> LES FACTEURS D'ALTERATION
L'Aulnaie de Ain Khiar est un type d'habitat
étroitement dépendant de facteurs sensibles comme l'eau. Cet
élément fait malheureusement l'objet d'une exploitation et d'une
détérioration permanente par l'homme. Notamment par
l'implantation d'exploitations agricoles consommatrices d'eau à
proximité immédiate, mais également par le
déversement direct d'eaux usées par les zones urbaines
limitrophes (AOUADI H. 1989).
Ce milieu est donc soumis à des facteurs
d'altération multiples, due à l'action anthropique
généralisée comme les défrichements sur la
périphérie du site, le pompage continu et incontrôlé
de l'eau, le surpâturage intense, les incendies, les coupes de bois
illicites.
> AGRICULTURE
L'évolution des activités agricoles sur la zone
périphérique de l'aulnaie est à l'origine de plusieurs
menaces. Elle représente d'abord une pression foncière qui
empêche les possibilités d'expansions de l'aulnaie et qui
réduit peu à peu sa superficie.
Ces activités ont un impact sur la quantité et
la qualité de l'eau disponible pour l'aulnaie qui est, de ce fait,
directement concurrencée pour cette ressource ; surtout durant la
période estivale où elle devient un facteur limitant,
indispensable pour la croissance des végétaux. L'agriculture
représente aussi une source de pollution trophique (eutrophisation) par
transfert des intrants non utilisés vers le site de l'aulnaie, par
lessivage, lors des orages violents. Elle peut être à l'origine
d'une certaine mortalité de la faune invertébrée par
l'action de fongicides et insecticides utilisés en masse durant la
saison chaude.
La présence permanente des agriculteurs représente
également une source de dérangement qui peut empêcher la
fréquentation du site par la grande faune mammalienne.
> ELEVAGE
Le pastoralisme est le système traditionnel de conduite
des élevages. Cette méthode profite des ressources naturelles en
fourrage pour assurer la croissance et la multiplication du bétail. Son
action peut être véritablement catastrophique sur le
développement et l'expansion de l'aulnaie. Elle n'est limitée que
par l'accessibilité du site due à l'inondation. En cas
d'assèchement, même temporaire, le bétail peut en profite
pour pâturer le maximum de production primaire.
> POLLUTION
Les eaux de l'aulnaie d'Ain Khiar souffrent
d'une contamination provoquée par les activités
humaines. En effet, cette zone est affectée par une pollution
provoquée essentiellement par le déversement des eaux
usées. Cette contamination dégrade la qualité de l'eau de
surface et augmente le risque de contamination de la nappe phréatique
par infiltration de ces polluants. Sa concentration en
nutriments (nitrates, nitrites, phosphates...) est un facteur d'eutrophisation
du milieu avec toute ses conséquences sur la détérioration
de la qualité de l'eau. Ainsi, les risques de mortalité
d'invertébrés et de vertébrés auxiliaires et la
prolifération d'espèces opportunistes vulnérantes ou
nuisibles, ne seront plus négligeables. Ils révèleront une
détérioration irréversible du milieu.
V. MESURE DE GESTION ET DE CONSERVATION
V-1. CONSERVATION DU SITE ET DES ESPECES VEGETALES
D'INTERET MAJEUR
La conservation des espèces patrimoniales passe par
une action urgente qui garantisse la pérennité de leur habitat et
la permanence des facteurs qui régissent son fonctionnement. Cette
démarche nécessite :
- La fixation définitive des limites foncières de
l'aulnaie qui bloque toutes expansions des terres agricoles
périphériques.
- La mise en place d'un dispositif de veille et d'intervention
rapide contre les incendies de forêts.
- Une réglementation sévère du
pâturage, et des travaux sylvicoles.
A ce titre, la création de parcelles mises en
défend permet d'évaluer précisément l'impact de ces
menaces sur l'aulnaie qui reste jusqu'à présent méconnues.
Cette procédure favorise automatiquement l'amélioration de la
régénération naturelle des différentes formations
végétales
V-2. GESTION DE L'EAU
À court terme, il faudra entreprendre des
démarches en vue de sensibiliser les agriculteurs riverains sur les
conséquences d'une mauvaise gestion de l'eau du site. La pollution des
eaux peut être également due à l'utilisation des engrais
chimiques. Nous ne disposons d'aucunes données sur les quantités
utilisées par les agriculteurs, ni sur la fraction lessivée qui
rejoint la nappe. Cependant, il ne sera pas inutile de s'attacher la
collaboration des cultivateurs pour appliquer certains principes de
précaution.
- Les intrants chimiques doivent être épandus
à des phases précises de la croissance des plants, et qui
seraient précisées par des ingénieurs agronomes. Outre une
utilisation optimale par la plante, on limitera au minimum la fraction
lessivée dans la nappe.
- Les amendements ne doivent pas être effectués les
jours pluvieux pour éviter leur lessivage dans la nappe. Ce qui
réduirait en même temps les pertes financières dues
à ce phénomène.
- On préfèrera une fumure organique, utile pour les
plantes et les sols, qu'un amendement chimique.
La gestion du volume d'eau est essentiellement liée aux
prélèvements pour l'irrigation. Là encore nous ne
disposons que de peu d'éléments pour mesurer l'impact de cette
pratique sur les volumes disponibles. D'une manière
générale les prélèvements sont effectués
pour une irrigation saisonnière de cultures de plein air. Ils assurent
la croissance des plantes durant la saison vernale et estivale : soit de mai
à fin juillet. Les volumes prélevés sont variables. Ils
dépendent de la surface cultivée et de la spéculation
concernée. Arachides et petits pois sont moins exigeants en eau que
pastèques et melons. On peut redouter une baisse importante du niveau de
l'eau en cas de sécheresse prolongée.
Dans ces conditions, ces quelques principes d'irrigation peuvent
être préconisés aux cultivateurs :
- L'irrigation doit être effectuée exclusivement en
début de soirée. Soit une heure après le coucher du
soleil, pour limiter les déperditions par évaporation.
- on évitera les systèmes gaspilleurs tels que
les « sprinklers ». Notamment pour les cultures alignées
(haricots, pastèques, arachides...). Ce système favorise de plus
la croissance des adventices et provoque des baisses de rendement. On lui
préfèrera une irrigation gravitaire judicieusement
contrôlée ou mieux une irrigation au goutte-à-goutte. Cette
opération peut être financée par les agriculteurs avec une
aide du ministère de tutelle.
- Les motopompes doivent être installées sur des
plates-formes discrètes éloignées (10 m au moins) des
rives des étangs. Ceci aura pour but de limiter voir de supprimer la
pollution de l'eau par le fuel et les huiles.
- il faudra limiter les prélèvements au strict
nécessaire pour éviter tout dérangement par le bruit.
Il est essentiel d'élaborer des programmes d'action et
de s'attacher la collaboration active de tous les agriculteurs. Ces programmes
comportent les mesures de bonnes pratiques agricoles visant à limiter
l'épandage d'engrais minéraux.
Concernant les eaux usées, les municipalités
concernées devront veiller à s'assurer du respect des normes
d'assainissement des eaux usées à l'intérieur des limites
de leur agglomération. Cela nécessite la création d'une
station de collecte et d'épuration des eaux au niveau de la zone
périphérique du site.
L'expansion urbaine devra être sévèrement
contrôlée et préférentiellement orientée vers
l'est de l'agglomération plutôt que vers le sud ou l'ouest.
Conclusion
L'étude de la flore et de la faune de l'aulnaie d'Ain
Khiar nous a confirmé que ce milieu se singularise par une valeur
patrimoniale importante. Sa localisation en plaine, à la jonction de
plusieurs grands massifs forestiers : Bougous au sud, Feggaïa au nord ; en
fait un milieu de transit très favorable pour de nombreuses
espèces d'oiseaux et de mammifères. Les conditions de fraicheur
qui règnent durant la saison estivale jouent un puissant rôle
attracteur pour toute une faune qui y trouve le moyen de se soustraire aux
fortes températures. Le classement international de ce site s'en trouve
donc largement justifié, même s'il ne bénéficie pas
d'une protection légale nationale. Il lui confère une
notoriété qui peut être utile pour appuyer des actions de
sensibilisation.
L'existence de ce site est largement déterminée
par l'eau. Ce facteur fait également l'objet d'une convoitise
grandissante par l'homme pour assurer ses besoins vitaux (irrigation, eau
potable...). L'aulnaie se retrouve donc dans une situation de concurrence
directe avec l'homme, pour cet élément.
Par ailleurs, cet écosystème à une
productivité primaire importante. En plus de la diversité et du
caractère patrimonial des espèces en présence, cette
productivité est à l'origine d'une concentration animale
supérieure à la moyenne. Cette production primaire constitue une
ressource qui n'est pas à la seule disposition de la faune sauvage. Elle
fait l'objet d'une exploitation intensive directe par les animaux domestiques
(bovins, ovins, caprins).
Enfin, la proximité de l'habitat humain confère
à cet écosystème sensible la fonction de réceptacle
de résidus de toute sorte. Eaux usées, ordures
ménagères...
On l'a vu le classement international de ce site n'est pas
suffisant pour le soustraire aux multiples agressions dont il est l'objet. Sa
valeur patrimoniale, largement établie n'a plus besoin de renseignements
supplémentaires pour l'étayer. Il faut désormais passer
aux actes en établissant un plan détaillé et précis
de conservation. Ce plan de conservation doit être accompagné
d'une maîtrise des paramètres qui agissent sur le fonctionnement
du milieu. Ces paramètres sont de nature anthropique (exploitation de
l'eau, de l'espace, pollution, incendies...) et participent du fonctionnement
naturel des écosystèmes (facteurs biotiques et abiotiques).
La maîtrise de ces paramètres implique la mise en
place d'un véritable plan pour gérer l'ensemble des enjeux
(économiques, sociaux, écologiques et patrimoniaux).
Mais les enjeux écologiques seront
irrémédiablement sacrifiés sur l'autel de l'urgence
économique, face à la précarité d'une existence
où les besoins vitaux de bases (nourriture, soins, éducation...)
seront difficilement satisfaits.
Il sera donc impératif d'accompagner les mesures de
conservation ; de mesure de gestion à même d'assurer une
exploitation raisonnée et durable par les riverains dont on doit
impérativement s'attacher la contribution volontaire.
Cette contribution doit concerner tous les aspects liés
au fonctionnement et à la structure de l'aulnaie. Agriculture,
élevage, urbanisme, pollution, niveau des eaux, faune, flore, doivent
constituer en permanence un pôle de sensibilisation, de dialogue, de
négociation, pour dégager la meilleure conduite à tenir
afin de garantir la pérennité de l'ensemble de
l'écosystème.
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ANNEXES
Diversité des milieux dans
l'aulnaie
Situation générale et
répartition des principales unités paysagères de l'aulnaie
de Ain Khiar
-6.
Fond cartographique 1/25000 feuille BOUTELDJA
5
L'eau est omniprésente dans l'aulnaie
et sa périphérie
Peuplement d'oiseaux de l'aulnaie de Ain Khiar
Espèces
|
Abondance
|
Espèces
|
Abondance
|
1. Aigle botté
|
**
|
28. Héron pourpré
|
***
|
2. Aigrette garzette
|
***
|
29. Héron crabier
|
***
|
3. Bouscarle de Cetti
|
****
|
30. Héron garde-boeufs
|
****
|
4. Bulbul gris
|
***
|
31. Hibou petit-duc
|
**
|
5. Buse féroce
|
**
|
32. Hypolaïs pâle
|
**
|
6. Canard colvert
|
***
|
33. Loriot d'Europe
|
***
|
7. Canard souchet
|
***
|
34. Martin pêcheur
|
**
|
8. Chouette hulotte
|
**
|
35. Merle noir
|
***
|
9. Chouette chevêche
|
**
|
36. Mésange bleue
|
****
|
10. Chouette effraie
|
**
|
37. Mésange charbonnière
|
***
|
11. Cisticole des joncs
|
***
|
38. Milan noir
|
**
|
12. Circaète Jean-Le-Blanc
|
**
|
39. Pic de Levaillant
|
***
|
13. Coucou gris
|
***
|
40. Pic épeiche
|
***
|
14. Epervier d'Europe
|
**
|
41. Pic épeichette
|
**
|
15. Etourneau unicolore
|
***
|
42. Pigeon ramier
|
***
|
16. Fauvette à tête noire
|
***
|
43. Pinson des arbres
|
****
|
17. Fauvette grisette
|
**
|
44. Pouillot de Bonelli
|
****
|
18. Fauvette mélanocéphale
|
**
|
45. Pouillot véloce
|
***
|
19. Fauvette passerinette
|
**
|
46. Poule d'eau
|
***
|
20. Fuligule nyroca
|
**
|
47. Roitelet triple-bandeau
|
***
|
21. Gobe-mouches gris
|
***
|
48. Rossignol philomèle
|
***
|
22. Grimpereau brachydactyle
|
****
|
49. Rouge-gorge
|
****
|
23. Gros bec
|
***
|
50. Serin cini
|
***
|
24. Guêpier d'Europe
|
***
|
51. Tourterelle des bois
|
***
|
25. Héron blongios
|
**
|
52. Tourterelle turque
|
***
|
26. Héron bihoreau
|
**
|
53. Troglodyte mignon
|
****
|
27. Héron cendré
|
**
|
54. Verdier
|
***
|
|