Dette publique et épargne des menages en Republique Democratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Joachim MORISHO Ntaganda Université Catholique de Bukavu - Licence en sciences de gestion 2008 |
CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATUREL'objet de ce chapitre est de présenter la revue de la littérature sur le lien entre la dette publique et l'épargne des ménages. Nous distinguons la revue de la littérature théorique d'une part et la revue de la littérature empirique d'autre part. Section 1. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUELe débat sur la relation entre l'endettement public et l'épargne des ménages divise depuis longtemps les économistes. Cette section replace cette problématique dans sa dimension théorique en exposant les différentes approches notamment : l'approche keynésienne, l'approche néo-ricardienne et l'approche classique I.1.1. Approche KeynésienneCette approche considère que la politique du gouvernement lié à l'endettement public a une influence importante sur l'économie dans une optique du court terme (Mankiw, 2003). Dans le court terme, le recours à l'endettement stimule la demande agrégée et la croissance économique par les effets multiplicateurs et accélérateurs. Dès lors, le budget public devient, pour l'économie nationale, un stabilisateur qui permet d'intervenir sur la demande effective. Si cette dernière est insuffisante pour assurer le plein emploi et que l'on se trouve en récession, l'Etat devra la relever en augmentant ses dépenses et/ou en prélevant moins d'impôts. Le déficit qui en résulte pourra être financé par le recours à l'emprunt qui devient alors un moyen qui mène à l'équilibre macroéconomique (Semedo, 2002). Au total, la logique keynésienne de la dette publique est basée sur l'hypothèse selon laquelle, lorsque l'Etat réduit les impôts et encourt un déficit budgétaire, les consommateurs réagissent à l'augmentation de leurs revenus en dépensant davantage. Dans cette approche les ménages n'envisagent pas forcément d'épargner. Cette logique qui fonde l'analyse de la politique budgétaire sur des phénomènes de courte période, est du reste controversée par d'autres auteurs, les néo ricardiens notamment. I.1.2. Approche néo-ricardienneL'approche néo-ricardienne est fondée sur le principe de l'équivalence ricardienne2(*). En effet, le principe d'équivalence ricardienne considère que les consommateurs sont tournés vers l'avenir et fondent leurs dépenses, non seulement sur leurs revenus courants, mais aussi sur leurs revenus futurs, attendus. Ainsi, l'impôt et l'emprunt qui procèdent d'une vision inter-temporelle du financement budgétaire impliquent que toute réduction des impôts incite les ménages non à consommer davantage mais à augmenter leur niveau d'épargne en prévision du remboursement de la dette subséquente. L'implication de l'équivalence ricardienne est qu'une réduction fiscale, ou alternativement une augmentation des dépenses publiques, financée par l'emprunt laisse inchangée la consommation des ménages. Ceux-ci épargnent une part accrue de leur revenu disponible pour payer l'impôt qui leur sera demandé demain. Cet accroissement de l'épargne privée compense exactement la réduction de l'épargne publique si bien que l'épargne nationale reste inchangée. La réduction fiscale ou la hausse des dépenses publiques n'ont donc aucun effet sur l'économie. Par ailleurs, la logique de l'équivalence ricardienne ne signifie pas que toutes les modifications des politiques budgétaires sont non pertinentes. Les modifications des politiques budgétaires influencent l'épargne du consommateur si elles ont un impact sur les dépenses actuelles et futures (Mankiw, 2003). Cependant, pour certains auteurs contemporains, le débat sur la dette publique est essentiellement un débat sur le comportement du consommateur. Ainsi, le principe d'équivalence ricardienne est une application de l'hypothèse du revenu permanent et du cycle de vie3(*) (Lubula, 2004). * 2 Barro approfondie en effet le principe d'équivalence ricardienne énoncé initialement par Ricardo. Il émet l'hypothèse d'anticipation rationnelle « altruiste ». En effet, les ménages bénéficiant d'un allégèment fiscal se voudront prévoyants : plutôt que de consommer plus, ils épargneront ce nouveau revenu disponible de manière à pouvoir faire face, le moment venu, au nouvel impôt sans avoir à réduire leur consommation. * 3 Hypothèse du revenu permanent : Selon Friedman, la consommation devrait dépendre essentiellement du revenu permanent dans la mesure où les consommateurs ont recours à l'épargne et à l'emprunt pour lisser la consommation en réaction à des variations temporaires de leurs revenus. Les ménages ne doivent pas consommer en fonction du revenu transitoire qui est éphémère mais en fonction du revenu permanent. L'approche ricardienne veut que la partie transitoire du revenu soit épargnée. Hypothèse du cycle de vie : Pour Modigliani, la plupart de gens cessent de travailler vers un certain âge, et ils s'attendent à voir leurs revenus diminuer à cette époque. Pour préserver leur niveau de consommation, les agents économiques prévoyants doivent épargner. C'est dans cette logique que s'inscrit l'approche ricardienne étant donné qu'elle cherche à maintenir le niveau de consommation des ménages dans l'avenir. |
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