CONCLUSION GENERALE
La présente étude consiste en l'analyse de la
relation entre la dette publique et l'épargne des ménages en
République Démocratique du Congo. A cet effet, deux
modèles à correction d'erreurs ont été
estimés et un test de causalité au sens de Granger ainsi que
l'examen des coefficients de corrélation ont été
effectués sur base des données de la Banque Mondiale ayant une
fréquence annuelle et couvrant la période 1970 - 2002.
Après avoir présenté la revue de la
littérature et la méthodologie, l'étude fournit et analyse
les résultats des modèles à corrections d'erreurs, d'une
part, et les résultats du test de causalité, d'autre part. Il
ressort de cette étude que le déficit budgétaire a une
influence négative sur l'épargne des ménages pendant toute
la période étudiée. La thèse de Barro sur le
principe d'équivalence ricardienne est ainsi rejetée. Dès
lors, il y a lieu de croire que le recours fréquent à l'emprunt
pour financer les déficits publics freine l'épargne en RDC.
L'épargne, étant perçue comme un
processus d'accumulation du capital, elle constitue un des canaux de
transmission de la croissance économique dans le pays. Ceci conduit
à soutenir la conclusion selon laquelle l'endettement public n'a pas
favorisé l'accroissement de l'épargne dans le pays.
En outre, les résultats du test de causalité
révèlent l'existence d'une relation de causalité
unidirectionnelle allant de déficit budgétaire à
l'épargne avec un coefficient de corrélation négatif. Ce
qui signifie que l'accroissement des dépenses publiques freine la
constitution du stock de l'épargne en RDC. En conséquence, la
politique d'endettement menée par le gouvernement congolais pour
financer le déficit a eu pour effet de freiner la constitution de
l'épargne. On peut dès lors conclure à l'échec du
gouvernement d'acquérir des capitaux internes pour financer les
dépenses d'investissement afin de stimuler la croissance. La politique
d'épargne a donc été inefficace pendant toute la
période étudiée.
Cette inefficacité est vraisemblablement le fait de la
mauvaise orientation de la politique budgétaire avec comme
conséquence la gestion sous optimale des finances publiques conduisant
à la chronicité des déficits publics et à un
accroissement de la dette extérieure.
A cet effet, on constate non seulement que le déficit
public financé par la dette freine l'épargne étant
donné que la grande partie des dépenses publiques est
orientée vers les projets d'investissement improductifs dont l'incidence
économique est diffus ou quasiment nul. Par la suite les dépenses
courantes sont mal reparties entre les différentes fonctions et
institutions politique et administratives de la république, ce qui
favorise le développement de certains secteurs au détriment des
autres et par conséquent, bloque la constitution des capitaux internes
dans l'ensemble de l'économie nationale. Dès lors, le stock de la
dette extérieure et les déficits budgétaires influence
négativement l'épargne en République Démocratique
du Congo.
Les résultats obtenus révèlent qu'il y a
nécessité de réorienter la politique d'endettement en RDC.
Ainsi, les actions à mener par le gouvernement pour accroître
l'épargne peuvent prendre plusieurs sens, notamment :
- Améliorer les conditions salariales des agents de
l'administration publique en répartissant équitablement les
dépenses publiques pour que toutes les classes sociales puissent
améliorer leur niveau de vie et de ce fait auront la possibilité
d'épargner. L'épargne constituée est un canal
indispensable de transmission de la croissance économique du pays.
- Orienter les fonds empruntés vers les investissements
productifs,
- Accroître l'outil de production pour soutenir la
croissance,
- Orienter les dépenses publiques vers les
dépenses pro-pauvres pour permettre à ces derniers de constituer
leur épargne.
- Garantir la crédibilité des institutions
financières nationales
- Revoir à la hausse le niveau du taux
d'intérêt pour encourager l'épargne privée.
Ces propositions sont loin de constituer une panacée
pour le problème d'endettement en RDC du fait de la complexité de
la question et de ses implications sociopolitiques. Toutefois, leur mise en
application et l'adoption des mesures de suivi réalistes permettront
d'assainir le cadre macroéconomique congolais et d'améliorer ipso
facto le bien être des ménages congolais.
Nous ne prétendons pas avoir épuisé le
débat sur la relation entre l'endettement public et l'épargne.
Néanmoins, nous espérons que ce travail bien qu'apportant une
contribution à la compréhension de l'économie congolaise
pourrait être amélioré. Une étude similaire portant
sur la prise en compte de l'ensemble de variables de la dette sur
l'épargne nationale serait une piste d'amélioration des
résultats de cette étude.
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