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Portrait d'une architecture question du mode d'habiter la ville ouest-africaine : Nouakchott, de la ville planifiée à  la ville spontanée...

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par queva
 - architecture  2011
  

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Question d u mode d ` h a b ite r la vill e 0 u est-Africaine :
Nouakchott, d e la vill e pl a n ifi ée a la ville
spontanée...

Question d u mode d`habiter la ville 0uest-Africaine :
Nouakchott, d e la vill e pl a n ifi ée a la ville
spontanée...

UCL. Saint Luc Tournai
20 1 0-2011
Qu eva Jean-Pierre

J e ti e ns a re m e rci e r

Monsieur Joseph Drése, mon promoteur, pour l`intérêt dont il a fait preuve et l`aide qu`il m`a apportée dans la réalisation de ce travail ;

M a fa m ille , pour le u r souti e n permanent ;

Le cabinet d`architecture qui m`a accueilli durant mon stage en Afrique ;

Les familles qui m`ont accueilli sur place, me faisant vivre pour un temps au rythme du pays.

Table des matières

Introduction p . 6

En quelques mots...

Partie 1 : Le pays... Mauritanie p.9

1.1. Situation géographique de la Mauritanie.

1 . 2 . U n passé ouest-africain.

1.4. Synthèse sur le pays.

Partie 2 : La ville... Nouakchott p.23

2 . 1 . P h é nom è ne d ` u rba n isatio n .

2.2. Alors pourquoi un telle attrait pour la ville 2 . 3 . Politi q u es u rba i n es s u r l` h a bitat non réglementaire.

2.4. Nouakchott capitale de la Mauritanie 2 . 5 . Synthèse s u r la vill e .

3 . 1 . U n e population, u n habitat...

3.2. Nouvelle formes d`habitats urbains

3 . 3 . Etude de terrain : le programme twize 3 . 4 . Synthese s u r le programme twize.

Conclusion p . 1 40

B i bl iog raphie, Site internet p . 1 44

Introduction.

L` habitat spontane...

Ce sujet me parait porteur sachant qu`aujourd`hui un tiers de la population urbaine du monde habite dans un bidonville. De nombreuses organisations d`aide internationales et 0NG ont developpe des programmes pour ameliorer les conditions des habitants de ces zones d`habitat precaire, se tournant vers de nombreux secteurs comme l`economie, la sante, les infrastructures... mais touchent rarement la question de l`habitat.

Pou rtant l`accès a un logement convenable me parait un besoin fondamental pour assurer la dignite de chaque Homme. Il ne s`agit pas seulement d`un abri pour assurer une protection climatique, mais d`un veritable lieu de vie qui garantit la tranquillite et l`amelioration des conditions de vie d`un foyer.

Les villes africaines sont des regroupements de cultures et de traditions d`ethnies différentes, vivant ensemble et pronant la solidarité, le soutien, la tolerance et bien d`autres valeurs au service de leur communauté.

Le role d`un architecte est d`abord de détecter ces potentialités sociales, urbaines, economiques et techniques, ainsi que les besoins et modes de vie sur lesquels guider les habitants dans l`amélioration de leur habitat et proposer des solutions pour le développement de leur quartier.

Si le problème des bidonvilles se pose dans tous les pays du
sud, je me suis intéressé plus particulièrement a l`Afrique,
l`image de l`Afrique pergue en Europe reste celle d`un

continent o arriere D ou encore qualifiait de o sous-

developpe D.

Alors que comme dans le monde entier, les villes africaines grandissent a vue d`ceil, bouleversant complètement les modes de vie traditionnels.

D`autre part ce continent a ete egalement profondement bouscule par l`emprise coloniale, qui s`est etendue sur de nombreux pays d`Afrique, entrainant la confrontation de deux visions du monde completement differentes.

Les gouvernements africain post coloniaux ont cree des lotissements sur le modele occidental qui prone l`individualisme dans une societe, qui depuis toujours, a fait passer l`esprit de groupe de communaute avant le reste.

Les pays africains, suite aux sequelles laissees par ces differents bouleversements, sont en pleine recomposition sociale et spatiale.

Je prendrai la Mauritanie comme exemple pour l`etude de l`habitat, car j`y ai sejourne et je peux donc me referer a mon experience du milieu.

Le travail effectue tente d`apprehender, de la maniere la plus large possible, ce qui fait toute la specificite d`un tel mode de vie. C`est pourquoi il me semble indispensable de partir d`une grande echelle (le pays) passant par la ville pour en arriver progressivement a celle de l`habitat.

Général ités

Avant toute analyse d`habitation, quel qu`elle soit, il convient de replacer les contextes historique, culturel, religieux, politique, climatique géographique etc... dans lesquels elle évol ue .

Partie 1 : Le pays

Situation geographique de la Mauritanie.

Quelques renseig nements generaux(1):

Population : 3 129 486 hab.

Superficie : 1 030 700 km2

Capitale : Nouakchott

Langues : Arabe litteral et dialectal local : l'Hassaniyya. Le frangais est aussi trÈs utilise.

Monnaie : guiya mauritanien

Chef de l`etat : Mohamed Quld Abdel Aziz

La Mauritanie est situee entre les paralleles 15 et 27 degres de latitude nord et 5 et 17 degres de longitude ouest.

Elle possede des frontieres avec l'Algerie, le Sahara occidental, l`ocean Atlantique, le Mali et le Senegal, tracees par les colonisateurs frangais, sauf pour le fleuve Senegal qui constitue une frontiere naturelle entre la Mauritanie et le Senegal.

La majorite du territoire se trouve dans le desert du Sahara avec des plaines et des reliefs peu accidentes. Le point le plus haut se trouve au nord avec un sommet a 915 m d'altitude : le mont Kedia d'Idjil.

La moitie de la population vit toujours le l`agriculture et de l`elevage (dattes, millet, sorgho, riz, mais, bceuf, mouton), mais un nombrecroissant de nomades et de paysans ont d0

parti r vers les grandes villes afin de fuir la pauvreté. Les mines de fer constituent près de 40 % des exportations.

Cependant le pays reste très pauvre économiquement. En décembre 2001, la Mauritanie a regu, en tant que o pays pauvre fortement endetté D des aides de la part de pays donateurs. Le Fonds monétaire international (FMI) a imposé des mesures et des réformes afin de résoudre le problème de la dette.

U n passé ouest-africain.

Historique de l`urbanisation en Mauritanie.

De tous les pays du Maghreb, la Mauritanie est certainement celui dont la généralisation de l`urbanisation au cours des dernières décennies est la plus spectaculaire, avec un nombre d`urbains qui est passé de seulement 7 % en 1962 a 22 % en 1977, 40,6 % en 1988 et plus de 60 % aujourd`hui2. Moins d`un habitant sur vingt mène une vie nomade. Ce qui a eu pour conséquence, une véritable crise du nomadisme qui prédominait encore il y a moins de cinquante ans.

L`avant colonisation.

Pourtant, le pays bénéficie d`une tradition urbaine ancienne. La Mauritanie était traversée par les grands axes du commerce transsaharien.

Les villes sahariennes constituaient d`importantes cités commerciales, qui servaient de villes-étapes pour les grandes caravanes. Les anciens Ksour (cités caravanières), au nord du pays, constituaient des "'lots de sédentarité.

A u Xème siècle, le nord de la Mauritanie et le Sahara occidental sont peuplés de Berbères qui entretiennent des liens d`échange intenses avec l`empire Soninké du Ghana qui s`est étendu sur l`est et le sud-est du pays. Du Tagant jusqu`au fleuve vivent des peuples Sérères et Wolofs.

Mais a partir du XIeme siècle jusqu`au XVIIeme siècle, le peuplement de la Mauritanie allait changer radicalement de physionomie a la suite de trois grandes invasions : celle des Berberes, celle des Peulhs et celle des Arabes, tous, a l`époque, peuples nomades.

Les Ksour sont des villages de taille modeste, agencés autour de quelques éléments structurants, comme la mosquée (pouvoirs religieux), les rues, le marché et la place attenante, les commerces (pouvoir économiques), et s`il y en a, des remparts. Ils se caractérisent par une architecture de pierre congue pour se protéger contre les vents de sable fréquents. Les nomades ont toujours été dépendants de ces poles urbains.

Quatre de ces villes anciennes ont été classées au patrimoine mondial de l`humanité par l`Unesco en 1996 : Chinguetti, 0uadane (région de l`Adrar), Tichit (région du Tagant), et 0ualata (region du Hodh Echchargut).

La population de ces cités a toujours été modeste (pas plus de 5 000 habitants) car celles-ci constituaient des points d`attache temporaire et des magasins pour ces groupes de culture nomade. Ces villes avaient donc la particularité d`abriter a la fois des modes de vie nomade et sédentaire, et de proposer un équilibre entre l`élevage, l`agriculture et le commerce.

L`islamisation.

a Au terme d`une longue évolution, commencée dès le XIème siècle, les berbères et les populations noires soumises ou asservies, allaient être insensiblement assimilées ; la langue Arabe (le hassaniya ou langue des Hassan) devenant la langue commune d`une société Arabe progressivement hiérarchisée sur des bases de classes : l`origine ethnique perdra de sa signification (des tribus hassan, les Awlad Rizg , vaincues, sont ravalées au rang de zénagas - des tribus berbères se soulèvent et conquièrent le rang de guerriers hassan telles les Idowichs et le mechdoufs). »3

Au XVe siècle, l`arrivée des tribus des Hassanes venus de Haute-Egypte se fixent dans le Nord et vont influencer la structure sociale et la composition ethnique de la société mauritanienne, répandre progressivement la langue arabe, ou leur langue courante dérivée de l'arabe dite encore hassaniyya.

Au XVIlème siècle la confédération des tribus Hassan éclate en principautés rivales : Les EMIRATS.

La colonisation.

a La colonisation est un processus d'expansion démographique et de domination politique, culturelle, religieuse et économique pratiquée par certains Etats sur d'autres Etats ou peuples alors obligés d'accepter des liens plus ou moins étroits de dépendance. Il s'agit d'un processus expansionniste d'occupation, qui consiste en l`établissement

3- Contribution a l'étude de la question nationale 1979 Source : http://www.ufpweb.org/ARCHIVES/qnat/2pb.htm

d`une ou plusieurs colonies par la mise sous influence etrangere d'autres territoires. Lorsqu'il y a domination politique du territoire et assujettissement de ses habitants, on parle alors d'imporialisme de la part du centre politique de decision appele motropole.

La colonisation peut avoir pour but l'exploitation d'avantages reels ou supposes (matiere premiere, main-d'ceuvre, position strategique, espace vital, etc.) d'un territoire au profit de sa motropole ou de ses colons, et peut avoir pour but annonce le developpement de la civilisation. »4

« A partir de 1902 commencera l`occupation coloniale de la Mauritanie. Les clivages et les luttes de la vallee au XIXeme siècle se reproduiront au sein de la foodalito des differents emirats. La resistance dura plus de trente ans. »5

Le protectorat frangais s'impose aux émirats. La forte résistance du nord est combattue par les Francais qui s'établissent dans l'Adrar en 1908 puis au Hodh en 1911. Les frontieres sont fixées suite a un accord franco-espagnol.

E n 1 920 , la Mau rita n ie devient une des colonies de l'Afrique occidentale frangaise (A0F). Le gouvernement colonial établit alors de nouveaux réseaux commerciaux définis par des axes tels que la «route impérialeD entre St Louis du Sénégal et Atar, ou le fleuve Sénégal qui constitue un axe agricole.

Ceci affaiblit les axes de commerces caravaniers existant jusqu`alors, et entraine le déclin des anciens Ksour. Le commerce caravanier disparait progressivement.

Il n'y aura pratiquement pas de developpement du pays et juste une domination militaire en se servant des chefs traditionnels afin de securiser le territoire (les amanitas entre les differentes tribus seront utilisees avec profit par les Francais).

Ce sera Saint-Louis du Senegal capitale de l'A0F et du Senegal qui sera donc la capitale administrative de la Mauritanie.

a Après la seconde guerre mondiale, l`empire colonial trembla sous la poussée des mouvements de libération et l`apparition et de la montée du camp socialiste. Il dut jeter du lest : constitution Française de 1946, loi cadre de 1956, constitution de la fédération 1958). Mais il le fit toujours dans l`optique de la négation de l`identité nationale et des valeurs culturelles des colonisés. h6

U n sentiment national, limité aux frontières territoriales imposées par la colonisation, apparut davantage a partir de l`après-guerre, qui marqua un tournant dans la vie politique et administrative du monde colonial. Il CBuvra a la formation d`une elite mauritanienne coupée des masses et destinée a l`assimilation.

L`independance.

a Malgré la proclamation de l`indépendance en 1960, la Mauritanie est restée fermement dominée par l`impérialisme Francais appuyé par la bureaucratie qu`il a enfantée et sur la féodalité complice de vieille date ; classes auxquelles il a confié le pouvoir. h7

H istoriq uement la Mauritanie n`avait pas de capitale proprement dite, pendant l`epoque coloniale le pays etait gouverne depuis St. Louis du Senegal.

Durant la seconde moitie des annees 1950, apres le vote de la loi-cadre des territoires d`outre-mer en 1956, les elus et la population mauritanienne manifestent la volonte d`un transfert de l`administration sur le sol mauritanien. La France accepte cette requete d`emancipation, egalement face aux menaces exercees par le Royaume du Maroc qui tente, depuis son independance, de creer un grand territoire marocain, allant de Tanger au Senegal et a Tombouctou. C`est donc par soucis de renforcer l`attachement de la Mauritanie vers la France que la decision de deplacer le chef-lieu est prise.

Le gouvernement mauritanien cree un Etat puis une Nation moderne. Pour affirmer ce nouveau statut, le pays a besoin d`un lieu de centralisation du pouvoir, une capitale. Nouakchott est donc implantee entre 1958 et 1961 sur le littoral Atlantique, a la charniere du monde blanc des nomades et du monde noir des paysans negro-africains. C`est une ville de commandement territorial, centralisant les pouvoirs politiques, financiers, et economiques.

Des 1960 le pays connait une urbanisation croissante. 0n assiste alors au debut d`un mouvement de sedentarisation des nomades, attires par les avantages et les seductions de ce nouveau mode de vie urbain.

Mais ce sont les secheresses des annees 1970 qui ont profondement bouleverse l`economie rurale et declenche une veritable explosion urbaine.

o L`exem ple le plus marquant est sans conteste celui de Nouakchott, la capitale nationale, qui donne la (dé)mesure du phénomene : 5807 habitants en 1962, 393 325 en 1988 et plus de 600 000 sur les 2,8 millions d`habitants que compte le pays en 2005. »8

En 1975, la guerre du Sahara 0ccidental a été un facteur supplémentaire de migrations vers les villes.

a Le nomade d`hier est ainsi venu gonfler les bidonvilles de Nouakchott, les périphéries des villes secondaires ou s`établir dans ces innombrables points de sédentarisation qui s`égrainent désormais le long des voies de communication du pays, en zone sahélienne principalement. »9

Ce mouvement de sédentarisation a bouleversé profondément la société nomade et a changé les va leu rs de la société. La vie nomade est désormais pergue comme incertaine, misérable, et la vie urbaine est idéalisée.

Synthese su r le pays.

Depuis plusieurs siècle avant l`islamisation et la colonisation, des ethnies avec des modes de fonctionnement social different peuplées ce territoire. Ces ethnies ont été influencées par de nombreuse invasion comme celle des Arabes.

Mais c`est la colonisation qui va apporter l`essentiel de la structure urbaine actuelle du pays calquer sur son systeme politique et urbain, et imposer dans le fonctionnement territorial. Divisant le territoire en quartier administratif, politique etc...

Petit a petit le peuple Mauritanien va revendiquer leurs droits de controler, seuls et sur leur territoire la destinée de leur pays.

La plupart des états africains ont débutés dans des histoires floues de coups d`état et de successions de gouvernements ceuvrant la plupart du temps pour leur profit personnel au lieu de penser aux besoins de leurs peuples.

Aujourd`hui, l`Etat seul, s`est trouvé incapable de controler le développement des villes. Face au manque de logements proposés, les migrants s`installent illégalement dans des zones d`habitat spontané. Ces nouveaux quartiers, la plupart du temps dépourvus d`infrastructures et d`équipements publics, s`étalent autour des tissus urbains préexistants et voient s`installer un grand nombre de tentes et de baraques.

Partie 2 : La ville... Nouakchott

L` h istoi re des villes ouest-africaine est tres liee a l`histoire colonial du continent.

La situation urbanistique de ces villes est donc le fruit d`une longue evolution, ou deux temps forts peuvent etre distingues. Avant la colonisation europeenne : l`urbanisation etait liee aux royaumes autochtones ou a l`expansion de l`islam et du commerce arabe. Ses villes etaient ponctuelles le long des routes commerciales.

La colonisation va marquer un profond changement : mise en place de quadrillage urbain, de route, de chemin de fer, etc... pour faciliter l`exploitation du territoire. Elle installe aussi sur place un mode de vie occidental auquel les populations locales n`etaient pas preparees.

Phenomene d`urbanisation.

L`apparition des b idonvi l les

Les paysages urbains resultants des schémas de développement global, montrent des villes éclatées, polycentriques, a plusieurs vitesses, ou le formel cotoie l`informel, ou impressions d`ordre se juxtaposent avec celles d`anarchie, et ou des quartiers riches, bien équipés en services publics contrastent avec des quartiers d`habitat insalubre, sous-équipés.

Les Etats africains, comme d`autres pays du Tiers monde, se trouvent dans l`incapacite de produire suffisamment de logements pour la population urbaine.

Les logements dits osociauxD construits dans les grandes villes par l`Etat mauritanien deviennent trop chers pour accueillir les populations les plus demunies et sont detournes de leur vocation au profit des classes moyennes. Les citad i ns les plus pa uvres sont donc contraints de trouver des solutions alternatives pour satisfaire leurs besoins en matiere d`habitat. Ils s`installent sur des terrains vacants dans une totale irregularite fonciere et immobiliere, le plus souvent dans des zones peripheriques non amenagees (absence parfois totale d`equipements publics : eau potable, electricite, assainissement, voiries, etc..).

Face a ces phenomenes d`exclusion, les africains ont developpe une capacite d`adaptation et de debrouillardise pour survivre.

La morphologie des zones d`habitat precaire se caracterise la plupart du temps par une forte densite de population, mais une faible hauteur des constructions. Les habitations sont distribuees par un vaste reseau de ruelles, parfois labyrinthiques.

Les limites des villes se voient repoussees par l`occupation illegale d`espaces periurbains. 0n assiste la plupart du temps au developpement de cites tentaculaires, qui s`etendent horizontalement.

0n peut donc se poser la question de la limite effective de la ville avec toute ces problematiques comme celle de l`eloignement du centre-ville et des marches.

Alors pourquoi un telle attrait pour

la ville

gLe mirage urbain est un facteur non negligeable dans la decision de quitter la campagne. Il devient beaucoup plus docisif lorsque la vie au village reste soumise a des contraintes traditionnelles tres coercitives. Divers auteurs ont docrit, en Afrique noire, cette fuite des jeunes ruraux qui, avisos d`une autre vie par la radio ou par l`École primaire, n`acceptent plus les rites initiatiques et autres comportements obligatoires de leur milieu d`origine. hi°

Les villes ouest-africaines, et particulierement les capitales, constituent un pole d`attraction pour la population car elles deviennent le lieu de tous les espoirs pour des gens a la recherche d`une meilleure situation, qui n`ont plus rien a perdre.

C`est reellement l`image des villes comme lieux d`opportunites economiques (marche...) et sociales (ecoles, cinema...), plus que leur reelle capacite a offrir de l`emploi ou de meilleures conditions de vie, qui constitue leur principal attrait.

Pour les jeunes, les villes sont des lieux de liberté ou ils pourront entreprendre des etudes supérieures, car on ne trouve pas d`enseignement supérieur dans les milieux ruraux.

Enfin un autre aspect non negligeable dans l`attrait de la ville est du domaine de la representation: le milieu urbain

véhicule l`image idéale d`un modèle européen, ou la ville est pergue comme un lieu ou la vie est plus facile.

g La question foncière fait problème en Mauritanie. Pays majoritairement nomade il y a quarante ans, il renferme aujourd`hui une très grande concentration urbaine. »11

Pour les anciens nomades, la terre est un bien collectif qui n`appartient a personne. Lorsqu`ils s`installent dans les zones périphériques des villes, l`occupation du sol urbain se fait de la meme fagon : les populations délimitent des lopins de terre pour assurer leur propre chez soi.

E n 1983, face a des problèmes de coexistence entre des systèmes fonciers traditionnels et certains éléments de droit modernes appliqués après l`indépendance, les autorités mauritaniennes édictent une nouvelle réforme foncière.

A u fil des ans, l` Etat a tenté pl usieu rs opérations pour lutter contre le développement des zones d`habitat non réglementaire en milieu urbain, notamment dans la ville de Nouakchott.

a

Des 1974, devant l`afflux massif de populations, les autorités prennent l`initiative de distribuer gratuitement des lots de recasement (7500 entre 1974 et 1977), ne tenant aucunement compte du plan de 1970. Mais, a peine procade-t-on a la distribution des parcelles que les bénéficiaires les cadent. Leurs moyens étant insuffisants pour construire en dur, ils revendent aussiteit les terrains et s`installent quelques metres plus loin, de nouveau dans l`illégalité. »12

Le wali, hakem ou ministere des Finances (= les
commanditaires)
demandent la realisation d`un lotissement

La Direction de Betiments de l`Habitat et de l`Urbanisme
(DBHU)
realise les plans

Les plans sont remis aux commanditaires
(Ministere des Finances ou wali)
qui les d istri buent

Les beneficiaires obtiennent une lettre d`attribution
pu is u ne autorisation d `occuper

Le titre foncier est accordé au bout de 5 ans.

Les Étapes d`acces a la propriete

fonciere

Ces opérations vont s`enchaîner jusqu`en 1988, aboutissant a la création de nouveaux quartiers, mal reliés a la ville, avec peu de développement économique possible. Entraînant un phénomène de spéculation foncière et de reventes, ces opérations ont pour effet de renforcer le développement de Gazra.

E n effet, a la lumière de l`article 13, o la mise en valeur d`une terre domaniale sans concession préalable ne confère aucun droit de propriété a celui qui l`a faite. En pareil cas, l`Etat peut, soit reprendre le terrain, soit régulariser l`occupation D. Ce terme même de régularisation laisse entendre que les occupations illégales du domaine privé de l`Etat ont de fortes chances d`être un jour reconnues.

En outre, ce phénomène de gazra peut s`expliquer aussi par la culture traditionnelle nomade pratiqué quasi-exclusivement par la population maure, habituée a s`installer dans des espaces libres. Ainsi elle ne se considère pas comme fraudeuse. Dans l`imaginaire collectif nomade, la terre appartient a celui qui l`occupe et non pas a l`Etat comme cela est écrit dans les textes.

Structure et gestion urbaine.

Dans les années 1990, l`ouverture démocratique de la Mauritanie a déclenché l`arrivée de l`aide internationale. La Banque Mondiale devient le principal bailleur de fonds du pays, et impulse une Stratégie Nationale de Lutte Contre la Pauvreté (SNLCP) s`étalant jusqu`en 2015.

a Si auparavant les quartiers spontanés étaient brutalement éradiqués, les autorités changent d`attitude. A l`instar de ses voisins, l`Etat mauritanien réhabilite plus qu`il ne détruit, et ce, a la demande de la Banque Mondiale. Le recasement de la kébbé d`El Mina s`inscrit justement dans cette lignée et pase lourd : 2 milliards d`ouguiyas sont en jeu (soit plus de 520 000 euros). »13

Ainsi, sous la pression EFT institutions internationales, les actions de l'Etat mauritanien par rapport aux zones d'habitat informel ont di) prendre une autre forme. La priorité est désormais donnée a la rehabilitation et au maintien EFT populations sur leur site d'occupation. Les objectifs de la restructuration EFT quartiers précaires sont définis en termes de lutte contre la pauvreté par le PDU.

Pour initier cette nouvelle orientation politique, l'Etat, soutenu par la Banque Mondiale, entame un projet pilote de remembrement de la Kebbe d'El .JOB qui constitue l'une EFT derrieres poches d'habitat et d'occupation informels de la ville de Nouakchott.

Au-dela d'une amelioration EFT conditions de vie et d'habitat EFT populations residentes sur le site de la Kebbe, l'objectif

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Source : Annales de géographie n° 647 (1/2006) p.72-73

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a Une véritable politique de réaménagement devient

incontournable. Pour la Banque Mondiale, la kébbé d`El Mina

Source : AMEXTIPE, URBAPLAN, «Elaboration d'une strategie et d'un programme [.
·.]»

incarnera l`exemple d`intégration d`un quartier pauvre dans le tissu urbain. Les fonds débloqués sont alors conséquents. h14

Cette opé ration de restructu ration vise a rég u lariser

- Dans un 1er temps par la viabilisation de l`ensemble du site de la Kebbé d`El Mina. Le quartier a été fourni en infrastructures de base et en équipements publics

- Dans la deuxième étape, il s`agit de réorganiser le parcellaire pour permettre l`accession a la propriété pour les ménages habitant la Kebbé, puis de les aider a mettre en valeur leur parcelle en construisant leur logement.

a La construction de ces modules (chambre, latrines et clotures) est placée sous la tutelle du Commissariat des Droits de l`Homme a la Lutte Contre la Pauvreté et a l`Insertion (CDHLCPI), laquelle sous-traite a une 0NG : le GRET. Cette 0NG a la maitrise d`ceuvre du projet et a élaboré un Programme Twize h.15

Ce programme que j`analyserai dans un chapitre précédent a choisi de s`appuyer sur des structures traditionnelles. La twize s`appuie sur l`ancien système de solidarité mauritanienne.

14 et 15- Annales de géographie n° 647 (1/2006) p.73 / A.Choplin

Nouakchott capitale de la

Mauritanie

Premiers pas maladroit...

a Par sa position geographique de trait d`union entre le Maghreb et l`"frique noire, la Mauritanie constitue un bon exemple de a ville du Sud ». Influencee tant par le Monde arabe que l`"frique subsaharienne, le cas de Nouakchott rend compte des difficultÉs lioes a la question fonciere. »16

L`un des objectifs de la creation de la nouvelle capitale etait de creer une unite entre les differentes populations du pays et, selon le futur president Moktar 0/ Daddah, de forger une patrie mauritanienne.

La future capitale devait etre ml`indispensable expression de l`affirmation et de l`uniteD 17 de ce jeune Etat, etre un trait d`union entre la partie maure au nord et la partie noire au sud, une jonction entre le Maghreb et le Sahel, entre les zones minieres et la zone agropastorale de la vallee.

Son emplacement devait etre le plus representatif des differentes composantes ethniques (Maures, Poulaars, Soninke et Wolof) du pays,

Dans les annees 1950, Nouakchott n`etait qu`un modeste Ksar, situe sur la route qui relie le Maghreb a Dakar. Cet ensemble de constructions n`avait pas d`ancienne Medina ni de monuments historiques, en bref il n`avait pas de passe.

Des que, la decision d`eriger la future capitale fut prise, en
1957, les autorites s`engagent dans des etudes afin de

mieux définir les exigences et l`emplacement du nouveau quartier administratif.

Dans l`esprit des autorités coloniales la construction de la ca pitale devait répondre a deux aspects : rapidité et économie.

Le cahier des charges ne prévoit que quelques batiments administratifs, un centre commercial, des habitations pour les fonctionnaires, des écoles et un centre sportif,... Un kilometre carré suffit a tout installer et a accueillir les populations prévues.

L`em placement du futur quartier est choisi sur le plateau dunaire situé a l`ouest du Ksar. Ainsi le nouveau quartier est prévu a une distance d`environ deux kilometres de l`ancien noyau, l`emplacement d`une mosquée entre le deux quartiers indique la direction dans laquelle les concepteurs imaginaient l`éventuelle extension de la ville.

Les projets réalisés reprennent tous les anciennes habitudes coloniales en matière de planification urbaine, lesquelles voulaient que les habitations soient toujours a l`écart des installations militaires et administratives.

Tous les plans prévoient une grande voie est-ouest qui, en reliant le Ksar a la nouvelle ville, sépare le quartier «indigene» (Médina), au sud, de la capitale coloniale, au nord. Perpendiculairement a cette voie, se développe un axe majeur, délimité au nord par la Présidence, or) l`on trouve tous les ministeres et les infrastructures sociales (écoles, stade , u n iversité , . ..) .

A l`ouest se trouve le quartier residentiel, lequel est delimits au nord par des grands lotissements prevus pour les ambassades et les consulats. Cette planification bloquera toute extension possible du tissu urbain dans cette direction. L`em place ment de la Medina, dans la limite inferieure du plateau, revient egalement a lui empecher toute possibilite d`extension et donc a confirmer l`idee que Nouakchott sera une simple ville administrative, sans accroissement demographique. Le plan retenu est celui du cabinet Leconte qui s`inscrit dans la logique des premiers projets.

a Si Nouakchott n`est pas attractive dans un premier temps, un renversement de situation s`opere des la fin des années 1960. Une période de sécheresse aigud frappe la région. Les troupeaux sont décimés ; les nomades, sans ressource, gagnent massivement la capitale. Tous les plans d`urbanisme sont mis a mal : alors que l`on tablait sur 8 000 habitants pour 1970, la ville en compte déjà 70 000. La ville ne cesse de s`étendre ; les autorités publient de nouveaux plans d`urbanisme en 1970 puis 1982, chacun visant a réglementer puis contrejler les extensions. Ils se révèleront inutiles : l`Etat est contraint de revoir constamment les limites de sa capitale. En 1973, il reprend le plan de 1970 et donne naissance a six nouveaux arrondissements. Il veille a ne pas créer trop de disparités entre les arrondissements. En 1990, trois sont de nouveau créés ». 18

a $`est l`imprévu auquel s`ajoute l`imprévisible »19 ...puis l`improvisation. Nulle question de planifier : on pare au plus pressÉ.

Faute de trouver des logements, les anciens nomades

d ressent leurs tentes au cceur du tissu urbain. L`anarchie envahit Nouakchott-Capitale, tandis que Nouakchott-Ksar se taudifie.

C`est ainsi que les differentes phases de regularisation se succedent dans les quartiers peripheriques, les autorites continuent a distribuer des parcelles non viabilisees et repoussees de plus en plus loin du centre-ville.

Pendant une quinzaine d`annees, des parcelles sont distribuees, operations visant a freiner, voire supprimer l`occupation illegale des terrains, par l`ouverture repetitive de nouvelles zones a batir.

Cependant, les resultats de cette politique sont loin d`être ceux escomptes : les attributaires des parcelles, se retrouvant deplaces dans des zones enclavees ne beneficiant d`aucun service de base, revendent leurs lots pour retourner dans des Gazras plus pres du centre urbain.

Dans les annees 1980 la tendance au developpement tentaculaire de la ville se confirme avec le prolongement de la route de l`Espoir, vers Boutilimit, jusqu`au Mali. Maintenant l`est du pays se trouve a un jour de voiture de la capitale au lieu d`une semaine, l`attractivite de Nouakchott est donc renforcee . Ce mouvement se poursuivra dans les annees 1990 vers le sud, route de Rosso, et vers le nord, route d`Akjoujt.

E n 1990, la ville procède a un nouveau decoupage des
Moughataa, aux 6 creees en 1973 sont ajoutes trois
nouveaux arrondissements : Arafat, Dar-Naim et Riad.

L`esprit qui a guidé cette nouvelle restructuration n`a pas tenu compte des caractéristiques des quartiers, le résultat est un découpage inégal du territoire.

C`est ainsi que l`occupation précède la régularisation : les pouvoirs publics ont perdu la maîtrise du développement spatial de Nouakchott. Les autorités du pays essaient, donc d`inverser les courants migratoires pour diminuer l`attrait de la capitale, mais pourtant : aon peut même affirmer que tout est focalisé sur Nouakchott, capitale magnifiée, elle est le siege d`une concentration étonnante du pouvoir))2o.

20- I. Diagana, gCroissance urbaine et dynamique spatiale a Nouakchott»

Du laisser-faire au réengagement de l`Etat.

a Aujourd`hui, il faut compter avec la Banque Mondiale qui incite l`Etat a se réengager. Car, ne l`oublions pas, la Mauritanie n`échappe pas a l`emprise des bailleurs de fonds et autres projets d`essence exogene. Un grand Programme de Développement Urbain (PDU) est lancé. ))21

E n 1998 avec l`élaboration d`une Stratégie Nationale de
Lutte Contre la Pauvreté (SNLCP) et d`un Programme de
Développement Urbain (PDU) l`Etat Mauritanien se lance

dans une série d`initiatives visant la lutte contre la pauvreté ainsi que la gestion et la planification urbaine du pays.

a Ce PDU représente une manne miraculeuse : 60 millions de dollars sont débloqués par la Banque Mondiale, dont 54 millions sur 10 ans pour la seule ville de Nouakchott. Pour mettre en place ce PDU, un Schéma Directeur d`Aménagement Urbain (SDAU), commandé par l`Etat, est publié en décembre 2002. Ce SDAU se veut prospectif et anticipe le développement futur de la capitale : des projets de ville en 2010 et 2020 sont présentés. »21

A Nouakchott cette nouvelle orientation se manifeste a travers la création, en 2001, de l`Agence de Développement Urbain (ADU).

Dans la même année, cette agence réalise, en collaboration avec le bureau d`étude URBAPLAN, le projet de restructuration de la Kebbé d`El Mina. Il s`agit de la dernière poche de ce type d`habitat précaire et la ville souhaite trouver une solution rapide et définitive.

Ce projet bénéficie d`un apport politique manifeste. Ces motivations expliquent la part importante des investissements prévus pour la zone actuellement occupée par la Kebbé et pour la zone de recasement a créer.

21- Annales de géographie n° 647 (1/2006) p.79 / A.Choplin

E n résumé...

Aujourd`hui la ville se subdivise en 9 Moughataa et s`etend de facon tentaculaire sur des axes mesurant 30 Km (nord- sud) sur 15 Km (est-ouest). La surface de la capitale est passee d`environ 240 ha au moment de sa construction a 38 581 ha en 2005.

La surface urbanisee de Nouakchott et sa population ont fortement augmente dans les dernieres annees.

Année

Nombre d`habitants
prévus

Nombre d`habitants
reels

1 958

-

500

1 963

-

8 000

1 970

8 000

40 000

1 980

50 000

207 000

1 988

-

393 325

2000

400 000

611 883

2005

-

750 000

20 1 0

-

850 000

 

Evolution de la population de Nouakchott

Cette nouvelle capitale présente donc de nombreux problèmes22 :

- Une mauvaise urbanisation due aux deux noyaux qui se sont trop vite rejoints : difficulté de circulation, mauvais services, etc.

- Une saturation de l'espace : les quartiers pauvres, Kebbé, se multiplient

- Le risque d'ensablement

- La menace lié a l'0céan Atlantique : une partie de la ville est située en dessous du niveau de la mer ; les dunes, déjÁ fragiles, ont servi de supports a des constructions pauvres, ce qui a augmenté leur fragilité.

- L'absence totale d'eau douce, qui doit titre importée d'une source distante d'une soixantaine de kilomètres. Le grand projet Aftout Sahli devrait apporter une solution définitive a ce problème, par un aqueduc qui reliera Nouakchott au fleuve Sénégal et dont les travaux ont commencé en 2007.

-

La modification des courants marins due en majeur partie a la construction du port, entraine un déséquilibre rapide du bandeau dunaire sur la cote. Alors que paradoxalement s'intensifie l'urbanisation derrière ce cordon, dans une zone légèrement plus basse que le niveau de l'océan.

aDe toute facon, conciut Moctar Quid ei-Hacen, il n'y a pas besoin d'être sorcier pour comprendre le probleme. A Nouakchott, partout o0 i'on marche sur des coquillages, c'est Qu'Jl y avait ia mer. Si eiie est partie, eiie peut revenir.),23

Nouakchott, avec plus d`un quart de la population du pays et par la concentration des organes politiques, administratifs, religieux, economiques, de l`education et de la sante, domine et rayonne sur l`ensemble du pays.

Cependant peut-on vraiment parler de surface urbanisée ou de ville, au regard de la nature et de la structure précaire des divers quartiers en question et des terrains de recasement menaces par le retour de la mer

Regard rapid e s u r la vi l le d`aujourd`hui.

Le tissu bati se caracterise par une homogeneite au niveau du gabarit, en generale les constructions ne presentent qu`un etage (R+1), dans les quartiers residentiels on peut trouver des logements a deux etages (R+2). Les batiments en hauteur sont tres peu repandus et se concentrent pour l`essentiel dans le quartier administratif de la capitale, par leur caractere exceptionnel ils servent de points de reperes aux citadins.

Mame dans le choix des materiaux et de la mise en oeuvre on retrouve une tendance commune a tous les quartiers, a l`exception de la Kebbe, dans l`emploi du parpaing, de ciment pour la construction de tous les edifices.

Nouakchott se subdivise en ensembles hétérogènes qui renvoient, a l`échelle de la ville, soit a une fonction, soit a un contenu social ou encore aux origines de ces espaces. 0n peut ainsi distinguer cinq types principaux de quartier :

Le quartier administratif : l`un des plus anciens de la ville se trouve entre les Moughataa de Tevragh-Zeina et du Ksar. Il regroupe en son sein l`ensemble des institutions de l`Etat, cette zone est une des mieux desservies en termes d`infrastructures, d`équipements et de services. Dans cette partie de la ville la densité du tissu bati n`est pas grande et depuis sa création dans les années 1960, le quartier a peu changé.

Les quartiers résidentiels : ce sont les zones d`habitat des populations plus aisées de la société, les hauts cadres de l`administration et les expatriés. La construction dans ces zones est soumise a un cahier des charges qui fixe un montant d`investissement minimum. La densité est une des plus faibles de la capitale et des logements luxueux sont édifiés sur de vastes parcelles. Ces quartiers regroupent les parties ouest et nord-ouest de l`arrondissement de Tevragh- Zei na et la partie sud-ouest du Ksar.

Les quartiers spontanés se divisent en deux sous-ensembles qui sont : le quartier de type Kebbé et le quartier de type Gazra. Les quartiers spontanés se trouvent dans la périphérie de la capitale mais aussi a l`intérieur du tissu urbain.

Le quartier Kebbé : se caractérise par le fait que la population s`installe de facon précaire sur des terrains qu`elle trouve disponibles, sans droits et sans aucune espece d`autorisation. Elle commence par y dresser des tentes, puis, si l`occupation est tolérée, construit des habitats précaires en matéria u de récupération. La nature des matériaux de construction s`explique par l`illégalité de leur situation, laquelle empêche d`investir sur des terrains susceptibles d`être repris a tout moment. La densité du tissu bati dans ce type de quartier est tres importante et l`occupation du sol se fait de facon anarchique et sans planification.

Le quartier Gazra : se caractérise, par rapport a la Kebbé, par la mise en valeur du terrain occupé. La volonté de construire s`explique par une volonté d`acquérir un permis d`occuper, en supposant que la ville procédera a une régularisation foncière du quartier. Cette attitude des habitants dérive du changement dans la politique de l`Etat face a l`usurpation illégale du domaine public. A partir des années 1988, la ville a procédé a toute une série de

régularisations dans la Moughataa d`Arafat. La durcification des Gazra montre que le niveau de revenus économiques des populations est légèrement plus important que pour les populations habitant dans une Kebbé.

Les zones artisanales et industrielles : se situent dans la partie ouest de la capitale, vers l`aéroport, le long de la route pour le wharf et au sud de la Kebbé d`El Mina. Théoriquement, ces zones, devraient accueillir les principales activités artisanales et industrielles de la ville. La taille des parcelles est supérieure a celles des quartiers d`habitation. A part quelques usines ou entrepots, ces lotissements sont souvent mis en valeur par une cloture assurant le titre d`occuper, mais restent a ce jour des terrains faiblement exploités

General ite .

Avant d`aller plus profondement, dans l`analyse de l`habitat mauritanien, il me semble necessaire de se pencher sur le mode habite. Qui habite la Mauritanie et comment

Les frontieres de cet Etat-nation que constitue la Mauritanie ont ete dessinees de maniere artificielle, et definissent une nation qui se veut reunion de plusieurs communautes ethniques. Situe a la charniere entre le Maghreb et l`Afrique noire, au point de contact entre le Sahara et le Sahel, ce pays est un carrefour des civilisations arabe, berbere et africaine.

Horm is dans la frange sud du pays, bordant le fleuve Senegal et sur le littoral Atlantique, tout le reste du pays est un territoire saharien desertique.

La Mauritanie peut etre decoupee en cinq grandes regions, definies par l`histoire, la geographie, et l`economie :

Le Sahara au nord et nord-ouest23, constitue la partie la plus desertique du pays, c`est le domaine des grands nomades. Cette region accueille egalement les grandes zones oindustriellesD: les mines de fer, et sur le littoral, dans la ville de Nouadhibou, la peche et les industries annexes.

La vallee d u fleuve Senegal23, au sud, est une grande region d`elevage mais aussi d`agriculture grace a son humidite saisonnière. A la frontière avec le Senegal, la region est occupee majoritairement par des populations noires.

L`est mauritanien (Hod h)23 s`ouvre sur l`Afrique noire par sa frontiere avec le Mali. C`est une region d`echanges et d`elevage.

La Guelba, a l`ouest23, est une region de basse altitude, qui s`etend du rebord des plateaux greseux jusqu`à l`ocean Atlantique. C`est une region essentiellement d`agriculture et d`elevage, elle abrite aujourd`hui la capitale du pays, Nouakchott, qui devient le centre d`un espace urbain tertiaire et administratif.

Le centre du pays, surnomme Trab el-Hajra23 (pays de la pierre), est le cceur historique de la Mauritanie, c 'est ole pays des mauresD. Compose a la fois de desert de sable (erg), et de desert de pierre (reg), c`est un vaste plateau entaille de falaises et de gorges, ou la presence de sources a permis la creation d`oasis. Cette region accueille les grandes cites caravanieres developpees a partir du Moyen- a g e .

C e s differences marquees entre les regions expliquent d`une part l`inegale repartition de la population dans le pays, et d`autre part l`existence de divers modes de vie en fonction des caracteristiques geographiques et culturelles de chaque region.

0n distingue dans le pays deux grands types de communaute : les Maures, d`origine double, arabe et berbère, majoritairement nomades ; et la communaute negro-africaine, composee de plusieurs ethnies, plutôt sedentaires et vivant de l`agriculture.

Partie 3 : L`habitat, l`habitant...

u ne population, u n habitat...

o Une des caracteristiques marquantes de la Mauritanie est sa particularite sociale qui met en presence deux grands groupes de populations, arabo berbere au nord et negroafricain au sud. La specificite de chacune de ces societes n`a d`egale que leur complementarite. D24

La population mau re

0n desig ne par oMaureD la population arabisee, qu`elle soit d`origine arabe, berbere, metissee. En effet, il existe une distinction entre les Maures blancs (beidanes) et les Maures noirs (haratines), qui sont a l`origine d`anciens esclaves affranchis, culturellement arabises et d`origine negroafricaine. Cette civilisation est de religion musulmane et parle le hassaniya, un dialecte arabe ; elle se caracterise par une organisation sociale complexe et fortement hierarchisee.

Le nomadisme des maures vient d`une quÊte quasi permanente des pêturages optimaux pour leurs troupeaux ainsi que des points d`eau. Dans un environnement ou l`eau est une ressource limitee, la mobilite s`impose. Les societes d`eleveurs nomades ont su trouver des techniques d`elevage qui permettent d`exploiter des milieux divers. Elles ont developpe une capacite d`adaptation aux changements climatiques, sociaux ou même politiques, et ont pour habitude de passer temporairement d`une habitation a une

autre en fonction des contraintes avant tout écologiques et économiques. La vie d`un pasteur nomade est en réalité rythmée par une alternance de phases de nomadisme et de sédentarité. Ainsi les unités de vie de la société nomade sont le campement, mais également la ville.

L`habitat le plus adapté au mode de vie des nomades est la tente maure (khaIma), car elle se démonte, se plie et se transporte facilement.

Il arrive souvent que les familles d`éleveurs emploient deux abris en toile distincts : un plus léger pour la période des pluies (hriv), l`autre pour le reste de l`année. Les familles plus aisées, généralement propriétaires des palmeraies, peuvent également occuper un troisième type d`abri en «semi-dur{ lors de la période marquée par la permanence de vents très chauds, qui rend la vie sous la tente inconfortable.

La tente n`est donc pas le seul habitat du nomade, celui-ci peut alterner de fagon périodique entre deux, trois, voire quatre abris différents dans la même année.

L`habitat est vu comme une unité entourée par l`espace de

référence du foyer. Chez la population maure l`habitat est une unité qui peut se constituer en un ensemble d`habitats dispersés dans l`espace formant un campement.

La Khaima est l`abri de la famille nucléaire (entre 5 et 8 personnes), qui est généralement intégré a un campement ot) les diverses familles, appartenant le plus souvent a un même groupe de parenté, se rassemblent. Les facteurs qui président au regroupement de plusieurs familles maures en

Fam ille Mau re sous u ne tente blanche Source : collection S.N.I.M photo Delbert

u ne même unité résidentielle sont de divers ordres, au premier rang desquels figurent les contraintes naturelles. La tente est pensée comme l`espace de référence a partir duquel les Maures se représentent le monde, proche ou lointain, naturel ou surnaturel. Le contact visuel permanent avec le territoire et la société est une des caractéristiques fondamentales de ce type habitat et de la culture maure. La position d`une tente par rapport aux autres est définie soit par des raisons sociales d`intimité ou selon les relations entre les divers individus.

« Elle fonctionne comme une pyramide inversée au sommet de laquelle se trouve la tribu regroupant tous les individus et que Sophie Caratini définit comme un ensemble de familles unies par des intérêts économiques, juridiques et politiques autour d`un noyau de parents agnatiques issus d`un ancêtre éponyme ),25

La tente se compose d`un seul élément, le velum, qui constitue la toiture textile. La forme peut varier selon les régions du pays. Le velum, est réalisé par la femme avec l`aide des autres femmes du campement, et il se compose généralement de 7-9 bandes tissées entre elles, chaque bande mesure environ 8 metres de long, pour 80 centimetres de largeur. Le tissu est soutenu a l`aide d`un ou deux mats en bois, leur longueur est de 3.5-4 metres, et par une série des cordes et piquets. Des paravents en tissu permettent de protéger l`intérieur des éléments extérieurs.25

L`occupation de l`espace abrité par le velum est structurée par une double bipolarité : entre masculin et féminin d`une part, entre privé et public d`autre part. C`est un espace non-cloisonné avec une géographie variable des espaces selon la présence ou non de l`homme. La distinction entre les genres est très marquée, cependant elle n`est pas matérialisée par une frontière effective mais plutot par la place des individus. Dans les cas ou il existe un cloisonnement réel c`est a travers un simple tissu ou des meubles qui partagent l`espace. L`avant de cet habitat est plus important que l`arrière, car c`est dans cette première partie qu`on accueille les visiteurs.

Le mobilier se réd u it a l`essentiel, le porte - bagages qui se transforme en palanquin, pour les femmes ou les enfants, lors des déplacements, quelques nattes, des couvertures et des coussins. Cependant, les apparences comptent et le prestige et l`honneur de la famille se manifestent au travers du mobilier et de l`intérieur de la tente. Celle-ci exprime également le statut social de l`individu, elle est aussi le lieu privilégié de l`hospitalité, cependant la dimension de la KhaIma définit plus la fréquence avec laquelle les hÔtes rendent visite au foyer que son importance sociale.

Les populations Negro-Mauritaniennes

a Les populations nogro-africaines occupent la partie moridionale du sud-ouest de la Mauritanie formant un peuple continu le long de la vallÉe du fleuve du Senegal ; elles reprosentent environ le tiers de la populations du pays et elles sont composees essentiellement de sedentaires qui s`adonnent principalement a l`agriculture. »26

De la même fagon que dans le Ksar, l`habitat negro-africain se ferme face au monde exterieur et se tourne a l`interieur vers sa cour centrale, la ots.i les activites quotidiennes se deroulent dans l`intimite familiale. Cependant dans certains cas, les occupations interieures se prolongent dans la rue, pour se concentrer devant la porte d`entree. Chaque construction definit une maniere d`etablir des relations ; l`organ isation spatiale et sociale derive de la relation entre les forces males et femelles. L`amenagement de la maison repose sur trois espaces d isti ncts :

- L`entree : l`acte d`entrer, de penetration dans la maison est trÈs important dans la culture et la symbolique des populations negro-mauritaniennes, ce passage entre le seuil du dehors et du dedans est congu de fagon fluide. La notion d`entree, pour ces peuples, n`est pas la même qu`en occident ots.i elle est plutôt vue comme une barrière a franchir. La porte est toujours ouverte pendant la journee, afin d`accueillir le visiteur. La zone exterieure de l`entree est le lieu ots.i la famille se reunit pour converser et prendre le the. L`aîne de la famille occupe une piece proche de l`entree, et par des petites fenêtres il reste en relation avec cet espace exterieur de reference de la maison.

- La cour : cet espace a, dans la vision africaine, une dimension physique et psychique qui relève de la cosmologie et de la cosmogonie. Dans ce contexte culturel, la cour n`est pas au centre de la maison au sens arabo-berbère du terme, mais le centre de la vie. La cour est le lieu de la vie des femmes et leurs activités quotidiennes, un ensemble dynamique et catalyseur d`énergie.

- La cuisine : c`est un lieu aux multiples fonctions, elle est ouverte et joue le role d`élément de transition entre l`extérieur et l`intérieur. C`est l`endroit ou se rassemblent les membres de la famille étendue.

A ces trois unités de base sont agglutinées toute une série d`espaces qui répondent a des fonctions secondaires. L`architecture suggère une perception de l`habitation comme un rapport a la fois sexuel et social des forces créatrices. La division sexuelle, laquelle peut varier selon les régions ou la zone culturelle, précise la répartition des espaces et des responsabilités entre les genres, ainsi que le genre définit la forme de l`unité spatiale de base. La zone extérieure de la maison est l`espace dévolu aux activités de l`homme, alors que l`intérieur appartient au domaine des femmes. L`espace de référence extérieur appartient au male ainé de la famille, cet endroit dédié a la vie publique est dominé par l`homme qui regoit ici les visiteurs. L`intérieur d`une maison accueille la plupart des activités féminines. Les unités se multiplient selon le nombre d`épouses présentent dans le ménage étendu.

S`il existe une division spatiale entre genres, elle relève plus du symbolisme que du physique ou matériel, hommes et

femmes partageaient les mêmes unités d`habitation. La symbolique est très forte dans l`habitat négro-africain.

La création de la maison symbolise la création de l`être humain. L`échelle humaine se reflète dans l`échelle de l`habitat et vice-versa, ces deux dimensions se rassemblent dans ce qui existe a la grande échelle du cosmos. Dans certains cas le rez-de-chaussée représente la terre et le toit terrasse, le ciel, symbolisation de l`union entre Dieu et la terre, et entre l`homme et la femme. Le vestibule est la partie male et l`espace centrale est la femme.

Les constructions sont en banco avec une toiture constituée par des poutres en bois, sur lesquelles se superposent plusieurs couches végétales ou de banco. Selon l`aire géographique, le climat, le type de sol et les matériaux, des différences typologiques d`habitat sont déclinées. Cependant on distingue deux groupes principaux : les batiments en terre avec une toiture terrasse et les maisons avec un toit végétal. De forme rectangulaire ou cylindrique ces deux types d`habitat présentent plus ou moins les mêmes caractéristiques. Les fenêtres et les portes sont généralement basses, afin de permettre une meilleure ventilation et également comme protection contre les intrusions. Les ouvertures sont en général réalisées de fagon a soustraire les habitants aux regards indiscrets, tout en leur permettant de regarder a l`extérieur sans être vu. Ce n`est pas dans un souci d`assurer une vue sur le paysage que les fenêtres sont réalisées, mais plutot dans une logique de perpétuel contact avec la vie du village.

Nouvelle formes d ` ha b itats u rba i ns

Nous avons vu que les modes de vie et les types d`habitats des civilisations maures et négro-africaines différaient largement, même si l`islam a induit une certaine homogénéisation des coutumes.

Ces deux communautés ont connu, au fil des temps, des transformations importantes.

D`abord, la colonisation a été un facteur de changement pour la société négro-africaine, alors qu`elle a préservé les traditions de la société maure. En effet, la colonie de Mauritanie a fait cohabiter deux systèmes ; l`un, dans la vallée du fleuve, pronait l`assimilation avec l`institution de l`indigénat, la circonscription et l`école frangaise, tandis que l`autre, en pays maure, défendait le maintien des cultures et des structures sociales existantes. Par cette politique de l`Etat frangais, les populations négro-mauritaniennes ont été marquées par une influence occidentale qui s`est imposée a eux.

Les nouveaux citadins modifient graduellement leur vision de la omaisonD et leur fagon de l`habiter.

L` H abitat Résidentiel ou dit évolutif

.Dans cette partie je procéde a une brève analyse des deux situations types : le logement orésidentielD et le logement g évolutif D, ce dernier est surtout présent dans les zones périphériques de la ville. L`intérêt, de comparer ces cas «extrêmes» de la production de logement a Nouakchott, se trouve dans les différentes influences culturelles et également dans le caractère évolutif de l`habitat. Si dans

l` ha bitat évolutif on remarque encore des différences entre les deux communautés, ce n`est plus le cas pour les unités résidentielles. Dans ce dernier exemple on parle de décalage économique, les populations des quartiers périphériques reprochent aux populations riches d`avoir épousé le mode de vie occidental au détriment de la culture nomade

L`organisation de l`espace domestique et l`architecture sont révélatrices de la manière d`appréhender la ville des populations. L`expression architecturale de la maison permet également a l`habitant de définir son identité sociale et physique. Une recherche sur les modalités de production de la maison, montre que, en absence de références architecturales antérieures, les nouveaux citadins, n`ont pas d`idée sur le concept de maison. C`est ainsi que la quasitotalité de la construction a Nouakchott présente des éléments standard de l`architecture occidentale plus que de celle vernaculaire des villes anciennes.

D`autre part la volonté d`affirmer leur tradition nomade, a engendré la construction de maisons qui se base sur une organisation spatiale occidentale, a laquelle s`ajoutent des éléments de la culture du pays. La maison ne s`organise plus selon une division par genres, comme c`était le cas pour la KhaIma. Le plan est souvent très simple et s`exprime par une pièce centrale, le salon, autour duquel s`organise toute une série de chambres. Cependant on commence a voir la présence des certains éléments de mobilier importés de la culture occidentale. Cette influence peut se manifester par une multiplication des espaces communs d`une maison.

A cote du salon traditionnel on trouve parfois un salon meuble a l`europeenne.

Les edifices, se developpent sur un ou deux etages et ils sont dotes d`espaces exterieurs, cours ou terrasses, ou est installee la tente traditionnelle. Aujourd`hui la KhaIma, chez les citadins maures, occupe une place centrale ; place qui reflète des logiques diverses d`affirmation identitaire et de distinction sociale. Si la tente est en effet omnipresente en milieu urbain, et notamment dans la capitale, c`est d`abord parce qu`elle reste un abri adapte au climat ; mais c`est surtout parce que, pour beaucoup des citadins maures, elle est devenue l`emblème d`une culture bedouine commune revendiquee. Cet habitat est desormais un moyen de signifier son appartenance a cette identite bedouine arabe et de se differencier vis-à-vis des autres communautes. Cet objet de reference culturelle passe ainsi d`habitation a symbole du pouvoir economique et politique.

Chez les populations negro-mauritaniennes, la volonte de s`installer dans des logements regroupant plusieurs familles a fortement baisse a cause de la politique foncière de l`Etat qui ne prevoit pas des lots plus grands. 0n retrouve des cas d`habitation a cour dans le tissu de la Medina, ou cette typologie etait dejÁ prevue dans le projet Leconte. Les motivations qui poussent cette communaute a s`organiser dans un habitat elargi sont souvent financières, car le partage du loyer permet a un menage d`être proche du centre ville et donc des services de la ville. Dans le cas des familles polygames cette typologie permet de reunir les deux parties du foyer dans une seule unite d`habitat. Ces regroupements ne sont pas frequents dans la capitale. Le

règ leme nt de la DHU ne permet pas a deux ménages de partager la mtime parcelle, de plus la taille n`est pas prévue pour une telle utilisation, ils doivent donc en acheter deux. Dans les zones de recasements de la ville ce phénomène est plus répandu, a travers une stratégie qui a comme objectif l`acquisition de deux parcelles adjacentes, car ce sont les femmes qui bénéficient de l`attribution des terrains.

L` H abitat précai re

A travers une brève description de l`habitat précaire qui se construit aujourd`hui dans les quartiers de la ville de Nouakchott, j`ai essayé d`esquisser un portrait des composantes principales de l`habitat pour des populations plus démunies et vivant dans des conditions de précarité.

Les constructions d`habitat précaire dans les quartiers périphériques de Nouakchott se résument aux différents types de baraques, qui, au premier regard, ont un aspect uniforme et homogène. Cependant on peut différencier ces habitats en deux types principaux, auxquels s`ajoutent une série des constructions secondaires. Celles-ci sont souvent un complément a l`habitat principal, et répondent a des exigences de base tout en s`adressant plus particulièrement aux habitants des Kebbés.

Une série d`éléments sont communs aux deux typologies de baraques, les dimensions de la chambre varient entre 3m x 4m et 4m x 6m et les ouvertures se trouvent près du sol, afin de favoriser la ventilation naturelle de la baraque pour éviter la surchauffe. La toiture, dans la plupart des cas, est en toles (zinc) ondulées, et peut-titre couverte par des toiles ou

bAches afin de diminuer l`incidence du soleil. Les differences les plus remarquables entre ces deux typologies se trouvent dans le materiau qui constitue les parois et dans le degre de finition et d`entretien.

Le premier groupe d`habitat precaire est la baraque «standard». Ce type d`habitation est le plus courant. Il est constitue de parois en planches de bois et d`une toiture en tole. Le bois des planches provient de caisses ou de palettes employees au port, recuperees et ensuite preparees dans des ateliers de charpenterie. L`etat des planches est generalement bon. Ce modele est tres repandu dans les quartiers et la mise en oeuvre est facile et rapide ; l`emploi d`elements de base «standard» (planches en bois) pour sa construction permet une liberte dans le choix des dimensions, selon les besoins et les moyens economiques. Cette baraque «standard» est en rÈgle generale construite par des charpentiers ou des masons.

Le second type de baraque est, comme le premier type, construit avec des materiaux de recuperation, mais dans ce cas les parois sont en tole issue des barils de 200 litres qui sont deroules et, generalement, fixes sur une structure en bois. Dans certains cas les parois peuvent avoir un aspect different. Elles sont faites de divers types de toles, en plus ou moins bon etat. Cette deuxième typologie peut se decliner en plusieurs specimens. C`est au niveau de la taille mais aussi du degre de finition que l`on a remarque les plus grandes differences.

Les constructions secondaires qui complètent l`habitat sont multiples. Elles ont chacune un role spécifique et prennent des aspects différents selon le cas. Pendant notre stage nous avons observé une série d`éléments principaux:

- Le hangar est, avec le salon, un des lieux de rencontre préféré par les populations. C`est dans cet espace que les gens passent leurs journées et accueillent les étrangers. Comme dans le cas du salon, le hangar est un lieu important et symbolique dans la culture des populations. Le caractère de cet espace s`approche de celui de la tente traditionnelle, la khaIma, mais se différencie de celle-ci par sa structure et sa forme. De forme rectangulaire, environ 4m x 5m, avec toit a deux pentes, le hangar a une structure métallique fixée directement au sol ou sur un mur bas. Le sol est souvent en ciment et revêtu de nattes ou de tapis. Les cotés peuvent être fermés avec des rideaux et du grillage permettant de se protéger contre les agressions extérieures. Dans certains cas, lorsqu`ils n`ont pas de hangar, les habitants tendent un tissu ou construisent une petite tente devant la baraque pour créer une véranda

La latrine est un élément très important a la fois pour empêcher le développement des maladies dans le foyer ou dans le quartier, et aussi au niveau de la qualité de vie des habitants. Pour les populations qui vivent dans un habitat précaire la latrine et la douche, construites en dur et avec une fosse septique, représentent un luxe qu`ils ne peuvent pas se permettre. Pour faire face a ce problème, on remarque

que les habitants choisissent certaines solutions selon leurs origines, leurs moyens économiques et la composition du foyer. Celles-ci se divisent en deux catégories: soit ils font leurs besoins, ou se lavent a l`air libre, derrière une dune ou chez des voisins, soit ils construisent des latrines avec des matériaux de récupération qu`ils placent a meme le sol, dans lequel ils creusent un trou.

0n constate que selon leur genre ou leur appartenance ethnique, les habitants n`accordent pas tous la meme importance a la latrine, car certains sont moins genés que d`autres de faire leurs besoins ou leur toilette a l`air libre ou chez des voisins. L`emplacement de la latrine se fait sur le coté de la parcelle qui donne sur la route, et elle est parfois intégrée a la cloture. Elle peut aussi se trouver sur l`emprise de la rue.

La cloture répond a des besoins réels et symboliques des populations. Pendant nos enquêtes on a pu constater l`importance de la notion de propriété privée mais aussi de l`espace d`influence du foyer sur l`alentour de la maison. Par espace d`influence on entend le périmètre extérieur de la parcelle, qui est entretenu et mis en valeur par les habitants. Cette mise en valeur peut aller du simple nettoyage du sol a la plantation d`arbres qui marquent l`entrée. Par la construction d`une cloture la famille délimite un espace qui lui appartient et dans lequel elle se sent en sécurité.

Il existe divers types de clÔtures, du simple bornage de
la propriété, par des pneus ou des poteaux, a la

construction d`une cloture avec des matériaux de recuperation les plus divers et assembles de fagon précaire.

- Le lieu dedie a la preparation des repas est souvent situe sous une tente ou un tissu tendu a cote de la baraque principale. Dans certains cas on constate que les populations construisent une petite cabane en toles de recuperation dans laquelle ils font la cuisine et stockent l`eau et les ustensiles de cuisine. La construction d`une baraque permet une meilleure hygiene lors de la preparation des aliments, en facilite la confection et diminue la consommation de charbon ou de gaz.

Pendant mon sejour j`ai remarque que dans les quartiers peripheriques de la ville de Nouakchott la construction d`habitat precaire n`est pas forcement de l`auto-construction, mais qu`elle peut fonctionner aussi comme n`importe quelle activite economique informelle. La vente des differents materiaux de construction se fait dans des marches ou dans des ateliers, et la construction de la baraque est dans la plupart des cas realisee par des charpentiers ou par des masons specialises. Les habitants n`interviennent sur leur habitat que par des petits travaux d`entretien.

Le phenomene d`auto-construction peut se manifester pour les elements secondaires de l`habitat, lesquels sont souvent batis avec divers materiaux de recuperation.

Si, depuis l`exterieur, les habitations presentent peu de variations sur les materiaux et leur mise en oeuvre, un plus grand degre de diversification et de soin des surfaces se manifeste a l`interieur. Tout en ayant une fonction esthetique, ces finitions evitent l`infiltration des vents de sable et de la poussière dans la chambre, et permettent aussi d`augmenter l`isolation.

Le revetement des parois est realise en papier, en emballages recuperes, en tissu ou avec des baches ; par terre on trouve des nattes, de la moquette de recuperation ou des ta pis poses d irectement sur le sol.

Besoi ns de ces quartiers peripheriques precaires

Le rythme des extensions et l`etalement de l`occupation spatiale de Nouakchott, ajoutes a la crise de ressources financieres de l`Etat, ont fortement contribue au sousdeveloppement, en equipement et infrastructures, des nouveaux quartiers de la ville. Non seulement des zones de plus en plus etendues sont completement depourvues d`equipements de base, mais les autorites rencontrent egalement des difficultes a maintenir en bon etat de service les infrastructures existantes. Que ce soit dans le domaine des voiries, de l`electrification, de l`approvisionnement en eau, de l`assainissement,... aujourd`hui la ville de Nouakchott est confrontee a des problemes considerables. En outre, la coordination et l`optimisation des realisations sont empechees par le manque de concertation entre les differents acteurs de la ville. Dans ce chapitre nous allons definir la situation actuelle et les besoins en infrastructures et en equipements des quartiers peripheriques.

- L`approvisionnement en eau reste un des grands problèmes de la ville de Nouakchott et surtout de quartiers peripheriques. Cette ressource fait partie des priorites pour les populations des quartiers enclaves ou precaires. La distribution de l`eau dans ces

quartiers se fait, depuis quelques bornes fontaines, par un oréseauD de charrettes. Le réseau d`adduction d`eau donnant accès a des branchements individuels est inexistant. La concentration d`habitations autour des bassins et des bornes est frappante. Le prix au litre n`est pas réglementé a l`échelle de la ville ou du quartier, celui-ci peut varier fortement d`un quartier a l`autre et, également, par rapport a la distance entre la borne fontaine et le logement. 0n remarque que le coat de l`eau est plus élevé dans les zones enclavées et pauvres de la ville.

- La distribution de l`électricité dépend de la S0MELEC, mais le réseau reste encore partiel, car il ne se trouve que le long des routes goudronnées. A l`intérieur des quartiers, les habitants ont mis en place un système de branchements illégaux. Ces oréseauxD s`organisent a partir d`une habitation proche du réseau, ce premier branchement est souvent légal et c`est a partir de celui-ci que plusieurs ménages viennent se brancher. Pour les familles qui se trouvent trop éloignées du réseau officiel ou qui n`ont pas les moyens financiers pour réaliser un branchement, l`alternative consiste en un emploi de batteries. Celles-ci sont rechargées dans des boutiques a l`intérieur même du quartier. De nombreux foyers emploient régulièrement des bougies pour éclairer leur logement.

Pl usieu rs 0NG travaillent dans ce domaine, notamment dans l`exploitation de l`énergie solaire, un projet de kit solaire a été lancé il y a quelques années, mais les coats de mise en service de cette technologie restent encore trop élevés pour les populations de ces

quartiers. Par ailleurs, le GRET, est en train de lancer un projet de kit permettant le prépaiement. L`objectif de cette démarche est d`éviter qu`un ménage se trouve dans l`impossibilité de payer ses factures, par ce systeme l`habitant garde un controle continu sur ses dépenses.

De plus, le réseau d`éclairage public est plus ou moins inexistant dans ces quartiers et se concentre seulement le long des axes plus importants. Le développement de cette infrastructure est lié a l`électrification des quartiers.

- Le réseau des voiries dans les quartiers périphériques est trÈs peu développé, selon les zones du quartier on trouve trois types de routes : la route goudronnée, la route stabilisée et la piste en sable. L`état des routes est souvent dégradé. Les deux premiers types de réseaux sont mis en place uniquement sur les axes les plus importants de la ville, a l`intérieur des quartiers les ruelles sont de simples pistes en sable. Ce type de réseau est difficilement praticable par les voitures et les charrettes, expliquant ainsi une hausse des coats dans ces zones. Les insuffisances dans la mise en oeuvre du réseau sont des facteurs importants dans l`enclavement de certains quartiers, en effet les déplacements entre le centre-ville et les zones périphériques restent précaires. Les habitants sont obligés de marcher jusqu`au goudron pour pouvoir bénéficier des transports en communD qui desservent le territoire de Nouakchott.

Les taxis qui relient le centre-ville avec la périphérie n`assurent pas de fagon régulière le service. Les lignes de transport se concrétisent soit par des minibus soit par des taxis otout-droitD qui transportent jusqu`à 6 personnes a la fois. Le réseau dépend de l`existence des routes goudronnées et de leur état, mais également du flux de personnes généré par la ville. L`un des points d`articulation de ces transports est le carrefour de la Polyclinique situé au sud du Marché Capitale, d`ob partent diverses lignes de minibus desservant les parties est et sud de Nouakchott ainsi que celle qui empreinte l`axe majeur de circulation vers le Nord-Est.

- Les infrastructures de la ville en matière

d`assainissement sont dans un état embryonnaire, en comparaison, les problèmes liés a la distribution de l`eau semblent relativement supportables. Le manque d`entretien, la surpopulation ainsi que la mauvaise alimentation en eau ont conduit a une saturation du réseau existant, lequel ne dessert que la partie centrale de la ville. Dans les quartiers périphériques, l`assainissement collectif est inexistant. Une partie des habitants est raccordée a un dispositif individuel d`assainissement sous forme de latrines ou de fosses d`aisance.

Le service de ramassage des ordures n`est pas généralisé sur l`ensemble du territoire, des situations très diverses se manifestent selon le quartier. Dans certains quartiers, la mairie organise de service de ramassage par le biais de charrettes. Le problème de ce type d`action reste, a cause de l`état des voiries, la

d ifficu lté d`accéder a certaines zones du quartier. Le ramassage se fait seulement le long des principales routes et non dans des parties enclavées de l`arrondissement. Le phénomène de la décharge sauvage est appliqué par les habitants. Ce service va devenir une compétence de la CUN, afin de définir une politique commune a l`échelle de la ville et de coordonner les interventions.

- La distribution dans les quartiers périphériques des équipements destinés a l`éducation est relativement importante. Cependant il faut distinguer les équipements selon les types : jardin d`enfance, école primaire, école secondaire, collège,... L`enseignement de base, école primaire, est présent dans presque tous les quartiers. A partir d`un certain niveau les écoles sont concentrées dans les quartiers mieux équipés du centre-ville, ceci explique le faible taux de scolarisation des populations des zones périphériques. Car une majorité des foyers n`ont pas les moyens financiers de prendre en charge le transport et l`éducation de leurs enfants.

Le nombre d`enseignants n`est pas suffisant pour assurer un suivi de qualité aux élèves, en effet le nombre d`enfants par rapport aux places disponibles pose des problèmes d`encadrement et

d`infrastructures. En général les coats de l`enseignement sont pris en charge par l`Etat, sauf dans le cas des jardins d`enfants. 0n remarque, également, l`augmentation des inscriptions dans les écoles privées. Dans ces instituts la qualité d`enseignement est meilleure et le suivi et

l`encad reme nt sont assurés, cependant ce type d`études n`est pas à la portée de tous.

Différentes associations et 0NG ont réalisé des centres d`alphabétisation ou de formation au sein des quartiers précaires.

- La religion joue un role très important dans la société mauritanienne, la présence des mosquées sur le territoire des arrondissements périphériques est très importante. Selon la zone du quartier, la mosquée, est construite avec des planches en bois, de la même fagon que l`habitat précaire dans ces quartiers, ou en ciment. Autour de cet édifice se trouve un terrain libre qui sert de «place» pour la prière lors des fetes religieuses. Des écoles coraniques sont créées au sein d`une mosquée, l`existence de ces écoles permet de diminuer la charge des instituts publics. Ces écoles facilitent par la suite les études de l`enfant car elles lui permettent de savoir lire et écrire l`arabe.

- Dans le domaine de la santé, chaque quartier est équipé d`un dispensaire. Souvent l`équipe médicale est composée d`infirmiers et de bénévoles. Les populations des quartiers sont rarement satisfaites de cet équipement, lequel ne dispose souvent que d`une petite pharmacie et ne procède qu`à des services limités.

- Les marchés sont peu présents dans les tissus périphériques, les grands marchés se concentrent au centre ville et dans la zone des jardins maraichers. Dans la plupart des quartiers, les produits alimentaires sont vendus dans des boutiques ou sur des étalages,

cependant les denrées vendues dans le quartier sont plus cheres qu`au marché. Les populations sont, ainsi, obligées de se déplacer vers le centre-ville.

Dans le cas ou il existe u n marché , cel u i-ci ne propose pas tous les produits nécessaires et leur prix reste légerement plus élevé qu`en ville. En général la distance entre le domicile et le marché est tres importante, les populations sont souvent contraintes a marcher pendant une demi-heure ou a prendre un taxi.

- Les équipements dédiés aux sports et aux loisirs sont trÈs basiques, souvent ils se résument en un terrain libre qui est exploité comme surface de jeu. Souvent a côté d`un centre scolaire se développent des aires de loisirs.

Dans certains quartiers périphériques on remarque la formation d`associations des jeunes ou des maisons de jeunes, ou les habitants se réunissent pour débattre de ce qu`ils pourraient faire pour le développement de leur quartier. Divers groupes des femmes se sont constitués, afin de créer un endroit ou se rencontrer pendant la journée. Dans ce centre, des programmes de formation a des petits métiers ou d`alphabétisation sont souvent réalisés.

E n général les populations aspirent a une amélioration de l`approvisionnement en eau et du réseau des voiries. Car la proximité de la route goudronnée a son propre habitat permet de bénéficier des services qui suivent, comme l`électricité ou le ramassage des ordures. L`éloignement généralisé, des principaux équipements, par rapport aux habitations est un des facteurs de sous-développement de

ce rtai ns quartiers de la capitale. D`autre part, le goudronnage de l`ensemble d`un quartier ne serait aucunement une solution pour ces zones sous équipées, car cela entraînerait un surcoat pour l`Etat et dans un même temps un phénomène de gentrification du quartier.

Etude d e terrain : le programme twize*

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la Strategie Nationale de Lutte contre la Pauvrete (SNLCP), l`Etat Mauritanien, avec le soutien financier de la Banque Mondiale, a crÉe le Commissariat aux Droits de l`Homme, a la Lutte Contre la Pauvrete et a l`*nsertion (CDHLCPI), qui sert d`interface entre 0NG, institutions internationales et institutions mauritaniennes. Afin de concretiser les objectifs de cette politique, le programme Twize, crÉe en 1998, s`insère dans le cadre du PDU. La mission du programme Twize est de gcontribuer a la reduction de la pauvrete en milieu urbain, a Nouakchott et Nouadhibou, par l`amelioration des conditions de vie des populations des quartiers precaires et a une politique de l`habitat social.

Les ambitions principales du programme pour arriver a cet objectif de base sont les suivantes :

- Mettre en oeuvre un dispositif viable et durable d`accès a l`habitat social, répondant aux aspirations et capacités des populations pauvres des quartiers.

- Renforcer durablement les capacités economiques et techniques des populations des quartiers, ainsi que leur maîtrise de leurs conditions de vie.

- Favoriser la structuration des quartiers et leur
integration au schema de développement de la ville.

- Former les habitants pour assurer la perennite des actions.

Le programme Twize fonctionne selon le principe suivant : les populations demunies s`investissent dans leur propre developpement ; elles sont impliquees grace a des mecanismes de solidarite connus et pratiques (d`ou le nom «TwizeD, qui designe en hassaniya le travail solidaire d`un groupe). En l`absence de garanties materielles chez les familles demunies, Twize fonctionne sur le principe du groupe solidaire. Le programme intervient au profit des individus, des familles, des initiatives associatives et des infrastructures collectives dans un souci d`integration et de complementarite des initiatives. Pour arriver a ces objectifs, le programme Twize cherche a agir de facon articulee sur plusieurs dimensions de la pauvrete, grace a la mise en place de quatre composantes :

- Habitat : pour apporter une reponse a la pauvrete des «modes d`habiterD, cette composante est en charge de la definition et de la production des modules habitat.

- Micro-finance -- Beit el Mal : octroi des credits classiques et des credits habitat.

- Appuis aux Activites Communautaires et Projet de Quartier (AAC&PQ): par rapport a la difficulte d`accès aux services et aux capacites d`organisation sociale, soutient les projets qui contribuent a l`amelioration des conditions de vie collectives.

- Formation : realise des appuis aux activites economiques par le biais de formation aux 'petits` metiers (BTP, teinture, couture,...), dans les quartiers d`intervention du programme.

Methodo log ie

A u niveau du quartier, la recherche avait pour but de comprendre comment l`habitat en dur donne un odroit a la villeD. Comment un quartier de type bidonville se restructure pour former un quartier ode villeD. Il s`agissait de comprendre les mecanismes du processus de durcification des quartiers, en se focalisant sur l`etude des liaisons quartier/ville et de la creation d`infrastructures publiques ainsi que leur impact sur le quartier.

Pour ce qui concerne l`habitat, l`analyse avait pour objectif de comprendre le passage d`un habitat precaire a un habitat en dur comme element structurant de la lutte contre la pauvrete. Il s`agissait d`etudier les modules Twize mis en place et leurs evolutions possibles ainsi que le type d`appropriation par les habitants, ceci dans une perspective double d`un avant et d`un après oTwizeD. L`etude visait aussi a comprendre les modes de vie des populations et l`impact de l`habitat en dur sur ceux-ci.

Pour cela, nous avons realise une etude de l`habitat avec l`aide de monsieur Sidi dans les quartiers d`intervention du projet twize. Pour realiser une analyse comparative entre beneficiaires et non beneficiaires du programme Twize, nous avons defini differents profils d`habitants a prendre en compte:

- Profil 1 : beneficiaire du programme Twize dejÁ proprietaire d`un module.

- Profil 2 : bénéficiaire du programme Twize nouvellement inscrit et n`ayant pas encore construit son module en dur.

- Profil 3 : non-bénéficiaire du programme Twize habitant dans un logement en dur, construit par ses propres moyens .

- Profil 4 : non-bénéficiaire du programme Twize habitant dans un logement précaire (khaIma, baraque ou hangar,...).

Les enquêtes se sont concentrées dans trois quartiers de conditions différentes. Nous pouvons les considérer comme représentatifs de l`ensemble des quartiers d`intervention du programme. Le choix se fait dans le but de toucher des populations variées et des situations diverses par rapport a la ville et aux équipements.

Quartier d e E l Mina 06 / Profi l 0 1

- ville d`origine : Atar (Adrar) / communaute : Maure

- 10 personnes dans le foyer : couple ayant 3 filles et 5 garcons / seul l`homme travaille

- une piece en dur / une baraque / un hangar / une latrine

- proprietaires du lot / deplaces de la Kebbe d`El Mina par les autorites / depuis 3 ans dans le quartier

- parcelle : 8 x 15 metres / elle est trop etroite

- eau : baril de 200L a 400UM, trop cher / ils cherchent des bidons a la borne fonta i ne

- electricite : ils sont branches sur un voisin / 3000UM pour branchement / 1000UM/mois

- dechets : ils payent le service de ramassage de la mairie / 500UM/mois

- ils ont fini de rembourser le module Twize (partie de la construction en dur)

- ils veulent construire une cloture pour augmenter le degre de sécurité et d`intimité (ils n`aiment pas manger dehors, sous le hangar ot) tout le monde peut les voir)

- avantage de l`habitat en dur : meilleure protection contre le vent et pour les affaires personnelles

-

Quartier d e Dar el BeIda / Profi l 0 1

- ville d`origine : Rosso (Trazaa) / communaute : Negromauritanien

- 16 personnes dans le foyer : famille polygame ayant 8 filles et 5 garcons / l`homme et les 2 femmes travaillent

- une piece Twize / trois baraques / un hangar / une douche / une cuisine / un poulailler

- proprietaires du lot / deplaces de la Kebbe d`El Mina par les autorites / ils ont eu 2 parcelles contigues / depuis 11 mois dans le quartier

- parcelle : 10 x 12 metres

- eau : baril de 200L a 150UM, prix fixe / 2 fois par jour

- electricite : ils sont branches sur un voisin / 5000UM/mois

- dechets : ils les stockent dans une fosse

- ils n`ont pas fini de rembourser le module Twize

- ils veulent construire une piece

ava ntages de l`habitat en d u r : protection pendant l`hivernage / salon pour les visiteurs

- ville d`origine : Rosso (Trazaa) / communaute : Maure

- 2 personnes dans le foyer : homme avec sa mere / seul l`homme travaille

- une piece Twize (6x4 m + dalle en beton) / un hangar / une veranda

- propriétaire du lot / depuis toujours a cet emplacement (regularisation de la Kebbe)

-

-

parcelle : 10 x 12 metres

eau : baril de 200L a 300-500UM / 1 baril/jour

- dechets : le service de ramassage de la mairie n`est pas assure tout le temps

- il n`a pas fini de rembourser le module Twize / module Twize en chantier

- ils veulent construire une cloture+latrine

remarq ues : actuellement habite chez sa soeur, parcelle a cote / il a un plan de son futur logement / il construit une piece pour y deposer le materiel de construction, afin de completer son logement / il a discuté avec ses voisins avant de commencer le chantier

Quartier de BeIda / Profil 03

- ville d`origine : Kiffa (Assaba) / communauté : Negromauritanien

-

13 personnes dans le foyer : femme ayant 4 filles et 8 garcons / la femme travaille

-

-

trois pieces (dalle en beton) / une cloture / une tente

proprietaire du lot / attribue par les autorites / depuis 3 ans dans le quartier

-

parcelle : 10 x 12 metres

- eau : baril de 200L a 200UM

- electricite : ils sont branches sur un voisin / 5000UM pour branchement / 1000UM/mois

-

dechets : elle paye le charretier / 200UM a chaque

fois

- elle a construit par ses propres moyens par étapes et elle veut construire une piece, une boutique et des latrine+douche

-

avantage de l`habitat en dur : meilleure protection

 

contre le vent et pour les affaires personnelles

- ville d`origine : Bogue (Brakna) / communaute : Negromauritanien

- 7 personnes dans le foyer : couple ayant 2 filles et 3 garcons / seule la femme travaille

- trois baraques / un hangar / une cloture en tole

- proprietaires du lot / depuis toujours a cet emplacement (regularisation de la Kebbe) / depuis 30 ans dans le quartier

- parcelle : 10 x 12 metres (depuis 6 mois)

- eau : baril de 200L a 300UM / chaque 3 jours / quand ils n`ont pas les moyens ils cherchent des bidons a la borne fontaine

- electricite : ils sont branches sur un voisin / 5000UM pour branchement / 4000UM/mois

- dechets : ils payent le service de ramassage de la mairie / 500UM/mois

- ils veulent construire une cloture+latrine pour augmenter le degre d`intimite et de securite

remarques : cette famille est relativement bien installée par rapport au standard d`habitat précaire, mais ils ont la volonté de construire en dur (statut social) / ils ont des meubles goccidentauxD (lit+armoire)

IMPACT SUR LES C0 N D ITI 0 N S D E VIE

DES HABITANTS

La durcification des quartiers a aussi un impact sur les conditions de vie des populations n`ayant pas la possibilité de construire, ni par leurs propres moyens, ni par l`intermédiaire du programme Twize. Toutes les personnes dans cette situation nous ont dit apprécier beaucoup l`augmentation des constructions en dur dans le quartier. Ayant souvent pu comparer la situation avant et apres la durcification, ils ont remarqué une intensification des activités dans le quartier: l`amélioration des services comme l`eau ou l`électricité, l`augmentation du nombre de boutiques, l`arrivée d`infrastructures publiques telles que les écoles, un marché a El Mina,....

Beaucou p d`habitants, qu`ils soient beneficiaires ou non du programme Twize, ont le sentiment que depuis l`arrivee des constructions en dur, le quartier est plus sir, ils ont moins peur des voleurs. Cependant, d`autres arguments, en dehors des constructions, peuvent expliquer cette impression. D`abord lors du developpement des quartiers, ceux-ci ont pu beneficier de l`electricite et plus particulierement d`un systeme d`eclairage public, qui a reduit considerablement le sentiment d`insecurite chez les habitants, qui ne craignent plus de sortir a la tombee de la nuit.

D`autre part, pour certains quartiers, comme Saada, qui ne disposent pas de latrines publiques, beaucoup d`habitants affirment pouvoir bénéficier des latrines construites par leurs voisins, ce qui permet une modification de leurs habitudes et

hygiene de vie, mais qui induit également une gene pour eux.

Malgré ces changements positifs, la situation de cette population contrainte a habiter dans des baraques ou des hangars, devient parfois encore plus dévalorisante, car ils se comparent aux voisins qui ont construit et les envient.

Un autre effet pervers de cette évolution des quartiers est la hausse des prix des produits de premiere nécessité. C`est un phénomene que la plupart des personnes interrogées ont souligné, mais cette augmentation du coat de la vie est un phénomene généralisé a toute la Mauritanie jusqu`en 2005. En effet une augmentation des prix a été remarquée depuis l`arrivée des constructions en dur dans le quartier mais nous ne pouvons pas affirmer que c`est une conséquence directe de la durcification des quartiers.

IMPACT SUR L`ECHELLE URBAINE

Il est important de souligner que Twize n`est pas un programme d`aménagement de quartier. Son but est de répondre a une demande en facilitant la construction sur des parcelles pré-affectées. Pour qu`un habitant puisse bénéficier du programme Twize, il doit avoir déjÁ acquis une parcelle aupres de l`Etat. Pour tous les quartiers d`intervention du programme, il existe un plan de lotissement qui définit le nombre de parcelles, leurs dimensions et leur répartition, ainsi que la proportion, la répartition et l`affectation des espaces publics. C`est donc le plan de

lotissement, et non le programme Twize, qui prévoit les équipements collectifs nécessaire.

Le programme Twize dépend de la politique d`habitat social de l`Etat, mais il a l`avantage de proposer une approche simple, qui permet une construction rapide et a la portée de toute personne ayant acquis un terrain. A l`échelle du quartier, la faiblesse du programme est que, a l`image des plans de lotissement, il ne propose aucun modèle de planification qui permettrait de clarifier ce manque de cohérence interne.

Sans pouvoir chiffrer précisément la part de Twize dans le processus de durcification, on constate un réel succés du programme. En effet les modules Twize sont trÈs nombreux dans certains quartiers. Dans celui de Nazaha par exemple, on en compte aujourd`hui 1336 construits depuis le lancement du programme dans la zone de recasement en 2000, ce qui correspond a une proportion d`environ 50% des parcelles. Le succés du programme peut s`expliquer par le contexte politique et économique particulier du processus de restructuration de la Kebbé d`El Mina, qui favorisait largement la construction avec Twize. A Saada le programme a été lancé en 1999 et 1239 modules ont été construits jusqu`à maintenant.

Cependant, lorsque l`on observe un quartier touche par le programme, on peut se dire que Twize est en quelque sorte ovictime de son succesD en formant ce qu`on pourrait appeler un oquartier TwizeD, caracterise par une addition d`entites autonomes. Le module Twize repond a une logique de parcelle sans prendre en compte des problemes d`organisation d`un tissu urbain.

U ne personne qui decide de construire avec Twize gÈre la construction a l`interieur des limites de sa parcelle en cherchant a etre le plus autonome possible, sans s`occuper des constructions voisines. Cela mene la plupart du temps a des situations absurdes telles que la construction de deux murs a 50 cm de distance, et des fenetres ouvrant sur cet espace interstitiel. Lorsque l`on demande aux gens pourquoi ils n`ont pas cherche a trouver un arrangement avec leur voisin pour tenter d`avoir un mur en commun et economiser des parpaings, soit ils nous repondent que ce n`est pas possible car chacun a sa propriete, soit, que meme si le voisin etait d`accord, il pourrait vendre sa maison et le nouveau proprietaire pourrait exiger de detruire ce mur.

Ces pratiques ne viennent pas seulement des constructions Twize, puisque nous avons observe le meme phenomene chez les personnes ayant construit par leurs propres moyens. Mais ces problemes montrent de vraies lacunes au niveau de la planification des quartiers.

Le programme Twize amène involontairement des problèmes dans le developpement du quartier car cette logique d`agregation de modules sans rapport entre eux, n`est pas sans consequences pour l`organisation du tissu urbain.

Ce ma nq ue d `orga nisation spatiale des modules rend d ifficile l`installation de l`eau courante, de l`électricité, ou d`autres services. De plus, les espaces résiduels entre les murs de chaque parcelle deviennent des receptacles a ordures qui ne pourront titre nettoyés faute de pouvoir y accéder.

IMPACT SUR LA PARCELLE, L`HABITAT, L`HABITANT ...

La construction d`une piece ou d`une cloture avec latrine n`est qu`une premiere &tape dans le processus de transition d`un habitat precaire a un habitat en dur. En effet, on ne peut pas affirmer que la possession d`un module Twize implique automatiquement l`abandon definitif de la baraque et la modification du style de vie. Le passage d`un type d`habitat a l`autre se fait graduellement. La situation change en fonction de ce que les habitants ont decide de construire d`abord: la piece ou la cloture.

Quelq u `u n qui decide de construire la cloture avec latrine cherche a trouver une reponse immediate a des problemes d`intimite, de securite, et d`hygiene, mais sera contraint de vivre dans sa baraque, son hangar ou sa tente en attendant d`avoir les moyens de construire une piece. Par contre, ce module a la particularite de ne necessiter aucune modification ou agrandissement une fois construit.

Le module pièce, lui, donne lieu a plus de modifications ou d`évolutions possibles. D`abord, il arrive que les bénéficiaires, avant la reception du module, demandent un agrandissement de ses dimensions ou la construction d`une

toiture en beton au lieu du zinc. Ensuite, selon les familles, la premiere piece construite servira de chambre ou de salon pour les invites. Dans tous les cas, une seule piece n`est pas suffisante pour une famille, etant donne que le nombre de personnes dans un foyer varie en moyenne entre 4 et 10 personnes. Lorsque la premiere piece est utilisee comme un salon, celle-ci est preservee comme un tresor et n`est utilisee que de maniere occasionnelle, lors de visites, alors que la famille continue d`habiter dans les baraques ou sous la tente.

Generalement, la piece est perçue comme un element de valorisation du statut social de la famille. Souvent les habitants realisent une decoration au niveau de la toiture et des ouvertures, ou choisissent un type d`enduit plus precieux pour l`interieur ou pour la façade donnant sur la rue. Cette demarche de diversification s`insere dans une logique de mise en valeur et de personnalisation de l`habitat et non dans une logique de camouflage du module Twize et de son statut de programme social. Nous n`avons pas constate chez les beneficiaires du programme Twize une reaction de rejet par rapport a l`apparence de leur logement ou au but social du programme.

Apres avoir construit une premiere fois avec Twize, les habitants gardent leur(s) baraque(s) et/ou leur hangar comme des pieces supplementaires. La baraque peut garder sa fonction initiale de lieu de vie, de chambre, ou servir de depot de materiel si toutes les personnes du foyer peuvent occuper la piece en ciment. Souvent les beneficiaires que nous avons interroges, ont affirme qu`ils vendraient leur baraque lorsqu`ils auraient construit une deuxième piece. La

baraq ue est donc reellement pergue comme un lieu de transition.

Par contre, le hangar reste un lieu de vie que l`on n`abandonne pas. Les habitants y passent une grande partie de la journee et c`est dans cet espace qu`ils mangent ou accueillent les voisins et les visiteurs (on constate que le salon est reserve aux personnes importantes ou aux membres de la famille). Si les beneficiaires citent et vantent la meilleure ventilation et la fraÎcheur de la construction en dur, c`est cependant dans le hangar qu`ils s`installent quand il fait trop chaud.

0n remarque que, chez les habitants, le manque d`experience de l`habitat en dur peut aboutir a une mauvaise ventilation de la piece en ciment. Le rôle de la tradition et des habitudes peut expliquer la maniere dont les chambres sont amenagees. C`est dans ce rapport entre mode d`habiter traditionnel et nouveau type d`habitat qu`on decele les plus grands problemes. Les populations idealisent l`habitat en dur et sa notion symbolique sans penser a l`adapter aux modes de vie traditionnels pour optimiser son confort.

Souvent les portes et les fenêtres restent ouvertes pendant les heures les plus chaudes et fermées pendant celles les plus fraÎches, empêchant ainsi une ventilation correcte de la pièce, qui pourrait éviter les problèmes de surchauffe et d`humidité des murs. Si d`un côté on constate que les populations sont conscientes de la nécessité d`entretenir régulièrement l`habitat en dur, elles le sont beaucoup moins en ce qui concerne les exigences de ventilation de ce type de construction.

Bien qu`idealisee, la construction en ciment apporte tout de meme des benefices reels par rapport a la vie dans une baraque ou une tente : l`augmentation du confort, la sensation d`être en securite, un lieu ou l`on peut deposer ses effets personnels, une liberte de mouvement, et dans la vie de tous les jours, une privatisation de la vie familiale.

Par contre, lors du passage entre les deux types d`habitats, les habitudes et le mode de vie ne changent pas fondamentalement. Cela est peut etre di) au caractere encore tres recent de ce type d`habitat pour les populations, les traditions restant encore la base de la vie quotidienne des foyers qui ont beneficie d`un logement en dur.

Les habitants se sentent valorisés par l`accession a un habitat en dur et acquièrent un statut d`appartenance a la vie du quartier et de la ville. Si le passage a une construction en dur au debut ne modifie pas fondamentalement les modes de vie des populations, il entraine un processus de stabilisation et de fixation du foyer dans le quartier. A travers les entretiens on a pu constater que les habitants investissent economiquement dans l`aménagement de leur piece. Ils achètent, par exemple, de nouveaux tapis ou matelas pour le salon ; par la stabilité qu`entraine cette nouvelle situation les habitants ressentent la possibilité d`acheter des produits de meilleur qualité, et donc plus chers , dont ils ne ressentaient pas le besoin lorsqu`ils habitaient dans une baraque.

0n remarque que, dÉjÁ au moment de l`acquisition du permis d`occuper une parcelle, les foyers ne songent pas a vendre mais plutot a accélérer le passage entre un habitat précaire et un habitat en ciment. Il nous semble que le mouvement de

speculation foncière, quand il existe, ne se manifeste presque plus une fois que les populations ont commence le processus de durcification de la parcelle. Celui-ci ne s`arrête pas a une premiere construction et les populations envisagent de construire d`autres pièces pour repondre a leurs besoins.

Si le changement des habitudes de vie est plus graduel et dilue dans le temps, la notion de ochez soiD est presente des le debut et rentre dans une logique liee au changement de statut social.

L`agrandissement de l`habitat se fait par l`agregation d`autres pieces et non par un procede de demolition et d`agrandissement d`une piece existante. Les habitants ajoutent des pieces en les accollant a celles qui existent dejÁ et toute nouvelle chambre s`ouvre vers l`interieur de la parcelle. En fait toutes les pieces s`organisent autour d`un espace central, plutot un couloir qu`une cour. On constate que par l`agregation sans un plan precis des pieces, la parcelle se remplit en laissant au centre un espace residuel. Cet espace exterieur, quand il existe, est souvent amenage avec un hangar ou une khaima.

La construction de l`habitat, on l`a vu, se fait souvent par etapes et sans une vision d`ensemble ou a long terme. On remarque qu`une fenêtre se trouve parfois sur une paroi qui partage deux pièces ou que la position de la porte empêche un futur emplacement correct et optimal d`une ame chambre.

La decision de l`emplacement de cette premiere piece n`est
souvent pas la suite d`une reflexion sur l`evolution de

l` ha bitat et la future construction d`autres chambres et on remarque aussi que pour éviter tout probleme avec les voisins les habitants n`hésitent pas a construire en retrait de quelques centimetres (20-50cm) par rapport aux limites de la parcelle. Par ce choix les parcelles ne sont pas aménagées de façon optimale et ceci donne lieu a des situations parfois absurdes : des ouvertures donnent sur des murs ou sur les fenetres du voisin, et les espaces résultant de ce retrait ne sont pas exploités ni accessibles par les populations. Ces «solutions» menent a des problemes de ventilation et d`éclairage des pieces mais aussi a des rapports de voisinage genants.

En général les populations préfèrent anticiper les éventuelles discussions avec les voisins en évitant de créer le probleme, la plupart d`entre eux préfèrent laisser un espace non construit entre les parcelles et les solutions intéressantes a ce type de probleme sont trÈs rares.

Le plan représenté a la page 161, montre un type de plan possible, ou le rapport avec les autres propriétés est intéressant. Le plan est le résultat d`une réflexion sur les nécessités et les besoins de la famille, avant le début du chantier. Les pieces de ce logement se trouvent sur le périmetre de la parcelle et s`organisent autour d`un couloir central, leurs dimensions et leurs ouvertures sont déterminées par leur fonction.

Les différentes tailles des locaux ont permis une bonne optimisation de la parcelle. Pour permettre une meilleure ventilation et un éclairage naturel des chambres et du salon, une partie de la façade se trouve, partiellement, en retrait par rapport a la limite de la parcelle. Ce décrochement permet d`ouvrir des fenêtres sur la parcelle d`à coté, tout en gardant

un degre d`intimite. Une ouverture a ete prevue pour acceder a cet espace et pouvoir le nettoyer ou meme y mettre des plantes.

La construction, sur les proprietes voisines, n`apportera pas de modifications sur les modes de vie ou sur l`exploitation des pièces.

A travers l`etude du processus de construction des foyers enquetes et par le releve des differentes habitations on peut constater un ecart dans la notion de planification entre les beneficiaires du programme Twize et les habitants enquetes, qui avaient construit par leurs propres moyens. La notion d`appropriation de la parcelle et la definition des exigences sont plus claires et mieux definies dans ce dernier groupe.

Les trois plans, ci-après, representent des cas types que nous avons rencontres pendant l`etude; ils sont representatifs de la problematique liee a la planification de l`habitat en dur dans les quartiers peripheriques de Nouakchott.

Dans les trois cas, les habitants, ont manifeste la volonte de continuer le processus de construction, en ajoutant d`autres pièces, on remarque des differences entre le potentiel evolutif d`un plan par rapport a l`autre.

Le premier schéma montre le plan d`une piece construite par un bénéficiaire du programme Twize. Le choix de l`emplacement choisi pour la premiere piece est le résultat d`un manque de vision a long terme dans la planification des futures chambres et de discussion avec les voisins.

Le deuxième et troisième schéma représentent les plans de logements de familles ayant construit par leurs propres moyens, la construction de nouvelles chambres est planifiée et le résultat final permettra une optimisation de la parcelle. La position des diverses pièces et des ouvertures est le produit final d`une évaluation des besoins et des exigences de la famille, par rapport a ses modes de vie. Les ouvertures s`orientent soit vers l`intérieur soit vers l`extérieur selon la fonction ou la position de la pièce.

L`aménagement de la parcelle se concrétise en un processus unilatéral, les habitants n`ont pas confiance en un processus de concertation entre voisins.

Des typologies intéressantes d`aménagement de la parcelle existent. Ce cas présente des solutions possibles d`organisation du plan et de relations avec les parcelles limitrophes.

Conclusion d u programme Twize

Les bénéficiaires du programme Twize ont vu leurs conditions de vie s`améliorer. L`habitat en dur répond aux aspirations des populations. Il leur apporte une sécurité, un plus haut degré de confort, une protection et une stabilité qui leur permet de projeter leur situation dans le long terme. Les habitants se sentent symboliquement valorisés et acquièrent un statut social lors du passage d`un habitat précaire a un habitat en dur. Cette considération est très importante dans la lutte contre la pauvreté, car cette dernière ne se résume pas a la situation financière des familles impliquées. Le fait de se sentir intégré a la ville et au reste de la société constitue un vrai changement dans la vie des populations des quartiers périphériques de la ville. Ce changement de situation leur redonne espoir et les pousse a chercher d`autres moyens pour améliorer leur condition de vie.

L`étude du passage d`un habitat précaire a un habitat en dur m`a également permis de vérifier que la durcification permet de fixer les populations et donc de lutter contre le phénomène de spéculation. Même s`il ne constitue pas le seul instrument permettant d`éviter la spéculation.

CONCLUSION

Meme si l`habitat precaire decoule de la pauvrete et est repousse loin de la ville, il fait sans aucun doute parti de l`espace urbain.

Nous l`avons vu avec l`etude de Nouakchott, le bidonville n`est pas forcement ce qu`il parait au premier abord. Il est pour moi bien plus qu`un amas de baraques insalubres ou regne la misere et le desordre.

Sans vouloir tendre vers une vision admirative et naïve de la situation, le bidonville peut etre vu comme un espace d`espoir ou les difficultes ont crÉe une forte cohesion sociale et ou une culture traditionnelle peut survivre. C`est un lieu ou l`individu, l`humain a sa place. D`ailleurs beaucoup de familles preferent vivre dans leur bidonville plutot que dans un appartement du centre-ville qui offre un meilleur equipement mais qui ne permet pas la meme vie sociale.

Le bidonville est en quelque sorte le regroupement de communautés qui tentent de se protéger, de se serrer les coudes et de vivre leur propre culture, leurs propres traditions.

Les sentiments et les besoins de ces habitants sont bien entendu différents mais on peut en retenir les points forts : le premier est la notion d`appartenance a un groupe et a un lieu qui est tres important dans la culture africaine.

Le deuxième, qui est leur preoccupation principale, est la volonté commune d`avoir une maison solide en dur avec un toit étanche.

Le troisième point est que les o bidonvillois D souhaitent plutot améliorer leurs conditions de vie que de déménager

dans les logements sociaux plus équipés mais moins adaptés. Pour beaucoup quitter le bidonville signifierait également la perte du réseau social auquel ils appartiennent.

Mais le bidonville doit-il rester un fragment de ville ? Faut-il intégrer le bidonville dans la ville au risque de la noyer dans la masse urbaine des quartiers riches européanisés ou est-il important q u`il garde u ne certai ne orig i nalité , person nalité ? Je pense que la réponse doit se trouver entre les deux. Le bidonville doit pouvoir devenir un quartier de la ville avec les équipements de base (eau, électricité, voiries, égouts ...) tout en gardant son tissu d`habitat spécifique qui engendre des rapports sociaux forts : o un quartier original proche des hommes et loin des tours D .

Comme pour le GRET avec le model twize je pense que l`auto-construction serait un bon moyen de faire évoluer les bidonvilles par rapport aux opérations o bulldozer Dde l`état.

L`arch itecture ne doit pas devenir l`allié d`un système rationaliste et économique qui impose un modèle inadéquat. Elle doit au contraire faire preuve d`humanité pour ses usagers en ne négligeant pas leurs origines, leur mode d'habiter et leur créativité.

L`a uto-construction consiste a utiliser les habitants comme main-d'ceuvre pour construire leur propre logement ou améliorer celui qu'ils utilisent. Il est vrai que l'habitat spontané est typiquement ce qu'on pourrait appeler de l'auto-construction mais cette dernière se doit d'être encadrée. Il ne s'agit pas de laisser les o bidonvillois D construire avec des bouts de tole rouillée mais d'utiliser leur

potentiel en tant que constructeur pour réduire les coats de production des cellules de logement

L'auto-construction assistée permet d'occuper l'importante population désceuvrée des bidonvilles et de la former au travail de construction. Elle a donc un role social extrêmement positif car elle valorise les personnes. Et même si c'est une main-d'ceuvre peu qualifiée, elle est par contre très motivée.

Les habitants peuvent s'approprier le projet et par conséquent avoir un niveau d'investissement important et éviter la revente de l`habitat après la réhabilitation ou la construction.

En fait, la réhabilitation peut entrainer un départ : le résident trouve a travers la réhabilitation un processus de valorisation de son espace qui rend ce dernier commercialisable. C`est pour cela qu`il est indispensable que le résident s'approprie le nouvel espace constitué. Cela passe par la participation active des habitants et par un résultat qui convienne a leurs attentes.

Nous l'avons vu, le bidonville est un lieu de gestation urbaine. Son architecture non codifiée et la singularité de sa trame, loin d'être un défaut, devraient servir de base a l'architecte et a l'urbaniste.

Le role de l`architecte est donc, d`une part, de détecter les potentialités sociales, urbaines et techniques sur lesquelles il pourra se baser ; d`autre part, de comprendre les besoins des o bidonvillois D afin de les guider vers une amélioration de leur habitat.

Il me semble que les architectes ont tout a gagner en
remplissant cette nouvelle mission car le travail sur des

situations originales d'urbanite dÉKÁ preexistantes comme les bidonvilles peut apporter une grande richesse a l'architecture, ainsi qu'une experience tres benefique pour les professionnels.

Derriere les toles rouillées, se cache une culture, des techniques, un espoir, qu'il serait dommage de délaisser au profit d'une image de modernité virtuelle...

B i bl iog raphie, Site internet

1. LIVRES ET ARTICLES

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- http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/afrique_htm

- http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/

3. QUESTI0NNAIRE DE L`ETUDE DE TERRAIN

1 . QUESTI0NS GENERALES

- De quelle origine êtes-vous ?

- Depuis combien temps êtes-vous a Nouakchott ? Et dans ce quartier ?

- Qui est le chef du foyer ?

- Combien êtes-vous dans votre foyer ? Combien d`enfants avez-vous ? Quel age ont-ils ?

- Etes-vous propriétaire ou locataire ?

2 . QUARTIER

- Pourquoi vous êtes venus ici ? D`ob venez-vous ? 0a habitiez-vous avant ?

- Est-ce que vous aimez ce quartier ? Dans quel autre quartier aimeriez- vous habiter ?

- Quel est votre travail ? Quel est votre lieu de travail ? Comment y allez- vous ?

- 0a allez-vous au marché ? sinon, ou achetez-vous a manger ? 0a allez-vous chercher l`eau ? 0a la stockez- vo u s ? (demander les coats et la part du salaire nécessaire)

- 0a allez-vous vous faire soigner ? Avez-vous l`électricité ? Comment éclairez-vous la nuit ?

- 0a allez-vous prier ? Toujours dans la même Mosquée ?

- 0a habitent vos amis ? 0a habitent vos parents ?

- Vos enfants vont-ils a l`école ? 0a ? 0a vont-ils jouer, faire du sport ?

- Avez-vous des enfants qui travaillent ? Que font-ils ?
Est-ce qu`ils vous aident (argent, nourriture,...) ?

- Si tout le foyer travaille en ville, est-ce que vous faites garder les enfants ? 0a ?

- Et vous, avez-vous des loisirs ? 0r) retrouvez-vous vos amis, votre famille ?

- Est ce que vous allez souvent au centre ville ? pour faire quoi ?

- Avez-vous d`autres activités en plus de votre travail (exemple : couture, artisanat...) ? 0r) les pratiquez-vous ?

- Est-ce que vous avez des animaux ? Lesquels ? 0r) les laissez-vous ?

- Connaissez-vous vos voisins ? Est ce que vous les
voyez souvent ? Est ce que vous leur parlez ?

- 0r) déposez-vous vos déchets ?

- Nettoyez-vous seulement a l`intérieur de votre parcelle, or) aussi devant chez vous ?

- Passez-vous beaucoup de temps dans le quartier ?

- Quels sont les services les plus importants dans le quartier? Classez- les par importance.

- Qu`est-ce qu`il manque dans le quartier ? Qu`est- ce que ga apporterait en plus ?

- Connaissez-vous les autres membres de la twize ?

- Avez-vous discuté avec eux ? Est-ce que vous savez comment ils ont construit leur module ? Est-ce qu`il est différent du votre ?

- Est-ce que vous avez parlé de votre module avec vos voisins, avant de le construire ? Est-ce que ga a posé un problème ?

- Comptez-vous rester dans le quartier ou déménager dans un autre quartier ?

- Est-ce que vous avez déP pensé a vendre votre habitat ? Pourquoi ?

3 . HABITAT

- Comment était votre logement avant la construction du module Twize ? C`était une tente, une baraque ? Est- ce q u `il y ava it u n hangar ?

- Avez-vous gardé votre ancien logement ?

- Dans quel ordre avez-vous construit vos pieces ? (cloture, latrine, habitat,...) Pourquoi ?

- (si construction par ses propres moyens) Combien vous a coÚté votre piece ?

- Avez-vous fini de rembourser le crédit habitat ? Si oui, est- ce que vous pensez que votre situation s`est améliorée depuis que vous avez construit votre module Twize ? Pourquoi ?

- Qu`est-ce qui a changé dans votre mode de vie de tous les jours ?

- 06 et comment faites-vous la cuisine ? Avez-vous du
charbon ? 06 le stockez-vous ? 06 mangez-vous ?

- 06 et comment lavez-vous votre linge ?

- (si travail a la maison) 06 travaillez-vous et comment ? Est-ce que le module Twize vous a permi d`avoir des meilleures conditions de travail ?

- Si vous travaillez a la maison, est-ce que vous aimeriez avoir une salle dans le quartier pour travailler en compagnie d`autres gens ?

- 06 déposez-vous vos affaires personnelles ?

- Est-ce que vous changez la disposition de la piece quand vous changez d`activité ?

- Comment se repartissent hommes, femmes et enfants, selon le nombre de pieces ?

- Si vous avez plusieurs pieces, comment les utilisez-vous ?

- Quels sont les avantages et les inconvénients du module Twize ?

- La journée est-ce que vous avez suffisamment de lumière dans la piece ?

- Est-ce que vous ventilez souvent la piece ? Comment ?

- Comment avez-vous personnalisé votre module (décoration, agrandissement, plus de pieces, aménagement,...) ?

- Comment avez-vous choisi l`emplacement des pieces et des ouvertures ?

- Qu`est ce qu`il manque dans votre logement ? Avez- vo u s u n e latrine ?

- Qu`est-ce que vous changeriez ou ajouteriez dans votre module si vous aviez les moyens ?

- Avez-vous ajouté des pieces ? Comment ? Pourquoi ?

- Est-ce que ga a été difficile d`ajouter une piece ? (faire décrire par la personne)

- Le module est-il assez grand ? Et la parcelle ?

- Est-ce que vous êtes fiers de votre maison ? L`avez- vo u s m o ntrée a vos am is o u votre fa m ille ? Qu`est ce qu`ils en disent ?

- Est-ce que vous entretenez votre habitat ? Est-ce qu`il y a eu des dégradations ? Lesquelles ? Pensez-vous que c`est a cause de la mauvaise qualité du module ?






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