Question d u mode d ` h a b ite r la vill e 0 u est-Africaine
: Nouakchott, d e la vill e pl a n ifi ée a la
ville spontanée...
Question d u mode d`habiter la ville 0uest-Africaine
: Nouakchott, d e la vill e pl a n ifi ée a la
ville spontanée...
UCL. Saint Luc Tournai 20 1 0-2011 Qu eva Jean-Pierre
J e ti e ns a re m e rci e r
Monsieur Joseph Drése, mon promoteur, pour
l`intérêt dont il a fait preuve et l`aide qu`il m`a
apportée dans la réalisation de ce travail ;
M a fa m ille , pour le u r souti e n permanent ;
Le cabinet d`architecture qui m`a accueilli durant mon stage en
Afrique ;
Les familles qui m`ont accueilli sur place, me faisant vivre pour
un temps au rythme du pays.
Table des matières
Introduction p . 6
En quelques mots...
Partie 1 : Le pays... Mauritanie p.9
1.1. Situation géographique de la Mauritanie.
1 . 2 . U n passé ouest-africain.
1.4. Synthèse sur le pays.
Partie 2 : La ville... Nouakchott p.23
2 . 1 . P h é nom è ne d ` u rba n isatio n .
2.2. Alors pourquoi un telle attrait pour la ville 2 . 3 . Politi
q u es u rba i n es s u r l` h a bitat non réglementaire.
2.4. Nouakchott capitale de la Mauritanie 2 . 5 . Synthèse
s u r la vill e .
3 . 1 . U n e population, u n habitat...
3.2. Nouvelle formes d`habitats urbains
3 . 3 . Etude de terrain : le programme twize 3 . 4 . Synthese s
u r le programme twize.
Conclusion p . 1 40
B i bl iog raphie, Site internet p . 1 44
Introduction.
L` habitat spontane...
Ce sujet me parait porteur sachant qu`aujourd`hui un tiers de
la population urbaine du monde habite dans un bidonville. De nombreuses
organisations d`aide internationales et 0NG ont developpe des programmes pour
ameliorer les conditions des habitants de ces zones d`habitat precaire, se
tournant vers de nombreux secteurs comme l`economie, la sante, les
infrastructures... mais touchent rarement la question de l`habitat.
Pou rtant l`accès a un logement convenable me parait un
besoin fondamental pour assurer la dignite de chaque Homme. Il ne s`agit pas
seulement d`un abri pour assurer une protection climatique, mais d`un veritable
lieu de vie qui garantit la tranquillite et l`amelioration des conditions de
vie d`un foyer.
Les villes africaines sont des regroupements de cultures et de
traditions d`ethnies différentes, vivant ensemble et pronant la
solidarité, le soutien, la tolerance et bien d`autres valeurs au service
de leur communauté.
Le role d`un architecte est d`abord de détecter ces
potentialités sociales, urbaines, economiques et techniques, ainsi que
les besoins et modes de vie sur lesquels guider les habitants dans
l`amélioration de leur habitat et proposer des solutions pour le
développement de leur quartier.
Si le problème des bidonvilles se pose dans tous les
pays du sud, je me suis intéressé plus particulièrement
a l`Afrique, l`image de l`Afrique pergue en Europe reste celle d`un
continent o arriere D ou encore qualifiait de o sous-
developpe D.
Alors que comme dans le monde entier, les villes africaines
grandissent a vue d`ceil, bouleversant complètement les modes de vie
traditionnels.
D`autre part ce continent a ete egalement profondement
bouscule par l`emprise coloniale, qui s`est etendue sur de nombreux pays
d`Afrique, entrainant la confrontation de deux visions du monde completement
differentes.
Les gouvernements africain post coloniaux ont cree des
lotissements sur le modele occidental qui prone l`individualisme dans une
societe, qui depuis toujours, a fait passer l`esprit de groupe de communaute
avant le reste.
Les pays africains, suite aux sequelles laissees par ces
differents bouleversements, sont en pleine recomposition sociale et
spatiale.
Je prendrai la Mauritanie comme exemple pour l`etude de
l`habitat, car j`y ai sejourne et je peux donc me referer a mon experience du
milieu.
Le travail effectue tente d`apprehender, de la maniere la plus
large possible, ce qui fait toute la specificite d`un tel mode de vie. C`est
pourquoi il me semble indispensable de partir d`une grande echelle (le pays)
passant par la ville pour en arriver progressivement a celle de l`habitat.
Général ités
Avant toute analyse d`habitation, quel qu`elle soit, il
convient de replacer les contextes historique, culturel, religieux, politique,
climatique géographique etc... dans lesquels elle évol ue .
Partie 1 : Le pays
Situation geographique de la Mauritanie.
Quelques renseig nements generaux(1):
Population : 3 129 486 hab.
Superficie : 1 030 700 km2
Capitale : Nouakchott
Langues : Arabe litteral et dialectal local :
l'Hassaniyya. Le frangais est aussi trÈs utilise.
Monnaie : guiya mauritanien
Chef de l`etat : Mohamed Quld Abdel Aziz
La Mauritanie est situee entre les paralleles 15 et 27 degres de
latitude nord et 5 et 17 degres de longitude ouest.
Elle possede des frontieres avec l'Algerie, le Sahara
occidental, l`ocean Atlantique, le Mali et le Senegal, tracees par les
colonisateurs frangais, sauf pour le fleuve Senegal qui constitue une frontiere
naturelle entre la Mauritanie et le Senegal.
La majorite du territoire se trouve dans le desert du Sahara avec
des plaines et des reliefs peu accidentes. Le point le plus haut se trouve au
nord avec un sommet a 915 m d'altitude : le mont Kedia d'Idjil.
La moitie de la population vit toujours le l`agriculture et de
l`elevage (dattes, millet, sorgho, riz, mais, bceuf, mouton), mais un
nombrecroissant de nomades et de paysans ont d0
parti r vers les grandes villes afin de fuir la pauvreté.
Les mines de fer constituent près de 40 % des exportations.
Cependant le pays reste très pauvre
économiquement. En décembre 2001, la Mauritanie a regu, en tant
que o pays pauvre fortement endetté D des aides de la part de pays
donateurs. Le Fonds monétaire international (FMI) a imposé des
mesures et des réformes afin de résoudre le problème de la
dette.
U n passé ouest-africain.
Historique de l`urbanisation en Mauritanie.
De tous les pays du Maghreb, la Mauritanie est certainement
celui dont la généralisation de l`urbanisation au cours des
dernières décennies est la plus spectaculaire, avec un nombre
d`urbains qui est passé de seulement 7 % en 1962 a 22 % en 1977, 40,6 %
en 1988 et plus de 60 % aujourd`hui2. Moins d`un habitant sur vingt
mène une vie nomade. Ce qui a eu pour conséquence, une
véritable crise du nomadisme qui prédominait encore il y a moins
de cinquante ans.
L`avant colonisation.
Pourtant, le pays bénéficie d`une tradition
urbaine ancienne. La Mauritanie était traversée par les grands
axes du commerce transsaharien.
Les villes sahariennes constituaient d`importantes
cités commerciales, qui servaient de villes-étapes pour les
grandes caravanes. Les anciens Ksour (cités caravanières), au
nord du pays, constituaient des "'lots de sédentarité.
A u Xème siècle, le nord de la Mauritanie et le
Sahara occidental sont peuplés de Berbères qui entretiennent des
liens d`échange intenses avec l`empire Soninké du Ghana qui s`est
étendu sur l`est et le sud-est du pays. Du Tagant jusqu`au fleuve vivent
des peuples Sérères et Wolofs.
Mais a partir du XIeme siècle jusqu`au XVIIeme
siècle, le peuplement de la Mauritanie allait changer radicalement de
physionomie a la suite de trois grandes invasions : celle des Berberes, celle
des Peulhs et celle des Arabes, tous, a l`époque, peuples nomades.
Les Ksour sont des villages de taille modeste, agencés
autour de quelques éléments structurants, comme la mosquée
(pouvoirs religieux), les rues, le marché et la place attenante, les
commerces (pouvoir économiques), et s`il y en a, des remparts. Ils se
caractérisent par une architecture de pierre congue pour se
protéger contre les vents de sable fréquents. Les nomades ont
toujours été dépendants de ces poles urbains.
Quatre de ces villes anciennes ont été
classées au patrimoine mondial de l`humanité par l`Unesco en 1996
: Chinguetti, 0uadane (région de l`Adrar), Tichit (région du
Tagant), et 0ualata (region du Hodh Echchargut).
La population de ces cités a toujours été
modeste (pas plus de 5 000 habitants) car celles-ci constituaient des points
d`attache temporaire et des magasins pour ces groupes de culture nomade. Ces
villes avaient donc la particularité d`abriter a la fois des modes de
vie nomade et sédentaire, et de proposer un équilibre entre
l`élevage, l`agriculture et le commerce.
L`islamisation.
a Au terme d`une longue évolution, commencée
dès le XIème siècle, les berbères et les
populations noires soumises ou asservies, allaient être insensiblement
assimilées ; la langue Arabe (le hassaniya ou langue des Hassan)
devenant la langue commune d`une société Arabe progressivement
hiérarchisée sur des bases de classes : l`origine ethnique perdra
de sa signification (des tribus hassan, les Awlad Rizg , vaincues, sont
ravalées au rang de zénagas - des tribus berbères se
soulèvent et conquièrent le rang de guerriers hassan telles les
Idowichs et le mechdoufs). »3
Au XVe siècle, l`arrivée des tribus des Hassanes
venus de Haute-Egypte se fixent dans le Nord et vont influencer la structure
sociale et la composition ethnique de la société mauritanienne,
répandre progressivement la langue arabe, ou leur langue courante
dérivée de l'arabe dite encore hassaniyya.
Au XVIlème siècle la confédération
des tribus Hassan éclate en principautés rivales : Les
EMIRATS.
La colonisation.
a La colonisation est un processus d'expansion
démographique et de domination politique, culturelle, religieuse et
économique pratiquée par certains Etats sur d'autres Etats ou
peuples alors obligés d'accepter des liens plus ou moins étroits
de dépendance. Il s'agit d'un processus expansionniste d'occupation, qui
consiste en l`établissement
3- Contribution a l'étude de la question nationale 1979
Source :
http://www.ufpweb.org/ARCHIVES/qnat/2pb.htm
d`une ou plusieurs colonies par la mise sous influence
etrangere d'autres territoires. Lorsqu'il y a domination politique du
territoire et assujettissement de ses habitants, on parle alors d'imporialisme
de la part du centre politique de decision appele motropole.
La colonisation peut avoir pour but l'exploitation
d'avantages reels ou supposes (matiere premiere, main-d'ceuvre, position
strategique, espace vital, etc.) d'un territoire au profit de sa motropole ou
de ses colons, et peut avoir pour but annonce le developpement de la
civilisation. »4
« A partir de 1902 commencera l`occupation coloniale
de la Mauritanie. Les clivages et les luttes de la vallee au XIXeme
siècle se reproduiront au sein de la foodalito des differents emirats.
La resistance dura plus de trente ans. »5
Le protectorat frangais s'impose aux émirats. La forte
résistance du nord est combattue par les Francais qui
s'établissent dans l'Adrar en 1908 puis au Hodh en 1911. Les frontieres
sont fixées suite a un accord franco-espagnol.
E n 1 920 , la Mau rita n ie devient une des colonies de
l'Afrique occidentale frangaise (A0F). Le gouvernement colonial établit
alors de nouveaux réseaux commerciaux définis par des axes tels
que la «route impérialeD entre St Louis du Sénégal et
Atar, ou le fleuve Sénégal qui constitue un axe agricole.
Ceci affaiblit les axes de commerces caravaniers existant
jusqu`alors, et entraine le déclin des anciens Ksour. Le commerce
caravanier disparait progressivement.
Il n'y aura pratiquement pas de developpement du pays et juste
une domination militaire en se servant des chefs traditionnels afin de
securiser le territoire (les amanitas entre les differentes tribus seront
utilisees avec profit par les Francais).
Ce sera Saint-Louis du Senegal capitale de l'A0F et du Senegal
qui sera donc la capitale administrative de la Mauritanie.
a Après la seconde guerre mondiale, l`empire
colonial trembla sous la poussée des mouvements de libération et
l`apparition et de la montée du camp socialiste. Il dut jeter du lest :
constitution Française de 1946, loi cadre de 1956, constitution de la
fédération 1958). Mais il le fit toujours dans l`optique de la
négation de l`identité nationale et des valeurs culturelles des
colonisés. h6
U n sentiment national, limité aux frontières
territoriales imposées par la colonisation, apparut davantage a partir
de l`après-guerre, qui marqua un tournant dans la vie politique et
administrative du monde colonial. Il CBuvra a la formation d`une elite
mauritanienne coupée des masses et destinée a l`assimilation.
L`independance.
a Malgré la proclamation de l`indépendance
en 1960, la Mauritanie est restée fermement dominée par
l`impérialisme Francais appuyé par la bureaucratie qu`il a
enfantée et sur la féodalité complice de vieille date ;
classes auxquelles il a confié le pouvoir. h7
H istoriq uement la Mauritanie n`avait pas de capitale
proprement dite, pendant l`epoque coloniale le pays etait gouverne depuis St.
Louis du Senegal.
Durant la seconde moitie des annees 1950, apres le vote de la
loi-cadre des territoires d`outre-mer en 1956, les elus et la population
mauritanienne manifestent la volonte d`un transfert de l`administration sur le
sol mauritanien. La France accepte cette requete d`emancipation, egalement face
aux menaces exercees par le Royaume du Maroc qui tente, depuis son
independance, de creer un grand territoire marocain, allant de Tanger au
Senegal et a Tombouctou. C`est donc par soucis de renforcer l`attachement de la
Mauritanie vers la France que la decision de deplacer le chef-lieu est
prise.
Le gouvernement mauritanien cree un Etat puis une Nation
moderne. Pour affirmer ce nouveau statut, le pays a besoin d`un lieu de
centralisation du pouvoir, une capitale. Nouakchott est donc implantee entre
1958 et 1961 sur le littoral Atlantique, a la charniere du monde blanc des
nomades et du monde noir des paysans negro-africains. C`est une ville de
commandement territorial, centralisant les pouvoirs politiques, financiers, et
economiques.
Des 1960 le pays connait une urbanisation croissante. 0n
assiste alors au debut d`un mouvement de sedentarisation des nomades, attires
par les avantages et les seductions de ce nouveau mode de vie urbain.
Mais ce sont les secheresses des annees 1970 qui ont
profondement bouleverse l`economie rurale et declenche une veritable explosion
urbaine.
o L`exem ple le plus marquant est sans conteste celui de
Nouakchott, la capitale nationale, qui donne la (dé)mesure du
phénomene : 5807 habitants en 1962, 393 325 en 1988 et plus de 600 000
sur les 2,8 millions d`habitants que compte le pays en 2005.
»8
En 1975, la guerre du Sahara 0ccidental a été un
facteur supplémentaire de migrations vers les villes.
a Le nomade d`hier est ainsi venu gonfler les bidonvilles
de Nouakchott, les périphéries des villes secondaires ou
s`établir dans ces innombrables points de sédentarisation qui
s`égrainent désormais le long des voies de communication du pays,
en zone sahélienne principalement. »9
Ce mouvement de sédentarisation a bouleversé
profondément la société nomade et a changé les va
leu rs de la société. La vie nomade est désormais pergue
comme incertaine, misérable, et la vie urbaine est
idéalisée.
Synthese su r le pays.
Depuis plusieurs siècle avant l`islamisation et la
colonisation, des ethnies avec des modes de fonctionnement social different
peuplées ce territoire. Ces ethnies ont été
influencées par de nombreuse invasion comme celle des Arabes.
Mais c`est la colonisation qui va apporter l`essentiel de la
structure urbaine actuelle du pays calquer sur son systeme politique et urbain,
et imposer dans le fonctionnement territorial. Divisant le territoire en
quartier administratif, politique etc...
Petit a petit le peuple Mauritanien va revendiquer leurs
droits de controler, seuls et sur leur territoire la destinée de leur
pays.
La plupart des états africains ont
débutés dans des histoires floues de coups d`état et de
successions de gouvernements ceuvrant la plupart du temps pour leur profit
personnel au lieu de penser aux besoins de leurs peuples.
Aujourd`hui, l`Etat seul, s`est trouvé incapable de
controler le développement des villes. Face au manque de logements
proposés, les migrants s`installent illégalement dans des zones
d`habitat spontané. Ces nouveaux quartiers, la plupart du temps
dépourvus d`infrastructures et d`équipements publics,
s`étalent autour des tissus urbains préexistants et voient
s`installer un grand nombre de tentes et de baraques.
Partie 2 : La ville... Nouakchott
L` h istoi re des villes ouest-africaine est tres liee a
l`histoire colonial du continent.
La situation urbanistique de ces villes est donc le fruit
d`une longue evolution, ou deux temps forts peuvent etre distingues. Avant la
colonisation europeenne : l`urbanisation etait liee aux royaumes autochtones ou
a l`expansion de l`islam et du commerce arabe. Ses villes etaient ponctuelles
le long des routes commerciales.
La colonisation va marquer un profond changement : mise en
place de quadrillage urbain, de route, de chemin de fer, etc... pour faciliter
l`exploitation du territoire. Elle installe aussi sur place un mode de vie
occidental auquel les populations locales n`etaient pas preparees.
Phenomene d`urbanisation.
L`apparition des b idonvi l les
Les paysages urbains resultants des schémas de
développement global, montrent des villes éclatées,
polycentriques, a plusieurs vitesses, ou le formel cotoie l`informel, ou
impressions d`ordre se juxtaposent avec celles d`anarchie, et ou des quartiers
riches, bien équipés en services publics contrastent avec des
quartiers d`habitat insalubre, sous-équipés.
Les Etats africains, comme d`autres pays du Tiers monde, se
trouvent dans l`incapacite de produire suffisamment de logements pour la
population urbaine.
Les logements dits osociauxD construits dans les grandes
villes par l`Etat mauritanien deviennent trop chers pour accueillir les
populations les plus demunies et sont detournes de leur vocation au profit des
classes moyennes. Les citad i ns les plus pa uvres sont donc contraints de
trouver des solutions alternatives pour satisfaire leurs besoins en matiere
d`habitat. Ils s`installent sur des terrains vacants dans une totale
irregularite fonciere et immobiliere, le plus souvent dans des zones
peripheriques non amenagees (absence parfois totale d`equipements publics : eau
potable, electricite, assainissement, voiries, etc..).
Face a ces phenomenes d`exclusion, les africains ont developpe
une capacite d`adaptation et de debrouillardise pour survivre.
La morphologie des zones d`habitat precaire se caracterise la
plupart du temps par une forte densite de population, mais une faible hauteur
des constructions. Les habitations sont distribuees par un vaste reseau de
ruelles, parfois labyrinthiques.
Les limites des villes se voient repoussees par l`occupation
illegale d`espaces periurbains. 0n assiste la plupart du temps au developpement
de cites tentaculaires, qui s`etendent horizontalement.
0n peut donc se poser la question de la limite effective de la
ville avec toute ces problematiques comme celle de l`eloignement du
centre-ville et des marches.
Alors pourquoi un telle attrait pour
la ville
gLe mirage urbain est un facteur non negligeable dans la
decision de quitter la campagne. Il devient beaucoup plus docisif lorsque la
vie au village reste soumise a des contraintes traditionnelles tres
coercitives. Divers auteurs ont docrit, en Afrique noire, cette fuite des
jeunes ruraux qui, avisos d`une autre vie par la radio ou par l`École
primaire, n`acceptent plus les rites initiatiques et autres comportements
obligatoires de leur milieu d`origine. hi°
Les villes ouest-africaines, et particulierement les
capitales, constituent un pole d`attraction pour la population car elles
deviennent le lieu de tous les espoirs pour des gens a la recherche d`une
meilleure situation, qui n`ont plus rien a perdre.
C`est reellement l`image des villes comme lieux d`opportunites
economiques (marche...) et sociales (ecoles, cinema...), plus que leur reelle
capacite a offrir de l`emploi ou de meilleures conditions de vie, qui constitue
leur principal attrait.
Pour les jeunes, les villes sont des lieux de liberté
ou ils pourront entreprendre des etudes supérieures, car on ne trouve
pas d`enseignement supérieur dans les milieux ruraux.
Enfin un autre aspect non negligeable dans l`attrait de la ville
est du domaine de la representation: le milieu urbain
véhicule l`image idéale d`un modèle
européen, ou la ville est pergue comme un lieu ou la vie est plus
facile.
g La question foncière fait problème en
Mauritanie. Pays majoritairement nomade il y a quarante ans, il renferme
aujourd`hui une très grande concentration urbaine.
»11
Pour les anciens nomades, la terre est un bien collectif qui
n`appartient a personne. Lorsqu`ils s`installent dans les zones
périphériques des villes, l`occupation du sol urbain se fait de
la meme fagon : les populations délimitent des lopins de terre pour
assurer leur propre chez soi.
E n 1983, face a des problèmes de coexistence entre des
systèmes fonciers traditionnels et certains éléments de
droit modernes appliqués après l`indépendance, les
autorités mauritaniennes édictent une nouvelle réforme
foncière.
A u fil des ans, l` Etat a tenté pl usieu rs
opérations pour lutter contre le développement des zones
d`habitat non réglementaire en milieu urbain, notamment dans la ville de
Nouakchott.
a
Des 1974, devant l`afflux massif de populations, les
autorités prennent l`initiative de distribuer gratuitement des lots de
recasement (7500 entre 1974 et 1977), ne tenant aucunement compte du plan de
1970. Mais, a peine procade-t-on a la distribution des parcelles que les
bénéficiaires les cadent. Leurs moyens étant insuffisants
pour construire en dur, ils revendent aussiteit les terrains et s`installent
quelques metres plus loin, de nouveau dans l`illégalité.
»12
Le wali, hakem ou ministere des Finances (=
les commanditaires) demandent la realisation d`un lotissement
La Direction de Betiments de l`Habitat et de
l`Urbanisme (DBHU) realise les plans
Les plans sont remis aux commanditaires (Ministere des
Finances ou wali) qui les d istri buent
Les beneficiaires obtiennent une lettre d`attribution pu is
u ne autorisation d `occuper
Le titre foncier est accordé au bout de 5 ans.
Les Étapes d`acces a la propriete
fonciere
Ces opérations vont s`enchaîner jusqu`en 1988,
aboutissant a la création de nouveaux quartiers, mal reliés a la
ville, avec peu de développement économique possible.
Entraînant un phénomène de spéculation
foncière et de reventes, ces opérations ont pour effet de
renforcer le développement de Gazra.
E n effet, a la lumière de l`article 13, o la mise en
valeur d`une terre domaniale sans concession préalable ne confère
aucun droit de propriété a celui qui l`a faite. En pareil cas,
l`Etat peut, soit reprendre le terrain, soit régulariser l`occupation D.
Ce terme même de régularisation laisse entendre que les
occupations illégales du domaine privé de l`Etat ont de fortes
chances d`être un jour reconnues.
En outre, ce phénomène de gazra peut s`expliquer
aussi par la culture traditionnelle nomade pratiqué quasi-exclusivement
par la population maure, habituée a s`installer dans des espaces libres.
Ainsi elle ne se considère pas comme fraudeuse. Dans l`imaginaire
collectif nomade, la terre appartient a celui qui l`occupe et non pas a l`Etat
comme cela est écrit dans les textes.
Structure et gestion urbaine.
Dans les années 1990, l`ouverture démocratique
de la Mauritanie a déclenché l`arrivée de l`aide
internationale. La Banque Mondiale devient le principal bailleur de fonds du
pays, et impulse une Stratégie Nationale de Lutte Contre la
Pauvreté (SNLCP) s`étalant jusqu`en 2015.
a Si auparavant les quartiers spontanés
étaient brutalement éradiqués, les autorités
changent d`attitude. A l`instar de ses voisins, l`Etat mauritanien
réhabilite plus qu`il ne détruit, et ce, a la demande de la
Banque Mondiale. Le recasement de la kébbé d`El Mina s`inscrit
justement dans cette lignée et pase lourd : 2 milliards d`ouguiyas sont
en jeu (soit plus de 520 000 euros). »13
Ainsi, sous la pression EFT institutions internationales, les
actions de l'Etat mauritanien par rapport aux zones d'habitat informel ont di)
prendre une autre forme. La priorité est désormais donnée
a la rehabilitation et au maintien EFT populations sur leur site d'occupation.
Les objectifs de la restructuration EFT quartiers précaires sont
définis en termes de lutte contre la pauvreté par le PDU.
Pour initier cette nouvelle orientation politique, l'Etat,
soutenu par la Banque Mondiale, entame un projet pilote de remembrement de la
Kebbe d'El .JOB qui constitue l'une EFT derrieres poches d'habitat et
d'occupation informels de la ville de Nouakchott.
Au-dela d'une amelioration EFT conditions de vie et d'habitat EFT
populations residentes sur le site de la Kebbe, l'objectif
Ha ca nrniat =et rVirlanfifiar lino tar hnini is Ill II
mar-matte
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EF /PVBLDIPUU
EV QB
Source : Annales de géographie n° 647 (1/2006)
p.72-73
Q
a Une véritable politique de
réaménagement devient
incontournable. Pour la Banque Mondiale, la
kébbé d`El Mina
Source : AMEXTIPE, URBAPLAN, «Elaboration d'une strategie et
d'un programme [. ·.]»
incarnera l`exemple d`intégration d`un quartier pauvre
dans le tissu urbain. Les fonds débloqués sont alors
conséquents. h14
Cette opé ration de restructu ration vise a rég u
lariser
- Dans un 1er temps par la viabilisation de
l`ensemble du site de la Kebbé d`El Mina. Le quartier a
été fourni en infrastructures de base et en équipements
publics
- Dans la deuxième étape, il s`agit de
réorganiser le parcellaire pour permettre l`accession a la
propriété pour les ménages habitant la Kebbé, puis
de les aider a mettre en valeur leur parcelle en construisant leur logement.
a La construction de ces modules (chambre, latrines et
clotures) est placée sous la tutelle du Commissariat des Droits de
l`Homme a la Lutte Contre la Pauvreté et a l`Insertion (CDHLCPI),
laquelle sous-traite a une 0NG : le GRET. Cette 0NG a la maitrise d`ceuvre du
projet et a élaboré un Programme Twize h.15
Ce programme que j`analyserai dans un chapitre
précédent a choisi de s`appuyer sur des structures
traditionnelles. La twize s`appuie sur l`ancien système de
solidarité mauritanienne.
14 et 15- Annales de géographie n° 647 (1/2006)
p.73 / A.Choplin
Nouakchott capitale de la
Mauritanie
Premiers pas maladroit...
a Par sa position geographique de trait d`union entre le
Maghreb et l`"frique noire, la Mauritanie constitue un bon exemple de a ville
du Sud ». Influencee tant par le Monde arabe que l`"frique subsaharienne,
le cas de Nouakchott rend compte des difficultÉs lioes a la question
fonciere. »16
L`un des objectifs de la creation de la nouvelle capitale
etait de creer une unite entre les differentes populations du pays et, selon le
futur president Moktar 0/ Daddah, de forger une patrie mauritanienne.
La future capitale devait etre ml`indispensable expression de
l`affirmation et de l`uniteD 17 de ce jeune Etat, etre un
trait d`union entre la partie maure au nord et la partie noire au sud, une
jonction entre le Maghreb et le Sahel, entre les zones minieres et la zone
agropastorale de la vallee.
Son emplacement devait etre le plus representatif des
differentes composantes ethniques (Maures, Poulaars, Soninke et Wolof) du
pays,
Dans les annees 1950, Nouakchott n`etait qu`un modeste Ksar,
situe sur la route qui relie le Maghreb a Dakar. Cet ensemble de constructions
n`avait pas d`ancienne Medina ni de monuments historiques, en bref il n`avait
pas de passe.
Des que, la decision d`eriger la future capitale fut prise,
en 1957, les autorites s`engagent dans des etudes afin de
mieux définir les exigences et l`emplacement du nouveau
quartier administratif.
Dans l`esprit des autorités coloniales la construction
de la ca pitale devait répondre a deux aspects : rapidité et
économie.
Le cahier des charges ne prévoit que quelques
batiments administratifs, un centre commercial, des habitations pour les
fonctionnaires, des écoles et un centre sportif,... Un kilometre
carré suffit a tout installer et a accueillir les populations
prévues.
L`em placement du futur quartier est choisi sur le plateau
dunaire situé a l`ouest du Ksar. Ainsi le nouveau quartier est
prévu a une distance d`environ deux kilometres de l`ancien noyau,
l`emplacement d`une mosquée entre le deux quartiers indique la direction
dans laquelle les concepteurs imaginaient l`éventuelle extension de la
ville.
Les projets réalisés reprennent tous les anciennes
habitudes coloniales en matière de planification urbaine, lesquelles
voulaient que les habitations soient toujours a l`écart des
installations militaires et administratives.
Tous les plans prévoient une grande voie est-ouest
qui, en reliant le Ksar a la nouvelle ville, sépare le quartier
«indigene» (Médina), au sud, de la capitale coloniale, au
nord. Perpendiculairement a cette voie, se développe un axe majeur,
délimité au nord par la Présidence, or) l`on trouve tous
les ministeres et les infrastructures sociales (écoles, stade , u n
iversité , . ..) .
A l`ouest se trouve le quartier residentiel, lequel est
delimits au nord par des grands lotissements prevus pour les ambassades et les
consulats. Cette planification bloquera toute extension possible du tissu
urbain dans cette direction. L`em place ment de la Medina, dans la limite
inferieure du plateau, revient egalement a lui empecher toute possibilite
d`extension et donc a confirmer l`idee que Nouakchott sera une simple ville
administrative, sans accroissement demographique. Le plan retenu est celui du
cabinet Leconte qui s`inscrit dans la logique des premiers projets.
a Si Nouakchott n`est pas attractive dans un premier
temps, un renversement de situation s`opere des la fin des années 1960.
Une période de sécheresse aigud frappe la région. Les
troupeaux sont décimés ; les nomades, sans ressource, gagnent
massivement la capitale. Tous les plans d`urbanisme sont mis a mal : alors que
l`on tablait sur 8 000 habitants pour 1970, la ville en compte
déjà 70 000. La ville ne cesse de s`étendre ; les
autorités publient de nouveaux plans d`urbanisme en 1970 puis 1982,
chacun visant a réglementer puis contrejler les extensions. Ils se
révèleront inutiles : l`Etat est contraint de revoir constamment
les limites de sa capitale. En 1973, il reprend le plan de 1970 et donne
naissance a six nouveaux arrondissements. Il veille a ne pas créer trop
de disparités entre les arrondissements. En 1990, trois sont de nouveau
créés ». 18
a $`est l`imprévu auquel s`ajoute
l`imprévisible »19 ...puis l`improvisation. Nulle
question de planifier : on pare au plus pressÉ.
Faute de trouver des logements, les anciens nomades
d ressent leurs tentes au cceur du tissu urbain. L`anarchie
envahit Nouakchott-Capitale, tandis que Nouakchott-Ksar se taudifie.
C`est ainsi que les differentes phases de regularisation se
succedent dans les quartiers peripheriques, les autorites continuent a
distribuer des parcelles non viabilisees et repoussees de plus en plus loin du
centre-ville.
Pendant une quinzaine d`annees, des parcelles sont
distribuees, operations visant a freiner, voire supprimer l`occupation illegale
des terrains, par l`ouverture repetitive de nouvelles zones a batir.
Cependant, les resultats de cette politique sont loin
d`être ceux escomptes : les attributaires des parcelles, se retrouvant
deplaces dans des zones enclavees ne beneficiant d`aucun service de base,
revendent leurs lots pour retourner dans des Gazras plus pres du centre
urbain.
Dans les annees 1980 la tendance au developpement
tentaculaire de la ville se confirme avec le prolongement de la route de
l`Espoir, vers Boutilimit, jusqu`au Mali. Maintenant l`est du pays se trouve a
un jour de voiture de la capitale au lieu d`une semaine, l`attractivite de
Nouakchott est donc renforcee . Ce mouvement se poursuivra dans les annees 1990
vers le sud, route de Rosso, et vers le nord, route d`Akjoujt.
E n 1990, la ville procède a un nouveau decoupage
des Moughataa, aux 6 creees en 1973 sont ajoutes trois nouveaux
arrondissements : Arafat, Dar-Naim et Riad.
L`esprit qui a guidé cette nouvelle restructuration
n`a pas tenu compte des caractéristiques des quartiers, le
résultat est un découpage inégal du territoire.
C`est ainsi que l`occupation précède la
régularisation : les pouvoirs publics ont perdu la maîtrise du
développement spatial de Nouakchott. Les autorités du pays
essaient, donc d`inverser les courants migratoires pour diminuer l`attrait de
la capitale, mais pourtant : aon peut même affirmer que tout est
focalisé sur Nouakchott, capitale magnifiée, elle est le siege
d`une concentration étonnante du pouvoir))2o.
20- I. Diagana, gCroissance urbaine et dynamique spatiale a
Nouakchott»
Du laisser-faire au réengagement de
l`Etat.
a Aujourd`hui, il faut compter avec la Banque Mondiale
qui incite l`Etat a se réengager. Car, ne l`oublions pas, la Mauritanie
n`échappe pas a l`emprise des bailleurs de fonds et autres projets
d`essence exogene. Un grand Programme de Développement Urbain (PDU) est
lancé. ))21
E n 1998 avec l`élaboration d`une Stratégie
Nationale de Lutte Contre la Pauvreté (SNLCP) et d`un Programme
de Développement Urbain (PDU) l`Etat Mauritanien se lance
dans une série d`initiatives visant la lutte contre la
pauvreté ainsi que la gestion et la planification urbaine du pays.
a Ce PDU représente une manne miraculeuse : 60
millions de dollars sont débloqués par la Banque Mondiale, dont
54 millions sur 10 ans pour la seule ville de Nouakchott. Pour mettre en place
ce PDU, un Schéma Directeur d`Aménagement Urbain (SDAU),
commandé par l`Etat, est publié en décembre 2002. Ce SDAU
se veut prospectif et anticipe le développement futur de la capitale :
des projets de ville en 2010 et 2020 sont présentés.
»21
A Nouakchott cette nouvelle orientation se manifeste a
travers la création, en 2001, de l`Agence de Développement Urbain
(ADU).
Dans la même année, cette agence réalise,
en collaboration avec le bureau d`étude URBAPLAN, le projet de
restructuration de la Kebbé d`El Mina. Il s`agit de la dernière
poche de ce type d`habitat précaire et la ville souhaite trouver une
solution rapide et définitive.
Ce projet bénéficie d`un apport politique
manifeste. Ces motivations expliquent la part importante des investissements
prévus pour la zone actuellement occupée par la Kebbé et
pour la zone de recasement a créer.
21- Annales de géographie n° 647 (1/2006) p.79 /
A.Choplin
E n résumé...
Aujourd`hui la ville se subdivise en 9 Moughataa et s`etend
de facon tentaculaire sur des axes mesurant 30 Km (nord- sud) sur 15 Km
(est-ouest). La surface de la capitale est passee d`environ 240 ha au moment de
sa construction a 38 581 ha en 2005.
La surface urbanisee de Nouakchott et sa population ont
fortement augmente dans les dernieres annees.
Année
|
Nombre d`habitants prévus
|
Nombre d`habitants reels
|
1 958
|
-
|
500
|
1 963
|
-
|
8 000
|
1 970
|
8 000
|
40 000
|
1 980
|
50 000
|
207 000
|
1 988
|
-
|
393 325
|
2000
|
400 000
|
611 883
|
2005
|
-
|
750 000
|
20 1 0
|
-
|
850 000
|
|
Evolution de la population de Nouakchott
Cette nouvelle capitale présente donc de nombreux
problèmes22 :
- Une mauvaise urbanisation due aux deux noyaux qui se sont
trop vite rejoints : difficulté de circulation, mauvais services,
etc.
- Une saturation de l'espace : les quartiers pauvres,
Kebbé, se multiplient
- Le risque d'ensablement
- La menace lié a l'0céan Atlantique : une
partie de la ville est située en dessous du niveau de la mer ; les
dunes, déjÁ fragiles, ont servi de supports a des constructions
pauvres, ce qui a augmenté leur fragilité.
- L'absence totale d'eau douce, qui doit titre
importée d'une source distante d'une soixantaine de kilomètres.
Le grand projet Aftout Sahli devrait apporter une solution définitive a
ce problème, par un aqueduc qui reliera Nouakchott au fleuve
Sénégal et dont les travaux ont commencé en 2007.
-
La modification des courants marins due en majeur partie a la
construction du port, entraine un déséquilibre rapide du bandeau
dunaire sur la cote. Alors que paradoxalement s'intensifie l'urbanisation
derrière ce cordon, dans une zone légèrement plus basse
que le niveau de l'océan.
aDe toute facon, conciut Moctar Quid ei-Hacen, il n'y a
pas besoin d'être sorcier pour comprendre le probleme. A Nouakchott,
partout o0 i'on marche sur des coquillages, c'est Qu'Jl y avait ia mer. Si eiie
est partie, eiie peut revenir.),23
Nouakchott, avec plus d`un quart de la population du pays et
par la concentration des organes politiques, administratifs, religieux,
economiques, de l`education et de la sante, domine et rayonne sur l`ensemble du
pays.
Cependant peut-on vraiment parler de surface urbanisée
ou de ville, au regard de la nature et de la structure précaire des
divers quartiers en question et des terrains de recasement menaces par le
retour de la mer
Regard rapid e s u r la vi l le
d`aujourd`hui.
Le tissu bati se caracterise par une homogeneite au niveau du
gabarit, en generale les constructions ne presentent qu`un etage (R+1), dans
les quartiers residentiels on peut trouver des logements a deux etages (R+2).
Les batiments en hauteur sont tres peu repandus et se concentrent pour
l`essentiel dans le quartier administratif de la capitale, par leur caractere
exceptionnel ils servent de points de reperes aux citadins.
Mame dans le choix des materiaux et de la mise en oeuvre on
retrouve une tendance commune a tous les quartiers, a l`exception de la Kebbe,
dans l`emploi du parpaing, de ciment pour la construction de tous les
edifices.
Nouakchott se subdivise en ensembles
hétérogènes qui renvoient, a l`échelle de la ville,
soit a une fonction, soit a un contenu social ou encore aux origines de ces
espaces. 0n peut ainsi distinguer cinq types principaux de quartier :
Le quartier administratif : l`un des plus
anciens de la ville se trouve entre les Moughataa de Tevragh-Zeina et du Ksar.
Il regroupe en son sein l`ensemble des institutions de l`Etat, cette zone est
une des mieux desservies en termes d`infrastructures, d`équipements et
de services. Dans cette partie de la ville la densité du tissu bati
n`est pas grande et depuis sa création dans les années 1960, le
quartier a peu changé.
Les quartiers résidentiels : ce sont
les zones d`habitat des populations plus aisées de la
société, les hauts cadres de l`administration et les
expatriés. La construction dans ces zones est soumise a un cahier des
charges qui fixe un montant d`investissement minimum. La densité est une
des plus faibles de la capitale et des logements luxueux sont
édifiés sur de vastes parcelles. Ces quartiers regroupent les
parties ouest et nord-ouest de l`arrondissement de Tevragh- Zei na et la partie
sud-ouest du Ksar.
Les quartiers spontanés se divisent en deux
sous-ensembles qui sont : le quartier de type Kebbé et le quartier de
type Gazra. Les quartiers spontanés se trouvent dans la
périphérie de la capitale mais aussi a l`intérieur du
tissu urbain.
Le quartier Kebbé : se
caractérise par le fait que la population s`installe de facon
précaire sur des terrains qu`elle trouve disponibles, sans droits et
sans aucune espece d`autorisation. Elle commence par y dresser des tentes,
puis, si l`occupation est tolérée, construit des habitats
précaires en matéria u de récupération. La nature
des matériaux de construction s`explique par l`illégalité
de leur situation, laquelle empêche d`investir sur des terrains
susceptibles d`être repris a tout moment. La densité du tissu bati
dans ce type de quartier est tres importante et l`occupation du sol se fait de
facon anarchique et sans planification.
Le quartier Gazra : se caractérise,
par rapport a la Kebbé, par la mise en valeur du terrain occupé.
La volonté de construire s`explique par une volonté
d`acquérir un permis d`occuper, en supposant que la ville
procédera a une régularisation foncière du quartier. Cette
attitude des habitants dérive du changement dans la politique de l`Etat
face a l`usurpation illégale du domaine public. A partir des
années 1988, la ville a procédé a toute une série
de
régularisations dans la Moughataa d`Arafat. La
durcification des Gazra montre que le niveau de revenus économiques des
populations est légèrement plus important que pour les
populations habitant dans une Kebbé.
Les zones artisanales et industrielles : se
situent dans la partie ouest de la capitale, vers l`aéroport, le long de
la route pour le wharf et au sud de la Kebbé d`El Mina.
Théoriquement, ces zones, devraient accueillir les principales
activités artisanales et industrielles de la ville. La taille des
parcelles est supérieure a celles des quartiers d`habitation. A part
quelques usines ou entrepots, ces lotissements sont souvent mis en valeur par
une cloture assurant le titre d`occuper, mais restent a ce jour des terrains
faiblement exploités
General ite .
Avant d`aller plus profondement, dans l`analyse de l`habitat
mauritanien, il me semble necessaire de se pencher sur le mode habite. Qui
habite la Mauritanie et comment
Les frontieres de cet Etat-nation que constitue la Mauritanie
ont ete dessinees de maniere artificielle, et definissent une nation qui se
veut reunion de plusieurs communautes ethniques. Situe a la charniere entre le
Maghreb et l`Afrique noire, au point de contact entre le Sahara et le Sahel, ce
pays est un carrefour des civilisations arabe, berbere et africaine.
Horm is dans la frange sud du pays, bordant le fleuve Senegal
et sur le littoral Atlantique, tout le reste du pays est un territoire saharien
desertique.
La Mauritanie peut etre decoupee en cinq grandes regions,
definies par l`histoire, la geographie, et l`economie :
Le Sahara au nord et
nord-ouest23, constitue la partie la plus desertique du
pays, c`est le domaine des grands nomades. Cette region accueille egalement les
grandes zones oindustriellesD: les mines de fer, et sur le littoral, dans la
ville de Nouadhibou, la peche et les industries annexes.
La vallee d u fleuve Senegal23,
au sud, est une grande region d`elevage mais aussi d`agriculture grace a son
humidite saisonnière. A la frontière avec le Senegal, la region
est occupee majoritairement par des populations noires.
L`est mauritanien (Hod h)23
s`ouvre sur l`Afrique noire par sa frontiere avec le Mali. C`est une region
d`echanges et d`elevage.
La Guelba, a l`ouest23, est une
region de basse altitude, qui s`etend du rebord des plateaux greseux
jusqu`à l`ocean Atlantique. C`est une region essentiellement
d`agriculture et d`elevage, elle abrite aujourd`hui la capitale du pays,
Nouakchott, qui devient le centre d`un espace urbain tertiaire et
administratif.
Le centre du pays, surnomme Trab
el-Hajra23 (pays de la pierre), est le cceur historique de
la Mauritanie, c 'est ole pays des mauresD. Compose a la fois de desert de
sable (erg), et de desert de pierre (reg), c`est un vaste plateau entaille de
falaises et de gorges, ou la presence de sources a permis la creation d`oasis.
Cette region accueille les grandes cites caravanieres developpees a partir du
Moyen- a g e .
C e s differences marquees entre les regions expliquent d`une
part l`inegale repartition de la population dans le pays, et d`autre part
l`existence de divers modes de vie en fonction des caracteristiques
geographiques et culturelles de chaque region.
0n distingue dans le pays deux grands types de communaute :
les Maures, d`origine double, arabe et berbère, majoritairement nomades
; et la communaute negro-africaine, composee de plusieurs ethnies, plutôt
sedentaires et vivant de l`agriculture.
Partie 3 : L`habitat, l`habitant...
u ne population, u n habitat...
o Une des caracteristiques marquantes de la Mauritanie est sa
particularite sociale qui met en presence deux grands groupes de populations,
arabo berbere au nord et negroafricain au sud. La specificite de chacune de ces
societes n`a d`egale que leur complementarite. D24
La population mau re
0n desig ne par oMaureD la population arabisee, qu`elle soit
d`origine arabe, berbere, metissee. En effet, il existe une distinction entre
les Maures blancs (beidanes) et les Maures noirs (haratines), qui sont a
l`origine d`anciens esclaves affranchis, culturellement arabises et d`origine
negroafricaine. Cette civilisation est de religion musulmane et parle le
hassaniya, un dialecte arabe ; elle se caracterise par une organisation sociale
complexe et fortement hierarchisee.
Le nomadisme des maures vient d`une quÊte quasi
permanente des pêturages optimaux pour leurs troupeaux ainsi que des
points d`eau. Dans un environnement ou l`eau est une ressource limitee, la
mobilite s`impose. Les societes d`eleveurs nomades ont su trouver des
techniques d`elevage qui permettent d`exploiter des milieux divers. Elles ont
developpe une capacite d`adaptation aux changements climatiques, sociaux ou
même politiques, et ont pour habitude de passer temporairement d`une
habitation a une
autre en fonction des contraintes avant tout
écologiques et économiques. La vie d`un pasteur nomade est en
réalité rythmée par une alternance de phases de nomadisme
et de sédentarité. Ainsi les unités de vie de la
société nomade sont le campement, mais également la
ville.
L`habitat le plus adapté au mode de vie des nomades
est la tente maure (khaIma), car elle se démonte, se plie et se
transporte facilement.
Il arrive souvent que les familles d`éleveurs
emploient deux abris en toile distincts : un plus léger pour la
période des pluies (hriv), l`autre pour le reste de l`année. Les
familles plus aisées, généralement propriétaires
des palmeraies, peuvent également occuper un troisième type
d`abri en «semi-dur{ lors de la période marquée par la
permanence de vents très chauds, qui rend la vie sous la tente
inconfortable.
La tente n`est donc pas le seul habitat du nomade, celui-ci
peut alterner de fagon périodique entre deux, trois, voire quatre abris
différents dans la même année.
L`habitat est vu comme une unité entourée par
l`espace de
référence du foyer. Chez la population maure
l`habitat est une unité qui peut se constituer en un ensemble d`habitats
dispersés dans l`espace formant un campement.
La Khaima est l`abri de la famille nucléaire (entre 5
et 8 personnes), qui est généralement intégré a un
campement ot) les diverses familles, appartenant le plus souvent a un
même groupe de parenté, se rassemblent. Les facteurs qui
président au regroupement de plusieurs familles maures en
Fam ille Mau re sous u ne tente blanche Source : collection
S.N.I.M photo Delbert
u ne même unité résidentielle sont de
divers ordres, au premier rang desquels figurent les contraintes naturelles. La
tente est pensée comme l`espace de référence a partir
duquel les Maures se représentent le monde, proche ou lointain, naturel
ou surnaturel. Le contact visuel permanent avec le territoire et la
société est une des caractéristiques fondamentales de ce
type habitat et de la culture maure. La position d`une tente par rapport aux
autres est définie soit par des raisons sociales d`intimité ou
selon les relations entre les divers individus.
« Elle fonctionne comme une pyramide inversée
au sommet de laquelle se trouve la tribu regroupant tous les individus et que
Sophie Caratini définit comme un ensemble de familles unies par des
intérêts économiques, juridiques et politiques autour d`un
noyau de parents agnatiques issus d`un ancêtre éponyme
),25
La tente se compose d`un seul élément, le
velum, qui constitue la toiture textile. La forme peut varier selon les
régions du pays. Le velum, est réalisé par la femme avec
l`aide des autres femmes du campement, et il se compose
généralement de 7-9 bandes tissées entre elles, chaque
bande mesure environ 8 metres de long, pour 80 centimetres de largeur. Le tissu
est soutenu a l`aide d`un ou deux mats en bois, leur longueur est de 3.5-4
metres, et par une série des cordes et piquets. Des paravents en tissu
permettent de protéger l`intérieur des éléments
extérieurs.25
L`occupation de l`espace abrité par le velum est
structurée par une double bipolarité : entre masculin et
féminin d`une part, entre privé et public d`autre part. C`est un
espace non-cloisonné avec une géographie variable des espaces
selon la présence ou non de l`homme. La distinction entre les genres est
très marquée, cependant elle n`est pas matérialisée
par une frontière effective mais plutot par la place des individus. Dans
les cas ou il existe un cloisonnement réel c`est a travers un simple
tissu ou des meubles qui partagent l`espace. L`avant de cet habitat est plus
important que l`arrière, car c`est dans cette première partie
qu`on accueille les visiteurs.
Le mobilier se réd u it a l`essentiel, le porte -
bagages qui se transforme en palanquin, pour les femmes ou les enfants, lors
des déplacements, quelques nattes, des couvertures et des coussins.
Cependant, les apparences comptent et le prestige et l`honneur de la famille se
manifestent au travers du mobilier et de l`intérieur de la tente.
Celle-ci exprime également le statut social de l`individu, elle est
aussi le lieu privilégié de l`hospitalité, cependant la
dimension de la KhaIma définit plus la fréquence avec laquelle
les hÔtes rendent visite au foyer que son importance sociale.
Les populations Negro-Mauritaniennes
a Les populations nogro-africaines occupent la partie
moridionale du sud-ouest de la Mauritanie formant un peuple continu le long de
la vallÉe du fleuve du Senegal ; elles reprosentent environ le tiers de
la populations du pays et elles sont composees essentiellement de sedentaires
qui s`adonnent principalement a l`agriculture. »26
De la même fagon que dans le Ksar, l`habitat
negro-africain se ferme face au monde exterieur et se tourne a l`interieur vers
sa cour centrale, la ots.i les activites quotidiennes se deroulent dans
l`intimite familiale. Cependant dans certains cas, les occupations interieures
se prolongent dans la rue, pour se concentrer devant la porte d`entree. Chaque
construction definit une maniere d`etablir des relations ; l`organ isation
spatiale et sociale derive de la relation entre les forces males et femelles.
L`amenagement de la maison repose sur trois espaces d isti ncts :
- L`entree : l`acte d`entrer, de penetration dans la maison
est trÈs important dans la culture et la symbolique des populations
negro-mauritaniennes, ce passage entre le seuil du dehors et du dedans est
congu de fagon fluide. La notion d`entree, pour ces peuples, n`est pas la
même qu`en occident ots.i elle est plutôt vue comme une
barrière a franchir. La porte est toujours ouverte pendant la journee,
afin d`accueillir le visiteur. La zone exterieure de l`entree est le lieu ots.i
la famille se reunit pour converser et prendre le the. L`aîne de la
famille occupe une piece proche de l`entree, et par des petites fenêtres
il reste en relation avec cet espace exterieur de reference de la maison.
- La cour : cet espace a, dans la vision africaine, une
dimension physique et psychique qui relève de la cosmologie et de la
cosmogonie. Dans ce contexte culturel, la cour n`est pas au centre de la maison
au sens arabo-berbère du terme, mais le centre de la vie. La cour est le
lieu de la vie des femmes et leurs activités quotidiennes, un ensemble
dynamique et catalyseur d`énergie.
- La cuisine : c`est un lieu aux multiples fonctions, elle
est ouverte et joue le role d`élément de transition entre
l`extérieur et l`intérieur. C`est l`endroit ou se rassemblent les
membres de la famille étendue.
A ces trois unités de base sont agglutinées
toute une série d`espaces qui répondent a des fonctions
secondaires. L`architecture suggère une perception de l`habitation comme
un rapport a la fois sexuel et social des forces créatrices. La division
sexuelle, laquelle peut varier selon les régions ou la zone culturelle,
précise la répartition des espaces et des responsabilités
entre les genres, ainsi que le genre définit la forme de l`unité
spatiale de base. La zone extérieure de la maison est l`espace
dévolu aux activités de l`homme, alors que l`intérieur
appartient au domaine des femmes. L`espace de référence
extérieur appartient au male ainé de la famille, cet endroit
dédié a la vie publique est dominé par l`homme qui regoit
ici les visiteurs. L`intérieur d`une maison accueille la plupart des
activités féminines. Les unités se multiplient selon le
nombre d`épouses présentent dans le ménage
étendu.
S`il existe une division spatiale entre genres, elle
relève plus du symbolisme que du physique ou matériel, hommes
et
femmes partageaient les mêmes unités d`habitation.
La symbolique est très forte dans l`habitat négro-africain.
La création de la maison symbolise la création
de l`être humain. L`échelle humaine se reflète dans
l`échelle de l`habitat et vice-versa, ces deux dimensions se rassemblent
dans ce qui existe a la grande échelle du cosmos. Dans certains cas le
rez-de-chaussée représente la terre et le toit terrasse, le ciel,
symbolisation de l`union entre Dieu et la terre, et entre l`homme et la femme.
Le vestibule est la partie male et l`espace centrale est la femme.
Les constructions sont en banco avec une toiture
constituée par des poutres en bois, sur lesquelles se superposent
plusieurs couches végétales ou de banco. Selon l`aire
géographique, le climat, le type de sol et les matériaux, des
différences typologiques d`habitat sont déclinées.
Cependant on distingue deux groupes principaux : les batiments en terre avec
une toiture terrasse et les maisons avec un toit végétal. De
forme rectangulaire ou cylindrique ces deux types d`habitat présentent
plus ou moins les mêmes caractéristiques. Les fenêtres et
les portes sont généralement basses, afin de permettre une
meilleure ventilation et également comme protection contre les
intrusions. Les ouvertures sont en général
réalisées de fagon a soustraire les habitants aux regards
indiscrets, tout en leur permettant de regarder a l`extérieur sans
être vu. Ce n`est pas dans un souci d`assurer une vue sur le paysage que
les fenêtres sont réalisées, mais plutot dans une logique
de perpétuel contact avec la vie du village.
Nouvelle formes d ` ha b itats u rba i ns
Nous avons vu que les modes de vie et les types d`habitats
des civilisations maures et négro-africaines différaient
largement, même si l`islam a induit une certaine
homogénéisation des coutumes.
Ces deux communautés ont connu, au fil des temps, des
transformations importantes.
D`abord, la colonisation a été un facteur de
changement pour la société négro-africaine, alors qu`elle
a préservé les traditions de la société maure. En
effet, la colonie de Mauritanie a fait cohabiter deux systèmes ; l`un,
dans la vallée du fleuve, pronait l`assimilation avec l`institution de
l`indigénat, la circonscription et l`école frangaise, tandis que
l`autre, en pays maure, défendait le maintien des cultures et des
structures sociales existantes. Par cette politique de l`Etat frangais, les
populations négro-mauritaniennes ont été marquées
par une influence occidentale qui s`est imposée a eux.
Les nouveaux citadins modifient graduellement leur vision de la
omaisonD et leur fagon de l`habiter.
L` H abitat Résidentiel ou dit
évolutif
.Dans cette partie je procéde a une brève
analyse des deux situations types : le logement orésidentielD et le
logement g évolutif D, ce dernier est surtout présent dans les
zones périphériques de la ville. L`intérêt, de
comparer ces cas «extrêmes» de la production de logement a
Nouakchott, se trouve dans les différentes influences culturelles et
également dans le caractère évolutif de l`habitat. Si
dans
l` ha bitat évolutif on remarque encore des
différences entre les deux communautés, ce n`est plus le cas pour
les unités résidentielles. Dans ce dernier exemple on parle de
décalage économique, les populations des quartiers
périphériques reprochent aux populations riches d`avoir
épousé le mode de vie occidental au détriment de la
culture nomade
L`organisation de l`espace domestique et l`architecture sont
révélatrices de la manière d`appréhender la ville
des populations. L`expression architecturale de la maison permet
également a l`habitant de définir son identité sociale et
physique. Une recherche sur les modalités de production de la maison,
montre que, en absence de références architecturales
antérieures, les nouveaux citadins, n`ont pas d`idée sur le
concept de maison. C`est ainsi que la quasitotalité de la construction a
Nouakchott présente des éléments standard de
l`architecture occidentale plus que de celle vernaculaire des villes
anciennes.
D`autre part la volonté d`affirmer leur tradition
nomade, a engendré la construction de maisons qui se base sur une
organisation spatiale occidentale, a laquelle s`ajoutent des
éléments de la culture du pays. La maison ne s`organise plus
selon une division par genres, comme c`était le cas pour la KhaIma. Le
plan est souvent très simple et s`exprime par une pièce centrale,
le salon, autour duquel s`organise toute une série de chambres.
Cependant on commence a voir la présence des certains
éléments de mobilier importés de la culture occidentale.
Cette influence peut se manifester par une multiplication des espaces communs
d`une maison.
A cote du salon traditionnel on trouve parfois un salon meuble
a l`europeenne.
Les edifices, se developpent sur un ou deux etages et ils
sont dotes d`espaces exterieurs, cours ou terrasses, ou est installee la tente
traditionnelle. Aujourd`hui la KhaIma, chez les citadins maures, occupe une
place centrale ; place qui reflète des logiques diverses d`affirmation
identitaire et de distinction sociale. Si la tente est en effet omnipresente en
milieu urbain, et notamment dans la capitale, c`est d`abord parce qu`elle reste
un abri adapte au climat ; mais c`est surtout parce que, pour beaucoup des
citadins maures, elle est devenue l`emblème d`une culture bedouine
commune revendiquee. Cet habitat est desormais un moyen de signifier son
appartenance a cette identite bedouine arabe et de se differencier
vis-à-vis des autres communautes. Cet objet de reference culturelle
passe ainsi d`habitation a symbole du pouvoir economique et politique.
Chez les populations negro-mauritaniennes, la volonte de
s`installer dans des logements regroupant plusieurs familles a fortement baisse
a cause de la politique foncière de l`Etat qui ne prevoit pas des lots
plus grands. 0n retrouve des cas d`habitation a cour dans le tissu de la
Medina, ou cette typologie etait dejÁ prevue dans le projet Leconte. Les
motivations qui poussent cette communaute a s`organiser dans un habitat elargi
sont souvent financières, car le partage du loyer permet a un menage
d`être proche du centre ville et donc des services de la ville. Dans le
cas des familles polygames cette typologie permet de reunir les deux parties du
foyer dans une seule unite d`habitat. Ces regroupements ne sont pas frequents
dans la capitale. Le
règ leme nt de la DHU ne permet pas a deux
ménages de partager la mtime parcelle, de plus la taille n`est pas
prévue pour une telle utilisation, ils doivent donc en acheter deux.
Dans les zones de recasements de la ville ce phénomène est plus
répandu, a travers une stratégie qui a comme objectif
l`acquisition de deux parcelles adjacentes, car ce sont les femmes qui
bénéficient de l`attribution des terrains.
L` H abitat précai re
A travers une brève description de l`habitat
précaire qui se construit aujourd`hui dans les quartiers de la ville de
Nouakchott, j`ai essayé d`esquisser un portrait des composantes
principales de l`habitat pour des populations plus démunies et vivant
dans des conditions de précarité.
Les constructions d`habitat précaire dans les
quartiers périphériques de Nouakchott se résument aux
différents types de baraques, qui, au premier regard, ont un aspect
uniforme et homogène. Cependant on peut différencier ces habitats
en deux types principaux, auxquels s`ajoutent une série des
constructions secondaires. Celles-ci sont souvent un complément a
l`habitat principal, et répondent a des exigences de base tout en
s`adressant plus particulièrement aux habitants des Kebbés.
Une série d`éléments sont communs aux
deux typologies de baraques, les dimensions de la chambre varient entre 3m x 4m
et 4m x 6m et les ouvertures se trouvent près du sol, afin de favoriser
la ventilation naturelle de la baraque pour éviter la surchauffe. La
toiture, dans la plupart des cas, est en toles (zinc) ondulées, et
peut-titre couverte par des toiles ou
bAches afin de diminuer l`incidence du soleil. Les
differences les plus remarquables entre ces deux typologies se trouvent dans le
materiau qui constitue les parois et dans le degre de finition et
d`entretien.
Le premier groupe d`habitat precaire est la baraque
«standard». Ce type d`habitation est le plus courant. Il est
constitue de parois en planches de bois et d`une toiture en tole. Le bois des
planches provient de caisses ou de palettes employees au port, recuperees et
ensuite preparees dans des ateliers de charpenterie. L`etat des planches est
generalement bon. Ce modele est tres repandu dans les quartiers et la mise en
oeuvre est facile et rapide ; l`emploi d`elements de base «standard»
(planches en bois) pour sa construction permet une liberte dans le choix des
dimensions, selon les besoins et les moyens economiques. Cette baraque
«standard» est en rÈgle generale construite par des
charpentiers ou des masons.
Le second type de baraque est, comme le premier type,
construit avec des materiaux de recuperation, mais dans ce cas les parois sont
en tole issue des barils de 200 litres qui sont deroules et, generalement,
fixes sur une structure en bois. Dans certains cas les parois peuvent avoir un
aspect different. Elles sont faites de divers types de toles, en plus ou moins
bon etat. Cette deuxième typologie peut se decliner en plusieurs
specimens. C`est au niveau de la taille mais aussi du degre de finition que
l`on a remarque les plus grandes differences.
Les constructions secondaires qui complètent l`habitat
sont multiples. Elles ont chacune un role spécifique et prennent des
aspects différents selon le cas. Pendant notre stage nous avons
observé une série d`éléments principaux:
- Le hangar est, avec le salon, un des lieux de rencontre
préféré par les populations. C`est dans cet espace que les
gens passent leurs journées et accueillent les étrangers. Comme
dans le cas du salon, le hangar est un lieu important et symbolique dans la
culture des populations. Le caractère de cet espace s`approche de celui
de la tente traditionnelle, la khaIma, mais se différencie de celle-ci
par sa structure et sa forme. De forme rectangulaire, environ 4m x 5m, avec
toit a deux pentes, le hangar a une structure métallique fixée
directement au sol ou sur un mur bas. Le sol est souvent en ciment et
revêtu de nattes ou de tapis. Les cotés peuvent être
fermés avec des rideaux et du grillage permettant de se protéger
contre les agressions extérieures. Dans certains cas, lorsqu`ils n`ont
pas de hangar, les habitants tendent un tissu ou construisent une petite tente
devant la baraque pour créer une véranda
La latrine est un élément très important
a la fois pour empêcher le développement des maladies dans le
foyer ou dans le quartier, et aussi au niveau de la qualité de vie des
habitants. Pour les populations qui vivent dans un habitat précaire la
latrine et la douche, construites en dur et avec une fosse septique,
représentent un luxe qu`ils ne peuvent pas se permettre. Pour faire face
a ce problème, on remarque
que les habitants choisissent certaines solutions selon leurs
origines, leurs moyens économiques et la composition du foyer. Celles-ci
se divisent en deux catégories: soit ils font leurs besoins, ou se
lavent a l`air libre, derrière une dune ou chez des voisins, soit ils
construisent des latrines avec des matériaux de
récupération qu`ils placent a meme le sol, dans lequel ils
creusent un trou.
0n constate que selon leur genre ou leur appartenance
ethnique, les habitants n`accordent pas tous la meme importance a la latrine,
car certains sont moins genés que d`autres de faire leurs besoins ou
leur toilette a l`air libre ou chez des voisins. L`emplacement de la latrine se
fait sur le coté de la parcelle qui donne sur la route, et elle est
parfois intégrée a la cloture. Elle peut aussi se trouver sur
l`emprise de la rue.
La cloture répond a des besoins réels et
symboliques des populations. Pendant nos enquêtes on a pu constater
l`importance de la notion de propriété privée mais aussi
de l`espace d`influence du foyer sur l`alentour de la maison. Par espace
d`influence on entend le périmètre extérieur de la
parcelle, qui est entretenu et mis en valeur par les habitants. Cette mise en
valeur peut aller du simple nettoyage du sol a la plantation d`arbres qui
marquent l`entrée. Par la construction d`une cloture la famille
délimite un espace qui lui appartient et dans lequel elle se sent en
sécurité.
Il existe divers types de clÔtures, du simple bornage
de la propriété, par des pneus ou des poteaux, a la
construction d`une cloture avec des matériaux de
recuperation les plus divers et assembles de fagon précaire.
- Le lieu dedie a la preparation des repas est souvent situe
sous une tente ou un tissu tendu a cote de la baraque principale. Dans certains
cas on constate que les populations construisent une petite cabane en toles de
recuperation dans laquelle ils font la cuisine et stockent l`eau et les
ustensiles de cuisine. La construction d`une baraque permet une meilleure
hygiene lors de la preparation des aliments, en facilite la confection et
diminue la consommation de charbon ou de gaz.
Pendant mon sejour j`ai remarque que dans les quartiers
peripheriques de la ville de Nouakchott la construction d`habitat precaire
n`est pas forcement de l`auto-construction, mais qu`elle peut fonctionner aussi
comme n`importe quelle activite economique informelle. La vente des differents
materiaux de construction se fait dans des marches ou dans des ateliers, et la
construction de la baraque est dans la plupart des cas realisee par des
charpentiers ou par des masons specialises. Les habitants n`interviennent sur
leur habitat que par des petits travaux d`entretien.
Le phenomene d`auto-construction peut se manifester pour les
elements secondaires de l`habitat, lesquels sont souvent batis avec divers
materiaux de recuperation.
Si, depuis l`exterieur, les habitations presentent peu de
variations sur les materiaux et leur mise en oeuvre, un plus grand degre de
diversification et de soin des surfaces se manifeste a l`interieur. Tout en
ayant une fonction esthetique, ces finitions evitent l`infiltration des vents
de sable et de la poussière dans la chambre, et permettent aussi
d`augmenter l`isolation.
Le revetement des parois est realise en papier, en emballages
recuperes, en tissu ou avec des baches ; par terre on trouve des nattes, de la
moquette de recuperation ou des ta pis poses d irectement sur le sol.
Besoi ns de ces quartiers peripheriques
precaires
Le rythme des extensions et l`etalement de l`occupation
spatiale de Nouakchott, ajoutes a la crise de ressources financieres de l`Etat,
ont fortement contribue au sousdeveloppement, en equipement et infrastructures,
des nouveaux quartiers de la ville. Non seulement des zones de plus en plus
etendues sont completement depourvues d`equipements de base, mais les autorites
rencontrent egalement des difficultes a maintenir en bon etat de service les
infrastructures existantes. Que ce soit dans le domaine des voiries, de
l`electrification, de l`approvisionnement en eau, de l`assainissement,...
aujourd`hui la ville de Nouakchott est confrontee a des problemes
considerables. En outre, la coordination et l`optimisation des realisations
sont empechees par le manque de concertation entre les differents acteurs de la
ville. Dans ce chapitre nous allons definir la situation actuelle et les
besoins en infrastructures et en equipements des quartiers peripheriques.
- L`approvisionnement en eau reste un des grands
problèmes de la ville de Nouakchott et surtout de quartiers
peripheriques. Cette ressource fait partie des priorites pour les populations
des quartiers enclaves ou precaires. La distribution de l`eau dans ces
quartiers se fait, depuis quelques bornes fontaines, par un
oréseauD de charrettes. Le réseau d`adduction d`eau donnant
accès a des branchements individuels est inexistant. La concentration
d`habitations autour des bassins et des bornes est frappante. Le prix au litre
n`est pas réglementé a l`échelle de la ville ou du
quartier, celui-ci peut varier fortement d`un quartier a l`autre et,
également, par rapport a la distance entre la borne fontaine et le
logement. 0n remarque que le coat de l`eau est plus élevé dans
les zones enclavées et pauvres de la ville.
- La distribution de l`électricité
dépend de la S0MELEC, mais le réseau reste encore partiel, car il
ne se trouve que le long des routes goudronnées. A l`intérieur
des quartiers, les habitants ont mis en place un système de branchements
illégaux. Ces oréseauxD s`organisent a partir d`une habitation
proche du réseau, ce premier branchement est souvent légal et
c`est a partir de celui-ci que plusieurs ménages viennent se brancher.
Pour les familles qui se trouvent trop éloignées du réseau
officiel ou qui n`ont pas les moyens financiers pour réaliser un
branchement, l`alternative consiste en un emploi de batteries. Celles-ci sont
rechargées dans des boutiques a l`intérieur même du
quartier. De nombreux foyers emploient régulièrement des bougies
pour éclairer leur logement.
Pl usieu rs 0NG travaillent dans ce domaine, notamment dans
l`exploitation de l`énergie solaire, un projet de kit solaire a
été lancé il y a quelques années, mais les coats de
mise en service de cette technologie restent encore trop élevés
pour les populations de ces
quartiers. Par ailleurs, le GRET, est en train de lancer un
projet de kit permettant le prépaiement. L`objectif de cette
démarche est d`éviter qu`un ménage se trouve dans
l`impossibilité de payer ses factures, par ce systeme l`habitant garde
un controle continu sur ses dépenses.
De plus, le réseau d`éclairage public est plus
ou moins inexistant dans ces quartiers et se concentre seulement le long des
axes plus importants. Le développement de cette infrastructure est
lié a l`électrification des quartiers.
- Le réseau des voiries dans les quartiers
périphériques est trÈs peu développé, selon
les zones du quartier on trouve trois types de routes : la route
goudronnée, la route stabilisée et la piste en sable.
L`état des routes est souvent dégradé. Les deux premiers
types de réseaux sont mis en place uniquement sur les axes les plus
importants de la ville, a l`intérieur des quartiers les ruelles sont de
simples pistes en sable. Ce type de réseau est difficilement praticable
par les voitures et les charrettes, expliquant ainsi une hausse des coats dans
ces zones. Les insuffisances dans la mise en oeuvre du réseau sont des
facteurs importants dans l`enclavement de certains quartiers, en effet les
déplacements entre le centre-ville et les zones
périphériques restent précaires. Les habitants sont
obligés de marcher jusqu`au goudron pour pouvoir
bénéficier des transports en communD qui desservent le territoire
de Nouakchott.
Les taxis qui relient le centre-ville avec la
périphérie n`assurent pas de fagon régulière le
service. Les lignes de transport se concrétisent soit par des minibus
soit par des taxis otout-droitD qui transportent jusqu`à 6 personnes a
la fois. Le réseau dépend de l`existence des routes
goudronnées et de leur état, mais également du flux de
personnes généré par la ville. L`un des points
d`articulation de ces transports est le carrefour de la Polyclinique
situé au sud du Marché Capitale, d`ob partent diverses lignes de
minibus desservant les parties est et sud de Nouakchott ainsi que celle qui
empreinte l`axe majeur de circulation vers le Nord-Est.
- Les infrastructures de la ville en matière
d`assainissement sont dans un état embryonnaire, en
comparaison, les problèmes liés a la distribution de l`eau
semblent relativement supportables. Le manque d`entretien, la surpopulation
ainsi que la mauvaise alimentation en eau ont conduit a une saturation du
réseau existant, lequel ne dessert que la partie centrale de la ville.
Dans les quartiers périphériques, l`assainissement collectif est
inexistant. Une partie des habitants est raccordée a un dispositif
individuel d`assainissement sous forme de latrines ou de fosses d`aisance.
Le service de ramassage des ordures n`est pas
généralisé sur l`ensemble du territoire, des situations
très diverses se manifestent selon le quartier. Dans certains quartiers,
la mairie organise de service de ramassage par le biais de charrettes. Le
problème de ce type d`action reste, a cause de l`état des
voiries, la
d ifficu lté d`accéder a certaines zones du
quartier. Le ramassage se fait seulement le long des principales routes et non
dans des parties enclavées de l`arrondissement. Le
phénomène de la décharge sauvage est appliqué par
les habitants. Ce service va devenir une compétence de la CUN, afin de
définir une politique commune a l`échelle de la ville et de
coordonner les interventions.
- La distribution dans les quartiers
périphériques des équipements destinés a
l`éducation est relativement importante. Cependant il faut distinguer
les équipements selon les types : jardin d`enfance, école
primaire, école secondaire, collège,... L`enseignement de base,
école primaire, est présent dans presque tous les quartiers. A
partir d`un certain niveau les écoles sont concentrées dans les
quartiers mieux équipés du centre-ville, ceci explique le faible
taux de scolarisation des populations des zones périphériques.
Car une majorité des foyers n`ont pas les moyens financiers de prendre
en charge le transport et l`éducation de leurs enfants.
Le nombre d`enseignants n`est pas suffisant pour assurer un
suivi de qualité aux élèves, en effet le nombre d`enfants
par rapport aux places disponibles pose des problèmes d`encadrement
et
d`infrastructures. En général les coats de
l`enseignement sont pris en charge par l`Etat, sauf dans le cas des jardins
d`enfants. 0n remarque, également, l`augmentation des inscriptions dans
les écoles privées. Dans ces instituts la qualité
d`enseignement est meilleure et le suivi et
l`encad reme nt sont assurés, cependant ce type
d`études n`est pas à la portée de tous.
Différentes associations et 0NG ont
réalisé des centres d`alphabétisation ou de formation au
sein des quartiers précaires.
- La religion joue un role très important dans la
société mauritanienne, la présence des mosquées sur
le territoire des arrondissements périphériques est très
importante. Selon la zone du quartier, la mosquée, est construite avec
des planches en bois, de la même fagon que l`habitat précaire dans
ces quartiers, ou en ciment. Autour de cet édifice se trouve un terrain
libre qui sert de «place» pour la prière lors des fetes
religieuses. Des écoles coraniques sont créées au sein
d`une mosquée, l`existence de ces écoles permet de diminuer la
charge des instituts publics. Ces écoles facilitent par la suite les
études de l`enfant car elles lui permettent de savoir lire et
écrire l`arabe.
- Dans le domaine de la santé, chaque quartier est
équipé d`un dispensaire. Souvent l`équipe médicale
est composée d`infirmiers et de bénévoles. Les populations
des quartiers sont rarement satisfaites de cet équipement, lequel ne
dispose souvent que d`une petite pharmacie et ne procède qu`à des
services limités.
- Les marchés sont peu présents dans les tissus
périphériques, les grands marchés se concentrent au centre
ville et dans la zone des jardins maraichers. Dans la plupart des quartiers,
les produits alimentaires sont vendus dans des boutiques ou sur des
étalages,
cependant les denrées vendues dans le quartier sont
plus cheres qu`au marché. Les populations sont, ainsi, obligées
de se déplacer vers le centre-ville.
Dans le cas ou il existe u n marché , cel u i-ci ne
propose pas tous les produits nécessaires et leur prix reste
légerement plus élevé qu`en ville. En
général la distance entre le domicile et le marché est
tres importante, les populations sont souvent contraintes a marcher pendant une
demi-heure ou a prendre un taxi.
- Les équipements dédiés aux sports et
aux loisirs sont trÈs basiques, souvent ils se résument en un
terrain libre qui est exploité comme surface de jeu. Souvent a
côté d`un centre scolaire se développent des aires de
loisirs.
Dans certains quartiers périphériques on
remarque la formation d`associations des jeunes ou des maisons de jeunes, ou
les habitants se réunissent pour débattre de ce qu`ils pourraient
faire pour le développement de leur quartier. Divers groupes des femmes
se sont constitués, afin de créer un endroit ou se rencontrer
pendant la journée. Dans ce centre, des programmes de formation a des
petits métiers ou d`alphabétisation sont souvent
réalisés.
E n général les populations aspirent a une
amélioration de l`approvisionnement en eau et du réseau des
voiries. Car la proximité de la route goudronnée a son propre
habitat permet de bénéficier des services qui suivent, comme
l`électricité ou le ramassage des ordures. L`éloignement
généralisé, des principaux équipements, par rapport
aux habitations est un des facteurs de sous-développement de
ce rtai ns quartiers de la capitale. D`autre part, le
goudronnage de l`ensemble d`un quartier ne serait aucunement une solution pour
ces zones sous équipées, car cela entraînerait un surcoat
pour l`Etat et dans un même temps un phénomène de
gentrification du quartier.
Etude d e terrain : le programme twize*
Dans le cadre de la mise en oeuvre de la Strategie Nationale
de Lutte contre la Pauvrete (SNLCP), l`Etat Mauritanien, avec le soutien
financier de la Banque Mondiale, a crÉe le Commissariat aux Droits de
l`Homme, a la Lutte Contre la Pauvrete et a l`*nsertion (CDHLCPI), qui sert
d`interface entre 0NG, institutions internationales et institutions
mauritaniennes. Afin de concretiser les objectifs de cette politique, le
programme Twize, crÉe en 1998, s`insère dans le cadre du PDU. La
mission du programme Twize est de gcontribuer a la reduction de la pauvrete en
milieu urbain, a Nouakchott et Nouadhibou, par l`amelioration des conditions de
vie des populations des quartiers precaires et a une politique de l`habitat
social.
Les ambitions principales du programme pour arriver a cet
objectif de base sont les suivantes :
- Mettre en oeuvre un dispositif viable et durable
d`accès a l`habitat social, répondant aux aspirations et
capacités des populations pauvres des quartiers.
- Renforcer durablement les capacités economiques et
techniques des populations des quartiers, ainsi que leur maîtrise de
leurs conditions de vie.
- Favoriser la structuration des quartiers et
leur integration au schema de développement de la ville.
- Former les habitants pour assurer la perennite des actions.
Le programme Twize fonctionne selon le principe suivant : les
populations demunies s`investissent dans leur propre developpement ; elles sont
impliquees grace a des mecanismes de solidarite connus et pratiques (d`ou le
nom «TwizeD, qui designe en hassaniya le travail solidaire d`un groupe).
En l`absence de garanties materielles chez les familles demunies, Twize
fonctionne sur le principe du groupe solidaire. Le programme intervient au
profit des individus, des familles, des initiatives associatives et des
infrastructures collectives dans un souci d`integration et de complementarite
des initiatives. Pour arriver a ces objectifs, le programme Twize cherche a
agir de facon articulee sur plusieurs dimensions de la pauvrete, grace a la
mise en place de quatre composantes :
- Habitat : pour apporter une reponse a la pauvrete des
«modes d`habiterD, cette composante est en charge de la definition et de
la production des modules habitat.
- Micro-finance -- Beit el Mal : octroi des credits classiques
et des credits habitat.
- Appuis aux Activites Communautaires et Projet de Quartier
(AAC&PQ): par rapport a la difficulte d`accès aux services et aux
capacites d`organisation sociale, soutient les projets qui contribuent a
l`amelioration des conditions de vie collectives.
- Formation : realise des appuis aux activites economiques
par le biais de formation aux 'petits` metiers (BTP, teinture, couture,...),
dans les quartiers d`intervention du programme.
Methodo log ie
A u niveau du quartier, la recherche avait pour but de
comprendre comment l`habitat en dur donne un odroit a la villeD. Comment un
quartier de type bidonville se restructure pour former un quartier ode villeD.
Il s`agissait de comprendre les mecanismes du processus de durcification des
quartiers, en se focalisant sur l`etude des liaisons quartier/ville et de la
creation d`infrastructures publiques ainsi que leur impact sur le quartier.
Pour ce qui concerne l`habitat, l`analyse avait pour objectif
de comprendre le passage d`un habitat precaire a un habitat en dur comme
element structurant de la lutte contre la pauvrete. Il s`agissait d`etudier les
modules Twize mis en place et leurs evolutions possibles ainsi que le type
d`appropriation par les habitants, ceci dans une perspective double d`un avant
et d`un après oTwizeD. L`etude visait aussi a comprendre les modes de
vie des populations et l`impact de l`habitat en dur sur ceux-ci.
Pour cela, nous avons realise une etude de l`habitat avec
l`aide de monsieur Sidi dans les quartiers d`intervention du projet twize. Pour
realiser une analyse comparative entre beneficiaires et non beneficiaires du
programme Twize, nous avons defini differents profils d`habitants a prendre en
compte:
- Profil 1 : beneficiaire du programme Twize dejÁ
proprietaire d`un module.
- Profil 2 : bénéficiaire du programme Twize
nouvellement inscrit et n`ayant pas encore construit son module en dur.
- Profil 3 : non-bénéficiaire du programme
Twize habitant dans un logement en dur, construit par ses propres moyens .
- Profil 4 : non-bénéficiaire du programme
Twize habitant dans un logement précaire (khaIma, baraque ou
hangar,...).
Les enquêtes se sont concentrées dans trois
quartiers de conditions différentes. Nous pouvons les considérer
comme représentatifs de l`ensemble des quartiers d`intervention du
programme. Le choix se fait dans le but de toucher des populations
variées et des situations diverses par rapport a la ville et aux
équipements.
Quartier d e E l Mina 06 / Profi l 0 1
- ville d`origine : Atar (Adrar) / communaute : Maure
- 10 personnes dans le foyer : couple ayant 3 filles et 5
garcons / seul l`homme travaille
- une piece en dur / une baraque / un hangar / une latrine
- proprietaires du lot / deplaces de la Kebbe d`El Mina par les
autorites / depuis 3 ans dans le quartier
- parcelle : 8 x 15 metres / elle est trop etroite
- eau : baril de 200L a 400UM, trop cher / ils cherchent des
bidons a la borne fonta i ne
- electricite : ils sont branches sur un voisin / 3000UM pour
branchement / 1000UM/mois
- dechets : ils payent le service de ramassage de la mairie /
500UM/mois
- ils ont fini de rembourser le module Twize (partie de la
construction en dur)
- ils veulent construire une cloture pour augmenter le degre
de sécurité et d`intimité (ils n`aiment pas manger dehors,
sous le hangar ot) tout le monde peut les voir)
- avantage de l`habitat en dur : meilleure protection contre le
vent et pour les affaires personnelles
-
Quartier d e Dar el BeIda / Profi l 0 1
- ville d`origine : Rosso (Trazaa) / communaute :
Negromauritanien
- 16 personnes dans le foyer : famille polygame ayant 8 filles
et 5 garcons / l`homme et les 2 femmes travaillent
- une piece Twize / trois baraques / un hangar / une douche /
une cuisine / un poulailler
- proprietaires du lot / deplaces de la Kebbe d`El Mina par
les autorites / ils ont eu 2 parcelles contigues / depuis 11 mois dans le
quartier
- parcelle : 10 x 12 metres
- eau : baril de 200L a 150UM, prix fixe / 2 fois par jour
- electricite : ils sont branches sur un voisin / 5000UM/mois
- dechets : ils les stockent dans une fosse
- ils n`ont pas fini de rembourser le module Twize
- ils veulent construire une piece
ava ntages de l`habitat en d u r : protection pendant
l`hivernage / salon pour les visiteurs
- ville d`origine : Rosso (Trazaa) / communaute : Maure
- 2 personnes dans le foyer : homme avec sa mere / seul l`homme
travaille
- une piece Twize (6x4 m + dalle en beton) / un hangar / une
veranda
- propriétaire du lot / depuis toujours a cet emplacement
(regularisation de la Kebbe)
-
-
parcelle : 10 x 12 metres
eau : baril de 200L a 300-500UM / 1 baril/jour
- dechets : le service de ramassage de la mairie n`est pas
assure tout le temps
- il n`a pas fini de rembourser le module Twize / module Twize
en chantier
- ils veulent construire une cloture+latrine
remarq ues : actuellement habite chez sa soeur, parcelle a
cote / il a un plan de son futur logement / il construit une piece pour y
deposer le materiel de construction, afin de completer son logement / il a
discuté avec ses voisins avant de commencer le chantier
Quartier de BeIda / Profil 03
- ville d`origine : Kiffa (Assaba) / communauté :
Negromauritanien
-
13 personnes dans le foyer : femme ayant 4 filles et 8 garcons /
la femme travaille
-
-
trois pieces (dalle en beton) / une cloture / une tente
proprietaire du lot / attribue par les autorites / depuis 3 ans
dans le quartier
-
parcelle : 10 x 12 metres
- eau : baril de 200L a 200UM
- electricite : ils sont branches sur un voisin / 5000UM pour
branchement / 1000UM/mois
-
dechets : elle paye le charretier / 200UM a chaque
fois
- elle a construit par ses propres moyens par étapes
et elle veut construire une piece, une boutique et des latrine+douche
-
|
avantage de l`habitat en dur : meilleure protection
|
|
contre le vent et pour les affaires personnelles
- ville d`origine : Bogue (Brakna) / communaute :
Negromauritanien
- 7 personnes dans le foyer : couple ayant 2 filles et 3 garcons
/ seule la femme travaille
- trois baraques / un hangar / une cloture en tole
- proprietaires du lot / depuis toujours a cet emplacement
(regularisation de la Kebbe) / depuis 30 ans dans le quartier
- parcelle : 10 x 12 metres (depuis 6 mois)
- eau : baril de 200L a 300UM / chaque 3 jours / quand ils
n`ont pas les moyens ils cherchent des bidons a la borne fontaine
- electricite : ils sont branches sur un voisin / 5000UM pour
branchement / 4000UM/mois
- dechets : ils payent le service de ramassage de la mairie /
500UM/mois
- ils veulent construire une cloture+latrine pour augmenter le
degre d`intimite et de securite
remarques : cette famille est relativement bien
installée par rapport au standard d`habitat précaire, mais ils
ont la volonté de construire en dur (statut social) / ils ont des
meubles goccidentauxD (lit+armoire)
IMPACT SUR LES C0 N D ITI 0 N S D E VIE
DES HABITANTS
La durcification des quartiers a aussi un impact sur les
conditions de vie des populations n`ayant pas la possibilité de
construire, ni par leurs propres moyens, ni par l`intermédiaire du
programme Twize. Toutes les personnes dans cette situation nous ont dit
apprécier beaucoup l`augmentation des constructions en dur dans le
quartier. Ayant souvent pu comparer la situation avant et apres la
durcification, ils ont remarqué une intensification des activités
dans le quartier: l`amélioration des services comme l`eau ou
l`électricité, l`augmentation du nombre de boutiques,
l`arrivée d`infrastructures publiques telles que les écoles, un
marché a El Mina,....
Beaucou p d`habitants, qu`ils soient beneficiaires ou non du
programme Twize, ont le sentiment que depuis l`arrivee des constructions en
dur, le quartier est plus sir, ils ont moins peur des voleurs. Cependant,
d`autres arguments, en dehors des constructions, peuvent expliquer cette
impression. D`abord lors du developpement des quartiers, ceux-ci ont pu
beneficier de l`electricite et plus particulierement d`un systeme d`eclairage
public, qui a reduit considerablement le sentiment d`insecurite chez les
habitants, qui ne craignent plus de sortir a la tombee de la nuit.
D`autre part, pour certains quartiers, comme Saada, qui ne
disposent pas de latrines publiques, beaucoup d`habitants affirment pouvoir
bénéficier des latrines construites par leurs voisins, ce qui
permet une modification de leurs habitudes et
hygiene de vie, mais qui induit également une gene pour
eux.
Malgré ces changements positifs, la situation de cette
population contrainte a habiter dans des baraques ou des hangars, devient
parfois encore plus dévalorisante, car ils se comparent aux voisins qui
ont construit et les envient.
Un autre effet pervers de cette évolution des
quartiers est la hausse des prix des produits de premiere
nécessité. C`est un phénomene que la plupart des personnes
interrogées ont souligné, mais cette augmentation du coat de la
vie est un phénomene généralisé a toute la
Mauritanie jusqu`en 2005. En effet une augmentation des prix a
été remarquée depuis l`arrivée des constructions en
dur dans le quartier mais nous ne pouvons pas affirmer que c`est une
conséquence directe de la durcification des quartiers.
IMPACT SUR L`ECHELLE URBAINE
Il est important de souligner que Twize n`est pas un
programme d`aménagement de quartier. Son but est de répondre a
une demande en facilitant la construction sur des parcelles
pré-affectées. Pour qu`un habitant puisse
bénéficier du programme Twize, il doit avoir déjÁ
acquis une parcelle aupres de l`Etat. Pour tous les quartiers d`intervention du
programme, il existe un plan de lotissement qui définit le nombre de
parcelles, leurs dimensions et leur répartition, ainsi que la
proportion, la répartition et l`affectation des espaces publics. C`est
donc le plan de
lotissement, et non le programme Twize, qui prévoit les
équipements collectifs nécessaire.
Le programme Twize dépend de la politique d`habitat
social de l`Etat, mais il a l`avantage de proposer une approche simple, qui
permet une construction rapide et a la portée de toute personne ayant
acquis un terrain. A l`échelle du quartier, la faiblesse du programme
est que, a l`image des plans de lotissement, il ne propose aucun modèle
de planification qui permettrait de clarifier ce manque de cohérence
interne.
Sans pouvoir chiffrer précisément la part de
Twize dans le processus de durcification, on constate un réel
succés du programme. En effet les modules Twize sont trÈs
nombreux dans certains quartiers. Dans celui de Nazaha par exemple, on en
compte aujourd`hui 1336 construits depuis le lancement du programme dans la
zone de recasement en 2000, ce qui correspond a une proportion d`environ 50%
des parcelles. Le succés du programme peut s`expliquer par le contexte
politique et économique particulier du processus de restructuration de
la Kebbé d`El Mina, qui favorisait largement la construction avec Twize.
A Saada le programme a été lancé en 1999 et 1239 modules
ont été construits jusqu`à maintenant.
Cependant, lorsque l`on observe un quartier touche par le
programme, on peut se dire que Twize est en quelque sorte ovictime de son
succesD en formant ce qu`on pourrait appeler un oquartier TwizeD, caracterise
par une addition d`entites autonomes. Le module Twize repond a une logique de
parcelle sans prendre en compte des problemes d`organisation d`un tissu
urbain.
U ne personne qui decide de construire avec Twize gÈre
la construction a l`interieur des limites de sa parcelle en cherchant a etre le
plus autonome possible, sans s`occuper des constructions voisines. Cela mene la
plupart du temps a des situations absurdes telles que la construction de deux
murs a 50 cm de distance, et des fenetres ouvrant sur cet espace interstitiel.
Lorsque l`on demande aux gens pourquoi ils n`ont pas cherche a trouver un
arrangement avec leur voisin pour tenter d`avoir un mur en commun et economiser
des parpaings, soit ils nous repondent que ce n`est pas possible car chacun a
sa propriete, soit, que meme si le voisin etait d`accord, il pourrait vendre sa
maison et le nouveau proprietaire pourrait exiger de detruire ce mur.
Ces pratiques ne viennent pas seulement des constructions
Twize, puisque nous avons observe le meme phenomene chez les personnes ayant
construit par leurs propres moyens. Mais ces problemes montrent de vraies
lacunes au niveau de la planification des quartiers.
Le programme Twize amène involontairement des
problèmes dans le developpement du quartier car cette logique
d`agregation de modules sans rapport entre eux, n`est pas sans consequences
pour l`organisation du tissu urbain.
Ce ma nq ue d `orga nisation spatiale des modules rend d
ifficile l`installation de l`eau courante, de l`électricité, ou
d`autres services. De plus, les espaces résiduels entre les murs de
chaque parcelle deviennent des receptacles a ordures qui ne pourront titre
nettoyés faute de pouvoir y accéder.
IMPACT SUR LA PARCELLE, L`HABITAT, L`HABITANT
...
La construction d`une piece ou d`une cloture avec latrine
n`est qu`une premiere &tape dans le processus de transition d`un habitat
precaire a un habitat en dur. En effet, on ne peut pas affirmer que la
possession d`un module Twize implique automatiquement l`abandon definitif de la
baraque et la modification du style de vie. Le passage d`un type d`habitat a
l`autre se fait graduellement. La situation change en fonction de ce que les
habitants ont decide de construire d`abord: la piece ou la cloture.
Quelq u `u n qui decide de construire la cloture avec latrine
cherche a trouver une reponse immediate a des problemes d`intimite, de
securite, et d`hygiene, mais sera contraint de vivre dans sa baraque, son
hangar ou sa tente en attendant d`avoir les moyens de construire une piece. Par
contre, ce module a la particularite de ne necessiter aucune modification ou
agrandissement une fois construit.
Le module pièce, lui, donne lieu a plus de
modifications ou d`évolutions possibles. D`abord, il arrive que les
bénéficiaires, avant la reception du module, demandent un
agrandissement de ses dimensions ou la construction d`une
toiture en beton au lieu du zinc. Ensuite, selon les
familles, la premiere piece construite servira de chambre ou de salon pour les
invites. Dans tous les cas, une seule piece n`est pas suffisante pour une
famille, etant donne que le nombre de personnes dans un foyer varie en moyenne
entre 4 et 10 personnes. Lorsque la premiere piece est utilisee comme un salon,
celle-ci est preservee comme un tresor et n`est utilisee que de maniere
occasionnelle, lors de visites, alors que la famille continue d`habiter dans
les baraques ou sous la tente.
Generalement, la piece est perçue comme un element de
valorisation du statut social de la famille. Souvent les habitants realisent
une decoration au niveau de la toiture et des ouvertures, ou choisissent un
type d`enduit plus precieux pour l`interieur ou pour la façade donnant
sur la rue. Cette demarche de diversification s`insere dans une logique de mise
en valeur et de personnalisation de l`habitat et non dans une logique de
camouflage du module Twize et de son statut de programme social. Nous n`avons
pas constate chez les beneficiaires du programme Twize une reaction de rejet
par rapport a l`apparence de leur logement ou au but social du programme.
Apres avoir construit une premiere fois avec Twize, les
habitants gardent leur(s) baraque(s) et/ou leur hangar comme des pieces
supplementaires. La baraque peut garder sa fonction initiale de lieu de vie, de
chambre, ou servir de depot de materiel si toutes les personnes du foyer
peuvent occuper la piece en ciment. Souvent les beneficiaires que nous avons
interroges, ont affirme qu`ils vendraient leur baraque lorsqu`ils auraient
construit une deuxième piece. La
baraq ue est donc reellement pergue comme un lieu de
transition.
Par contre, le hangar reste un lieu de vie que l`on
n`abandonne pas. Les habitants y passent une grande partie de la journee et
c`est dans cet espace qu`ils mangent ou accueillent les voisins et les
visiteurs (on constate que le salon est reserve aux personnes importantes ou
aux membres de la famille). Si les beneficiaires citent et vantent la meilleure
ventilation et la fraÎcheur de la construction en dur, c`est cependant
dans le hangar qu`ils s`installent quand il fait trop chaud.
0n remarque que, chez les habitants, le manque d`experience
de l`habitat en dur peut aboutir a une mauvaise ventilation de la piece en
ciment. Le rôle de la tradition et des habitudes peut expliquer la
maniere dont les chambres sont amenagees. C`est dans ce rapport entre mode
d`habiter traditionnel et nouveau type d`habitat qu`on decele les plus grands
problemes. Les populations idealisent l`habitat en dur et sa notion symbolique
sans penser a l`adapter aux modes de vie traditionnels pour optimiser son
confort.
Souvent les portes et les fenêtres restent ouvertes
pendant les heures les plus chaudes et fermées pendant celles les plus
fraÎches, empêchant ainsi une ventilation correcte de la
pièce, qui pourrait éviter les problèmes de surchauffe et
d`humidité des murs. Si d`un côté on constate que les
populations sont conscientes de la nécessité d`entretenir
régulièrement l`habitat en dur, elles le sont beaucoup moins en
ce qui concerne les exigences de ventilation de ce type de construction.
Bien qu`idealisee, la construction en ciment apporte tout de
meme des benefices reels par rapport a la vie dans une baraque ou une tente :
l`augmentation du confort, la sensation d`être en securite, un lieu ou
l`on peut deposer ses effets personnels, une liberte de mouvement, et dans la
vie de tous les jours, une privatisation de la vie familiale.
Par contre, lors du passage entre les deux types d`habitats,
les habitudes et le mode de vie ne changent pas fondamentalement. Cela est peut
etre di) au caractere encore tres recent de ce type d`habitat pour les
populations, les traditions restant encore la base de la vie quotidienne des
foyers qui ont beneficie d`un logement en dur.
Les habitants se sentent valorisés par l`accession a un
habitat en dur et acquièrent un statut d`appartenance a la vie du
quartier et de la ville. Si le passage a une construction en dur au debut ne
modifie pas fondamentalement les modes de vie des populations, il entraine un
processus de stabilisation et de fixation du foyer dans le quartier. A travers
les entretiens on a pu constater que les habitants investissent economiquement
dans l`aménagement de leur piece. Ils achètent, par exemple, de
nouveaux tapis ou matelas pour le salon ; par la stabilité qu`entraine
cette nouvelle situation les habitants ressentent la possibilité
d`acheter des produits de meilleur qualité, et donc plus chers , dont
ils ne ressentaient pas le besoin lorsqu`ils habitaient dans une baraque.
0n remarque que, dÉjÁ au moment de
l`acquisition du permis d`occuper une parcelle, les foyers ne songent pas a
vendre mais plutot a accélérer le passage entre un habitat
précaire et un habitat en ciment. Il nous semble que le mouvement de
speculation foncière, quand il existe, ne se manifeste
presque plus une fois que les populations ont commence le processus de
durcification de la parcelle. Celui-ci ne s`arrête pas a une premiere
construction et les populations envisagent de construire d`autres pièces
pour repondre a leurs besoins.
Si le changement des habitudes de vie est plus graduel et
dilue dans le temps, la notion de ochez soiD est presente des le debut et
rentre dans une logique liee au changement de statut social.
L`agrandissement de l`habitat se fait par l`agregation
d`autres pieces et non par un procede de demolition et d`agrandissement d`une
piece existante. Les habitants ajoutent des pieces en les accollant a celles
qui existent dejÁ et toute nouvelle chambre s`ouvre vers l`interieur de
la parcelle. En fait toutes les pieces s`organisent autour d`un espace central,
plutot un couloir qu`une cour. On constate que par l`agregation sans un plan
precis des pieces, la parcelle se remplit en laissant au centre un espace
residuel. Cet espace exterieur, quand il existe, est souvent amenage avec un
hangar ou une khaima.
La construction de l`habitat, on l`a vu, se fait souvent par
etapes et sans une vision d`ensemble ou a long terme. On remarque qu`une
fenêtre se trouve parfois sur une paroi qui partage deux pièces ou
que la position de la porte empêche un futur emplacement correct et
optimal d`une ame chambre.
La decision de l`emplacement de cette premiere piece
n`est souvent pas la suite d`une reflexion sur l`evolution de
l` ha bitat et la future construction d`autres chambres et on
remarque aussi que pour éviter tout probleme avec les voisins les
habitants n`hésitent pas a construire en retrait de quelques centimetres
(20-50cm) par rapport aux limites de la parcelle. Par ce choix les parcelles ne
sont pas aménagées de façon optimale et ceci donne lieu a
des situations parfois absurdes : des ouvertures donnent sur des murs ou sur
les fenetres du voisin, et les espaces résultant de ce retrait ne sont
pas exploités ni accessibles par les populations. Ces
«solutions» menent a des problemes de ventilation et
d`éclairage des pieces mais aussi a des rapports de voisinage
genants.
En général les populations
préfèrent anticiper les éventuelles discussions avec les
voisins en évitant de créer le probleme, la plupart d`entre eux
préfèrent laisser un espace non construit entre les parcelles et
les solutions intéressantes a ce type de probleme sont trÈs
rares.
Le plan représenté a la page 161, montre un
type de plan possible, ou le rapport avec les autres propriétés
est intéressant. Le plan est le résultat d`une réflexion
sur les nécessités et les besoins de la famille, avant le
début du chantier. Les pieces de ce logement se trouvent sur le
périmetre de la parcelle et s`organisent autour d`un couloir central,
leurs dimensions et leurs ouvertures sont déterminées par leur
fonction.
Les différentes tailles des locaux ont permis une bonne
optimisation de la parcelle. Pour permettre une meilleure ventilation et un
éclairage naturel des chambres et du salon, une partie de la
façade se trouve, partiellement, en retrait par rapport a la limite de
la parcelle. Ce décrochement permet d`ouvrir des fenêtres sur la
parcelle d`à coté, tout en gardant
un degre d`intimite. Une ouverture a ete prevue pour acceder
a cet espace et pouvoir le nettoyer ou meme y mettre des plantes.
La construction, sur les proprietes voisines, n`apportera pas
de modifications sur les modes de vie ou sur l`exploitation des
pièces.
A travers l`etude du processus de construction des foyers
enquetes et par le releve des differentes habitations on peut constater un
ecart dans la notion de planification entre les beneficiaires du programme
Twize et les habitants enquetes, qui avaient construit par leurs propres
moyens. La notion d`appropriation de la parcelle et la definition des exigences
sont plus claires et mieux definies dans ce dernier groupe.
Les trois plans, ci-après, representent des cas types
que nous avons rencontres pendant l`etude; ils sont representatifs de la
problematique liee a la planification de l`habitat en dur dans les quartiers
peripheriques de Nouakchott.
Dans les trois cas, les habitants, ont manifeste la volonte
de continuer le processus de construction, en ajoutant d`autres pièces,
on remarque des differences entre le potentiel evolutif d`un plan par rapport a
l`autre.
Le premier schéma montre le plan d`une piece
construite par un bénéficiaire du programme Twize. Le choix de
l`emplacement choisi pour la premiere piece est le résultat d`un manque
de vision a long terme dans la planification des futures chambres et de
discussion avec les voisins.
Le deuxième et troisième schéma
représentent les plans de logements de familles ayant construit par
leurs propres moyens, la construction de nouvelles chambres est
planifiée et le résultat final permettra une optimisation de la
parcelle. La position des diverses pièces et des ouvertures est le
produit final d`une évaluation des besoins et des exigences de la
famille, par rapport a ses modes de vie. Les ouvertures s`orientent soit vers
l`intérieur soit vers l`extérieur selon la fonction ou la
position de la pièce.
L`aménagement de la parcelle se concrétise en
un processus unilatéral, les habitants n`ont pas confiance en un
processus de concertation entre voisins.
Des typologies intéressantes d`aménagement de
la parcelle existent. Ce cas présente des solutions possibles
d`organisation du plan et de relations avec les parcelles limitrophes.
Conclusion d u programme Twize
Les bénéficiaires du programme Twize ont vu
leurs conditions de vie s`améliorer. L`habitat en dur répond aux
aspirations des populations. Il leur apporte une sécurité, un
plus haut degré de confort, une protection et une stabilité qui
leur permet de projeter leur situation dans le long terme. Les habitants se
sentent symboliquement valorisés et acquièrent un statut social
lors du passage d`un habitat précaire a un habitat en dur. Cette
considération est très importante dans la lutte contre la
pauvreté, car cette dernière ne se résume pas a la
situation financière des familles impliquées. Le fait de se
sentir intégré a la ville et au reste de la société
constitue un vrai changement dans la vie des populations des quartiers
périphériques de la ville. Ce changement de situation leur
redonne espoir et les pousse a chercher d`autres moyens pour améliorer
leur condition de vie.
L`étude du passage d`un habitat précaire a un
habitat en dur m`a également permis de vérifier que la
durcification permet de fixer les populations et donc de lutter contre le
phénomène de spéculation. Même s`il ne constitue pas
le seul instrument permettant d`éviter la spéculation.
CONCLUSION
Meme si l`habitat precaire decoule de la pauvrete et est
repousse loin de la ville, il fait sans aucun doute parti de l`espace
urbain.
Nous l`avons vu avec l`etude de Nouakchott, le bidonville
n`est pas forcement ce qu`il parait au premier abord. Il est pour moi bien plus
qu`un amas de baraques insalubres ou regne la misere et le desordre.
Sans vouloir tendre vers une vision admirative et naïve
de la situation, le bidonville peut etre vu comme un espace d`espoir ou les
difficultes ont crÉe une forte cohesion sociale et ou une culture
traditionnelle peut survivre. C`est un lieu ou l`individu, l`humain a sa place.
D`ailleurs beaucoup de familles preferent vivre dans leur bidonville plutot que
dans un appartement du centre-ville qui offre un meilleur equipement mais qui
ne permet pas la meme vie sociale.
Le bidonville est en quelque sorte le regroupement de
communautés qui tentent de se protéger, de se serrer les coudes
et de vivre leur propre culture, leurs propres traditions.
Les sentiments et les besoins de ces habitants sont bien
entendu différents mais on peut en retenir les points forts : le premier
est la notion d`appartenance a un groupe et a un lieu qui est tres important
dans la culture africaine.
Le deuxième, qui est leur preoccupation principale,
est la volonté commune d`avoir une maison solide en dur avec un toit
étanche.
Le troisième point est que les o bidonvillois D
souhaitent plutot améliorer leurs conditions de vie que de
déménager
dans les logements sociaux plus équipés mais
moins adaptés. Pour beaucoup quitter le bidonville signifierait
également la perte du réseau social auquel ils appartiennent.
Mais le bidonville doit-il rester un fragment de ville ?
Faut-il intégrer le bidonville dans la ville au risque de la noyer dans
la masse urbaine des quartiers riches européanisés ou est-il
important q u`il garde u ne certai ne orig i nalité , person
nalité ? Je pense que la réponse doit se trouver entre les deux.
Le bidonville doit pouvoir devenir un quartier de la ville avec les
équipements de base (eau, électricité, voiries,
égouts ...) tout en gardant son tissu d`habitat spécifique qui
engendre des rapports sociaux forts : o un quartier original proche des hommes
et loin des tours D .
Comme pour le GRET avec le model twize je pense que
l`auto-construction serait un bon moyen de faire évoluer les bidonvilles
par rapport aux opérations o bulldozer Dde l`état.
L`arch itecture ne doit pas devenir l`allié d`un
système rationaliste et économique qui impose un modèle
inadéquat. Elle doit au contraire faire preuve d`humanité pour
ses usagers en ne négligeant pas leurs origines, leur mode d'habiter et
leur créativité.
L`a uto-construction consiste a utiliser les habitants comme
main-d'ceuvre pour construire leur propre logement ou améliorer celui
qu'ils utilisent. Il est vrai que l'habitat spontané est typiquement ce
qu'on pourrait appeler de l'auto-construction mais cette dernière se
doit d'être encadrée. Il ne s'agit pas de laisser les o
bidonvillois D construire avec des bouts de tole rouillée mais
d'utiliser leur
potentiel en tant que constructeur pour réduire les
coats de production des cellules de logement
L'auto-construction assistée permet d'occuper
l'importante population désceuvrée des bidonvilles et de la
former au travail de construction. Elle a donc un role social extrêmement
positif car elle valorise les personnes. Et même si c'est une
main-d'ceuvre peu qualifiée, elle est par contre très
motivée.
Les habitants peuvent s'approprier le projet et par
conséquent avoir un niveau d'investissement important et éviter
la revente de l`habitat après la réhabilitation ou la
construction.
En fait, la réhabilitation peut entrainer un
départ : le résident trouve a travers la réhabilitation un
processus de valorisation de son espace qui rend ce dernier commercialisable.
C`est pour cela qu`il est indispensable que le résident s'approprie le
nouvel espace constitué. Cela passe par la participation active des
habitants et par un résultat qui convienne a leurs attentes.
Nous l'avons vu, le bidonville est un lieu de gestation
urbaine. Son architecture non codifiée et la singularité de sa
trame, loin d'être un défaut, devraient servir de base a
l'architecte et a l'urbaniste.
Le role de l`architecte est donc, d`une part, de
détecter les potentialités sociales, urbaines et techniques sur
lesquelles il pourra se baser ; d`autre part, de comprendre les besoins des o
bidonvillois D afin de les guider vers une amélioration de leur
habitat.
Il me semble que les architectes ont tout a gagner
en remplissant cette nouvelle mission car le travail sur des
situations originales d'urbanite dÉKÁ
preexistantes comme les bidonvilles peut apporter une grande richesse a
l'architecture, ainsi qu'une experience tres benefique pour les
professionnels.
Derriere les toles rouillées, se cache une culture,
des techniques, un espoir, qu'il serait dommage de délaisser au profit
d'une image de modernité virtuelle...
B i bl iog raphie, Site internet
1. LIVRES ET ARTICLES
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Twize réalisés par la composante Habitat du GRET a
Nouakchott», Nouakchott, juillet 2006
- ADAUA, «Habitat populaire en République Islamique
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D B H U , «Schéma Directeur d`Aménagement Urbain de
Nouakchott - Horizons 2010-2020», Nouakchott, mai 2003
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http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/
3. QUESTI0NNAIRE DE L`ETUDE DE TERRAIN
1 . QUESTI0NS GENERALES
- De quelle origine êtes-vous ?
- Depuis combien temps êtes-vous a Nouakchott ? Et dans ce
quartier ?
- Qui est le chef du foyer ?
- Combien êtes-vous dans votre foyer ? Combien d`enfants
avez-vous ? Quel age ont-ils ?
- Etes-vous propriétaire ou locataire ?
2 . QUARTIER
- Pourquoi vous êtes venus ici ? D`ob venez-vous ? 0a
habitiez-vous avant ?
- Est-ce que vous aimez ce quartier ? Dans quel autre quartier
aimeriez- vous habiter ?
- Quel est votre travail ? Quel est votre lieu de travail ?
Comment y allez- vous ?
- 0a allez-vous au marché ? sinon, ou achetez-vous a
manger ? 0a allez-vous chercher l`eau ? 0a la stockez- vo u s ? (demander les
coats et la part du salaire nécessaire)
- 0a allez-vous vous faire soigner ? Avez-vous
l`électricité ? Comment éclairez-vous la nuit ?
- 0a allez-vous prier ? Toujours dans la même
Mosquée ?
- 0a habitent vos amis ? 0a habitent vos parents ?
- Vos enfants vont-ils a l`école ? 0a ? 0a vont-ils
jouer, faire du sport ?
- Avez-vous des enfants qui travaillent ? Que font-ils
? Est-ce qu`ils vous aident (argent, nourriture,...) ?
- Si tout le foyer travaille en ville, est-ce que vous faites
garder les enfants ? 0a ?
- Et vous, avez-vous des loisirs ? 0r) retrouvez-vous vos amis,
votre famille ?
- Est ce que vous allez souvent au centre ville ? pour faire
quoi ?
- Avez-vous d`autres activités en plus de votre travail
(exemple : couture, artisanat...) ? 0r) les pratiquez-vous ?
- Est-ce que vous avez des animaux ? Lesquels ? 0r) les
laissez-vous ?
- Connaissez-vous vos voisins ? Est ce que vous les voyez
souvent ? Est ce que vous leur parlez ?
- 0r) déposez-vous vos déchets ?
- Nettoyez-vous seulement a l`intérieur de votre
parcelle, or) aussi devant chez vous ?
- Passez-vous beaucoup de temps dans le quartier ?
- Quels sont les services les plus importants dans le quartier?
Classez- les par importance.
- Qu`est-ce qu`il manque dans le quartier ? Qu`est- ce que ga
apporterait en plus ?
- Connaissez-vous les autres membres de la twize ?
- Avez-vous discuté avec eux ? Est-ce que vous savez
comment ils ont construit leur module ? Est-ce qu`il est différent du
votre ?
- Est-ce que vous avez parlé de votre module avec vos
voisins, avant de le construire ? Est-ce que ga a posé un
problème ?
- Comptez-vous rester dans le quartier ou
déménager dans un autre quartier ?
- Est-ce que vous avez déP pensé a vendre votre
habitat ? Pourquoi ?
3 . HABITAT
- Comment était votre logement avant la construction du
module Twize ? C`était une tente, une baraque ? Est- ce q u `il y ava it
u n hangar ?
- Avez-vous gardé votre ancien logement ?
- Dans quel ordre avez-vous construit vos pieces ? (cloture,
latrine, habitat,...) Pourquoi ?
- (si construction par ses propres moyens) Combien vous a
coÚté votre piece ?
- Avez-vous fini de rembourser le crédit habitat ? Si
oui, est- ce que vous pensez que votre situation s`est améliorée
depuis que vous avez construit votre module Twize ? Pourquoi ?
- Qu`est-ce qui a changé dans votre mode de vie de tous
les jours ?
- 06 et comment faites-vous la cuisine ? Avez-vous du charbon
? 06 le stockez-vous ? 06 mangez-vous ?
- 06 et comment lavez-vous votre linge ?
- (si travail a la maison) 06 travaillez-vous et comment ?
Est-ce que le module Twize vous a permi d`avoir des meilleures conditions de
travail ?
- Si vous travaillez a la maison, est-ce que vous aimeriez avoir
une salle dans le quartier pour travailler en compagnie d`autres gens ?
- 06 déposez-vous vos affaires personnelles ?
- Est-ce que vous changez la disposition de la piece quand vous
changez d`activité ?
- Comment se repartissent hommes, femmes et enfants, selon le
nombre de pieces ?
- Si vous avez plusieurs pieces, comment les utilisez-vous ?
- Quels sont les avantages et les inconvénients du module
Twize ?
- La journée est-ce que vous avez suffisamment de
lumière dans la piece ?
- Est-ce que vous ventilez souvent la piece ? Comment ?
- Comment avez-vous personnalisé votre module
(décoration, agrandissement, plus de pieces, aménagement,...)
?
- Comment avez-vous choisi l`emplacement des pieces et des
ouvertures ?
- Qu`est ce qu`il manque dans votre logement ? Avez- vo u s u n
e latrine ?
- Qu`est-ce que vous changeriez ou ajouteriez dans votre module
si vous aviez les moyens ?
- Avez-vous ajouté des pieces ? Comment ? Pourquoi ?
- Est-ce que ga a été difficile d`ajouter une
piece ? (faire décrire par la personne)
- Le module est-il assez grand ? Et la parcelle ?
- Est-ce que vous êtes fiers de votre maison ? L`avez-
vo u s m o ntrée a vos am is o u votre fa m ille ? Qu`est ce qu`ils en
disent ?
- Est-ce que vous entretenez votre habitat ? Est-ce qu`il y a
eu des dégradations ? Lesquelles ? Pensez-vous que c`est a cause de la
mauvaise qualité du module ?
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