Les opinions émises dans le présent
mémoire sont propres à son auteur et ne sauraient en aucun cas
engager l'Institut de Formation et de Recherche Démographiques
DEDICACE
A la mémoire de mon grand père, feu Raymond
Nébongnè BADOLO, Il m'a tout donné sans rien recevoir
en retour, Il a su semer sans penser à celui qui va
récolter, A tous ceux qui me sont chers, A tous ceux qui oeuvrent
à petite ou à grande échelle pour un monde plus juste
et humain Je vous dédie ce travail de recherche.
REMERCIEMENTS
Le mémoire de fin d'études sanctionne deux ans
de formation à l'Institut de Formation et de Recherche
Démographiques (IFORD). C'est, d'une part, l'une des conditions à
remplir pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en Démographies (DESSD), et d'autre part, il
est destiné, à l'initiation des étudiants à la
recherche démographique.
Cette recherche a été menée sous la
direction du Pr Evina Akam que nous tenons ici à remercier pour sa
disponibilité, sa rigueur aussi bien dans la méthode que dans la
rédaction. Nous remercions également :
> La direction de l'Institut National de la Statistique et
de la Démographie (INSD) du Burkina Faso, ainsi que la direction du
Projet de Développement du Système Statistique National (PDSSN)
qui ont tous mis en oeuvre pour nous permettre de suivre cette formation.
> La Direction de l'IFORD et la Coordination de la
formation de longue durée, qui n'ont pas ménagé leurs
efforts pour que la formation arrive à terme, en dépit de
nombreuses difficultés.
> Mr Léon Mudubu, Dr Hélène Kamdem, Pr
Jean Wakam, Dr Gervais Beninguisse, pour leur disponibilité, leur
collaboration et leurs conseils tout au long de notre formation et dans la
conduite de cette recherche.
> Tous les camarades de la 27eme promotion et
tous les étudiants de la 28eme promotion de l'IFORD.
Nos remerciements vont à l'endroit de Mr Savadogo qui
nous a fournis les statistiques du ministère de la santé.
A nos tantes Mme Bambara Agnès et Mme Zigani Madeleine
et notre cousin Olivier Badolo qui ont toujours cru en nous, pour leurs
conseils et leurs soutiens de tout ordre durant notre formation.
TABLE DE MATIERES
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
TABLE DE MATIERES vii
LISTE DES TABLEAUX ix
LISTE DES FIGURES ET GRAPHIQUES x
RÉSUMÉ xi
INTRODUCTION 12
CHAPITRE I: CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE 17
1.1. Contexte culturel 18
1.1.1 Des sociétés majoritairement rurales et
agricoles 18
1.1.2 Des traditions 18
1.1.3 Des mutations en cours 19
1.2 Situation démographique 20
1.3 Situation sanitaire 24
1.4 Grandes orientations politiques pour la population
28
CHAPITRE II: CADRE THERIQUE 30
2.1. Revue de la littérature 30
2.1.1 Facteurs de la mortalité des enfants 30
a) Variables liées à la mère 31
b) Variables liées à l'enfant 36
c) Variables liées au contexte 38
2.1.2. Théories de la baisse de la mortalité 39
a) Technologie sanitaire ou révolution de la
médecine 40
b) Développement économique 41
c) Amélioration de l'état nutritionnel 42
d) Culture et comportement en matière de santé
42
2.2. Cadre conceptuel 43
2.2.1 Hypothèses 45
a) Hypothèse générale 45
b) Hypothèses spécifiques 46
2.2.2 Définition des concepts 46
a) Mortalité infantile 46
b) Les caractéristiques d'identification sociale de la
mère 47
c) Comportements des mères 47
d) Pratiques préventives en matière de soins de
santé 47
2.2.3 Variables utilisées dans l'étude 47
a) Variable dépendante 47
b) Variables indépendantes 47
CHAPITRE III : METHODOLOGIE 49
3.1. Présentation des sources de données
utilisées 49
3.1.1. Objectifs des trois enquêtes EDS 49
3.1.2. Plan de sondage 50
3.1.3. Questionnaires 50
3.2. Méthodes d'analyse 51
3.3. Evaluation de la qualité des données
utilisées 53
3.3.1 Evaluation de l'âge déclaré des
mères 54
a) Indice de Whipple 55
b) Indice de Myers 56
3.3.2 Evaluation des déclarations de la parité
moyenne 58
3.3.3 Evaluation de la qualité de l'âge au
décès 61
a) Evolution des proportions des décès d'enfants
selon l'âge déclaré des mères 61
b) Evaluation de la qualité des données à
partir de la distribution par âge des enfants
décédés 63 CHAPITRE IV: PRATIQUES
PREVENTIVES DES MERES EN MATIERE DE
SOINS DE SANTE ET MORTALITE INFANTILE 65
4.1 Pratiques des mères en matière de suivi
médical de la grossesse et de
l'accouchement et risque de mortalité infantile
65
4.1.1 Age de la grossesse au moment de la première visite
prénatale 65
4.1.2 Nombre de visites prénatales 68
4.1.3 Injection antitétanique reçue par la
mère pendant la grossesse. 70
4.1.4 Lieu et assistance à l'accouchement 72
4.2. Vaccination des enfants et mortalité
infantile 76
4.2.1 Vaccination BCG 77
4.2.2 Vaccination DTP 78
4.2.3 Vaccination rougeole 80
4.2.4 Vaccination poliomyélite 82
4.3. Pratiques nutritionnelles des mères et
mortalité infantile 83
4.3.1 Durée d'allaitement 83
4.3.2 Poids de l'enfant à la naissance 85
4.4 Variation de la mortalité infantile selon les
pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère
87 4.4.1 Variation de la mortalité infantile selon les
pratiques en matière de soins préventifs
et les caractéristiques d'indentification sociale de la
mère entre 1998 et 2003 87
4.4.2 Variation de la mortalité infantile selon les
pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1993
et 1998 90 4.4.3 Variation de la mortalité infantile selon les
pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1988
et 1993 91
CONLUSION GENERALE 93
BIBLIOGRAPHIE 97
ANNEXES xiv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1: Principaux indicateurs démographiques
d'après RGPH de 1996 21
Tableau 1.2 : Évolution des accouchements assistés
entre 1993 et 2003 (en %) 28
Tableau 3.1: Indices de Myers 56
Tableau 3.2: Répartition des femmes au cours des trois EDS
et du RGPH-1996 57
Tableau 3.3 : Les taux de fécondité
général obtenus méthodes indirectes d'estimation de Rachad
et Brass 59 Tableau 3.4: Répartition des enfants nés vivants
et des enfants décédés selon le groupe d'âges
de la mère 61
Tableau 3.5 : Proportions des âges au décès
non déclarés 63
Tableau 3.6: Proportion des décès néonatals
parmi les décès infantiles selon les EDS 64
Tableau 4.1: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon l'âge de la grossesse au moment de la
première visite prénatale 66 Tableau 4.2: Evolution de la
variation du risque de mortalité infantile selon le nombre de
visites prénatales effectuées par la mère
durant la grossesse. 69 Tableau 4.3: Evolution de la variation du risque de
mortalité infantile selon le nombre
d'injections antitétaniques reçues par la
mère durant la grossesse 71 Tableau 4.5: Evolution de la variation du
risque de mortalité infantile selon l'assistance à
l'accouchement 75 Tableau 4.6 : Evolution de la variation du
risque de mortalité infantile selon la vaccination
contre la tuberculose 78 Tableau 4.7: Evolution de la
variation du risque de mortalité infantile selon la vaccination
contre la diphtérie 79 Tableau 4.8: Evolution de la
variation du risque de mortalité infantile selon la vaccination
contre la rougeole 81 Tableau 4.9: Evolution de la variation
du risque de mortalité infantile selon la vaccination
contre la poliomyélite 82 Tableau 4.10: Evolution de la
variation du risque de mortalité infantile selon la durée
d'allaitement 84 Tableau 4.11: Evolution de la variation du
risque de mortalité infantile selon le poids à la
naissance 86
LISTE DES FIGURES ET GRAPHIQUES
Figure1.1: Evolution de la mortalité infantile et
infanto-juvénile entre 1960 et 2003 22
Figure1.2: L'évolution de l'espérance de vie
à la naissance entre 1985 et 1996 22
Figure 1.3 : Structure des soins de santé au Burkina Faso
en 2001 26
Figure1.4. : Évolution de la couverture vaccinale des
enfants de 0 à 11 mois (en %) entre
1997 et 2003 27
Figure 2.1 : Schéma conceptuel de l'étude 45
Figure 2.7: Schéma d'analyse de l'étude 48
Figure 3.1: Diagramme de Lexis montrant la période
quinquennale précédent les enquête 52
Graphique 3.1 : Répartition des mères selon leur
âge 54
Graphique3.2 : Répartition des femmes
enquêtées et des femmes recensées selon le groupe
d'âges 57
Graphique3.3 : Evolution des parités moyennes selon
l'âge de la mère 59
Graphique3.4: Evolution des parités moyennes selon le
groupe d'âge de la mère 60
Graphique 3.5: Evolution des proportions des décès
selon le groupe 'âges 62
Graphique3.6: Evolution des proportions des décès
selon le groupe 'âges 62
Graphique4.1: Répartition des enfants de moins d'un an
selon l'âge de la grossesse au
moment du premier contrôle prénatale 66
69
Graphique4.3: Répartition des enfants de mois d'un an
selon le nombre d'injections
antitétaniques reçues par la mère au cours
de la grossesse 71
Graphique4.4: Répartition des enfants de moins d'un an
selon le lieu de l'accouchement 73
Graphique4.5: Répartition des enfants selon la
qualité du personnel ayant assisté à l'accouchement
73 Graphique4.7: Répartition des enfants de moins d'un an selon la
vaccination contre la
diphtérie 79 Graphique4.8: Répartition des
enfants de moins d'un an selon la vaccination contre la
rougeole 81
81
Graphique4.9: Répartition des enfants selon la vaccination
contre la poliomyélite 82
Graphique4.10: Répartition des enfants selon la
durée d'allaitement au sein 84
Graphique4.11 : Répartition des enfants de moins d'un an
selon le poids à la naissance 86
Graphique4.12: Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins préventifs et les
caractéristiques d'indentification sociale de la mère entre 1998
et 2003 89 Graphique4.13: Variation de la mortalité infantile selon
les pratiques en matière de soins
préventifs et les caractéristiques
d'indentification sociale de la mère entre 1993 et 1998
91 Graphique4.14: Tendance de la mortalité infantile selon les
pratiques en matière de soins
préventifs et les caractéristiques
d'indentification sociale de la mère entre 1993 et 1998 92
RÉSUMÉ
Dans tous les pays en développement, notamment en
Afrique de l'Ouest et particulièrement au Burkina Faso où le
niveau de mortalité infantile reste très élevé,
l'amélioration de la santé infantile dépend autant, sinon
plus, de l'application de connaissances acquises à travers l'utilisation
des centres de santé que de nouvelles découvertes de la
médecine.
Cette étude explore les influences des pratiques des
soins préventifs en matière de santé sur la baisse de la
mortalité infantile au Burkina Faso. Elle a ainsi été
réalisée à partir des données des trois EDS
réalisées au Burkina Faso en 1992, 1998/99 et en 2003.
L'analyse des données de ces enquêtes montre que
malgré une baisse, la mortalité infantile au Burkina reste
élevée: sur 1000 enfants nés vivants au cours de la
période 1998- 2003, 81 sont morts avant leurs premiers anniversaire.
Durant la période 1988-2003 le pays a connu une amélioration de
la couverture vaccinale (en ce qui concerne les vaccins tels que le BCG, le
DTP, Le vaccin anti rougeoleux et le vaccin contre la poliomyélite) et
de la fréquentation des centres de santé par les femmes pendant
la grossesse. Parmi les vaccins délivrés aux enfants avant leur
premier anniversaire et les soins médicaux reçus par la
mère pendant la grossesse, le vaccin contre la rougeole et les
injections antitétaniques reçues par la mère pendant les
visites prénatale, paraissent être les principaux responsables de
la baisse de la mortalité infantile. L'état nutritionnel fournit
un bon pronostic de la survie. L'indicateur nutritionnel utilisé ici (la
durée d'allaitement au sein maternel) est fortement
corrélé avec la survie de l'enfant. Le risque de
décès infantile diminue régulièrement lorsque la
durée d'allaitement au sein augmente.
INTRODUCTION
Dans les pays développés, le déclin de la
mortalité était déjà visible à la fin du
XIXe siècle ; dans les pays en développement, une baisse
importante de la mortalité n'a été enregistrée que
peu après la fin de la deuxième guerre mondiale. L'ampleur de la
baisse initiale dans les pays en développement a été si
impressionnante qu'on s'est demandé au cours des années 60 et 70
si l'écart de mortalité entre pays développés et
pays en développement n'allait pas se réduire
considérablement d'ici à la fin du siècle. La tendance
à la baisse de la mortalité semblant être un
phénomène mondial, on ne s'est pas beaucoup penché sur
l'analyse critique des facteurs qui en étaient précisément
responsables. Les ressources nationales et celles provenant de donateurs ont
ainsi été plus largement utilisées, à travers les
programmes de santé, pour obtenir des baisses encore plus importantes.
Par exemple, divers programmes axés sur la survie de l'enfant, tels que
le Programme Elargi de Vaccination (PEV), ont élaboré des
stratégies assez souples pour atteindre certaines cibles de
mortalité de l'enfant dans les pays participants. Pour y parvenir, les
efforts ont surtout porté sur l'amélioration de la couverture
vaccinale, le recours généralisé à la
thérapie par réhydratation orale en cas de diarrhée,
l'amélioration de l'état nutritionnel de la mère et de
l'enfant et la diminution du nombre de grossesses à haut risque. Les
stratégies précises permettant d'atteindre cette série
d'objectifs ont été laissées à
l'appréciation de chaque pays.
La baisse de la mortalité est consécutive
à l'amélioration des conditions de vie, d'hygiène et
à la mise en place des soins de santé primaires, en particulier
la nutrition et le logement. Les politiques de santé publique ont
été appliquées dans le monde entier. Elles étaient
ciblées sur l'eau potable, l'assainissement, l'hygiène, les
vaccinations, la santé maternelle, l'alimentation des enfants etc. Ces
politiques se poursuivent avec la mise au point et la distribution des
médicaments modernes ainsi qu'avec l'application de diverses actions de
médecine. Toutes ces actions se sont traduites par une baisse
significative de la mortalité des jeunes enfants et des jeunes adultes.
L'espérance de vie à la naissance en Afrique, qui était
estimée à 37 ans en 1950-1955, atteint 53 ans dans les
années 1990 (Akoto, 1994), soit un gain de 16 ans en 45 ans. Cette
baisse était surtout due à la diminution de la mortalité
par maladies infectieuses et celle des autres causes de mortalité, dont
certaines étaient ellesmêmes des conséquences lointaines
des infections antérieures (Preston, 1980).
Durant les cinq dernières décennies, la
mortalité en général et celle des enfants en particulier a
connu un recul important en Afrique. Malgré cette baisse
enregistrée, le niveau de mortalité infantile et juvénile
du continent reste encore le plus élevé au monde. Le taux de
mortalité infantile et juvénile est maintenant proche de 89 pour
mille en Afrique alors qu'il est de 23 pour mille en Amérique Latine, 29
pour mille en Asie de l'Est et de 62 pour mille en Asie du Sud1. La
baisse continue de la mortalité en général et celle de la
mortalité des jeunes enfants en particulier, reste l'objectif
unanimement visé par tous les gouvernements de tous les Etats africains.
Pour ce faire, ces derniers mettent l'accent sur l'élaboration et la
mise en oeuvre de politiques de santé efficaces afin de réduire
davantage ces niveaux et les disparités existantes entre les
différentes couches sociales de la population. Or ces politiques ne
peuvent produire les résultats attendus que si les facteurs qui sont
à l'origine de cette baisse sont bien appréhendés et que
les actions entreprises les cibles.
S'il est aisé d'identifier les facteurs associés
à la mortalité, une approche explicative ou la mise en oeuvre des
programmes susceptibles d'agir favorablement sur le phénomène
étudié, nécessite d'identifier non seulement les relations
existantes entre celui-ci et les facteurs de risque qui lui sont
associés (effets directs ou indirects), mais aussi les interactions
existantes entre ces derniers, en tentant de les ordonner selon leur
proximité. Aussi l'analyse de la mortalité, ne doit-elle pas
nécessairement tenir compte du temps et du lieu. Outre ces facteurs
contextuels, il est important de tenir compte de toute une série de
caractéristiques individuelles, appelées souvent
caractéristiques socio-démographiques dans les études de
mortalité et de santé. Ces caractéristiques
présentent fréquemment des différentiations
systématiques de mortalité (ou de morbidité) et exercent
soit un effet direct ou indirect sur la mortalité.
A l'instar d'autres pays africains, le Burkina Faso
connaît un niveau élevé de mortalité en
général et celui de la mortalité infantile en particulier.
Selon les résultats de l'Enquête Démographique et de
Santé réalisée en 2003 (EDSBF-III), près d'un
enfant sur cinq (195%o) meurt avant l'âge de cinq ans et parmi mille
naissances vivantes, 81 n'atteignent pas leur premier anniversaire. Les
données disponibles montrent que la mortalité infantile
connaît une tendance à la baisse depuis les années 1960. Le
taux de mortalité infantile (TMI) est passé
1 UNFPA, State of world population 2007
182%o en 1960-61 à 107%o en 1996 et à 81%o en
2003. Malgré cette baisse, le niveau de mortalité infantile reste
encore élevé.
La mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des
programmes de santé nécessaires pour réduire la
mortalité infantile exigent la détermination et la
compréhension des facteurs responsables du niveau élevé de
ce phénomène, car comme le fait remarqué Barbieri (1991),
« l'efficacité des programmes de santé dépend en
grande partie de la capacité à comprendre les processus
responsables des niveaux élevés de la mortalité des
enfants dans le tiers monde ». En outre, l'accent souvent mis sur les
maladies évitables grâce à la vaccination et la
thérapie en cas de diarrhée, par opposition à un ensemble
plus vaste et plus complet de programmes de santé communautaires, avait
entraîné des effets de substitution en matière de
morbidité et de mortalité. En d'autres termes, on sauvait des
enfants de la rougeole ou de la diarrhée pour les laisser mourir
d'autres causes que ne couvraient pas ces interventions. Lorsqu'ils
étaient importants, ces effets de substitution étaient
susceptibles d'avoir une forte incidence sur le rythme auquel s'effectuait la
baisse de la mortalité. Ces préoccupations ont conduit à
entreprendre des recherches sur la nature, les caractéristiques et les
déterminants de la baisse de la mortalité chez l'enfant. Certains
auteurs, comme Younoussi (1997), ont tenté d'expliquer ce
phénomène au niveau individuel en examinant les
caractéristiques biologiques, comportementales, démographiques et
socioéconomiques. D'autres ont élucidé les
mécanismes par lesquels divers déterminants modifient la
mortalité des enfants. D'autres encore ont cherché à
expliquer les écarts observés en tenant compte des
différences d'environnement, de culture et de conditions de vie
matérielles des enfants et des familles. L'impossibilité de
préciser les relations de cause à effet reliant la
mortalité de l'enfant à ses déterminants proches ou
lointains a conduit à une multiplication d'initiatives axées sur
la survie de l'enfant. Il est donc nécessaire et urgent de
connaître les facteurs qui déterminent le plus ce
phénomène afin d'identifier ou d'orienter les actions sanitaires
déjà mises en oeuvre pour améliorer davantage la situation
et réduire les inégalités flagrantes en matière de
santé persistantes entre les enfants des différentes couches
sociales.
En dehors des inégalités face aux risques de
décès, les enfants sont exposés en amont aux
inégalités face aux recours aux soins. Ces
inégalités résultent de plusieurs facteurs d'ordre
institutionnel, économique et culturel. Les comportements des
mères en matière de soins préventifs constituent l'un des
déterminants directs.
En premier lieu, les mères sont les premières
responsables des soins accordés aux enfants. Elles sont garantes du
maintient de la santé des enfants en leurs assurant les conditions de
prévention de la maladie, l'alimentation et l'hygiène corporelle
des enfants et le cas échéant, les amener dans les centres de
santé pour les soins, (Ouédraogo. C, 1994). En second lieu, dans
les schémas explicatifs de la mortalité des enfants, les
comportements sanitaires des mères constituent des variables
intermédiaires par lesquelles les facteurs socioéconomiques et
culturels agissent en partie sur ce phénomène.
Dans un contexte de changement institutionnel et de lutte
contre la pauvreté impliquant, l'amélioration du système
sanitaire, les comportements des mères ont un impact important sur la
survie de leurs enfants. La meilleure stratégie pour améliorer la
survie des enfants serait un développement durable permettant une
amélioration du niveau de vie. Celle proposée ici est une
stratégie possible au niveau individuel. Elle consiste à
mobiliser les femmes et les amener à adopter des comportements
favorables à la survie des enfants. Leur capacité à mieux
tirer profit des services de santé mis à leur disposition et
d'assumer leur responsabilité dans la gestion des problèmes
sanitaires est importante pour améliorer la survie des enfants.
Fort de ces considérations, nous nous proposons dans
cette étude de répondre à la question suivante: « les
soins préventifs que les femmes apportent à leurs enfants
contribuentils significativement à l'amélioration de la survie
des enfants de moins d'un an au Burkina Faso? ». Ainsi, nous nous
intéressons aux soins préventifs pour identifier parmi eux les
variables qui sont à l'origine de la baisse de la mortalité
infantile au Burkina Faso.
Cette étude a pour objectif de mettre en
évidence les facteurs de la baisse du niveau de la mortalité
infantile, facteurs sur lesquels les actions des décideurs politiques
devraient porter afin d'améliorer davantage la survie des enfants de
moins d'un an au Burkina Faso.
Plus spécifiquement, cette étude veut :
+ Etudier l'évolution des principaux facteurs
préventifs entre 1992 et 2003.
+ Identifier les principaux facteurs préventifs
associés à la baisse de la mortalité infantile. Autrement
dit, nous cherchons à savoir si les pratiques en matière de suivi
médicale de la grossesse, de vaccination et de nutrition ont
contribué à la baisse de la mortalité infantile au Burkina
Faso.
Pour atteindre ces objectifs, ce travail est articulé
en quatre chapitres. Le premier chapitre présente l'intérêt
et le contexte général de l'étude. Le cadre
théorique fait l'objet du deuxième chapitre. C'est ici que
l'état des connaissances sur les facteurs de la mortalité des
enfants et sur les théories explicatives de la baisse de la
mortalité sont exposés. Partant de ces éléments, un
cadre conceptuel de l'étude est élaboré ainsi que quelques
hypothèses de recherche à tester. Le troisième chapitre
porte sur la présentation de la méthodologie. Il présente
les données utilisées, en fait une évaluation de la
qualité et présente les méthodes d'analyse à
utiliser. Le dernier chapitre est consacré aux analyses de l'incidence
des comportements préventifs des mères sur la mortalité
des enfants de moins d'un an.
Cette étude se termine par une conclusion
générale qui rappelle les points saillants des différentes
sections de cette étude. Quelques recommandations pour l'action et une
piste d'ouverture dans les perspectives de recherche dans le futur sont
formulées à la lumière des résultats.
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