Katherine DANA
Mémoire de Master 1 -- Histoire moderne Sous la direction
de Pierre-Jean Souriac
Lyon et la Saône au XVIe
siècle
Je tiens en premier lieu à remercier Elisabeth pour
l'aide précieuse qu'elle m'a apportée tant en réalisant
les plans de Lyon qui figurent dans ce mémoire que pour tous ses
conseils techniques.
Je remercie particulièrement Coline et Matthieu pour
leur soutien et leurs conseils avisés ainsi que toutes les autres
personnes qui m'ont encouragée.
Enfin, dans ces quelques instants d'expression sentimentale,
je n'oublie évidemment pas Damien dont l'ingéniosité et le
talent m'accompagnent chaque jour.
Abréviations utilisées :
- AML : Archives municipales de Lyon
- ADR : Archives départementales du Rhône
INTRODUCTION
Etudier les cours d'eau dans une perspective historique semble
un projet ambitieux puisque l'éventail de thèmes qui en
découle est extrêmement vaste. Tout d'abord, les cours d'eau
peuvent être étudiés comme des axes de communication donc
de déplacement, à plus ou moins grande échelle, de
marchandises et d'individus. De ce constat s'ouvre tout le champ d'analyse des
flux commerciaux, des flux migratoires, des voies de transport et,
conséquemment, des moyens de transport. Mais les cours d'eau peuvent
également être un sujet d'étude dans un cadre
géographique précis et limité, tel qu'une ville fluviale.
Cependant, la restriction à un cadre urbain ne réduit pas de
façon substantielle les angles d'étude. En effet, une analyse
socio-économique est ici encore possible, notamment des activités
des «gens de rivière». Par ailleurs, si l'on
s'intéresse à l'eau comme élément naturel, cela
implique d'étudier la façon dont cette ressource est
employée, comme force motrice par exemple, mais aussi comment les hommes
ont tenté de la dompter. Se dévoile alors le champ des
perceptions du cours d'eau, notamment de la crainte des crues et des
remèdes appliqués pour y pallier. Dans le cadre d'une ville
installée sur les berges d'une rivière ou d'un fleuve,
l'aménagement urbain est encore un sujet d'étude possible,
particulièrement les infrastructures telles que les ponts.
Le point de départ de la présente étude
est justement le rapport entre un espace urbain, la ville de Lyon, et la
rivière qui la traverse, la Saône. Le sujet choisi à
l'origine concernait les deux cours d'eau de Lyon c'est-à-dire la
Saône et le Rhône. Le caractère atypique et vaste de ce
thème en faisait son intérêt. Dans un premier temps, le
Rhône était intégré, au moins de façon
partielle, à l'étude. En effet, sa qualité de limite
politique a rapidement exclu sa rive gauche de l'analyse. Comme la Saône
et le Rhône n'ont finalement pas les mêmes statuts, les
implications qui en découlent et le traitement qui leur est
réservé peut être très différent.
Malgré cela, le pont et la rive droite du Rhône pouvaient rester
des objets d'étude. Néanmoins, les recherches bibliographiques
ont permis de s'apercevoir que
le pont était très bien étudié.
Par ailleurs, les murailles qui longent la rive droite du fleuve rendent compte
des limites de la ville de Lyon, qui excluent donc le Rhône. Enfin, la
quantité importante de sources concernant la Saône et les
informations que celles-ci fournissent et qui n'ont pas été
exploitées ont fini de nous convaincre. Le champ d'étude se
limite donc à la seule rivière de Saône. Il convient de
préciser dès à présent les termes qui seront
employés pour qualifier la Saône. En effet, les auteurs de
l'époque moderne emploient les termes « rivière » et
« fleuve » sans faire de distinction. Cependant, on peut
considérer que ce cours d'eau est une rivière puisqu'elle se
jette dans le Rhône mais aussi un fleuve si l'on envisage que c'est le
Rhône qui la rejoint. Comme cela n'est pas toujours clairement
établi, il nous semble que ces deux termes peuvent qualifier la
Saône et l'un comme l'autre pourront être utilisés.
Cette étude de la relation entre la Saône et ses
riverains est volontairement restreinte à la ville de Lyon au sens
strict afin de correspondre à l'espace sur lequel l'administration
consulaire, c'est-à-dire le pouvoir municipal, exerce son
autorité en matière de voirie. Ainsi , il s'agit de la ville de
Lyon telle qu'elle est limitée par ses murailles et, dans ce cadre, la
Saône de la forteresse de Pierre-Scize à la confluence. Ce choix
géographique, en adéquation avec un découpage politique,
n'est pas le fruit du hasard. En effet, l'adaptation d'un espace urbain
à la présence d'une rivière est particulièrement
illustré par la prise en charge politique quotidienne et c'est le
principal angle d'étude qui a été choisi ici. Cela
implique donc que le territoire étudié ait une cohérence
spatiale et juridictionnelle. S'intéresser à la gestion d'une
rivière et à l'aménagement de ses rives revient en quelque
sorte à étudier les types de décisions prises par les
autorités à ce sujet, leur régularité et leur
évolution. Plus largement, il s'agit de déterminer les
institutions qui ont des prérogatives, dans ce domaine, dans le cadre
urbain. Il s'agit également de caractériser les
préoccupations principales qui ressortent des décisions en
matière de gestion mais aussi de s'intéresser concrètement
aux constructions et à l'entretien du pont, des ports et des berges de
la rivière. Comme les pouvoirs des différentes autorités
sur l'eau ne sont pas clairement définis, il est nécessaire de
travailler en amont sur l'aspect juridictionnel. Celui-ci est d'autant plus
intéressant qu'il concerne un élément naturel dont chacun
a l'usage et pour lequel les questions de propriété et de
prérogatives sont délicates. Les cours d'eau se
caractérisent par l'usage collectif qui en est fait, ce qui implique les
notions de bien collectif et
d'espace public et donc une redéfinition des espaces.
Ces notions sont liées à l'affirmation du pouvoir royal et
à la mainmise progressive de cette autorité sur ce qui est peu
à peu défini comme l'espace public, par opposition aux
possessions propres aux particuliers c'est-à-dire à ce qui est
privé.
C'est la raison pour laquelle notre étude commence
à la charnière entre la période médiévale et
la période moderne, qui voit l'autorité royale atteindre son
apogée. Afin de limiter le champ chronologique, car une étude sur
l'ensemble de la période moderne serait trop conséquente à
mener, le XVIe siècle a été le premier
critère temporel défini. Or, il convient de préciser les
limites que l'on applique à ce siècle même si celles-ci ont
surtout un caractère indicatif et qu'il est nécessaire, parfois,
de passer outre un tel cadre. L'année 1494 est la date qui semble la
plus appropriée pour commencer notre étude. En effet, depuis la
fin du XVe siècle et le rétablissement des foires de
Lyon par Charles VIII à cette date, la circulation dans la ville et sur
les cours d'eau est une préoccupation importante qui peut justifier de
nombreux aménagements. C'est également en 1494 que les campagnes
militaires débutent en Italie et, à partir de cette date, la cour
séjourne régulièrement à Lyon. En ce qui concerne
la fin de notre étude, plusieurs dates sont possibles. La
première est 1595 c'est-à-dire la réorganisation du
consulat et la restriction de ses prérogatives par l'Edit royal de
Chauny. D'autre part, le Traité de Lyon (1601) qui permet au royaume de
France de récupérer la Bresse et le Bugey est une borne
chronologique possible puisqu'avec ce traité, le Rhône perd son
statut de limite. Cependant, il nous a semblé plus pertinent de choisir
1595 puisque notre sujet se concentre sur l'action du consulat lyonnais. Or,
avec l'Edit de Chauny, les prérogatives consulaires sont limitées
et la tutelle royale qui s'exerce sur le pouvoir municipal s'accroît.
Il semble que l'angle d'approche adopté pour cette
étude de la Saône à Lyon au XVIe siècle
n'a pas d'antécédent suffisamment proche pour disposer de grilles
de lectures préétablies. Ainsi, ce travail a
nécessité des recherches bibliographiques variées et une
grande partie des ouvrages consultés n'apporte qu'indirectement des
informations, qu'il a été nécessaire de réunir et
de confronter. En effet, les travaux que l'on pourrait réunir sous la
dénomination « histoire de l'eau » sont assez peu nombreux.
Les cours d'eau sont généralement abordés dans des
études historiques comme des supports pour le transport commercial, donc
dans le cadre d'analyses
économiques et sociales, c'est-à-dire qu'ils ne
sont pas étudiés en soi mais indirectement. Richard Gascon, par
exemple, dans sa thèse sur les marchands lyonnais au XVIe
siècle1, évoque l'importante circulation de bateaux de
marchandises sur la rivière de Saône, ainsi que les ports de la
ville de Lyon, mais dans le cadre d'une étude à caractère
économique.
Ainsi, lorsqu'il s'agit d'étudier un cours d'eau, il
est utile, et même nécessaire, de se tourner vers les travaux qui
ont été menés dans des disciplines proches de l'histoire
telles que la géographie et l'archéologie. En effet, les
géographes s'intéressent souvent à l'installation des
populations à proximité des rivières et à
l'aménagement que cela nécessite. Les infrastructures et
l'aménagement sont alors les thèmes privilégiés, au
détriment des institutions qui en sont à l'origine. Cependant, de
tels renseignements, ainsi que les aspects intrinsèques au cours d'eau
tels que son débit, sont une aide précieuse à toute
étude historique d'une rivière. L'archéologie offre des
informations complémentaires, notamment sur les bateaux utilisés
à diverses époques et au sujet des infrastructures fluviales,
mais les campagnes de fouilles entreprises dans les rivières sont peu
nombreuses. De plus, la prise en charge politique des cours d'eau n'est qu'un
theme brièvement évoqué, voire marginal, dans les
recherches scientifiques. L'historien Jacques Rossiaud est l'auteur de
l'ouvrage le plus complet, parmi ceux qui ont été
consultés, en histoire de l'eau. Sa synthèse sur le Rhône
pendant la période médiévale2 traite en effet
de nombreux aspects mais ceux-ci sont surtout sociaux, économiques ou
religieux. Les questions politiques et juridictionnelles liées à
l'eau sont donc rarement abordées. Le spécialiste d'histoire
juridique Frantz Mynard peut être considéré comme l'un des
précurseurs puisqu'il étudie les pouvoirs qui disposent de
prérogatives sur les cours d'eau et particulièrement
l'affirmation progressive du pouvoir royal sur ceux-ci. L'article qu'il
consacre à ce theme offre des pistes de recherche et des approches qui
ont nourri la présente étude3.
Par ailleurs, il convient de situer notre travail dans les
études historiques de la ville de Lyon. Celles-ci sont nombreuses et
variées ; il existe plusieurs synthèses
1 GASCON, Richard, Grand commerce et vie urbaine
au XVIe siècle ; Lyon et ses marchands, tomes 1 et 2,
Paris, S.E.V.P.E.N., 1971.
2 ROSSIAUD, Jacques, Le Rhône au Moyen
Age, Paris, Flammarion, Collection Aubier, 2007, 648 pages.
3 MYNARD, Frantz, « Le fleuve et la couronne :
contribution à l'histoire du domaine fluvial (1566 - 1669) »,
in LE LOUARN, Patrick (dir.), L'eau ; sous le regard des sciences
humaines et sociales, Paris, L'Harmattan, collection Logiques sociales,
2007, 253 pages.
de l'histoire de Lyon depuis l'Antiquité mais aussi
beaucoup d'études thématiques et ponctuelles. Les
différents ouvrages généraux offrent l'avantage de
présenter le cadre général notamment les institutions
politiques lyonnaises et leur évolution. Ils constituent donc la base
nécessaire à tout étude historique de la ville. Les
travaux menés sur le XVIe siècle à Lyon
traitent d'aspects divers, notamment de la vie quotidienne des
contemporains4. La Saône est régulièrement
citée dans les études historiques de Lyon, quel que soit le
thème de ces analyses, ce qui permet de se rendre compte à quel
point la ville et sa rivière sont liées et combien cette
dernière est importante pour Lyon. Néanmoins, encore une fois, la
gestion de la rivière par les autorités n'est pas une
thématique récurrente ou elle n'est abordée
qu'indirectement et ponctuellement. Cependant le fort lien qui existe entre la
ville de Lyon et la Saône permet de trouver de nombreuses informations
dans les écrits depuis l'origine de la ville. Or ces descriptions,
historiques ou non, de la ville et de sa rivière nourrissent le
présent travail et leur apport ne saurait être minimisé.
Ainsi, il peut sembler étonnant que les travaux
traitant d'un espace urbain qui s'est peu à peu construit, depuis
l'Antiquité, sur les rives d'une rivière n'abordent que peu le
thème de la gestion politique du cours d'eau. Des réflexions ont
été menées autour de cette relation entre une ville et sa
rivière. C'est notamment le cas du colloque « La Ville et le Fleuve
», qui s'est tenu à Lyon en 1987 et dont plusieurs articles du
compte-rendu ont été utilisés5. Cependant, les
problématiques abordées sont souvent actuelles puisque l'eau en
tant que ressource, et donc la gestion de celle-ci, devient un enjeu de plus en
plus important à la période contemporaine. Les études
s'intéressant aux ports, aux quais et aux ponts représentent
également un grand intérêt. Leur principal
inconvénient est leur caractère, en général,
très factuel et technique mais ces ouvrages sur les aménagements
fluviaux offrent des éléments de comparaison et des
renseignements chronologiques intéressants.
Les recherches bibliographiques ont donc apporté de
nombreuses informations et pistes de recherche mais fortement
disséminées d'un ouvrage à l'autre. Enfin, l'apport
principal des ouvrages consultés est une base nécessaire à
la
4 BOUCHER, Jacqueline, Vivre à Lyon au
XVIe siècle, Lyon, Editions lyonnaises d'Art et
d'Histoire, 2001, 159 pages.
5 L'article le plus utilisé parmi les actes
de ce colloque est le suivant : DELLUS, Jean, FREBAULT, Jean, RIVET, Martine,
«Lyon, ville fluviale», in La ville et le fleuve, actes du
colloque de Lyon (avril 1987), Paris, Editions du Comité des Travaux
Historiques et Scientifiques, 1989, pages 37 à 48.
construction d'une réflexion et un cadre à
l'analyse des documents. En général, les autorités
politiques et leurs prérogatives sont bien décrites mais leur
action sur les cours d'eau n'est pas présentée ou, en tout cas,
pas dans le cadre d'une analyse globale. Pourtant, il est certain que les cours
d'eau représentent un enjeu politique et économique comme toutes
les voies de circulation en général, et d'autant plus lorsque la
rivière est un élément à part entière d'une
ville.
A l'instar des ouvrages de bibliographie, les sources
imprimées ont apportéde nombreuses informations mais souvent de
façon indirecte. Les descriptions de
Lyon intègrent systématiquement la
rivière de Saône et permettent de mesurer l'importance de ce cours
d'eau pour la ville. De plus, des activités liées à la
rivière sont souvent présentées et le plan
scénographique de Lyon, réalisé au milieu du
XVIe siècle, constitue lui aussi une source fondamentale. En
effet, il se caractérise principalement par le nombre de personnages
figurés dans des activités de la vie quotidienne. Beaucoup
d'entre eux sont représentés le long de la rivière, tant
sur les quais que dans des bateaux. Ce plan dispose donc de deux avantages
principaux en ce qui nous concerne ; tout d'abord, il nous informe des
activités fluviales qu'il est nécessaire de connaître pour
analyser la façon dont elles sont encadrées par les
autorités, d'autre part, ce plan constitue un bilan fiable des
infrastructures fluviales, particulièrement de la présence de
ports et de ponts. Par ailleurs, les historiens lyonnais du XVIe
siècle apportent un complément à cela par leur style
souvent très descriptif mais aussi par les évènements
qu'ils présentent. Enfin, les traités des juristes de la fin du
Moyen Age et de la période moderne sont une source inépuisable
d'informations au sujet des droits et des prérogatives dans tous les
domaines et notamment à propos des autorités qui disposent de
pouvoirs sur les rivières.
A ces sources imprimées s'ajoutent les documents
d'archives, qui constituent le vivier principal de renseignements sur le
thème qui nous intéresse. L'essentiel des sources manuscrites
consultées est réuni aux Archives municipales de Lyon. La
série DD, c'est-à-dire les archives au sujet de la voirie, a
constitué l'objet d'une grande partie des recherches. En effet, la
plupart des travaux effectués aux différentes infrastructures
fluviales sont recensés dans les différents cartons de cette
série. Afin de compléter les informations fournies par cette
recherche préalable, les documents liés à l'administration
consulaire ont fait l'objet d'une
étude particulière. Il s'agit à la fois
des recueils d'actes consulaires, c'est-à-dire des décisions
prises par les autorités municipales, et de la comptabilité de la
ville. Cette dernière n'a été utilisée que
ponctuellement alors que les actes consulaires ont été
dépouillés systématiquement tous les dix à quinze
ans en fonction des autres documents déjà transcrits. L'objectif
d'une telle méthode est de dégager les préoccupations
principales des autorités en ce qui concerne la Saône. Comme les
documents les plus importants à ce sujet sont regroupés dans la
série DD, il s'agit plutôt d'un complément mais qui est
nécessaire pour intégrer des aspects qui ne relèvent pas
des questions d'aménagement urbain. Ponctuellement, en fonction des
informations fournies par les inventaires d'archives, des cartons
classés dans d'autres séries ont été
dépouillés. Cette méthode a été
également appliquée aux Archives départementales du
Rhône, souvent de façon infructueuse. Au final, des sources
variées et parfois même très différentes ont pu
être utilisées pour la présente étude.
Les différentes recherches, particulièrement
celles qui ont été réalisées aux Archives
municipales de Lyon, ont orienté l'angle d'étude adopté.
En effet, elles ont montré qu'il existe une action des autorités
vis-à-vis des cours d'eau mais également que plusieurs pouvoirs
sont impliqués dans celle-ci. Ainsi, il convient au préalable de
déterminer les autorités qui disposent de prérogatives sur
la rivière et à quel point leurs droits sont définis mais
aussi comment ils s'appliquent. Ensuite, il semble nécessaire de
s'intéresser à la perception de la rivière, à la
gestion des risques intrinsèques à sa présence et aux
activités fluviales, puis d'analyser le type de contrôle politique
qui s'exerce sur celles-ci. Enfin, nous nous pencherons sur les infrastructures
fluviales et les aménagements réalisés au cours du
XVIe siècle puisqu'ils constituent l'illustration la plus
probante de l'action politique et de l'intérêt porté
à la rivière.
Première Partie : Prérogatives et juridictions
fluviales de l'échelle nationale à la ville de Lyon
Il est nécessaire, avant de s'intéresser
à la prise en charge de la Saône proprement dite, dans la ville de
Lyon, de définir les différents pouvoirs qui sont
impliqués et de distinguer les prérogatives de chacun. Le
principal écueil en la matière est de distinguer les droits qui
sont définis institutionnellement de ceux qui ne sont que coutumiers,
même si l'usage, au XVIe siècle, est un critère
de légitimité important qu'il ne faut donc pas négliger.
Il est souvent, d'ailleurs, plus en accord avec la réalité que
les définitions théoriques : de ce constat, l'on comprend
aisément les conflits d'autorités qui existent entre les
différents acteurs. Ainsi, il s'agit de s'intéresser aux
définitions théoriques des pouvoirs de différents
protagonistes concernés et à leurs implications
concrètes.
A cela s'ajoute la question des droits sur une rivière,
donc sur un élément naturel qui remplit de multiples fonctions.
En effet, les cours d'eau sont à la fois des axes de communication, dont
les modalités de circulation sont déterminées, et des
réservoirs importants de ressources : d'eau, bien sûr, mais aussi
de poissons. De plus, notre sujet concerne à la fois la rivière
en elle-même mais aussi ses rivages et donc les différentes
structures construites par l'homme. Ainsi, il semble nécessaire de
définir les questions de domanialité, de juridiction et
d'administration concrète ainsi que les aspects pour lesquels ces
éléments se chevauchent. Tout d'abord, étudier le rapport
entre le pouvoir royal et les cours d'eau permettra de mettre un cadre
général à notre étude tout en présentant la
première autorité qui peut interférer dans la suite de
notre présentation. Ensuite, nous nous intéresserons aux droits
et à la définition théorique des pouvoirs qui s'exercent
sur la Saône, particulièrement dans la ville de Lyon, en
présentant les autres principaux acteurs concernés.
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