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L'externalisation de la fonction d'audit interne : quels enjeux pour les pme - pmi ?

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par Cyrille Armel GUEI
PIGIER Côte d'Ivoire - Master en audit et contrôle de gestion 2008
  

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Section 2 : Externalisation de la fonction d'audit interne

Une fois la décision d'externaliser la fonction d'audit interne prise, il convient de passer à un certain nombre d'étapes qui sont également importantes.

Les questions suivantes nous semblent encore peu évoquées dans la littérature.

- Comment établir un cahier des charges, choisir un prestataire, dépouiller les offres ?

- Comment rédiger le contrat d'externalisation ?

- Comment gérer la relation à long terme ?

Un mauvais choix du prestataire, un contrat incomplet, une mauvaise gestion de la relation contractuelle, un manque de surveillance dans le suivi..., cela comporte des risques pour le prestataire (risque de défaillance par exemple) et pour l'entreprise qui externalise (risque de sous-performance, risque de dépendance, d'irréversibilité...). Ainsi, essayons nous d'aborder les éléments majeurs de la mise en place de l'externalisation d'une fonction d'entreprise :

1- Le temps de préparation

2- La dimension sociale

3- Le cahier des charges

4- Le choix des prestataires

5- Le contrat d'externalisation

6- La mise en oeuvre

7- Le suivi

(5) MEDEF, Management de l'externalisation-Guide Européen

8- Le co-pilotage du suivi

2.1-Le temps de préparation

Mener à bien une démarche d'externalisation est un projet complexe qui lie étroitement des métiers, des acteurs et des enjeux sociaux, économiques et stratégiques.

Le temps est un élément déterminant dans une opération d'externalisation. Temps de mise en place de la démarche, temps de rédaction du cahier des charges, temps de réponse accordé aux prestataires pressentis, temps de sélection des prestataires, temps de conclusion du contrat, sont des aspects majeurs qui conditionnent la réussite du projet.

L'urgence va à l'encontre d'une externalisation réussie. Nous avons observé des opérations d'externalisation échouer, en grande partie à cause d'une étape d'élaboration contractuelle effectuée dans l'urgence.

En général, la préparation d'une démarche d'externalisation n'est pas inférieure à 9 mois, c'est le minimum. Le prestataire doit prendre le temps de plonger dans l'univers du client pour comprendre l'utilité qu'il attend du service.

Le cadre contractuel sera l'illustration de la réflexion menée en étroite relation entre le prestataire et son client.

De la même façon, l'externalisation de plusieurs services ou fonction ne s'effectuera pas en même temps. Le délai entre la signature du premier contrat et du dernier contrat d'externalisation sera lui-même de plusieurs mois.

Enfin, un contrat d'externalisation s'inscrit dans une durée pluriannuelle, 24 mois au minimum. Mais nous observons plutôt des contrats de 2 à 4 ans en moyenne, avec une tendance à l'augmentation de la durée des contrats.

C'est le cas des pays anglo-saxons.

2.2-La dimension sociale

Les problèmes sociaux sont en règle générale sous-estimés dans les démarches d'externalisation. Une raison avancée est l'accent souvent mis sur le technique, le concept de service, le juridique, sans prendre toute la dimension de l'impact d'un changement sur les hommes et les organisations en place.

La dimension sociale doit être intégrée au démarrage de la réflexion sur l'externalisation, et ce, quels que soient les fonctions ou les services concernés, quelle que soit la forme d'externalisation retenue avec ou sans transfert de personnel.

Une externalisation sans transfert de personnel n'est pas plus aisée à manager. Elle entraîne nécessairement un reclassement interne, un départ volontaire négocié, voire un soutien à la création d'entreprise et donc des changements organisationnels et humains internes importants.

Le succès de l'opération repose en grande partie sur la qualité de la préparation sociale. Le prestataire peut apporter son expertise et aider le client dans cette phase de communication et de préparation du projet.

Qu'il y est transfert ou non de personnel, celui-ci doit être informé de la démarche conformément au code du travail. Mais cela ne suffit pas. La mise en oeuvre d'un plan de communication interne est dès lors nécessaire.

La communication sur l'esprit, les modalités et les finalités réelles du projet doit être bien menée par la direction générale et la direction des ressources humaines. Cette dernière aura un rôle majeur dans la gestion du projet d'externalisation. La transparence doit être totale dès le démarrage du projet, une fois la décision d'externaliser prise.

2.3-Le cahier des charges

Positionner l'externalisation au plan stratégique requiert de s'appuyer sur un contrat global.

Plus un cahier des charges sera détaillé, plus un prestataire sera en capacité d'y répondre avec la souplesse, la recherche de personnalisation et la crédibilité souhaitées. L'environnement de l'entreprise et le contexte de l'externalisation doivent être clairement exprimés dans le cahier des charges.

Le travail clé se situe bien dans la rédaction du cahier des charges et dans le choix des rédacteurs. Toute la qualité de la préparation se trouvera dans le cahier des charges qui doit intégrer la souplesse nécessaire à la coproduction recherchée.

2.3.1-Rédaction du cahier des charges

Les acteurs prestataires et client, voire tiers doivent agir de concert pour formuler le cahier des charges, résultat de la réflexion interne sur l'externalisation (objectifs, raisons, échéancier, moyens, résultats). Le client fera au moins figurer dans le cahier des charges, outre la description des services attendus, la qualité attendue des prestations, sous réserve d'adaptation ultérieure avec le prestataire. Le choix d'un conseil extérieur doit s'appuyer non seulement sur les références d'intervention en la matière, mais aussi sur sa compréhension forte des réalités internes de l'entreprise (sociales et stratégiques).

2.4-Le choix des prestataires

Après analyse des enjeux de l'externalisation et de la situation de la fonction à externaliser, l'entreprise établit un cahier des charges à partir des informations recueillies. Ensuite, elle lance un appel d'offres auprès d'un certain nombre de candidats susceptibles de répondre à son besoin. Ce type d'appel d'offres peut être restreint à un certain nombre d'entreprise ou public si tout intéressé peut y répondre.

Le choix du prestataire est réalisé sur la base du coût de la prestation, sur sa capacité à répondre aux contraintes techniques du client et sur sa capacité à gérer les éventuels transferts de personnels. De plus, la pérennité du prestataire est une dimension importante du fait de la difficulté à gérer la réversibilité du contrat d'externalisation. C'est la raison pour laquelle les principaux acteurs du marché d'externalisation de la fonction d'audit interne sont affiliés à des réseaux internationaux.

2.4.1-Critères de choix des clients

Se lancer dans une démarche d'externalisation implique de dépasser la logique dominante de l'effet prix pour mieux se concentrer sur des critères qualitatifs. Cela ne signifie naturellement pas occulter la question du coût du service mais bien de l'intégrer dans une approche globale, de mise en cohérence des enjeux stratégiques et sociaux étroitement liés.

La réduction de la base de coût et la variabilité de certaines charges sont des effets importants, mais de court terme. En comparaison, l'apport de capital intellectuel apporté par un prestataire, si celui-ci est bien dans son rôle, dépasse l'effet prix.

Le processus du prestataire doit être totalement intégré à celui du client pour améliorer le service. On passe d'une logique de « savoir-faire » à celle du « savoir-faire faire ».

L'importance de la qualité de la veille est très importante pour identifier et cibler les prestataires (documents spécialisés, salons, etc.) pour gagner en efficacité.

2.4.2-L'effet capital humain

Par capital humain, nous entendons les facteurs créateurs de compétitivité pour l'entreprise en termes de recrutement des collaborateurs, de motivation des équipes, de management par les compétences, de souplesse d'organisation, de partage des connaissances chez le prestataire, de valeurs partagées par tous.

Le développement des activités externalisées de l'entreprise doit s'appuyer sur une gestion nouvelle des hommes, des métiers et des compétences.

2.4.3-L'effet taille

La différenciation peut jouer par la taille de la structure. Une PME devrait se montrer rassurée par un prestataire de taille globalement équivalente dans une relation de PME à PME. Ceci est aussi valable pour une relation de grand compte à grand compte. A contrario, la différence de taille des interlocuteurs, pour exemple client grand compte et prestataire PME, pose inévitablement le problème des rapports de forces des deux acteurs, et de la hiérarchisation des critères de choix. Une culture de service partagée permet de gommer cette difficulté.

2.5-Le contrat d'externalisation

L'externalisation est une opération stratégique. Elle comporte des risques liés à l'évolution relationnelle et au changement de l'environnement. Le contrat doit être abordé avec beaucoup de soin. Le contrat illustre la réflexion en amont sur la stratégie d'externalisation, les moyens à engager et les résultats attendus.

La visibilité du projet d'externalisation doit être apportée aux deux partenaires par le contrat, dans un souci d'équilibre des forces des acteurs dans la relation de service. Une des conditions de succès du projet d'externalisation réside dans la capacité des deux partenaires à faire évoluer cette relation sans difficultés.

Sur le plan juridique, le contrat est le seul noeud formel de la relation de deux parties. Ainsi, il est extrêmement important d'identifier et de préciser tous les périmètres et les clauses dès le départ, afin d'éviter les conflits durant le déroulement du contrat.

· Les périmètres

Il s'agit d'un élément essentiel car il détermine l'objet et le prix. Indépendamment des aspects organisationnels et des spécificités de chaque entreprise, la fonction d'audit interne comporte en général les périmètres centraux tels le contrôle interne, la gestion des risques, les tableaux de bord...

Il est dans l'intérêt des deux parties que le périmètre soit clair et précis dans le contrat initial.

Mais il peut évoluer par la suite :

- soit à la demande du client

- soit à la demande du prestataire dans le cadre de son obligation d'amélioration permanente ou de difficulté d'ordre technique

- soit suite au changement de réglementation

L'évolution des paramètres est souvent source de conflit dans la relation contractuelle car le client et le prestataire ont des intérêts contradictoires. Le client exige du prestataire de remplir ses obligations et de faire évoluer sa mission au mieux des intérêts du client. Le prestataire a pour intérêt que chaque évolution soit payante et que le degré de dépendance du client devienne important. Ainsi, il est important de prévoir dans quel cas l'évolution est automatique, à la charge du prestataire et dans quel cas elle nécessite la négociation et le partage d'investissement.

· Les responsabilités

Une autre source de conflit repose sur une mauvaise répartition ou une détermination ambiguë des responsabilités de chaque partie. Le partage du travail dépend du contexte de l'entreprise qui externalise, de ses besoins et des moyens mis en oeuvre, des compétences disponibles du prestataire. Généralement, le prestataire s'occupe de l'ensemble de la production et assure la conformité des pièces. L'entreprise qui externalise doit garder sous sa responsabilité l'ensemble des tâches de validation.

Liste des tâches

Qui ?

Quoi ?

Comment ?

(Moyens de transmission)

Quand ?

(Périodicité)

 

Réaliser par le prestataire ou

Réaliser par le client

-Informations collectées

-Informations produites

-Informations différées

Par courrier, par mail, par fax...

A réception

Quotidienne

Hebdomadaire

Mensuelle

Trimestrielle

Annuelle

Tableau 2 : Récapitulatif des responsabilités dans un contrat d'externalisation

· Les clauses

Elles sont le coeur du contrat. Selon le contexte, la particularité de l'entreprise, elles peuvent varier. Toute fois, certaines clauses comme le délai, le prix, la mesure, le suivi, la sortie restent les éléments de base du contrat d'externalisation de la fonction d'audit interne. Il doit prévoir la volumétrie de l'opération d'externalisation. Les évolutions de ce volume en parallèle avec l'évolution de l'enveloppe financière doivent aussi être prises en compte. En raison du caractère réglementé de l'audit interne, le délai, la qualité des prestations et la sécurité sont des clauses primordiales. Les délais doivent être précisés aussi bien pour la transmission d'informations que pour la restitution. Le suivi de la prestation est assuré par des clauses de mesure de la qualité auxquelles sont assorties d'éventuelles pénalités à la charge du prestataire client.

Les clauses de réversibilité doivent apparaître de façon à anticiper l'arrivée à terme du contrat et les éventuels litiges qui n'auraient pas été résolus à l'amiable entre les deux parties.

Il n'existe pas de « contrat type » d'externalisation. Nous présentons ci-dessous un exemple de la structure du contrat d`externalisation de la fonction d'audit interne.

Objet du contrat

Moyens mis en oeuvre par le cabinet

Obligations

Durée

Durée et exécution du contrat

Durée

Exécution des prestations

Comité de pilotage

Conditions financières

Prix

Révision des prix

Indexation

Facturation et modalités de paiement

Sécurité et confidentialité des opérations

Sécurité de l'exploitation informatique et sauvegarde des données

Confidentialité

Archivage

Autres dispositions

Responsabilité du cabinet

Force majeure

Convention de non-sollicitation du personnel

Cession

Résiliation

Réversibilité

Engagement de service

Tableau 3 : Exemple de la structure d'un contrat d'externalisation

2.5.1-La nature de l'engagement du client et du prestataire

La logique de résultat doit de plus en plus être mise en exergue dans le contrat d'externalisation. Les modalités d'appréciation doivent être définies clairement par le prestataire et le client.

2.6-La mise en oeuvre

· Dimension technique

La dimension technique est essentielle car l'externalisation vise à rendre le service d'audit interne plus réceptif, plus flexible et donc plus économique par une recherche permanente de standardisation des outils et des pratiques à l'échelle d'un groupe ou d'un réseau. Le prestataire doit donc être en mesure, de suivre le contrôle interne de l'entreprise, de l'améliorer de sorte qu'il soit adapté aux besoins actuels et futurs.

· Dimension humaine

Dans la mesure où il y a transfert de personnels, l'externalisation permet à ceux-ci de bénéficier d'une meilleure compétence. Ils deviennent des salariés du prestataire.

Néanmoins, le changement organisationnel provoque des effets négatifs (risque social). Afin de mener à bien la phase de transition et d'exploitation opérationnelle, l'entreprise qui externalise a intérêt à préparer des actions telles que : l'anticipation, la communication auprès du personnel concerné ; l'implication de la direction...

2.7-Le suivi

Généralement, le suivi de la prestation est réalisé au travers des réunions d'un comité de pilotage permettant de confronter les difficultés rencontrées par le client et le prestataire. Ces réunions se font sur la base de synthèses de deux parties : les indicateurs de performance du prestataire pour la réalisation de la mission qui lui a été confiée et ceux du client pour la réalisation des engagements qu'il a pu prendre d'assurer une transmission correcte des informations nécessaires au travail de son prestataire. Les comités de pilotage ont pour mission de mesurer la performance actuelle, de fixer la performance future, de moduler la volumétrie de la prestation, de renégocier les honoraires...

Le comité de pilotage qui réunit les représentants des deux parties, est un lieu d'échange afin que le contrat d'externalisation ne soit pas seulement un contrat d'objectifs, mais surtout un contrat collaboratif.

Le suivi doit s'appuyer sur une organisation rigoureuse et clairement annoncée en interne :

- la mise en place d'un système destiné au pilotage de la totalité des opérations d'externalisation engagées ;

- la désignation des responsables externalisation par contrats ;

- la mise en place de relais correspondants par services ou par fonctions.

Les objectifs de la cellule externalisation doivent intégrer outre le respect des termes des contrats, la dimension d'évolution des prestations dans la durée du contrat.

L'externalisation confère une relation de type maîtrise d'ouvrage. Ainsi, le client doit garder en interne un regard critique et une maîtrise du projet. Mais la latitude doit être donnée au prestataire de proposer, de manager, en rapport avec la logique de résultats de la démarche. Parler de co-pilotage revient à mettre en commun deux approches, distinctes au départ, avec un même objectif pour le prestataire et le client.

2.7.1-La mesure du service

Une vraie difficulté dans le service réside dans la mesure : « Mesurer quoi ? Comment ? Par qui ? ». Cela est dû à l'immatérialité des activités. Tout le travail conjoint du prestataire et du client sera de déterminer avec précision les critères de choix d'un service bien orchestré.

Les outils de mesure seront personnalisés selon l'entreprise ou la fonction externalisée.

Le suivi de la prestation est à l'image de tout projet d'externalisation. Le reporting doit remonter aux organes de direction, de manière régulière, sous la forme d'un tableau de bord de synthèse.

2.8-Le co-pilotage du suivi

2.8.1-L'organisation

L'efficacité de l'organisation en charge du suivi de l'externalisation est une clé essentielle de la réussite de la démarche. L'externalisation n'induit pas une perte de contrôle de la prestation chez le client dans la mesure où celui-ci assure un relais interne. La mise en oeuvre de groupes de travail mixtes prestataires/client sera réalisée au plan opérationnel et au plan de la direction générale.

Dans les cas d'externalisation multiples de fonctions ou services, une structure centrale de fonctionnement souple devra piloter chez le client les contrats d'externalisation.

La qualité de l'organisation mise en place va sans aucun doute influer grandement sur le niveau de service offert.

2.8.2-L'animation du co-pilotage

- Comité de pilotage

- Comité de suivi

- Réunions étapes des opérationnels (prestataire et client)

La coopération entre le prestataire et son client doit être active. Pour cela, le fonctionnement doit s'appuyer sur un management souple des deux entités (prestataire et client). La qualité du reporting sera essentielle pour le succès de la démarche.

TROISIEME PARTIE

LES ENJEUX DE L'EXTERNALISATION DE LA FONCTION D'AUDIT INTERNE

L'externalisation est un mouvement stratégique (Quélin et Barthélémy 2002). Elle comporte des avantages et des dangers aussi bien pour l'entreprise ayant optée pour l'externalisation que pour le prestataire.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand