Chapitre 1 : La notion d'externalisation
Section 1 : Définition
1.1-L'externalisation
L'externalisation, aussi appelée
« outsourcing », désigne le
transfert de tout ou partie d'une fonction d'une entreprise vers un partenaire
externe. Elle consiste très souvent en la sous-traitance des
activités non essentielles et non stratégiques (celles qui ne
sont pas productrices de revenus) d'une entreprise. Il s'agit d'un outil de
gestion stratégique qui se traduit par la restructuration d'une
entreprise autour de sa sphère d'activités : ses
compétences de base et son coeur de métier (core business en
anglais).
Selon Lacity et Hirscheim (1993), l'externalisation ou encore
l'outsourcing dans la forme la plus basique peut être entendue comme
l'achat d'un bien ou d'un service qui était auparavant
réalisé en interne. L'outsourcing se caractérise
aujourd'hui par un transfert de personnel et de l'équipement vers le
prestataire qui devient également responsable des pertes et profits.
1.1.1-Approche économique et juridique de
l'externalisation
L'externalisation du point de vue économique est un
accord passé entre une organisation et un tiers pour la prise en charge,
l'exploitation, la gestion continue et l'amélioration :
- de fonctions entières de l'organisation (ex :
informatique, nettoyage, comptabilité, marketing et communication),
- d'infrastructures (ex : système d'information,
système de sécurité),
- de processus opérationnels (ex : exploitation de
matières premières, stockage, logistique, transports) en amont ou
en aval de l'organisation.
Ce processus permet à l'organisation qui externalise
de se recentrer sur ses métiers, spécialités et finalement
sa valeur ajoutée.
Services aux personnes
Relation client
Logistique
Ressources humaines
Front Office
E-outsourcing
Gestion flotte
Facilities management
moyenne
forte
Intensité du service
Télécoms et réseaux
Infogérance
Juridique fiscalité
Finance
Maintenance
Back Office
Figure 4 : Carte des services
externalisés
Clef de lecture :
-Le front office se définit par une forte implication du
client dans la réalisation du service
-Le back office concerne les services supports, sans
réelle interaction client
-l'intensité de service valorise l'enjeu de l'innovation
du service et de la personnalisation de l'offre
L'externalisation repose en termes juridiques sur un contrat
à durée fixe portant sur le transfert de tout ou partie de la
fonction, du service et/ou de l'infrastructure ou de processus
opérationnel de l'organisation entre l'organisation propriétaire
et un opérateur. Les clauses de retour ou de réversibilité
sont la clé d'une externalisation réussie.
Ce contrat peut inclure un transfert d'actifs et/ou de
personnel. Le client se concentre sur la définition des résultats
à atteindre, laissant au prestataire externe la responsabilité de
les livrer.
L'externalisation touche autant les organisations publiques
que privées. Concernant les services publics, l'externalisation se
constitue dès lors que le mode de gestion choisi d'un service n'est plus
géré en interne (concept de « in-house
services ») sous la responsabilité de l'autorité
publique. On parle alors de gestion déléguée, de
concession et plus généralement de partenariat
public-privé ou en termes plus anglo-saxons de
« BOT ».
1.2-Concepts voisins
· Sous-traitance
La première définition officielle de la
sous-traitance est apparue en France dans le journal officiel le 26 avril 1973.
Elle désigne « l'opération par laquelle une entreprise
confie à une autre le soin d'exécuter pour elle et selon un
cahier des charges préétabli une partie des actes de production
ou des services dont elle conservera la responsabilité économique
finale »
Fontaine (2002) fait aussi la distinction entre
externalisation et sous-traitance. Pour la première :
« il s'agit pour une entreprise de confier certaines activités
à un tiers, en dehors d'un lien de subordination ». La
sous-traitance est « une opération qui consiste à
confier à un tiers l'exécution de tout ou partie d'une prestation
à laquelle on s'est soi-même engagé envers un
cocontractant ».
Il a repéré trois points communs entre ces deux
mouvements :
- origine : la division du travail ou la
répartition des tâches
- auteur : les entreprises
- mouvement vers l'extérieur : le fait de confier
à un tiers
Deux différences sont relevées :
- au niveau du contrat :
concernant l'externalisation, c'est un contrat entre le client (l'entreprise
qui externalise) et le fournisseur (le prestataire). Le résultat final
est au bénéfice de l'entreprise demandeuse. Tandis que pour la
sous-traitance, il relève l'existence de sous-contrats. Le
résultat sera au bénéfice du client final qui n'est pas
forcément l'entreprise demandeuse.
- au niveau de l'objet : dans
le cas d'externalisation, la fonction externalisée, doit faire partie
des fonctions internes de l'entreprise. Pour la sous-traitance,
l'activité en question concerne l'exécution de tout ou partie du
contrat conclu avec un client.
· Co-traitance
La co-traitance consiste à constituer avec un
consultant externe et pour une mission déterminée, une
équipe commune placée sous le leadership de la direction
d'entreprise.
Cette coopération entre l'entreprise et les
consultants externes ne peut être que bénéfique car elle
associe, à l'étude d'un problème spécifique, des
professionnels de haut niveau parlant le même langage, utilisant des
méthodes similaires et agissant de manière
complémentaire : les uns imprégnés de la culture
d'entreprise, apportent leur connaissance de l'organisation et leurs
expériences internes, les autres, en contact avec le monde
extérieur, leur technicité et leurs points de
référence.
· Impartition
La notion d'impartition est peu évoquée dans la
littérature. Pourtant, les similitudes avec l'externalisation sont
nombreuses. Selon Barreyer et Bouche (1982), l'impartition, associée par
son étymologie latine aux notions de partage, de
délégation et de confiance envers le prestataire, désigne
un choix économique et un état d'esprit.
? Choix économique : il y a impartition
lorsqu'une entreprise placée devant l'option « faire ou
faire-faire » choisit le second terme de l'alternative.
? Un état d'esprit : on peut parler
d'attitude managériale, voire de politique d'impartition, lorsque
l'organisme qui s'adresse ainsi à l'extérieur ne considère
pas seulement son intérêt à court terme, mais se place dans
une perspective stratégique, considérant l'autre comme un
partenaire avec lequel il faut s'attacher à développer une
collaboration susceptible de produire des effets de synergie et où
chacun trouve son avantage. Le principe d'impartition peut être
érigé implicitement ou explicitement, au rang des politiques qui
déterminent l'allocation des ressources d'une entreprise, ainsi que la
manière dont elle entend se positionner dans son environnement
commercial, économique, sociologique et technologique, à
l'échelle nationale ou internationale.
· Concession / Franchise
D'après Fontaine (2002), le point commun entre
l'externalisation et les trois méthodes précédentes
consiste en la mise en place d'une relation durable présentant des
caractères intégratifs marqués.
Leur différence porte sur la destination finale de la
prestation. Comme pour la sous-traitance, l'entreprise fait accomplir par un
concessionnaire ou un franchisé une prestation qui est destinée
à l'utilisateur final. La franchise diffère de la concession par
l'usage d'une formule de commercialisation (brevet, marque...).
· Dowsizing / Reengineering
L'externalisation est proche du downsizing et du
reengineering. Elle permet de réduire la taille de l'entreprise et
d'améliorer sa performance. La différence est que le downsizing
vise à se débarrasser définitivement de la fonction ou de
l'activité entière. Et le reengineering élimine seulement
les processus de faible valeur ajoutée.
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