RESUME
L'objectif poursuivi dans ce travail est de décomposer
la tendance du bien-être social au Cameroun, en examinant l'arbitrage
entre efficacité et équité, pendant et après les
ajustements structurels. Il s'agit, de déterminer la distribution du
bien-être social à travers les régions du Cameroun. Pour
cela, nous avons utilisé une fonction de bien-être social
généralisée que nous avons décomposée en
sous-groupes. Cependant, l'utilisation du coefficient de Gini comme indice
d'inégalité, rend impossible la décomposition en sous-
groupe de la FBS. Nous avons donc pour décomposer la FBS
généralisée, usité la méthode de
décomposition de l'indice de Gini en sous-groupe
développée par Podder. Par ailleurs, cette fonction non
Parétienne sous certaines conditions, permet de déterminer les
groupes cibles, et sa décomposition permet d'identifier les causes des
disparités de bien-être social entre les régions.
En outre, cette étude a été
appliquée aux données issues des enquêtes ECAM I et ECAM
II, réalisées en 1996 par la direction nationale de la
statistique (DNS) et 2001 par l'institut national de la statistique (INS)
respectivement. On peut donc se rendre compte de ce que le bien-être est
plus élevé dans les régions rurales que dans les
régions urbaines. Les parts relatives de bien-être sont maximales
dans les régions rurales, des régions qui présentent aussi
des équités relatives réductrices
d'inégalités. Les régions urbaines très
inégalitaires contribuent très peu au bien-être social, qui
d'ailleurs est plus sensible à toute augmentation de revenu dans les
régions rurale hauts plateaux et rurale Savane.
Ainsi donc, à la faveur d'élasticités de
bien-être social par rapport au revenu plus élevées, et de
meilleures contributions au bien-être social, les régions rurale
hauts plateaux et rurale Savane, apparaissent comme étant les
régions cibles. D'où la nécessité d'accorder la
priorité des interventions à ces régions, qui sont
susceptibles de stimuler l'économie, et de maximiser le bien-être
social, dans un contexte de contraintes budgétaires. Ce qui permettra,
dans un processus de croissance et de réduction de la pauvreté
d'atteindre les objectifs d'équité et d'efficacité.
Mots clés : Fonction de bien-être social
généralisée, Coefficient de Gini, Optimum de Pareto,
Ajustement structurel, Equité relative.
ABSTRACT
The aim of this study is to decompose trends in social welfare
in Cameroon during and after structural adjustments, while appropriately
addressing the trade-off between equity and efficiency. The principal method
applied in the study is a generalized social welfare function (SWF), which can
be non Paretian under special circumstances, and which can also be decomposed
in subgroups of the population. Since the function contains the Gini
coefficient, it could not be formally decomposed by subgroup of the population.
Using a method of subgroup decomposition of Gini coefficient developed by
Podder, we succeed in decomposing the SWF. The method is shown to be useful in
the determination of target groups. Using this decomposition analysis we are
now able to find out the reason for the change in share of social welfare of
various regions. This study is based on the ECAM I and ECAM II survey data of
1996 and 2001 collected by the national institute government's statistical
office.
It was found that, rural welfare is higher than urban welfare.
Yaoundé and Douala have the lowest levels of welfare. With the maximum
total income share, the rural regions have relative equity with inequality
reducing effects. The urban regions which have important inequality, present a
very little contribution to social welfare in Cameroon. Social welfare in
Cameroon is very sensitive to any increase of income in the regions of Rural
Highlands and Rural Savannah.
Disaggregating further to capture regional specific aspect of
welfare decomposition, Rural Highlands and Rural Savannah are identified as the
potential target regions in terms of social welfare maximisation in that order,
as revealed by their respective social welfare elasticities with respect to
mean well-being and their total incomes shares. if pilot interventions were to
target these regional-mix in the context of budgetary constraints, they could
generate spill-over effects to the rest of economy in terms of social welfare
maximisation that blend both equity and efficiency in the process of growth and
poverty reduction.
Key words: Generalized Social Welfare
Function, Gini coefficient, Pareto criteria, relative Equity, Structural
adjustments.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ACT : Australian Capital Territory
ASS : Afrique Sub-Saharienne
BM : Banque Mondiale
BS : Bien-être Social
DL : Dominance de Lorenz
DSA : Dimension Sociale de l'Ajustement
DSCN : Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale
DSRP : Document Stratégique de
réduction de la pauvreté
ECAM: Enquête Camerounaise Auprès
des Ménages
FBS : Fonction de Bien-être Social
FCFA : Franc de la Coopération
Financière Africaine
FMI : Fond Monétaire International
FRPC : Facilité pour la Réduction
de la Pauvreté et la Croissance
FASR : Facilité d'Ajustement Structurel
Renforcée
INS : Institut National de la Statistique
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAS : Programmes d'ajustement structurel
PFNL : Produit Forestier Non Ligneux
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMI : Petite et Moyenne Industrie
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
développement
PPTE : Pays Pauvres très
Endettés
PSA : Programme Spécial d'assistance en
Afrique
Q'ld : Queesland
SA : South Australia
SWF : Social Welfare Function
TMS : Taux Marginal de Substitution
TMT : Taux Marginal de Transformation
WA : West Autralia
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution de quelques indicateurs de performances
macroéconomiques au
Cameroun de 1976 à
2001............................................................24
Tableau 2: Evolution du taux de croissance du PIB réel au
Cameroun depuis la seconde
moitié des années
1990................................................................26 Tableau
3 : Evolution du taux de pauvreté au Cameroun 26
Tableau 4: Evolution des inégalités de revenus dans
les milieux de résidence et dans les
régions du Cameroun 29
Tableau 5: Décomposition de l'évolution des
indicateurs de pauvreté entre 1996 et 2001
en (%) 32
Tableau 6 : Variations des indicateurs de la pauvreté
selon les régions 33
Tableau 7: Taille de la population, Revenu moyen annuel, Part de
la population, revenu moyen proportionnel, Coefficient de concentration et
variation de la
concentration entre les deux périodes par région
70
Tableau 8: Parts de revenu, Équité relative et
Parts relatives de bien être par région de
1996 à 2001 73
Tableau 9: Tendance du bien-être social au Cameroun entre
les différentes régions de
1996 à 2001 75 Tableau 10: Élasticité du
bien-être social par rapport au revenu moyen au Cameroun pour
les différentes régions : entre 1996 et 2001 77
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Evolution de quelques indicateurs de performances
macroéconomiques au
Cameroun de 1976 à
2001............................................................24
Figure 2 : Evolution du taux de croissance du PIB réel au
Cameroun depuis la seconde
moitié des années
1990................................................................26
Figure 3 : Evolution de l'incidence de la pauvreté au
Cameroun (P0).......................27
Figure 4 : Evolution de la profondeur de la pauvreté au
Cameroun (P1)....................27
Figure 5 : Evolution des inégalités dans les
milieux de résidence au Cameroun...........29
Figure 6 : Evolution des inégalités dans les
régions au Cameroun..........................30
Figure 7 : Evolution des indicateurs de pauvreté selon le
milieu de résidence entre 1996 et
2001
(%).................................................................................32
Figure 8: Evolution des indicateurs de pauvreté selon le
milieu les régions entre 1996 et
2001 (%) ...33
Figure 9 : Part de la population, revenu moyen proportionnel,
Coefficient de concentration et variation de la concentration entre les deux
périodes par région 71
Figure 10 : Parts de revenu, Équité relative et
Parts relatives de bien être par région de
1996 à 2001 ...73
Figure 11 : Tendance du bien-être social au Cameroun entre
les différentes régions de
1996 à 2001 ...76
Figure 12: Élasticité du bien-être social par
rapport au revenu moyen au Cameroun pour
les différentes régions : entre 1996 et 2001 78
CHAPITRE 1 INTRODUCTI ON GENERALE
1.1. Contexte et problématique
Dans les années 1980, la Banque Mondiale (BM) et le
Fonds Monétaire International (FMI) ont fait adopter à plusieurs
pays d'Afrique subsaharienne (ASS) des programmes d'ajustement structurel
(PAS). L'ère des ajustements structurels, au cours de laquelle presque
tous les Pays Africains ont fait appel au soutien des Institutions de Bretton
Woods pour restaurer leur situation financière et ajuster leurs balances
de paiement. C'est une période marquée par la «
Conditionnalité » à travers laquelle les Institutions de
Bretton Woods accordent leur aide. L'octroi de cette aide se fait cependant en
échange de réformes économiques susceptibles de
réduire les distorsions et de rendre la confiance aux investisseurs. On
peut considérer qu'il y a eu deux périodes d'ajustements
structurels, la période 1980-1986 et la période 1987-1994. Durant
la période 1980-1986 les pays devaient effacer les effets du boom des
matières premières de la fin des années 1970, qui avait
entraîné des dérapages budgétaires importants et
déstabilisé beaucoup d'économies. Par la suite, ces
actions se sont poursuivies de façon souvent plus douloureuse dans la
période qui a suivi l'effondrement des cours des produits primaires de
1987 à 1994.
Jusqu'en 1994, le processus d'ajustement structurel pouvait
être considéré comme un échec, en raison notamment
des dérapages importants observés dans l'exécution de
certains critères quantitatifs :
-déclin des exportations provoquant un déficit de
la balance courante,
-recettes fiscales collectées en deçà des
objectifs,
-stabilisation du solde négatif des avoirs
extérieurs au lieu de son amélioration, -accentuation de la
situation débitrice du gouvernement à l'égard du secteur
monétaire, - accumulation des arriérés extérieurs
et intérieurs.
Les PAS ont été la cible de nombreuses attaques,
qui n'ont pas toujours abouti. En particulier, à partir de 1986 on a
entendu beaucoup de voix s'élever au nom de « l'ajustement à
visage humain » ou « de la dimension sociale de l'ajustement ».
Beaucoup de groupes influents, notamment chez les donateurs nordiques ou au
sein des nations unies relayés par
divers groupes universitaires, ont reproché aux
institutions financières internationales de privilégier le retour
à la stabilisation macroéconomique, au détriment du
développement humain et de la lutte contre la pauvreté.
L'idée influente de « coût social de l'ajustement »
s'est alors imposée comme un dogme, d'autant plus qu'elle était
alors impossible à tester, par manque de données fiables. C'est
à cette époque que la BM, a crée le programme
spécial d'assistance en Afrique (PSA), forum des bailleurs de fonds ou
ces deniers ont cherché à coordonner leurs efforts et à se
comprendre mutuellement. Mais aussi la dimension sociale de l'ajustement (DSA)
aujourd'hui démantelée, une division chargée de collecter
toutes les données requises pour apprécier scientifiquement les
effets des politiques d'ajustement sur le bien-être des ménages.
Dans cette optique le FMI donne en septembre 1999 une nouvelle dimension
à ses interventions, qui intègre la lutte contre la
pauvreté. Ainsi, la facilité pour la réduction de la
pauvreté et la croissance (FRPC) est appelée à fonctionner
parallèlement à l'initiative en faveur des pays pauvres
très endettés (IPPTE).
Le bien-être social apparaît donc avoir une
importance capitale, surtout qu'il permet de mieux apprécier
l'adéquation entre politique de relance de la croissance
économique et politique de lutte contre les inégalités. En
effet plusieurs études conduites depuis le milieu des années 1980
tendent à montrer que la pauvreté est en nette augmentation au
Cameroun (Fambon et al, 2001). Toutefois, ces études ont
tendance à se concentrer soit sur l'évolution de la croissance,
soit sur l'évolution des inégalités, soit encore sur la
contribution spécifique de chacun de ces éléments sur la
pauvreté au Cameroun. Alors que prendre en compte simultanément
la croissance et les inégalités rendre l'analyse plus
pertinente.
En effet un décideur qui est intéressé
par le bien-être social doit tenir compte de l'amélioration de la
croissance mais aussi des problèmes de répartition de cette
croissance. Par ailleurs, en se fixant comme principaux objectifs pour le
compte de l'exercice budgétaire 2008, la lutte contre la corruption, le
redressement économique et l'amélioration des conditions sociales
: le gouvernement camerounais s'est engagé à améliorer le
bien-être de ses populations. Et pour y parvenir, il apparaît
primordial de définir des politiques adéquates, susceptibles de
répondre efficacement à cet engagement de l'Etat camerounais. La
détermination des régions de faiblesse et des régions plus
porteuses de bien-être, d'ailleurs objet de notre étude, contribue
ainsi à rendre optimales les politiques économiques retenues.
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