WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Decomposition regionale du bien-ėtre social au cameroun pendant et apres les ajustements structurels: une application de la fonction de bien-ėtre social generalisee

( Télécharger le fichier original )
par Ferdinand Joel Martin MBENDA KOMBO
Université Yaoundé II SOA - DEA Economie mathématiques et économétrie 2008
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    FACULTE DES SCIENCES
    ECONOMIQUE ET
    DE GESTION

    UNIVERSITE DE YAOUNDE II
    THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

    FACULTY OF
    ECONOMICS AND
    MANAGEMENT

     

    UNITE DE FORMATION DOCTORALE: ECONOMIE MATHEMATIQUE ET ECONOMETRIE (Deuxième promotion)

    DECOMPOSITION REGIONALE DU BIEN ETRE SOCIAL AU

    CAMEROUN PENDANT ET APRES LES AJUSTEMENTS

    STRUCTURELS: UNE APPLICATION D'UNE FONCTION

    DU BIEN ETRE SOCIAL GENERALI SEE

    Mémoire présenté et soutenu en vue de l'obtention du Diplôme
    D'Etudes Approfondies ( DEA) en sciences économiques

    Option: Economie mathématique et économétrie

    Par:

    MBENDA KOMBO Ferdinand Joël Martin
    Maître ès Sciences Economiques
    Option: Techniques quantitatives

    Sous la co- direction de:

    Francis MENJO BAYE (Ph. D) Chargé de cours à l'université de Yaoundé II

    Dr. Samuel FAMBON Chargé de cours à l'université de Yaoundé II

    AVERTISSEMENT

    « L'université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme étant propres à l'auteur. »

    DEDICACES

    A

    Mon père MACKY DICKONGUE Martin

    Ma mère MOUKALA Elise

    Mon frère BIKOU Richard

    Qu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude pour les innombrables sacrifices consentis pour mon éducation et mon épanouissement.

    REMERCIEMENTS

    Je remercie l'Eternel Dieu tout puissant, pour sa Bonté et sa Fidélité à mon endroit.

    J'exprime ma profonde gratitude à tous ceux qui de près ou de loin ont participé à cet ouvrage et particulièrement, à Francis MENJO BAYE (Ph. D) et au Dr. Samuel FAMBON qui, malgré leurs multiples occupations, ont accepté de sacrifier de leur temps précieux pour diriger mes travaux

    Merci au Dr. CHAMENI NEMBUA pour son engagement dans la coordination de ce programme de DEA économie mathématiques et économétrie.

    Mes remerciements vont également :

    -aux enseignants de la faculté de sciences économiques et de gestion de l'université de Yaoundé II et particulièrement à ceux de l'option économie mathématique et économétrie ;

    -à tous mes camarades de la deuxième promotion de DEA économie mathématique et économétrie ;

    -à mes Frères: BIKOU Richard et toute sa famille, EBOUE JPP, EBOUE Henri Serge. - au pasteur NGOHE EMANDE Narcisse et toute sa famille;

    - à Mlle OHO EKWA Thamar pour son soutien multiforme ;

    - à mes amis : NGOUDJI Charly, NTUNGWANAYO Diomède, LEKEUFACK Calvain, TSEKANE Patrice, BILOA Gabriel, NGOH TEDGA Pauline, NGOULE Marilyne, BONGUEN Béatrice, MBAH Yves, Elesa'a Emmanuel, PENDA Pierre, NDEDI Ballong, MOSSI Hans, EBONGUE Jacques, MADIBA Bertrand, EBOUMBOU James.

    - à mes voisins et amis de la cité Eyid'a Bédi : Yves, Lucien, Basile, Sok J. C, Jean Luc, DOHOR Jules.

    - à Mr JABEA Alfred, pour la disponibilité et la patience à mon endroit. - aux familles : NGANTCHOU, KOUMKANG, BONA.

    TABLE DES MATIERES

    AVERTISSEMENT

    .....2

    DEDICACES

    3

    REMERCIEMENTS

    4

    TABLE DES MATIERES

    .. 5

    RESUME

    ..8

    ABSTRACT

    9

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    ...10

    LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

    .11

    CHAPITRE 1

    INTRODUCTION GENERALE

    13

    1.1.

    Contexte et problématique

    .13

    1.2.

    Questions de recherche

    15

    1.3.

    Objectifs de recherche

    15

    1.4.

    Hypothèses de recherche

    15

    1.5.

    Importance théorique du Sujet

    16

    1.6.

    Importance empirique du Sujet

    ... 16

    1.7.

    Méthodes d'analyse

    17

    1.8.

    Définition des termes

    18

    1.9.

    Portée et limites de l'étude

    .19

    1.10.

    Organisation du travail

    ....19

    CHAPITRE 2

    EVOLUTION DE L'ECONOMIE ET DU NIVEAU DE VIE AU CAMEROUN 20

    2.1. Introduction ..20

    2.2. Evolution de l'économie Camerounaise .20

    2.2.1 L'économie camerounaise de 1960 à 1985 : une période de croissance

    soutenue 20

    2.2.2. L'économie camerounaise de 1986 à 1994 : une période de crise .21

    2.2.3. L'économie camerounaise depuis 1994 : une période de relance économique 22

    2.3. Evolution de la pauvreté au Cameroun pendant et après les PAS

    25

    2.3.1. Croissance et pauvreté au Cameroun 25

    2.3.2. Inégalité et pauvreté au Cameroun 28

    2.3.3. Croissance, redistribution et pauvreté au Cameroun 31

    2.4. Conclusion 35

    CHAPITRE 3

    CADRE CONCEPTUEL DE LA THEORIE DU BIEN-ETRE SOCIAL......37 3.1. Introduction.........................................................................................37 3.2. Les Fondements du bien-être social ...37

    3.2. 1. L'approche Néoclassique du bien-être social.......................................38

    3.2. 2. L'approche de la Nouvelle économie du bien-être.................................38

    3. 2. 2. 1. L'efficacité..................................................................38

    3. 2. 2. 2. La distribution du revenu.................................................40

    3. 3. Critique de la Théorie du Bien-être Social....................................................41

    3. 3. 1. Les approches économiques et leurs limites........................................41

    3. 3. 2. Rawls, Sen, Walzer et la pluralité des biens ..44

    3. 4. Conclusion..........................................................................................48

    CHAPITRE 4

    REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA THEORIE DU BIEN-ETRE SOCIAL 49

    4. 1. Introduction 49

    4. 2. Revue de la littérature théorique 49

    4. 2. 1. La fonction de bien-être social Utilitariste et ses extensions 49

    4. 2.2. La fonction de bien-être social Individualistique et ses extensions ...52

    4. 3. Revue de la littérature empirique...............................................................54

    4. 3. 1. Evaluation du bien-être social par la fonction de bien-être Social .54

    4. 4. Conclusion ..57

    CHAPITRE 5

    MÉTHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE...58

    5. 1. Introduction..........................................................................................58

    5. 2. La fonction de bien être social généralisée 58

    5. 2. 1. La fonction de bien-être social et l'optimum de Pareto .59

    5. 2. 2. La fonction de bien-être social généralisée .61

    5. 3. Décomposition de la FBS généralisée par sous-groupes de la population 63

    5. 4. Présentation des données d'analyse 67

    5. 5. Conclusion 68

    CHAPITRE 6

    RESULTATS EMPIRIQUES 69

    6. 1. Introduction 69

    6. 2. Analyse des disparités régionales au Cameroun ..69

    6. 2. 1. Distribution des revenus et des inégalités dans les régions du Cameroun......69

    6. 2. 2. Contribution au bien-être et à l'inégalité au Cameroun 73

    6.3. Estimation du bien-être social au Cameroun 75

    6. 3. 1. Tendance du bien-être social entre les régions du Cameroun .75

    6. 3. 2. Analyse de la sensibilité du bien-être social au Cameroun par rapport au

    revenu moyen par région .77

    6. 4. Conclusion 79

    CHAPITRE 7

    CONCLUSION GENERALE ..80

    7. 1. Résumé des Résultats de l'Analyse 81

    7. 2. Recommandations de Politiques économiques 82

    7. 3. Perspectives de recherche future .86

    BIBLIOGRAHIE 87

    ANNEXE 91

    RESUME

    L'objectif poursuivi dans ce travail est de décomposer la tendance du bien-être social au Cameroun, en examinant l'arbitrage entre efficacité et équité, pendant et après les ajustements structurels. Il s'agit, de déterminer la distribution du bien-être social à travers les régions du Cameroun. Pour cela, nous avons utilisé une fonction de bien-être social généralisée que nous avons décomposée en sous-groupes. Cependant, l'utilisation du coefficient de Gini comme indice d'inégalité, rend impossible la décomposition en sous- groupe de la FBS. Nous avons donc pour décomposer la FBS généralisée, usité la méthode de décomposition de l'indice de Gini en sous-groupe développée par Podder. Par ailleurs, cette fonction non Parétienne sous certaines conditions, permet de déterminer les groupes cibles, et sa décomposition permet d'identifier les causes des disparités de bien-être social entre les régions.

    En outre, cette étude a été appliquée aux données issues des enquêtes ECAM I et ECAM II, réalisées en 1996 par la direction nationale de la statistique (DNS) et 2001 par l'institut national de la statistique (INS) respectivement. On peut donc se rendre compte de ce que le bien-être est plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines. Les parts relatives de bien-être sont maximales dans les régions rurales, des régions qui présentent aussi des équités relatives réductrices d'inégalités. Les régions urbaines très inégalitaires contribuent très peu au bien-être social, qui d'ailleurs est plus sensible à toute augmentation de revenu dans les régions rurale hauts plateaux et rurale Savane.

    Ainsi donc, à la faveur d'élasticités de bien-être social par rapport au revenu plus élevées, et de meilleures contributions au bien-être social, les régions rurale hauts plateaux et rurale Savane, apparaissent comme étant les régions cibles. D'où la nécessité d'accorder la priorité des interventions à ces régions, qui sont susceptibles de stimuler l'économie, et de maximiser le bien-être social, dans un contexte de contraintes budgétaires. Ce qui permettra, dans un processus de croissance et de réduction de la pauvreté d'atteindre les objectifs d'équité et d'efficacité.

    Mots clés : Fonction de bien-être social généralisée, Coefficient de Gini, Optimum de Pareto, Ajustement structurel, Equité relative.

    ABSTRACT

    The aim of this study is to decompose trends in social welfare in Cameroon during and after structural adjustments, while appropriately addressing the trade-off between equity and efficiency. The principal method applied in the study is a generalized social welfare function (SWF), which can be non Paretian under special circumstances, and which can also be decomposed in subgroups of the population. Since the function contains the Gini coefficient, it could not be formally decomposed by subgroup of the population. Using a method of subgroup decomposition of Gini coefficient developed by Podder, we succeed in decomposing the SWF. The method is shown to be useful in the determination of target groups. Using this decomposition analysis we are now able to find out the reason for the change in share of social welfare of various regions. This study is based on the ECAM I and ECAM II survey data of 1996 and 2001 collected by the national institute government's statistical office.

    It was found that, rural welfare is higher than urban welfare. Yaoundé and Douala have the lowest levels of welfare. With the maximum total income share, the rural regions have relative equity with inequality reducing effects. The urban regions which have important inequality, present a very little contribution to social welfare in Cameroon. Social welfare in Cameroon is very sensitive to any increase of income in the regions of Rural Highlands and Rural Savannah.

    Disaggregating further to capture regional specific aspect of welfare decomposition, Rural Highlands and Rural Savannah are identified as the potential target regions in terms of social welfare maximisation in that order, as revealed by their respective social welfare elasticities with respect to mean well-being and their total incomes shares. if pilot interventions were to target these regional-mix in the context of budgetary constraints, they could generate spill-over effects to the rest of economy in terms of social welfare maximisation that blend both equity and efficiency in the process of growth and poverty reduction.

    Key words: Generalized Social Welfare Function, Gini coefficient, Pareto criteria, relative Equity, Structural adjustments.

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    ACT : Australian Capital Territory

    ASS : Afrique Sub-Saharienne

    BM : Banque Mondiale

    BS : Bien-être Social

    DL : Dominance de Lorenz

    DSA : Dimension Sociale de l'Ajustement

    DSCN : Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale

    DSRP : Document Stratégique de réduction de la pauvreté

    ECAM: Enquête Camerounaise Auprès des Ménages

    FBS : Fonction de Bien-être Social

    FCFA : Franc de la Coopération Financière Africaine

    FMI : Fond Monétaire International

    FRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance

    FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée

    INS : Institut National de la Statistique

    OMC : Organisation Mondiale du Commerce

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    PAS : Programmes d'ajustement structurel

    PFNL : Produit Forestier Non Ligneux

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PME : Petite et Moyenne Entreprise

    PMI : Petite et Moyenne Industrie

    PNB : Produit National Brut

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement

    PPTE : Pays Pauvres très Endettés

    PSA : Programme Spécial d'assistance en Afrique

    Q'ld : Queesland

    SA : South Australia

    SWF : Social Welfare Function

    TMS : Taux Marginal de Substitution

    TMT : Taux Marginal de Transformation

    WA : West Autralia

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 : Evolution de quelques indicateurs de performances macroéconomiques au

    Cameroun de 1976 à 2001............................................................24

    Tableau 2: Evolution du taux de croissance du PIB réel au Cameroun depuis la seconde

    moitié des années 1990................................................................26 Tableau 3 : Evolution du taux de pauvreté au Cameroun 26

    Tableau 4: Evolution des inégalités de revenus dans les milieux de résidence et dans les

    régions du Cameroun 29

    Tableau 5: Décomposition de l'évolution des indicateurs de pauvreté entre 1996 et 2001

    en (%) 32

    Tableau 6 : Variations des indicateurs de la pauvreté selon les régions 33

    Tableau 7: Taille de la population, Revenu moyen annuel, Part de la population, revenu
    moyen proportionnel, Coefficient de concentration et variation de la

    concentration entre les deux périodes par région 70

    Tableau 8: Parts de revenu, Équité relative et Parts relatives de bien être par région de

    1996 à 2001 73

    Tableau 9: Tendance du bien-être social au Cameroun entre les différentes régions de

    1996 à 2001 75
    Tableau 10: Élasticité du bien-être social par rapport au revenu moyen au Cameroun pour

    les différentes régions : entre 1996 et 2001 77

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1 : Evolution de quelques indicateurs de performances macroéconomiques au

    Cameroun de 1976 à 2001............................................................24

    Figure 2 : Evolution du taux de croissance du PIB réel au Cameroun depuis la seconde

    moitié des années 1990................................................................26

    Figure 3 : Evolution de l'incidence de la pauvreté au Cameroun (P0).......................27

    Figure 4 : Evolution de la profondeur de la pauvreté au Cameroun (P1)....................27

    Figure 5 : Evolution des inégalités dans les milieux de résidence au Cameroun...........29

    Figure 6 : Evolution des inégalités dans les régions au Cameroun..........................30

    Figure 7 : Evolution des indicateurs de pauvreté selon le milieu de résidence entre 1996 et

    2001 (%).................................................................................32

    Figure 8: Evolution des indicateurs de pauvreté selon le milieu les régions entre 1996 et

    2001 (%) ...33

    Figure 9 : Part de la population, revenu moyen proportionnel, Coefficient de concentration et variation de la concentration entre les deux périodes par région 71

    Figure 10 : Parts de revenu, Équité relative et Parts relatives de bien être par région de

    1996 à 2001 ...73

    Figure 11 : Tendance du bien-être social au Cameroun entre les différentes régions de

    1996 à 2001 ...76

    Figure 12: Élasticité du bien-être social par rapport au revenu moyen au Cameroun pour

    les différentes régions : entre 1996 et 2001 78

    CHAPITRE 1
    INTRODUCTI ON GENERALE

    1.1. Contexte et problématique

    Dans les années 1980, la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) ont fait adopter à plusieurs pays d'Afrique subsaharienne (ASS) des programmes d'ajustement structurel (PAS). L'ère des ajustements structurels, au cours de laquelle presque tous les Pays Africains ont fait appel au soutien des Institutions de Bretton Woods pour restaurer leur situation financière et ajuster leurs balances de paiement. C'est une période marquée par la « Conditionnalité » à travers laquelle les Institutions de Bretton Woods accordent leur aide. L'octroi de cette aide se fait cependant en échange de réformes économiques susceptibles de réduire les distorsions et de rendre la confiance aux investisseurs. On peut considérer qu'il y a eu deux périodes d'ajustements structurels, la période 1980-1986 et la période 1987-1994. Durant la période 1980-1986 les pays devaient effacer les effets du boom des matières premières de la fin des années 1970, qui avait entraîné des dérapages budgétaires importants et déstabilisé beaucoup d'économies. Par la suite, ces actions se sont poursuivies de façon souvent plus douloureuse dans la période qui a suivi l'effondrement des cours des produits primaires de 1987 à 1994.

    Jusqu'en 1994, le processus d'ajustement structurel pouvait être considéré comme un échec, en raison notamment des dérapages importants observés dans l'exécution de certains critères quantitatifs :

    -déclin des exportations provoquant un déficit de la balance courante,

    -recettes fiscales collectées en deçà des objectifs,

    -stabilisation du solde négatif des avoirs extérieurs au lieu de son amélioration, -accentuation de la situation débitrice du gouvernement à l'égard du secteur monétaire, - accumulation des arriérés extérieurs et intérieurs.

    Les PAS ont été la cible de nombreuses attaques, qui n'ont pas toujours abouti. En particulier, à partir de 1986 on a entendu beaucoup de voix s'élever au nom de « l'ajustement à visage humain » ou « de la dimension sociale de l'ajustement ». Beaucoup de groupes influents, notamment chez les donateurs nordiques ou au sein des nations unies relayés par

    divers groupes universitaires, ont reproché aux institutions financières internationales de privilégier le retour à la stabilisation macroéconomique, au détriment du développement humain et de la lutte contre la pauvreté. L'idée influente de « coût social de l'ajustement » s'est alors imposée comme un dogme, d'autant plus qu'elle était alors impossible à tester, par manque de données fiables. C'est à cette époque que la BM, a crée le programme spécial d'assistance en Afrique (PSA), forum des bailleurs de fonds ou ces deniers ont cherché à coordonner leurs efforts et à se comprendre mutuellement. Mais aussi la dimension sociale de l'ajustement (DSA) aujourd'hui démantelée, une division chargée de collecter toutes les données requises pour apprécier scientifiquement les effets des politiques d'ajustement sur le bien-être des ménages. Dans cette optique le FMI donne en septembre 1999 une nouvelle dimension à ses interventions, qui intègre la lutte contre la pauvreté. Ainsi, la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) est appelée à fonctionner parallèlement à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE).

    Le bien-être social apparaît donc avoir une importance capitale, surtout qu'il permet de mieux apprécier l'adéquation entre politique de relance de la croissance économique et politique de lutte contre les inégalités. En effet plusieurs études conduites depuis le milieu des années 1980 tendent à montrer que la pauvreté est en nette augmentation au Cameroun (Fambon et al, 2001). Toutefois, ces études ont tendance à se concentrer soit sur l'évolution de la croissance, soit sur l'évolution des inégalités, soit encore sur la contribution spécifique de chacun de ces éléments sur la pauvreté au Cameroun. Alors que prendre en compte simultanément la croissance et les inégalités rendre l'analyse plus pertinente.

    En effet un décideur qui est intéressé par le bien-être social doit tenir compte de l'amélioration de la croissance mais aussi des problèmes de répartition de cette croissance. Par ailleurs, en se fixant comme principaux objectifs pour le compte de l'exercice budgétaire 2008, la lutte contre la corruption, le redressement économique et l'amélioration des conditions sociales : le gouvernement camerounais s'est engagé à améliorer le bien-être de ses populations. Et pour y parvenir, il apparaît primordial de définir des politiques adéquates, susceptibles de répondre efficacement à cet engagement de l'Etat camerounais. La détermination des régions de faiblesse et des régions plus porteuses de bien-être, d'ailleurs objet de notre étude, contribue ainsi à rendre optimales les politiques économiques retenues.

    1.2. Questions de recherche

    Le problème qui fait l'objet de notre étude soulève une question principale qui est celle de savoir :

    Quel est l'effet de l'arbitrage entre efficacité et équité sur la tendance du bien-être social au Cameroun, pendant et après les ajustements structurels?

    De cette question principale, il ressort un certain nombre de questions spécifiques :

    + Quelles sont les régions qui contribuent à réduire l'inégalité au Cameroun?

    + Quelle est la part relative de bien-être social par région au Cameroun?

    + Quel est l'effet de la croissance économique de chaque région sur le bien-être social au Cameroun?

    1.3. Objectifs de recherche

    L'objectif poursuivi dans ce travail est celui de décomposer la tendance du bien-être social au Cameroun, en examinant l'arbitrage entre efficacité et équité. Plus spécifiquement il s'agira :

    + De déterminer les régions qui contribuent à réduire l'inégalité au Cameroun.

    + De déterminer les parts relatives de bien-être entre les régions du Cameroun.

    + De déterminer l'effet de la croissance économique de chaque région sur le bien-être social au Cameroun, afin d'identifier les régions susceptibles de maximiser ce dernier.

    + De formuler des recommandations de politique économique qui pourraient permettre une meilleure conception de la politique de bien-être social au Cameroun.

    1.4. Hypothèses de recherche

    Pour résoudre le problème qui fait l'objet de notre étude nous partirons d'une hypothèse principale:

    L'évolution du bien-être social est plus sensible à l'efficacité qu'à l'équité. De cette hypothèse principale découlent d'autres plus spécifiques:

    + Les régions urbaines sont plus susceptibles d'augmenter l'inégalité dans la société.

    + Une forte part de revenu ne garantit pas nécessairement une plus grande part de bien-être social.

    + Les régions à forte croissance économique influencent plus le bien-être de la société.

    1.5. Importance théorique du sujet

    L'une des branches de la théorie économique, qui a connu récemment un développement particulier, est celle de la théorie du bien-être social (welfare economics) ou de l'optimum économique. Il s'agit ici de déterminer, les critères corrects de la politique économique, de découvrir la fin la meilleure parmi les diverses fins possibles ou la voie qui est économiquement la meilleure pour atteindre une fin économique donnée. La théorie du bien-être s'attache principalement aux problèmes que soulève la répartition des ressources économiques entre divers emplois possibles et la répartition des biens produits entre les consommateurs. Elle est étroitement liée à la théorie de l'équilibre général, en raison des interdépendances qui existent entre les diverses activités économiques concernant les ressources limitées. L'analyse d'optimalité, qui est valable à l'échelle de la firme ou de la nation consiste à prendre en considération les diverses décisions possibles et à rechercher celles qui répondront le mieux aux objectifs fixés. Autrement dit, il s'agit de rechercher les décisions optimales ou les meilleures. L'analyse d'optimalité se propose donc d'assurer l'efficience de l'activité économique. La détermination des solutions optimales est facilitée par l'utilisation de techniques mathématiques de la programmation linéaire ou non linéaire. Il apparaît dont primordial de pouvoir construire une fonction de bien-être social pour le cas spécifique du Cameroun. Dans la mesure où elle permet une étude qui combine à la fois les effets de la croissance et de sa redistribution sur le niveau de vie des camerounais. Mais en plus, elle permet d'envisager des politiques optimales, visant à améliorer le bien-être social au niveau national et à travers les régions.

    1.6. Importance empirique du sujet

    Pour avoir une idée du niveau de vie des populations d'une société, on peut étudier la pauvreté dans cette société et ses relations avec, soit la croissance, soit les inégalités (Fambon, 2001). On peut également se servir des agrégats macroéconomiques pour évaluer

    la pauvreté et ainsi définir des stratégies de lutte contre la pauvreté (Kamgnia et al, 2003). Cependant, des études qui prennent simultanément en compte la croissance et l'inégalité peuvent aussi être menées, même si ces dernières sont assez rares au Cameroun, pourtant elles donnent une vision assez claire des politiques économiques. Ainsi par exemple Mukhopadhaya (2001), pour enquêter sur les disparités de bien-être social entre les régions, utilise une fonction de bien-être social généralisée. Ce qui lui permet, de déterminer le groupe cible, de même que les raisons des différences de bien-être social entre les régions d'Australie. On en arrive également à la détermination des contributions des régions à l'inégalité sociale globale. Autant d'informations qui peuvent aider dans l'adoption de mesures de politique économique, en vue d'améliorer le bien-être social.

    1.7. Méthodes d'analyse

    Pour estimer la tendance du bien-être social au Cameroun et à travers ses régions, nous utiliserons une fonction de bien-être social généralisée.

    Cette fonction apparaît être plus flexible et plus avantageuse que la fonction de bien- être social fonctionnelle de Sen, beaucoup plus rigide du fait de sa forte relation avec le principe de Pareto. Nous utiliserons cette fonction de bien-être social généralisée que nous décomposerons en sous-groupes de la population. Par ailleurs, du fait la flexibilité de cette fonction, on peut faire le choix de l'efficacité ou de l'équité.

    Toutefois, le fait d'utiliser l'indice de Gini (G) comme paramètre d'inégalité pose certains problèmes. En effet l'utilisation de G fait que la fonction ne peut être désagrégée en sous-groupes, mais en utilisant la méthode de décomposition du coefficient de Gini développée par Podder (1993), on arrive à décomposer la fonction du bien-être. A partir de cette méthode, il nous sera possible d'estimer la fonction de bien-être social au niveau des sous-groupes et des régions.

    Dans le cadre de cette analyse nous nous servirons des données obtenues de l'enquête camerounaise auprès des ménages de 1996 (ECAM I) pour la période pendant les ajustements structurels et celle de 2001 (ECAM II) pour la période après les ajustements structurels. Ces enquêtes ont été réalisées respectivement par la Direction Nationale de la Statistique et l'Institut Nationale de la Statistique. L'enquête ECAM I portait sur un échantillon 1.731

    ménages urbains et ruraux, tandis que l'enquête ECAM II concernait un échantillon aléatoire de 10.992 ménages. Pour pouvoir comparer les résultats, des ajustements ont été faits sur les éléments de collecte et les méthodes de calcul des indicateurs.

    1. 8. Définition des termes

    Pour une bonne compréhension de notre étude, la définition d'un certain nombre de concepts paraît judicieuse, notamment:

    -Fonction de bien-être social : c'est simplement une représentation quelconque des fonctions d'utilité individuelle. Elle permet de classer différentes allocations sur la base des seules préférences individuelles, et elle est croissante par rapport à l'utilité de chaque individu.

    -L'optimum de Pareto : une organisation est dite optimale ou efficiente au sens de Pareto, dès lors que toute réorganisation qui augmenterait l'utilité d'un individu diminuerait nécessairement celles d'un autre au moins.

    -Le coefficient de Gini : c'est la mesure d'inégalité la plus couramment utilisée, une statistique de résumé qui varie le plus souvent entre 0 et 1. Elle est notée G, lorsque G = 0 on a une égalité parfaite des revenus entre tous les ménages ; G = 1 indique une inégalité complète. En d'autres termes un individu ou un ménage détient tout le revenu alors que les autres n'en ont aucun.

    -Equité relative d'une région : c'est l'influence qu'exerce une région sur l'inégalité totale de la société. Lorsque celle-ci est inférieure est à 1, elle augmente l'inégalité dans la société et dans le cas contraire, elle est plutôt réductrice d'inégalité.

    -Part de revenu totale : représente la proportion du revenu totale détenue par l'ensemble de la population d'une région.

    -Part relative de bien-être : c'est la contribution de chaque région au bien-être total de la société.

    1. 9. Portée et limites de l'étude

    Notre étude portera sur les différentes régions du Cameroun. Ces régions seront organisées suivant une stratification en zone géographique retenue par l'enquête ECAM I, réalisée en 1996 par la Direction Nationale de la Statistique. Nous aurons donc comme région : Yaoundé, Douala, Autres villes, Rurale forêt, Rurale hauts plateaux et Rurale Savane.

    Toutefois l'utilisation du concept de fonction de bien-être constitue une façon très générale de définir le bien-être social et du fait de cette généralité, elle peut être utilisée pour représenter de nombreux types de jugement de valeur. Par contre elle n'est pas très utile quand il s'agit de décider quels types de jugement éthiques pourraient être judicieux. Certaines autres approches consistent donc à partir des jugements de valeurs et à examiner ensuite leurs implications au niveau de la répartition économique : c'est ce type d'approche qui est suivi dans l'étude des allocations équitables.

    1. 10. Organisation du Travail

    Notre étude sera répartie en sept chapitres. Après une brève introduction générale au premier chapitre, le deuxième chapitre portera sur l'évolution de l'économie et du niveau de vie au Cameroun. Dans les troisième et quatrième chapitres, il s'agira pour nous de présenter le cadre conceptuel ainsi qu'une revue de la littérature concernant la théorie du bien-être social. Le cinquième chapitre présentera la méthodologie et les données d'analyse, le sixième chapitre analysera et interprètera les résultats empiriques. Le dernier et septième chapitre quant à lui sera consacré à la conclusion générale de notre étude.

    CHAPITRE 2
    EVOLUTION DE L'ECONOMIE ET DU NIVEAU DE VIE AU
    CAMEROUN

    2.1. Introduction

    Comme bon nombre de pays d'Afrique Subsaharienne, le Cameroun a connu depuis son indépendance en 1960, une évolution économique très mouvementée. Marquée par des périodes d'expansion et de récession économiques, on assiste depuis peu à un retour de la croissance dans l'économie camerounaise. Aussi, les autorités camerounaises, galvanisées par l'atteinte en avril 2006 du point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE), veulent reprendre en mains la direction des politiques économiques du pays. Pour cela il s'avère capital de faire des choix de politiques économiques efficientes et efficaces susceptibles d'améliorer le bien-être des camerounais.

    Pour contribuer à cette entreprise, ce chapitre présentera une évolution globale de l'économie camerounaise depuis l'indépendance (2-2) avant d'analyser l'évolution de la pauvreté au Cameroun pendant les ajustements structurels (1996) et après (2001), à travers les facteurs que sont la croissance et la redistribution (2-3).

    2.2. L'évolution de l'économie Camerounaise depuis l'Indépendance

    On peut distinguer trois principales phases dans l'évolution de l'économie camerounaise depuis 1960 : Une période de croissance soutenue (1960-1985), une période de crise (1986-1994) et une période que l'on pourrait qualifier de relance économique que nous vivons depuis 1994.

    2.2.1. L'économie camerounaise de 1960 à 1985 : une période de croissance soutenue

    Durant la période de 1960 à 1985, le Cameroun connaît une croissance soutenue. Toutefois, cette croissance est marquée par une variation de rythme. C'est ainsi que pendant la période 1960-1976, l'économie a connu une croissance modérée et équilibrée, exempte de distorsions des prix relatifs et de déficits insoutenables. Bien que très dépendant des produits primaires (cacao, café, etc.), le dynamisme a reposé sur un tissu économique assez diversifié

    et une main-d'oeuvre relativement bien adaptée aux besoins. La découverte puis l'exploitation du pétrole, en 1978, ont inauguré un nouveau régime caractérisé par une forte croissance qui a duré jusqu'en 1985. Par ailleurs notons que de 1965 à 1985, la croissance du Cameroun s'accélère en termes réels ; le PIB par tête double quasiment. Au cours de cette même période de 1965 à 1985, on distingue trois sous périodes :

    - de 1965 à 1977, la croissance atteint un rythme moyen d'environ 4%, permettant une lente amélioration du PIB par tête ;

    - de 1977 à 1981, la croissance s'accélère (+13% en moyenne) à la suite de la découverte du pétrole et de sa mise en exploitation ;

    - de 1982 à 1985, la croissance se maintient à un rythme soutenu (autour de 8%).

    Tout au long de la phase de décollage (1977-1985), le PIB réel par tête augmente rapidement, plaçant le Cameroun dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire selon la classification de la Banque Mondiale (Aerts et al, 2000).

    2.2.2. L'économie camerounaise de 1986 à 1994 : une période de crise

    A partir de la fin 1986, le Cameroun est entré dans une longue phase de crise engendrée par des facteurs externes et internes. Comme facteurs internes, on peut noter les fortes tensions de trésoreries dans les caisses de l'Etat et des entreprises dues à leurs mauvaises gestions. Tandis que comme facteurs externes on peut retenir la concordance de la baisse des recettes pétrolières, de la chute des cours des produits agricoles de base et de la dépréciation du dollar américain, qui ont entraîné une dégradation considérable des termes de l'échange entre 1986 et 1988. Ainsi entre 1985 et 1995, le produit intérieur brut a chuté de 6,3 % par an, avec des taux de croissance négatifs -6,4% en 1987, -13,3% en 1988, -3,4% en 1989, -2,5% en 1990, -5,8% en 1991, -4,0% en 1992, -3% en 1993 (Touna Mama, 2007). La crise économique que le Cameroun traverse se traduira alors par un déséquilibre des comptes macro-économiques, et en particulier des finances publiques.

    Face à cette situation défavorable, les autorités se sont engagées dès 1987, dans une politique d'ajustement appuyée par un programme autonome, sans intervention des institutions internationales de Bretton Woods. Ce programme visait à réduire les dépenses de l'Etat et à alléger le poids du secteur public au sens large. Ces mesures se sont avérées insuffisantes pour juguler la crise. Le gouvernement en est donc parvenu à adopter en 1988, un accord de confirmation du FMI et un crédit d'ajustement structurel de la Banque Mondiale.

    Cette politique s'est traduite par la liquidation des entreprises déficitaires et la privatisation de celles réalisant des bénéfices. Les dépenses sociales (éducation, santé) ont été comprimées, les fonctionnaires ont connu des baisses importantes de leurs salaires (entre 50 % et 60 %) intervenues en janvier et novembre 1993, etc... (Fambon et al, 2001).

    Jusqu'en 1994, le processus d'ajustement pouvait être considéré comme un échec, notamment en raison des dérapages importants observés dans l'exécution de certains critères quantitatifs :

    -déclin des exportations provoquant un fléchissement de la balance courante, -recettes fiscales collectées en deçà des objectifs,

    -stabilisation du solde négatif des avoirs extérieurs au lieu de son amélioration, -accentuation de la situation débitrice du gouvernement à l'égard du secteur monétaire et accumulation des arriérés intérieurs et extérieurs.

    2.2.3. L'économie camerounaise depuis 1994 : une période de relance économique

    Après une décennie de récession qui a duré de 1985 à 1994, l'économie camerounaise a retrouvé le chemin de la croissance. Ceci à la faveur de la dévaluation du FCFA intervenue en janvier 1994 et des autres mesures de politiques économiques prises par les autorités camerounaises.

    La dévaluation du FCFA a entraîné une hausse des recettes d'exportation qui a eu des répercussions favorables sur les revenus budgétaires, sur ceux des exportateurs et des producteurs des matières premières, notamment le café, le coton et le cacao.

    Pour ne pas en rester à un ajustement structurel limité à la sphère financière avec le rééquilibrage des comptes macro-économiques, le pays a redéfini sa stratégie de développement, au coeur de laquelle se trouve le rôle de l'Etat. Cela s'est traduit par la mise en place d'un environnement largement libéralisé :

    -suppression des barrières non tarifaires,

    -désengagement de l'Etat de la plupart des entreprises des secteurs de production et de commercialisation (privatisation),

    -libéralisation des prix (disparition des prix garantis aux producteurs et des mécanismes de stabilisation), etc.

    Depuis 1995/1996, la reprise économique s'affirme avec des taux de croissance qui se situent autour de 5 % par an, avec notamment 3,3% en 1994/1995, 5% en 1995/1996, 5,1% en 1996/1997, 5% en 1997/1998 et 4,4% en 1998/1999/2000 (Touna Mama, 2007). L'équilibre des finances publiques retrouvé a permis d'atteindre les objectifs du premier programme économique et financier triennal signé avec les institutions de Bretton Woods et réalisé entre 1997 et 2000.

    Au delà du dynamisme économique, c'est la relative stabilité des performances au cours des dernières années (malgré les résultats instables du secteur pétrolier) qui différencie le Cameroun des pays voisins. En mettant en relief la structure relativement diversifiée de l'appareil de production. A court terme, le Cameroun bénéficie aussi des retombées de la construction de l'oléoduc tchado-camerounais, qui permettent une bonne tenue des investissements. La croissance du PIB a en conséquence été relativement forte, aux alentours de 5,3% en 2000/2001, malgré la désorganisation des filières d'agriculture d'exportation (cacao et café) et de la forêt (DSRP, 2002). Par ailleurs, après avoir exécuté de manière satisfaisante le deuxième programme économique et financier triennal au titre de la FASR, le Cameroun a atteint en octobre 2000 le point de décision de l'initiative PPTE. Cette performance qui permettra au pays d'aspirer à la réalisation de l'ensemble des conditions requises pour accéder au point d'achèvement, et bénéficier alors d'un allègement substantiel de sa dette extérieure.

    La baisse des volumes de pétrole extrait à partir de 2001/2002, associée a des dysfonctionnements importants de l'offre d'électricité, aux difficultés des filières d'exportation traditionnelles et aux problèmes d'ajustement, aux reformes en cours a entraîné un ralentissement de la croissance en 2001/2002, estimé aux alentours de 4,4% (DSRP, 2002). En 2002, malgré une activité industrielle plus dynamique du fait d'un approvisionnement en électricité plus régulier en cours d'année et la demande restée soutenue, malgré la détérioration des termes de l'échange, la croissance est élevée à 4,1%. Au terme de l'année 2003, le taux de croissance réel du PIB est estimé à 4,2% (DSRP, 2003). En 2004 l'économie est caractérisée par un taux de croissance en terme réel estimé à 3,6% (révision DSRP Cameroun, 2005). Un dérapage observé sur la tenue des finances publiques qui a eu pour conséquence la non atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE courant 2004, comme escompté par le gouvernement.

    Le 28 Avril 2006, le Cameroun va atteindre ce fameux point d'achèvement malgré la faible croissance enregistrée en 2005 et 2006 avec respectivement 2,8% et 4,3%. Avec l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés, le Cameroun doit pouvoir envisager sérieusement son décollage économique, pour devenir un pays émergent dans une quinzaine d'années (Touna Mama, 2007).

    Tableau 1 : Evolution de quelques indicateurs de performances macroéconomique de 1976 à 2001 : croissance (%)

    Période

    Secteur

    1976-1984

    1985-1993

    1994-1996

    1997-2001

    PIB

    8,2

    -0,6

    3,4

    4,6

    Primaire

    3,0

    1,4

    0,8

    2,2

    Secondaire

    20,3

    -3,2

    -5,0

    1,3

    Tertiaire

    5,1

    0,6

    8,7

    6,8

    Consommation

    6,5

    0,7

    2,6

    2,4

    Investissement

    14,5

    -8,0

    -0,8

    7,5

    Investissement public

    19,5

    -10,3

    5,1

    4,1

    Investissement privé

    13,2

    -6,7

    -1,9

    6,3

    Source : DSRP du Cameroun (projet 2002)

    Figure 1 : Evolution de quelques indicateurs de performances macroéconomique de 1976 à 2001 : croissance (%)

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    1976-1984 1985-1993 1994-1996 1997-2001

    -5

    -10

    -15

    PIB

    Primaire Secondaire

    Tertiaire Consommation Investissement Investissement public Investissement privé

    Périodes d'évolution

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau 1

    Les performances macroéconomiques caractéristiques des années fastes (1970, début 1980), des années de crise (fin des années 1980, début des années 1990), et des années de

    relance économiques (depuis le début des années 1990) au Cameroun sont présentées au tableau 1 et à la figure 1 ci-dessus.

    Dans l'ensemble, la reprise économique souhaitée par la mise en oeuvre des programmes d'ajustement ne se précise qu'à partir de la période 1997-2001, notamment en ce qui concerne les secteurs primaire, secondaire, et investissements privés. Quoique la croissance de la consommation soit restée positive sur la période considérée, le taux des années 1990 est resté largement inférieur à ce qu'il fût au cours des années 1970 et 1980. La croissance du PIB est passée quant à elle de -0,6% à 4,6%.

    2. 3. Évolution de la pauvreté au Cameroun pendant et après les PAS

    Nous aborderons la pauvreté ici à travers sa relation avec les paramètres que sont la croissance et l'inégalité. Il s'agira d'abord de les prendre séparément, puis de les analyser ensemble de manière à ressortir leurs contributions respectives à la pauvreté.

    2.3. 1. Croissance et pauvreté au Cameroun

    Entre 1985 et 1989, le Cameroun a subi les effets des chocs extérieurs majeurs, et a vu sa performance économique s'effondrer. Ce qui a engendré un bouleversement de la structure sociale, non seulement sur le plan régional, mais aussi en termes des réactions de la population pour y faire face. Les conclusions du rapport du PNUD (1998) sur le Développement Humain au Cameroun, dont le thème central porte sur la pauvreté, révèlent qu'au milieu des années 80, une pauvreté de grande ampleur et de dimension multiple s'est installée dans l'ensemble du pays et dans toutes les couches socioprofessionnelles. Au regard de la pauvreté monétaire, le rapport note que 50,5 % de la population était considérée comme pauvre en 1996, contre 40 % en 1984. Face à une pauvreté généralisée, la préoccupation est celle de la coordination entre croissance et lutte contre la pauvreté.

    Cependant comme le révèle le tableau 2 et la figure 2, le taux de croissance du PIB réel est passée à 5% en 1995/1996, oscillant autour de cette valeur tout au long de la seconde moitié des années 90 au point d'atteindre en 2000/2001 le taux de 5,2%.

    Tableau 2 : L'évolution du taux de croissance du PIB réel au Cameroun depuis la seconde moitié des années 90

    Année

    1994-1995

    1995-1996

    1996-1997

    1997-1998

    1998-1999

    1999-2000

    2000-2001

    Croissance
    du PIB (%)

    3,3

    5,0

    5,1

    5,0

    4,4

    4,2

    5,2

    Source : DSRP (1998) et World Table (Banque Mondiale 2002).

    Figure 2 : L'évolution du taux de croissance du PIB réel au Cameroun depuis la seconde moitié des années 90

    6

    5

    4

    3

    2

    1

    0

    1994-

     

    1995-

    1996-

    1997-

    1998-

    1999-

    2000-

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    2000

    2001

    Source : Construit par l'auteur à partir des données du tableau 2.

    Dans ces conditions de croissance modérée, sur la base des résultats de deux enquêtes ECAM I et II (tableau 3 et figure 3), le taux de pauvreté a régressé d'environ 13 points sur les 5 ans, passant de 53,3 à 40,2% de la population. Au cours de la même année, l'écart entre le revenu moyen des pauvres et la ligne de pauvreté s'est aussi amélioré, passant de 19,1% en 1996 à 14,1% en 2001(tableau 3 et figure 4). Ceci implique qu'en 1996 il fallait transférer en moyenne un revenu supplémentaire de 35.429 francs CFA à un individu pauvre pour le sortir de la pauvreté contre 26.154 francs CFA en 2001 (INS, 2002).

    Tableau 3 : Evolution du taux de pauvreté (%)

     

    1996

    2001

    Variation en %

    Incidence (P0)

    Rural

    59,6

    49,9

    -9,7

    Urbain

    41,4

    22,1

    -19,3

    Total

    53,3

    40,2

    -13,1

    Profondeur (P1)

    Rural

    21,5

    18,3

    -3,2

    Urbain

    14,7

    6,3

    -8,2

    Total

    19,1

    14,1

    -5,0

    Source : DSCN, rapport ECAM I et II.

    Figure 3 : Evolution de l'incidence de la pauvreté au Cameroun (P0)

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    -10

    -20

    Rural Urbain

    Total

    Milieu de
    résidence

    1996 2001 Variation en %

    Années et variation de (P0)

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau 3

    Figure 4 : Evolution de la profondeur de la pauvreté au Cameroun (P1)

    25
    20
    15

    10

    Milieu de

    résidence 5

    0

    -5

    -10

     
     
     
     

    Rural Urbain Total

     
     

    1996 2001 Variation en %

    Années et variation de (P1)

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau 3.

    L'analyse de l'évolution de l'incidence de la pauvreté ne peut à elle seule, permettre d'apprécier correctement les progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté. Elle doit être complétée par une analyse de l'évolution des inégalités dans la distribution des revenus pour disposer d'une vue complète de la dynamique de la pauvreté monétaire.

    2.3. 2. Inégalité et pauvreté au Cameroun

    Au niveau national, les trois indicateurs d'inégalité utilisés, à savoir le coefficient de variation, l'indice de GINI et le rapport du cinquième au premier quintile de revenus Q5/Q11, indiquent que les inégalités se sont maintenues et parfois accrues entre 1996 et 2001. Comme le révèle le tableau 4 et la figure 5, le coefficient de variation est passé de 1,043 en 1996 à 1,054 en 2001; ce qui correspond à une hausse de 0,011 point de pourcentage. Ainsi, la dépense par unité de consommation qui est l'indicateur de revenu est plus dispersée au sein de la population en 2001 qu'en 1996. En d'autres termes, il existe en matière de revenus, plus de disparités entre les individus en 2001 qu'en 1996.

    Cette situation est confirmée par l'indice de GINI qui montre qu'en 2001, la distribution des Revenus s'est un peu plus éloignée d'une répartition égalitaire qu'en 1996. En passant de 0,406 en 1996 à 0,408 en 2001, l'indice de GINI révèle que les inégalités se maintiennent au lieu de se résorber.

    De même que l'inégalité globale au sein de toute la population, celle entre les groupes extrêmes (en terme de pauvreté) s'est accrue. En 1996, la consommation des 20% de la population les plus riches représentait en moyenne 7,6 fois celle des 20% les plus pauvres. En 2001, ce rapport est de 8,3 fois, ce qui montre que les écarts se sont accrus entre les deux groupes au détriment des pauvres. La croissance économique aurait donc davantage profité aux plus riches.

    1 Le rapport du cinquième quintile sur le premier Q5/Q1 : c'est le rapport de la moyenne des revenus des 20 % de la population les plus riches et de la moyenne des revenus des 20 % des individus les plus pauvres.

    Tableau 4 : Evolution des inégalités de revenus dans les milieux de résidence et dans les régions du Cameroun

     

    1996

    2001

    coefficient de variation

    l'indice de GINI

    rapport Q5/Q1

    coefficient de variation

    l'indice de GINI

    rapport Q5/Q1

    Urbain

    1,112

    0,449

    9,1

    1,072

    0,406

    8,5

    Rural

    0,786

    0,345

    5,8

    0,801

    0,369

    6,8

    Yaoundé

    1,307

    0,487

    7,5

    1,202

    0,433

    6,8

    Douala

    1,082

    0,485

    4,8

    1,082

    0,410

    6,5

    Autres villes

    1,009

    0,397

    6,5

    0,879

    0,378

    7,2

    Rural forêt

    0,588

    0,287

    5,8

    0,839

    0,377

    5,7

    Rural plateau

    0,775

    0,346

    7,5

    0,875

    0,398

    8,1

    Rural savane

    0,789

    0,354

    8,4

    0,696

    0,330

    9

    Ensemble

    1,043

    0,406

    7,6

    1,054

    0,408

    8,3

    Source: ECAM I; ECAM II; INS

    Figure 5 : Evolution des inégalités dans les milieux de résidence au Cameroun

    10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0

    Urbain Rural Ensemble

    coefficient de
    variation

    l'indice de GINI rapport Q5/Q1

    coefficient de
    variation

    l'indice de GINI rapport Q5/Q1

    2001

    1996

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau 4

    Selon le milieu de résidence, la situation des zones urbaines se caractérise par une légère amélioration des inégalités, traduite par le comportement des trois indicateurs utilisés. En effet, on enregistre une réduction des inégalités, quel que soit l'indicateur utilisé. En zones rurales, les résultats sont moins favorables qu'en milieu urbain; la hausse du coefficient de variation, de l'indice de GINI et du rapport Q5/Q1 dans ce dernier milieu est caractéristique de l'accentuation des inégalités. Néanmoins, les inégalités y demeurent moins importantes en terme d'ampleur par rapport au milieu urbain. Bien que le rattrapage en terme de niveau d'inégalités entre les deux milieux ne soit pas encore réalisé, il est socialement dangereux de ne rien faire pour arrêter le phénomène d'accroissement des inégalités dans le monde rural qui a par ailleurs les revenus les plus bas.

    Figure 6 : Evolution des inégalités dans les régions au Cameroun

    2001

    1996

    coefficient de
    variation

    l'indice de
    GINI

    rapport
    Q5/Q1

    coefficient de
    variation

    l'indice de
    GINI

    rapport
    Q5/Q1

    Yaoundé Douala

    Autres villes Rural forêt Rural plateau Rural savane Ensemble

    9 8 7 6 5 4 3 2 1 0

     

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau 4.

    A l'intérieur du milieu urbain, selon le tableau 4 et la figure 6, la «palme d'or» du recul des inégalités revient à la ville de Douala. Cette région enregistre une baisse de l'indice de GINI de 15%. La distribution des revenus à Douala en 2001 se rapproche donc d'une répartition égalitaire par rapport à celle de 1996, même si les inégalités demeurent assez importantes par rapport aux autres régions. Dans cette ville également, l'inégalité entre les groupes extrêmes des plus pauvres et des plus aisés (Q5/Q1) diminue très sensiblement, par rapport à la ville de Yaoundé où la baisse de cet indicateur est moins importante. Cette différence entre Douala et Yaoundé en ce qui concerne l'évolution des inégalités, traduirait les fortes disparités de revenus à Douala dans le secteur privé et une certaine homogénéité des revenus à Yaoundé dont la bonne frange de revenus issue de la fonction publique présente très peu de variation ces dernières années.

    En termes de niveau et non plus d'évolution, les inégalités demeurent plus importantes à Yaoundé qu'à Douala ; l'indice de GINI y est de 0,43 3 en 2001. Toujours en 2001, la consommation moyenne des 20% de la population la plus aisée de Yaoundé représente 6,8 fois celle de la tranche des 20% les plus pauvres contre 6,5 fois pour la ville de Douala.

    Le milieu rural pour sa part présente une plus grande hétérogénéité que le milieu urbain. La hausse des inégalités est enregistrée en région rurale Hauts plateaux et en région

    rurale Forêt. Cette dernière enregistre des hausses records pour tous les indicateurs (43% pour le coefficient de variation, 31% pour l'indice de GINI et 35% pour le rapport des quintiles). En 1996, la région rurale Forêt était celle où la distribution des revenus était la plus proche d'une répartition égalitaire (indice de GINI le plus bas). En 2001, la répartition des revenus y est aussi inégalitaire que dans les villes du Cameroun autres que Yaoundé et Douala, et devient même plus inégalitaire que la région rurale Savane. En plus de la région rurale Forêt, une autre région qui s'illustre en milieu rural est la région rurale Savane ; c'est la seule région dans ce milieu à enregistrer une baisse des inégalités (baisse de l'indice de GINI de 6,8%). La bonne tenue des campagnes cotonnières entre 1996 et 2001, et le fait que la région dispose en général de bas revenus seraient responsables de cette évolution.

    Le gain notoire en terme de recul de l'incidence de la pauvreté indique bien que celle- ci est sensible à la croissance et aux politiques d'accompagnement mises en oeuvre par le gouvernement. Toutefois, la persistance d'un niveau élevé d'inégalités indique aussi qu'il y a un manque à gagner en terme d'impact des politiques sur la pauvreté. Les politiques et stratégies à mettre en oeuvre, dans le cadre de la réduction de la pauvreté devront de ce fait viser non seulement, l'intensification de la croissance afin de relever les revenus moyens, mais aussi assurer une meilleure distribution des fruits de la croissance.

    2.3. 3. Croissance, redistribution et pauvreté au Cameroun

    Dans un contexte où la pauvreté a une forte ampleur et où la lutte pour sa réduction est au coeur des politiques de développement, il faut se poser la question de savoir dans quelle mesure la croissance et éventuellement la redistribution sont profitables aux plus pauvres. Il s'agit en outre de chiffrer leur contribution en terme de réduction de la pauvreté. L'approche méthodologique utilisée pour décomposer la modification de la pauvreté entre effets croissance et redistribution est celle proposée par Datt et Ravallion (1992). L'analyse prend en compte l'incidence, l'intensité et la sévérité de la pauvreté. Les résultats obtenus montrent que le recul de la pauvreté, quel que soit l'indicateur examiné, est beaucoup plus imputable à la croissance qu'à la redistribution des revenus. La redistribution n'a contribué ni à la baisse de l'intensité ni à celle de la sévérité. Ceci présagerait d'une aggravation des inégalités chez les pauvres.

    Comme on peut le voir à partir du tableau 5 et de la figure 7, l'ampleur du recul de l'incidence de la pauvreté en milieu urbain est le double de celui obtenu en milieu rural. La

    baisse en milieu urbain est le résultat de la conjugaison à parts égales des effets de croissance et de redistribution. Par contre, la diminution de l'incidence enregistrée en milieu rural est totalement imputable à la croissance économique. Les effets de redistribution dans ce milieu perturbent l'impulsion donnée au niveau de vie par la croissance. La différence qui apparaît entre les deux milieux de résidence s'explique par la répartition des revenus. Ceux ci sont nettement plus disparates en milieu urbain qu'en zone rurale. En 2001, le coefficient de variation des revenus en milieu urbain est de 1,07 alors qu'il est de 0,80 en milieu rural et ces niveaux n'ont pas changé significativement depuis 1996.

    Tableau 5 : Décomposition de l'évolution des indicateurs de pauvreté entre 1996 et 2001 en (%)

     

    Variation totale

    Effets de croissance

    Effets de redistribution

    Résidus

    P0

    P1

    P2

    P0

    P1

    P2

    P0

    P1

    P2

    P0

    P1

    P2

    Urbain

    -19,3

    -8,3

    -4,3

    -9

    -4,7

    -2,5

    -8,4

    -4,7

    -2,5

    -1,8

    1

    0,8

    Rural

    -9,8

    -3,1

    -0,8

    -13,3

    -6,6

    -3,8

    1,7

    3,4

    3,1

    1,9

    0,1

    -0,2

    Cameroun

    -13,1

    -4,9

    -2

    -11,8

    -5,9

    -3,3

    -1,8

    0,6

    1,2

    0,6

    0,4

    0,2

    P0 : incidence de la pauvreté P1 : intensité de la pauvreté P2 : sévérité de la pauvreté

    Sources: ECAM I; ECAM II; INS

    Figure 7 : Evolution des indicateurs de pauvreté selon le milieu de résidence entre 1996 et 2001 (%)

    80,00% 60,00% 40,00% 20,00%

    0,00%

    variation en %

    -20,00% -40,00% -60,00% -80,00%

    -100,00%

    P0

    P1

    P2 P0

    P1

    P2

    P0 P1

    P2

    Variation totale Effets de croissance

    Effets de redistribution

    Cameroun Rural Urbain

    Source : Construit par l'auteur à partir du tableau 5.

    En ce qui concerne l'intensité de la pauvreté, elle a reculé au niveau national de près de 5 points, recul essentiellement dû à la croissance. Le milieu urbain est encore celui qui a enregistré le plus fort recul (8,3 points). Ceci est attribuable à parts égales à la croissance économique et à la réduction des inégalités.

    La sévérité (tableau 5 et de la figure 7) de la pauvreté quant à elle a également baissé au niveau national de 2 points. La baisse est faible en milieu rural et exclusivement imputable à la croissance économique alors qu'elle est assez forte en milieu urbain et attribuable autant à la croissance qu'à la baisse des inégalités de revenus. Le résidu ou élément qu'on ne maîtrise pas, s'interprète comme la part de la modification qui n'est attribuée ni à l'effet croissance ni à l'effet redistribution. Le fait qu'il soit nul pour un indicateur de pauvreté dans un milieu signifie que la totalité de la modification de cet indicateur dans ce milieu est imputable aux deux facteurs que sont la croissance et la redistribution. En somme, la croissance est autant bénéfique au milieu urbain qu'au milieu rural, mais les fortes inégalités existantes en milieu urbain font jouer à la redistribution un rôle très important dans la lutte contre la pauvreté.

    Tableau 6 : Variations des indicateurs de la pauvreté selon les régions

     

    Variation totale

    Effets de croissance

    Effets de redistribution

    Résidus

    P0

    P1

    P2

    P0

    P1

    P2

    P0

    P1

    P2

    P0

    P1

    P2

    Yaoundé

    -30,7

    -13,3

    -6,7

    -9,7

    -5,3

    -3,2

    -20,2

    -10

    -5,3

    -0,8

    2

    1,8

    Douala

    -18,8

    -8,6

    -4,4

    -7,9

    -4,4

    -2,3

    -7,5

    -5,2

    -3

    -3,4

    1

    0,9

    Autres
    villes

    -10,1

    -4,2

    -2,1

    -8,7

    -4,2

    -2,1

    0,7

    -0,2

    -0,1

    -2

    0,2

    0

    Rural
    forêt

    -17,1

    -5,7

    -1,5

    -15

    -8,2

    -4,8

    -6,8

    1,1

    2,8

    4,7

    1,4

    0,5

    Rural
    plateau

    -12,2

    -2,1

    0,3

    -14,4

    -6,9

    -4

    -0,8

    4,2

    4,4

    3

    0,7

    -0,1

    Rural
    savane

    1,3

    -1,2

    -1

    -10,2

    -4,7

    -2,6

    13,4

    5,4

    2,6

    -1,9

    -1,9

    -0,9

    Cameroun

    -13,1

    -4,9

    -2

    -11,8

    -5,9

    -3,3

    -1,8

    0,6

    1,2

    0,6

    0,4

    0,2

    P0 : incidence de la pauvreté P1 : intensité de la pauvreté P2 : sévérité de la pauvreté

    Sources: ECAM I; ECAM II; INS

    Figure 8: Evolution des indicateurs de pauvreté selon le milieu les régions entre 1996 et 2001 (%)

    60% 40% 20% 0%

    -20%

    variation en %

    -40%

    -60% -80% -100%

    Cameroun Rural savane Rural plateau Rural forêt Autres villes Douala Yaoundé

    P0 P1 P2

    P0 P1 P2

    P0 P1 P2

    Variation totale

    Effets de
    croissance

    Effets de
    redistribution

    Source: Construit par l'auteur à partir du tableau 6.

    Il faut remarquer que la situation présentée ci-dessus n'est pas uniforme dans tous les milieux urbains du pays. Le tableau 6 et la figure 8, montre que Douala et Yaoundé se démarquent très nettement des autres villes et le cas particulier de Yaoundé qui enregistre un effet de redistribution de 20 points sur l'incidence de pauvreté est assez révélateur de l'ampleur de l'inégale répartition des revenus dans cette ville; de plus, les effets de redistribution des revenus font diminuer la profondeur de la pauvreté deux fois plus que ceux de la croissance.

    Dans la ville de Douala, la diminution de l'incidence de la pauvreté, de la profondeur et dans une certaine mesure de la sévérité de la pauvreté est autant imputable à la croissance qu'à la redistribution. Les autres villes du pays se comportent à peu près comme la moyenne dans le milieu rural à savoir un effet de redistribution quasiment inexistant. Toute la réduction de la pauvreté est soutenue par la croissance.

    De même que le monde urbain, le milieu rural recèle de très fortes disparités qui méritent d'être soulignées. Tout d'abord, les performances enregistrées dans la région rurale Forêt sont assez intéressantes. L'incidence de la pauvreté y recule de 17 points et la contribution de la croissance à ce mouvement atteint 15 points, ce qui est la plus forte contribution enregistrée par rapport à toutes les zones agro écologiques retenues pour l'étude. De plus, l'apport de la réduction des inégalités est assez palpable (près de 7 points). Cette zone présente donc des performances semblables à celles enregistrées dans le monde urbain bien que se situant en milieu rural.

    Cette ressemblance ne s'étend pas à la réduction de la profondeur de la pauvreté et encore moins à la sévérité de la pauvreté. La redistribution dans la région rurale Forêt aggrave légèrement la profondeur de la pauvreté, de même que sa sévérité d'environ 3 points de pourcentage. En somme, la zone rurale Forêt bénéficie surtout de la croissance que de la redistribution, du fait sans doute d'un accroissement des activités des sociétés forestières et du comportement des prix du cacao. Ce n'est pas le cas de la région rurale Hauts plateaux qui présente une évolution du type de celle présentée pour l'ensemble du monde rural. Cette région enregistre néanmoins une légère augmentation de la sévérité de la pauvreté (due à la redistribution) malgré le fait que l'incidence ait fortement reculé. Le cas de la région rurale Savane est particulièrement paradoxal. C'est la seule région qui fait exception à la baisse générale de pauvreté constatée. L'incidence de la pauvreté y est un peu plus grande en 2001

    qu'en 1996. Elle augmente de 1,3 points malgré la forte contribution de la croissance (10 points de pourcentage) pour la réduire, cette situation est imputable à une quasi-absence de la redistribution.

    Contrairement à ce que l'on pourrait attendre et à ce que l'on observe dans tout le reste du pays, la redistribution des revenus dans cette partie du pays s'effectue fortement au profit des non pauvres. S'il n'y avait pas eu cette modification de la distribution des revenus, l'incidence de la pauvreté y aurait reculé de près de 11 points. Cependant, l'intensité de la pauvreté dans la région rurale Savane a reculé ; les pauvres y ont en 2001, un niveau de revenus moyens plus proche du seuil de pauvreté qu'en 1996. Ceci est confirmé par une légère baisse de la sévérité de la pauvreté (indicateur de dispersion des revenus moyens des pauvres), baisse qui traduit le fait que les pauvres ont des revenus moyens moins dispersés en 2001 qu'en 1996.

    L'équité et l'efficacité sont deux éléments qui intéressent le décideur en politique économique, et la décomposition de la pauvreté monétaire en effet croissance et effet redistribution apparaît être un assez bon début dans la capture de ces deux éléments. Seulement, pour une prise en compte plus pertinente de l'équité et de l'efficacité, il serait intéressant de les analyser dans le cadre d'une fonction de bien-être social, comme nous envisageons le faire dans la suite de notre travail.

    2. 4. Conclusion

    Dans ce chapitre, il était question de présenter l'évolution de l'économie camerounaise depuis l'indépendance. Il ressort dont de cette analyse que la situation économique du Cameroun a connu d'énormes fluctuations. De la période de croissance modérée entre 1960 et 1976, on est passé à une période de forte croissance entre 1978 et 1985 grâce à la découverte et à l'exploitation du pétrole. A partir de 1986 le Cameroun est entré dans une longue phase de crise engendrée par des facteurs internes et externes, avant de se reprendre en 1994. Le niveau de vie des camerounais n'a évidemment pas été épargné par ces changements de rythme ; au contraire si de 1984 à 1996 la pauvreté monétaire a augmenté, passant de 40% à 50,5%, on peut par ailleurs noter, de 1996 à 2001, un légé recul de la pauvreté qui est passée de 53,3 à 40,2%. La décomposition de l'évolution de la

    pauvreté montre que le recul de celle-ci est plus dû à l'effet de la croissance économique qu'à celui de la redistribution.

    Mais pour véritablement apprécier le niveau de vie des populations au Cameroun, il faudrait également envisager une étude qui prenne simultanément en compte la croissance et l'inégalité à travers notamment la fonction de bien-être social.

    CHAPITRE 3
    CADRE CONCEPTUEL DE LA THEORIE DU BIEN-ETRE SOCIAL

    3.1. Introduction

    La pauvreté est facilement perceptible lorsque les agents ne peuvent atteindre un niveau de bien-être matériel correspondant au minimum acceptable par les normes de la société. S'il est souvent aisé de reconnaître la pauvreté d'un individu ou d'un ménage par son mode de vie, il est plus difficile de la quantifier. La détermination de la pauvreté exige non seulement qu'on évalue le seuil à partir duquel une personne peut être considérée comme pauvre, mais qu'on détermine également le niveau bien-être des individus. Toutefois, si pendant longtemps la mesure du bien-être soutenue, a été fondée sur le revenu, l'une des avancées de la théorie économique et qui va au delà de la simple considération du revenu, est celle de la théorie du bien-être social. Cette théorie vise à déterminer les décisions de politique économique les plus optimales pour atteindre une fin économique donnée. L'idée étant de trouver l'angle d'attaque ou la cible idéale des politiques économiques pour améliorer le bien-être social et donc réduire la pauvreté.

    Il s'agira donc de présenter dans ce chapitre, le cadre conceptuel de la théorie du bien- être social, à travers ses fondements (3-2) et les critiques y relatives (3-3).

    3. 2. Les Fondements du bien-être social

    Le bien-être social (BS) se réfère au niveau de satisfaction de la société dans sa totalité. Avec suffisamment d'hypothèses solides, le BS peut être spécifié comme la somme de bien-être de tous les individus de la société. Un autre aspect du bien-être traite de la distribution du revenu ou des biens en incluant l'égalité, comme dimension supplémentaire du bien-être.

    L'économie du bien-être est une branche de l'économie qui utilise les techniques microéconomiques pour déterminer simultanément les allocations efficaces dans une économie et la distribution des revenus qui y est associée. Elle analyse le bien-être social qui est cependant mesuré en termes d'activités économiques des individus qui composent la société. Ainsi donc les individus et les activités qui leurs sont associées constituent l'unité de base pour l'agrégation du bien-être social que ce soit pour un groupe, une société ou même

    une communauté. De plus il n'existe pas d'autre bien-être social mis à part le bien-être associé aux unités de base individuelles.

    Par ailleurs il existe deux approches de l'économie du bien-être qui peuvent être prises en comptes : l'approche Néoclassique et l'approche de la Nouvelle économie du bien- être.

    3.2. 1. L'approche Néoclassique du bien-être social

    L'approche Néoclassique fut développée par Edgeworth, Sidgwick, Marshall et Pigou. Elle suppose que :

    -L'utilité est cardinale, c'est-à-dire qu'elle est mesurable à l'échelle des observations ou des jugements,

    -Les préférences sont des données exogènes et stables,

    -Une consommation additionnelle améliore petit à petit l'augmentation de l'utilité (l'utilité marginale est décroissante),

    -Tous les individus ont une fonction d'utilité inter personnellement comparable.

    Avec ces hypothèses il est possible de construire une fonction de bien-être social simplement en sommant toutes les fonctions d'utilité individuelles.

    3.2. 2. L'approche de la Nouvelle économie du bien-être

    Celle-ci est basée sur les travaux de Pareto, Hicks et Kaldor. Elle reconnaît explicitement les différences entre la partie Efficacité de la discipline et la partie Distribution et les traite différemment. Les questions relatives à l'efficacité sont examinées avec des critères tels que l'efficacité de Pareto et les tests de compensation de Kaldor-Hicks, tandis que les questions relatives à la distribution du revenu sont couvertes par la spécification de la fonction de bien-être social. Ici, l'efficacité ne tient pas compte des mesures de l'utilité cardinale; l'utilité ordinale qui est simplement un rangement des paniers de biens, tel que représenté par une carte de courbe d'indifférence, est plus adaptée à l'analyse.

    3.2.2. 1. L'efficacité

    Des situations sont considérées comme ayant une distribution efficace lorsque à partir d'elles, des biens sont distribués à des personnes qui maximisent leur utilité. Plusieurs économistes utilisent l'efficacité de Pareto comme leur efficacité cible. En accord avec cette

    mesure du bien-être social, une situation est optimale seulement si aucun individu ne peut améliorer sa position sans détériorer celle d'un autre au moins. Cet état idéal ne peut être possible que si quatre critères sont observés :

    -Le taux marginal de substitution (TMS) entre deux biens est le même pour tous les consommateurs de ces deux biens. Ceci se produit lorsque aucun consommateur ne peut améliorer sa situation sans détériorer celle d'un autre.

    -Le taux marginal de transformation (TMT) dans la production est le même pour tous les produits. Ceci se produit quand il est impossible d'augmenter la production d'un bien quelconque sans réduire la production d'un autre bien.

    -Le coût marginal des ressources est égal au revenu marginal des produits pour tous les processus de production, ceci prend place lorsque la production marginale physique d'un facteur doit être la même pour toutes les firmes qui produisent ce bien.

    -Le TMS est égal au TMT de la production, tel que le processus de production doit être en accord avec ce que veulent les consommateurs.

    Il existe un nombre de conditions avec lesquelles plusieurs économistes sont d'accord et qui peuvent conduirent à l'inefficacité. Parmi elles :

    -Les structures de marchés imparfaites telles que, le monopole, monopsone, oligopole, oligopsone etc.,

    - L'allocation inefficace des facteurs dans la théorie de base de la production, - Les erreurs du marché et les externalités, mais aussi les coûts sociaux,

    - Discrimination imparfaite des prix,

    - L'asymétrie d'information,

    - Le déclin du coût moyen des monopoles naturels à long terme,

    - Certains types de taxes et d'impôts.

    Il est presque impossible d'entreprendre une action sociale, telle qu'un changement de politique qui en améliorant la situation des uns, ne détériore celle d'un autre au moins. Ainsi malgré son importance analytique, le critère de Pareto connaît quelques limites. Premièrement : le critère de Pareto ne classe pas une allocation optimale (efficace) supérieure et une allocation non optimale (non efficace), il ne permet pas non plus de classer des allocations optimales (ce qui revient à dire qu'il ne permet pas de déterminer la distribution des revenus "idéale"). Deuxièmement, étant donné la rareté des projets où il n'y aurait que des gagnants directs, l'application stricte du critère conduirait à une paralysie des politiques : très

    peu d'actions seraient recommandées ou exécutées. L'une des réponses à ces limites est apportée par le test de compensation de Kaldor- Hicks ou Critère de Kaldor- Hicks.

    Le test de compensation de Kaldor- Hicks, s'énonce comme suit : Un état E2 est préféré à un état E1 si, dans l'état E2, tous les individus peuvent potentiellement2 voir leur utilité augmenter, grâce à une redistribution faisable qui aurait lieu après le changement. Autrement dit L'état E2 est préféré à l'état E1 si, en passant de l'état E1 à E2, ceux qui gagnent peuvent dédommager ceux qui y perdent, tout en demeurant dans une meilleure situation qu'en E1.

    Ce principe parle d'une compensation "potentielle" et non d'une compensation "véritable", ceci dit ; L'état E2 est préférable à tout autre état E1 si, dans l'état E2, il est hypothétiquement possible de mettre en place une redistribution forfaitaire non coûteuse permettant d'atteindre une allocation qui est Pareto supérieure à l'autre état E1.

    3. 2. 2. 2. La distribution du revenu

    Il y a plusieurs combinaisons d'utilité des consommateurs, des facteurs de production, qui tiennent compte de l'efficacité. En fait il y a une infinité d'équilibres de consommateur et de producteur qui conduisent à un résultat optimal au sens de Pareto. Il y a autant d'optima que de point sur la frontière des possibilités de production agrégés. D'où l'efficacité de Pareto qui est une condition nécessaire mais pas suffisante pour le bien-être social. Chaque optimum de Pareto correspond à une distribution de revenu différente dans l'économie. Certaines distributions pouvant engendrer de grandes inégalités de revenus. Le problème est dont de savoir comment décider de quel optimum de Pareto est plus désirable ? Cette décision est prise soit tacitement soit ouvertement lorsque l'on spécifie la fonction de bien-être social (FBS). Cette fonction incarne des jugements de valeurs relatifs à l'utilité inter personnelle. La FBS est une manière mathématique de présenter l'importance relative des individus qui composent la société.

    2 Tous les individus ne voient pas nécessairement leur utilité augmenter.

    La fonction de bien-être Utilitarienne, somme les utilités de chaque individu dans l'ordre pour obtenir le bien-être de la société entière. Tous les individus sont traités de la même manière, indépendamment de leur niveau initial d'utilité. Une unité supplémentaire d'utilité pour une personne pauvre n'apparaît pas avoir plus de valeur que l'utilité supplémentaire chez un millionnaire. De l'autre côté il y a la fonction Max-min. Par rapport au critère Max- min le bien-être est maximisé quand l'utilité des pauvres ou des moins nantis est plus grande. Aucune activité économique ne peut donc accroître le bien-être à moins qu'elle n'améliore la position des plus démunis de la société. Plusieurs économistes ont spécifié des fonctions qui sont des intermédiaires entre ces deux extrêmes. Ces intermédiaires des FBS peuvent être interprétés comme montrant que lorsque l'inégalité augmente, une large amélioration de l'utilité des personnes relativement riches est nécessaire pour compenser les pertes d'utilité des personnes relativement pauvres.

    L'économie du bien-être comprend donc deux parties :

    -L'efficacité économique et,

    -la distribution des revenus.

    Si l'efficacité économique est largement positive, elle est liée à la taille du revenu, tandis que la distribution du revenu est plus normative et liée au partage du revenu. D'ou la nécessité de bien définir l'instrument de mesure du bien-être social.

    3. 3. Critique de la Théorie du Bien-être Social

    La critique de la théorie du bien-être social ici sera bâtie autour de deux questions. La première est relative à la possibilité de traiter du bien-être social de manière normative, en laissant hors champ les jugements politiques et moraux sur les finalités du développement social. La seconde a trait à la nature des biens (économiques ou autres) qui doivent être pris en compte pour évaluer le bien-être.

    3. 3. 1. Les approches économiques et leurs limites

    - La richesse au sens de la comptabilité nationale : une évaluation marchande

    Le reproche fait à la comptabilité nationale est de ne pas fournir de mesure pertinente du bien-être social. L'un des problèmes auquel se heurte actuellement la Comptabilité nationale, et qui justifie certaines des critiques qui lui sont adressées, résulte du poids croissant d'activités économiques pour lesquelles cette convention marchande ne fournit pas de réponse claire. Le caractère peu satisfaisant de la mesure de la productivité des services

    révèle la fragilité du partage volume-prix dès que la production n'est plus faite d'objets matériels standardisés. Que l'on soit mieux soigné, les professeurs plus compétents, les administrations plus efficaces, etc., constituent indéniablement des faits économiques que l'on devrait pouvoir mesurer. Or, la Comptabilité nationale ne le permet pas. La modification de la structure de la production en faveur des services et de l'immatériel rend de ce fait plus douteuse la signification du taux de croissance de l'économie. Il n'est cependant pas évident que la solution consiste à remettre en cause la philosophie actuelle des comptes nationaux pour essayer d'y faire entrer, par exemple, une mesure de l'utilité sociale des activités de service. Le gain d'informations risquerait d'être bien maigre comparé à l'inconvénient d'une perte de cohérence du système. Reste que cela n'interdit pas d'élaborer des indicateurs de bien-être économique au sens d'Osberg et Sharpe, partiellement fondés sur les données de la comptabilité nationale.

    De fait, le procès du taux de croissance est d'abord celui de son utilisation, réelle ou supposée, comme mesure de l'évolution de la richesse et du bien-être social. Nul ne contestera qu'un accroissement général de la production, toutes choses restant égales par ailleurs, améliore le bien-être, mais cela ne signifie pas que l'on puisse se limiter à des fonctions de bien-être social dont les seuls arguments sont des biens pris en compte dans le calcul du PNB.

    - Les théories du bien-être et du choix social conduisent à une impasse.

    Cette autre critique vaut pour toutes les fonctions d'utilité, indépendamment de leur capacité à prendre en compte la question des inégalités. Dans sa version la plus sommaire (définissant l'utilité sociale comme la somme des utilités individuelles), l'utilitarisme ignore les problèmes de répartition et présente un biais évident en faveur des inégalités (dans la mesure où celles-ci peuvent être favorables à un accroissement global de la richesse). Cette première critique n'atteint pas l'ensemble de l'économie du bien-être, dans la mesure ou rien n'interdit d'utiliser des fonctions « de type Rawls » W= min (U1, ....Un) qui font dépendre le bien-être global de celui des plus démunis.

    On s'attachera aussi à deux critiques plus fondamentales qui visent toute formulation faisant usage d'une fonction d'utilité. La première critique a été formulée depuis longtemps par les économistes eux mêmes et elle est au point de départ de la « nouvelle économie du bien-être »: d'un point de vue logique, rien n'autorise à supposer la comparabilité (ou la

    commensurabilité) des utilités individuelles (postulat individualiste). Or, toute fonction d'utilité suppose qu'il existe une commune mesure des bonheurs individuels.

    La seconde critique semble viser également la nouvelle économie du bien-être. Rappelons brièvement le principe de Kaldor-Hicks qui en constitue l'un des fleurons: un état de l'économie est jugé supérieur à un autre si, pour parvenir à cet état, les bénéficiaires du changement peuvent potentiellement dédommager les perdants et ainsi en arriver à une amélioration parétienne (qui permet d'améliorer le bien-être d'au moins une personne impliquée sans pour autant détériorer le bien-être des autres). Ce principe se résume en fait à postuler que l'on peut dissocier les problèmes de production et de redistribution ou, ce qui revient à peu près au même, que les diverses formes d'utilité sont monnayables.

    L'exemple suivant montre quelles conclusions aberrantes peuvent être tirées d'une telle prémisse: en 1991, Laurence Summers, alors économiste en chef à la Banque Mondiale, recommandait que la Banque encourage le transfert des industries polluantes dans les pays en développement, en application directe du principe de Kaldor-Hicks. Si l'on admet que des gains économiques peuvent légitimement compenser les atteintes à la santé des populations, le raisonnement est difficilement attaquable: « la mesure des coûts de santé liés à la pollution dépend des pertes économiques dues à un accroissement de la morbidité et de la mortalité. De ce point de vue, un montant donné de pollution doit être fait là où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui sous-tends l'exportation des nuisances toxiques dans les pays à bas salaires est impeccable et que nous devons la prendre en compte »3. Supposer que l'on puisse compenser monétairement toute atteinte au bien-être revient à renforcer le pouvoir (discrétionnaire) de l'argent: c'est donc tout sauf un choix politiquement neutre.

    Pour contourner l'obstacle de la non comparabilité des utilités individuelles, K. Arrow a tenté de remplacer les fonctions d'utilité par les préférences (ou plus généralement des relations d'ordre) auxquelles elles sont associées, replaçant en fait la théorie du bien-être dans le cadre plus large d'une théorie du choix social. Mais cette tentative débouche sur une impasse.

    3 Cité par House, repris dans Bernard Perret L'évaluation des politiques publiques, collection Repères, La Découverte 2001).

    Par ailleurs dans sa conférence Nobel4, Amartya Sen suggère que la seule issue pour l'économie du bien-être consiste à remettre en cause l'hypothèse de non comparabilité des utilités individuelles. Si les économistes veulent prétendre qu'une situation est meilleure qu'une autre, ils doivent s'autoriser certains jugements comparatifs sur le bien-être des individus.

    3. 3. 2. Rawls, Sen, Walzer et la pluralité des biens

    - John Rawls : le bien-être est conditionné par l'accès aux « biens premiers »

    L'idée selon laquelle le Bien-être ne dépend pas uniquement du niveau de ressources économiques n'a, de toute évidence, rien de très novateur, du moins pour les philosophes. Dans sa théorie de la justice, John Rawls considère ainsi un ensemble de « biens premiers » nécessaires au bien-être individuel (« dont chacun est supposé avoir besoin »)5. Ces biens sont de deux ordres :

    -Les biens premiers naturels (santé, talents), qui ne dépendent pas directement de l'organisation sociale,

    - Les biens premiers sociaux : libertés de base (nécessaires au développement et à l'exercice des facultés morales) ; liberté de circuler et de choisir son activité (nécessaire à la réalisation de « fins ultimes ») ; pouvoirs et prérogatives des fonctions et des postes de responsabilité (dans les institutions politiques et économiques) ; revenu et richesse (" moyens polyvalents (munis d'une valeur d'échange) ; on en a besoin pour réaliser directement ou indirectement une gamme étendue de fins, quelles qu'elles soient" ) ; bases sociales du respect de soi (constituées par "les aspects des institutions de base qui sont en général essentiels aux citoyens pour qu'ils possèdent un sens aigu de leur propre valeur en tant que personnes et pour qu'ils soient capables de développer et d'exercer leurs facultés morales et de faire progresser leurs buts et leurs fins avec confiance en eux-mêmes").

    Pour Rawls, une société juste est une société qui assure une répartition équitable des biens premiers sociaux, en tenant compte du fait que les individus sont inégaux en terme de biens premiers naturels. On ne discutera pas ici les idées de Rawls sur la justice sociale. En ce qui concerne notre objet, leur importance tient dans l'affirmation de la non substituabilité

    4 « La possibilité du choix social - Conférence Nobel », Revue de l'OFCE n° 70, juillet 1999

    5 J. Rawls, Théorie de la justice, paris, seuil, 1987.

    des biens: toutes les formes de richesse ne sont pas à mettre sur le même plan quand on cherche à définir un état souhaitable de la société.

    - Amartya Sen : le bien-être comme capacité d'agir

    Dans l'approche de Rawls, le bien-être individuel est défini en terme d'accès à un ensemble de biens (même si la définition de ces biens est suffisamment large pour inclure des aspects relevant de l'activité et des modes de vie). Comme le remarque Sen en critiquant Rawls, on peut contester cette limitation et adopter un point de vue plus large, prenant en compte l'interaction des individus et des ressources auxquelles ils ont accès : « On peut améliorer cette procédure [de Rawls] en prenant en compte non seulement la possession des biens premiers et des ressources, mais aussi les différences existant entre individus pour les transformer en capacité de bien vivre » (conférence Nobel). Dans cette perspective, Sen souligne, premièrement, le fait que les individus sont les acteurs de leur propre bien-être et deuxièmement, que ce bien-être dépend de la « réalisation des buts et des valeurs qu'une personne a des raisons de poursuivre, qu'elles soient en rapport ou non avec son propre bien- être »6. En termes plus triviaux, on pourrait résumer le message de Sen en disant que le bien- être dépend autant du faire que de l'avoir.

    Pour préciser comment les biens économiques contribuent au bien-être, Sen introduit les deux concepts importants de fonctionnements (functionnings) et de capabilités (capabilities). Les fonctionnements sont les modes de vie et pratiques sociales qui déterminent l'usage des biens et leur confèrent une plus ou moins grande utilité. Les capabilités, représentent la capacité réelle qu'ont les individus d'atteindre les buts qu'ils se fixent. En pratique, la perspective de Sen incite à prendre en compte les libertés réelles, c'est à dire la possibilité concrète qu'ont les gens d'accomplir certaines actions importantes de leur point de vue.

    - Michael Walzer et l'hétérogénéité des biens

    L'ouvrage majeur du philosophe américain Michael Walzer « Sphères de justice »7 est une critique explicite de la théorie de la justice de Rawls. Schématiquement, Walzer

    6 Inequality reexamined, Oxford India Paperbacks1995,p.56

    7 Le Seuil, 1997

    reproche à Rawls de discuter abstraitement des principes de la justice redistributive en ignorant le fait que, dans les sociétés réelles, les critères de répartition des biens sociaux sont toujours conditionnés par la nature particulière de ces biens. Dans une certaine mesure, Rawls reconnaît cette relativité des principes à la nature des biens, puisque l'exigence d'équité ne concerne que les biens premiers. Walzer va cependant plus loin en montrant que l'impératif égalitaire ne peut pas être compris de la même manière selon qu'il s'applique à la santé, à l'éducation, à l'accès à la justice, à la répartition des travaux pénibles, à l'accès aux responsabilités, etc.

    En conséquence, il est erroné de penser que des principes de justice tels que ceux formulés par Rawls puissent avoir une portée pratique et universelle. Walzer observe que la répartition des biens sociaux s'opère selon trois principes : le marché, le mérite (à chacun selon son mérite) et le besoin (à chacun selon ses besoins). Le poids respectif de ces trois principes ne peut être fixé par aucune règle abstraite: il dépend de la manière dont les citoyens comprennent les exigences sociales de la démocratie: « Tout bien social ou tout ensemble de biens sociaux constitue pour ainsi dire une sphère distributive à l'intérieur de laquelle seuls certains critères ou dispositifs sont appropriés »8. Un exemple limite, particulièrement parlant, est celui de l'obligation militaire: dans toutes les démocraties, il est admis qu'un principe d'égalité stricte doit s'appliquer en cette matière. Bien que formulées dans une perspective très différente, les réflexions de Walzer et celles de Sen aboutissent aux mêmes conclusions :

    1) on ne peut s'en tenir à la distribution des revenus. Il faut mesurer distinctement l'accès à différentes catégories de biens tels que la santé, l'éducation, le logement, etc., qui ont une signification particulière et qui font l'objet de politiques sociales spécifiques,

    2) Les critères d'évaluation de la justice sociale et du bien-être doivent être validées par le « sens commun », en fonction de valeurs et de « fonctionnements » propres à chaque société: « le fait que les membres d'une communauté historique partagent des sensibilités et des intuitions est bien réel »9.

    8 Op. Cit., p. 32.

    9 Idem, p. 57

    - La notion de capital social

    Une autre limite de la représentation économique du bien-être provient du fait qu'elle reste centrée sur l'individu et ne prend pas en compte les aspects collectifs et systémiques du développement social, à commencer par la culture au sens large du terme. Si nous considérons la société comme un système complexe incluant la culture (c'est à dire comme une `civilisation'), la mesure du bien-être individuel ne nous dit rien des conditions de sa pérennisation. En économie, la notion de capital (physique et humain) fait référence aux conditions de base de la production économique future. Il est donc tentant d'étendre ce concept pour prendre en compte la "soutenabilité" de la culture civique et de l'organisation sociale. De ce point de vue, la notion de "capital social" comble un vide dans la théorie sociale. La définition la plus souvent citée est due à Robert Putnam : « Le Capital social fait référence à des caractéristiques de l'organisation sociale telles que les réseaux, les normes et la confiance sociale, qui facilitent la coordination et la coopération en vue d'un bénéfice mutuel »10

    .

    Ce détour philosophique, vise à renforcer la crédibilité de trois affirmations que l'on pourrait tout aussi bien considérer comme évidentes : premièrement, il n'y a pas de « théorie du bien-être » qui permette de faire l'économie de jugements de valeurs nécessairement « situés » sur le caractère plus ou moins souhaitable de tel ou tel état de la société ; deuxièmement, nos jugements sur la société dépendent de la « base informationnelle » à partir de laquelle ils s'exercent ; troisièmement, choisir et hiérarchiser les aspects de la réalité sociale qu'il importe de connaître et de faire connaître doit être considéré comme un acte de jugement à part entière, ce qui veut dire qu'il doit s'effectuer collectivement et dans un cadre institutionnel approprié.

    La Nouvelle économie du bien-être s'efforce de répondre à ces critiques, à travers notamment la fonction de bien-être social de Sen. En effet cette fonction prend en compte outre le revenu moyen, le niveau d'inégalité dans la société. Elle incarne des jugements de valeurs relatifs à l'utilité interpersonnelle. C'est d'ailleurs à ce titre qu'elle nous intéresse pour la suite de notre étude.

    10 R. Putnam, « Bowling alone : America's declining social capital », The journal of democracy,

    january 1995.

    3. 4. Conclusion

    Présenter le cadre conceptuel du bien-être était l'objectif de cette partie. Il a donc été question d'exposer ses fondements suivant les approches Néoclassique et de la Nouvelle économie du bien-être dans la première partie. On a également tenu compte dans la seconde partie, des débats critiques, quelques peu philosophiques qui tourne autour des limites de l'approche économique du bien-être et de la pluralité des biens pris en compte dans l'évaluation du bien-être. Il nous faut aborder maintenant les applications théoriques et pratiques de la théorie du bien-être social.

    CHAPITRE 4
    REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA THEORIE DU BIEN-ETRE
    SOCIAL

    4. 1. Introduction

    Nous avons abordé au chapitre précédent, dans le cadre conceptuel de la théorie du bien-être social, les fondements et les débats critiques relatifs à cette théorie. Aussi la revue de la littérature dont il est question dans ce chapitre, nous permettra de voir comment il est possible de capter le bien-être de la société. Une revue de la littérature théorique nous permettra donc d'aborder un certain nombre d'instruments de mesure de ce bien-être (4. 2). Par la suite plus concrètement nous apprécierons, comment appliqués à certains pays ces instruments ont pu rendre compte du niveau de bien-être, et avec quel degré de pertinence. Cette dernière approche se fera à travers une revue de la littérature empirique (4. 3).

    4. 2. Revue de la Littérature Théorique

    Pour représenter la façon dont les allocations peuvent être jugées d'un point de vue distributif ou encore pour apprécier le niveau de vie des populations d'une société, les économistes utilisent souvent les fonctions de bien-être d'une forme ou d'une autre. On distingue ainsi la fonction de bien-être Utilitariste, qui présente en son sein quelques extensions (4.2.1), et la fonction de bien-être social Individualistique qui présente en également quelques unes (4.2.2).

    4. 2. 1. La fonction de bien-être social Utilitariste et ses extensions

    Dans le cadre d'un processus d'agrégation des préférences, on peut naturellement se poser la question de savoir s'il existe des processus de décision sociale, c'est-à-dire des méthodes d'agrégation des préférences qui soient à l'abri des manipulations. Pour cela trois exigences paraissent extrêmement naturelles :

    1) A partir d'un ensemble quelconque de préférences individuelles complètes, réflexives et transitives, le processus de décision sociale devrait engendrer un système de préférences sociales qui possède les mêmes propriétés.

    2) Si tout le monde préfère l'alternative x à y, les préférences sociales devraient classer x avant y.

    3) Les préférences entre x et y ne devraient dépendre que de la façon dont les gens classent x par rapport à y et non de la façon dont ils classent d'autres alternatives.

    Cependant il peut être assez difficile de trouver un processus qui les satisfasse toutes les trois. A cet égard Kenneth Arrow établi un résultat très important: « si un processus de décision sociale satisfait les propriétés 1, 2 et 3, il doit s'agir d'une dictature: tous les classements sociaux correspondent dans ce cas aux classements effectués par un seul individu ».

    Le théorème d'impossibilité d'Arrow ci-dessus est assez surprenant. Il indique que trois caractéristiques très naturelles d'un processus de décision sociale sont en fait incompatibles avec le système démocratique. Si nous devons laisser une des caractéristiques souhaitées de la FBS, il s'agira vraisemblablement de la propriété 3, à savoir le fait que les préférences sociales à l'égard de deux alternatives ne dépendent que du classement de ces deux alternatives.

    Une méthode pour obtenir les préférences sociales à partir des préférences individuelles consiste à additionner les utilités individuelles et à utiliser le nombre ainsi obtenu comme une sorte d'utilité sociale. Cela fonctionne mais évidemment, c'est totalement arbitraire puisque le choix de représentation est lui même arbitraire. Ce type de fonction d'agrégation porte un nom: on l'appelle fonction de bien-être social.

    Une fonction de bien-être social est simplement une fonction quelconque des fonctions d'utilité individuelles. Elle permet de classer différentes allocations sur la base des seules préférences individuelles et elle est croissante par rapport à l'utilité de chaque individu. Un des cas particulier déjà mentionné ci-dessus est celui de la somme des fonctions d'utilités individuelles. On appelle parfois cette fonction : la fonction de bien-être Utilitarienne classique ou fonction de bien-être de Bentham11.

    11 Jeremy Bentham (1748-1832) est le fondateur de l'école Utilitarienne de philosophie morale, une école qui considère que l'idéal est le plus de bonheur possible pour le plus grand nombre.

    En procédant à une petite généralisation de cette forme, nous obtenons comme fonction de bien-être social, la somme pondérée des utilités. Les pondérations sont censées être des

    nombres indiquant l'importance de l'utilité de chaque agent dans le bien-être social général. Il s'agit logiquement des valeurs positives.

    Une autre fonction de bien-être social intéressante est la fonction de bien-être social minimax ou fonction de bien-être social de Rawls12. Cette fonction de bien-être social indique que le bien-être social dans le cas d'une allocation dépend uniquement du bien-être de l'individu qui a le niveau de satisfaction le plus bas, c'est à dire la personne avec l'utilité minimum. Ainsi le bien-être social ne peut s'accroître que si le détenteur de l'utilité minimale connaît une amélioration dans son bien-être ou dans son utilité.

    Chacune de ces fonctions permet de comparer les fonctions d'utilité individuelles. Chacune représente en fait un jugement éthique différent quant à la comparaison du bien-être des différents agents. La seule restriction imposée à ce stade sur la structure de la fonction de bien-être, étant que celle ci soit croissante par rapport à l'utilité de chaque consommateur.

    Dès que nous disposons d'une fonction de bien-être, nous pouvons examiner le problème de maximisation du bien-être. Il s'agira dont de trouver une allocation réalisable qui maximise le bien-être social avec les propriétés suivantes :

    1) Une allocation qui maximise le bien-être social doit être une allocation efficace au sens de Pareto ;

    2) Toute allocation efficace au sens de Pareto doit correspondre à un niveau de bien-être maximum pour une fonction de bien-être particulière.

    La fonction de bien-être nous donne donc une méthode de sélection des allocations efficaces au sens de Pareto : tout point de bien-être maximum est une allocation efficace au sens de Pareto et toute allocation efficace au sens de Pareto est un point de bien-être maximum.

    12 John Rawls est un philosophe moral contemporain de l'Université de Harvard qui a plaidé en faveur de ce principe de Justice.

    4. 2. 2. La fonction de bien-être social Individualistique et ses Extensions.

    Jusqu'à présent, nous avons considéré que les préférences individuelles étaient définies par rapport à l'ensemble de l'allocation et pas uniquement par rapport au panier de biens de l'individu. Mais comme il faut le souligner, les individus pourraient se préoccuper uniquement de leur panier de consommation personnelle.

    La fonction de bien-être est une fonction directe des niveaux d'utilités des individus et une fonction indirecte de leurs paniers de consommation, donc de leur revenu ; étant donné que les paniers de consommation dépendent du revenu réel individuel, on appelle cette forme particulière de fonction de bien-être : fonction de bien-être Individualistique ou fonction de Bergson- Samuelson13.

    L'utilité de chaque individu ne dépend que de sa propre consommation qui elle même dépend du revenu réel de l'individu, il n'y a donc pas d'externalité de consommation.

    Mais lorsque le niveau d'utilité d'une personne peut dépendre de sa consommation qui dépend à son tour de son revenu, une certaine désutilité peut apparaître du fait de l'inégalité qui existe dans la société entière. Par ailleurs, il est généralement admis que l'équité et l'efficacité sont les deux éléments qui intéressent les décideurs. Par conséquent la forme non Utilitarienne traditionnelle de la fonction de bien-être social de Bergson-Samuelson change de forme.

    Pour la FBS ci-dessus, une augmentation de l'efficacité entraîne une augmentation du bien-être social, et une augmentation de l'inégalité entraîne une réduction du bien-être de la société.Si cette fonction est supposée parétienne, pour une augmentation de revenu, toutes choses restant égales par ailleurs, on a une augmentation du bien-être dans la société.

    L'ensemble des FBS admises qui satisfont à ces conditions est large. Dans l'optique de réduire cet ensemble réalisable, davantage de restrictions sont nécessaires. Ces restrictions peuvent être spécifiées par un certain nombre d'axiomes. A la base de cet ensemble de quatre

    13 Abram Bergson et Paul Samuelson sont des économistes contemporains. Ils ont analysé les propriétés de ce type de fonction de bien être au début des années 40. Samuelson a reçu le prix Nobel d'Economie pour ses nombreuses contributions.

    axiomes, Sen (1974) arrive à une forme spécifique de la fonction de bien-être sociale de Bergson- Samuelson tel que : W= g (1-G)

    où W est la fonction de bien-être social de Sen, u est le revenu moyen et G le coefficient d'inégalité de Gini. Sen (1976) montre que cet indice calculé à partir de la distribution des revenus, est une sous relation de la relation des préférences sociales définies dans la distribution des biens. Dagum (1990, 1993), Yitzhaki (1979,1982) et Sheshinski (1972) sont arrivés à la même forme, ainsi on peut appeler cette fonction de bien-être social SDYS (Sen, Dagum, Yitzhaki et Sheshinski).

    Par ailleurs avec cette même forme, d'autres auteurs se proposent d'utiliser d'autres indices d'inégalité, notamment Foster (1996) qui utilise l'indice d'Atkinson, mais la fonction de bien-être social de Foster peut également être calculée directement avec l'indice de Theil.

    En outre il est possible de décomposer ces dernières formes de FBS en sous-groupes de manière à obtenir la FBS correspondant à chaque sous-groupe. Mais cette décomposition en sous-groupes de la fonction de bien-être social dépend de la forme spécifique de l'indice d'inégalité utilisé dans la fonction. Ainsi Shorrocks (1980) montre que seule la classe généralisée des mesures entropiques est susceptible d'être décomposée en inégalité intra groupe et inter groupe ; l'indice de Gini n'appartenant pas à cette classe , il n'est pas possible de le décomposer de la même manière.

    Ainsi donc la FBS de Sen ne peut être décomposée du fait de la présence de l'indice de Gini. Néanmoins si le but principal est d'avoir une idée sur la contribution ou la part de chacun des groupes dans le bien-être social total, ou encore l'effet exact d'un changement proportionnel du revenu de chaque membre d'un groupe spécifique sur l'ampleur totale du bien-être, il est possible d'imaginer un autre type de décomposition. Dans ce sens on peut se servir de la méthode développée par Podder (1993) pour décomposer le coefficient de Gini en sous-groupes. Récemment Podder et Mukhopadhaya (1999) ont démontré que cette méthode permet de répondre à d'importantes questions relatives à la contribution au bien-être de toute la population des différents sous-groupes. Il faut tout de même relever que la FBS de Sen est très rigide, toutefois elle peut aisément être modifiée pour en faire une fonction plus flexible, telle la classe des FBS généralisées. Par ailleurs, cette FBS généralisée qui sera

    l'outil de nos travaux empiriques, peut bénéficier de la même décomposition en sous-groupes que la FBS de Sen.

    4. 3. Revue de la Littérature Empirique

    Le niveau de vie d'un individu ou de la société est un concept multidimensionnel englobant en principe chaque aspect de la consommation directe, ainsi les activités et principes non immédiatement consommables (Sen, 1987). La nature pluridimensionnelle du concept de bien-être vient du fait qu'on ne peut pas facilement transformer plusieurs de ses composantes en numéraires. Deaton et Muellbauer (1980) pense que la meilleure façon de mesurer le bien-être individuel est donc d'utiliser une mesure monétaire. On doit dont disposer de données exhaustives sur le niveau de revenu ou de dépense des ménages. L'utilisation d'une mesure de bien-être fondée sur la dépense est soutenue par deux arguments :

    - Sur le plan conceptuel, la théorie du revenu permanent suggère que les dépenses sont une meilleure approximation des revenus à long terme dont du niveau de vie ; que le revenu courant dévoilé par une enquête auprès des ménages.

    -Sur le plan empirique, on peut montrer que les dépenses sont mesurées avec une plus grande précision que le revenu, surtout dans le cas ou une part importante de ceux ci est tirée du secteur informel. Toutefois il s'avère qu'une évaluation empirique du bien-être social par la FBS est encore plus éloquente.

    4. 3. 1. Evaluation du bien-être social par la fonction de bien-être Social

    De nombreuses études sur le bien-être des populations ont eu recours à la fonction de bien-être social, et plus spécifiquement à celle de Sen. Mukhopadhaya dans un de ses articles paru en 2001, analyse les changements dans le bien-être social à Singapour en utilisant les données de l'enquête sur la force de travail de 1982, 1991 et 1999. Pour analyser ces changements Mukhopadhaya utilise à la fois les mesures ordinales que sont : l'approche de dominance de Lorenz et l'approche généralisée de dominance de Lorenz ; mais aussi une mesure cardinale qui est la FBS.

    Avec l'approche de dominance de Lorenz (DL), Mukhopadhaya trouve que le bien- être social à Singapour en 1991 était supérieur à celui de 1999 et qu'à partir du moment ou le revenu par tête a changé durant cette période, on ne peut pas émettre de jugements relatifs au

    bien-être sur la base de la DL ; dans la mesure ou les courbes de Lorenz des deux périodes 1982-1991 et 1991-1999 s'entrecoupent.

    Pour résoudre ce problème (le revenu moyen de ces années ayant changé, ce qui crée un autre problème) et pour introduire le concept d'efficacité que la dominance de Lorenz n'admet pas, dans la construction du bien-être social, il a analysé et appliqué le critère de Dominance de Lorenz généralisée. Il a trouvé que même ce critère ne peut conduire à un rangement sans ambiguïté de ces 3 années, à cause de l'intersection.

    Le classement basé sur la fonction de bien-être social de Sen montre quant à lui une croissance continue du bien-être social à Singapour, il montre également que l'accroissement observé de l'inégalité est éclipsé par l'accroissement du revenu moyen. Ceci dit, pour résoudre le problème du classement en terme de bien-être social, la DL est l'approche la plus utilisée dans la littérature, cependant comme cette procédure ne fourni pas un classement complet, une extension théorique (utilisée aussi pour des observations empiriques) est la dominance de Lorenz généralisée. Ces deux approches sont complétées par une cardinalisation de la DL généralisée qui est en fait la FBS de Sen.

    Par ailleurs, considérant certaines de ses limites liées au fait qu'elle est Parétienne et qu'elle donne plus d'importance à l'aspect efficacité, on peut introduire une fonction de bien- être social plus générale qui de surcroît est non Parétienne dans des cas spéciaux. Avec cette FBS on trouve que lorsque l'accent est plus mis sur l'équité, le bien-être social à Singapour décroît. Il est observé avec seulement une exception que malgré le fait que les fruits de la croissance soient toujours distribués à tous les secteurs de la population, le secteur le plus riche bénéficie toujours d'une marge supplémentaire. Il a aussi été démontré, en utilisant des facteurs autres que le revenu, que le bien-être social à Singapour a augmenté en terme d'amélioration de secteurs éducatif, de la santé et du niveau de vie des populations.

    En dehors de cette étude de Mukhopadhaya qui grâce à la FBS, a examiné les changements du bien-être social à Singapour, ce même Mukhopadhaya dans une autre de ses études (novembre 2001), pour estimer la tendance du bien-être social en Australie pour les périodes 1983-84 et 1988-89 utilise encore la forme fonctionnelle de la FBS de Sen. Il essaie de désagréger cette fonction en sous-groupes, grâce à la méthode de décomposition du coefficient de Gini développée par Podder. Avec cette méthode, il arrive à identifier les

    groupes désavantagés par leur part relative dans le bien-être total, et la distribution des parts relatives de bien-être social total entre les différents groupes régionaux. L'analyse donne aussi de spécifier l'effet sur le bien-être de la société du changement de revenu d'un groupe d'un point de pourcentage et la tendance du bien-être relatif d'un groupe. C'est ainsi que l'on trouve comme résultat que les régions de New south wales (NSW) et de Victoria ont le maximum de parts de bien-être qui a d'ailleurs augmenté durant les périodes 1983-84 et 1993-94. Par ailleurs l'on trouve aussi que un Dollar supplémentaire accordé aux régions du Queensland (Q'ld), South australia (SA), West Australia (WA) ou Tasmania augmente toujours le bien-être social total.

    Pour des raisons déjà évoquées, il peut s'avérer, pour affiner les résultats déjà obtenus en utilisant la FBS de Sen, que l'on se serve d'une forme plus générale, qui peut également être décomposée en sous-groupes avec la même méthode de Podder.

    Dans un autre de ses articles (2001) Mukhopadhaya le fera pour enquêter sur les disparités de bien-être social en Australie, sur les périodes 1983-84 et 1993-94. Cette méthode permettra de déterminer le groupe cible, et aussi les raisons d'un changement de la part de bien-être social dans les régions. A l'issue de cette analyse, Mukhopadhaya observe une réduction du bien-être total en Australie, les disparités régionales liées à la part du bien-être vont également s'amplifier. Les régions du NSW, Victoria et Q'ld avec la part de revenu maximale, a presque 70% de la part de bien-être total. Pour Q'ld, quand la part de revenu décroît dans le temps, l'équité relative montre une tendance ascendante. Comme à la fois la part de revenu et l'équité relative en ACT (Australian capital territory) décroît de la période 1983-84 à la période 1993-94, la part relative de bien-être de cet Etat décroît durant la même période. Par contre la raison de la même progression durant la même période en WA, était la forte décroissance de la seule part de revenu (et cette baisse était éclipsée par l'augmentation de l'équité relative). Les Etats de Tasmania, WA, SA, Q'ld ont une influence négative sur l'inégalité en Australie alors que les régions ACT et NT au contraire ont un effet positif sur l'inégalité. L'élasticité du bien-être par rapport au revenu moyen a montré une tendance croissante pour la région du NSW, du fait de l'accroissement de sa part totale de revenu. Et enfin entre la période 1983-84 et 1993-94 la part relative de bien-être social a diminué pour Victoria, Q'ld, ACT et augmenté pour la Tasmanie et NT.

    Il apparaît dont clair que le recours à l'analyse du bien-être social permet d'avoir une meilleure visibilité dans la mise en oeuvre d'un certain nombre de politiques.

    4. 4. Conclusion

    Dans ce chapitre, nous avons pu apprécier, un certain nombre d'instruments de mesure du bien-être social, notamment la FBS dans ses différentes variantes à travers une revue de la littérature théorique. La revue de la littérature empirique quant à elle, a permis de mettre en évidence la qualité des instruments utilisés pour la capture du bien-être social, et de se rendre compte de la pertinence dans l'analyse de la FBS de Sen que nous développerons davantage dans la suite de ce mémoire.

    CHAPITRE 5
    MÉTHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE

    5. 1. Introduction

    En général, un décideur qui est intéressé par le bien-être de la société, doit nécessairement prendre en compte l'équité mais aussi l'efficacité dans la distribution du niveau de vie. Bien que la définition et l'admission de l'équité créent un certain nombre de problèmes, la définition de l'efficacité en économie du bien-être est largement appuyée par le principe de Pareto. Par ailleurs, du fait de sa nature désirable, ce principe est largement accepté et fait en plus partie des propriétés fondamentales de la fonction de bien-être social. Cependant ce principe présente un certain nombre de désavantages. En effet, si l'on considère qu'un homme riche le devienne encore plus du fait d'une quelconque modification de politique, en accord avec le principe de Pareto ce changement est acceptable. Ce qui signifie que le critère d'efficacité va toujours éclipser celui d'équité dans le bien-être, à chaque fois que l'on admet le principe de Pareto.

    Dans la suite de notre étude nous démontrerons cette propriété de Pareto en développant la fonction de bien-être social généralisée qui est plus flexible et non parétienne dans des cas spéciaux (5.2). Dans la mesure où le coefficient de Gini est l'un des arguments de la fonction de bien-être social proposée, il n'est pas possible de décomposer la fonction de bien-être social par sous-groupes de la population de manière formelle. En utilisant la méthode de décomposition de Gini élaborée par Podder nous montrerons comment décomposer la fonction de bien-être social généralisée et les implications de cette décomposition (5.3), avant de présenter les données sur lesquelles notre application sera faite (5. 4).

    5. 2. La fonction de bien être social généralisée

    Dans cette section il sera question de démontrer la propriété de Pareto par rapport à la fonction de bien-être social (5.2.1) avant de développer la fonction de bien-être social généralisée (FBS généralisée) (5.2.2).

    5. 2. 1. La fonction de bien-être social et l'optimum de Pareto

    La forme fonctionnelle de la fonction de bien-être social en elle-même, fut élaborée par Sen, Dagum, Yitzhaki et Sheshinski (indépendamment). Soit un vecteur de revenu, (x1 ,x 2 ,. . .,xn) représentant la distribution de revenu dans la société, la forme générale de la

    fonction de bien-être social de Bergson et Samuelson s'écrit :

    (1) W=W(x1,x2,...,xn )

    Cette fonction est croissante et unique pour toute distribution de revenu. Elle est encore appelée fonction de bien-être Utilitarienne. Généralement cette fonction est appelée forme fonctionnelle de la fonction de bien-être social car, on soutient souvent que W le bien- être social dépend de l'utilité individuelle qui dépend à son tour du revenu réel. Ainsi si pi = pi (xi) est l'utilité de la ième personne alors :

    (2) ( 1 ( 1 ), 2 ( 2 ),..., ( ))

    W = W p x p x p n x n

    Cette forme est appelée welfarist par Sen du fait de sa seule dépendance en l'utilité individuelle. L'utilité de chaque individu ne dépend que de sa propre consommation, donc de son revenu; il n'y a donc pas d'externalité de consommation. Dès lors, lorsque le niveau d'utilité d'une personne peut dépendre de son panier de biens ou de son revenu une certaine désutilité peut être créée par l'inégalité de la société entière. Par conséquent la forme de la fonction de bien-être social (FBS) non Utilitarienne commune de Bergson et Samuelson s'écrit :

    (3) W=W(S, O) où S est le niveau de revenu total représentant l'Efficacité et q = q (x1 , x2 ,...,xn ) la mesure

    d'inégalité représentant l'Equité. La FBS ci-dessus doit ainsi satisfaire les conditions suivantes :

    (4) 0, 0

    a a

    W W

    > <

    et

    a a

    S q

    En plus si la fonction de bien-être sociale est supposée parétienne, elle doit satisfaire la condition suivante :

    (5) 0

    O W >

    O x i

    quel que soit i.

    Ceci signifie que toute augmentation du revenu (toutes choses restant égales par ailleurs) entraîne une augmentation du bien être social. Ainsi, si l'on augmente le revenu du plus riche de la société, le bien-être augmente également. Notons que ceteris paribus, l'augmentation du revenu de la personne la plus riche de la société entraîne une hausse de l'inégalité dans la société en même temps qu'une hausse du revenu global. Mais l'augmentation du bien-être due à l'augmentation du revenu total est supérieur à la baisse du

    bien-être social due à l'augmentation de l'inégalité, ceci signifie que 0

    O W > O x i

    i implique :

    quel que soit

    O O O O

    W S W q

    (6) dx dx

    i i 0

    + >

    O O O O

    S x x

    q

    i i

    Ce principe est lié à l'aspect efficacité de la FBS. Ainsi lorsque les bénéfices de l'efficacité de la société entière sont savourés par les plus riches de la société (individus ou groupes), la question est de savoir s'il y aura amélioration du bien-être social. Pour la forme Utilitarienne de la FBS toute augmentation de la croissance implique une amélioration du bien-être social quel que soit le bénéficiaire des fruits de cette croissance.

    La série de FBS admise et qui satisfait les conditions ci-dessus est énorme. Un certain nombre de restrictions doit donc être imposé pour réduire cette série. Sen à l'aide de quatre axiomes a introduit la classe des FBS de Bergson et Samuelson comme :

    (7) W= jt (1-G) u étant le revenu moyen de la société et G le coefficient de Gini.

    Sen en 1976 a montré que cet indice calculé sur la base de la distribution de revenu est une sous relation des relations de préférence sociale définie suivant la distribution des biens.

    Il est aisé de montrer que la FBS de Sen est aussi parétienne, d'ailleurs pour cette FBS le taux marginal de substitution (TMS) entre l'inégalité et l'efficacité pour un même niveau de bien- être peut être donné par :

    (8) dG 1 - G du u

    Il apparaît dont clair que le FBS est plus sensible au revenu moyen qu'à l'inégalité. Comme G et u sont déterminés par le profil de revenu de la société et ne peuvent être changés par les décideurs pour différents niveaux de croissance ou de distribution de revenu, Cette FBS est très rigide. Le bien-être marginal par rapport au revenu moyen dans ce cas est (1-G) qui est constant. Ainsi dans le cas d'une comparaison internationale cette FBS sera toujours favorable à des régions plus développées, qui ont un revenu par tête plus élevé et un niveau d'inégalité relativement bas. Aussi quelque soit la région, le niveau de bien-être ne peut être comparable en utilisant la fonction de bien-être social si le pays fait l'expérience d'un fort taux de croissance du fait d'une exploitation minière, à cause d'une distribution de revenu défavorable.

    5. 2. 2. La fonction de bien-être social généralisée

    La FBS de Sen peut aisément être modifiée pour en faire une fonction plus générale et plus flexible : telle la classe de fonction de bien-être social généralisée (FBS généralisée) présentée comme :

    (9) W = ub (1- G) avec 0 < 13 <1

    Cette fonction, avec la variable 13 qui représente le coefficient d'arbitrage entre équité et efficacité, a un certain nombre d'avantages que la FBS de Sen ne possède pas. Pour cette fonction :

    (10) dG = (1 - G)(3

    du u

    Il est clair ici qu'on peut faire le choix de 13 et ainsi la FBS est maintenant flexible, en respectant un certain arbitrage entre l'efficacité et l'égalité. Si l'on accorde donc plus

    d'importance à l'efficacité plutôt qu'à l'égalité on doit choisir un 13 plus grand et tendant vers 1, au contraire si l'on s'intéresse à l'équité il faut un 13 faible.

    Examinons maintenant si cette fonction est parétienne ou pas. De l'équation (5) et (9), nous savons que la FBS est parétienne si :

    0(u (1- G))

    (11) > 0

    xi

    Ce qui implique

    2i - n -1

    (12) b -bG+ G > .quel que soit i= 1, 2, ....., n

    n

    Cette expression est toujours vraie lorsque l'on considère les revenus, des plus faibles aux revenus médians, comme le terme de gauche de l'équation (12) est toujours positif. Connaissant le niveau existant d'inégalité dans la société, par la variation de la valeur de 13 on peut aisément déterminer la direction du changement du bien-être social lorsqu'une personne au dessus de la médiane gagne un revenu supplémentaire (toute chose restant égale par ailleurs). Si la condition de paretianité est satisfaite pour les plus riches elle le sera pour les autres ; ainsi en utilisant la valeur maximale de i dans (12) nous avons :

    (13) b -b G + G > n -1

    n

    Pour un n de grande taille on aura :

    (14) b -bG+G~1

    La condition (14), ne sera jamais satisfaite pour une valeur de 13<1 ainsi cette FBS est Parétienne pour de grande valeur de 13, pour lesquelles cette FBS deviendra une FBS de Sen. Il est évident à partir de la condition (14) que si c'est seulement les groupes les plus riches qui profitent des fruits de la croissance, le bien-être social de la société ne s'améliorera pas tant que 13<1. Cette FBS peut être critiquée pour son parti pris en faveur des pauvres. S'il s'agit plutôt d'une augmentation du revenu des pauvres quelque soit la valeur de 13 et G (dans notre cas spécifique c'est entre 0 et 1), le bien-être va s'améliorer. Ainsi cette FBS a un certain parfum Rawlsien. Cependant pour la FBS de Rawls si les personnes les plus riches ont une augmentation de revenu le bien-être reste inchangé, mais pour notre FBS avec 13<1 une

    augmentation du revenu des plus nantis entraîne une réduction du bien-être social. Cette classe de FBS avec f3<1 n'est donc ni parétienne ni rawlsienne.

    5. 3. Décomposition de la FBS généralisée par sous-groupes de la

    population

    Il est bien connu que le coefficient de Gini ne peut pas exactement14 être décomposé en sous-groupes de population en termes d'intra groupe et d'inter groupe de Gini comme les autres indices d'inégalité, notamment l'indice de Theil et d'Atkinson. Cependant il peut être décomposé de manière différente en utilisant la méthode de Podder (Podder ,1993). Pour montrer que cette méthode de Podder permet de décomposer la FBS généralisée en sous- groupes de population, nous essayerons de représenter le bien-être total comme une somme pondérée du bien-être individuel de groupes variés. Ainsi notre objectif est de décomposer le bien-être total W comme :

    g

    (15) i

    W å

    = W iW i=1

    où Wi est le bien être du ième sous-groupe et Ùi est le poids attaché au bien-être individuel du groupe en supposant que l'on a g sous-groupes.

    En appliquant la méthode de Podder le coefficient de Gini peut être décomposé en sous-groupes de population. Cette méthode, pas très répandue peut être expliquée très brièvement comme suit : considérons une société constituée de cinq personnes dont les revenus sont rangés selon un ordre croissant dans un vecteur Y = [y1, y2, y3, y4, y5]. Aussi supposons que la société en question est constituée de deux sous-groupes tel que le premier sous-groupe a deux membres dont les revenus sont représentés par le second et le troisième élément du vecteur de revenu. Les éléments restants sont les revenus des trois membres du second groupe. Nous pouvons maintenant construire deux vecteurs, un par groupe, et chacun de ces groupes sera constitué de cinq éléments. Le vecteur du premier groupe contiendra les revenus de ses membres placées à leurs positions respectives dans Y, et les positons restantes seront complétées par zéro. Un vecteur similaire peut être construit pour le second groupe également. Ainsi :

    14 Dans le cas ou les sous groupes se chevauchent entre eux, il n'est pas possible de décomposer exactement l'indice de Gini en sous groupe, dans la mesure ou cette décomposition admet un résidu.

    é0 ù ê y ( 1 ) ú

    ê 2 ú

    y et

    ( 1 ) y ( 1 )

    = ê ú

    3

    ê ú

    ê 0 ú

    êê úú

    ë 0 j

    é y ( 2 ) ù
    1

    ê ú

    ê 0 ú

    y par conséquent, Y = y ( 1 ) + y ( 2 )

    ( 2 ) 0

    = ê ú

    ê ú

    (2)

    ê y ú

    4

    (2)

    êê úú

    ë y5 j

    En appliquant donc cette méthode le coefficient de Gini peut être décomposé en sous- groupe de population comme :

    g

    (16) = å

    G

    i

    nii C

    'u

    )

    i

    n 'u

    (

    Ou ci est le coefficient de concentration (défini selon Podder ,1993) du groupe i, ni est la
    taille de la population du groupe i et 'ui est le revenu moyen de ce groupe. n et u sont

    respectivement la taille et le revenu moyen de la population entière. Comme le coefficient concentration est compris dans l'intervalle (-1 ; 1) et satisfait à la condition de Pigou- Dalton15 de transfert progressif de revenu d'une personne moins pauvre à une personne pauvre, il sert d'indicateur d'inégalité dans ce groupe, ainsi nous écrivons :

    (17) W='ub(1-G)

    g

    = - å

    'u (1

    b

    i

    n 'u

    i i C

    i )

    n 'u

    g n

    C i

    = å -

    n

    'u

    'u b

    b i i

    'u

    - 1

    i

    g

    = å -

    n b

    i i 'u

    'u

    i

    g

    i i

    'u

    CComme å =

    n

    in'u

    i

    g n

    å -

    i i

    'u

    1

    b

    1

    n'un 'u

    i

    C i )

    g 'u

    = å n (1

    i i

    1 b

    n 'u

    i

    -

    g

    =å új [ - ]

    é -

    n ( ) 1 b b (1 )

    ù

    i i 'u C

    'u

    i i

    êë n 'u

    i

    15 La sensibilité de transfert de Pigou- Dalton est un critère qui est réalisé lorsqu'un transfert de revenu d'une personne moins pauvre à une personne pauvre, entraîne une baisse dans la mesure de l'inégalité sans contrarier la direction des richesses.

    g

    = åW iWi

    i

    On a donc - b

    W = 1

    i , est le poids attaché au sous-groupe i et W i = p i b (1 - C i )

    n i i

    p

    ( )

    n p

    est le bien-être du groupe i. Il est clair que si 0<f3<1, le poids ne sera jamais supérieur à 1. Pour f3=1 (i-e pour une FBS de Sen), cette même forme de décomposition établit une relation du bien-être total comme une somme pondérée du bien-être individuel des sous-groupes (Podder et Mukhopadhaya, 1995,1999). Le poids dépendant de la part de population du sous- groupe, du revenu moyen proportionnel du groupe et de la valeur de f3, quand la valeur de f3 augmente, l'importance du revenu moyen proportionnel diminue dans le poids. On a donc

    )

    én i i

    ( ) 1 (1 )

    p - b b

    ù úû -

    [ ]

    p C

    i i

    W êL n p n p 1 - C

    i W i

    (18) = = ( )(

    i i i

    Wp G

    b (1 )

    - n p 1 - G

    Cette expression représente la part relative de bien-être de chaque sous- groupe. Cette part dépend de la part de revenu de ce sous-groupe et du coefficient de concentration de ce sous-groupe. Dans cette part, le coefficient f3 n'a aucun rôle à jouer. La raison est très évidente; en fait le paramètre f3 sert de coefficient d'arbitrage entre équité et efficacité. Quand notre intérêt est de trouver la contribution relative d'un sous-ensemble de la population au bien-être total, la question d'arbitrage entre efficacité et équité ne se pose plus. Le dernier terme entre parenthèse à droite de l'équation c'est-à-dire :

    1 Ci

    1 G

    a une interprétation intéressante : nous l'appelons équité relative du groupe i. Il est connu que si le coefficient de concentration d'un sous-groupe est supérieur (inférieur) à l'indice global de Gini ce sous- groupe a un effet positif (négatif) sur l'inégalité16. Ainsi, si la valeur de l'équité relative est supérieure (inférieure) à 1, le ième sous-groupe aura tendance à réduire (augmenter) l'inégalité. Par conséquent, la part relative de bien-être total de tout sous-groupe peut changer à tout moment du fait de 2 facteurs :

    a) sa part de revenu et,

    b) son équité relative.

    16 Un franc supplémentaire dans ce groupe augmente (réduit) le niveau d'inégalité.

    La contribution relative du bien-être a une autre interprétation très intéressante. Il est aussi possible d'obtenir l'élasticité de la fonction de bien-être social par rapport à l'équité d'un groupe sans changer son revenu moyen. Cette élasticité du ième sous- groupe peut être définie comme :

    (19)

    aW 1-Ci ni pi 1- Ci h 1 W =

    _

    - CI a(1- Ci) W n p 1-G

    Ceci n'est rien d'autre que la part relative de bien-être du ième sous-groupe. Par conséquent une autre interprétation de la part relative de bien-être de tout sous-groupe est l'élasticité du bien-être par rapport à l'équité de ce sous-groupe.

    Comme notre objectif est toujours de trouver le groupe cible pour une politique donnée, il est très intéressant d'obtenir l'élasticité du bien-être par rapport à un changement proportionnel du revenu du sous-groupe sans modification de la distribution du revenu. Cette élasticité est donnée par :

    W pi

    (20) h =

    W

    pi W

    )

    =

    pi ni (b -1) pini(1- Ci +

    p

    n

    pn(1-G

    Ainsi la part relative de bien-être du sous-groupe i est égale à l'élasticité du bien-être par rapport au revenu moyen de ce sous-groupe si 13= 1 (parce que le premier terme de droite disparaît pour 13=1); si 0< 13<1, cette élasticité est inférieur à la part relative de bien-être (comme dans ce cas le premier terme de droite est négatif). Ainsi pour une augmentation proportionnelle du revenu, le sous-groupe au plus grand revenu a plus d'effet réducteur que le sous-groupe au faible revenu. C'est ici que se trouve la beauté de cette FBS, le décideur en considérant cette élasticité pour des prescriptions de politique pourra être à mesure de choisir le groupe cible. De l'équation (18) et (20), il est évident que le groupe cible sera cette partie de la population pour laquelle la part relative de bien-être et l'élasticité par rapport au revenu moyen seront les plus élevées. Et celles-ci sont élevées pour les groupes dont l'équité relative est élevée et une part relative de revenu assez substantielle. D'où, pour des propositions de politiques deux facteurs très importants sont l'équité relative et la part de revenu.

    5. 4. Présentation des données d'analyse

    Dans notre étude, nous utiliserons les dépenses réelles de consommation des ménages des enquêtes ECAM I et ECAM II réalisées respectivement en 1996 par la Direction Nationale de la Statistique (DNS) et 2001 par l'Institut National de la Statistique (INS).

    L'Enquête Camerounaise Auprès des Ménages : ECAM I avait duré trois mois, couvrait les dix provinces du pays et concernait un échantillon aléatoire de 1731 ménages urbains et ruraux. Elle visait trois principaux objectifs à savoir : mesurer les effets de la crise et des ajustements sur le niveau et les conditions de vie des ménages, établir les interrelations entre les dimensions des niveaux de vie et analyser les tendances et les évolutions par rapport aux autres sources de données. Il s'agissait d'une enquête stratifiée à deux degrés à Yaoundé et à Douala et à trois degrés dans les autres villes du pays avec la distinction urbaine- rurale. Deux types de questionnaires étaient élaborés l'un pour les villes et les grandes villes, et l'autre pour le reste du pays. Ces questionnaires, soumis aux ménages sélectionnés, comportaient 11 sections dont plusieurs pouvaient permettre l'analyse de la pauvreté au Cameroun. Pour ECAM I, six strates ont été retenues : Yaoundé, Douala, les autres villes (d'au moins cinquante mille habitants selon les estimations de 1995), la région Coton-Elevage dite «Rurale savane» (localités rurales des provinces septentrionales : Extrême-Nord, Nord et Adamaoua), la région Cacao dite «Rurale Forêt» (localités rurales des provinces du Centre, du Sud, et de l'Est) et la région Café dite «Rurale Hauts plateaux» (localités rurales des provinces de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral).

    L'enquête Camerounaise Auprès des Ménages : ECAM II était une enquête par sondage qui couvrait l'ensemble du territoire national et portait sur un échantillon de 10992 ménages17. Elle visait à construire un profil de pauvreté au niveau national et au niveau des dix provinces. A cet effet Douala et Yaoundé ont été considérées comme des strates à part, et chacune des dix provinces a été divisée en deux strates, une rurale et une urbaine. L'enquête était donc réalisée sur 22 strates, dont 10 rurales et 12 urbaines. Le questionnaire était articulé en 15 sections pouvant permettre d'étudier les différents aspects de la pauvreté au Cameroun.

    17 A l'exclusion des membres du corps diplomatique et leurs ménages

    La collecte des données avait duré 3 mois dans chacun des 3 milieux urbain, semi urbain et rural (de septembre à décembre 2001). Par ailleurs un volet particulier de l'enquête s'était occupé pendant la même période de relever les données relatives aux prix afin de pouvoir évaluer l'autoconsommation et rendre comparables les dépenses des ménages des différentes régions.

    Les objectifs visés à travers l'exécution de ces deux enquêtes sont globalement similaires, à savoir l'appréciation des conditions de vie des ménages. Néanmoins, la taille de l'échantillon, la méthodologie de collecte, la durée et la période de la collecte, et certains postes de la nomenclature ne sont pas exactement les mêmes au cours des deux opérations. Il a donc fallu retraiter ces différents aspects pour disposer des données comparables. En outre, la confection des indicateurs de niveau de vie devant servir à la comparaison entre les deux enquêtes a nécessité que l'INS ramène les dépenses à la même base.

    5. 5. Conclusion

    Dans ce chapitre, il était question pour nous de présenter la fonction de bien-être social généralisée mais surtout de la décomposer en sous-groupes de population. En démontrant la propriété de Pareto à travers les conditions nécessaires à une FBS pour respecter le principe de Pareto, nous avons également pu développer une FBS non Parétienne sous certaines conditions, plus avantageuse et plus flexible, qui est la fonction de bien-être social généralisée (FBS généralisée). La décomposition de cette fonction en sous-groupes de population c'est également faite, grâce à la méthode de décomposition de l'indice de Gini élaborée par Podder qui permet ainsi de contourner le problème de décomposition auquel faisait face l'indice de Gini. Une décomposition de la FBS généralisée qui est susceptible d'apporter un certain nombre d'informations notamment pour ce qui est de la détermination du groupe cible, la détermination des parts relatives de bien-être social, la détermination des raisons d'un changement de bien-être social dans les différentes régions. Les données ECAM I et ECAM II auxquelles sera appliquée cette décomposition dans le chapitre suivant ont également été présentées de part leur source, leur nature mais aussi l'objet de leurs collectes respectives pour montrer combien elles sont adaptées à notre étude.

    CHAPITRE 6
    RESULTATS EMPIRIQUES

    6. 1. Introduction

    Dans cette analyse, nous utiliserons des données ECAM I et II, publiées respectivement par la Direction Nationale de la Statistique et par l'Institut Nationale de la Statistique, pour les périodes 1996 et 2001. La période de 1996 étant considérée comme la période pendant les ajustements et la période 2001 comme la période après. Ces données, pour des besoins de comparaison ont subi un travail important d'harmonisation.

    Par ailleurs nous utiliserons ici la stratification retenue par ECAM I, à savoir six strates ou sous-groupes: Yaoundé, Douala, les Autres villes, Rurale savane, Rurale Forêt et Rurale Hauts plateaux. Le revenu annuel moyen ici considéré est estimé par la dépense moyenne réelle par équivalent adulte.

    Il s'agit donc dans cette partie d'analyser les disparités régionales au Cameroun (6-2), avant de faire une estimation du bien-être social au Cameroun (6-3) à la lumière des résultats empiriques.

    6. 2. Analyse des disparités régionales au Cameroun

    Cette analyse des disparités régionales au Cameroun, se fera à travers l'examen de la distribution des revenus, de la population et des inégalités entre les régions. Des données qui nous seront par la suite nécessaires, pour la détermination des différentes contributions au bien-être social et à l'inégalité.

    6. 2.1. Distribution des revenus et des inégalités dans les régions du Cameroun

    Nous apprécierons la distribution des revenus et des inégalités au Cameroun à travers les résultats que nous donnent le Tableau 7 et Figure 9. En effet, si le calcul de la part de la population et du revenu moyen proportionnel est assez simple, la décomposition en sous- groupes de l'indice de Gini fait problème. Nous avons donc dû avoir recours à la méthode de décomposition en sous-groupes de l'indice de Gini développée par Podder et qui donne lieu à l'équation (16), pour calculer les coefficients de concentration.

    Tableau 7: Taille de la population, Revenu moyen annuel, Part de la population, revenu moyen proportionnel, Coefficient de concentration et variation de la concentration entre les deux périodes par région.

     

    Taille de la

    Population par
    région,

    ni

    Revenu moyen annuel

    par région,

    p.i

    Part de la

    population par
    région en (%),

    ni/n

    Revenu moyen

    proportionnel par région,

    p.i/p.

    Coefficient de

    concentration,

    Ci

    ACi

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

     

    Yaoundé

    123

    958

    312025,16

    467242,51

    7,10

    8,72

    1,283

    1,587

    0.567

    0.663

    0.097

     
     
     
     
     

    (0,01)

    (0,006)

    (0,177)

    (0,083)

    (0.074)

    (0.025)

    (0.104)

    Douala

    169

    1066

    398919,39

    441118,70

    9,76

    9,70

    1,64

    1,498

    0.692

    0.637

    -0.055

     
     
     
     
     

    (0,014)

    (0,006)

    (0,215)

    (0,077)

    (0.055)

    (0.026)

    (0.071)

    Autres villes

    222

    1799

    306168,25

    357061,21

    12,85

    16,37

    1,259

    1,213

    0.560

    0.526

    -0.034

     
     
     
     
     

    (0,019)

    (0,017)

    (0,117)

    (0,041)

    (0.056)

    (0.021)

    (0.078)

    Rural forêt

    314

    1590

    161407,06

    219527,09

    18,16

    14,47

    0,664

    0,746

    0.024

    0.185

    0.161

     
     
     
     
     

    (0,022)

    (0,022)

    (0,046)

    (0,042)

    (0.064)

    (0.042)

    (0.073)

    Rural plateau

    483

    2885

    192642,82

    233448,94

    27,91

    26,25

    0,792

    0,793

    0.212

    0.252

    0.040

     
     
     
     
     

    (0,04)

    (0,028)

    (0,08 1)

    (0,03)

    (0.087)

    (0.029)

    (0.092)

    Rural savane

    419

    2693

    246620,13

    242429,31

    24,22

    24,50

    1,014

    0,823

    0.421

    0.231

    -0.190

     
     
     
     
     

    (0,031)

    (0,028)

    (0,133)

    (0,032)

    (0.097)

    (0.032)

    (0.117)

    Total

    1731

    10992

    243240,44

    294403.4 1

    100,00

    100,00

     
     

    0.406*

    0.408*

    0.002

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    (0.017)

    (0.008)

    (0.018)

    *indique le coefficient de Gini pour toute la société Camerounaise Les valeurs entre parenthèses sont les écart-types

    Source : Calculs de l'auteur à partir des données harmonisées des enquêtes ECAM I et II et des logiciels DAD 4.4 et Excel.

    Figure 9 : Part de la population, revenu moyen proportionnel, Coefficient de concentration et variation de la concentration entre les deux périodes par région

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    1996

    2001

    ni/n

    1996

    ui/u

    2001

    1996

    2001

    Ci

     
     

    Part de la population par
    région en (%),

    revenu moyen proportionnel
    par région,

    Coefficient de
    concentration,

    Ci

    2,000

    1,500

    1,000

    0,500

    0,000

    -0,500

    Yaoundé douala

    autres villes rurale forêt rurale plateau rurale savane total

    Source : construit par l'auteur à partir du tableau 7.

    Le Tableau 7 fourni des statistiques nécessaires à la décomposition du bien-être par région au cameroun.

    On peut déjà remarquer qu'entre les deux périodes d'enquête, la taille de la population a augmenté. Elle est passée de 1.731 pendant les ajustements (1996) à 10.992 après (2001). Le revenu moyen de la société camerounaise a également augmenté entre ces deux périodes d'étude, passant de 243.240,44 FCFA en 1996 à 294.403,41 FCFA en 2001, soit une augmentation de 21% (Tableau 7 et Figure 9).

    A partir du tableau 7 et de la figure 9, on constate que la plus grande part de la population est concentrée dans les régions rurales (Rurale forêt, Rurale hauts plateaux, Rurale savane). De 1996 à 2001, on observe cependant la réduction de cette part de population qui est passée de 70,3% en 1996 à 65,2% en 2001. Cette réduction est la conséquence de la baisse de la part de la population dans les régions Rurale hauts plateaux et Rurale forêt, même si la région Rurale hauts plateaux continue à avoir la plus grande part de la population au delà des périodes, avec 27,91% en 1996 et 26,25% en 2001. Plus concrètement, cette réduction de la population en régions rurales entre 1996 et 2001 peut être le fait d'une migration des populations rurales vers les régions urbaines (exode rural).

    Quant aux régions urbaines (Yaoundé, Douala, Autres villes), de 1996 à 2001 elles connaissent un accroissement de leur part de population qui passe globalement de 29,7% en

    1996 à 34,8 en 2001. Cette augmentation est due à l'accroissement de la population dans les régions de Yaoundé et des Autres villes. Malgré cela Yaoundé reste la région la moins peuplée du Cameroun avec 7,10% en 1996 et 8,72% en 2001.

    Le Tableau 7 et la Figure 9, nous permettent d'observer que les revenus les plus élevés se retrouvent en régions urbaines, malgré leur faible démographie. Plus encore de 1996 à 2001, ces revenus se sont améliorés, mais à des taux différents. Ce qui permet d'avoir Yaoundé avec le revenu le plus élevé en 2001 à la place de Douala qui occupait le premier rang en 1996, et qui passe second en 2001. Par ailleurs, les régions rurales ont des revenus plus faibles qui contrastent avec leur forte démographie, même si de 1996 à 2001 les régions Rurale hauts plateaux et Rurale forêt ont enregistré des revenus croissants. La région Rurale savane quant à elle a vu son revenu chuter de 1,7% entre 1996 et 2001.

    La distribution des revenus moyens et des parts de population explique l'évolution des revenus moyens proportionnels. En fait, la faible population en régions urbaines et le niveau de revenu moyen assez substantiel font que en régions urbaines le revenu moyen par ménage est supérieur au revenu moyen total. Ainsi, on a dans ces régions des revenus moyens proportionnels supérieurs à 1. Tandis que l'association d'une forte population et de revenus relativement faibles conduit à avoir en régions rurales des revenus moyens par ménages qui sont inférieurs aux revenus moyens total de la société. Et cela malgré le fait que la région Rurale savane en 1996, à la faveur d'un revenu assez substantiel, ait pu faire valoir des revenus moyens par ménage au dessus du revenu moyen de la société, avant de chuter en 2001 du fait d'une baisse de revenu. Relevons cependant que malgré tout, les revenus moyens proportionnels par région ont globalement connu une hausse en dehors des régions que sont Douala et Rurale savane, entre 1996 et 2001.

    Si le revenu a globalement augmenté au Cameroun entre 1996 et 2001, il en est de même des inégalités. L'indice de Gini connaît une variation positive de 0,002, qui dénote de l'accroissement des inégalités au Cameroun. Au niveau régional, l'inégalité apparaît plus élevée en régions urbaines qu'en régions rurales, dans les deux périodes. Malgré cette forte concentration des inégalités en régions urbaines, on relève cependant en 2001 une réduction de celles-ci, la région de Yaoundé étant exclue. En effet, La région de Yaoundé connaît plutôt une hausse de ses inégalités, soit une variation positive de son coefficient de concentration de 0,097 entre 1996 et 2001.

    Contrairement à Yaoundé, la région Rurale savane connaît quant à elle une variation négative de son coefficient de concentration (-0,19), ce qui laisse entrevoir une diminution de l'inégalité. Cette diminution de l'inégalité dans la région rural savane contraste cependant avec l'évolution des inégalités dans les autres régions rurales, ou l'on enregistre plutôt un accroissement des inégalités en 2001, passant 0,024 en 1996 à 0,185 en 2001 dans la région Rurale forêt et de 0,2 12 en 1996 à 0,252 en 2001 pour la région Rurale hauts plateaux.

    6. 2. 2. Contribution au bien-être et à l'inégalité au Cameroun

    La contribution au bien-être et à l'inégalité sera évaluée à l'aide des données du tableau 7.

    Tableau 8: Parts de revenu, Équité relative et Parts relatives de bien être par région de 1996 à 2001

     

    Parts de revenu par région

    (%). uini/un

    Equité relative (1-Ci)/ (1-G)

    Part relative de bien-être

    (%).ÙiWi/W

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    Yaoundé

    9,11

    13,84

    0,729

    0,569

    6,64

    7,88

    Douala

    16,00

    14,54

    0,519

    0,613

    8,30

    8,91

    Autres villes

    16,18

    19,85

    0,741

    0,801

    11,98

    15,90

    Rurale forêt

    12,05

    10,79

    1,643

    1,377

    19,80

    14,85

    Rurale plateau

    22,10

    20,81

    1,327

    1,264

    29,32

    26,30

    Rurale
    savane

    24,56

    20,17

    0,975

    1,299

    23,94

    26,20

    Total

    100,00

    100,00

    1,000

    1,000

    100

    100

    Source : Calculs de l'auteur à partir des données du Tableau 7 et du logiciel Excel.

    Figure 10 : Parts de revenu, Équité relative et Parts relatives de bien être par région de 1996 à 2001

    1996 2001

    1996 2001

    1996 2001

    100

    90

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    Yaoundé douala

    autres villes rurale forêt rurale plateau rurale savane total

    Parts de revenu par région
    (%). uini/un

    (1-Ci)/ (1-G)
    Equité relative

    Part relative de bien être
    (%).DiWi/W

     

    Source : construit par l'auteur à partir du tableau 7.

    Le Tableau 8 et la Figure 10, présentent les parts relatives de bien-être dans les différentes régions, de même que leurs parts de revenu et leurs équités relatives.

    Pour la période de 1996, les contributions maximales au bien-être de la société sont l'oeuvre des régions rurales (73,06% de contribution globale) au premier rang des quelles se trouve la région Rurale hauts plateaux avec 29,32%. Cette forte contribution est rendue possible grâce à des parts de revenu élevées dans ces régions (58,71% globalement) et des équités relatives avec effets réducteurs sur les inégalités. On observe cependant une équité relative qui accroît l'inégalité dans la région Rurale savane.

    Les régions urbaines quant à elles enregistrent de faibles contributions au bien-être de la société par rapport aux régions rurales. Ceci est dû à leurs faibles parts de revenu avec notamment la région de Yaoundé qui enregistre la plus faible contribution avec 9,11 %. Cette faible contribution des régions urbaines est surtout due à leur niveau élevé d'inégalité. En effet, elles présentent des équités relatives qui sont de nature à augmenter l'inégalité dans la société.

    L'évolution des contributions au bien-être en régions rurales est décroissante en 2001. Même si la contribution maximale reste celle de la région Rurale hauts plateaux, elle a globalement diminuée en régions rurales soit 67,35 % en 2001 au lieu de 73,06 % en 1996. Cette diminution est le fait de la réduction des parts de revenus dans ces régions, malgré les équités relatives toujours réductrices d'inégalités.

    Notons cependant qu'à la faveur de l'amélioration de son niveau d'inégalité, et d'une équité relative dorénavant réductrice d'inégalité, la région Rurale savane a vu sa contribution s'accroître passant de 23,94 en 1996 à 26,20% en 2001. Cet accroissement de la contribution au bien-être s'observe également dans les régions urbaines. Ainsi, l'augmentation des parts de revenus et la légère amélioration des inégalités dans les régions de Douala et des autres villes entre 1996 et 2001 ont permis d'améliorer cette contribution, et ce, malgré la hausse de l'inégalité à Yaoundé.

    On peut aussi noter que dans les régions urbaines, même si les parts de revenu sont faibles, elles demeurent supérieures aux parts de population, et ceci selon les régions et au fil des périodes. Or, en régions rurales, la part de population est généralement plus élevée que la

    part de revenu, à l'exception de la région Rurale savane qui, en 1996, a enregistré une part de revenu supérieure à la part de la population, soit 24,56 % contre 24,22 %. De 1996 à 2001, le revenu par tête en régions urbaines reste dont supérieur au revenu par tête en régions rurales. Ce qui tend à confirmer les conclusions de certains auteurs (Fambon et al, 2001), comme quoi la pauvreté au Cameroun serait rurale.

    6.3. Estimation du bien-être social au Cameroun

    L'estimation du bien-être social dont il est question ici, permettra non seulement de déterminer la tendance du bien-être social au Cameroun, mais également d'apprécier la sensibilité de ce bien-être par rapport au revenu.

    6. 3. 1. Tendance du bien-être social entre les régions du Cameroun

    Le Tableau 9 et la Figure 11 ci-dessous, nous donnent les résultats de l'estimation du bien-être social au Cameroun. Ces résultats sont issus de l'application de l'équation (17) aux données du Tableau 7, ce qui permet de ressortir la tendance du bien-être total et régional suivant les valeurs de f3, sachant que f3 permet d'arbitrer entre efficacité et équité. Un f3 faible accorde plus de poids à l'équité et un f3 élevé plus de poids à l'efficacité.

    Tableau 9 : Tendance du bien-être social au Cameroun entre les différentes régions de 1996 à 2001

     

    Wi (f3=0,5)

    Wi (f3=0,75)

    Wi (f3=1,0)

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    Yaoundé

    241,89

    230,36

    5717,22

    6022,64

    135129,55

    157460,73

    Douala

    194,53

    241,09

    4888,94

    6213,31

    122867,17

    160126,09

    Autres villes

    243,46

    283,24

    5726,94

    6923,65

    134714,03

    169247,01

    Rural forêt

    392,11

    381,86

    7859,44

    8265,59

    157533,29

    178914,58

    Rural plateau

    345,86

    361,41

    7245,87

    7944,12

    151802,54

    174619,81

    Rural savane

    287,54

    378,63

    6407,67

    8401,66

    142793,06

    186428,14

    Total

    292,96

    321,21

    6505,99

    7482,19

    144484,82

    174286,82

    Source : Calculs de l'auteur à partir des données du tableau 7 et du logiciel Excel.

    Figure 11 : Tendance du bien-être social au Cameroun entre les différentes régions de 1996 à 2001

    Yaoundé douala

    autres villes rurale forêt rurale plateau rurale savane total

    200000
    180000
    160000
    140000
    120000
    100000
    80000
    60000
    40000
    20000
    0

    1996 2001

    2001

    1996

    2001

    1996

    Wi (3=0,5)

    Wi (8=0,75)

    Wi (j3=1,0)

    Source : construit par l'auteur à partir du tableau 9.

    Dans le Tableau 9 et la Figure 11, le bien-être total et par région est présenté pour différentes valeurs de p. On observe ici que quelle que soit la valeur de p, le bien-être total a augmenté entre 1996 et 2001. Le taux d'augmentation varie cependant d'une valeur de p à une autre, soit 20,6 % pour p =1 ; 15 % pour p = 0,75 % et 9,5 % pour p = 0,5 (ainsi pour de petites valeurs de p l'augmentation est moins prononcée).

    Cette augmentation du bien-être au Cameroun, peut se justifier par l'augmentation du revenu global en 2001, malgré la modeste hausse de l'inégalité entre 1996 et 2001. Par ailleurs plus p est grand plus le revenu moyen annuel joue sur le bien-être; la forte croissance du bien-être entre les deux périodes pour p=1 ou encore pour des p élevés s'explique donc.

    Globalement le bien-être est plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines au-delà de la valeur de p et du temps. Les régions rurales doivent beaucoup plus leurs niveaux de bien-être aux faibles niveaux d'inégalités qui les caractérisent. C'est ainsi que les régions Rurale forêt et Rurale savane entretiennent les niveaux les plus élevés de bien- être au-delà des valeurs de p. En effet, la région Rurale forêt est le leader en 1996 tandis que la région Rurale savane l'est en 2001; sauf pour p= 0,5 où la région Rurale forêt reste leader de 1996 à 2001. La région Rurale savane doit son leadership de 2001 pour p=1 et pour p= 0,75, à un revenu assez consistant et à une amélioration en 2001 de son niveau d'inégalité.

    Douala et Yaoundé ferment la marche en terme de niveau de bien-être, du fait de la forte inégalité qui règne dans ces régions, malgré des revenus élevés. À l'exception du cas ou f3 = 0,50, et qui a vu Yaoundé avoir le plus bas niveau de vie, Douala a toujours été dernier (en 1996) ou avant dernier (en 2001) à la faveur d'une baisse relative de son niveau d'inégalité en cette période.

    On enregistre aussi de 1996 à 2001 un accroissement général des niveaux de bien-être par région au-delà des valeurs de f3, mis à part le cas des régions de Yaoundé et Rurale forêt. Dans ces deux dernières régions en effet pour f3=0,5, les niveaux de bien-être décroissent. Pour la région de Yaoundé, cela peut s'expliquer par l'accroissement de son niveau d'inégalité entre 1996 et 2001. Or, plus f3 est faible, plus l'inégalité influence le bien-être, réduisant l'effet du revenu. Pour ce qui justifie la décroissance du bien-être en région Rurale forêt, il s'agit également de l'accroissement de l'inégalité, malgré la hausse du revenu dans cette région. Il faut surtout noter pour la région Rurale forêt que, malgré le niveau d'inégalité resté faible en 2001, celui-ci a subi un accroissement exponentiel de 670% en passant de 0,024 à 0,185 (voir Tableau 7).

    6. 3. 2. Analyse de la sensibilité du bien-être social au Cameroun par rapport au revenu moyen par région

    L'analyse de la sensibilité du bien-être social au Cameroun se fera grâce au calcul des élasticités. L'équation (20) permet ainsi de calculer les élasticités suivant différentes valeur de f3, d'afficher leurs valeurs dans le Tableau 10 et de les représenter dans la Figure 12.

    Tableau 10 : Élasticité du bien-être social par rapport au revenu moyen au Cameroun pour les différentes régions : entre 1996 et 2001

     

    W

    h (f3 = 0,5)

    ui

    W

    h (f3 = 0,75)

    ui

    W

    h (f3 = 0,90)

    ui

    1996

    2001

    1996

    2001

    1996

    2001

    Yaoundé

    0,021

    0,010

    0,044

    0,044

    0,057

    0,065

    Douala

    0,003

    0,016

    0,043

    0,053

    0,067

    0,075

    Autres villes

    0,039

    0,060

    0,079

    0,109

    0,104

    0,139

    Rural forêt

    0,138

    0,095

    0,168

    0,122

    0,186

    0,138

    Rural plateau

    0,183

    0,159

    0,238

    0,211

    0,271

    0,242

    Rural savane

    0,117

    0,161

    0,178

    0,212

    0,215

    0,242

    Source : Calculs de l'auteur à partir des données du Tableau 7 et du logiciel Excel

    Figure 12: Élasticité du bien-être social par rapport au revenu moyen au Cameroun pour les différentes régions : entre 1996 et 2001

    0,3
    0,25
    0,2
    0, 1 5
    0, 1
    0,05
    0

    Yaoundé douala

    autres villes rurale forêt rurale plateau rurale savane

    1 996 2001 1 996 2001 1 996 2001

    (13 = 0,5) (13 = 0,75) (13 = 0,90)

    Source : construit par l'auteur à partir du tableau 10.

    Le Tableau 10 et la Figure 12, présentent les élasticités de bien-être social par rapport aux revenus moyens des différentes régions, pour différentes valeurs de f3 et pour les deux périodes. Cette élasticité mesure les changements espérés dans le bien-être total pour une augmentation d'un point de pourcentage dans le revenu moyen par région (qui est distribué proportionnellement entre tous les membres, l'inégalité restant inchangée).

    A partir du Tableau 10 et de la Figure 12, on relève que au-delà du temps et de la valeur de f3, les régions Rurale hauts plateaux et Rurale savane présentent les élasticités les plus élevées. Les régions de Douala et Yaoundé quant à elles présentent les plus faibles élasticités, montrant ainsi que toute augmentation de revenu dans les régions Rurale hauts plateaux ou Rurale savane bénéficie plus à la société qu'une augmentation de revenu à Yaoundé ou Douala.

    La grande sensibilité du bien-être liée à une augmentation de revenu dans les régions Rurale hauts plateaux et Rurale savane est due à la forte contribution de ces régions au bien- être du pays tout entier. De même, parce que les régions de Douala et Yaoundé contribuent peu au bien-être total, elles ne peuvent influencer véritablement le bien-être dans la société camerounaise. La sensibilité du bien-être total vis-à-vis de toute augmentation de revenu en régions rurales peut également s'expliquer par le niveau de revenu qui est bas dans ces régions. En effet, le fait pour ces régions d'avoir de faibles revenus démontre dans une certaine mesure que toute augmentation de leur revenu influence plus la vie des populations rurales qu'une augmentation proportionnelle en régions urbaines.

    Notons que de 1996 à 2001, au-delà des valeurs de 13 l'élasticité de bien-être dans la région Rurale hauts plateaux diminue, alors qu'elle croît plutôt dans la région Rurale savane. L'évolution de l'élasticité dans ces deux dernières régions est respectivement due à la hausse de l'inégalité pour la première et à sa réduction pour la seconde. Par ailleurs, en dehors du cas de Yaoundé, l'élasticité croît de 1996 à 2001 au-delà des valeurs de 13 à Douala et dans les autres régions. En fait, à Yaoundé pour 13= 0,5 l'élasticité décroît passant de 0,021 à 0,010 entre 1996 et 2001, avant de devenir constante à 0,044 pour 13=0,75 et finalement croître pour 13 = 0,9, en passant de 0,057 à 0,065. Cette évolution de l'élasticité à Yaoundé est surtout le résultat d'un accroissement de l'inégalité en son sein, alors que sa diminution à Douala a permis à cette région d'améliorer son élasticité quoique toujours faible.

    6. 4. Conclusion

    L'objectif poursuivi dans ce travail est celui de décomposer la tendance du bien-être social au Cameroun, en examinant l'arbitrage entre efficacité et équité. A travers une analyse les disparités régionales et une estimation du bien-être social au Cameroun, ce chapitre a contribué à atteindre cet objectif. Nous avons donc déterminé des variables telles que la part de revenu, l'équité relative, l'indice de bien-être et l'élasticité de bien-être social par rapport au revenu, qui nous ont permis de décomposer la tendance du bien-être social. De même que nous avons pu examiner l'arbitrage entre efficacité et équité, grâce au paramètre d'arbitrage 13.

    Il se dégage donc de ce chapitre, que les régions rurales contribuent plus au bien-être et à l'équité dans la société camerounaise que les régions urbaines. Par ailleurs ces régions rurales connaissent les niveaux de bien-être et les élasticités de bien-être par rapport au revenu les plus élevés. Ce qui justifie le choix des régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane comme régions cibles pour la maximisation du bien-être social au Cameroun. Néanmoins, même si le bien-être social est plus sensible à toute augmentation de revenu dans ces régions rurales, le niveau de vie y est resté inférieur à celui des régions urbaines, qui conservent des revenus par tête supérieurs.

    CHAPITRE 7
    CONCLUSION GENERALE

    L'économie camerounaise connaît depuis quelques années une assez bonne santé. Ce regain de forme relatif a d'ailleurs été renforcé par l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres. Ainsi, de plus en plus il est question pour les politiques camerounais de reprendre en main la gestion des affaires du pays, après une période d'ajustements structurels très contraignante. Pour des besoins d'efficience et d'efficacité, il est important de bien définir pour les politiques à engager, la cible la plus susceptible de diffuser le bien-être dans la société.

    L'objectif de notre étude était celui de décomposer la tendance du bien-être social au Cameroun, en examinant l'arbitrage entre efficacité et équité. Pour le faire, nous sommes partis de l'hypothèse que l'évolution du bien-être social est plus sensible à l'efficacité qu'à l'équité. Partant delà, nous avons posé un certain nombre d'hypothèses à savoir que: (1) les régions urbaines sont plus susceptibles d'augmenter l'inégalité dans la société; (2) une forte part de revenu ne garantit pas nécessairement une grande part de bien-être social ; (3) les régions à forte croissance économique influencent plus le bien être de la société.

    Pour vérifier ces hypothèses, nous avons utilisé une fonction de bien-être social généralisée qui peut sous certaines conditions18, être non parétienne. Cette méthode nous a permis de déterminer les groupes cibles. Par ailleurs la décomposition de cette fonction nous a permis d'expliquer les raisons des disparités de bien-être entre les régions. L'application de cette méthode s'est faite sur les données ECAM I et II harmonisées, données collectées en 1996 et 2001 respectivement par la DNS et par l'INS. Nous présenterons donc ici succinctement les résultats de notre analyse (7.1), quelques recommandations de politiques économiques suivront (7.2), avant de conclure avec nos perspectives de recherche future (7.3).

    18 Notamment pour (3 < 1

    7. 1. Résumé des Résultats de l'Analyse

    Nous avons retenu dans notre analyse 6 régions, que les résultats obtenus permettent de classer en deux grandes catégories: les régions rurales (Rurale Forêt, Rurale Hauts Plateaux, Rurale Savane) et les régions urbaines (Yaoundé, Douala, Autres villes).

    On observe conformément à notre première hypothèse, que les régions urbaines sont plus susceptibles d'augmenter l'inégalité dans la société camerounaise. Alors que les régions rurales avec à la tête la région Rurale forêt contribuent plus à rétablir l'équité dans le pays, à travers des équités relatives réductrices d'inégalités. La région Rurale savane a connu une équité relative inférieure à 1 en 1996 mais s'est rapidement rattrapée en 2001, alors que les autres régions rurales ont connu une baisse de leurs équités relatives qui sont cependant restées supérieures à 1.

    Avec les parts de revenus les plus importantes (73,06% en 1996 et 67,35% en 2001), les régions rurales contribuent plus au bien-être de la société, que les régions urbaines. Ce qui est tout à fait contraire à notre seconde hypothèse selon laquelle : une forte part de revenu ne garantit pas nécessairement une grande part de bien-être social. Ainsi, alors que les plus grandes contributions viennent des régions Rurale hauts plateaux et Rurale savane; les plus faibles viennent de Douala et Yaoundé. Notons aussi que de 1996 à 2001 à l'exception des régions Rurale hauts plateaux et Rurale forêt, toutes les autres ont vu leurs contributions au bien-être social augmenter.

    Par ailleurs on relève que, au-delà du temps et de la valeur de f3, les régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane présentent les élasticités les plus élevées. Ce qui tend à infirmer notre troisième hypothèse suivant laquelle : les régions à fortes croissances économiques influencent plus le bien-être de la société. Les régions de Douala et Yaoundé quant à elles présentent les plus faibles élasticités. Ce qui montre que toute augmentation de revenu en région Rurale Hauts Plateaux ou Rurale Savane bénéficie plus à la société qu'une augmentation de revenu à Yaoundé, Douala ou ailleurs.

    En dehors du cas de Yaoundé, l'élasticité croît à Douala et dans les autres régions du Cameroun, de 1996 à 2001 au-delà des valeurs de f3. Cette évolution de l'élasticité à

    Yaoundé est surtout le fait d'un accroissement de l'inégalité en son sein, alors que sa diminution à Douala a permis à cette région d'améliorer son élasticité quoique toujours faible

    De 1996 à 2001 le bien-être au Cameroun s'est globalement amélioré, au même titre que le revenu total. Tandis que le niveau global d'inégalité a augmenté. On peut dont dire que globalement notre hypothèse principale d'après laquelle : l'évolution du bien-être est plus sensible à l'efficacité qu'à l'équité, est satisfaite. Toutefois, cette hypothèse ne se vérifie pas au niveau régional, car en étant plus équitables et en ayant des revenus relativement faibles, les régions rurales ont enregistré le maximum de bien-être, avec en tête la région Rurale Forêt en 1996 (pour f3 =0,75 et f3 =1) et 2001 (pour f3 =0,5). La région Rurale Savane ayant le maximum dans les autres cas. Les niveaux de bien-être les plus bas se retrouvent à Douala en 1996 et Yaoundé en 2001 pour toutes les valeurs de f3. D'autre part quelles que soient les valeurs du paramètre f3, le bien-être s'est amélioré dans les régions du Cameroun de 1996 à 2001, sauf dans les régions Yaoundé et Rurale Forêt ou il a plutôt régressé.

    .

    l'observation que nous venons de faire sur la tendance du bien-être social au Cameroun, sur la sensibilité de celle-ci vis-à-vis des revenus et des inégalités, nous donne de retenir comme régions cibles les régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane. Par ailleurs on se rend également compte de ce que les disparités régionales sont le fait des parts de revenus et des équités relatives entre les régions. Il nous est donc maintenant possible, de poser un diagnostique économique dans l'optique d'améliorer le bien-être social au cameroun.

    7. 2. Recommandations de Politiques économiques

    Après avoir déterminé le trend du bien-être social au Cameroun, nous avons trouvé un certain nombre d'éléments explicatifs de la disparité de bien-être social entre les régions du Cameroun. Deux éléments fondamentaux sont donc la cause de ces disparités à savoir les parts de revenu et l'équité relative.

    Il se dégage de cette étude, que sur les deux périodes 1996 et 2001, les régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane contribuent plus au bien-être de la société camerounaise. Par

    ailleurs, le bien-être social au Cameroun est resté plus sensible à toute augmentation de revenu dans ces deux régions. Par conséquent, une recommandation de politique économique serait de prendre ces deux régions comme groupe cible dans une optique de maximisation du bien-être social au Cameroun. Il s'agirait donc, pour toute politique économique qui vise l'amélioration du bien-être social de penser prioritairement à ces régions.

    Relevons cependant que par groupe cible, il faut entendre, considérant les contraintes budgétaires, un groupe qui est susceptible par son développement, d'induire le développement dans les autres régions et maximiser le bien-être dans la société. Les régions Rurale Hauts plateaux et Rurale Savane sont donc les plus susceptibles de diffuser le bien- être dans la société camerounaise. Pour cela il faut y investir de manière productive et compétitive. Cela se justifie également sur un plan pratique.

    En effet, la région Rurale Hauts plateaux est constituée de localités rurales des provinces de l'Ouest, du Nord Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral. Cette région est marquée par une abondance de ressources naturelles (terres arables), une position géographique attractive et d'une ressource humaine valeureuse. L'activité principale ici c'est l'agriculture. Cette agriculture est constituée de cultures vivrières porteuses (banane plantain, pomme de terre, manioc, fruits, légumes frais et autres tubercules ect...), de cultures traditionnelles d'exportation (café, cacao ou encore palmier à huile) et de nouvelles filières agricoles porteuses de croissance (poivre, horticulture, pastèque et agriculture biologique). De bonnes perspectives de développement de ces activités existent dans cette région. La proximité à la mer de cette région, y permet également l'éclosion de la pêche des crustacés et autres espèces à haute valeur marchande. Cette région bénéficie également d'une forêt dense et riche. C'est aussi le lieu d'un certain nombre de gisements pétroliers du pays.

    Malgré ces atouts énormes dans l'agriculture et la pêche voir même la forêt, les rendements sont restés faibles. Faibles pour l'agriculture du fait de la non utilisation des intrants améliorés et performants, des mauvaises pratiques culturales et du vieillissement des vergers et des planteurs. D'autres limites non directement imputables au secteur sont la déficience des infrastructures rurales de transport, le manque de structure de financement approprié et les coûts de commercialisation des produits élevés. Par ailleurs les contraintes qui freines l'éclosion du secteur de la pêche sont : la faible professionnalisation de la filière artisanale, le coût élevé d'acquisition de matériel d'exploitation et les difficultés de transport

    et de conservation des produits, et la pauvreté des eaux maritimes. La forêt quant à elle subit entre autre une exploitation frauduleuse et sauvage.

    Face aux contraintes et limites, et afin d'impulser la croissance dans la région Rurale Hauts plateaux, des axes d'intervention prioritaire dans le secteur agricole sont : une meilleure exploitation des débouchés que constituent le marché urbain intérieur et de la sous région, l'élaboration le lancement et l'organisation des programme spécifiques d'appui au développement des filières prioritaires comme l'ananas, la banane plantain, la pomme de terre, la gomme arabique et l'oignon. Un accent particulier sera mis sur la facilitation de la commercialisation et de l'exportation des produits frais grâce au désenclavement des zones de production à travers, la mise en place d'infrastructures routière et ferroviaire. L'appui à l'aménagement des marchés de gros, aussi bien au niveau des grandes zones de collecte qu'au niveau des grands centres de commercialisation et des marchés frontaliers, et l'amélioration des structures de conditionnement

    Il s'agit également de développer la pêche industrielle et artisanale qui sont des atouts compétitifs pour le Cameroun. Aussi l'amélioration de la productivité de la pêche artisanale passe par le regroupement des pêcheurs artisanaux, la formation, l'encadrement permanent des jeunes et la facilitation de leur accès à un matériel adéquat, l'exploitation efficiente des eaux nationales. La bonne gestion des forêts communautaires revêt une grande importance comme source de revenu pour les populations rurales. Il s'agit donc de lutter contre l'exploitation frauduleuse des ressources forestières ; préserver et stabiliser les écosystèmes forestiers, y compris l'aménagement des aires protégées ; mettre en oeuvre et réglementer des produits forestiers non ligneux (PFNL). Enfin il faudrait améliorer la gestion du secteur pétrolier, l'un des principaux supports de croissance dans ce pays. Par ailleurs la proximité de la ville de Douala, principale porte d'entrée et de sortie du pays, à ces régions de production constitue un atout important pour les opportunités d'exportations.

    Pour ce qui est de la région Rurale savane, elle est constituée des localités rurales des provinces septentrionales : Extrême-Nord, Nord et Adamaoua. C'est une région caractérisée par la coexistence d'une agriculture pluviale améliorée centrée sur la culture cotonnière, d'une agriculture traditionnelle associant céréales (sorgho, mils, maïs), arachides, oignon, riz et

    autres plantes, et d'une agriculture intensive à vocation également commerciale développée sur de petits périmètres irrigués. C'est également une région propice aux activités pastorales.

    La région Rurale Savane souffre cependant de nombreuses contraintes. Globalement il s'agit, de la faible irrigation de la région qui gène l'agriculture (avancée du désert); l'enclavement des zones de production et la faible connaissance des techniques de production ; la prévalence de parasitisme (mouche tsé-tsé) ; l'emploi quasi généralisé des feux de brousse incontrôlés et des problèmes fonciers ; la méconnaissance du secteur de l'élevage, la faible productivité des animaux laitier locaux.

    Pour véritablement valoriser les atouts de cette région un certain nombre d'actions peuvent être menées. Notamment l'amélioration des infrastructures de transport ; l'amélioration de l'hydraulique a travers la mise en place des mares, puits et autres forages ; la formation aux techniques agricoles ; la formation et la structuration des éleveurs et des agroéleveurs ; le développement d'activités d'embouche ou de production laitière.

    Il est important de relever que toutes les entreprises ci-dessus énoncées, ne sont pas à mettre à l'actif du seul gouvernement. Il est donc question ici d'une synergie d'actions. Ainsi l'Etat pourrait s'occuper des infrastructures de transport, de la formation des producteurs, l'établissement et le suivi d'une réglementation stricte par secteur. Les producteurs de leurs côtés pourraient s'organiser en coopératives ou autres PME et PMI, pour pouvoir améliorer leur productivité et réaliser la transformation de leurs produits pour accroître la valeur ajoutée. Cette organisation leur permettrait de bénéficier du soutien (formations, financements, etc...), des ONG locales et internationales, des établissements financiers voir même de l'Etat.

    À la suite de l'étude de Fambon et al (2001), qui affirme que la pauvreté est rurale, nous arrivons donc à la conclusion que les potentialités d'augmentation du bien-être social sont plus grandes en régions rurales (plus précisément Les régions Rural Hauts plateaux et Rurale Savane) qu'en régions urbaines. Corroborant ainsi l'idée des régions cibles de politiques économiques qui sont rurales. Mais notre conclusion vient de ce que l'inégalité lorsqu'elle est trop prononcée comme en régions urbaines, atténue fortement l'effet de la richesse. Une autre recommandation serait donc d'améliorer la qualité de la redistribution en

    régions urbaines, de manière à ce que celles-ci soient plus réceptives aux effets du bien-être induit par les régions cibles. Le combat contre la corruption et pour l'amélioration de la gouvernance en général apparaît à ce titre indispensable, et les régions de Douala et Yaoundé devraient être les principales cibles de ces politiques.

    Si les priorités sont accordées aux quatre régions si dessus citées, il ne s'agit pas d'isoler les autres régions. Car selon qu'il s'agit d'une région rurale ou d'une région urbaine, la nécessité d'un accroissement de l'investissement pour les régions rurales reste autant d'actualité, que celle d'une amélioration de la redistribution des revenus en régions urbaines. .

    7. 3. Perspectives de recherche future

    A l'issue de notre analyse, les débats et critiques autour du bien-être montrent que pour rendre compte du bien-être économique d'une société complexe, il faut inévitablement porter des jugements statistiques et éthiques. Le bien-être recouvre bien des aspects, dont l'appréciation diffère selon les observateurs. Il peut être particulièrement difficile de discerner, à partir d'un simple indice l'importance relative des jugements de valeur et des choix techniques dans la construction de l'indicateur. Dans l'optique de mieux capter le bien- être social au Cameroun, nous pourrons dans le cadre de nos recherches futures sur l'état du niveau de vie et de la qualité de vie au Cameroun, construire un indicateur multidimensionnel du bien-être économique.

    .

    BIBLIOGRAPHIE DE REFERENCE

    Aerts, J. -J., Cogneau, D., Herrera, j., de Monchy, G. et Roubaud, F. (2000), «L'économie Camerounaise : un espoir évanoui», Karthala.

    Arrow, K. (1963), « social choice and individual values », Wiley, New York.

    Azam, J. P. (2005), « Politique macroéconomique et réduction de la pauvreté », in Germain Djeunde, « Performances économiques des pays de la zone franc », presse Universitaire de Yaoundé, Yaoundé.

    Barre, R. (1969), « Economie politique 1 », édit° 1, Presse Universitaire de France, Paris. Baye, M. F. « Equity, Efficiency and social welfare Trends in Cameroon: A Gini-based

    Generalized Social Welfare Decomposition», the paper was submitted to the journal

    of African Economics for consideration for publication.

    Beitone, A., Cazorla, A., Dollo, C., et Drai, A. M. (2001), « Dictionnaire des Sciences Economiques », Armand Collin, Paris.

    Bertin, A. et al. (2007), « Mesurer la pauvreté multidimensionnelle dans un pays en développement », Démarche méthodologique et mesures appliquées au cas de l'Observatoire de Guinée Maritime ; Contribution pour la séance intitulée : Aspects méthodologiques : des définitions aux mesures.

    Chatterjee, S. and Podder, N. (2003), « Economic Inequality in colour: Ethnic dimensions of income distribution in New Zealand 1984-98 », Annual conference of the New Zealand association of economists, Sheraton hotel.

    Dagum, C. (1990), «Relationship between income inequality measures and social welfare functions», Journal of Econometrics, 43, 9 1-102.

    Dagum, C. (1993), «The social welfare cases of Gini and other inequality meaures», Statistica, 53, 3-30.

    Datt, G. et Ravallion, M. (1992), « Growth and Redistribution Components of Changes in

    Poverty Measures: A Decomposition with Applications to Brazil and India in the 1980s », Journal of Development Economics, vol. 38, n° 2, p. 275-295.

    Deaton, A. et Muellbauer, J. (1980), « Economics and consumer behaviour», Cambridge University press.

    Dipoko, K. (2001), « Amélioration de la pertinence et de la contribution des statistiques de l'alimentation et de l'agriculture aux programmes et stratégies de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté », Atelier conjoint sur le renforcement des systèmes nationaux de statistiques alimentaires et agricoles en Afrique, en appui aux politiques et programme de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté, Pretoria, Afrique du Sud.

    Fambon, S. et al. (2001), « pauvreté et répartition des revenus au Cameroun durant les années 90 », cahier de recherche, n°01-06 du CREFA, département d'économie, Université de Laval, Canada.

    Fambon, S. (2001), « Pauvreté croissance et redistribution au Cameroun », idrc.ca home Foster, J. E. et Sen, A. (1996), « on Economic Inequality», expanded edition.

    Gouvernement du Cameroun, (2002), « document de stratégie et de réduction de la pauvreté », Yaoundé.

    Gouvernement du Cameroun, (2003), « document de stratégie et de réduction de la pauvreté », Yaoundé.

    Gouvernement du Cameroun, (2005), « révision du document de stratégie et de réduction de la pauvreté », Yaoundé.

    INS, (2002), « Evolution de la pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001 », Yaoundé. Kamgnia, D. B., Douya, E., Ongolo, Z. V. et Leunkeu, S. (2003), « des stratégies de lutte

    contre la pauvreté au Cameroun : une analyse en équilibre général calculable »,

    Réseau de recherche : politique économique et pauvreté.

    Kanmi, F. D. (2007), « Pauvreté monétaire et activité de femmes sur le marché du travail : le rôle de la discrimination en genre au Cameroun », 6th PEP Research Network General Meeting Sheraton lima Hotel.

    Mukhopadhaya, P. (2001a), « The ordinal and cardinal judgement of social welfare changes

    in Singapore, 1982-99», department of Economics, National University of Singapore. Mukhopadhaya, P. (2001b), « A Generalized social welfare function, its decomposition and

    application », Working paper n° 0119, department of Economics, National University of Singapore.

    Mukhopadhaya, P. (2001c), « The trend of welfare disparity Among subgroups of population in Australia 1983-84, 1993-94 », Working paper n° 0115, department of Economics, National University of Singapore.

    Perret, B. (2001), « l'évaluation des politiques publiques », Collection repère, la découverte.

    Perret, B. (2002), « Indicateurs sociaux, état des lieux et perspectives », Séminaire Daris Paris.

    PNUD, (1998), « Rapport sur le développement humain au Cameroun »

    Podder, N. and Mukhopadhaya, P. (1995), « Welfare disparities among subgroups of population in Australia», Paper presented at 24th Annual conference of Economists, the University of Adelaide, Adelaide

    Podder, N and P. Mukhopadhyay (1999), «Welfare disparities among subgroups of

    population: the method of analysis with an application», Advances in Econometrics,

    Income Distribution And Scientific Methodology, Ed. D. J. Slottje, 87- 101.

    Podder, N. (1993), «A New Method of Disaggregating the Gini Index by groups», Sankhya,

    Series B, 55, 262-271.

    .Putnam, R. (1995), «Bowling alone: America's declining Social Capital», The Journal of Democracy.

    Ravallion, M. and Huppi, Monika (1992), «Measuring Changes in Poverty: A Methodological Case Study of Indonesia during an Adjustment Period», The World Bank Economic Review, Vol 5, N° 1, PP 57- 82.

    Rawls, J. (1987), « Théorie de la Justice », Paris, Seuil.

    Sharpe, A., Méda, D., Jany-Catrice, F. et Perret, B. (2003), «Débat sur l'Indice du bien-être économique », Travail et Emploi n° 93.

    Sen, A. K. (1974), «Informational bases of alternative welfare approaches: Aggregation of income distribution», Journal of Public Economics, 3, 3 87-403.

    Sen, A. K. (1976), «Real national income», The Review of Economic Studies, 43, 19-39 Sen, A. (1987), «The standard of living», Cambridge University press.

    Sen, A. (1992), «Inequality Re-examined», Harvard, Harvard University Press. Sen, A. (1995), «Inequality reexamined», Oxford India Paperbacks, p. 56.

    Sen, A. (1999), « La possibilité du choix social - Conférence Nobel »,

    Revue de l'OFCE n° 70.

    Sheshinski, E. (1972), «Relation between a social welfare function and the Gini index of inequality», Journal of Economic Theory, 4, 98-100.

    Shorrocks, A. F. (1980), « The class of Additively Decomposable Inequality Measures», Economitrica, 48,613-25.

    Touna, M. (2007), « L'Economie Camerounaise : un nouveau départ », extrait du projet éditorial paru dans le journal Repères n° 028 du 27 juin 2007.

    Varian, H. R. (1996), « Introduction à la microéconomie », 3e édition, De Boeck Université, Paris Bruxelles.

    Walzer, M. (1997), « Sphères de justice », le Seuil.

    Wikipedia, (17/10/2008), « Welfare economics », the free encyclopedia,

    online: //F:\Welfare_ economics.htm.

    Wikipedia, (17/10/2008), « Social Welfare function », the free encyclopedia, online: //F:\Social_Welfare_ function( 1 ).htm.

    Wodon, Q. et Yitzhaki S. (2002), « Techniques principales et questions interdisciplinaires», Vol 1, Programme des Études régionales pour l'Amérique latine et Banque Mondiale, Chapitre 2.

    Yitzhaki, S. (1979), « Relative deprivation and the Gini coefficient», Quarterly Journal of Economics, 93, 321-24.

    Yitzhaki, S. (1982), «Relative deprivation and the economic welfare», European Economic Review, 17, 19-113.

    ANNEXES

    Dérivation de l'équation (12)

    5 W > 0 Sx i

    Þ [ ] 0

    8 -

    p G

    (1 ) >

    axi

    x (2 1)

    Þ ( ) (1 ) 0

    å å

    é - -

    å i n x ù

    i i

    b -

    ê ú >

    S x i n x

    ê n

    ë û ú

    i

    é 0 (2 1) (2 1)

    -

    Þ b p b

    - - - + - -

    i n n p n i n x

    2

    1 å ù

    1 b i

    (1 )

    - +

    G p ê ú > 0

    ( ) 2

    n ê n x

    ë å û ú

    i

    b b

    - +

    (1 ) (2 1)

    - - - -

    G n p i n

    2 1

    ( )

    n p

    2

    +- -

    p n i n x

    b å (2 1) i

    Þ

    1 bp

    n

    1

    n

    4 2

    p

    2

    > 0

    Þ - + å - - > - -

    1 b b b

    - +

    1 4 2 2 1

    b p n p G p n i n x n p i n

    (1 ) (2 1) (2 1)

    i

    n

    Þ - + å - - > - -

    n p G p n i n x n p i n

    3 1 2 1

    b b b

    + +

    b (1 ) (2 1) (2 1 )

    i

    Þ - + å - - > - -

    1

    n G

    b i

    (1 ) (2 1) 2 1

    i n x i n

    np

    Þ b (1 - G ) +

    å (2 1) i 2 1

    i n x

    - - i n

    - -

    >

    n

    p n

    2

    Þb-b

    G G 2 - - 1

    i n

    + >

    n

    Pour i=1,2,..., n

    Dérivation de l'équation (20)

    W=p b (1-G)
    p b -p b G

    = å - å

    ( ) ( ( )

    n b

    n n

    i p C

    i i

    p p

    i i i i

    n n n

    Avec :

    np = å nip i et npG= å n i p i C i .

    Alors :

    1 n i Ci

    n

    aW å - å - å -

    n n n n

    = - - -

    b b b b b

    n

    ( ) ( 1)( ) ( )

    i 1 2

    i i i

    i

    p p p C p

    p n n n n n

    i i i i i

    i

    n

    n

    n i i i

    - ( - 1) - 2 - - 1

    b b b

    p pG p C i

    n

    n n

    1

    b b -

    = p

    1 [ i i i i ]

    b b b b b

    - - - - - -

    =

    n

    1 ( 1) 1 1

    p n p Gn p n C

    Ainsi donc on a l'élasticité :

    h

    W i

    p

    =

    W

    pi p W

    i

    [ ]

    b b b b b

    p n p Gn p n C p

    - - -

    1 1 ( 1) 1

    - - -

    i i i i i

    p G n

    b (1 )

    -

    [ ]

    b b

    n i Gn i n i C i p i

    - - -

    ( 1)

    p G n

    (1 )

    -

    [ ]

    b b

    n Gn n C n n p

    - - - + -

    i i i i i i i

    ( 1)

    p G n

    (1 )

    -

    [ ( 1) ( 1)

    b b

    - - -

    n Gn

    i i

    ] p n C p

    + -

    i i i i

    (1 )

    p

    (1

    -

    G n

    )

    [ ]

    p i n i Gn i

    (b 1)( )

    - -n i p i C i

    (1 )

    -

    +

    p G n
    (1 )

    - p G n

    (1 )

    -

    +

    ) n i p i C i

    (1 )

    -

    p i n i G

    (J3 1) (1

    - -

    p G n

    (1 )

    -

    p G n

    (1 )

    -

    +

    n

    = (b - 1)

    p i i

    p n

    n i p i C i

    )

    (1 -

    (1

    p G n

    - )






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille