INTRODUCTION GENERALE
Une des conditions essentielles de la survie d'une entreprise
ou plus généralement d'une organisation réside dans la
capacité de ses membres à agir de manière cohérente
et efficiente pour atteindre les objectifs poursuivis par l'organisation. Cette
nécessaire coordination des comportements peut être obtenue par
différents moyens.
Dans une très petite entreprise, le dirigeant peut
vérifier directement que les tâches se déroulent de la
manière qu'il juge appropriée. Mais la supervision du dirigeant
et l'ajustement mutuel entre les divers acteurs (H. Mintzberg, 1982) deviennent
rapidement inadaptés lorsque la taille de l'entreprise augmente. Certes
on peut souhaiter maintenir ces pratiques, mais on ne peut guère les
appliquer qu'à des parties de l'entreprise.
Il faut donc que la direction mette en place des dispositifs
permettant de suppléer à l'impossibilité d'appliquer
partout la supervision. Le choix de ces dispositifs vise à garantir la
qualité de l'organisation à travers la performance.
La performance peut être exprimée en termes
comptables et financiers, et dépend de la capacité à :
Ø se procurer des ressources au moindre coût,
> les préserver ainsi que le patrimoine,
> les utiliser de la manière la plus productive
possible.
La performance peut également avoir un
caractère plus général : c'est la capacité à
déterminer et à mettre en oeuvre de bonnes stratégies dans
le cadre des finalités qu'elle poursuit. Ces finalités sont
variées : il peut s'agir de devenir la plus grande entreprise du monde,
ou bien de rester une entreprise prospère dans une
spécialité, ou même d'être la plus apte à
atteindre les buts qu'elle s'est fixés. Une fois les finalités
définies, le succès dépend de l'aptitude à
définir les stratégies adaptées et à les mettre en
oeuvre.
Les dispositifs organisationnels doivent donc garantir le niveau
de la
performance dans ces deux domaines économique et
stratégique. On appelle contrôle interne l'ensemble de tels
dispositifs.
Il est souhaitable de tester périodiquement
l'efficacité et la pertinence de tel ou tel aspect du contrôle
interne. On appelle audit le processus consistant à étudier et
à évaluer le contrôle interne ou certains de ses aspects,
ainsi que les performances qu'on en attend. Le résultat qui en
découle permettra à son tour de juger de l'efficacité de
l'entreprise, car le défi de chaque entreprise de nos jours est
d'être compétitive afin de ne pas être évincée
du marché.
L'audit couvre un domaine de plus en plus vaste, dans lequel
les cabinets indépendants et les salariés de l'entreprise
interviennent de manière complémentaire. Dans l'histoire,
l'activité d'audit a principalement concerné l'examen des comptes
et l'audition des dirigeants qui en avaient la charge. L'apparition et le
développement rapide des capitaux n'ont fait que renforcer la
nécessité, pour les actionnaires et les bailleurs de fonds, puis
pour les tiers de disposer de comptes vérifiés,
révisés, certifiés par des professionnels
indépendants.
C'est pour cette raison que ceux ci s'intéressent de
plus en plus à la performance des entreprises pour lesquelles ils ont un
quelconque intérêt ; ils s'intéresseront de ce fait
à la performance financière de l'entreprise dans laquelle ils ont
décidé d'investir, à la rentabilité des capitaux
investis et donc au système de gestion des dirigeants. Le cas d'ENRON,
géant dans le monde de l'énergie sur le plan international,
où les nombreuses opérations risquées de
spéculations des dirigeants ont conduit l'entreprise à sa
faillite en est un exemple palpable. La chute d'ENRON a entrainé la
débauche de 4 500 salariés qui ont perdu à la fois leur
emploi et leur retraite. Les détenteurs de capitaux ont eux aussi perdu
leur mise et ce à cause du fait que le cabinet Arthur Andersen,
chargé de la certification des comptes l'a fait de manière
laxiste et subjective.
Le Conseil d'Administration de l'Institut Français
d'Audit et de Contrôle Interne (IFACI) a défini
l'audit interne comme étant une activité indépendante et
objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré
de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les
améliorer, et contribue à créer de la valeur
ajoutée. Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en
évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses
processus de management des risques, de contrôle, et de gouvernement
d'entreprise, et en faisant des propositions pour renforcer leur
efficacité. L'audit interne est donc une activité de
contrôle et de conseil qui permet d'améliorer le fonctionnement et
la performance d'une organisation.
Notre étude sera donc axée autour de l'audit
interne et de la performance. La question que l'on pourrait se poser de prime
à bord est celle de savoir comment la fonction d'audit interne
s'inscrit-elle dans une dynamique d'amélioration de la performance, et
ce dans le souci de pérenniser l'entreprise ?
Dans une forte majorité des cas, l'audit interne
consacre l'essentiel de ses activités à l'analyse des risques et
des déficiences existants dans le but de donner des conseils, de faire
des recommandations, de mettre en place des procédures ou encore de
proposer de nouvelles stratégies, en un mot l'audit interne comprend
toutes les missions qui ont pour but d'améliorer la performance de
l'entreprise (DAYAN A., 1999).
L'audit interne évalue des dispositifs organisationnels
visant à :
> l'économie : se procurer les ressources au moindre
coût,
> l'efficience : utiliser les ressources de la manière
le plus productive,
> l'efficacité : se comporter de manière
conforme aux objectifs,
des choix effectués dans l'entreprise à tous les
niveaux et/ou l'évaluation des résultats obtenus de ces
dispositifs.
C'est pourquoi le questionnement, que nous avons
dégagé de cet objet est celui de savoir comment l'audit
interne contribue t-il à l'atteinte des objectifs financiers que
l'entreprise s'est au préalable fixés et dont dépend son
succès ?
Une analyse approfondie de notre problématique nous a
amené à nous poser les questions suivantes :
> Comment évalue-t-on la performance d'une
entreprise ?
> Comment l'audit interne contribue-t-il à la
performance de l'entreprise ?
> Comment les recommandations fournies par les
auditeurs internes peuvent-elles accroitre l'efficacité des
opérationnels et l'efficience de l'organisation ?
A cet effet, nous avons émis les propositions de
recherche suivantes :
> La performance d'une entreprise peut être
évaluée à travers sa capacité à atteindre
les objectifs qu'elle s'est fixée.
> L'audit interne peut contribuer à rendre
l'entreprise davantage performante en évaluant les systèmes de
management, de contrôle interne et de gestion financière de
celle-ci, en donnant des recommandations et des conseils.
> La performance d'une entreprise peut être
accrue grâce au respect scrupuleux des recommandations des auditeurs par
les opérationnels, et aussi par un suivi permanent de l'application de
celles-ci.
Pour mener à bien cette étude, notre
démarche méthodologique s'est inscrite dans une
approche qualitative. Nous avons fait une étude de cas unique en raison
de la délicatesse de l'objet de l'étude. Contrairement à
une étude de cas multi-sites qui ne nous aurait fourni que des
informations superficielles dans le domaine, l'étude de cas mono-site
nous a permis de mieux cerner tous les contours du sujet, de mener notre
étude de manière profonde et précise, nous permettant
ainsi de collecter des données probantes et significatives.
En premier lieu, nous avons abordé le sujet par
l'étude d'un cas dans lequel nous avons suivi d'un bout à l'autre
le processus d'audit interne. L'unité choisie appartient au secteur
bancaire. Nous avons porté notre attention vers la banque parce qu'elle
est une entreprise particulièrement risquée, sensible de par son
caractère d'intérêt public, tout ceci la soumettant ainsi
à une réglementation toute particulière. Henri bouquin
(2008) l'a d'ailleurs qualifié d' « organisation complexe ».
Si nos propositions de recherche sont vraies dans une organisation complexe,
elles le seront aussi dans une organisation classique.
Ensuite, une étude antipode auprès de trois
entreprises du secteur de la micro finance nous a permis non pas de comparer
les résultats avec ceux du cas, mais plutôt de d'apporter des
éléments nouveaux à notre étude.
L'intérêt de ce travail est de
fournir aux banques et plus précisément aux opérationnels
des banques des éléments qui leur permettront de comprendre le
bien fondé de l'audit interne ; les amener à ne plus voir les
auditeurs uniquement comme des « gendarmes de l'entreprise », mais
aussi comme des individus qui agissent dans l'intérêt de tous, et
qui par leurs conseils et leur recommandations, permettent à
l'entreprise de créer davantage de valeur
ajoutée, la menant ainsi vers une meilleure performance.
Par ailleurs, ce travail pourrait permettre aux dirigeants des
banques de ne plus considérer l'audit interne comme une contrainte
réglementaire établie par la COBAC, mais comme une fonction
essentielle et nécessaire qui pourrait avec l'apport des autres
fonctions de l'entreprise, l'ériger de plus en plus haut ; le contexte
économique actuel nécessite en effet que chaque entreprise ait
par devers elle un dispositif lui permettant d'évoluer vers une
amélioration constante et continue de ses performances.
Notre étude est bâtie autour de deux grands axes
organisés en quatre chapitres :
En premier lieu nous présentons les bases
théoriques concernant l'audit interne et la performance. Ensuite, nous
établissons un lien théorique entre l'audit interne et la
performance financière, ceci en recensant des éléments
mettant en relief l'amélioration de la performance financière
grâce à l'audit interne.
En second lieu, nous montrons son application à travers
un cas et des enquêtes, ceci après avoir présenté la
méthodologie qui nous a permis de collecter les données dans le
site de l'étude.
PREMIERE PARTIE : LA PERFORMANCE PAR
L'AUDIT INTERNE
Cette partie présente les bases théoriques
concernant l'audit interne et la performance, en vue d'établir par la
suite un lien théorique entre l'audit interne et la performance
financière, par le recensement d'éléments mettant en
relief l'amélioration de la performance financière grâce
à l'audit interne.
CHAPITRE I : GENERALITE SUR L'AUDIT INTERNE ET LA
PERFORMANCE
L'audit interne et la performance sont deux notions aussi
complexes l'une que l'autre. Il est donc nécessaire, pour éviter
toute ambigüité, de bien cerner les contours théoriques. A
cet effet, la première section a été consacrée aux
généralités sur l'audit interne, et la deuxième
à la notion de performance dans l'entreprise.
Section 1 : Généralités sur l'audit
interne
1- Audit interne, notions voisines et types
d'audit
Nous présenterons dans cette section la notion d'audit
interne dans sa globalité, ensuite des notions proches de l'audit afin
d'éviter les confusions entre elles.
1-1- Audit interne et le contrôle
interne
L'audit interne est parfois assimilé au contrôle
interne qui, en fait ne constitue qu'un champ sur lequel s'appuie l'audit pour
se déployer. Nous verrons donc dans ce titre les différentes
définitions et les particularités de l'un et l'autre.
1-1-1- Audit interne a- Définition
Selon l'Institut Français de l'Audit et du
Contrôle Interne (IFACI1), l'audit interne est une
activité indépendante et objective qui donne à une
organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses
opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer et
contribue à créer de la valeur ajoutée. Il aide cette
organisation à atteindre ses objectifs en évaluant par une
approche systémique et méthodique, ses processus de management
des risques, de contrôle et de gouvernement d'entreprise et en faisant
des propositions pour renforcer leur efficacité. C'est une
activité de contrôle et de conseil qui permet d'améliorer
le fonctionnement et la performance d'une organisation. Activité
stratégique, l'audit interne est exercé à
l'intérieur de l'organisation, même si le recours à des
prestataires extérieurs est parfois nécessaire.
L'audit interne est centré sur les enjeux majeurs de
l'organisation et ses missions d'expression d'assurance portent sur
l'évaluation de l'ensemble des processus, fonctions et opérations
de celle-ci et plus particulièrement sur les processus de management des
risques, de contrôle et de gouvernement d'entreprise2.
1 Chapitre français de l'IIA (Institute of
Infernal Auditors).
2 Le gouvernement d'entreprise vise à mettre en
place des principes directeurs en matière de développement et de
fonctionnement efficace du secteur de l'entreprise
Ces rôles de conseil auprès de la Direction
Générale et des directions opérationnelles et
fonctionnelles, s'exercant dans le cadre de normes particulièrement
exigeantes, contribuent grandement à créer de la valeur
ajoutée. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'IFACI dans son article
intitulé Prise de position (2001)
déclare : « Si le premier rôle de l'audit interne est de
donner à un établissement une assurance sur le degré de
maîtrise de ses opérations, son rôle de conseil ne doit pas
pour autant être négligé ».
b- Objectifs de l'audit interne
L'audit interne a bout but d'assister les dirigeants dans
leurs fonctions quotidiennes en mettant à leur disposition des
informations pertinentes en temps réel.
Ainsi, l'audit interne a pour objectif de :
· Apprécier le contrôle interne,
· Assurer la qualité des informations internes,
· Inciter le personnel,
· Améliorer et vérifier la bonne application
des procédures,
· S'assurer de l'application des instructions de la
Direction,
· S'assurer de l'utilisation raisonnable des ressources
c- Place de l'audit interne dans la structure
organisationnelle
Activité indépendante, l'audit interne est
rattaché à la Direction générale et a une relation
forte avec le Comité d'audit3. La fonction d'audit constitue
un élément majeur de la surveillance en continu du contrôle
interne, parce qu'elle fournit une évaluation indépendante du
caractère adéquat des politiques et procédures
établies et du respect de la conformité à ces
dernières. Il est donc essentiel et même indispensable que la
fonction d'audit soit indépendante du fonctionnement de l'entreprise
au
3 Organe indépendant chargé
d'assister le conseil d'administration dans l'exercice de ses fonctions. Il a
pour tâche de s'assurer de la fiabilité et de l'exactitude de
l'information et des rapports adressés au conseil d'administration. Il
est généralement responsable du suivi du processus de
communication financière et de système de contrôle interne.
Dans le secteur bancaire, il est particulièrement attentif aux
activités du service de l'audit auquel il sert de contact direct.
quotidien et qu'elle ait accès à l'ensemble des
activités conduite par l'entreprise, y compris dans les succursales et
les filiales.
C'est pour cette raison qu'elle doit, pour un meilleur
fonctionnement de l'entreprise, dépendre du conseil d'administration,
tout en rendant compte à la Direction Générale et au
comité d'audit. De cette manière, les auditeurs internes
procurent des informations fiables et objectives sur les activités
(Bâle, 1998).
1-1-2- Contrôle interne
a- Le concept de contrôle interne
Les définitions du contrôle interne sont
nombreuses et ont eu le plus souvent comme auteurs des organisations
professionnelles de comptables. Il en est ainsi de la définition du
contrôle donnée en 1977 par le Contrôle de l'Ordre des
Experts Comptables : « Le contrôle interne est l'ensemble des
sécurités contribuant à la maîtrise de l'entreprise.
Il a pour but d'un côté d'assurer la protection, la sauvegarde du
patrimoine et la qualité de l'information, de l'autre l'application des
instructions de la direction et de favoriser l'amélioration des
performances. Il se manifeste par l'organisation, les méthodes et les
procédures de chacune des activités de l'entreprise, pour
maintenir la pérennité de celle-ci ».
La plupart des entreprises ont mis en place leur propre
système de contrôle interne sans s'appuyer sur un
référentiel spécifique. Mais à la suite de nombreux
scandales financiers qui ont secoué les entreprises dans le monde entier
et notamment aux Etats-Unis à la fin des années 90 et au
début des années 20004, les Etats Unis ont
adopté la loi Sarbanes Oxley Act (SOX). L'article 404 de cette loi exige
que la Direction Générale engage sa responsabilité sur
l'établissement d'une structure interne comptable et financier et
qu'elle évalue, annuellement, son efficacité au regard d'un
modèle de contrôle interne reconnu ; les commissaires aux comptes
étant chargés de valider cette évaluation.
Le 1er août 2003, la Loi sur la
Sécurité Financière (LSR) promulguée en France
était selon les autorités françaises une réponse,
à la fois politique et technique, à la
4 Scandales Enron, Pramalat...
crise de confiance dans les mécanismes du marché
et aux insuffisances de régulation dont le monde économique a
pris conscience depuis un certain temps.
b- Principes et organisation d'un système de
contrôle interne bancaire
L'Ordre des Experts Comptables (OEC) a défini en 1977
un certain nombre de règles et de principes définis sur
lesquelles repose le contrôle interne. Il s'agit notamment de :
· l'organisation, établie
par la direction ;
· l'intégration, mise en
place d'un système d'autocontrôle ;
· la permanence :
pérennité des systèmes de régulation ;
· l'universalité : le
contrôle interne concerne toutes les personnes de l'entité ;
· l'indépendance : le
contrôle est indépendant des méthodes,
procédés et moyens de l'entité ;
· l'harmonie : adéquation
du contrôle externe aux caractéristiques de l'entité et de
son environnement ;
· l'information : critère
de pertinence, d'utilité, d'objectivité et de
communicabilité.
La réglementation indique les meilleures pratiques en
matière de contrôle mais ces pratiques ne seront opérantes
que si elles s'inscrivent dans le respect de plusieurs principes :
> Les fonctions et tâches
incompatibles
Il importe qu'une séparation stricte des fonctions
soient établie ; non seulement les organes de contrôle doivent
être identifiés avec des missions clairement
précisées mais de plus, la distinction
autorisation/exécution/contrôle doit être assurée,
d'où :
· La séparation absolue entre les services
opérationnels qui initient les opérations (agences...) et les
services administratifs qui assurent le traitement comptable et la conservation
des justificatifs (back office) ;
· La délimitation précise des
compétences de chacun par le biais de délégations de
pouvoirs clairement définis ;
· L'enregistrement obligatoire et immédiat de toutes
les opérations.
> La compétence des
contrôleurs
Les organes en charge du contrôle doivent recevoir une
formation approfondie, notamment lorsque les opérations qu'ils doivent
vérifier sont complexes et réclament un suivi précis en
matière de risque.
> L'exhaustivité des
contrôles
Toutes les activités, toutes les opérations,
toutes les composantes de l'établissement de crédit doivent faire
l'objet de contrôles réguliers, il ne saurait y avoir de
sanctuaires auxquels les contrôleurs ne s'appliqueraient pas.
> Le réexamen des systèmes de
contrôle
Les évolutions rapides en matière de
technologie, de techniques financières, de législation commandent
un réexamen régulier de procédures de contrôles afin
qu'elles restent en phase avec leur objet.
c- Organisation du contrôle interne dans les
banques
Habituellement, elle repose sur la distinction de deux niveaux.
Une fonction de conformité doit également être mise en
place.
> Le contrôle de premier
degré
Au niveau des unités opérationnelles, le
contrôle de premier degré s'appuie sur un manuel des
procédures, une procédure permettant la réalisation d'une
opération conformément aux normes fixées par la banque.
Pour toutes les opérations le manuel indique :
- Les étapes successives et logiques du traitement ;
- La responsabilité de chaque intervenant dans la
chaîne de traitement ; - L'enregistrement comptable des informations et
leur restitution
- Les procédures de contrôle
> Le contrôle de second
degré
C'est un contrôle inopiné et à
postériori des opérations, réalisé
fréquemment de façon transversale et périodique
(engagements, trésorerie, gestion actif-passif...) dont le rôle
est :
- D'évaluer l'opportunité des opérations
;
- De suivre les risques qui s'y attachent, compte tenu des
délégations de pouvoir accordées ;
- D'éclairer les organes dirigeants sur la
réalisation des objectifs du contrôle interne.
Les rapports d'activité, les tableaux de bord, les
indicateurs de performance, les rapports thématiques sont les
instruments habituels de ce type de contrôle.
Ce contrôle, requiert un organe spécialisé
qui, d'un établissement à l'autre, s'appelle inspection
générale ou audit interne.
1-2- Différents types d'audit
Nous avons répertorié parmi les différents
types d'audit trois principaux types à savoir l'audit financier, l'audit
opérationnel et l'audit juridique.
1-2-1- Audit financier
L'audit comptable et financier est un examen des états
financiers de l'entreprise, visant à vérifier leur
sincérité, leur régularité, leur conformité
et leur aptitude à refléter l'image fidèle de
l'entreprise. L'audit comptable et financier est la forme moderne de
contrôle, de vérification, d'inspection, de surveillance des
comptes, en apportant une dimension critique.
Toute information comptable et financière peut avoir
des conséquences graves sur l'entreprise, aussi est-il nécessaire
pour les dirigeants de s'assurer de la sincérité des
informations. Les préoccupations d'une révision pour les
dirigeants sont le plus souvent :
· les besoins d'une information financière fiable
avant de la présenter à des tiers ou aux associés,
· l'appréciation de l'organisation comptable
actuelle afin d'en déceler les insuffisances et de les
améliorer,
· la nécessité d'éviter des fraudes et
des détournements.
1-2-2- Audit opérationnel
L'audit interne tend à s'enrichir et s'étend
désormais au-delà de l'audit financier pour assurer les missions
d'audit opérationnel. L'audit opérationnel ayant pour objectif
l'analyse des risques et des déficiences existants dans le but de donner
des conseils, de faire des recommandations, de mettre en place des
procédures ou encore de proposer de nouvelles stratégies, en un
mot l'audit opérationnel comprend toutes les missions qui ont pour objet
d'améliorer la performance de l'entreprise (DAYAN A., 1999).
L'audit opérationnel comporte la vérification
du caractère adéquat et de l'efficacité des
systèmes et procédures internes ainsi que l'analyse des
structures d'organisation et de l'attribution des responsabilités afin
de vérifier que les objectifs fixés par le top management son
atteints à moindre coût. Cet audit fait recours essentiellement
à l'évaluation d'une organisation du point de vue de la
performance de son fonctionnement et de l'utilisation des ressources
La mise en oeuvre de l'audit opérationnel
nécessite une bonne compréhension de l'entreprise en tant que
projet, de son organisation (organisation du travail, et organisation
administrative, organisation comptable), de son système de
contrôle interne.
D'après RAFFEGEAU et al (1989), l'audit
opérationnel aura pour objectif de :
· Juger la qualité de l'information ;
· Juger les performances et l'efficacité.
Dans le champ de l'audit opérationnel, on inclura : -
l'audit des contrôles opérationnels
- l'audit de gestion
- l'audit de stratégie
a- Audit des contrôles
opérationnels
Il permet de juger l'entreprise sur l'efficacité et la
performance des systèmes d'information et d'organisation mis en place
pour son activité et les méthodes de direction. Cela conduira
à l'appréciation du contrôle interne.
b- Audit de gestion
Il permet de juger l'entreprise sur ses résultats (les
ressources ont-elles été utilisées de manière
optimale pour atteindre les objectifs rationnels ?). Compte tenu des
préoccupations de performance, le contrôle de gestion (en tant que
structure mise en place par la direction pour mesurer les performances) sera
particulièrement examiné.
c- Audit de stratégie
Il permet de juger si le projet au sein de l'entreprise est
toujours maîtrisé, l'audit s'appliquera en particulier aux projets
d'investissement et à la qualité de la stratégie
appliquée.
1-2-3- L'audit juridique et fiscal
Bouquin H. (2008) définit l'audit juridique comme
étant l'audit du « juridisme » de l'entreprise et par
juridisme, on entend les propositions suivantes :
- L'organisation doit avoir une politique et des modes
organisationnels qui définissent ses relations au droit, au
réglementaire et au fiscal ;
- L'organisation doit être sensibilisée au fait
de n'avoir qu'une emprise faible sur une partie du droit, du
réglementaire et du fiscal, par suite de leur dilution dans les
opérations et entre les agents qui les traitent, parfois sans avoir
même conscience que ces opérations sont porteuses de droit ;
- L'organisation doit avoir conscience qu'elle crée ses
propres règles de « jurisprudence interne » et que celles-ci
peuvent se trouver remises en jeu lors d'opérations de rapprochement, ou
de scission ;
- La présence d'une forme de droit pour toute
opération, tout acte, tout service rendu ou à rendre ;
- La nécessité de trouver, dans ce contexte, des
aires de moindre déséquilibre juridique minimisant les risques et
optimisant les opportunités.
2- Normes et réglementation en matière de
système de contrôle
Notre étude concernant spécifiquement les
établissements de crédit, il nous a semblé judicieux de
présenter d'abord la particularité de ceux-ci, étant
donné que leur fonctionnement diffère quelque peu de celui des
entreprises classiques- avant de présenter les normes proprement
dites.
2-1- Particularité des établissements de
crédit
Les établissements de crédit diffèrent
principalement des autres entreprises par la nature de l'activité,
l'organisation et le type de risques auxquels ils sont sujets.
2-1-1- Activité bancaire
La loi bancaire5 du 24 janvier 1984 définit
un établissement de crédit comme étant tout
établissement habilité à effectuer les opérations
de banque ainsi que des opérations connexes à leurs
activités. Par opération de banque on entend :
- la perception des fonds publics ;
- la distribution du crédit
- la délivrance de garanties en faveur d'autres
établissements de crédit - la mise à disposition et la
gestion des moyens de paiement.
La banque a pour activité principale la collecte de
l'épargne et l'octroi des crédits. Une répartition
spatiale des activités de celle-ci nous fait distinguer
l'activité domestique en matière de dépôt et de
crédits, et l'activité internationale entendue ici comme le fait
pour une banque d'avoir des agences filiales à l'étranger et/ou
une banque dont les opérations vis-à-vis des non résidents
dépassent le tiers du total du bilan (Coussergues, 2007).
2-1-2- Risques de l'activité bancaire
La faillite des banques a pour cause principale la
défaillance des clients qui ont bénéficié de
crédits. Quelques pertes consécutives aux défaillances du
client sont
5 Loi bancaire française relative à
l'activité et au contrôle des établissements de
crédit. Elle a été modifiée à de nombreuses
reprises et intégrée au code monétaire et financier en
2000.
malheureusement inévitables et inhérentes au
métier de banquier, défini comme métier de risques.
Il existe deux types de pertes :
> les pertes consécutives aux faiblesses du
système de contrôle interne et de l'organisation ;
> les pertes inhérentes à l'activité de
crédit.
Si ces dernières s'expliquent, les premières ne
s'expliquent pas du tout. Elles sont dues pour la plupart à :
· une insuffisance de la maîtrise des risques :
- absence de politique générale claire et
cohérente ;
- concentration des risques ;
- étude insuffisante des dossiers de crédit ;
- laxisme dans le système d'autorisation des
crédits ;
- faiblesses et insuffisances de la fonction de contentieux.
- une insuffisance de la maîtrise administrative :
ü mauvaise organisation ;
ü négligence de la prise de garantie et leur suivi
;
ü absence de séparation des tâches;
ü défaillance du système informatique ;
ü recouvrement tardif ;
ü absence de suivi des impayés.
Pour mieux comprendre cette notion de risque, il est
nécessaire d'en maîtriser tous les contours à savoir ses
origines et les principaux types de risques.
a- Définition
Daniel Bernoulli, en 1738, dans Specimen theoriae novae de
mensura sortis apporte la première définition scientifique
du risque: « le risque est l'espérance mathématique d'une
fonction de probabilité d'événements ». En termes
plus simples, il s'agit de la valeur moyenne des conséquences
d'événements affectés de leur probabilité.
Selon Marie-Claude DELAVEAUD (2003), Le risque est un
danger éventuel, plus ou moins mesurable, visant des biens et des
activités précises et ayant des conséquences dommageables
pour l'entreprise
Pour CONSO et HEMICI (2003), Le risque se manifeste par un
événement dommageable pour l`entreprise, de caractère
exceptionnel, non prévu, d'un degré de probabilité inconnu
pour un caractère isolé, mais mesurable statistiquement pour un
grand nombre ; c'est le risque accidentel. Le risque naît aussi
de l'incertitude du futur et en particulier de l'incertitude quant à
l'évolution de l'environnement de l'entreprise sous ses
différents aspects : ce risque est inhérent à
l'activité et aux choix de gestion des dirigeants. L'entreprise
présente un risque d'entreprise considéré comme
le risque global supporté par les différentes composantes
économiques et financières de l'entreprise. Il existe
également un risque groupe spécifiquement lié
à la décentralisation des activités
opérationnelles, à l'existence de filiales juridiquement
autonomes et à l'usage de monnaies différentes.
L'IIA quand à lui définit le risque comme
étant la possibilité que se produise un évènement
susceptible d'avoir un impact sur la réalisation des objectifs. Le
risque se mesure en termes de conséquences et de probabilités.
b- Les risques liés à l'activité
bancaire
L'activité bancaire est sujette à plusieurs
types de risques du fait du volume de ses transactions avec les divers
partenaires. On peut citer comme principaux risques le risque de contrepartie,
le risque de marché, le risque opérationnel, le risque
d'insolvabilité et le risque de liquidité.
> Le risque de contrepartie
Il s'agit d'un risque inhérent à
l'activité d'intermédiation traditionnelle et qui correspond
à la défaillance de la contrepartie sur laquelle une
créance ou un engagement est détenu (Coussergues, 2007). De ce
fait la banque subit une perte en capital (créance non
remboursée) et en revenu (intérêts non perçus),
perte qui est considérablement plus importante que le profit
réalisé sur cette même contrepartie
non défaillante dans ce risque également
désigné sous l'appellation de risque de
crédit, ou de risque de
signature.
Le risque de contrepartie comporte deux aspects : un aspect
externe lié à l'insolvabilité de l'emprunteur et un aspect
interne qui tient à la façon dont la banque organise la fonction
de distribution du crédit.
· L'insolvabilité de
l'emprunteur
L'insolvabilité de l'emprunteur peut avoir diverses
origines ; l'origine peut être d'ordre général (tremblement
de terre dans sa zone d'activité), professionnelle (innovations dans le
secteur ...), personnel c'est-à-dire propre à l'emprunteur (plus
fréquent et plus difficile à cerner), et enfin lié
à sa localisation géographique (risque pays6).
· L'organisation de la banque
Le risque de crédit peut également découler
de la manière avec laquelle la banque organise l'octroi du
crédit. Il peut donc être inhérent à :
- La politique de crédit : objectifs, taux
d'intérêts, délégations de pouvoir dans la prise de
décision lors d'un comité de crédit.
- Les procédures de traitement des dossiers de
crédit : l'étude de la demande de crédit, le suivi du
dossier de crédit, le contrôle interne du risque de
contrepartie.
> Le risque de marché
Les risques de marché sont issus d'une
évolution défavorable du prix d'un actif en général
négocié sur un marché et qui n'a pas comme origine la
détérioration de la solvabilité de l'émetteur de
l'actif, sinon on est renvoyé au cas risque de contrepartie. On
distingue trois catégories de risques de marché :
· Le risque de taux
d'intérêt qui est issu de la détention de
créances et dettes dont la date de modification des taux
d'intérêt qui leur sont attachés ne coïncident pas,
sachant que pendant ce laps de temps les taux peuvent évoluer à
la hausse comme à la baisse.
6 Il recouvre d'abord toutes les composantes du
risque de contrepartie : catastrophe naturelle, crise politique ou
économique, insolvabilité propre de l'emprunteur. Il
présente toutefois une composante supplémentaire, liée
à la situation monétaire de du pays dans lequel l'emprunteur est
installé.
· Le risque de change qui
résulte d'une évolution défavorable du cours d'une
devise dans laquelle la banque détient des créances et des
dettes.
· Le risque de position sur
actions qui est lié à l'évolution défavorable du
cours des actions figurant dans le portefeuille-titres de la banque.
> Le risque opérationnel
Le comité de Bâle sur le contrôle
bancaire7 définit le risque opérationnel comme
étant le risque de pertes résultant de carences ou de
défauts attribuables à des procédures, personnels et
systèmes internes ou à des évènements
extérieurs. Cette définition inclut les risques
juridiques8 et exclut le risque stratégique9 et de
réputation10.
Certains risques sont plus liés à l'organisation
de la banque qu'à l'emprunteur ; il s'agit des risques
d'insolvabilité et d'illiquidité de la banque.
> Le risque d'insolvabilité
Il concerne la survie de la banque et est en
général la conséquence de la manifestation d'un ou de
plusieurs risques que la banque n'a pas pu prévenir. On constate de
même que l'insolvabilité d'une banque débute classiquement
par une crise de liquidité car dès que les marchés
commencent à se défier d'un établissement sur la foi
d'informations vérifiées ou non sur des pertes
élevées, celui-ci ne peut plus se refinancer. L'analyse du risque
d'insolvabilité repose sur plusieurs facteurs :
7 Le comité de Bâle sur le
contrôle bancaire a été institué en 1975 par les
gouverneurs des banques centrales des pays du groupe de dix, rassemblant les
autorités de contrôle des banques. Il est composé de hauts
représentants des autorités de contrôle bancaire et banques
centrales d'Allemagne, de Belgique, du Canada, des Etats-Unis, de France,
d'Italie, du Japon, du Luxembourg, de Pays-Bas, du Royaume-Uni, de Suède
et de Suisse. Ses réunions ont habituellement pour cadre la Banque des
règlements internationaux, à Bâle, siège de son
secrétariat permanent.
8 Risque de tout litige avec une contrepartie
résultant, notamment, de toute imprécision, lacune ou
insuffisance de nature quelconque susceptible d'être imputé
à l'établissement au titre de ses opérations. Exposition
à des amendes, pénalités et dommages pour fautes
résultant de l'exercice de surveillance prudentielle ainsi que de
transactions privées.
9
10 Le risque de réputation, ou risque d'image,
correspond à l'impact que peut avoir une erreur de gestion sur l'image
de cette organisation. La réputation d'une entreprise se mesure par
l'excédent de valeur de l'organisation sur la valeur de ses actifs
physiques. Ainsi, dans les pays développés, et étant
donné la place des marchés financiers, on estime que l'image
représente environ 60 % à 70 % de la valeur des entreprises. Il
est nécessaire d'intégrer l'impact sur la réputation dans
l'analyse des vulnérabilités.
· La solidité financière de la
banque
Elle dépend du montant des fonds propres qui dans la
banque jouent le rôle d'un matelas en cas de risques évoluant de
façon adverse et imprévue.
· La qualité de
l'actionnariat
Les actionnaires de référence jouent un
rôle déterminant pour assurer la survie de la banque en
difficulté. A cet égard, la banque à actionnariat
dispersé (banque cotée en bourse, par exemple) est plus fragile
qu'une banque de groupe.
· La place de l'établissement de
crédit dans le système bancaire
Le risque de solvabilité présenté par les
banques de grande taille est bien moindre que celui des établissements
de petite dimension. Les autorités de tutelle ne permettraient pas la
faillite d'une grande banque en raison des effets de contagion qui sont
à redouter : elles interviennent la plupart du temps en tant que
prêteur de dernier ressort.
> Le risque de liquidité
Encore appelé risque d'illiquidité, il
résulte de la transformation des échéances par la banque.
Il s'agit également d'un risque inhérent à
l'activité d'intermédiation traditionnelle puisque le terme des
emplois et toujours plus long que celui des ressources, surtout lorsqu'il
s'agit des dépôts de la clientèle. La banque incapable de
faire face à une demande massive et imprévue de retraits de fonds
de la clientèle ou d'autres établissements de crédit est
dite illiquide. La réglementation bancaire encadre ce risque grâce
au rapport de liquidité.
Cette brève présentation du secteur bancaire nous
amène à nous poser des questions sur la réglementation
concernant l'audit dans le secteur bancaire.
2-2- Normes et règlements
En matière de normes et règlements dans les
systèmes de contrôle de l'entreprise, plusieurs organismes ont
énoncé des règles à suivre pour le bon
fonctionnement de celle-ci. Il s'agit principalement de l'IIA dans ses
«Normes professionnelles pour la pratique de l'audit interne », le
Comité de Bâle sur le contrôle bancaire dans le «Cadre
pour les systèmes de contrôle interne dans les organisations
bancaires », ainsi que la Commission Bancaire d'Afrique
Centrale dans son règlement COBAC R-2001/07 relatif au contrôle
interne dans les établissements de crédit.
2-2-1- Normes IIA
L'activité d'audit interne est conduite dans
différents environnements juridiques et culturels, dans des
organisations dont l'objet, la taille, et la structure sont divers, ainsi que
par des professionnels de l'audit, internes ou externes à
l'organisation. Ces différences peuvent influencer la pratique de
l'audit interne dans chaque environnement. C'est pour cette raison que l'IIA a
énoncé un certain nombre de normes dites « Normes pour la
pratique professionnelle de l'audit interne », pour que les auditeurs
internes puissent s'acquitter de leurs responsabilités. Ces normes ont
pour objet de :
- définir les principes de base que la pratique de l'audit
interne doit suivre ;
- fournir un cade de référence pour la
réalisation et la promotion d'un
large éventail d'activités d'audit interne
apportant de la valeur ajoutée ; - établir les critères
d'appréciation du fonctionnement de l'audit interne ; - favoriser
l'amélioration des processus organisationnels et des
opérations.
On distingue de ce fait les normes de qualification, les normes
de fonctionnement et les nomes de mise en oeuvre.
Les normes de qualification énoncent les
caractéristiques que doivent présenter les organisations et les
personnes accomplissant les activités d'audit interne.
Les normes de fonctionnement décrivent la nature des
activités d'audit interne et définissent les critères de
qualité permettant d'évaluer les services fournis.
Les normes de mise en oeuvre quant à elles
déclinent les normes de qualification et les normes de fonctionnement
à des missions spécifiques (par exemple un audit de
conformité, une investigation dans un contexte de fraude ou des travaux
d'autoévaluation du contrôle interne). Les normes de mise en
oeuvre sont établies pour les activités d'assurance et pour les
activités de conseil.
2-2-2- Recommandations du comité de
Bâle
a- Généralités
Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire
a publié en 1998 le « Cadre pour les systèmes de
contrôle interne dans les organisations bancaires ». Cet article
régit la mise en place et les conditions de réussite d'un
système de contrôle interne en milieu bancaire, le système
de contrôle interne étant principalement constitué du
contrôle interne en amont et de l'audit interne en aval. Il énonce
d'ailleurs dans son préambule qu'une banque, en se dotant de
systèmes de contrôles interne rigoureux, pourra mieux
réaliser ses buts et ses objectifs de rentabilité à long
terme, en assurant également la fiabilité de sa communication
financière tant externes qu'à sa direction. Le comité de
Bâle, conjointement avec les autorités de contrôle bancaire
du monde entier, insiste de plus en plus sur l'importance de contrôles
internes sains. Cet intérêt accru s'explique en partie par les
pertes substantielles subies par plusieurs organismes bancaires. L'analyse des
problèmes liés à ces pertes montre qu'elles auraient
probablement pu être évitées si les banques avaient
été dotées de systèmes de contrôle efficaces.
De tels systèmes auraient en effet empêché l'apparition de
ces problèmes, ou permis de détecter, limitant ainsi les dommages
causés aux établissements bancaires.
b- Objectif et rôle du système de
contrôle interne. > Rôle du contrôle interne
Le comité de Bâle (1998) définit le
contrôle interne comme étant un processus mis en oeuvre
par le conseil d'administration, la direction générale et tous
les niveaux du personnel. Il ne s'agit pas seulement d'une procédure ou
d'une politique appliquée à un moment donné, mais
plutôt d'un système qui fonctionne à tous les niveaux en
continu dans la banque. Il définit donc les objectifs du processus de
contrôle interne comme suit:
- efficience et efficacité des activités (objectif
de performance)
- fiabilité, exhaustivité et actualité des
données financières et des informations destinées à
la direction (objectifs d'information) ;
- conformité aux lois et règlementations
applicables (objectif de conformité). > Rôle de l'audit
interne
Le Comité de Bâle assigne à l'audit
interne une mission d'évaluateur. En effet, il a pour rôle
d'évaluer le système de contrôle interne
réalisé en amont, ceci dans le but de maîtriser les risques
au moyen de l'évaluation du processus de risques.
Dans son 12e principe, le Comité de
Bâle sur le contrôle bancaire énonce que l'audit interne,
notifie au niveau de la direction concernée et dans les meilleurs
délais les déficiences des contrôles internes
détectés par un secteur d'activités. Ils font de ce fait
parvenir des rapports recensant les problèmes de contrôles
décelés.
Les auditeurs internes devraient assurer un suivi de toute
autre forme appropriée de surveillance et informer immédiatement
la Direction Générale ou le conseil d'administration de toute
insuffisance non corrigée.
2-3-3- Réglementation COBAC R-2001/07
Le règlement COBAC R-2001/07 relatif au contrôle
interne dans les établissements de crédit, dans son article
1er, énonce que les établissements de crédit
doivent se doter d'un système de contrôle interne. Il
définit un système de contrôle interne comme étant
l'ensemble de dispositions décidé par l'organe
délibérant11 et mis en oeuvre par l'organe
exécutif12 et l'ensemble du personnel d'un
établissement de crédit en vue de s'assurer que ses
activités sont convenablement maîtrisées à tous les
niveaux pour lui permettre d'atteindre ses objectifs.
La COBAC dans ce règlement subdivise le système de
contrôle interne à deux niveaux :
- un contrôle permanent de premier
niveau pouvant comporter lui-même plusieurs échelons
: le contrôle interne ;
- un contrôle de deuxième
niveau : l'audit interne.
Dans son article 3, le règlement définit les
composantes du système de contrôle interne. Il comprend en effet
:
11 Conseil d'administration, conseil de surveillance
ou tout organisme similaire chargé de la surveillance, pour le compte
des apporteurs de capitaux, de la situation et de la gestion de
l'établissement.
12 Ensemble de personnes qui assurent la direction
générale de l'établissement.
- un système de contrôle des opérations et
des risques, - des procédures écrites,
- une organisation comptable,
- un système de traitement de l'information,
- des systèmes de mesure des risques et des
résultats, - un système de reporting.
L'article 12 stipule quant à lui que l'organisation de
la fonction d'audit interne doit permettre de vérifier, selon une
périodicité adaptée, la régularité et la
conformité des opérations, et l'efficacité des dispositifs
de premier niveau, notamment leur adéquation à la nature de
l'ensemble des risques associés aux opérations. Il poursuit que
l'audit interne doit fonctionner de manière indépendante par
rapport à l'ensemble des structures à l'égard desquelles
il exerce ses missions.
Les moyens affectés à l'audit interne doivent
être suffisants pour mener un cycle complet d'investigations de
l'ensemble des activités sur une période aussi réduite que
possible.
On peut lire dans l'article 14 du même règlement
que les organes délibérant et exécutif doivent s'assurer
que les missions de l'audit interne s'appliquent à l'ensemble des
activités des entités de l'établissement, y compris ses
filiales et ses succursales.
Section 2 : Le concept de performance dans les
entreprises
Le terme performance est couramment utilisé dans les
appréciations portées sur les entreprises, et plus
particulièrement en contrôle de gestion et chacun s'interroge sur
ce qu'est une entreprise ou une organisation performante :
- est-ce celle qui réalise de bons profits ?
- ou celle qui résiste aux changements de son
environnement ?
- ou encore celle qui préserve l'emploi, qui
épargne son environnement ?
Cet ensemble d'interrogations montre que la notion de
performance est multidimensionnelle, ce qui pose la question de sa
définition et celles de quelques notions voisines, puis des
différentes performances qui peuvent être mises en évidence
dans une entreprise.
1- Performance et notions voisines 1-1-
Performance
« En matière de gestion, la performance est la
réalisations des objectifs organisationnels » (Bourguignon A). Elle
se traduit par une réalisation (ou un résultat).
La performance est le résultat d'actions
coordonnées, cohérentes entre elles, qui ont mobilisé des
moyens (personnel, investissements), ce qui suppose que l'organisation dispose
d'un potentiel de réalisation (compétences du personnel,
technologie, organisation, fournisseurs...).
La performance peut être exprimée principalement
en termes comptables et financiers : on parle à cet effet de
performance financière et elle dépend
de la capacité à :
Ø se procurer des ressources au moindre coût,
> les préserver ainsi que le patrimoine,
> les utiliser de la manière la plus productive
possible.
Elle peut également s'exprimer en terme stratégique
et on parlera de performance stratégique.
La performance stratégique a un caractère plus
général : c'est la capacité à déterminer et
à mettre en oeuvre de bonnes stratégies dans le cadre des
finalités qu'elle poursuit. Ces finalités sont variées :
il peut s'agir de devenir la plus grande entreprise du monde, ou bien de rester
une entreprise prospère dans une spécialité, ou même
d'être la plus apte à atteindre les buts qu'elle s'est
fixés
La réalisation est comparée aux objectifs,
grâce à un ensemble d'indicateurs, chiffrés ou non. La
comparaison suppose une forme de compétition : faire mieux que lors de
la période précédente, rejoindre ou dépasser les
concurrents. Elle donne lieu à une interprétation, jugement de
valeur qui peut différer en fonction des acteurs concernés
(actionnaires, dirigeants.)
Pour être compétitive, toute entreprise doit
être performante, c'est-à-dire meilleure que ses concurrents tant
dans sa stratégie que dans son organisation (ALAZARD C., SEPARI S.). La
performance désigne donc l'aptitude d'une entreprise à pouvoir
réaliser de bons résultats, du moins ceux qu'on attend d'elle.
Elle regorge plusieurs aspects en l'occurrence l'efficacité,
l'efficience et l'économie (H. Bouquin).
1-1-1- L'efficacité
L'efficacité décrit la capacité d'une
personne, d'un groupe ou d'un système à arriver à ses buts
ou aux buts qu'on lui a fixés. Être efficace serait donc produire
des résultats escomptés et réaliser des objectifs
fixés. En d'autres mots, ce serait faire les bonnes choses quand il faut
et là où il faut ou tout simplement obtenir de bons
résultats.
1-1-2- L'efficience
L'efficience désigne le fait pour une entreprise de
réaliser ses objectifs avec le minimum de moyens engagés
possibles. Elle traduit donc la productivité d'une entité car
elle met en rapport les résultats obtenus et les ressources
consommées. L'efficience peut également être
exprimée par plusieurs autres notions telles que :
La productivité :
Elle représente le rapport entre une production et un
volume de facteurs consommés ;
La profitabilité :
C'est le rapport d'un profit aux coûts qui lui sont
associés.
1-1-3- L'économie
L'économie consiste à se procurer les ressources
nécessaires à moindre coût (Bouquin, H).
1-2- Rentabilité
La rentabilité est un concept très proche de la
performance et désigne« l'aptitude pour une entreprise à
sécréter un résultat exprimé en unités
monétaires». (Colasse B., 1993)
Elle représente le rapport d'un bénéfice
à des capitaux investis. La rentabilité de manière globale
regorge deux notions distinctes : la rentabilité économique et la
rentabilité financière. Ces deux rentabilités constituent
la rentabilité dite rétrospective, permet d'évaluer le
modèle d'évaluation des actifs financiers (MEDAF) pouvant
permettre de calculer un taux d'actualisation par le coût moyen
pondéré du capital ; par opposition à la
rentabilité prévisionnelle qui, elle, permet d'utiliser les flux
de trésorerie pour assurer une évaluation prenant en compte les
décalages temporels de l'entreprise.
1-2-1- La rentabilité
économique
La rentabilité économique est une mesure de la
performance économique de l'entreprise dans l'utilisation de l'ensemble
de son capital « employé », c'est-à-dire de l'ensemble
de son actif financé par les capitaux permanents.
1-2-2- La rentabilité
financière
Encore appelée rentabilité des capitaux propres
ou rentabilité des actionnaires, elle est l'expression du
résultat net rapporté aux capitaux propres investis par les
actionnaires. C'est pour cette raison que contrairement à la
rentabilité économique
non significative pour les apporteurs de capitaux, la
rentabilité financière est suivie de plus près par
ceux-ci.
La rentabilité financière correspond à ce
que la comptabilité anglo-saxonne appelle le « Return on Equity
» ou encore « ROE » et exprime la capacité des capitaux
investis par les actionnaires et associés à dégager un
certain niveau de profit.
2- Performance externe, performance interne
La performance de l'organisation est appréciée
différemment selon les acteurs, clients, salariés, actionnaires,
managers, prêteurs de fonds, car ils ont des objectifs différents.
C'est ainsi qu'on va distinguer la performance interne de la performance
externe.
2-1- Performance externe
La performance externe s'adresse de façon
générale aux acteurs en relation contractuelle avec
l'organisation. Elle est principalement tournée vers les actionnaires et
les organismes financiers, et porte sur le résultat présent et
futur.
2-2- Performance interne
La performance interne est celle qui concerne essentiellement les
acteurs internes de l'organisation.
L'information financière qui privilégie une
communication sur la rentabilité et les grands équilibres de
l'entreprise demeure l'information privilégiée en termes de
performance en particulier pour les actionnaires. Cependant, les managers de
l'organisation, qui sont responsables de la performance s'intéressent
plus au processus d'atteinte des résultats. Il s'agit pour eux de
prendre, d'organiser et de mettre en oeuvre l'ensemble des décisions de
valorisation des ressources internes et externes afin d'atteindre les objectifs
de l'entreprise.
Le tableau suivant fait ressortir les particularités de
chaque performance.
Tableau 1 : Tableau comparatif des performances interne
et externe.
Performance externe
|
Performance interne
|
Est tournée principalement vers les actionnaires et les
organismes financiers
|
Est tournée vers les managers
|
Porte sur le résultat, présent ou futur
|
Porte sur le processus de construction du résultat
à partir des ressources de l'organisation
|
Nécessite de produire et de
communiquer les informations financières
|
Nécessite de fournir les informations nécessaires
à la prise de décision
|
Génère l'analyse financière des grands
équilibres
|
Aboutit à la définition des variables d'action
|
Donne lieu à débat entre les différentes
parties prenantes
|
Requiert une vision unique de la
performance afin de coordonner les actions de chacun vers un
même but.
|
Sources : Doriath B., Goujet C.
2-3- Mesure et évaluation de la performance
financière
La mesure de la performance pour une entreprise est une
question toujours d'actualité pour toute équipe dirigeante dans
une entreprise. En effet toute entreprise soucieuse de son évolution
doit en permanence se poser des questions telles comment évaluer la
performance, qu'elle soit économique, stratégique ou
financière ? Dispose-t-elle des outils ou méthodes pour
réaliser cette appréciation ? Peut-elle réellement tout
mesurer ? Quels paramètres rentrent en compte dans cette
évaluation ?
Les outils de mesure de la performance que nous avons
utilisé sont pour la plupart ceux du contrôle de gestion. La
présentation de ces outils nécessite au préalable une
présentation succincte du contrôle de gestion proprement dit.
|