Introduction
Introduction
Les débats relatifs de la transmission des fluctuations
du taux de change sur les prix à la consommation ne sont pas
récents.
Cette transmission est équivalente à l'impact de
la politique de change adoptée sur l'inflation.
Le climat de forte inflation qui existait a amené les
autorités monétaires à se soucier des effets possibles des
variations du cours de la monnaie sur les prix à la consommation.
En particulier, elles s'inquiétaient de la formation
possible d'un cercle vicieux en vertu duquel une forte
dépréciation alimenterait les prix à la consommation et
accentuerait les attentes d'une hausse de l'inflation dans l'avenir.
Il ressort des premières études que la
répercussion des variations du taux de change sur l'inflation constitue
une question qui suscite depuis longtemps un grand intérêt en
économie internationale ainsi qu'une attention particulière des
théoriciens et des pouvoirs publics.
Bien entendu, l'attention que cette relation reçoit
est due aux tensions qu'elle a sur les politiques monétaires et de
change. Une discussion importante pour la réalisation de ces politiques
est d'indiquer le degré en lequel les variations du taux de change se
transmettent aux prix à la consommation.
Dans le cadre d'une petite économie ouverte adoptant un
régime de change flexible, telle que la Tunisie, les économistes
s'attendaient à observer une relation étroite entre
l'évolution du taux de change et le changement des niveaux
d'inflation.
Aujourd'hui, ce sujet ne cesse pas de prendre de l'envergure
et l'impact des fluctuations du taux de change sur l'inflation semble
évoluer vers une plus grande ambiguïté surtout avec la
transition de la Tunisie vers un régime de flottement libre
« convertibilité totale ».
Ce mémoire a donc pour principal objectif d'analyser la
nature et le sens du lien entre le taux de change effectif nominal et l'indice
des prix à la consommation pour le cas de la Tunisie. L'approche retenue
consiste à revoir les principales avancées théoriques et
empiriques enregistrées sur le sujet au cours des dernières
années afin de distinguer des éléments nécessaires
pour les analyses à venir.
Introduction
Cet état de fait a suscité des interrogations
sur le plan théorique qu'au niveau empirique quant à la relation
existante entre ces deux variables :
Comment les variations du taux de change peuvent se
transmettre aux prix à la consommation ? Quels sont les facteurs
affectant cette transmission ? Quelle est la nature de la relation liant
ces deux variables et quelles sont les incidences majeures de cette
dernière? Enfin, quelle est la solution choisie pour faire face à
l'impact des réformes lancées vu la transition de la Tunisie vers
un régime de flottement libre sur cette répercussion ?
Pour essayer d'apporter quelques éléments de
réponse à ces interrogations, nous présentons dans un
premier temps une analyse descriptive de la politique de change adoptée
en Tunisie en montrant que ce pays est en phase de transition d'un
régime de flottement dirigé à un régime de
flottement libre et en décrivant les fluctuations de devises majeures du
panier de dinar (euro et dollar) ainsi que leurs conséquences. Au
niveau de cette partie, on s'intéresse aussi à une analyse de la
dynamique et du comportement d'inflation, vu l'importance de ces descriptions
pour étudier le point en lequel les fluctuations du taux de change ont
comme conséquence un changement des niveaux d'inflation pour mettre
ensuite l'accent sur les interactions entre la politique de change suivie et
l'inflation.
Toutefois, pour montrer que les performances inflationnistes
dépendent de façon cruciale du régime de change en
place.
Au niveau du deuxième chapitre et à l'issue des
travaux menés par plusieurs théoriciens1(*), nous cherchons à mettre
en exergue la primordialité du processus qui décrit comment les
changements du taux de change se répercutent sur les prix
intérieurs ainsi que la relation inverse.
Plus important, l'impact de la politique de change suivie sur
l'inflation est tributaire des objectifs et des caractéristiques
considérées de l'économie d'un pays.
Nous examinons, tout d'abord, les étapes de
réalisation de ce processus dans un contexte qui tient compte des
facteurs affectant cette transmission ainsi que les incidences des variations
du taux de change sur les prix à la consommation.
Introduction
Puis, nous montrons que la prise en compte de ces facteurs et
ces conséquences ne suffit pas pour décrire d'une façon
adéquate et précise le phénomène de transmission.
Il faut aussi mettre en évidence la nécessité des
implications que ce processus a sur la politique monétaire, surtout avec
l'instauration des nouvelles réformes puisque la Tunisie se
prépare à une transition vers un régime de flottement
libre, on s'intéresse ici aux implications dues à une
atténuation (diminution) du degré de transmission.
En nous basant sur ces définitions et identifications
de la relation entre le taux de change et l'inflation, nous constatons qu'il
est impératif et essentiellement pour tout pays de contrôler
l'inflation en assouplirant le taux de change et en s'orientant vers un cadre
de ciblage de l'inflation pour préserver la stabilité des prix et
donc une situation économique favorable.
Dans ce cas de figure, il serait intéressant de voir
dans quelle mesure les autorités monétaires (la banque centrale)
pourraient profiter des informations fournies sur l'évolution de
l'inflation suite à des variations du taux de change effectif nominal et
la relation réciproque pour déterminer leurs propres politiques
monétaire et de change, ce qui amène à renforcer
l'importance d'analyser le processus de répercussion pour la Tunisie
ainsi que pour d'autres pays en voie de développement.
Quelques conclusions et recommandations termineront cette
partie d'étude.
Une fois ces interactions identifiées, nous
établirons une analyse économétrique afin d'évaluer
dans quelle mesure le taux de change effectif nominal constitue un facteur
explicatif de l'inflation et inversement, on prend ainsi en compte
l'éventualité d'une relation de causalité basée sur
un test de causalité de Granger portant sur le cas de la Tunisie et qui
permet ainsi de vérifier l'impact des variations du taux de change
effectif nominal sur les prix à la consommation et
réciproquement.
Nous nous interrogerons ici en particulier sur la nature, le
sens et l'intensité de la relation entre le taux de change effectif
nominal, l'indice des prix à la consommation (désigné
simplement inflation locale) en faisant la part des autres variables
macroéconomiques.
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Chapitre I. Politique de change et dynamique d'inflation
en Tunisie
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Introduction
Le premier chapitre constitue une analyse descriptive de la
politique de change adoptée en Tunisie et la dynamique d'inflation.
A partir de ce chapitre, nous essayons dans un premier temps
de montrer que la Tunisie est en phase de pleine transition d'un régime
de flottement administré à un régime de flottement libre
en faisant la part d'une description des fluctuations de devises majeures du
panier de dinar ainsi que leurs incidences majeures.
Dans un second temps, nous menons une analyse du comportement
et de dynamique d'inflation en mettant en oeuvre leurs principales causes,
mesures et leurs sources potentielles.
Enfin, nous élaborons une description de leurs
mouvements pendant la période [1998-2007].
Section I. Régime adopté :
régime de flottement administré « convertibilité
partielle »
Une politique de change est l'ensemble des règles qui
déterminent l'intervention des autorités monétaires sur le
marché de change et donc le comportement du taux de change.
Ces règles déterminent les conditions de
l'insertion internationale des économies. Pour cette raison, le choix
d'un régime de change revêt une grande importance.
Il dépend de manière cruciale des
spécificités et des caractéristiques de l'économie
tunisienne.
Ainsi, le régime de change adopté en Tunisie est
flexible. Cette flexibilité traduit plusieurs avantages, tels que:
§ L'incertitude sur le taux de change ne décourage
pas le commerce International.
§ Evite les pertes financières associées
à une défense infructueuse de la parité fixe.
§ Accroît la flexibilité
macroéconomique et l'indépendance de la politique
monétaire.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Mais, cette flexibilité est limitée.
Actuellement, il s'agit d'un flottement dirigé sans
annonce préalable de la trajectoire du taux de change.
Ce régime se base sur un contrôle des changes qui
est le seul moyen de présenter le régime de change, car il limite
les mouvements d'achat et de vente de la devise concernée. Il s'agit
d'une restriction sur la convertibilité de la monnaie, qui
apparaît comme un substitut a une restriction de l'offre de monnaie.
Plus précisément, et d'après la
classification habituelle des différentes réglementations
officielles du taux de change (IMF, 1998), la Tunisie adopte un régime
de flottement administré avec interventions ad hoc de la banque centrale
qui dispose de la possibilité d'une gestion active et
discrétionnaire de la politique de change, autrement dit, la banque
centrale intervient à chaque fois qu'elle le jure
nécessaire2(*). En
plus, pour un régime de change flottant administré, les
autorités monétaires peuvent à l'occasion intervenir sur
le marché des changes en fixant temporairement la valeur du taux de
change afin d'éviter une dépréciation
considérée comme excessive de la monnaie nationale ou son
appréciation excessive suite à des variations de l'offre ou de la
demande de devises.
De ce point de vue, le régime de flottement
administré n'est pas différent de l'ancrage sur un panier dont la
composition est gardée secrète par les autorités
monétaires. Pour ce régime, l'administration domine plutôt
que le flottement, l'idée est de maintenir la stabilité du taux
de change.
Cette politique s'appuie sur le maintien de contrôles
des capitaux, c'est-à-dire sur «une convertibilité
partielle » de la monnaie. Aujourd'hui, la Tunisie conserve des
contrôles de capitaux qui ont contribué à la
stabilité de sa politique de change et de sa politique
macroéconomique. Certaines opérations sur les mouvements de
capitaux avec l'extérieur restant soumises à des restrictions.
Cela permet à la banque centrale de conserver une certaine marge de
manoeuvre sur sa politique intérieure. Elle s'appuie aussi sur la
disponibilité de réserves de change suffisantes pour permettre la
défense du taux de change en cas de choc.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Cette politique a permis à la Tunisie d'éviter
les problèmes de fluctuations excessives des taux de change tout en
maintenant une certaine stabilité macroéconomique.
La mobilité des capitaux est une force à
laquelle il est de plus en plus difficile de résister. Aujourd'hui, la
Tunisie conserve des contrôles de capitaux qui ont contribué
à la stabilité de sa politique de change et de sa politique
macroéconomique. Ce choix d'une convertibilité partielle a
été essentiellement dicté par le double objectif
assigné à la politique de change de promouvoir la
compétitivité de commerce extérieur et de financer le
déficit courant.
Ce double objectif consiste à contrôler et
garantir la stabilité du taux de change effectif réel du dinar
par rapport à un panier de monnaies dont les composantes et les
pondérations ne sont pas rendues publiques. Ainsi, les pays en voie de
développement ont tendance à adopter des taux flexibles
dirigés plutôt qu'un régime de flottement pur.
Le fait est que la plupart de ces pays ne sont pas en mesure
de laisser leur monnaie flotter librement comme le font les principales
devises. Dans nombre d'entre eux, les marchés financiers restent peu
développés et les marchés des changes sont souvent
étroits, de sorte qu'un régime de flottement indépendant
risque d'être très instable, quelques transactions pouvant suffire
à provoquer des fluctuations très importantes du taux de change
à court terme.
Même les pays qui acceptent une grande
flexibilité du taux de change doivent suivre de près
l'évolution du marché des changes, tout en ajustant la politique
qu'ils mènent et en procédant à des interventions
officielles afin d'éviter une volatilité excessive.
Mais, la Tunisie se développe rapidement, et ce
développement devra progressivement s'appuyer sur une modération
et un développement du secteur financier, qui joue un rôle
crucial. Il faudra alors libéraliser le système financier et
ouvrir de plus en plus l'économie aux mouvements de capitaux. Il faut
donc se préparer à la convertibilité totale de la
monnaie.
Par conséquent, cette politique de change suivie
aujourd'hui est incompatible avec la libéralisation du compte financier
et sur recommandation du FMI, la Tunisie s'oriente progressivement vers un
flottement libre. Cependant, elle ne respecte pas toutes les conditions de son
adoption.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Section II. Transition vers un régime de
flottement libre et perspectives d'instauration d'une convertibilité
totale
La convertibilité totale est un régime de
flexibilité de change ou de flottement libre de monnaies, lorsque les
variations du taux de change résultent du libre jeu des offres et des
demandes de devises sans aucune interférence des autorités
officielles3(*).
Généralement, pour un régime de change
flexible, aucun engagement n'est pris au sujet du taux de change, qui flotte
librement, en fonction de l'offre et de la demande sur le marché de
change.
Lorsqu'une monnaie est pleinement convertible, n'importe qui a
le droit de l'emprunter massivement pour la vendre aussitôt.
La politique monétaire alors retrouve son autonomie,
mais la banque centrale abandonne le contrôle du taux de change nominal,
qui est déterminé sur le marché de change.
Le flottement s'applique donc, en principe, à un
marché des changes libéralisé, même si l'on peut
imaginer un régime de flottement impur encadré par un
contrôle de change.
Généralement, et comme choix du régime de
change, la flexibilité semble une bonne solution car elle diminue
l'incertitude associée aux fluctuations dans les cours de principales
devises. Le fait de se déclarer avoir un régime de change
flexible permet aux autorités de tirer profits des fluctuations de
principales devises pour camoufler une dépréciation effective de
leur taux de change.
Mais, et dans un contexte de forte mobilité de
capitaux, les pays en voie de développement sont exposés à
« la peur du flottement »4(*) qui est un phénomène fortement
répondu et dû à une peur des fluctuations des taux de
change puisqu'une appréciation peut entamer la
compétitivité-prix, à une peur de l'inflation
justifiée par la transmission des effets des fluctuations des taux de
change aux prix nationaux, à une instabilité de la monnaie
nationale par rapport aux monnaies internationales étant coûteuse
et car le flottement généralisé est étroitement
lié à des problèmes de crédibilité (quand
les circonstances sont propices, c'est-à-dire en présence
d'entrées de capitaux et de variation favorables en termes de
l'échange, la Tunisie hésite bien souvent à laisser leur
taux de change nominal (et réel) s'apprécier.
C'est probablement qu'elle craigne une perte de
compétitivité et un recul marqué dans la diversification
de leurs exportations (quand les circonstances sont favorables, les arguments
qui militent contre une forte dépréciation sont encore plus
puissants).
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Ainsi, la monnaie nationale n'est pas encore totalement
libéralisée ou totalement convertible.
La convertibilité totale du dinar et la
libéralisation des comptes externes doivent être
précédées d'une instauration progressive de plus grande
flexibilité du régime de change afin de préserver un
certain degré d'indépendance monétaire et d'éviter
de donner des garanties de taux de change implicites aux investisseurs
étrangers.
Cette politique de change nécessite une forte puissance
nationale, une convertibilité sous les comptes du capital et un
système monétaire et financier stable.
En outre, la flexibilité du dinar et la
libéralisation du compte de capital sont tributaires de la poursuite de
la mise en oeuvre d'une politique monétaire susceptible de
préserver la stabilité des prix.
Dans ce cadre, les autorités tunisiennes ont mis au
point, et en collaboration avec les services du FMI un cadre stratégique
d'objectifs monétaires qui consiste à adopter un plan de
libéralisation des flux de capitaux en trois phases5(*) :
§ La première phase consiste à
libéraliser les flux à moyen et long terme et libéraliser
les mesures visant à renforcer l'efficacité globale de
l'intermédiation financière et à diversifier les sources
de financement de la balance de paiements.
§ La deuxième phase prévoit à
l'étranger de libéraliser les investissements directs des
tunisiens résidents. Cette phase constitue un approfondissement du
marché des changes et un système bancaire suffisamment robuste
pour soutenir la concurrence internationale et amender la transition vers un
taux de change flottant.
§ Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
La troisième phase prévoit la
convertibilité totale de dinar. Elle nécessite de
libéraliser les investissements de portefeuille à
l'étranger par des résidents et des non résidents. Pour
passer à cette phase, il faudrait que le secteur financier soit robuste
et que la position de la balance des paiements soit solide.
La première phase est presque achevée. Les
restrictions sur l'investissement direct étranger en Tunisie ont
été levées. Ainsi, les étrangers peuvent investir
librement dans la plupart des secteurs économiques.
Pour passer à la deuxième et la troisième
phase, il faudra également :
§ Renforcer la politique monétaire pour donner
plus de poids aux forces du marché et renforcer l'efficacité de
l'intermédiation financière.
§ Diversifier les sources de financement de la balance de
paiements et développer le marché des titres d'état afin
d'accroître la liquidité.
§ Rassurer et permettre une grande fiabilité du
système bancaire et financier et préserver la
praticabilité de la balance de paiements.
La libéralisation du secteur financier doit
s'accompagner d'une application efficace des règles prudentielles car
l'existence d'un marché plus actif et la diversification des
portefeuilles des institutions financières peuvent aider à
réduire autant qu'il est possible les conséquences de
spéculation.
Il faut aussi élargir l'assiette de l'impôt et
prendre des mesures pour que les dépenses ne soient plus indexées
de façon rigide sur l'inflation afin que la politique budgétaire
soit assez flexible pour répondre aux chocs éventuels et aider
efficacement la politique monétaire à gérer un
régime de change plus flexible.
Dans nombre des pays, les marchés financiers restent
peu développés et les marchés des changes sont souvent
étroits, de sorte qu'un peu de transactions peuvent suffire à
provoquer des fluctuations très importantes du taux de change.
En fait, si une ouverture intégrale du compte de
capital devrait être à l'origine d'importants flux de capitaux, la
manque de préparation des participants au marché monétaire
et au marché de changes qui seraient amenés à assurer
l'intermédiation de ces flux, pourraient aggraver les
vulnérabilités du système financier en cas de renversement
soudain de ces flux.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Et si ces flux de capitaux venaient à être
intégralement libéralisés, le montant de devises
nécessaires pour assurer le service de la dette extérieure
pourrait exercer de fortes pressions sur le marché des changes et nuire
à la crédibilité du régime de change actuellement
en vigueur.
Par conséquent, la transition vers des régimes
de changes plus flexibles est en grande partie déterminée par le
degré d'ouverture économique et financière du pays.
Un consensus largement admis est que la transition vers un
régime de flottement libre doit se faire lorsque les conditions sont
favorables.
Section III .Rôle du taux de change6(*)
Le taux de change joue plusieurs rôles potentiellement
en conflit les uns avec les autres.
C'est tout d'abord un prix extrêmement important dans
les petites économies ouvertes sur l'extérieur.
Il s'agit d'un prix directeur essentiel dont les fluctuations
peuvent être très coûteuses pour la stabilité
interne. C'est une variable qui détermine à la fois les flux des
échanges des biens et services et elle exerce une pression importante
sur la balance de paiements, le niveau général des prix ainsi que
d'autres variables macroéconomiques clés.
Le taux de change fournit aussi un instrument d'ajustement en
cas de choc économique, car une modification du taux de change permet de
modifier instantanément l'ensemble des prix relatifs du pays par rapport
au reste du monde. Ce sont les mouvements du taux de change qui permettent de
maintenir la cohérence entre les situations et les politiques
économiques dans un monde de plus en plus interdépendant dans
lequel ces politiques ne sont pas toujours coordonnées.
Un gouvernement ne peut pas décider des prix de sa
monnaie en monnaies étrangères, c'est-à-dire de ses taux
de change.
Ces prix résultent de la confrontation de l'offre et de
la demande sur les marchés de changes.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
III.1. Description des fluctuations des devises majeures
du panier de dinar (euro et dollar)
L'évolution des cours de change du dinar par rapport au
dollar et à l'euro reflète dans une large mesure la conjonction
des marchés de change des principales devises (Voir figure 1)7(*).
On remarque que le dinar fluctue par rapport au dollar alors
que pour la zone euro, le dinar est qualifié comme à peu
près stable, pendant la même période et ceci se voit
clairement à partir de l'évolution de la parité
(dollar/dinar) et (euro/dinar) sur la période [1999-2007].
La stabilité du dinar vis-à-vis à l'euro
est actuellement conditionnée par la politique volontariste et
délibrée de la banque centrale (BCT) qui joue sur le glissement
du dinar dans le sens d'une dépréciation discrétionnaire.
Tant que la monnaie nationale n'est pas encore totalement
libéralisée ou totalement convertible, cette stratégie
gagnerait en crédibilité (voir Mouley .S (2000)).
Figure1 : évolution des taux de change
(dollar/dinar) et (euro/dinar) [1999 - 2007]
![](Transmission-des-variations-du-taux-de-change-sur-les-prix-a-la-consommation-le-cas-de-la-tu2.png)
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
![](Transmission-des-variations-du-taux-de-change-sur-les-prix-a-la-consommation-le-cas-de-la-tu3.png)
Source : Conjoncture périodique
(rapport statistiques financières de la banque centrale)
Le régime de change choisi par la Tunisie permet une
telle flexibilité puisque le ciblage porte sur le taux de change
réel (indicateur de compétitivité) et non nominal, par
rapport à deux monnaies, ce qui permet de compenser certains des
mouvements de l'une ou l'autre de ces monnaies.
Ainsi, les autorités monétaires
préfèrent un régime de change où les fluctuations
de taux de change sont limitées, puisqu'il permet de minimiser la
volatilité de l'inflation.
Dans la pratique, la stabilité du taux de change
effectif réel signifie que le taux de change nominal du dinar, fluctue
tant par rapport au dollar que par rapport à l'euro.
En ce moment, par exemple, le dinar s'apprécie par
rapport au dollar et se déprécie par rapport à l'euro.
Il y a donc gain de compétitivité par rapport
à la zone euro et perte de compétitivité par rapport aux
Etats-Unis.
Dans l'état actuel des choses, le dinar va se
déprécier face à l'euro et s'apprécier par rapport
au dollar.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Depuis l'année 2007, le dinar tunisien a perdu 3% face
l'euro, mais gagne 4% face au dollar, l'équivalent donc 7% que le dollar
a perdu face à l'euro.
Que le dinar se déprécie face à l'euro,
cela induit une meilleure compétitivité des exportations et cela
va renchérir les importations.
Plusieurs analystes pensaient déjà que l'euro
sera promis à un bel avenir face au dollar.
La question ici est les incidences d'une appréciation
de l'euro face au dollar sur le dinar tunisien surtout en phase de
préparation à la convertibilité totale et donc sur
l'économie tunisienne en pleine transition.
Concernant le taux de change du dinar, il y a lieu de
souligner que notre monnaie nationale dépend largement des niveaux
enregistrés sur les marchés internationaux de changes de l'euro
et du dollar.
Ainsi, à toute appréciation
(dépréciation) de l'euro par rapport au dollar, le dinar
réagit de la même manière face à la monnaie
américaine, c'est-à-dire une appréciation
(dépréciation), et inversement vis-à-vis de la monnaie
unique, c'est-à-dire une dépréciation
(appréciation).
Depuis la création de l'euro en 1999, il y a des
fluctuations discontinues des taux de change.
L'euro a connu une résurrection jusqu'à 2004. Le
dollar va par la suite récupérer du terrain jusqu'à
2006 ; à partir de ce moment là (à partir du rapport
de la BCT), l'euro a connu une forte progression, notamment au cours des deux
derniers mois suite à la crise de l'immobilier aux Etats- Unis. En
effet, l'euro devient aujourd'hui la première monnaie sur les
marchés de capitaux, avec 53 à 55% du total des émissions
libellées en monnaie unique européenne.
Entre 2001 et 2007, l'euro a gagné 3,5 points au niveau
de la structure des réserves mondiales en devises, passant de 22,1
à 25,5%. Cette marge est gagnée sur le compte du dollar qui passe
de 68,5 à 64,8% au cours de la même période (voir rapport
de perspectives économiques en Afrique de l'OCDE(2007)).
Que le dollar se déprécie face à l'euro,
cela ne signifie pas que l'euro va largement tirer profit de la nouvelle
situation. Bien au contraire, l'impact au niveau des échanges sera au
profit des Etats Unis qui verront leurs exportations augmenter vers l'Europe et
leurs importations diminuer.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Cette appréciation de l'euro face au dollar n'est pas
sans effets. La politique du taux de change de la Tunisie est basée sur
un système de panier de devises constitué principalement de
l'euro et du dollar8(*).
Le fait d'avoir un panier permet d'amortir les chocs de la
volatilité des taux de change sur les marchés de change
internationaux, et ce contrairement à d'autres pays dont la monnaie est
fixe par rapport à l'euro ou au dollar.
D'où l'importance de la reconstitution des
réserves officielles de change pour la question du taux de change du
dinar, à mesure que les marchés de change internationaux ont
été caractérisés par des grandes fluctuations du
taux de change euro/dollar.
Dans le cadre du régime de flottement dirigé du
taux de change suivi par la Tunisie, les fondamentaux pour l'équilibre
du marché de change sont demeurés bons, malgré les
mouvements forts et en particulier le renchérissement fort de l'euro par
rapport au dollar.
En outre, la dépréciation graduelle du dinar
n'est pas due uniquement au raffermissement rapide de l'euro par rapport au
dollar (l'euro compte pour au moins deux tiers du panier de monnaies de
référence par le dinar) mais aussi au fait d'une série de
chocs négatifs (les évènements de septembre 2001 aux Etats
Unis et de 2002 à Djerba et de graves sécheresses
successives)9(*).
Enfin, la dépréciation de dinar par rapport
à l'euro et au dollar s'est traduite par une dépréciation
de l'indice du taux de change effectif réel.
Vis-à-vis du dollar américain, le taux de change
a connu une évolution irrégulière marquée par une
succession de hausses et de baisses.
Par rapport à l'euro, le dinar a connu un trend
baissier (au début il s'est déprécié, ensuite, il
s'est légèrement apprécié et enfin, il s'est
déprécié de nouveau).
III.2.Les conséquences majeures des fluctuations
du taux de change :
Les mouvements du taux de change peuvent être
très dommageables pour une petite économie ouverte. Ces
mouvements reflètent souvent des changements des variables
économiques fondamentales.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
En général, pour une variation du taux de
change, une baisse signifie que le travail national s'échange contre
moins de travail étranger.
Elle dévalorise le pouvoir d'achat des revenus internes
exprimé en marchandises externes, autrement dit, une baisse du taux de
change s'accompagne d'une augmentation des exportations et d'une diminution des
importations, plus précisément, moins de marchandises
étrangères doivent être acquises avec plus d'exportation.
Inversement, une augmentation du taux de change signifie que
le travail national s'échange contre plus de travail étranger.
Par ailleurs, il est utile de hiérarchiser les facteurs
qui peuvent être influencés par une évolution du taux de
change10(*) :
§ L'évolution de la balance commerciale
dépend de la compétitivité des exportations ainsi que la
conjoncture économique, dans le pays et à l'étranger.
§ Le déficit courant et le solde extérieur
sont certes influencés par les mouvements du taux de change.
§ Il faut noter aussi qu'une perte de devises
étrangères a des effets négatifs sur la balance de
paiements, et donc sur :
o La balance des transactions
courantes : ou balance courante qui recense les
échanges internationaux de biens et services ainsi que les revenus du
travail et du capital et les transferts courants.
o Le compte de capital :
recense les opérations d'achat ou de vente d'actifs non financiers comme
les brevets et les transferts de capital.
o La balance financière :
recense les flux financiers entre un pays et l'étranger, sous forme
d'investissement direct à l'étranger (IDE), investissement de
portefeuille, produits financiers dérivés et réserves de
change.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Ainsi, une dépréciation du taux de change (dans
notre cas, nous nous intéressons à l'appréciation de dinar
face au dollar) s'accompagne d' :
§ Une dégradation de la balance commerciale.
§ Une détérioration du solde courant
(exportation-importation) exprimé en monnaie nationale
§ Une augmentation des investissements des
résidents à l'étranger (auquel on peut aussi donner le nom
de « fuite de capitaux » vers l'étranger)
§ Une perte de compétitivité des
exportations (élévation des prix des exportations)
§ Une augmentation des importations (produits
importés moins chers)
§ Réduction des salaires réels et de la
demande de main d'oeuvre
Au contraire, pour une appréciation du taux de change
(dépréciation de dinar face à l'euro), nous avons :
§ Une amélioration de la balance commerciale
§ Une amélioration du solde courant
§ Une réduction des investissements des
résidents à l'étranger
§ Un afflux d'investissement directs et financiers dans
le territoire
§ Un gain de compétitivité (baisse des
coûts à l'exportation)
§ Un renchérissement des intrants importés
(diminution des impotations)
§ Renchérissement des prix en devises
étrangères des biens et des titres de propriétés du
pays.
§ Augmentation des salaires réels et de la demande
de main d'oeuvre
Par conséquent, et comme déjà ci-dessus
mentionné, les mouvements du taux de change peuvent être
très dommageables pour une petite économie ouverte, comme le cas
de la Tunisie qui se fonde sur les exportations pour amplifier sa croissance.
Ces fluctuations peuvent engendrer de l'incertitude à
long terme et ainsi ralentir les investissements par la
détérioration du profit risque-rendement.
Or la diminution des investissements réduit la
productivité du travail et potentiellement la productivité
totale.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Une déviation de devises peut induire à des
déformations dans les prix de marchandises qui peuvent à leur
tour présenter une polarisation inefficace dans la répartition
des ressources, tels que les décisions d'investissement, une chute de
rendement, une perte de compétitivité ainsi que des
conséquences négatives sur la balance de paiements, sur le
déficit courant et le solde extérieur.
Plus important, nous pouvons résumer tout ce que nous
venons de dire par le fait qu'une monnaie surévaluée
entraîne une baisse du coût des importations, mais rend les
exportations plus difficiles réduisant l'inflation et provoquant un
déficit de la balance commerciale.
Mais, quand une monnaie sous-évaluée, la valeur
des importations augmente ainsi que la demande des exportations provoquant un
surplus de la balance commerciale mais créant des pressions
inflationnistes11(*).
Section IV. Description de l'inflation en
Tunisie :
L'inflation est le problème économique le plus
important de notre temps parce qu'elle touche à des degrés divers
non seulement tous les pays du monde, mais aussi les catégories sociales
et professionnelles d'une nation.
Nous pouvons définir l'inflation comme étant un
processus de hausse de prix résultant de la diminution du pouvoir
d'achat de la monnaie.
C'est un mouvement persistant à la hausse, au fil du
temps, du prix moyen des biens et services, c'est-à-dire du
« coût de la vie ». Plus précisément,
l'inflation désigne le phénomène qui pousse l'ensemble des
prix à la hausse.
Dans le lissage de plusieurs travaux théoriques
12(*)portant sur la
dynamique d'inflation, montrent que les déterminants à court et
long termes de l'inflation sont différents.
Ils prouvent ainsi qu'à long terme, l'inflation est un
phénomène monétaire lorsque les prix et les salaires sont
flexibles et que la production et l'emploi sont toujours à leur taux
naturel.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Alors qu'à court terme, l'inflation est
également tributaire des chocs réels et nominaux qui affectent la
demande globale par rapport à l'offre globale. Le financement
monétaire des dépenses publiques contribue aussi l'inflation.
Pour une petite économie ouverte, l'inflation peut
provenir des variations du taux de change nominal.
IV.1.Mesures d'inflation
L'inflation peut être mesurée par13(*) :
L'indice des prix à la
consommation : C'est un indicateur général du
coût de la vie. Il mesure l'évolution de l'ensemble des prix des
biens et des services consommés par les ménages. Il sert au
calcul des variations des paiements effectués par le gouvernement. L'IPC
est le plus important et le plus largement utilisé.
L'indice de référence :
Pour évaluer la tendance de l'inflation, la banque centrale
juge très utile de se servir d'un indice de référence qui
constitue une variance de l'indice des prix à la consommation. Cet
indice représente 16% du panier de l'IPC les plus volatiles. Mais,
à condition que les variations de ses huit composantes n'aient que des
effets temporaires sur l'inflation, l'indice de référence et
l'IPC global afficheront des profits d'évolution similaires à
moyen terme.
Le déflateur de PIB : il
fournit le prix moyen des biens dans le PIB et donc des biens finaux produits
par l'économie. Cette mesure donne une image plus globale et plus exacte
de l'inflation, mais ses délais d'établissement sont beaucoup
plus longs.
Pour la Tunisie, comme pour d'autres pays, l'inflation se
calcule sur la base de l'indice des prix à la consommation. L'IPC
tunisien est complet du point de vue de couverture géographique et du
nombre de produits inclus dans le panier.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Ce dernier comprend 952 produits répartis en 06
groupes. Mais, l'IPC est publié dans le bulletin mensuel de statistique
(INS) avec un niveau de détail qui correspond à 06 groupes et 43
sous-groupes.
Cet indice a plusieurs limites :
§ Les grands changements que subissent les habitudes de
consommation ainsi que l'apparition de nouveaux produits et services. Etant
donné qu'il est difficile de mesurer les changements des prix
attribuables à des variations de la qualité des produits et
à d'autres variables, l'IPC peut comporter un certain biais de mesure
qui l'empêche de refléter parfaitement l'évolution.
§ La principale difficulté dans la
réalisation de l'indice est l'innovation qui se traduit par l'apparition
de nouveaux produits ou services ou d'une nouveauté dans un ancien
produit.
§ L'indice des prix à la consommation peut
indiquer une hausse des prix quand une personne au profit marginal constaterait
une baisse.
§ Une limite de l'IPC comme instrument est qu'il se fonde
sur le panier du consommateur moyen.
§ Une autre difficulté qui se pose et qui
correspond au changement dans la répartition des achats des
consommateurs. Lorsque le prix d'un bien augmente une année plus vite
que les prix des autres biens et que sa part dans la consommation diminue, il y
a une difficulté à faire un lien avec l'année
précédente.
§ Le contenu du panier est adapté
périodiquement, autrement « quand les prix montent, les
ménages adaptent leurs achats aussi ». Ceci signifie que le
ménage moyen défini ne peut pas dépenser plus qu'il gagne,
l'augmentation du coût du panier est automatiquement limitée
à l'augmentation de ses revenus. En effet, le ménage ne peut pas
payer des prix plus élevés. Et dans ce cas, l'IPC devient une
grande tromperie puisqu'il exprime l'évolution des revenus du
ménage moyen plus que la montée des prix.
§ Nous ajoutons aussi que pour plusieurs pays et dans
plus d'un marché, il y'a une différence notable entre prix
réels et prix affichés, ce qui va influencer l'IPC qui ne
reflète pas donc la réalité du marché. D'où,
il y' a urgence à corriger cet indice des prix qui peut nous donner un
faux taux d'inflation. Le panier de la ménagère doit tenir comte
de l'inflation importée essentiellement par le fait de l'augmentation
des prix des carburants, et donc donner plus de visibilité dans la
composition de ce panier, aux coûts galopants et continus de
l'énergie.
§ Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
La construction de l'IPC se heurte à d'autres
problèmes tels que la prise en compte de l'évolution de la
qualité des biens, le changement des goûts de consommateurs et la
fluctuation du taux de change.
Malgré les limites de l'IPC précédemment
annoncées, il y'a peu de chance de remplacer l'IPC par une autre cible.
L'IPC n'est peut être pas une mesure parfaite de l'inflation, mais c'est
une notion comprise par une vaste public et c'est la mesure de l'inflation la
plus familière. Le choix d'un indicateur bien connu comme cible facilite
la tâche quand vient le temps de rendre des comptes à la
population.
IV.2. Dynamique d'inflation :
Pour étudier la dynamique de l'inflation en Tunisie,
nous devons tout d'abord exposer les sources potentilles de
l'inflation14(*), tels
que :
Les chocs externes : les
fluctuations internationales des cours de matières premières et
des carburants constituent la source principale d'inflation importée.
Pass-through du taux de
change 15(*): les mouvements nominaux de taux de change peuvent
sensiblement affecter la quantité d'inflation importée.
Politiques monétaires et fiscales
expansionnistes : l'augmentation de la demande globale
traduisant des prix plus élevés peut contribuer à des
élévations des dépenses publiques (politique fiscale ou
des états plus lâches de crédits (politique
monétaire).
Indicateur de
libéralisation : des facteurs spécifiques de
l'inflation peuvent être tracés aux programmes de
libéralisation. Par exemple, la libéralisation commerciale tend
à exercer des pressions inflationnistes puisque les producteurs
domestiques cherchent à concurrencer les importations
étrangères.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
La Tunisie semble être une exception qui est
probablement due aux conditions favorables (aucun choc externe, contrôle
des prix et politiques monétaires et fiscales raisonnables.) en plus, la
dynamique d'inflation peut être analysée à partir de
l'exposition des ses différentes causes qui ne s'excluent pas :
§ Le niveau de la demande est supérieur à
celui de l'offre (pull inflation).
§ Hausse des coûts de production qui se
répercute sur les prix à la consommation (push inflation).
§ Hausse de la masse monétaire (la quantité
de monnaie détermine le niveau général des prix,
c'est-à-dire que le taux d'inflation dépend du taux de croissance
de la masse monétaire (tous les prix varient dans la même
proportion que la masse monétaire)
§ Les développements du taux de change
§ Le boom de la demande
§ L'augmentation des prix des produits alimentaires
§ Les développements sur les marchés
internationaux du prix du pétrole
Nous pouvons aussi ajouter que, la dynamique d'inflation peut
être illustrée à partir d'une analyse de six
groupes16(*) de l'indice
de prix à la consommation.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Ces composantes de l'IPC peuvent être
récapitulées comme suit :
Tableau1 : les pondérations des six groupes
de l'IPC [1991-2006]17(*) en % :
|
Pondération
|
Total
|
Administré
|
Indice général
|
100
|
32.2
|
Produits alimentaires
|
36.5
|
22.3
|
Logement
|
17.9
|
27.5
|
Santé
|
10.5
|
52.9
|
Transport
|
10.5
|
74.5
|
Habillement
|
11.7
|
0.0
|
Services et autres
|
12.9
|
44.6
|
Source : Institut national de statistique
(rapport commerce intérieur)
A partir de ce tableau, nous constatons que les produits
alimentaires demeurent un poste important de l'IPC total.
On peut conclure les composantes les plus volatiles, autrement
qui ont un impact plus puissant sur l'inflation tels que les postes de
l'énergie, du transport et surtout des produits alimentaires (les
fluctuations de l'inflation sont principalement dues aux augmentations de ces
trois postes.)
Les postes d'éducation et de santé sont deux
groupes dont tous les prix sont administrés.
La maîtrise de l'inflation par le maintien
inchangé des prix administrés peut entraîner une
augmentation intensive des subventions.
Ainsi, la politique monétaire perd sa souplesse et son
efficacité en présence d'une grande part des prix
administrés surtout que l'inflation en Tunisie obéit en partie
aux décisions administratives.
Pour cette raison, la part importante des prix
administrés constitue un obstacle car cette grande part rend la banque
centrale n'a aucune influence sur ce tiers du panier de l'IPC (c'est le
gouvernement qui fixe ces prix)18(*).
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Enfin, pour faire une analyse du mouvement de l'inflation en
Tunisie, nous allons procéder à un tableau qui illustre
l'évolution de l'IPC (désignée inflation).
Tableau2 : évolution annuelle du taux
d'inflation en Tunisie19(*) [1998-2007]
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Taux d'inflation (%)
|
3.1
|
2.7
|
2.9
|
2.0
|
2.7
|
2.7
|
3.6
|
2.0
|
4.7
|
2.1
|
Source : institut national de statistique
(rapport commerce intérieur)
A partir de ce tableau, nous remarquons que depuis 2000,
l'inflation globale fluctue entre 2% et 5%.
Pendant plus de dix ans, la Tunisie a maintenu la
stabilité des prix soutenue par la stratégie d'ouverture du
gouvernement, notamment par une politique volontariste de libéralisation
des prix, l'inflation a diminué de 10% au début des années
1990 à 2% en 2005.
Des politiques monétaire et budgétaire
prudentes, combinées à des réformes structurelles, ont
joué un rôle essentiel pour atteindre cet objectif.
En 2006, nous remarquons que le taux d'inflation a
augmenté à 4.7%.
Cette accélération est due, dans une large
mesure et selon l'annuaire statistique de l'INS, à un accroissement du
niveau des prix de carburants et des matériaux de construction, mais
également à l'inflation importée avec la
dépréciation de la monnaie nationale face au dollar et à
l'euro. Face aux tensions inflationnistes et selon le rapport de la banque
centrale (décembre 2006), la BCT a procédé à
l'absorption de l'excédent de liquidités dans le système
financier, en relevant en septembre 2006, son taux directeur de 5 pour cent
à 5.25 pour cent et le taux des réserves obligatoires de 1.5
à 3.5 pour cent.
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
D'où, l'inflation a été
maîtrisée après avoir connu ce sursaut du fait de la
montée des cours internationaux du pétrole et de matières
premières, des périodes d'excédents de liquidité et
de la détérioration des termes de l'échange. Elle s'est
cependant rapidement repliée suite au resserrement monétaire
opéré par la banque centrale pour descendre à 2.1%, en
glissement annuel, en 2007 après presque 5%en 2006. Ce qui met en relief
l'importance d'une politique monétaire crédible en
période d'inflation20(*), qui consiste, en résumé,
à :
§ Eponger le surplus de liquidité (la banque
centrale détient le contrôle exclusif de la quantité de
monnaie centrale émise. Cette dernière (BCT) intervient sur le
marché monétaire pour injecter la liquidité sous diverses
formes, tels que les appels d'offres, les opérations ponctuelles et les
pensions de bons de trésor.
§ Augmenter le coût de l'argent et assurer la
valeur de la monnaie nationale vis-à-vis de l'extérieur.
§ Réduire les possibilités de crédit
des banques.
Ainsi et en dépit d'un environnement international
défavorable et instable caractérisé notamment par la
hausse des prix de l'énergie et de la plupart des autres produits de
base et les fluctuations du taux de change des principales devises,
l'économie tunisienne a enregistré des résultats positifs
(inflation maîtrisée) grâce à un durcissement des
conditions monétaires qui aide à maintenir l'inflation à
un taux raisonnable.
Il est à noter que le niveau d'inflation
enregistré demeure acceptable compte tenu de la hausse excessive et la
persistance des prix mondiaux du pétrole, des matières
premières, demi-produits et des denrées alimentaires ainsi que
des tensions conjoncturelles sur le marché intérieur au niveau
d'approvisionnement et de distribution des produits alimentaires.
Plus important, la maîtrise de la hausse des prix a
été rendue possible grâce à la poursuite d'une
politique monétaire rigoureuse, en plus du doublement des subventions de
la caisse nationale de compensation (décélération des prix
de la plupart des postes de dépenses ménagères).
Chapitre I. Politique de change et dynamique
d'inflation en Tunisie
Conclusion :
A partir de ce premier chapitre, nous avons fait d'abord une
analyse de la politique de change adoptée dans le cadre de
l'économie tunisienne qui est en phase de pleine transition d'un
régime de flottement administré à un régime de
flottement pur ainsi qu'une exposition des principales réformes
lancées pour amender ce passage d'une politique de change dirigée
à une politique libre .
Ensuite, nous constatons d'abord que la description des
fluctuations du panier de devises majeures de dinar est primordiale puisque ces
dernières peuvent être très coûteuses pour la
stabilité interne.
Enfin, nous avons montré que comme l'inflation en
Tunisie a plusieurs causes, mesures et sources, elle a aussi de nombreux
facteurs qui ont un impact puissant sur la dynamique d'inflation.
Pour bien illustrer cette dernière et en nous basant
sur des données issues de l'annuaire statistique (rapport commerce
intérieur), nous avons décrit les mouvements du taux d'inflation
pendant la période [1998-2007].
A partir de cette description, nous pouvons conclure que
pendant les dix derniers ans, ce pays a maintenu la stabilité des prix
qui correspond à l'objectif principal des autorités
monétaires (BCT).
Ainsi, il est primordial pour la banque centrale d'adopter des
politiques monétaires et budgétaires prudentes et rigoureuses en
période d'inflation.
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Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation :
Introduction
Après l'analyse descriptive de la politique de change
adoptée en Tunisie et la dynamique d'inflation menée au niveau de
premier chapitre, nous étudions dans le deuxième chapitre, le
point en lequel les fluctuations du taux de change ont comme effet un
changement des niveaux d'inflation. Donc nous identifions et à l'issue
de plusieurs travaux théoriques , un processus de répercussion
des variations du taux de change sur les prix à la consommation ainsi
que la relation liant ces deux variables en mettant en exergue leurs
étapes, les incidences de cette liaison, les facteurs affectant le
degré de transmission et les principales implications pour la politique
monétaire d'une atténuation de ce degré.
Enfin, nous montrons que puisque la Tunisie est en pleine
transition et pour amender le passage d'un flottement dirigé à un
flottement pur, il est primordial de contrôler l'inflation en
assouplirant le taux de change et en s'orientant vers un cadre de ciblage
d'inflation.
Section I. Définition:
L'étude de mécanisme de transmission des
variations du taux de change sur les prix à la consommation traite un
lien entre la politique monétaire, l'inflation et l'incidence des
variations du taux de change sur les prix à la consommation21(*).
Autrement dit, la relation entre les fluctuations du taux de
change nominal et l'évolution des prix à la consommation a des
conséquences pour la politique monétaire et la politique de
change. Ainsi, une meilleure compréhension de ce lien nous aidera
à mieux cerner les facteurs qui influent la détermination des
prix.
La transmission des variations du taux de change
désigne en général à la fois la répercussion
sur les prix d'importations et sur les prix à la consommation mais on va
dans notre étude seulement s'intéresser à des prix
à la consommation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
La variation des prix intérieurs causée par une
variation du taux de change correspond au degré de transmission des
variations du taux de change ou au degré de répercussion.
Ce concept à été traditionnellement
défini comme étant la variation en pourcentage du prix en monnaie
nationale d'un bien importe induite par une variation de un point de
pourcentage du taux de change nominal entre le pays exportateur et le pays
importateur. Cette définition a évolué au fil des ans pour
englober d'autres types des prix, notamment les prix à la
consommation.
La transmission des variations du taux de change peut
être complète si une dépréciation de monnaie
nationale a généralement comme effet attendu d'accroître
les prix des biens importés et si elle se répercute
entièrement sur les prix des importations. Alors qu'elle est
incomplète lorsqu'une partie seulement de la dépréciation
est transmise aux prix des importations.
Qu'elle soit partielle ou complète, la
répercussion du taux de change22(*) est un facteur important qui détermine dans
quelle mesure les ajustements du taux de change réussissent à
assurer ou maintenir un solde extérieur viable.
Si le degré de répercussion est
élevé, l'ajustement du taux de change nécessaire pour
corriger une position insoutenable du solde des transactions courantes sera
relativement modeste.
L'inverse est vrai si la répercussion est
faible23(*).
Par ailleurs, pour un régime de change flottant, les
économistes s'attendaient à observer une relation étroite
entre les mouvements des taux de change et les variations des niveaux des prix
nationaux.
Pour bien décrire le mécanisme de transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation, nous
devons :
o Examiner les incidences des mouvements du taux de change sur
l'inflation.
o Décrire les fluctuations du taux de change effectif
nominal (TCEN), les facteurs sous-jacents et les effets qui en résultent
sur l'inflation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Section II. Evolution théorique24(*) :
Le sujet de la transmission des variations du taux de change
sur l'inflation a suscité diverses analyses :
La loi du prix unique et la parité du pouvoir d'achat
(PPA) posent que la transmission des variations du taux de change sur les prix
des importations en monnaie nationale est toujours immédiate et
complète, c'est-à-dire qu'une dépréciation de la
monnaie nationale se répercute entièrement sur ces prix.
Selon la théorie de l'adaptation des prix au
marché « pricing to market », la transmission des
variations du taux de change aux prix pourrait être incomplète
(c'est-à-dire qu'une partie seulement de la dépréciation
se transmette au prix) car les producteurs étrangers peuvent accepter de
baisser leur marge bénéficiaire pour préserver leur part
de marché. Pour ces deux lois, la répercussion du taux de change
fait référence à la répercussion sur les prix des
importations qui, à leur tour, a un effet immédiat sur les prix
à la consommation.
Taylor (2000) affirme que la transmission des variations du
taux de change aux prix à la consommation augmente avec le niveau
d'inflation, autrement dit, il montre qu'un régime crédible de
faible inflation se prête à une faible répercussion, alors
qu'une persistance d'une inflation élevée est positivement
corrélée au niveau de répercussion. L'hypothèse
sous- jacente est que lorsque la politique monétaire gagne en
crédibilité et en efficience pour maintenir le taux de
d'inflation à un faible niveau, la répercussion diminue car les
entreprises s'attendent à ce que les variations des prix soient moins
persistantes. Elles ont donc moins tendance à modifier leurs prix face
à un choc de taux de change car elles anticipent que les
autorités monétaires vont agir énergiquement pour
stabiliser l'inflation intérieure.
Plus précisément, Goldfajn et Werlang (2000)
constatent que le degré de transmission dépend de
l'activité économique. Autrement, les déclins dans
l'activité économique réduisent l'espace de rendement et
compensent l'impact d'une dépréciation du taux de change sur
l'inflation.
Choudhri et Hakura (2001) constatent, en étudiant le
processus de transmission des variations du taux de change sur les prix en Inde
qu'une répercussion faible pourrait apporter plus de souplesse dans la
conduite d'une politique monétaire indépendante et faciliter la
mise en place d'un régime de ciblage d'inflation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Dans le même contexte et dans un grand
échantillon de 122 pays, Devereux et Yetman (2003) trouvent que Les
politiques de redéploiement des dépenses destinées
à résoudre les difficultés de balance des paiements
reposent sur le rôle du taux de change pour rediriger les achats des
consommateurs vers les produits nationaux au détriment des produits
importés.
En outre, Devereux (2001) ajoute que dans un régime de
change flexible, une faible transmission des variations du taux de change sur
les prix à la consommation peut contribuer à stabiliser la
production et l'inflation. Ce régime de change peut permettre à
la fois de réduire les variances de production et d'inflation. C'est
pourquoi une répercussion faible des variations du taux de change sur
les prix à la consommation pourrait apporter plus de souplesse dans la
conduite d'une politique monétaire et faciliter la mise en place d'un
régime de ciblage d'inflation.
Campa et Goldberg (2004) prouvent qu'une
dépréciation du taux de change augmente le coût des
produits importés, les firmes en concurrence imparfaite peuvent choisir
d'absorber totalement ou partiellement l'augmentation des coûts de
production, réduisant ainsi, la répercussion sur les prix
à la consommation. Les services de distribution isolent les prix
à la consommation des produits échangeables car ils peuvent
ajuster es marges bénéficiaires pour absorber les fluctuations du
taux de change.
Frankel et autres (2005) examinent si le changement du
degré de transmission des variations du taux de change est
expliqué par le changement du taux d'inflation indiqué par
l'indice des prix à la consommation ou le contraire, il s'agit donc
d'une analyse de causalité. .
Pour le cas de l'économie turque, Kara et Ogunc (2005)
confirment que la répercussion des mouvements du taux de change sur les
prix internes s'est affaiblie après l'adoption du régime de
flottement libre, ceci peut revenir à la bonne préparation
à la transition vers ce régime.
Mwase (2006) démontre que la répercussion de
variations du taux de change sur l'inflation est incomplète et donc
qu'une partie seulement des mouvements du taux de change se répercute
sur les prix intérieurs en Tanzanie. Pour lui, la diminution du
degré de répercussion peut être en raison d'une baisse
d'inflation, d'une productivité plus élevée ou d'une
concurrence accrue. Pour lui, d'autre facteurs comme les rigidités
nominales et l'ajustement lent des prix des produits importés peuvent
rendre les prix intérieurs moins réactifs aux mouvements du taux
de change ce qui peut retarder la répercussion des variations du taux de
change aux prix intérieurs.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Section III. Les étapes de transmission des
variations du taux de change sur l'inflation :
Le processus de transmission des variations du taux de change
est représenté par la relation entre le taux de change nominal et
le niveau des prix intérieurs.
Ce processus de transmission comprend deux
étapes25(*) :
§ Les mouvements du taux de change se répercutent
sur les prix à l'importation.
§ Les variations des prix à l'importation influent
sur les prix à la consommation
Habituellement, une variation du taux de change se
répercute sur les prix à la consommation par l'influence qu'elle
a sur la demande de produits importés.
Ainsi, une dépréciation donnant lieu à
une majoration du prix des biens importés fera augmenter la demande de
biens produits au pays qui concurrencent les importations.
Lorsque cette demande s'intensifie, elle exerce des pressions
à la hausse sur les prix intérieurs et les salaires nominaux.
III.1. Transmission aux prix à
l'importation :
Une dépréciation de la monnaie nationale a
généralement comme effet attendu d'accroître les prix des
biens importés.
Si elle se répercute entièrement sur les prix
des importations, la transmission est dite
« complète ». Il est toutefois important de
souligner que la transmission sera complète si le coût marginal
des échanges internationaux est constant (les coûts des
échanges internationaux sont constitués de tous les
éléments qui créent des écarts entre les prix des
biens sur les marchés intérieur et extérieur)
Par contre, si une partie seulement de la
dépréciation est transmise aux prix des importations, la
transmission est partielle ou incomplète.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Le degré et la vitesse de la transmission aux prix des
biens importées sont fonction de plusieurs facteurs,26(*) dont principalement:
§ La durée prévue de la
dépréciation.
§ Les coûts liés à l'ajustement des
prix.
§ Les conditions de la demande.
Betts et Devreux (1996) ont adopté l'hypothèse
d'une certaine rigidité des prix des importations dans la monnaie
locale, c'est-à-dire que les prix des importations ne sont pas
entièrement préétablis mais mettent un certain temps
à ajouter. Dans ces conditions, l'ampleur de la transmission
dépend du degré de rigidité des prix des biens
importés, autrement dit, plus ces prix sont rigides dans la monnaie des
pays importateurs, plus le degré de transmission est faible.
III.2. Transmission aux prix à la
consommation :
Le panier de consommation utilisé pour calculer
l'indice des prix à la consommation d'un pays comprend habituellement
des biens produits au pays et des biens importés de l'étranger.
Le degré de transmission des variations du taux de change à l'IPC
sera donc fonction du taux de transmission aux prix des biens importés
de la part occupée par les importations dans le panier des biens de
consommation et de la réaction des produits intérieurs aux
mouvements du taux de change. En supposant que les prix des produits
intérieurs sont insensibles aux variations du taux de change, il y a
deux raisons au moins pour lesquelles la transmission aux prix à la
consommation peut ne pas être intégrale même si la
transmission aux prix à l'importation l'est.
Premièrement, les coûts de distribution comme
les coûts de transport, de commercialisation et de services, peuvent
créer des écarts entre les prix à l'importation et les
prix à la consommation, écarts qui fluctueront si les
distributeurs ajustent leurs marges bénéficiaires en
réaction aux mouvements de la monnaie locale.
Deuxièmement, l'application de stratégies de
prix différentes par les grossistes étrangers et les
détaillants locaux à l'égard des produits vendus sur le
marché national peut expliquer que la transmission aux prix à la
consommation soit inférieure à la part des biens importés
dans le panier de l'IPC même si la transmission aux prix à
l'importation est complète. Cela peut être le cas, par exemple,
lorsque les sociétés étrangères exportatrices
fixent leurs prix dans la monnaie de leur pays, pendant que les
détaillants locaux préfèrent les établir dans la
monnaie nationale. Toutefois, comme il a été mentionné
précédemment, les prix des produits nationaux fluctuent
généralement en fonction des mouvements du taux de change, ce qui
contribue aussi à expliquer pourquoi le taux de transmission de ces
mouvements aux prix à la consommation n'est pas nécessairement
égal à la part qu'occupent les importations dans le panier de
l'IPC, et ce, même si la transmission aux prix à l'importation est
intégrale.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Il importe de signaler que la sensibilité des prix des
produits nationaux aux variations du taux de change est fonction de plusieurs
facteurs27(*) tels
que :
§ La substituabilité de ces produits aux
importations
§ Les coûts d'ajustement des prix
intérieurs
§ La rigidité des salaires nominaux
Généralement, dans les pays qui ont un taux
d'inflation peu élevée et une devise stable, on peut s'attendre
à ce que l'impact des mouvements du taux de change soit faible.
Enfin, l'impact des changements du taux de change sur
l'inflation domestique peut être modifié en contrôlant
l'inflation par l'établissement des nouvelles politiques
monétaire et de change en s'orientant vers un assouplissement du taux
de change et un cadre de ciblage d'inflation.
Section IV. La relation liant le taux de change
à l'inflation et ses conséquences
IV.1. Incidences de la transmission des variations
du taux de change sur les prix à la consommation :
Les variations du taux de change ont inévitablement
des effets sur les prix à la consommation dans une petite
économie ouverte comme le cas de la Tunisie.
Ces effets peuvent être directs ou indirects, selon
qu'ils s'exercent directement sur les prix ou par le biais de leurs
répercussions sur la composition ou sur le niveau de la demande globale
et sur les salaires (voir Figure 2)28(*).
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Plus particulièrement, le taux de change influence
directement l'inflation par le biais des biens importés et indirectement
l'économie réelle par le biais du commerce extérieur ainsi
que par le canal des anticipations.
Les variations du taux de change se transmettent directement
aux prix des produits importés. Cependant, la hausse de coûts que
subissent les producteurs et les détaillants en raison de la
dépréciation du dinar est rarement répercutée
entièrement et immédiatement sur les prix à la
consommation. Cela se fait dans une proportion et à une vitesse qui peut
dépendre de plusieurs facteurs, dont la conjoncture de la demande, le
coût d'ajustement des prix et la perception de la durée de la
dépréciation du dinar.
La dépréciation de la monnaie a pour effet de
modifier la composition de la demande, en stimulant tant la demande
intérieure que la demande extérieure de produits nationaux. D'une
part, le renchérissement des produits importés entraîne un
accroissement de la demande extérieure, qui exerce à son tour des
pressions à la hausse sur les prix intérieurs. D'autre part, la
dépréciation du dinar rend plus compétitifs les produits
d'exportation, dont le prix en devises étrangères diminue
automatiquement. La demande s'accroissant, le prix des produits nationaux
exportables risque à son tour d'augmenter, ce qui s'ajouterait aux
pressions à la hausse déjà exercées sur les prix
intérieurs par l'augmentation du prix des biens importés.
L'accroissement de la demande des produits extérieurs entraîne
aussi une augmentation de la demande de main-d'oeuvre et, peut-être, des
hausses de salaires qui seront, à leur tour, répercutées
sur les prix29(*).
Les conséquences des variations du taux de change sur
l'inflation dépendent de nombreux facteurs. Toutefois, ce qu'il faut
retenir, c'est que l'inflation dépend en fin de compte de la politique
monétaire et que les variations du taux de change sont elles mêmes
tributaires de l'orientation de la politique monétaire. Une politique
monétaire axée sur la maîtrise de l'inflation ne permet pas
aux variations du taux de change de dégénérer en spirale
inflationniste. Certes, une dépréciation du dinar se traduit,
à court terme, par une hausse du taux d'inflation, mais en longue
période ce taux retourne vers l'objectif visé. Les attentes
d'inflation sont un important déterminant de l'évolution de
l'inflation, et, dans la mesure où elles se fondent sur les objectifs de
la politique monétaire, elles contribuent à faciliter ce retour.
La conjoncture actuelle, caractérisée par un taux d'inflation bas
et des attentes d'inflation faibles, reflète la détermination de
la politique monétaire actuelle qui veille à ce que des
changements de prix relatifs (comme ceux qui découlent des variations
du taux de change) n'alimentent pas un processus inflationniste
continuel30(*).
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
En plus, les variations du taux de change provoquent des
variations de prix relatifs.
Si le revenu nominal ne change pas, l'augmentation du prix des
biens importés liée à la dépréciation du
taux de change réduit le revenu réel des consommateurs et
généralement la part du revenu consacrée aux autres biens,
de sorte que la demande et le prix de certains biens diminuent aussi.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Dépréciation
Figure 2 : Canaux de transmission d'une
dépréciation de la monnaie nationale aux prix à la
consommation
Les effets d'une appréciation du taux de change
sur les prix intérieurs sont illustrés dans ce
schéma31(*)
Effets directs
Effets indirects
Renchérissement des intrants
importés
Augmentation de la demande de biens
exportables
Augmentation de la demande intérieure de biens
substituts
Augmentation de la demande
de main
d'oeuvre
Augmentation des coûts de production
Renchérissement des biens substituts et des
biens exportables
Renchérissement des produits finis
importés
Hausse des salaires
Augmentation des prix à la consommation
Effet direct Effet
indirect
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Etant donné le degré élevé
d'ouverture de l'économie tunisienne, le taux de change joue un
rôle fondamental dans le mécanisme de transmission de la politique
monétaire, d'autant plus que la Tunisie s'approche d'un système
de change entièrement flottant et qu'elle s'oriente vers un cadre de
ciblage de l'inflation.
Il est essentiel de comprendre les mécanismes de
transmission de la politique monétaire pour conduire une politique
monétaire efficace.
D'où, la primordialité d'évaluer la
transmission des variations du taux de change aux prix à la consommation
car le degré de réaction des prix à la consommation aux
variations du taux de change a d'importantes conséquences pour la
politique monétaire.
La répercussion des variations du taux de change sur
les prix intérieurs signale dans quelle mesure les fluctuations du taux
de change agissent sur les prix à la consommation.
Les prix à la consommation subissent l'effet direct des
variations des prix des produits intermédiaires finis importés,
mais aussi les effets indirects des fluctuations du taux de change sur la
demande globale.
Par exemple, une dépréciation du taux de change
affecte les exportations nettes, qui exercent à leur tour une pression
à la hausse sur les prix intérieurs par le biais de la demande
globale.
Il arrive toutefois que les prix à la consommation ne
réagissent pas au taux de change lorsque les variations des coûts
des importations sont absorbées par des intermédiaires dans les
circuits de distribution.
Autrement dit, le degré de répercussion du taux
de change dépend de l'état de la concurrence sur le marché
intérieur de biens importés et du comportement d'adaptation des
prix au marché32(*).
En outre, Gagnon et Ihrig (2004) constatent que l'incidence
des variations du taux de change sur les prix dépend en partie de
facteurs macroéconomiques, en particulier, la rigidité des prix
qui s'explique par les coûts que leur ajustement entraîne pour les
entreprises et l'ajustement lent des prix des produits peuvent rendre les prix
intérieurs moins réactifs aux mouvements de taux de change. Dans
ce cas, la répercussion des variations du taux de change aux prix est
retardée, mais elle n'est pas nécessairement
incomplète.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Plus important, un taux de change flexible peut permettre de
réduire la variance de l'inflation et une répercussion faible des
variations du taux de change sur les prix pourrait apporter plus de souplesse
dans la conduite d'une politique monétaire et faciliter la mise en place
d'un régime de ciblage de l'inflation.
Ceci est particulièrement important vu la transition de
la Tunisie vers une intégration dans l'économie mondiale par la
libéralisation de son compte de capital, la transmission relativement
faible des variations du taux de change aux prix signifie qu'une
évolution méthodique vers un taux de change flottant pourrait
aider la Tunisie à s'orienter vers un cadre de ciblage d'inflation et
donc préserver la stabilité des prix.
Alors, il est d'un grand intérêt pour les
décideurs des pays en voie de développement, et en particulier la
Tunisie de comprendre les effets des fluctuations du taux de change nominal sur
les prix à la consommation pour décider la conduite de leurs
politiques monétaire et de change, surtout s'ils libéralisent
leur marché de capitaux et assouplissent leur régime de change.
IV.2. Les facteurs affectant le processus de
transmission
Les principaux facteurs affectant le degré de
transmission des variations du taux de change sur l'inflation33(*), ainsi :
§ Plus le taux d'inflation et sa volatilité sont
grands, plus le degré de répercussion est grand. Autrement dit,
la crédibilité et l'efficacité de la politique
monétaire ainsi qu'un maintien d'un bas taux d'inflation abaisse le
degré de transmission.
§ Le degré de répercussion dépend de
la part des importations dans le panier de consommation (plus le rapport de
pénétration d'importation est grand), plus le degré de
répercussion est grand.
§ La composition de l'indice des prix à la
consommation affecte ce degré puisqu'il diffère selon les
diverses catégories. Par exemple, le degré de transmission des
variations du taux de change aux produits manufacturés s'avère
moins important par rapport aux produits énergétiques et de
matières premières.
§ Chapitre II. Transmission des variations du
taux de change sur l'inflation
Les déformations commerciales résultant des
tarifs et des restrictions quantitatives, agissent en tant que barrière
à l'arbitrage des marchandises entre les pays et mènent à
abaisser le degré de répercussion.
§ Il faut aussi insister sur l'impact des
développements internationaux de prix du pétrole qui peut souvent
être tordu par les changements des impôts spéciaux de
consommation. Donc il s'agit d'une déclaration de l'influence des prix
à l'importation et la dépréciation de la monnaie nationale
qui peuvent conjointement être prises en compte car la
dépréciation plus élevée mènerait à
des coûts de production plus élevés, qui traduisent
alternativement des prix internes plus élevées.
§ Ce degré dépend aussi de la
période de l'appréciation et la dépréciation du
taux de change et donc de la taille du changement pendant des périodes
diverses.
Plus important, la prise en compte de ces facteurs et de ces
incidences est insuffisante pour décrire d'une façon
précise le degré de transmission des variations du taux de change
sur les prix à la consommation.
Pour l'évaluer, il faut aussi tenir compte des
implications que ce degré a sur les politiques monétaire et de
change surtout avec la transition de la Tunisie vers un régime de
flottement libre.
Section V. Implications pour la politique
monétaire d'une atténuation du degré de transmission34(*):
Le degré moindre de transmission des variations du
taux de change sur les prix intérieurs signifie que les fluctuations du
taux de change ont moins d'effets sur l'inflation. Cela pourrait modifier les
prévisions des banques centrales concernant le comportement futur de
l'inflation, prévisions qui sont déterminantes dans la conduite
de la politique monétaire.
Ce degré moindre pourrait avoir d'importantes
implications pour la politique monétaire.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Premièrement, la diminution de la transmission aux
prix à la consommation pourrait influer sur les prévisions des
autorités monétaires relatives à l'évolution future
de l'inflation, lesquelles jouent un rôle très important dans la
conduite de la politique monétaire. En effet, pour que la politique
monétaire soit menée avec succès, il faut non seulement
que les autorités monétaires aient une bonne compréhension
théorique de la dynamique de l'inflation, mais qu'elles puissent
relativement bien prédire le comportement futur de l'inflation. Si les
prévisions d'inflation étaient fondées sur des estimations
qui ne tiendraient pas compte de la récente atténuation du
degré de transmission des variations du taux de change, ces
prévisions pourraient surestimer les effets des variations du taux de
change sur l'inflation.
Deuxièmement, une atténuation de l'incidence des
variations du taux de change sur les prix des importations pourrait se traduire
par des transferts de dépenses moins prononcés. Nous
pensons ici aux changements dans la composition de la demande découlant
de variations des prix relatifs internationaux attribuables à des
fluctuations du taux de change nominal. Par exemple, une
dépréciation de la monnaie d'un pays (dans lequel les variations
du taux de change sont transmises aux prix des importations) fait augmenter les
prix des biens étrangers par rapport à ceux des produits
intérieurs. Toutes choses étant égales par ailleurs, il en
résulte un accroissement de la demande mondiale de biens de ce pays par
rapport à la demande de biens d'autres pays. Si le degré de
transmission aux prix des importations fléchit, le mouvement des prix
relatifs sera plus faible, de même que l'effet de ce mouvement sur la
demande relative. Autrement dit, si les prix relatifs s'ajustent moins, les
consommateurs seront moins incités à remplacer les biens
étrangers par des produits intérieurs. Il importe de souligner
que les transferts de dépenses ne diminuent pas lorsque la transmission
aux prix à la consommation s'est atténuée, mais que la
transmission aux prix des importations est demeurée inchangée.
Enfin, un résultat théorique important qui est
ressorti dernièrement des études réalisées dans le
champ de la nouvelle macroéconomie ouverte est que la politique
monétaire optimale dépend du degré de transmission aux
prix des biens importés qui influe par la suite celui des prix à
la consommation. Notamment, lorsque la transmission est complète, un
régime de taux de change flexible est souhaitable parce qu'il permet aux
prix relatifs de s'ajuster. Une politique monétaire appropriée
peut ainsi reproduire les allocations optimales qu'on obtiendrait si les prix
étaient flexibles. Par contraste, lorsque la transmission est nulle (ce
qui se produit lorsque tous les prix sont fixés dans la monnaie locale),
la politique optimale consiste à fixer le taux de change nominal, car
dans un tel cas, un taux de change flexible ne pourrait donner lieu à un
ajustement optimal des prix relatifs.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Par conséquent, nous remarquons à partir de ce
qui précède qu'il est important de déterminer l'ampleur et
les causes de cette diminution, étant donné les implications
possibles pour la politique monétaire, notamment en raison de
l'incidence du degré de transmission sur les prévisions relatives
à l'inflation que formulent les banques centrales, ainsi que sur les
transferts de dépenses, la propagation des chocs monétaires entre
pays et le choix des régimes optimaux de taux de change et de politique
monétaire.
Section VI. La primordialité du contrôle
d'inflation35(*) :
Au cours des dix dernières années, de nombreux
pays en voie de développement ont réduit leur taux d'inflation et
sont entrés dans une ère de stabilité relative des prix.
Bien que de nombreux facteurs puissent avoir concouru à cette
évolution, il est généralement admis que l'adoption de
régimes de politique monétaire plus crédibles a
joué un rôle important. Le fait que l'avènement d'un climat
de bas taux d'inflation ait coïncidé avec la baisse observée
du degré de transmission des variations des taux de change a
popularisé l'idée selon laquelle ces deux
phénomènes pourraient être liés.
Taylor (2000) a été l'un des premiers à
formuler explicitement l'hypothèse que le passage à une faible
inflation dans de nombreux pays industrialisés peut réduire le
degré de transmission des variations du taux de change aux prix
intérieurs. Selon lui, ce degré de transmission est
essentiellement fonction de la persistance des chocs de prix et de taux de
change, laquelle tend à diminuer dans une économie où le
taux d'inflation est bas et où les politiques monétaire et de
change sont davantage crédibles d'où la primordialité
d'assouplir le taux de change et de s'orienter vers un cadre de ciblage
d'inflation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Pour la Tunisie, le fonds monétaire international (FMI)
et la banque mondiale (BM) et dans le cadre d'une instauration d'un
régime flexible de flottement libre, ils la demandent de
redéfinir un cadre de politiques monétaire et de change qui la
permettent de contrôler l'inflation.
D'où, la banque centrale (BCT) a pour premier objectif
de contrôler l'inflation, et ceci se voit clairement par le chemin vers
un assouplissement complet du taux de change et l'orientation de plus en plus
accentuée vers un cadre de ciblage d'inflation.
VI.1. Assouplissement du taux de change
Le contrôle d'inflation implique le ciblage du taux de
change réel. C'est une politique économique compatible avec le
maintien de la compétitivité.
Au cours des années 1990, la Tunisie a adopté
une politique de ciblage du taux de change effectif réel (TCER) visant
à contrôler l'inflation et préserver la
compétitivité de l'économie. Cette politique qui
consistait à ajuster périodiquement le taux de change nominal de
façon à maintenir le taux de change effectif réel
constant, a donné des résultats bons dans la mesure où le
pays a évité les écueils du ciblage du TCER, c'est
à dire la persistance d'une inflation élevée et un
désalignement du taux de change. L'absence des chocs significatifs, une
politique macroéconomique prudente et la rigidité des prix ont
été les principaux facteurs sous-jacents à un niveau
d'inflation relativement faible36(*).
Notons que le régime de change choisi par la Tunisie
permet une telle flexibilité, puisque le ciblage porte sur le taux de
change réel qui est un indicateur de compétitivité et non
nominal, par rapport à deux monnaies, ce qui permet de compenser
certains des mouvements de l'une ou l'autre de ces monnaies.
En revanche, c'est un ciblage peu contraignant dans la mesure
où cette politique rattrape en quel que sorte tout impact de la
politique interne sur la compétitivité externe.
En outre, les pressions à la hausse qui se sont
exercées sur la monnaie nationale ces dernières années
s'expliquent par l'augmentation des entrées de capitaux, qui semblent
avoir dominé la tendance à l'appréciation réelle de
la monnaie découlant des écarts de croissance de la
productivité.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Dans ce cas, si le taux de change nominal ne peut pas
s'apprécier en réponse à l'afflux de capitaux parce que
les autorités interviennent pour maintenir une parité, les
tensions inflationnistes vont s'accumuler et le taux de change réel
tendra à s'apprécier par le biais d'une
accélération de l'inflation intérieure.
Pour éviter d'arriver à cette situation, les
banques centrales ont souvent cherché à stériliser les
entrées de capitaux qui sont venues gonfler leurs réserves.
Mais, dans le meilleur des cas, ces opérations ne sont
efficaces qu'à court terme. Autrement, étant donné la
taille relativement faible des marchés financiers intérieurs par
rapport au volume des flux de capitaux internationaux, les efforts de
stérilisation tendent à perdre leur efficacité avec le
temps. Ainsi, les objectifs de maîtrise de l'inflation et de
stabilité du taux de change poursuivis par les autorités
deviennent de plus en plus manifestes.
D'où, la BCT a privilégié le ciblage du
taux de change réel dans le cadre des objectifs affichés de
stabilité, de réaction à la forte volatilité des
termes de l'échange et surtout de contrôle d'inflation.
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance à un
assouplissement du taux de change37(*) tels que :
§ La stabilisation du taux de change réel du dinar
par la maîtrise des coûts inflationnistes.
§ La couverture contre les risques de change
occasionnés notamment par les fluctuations de devises majeures du panier
de dinar notamment entre l'euro et le dollar.
§ Une volonté affichée par les
autorités de laisser jouer les mécanismes du marché dans
un contexte d'intégration financière internationale.
Donc et dans un contexte d'augmenter la libéralisation
du compte de capital, la banque centrale peut intervenir sur le marché
de change pour défendre sa devise.
Il devient aussi adéquat de s'orienter vers une
politique de ciblage d'inflation pour atteindre une situation durable de
faible inflation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
En revanche, à mesure que l'économie tunisienne
poursuit son intégration dans l'économie mondiale par la
libéralisation de son compte de capital, l'assouplissement du taux de
change pourrait aider la Tunisie à stabiliser l'inflation.
Ainsi, s'agissant du taux de change, les autorités
monétaires ont cherché, jusqu'à la fin de la
dernière décennie, à cibler le taux de change effectif
réel (TCER). Cependant et selon le rapport de la BCT (Janvier 2003),
depuis l'an 2000, la BCT a limité ses interventions sur le marché
des changes. Cette plus grande flexibilité s'est traduite par une
dépréciation tendancielle du taux de change et le renforcement de
la compétitivité des exportations.
Toutefois, les autorités considèrent que cette
phase actuelle de flottement dirigé est une étape
intermédiaire, qui devrait déboucher normalement sur un
régime de change flottant associé à une
convertibilité totale de dinar. Cependant la phase de
libéralisation totale des investissements de portefeuille et des
entreprises tunisiennes à l'étranger devrait être
retardée, jusqu'à ce que le système monétaire et
financier soit renforcé, modernisé et restructuré par des
fusions et des privatisations.
Le desserrement de la contrainte de change et
l'achèvement de la convertibilité totale du dinar restent des
objectifs prioritaires comme finalités pour une plus grande
intégration de l'économie tunisienne dans l'économie
mondiale (Voir Mouley.S (2000)). A mesure que l'économie
tunisienne poursuit son intégration dans l'économie mondiale par
la libéralisation de son compte de capital, l'assouplissement du taux de
change pourrait aider la Tunisie à stabiliser l'inflation38(*).
Plus important, l'assouplissement du taux de change constitue
une stratégie primordiale puisque les mesures prises pour influencer le
taux de change peuvent de toute évidence avoir des effets
immédiats sur la politique monétaire interne.
Par conséquent, l'intensification des mouvements des
capitaux doit être accordée par une tendance globale vers des
arrangements plus flexibles vu la transition de la Tunisie vers un
régime de flottement libre, surtout que ce pays doit s'orienter peu
à peu vers un assouplissement complet de son taux de change et un cadre
de ciblage de l'inflation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
VI.2. L'orientation de la Tunisie vers un cadre de
ciblage d'inflation :
Le ciblage d'inflation est un cadre de politique
monétaire qui astreint la banque centrale à assurer une faible
inflation, de telle sorte que celle-ci ne dépasse pas deux pour cent
à moyen terme, a contribué dans une large mesure au maintien de
la stabilité des prix. Les pays en voie de développement
pourraient eux aussi bénéficier de cette approche qui
accroît la transparence et pousse les responsables à approfondir
les réformes.
Cette stratégie assure une réelle autonomie de
la politique monétaire en réponse aux chocs réels et
nominaux, d'offre ou de demande, domestiques ou étrangers qui pourraient
perturber la trajectoire des prix.
Le ciblage d'inflation est le choix d'un objectif unique en
rapport, avec une politique monétaire active, c'est un gage de
crédibilité puisque toute forme de tension à dévier
de la part de la banque centrale est éliminée du fait de cette
unicité d'objectif.
Cette dernière est aussi gage d'efficacité
puisque l'objectif unique final est directement en rapport avec des objectifs
intermédiaires, autrement dit, cet objectif entre parfaitement dans les
compétences institutionnelles et fonctionnelles de la banque centrale.
Par ailleurs, l'avantage majeur de la politique de ciblage
d'inflation réside dans sa composante discrétionnaire qui est
synonyme d'une capacité de réponse à la majorité
des chocs potentiels sur l'économie quels que soient leur nature et leur
origine et qui assure la régulation des équilibres internes et
externes en minimisant les coûts de mise en oeuvre de ciblage, notamment
en terme de croissance.
La politique de ciblage d'inflation a plusieurs
objectifs39(*) :
§ Conserver un degré de
discrétionnarité dans sa politique de change
§ Réguler les termes de l'échange
§ Stabiliser le taux de change réel
§ Réguler l'impact expansionniste des
entrées de capitaux sur la liquidité interne
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
En plus le ciblage d'inflation est un cadre de politique
monétaire qui contraint la banque centrale à assurer une faible
inflation. Le processus commence normalement par la diffusion d'un
communiqué conjoint de la banque centrale et du gouvernement
(habituellement le ministère des finances) fixant un objectif explicite
à atteindre sur une période donnée par exemple un taux
annuel d'inflation de 2 % pendant les deux années à venir. Il
incombe ensuite à la banque centrale, qui doit être libre de la
manière dont elle règle ses instruments, d'atteindre un objectif
fixé et de publier régulièrement des informations sur ses
stratégies et ses décisions. Ce devoir de transparence contribue
à réduire l'incertitude quant aux orientations futures de la
politique monétaire tout en renforçant la
crédibilité et la responsabilité de la banque centrale.
Le ciblage de l'inflation peut être décrit comme
un cadre d'application de la politique monétaire en liberté
surveillée.
Il laisse toutefois en même temps à la banque
centrale la liberté de choisir la manière dont elle utilise ses
instruments, ce qui lui donne une certaine marge de manoeuvre pour
réagir aux éventuels chocs endogènes ou exogènes.
Il faut ajouter aussi que l'un des avantages du ciblage de
l'inflation consiste à prévenir la déflation en compensant
les effets de chocs systématiques affectant la demande globale. Ce
système traite l'inflation et la déflation de manière
symétrique.
Un ciblage direct d'inflation repose sur un certain nombre de
conditions préalables40(*) qui peuvent rendre cette stratégie difficile
à mettre en oeuvre dont :
§ L'indépendance
institutionnelle : l'objectif primordial de la politique
monétaire est celui d'une faible inflation.
§ Un système financier
sain : afin de réduire les risques de conflit avec les
objectifs de stabilisation financière et de garantir la transmission
efficace de la politique monétaire, le système bancaire doit
être solide et les marchés de capitaux bien
développés.
§ Des bonnes infrastructures et
capacités d'analyse : les autorités
monétaires doivent avoir une capacité bien
développée de prévisions d'inflation. Autrement, pour que
le ciblage puisse réussir, il faut disposer d'une mesure crédible
de l'inflation.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Ainsi, au niveau de la politique monétaire, la
stabilité des prix est le principal objectif de la banque centrale de
Tunisie (BCT), qui dispose désormais d'un système de ciblage de
l'inflation
La Tunisie a pris donc d'importantes mesures en vue
d'établir ce cadre de ciblage d'inflation41(*) :
§ L'amendement apporté en 2006 à la loi
régissant la banque centrale a renforcé l'indépendance de
la BCT et définie la stabilité des prix comme objectif principal
de la politique monétaire.
§ Pour dynamiser le système financier, les
autorités ont adopté un certain nombre de mesures visant à
améliorer le crédit, promouvoir la bonne gouvernance et renforcer
le cadre juridique des banques.
§ Toutefois, une méthodologie fiable de
prévisions d'inflation n'est pas encore disponible.
Enfin, le ciblage d'inflation semble promoteur puisqu'il
offre un certain nombre d'avantages opérationnels et oblige les
responsables de la politique économique à approfondir les
réformes, à accroître la transparence et à
améliorer la politique budgétaire.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
Principales conclusions et
recommandations :
Pour la Tunisie, la transmission des variations du taux de
change aux prix à la consommation est considérée comme un
important mécanisme de transmission de la politique monétaire,
ainsi :
§ S'agissant de la politique de change, les
autorités monétaires doivent poursuivre leur politique
d'assouplissement du taux de change au vu de la libéralisation
progressive du compte de capital et viser à une coordination plus
rapprochée de la politique monétaire et de la politique de
change.
§ Dans une petite économie ouverte comme la
Tunisie, les fluctuations du taux de change ont des répercussions
importantes sur l'inflation.
à Il est essentiel donc de disposer des marchés
monétaire et de change suffisamment développés pour
pouvoir mener une politique monétaire souple et efficace.
§ La politique de la banque centrale doit accroître
l'autonomie des marchés monétaire et de change et de contribuer
ainsi à leur développement en permettant au taux de change de
mieux refléter les conditions du marché.
§ A mesure que l'économie tunisienne poursuit son
intégration dans l'économie mondiale par la libéralisation
de son compte de capital, l'assouplissement du taux de change pourrait aider la
Tunisie à stabiliser l'inflation.
§ L'intensification des mouvements des capitaux doit
être accordée par une tendance globale vers des arrangements plus
flexibles.
§ Pour réussir le passage à la
convertibilité totale d'une monnaie aux fins des mouvements de capitaux,
il faut non seulement aborder prudemment les contrôles en vigueur en
s'appuyant sur des données macroéconomiques fondamentales saines
et un secteur bancaire solide, mais aussi mener une politique de change
suffisamment flexible.
§ Le marché de change étant souvent
très étroit par rapport aux volumes atteints par les
entrées de capitaux, toute modification durable de ces flux peut avoir
un impact considérable sur la demande nette de devises surtout que
l'évolution du marché de changes peut entraîner des risques
inflationnistes. Cette évolution peut altérer la validité
d'une prévision d'inflation, ce qui occasionne parfois des soucis.
§ Chapitre II. Transmission des variations du
taux de change sur l'inflation
Il faut mener une politique économique et
financière judicieuse et transparente pour préserver la
stabilité macroéconomique quel que soit le régime de
change adopté malgré que cela ne suffise pas à
échapper aux tensions et à l'instabilité des
marchés des changes.
§ La transmission relativement faible des variations du
taux de change aux prix à la consommation signifie qu'une
évolution méthodique vers un taux de change flottant devrait
améliorer les arbitrages à réaliser entre la
variabilité de l'inflation et celle de la production comme les montre
Taylor (2000). En d'autres termes, avec l'ouverture du compte de capital,
l'assouplissement du taux de change pourrait aider la Tunisie à
stabiliser à la fois la production et l'inflation.
§ Il est tout à fait probable que le
mécanisme de transmission évoluera au fur et à mesure que
le cadre de politique monétaire s'orientera progressivement vers un
ciblage de l'inflation. C'est pourquoi, il est primordial de renforcer les
capacités d'étude de la BCT pour lui permettre de continuer
à élaborer et mettre à niveau ses outils analytiques
applicables au mécanisme de transmission de la politique
monétaire.
§ Pour adopter un régime de ciblage d'inflation,
la banque centrale doit proposer une stratégie de gestion de l'inflation
importée qui peut atténuer le problème de
volatilité de change, parce qu'il est probable que les fluctuations du
taux de change s'accentuent en transitant d'un flottement administré
à un flottement libre.
§ La flambée continue des cours mondiaux des
produits de base rend nécessaire la prise de précautions et de
mesures adéquates pour assurer la maitrise des prix qui peut être
plus difficile avec la transition de la Tunisie d'une convertibilité
partielle à une convertibilité totale de dinar.
§ La dépendance entre les variations du taux de
change et l'inflation doit efforcer de produire des innovations
économiques et institutionnelles pour amender le passage d'un
régime de flottement dirigé vers un régime de flottement
libre.
§ La réduction de l'objectif de croissance de la
masse monétaire peut calmer les pressions inflationnistes.
Chapitre II. Transmission des variations du taux de
change sur l'inflation
En résumé, il est primordial pour la Tunisie
de42(*) :
§ Consolider la position macroéconomique.
§ Poursuivre l'ouverture progressive de l'économie
Tunisienne
§ Eclairer le rôle du taux de change dans le cadre
de la politique monétaire
§ Intensifier le travail de préparation vers le
ciblage de l'inflation compte tenu de l'ouverture croissante du compte de
capital
Conclusion :
Au niveau du deuxième chapitre, nous pouvons conclure
que pour un régime de change flottant (que soit dirigé ou libre)
les économistes s'attendaient à observer une relation robuste et
étroite entre les mouvements du taux de change et les niveaux
d'inflation. Ainsi, il est primordial d'évaluer le mécanisme de
transmission surtout que le degré de réactivité des prix
intérieurs aux variations du taux de change a d'importantes
conséquences pour la politique monétaire surtout avec la phase de
transition caractérisant la politique de change en Tunisie.
Toutefois, cette situation doit être accompagnée
d'un assouplissement du taux de change et une orientation de plus en plus
accentuée vers un cadre de ciblage d'inflation pour maintenir un
objectif principal qui correspond à la stabilité des prix.
Finalement, nous pouvons revenir à l'objectif principal
de cette étude et dire que la relation entre le taux de change effectif
nominal et l'inflation reste toujours au coeur du débat entre les
théoriciens quant à son existence, son intensité, sa
nature et son sens.
D'où, il s'avère important d'enrichir les
réponses à cette question.
Notre propos dans ce qui suit est alors d'examiner
empiriquement la relation entre ces deux variables dans le cadre de
l'économie tunisienne.
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Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation :
Le cas de la Tunisie
Introduction
A travers la littérature économique large
parcourue au niveau du deuxième chapitre, plusieurs économistes
ont montré qu'il existe une relation forte et étroite entre les
mouvements du taux de change et l'inflation domestique.
A ce stade et au niveau de ce troisième chapitre, il
convient de tester empiriquement l'existence d'une telle relation entre ces
deux variables dans le cadre de l'économie tunisienne.
Ainsi, il est crucial de vérifier le type de la
relation qui lie les fluctuations du taux de change avec l'indice des prix
à la consommation (désigné simplement inflation locale) en
faisant la part des autres variables économiques.
Autrement dit, l'objectif de cette partie d'étude est
l'analyse du lien empirique entre l'évolution du taux de change et les
différents niveaux d'inflation.
Pour ce faire, nous nous interrogeons dans ce qui suit sur
l'étude des liens, de la nature et de l'intensité des
interactions qui pourraient exister entre le taux de change effectif nominal et
l'inflation.
Ainsi, le but de cette étude est de déterminer
s'il existe des liens de causalité dans le sens de Granger entre
l'indice des prix à la consommation et l'évolution du taux de
change nominal. Si ces liens existent, il est particulièrement
intéressant de déterminer dans quel sens ils vont ; est-ce
que le taux d'inflation qui « cause » le taux de change
effectif nominal ou est-ce le contraire ?
La direction du lien de causalité peut donner naissance
à des nouvelles implications.
Avant de procéder à ce test de Granger, il est
nécessaire de procéder à un test préliminaire. En
effet, pour éviter toute régression fallacieuse43(*), il est impératif de
s'assurer de la stationnarité des variables.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
L'analyse est menée sur une période de 104 mois
allant de Janvier 1999 à Août 200743(*).
Section I. Aperçu des études
empiriques 43(*):
La transmission des variations du taux de change sur l'inflation
a suscité une attention exponentielle de la part des chercheurs et des
autorités monétaires ces dernières années.
Ce processus qui se présente par une relation entre le
taux de change effectif nominal et les prix à la consommation a fait
l'objet de nombreuses analyses, mais peu d'entre elles portent sur les pays
émergents ou en voie de développement.
Ces études peuvent être divisées en deux
grandes catégories : celles qui couvrent un seul pays et celles
transversales qui couvrent plusieurs.
La plupart des études spécifiques à un
seul pays concluent une faible répercussion des variations du taux de
change sur les prix.
Parmi celles-ci et en utilisant un modèle de
régression Log-linéaire simple, Mwase (2006) démontre que
la transmission des variations du taux de change sur l'inflation est
incomplète en Tanzanie, c'est-à-dire qu'une partie seulement des
fluctuations du taux de change se répercute sur les prix
intérieurs.
Bhundia (2002) et en utilisant le même modèle,
conclut une faible transmission des variations du taux de change sur les prix
en Afrique du Sud. Selon ce chercheur, les fluctuations du taux de change
étant absorbées par les étapes intermédiaires de
production. A partir de leur estimation, il trouve que malgré un
phénomène de répercussion relativement faible, il reste
cependant significatif. Les études économétriques de ces
chercheurs font valoir l'importance de coordonner étroitement les
politiques monétaire et de change. Toutefois, Khundrakpam (2007) et en
analysant le pass-through sous un cadre récursif de
variété en évaluant les réponses d'impulsion
à partir des chocs du taux de change, n'obtient pas des preuves sur la
baisse de répercussion du taux de change sur les prix intérieurs
en Inde malgré un environnement de faible inflation.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Gagnon et Ihrig (2004) prouvent qu'il n'y'a aucune
évidence d'endogéneité entre l'inflation et le taux de
change, de ce fait un modèle d'équation simple permet de fournir
des évaluations robustes sur le degré de répercussion des
variations du taux de change sur les prix à la consommation. Ces auteurs
montrent aussi que ce degré de transmission est un facteur crucial dont
les banques centrales doivent tenir compte en plaçant les politiques
monétaire et de change.
En plus, Kara et Ogunc (2005) construisent un modèle
auto régressif du vecteur sans restriction (variété)
d'abord développé par Mc Carthy (1999) pour examiner le point
auquel l'économie turque a été effectué par la
transmission des fluctuations du taux de change dans le cadre inflationniste
domestique. Comme point général, ces deux auteurs ont choisi ce
modèle pour affirmer que l'évolution du taux de change semble
précéder le niveau d'inflation avec le temps. Ces deux derniers
chercheurs ont analysé le processus de répercussion de
l'évolution du taux de change sur les prix à la consommation
avant et après l'adoption du régime de flottement libre. Cette
description semble être très importante. Cette description semble
être très importante pour une étude de cas comme la Tunisie
puisqu'elle est en phase de transition d'un régime de flottement
administré à un régime de flottement pur.
Par ailleurs, les études couvrant plusieurs pays sont
fortement favorables à l'argument de Taylor (2000)qui affirme ,en
utilisant un modèle de comportement des entreprises et en s'appuyant sur
une variété réduite, qu'un régime crédible
de faible inflation se prête à une faible répercussion,
réciproquement, la persistance d'une inflation élevée est
positivement corrélée au niveau de répercussion.
Choudhri et Hakura (2001) se fondent sur des données
trimestrielles de 1979 à 2000 et en utilisant une régression
Log-linéaire constatent que le degré de répercussion est
positivement corrélé au taux d'inflation. Dans le même
esprit et avec la même méthode économétrique,
Devreux et Yetman (2003) montrent que ce degré est positivement
associé aux taux d'inflation moyens, mais la relation est non
linéaire car le degré de répercussion augmente avec
l'inflation mais à un rythme qui diminue. En utilisant un grand
échantillon de pays, Devreux (2001) montre que dans une petite
économie ouverte présentant une répercussion
élevée du taux de change, il existe un arbitrage significatif
entre volatilité de la production et volatilité de l'inflation.
Si les résultats des Choudhri et Hakura (2001) indiquent que l'inflation
domine les autres variables macroéconomiques lorsqu'il s'agit
d'expliquer les différences de répercussion entre pays, Goldfajn
et Werlang (2000), en utilisant un échantillon de 71 pays, trouvent que
la variable la plus déterminante pour expliquer la répercussion
du taux de change est le désalignement du taux de change réel
pour les pays émergents et l'inflation initiale dans les pays
développés.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Leigh et Rossi (2002) ont employé un test de
cointégration de Johansen et un modèle de correction d'erreurs
pour montrer que le degré de transmission est considérablement
plus haut pour les marchés naissants que pour les économies
développées. En employant une régression linéaire
simple, Frankel et autres(2005) démontrent que des facteurs comme le
revenu par habitant, le droit de douane, les salaires, la variabilité du
taux de change à long terme et l'ouverture commerciale peuvent
influencer le phénomène de répercussion.
Toutes ces études ont pour objectif unique d'analyser
en un niveau macroéconomique la relation empirique entre le taux de
change effectif nominal et l'indice des prix à la consommation ainsi
qu'une analyse du degré de répercussion.
Sauf les variables considérées comme variables
explicatives se diffèrent d'une étude à une autre. Cette
différence peut être due à la disponibilité de
données.
Section II. Données et modèle :
Le modèle utilisé est inspiré de celui de
Choudhri et Hakura (2001) et Kara et Ogunc (2005).
Il s'agit d'un modèle VAR43(*) (vectoriel
autorégressif) qui rend compte de la relation dynamique entre
l'inflation (désigne dans ce modèle par l'indice des prix
à la consommation) et la variation du taux de change effectif nominal en
faisant la part des autres variables macro-économiques telles que
(l'agrégat M4, la valeur des importations et la valeur des
exportations).
Ainsi, le modèle est le suivant :
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
n
k=0
n
k=0
K=1
K=1
Log IPCt = 1 + k (Log
IPC)t-k+ k (Log TCEN)t-k
n
k=0
n
k=0
K=0
K=0
+ k (Log PM)t-k +
k (Log M4)t-k +
n
k=0
K=0
k (Log XP)t-k + t
n
n
K=1
K=1
Log TCENt = 2 + k (Log
TCEN)t-k + k (Log IPC)t-k
n
n
K=0
K=0
+ k (Log
M4)t-k+ k (Log PM)t-k +
n
K=0
k (Log XP)t-k + t
Pour ce faire, nous avons utilisé des données
mensuelles qui s'étalent sur la période 1999-2007et qui sont
issues de manuel des statistiques financières et service de change de la
banque centrale (BCT) et des statistiques de l'institut national de la
statistique (INS) (annuaire statistique de la Tunisie : commerce
intérieur et commerce extérieur).
En plus, toutes les variables utilisées dans ce
modèle sont successivement :
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Les variables
endogènes :
· l'indice des prix à la consommation
(IPC) :
C'est un indicateur général de
l'évolution de l'ensemble des prix des biens et services
consommés par les ménages.
Plus précisément, c'est une variable qui
représente une mesure de l'évolution des prix obtenus en
comparant le prix de détail d'un panier de provisions typique des biens
et services à deux dates différentes.
à C'est la variable à expliquer du modèle
à partir de laquelle nous allons déterminer le taux d'inflation.
· Le taux de change effectif nominal
(TCEN) :
C'est la valeur de la monnaie nationale d'un pays par rapport
à une autre monnaie.
La variation du taux de change d'une monnaie à
l'égard d'une seule devise étrangère reste d'une
signification et d'une portée limitée dans la mesure où la
variation par rapport à un panier de devises pourrait s'opérer
différemment.
à C'est la variable à expliquer
du modèle considéré et qui constitue la
quantité de devises étrangères pour une unité de
devise locale, ce qui signifie qu'une hausse de cet indice implique une
appréciation nominale. Dans cette étude, nous utilisons les taux
de change effectifs nominaux (TCEN1à dollar/dinar ;
TCEN2àeuro/dinar).
Les variables exogènes :
· L'agrégat
M4 :
C'est l'agrégat le plus vaste et le plus stable. Il
comprend l'agrégat M3 ainsi que des bons de trésor et
des billets de trésorerie (se sont des bons en compte auprès des
institutions financières).
à C'est une variable considérée comme
meilleur indicateur avancé pour l'inflation (M4 rend mieux
compte de la politique monétaire que M3 en Tunisie).
·
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
La valeur des importations
(PM) :
C'est une variable aussi considérée comme
indicateur avancé pour l'inflation (c'est un facteur ayant un impact sur
l'inflation à partir de la variation du taux de change).
à L'importance de cette variable revient à la
nécessité de l'inflation importée pour décrire le
processus de transmission.
En outre, pour analyser d'une façon précise le
degré de répercussion, l'existence de cette variable est
nécessaire car la transmission des variations du taux de change se fait
en général sur les prix à l'importation passant ensuite
aux prix à la consommation (le taux de change influence les prix
à la consommation par le biais des biens importés.)
· la valeur des exportations (XP) :
Cette variable est importante pour l'analyse du processus de
transmission et donc pour décrire la relation existante entre le taux de
change et les prix à la consommation puisque selon la théorie
parcourue, une dépréciation du taux de change induit à une
augmentation de la demande intérieure des biens qui conduit à
leur tour à renchérir les biens exportables et donc à
augmenter indirectement les prix à la consommation.
Section III. Méthodologie :
« Appréciations empiriques du lien entre taux de change
effectif nominal et prix à la consommation » (analyse de
causalité)
Comme déjà mentionné ci-dessus, une
question essentielle concernant la spécification de modèle est de
savoir, si une variable possède un lien de causalité avec une
autre ou non.
Afin de fournir une réponse à cette question,
nous allons utiliser un test de Granger (1969) qui est désormais connu
sous l'appellation « lien de causalité dans le sens de
Granger ».
La première étape de l'étude
proposée consiste à examiner la stationnarité des
différentes variables du modèle.
La seconde étape constitue un test sur le nombre de
retards. Et c'est au niveau de la troisième étape que l'analyse
de causalité est effectuée.
L'analyse est menée en termes de logarithme
népérien43(*) des variables. Cette partie de l'étude
s'intéresse particulièrement aux liens causals entre taux de
change effectif nominal et inflation (indiquée dans ce modèle,
indice des prix à la consommation) en faisant la part à des
autres variables macroéconomiques (l'agrégat M4 et les
valeurs des importations et des exportations).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Enfin, une analyse impulsionnelle (réponses de
Cholesky) est menée pour affirmer le lien robuste et causal entre
l'évolution du taux de change et le niveau d'inflation.
III.1. Tests de stationnarité:
Les paramètres du modèle VAR ne peuvent
être estimés que sur des séries chronologiques
stationnaires.
L'étude de la stationnarité constitue la base de
toute analyse des séries temporelles par l'examen de l'espérance
et de variance (voir les figures de l'annexe I, étape 3).
Une série temporelle est dite stationnaire43(*) si elle ne comporte ni
tendance, ni saisonnalité et plus généralement aucun
facteur n'évoluant avec le temps.
Ainsi, pour étudier la stationnarité des
différentes variables du modèle, nous avons effectué un
test de Dickey et Fuller augmenté (ADF, 1981)43(*) et un test de Phillips Perron
(PP, 1988)43(*). A partir
de ces deux tests, nous pouvons déterminer l'ordre d'intégration
de chacune d'entre elles (voir annexe I, étape 2). Les résultats
obtenus sont récapitulés dans les deux tableaux
suivants :
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Tableau 3 : Test ADF aux variables
du modèle
Variable
|
Test ADF
en niveau
|
Valeurs critiques
|
Stationnarité
|
Ordre d'intégration
|
? Log IPC
|
-4,8337
|
1% -3,4979
5% -2,8909
10% -2,5822
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log TCEN1
|
-4,7427
|
Voir Annexe I
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log TCEN2
|
-4,2087
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log M4
|
-5,4403
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log PM
|
-9,9521
|
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log XP
|
-5,9565
|
Stationnaire
|
I (0)
|
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Tableau 4 : Test PP aux
variables du modèle
Variable
|
Test PP
en niveau
|
Valeurs critiques
|
Stationnarité
|
Ordre d'intégration
|
? Log IPC
|
-7,2687
|
1% -3,4952
5% -2,8897
10% -2,5816
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log TCEN1
|
-7,4188
|
Voir Annexe I
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log TCEN2
|
-7,4416
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log M4
|
-9,6858
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log PM
|
-20,7022
|
Stationnaire
|
I (0)
|
? Log XP
|
-22 ,9854
|
Stationnaire
|
I (0)
|
A partir des résultats dégagés dans les
tableaux (3) et (4), nous remarquons que les valeurs des statistiques (ADF) et
(PP) associées aux variables utilisées dans le modèle sont
inférieures aux valeurs critiques de Mackinnon à des
degrés de significativité 1%, 5% et 10%. D'où, nous
pouvons accepter l'hypothèse nulle de racine unitaire pour
l'ensemble de variables et qui sont donc toutes stationnaires en niveau
I(0).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
à Ces caractéristiques nous permettent
d'utiliser la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) pour
estimer les équations du modèle proposé.
III.2.Détermination du nombre de
retards43(*) :
(Méthode basée sur l'utilisation de critères
d'information)
Pour déterminer le nombre de retards, nous avons
utilisé les critères d'AKAIKE (AIC), de Schwarz (SC), de
Hannan-Quinn (HQ) et le critère de Final Predictor error (FPE). Dans le
cas de représentation VAR, ces critères peuvent être
utilisés pour déterminer l'ordre p du modèle (p est le
nombre de retards optimal).
Ainsi et à partir de ces tableaux, nous pouvons
déterminer l'ordre optimal de notre modèle :
Tableau 5 : Minimum des
critères AIC, SC, HQ et FPE pour le modèle 1 (intégrant
TCEN1)
Nombre de retards
|
AIC
|
SC
|
HQ
|
FPE
|
0
|
-15.568
|
-15.356
|
-15.482
|
5.94E -10
|
1
|
-15.750*
|
-15.431*
|
-15.621*
|
4.95 E -10*
|
2
|
-15.738
|
-15.313
|
-15.566
|
5.01 E -10
|
3
|
-15.700
|
-15.169
|
-15.485
|
5.21 E -10
|
4
|
-15.700
|
-15.063
|
-15.442
|
5.22 E -10
|
5
|
-15.627
|
-14.883
|
-15.326
|
5.62 E -10
|
6
|
-15.558
|
-14.709
|
-15.215
|
6.03 E -10
|
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Tableau 6 : Minimum des
critères AIC, SC, HQ et FPE pour le modèle 2 (intégrant
TCEN2)
Nombre de retards
|
AIC
|
SC
|
HQ
|
FPE
|
0
|
-13.908
|
-13.693
|
-13.822
|
3.12E -09
|
1
|
-14.118*
|
-13.796*
|
-13.988*
|
2.53 E -09*
|
2
|
-14.091
|
-13.661
|
-13.917
|
2.60 E -09
|
3
|
-14.042
|
-13.505
|
-13.825
|
2.74 E -09
|
4
|
-14.018
|
-13.373
|
-13.757
|
2.81 E -09
|
5
|
-13.964
|
-13.211
|
-13.660
|
2.97 E -09
|
6
|
-13.884
|
-13.024
|
-13.537
|
3.22 E -09
|
7
|
-13.853
|
-12.885
|
-13.462
|
3.33 E -09
|
8
|
-13.813
|
-12.738
|
-13.379
|
3.48 E -09
|
La procédure de sélection de l'ordre de la
représentation consiste à estimer le modèle VAR
[intégrant le TCEN1] pour un ordre allant de 0 à 6 (6
étant le retard maximum admissible dans ce cas) et le modèle VAR
[intégrant le TCEN 2] pour un ordre allant de 0 à 8 (8
étant le retard maximum)44(*).
à Pour ces deux cas, l'ordre optimal ou le retard p
qui minimise les critères AIC, SC, HQ et FPE est p = 1.Autrement, le
retard retenu pour l'ensemble des variables est de 1 puisque nous observons
immédiatement que les minima des critères choisis sont
situés sur la ligne 1 pour les deux modèles, correspondant donc
à 1 décalage (voir Annexe I, étape1).
III.3.Estimation des paramètres du modèle
vectoriel autorégressif (VAR)
Pour estimer les paramètres du modèle VAR, nous
utiliserons la méthode des moindres carrés ordinaires
(MCO)44(*).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
L'estimation des coefficients des variables retenus dans le
modèle figure dans l'annexe II et est récapitulée dans les
équations suivantes.
Nous nous interrogeons par cette estimation sur l'étude
des liens, de la nature et de l'intensité des interactions qui pourrait
exister entre le taux de change effectif nominal et l'inflation ainsi que
d'autres variables macroéconomiques dans le cadre de l'économie
tunisienne.
A ce stade, nous pouvons spécifier le modèle (1)
comme suit :
(Log IPC)t = 0.001+ 0.238 (Log IPC)t-1 -
0.53 (Log TCEN1)t-1 + 0.0006 (Log PM)t-1 +
(1.771) (2.20)
(1.033) (0.208)
0.084 (Log M4)t-1 -
0.004 (Log XP)t-1 + åt
(2.886) (-1.37)
(I)
R²= 0.421, Rajusté = 0.271, N= 103
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
(Log TCEN1) = 0.002+ 0.309 (Log
TCEN1)t-1+ 0.306 (Log IPC)t-1 + 0.013 (Log
PM)t-1
(1.259) (2.884)
(1.033) (1.476)
+0.023 (Log M4)t-1 - 0.001 (Log
XP)t-1 + åt
(-0.29) (-0.202)
(II)
R²= 0.305, Rajusté= 0.125, N=103
Les statistiques entre parenthèses représentent
les t-de student.
Dans l'équation (I), nous remarquons qu'une variation
du taux de change (dollar/dinar) (?LogTCEN1) a un effet négatif et
significatif sur l'inflation. Autrement, une dépréciation du
TCEN1 se traduit par un grand niveau d'inflation locale, ce qui est
contradictoire avec la théorie notamment Devereux et Yetman (2003) et
Kara et Ogunc (2005). Mais, nous pouvons affirmer cette corrélation
négative en prenant compte du lien entre la variation de la monnaie
nationale par rapport à la devise étrangère et les niveaux
de l'IPC (une appréciation de dinar face au dollar conduit à une
diminution des prix intérieurs).
Selon l'équation (II), nous remarquons qu'une
évolution de l'IPC influe positivement sur le TCEN1
(c'est-à-dire, qu'une augmentation de l'IPC induit à une
appréciation du TCEN1) ce qui est en conformité à la
théorie économique (Laflèche (1996-1997)) indiquant qu'une
appréciation du taux de change s'accompagne d'une augmentation de
l'IPC, si nous faisons la part du sens réciproque.
Alors que pour l'équation (IV), l'IPC est
corrélé négativement à la variation du TCEN2
(c'est-à-dire qu'une augmentation de l'IPC induit à une
dépréciation du taux de change).
Ceci peut nous informer à ce que l'IPC peut causer une
variation du taux de change comme l'indique la théorie de parité
des pouvoirs d'achat qui soutient que les prix déterminent le taux de
change. Selon la PPA45(*),
une variation du taux de change est égale au rapport entre l'inflation
à l'étranger (niveau des prix étrangers) et l'inflation
locale (niveau des prix locaux).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Cette théorie stipule qu'une différentielle
d'inflation provoquera une pression sur le taux de change.
Mais, et à partir de l'estimation des paramètres
du modèle, nous identifions qu'une augmentation de l'IPC induit à
une appréciation du TCEN1 et d'une dépréciation du TCEN2,
ce qui implique que la relation entre ces deux variables clés de notre
étude n'est pas réciproque.
Cette analyse confirme aussi que les prix à la
consommation ne peuvent pas refléter d'une façon précise
et adéquate l'impact d'un accroissement des prix à la
consommation sur la variation du taux de change effectif nominal puisque cette
dernière peut être le reflet d'une forte rigidité de prix
intérieurs (loi de rigidité nominale).46(*)
Par conséquent, nous pouvons juger qu'il s'agit d'une
relation circulaire entre les fluctuations du taux de change et d'inflation
domestique (IPC) en s'appuyant sur la PPA, mais, ceci ne veut pas dire qu'une
augmentation de l'IPC doit causer une appréciation du TCEN en se basant
sur la loi de rigidité nominale ainsi que les signes de coefficients
dégagés de l'estimation de notre modèle (voir
équations (II) et (IV)).
L'agrégat M4 (?LogM4) est
corrélé positivement et de façon significative à
l'inflation alors que pour l'équation (II), il s'agit d'une
pondération faible sur l'évolution du TCEN1, ce qui
légitime le fait que l'agrégat M4 est un
déterminant d'inflation.
Ceci suggère qu'une contraction monétaire
réduit l'inflation surtout que M4 est le meilleur
agrégat qui rend compte de l'orientation de la politique
monétaire en Tunisie.
En plus, puisque selon la théorie quantitative, la
quantité de monnaie détermine le niveau général des
prix, donc le taux de d'inflation dépend du taux de croissance des
agrégats monétaires (Les prix varient de la même proportion
que la masse monétaire). Ce résultat peut aussi s'expliquer par
le fait qu'un excédent de la balance des paiements a un effet
inflationniste qui s'exerce directement par l'augmentation de la masse
monétaire.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
C'est pour cette raison que la réduction sensible de
l'objectif de croissance de la masse monétaire a pour but d'apaiser les
pressions inflationnistes « Le taux de change n'influencera pas
généralement l'inflation indépendamment du taux de
croissance des agrégats monétaires.» (Voir Campa et Goldberg
(2004)).
Plus important, Kara et Ogunc (2005) démontrent dans
leur étude sur ce processus de répercussion qu'un facteur commun
ou un signal entraîne une évolution simultanée des
agrégats monétaires et des prix intérieurs. Par exemple,
les meilleures perspectives économiques sont la cause à la fois
d'un accroissement de la masse monétaire et d'inflation domestique (car
la demande de monnaie augmente avec l'augmentation des prix
intérieurs).
Dans les équations (I) et (II), la valeur des
exportations (?Log XP) admet un signe négatif et statistiquement
significatif sur l'évolution de niveau de l'IPC et un signe
négatif mais avec une pondération faible avec le TCEN1. Cette
situation peut être analysée dans le sens où une
appréciation de dinar par rapport au dollar (c'est-à-dire une
dépréciation du TCEN1) qui conduit selon la théorie
à une diminution des prix intérieurs, rend la valeur des
exportations plus chère en rapport avec la demande extérieure.
Il faut ajouter qu'une dépréciation du TCEN1
conduit à une perte de compétitivité pour les Etats-Unis
à un renchérissement des exportations, c'est-à-dire une
appréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar induit
à une diminution des exportations.
La valeur des importations (?Log PM) influe positivement et
significativement sur le TCEN1, autrement dit, une appréciation de dinar
par rapport au dollar va rendre les intrants importés moins chers en
rapport avec la demande intérieure. Donc, cette appréciation de
la monnaie nationale va conduire à une augmentation des importations.
Alors que pour les équations (III) et (IV), la valeur
des exportations (?Log XP) admet un coefficient de corrélation
négatif mais avec une pondération faible en rapport avec le
TCEN2. Cet état peut s'expliquer par le fait qu'une
dépréciation de dinar par rapport à l'euro va rendre les
exportations moins chères vis-à-vis de la zone euro, ce qui
conduit à un accroissement des produits exportés (gain de
compétitivité), induisant donc à une augmentation des prix
intérieurs.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
De même comme pour l'équation II, la valeur des
importations (?Log PM) influe positivement le TCEN2, ceci revient à la
littérature théorique parcourue montrant qu'une
appréciation du TCEN2, c'est-à-dire une
dépréciation de dinar par rapport à l'euro rend les
intrants importés plus chers en rapport avec la demande
intérieure. Donc, cette dépréciation de la monnaie
nationale va conduire à une diminution des importations.
Cette relation confirme les thèses de Choudhri et
Hakura (2001) et Gagnon et Ihrig (2004) qui affirment que les variations du
taux de change se transmettent directement aux prix des produits
importés et que l'évolution de la monnaie nationale est
positivement corrélée à la valeur des importations en
utilisant un modèle de régression Log-linéaire liant le
TCEN au PM.
Par la suite, nous nous intéressons à analyser
le modèle (2) qui est récapitulé (voir annexe II), comme
suit :
?(Log IPC)t = 0.0006 + 0.192 ?(LogIPC)t-1
+ 0.024 ?(LogTCEN2) t-1 + 0.0003 ?(Log PM) t-1
(1.032) (1.714)
(1.403) (0.108)
+ 0.093 ?(Log M4) t-1 - 0.004 ?(Log
XP) t-1 + åt
(3.152) (-1.444)
![](Transmission-des-variations-du-taux-de-change-sur-les-prix-a-la-consommation-le-cas-de-la-tu6.png)
R2 = 0.446, Rajusté = 0.284, N = 103
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
?(Log TCEN2)t = - 0.0004 + 0.371 ?(Log TCEN2)t-1
- 0.793 ?(Log IPC) t-1
(-0.105) (3.344)
(-1.107)
+ 0.001 ?(Log PM) t-1 + 0.052 ?(Log
M4) t-1 - 0.001 ?(Log XP) t-1 +
åt
(1.076) (0.278)
(-0.079)
![](Transmission-des-variations-du-taux-de-change-sur-les-prix-a-la-consommation-le-cas-de-la-tu7.png)
R2 = 0.279, Rajusté = 0.068, N = 103
En plus pour ces équations, nous remarquons une
différence pour la relation existante entre l'IPC et le TCEN2 en
comparant avec les résultats des équations (I) et (II) puisque
les variations du taux de change (euro/dinar) influent positivement et
significativement sur l'inflation et réciproquement, ceci peut
être expliqué de la manière suivante :
Nous pouvons constater, comme précédemment
annoncé, qu'il s'agit d'un lien étroit entre les fluctuations du
taux de change et d'inflation domestique (IPC) en s'appuyant sur la
parité des pouvoirs d'achat. Mais, ceci ne veut pas dire qu'une
augmentation de l'IPC doit causer une appréciation du TCEN en se
référant au reflet que peut donner une rigidité des prix
intérieurs ainsi que les signes de coefficients dégagés de
l'estimation des paramètres de notre modèle.
Il en est de même pour l'agrégat M4,
le coefficient de corrélation a un signe similaire aux résultats
du modèle (1) ainsi que pour le degré de significativité
et ceci revient aux mêmes causes précédemment
annoncées pour ces deux variables (l'agrégat M4 est
considéré comme indicateur avancé pour l'IPC).
A partir des résultats aboutis par l'estimation des
paramètres des deux modèles utilisés, nous pouvons
constater qu'un bas niveau d'inflation (qui constitue un objectif crucial pour
les autorités monétaires (la banque centrale)) est atteint si les
conditions suivantes sont vérifiées : une masse
monétaire M4 réduite, une dépréciation
du taux de change effectif nominal (pour TCEN1) avec un renchérissement
de la valeur des exportations (diminution des produits exportés vers les
Etats-Unis.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
En plus, un grand niveau d'inflation (pressions à la
hausse des prix intérieurs se réalise si les conditions suivantes
sont présentes : un accroissement de M4, une
appréciation du taux de change (TCEN2) avec une valeur moins
chère des exportations (donc augmentation des exportations).
A la lumière de ces résultats, nous pouvons
conclure que la majorité des coefficients des variables utilisées
dans le modèle ont des signes attendus et significatifs.
Mais, pour les modèles (1) et (2), la valeur des
importations (PM) influence positivement et significativement sur les TCEN1 et
TCEN2 mais avec une pondération faible sur l'inflation (IPC).
Ceci pose une question particulière et potentielle
puisque dans le lissage de plusieurs études théoriques et
empiriques portant sur le thème de transmission des variations du taux
de change sur les prix à la consommation, nous avons vu que le taux de
change influence directement l'inflation par le biais des biens importés
(autrement dit, les variations du taux de change effectif normatif se
transmettent aux prix de produits importés, puis, se répercutent
sur les prix à la consommation).
Donc et puisqu'en rapport avec l'IPC, il est à
remarquer que le coefficient de la valeur des importations est quasi nul ou non
significatif. Face à ce problème la stratégie a
consisté à intégrer l'effet de l'agrégat
M4 qui influence significativement sur l'inflation.
Ainsi et selon la théorie, parmi les incidences
majeures d'une dépréciation du taux de change est la
dégradation de la balance commerciale (revenu national se réduit
et le revenu étranger s'accroît), alors que pour le cas d'une
appréciation du taux de change, il s'agit d'une amélioration de
la balance commerciale à cause du détournement de la demande
étrangère vers les produits domestiques (le revenu national
augmente et le revenu étranger diminue).
· Pour le cas du TCEN1 : Déficit
commercial PM > XP (1)
Comme déjà ci-dessus mentionné, une
dépréciation du taux de change (dollar/dinar) s'accompagne d'une
augmentation des importations (intrants importés moins chers) et d'une
diminution des exportations (renchérissement des produits
exportés) vers les Etats-Unis.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Or M4 = PM - XP (2)
avec PM : moins chère
XP : plus chère
(1) et (2)
M4 < 0 (3)
et puisque nous avons selon les résultats
déjà aboutis, M4 influence positivement et
significativement l'inflation domestique donc une réduction de
M4 (qui s'accompagne d'une entrée des produits
importés moins chers) induit donc à une diminution des prix
intérieurs.
· Pour le cas du TCEN2 : Excès
commercial PM < XP (4)
Une appréciation du taux de change (euro/dinar)
s'accompagne d'une diminution des importations (intrants importés plus
chers) et d'une augmentation des exportations vers la zone euro (produits
exportés moins chers).
Pour ce cas, M4 > 0 (5)
avec PM : plus chère
XP: moins chère
De même, M4 est corrélé
positivement et de façon significative à l'inflation locale.
Donc, un accroissement de M4 qui signifie un renchérissement
des intrants importés se suit par une pression à la hausse des
prix à la consommation.
Remarque : Nous n'avons pas fait la part des
élasticités-prix.
Les effets-prix ont un effet pervers sur la balance
commerciale si la demande des importations et des exportations ne soit pas
suffisamment élastique.
Ainsi et en nous basant sur les équations du
modèle, une augmentation de 10% de l'IPC s'effectue suite
à : une appréciation de dinar par rapport au dollar (TCEN1)
de 0.53% et une hausse de l'euro face au dinar (TCEN2) de 0.24% (ceci revient
à ce que le poste de produits alimentaires importés de l'Europe
occupe la partie la plus grande du panier de l'IPC), une amélioration de
la valeur des importations de 0.006% pour les produits
énergétiques (hydrocarbures, principalement le pétrole
net) importés des Etats-Unis (la dépréciation du dollar
alourdi la facture des importations) par rapport à une augmentation de
0.003% pour les produits importés des pays européens
(l'appréciation de l'euro face au dinar renchérit les intrants
importés essentiellement les produits alimentaires, donc la
dépréciation de la monnaie domestique relève les prix des
produits étrangers pour les résidents domestiques, ce qui conduit
à une diminution des importations venues de l'Europe).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Toutefois, les prix intérieurs augmentent
proportionnellement à l'augmentation de l'offre de monnaie (baisse de la
valeur de la monnaie nationale par rapport à l'euro pendant toute la
période de l'étude et hausse par rapport au dollar pendant une
grande partie de cette même période). Il est à noter ainsi
que les prix à la consommation ont évolué, notamment, sous
l'effet de la persistance de la hausse des cours de la plupart des produits de
base sur le marché mondial et de l'appréciation de l'euro contre
le dinar qui a renchérit les importations alors que la faiblesse de la
demande intérieure est conjuguée à l'appréciation
de dinar face au dollar.
En plus, l'augmentation de 10% de l'IPC entraîne un
accroissement de la valeur de l'agrégat M4 de 0.84% pour le
premier modèle et de 0.93% pour le deuxième. Ce qui montre que
l'agrégat M4 dépend de la zone choisie (Europe ou
Etats-Unis) et insiste sur le fait que les importations européennes sont
plus chères que les intrants importés des Etats-Unis.
La valeur des exportations diminue de 0.04% pour les produits
exportés vers les Etats-Unis alors que pour ceux exportés vers
les pays européens, cette valeur diminue de 0.04% suite à une
augmentation de 10% de l'IPC (ceci met en relief que la Tunisie
bénéficie de la même manière pour les deux zones
alors qu'en réalité , ce pays gagne plus en exportant vers les
pays européens qu'en exportant vers les Etats-Unis suite à une
appréciation continue durant presque toute la période de
l'étude de l'euro face au dinar).
Par ailleurs et en s'appuyant sur l'impact des fluctuations du
taux de change effectif nominal sur les autres variables
macroéconomiques du modèle, nous remarquons qu'une
dépréciation de 10% du TCEN1 s'effectue après: une
diminution de l'IPC de 3.06%, des intrants importés des Etats-Unis moins
chers de 0.13% et renchérissement des produits exportés de
0.01%. Dans le même contexte, une appréciation de 10% du TCEN2 se
réalise suite à : une diminution de l'IPC de 7.93%, un
renchérissement des importations de 0.01%, un et une valeur des
exportations réduite (moins chère) de 0.01%.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Ces résultats montrent qu'une diminution de l'IPC cause
à la fois une dépréciation du TCEN1 et une
appréciation du TCEN2, alors que nous sachons et dans le lissage de
plusieurs études portant sur le mécanisme de transmission
notamment Laflèche (1996-1997) qu'une dépréciation du taux
de change affecte les prix intérieurs en les diminuant et une
appréciation les affecte en les augmentant.
Ainsi, toutes les variables utilisées pour les deux
équations (I) et (II) ont les signes attendus et presque toutes ces
dernières sont statistiquement significatives en rapport avec la
variable à expliquer (l'IPC), tandis que pour les équations (II)
et (IV), nous constatant que les variables explicatives n'ont pas tous les
signes et pondérations attendus, donc ne sont pas tout à fait
représentatives de la variable endogène considérée
(TCEN).
En plus, nous pouvons juger que le modèle (1) a une
adéquation statistique plus bonne que le modèle (2) au niveau de
la variabilité des fluctuations du taux de change effectif nominal
(R2 ajusté correspond à 43% pour le premier
modèle alors qu'il correspond à 35% pour le deuxième).
Au niveau de la variabilité d'inflation, le
modèle(2) semble avoir une adéquation meilleure que le
modèle (1) (R2 ajusté correspond à 73% de la
variabilité d'inflation pour le deuxième modèle alors que
le premier, il correspond à 69%). Ainsi, nous pouvons conclure que les
équations (I) et (III) reliant l'IPC aux autres variables
économiques expliquent une partie plus grande des variables explicatives
que les équations (II) et (IV) liant le taux de change effectif nominal
(TCEN1 ou TCEN2) aux autres variables puisque R2 est plus
élevé pour le premier cas que pour le second (plus le coefficient
de détermination se rapproche de 100, plus les variables exogènes
utilisées sont représentatives de la variable endogène).
Toutefois, les résultats qui en ressortent par cette
comparaison entre l'évolution des parités (dollar/dinar) et
(euro/dinar) sont précédemment expliqués. La constante de
la régression positive et statistiquement significative pour les
équations (I) et (III) prouvent que les autorités
monétaires (BCT) suivent une politique monétaire rigoureuse pour
contrebalancer le différentiel d'inflation entre la Tunisie et
l'étranger et donc pour maintenir la stabilité des prix.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Enfin, ces relations directes entre l'inflation
(mesurée par l'indice des prix à la consommation) et le taux de
change effectif nominal pour le panier de devises majeures de dinar (euro et
dollar) ainsi que les autres variables macroéconomiques retenues dans
les équations des deux modèles (1) et (2)
ci-dessus-mentionnées vont être analysées maintenant
à partir du test de causalité de Granger (voir annexe III).
III.4.Interactions dynamiques entre inflation, taux de
change effectif nominal et autres variables
macroéconomiques :
La démarche suivie consiste à examiner sous
divers angles le lien entre les mouvements du taux de change et les prix
à la consommation.
Dans un premier temps, un modèle vectoriel
d'interaction entre ces deux variables macroéconomiques en faisant la
part d'autres variables est estimé pour tenter de repérer les
interactions statistiques.
Dans un deuxième temps, un test de causalité de
Granger est mis en oeuvre pour présenter le lien étroit et causal
entre les variables dépendantes du modèle.
Dans un troisième et dernier temps, une analyse des
réponses impulsionnelles de Cholesky a été menée
pour confirmer le test précédent.
Pour cette partie d'étude, nous allons analyser les
relations existantes entre les différentes variables du modèle
avec une insistance sur les interactions entre l'indice des prix à la
consommation et les taux de change effectifs nominaux (dollar/dinar) et
(euro/dinar).
III.4.1.Test de causalité de Granger
(1969):
Pour étudier le lien causal entre les variables
économiques du modèle, nous avons utilisé un test de
causalité initié par Granger (1969) qui est devenu au fil du
temps, un cadre de réflexion aussi intéressant que celui relatif
à la mise en évidence des liaisons économétriques.
Le concept de causalité tel que proposé par Granger doit
être interprété avec prudence « la variable y est
la cause de x si la prédictibilité de x est
améliorée lorsque l'information relative à y est
incorporée dans l'analyse ».47(*)
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Autrement et au niveau théorique, la mise en
évidence de relations causales entre les variables économiques
fournit des éléments de réflexion propices à une
meilleure compréhension des phénomènes économiques.
De manière pratique, le concept de causalité est
nécessaire à une formulation correcte de la politique
économique.
En général, à partir de ce test, nous
pouvons montrer s'il s'agit d'un lien étroit entre les variations du
taux de change et l'évolution des niveaux d'inflation (en particulier
l'indice des prix à la consommation).
Pour fournir une analyse robuste des rapports entre
l'inflation et les fluctuations des taux de change effectif nominal, nous
commençons à appliquer quelques essaies de causalité de
Granger.
De ce fait, nous devons vérifier si l'inflation cause
les mouvements du taux de change ou si les variations du taux de change causent
l'inflation.
Expliqué d'une manière synthétique, une
variation du taux de change peut être considérée comme
« causée selon Granger » si l'indice des prix
à la consommation est déterminant dans l'estimation de
l'évolution du taux de change effectif nominal ou encore, d'une
manière équivalente, si les coefficients des valeurs
retardées de l'IPC sont significativement différents de
zéro.
Il est important de signaler qu'une double causalité
n'est jamais à exclure lors de ce test.
Ø Résultats de test de
causalité de Granger (1969) :
A partir de ce test, nous mettons en évidence les deux
relations suivantes (voir Annexe III) :
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
1ère relation : IPC et TCEN1
(dollar/dinar)
Hypothèse nulle H0
|
Obs
|
F-statistique
|
Probabilité
|
TCEN1 ne cause pas au sens de Granger l'IPC
L'IPC ne cause pas au sens de Granger TCEN1
|
103
|
2,38700
1,96401
|
0,12554
0,16421
|
Le test de causalité de Granger montre que
l'évolution taux de change effectif nominal (dollar/dinar) engendre
l'inflation dans une probabilité de 88%. Il en est de même,
l'inflation cause une variation du taux de change 84%.
2ème relation : IPC et TCEN2
(euro/dinar)
Hypothèse nulle H0
|
Obs
|
F-statistique
|
Probabilité
|
TCEN2 ne cause pas au sens de Granger l'IPC
L'IPC ne cause pas au sens de Granger l'IPC
|
103
|
3,47126
3,35413
|
0,06541
0,07004
|
Ce test de causalité montre aussi que les fluctuations
du taux de change effectif nominal (euro/dinar) engendrent l'inflation avec une
probabilité très marquée de 94%. Il est de même pour
l'inflation qui cause une évolution du taux de change avec une
probabilité de 93%.
Ainsi, les résultats dégagés de deux
relations ci-dessus mentionnées indiquent une relation forte
bidirectionnelle entre les variables car chacune d'elles cause l'autre presque
de la même intensité mais on remarque une
prépondérance de l'effet de l'évolution du taux de change
par rapport à l'inflation pour chaque cas.
En outre, le premier sens indiquant que les variations du taux
de change causent un changement de niveau de l'IPC (dans le sens où une
appréciation (dépréciation) du TCEN cause une augmentation
(diminution) des prix intérieurs.) est similaire aux résultats de
toutes les études élaborées sur le sujet de
répercussion tels que Leigh et Rossi (2002) et Gagnon et Ihrig (2004).
Le second sens montre que l'IPC cause des fluctuations du taux de change, ce
qui est en conformité avec la parité des pouvoirs d'achat.
Mais, ce deuxième sens ne signifie pas qu'une
augmentation de l'IPC cause nécessairement une appréciation du
TCEN ou l'inverse (nous basons notre analyse sur les résultats de
l'estimation des équations (II) et (IV) du modèle) puisque nous
devons faire la part d'une certaine rigidité et d'ajustement des prix.
D'où et selon la théorie sur la rigidité
des prix, un changement dans le niveau de l'IPC ne reflète pas les
mouvements du taux de change mais il les détermine (selon PPA). De ce
fait, nous pouvons conclure qu'il serait mieux pour étudier le
mécanisme de transmission de s'intéresser aux incidences des
variations du taux de change sur les prix à la consommation qu'au sens
réciproque puisque l'évolution du TCEN reflète d'une
manière précise les changements en niveau des prix
intérieurs.
Il est clair aussi et dans le lissage de plusieurs
études empiriques que le processus de transmission des variations du
taux de change sur l'inflation dépend de plusieurs variables, notamment,
l'agrégat M4, la valeur des importations et celle des exportations.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Cette causalité entre l'indice des prix à la
consommation, le taux de change effectif nominal et autres variables peut
être représentée comme suit :
Tableau 7 : Résultats des essais de
causalité (à partir du test de Granger et d'estimation des
équations du modèle)
1999 :01 - 2007 : 08
Série1 : IPC, TCEN1, M4,
PM, XP
|
Série2 : IPC, TCEN2, M4,
PM, XP
|
IPC
- (3)
(1) + +
(2)
TCEN1 M4
IPC
+ (5)
- +
+
TCEN1 (4) PM
IPC
+ - (6)
-
TCEN1 - XP
(7)
|
IPC
(8) + + (10)
- (9)
TCEN2
M4
IPC
+ + (12)
+
TCEN2 + PM
(11)
IPC
+ - (13)
+
TCEN2 - XP
(14)
|
Les relations (1) et (8) indiquent une corrélation
négative entre l'évolution du TCEN1 et l'IPC et positive entre
celle de TCEN2 et l'IPC. La deuxième relation se rassemble à
toutes les études sur ce thème alors que le premier lien s'oppose
à la théorie économique. Cette relation peut être
expliquée dans le sens où une appréciation de la monnaie
nationale par rapport à une devise étrangère telle est le
cas de la hausse de dinar face au dollar conduit à une diminution de
l'IPC et donc à un bas niveau d'inflation (voir Laflèche, T.
(1996-1997)).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
D'où, nous constatons une corrélation
négative liant l'évolution de la monnaie nationale au changement
en niveau de l'IPC et un lien positif entre les mouvements du TCEN et
l'inflation domestique, ce qui confirme la thèse de Choudhri et Hakura
(2001) considérant qu'une dépréciation du taux de change
effectif nominal est génératrice d'un bas niveau d'inflation et
inversement.
Ajoutons que ces relations peuvent correspondre au
mécanisme institutionnel d'intervention des autorités
monétaires (la banque centrale) pour atteindre un niveau faible
d'inflation puisque les efforts de stabilisation des taux de change effectifs
nominaux abaissent les pressions inflationnistes surtout
qu' « une politique monétaire axée sur la
maîtrise de l'inflation ne permet pas aux variations du taux de change de
dégénérer en spirale inflationniste »
(thèse menée par Devereux (2001)).
Toutefois, ces relations indiquent une indexation positive
entre les deux variables clés du modèle dans le sens où
une appréciation ((dépréciation) du taux de change
effectif nominal (TCEN1 et TCEN2) conduit à une augmentation
(diminution) des prix intérieurs), alors qu'elles indiquent une
dépendance négative si nous prenons compte de la relation liant
l'évolution de la monnaie locale face à l'étrangère
avec l'IPC. Ce résultat est similaire à toutes les études
portant sur ce thème.
Plus précisément, la persistance d'une
politique monétaire prudente et rigoureuse mène à abaisser
l'impact de ces mouvements sur les prix.
Les relations (2) et (9) indiquent qu'une évolution du
niveau de l'IPC influe positivement sur TCEN1 (dollar/dinar) et
négativement sur TCEN2 (euro/dinar). Autrement, une augmentation de
l'IPC conduit à une appréciation du taux de change effectif
nominal du dollar par rapport au dinar et une dépréciation de
l'euro face au dinar, ce qui met en évidence qu'un changement en niveau
de l'IPC ne reflète pas d'une façon adéquate les
fluctuations du taux de change revenant ainsi à la rigidité des
prix locaux. Donc, nous ne pouvons pas affirmer une dépendance
réciproque (dans les deux sens) entre l'IPC et le TCEN.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Les relations (3) et (10) reviennent au fait que
l'agrégat M4 est d'origine monétaire ce qui légitime une
indexation entre cette variable et l'indice des prix à la consommation
(inflation). Plus important, l'ensemble des actions des autorités
monétaires pour influencer sur l'évolution de la masse
monétaire constitue la politique monétaire qui a pour premier
objectif de lutter contre l'inflation.
Cet agrégat donne aux autorités
monétaires une indication sur l'évolution des différentes
liquidités de manière à adapter la politique
monétaire et éviter les dérapages tels que l'inflation
(voir rapport de FMI (Octobre 2007)).
Les relations (4) et (11) montrent une dépendance dans
un sens positif entre l'évolution du taux de change effectif nominal
et la valeur des importations. Plus précisément, cette
dernière augmente suite à un accroissement des variations du
TCEN, ce qui met en évidence l'hypothèse de Gagnon et Ihrig
(2004) qui supposent qu'une appréciation du taux de change conduit
à un renchérissement accru des produits importés.
Ainsi, la relation (4) indique qu'une
dépréciation du TCEN1 rend les intrants importés moins
chers (augmentation des importations). Alors que la relation (11)
détermine que les fluctuations de l'euro par rapport au dinar influence
positivement et significativement la valeur des importations,
c'est-à-dire qu'une appréciation du taux de change (euro/dinar)
conduit à un renchérissement des produits importés.
D'où, nous pouvons signaler que la valeur des importations est sensible
aux mouvements du taux de change (cette dépendance est
proportionnelle).
Les relations (5) et (12) mettent en relief un lien causal
positif entre la valeur des importations (PM) et l'indice des prix à la
consommation (IPC) (nous élaborons dans notre étude un seul ses
allant de PM à l'IPC puisque nous ne nous intéressons pas
à indiquer une causalité dans les deux sens pour ces deux
variables). Ce résultat est déjà illustré
indirectement en utilisant l'agrégat M4. Ceci est en
conformité avec toutes les études portant sur le thème de
répercussion telles que Choudhri et Hakura (2001), Leigh et Rossi
(2002), Devereux et Yetman (2003).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Donc une appréciation du TCEN (euro/dinar) s'accompagne
d'un renchérissement des intrants importés qui conduit à
un accroissement des prix à la consommation (hausse d'inflation). Une
dépréciation du taux de change (dollar/dinar) aura des effets
inverses.
A partir des relations (6) et (13), il apparaît
qu'une détérioration de la valeur des exportations conduit
à une augmentation de l'IPC, ceci peut s'expliquer indirectement en
faisant la part de l'agrégat M4 qui correspond à la
différence entre la valeur des importations et la valeur des
exportations. Donc, M4 augmente et par la suite l'IPC si les
produits exportés sont moins chers et diminue s'ils sont plus chers Il
convient de signaler que selon le rapport du commerce extérieur de
l'INS, la faiblesse des exportations en Tunisie peut s'expliquer par
l'insuffisance de la production, les conditions de stockage ,la
non-conformité des produits aux exigences des marchés des
exportations; nous pouvons aussi ajouter qu'une dépréciation de
la monnaie nationale affecte les exportations nettes qui exercent une pression
à la hausse sur les prix intérieurs par le biais de la demande
globale, ce qui est en conformité avec la majorité des
études portant sur cette question.
A partir des relations (7) et (14), nous remarquons un lien
négatif avec une pondération faible entre le TCEN et XP, mais
avec une pondération très faible (n'est pas significative). Le
sens et la nature de cette relation revient à la théorie mais
l'intensité de ce lien est contradictoire à cette
dernière. Ainsi et à partir de la littérature
économique parcourue tout au long de ce travail, une
dépréciation du taux de change conduit à un
renchérissement des exportations, c'est-à-dire, une
appréciation de la monnaie locale par rapport à la monnaie
étrangère (le dinar par rapport au dollar) conduit à une
diminution des exportations vers les Etats-Unis (perte de
compétitivité due à un renchérissement des produits
exportés en rapport avec la demande étrangère).
Par contre, une appréciation du taux de change et donc
une dépréciation de la monnaie nationale par rapport à la
devise étrangère (comme le cas de dinar par rapport à
l'euro) conduit à une augmentation des exportations vers la zone
européenne (gain de compétitivité suite à une
valeur des produits exportés moins chère en rapport avec la zone
européenne).
III.4.2. Analyse des réponses impulsionnelles
de Cholesky :
La méthodologie VAR permet d'analyser les effets de la
politique économique à travers les simulations de chocs
aléatoires.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Elle offre la possibilité d'analyser les relations
dynamiques à court terme entre les variables du modèle à
travers l'étude de la réponse dynamique du vecteur
autorégressif suite à un choc unitaire subit par la série.
L'analyse d'un choc consiste à mesurer l'impact de la
variation d'une innovation sur les variables. Cette analyse est très
importante pour identifier le sens de l'impact.
Les essais de causalité qui ont été
effectués précédemment ne suffisent pas à
déterminer les restrictions identifiantes entre les deux variables
clés du modèle (IPC et TCEN).
Toutefois, l'analyse de réponses impulsionnelles est
employée dans cette étude pour examiner les effets de
transmission des variations du taux de change sur l'inflation domestique et
réciproquement. Ce processus dépiste le chemin d'une perturbation
dans une innovation dans la variété qui établit une
réaction en chaîne avec le temps pour les deux variables à
expliquer du modèle, jusqu'à ce que ces variables reviennent
à l'équilibre.
L'interprétation économique de ce
résultat est que nous pouvons objectivement décider si un choc
sur les prix à la consommation a un effet sur l'évolution du taux
de change effectif nominal ou bien à l'inverse si un choc sur le taux de
change effectif nominal qui génère l'inflation domestique.
Plus important, les réponses impulsionnelles de
Cholesky indiquent les effets d'un choc (favorable ou défavorable) du
taux de change sur les mesures d'inflation ainsi que les impacts des chocs de
prix à la consommation sur l'évolution des niveaux du taux de
change effectif nominal de panier de devises majeures du dinar(euro et
dollar).
Ainsi, la figure suivante présente les
différentes fonctions de réponses impulsionnelles liant les deux
variables endogènes du modèles ((IPC) et (TCEN)).
Ces réponses s'éteignent dans un horizon de dix
mois.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Fig3 : Représentation des
fonctions de réponses impulsionnelles
mois
mois
-0.2
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
-0.1
0
0.1
0.2
0.3
0.4
%
%
IPC ; - - - - - - - - TCEN1
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
-1
-0.5
0
0.5
1
1.5
2
0.3
0.25
0.2
0.15
0.1
0.05
0
-0.05
mois
mois
%
%
![](Transmission-des-variations-du-taux-de-change-sur-les-prix-a-la-consommation-le-cas-de-la-tu9.png)
IPC ; - - - - - - - - - TCEN2
A partir de la description des allures générales
de ces fonctions de réponses de Cholesky, nous allons analyser l'impact
d'un choc de l'indice des prix à la consommation (IPC) sur
l'évolution du taux de change effectif nominal (TCEN1 ou TCEN2) et
réciproquement.
Cette description révèle que l'évolution
de l'IPC après un choc défavorable de TCEN1, diminue d'abord de
0,05 pour cent avant de ressaisir .Ce choc n'est pas tout de suite
absorbé (ce choc est absorbé après quatre mois).
En effet, l'IPC continue à fluctuer quelques temps
après mais avec une amplitude qui tend à s'annuler
progressivement, Ceci met en évidence la thèse menée par
Kara et Ogunc (2005) montrant dans le cadre de l'économie turque qu'un
choc positif au taux de change effectif nominal mènerait aux
augmentations significatives des prix à la consommation et
inversement.
En plus, un choc favorable de l'IPC se traduit par une
appréciation du TCEN1 de 0,25 pour cent qui tend à s'annuler
après quatre mois aussi, ce qui confirme l'hypothèse de la
parité des pouvoir d'achat et de la loi du prix unique insistant sur le
fait que les prix locaux déterminent les variations du taux de change,
mais contradictoire à la loi de rigidité nominale qui suppose que
nous ne pouvons pas juger qu'un accroissement de l'IPC doit causer
nécessairement une appréciation du TCEN (l'hypothèse d'une
causalité réciproque est rejetée).
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Cet effet se dissipe au cours du temps et n'est de toute
façon que de faible amplitude.
En outre, cette analyse démontre l'impact d'une
innovation sur l'IPC et leur influence sur l'évolution du taux de change
(euro/dinar) désigné TCEN2.
Un choc favorable du TCEN2 induit à une
amélioration de niveau de l'IPC de 0,05 pour cent. Cette innovation
affecte durablement les prix locaux puisque ces derniers continuent à
fluctuer cinq mois après ce choc .Ces variations tendent par la suite
à s'annuler aussi. D'où, un choc du TCEN2 affecte l'IPC d'une
durée plus longue que le TCEN1.
Alors qu'un choc défavorable de l'IPC conduit à
une dépréciation du TCEN2 de 0,6 pour cent qui s'annule
rapidement (soit cinq mois). Pour ce cas, nous remarquons une
prépondérance de l'effet d'un choc de l'IPC sur le taux de change
effectif nominal par rapport à la relation inverse.
Cette dissymétrie d'effet menée par Cholesky
semble insister le concept de causalité déjà
élaboré dans la section précédente puisque à
l'issue des résultats aboutis, on conclut qu'un choc de l'IPC cause des
variations du TCEN1 ou TCEN2 et réciproquement.
Plus précisément, ce test semble indiquer aussi
un lien fort et étroit entre les deux variables clés de ce
travail (inflation et taux de change effectif nominal) en Tunisie.
Par conséquent, ces résultats démontrent
un lien causal entre l'évolution du taux de change et l'inflation
puisque selon cette analyse des innovations élaboré par Cholesky,
nous pouvons conclure qu'un choc du TCEN cause une évolution des niveaux
de l'IPC .Cette analyse est semblable aux résultats
dégagés par Kara et Ogunc (2005) et Leigh et Rossi (2002)
présentant un seul sens (c'est à dire comment un choc du taux de
change affecte l'inflation domestique).
Ces chercheurs ne prennent pas en compte le deuxième
sens (c'est-à-dire comment un choc favorable (défavorable) de
l'IPC cause une appréciation (dépréciation) du TCEN), ceci
revient comme précédemment illustré au fait qu'une partie
des prix intérieurs rigide ne peut pas refléter d'une
façon exacte les mouvements du taux de change.
Tout en étant parcimonieux, le modèle VAR
utilisé rend assez bien compte de la dynamique d'inflation et de change
en Tunisie et donne des résultats conformes aux plusieurs travaux
déjà réalisés par des autres chercheurs pour
d'autres pays en ce qui concerne le premier sens (la variation du taux de
change cause et reflète le changement en niveau de l'IPC alors que pour
le deuxième sens (l'IPC cause et reflète une évolution du
TCEN), il paraît que les prix domestiques peuvent causer une variation du
taux de change en nous basant sur la PPA mais ,ils ne la reflètent pas
d'une façon précise en nous référant à la
théorie de rigidité et d'ajustement des prix.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
Par conséquent, le premier sens indiquant qu'un choc
favorable (défavorable) du taux de change conduit à une
augmentation des niveaux de l'IPC est en conformité avec la
majorité des études prises sur le processus de
répercussion tel que Leigh et Rossi (2002) et Kara et Ogunc (2005),
alors que le deuxième sens montrant qu'un choc favorable
(défavorable) de l'IPC conduit à une appréciation
(dépréciation) du TCEN n'est pas toujours exact si nous prenons
compte de la loi de rigidité nominale précédemment
annoncée.
Dans l'ensemble, les résultats aboutis ont des
implications intéressantes en pouvant qu'il y a un canal inflationniste
fonctionnant par les variations du taux de change et donc montrant un lien
étroit entre l'indice des prix à la consommation et le taux de
change effectif nominal, ce qui renforce l'analyse de processus de transmission
par d'autres méthodes pour enrichir ce sujet surtout avec la transition
de la Tunisie de plus en plus accentuée vers un régime de
flottement libre.
Finalement, il faut rendre compte des erreurs de mesure avec un
biais de sur estimation dans les mesures statistiques.
Conclusion
Le troisième chapitre a constitué une
validation empirique de la relation liant l'évolution du taux de change
effectif nominal aux prix intérieurs.
Plus important, cette partie d'étude
s'intéresse à la problématique des incidences des
variations du taux de change sur les prix à la consommation pour le cas
de la Tunisie.
Chapitre III. Un examen empirique de la transmission
des variations du taux de change sur les prix à la consommation : Le cas
de la Tunisie
La question fondamentale à laquelle nous avons
essayé d'apporter des éléments de réponse tout au
long de ce troisième chapitre : quel est l'impact des fluctuations
du taux de change sur l'inflation, et est-ce que c'est l'évolution du
taux de change qui cause l'inflation ou l'inverse ?
Les résultats économétriques obtenus et
plus particulièrement le test de causalité de Granger et
l'analyse de réponses aux chocs de Cholesky, montrent que cette relation
est bidirectionnelle.
Autrement dit, comme la variation du taux de change affecte le
niveau d'inflation, la relation inverse est aussi vérifiée mais
avec un coefficient de significativité moindre. Ce sens de
causalité indique que le niveau de l'indice des prix à la
consommation a un impact sur l'évolution du taux de change,
c'est-à-dire que l'objectif d'atteindre un niveau d'inflation faible
pourrait influencer la politique de change adopté en minimisant la
gravité des fluctuations du taux de change (en conformité avec la
PPA) et qu'une augmentation de l'IPC doit causer une appréciation du
TCEN (ce qui est contradictoire avec la loi de rigidité nominale).
Enfin et indépendamment des résultats auxquels
est parvenue cette partie empirique ou ce troisième chapitre,
l'exportation d'autres formes économétriques ainsi que
l'utilisation d'autres variables devraient permettre d'approfondir cette
question de transmission et renforcer la primordialité d'analyser le
degré de répercussion, question particulièrement cruciale
pour la Tunisie ainsi que d'autres pays en voie de développement pour
amender le passage d'un régime de flottement dirigé vers un
régime de flottement libre.
Conclusion
Conclusion
L'objectif poursuivi de ce mémoire consistait à
analyser théoriquement et examiner empiriquement les incidences des
variations du taux de change sur l'inflation en décrivant la nature,
l'intensité et le sens de la relation entre le taux de change effectif
nominal et l'indice des prix à la consommation dans le cadre de
l'économie tunisienne.
L'étude de cette relation a suscité une
attention particulière des théoriciens et des autorités
monétaires qui ont tenté d'identifier un mécanisme de
transmission des variations du taux de change sur les prix à la
consommation.
Une première étape de ce travail s'est
consacrée d'abord à tester la stationnarité des variables
du modèle.
Ensuite, une estimation par MCO a été
menée à partir de la relation liant les deux variables
clés du modèle à leurs déterminants et ceci pour le
panier de devises majeures de dinar (euro et dollar) sur la base de
données statistiques mensuelles établies sur la période
1999-2007.
Les résultats dégagés
révèlent l'existence robuste d'un lien significatif entre
l'inflation locale et le taux de change effectif nominal, mais montrant que le
taux de change reflète les prix domestiques alors que le sens
réciproque n'est pas toujours exact.
Ce test nous a permis de constater que la relation entre ces
deux variables est bidirectionnelle avec la prépondérance du sens
de l'impact du taux de change sur les prix à la consommation. Cette
hypothèse est semblable à la théorie économique
confirmant le premier sens indiquant qu'une dépréciation
(appréciation) du taux de change induit à une diminution
(augmentation) des prix à la consommation, mais contradictoire à
la théorie en ce qui concerne la relation réciproque en nous
basant pour ce second sens sur la loi de rigidité nominale.
Ce test de causalité peut être confirmé
par une analyse de réponses aux chocs de Cholesky pour décrire
d'une façon précise l'impact de l'évolution du taux de
change sur le niveau de l'indice de prix à la consommation.
Conclusion
Ainsi, nous remarquons une complémentarité du
concept de causalité de Granger et de l'analyse impulsionnelle pour
identifier le processus de répercussion.
Ces résultats indiquent de plus que pour
l'économie tunisienne, des variables comme l'agrégat
monétaire M4, les valeurs des importations et des
exportations semblent particulièrement importantes pour approfondir la
description du mécanisme de transmission des variations du taux de
change sur l'inflation.
Compte tenu des résultats obtenus par des
théoriciens tels que Choudhri et Hakura (2001), Gagnon et Ihrig (2004)
et Kara et Ogunc (2005) ainsi ceux dégagés dans la
présente étude, il serait important de contrôler les
variations du taux de change dans un cadre de gestion et de conduite d'une
politique de change crédible surtout avec la transition marquée
de la Tunisie vers un régime de flottement libre.
Une telle condition de crédibilité pourrait
réduire la probabilité et la gravité des fluctuations de
change et donc induire à des effets bénéfiques en ce qui
concerne les incidences de l'évolution du taux de change sur les niveaux
d'inflation.
A l'issue des résultats dégagés indiquant
un lien fort entre l'inflation domestique et le taux de change effectif
nominal, il serait bon dans les études ultérieures s'interrogeant
sur les déterminants de l'inflation et qui étudient le
mécanisme de transmission des variations du taux de change sur les prix
à la consommation, d'utiliser d'autres méthodes et techniques
économétriques pour déterminer la contribution du taux de
change effectif nominal pour le panier de devises majeures de dinar,
l'inflation locale ainsi que d'autres fondamentaux économiques.
Tableau 8: Base de données
[Janvier1999-Août2007]
Variables
|
Description
|
Unités
|
Sources
|
IPC
|
Indice de prix à la consommation
|
Base 100 en 2000
|
Institut National de Statistiques(INS)
|
Commerce intérieur
|
PM
|
Valeur des importations
|
en dinars(DT)
|
Commerce extérieur
|
XP
|
Valeur des exportations
|
en dinars(DT)
|
TCEN1 ou TCEN2
|
Taux de change effectif nominal
|
en dinars(DT)
|
Banque centrale (BCT)
|
Service de change
|
M4
|
Agrégat monétaire
|
en dinars(DT)
|
Manuel statistiques financières
|
Glossaire français -anglais
Les principaux termes utilisés dans ce
travail
Flottement dirigé
|
|
Dirty floating
|
Flottement libre (pur)
|
|
Pur floating
|
Peur du flottement
|
|
Fear of floating
|
Régime de change
|
|
Exchange rate arrangement
|
Taux de change nominal
|
|
Nominal exchange rate
|
Taux d'inflation
|
|
Inflation rate
|
Indice de prix à la consommation
|
|
Consumer prices index
|
devises
|
|
Foreign exchange
|
Monnaie nationale
|
|
Local currency
|
Transmission des variations du taux de change
|
|
Exchange rate pass-through
|
Contrôle d'inflation
|
|
Inflation control
|
Ciblage d'inflation
|
|
Inflation targeting
|
Test de causalité de Granger
|
|
Granger causality test
|
Modèle VAR (vectoriel autorégressif)
|
|
Vector autoregressive model
|
Réponses impulsionnelles de Cholesky
|
|
Impulse responses of Cholesky
|
Bibliographie
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· La banque centrale de Tunisie (BCT) :
www.bct.gov.tn
· L'Institut National de Statistique (INS)
www.ins.nat.tn
* 1 Plusieurs
théoriciens ont choisi le processus de transmission des variations de
taux de change sur les prix à la consommation une question
particulière de leurs travaux tels que Taylor (2000), Devreux (2001),
Devreux et Yetman (2003), Campa et Goldberg (2004) et Khundrakpam (2007).
* 2Voir Mouley.S (2000):
«Les déterminants et le choix optimal du régime de change en
Tunisie dans la perspective d'une intégration dans la zone euro»,
annales d'économie et de gestion n°11.
* 3 Mouley.S (2000):
«Les determinants et le choix optimal du régime de change en
Tunisie dans la perspective d'une intégration dans la zone euro»,
annals d'économie et de gestion n°11
* 4 Voir Fanizza. O,
N.Laframboise, E.Martion, R. Sab et I.Karpowicz (2002): «Tunisia's
experience with real exchange rate targeting and transmission to a flexible
exchange rate regime», document de travail n°2/190 ainsi que
Kang, S et Y Wang (2003): «Fear of inflation: exchange
rate pass-through in East Asia», document de travail n° 03-06 (Seoul:
institut internationale de l'économie de Corée).
* 5Se référer
à : Jacques Bouhga-Hagbe et Ludvig S. (2006): «Tunisie: effets
potentiels sur la croissance de la poursuite de la liberalization du compte de
capital et des réformes d'accompagnement», rapport de FMI n°
06/208, p.3 - 19.
Pour un examen approfondi: Laurens.B et Sarr .A(2002):
«liberalization of the capital accounts in Tunisia - progress archived and
prospects forfull convertibility», rapport de FMI n° 02/155.
* 6 Voir Devereux, M.,
(2001):«Monetary Policy, exchange rate flexibility, and exchange rate
pass-through», in revisiting the case for flexible rates, banque de
Canada, p. 79-82 et Kapur, M (2004): «Exchange rates and monetary policy:
the Indian experience», p. 26-29, Octobre.
* 7 La figure de
l'évolution des parités (dollar/dinar) et (euro/dinar) est
disponible en service de change de la banque centrale (conjoncture
périodique) pour une période de 1999 jusqu'à 2007
(données mensuelles) .
* 8 Fanizza. O,
N.Laframboise, E.Martion, R. Sab et I.Karpowicz (2002): «Tunisia's
experience with real exchange rate targeting and transmission to a flexible
exchange rate regime», document de travail n°2/190.
* 9 Abdelhak S., Tahsin Saadi
S. et Kagni K. (2007): «Prévisions de l'inflation et transmission
des variations du taux de change aux prix à la consummation», FMI,
document de travail n° 07/319, p.4 - 49
* 10 Se
référer aux : Mentor Paul Ruddy (1998), «la relation
dynamique entre monnaie, taux de change et inflation en Haïti: une
étude économétrique»,département de recherches
économiques de Montréal,
Pierre-Noèl Giraud (2004-2005):»Initiation
à l'économie»,p.220-225.
* 11 Nous n'avons pas fait la
part des élasticités- prix. Les effets- prix ont un impact
pervers sur la balance commerciale si la demande des importations et des
exportations ne soit pas suffisamment élastique.
* 12 Travaux
théoriques récentes tels que:Ara Volkan, Cem.S et L.Korap (2007):
«Impact exchange rate changes on domestic inflation: the Turkish
experience», p.2 - 11, Août et Arbati, E.C. (2003): «Exchange
Rate pass-through in Turkey; looking of asymmetries», rapport de la banque
centrale turque, vol 2, p.85 - 124.
* 13 L'inflation, en
Tunisie, peut être mesurée par l'indice des prix à la
consommation, indice de référence ou par le déflateur de
PIB. Dans cette étude, nous nous intéressons uniquement à
l'indice des prix intérieurs (IPC) car c'est le plus largement
utilisé (voir annuaire statistique de la Tunisie : commerce
intérieur ; rapport de l'INS).
* 14 Vincent .D et Nathalie
.G (2004):»Exchange rate and inflation targeting in Morocco and
Tunisia»,p.2-14,Septembre.
* 15 Le pass-through du taux de
change désigne le degré de transmission ou de répercussion
des mouvements du taux de change sur l'inflation.
* 16 L'analyse de six
groupes de l'indice des prix à la consommation est primordiale pour
faire une description précise et adéquate de la dynamique
d'inflation vu l'impact de ces composantes sur l'inflation surtout les postes
les plus volatils comme les produits alimentaires (en raison des variations
climatiques) et l'énergie (en raison des chocs d'offre) ;(Voir
rapport de l'INS).
* 17 Les pondérations de
six groupes de l'IPC pour la période [1991-2006] sont disponibles en
annuaire de l'INS et sur le rapport de FMI (Octobre 2007).
* 18 Voir Abdelhak S.,
Tahsin Saadi S. et Kagni K. (2007): «Prévisions de l'inflation et
transmission des variations du taux de change aux prix à la
consummation», FMI, document de travail n° 07/319, p.4 - 49.
* 19 Les données
annuelles concernant le taux d'inflation sont disponibles sur la période
ci-dessus présentée [1998-2007] sur l'annuaire statistique
(commerce intérieur) de la Tunisie (INS).
* 20 Voir Gagnon, J E et J.
Ihrig (2004): «Monetary policy and exchange rate pass-through»,
Discussion Financière Internationale, document de travail n°
704.
* 21 Voir Campa, J. M and L.
S Goldberg (2004): «Exchange rate pass-through into import prices»,
London: Centre de Recherches Economiques), document de travail n° 4391 et
Leigh, D et M Rossi (2002): «Exchange rate pass-through in Turkey»,
document de travail n°02/204 (Washington: FMI).
* 22 Le degré de
transmission des variations du taux de change sur l'inflation est
mentionné dans cette étude comme la répercussion des
mouvements du taux de change par souci de concision.
* 23 Voir Choudhri et Hakura
(2006):»Exchange rate pass-through to domestic prices: Does the
inflationary environment matter?», Journal International de Monnaie et
Finance, vol.25, p.624 - 639.
* 24 Dans cette section, la
répercussion du taux de change fait référence à la
répercussion sur les prix des importations qui, à leur tour, ont
un effet sur les prix à la consommation.
* 25 Devereux, M B et
Yetman. J (2003): «Price-setting and exchange rate pass-through: theory
and evidence», in Price adjustment and monetary policy, Novembre,
p. 359-371 (Ottawa: banque Canada).
* 26 Campa, J. M and L. S
Goldberg (2005): «Exchange rate pass-through into import prices»,
London: Centre de Recherches Economiques), document de travail n° 4391,p.
683-690.
* 27 Pour quelques
références récentes, se reporter à : Engel, C.
(2002 b), « the responsiveness of consumer prices to exchange rates:
a synthesis of consumer prices to exchange rate: a synthesis of some new open-
economy macro models», p.1-15.
* 28 La figure (2)
résume les incidences majeures des fluctuations du taux de change sur
les prix à la con sommation à partir de représentation des
effets directs et indirects (on tient compte uniquement du cas de
dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux devises
étrangères. En cas d'une appréciation, ces
conséquences vont être renversées) ;(voir
Laflèche, T. (1996-1997))
* 29 Devereux, M.,
(2001):«Monetary Policy, exchange rate flexibility, and exchange rate
pass-through», in revisiting the case for flexible rates, banque de
Canada, p. 47-82.
* 30 Kang, S et Y Wang
(2003): «Fear of inflation: exchange rate pass-through in East Asia»,
document de travail n° 03-06 (Seoul: institut internationale de
l'économie de Corée).
* 31 Cette figure
représente les canaux de transmission de l'évolution du taux de
change à l'inflation. Ce schéma tient en compte uniquement des
effets directs et indirects d'une appréciation du taux de change
(dépréciation de la monnaie nationale). Ainsi, une
dépréciation du taux de change (appréciation de la monnaie
locale) aura des effets inverses (voir Laflèche, T. (1996-1997), Revue
de la Banque du Canada et Zulfiqar Hydar,Sadar Shah(2004),p.4).
* 32 Voir Kara et
Ogunc(2005) : «Exchange rate pass-through in Turkey :It is
slow,but is it really low ?» ,département de recherche
(CBRT), document de travail n° 05/10,Avril.
* 33 Khundrakpam, Jeevan
K.:»Economic reforms and exchange rate pass-through to domestic prices in
India», document de travail de la banque d'Inde BIS n°225, p.1-4.
* 34 Voir Frederic S Mishkin
(2008): «exchange rate pass-through and monetary policy», revue
économique BIS, p.6, Mars.
* 35 Pour cette section, on
étude le contrôle d'inflation à partir de deux
cadres : celui de l'assouplissement du taux de change et celui de
l'orientation vers un cadre de ciblage d'inflation (on n'a pas
s'intéressé au cadre de ciblage de l'agrégat
monétaire malgré son importance pour contrôler l'inflation.
Cette primordialité du rapport entre l'agrégat monétaire
et inflation va apparaitre clairement au niveau de la partie empirique).
Voir Ben Ali M.S. (2006): «capital account liberalization
and exchange rate regime choice, what scope for flexibility in Tunisia?»
Institut William Davidson, document de travail n° 815, p.1-22.
* 36 Voir Mouley.S (2000):
«Les determinants et le choix optimal du régime de change en
Tunisie dans la perspective d'une intégration dans la zone euro»,
annals d'économie et de gestion n°11.
* 37 Voir Fanizza. O,
N.Laframboise, E.Martion, R. Sab et I.Karpowicz (2002): «Tunisia's
experience with real exchange rate targeting and transmission to a flexible
exchange rate regime», document de travail n°2/190.
* 38 Voir Laurens.B et
Sarr.A (2002): «liberalization of the capital accounts in Tunisia -
progress archived and prospects forfull convertibility», rapport de FMI
n°02/155.
* 39 Voir Jonas J. et F.S.
Mishkin, (2003): «inflation targeting in transition economies: experience
and prospects», document de travail NBER n°9667, Janvier.
* 40 Voir Jacques
Bouhga-Hagbe et Ludvig S. (2006): «Tunisie: effets potentiels sur la
croissance de la poursuite de la liberalization du compte de capital et des
réformes d'accompagnement», rapport de FMI n° 06/208, p.3 -
19
* 41 Voir Ben Ali M. S.
(2006): «capital account liberalization and exchange rate regime choice,
what scope for flexibility in Tunisia?» Institut William Davidson,
document de travail n° 815, p.1-22.
* 42 Abdelhak S., Tahsin
Saadi S. et Kagni K.(2007): «Prévisions de l'inflation et
transmission des variations du taux de change aux prix à la
consummation», FMI, document de travail n° 07/319, p.4 - 49
* 43 Une régression
fallacieuse (ou illusoire) est dûe à la présence d'une
tendance de forme linéaire commune et plus généralement
à l'emploi des séries dites non stationnaires.
* 44 La période de
l'échantillon a été déterminée par la
disponibilité des données (la période d'analyse est
limitée par l'existence des données ce qui impose une grande
parcimonie dans les variables à retenir).
* 45 Toutes les études
empiriques ci-dessus présentées se fondent soient sur un
modèle de régression -linéaire simple (pour montrer
l'impact des variations du taux de change sur l'inflation, donc un seul sens)
ou sur une modélisation VAR ou VECM (pour montrer une relation
réciproque entre les fluctuations du taux de change et l'inflation
cherchant pour ce cas les deux sens)
* 46 Il s'agit dans notre
étude d'un modèle VAR et non VECM puisque toutes les variables
sont stationnaires (intégrées d'ordre 0) donc nous n'allons pas
utiliser un test de cointégration.
* 47 Le logarithme
népérien est appliqué pour homogénéiser les
données et lisser les fluctuations.
* 48 Un processus
stochastique Xt est stationnaire si :
- Sa moyenne constante est indépendante du temps
- Sa variance est finie et indépendante du temps
- Sa covariance est indépendante du temps
* 49 Test de Dickey-Fuller
Augmenté (ADF) : permet de prendre en compte
l'autocorrélation de la série différenciée via une
correction utilisant les valeurs retardées.
* 50 Test de Phillips
Perron : Il s'agit d'une procédure de correction
nom-paramétrique (il n'y a pas de modélisation de
l'autocorrélation). Ce test est plus robuste vis-à-vis des
erreurs de spécification quelque soit le type d'autocorrélation,
en ensemble il est moins précis que l'ADF quand le modèle
correspond à la réalité.
* 43 Dans le cadre de la
modélisation VAR, quatre critères d'information sont
fréquemment utilisés : le critère de Final Predictor
Error (FPE), le critère d'AKAIKE (AIC), le critère de SCHWARCZ
(SC) et le critère de Hannan-Quinn(HQ)
* 52 Il s'agit dans notre
cas de déterminer quelle est la période maximum d'influence de la
série explicative puisque R2 continue à augmenter pour
un grand nombre de retards (R2 suit un rythme haussier).
* 44 Dans le cadre d'un
vecteur Xt stationnaire et d'un modèle VAR où chaque
variable intervient dans chaque équation avec le même nombre de
décalages, le modèle peut être convenablement estimé
à l'aide des moindres carrés ordinaires sur chaque
équation séparément.
* 45 La PPA montre qu'il
existe une corrélation entre la flexibilité du taux de change et
le niveau d'inflation (un changement de niveau des prix locaux cause des
fluctuations du taux de change).
* 46 La rigidité des
prix, c'est-à-dire que les prix ne sont pas entièrement
préétablis mais mettent un certain temps à s'ajuster, ce
qui met en relief que les mouvements du taux de change ne peuvent pas
être un reflet de la réactivité des prix (voir Betts, C et
M Devereux (1996): «The exchange rate in a model of
pricing-to-market», revue économique européenne, 40, pp
1007-1021).
* 56 Pour cette
étude, il s'agit simplement de déterminer si la variable prix
à la consommation « cause selon Granger »
l'évolution du taux de change effectif nominal en observant tout d'abord
dans quelle mesure les valeurs passées des variations du taux de change
arrivent à expliquer la valeur actuelle de ces fluctuations et de voir
par la suite l'amélioration de l'estimation grâce à la
prise en compte de valeurs retardées de la variable prix à la
consommation .
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