Conclusion et perspectives
Les travaux développés dans cette étude
se sont principalement focalisés sur des essais plurispécifique
en microcosmes de type gnotobiotiques. (Taub, 1989a).
L'écosystème présent au sein du microcosme est dans ce cas
reconstitué artificiellement à partir d'espèces aquatiques
issues d'élevages évoluant dans une colonne d'eau et/ou une
phase sédimentaire synthétique ou d'origine naturelle. Ces
modèles d'étude permettent d'observer l'évolution d'un
nombre variable de fonctions biologiques et de paramètres
physico-chimiques relatifs aux organismes et aux compartiments abiotiques
introduits dans les systèmes. La réduction des facteurs
impliqués dans le fonctionnement des écosystèmes
reconstitués permet un choix et un contrôle plus précis des
conditions écologiques ainsi qu'un suivi facilité d'un nombre
important de paramètres expérimentaux (Taub, 1989b ; Heimbach
et al, 1992). D'un point de vue logistique, la mise au point de ces
bioessais permet la réalisation aisée, selon un coût
modéré, d'un nombre pertinent de réplicats par traitement
appliqué et une répétabilité des protocoles
expérimentaux (Taub et al., 1994). Nous avons pu
apprécier différemment ces avantages au cours de l'étude
réalisée dans le cadre de ce stage de recherche. Les microcosmes
utilisés dans cette étude ont montré une capacité
de réponse intéressante dans le cadre d'étude
écotoxicologique, mais nous nous sommes fréquemment heurté
au comportement parfois très variable des systèmes témoins
et contaminés. Il convient, pour une utilisation optimale de ces
systèmes, de définir les facteurs expérimentaux
responsables de ces variations, une augmentation du nombre de réplicats
par traitement pouvant poser des problèmes de logistique (notamment lors
des sacrifices). Il serait peut être plus judicieux d'appréhender
les facteurs influençant la réponse des organismes par la
multiplication d' essais témoins tel que celui réalisé en
préliminaire à cette étude, associés à une
modélisation mathématique du comportement des paramètres
physico-chimiques et biologiques des systèmes dans le cadre de bioessais
plurispécifique de 28 jours. Le comportement des organismes dans les
microcosmes témoins démontre que les conditions
expérimentales mise en place dans les systèmes se sont
montrées plus ou moins favorables au suivi des effets du pyrène
sur les critères létaux et sublétaux retenu dans cette
étude. Les résultats obtenus, bien qu' incomplets en ce qui
concerne la partition et la bioaccumulation du pyrène, nous ont permis
d'aborder les différents modes de toxicité chronique que peut
présenter ce contaminants des sédiments aquatiques. Globalement,
le suivi des organismes montre qu'à la teneur de pyrène
introduite dans les systèmes plurispécifiques, ce sont
principalement les critères sublétaux qui subissent l'influence
de la contamination mais seulement au niveau du sédiment Craie
(sédiment pauvre en matière organique). Les effets sont
marqués et prolongés sur la reproduction et la mobilité de
D. magna ainsi que sur le cycle de vie de C. riparius. Cette
toxicité chronique s'exprime également sur la croissance de
H. azteca mais affecte très clairement la survie des
amphipodes, ce qui a seulement été mis en évidence de
manière ponctuelle pour C. riparius. Ces résultats
indiquent que les invertébrés benthiques et épibenthiques
introduits dans les systèmes présentent une sensibilité
accrue à la contamination de ce sédiment par le pyrène.
Ces derniers sont en effet particulièrement exposés aux fractions
de pyrène présentent dans le sédiment (par ingestion de
particules contaminées) et dans les eaux interstitielles (par contact
direct), ce dernier mode de contact étant la voie principale de
contamination des organismes vivant au contact des sédiments (Ingersoll,
1995 ; Ingersoll et Nelson, 1990). Les résultats obtenus dans le
cadre de l'essai monospécifique sur D. magna indiquent
néanmoins que les particules sédimentaires en suspension dans la
colonne d'eau peuvent se comporter comme des vecteurs de contamination non
négligeables pour des organismes pélagiques. Malgré
certaines conditions défavorables à la survie des organismes
(D. magna, C. riparius), l'absence de toxicité chronique de la
contamination dans le sédiment Tourbe, confirme
l'importance de la teneur en matière organique des sédiments dans
le comportement global du pyrène en milieu aquatique notamment au niveau
de sa biodisponibilité. Des dosages réalisés en phase I
sur des sédiments contaminés avait d'ailleurs mis en
évidence l'influence de ce paramètre sur la partition du
pyrène entre la matrice sédimentaire et les eaux interstitielles
des deux sédiments pris pour référence dans ce programme
de recherche. Nos résultats indiquent que la seule prise en compte de ce
facteur peut se révéler parfois insuffisante pour expliquer ce
comportement en milieux aquatiques. La présence de dégradeurs
ainsi que les habitudes écologiques et le contexte environnemental
global dans lequel évoluent les organismes doivent être
nécessairement pris en compte dans l'explication des effets de
composés du type HAPs sur les écosystèmes aquatiques. Les
résultats obtenus suite à l'inoculation de Mycobacterium
6PY1 dans le sédiment Craie contaminé incitent à
développer des essais supplémentaires en conditions
simplifiées qui viseraient notamment à préciser
l'influence de dégradeurs spécifiques sur la partition du
pyrène en écosystèmes aquatiques artificiels
(paramètre non disponible dans cette étude). Ces essais
pourraient également permettre d'évaluer les possibilités
de bioremédiation permises par l'introduction de cette souche
bactérienne dans des sédiments contaminés par le
pyrène.
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