Impact de la publicité sur le changement d'attitudes des individus envers le sida( Télécharger le fichier original )par Pierre Kamtchouing Noubissi Ecole Superieure des Sciences Economiques et Commerciales de l'Universite de Douala - Diploôme d'Etudes Superieures Approfondies en Gestion Marketing 2001 |
CHAPITRE IIIMETHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Le marché publicitaire camerounais est considéré au sens d'un système d'interaction entre toutes les organisations qui jouent un rôle dans le processus publicitaire97(*). Figure 3.1 : Les différents intervenants du système publicitaire social au Cameroun Institution de contrôle Institution de support Agences de publicité Médias Cabinet de consultation marketing Pouvoir public ou Etat camerounais Annonceurs spécialisés dans les causes sociales
Consommateurs camerounais Source : Adapté de Aaker et Myers, 1987 dans Antoinette Essomba et Norman Turgeon, op. Cit. 1992. Comme il apparaît à la figure 1, les différents groupes d'acteurs en interaction dans ce système sont : les annonceurs des causes sociales, les institutions de support, les institutions de contrôle et les consommateurs. 1.1 - Les annonceurs spécialisés dans les causes sociales Est considéré comme annonceur toute institution privée ou publique qui fait usage des médias pour atteindre son objectif organisationnel98(*). Au Cameroun, le domaine des causes sociales est composé de trois catégories d'annonceurs. La première catégorie comprend les annonceurs privés, la seconde les annonceurs publiques et la troisième les organisations à but non lucratif. 1.1.1- Les annonceurs Privés Cette catégorie ne comprend que quelques annonceurs parmi lesquels on peut citer Hysacam (Société de nettoyage urbain), la société nationale d'électricité, la société camerounaise des dépôts pétroliers... Ces entreprises exécutent tout le processus en étroite collaboration avec les agences de publicité et les cabinets conseils en management. 1.1.2 - Les annonceurs publics et administratifs La deuxième catégorie d'annonceur est constituée par l'Etat à travers ses différents ministères, les communes urbaines et rurales. Les ministères de la santé publique, de l'environnement, des transports et de la ville utilisent le plus souvent la publicité comme instrument de stratégie de changement social. La conception et la réalisation des messages publicitaires sont effectuées par la cellule de communication de ces ministères99(*).
C'est dans cette catégorie que se retrouve le plus grand nombre d'annonceurs des causes sociales. Nous avons dans ce segment toutes les organisations nationales et internationales qui ont une vocation sociale. Parmi ces organisations, on peut citer l'organisation mondiale de la santé (OMS), le Fond des nations unis pour l'enfance (UNICEF), l'ONUSIDA, la FAO, le programme de marketing social... 1.2 - Les institutions de support La profession de publicité au Cameroun s'exerce dans le cadre des agences conseils en publicité ; des agences de régie publicitaire, des courtiers en publicité, et les cabinets conseils en management.100(*) La loi n0 88/016 du 16 décembre 1988 fait une distinction nette entre ces différents intervenants et clarifie les conditions de pratique de la profession. Cette loi ne dit rien sur la situation des organisations non profit. 1.3 - Les agences conseils en publicité Une agence conseil en publicité est une société agrée assumant des fonctions spécifiques notamment :
Les agences conseils en publicité sont localisées pour la plupart à Douala où près de 80% des activités industrielles et commerciales sont concentrées. Elles sont de taille moyenne, employant 10 à 15 personnes101(*). Les organisations non profit, les communes et les administrations commencent à faire à faire appel aux agences conseils en publicité car pendant très longtemps, celle-ci ont bénéficié des services de leur propre cellule de communication qui très souvent n'avait pas l'expertise et les moyens logistiques requis102(*). Au Cameroun, les principales agences conseils en publicité intervenant dans le social sont :
Plusieurs structures ou organes régularisent la communication au Cameroun : Le conseil national de communication Le conseil national de communication décide des conditions d'accès aux médias publics dans un sens d'équité et d'impartialité. Le conseil national de publicité Le conseil national de publicité détermine les conditions d'accès aux professions publicitaires et décide de l'octroi ou du retrait des agréments. Les collectivités publiques Les collectivités publiques gèrent directement l'espace urbain publicitaire de la municipalité et collectent les taxes auprès des régisseurs qui exercent sur leur territoire. 2§ - Recherche documentaire Notre recherche documentaire s'est déroulée en deux phases : La première a consisté à passer en revue les différentes théories existantes dans le domaine. Pour cela, nous avons eu recours à toutes les sources de données auxquelles nous pouvions accéder. Les articles de Corinne Berneman et Pascale Lassagne109(*), Antoinette Essomba et Norman Turgeon110(*) ont été d'un grand apport dans l'élaboration du cadre conceptuel (voir figure 3.4) et la connaissance du paysage publicitaire camerounais. D'autres publications ont également soutenu nos recherches cependant, nous les avons insérés dans les références bibliographiques. La seconde phase nous a conduit dans les archives de la direction de la statistique et de la comptabilité nationale, de l'organisation mondiale de la santé (OMS), de l'ONUSIDA, des ministères de la santé et de la communication, de la Cameroon radio and télévision (CRTV)... où nous avons collecté des informations quantitatives. Cette recherche documentaire nous a permis de dégager les items nécessaires à la rédaction de la première partie de notre travail. 3§ - La recherche exploratoire Nous avons rencontré un échantillon de personnes ressources susceptibles de nous fournir les informations pertinentes sur l'évolution des comportements concernant le Sida au Cameroun et les actions publicitaires menées en vue d'influencer les attitudes des individus. Notre démarche s'est déroulée en deux phases : La première phase a consisté à des entretiens semi-directifs et en profondeur avec 5 responsables marketing repartis de la manière suivante : - 2 responsables marketing des ONG ; - 1 responsable marketing du ministère de la santé ; - 1 responsable marketing d'une commune urbaine ; - 1 responsable marketing d'une société privée faisant dans la publicité des causes sociales. Ces entretiens ont abouti à l'élaboration d'un guide d'entrevue. La seconde phase a consisté à réalisation de 10 entretiens en profondeur répartis comme suit : - 2 étudiants ; - 2 parents ; - 2 vendeurs à la sauvette ; - 1 militaire ; - 1 coiffeur ; - 2 élèves. Toutes ces personnes faisaient partie de la cible d'une campagne publicitaire portant sur le Sida. Le guide d'entrevue a été administré suivant le plan de recherche exploratoire. L'annexe 1 expose le contenu de chacune des rubriques et sous rubriques du guide d'entrevue. Section 2 : Identification et opérationnalisation du problème 1§ - Définition du problème Les Camerounais seraient indifférents à l'existence du Sida et ses corollaires, ceci malgré le nombre élevé de messages publicitaires qui ont été réalisés sur le sujet. Cette indifférence semble liée à l'impact de la publicité, aux individus et à l'environnement qui les accompagnent. 2§ - Besoin en information Une revue de la littérature existante sur le sujet nous a permis d'élaborer un cadre conceptuel des effets d'une publicité appelant au changement d'attitude des individus après exposition à un message publicitaire. L'objectif principal de cette étude était de fournir au ministère de la santé et aux organisations non gouvernementales les éléments d'aide à la décision pour lutter efficacement contre l'expansion du Sida au Cameroun. Comme objectifs spécifiques de ce travail de recherche, nous avions à déterminer :
Pour atteindre nos objectifs, nous nous sommes appuyés sur les items suivants :
1.1- Le type de recherche Deux étapes ont été retenues pour atteindre les objectifs de collecte d'informations : la recherche exploratoire et la recherche causale.
La première étape de cette recherche a consisté à passer en revue les différents écrits existant dans le domaine, grâce aux multiples publications portant sur le marketing social en général et sur la publicité à caractère social en particulier, ainsi que la consultation des archives de la direction de la statistique et de la comptabilité nationale du Cameroun, de l'organisation mondiale de la santé, de l'ONUSIDA... La seconde étape a été réalisée grâce aux entrevues avec les différents acteurs opérant dans le domaine des causes sociales au Cameroun (public cible, organisations non gouvernementales, ministères, entreprises publiques et privées...) La connaissance du marché n'aurait pas été possible sans les entretiens semi-directifs et en profondeur avec les individus faisant partie du public cible d'une campagne publicitaire sur le sida. 1.1.2 - La recherche causale Nous avons utilisé l'expérimentation comme méthode privilégiée de notre recherche causale, avec un plan informel « après avec contrôle ». Cette étude a consisté à la mesure du comportement d'un échantillon divisé en deux groupes. Le premier groupe soumis à l'exposition d'un message appelant à un changement d'attitudes et de comportement envers le Sida a constitué l'échantillon test. Le second groupe a été formé pour constituer l'échantillon de contrôle. La méthode de différence a été adopté comme technique privilégiée de cette étude. 1.2 - La méthode de collecte des données Une combinaison de trois méthodes de collecte des données a été retenue. Il y a d'abord celles qui ont fait l'objet d'un développement dans la présentation de la phase exploratoire. La recherche documentaire dans les ministère de la santé et de la communication, à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'ONUSIDA, à La direction de la statistique et de la comptabilité nationale... Les entrevues se sont réalisées auprès des individus faisant parti de la cible d'une publicité socio-éducative. Notons que l'objectif commun était la définition du problème et sa conversion en besoin d'informations. Ensuite nous nous sommes référés à une méthode de collecte qui était l'expérimentation sur le terrain et dont la finalité était de générer des données pertinentes répondant aux besoins de l'étude. 1.3 - Le choix des instruments de mesure Selon Jean Perrien et alui111(*), «les instruments de mesure peuvent être définis comme les supports matériels nécessaires à la collecte des données ; dans la plupart des cas, il s'agira du questionnaire ». Dans le cadre de notre étude, le questionnaire a été retenu comme instrument de mesure. Le questionnaire a été adapté des travaux de différents auteurs. L'échelle de mesure du comportement comprenant 8 énoncés a été adaptée d'une échelle mesurant l'empathie humaine alors que l'attitude a été mesurée de 11 énoncés adaptés de l'étude de Holbrook et Batra112(*) dont 4 mesurait l'attitude face à la publicité et 7 l'attitude envers son contenu. Ces énoncés ont été mesurés par une échelle allant de 1 à 5 où 1 indiquait «absolument pas d'accord » et 5 «tout à fait d'accord ». La connaissance du Sida comprenait 15 énoncés mesurés par vrai, faux, ne sais pas. Ces énoncés provenaient pour la plupart des travaux de Corinne Berneman et Pascale Lassagne113(*) et les items identifiés à l'issu de l'étude exploratoire. § 2 - La collecte des données La collecte des données s'est articulée autour des axes suivants : l'élaboration du plan d'échantillonnage, la formation des enquêteurs, le contrôle et le traitement des données. 2.1 - Le plan d'échantillonnage Il a concerné la définition de la population, le cadre et l'unité d'échantillonnage, la méthode d'échantillonnage et la taille de l'échantillon. 2.1.1- Définition de la population Notre population cible a été constituée par des personnes physiques, toutes catégories socioculturelles confondues. Il s'est agi des jeunes et adultes qui appartenaient au segment de la population (15 à 45 ans) le plus touché par la pandémie du Sida. 2.1.2- Le cadre d'échantillonnage Notre travail n'a pas pu bénéficier d'une base de sondage pouvant faciliter le choix de notre échantillon. 2.1.3- Unité d'échantillonnage Nous avons choisi comme unité de référence tout individu capable de subir l'expérimentation et répondre au questionnaire pour lui-même. 2.1.4 - La méthode d'échantillonnage Compte tenu de l'absence d'une base de sondage et selon le type de recherche adopté, nous avons opté pour un échantillon non probabiliste dont la constitution a été effectuée grâce aux quotas marginaux. Les éléments discriminatoires de notre échantillon correspondaient à l'âge et au sexe. 2.1.5 - Sélection de l'échantillon Du fait de la modicité des moyens disponibles, la ville de Douala a servi de lieu d'expérimentation. D'autres arguments ont plaidé pour le choix de cette ville : c'est la capitale économique du Cameroun et elle constitue un creuset dans lequel viennent se fondre les différentes composantes socioculturelles du pays. Puisque nous voulions expliquer un phénomène, c'est l'échantillon expérimental qui a été adopté. Il est clair dans ce cas qu'il n'était pas nécessaire d'avoir un échantillon représentatif. Bien plus, un tel échantillon aurait conduit à des difficultés : il y aurait peu d'observations dans les classes extrêmes et avec très peu de chance de trouver des observations dans certaines cases114(*). Nous avons choisi un échantillon de 120 individus divisé en 2 groupes : les sous échantillons de test et de contrôle de 60 individus chacun. Ces individus ont effectivement participé à l'expérimentation. Tableau 3.3 : Répartition de l'échantillon
* 97 Essomba Antoinette et Norman Turgeon, «Une Revue de la Structure Publicitaire camerounaise », Revue Française de Marketing, no 137, 1992, p 38. * 98 Aaker David et John G Myers «Advertising Management » dans. Essomba Antoinette et Norman. Turgeon ; op. cit. p38. * 99 Extrait des entretiens avec le chef de la cellule de communication du ministère de la santé publique, avril 2000. * 100 Voir Publicité au Cameroun, loi n0 88/016 du 16 décembre 1988 * 101 Essomba Antoinette et Norman Turgeon ; op. Cit. p 43. * 102 Voir les déclarations du Pr Koulla Shiro du comité national de lutte contre le Sida, «conférence Femme, Sida et Développement », Douala mai 2000.
* 109 Berneman Corinne et Lassagne Pascale; op. Cit * 110 Esommba Antoinetteet Norman Turgeon ; op. Cit. p 46. * 111 Perrien Jean, Cheron Emmanuel J, Zins Michel « Recherche en Marketing : Méthodes et Décisions » Gäetan Morin, Montréal, 19084, p 48. * 112 Holbrok Morrris B.et Batra Rajeev ; op. Cit. * 113 Berneman Corinne et Lassagne Pascale; Op. Cit. * 114 Voir Coussineau Alain et Etienne Bastin «Méthodologie de la recherche » , Enseignement et gestion n0 12 Octobre, 1975. |
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