Section 2 : La pauvreté, héritage
naturel ou culturel
Dans cette section, nous analyserons les origines de la
pauvreté. Autant que la notion de pauvreté, ces origines sont
multidimensionnelles. Dans un livre religieux très
célèbre, nous pouvons lire que : « par le
péché d'Adam et Eve, les malédictions, les souffrances,
les peines, les exclusions sont entrées dans le monde ». Si
l'on ne peut déterminer de manière irréfutable les
origines de la pauvreté, l'histoire, la géographie, la
sociologie, les croyances ... peuvent cependant nous aider à justifier
certains de ses aspects. Cette façon de voir ne justifie pas que
certaines régions comme l'Afrique soient destinées à
chancir dans la pauvreté au profit d'autres envers lesquelles Dieu est
plus regardant.
Paragraphe 1 : Les causes historiques et naturelles
de la pauvreté
Evoquer des facteurs naturels pour expliquer la pauvreté
relève d'une vision normative. En effet, à la comparaison, la
géographie de l'Afrique n'est pas moins favorisée que celle
d'autres régions du monde qui ont cependant réussi à
gagner sur plusieurs fronts la guerre contre la pauvreté. Le contraste
est d'autant frappant que des pays comme le Japon ont su faire des
prédispositions naturelles défavorables des atouts de
développement. Il est, dans le même ordre d'idées,
incompréhensible que des pays à fort potentiel se retrouvent dans
les profondeurs les plus noires de la pauvreté alors que d'autres moins
pourvus se retrouvent au haut du classement.
S'agissant des catastrophes naturelles, même si elles ne
sont pas des causes directes de la pauvreté, il faut envisager le
coût de la reconstruction, l'aide et l'assistance à apporter aux
sinistrés ; les catastrophes entretiennent la pauvreté. Les
inondations, les épidémies, sont révélateurs d'un
système sanitaire grelottant.
La pauvreté trouve également son ancrage dans les
faits historiques. La découverte du nouveau monde a été le
point de départ du fameux commerce triangulaire. Les fruits tirés
de cette activité ont permis aux européens, acteurs principaux,
de construire et de bâtir leurs Etats. Français, Anglais,
Portugais, ... les occidentaux ont arrogamment profité de cet odieux
commerce.
Au niveau de la gouvernance, la pauvreté se manifeste par
la médiocrité des gouvernements et de leurs dirigeants. Beaucoup
de pays auraient sûrement beaucoup avancé dans cette lutte s'ils
ne sont pas - ou n'ont pas été - dirigés par une certaine
catégorie d'hommes politiques ou de cadres. En effet, dans ces pays, le
fait pour certains de parvenir à une marche inespérée du
pouvoir est perçue comme le don d'une Providence qu'il ne faut pas
décourager car cette occasion unique de se réaliser, de se faire
une place au soleil, de « se prolonger la vie » est un
événement rarissime. La première conséquence de
cette mentalité est l'accrochage au pouvoir. En Afrique, on ne
démissionne pas du pouvoir.
Cet accrochage au pouvoir qui corrobore la mauvaise gouvernance.
N'est ce pas dans les pays les plus corrompus que se retrouvent en effet les
personnes les plus pauvres ? Sur les 50 pays les plus pauvres du monde, 39
reculent de 2 à 15 points lorsqu'on compare le classement selon le
PIB/habitant et celui selon l'IDH. Cela traduit tout simplement que la richesse
créée n'améliore pas mathématiquement les
conditions de vie des populations.
Lorsque des fonds destinés à financer des travaux
d'intérêt public ou des services sont détournés dans
l'intérêt privé d'un individu haut placé, nous ne
nous attarderons pas sur la question morale d'un tel acte. Mais, il est bien
évident que ces sommes détournées sont bien moins
importantes que leurs répercussions sur le public en raison de l'effet
multiplicateur qui lui est associé. L'argent détourné est
placé dans un compte en banque à l'Etranger et entretient la
pauvreté. Ainsi, le système de redistribution des revenus, qu'ils
soient issus des ressources naturelles ou de l'effort commun, n'est pas
géré pour que tous, ou du moins la grande majorité puisse
en jouir. La mauvaise gouvernance s'observe également par la mauvaise
coordination ou l'absence des politiques, la navigation à vue. Ici, si
les ressources ne sont pas détournées, elles sont tout de
même mal gérées à travers le gaspillage qui en est
fait.
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