PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
REPUBLIQUE TOGOLAISE
..................
Travail-Liberté-Patrie
MINISTERE DE LA FONCTION
PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
......................
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION
BP. 64 - Lomé (TOGO)
Email :
enatogo@ids.tg
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE L'ENA CYCLE III
SECTION : ECONOMIE ET FINANCES
OPTION : TRESOR
LA BOAD ET LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU
BENIN
|
Préparé et soutenu par :
Sous la direction de :
ALOGOU Babatoundé
HAMENOU Koumah Fulbert
Adéléké Eustache
Inspecteur Central du Trésor,
Chef Division Comptabilité
à la Direction des Finances
DEDICACE
A
? Tous ceux qui n'ont pu être vraiment ce qu'ils sont
mais se battent toujours pour se faire une place au soleil ;
? Oresto, Elmira, Kenza-Ayoka ;
? tous ceux qui m'aiment.
Je dédie ce mémoire.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail n'a été
possible que grâce à une assistance soutenue, une collaboration
prompte et spontanée d'augustes personnes à qui nous tenons
à exprimer nos sincères et profondes gratitudes. C'est l'occasion
ici pour nous de remercier respectivement :
? Tous mes professeurs, eux qui m'ont transmis une partie de
leurs savoirs ;
? Monsieur HAMENOU Koumah, Inspecteur Central du
Trésor, notre Directeur de mémoire qui a accepté de
diriger ce travail malgré ses multiples occupations, sans nous
marchander ses connaissances et ses expériences ;
? Monsieur ADJAHI Maurice Dieudonné, Administrateur du
Trésor ;
? Madame APLOGAN Alphonsine en service à la
BOAD ;
? Monsieur APLOGAN DJIBODE Crépin, Inspecteur des
Douanes ;
? Monsieur et Madame YAKE à Lomé ;
? Mes parents, qui m'ont appris à me battre ;
? Tous ceux qui, de près ou de loin, ont
participé à la réalisation de ce travail ;
? Tous mes amis pour leur soutien.
SIGLES ET ABREVIATIONS
BEI : Banque Européenne d'Investissement
BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
BIDC : Banque d'Investissement et de Développement
de la CEDEAO
BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
CSPEF : Cellule de Suivi des Programmes Economiques et
Financiers
DEPOLIPO : Déclaration de Politique de Population
DSRP : Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté
FAGACE : Fonds Africain de Garantie et de Coopération
Economique
FASR : Fonds d'Ajustement Structurel Renforcé
FCFA : Franc de la Communauté Financière
Africaine
FIDA : Fonds International pour le
Développement Agricole
FMI : Fonds Monétaire International
FRPC : Facilité de Réduction de la
Pauvreté et la Croissance
FSA : Fonds de Solidarité Africain
IDH : Indicateur de Développement Humain
IPF : Indicateur de Participation de la Femme
IPH : Indice de Pauvreté Humaine
MEF : Ministère de l'Economie et des
Finances
ONU : Organisation des Nations Unies
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de
Pétrole
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PTF : Partenaires Techniques et Financiers
SCRP : Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté
SOAGA : Société Ouest-Africaine de Gestion
d'Actifs
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine
WARDA : West Africa Rice Development Association
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
1ère PARTIE :
PROBLEMATIQUE DE LA PAUVRETE 8
CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES ET
INDICATEURS DE PAUVRETE 9
Section 1 : Dimensions de la pauvreté 9
Paragraphe 1 : Pauvreté monétaire 9
Paragraphe 2 : Pauvreté non monétaire 12
Section 2 : La pauvreté, héritage
naturel ou culturel 15
Paragraphe 1 : Les facteurs historiques et culturels de
la pauvreté 15
Paragraphe 2 : la pauvreté, une fatalité ou
une infortune naturelle ? 17
CHAPITRE II : LA PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT
AU BENIN 20
Section 1 : Diagnostic de l'économie
béninoise 20
Paragraphe 1: Atouts et faiblesses structurelles de
l'économie béninoise 34
Section 2 : Réduction de la
pauvreté, croissance et développement : cercle vicieux
ou cercle vertueux ? 28
Paragraphe 1 : La corrélation entre croissance et
réduction de la pauvreté 28
Paragraphe 2 : Les stratégies de réduction
de la pauvreté au Bénin 34
2ème PARTIE : LES BANQUES DE
DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE :CAS DE LA BOAD
39
CHAPITRE I : PLAN D'ACTIONS DE LA BOAD POUR
LA REDUCTION DE
LA PAUVRETE 40
Section1 : La BOAD et le financement du
développement 40
Paragraphe 1 : Présentation de la BOAD 40
Paragraphe 2 : Les instruments et domaines d'intervention
43
Section 2 : Point de la coopération entre
la BOAD et le Bénin 46
Paragraphe 1 : Les opérations financées
46
Paragraphe 2 : Etude de quelques projets
réalisés 50
CHAPITRE II : APPORT DE LA BOAD A LA REDUCTION
DE LA PAUVRETE AU BENIN : ECUEILS ET SUGGESTIONS 60
Section1 : Insuffisances relevées dans
la mise en oeuvre des projets 60
Paragraphe 1 : Au niveau de la Banque 61
Paragraphe 2 : Au niveau de l'Etat Béninois 63
Section 2 : Suggestions pour une
efficacité accrue des actions de la
BOAD en faveur de la réduction de la pauvreté au
Bénin 64
Paragraphe 1 : Actions à mener par le
Bénin 65
Paragraphe 2 : Renforcement des moyens d'actions de la
Banque 66
CONCLUSION 70
BIBLIOGRAPHIE 73
ANNEXES i
TABLE DES MATIERES ii
AVERTISSEMENT
L'ENA N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION
AUX OPINIONS EMISES DANS CE DOCUMENT ; ELLES DOIVENT ETRE CONSIDEREES
COMME PROPRES A LEURS AUTEURS.
|
INTRODUCTION
Le souci de posséder assez d'argent ou de richesses a, de
tout temps et dans tous les coins du monde, hanté une immense
majorité de personnes. Certaines d'entre elles arrivent par le fruit de
leurs efforts à s'en procurer à suffisance. D'autres par des
moyens peu orthodoxes réussissent également à se tailler
des fortunes. Cependant, des concours de circonstances peuvent conduire des
personnes moins nanties à traverser des moments de crises les privant de
la possibilité de se soigner correctement, de manger à leur faim
ou de se loger décemment. Il s'agit là de situations que certains
peuvent confondre à tord à celle de pauvreté qui est un
état de dénuement crucial qu'un phénomène
conjoncturel.
Bien que le concept ait été abordé à
plusieurs reprises et continue de l'être encore, les auteurs, les
analystes et mêmes les praticiens de l'économie de
développement, ne sont pas unanimes sur la définition de la
pauvreté ni sur les moyens de la combattre.
Pour George SIMMEL : « la
pauvreté est un état de choix impossibles à satisfaire par
les individus »1(*) ; par conséquent, elle ne peut être
définie comme un état quantitatif en elle-même mais
seulement par rapport à une relation sociale qui résulte d'une
situation spécifique.
Adam SMITH, quant à lui, circonscrit une situation de non
pauvreté qui constitue « une société
où tous les membres jouissent d'un revenu suffisant leur permettant de
se montrer sans honte en public »2(*).
La diversité d'appréhension de la pauvreté
n'a pas effrité sa dimension pandémique surtout durant notre
troisième millénaire, au regard des potentialités
des pays riches accentuant les inégalités sociales à
l'échelle mondiale. La pauvreté n'a donc cessé de
préoccuper des personnalités de la scène politique, du
milieu universitaire ou des organisations de défense d'un nouvel ordre
mondial social plus équilibré. C'est à ce titre que divers
instruments ou indicateurs ont été répertoriés pour
mieux la cerner, et d'en évaluer l'incidence dans l'espace et le temps.
D'un bout à l'autre de notre planète, la
pauvreté se rencontre avec autant de variantes que de civilisations,
autant d'aspects que de peuples, et autant de ravages que de cultures.
Dès lors, l'approche économique du concept devient plus
intéressant car mesurable directement ou calculable indirectement
à partir de données recueillies, et dont l'interprétation
permet d'établir un diagnostic sur une dimension
spécifiée dans l'espace et le temps. Cette approche ne perd pas
cependant son caractère subjectif. C'est pour cela que, vivre avec moins
d'un dollar par jour est une marque de pauvreté en Afrique
Subsaharienne, tandis qu'aux USA3(*), le seuil de pauvreté est relevé
à 14,4$ par jour.
Bien que les essais de définition de la pauvreté
soient épars, et les indicateurs de mesure variés, beaucoup
d'analystes s'accordent à reconnaître que la pauvreté est
un mal à combattre pour asseoir une société plus
équilibrée ou comportant moins de fractures sociales. Ce mal
n'est pas du tout contemporain, il plonge ses racines dans l'histoire lointaine
car déjà au Vème siècle avant
Jésus-Christ, Platon écrivait : « Il ne faut
pas que certains citoyens souffrent de la pauvreté alors que d'autres
sont riches, parce que ces deux états sont causes de
dissensions »4(*). Les théories économiques de MALTHUS
envisageaient une limitation des naissances pour réduire la progression
de la pauvreté dans la société comme la nôtre
où la population croît à un rythme
géométrique alors que les ressources obéissent à
une évolution arithmétique.
Face au foisonnement des théories sur la pauvreté
et les solutions pour l'éradiquer, quelle attitude doit-on tenir ?
Le choix est très délicat car, plus nombreux sont les acteurs du
développement, aussi diversifiées seront les mesures pour
éradiquer la pauvreté. C'est pour cela qu'il devient
intéressant d'étudier l'approche des structures régionales
face au combat contre la pauvreté dans un contexte national. D'où
l'intérêt de notre thème intitulé « La
BOAD et la réduction de la pauvreté au
Bénin ». Une telle étude appelle plusieurs angles
d'analyse. Il peut s'agir d'une approche globale critique du
phénomène de pauvreté et une redéfinition
fondamentale des objectifs de développement. On peut également
utiliser des variables économétriques afin de déterminer
à partir des indicateurs retenus l'effet des actions de la BOAD sur la
pauvreté. Enfin, il peut être question de modélisation afin
de recentrer le dispositif de lutte contre la pauvreté. Dans notre cas,
il ne sera question ni de l'une, ni de l'autre approche. Nous nous
intéresserons plutôt aux retombées socio-économiques
des actions de la BOAD sur les populations pauvres du Bénin.
Nous n'allons pas non plus circonscrire notre tâche dans un
horizon temporel donné. Ceci se justifie : l'évaluation d'un
projet de développement obéit à plusieurs
démarches-clés qui se recoupent depuis la conception
jusqu'à l'achèvement du projet. Les organisations donatrices
veulent toujours savoir à juste titre si les ressources qu'elles ont
investies ont été utilisées judicieusement, mais comme les
activités de développement ont évolué et deviennent
plus holistiques et plus multidisciplinaires et que des approches
participatives deviennent plus usitées, les impacts d'un projet de
développement s'inscrivent plus durablement dans le temps car les
changements induits sont parfois irréversibles.
Cette étude comporte deux parties dont la première
développe la problématique de la pauvreté, et la seconde
énonce les options des banques de développement pour
éradiquer la pauvreté notamment celles de la
BOAD face au contexte Béninois.
1ère
PARTIE :
PROBLEMATIQUE DE LA PAUVRETE
La notion de pauvreté revêt plusieurs aspects. En
effet, dans son acception la plus large, la pauvreté signifie avoir faim
ou ne pas avoir de toit ; c'est aussi être malade et ne pas pouvoir
consulter médecin ; c'est également craindre l'avenir, vivre
au jour le jour ; c'est n'avoir ni pouvoir, ni représentation, ni
liberté, c'est enfin subir l'exclusion, la violence..., c'est, ne pas
être libre. Nous explorerons d'abord les dimensions de la pauvreté
(Chapitre 1) avant de faire une analyse sur la pauvreté et le
développement au Bénin (Chapitre 2).
CHAPITRE I :
FONDEMENTS THEORIQUES ET INDICATEURS DE
PAUVRETE
Pour mieux cerner la pauvreté, Il est intéressant
de se référer à l'étymologie du terme. En effet
pauvreté tire son origine du mot latin pauper
(peu ou petit) qui est elle-même proche du grec
peina (la faim). La traduction grecque du mot
«pauvreté» est aporia qui signifie
absence de chemin. Nous constatons qu'en rapprochant les deux origines, nous
aboutissons à une double conception de la pauvreté : C'est une
notion à la fois quantitative - peu, petit, le manque de nourriture- et
qualitative en ce sens qu'elle traduit la condition psychologique de celui ou
celle qui ne peut trouver son chemin.
Le Petit Larousse définit la pauvreté comme le
manque d'argent ou de ressources. Le Petit Robert quant à lui,
énonce la pauvreté comme
l' « état d'une
personne qui n'a pas suffisamment d'argent ou de moyens matériels pour
subvenir à ses besoins ». Ces définitions
pour le moins subjectives, ne rendent pas compte des différentes
facettes que peut prendre la pauvreté, mais elles ont le mérite
d'avoir pour référent l'une de ses caractéristiques qui se
ramène à la privation monétaire et matérielle.
Avant de penser à réduire la pauvreté, il faudrait en
déterminer les causes ou origines.
Section 1 : Dimensions de la pauvreté
La pauvreté, c'est l'état d'une personne, d'une
famille ou d'un groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois, elle n'est
pas réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne
également d'autres aspects du quotidien comme le logement, la
santé, la formation, le travail, la vie familiale.
Paragraphe1 : La pauvreté monétaire
Une personne est jugée pauvre dès lors que son
revenu donne un niveau de satisfaction inférieur au minimum
nécessaire pour vivre. Les enquêtes menées à cet
effet ne se réfèrent pas à un seuil minimal de ressources
définies conventionnellement ou à des conditions objectives
d'existence mais consistent à interroger directement les ménages
sur leur perception de ces réalités, de leur perception sur la
question du revenu minimal nécessaire selon eux
pour « joindre les deux bouts » et leur degré
d'aisance financière. A terme, l'on aboutit à un seuil de
pauvreté subjectif en-deçà duquel l'on peut être
considéré comme pauvre.
Le Rapport 2007 de la Banque Mondiale5(*) montre que de 1997 à
2007, la pauvreté monétaire a été réduite de
quart dans le monde passant de 1,3 milliard à 985 millions de personnes
vivant avec moins d'un dollar par jour, 2,6 milliards pour ceux vivant avec
moins de 2 dollars. Les pays émergents d'Asie de l'Est et du Sud ont
également fait de grands pas dans cette lutte tirant plus d'un
demi-milliard de personnes de la pauvreté entre 1995 et 2007. C'est le
cas de la Chine dont le nombre de pauvres est passé de 600 millions
à moins de 200 millions soit une diminution de 64,17% de la population
qui est le plus encourageant. Même si la tendance régionale la
moins performante concerne l'Asie du Sud ou ils ont été
réduits de seulement 34 millions soit 31% de la population, c'est
l'Afrique subsaharienne qui enregistre les résultats les plus
catastrophiques. Passant de 164,314 millions, la proportion des pauvres devient
47% contre 42 en 1981. L'Europe occidentale, l'Asie centrale ont
enregistré une tendance à la baisse se ramenant respectivement
à 26 et 24%. La région Amérique Latine et Caraïbes
reste stable pendant que l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient n'ont pas
enregistré de changements significatifs.
On peut ensuite aborder la pauvreté à partir de la
consommation. Une telle alternative est séduisante car elle revêt
diverses avantages conceptuels : c'est la consommation plus que le revenu
qui est source directe d'utilité et qui mesure les rapports de force. La
quantité dépensée est toujours plus informative que la
capacité à dépenser. De plus, la consommation est plus
« lisse » que les revenus, moins
« tabou » donc mieux déclarée, moins
sensibles aux aléas conjoncturels que le revenu lui-même.
Ceux qui estiment que la consommation traduit le niveau de vie
pensent que la dépense est plus révélatrice de conditions
de vie que le revenu. Bien que la consommation soit largement tributaire du
revenu, l'approche par la consommation de la pauvreté revêt une
utilité certaine : elle ne tient pas compte de l'épargne des
individus. La consommation d'un individu concerne essentiellement le contenu
d'un « panier de la ménagère » exprimé
en apport et en besoin calorique. Pour une journée, l'individu a besoin
de se nourrir, de se vêtir, de se déplacer,... Le montant minimal
requis pour satisfaire ces besoins alimentaires et non alimentaires permet de
déterminer le seuil de la consommation en deçà duquel on
tombe dans la pauvreté. Selon la Banque Mondiale, est pauvre toute
personne qui ne peut consommer faute de moyens un certain nombre de biens
d'usage ordinaire ou de consommation de base (biens nécessaires). Cette
difficulté de satisfaire les besoins vitaux limite naturellement la
possibilité d'accéder aux ressources productives. Elle favorise
une détérioration continuelle des conditions de vie qui aggrave
les inégalités.
L'étude de la consommation comme indicateur de
pauvreté nous amène aussi à étudier l'aspect
patrimonial du phénomène. En effet, le fait d'être
propriétaire ou non de certains types de biens peut permettre de mesurer
indirectement le statut socio-économique. Les éléments
subjectifs comme le matériel roulant (bicyclette, moto, voiture...) aux
éléments de confort (radio, télévision,
réfrigérateur...) en passant par le logement (nombre de
personnes/pièce) permettent de mesurer le niveau de consommation des
individus.
S'instruire, se soigner, se divertir se révèlent
être pour les pauvres un luxe réservé aux habitants d'un
autre quartier du « village planétaire ». En effet,
lorsqu'on scrute à travers la lentille du développement humain,
notre « village planétaire » se trouve divisé
entre les rues des nantis et celle des laissées pour compte.
La qualité de vie étant subjective, le revenu et la
consommation s'avèrent insuffisants pour apprécier les aspects
économiques de la pauvreté. Ils rendent plutôt compte des
aspects objectifs du phénomène.
Paragraphe 2 : Pauvreté non
monétaire
Selon le seuil de revenu retenu, le nombre de pauvre change. Dans
certains pays, la pauvreté monétaire peut être quasiment
inexistante alors que la qualité de vie laisserait à
désirer. Il ne suffit donc pas de doubler d'un coup de baguette magique
tous les revenus pour diminuer leur nombre. Lorsque le revenu médian
s'élève, le nombre de pauvres augmente mécaniquement si
l'enrichissement profite moins aux ménages pauvres qu'aux plus
aisés.
Selon DUBOIT, « de même que l'on peut
opposer pauvreté monétaire et pauvreté des conditions ou
des potentialités, on peut opposer inégalité en terme
monétaire concernant la distribution des revenus et/ou de la
consommation à l'inégalité des conditions de vie, qui
tient compte des différences qualitatives et à
l'inégalité des chances qui considère l'accès
à nombre de biens et de services fondamentaux. »6(*)
«Knowledge is power« dit le vieux dicton anglais. Celui
qui ne sait ni lire, ni écrire, qui n'a pas pu acquérir une
formation de qualité et valorisée sur le marché, porte
d'accès privilégiée à un emploi stable et
valorisant est condamné à vivre en marge, le plus souvent, de la
société. Cette exclusion par le savoir ou l'ignorance est
d'autant plus humiliante que notre société ne valorise que
certains types de savoirs, notamment le savoir scolaire, basé sur les
diplômes. La non scolarisation isole une fange de la population de la
direction des affaires publiques, de la participation à la vie politique
et limite considérablement leur possibilité d'ouverture au monde
extérieur. Les inégalités entre hommes et femmes y
tiennent une place de choix. Le non accès aux moyens modernes de
l'information et de la communication, le maintien des pauvres à
l'écart de la globalisation sont des éléments
d'appréciation de la pauvreté non monétaire. La
pauvreté culturelle emprisonne ceux qui la subissent dans le partage du
désespoir, de l'affliction, de l'apathie et de l'inhibition.
En1990, le PNUD, conscient de la nécessaire
définition de critères objectifs, a introduit dans ses rapports
l'Indicateur de Développement Humain (IDH). L'indicateur
précédemment utilisé, le
PIB par
habitant, ne donne pas d'information sur le
bien-être
individuel ou collectif, mais n'évalue que la production
économique. Il présente des écarts qui peuvent être
très importants avec l'IDH
. L'IDH est un
indicateur composite qui tente de ramener à des chiffres les niveaux
moyens de développement atteints par les Etats dans la marche vers les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L'IDH prend
en compte la longévité, le savoir au sens de taux de
scolarisation et enfin le PIB. L'IDH s'obtient par détermination de la
moyenne arithmétique des indices obtenus à partir de ces trois
critères.
Plus l'IDH d'un pays est proche de 1, plus ce pays est
développé et plus la lutte contre la pauvreté y avance,
mieux y est le niveau de vie.
L'Indice de Pauvreté Humaine (IPH), quant à lui,
permet de chiffrer le dénuement monétaire, sanitaire, culturel
(savoir) et la participation à la vie sociale (instruction,
longévité et conditions de vie).
Section 2 : La pauvreté, héritage
naturel ou culturel
Dans cette section, nous analyserons les origines de la
pauvreté. Autant que la notion de pauvreté, ces origines sont
multidimensionnelles. Dans un livre religieux très
célèbre, nous pouvons lire que : « par le
péché d'Adam et Eve, les malédictions, les souffrances,
les peines, les exclusions sont entrées dans le monde ». Si
l'on ne peut déterminer de manière irréfutable les
origines de la pauvreté, l'histoire, la géographie, la
sociologie, les croyances ... peuvent cependant nous aider à justifier
certains de ses aspects. Cette façon de voir ne justifie pas que
certaines régions comme l'Afrique soient destinées à
chancir dans la pauvreté au profit d'autres envers lesquelles Dieu est
plus regardant.
Paragraphe 1 : Les causes historiques et naturelles
de la pauvreté
Evoquer des facteurs naturels pour expliquer la pauvreté
relève d'une vision normative. En effet, à la comparaison, la
géographie de l'Afrique n'est pas moins favorisée que celle
d'autres régions du monde qui ont cependant réussi à
gagner sur plusieurs fronts la guerre contre la pauvreté. Le contraste
est d'autant frappant que des pays comme le Japon ont su faire des
prédispositions naturelles défavorables des atouts de
développement. Il est, dans le même ordre d'idées,
incompréhensible que des pays à fort potentiel se retrouvent dans
les profondeurs les plus noires de la pauvreté alors que d'autres moins
pourvus se retrouvent au haut du classement.
S'agissant des catastrophes naturelles, même si elles ne
sont pas des causes directes de la pauvreté, il faut envisager le
coût de la reconstruction, l'aide et l'assistance à apporter aux
sinistrés ; les catastrophes entretiennent la pauvreté. Les
inondations, les épidémies, sont révélateurs d'un
système sanitaire grelottant.
La pauvreté trouve également son ancrage dans les
faits historiques. La découverte du nouveau monde a été le
point de départ du fameux commerce triangulaire. Les fruits tirés
de cette activité ont permis aux européens, acteurs principaux,
de construire et de bâtir leurs Etats. Français, Anglais,
Portugais, ... les occidentaux ont arrogamment profité de cet odieux
commerce.
Au niveau de la gouvernance, la pauvreté se manifeste par
la médiocrité des gouvernements et de leurs dirigeants. Beaucoup
de pays auraient sûrement beaucoup avancé dans cette lutte s'ils
ne sont pas - ou n'ont pas été - dirigés par une certaine
catégorie d'hommes politiques ou de cadres. En effet, dans ces pays, le
fait pour certains de parvenir à une marche inespérée du
pouvoir est perçue comme le don d'une Providence qu'il ne faut pas
décourager car cette occasion unique de se réaliser, de se faire
une place au soleil, de « se prolonger la vie » est un
événement rarissime. La première conséquence de
cette mentalité est l'accrochage au pouvoir. En Afrique, on ne
démissionne pas du pouvoir.
Cet accrochage au pouvoir qui corrobore la mauvaise gouvernance.
N'est ce pas dans les pays les plus corrompus que se retrouvent en effet les
personnes les plus pauvres ? Sur les 50 pays les plus pauvres du monde, 39
reculent de 2 à 15 points lorsqu'on compare le classement selon le
PIB/habitant et celui selon l'IDH. Cela traduit tout simplement que la richesse
créée n'améliore pas mathématiquement les
conditions de vie des populations.
Lorsque des fonds destinés à financer des travaux
d'intérêt public ou des services sont détournés dans
l'intérêt privé d'un individu haut placé, nous ne
nous attarderons pas sur la question morale d'un tel acte. Mais, il est bien
évident que ces sommes détournées sont bien moins
importantes que leurs répercussions sur le public en raison de l'effet
multiplicateur qui lui est associé. L'argent détourné est
placé dans un compte en banque à l'Etranger et entretient la
pauvreté. Ainsi, le système de redistribution des revenus, qu'ils
soient issus des ressources naturelles ou de l'effort commun, n'est pas
géré pour que tous, ou du moins la grande majorité puisse
en jouir. La mauvaise gouvernance s'observe également par la mauvaise
coordination ou l'absence des politiques, la navigation à vue. Ici, si
les ressources ne sont pas détournées, elles sont tout de
même mal gérées à travers le gaspillage qui en est
fait.
Paragraphe 2 : Les facteurs culturels de la
pauvreté
Jusqu'à une période récente - et aujourd'hui
encore dans certaines contrées traditionnelles - le nombre d'enfants
possédés rimait avec importance de la richesse. Avoir 4, 5, 10,
15, 30 enfants était un baromètre de mesure de la richesse. La
proportionnalité était absolue. Une progéniture abondante
équivalait à beaucoup de force pour travailler le sol et faire
l'élevage. Jusqu'à la génération passée
(1950-1975), cette mentalité prospérait. Or aujourd'hui, avoir
beaucoup d'enfants peut produire des conséquences insurmontables. La
forte croissance de la population accroît naturellement le nombre de sans
emploi. Les ressources augmentent peu. Les populations des pays les moins
avancées sont celles qui ont enregistrées, au cours des deux
dernières décennies, les plus forts d'accroissement, hormis la
Chine, l'Afrique Subsaharienne en tête. Cette culture dont le
bannissement est indispensable pour conformer les ressources aux besoins ne
favorise pas le bien-être des individus.
L'organisation sociale et culturelle de l'Afrique favorise
également la pauvreté. Il y existe, en effet, une forme de
pauvreté spécifique liée à la structure même
de la famille. En effet, le frère ou la soeur du père, le
beau-fils, leurs enfants ou petits enfants, les beaux-parents sont membres de
la famille. Tous ceux-ci ont droit à une portion du revenu du
« frère »,
du « fils » ou du « beau »
et constituent pour celui-ci des charges qui pourraient ne pas lui permettre
d'avoir un niveau de vie acceptable. La forte solidarisation des
communautés africaines pousse beaucoup à s'en tenir au minimum.
A ces croyances traditionnelles se juxtaposent les idées
reçues. Les religions « importées »,
pour la plupart, lient la pauvreté à des préceptes
religieux. Ce fatalisme est justifié par le
dicton « accepte ta condition car Dieu a décidé de
ton sort ». Cette impuissance empêche les individus de changer
l'état des choses. La croyance selon laquelle notre destin dépend
d'une volonté divine est légitime si l'on accepte que notre
motivation à progresser en dépende de même. Le proverbe
russe dit : « prie le bon Dieu et rame jusqu'au
rivage. »
Le déficit de démocratie est aussi une marque de
mauvaise gouvernance et agit négativement sur la pauvreté. Les
régimes dictatoriaux pensent d'abord à leur ventre, et non
à ceux de la collectivité. De 2000 à 2009, dix (10) pays
africains7(*) ont
révisé leur constitution pour favoriser le maintien au pouvoir du
Chef de l'Etat, trois ou quatre ont été obligés,
après des élections contestées, de partager le pouvoir
avec les contestataires. Pendant ce temps, les populations meurent de faim, des
guerres ; leurs enfants, de malnutrition, du choléra, faute de
soins. Au Zimbabwé, pendant que Le Président Robert MUGABE se
débattait pour garder le pouvoir, un millier de ses compatriotes
mourrait du choléra, cachés des regards de la Communauté
Internationale.
Les Occidentaux, soucieux de préserver leurs
intérêts stratégiques, soutiennent ces régimes
contre leurs peuples. On a donc un jeu à trois joueurs ; l'optimum
social ne peut être atteint car les deux leaders qui sont l'Occident et
les dirigeants politiques ont chacun un intérêt particulier qui se
trouve aux antipodes de l'intérêt du peuple africain qui est la
distribution équitable des richesses. Les conséquences peuvent
être les guerres civiles, les déplacements, l'enracinement de la
pauvreté. Favoriser les membres de son ethnie, tout en barrant la route
à ceux des autres est souvent fréquent dans les relations
interethniques en Afrique.
CHAPITRE 2 :
LA PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT AU
BENIN
Sur les cinq dernières années, l'économie du
Bénin a enregistré une évolution favorable. Cependant,
l'impact de cette croissance économique sur la réduction de la
pauvreté reste mitigé. En effet, la faible corrélation
entre l'amélioration du niveau de vie et cette croissance s'explique par
le fait que celle-ci ne correspond pas à un processus de
développement partagé. La majorité des béninois est
employée dans l'agriculture ou les services (le commerce
principalement). Le rythme de la création des emplois n'est pas
suffisamment rapide pour répondre à une offre de main d'oeuvre de
plus en plus forte.
La relation entre croissance économique et
amélioration du bien-être des populations est une question
complexe. Réduire la pauvreté, outre l'amélioration du
pouvoir d'achat, doit consister à l'amélioration des services et
infrastructures sociaux. Le rapport entre le taux de cette croissance et celui
de la réduction de la pauvreté n'est pas proportionnel. Si la
pauvreté monétaire semble être mieux
maîtrisée, ce n'est pas le cas quant à la pauvreté
humaine.
Section 1 : Diagnostic de l'économie
béninoise
De 1998 à 2008, le Bénin a connu un taux de
croissance positif passant de 4% en 1998 à 6,8% en 2008. La moyenne pour
la période est de 3,6%. Cependant, ces performances sont le
résultat de la sous-exploitation des atouts ou de la non prise en compte
de certaines faiblesses de la structure de l'économie. Si ces
données positives n'ont pas permis d'infléchir remarquablement la
pauvreté, n'est ce pas, en gros, la conséquence d'une mauvaise
orientation des fruits ou acquis de la croissance ?
Paragraphe 1 : Atouts et faiblesses structurelles
de l'économie Béninoise
Une bonne stratégie de réduction de la
pauvreté doit s'appuyer prioritairement sur les facteurs de la
pauvreté. Ce sont eux, en effet, qui contribuent à nourrir et
à faire perdurer le phénomène. Les actions doivent
être orientées vers les facteurs et non sur les manifestations.
Ces facteurs sont autant endogènes qu'exogènes. Une bonne
stratégie de réduction de la pauvreté doit prendre en
compte les atouts et les potentialités du pays. N'est ce pas là
une théorie qui trouve sa justification dans l'émergence des
« dragons d'Asie » ?
1. Les atouts
Le Bénin dispose d'atouts certains. C'est un fait qu'il
n'est pas fortement pourvu en ressources minières et
minéralogiques. Mais le pays est reconnu pour sa stabilité
politique. Depuis 1990, la démocratie y fait son petit bonhomme de
chemin. Le pays a une constitution vieille de 19 ans (seulement !) et a
connu trois alternances pacifiques sans retouche de la constitution.
L'appartenance à plusieurs espaces régionaux d'échanges,
de co-développement, de solidarité comme la Communauté
Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), le Conseil de l'Entente, la
Communauté des Etats Sahélo-Sahéliens (CEN-SAD) font du
Bénin un pôle d'émergence et de développement dont
la bonne exploitation conditionne l'émergence d'un marché
commun, la construction et la consolidation d'une économie
prospère, le bien-être matériel et social de ses fils.
En 2006, la structure de la population béninoise fait
ressortir un taux d'actifs potentiels (plus de 15ans) de 72% (soit
4 617 290 individus) dont seulement 2 611 585 sont effectivement
utilisés. Ceci montre que la majorité de la population
béninoise est active. Le béninois n'est pas paresseux :
au-delà de 60 ans, deux béninois sur trois sont encore sur le
marché du travail soit comme actif occupé, soit comme demandeur
d'emploi (après avoir accompli une 1ere carrière).
C'est la preuve également que le minimum social n'a pu être
atteint. La population béninoise est l'une des populations à fort
taux d'accroissement naturel (3,25%). Ceci s'explique par une
fécondité encore élevée et une mortalité en
baisse quoique encore élevée contrastée par un taux
relativement élevé de la mortalité des enfants de moins de
5 ans. C'est en partie cela qui induit les parents à se prémunir
contre les décès éventuels de leur descendance en ayant
davantage d'enfants.
Tableau N° 1: Répartition de la
population par tranche d'âges
Tranches
d'âges
|
Effectifs
(en millions)
|
Taux
(en %)
|
0 - 5
|
1,271
|
16,5
|
6 - 11
|
1,448
|
18,8
|
11 et plus
|
4,981
|
64,7
|
Total
|
7,700
|
100
|
Source : Enquête Modulaire
Intégrée des Conditions de Vie
des Ménages (EMICOV), INSAE, 2006
Etant donné que l'importance et la nature des besoins de
santé, d'éducation, de logement, d'emploi sont tributaires de la
structure, du volume et de l'évolution démographique, le
développement du capital humain exige une meilleure maîtrise de la
fécondité. Les difficultés d'accès à
l'éducation de base et à l'alphabétisme, aux soins de
santé primaire et à l'eau potable ont besoin d'être
résolues. Un ménage comportant beaucoup de membres est plus
penché à éprouver des difficultés pour la
satisfaction de ces besoins.
2. Les faiblesses
Quant aux faiblesses structurelles de l'économie, elles
portent sur la rigidité de l'appareil et de la structure de production,
la faiblesse des investissements et la faible diversification des
exportations.
? La rigidité de l'appareil de production part de la
spécialisation de la production à l'archaïsme de l'outil de
travail en passant par l'obsolescence des infrastructures et des
méthodes de production.
L'agriculture béninoise reste essentiellement manuelle et
soumise aux aléas climatiques. Les revenues et la productivité
restent faibles et la force de travail n'est que partiellement
valorisée, ce qui rend très peu compétitive la production
agricole. D'une part, les pratiques d'exploitation minière dans les
zones de cultures, les zones agropastorales, dans les pêcheries et dans
les forêts classées, accentuent la dégradation des
ressources naturelles ; d'autre part, les différents secteurs ne
sont pas imbriqués les uns dans les autres. La chaîne de
production est discontinue, abrupte. Ce qui fait que le pays exporte les
matières soit en leur état brut, soit très peu
transformées. En retour, ces matières reviennent
manufacturées et sont rachetées à prix d'or. Par ailleurs,
le peu d'entreprises industrielles existant utilise de manière
très faible comme intrants les biens produits localement.
? Parlant de la rigidité de la structure de la
production, il suffit d'observer la composition du PIB. Les secteurs primaire
et tertiaire prédominent alors que le secteur secondaire est encore
embryonnaire. Ceci traduit la faiblesse des investissements productifs. Ce
maillon manquant à la chaîne économique est source de
déséquilibre et de dépendance de l'économie.
Tableau N° 2 : Contribution
des secteurs au PIB de 2000 à 2008 (donnée en %)
Secteurs Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Primaire
|
34,5
|
34,5
|
37,4
|
35,6
|
35,9
|
35,9
|
36,0
|
35,0
|
35,7
|
Secondaire
|
14.2
|
14.7
|
15.0
|
15.2
|
14.9
|
14,8
|
14.5
|
14.5
|
14,2
|
Tertiaire
|
37.7
|
37.9
|
38.2
|
39.7
|
39.4
|
39.6
|
39.7
|
40.6
|
45.6
|
Non marchand
|
13,6
|
12,8
|
9,4
|
9,5
|
9,8
|
9,7
|
9,8
|
9,9
|
9,5
|
TOTAL
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Source : Rapport
d'avancement 2008 de la SCRP 2007-2009, CSPEF, MEF
En effet, le rôle prépondérant du secteur
privé recommande des investissements forts. Une simple comparaison
permet de se mettre à l'évidence de son incidence sur la
croissance d'une part, par la faiblesse de l'épargne et d'autre part,
par les circonstances structurelles qui ne protègent pas vraiment
l'investisseur.
? Enfin, les exportations sont très peu
diversifiées. Outre le coton (entre 40% et 80%), le Bénin exporte
l'huile de palme, les noix de cajou, l'ananas, les écrevisses, les bois
de teck, les amandes et le beurre de karité. Toutefois, aucune de ces
matières, à part le coton, n'est érigée en
filière pour mériter une attention particulière et une
organisation adéquate. Jusqu'en 2007, la Société Nationale
pour la Promotion Agricole (SONAPRA) n'a, en fait, fait que la promotion du
coton alors qu'il y a 2 décennies seulement, le Bénin
était premier producteur de palmier à huile.
Tableau N° 3 : Quelques indicateurs
macroéconomiques du Bénin
Années
Rubriques
|
Période avant DSRP I
|
Période DSRP I
|
1990-1994
|
1995-1999
|
2000-2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Moyenne
2003-2005
|
PIB par tête d'habitant
(en milliers de FCFA)
|
131
|
228
|
277
|
296
|
298
|
310
|
302
|
Investissement brut*
|
14,4
|
18,2
|
18,9
|
20,3
|
20,7
|
17
|
19,3
|
Encours de la dette*
|
52,8
|
59,4
|
51,8
|
40,3
|
40,3
|
40,3
|
40,3
|
Service de la dette*
|
1,8
|
2,0
|
1,3
|
0,8
|
0,7
|
0,6
|
0,7
|
* en % du PIB
Source : Ministère du Développement, de
l'Economie et des Finances (MDEF).
Paragraphe 2 : La pauvreté au
Bénin
Le Bénin fait partie des pays à faible revenu.
L'indice de développement humain reste inférieur à 0,5 par
rapport a un idéal fixé à 1. Malgré le taux de
croissance économique réel moyen de 4,1% ces dernières
années, la pauvreté monétaire reste persistante. La
pauvreté a un aspect monétaire et un aspect non monétaire.
Le premier est fonction du revenu ou de la dépense et le second se fonde
sur un indice composite de niveau de vie basé sur les conditions de vie
et le patrimoine des ménages.
Entre 2002 et 2006, la pauvreté monétaire a
progressé. Trois indicateurs ont étés utilisés pour
l'évaluer en référence à des seuils annuels de
pauvreté8(*)
s'établissant à 74.886 FCFA par tête en 2002 et à
82.224 FCFA en 2006. L'incidence de pauvreté a connu un accroissement
passant de 28,5% en 2002 à 36,8% 2006. La profondeur (P1) a subi la
même évolution (0,109 en 2002 ; 0,138 en 2006).
Tableau N°
4 : Incidence de la pauvreté selon le milieu de
résidence
ANNEES
|
2002
|
2006
|
Indicateurs de pauvreté
Milieu de résidence
|
P0
|
P1
|
P2
|
P0
|
P1
|
P2
|
Urbain
|
23,6
|
0,107
|
0,069
|
27,2
|
0,11
|
0,06
|
Rural
|
31,6
|
0,11
|
0,058
|
40,6
|
0,149
|
0,075
|
Ensemble
|
28,5
|
0,109
|
0,062
|
36,8
|
0,138
|
0,071
|
P0 = incidence de la pauvreté ; P1 = indice de
profondeur de la pauvreté ; P2 = indice de
sévérité de la pauvreté.
Source :
Enquête Modulaire Intégrée des Conditions de Vie des
Ménages (EMICOV), INSAE, 2006
Sur la base de l'incidence composite de niveau de vie, la
pauvreté non monétaire a paradoxalement reculé. Si en
2002, elle était respectivement de 59,1% en milieu urbain et 17% en
milieu rural avec une moyenne nationale de 43%, elle est passée
globalement à 41% en 2006. L'incidence en milieu rural s'est fortement
réduite (59% à 50,8%). (Cf Annexe 1)
Par référence à l'appréciation que
les individus se font de leurs conditions de vie, 53,6% estiment vivre
difficilement. Cette approche subjective de la pauvreté a le
mérité d'éviter d'imposer un mode de vie unique ;
cela reste d'autant plus vrai que la subjectivité consiste à se
référer non pas à un seuil minimal de ressources
définies conventionnellement ou à des conditions objectives
d'existence mais à interroger directement les ménages sur la
perception qu'ils ont de ces réalités. Selon l'approche
subjective, de plus en plus de béninois estime vivre mal. Ils sont en
2006, 38,7% contre 37,2% en 2001. Ceux qui ne se plaignent pas du tout ont eux
aussi relativement augmenté (3,1% en 2001, 4,3% en 2006).
Tableau N°
5 : Evaluation du bien-être subjectif du
ménage
ANNEES
Pourcentage de ceux
qui déclarent que:
|
2001
|
2006
|
ça va bien
|
3,1
|
4,3
|
ça va à peu près
|
33,3
|
35
|
il faut faire attention
|
26,4
|
22
|
il vit difficilement
|
37,2
|
38,7
|
TOTAL
|
100
|
100
|
Source :
Enquête Modulaire Intégrée des Conditions de Vie des
Ménages (EMICOV), INSAE, 2006
Section 2 : Réduction de la
pauvreté, croissance et développement : cercle vicieux ou
cercle vertueux ?
La croissance et le développement sont deux
phénomènes distincts entre lesquels on observe un lien de
corrélation. La croissance se définit par une augmentation du PIB
sur une longue période. Le développement, quant à lui, se
traduit par une amélioration des conditions de vie, ce qui le rend
difficilement quantifiable, c'est pourquoi on se réfère à
une mesure : l'IDH.
Le lien entre croissance et développement est complexe.
Tantôt on remarque que la croissance est source de développement,
tantôt on constate l'inverse.
Nous étudierons dans cette section la corrélation
entre croissance et réduction de la pauvreté avant d'aborder
l'expérience béninoise en matière de promotion de la
croissance et lutte contre la pauvreté.
Paragraphe 1 : La corrélation entre
croissance et réduction de la pauvreté
Bien que la croissance économique soit essentielle pour
extirper les gens de la pauvreté, elle n'y suffit pas à elle
seule. Le renforcement des institutions pour habiliter les citoyens qu'elles
desservent est la base de la croissance inclusive, mesurée par
l'égalité d'accès et de contribution aux avantages de la
croissance économique.
1. Croissance et développement
Certaines théories énoncent que la croissance
implique de manière induite le développement. En
réalité, une intervention économique gouvernementale
efficace peut favoriser une distribution plus équitable de la richesse
entre riches et pauvres. Différents mécanismes permettent
effectivement à l'État de jouer le rôle d'un «Robin
des bois« des temps modernes. La gratuité de certains services
(santé, éducation...), l'impôt progressif ou la
sécurité du revenu garantissent un certain rapprochement entre
les classes sociales. Il faut cependant noter que l'intervention
gouvernementale dans les pays en voie de développement est très
difficile, voire impossible dans bien des cas. Les institutions
gouvernementales souvent archaïques de ces pays rendent difficiles la
perception des impôts de manière rationnelle. C'est d'ailleurs une
autre raison qui motive l'existence d'une si grande disparité au niveau
des revenus de ces habitants qui fait de cet « argent dopant » un
gonfleur des chiffres sans faire bouger le niveau de vie et ne créant en
fait qu'une «croissance idéalisée ».
La vraie croissance économique est définie, elle,
comme une augmentation soutenue pendant une période prolongée de
la quantité de biens et de services matériels produits par une
économie. Pendant la période où il est possible de faire
des observations quantitatives, une amélioration qualitative des biens
et services produits doit être associée à l'augmentation du
bien-être matériel moyen. L'économiste Simon KUZNETS l'a
définie comme : « la capacité d'offrir
à la population une augmentation de quantité des biens et
services par habitant »9(*).
Elle ignore aussi l'amélioration des conditions de
travail, l'augmentation du temps de loisir, les services de santé, sans
oublier la prise en compte des infrastructures de base. Cette insuffisance
méthodologique dans les modes de calcul n'a fait qu'augmenter la
confusion. S'ajoute à cela l'utilisation des gains dégagés
à des dépenses qui ne sont ni redistributives, ni
d'investissement (train de vie excessif de l'Etat, coût exorbitant de
l'entretien des infrastructures, etc....).
Certes, on ne peut nier que croissance et développement
sont deux notions indissociablement liées. Mais on oublie presque
toujours la finalité des deux notions. Il est certain que le
développement économique d'un pays ne peut se faire sans des
mécanismes de croissance, mais pour qu'il y ait ce
« linkage », il faut qu'il y ait croissance
prolongée. Une expansion courte et forte est un premier pas. La
durée d'un programme ou d'un plan de quatre ou cinq ans peut laisser
apparaître une prospérité somme toute relative qui, si elle
est mal répartie, ne peut résorber le sous-développement
et peut même entraîner des déséquilibres.
Une croissance valorisante doit s'accompagner d'une
diversification des activités économiques et suppose donc la
création d'infrastructures (routes, barrages, ponts, grands projets
agricoles) pour viabiliser les investissements directement productifs (les
usines, les exploitations agricoles, les centres commerciaux, etc.). Ce qui
suppose de longs délais de croissance soutenue. Si la croissance se
poursuit au rythme de 7 à 8% par an pendant quinze ans dans un pays
doté d'un espace économique de grande ou moyenne dimension, elle
s'accompagne alors nécessairement d'effets de développement
économique.
Or la plupart des pays sous-développés ont une
croissance appauvrissante. Cette dernière n'a rien à voir avec
les visions malthusiennes avec des limites démographiques, ni d'ailleurs
celles dites écologiques, de mise aujourd'hui.
Les méthodes occultes, utilisées pour doper les
chiffres cachent souvent le poids des sacrifices liés à toute
croissance imparfaite : l'endettement, l'inflation, le chômage, la
sur-urbanisation, les inégalités sociales.
2. Croissance et réduction de la
pauvreté
La question de la réduction de la pauvreté par
la croissance économique a fait l'objet de plusieurs controverses. Pour
certains auteurs la croissance économique, socle de tout
développement, permet de réduire considérablement la
pauvreté. Pour d'autres, cette réduction de la pauvreté
qui passe par la croissance économique n'est pas chose
évidente.
La plupart des auteurs qui soutiennent la thèse selon
laquelle la croissance économique permet de lutter contre la
pauvreté, se fondent sur le fait que toute croissance économique
génère des revenus qui profitent plus aux démunis.
Pour ces auteurs les revenus générés se
traduisent simplement par une hausse du PIB réel par habitant.
SUBBARAO1(*)0 affirme que la croissance économique surtout
celle agricole est un facteur déterminant dans la lutte contre la
pauvreté. il cite en exemple des pays comme le Taiwan, la Malaisie, la
Thaïlande, la Chine, qui ont connu des succès considérables
en matière de lutte contre la pauvreté. Ces succès
spectaculaires s'expliquent par des réformes agraires mises en place
dans ces pays et les programmes développés par ces mêmes
pays en vue de porter assistance aux petits paysans. Mais SUBBARAO, dans son
développement, n'a pas su donner des informations sur comment cette
croissance devrait être promue puisqu'une croissance économique
génère des ressources pour un développement harmonieux et
permet de financer les dépenses susceptibles d'améliorer les
niveaux de vie des populations à la base. Selon TOVO,
« les stratégies qui réussissent le mieux en
matière de lutte contre la pauvreté, ont en général
deux objectifs parallèles : en premier lieu, il faut stimuler la
croissance économique afin d'augmenter la taille du gâteau
à partager... »1(*)1 Pour cet auteur, deux secteurs sont des sources
potentielles de croissance. Il s'agit de l'agriculture et du secteur
tertiaire.
Toutefois, il faut remarquer que la croissance économique
n'est pas une condition suffisante du développement donc de la lutte
contre la pauvreté, si celle-ci va de pair avec un accroissement des
inégalités, une détérioration des conditions de vie
pour les plus pauvres, la misère et la répression politique et
sociale. La bonne gouvernance est donc un préalable à la
réduction de la pauvreté.
La plupart des bailleurs de fonds, quant à eux, mettent
l'accent sur la nécessité de :
? promouvoir une croissance économique durable
favorisant un accroissement de la demande de main-d'oeuvre fournie par les
pauvres et d'un accès plus large de ceux-ci aux ressources
productives ;
? faire participer les pauvres au processus de
développement.
D'ailleurs, la majorité des projets qui
définissent des objectifs de croissance, d'emploi ou d'augmentation des
revenus, sont formulés en misant clairement sur des personnes ayant
déjà un minimum de capacités humaines, matérielles
et/ou financières au départ. La réduction de la
pauvreté extrême échappe donc aux projets et programmes
à caractère économique sauf les projets
d'infrastructures.
Pour les auteurs qui défendent la thèse contraire,
ils avancent l'idée selon laquelle l'augmentation de la population
absorbe toute augmentation de la production, et que le revenu par tête
est condamné à stagner. Pour ces auteurs, la poussée
démographique n'est pas un facteur de progrès donc de
réduction de la pauvreté.
Soulignons que cette idée avait déjà
été formulée au XIXème siècle par
John STUART MILL : « La croissance de la population
talonne les améliorations agricoles et efface ses effets aussitôt
qu'ils sont produits »1(*)2. On avançait même que la thèse
de Malthus qui s'était révélée fausse pour les pays
riches, allait se vérifier au niveau planétaire. Il fallait donc
selon une formule frappante « accroître la fertilité des
sols et diminuer la fertilité des Hommes ».
Pour avoir une idée plus juste du bien-être
économique des habitants d'un pays, il faut d'abord considérer le
nombre d'individus qui profiteront de la richesse nationale (PIB). Par exemple,
lors d'une célébration d'anniversaire, ce n'est pas la grosseur
du gâteau de fête qui détermine si les convives
présents combleront bien leur appétit, mais plutôt la
portion qui se retrouvera dans chacune de leurs assiettes une fois le
gâteau distribué. La logique est la même lorsque vient le
temps d'établir le niveau de vie économique des habitants d'un
pays.
Pour ces auteurs, l'accroissement de la population entraîne
la nécessité d'investissements en infrastructures du type
logement, éducation, santé, moins productifs que les
investissements agricoles ou industriels alors que l'épargne a tendance
à baisser.
Cependant, il faut remarquer que, bien que les investissements
agricoles ou industriels soient générateurs de revenus
contribuant à la réduction de la pauvreté, il faut dans un
premier temps que les fruits de ces investissements soient accompagnés
d'une redistribution parfaite des revenus. Deuxièmement, un
développement industriel s'accompagne toujours d'effets néfastes
liés souvent à la santé et nécessite
également la formation des agents qui travaillent dans ce secteur. Un
investissement industriel ou agricole doit alors s'accompagner d'un
investissement en éducation et en santé bien que ces derniers ne
soient pas directement productifs.
Paragraphe 2 : Les stratégies de
réduction de la pauvreté au Bénin
La tradition est longue au Bénin en matière de
lutte contre la pauvreté. L'histoire commence en 1980 avec des mesures
concrètes qui ont été prises dans le cadre de
l'amélioration de l'accès des pauvres aux services sociaux de
base.
Nous ne mentionnerons pas les divers programmes arrimés au
PAS et qui consistaient à réduire les coûts sociaux de
l'ajustement structurel dont le plus important fut le Programme d'Actions
Sociales d'Urgence (PASU). Ce programme prévoyait, entre autres,
l'intégration au marché du travail d'anciens fonctionnaires
« déflatés » sous le PAS et de jeunes
diplômés. De grands travaux à haute intensité de
main d'oeuvre ont été lancés avec la création
d'agences spécialisées comme l'Agence de Gestion des Travaux
Urbains à haute intensité de main d'oeuvre (AGETUR), l'Agence de
Gestion de la Dimension Sociale du Développement (AGDSD)... Nous
évoquerons plutôt : le Programme National
de la Dimension Sociale du Développement, le
Programme National de Développement Communautaire, la
Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO), le Plan d'Orientation
Nationale, les Etudes Nationales de Perspectives à Long
Terme « ALAFIA 2025 » et les
Documents de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP).
? Deux ans après le PASU, en juin 1994, une
stratégie complémentaire a été
élaborée par le gouvernement et ses partenaires et concerne la
Dimension Sociale du Développement. Outre l'intégration de cette
dimension dans le renforcement des politiques macroéconomiques et
sectorielles, il a été retenu l'élaboration et la mise en
oeuvre d'un programme d'intervention ciblée en faveur des couches
vulnérables sur la base d'une approche participative des populations
concernées et la recherche et la maîtrise des causes de la
pauvreté à travers une observation dynamique des conditions de
vie des populations.
? Le Programme National de Développement Communautaire
(PNDC) adopté en 1998 visait à mettre en oeuvre une approche de
développement planifié à la base à partir des
besoins fondamentaux jugés prioritaires par les populations
elles-mêmes. Ce programme ambitieux comporte six composantes axées
sur des actions en faveur des communautés : éducation,
formation, renforcement des capacités institutionnelles, promotion de la
santé et de l'hygiène, gestion de l'environnement.
? Toujours dans le souci d'améliorer le bien-être
de l'ensemble de la population, le Bénin a adopté en 1996 une
Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO) révisée
en 2006. L'analyse faite sur la famille et le statut de la femme, la couverture
des besoins alimentaires et l'éducation a abouti à la
définition de 16 objectifs (Cf. Annexe 2) dont la
réalisation exige des investissements sociaux importants dans la
durée ainsi que l'augmentation de l'emploi en quantité. Mettant
l'accent sur le bien-être social, la DEPOLIPO est prévue pour
couvrir une période de 20 ans.
? Le Plan d'Orientation Nationale visait la transformation
à moyen et long termes de la structure de l'économie à
travers une plus large ouverture sur les marchés extérieurs et un
renforcement de la concurrence. Conçu dans un but de croissance
économique, il s'est également fixé, dès son
adoption en 1998, pour objectif de lutter contre la pauvreté au travers
d'une croissance du revenu par tête. Au nombre de ses objectifs
spécifiques, figurent : (i) l'augmentation progressive du PIB qui
devrait atteindre en 2002 6,7% ; (ii) l'accroissement de la contribution
du secteur secondaire à la formation du PIB.
? Divers foras, ateliers et séminaires, le tout
regroupé sus le vocable NLTPS (Etudes Nationales de Perspectives
à Long Terme du Bénin à l'horizon 2025) ont
contribué à l'adoption du schéma
« alafia » faisant du Bénin à l'horizon 2025
« un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix,
à économie prospère et compétitive, de rayonnement
culturel et de bien-être social ». Ces orientations
intègrent, approfondissent ou réajustent certaines
stratégies passées ou en cours de mise en oeuvre, soit parce
qu'elles étaient mal appliquées, soit parce qu'elles sont
porteuses d'impacts favorables à la vision à long terme.
? Les DSRP ont été fortement inspirés par
le scénario « alafia », les objectifs de la
DEPOLIPO, le tout dans le cadre général des OMD. Le Bénin
s'est doté d'un Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) intérimaire en 2000. Il a fallu attendre
septembre 2002 pour que soit définie une stratégie triennale
(2003-2005) pour servir de cadre de référence, de programmation
et de budgétisation des actions du Gouvernement ainsi que de dialogue
avec les partenaires Techniques et Financiers (PTF). La première
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP) a ainsi
constitué le premier véritable exercice de planification
participatif et intersectoriel qui a servi de cadre unique de dialogue entre le
gouvernement tous les PTF. Cette SRP a mis l'accent sur les secteurs sociaux,
conscient qu'est le gouvernement que l'accélération de la
croissance constitue une condition nécessaire à la
réduction de la pauvreté. Quatre axes prioritaires ont
été retenus :
? le renforcement du cadre macroéconomique à
moyen terme ;
? le développement du capital humain et la gestion de
l'environnement ;
? le renforcement de la gouvernance et des capacités
institutionnelles ;
? la promotion de l'emploi durable et le renforcement des
capacités des pauvres à participer au processus de
décision.
Des avancées notables ont été
observées dans l'utilisation de l'approche participative,
l'appropriation des mécanismes d'élaboration et de mise en oeuvre
de stratégies multisectorielles et dans le domaine du
suivi-évaluation. Elle a, en outre, fait prospérer l'association
de la société civile et du secteur privé au processus
d'élaboration d'un document d'orientation de développement au
Bénin. La SRP 2003-2005 a permis d'atteindre des résultats
concrets en matière d'amélioration des conditions de vie des
populations. C'est de son évaluation qu'ont été
tirés des enseignements ayant inspiré le deuxième Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP 2).
La deuxième Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (SCRP 2) a été
définie pour la période triennale 2007-2009. Elle se
démarque de la première par sa traduction termes de projets
à travers le Programme d'Actions Prioritaires qui précise les
actions à mettre en oeuvre au cours de la période 2006-2009. Cinq
axes principaux ont été retenus :
? axe 1 : Accélérer la croissance ;
? axe 2 : Développer les
infrastructures ;
? axe 3 : Renforcer le capital humain par la valorisation
des ressources humaines ;
? axe 4 : promouvoir la bonne gouvernance ;
? axe 5 : Développer de façon
équilibrée et durable l'espace national en vue corriger les
disparités régionales.
La SCRP 2 a identifié un certain nombre de secteurs
prioritaires que sont : l'éducation, la santé de base, les
infrastructures (hydraulique et assainissement, énergie et transports,
télécommunications), le développement rural, le
développement de la microfinance et des Petites et Moyennes Entreprises,
le renforcement de la protection sociale, la justice et la lutte contre
l'insécurité, l'environnement et l'amélioration du cadre
de vie, l'accélération des réformes administratives et la
décentralisation (Cf. Annexe 3).
Pour le Bénin, toute action dans ces secteurs devrait
permettre de lutter de manière significative, soit directement, soit
indirectement, contre la pauvreté. La priorité pour les
autorités béninoises est de parvenir en synergie avec les
Partenaires Techniques et Financiers à agir absolument sur la
pauvreté. Le bilan de la marche vers l'élimination, du moins la
réduction de la pauvreté doit donc s'apprécier à
travers les diverses contributions tendant à promouvoir les secteurs
ci-dessus ciblés. Ce sera donc l'impact de ces interventions qui nous
serviront d'indicateur pour apprécier le bilan de la réduction de
la pauvreté au Bénin.
DEUXIEME PARTIE :
LES BANQUES DE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ : CAS DE BOAD
Dans les développements supra, nous avons abordé de
façon théorique la notion de pauvreté et avons abouti
à ce que fait le Bénin pour la réduire. Plusieurs
documents soutendent la stratégie béninoise dont entre autres, la
Déclaration du Millénaire (OMD), la Déclaration de Paris.
Mais il y a également le traité de l'UEMOA dont l'organe de
promotion économique, de financement et d'exécution des
politiques de développement est la BOAD. Depuis sa création par
accord signé le 14 Novembre 1973, la BOAD s'est engagée pour 451
projets de développement pour un montant cumulé de 1105,3
milliards F CFA.
Dans cette deuxième partie, il sera question s'examiner ce
qu'ont apporté les 171 ,4 milliards de concours de la Banque dans
la marche vers le développement et, par ricochet, la lutte contre la
pauvreté au Bénin.
Chapitre I :
PLAN D'ACTIONS DE LA BOAD POUR LA REDUCTION DE LA
PAUVRETE
Les banques de développement relèvent d'une
organisation structurelle des ensembles politiques et/ou économiques.
Leur création se greffe à une norme juridique
supérieure : le traité qui est en lui-même la source
juridique de leur existence. Au plan mondial, nous avons l'ONU dont la banque
de développement est la Banque Internationale pour la Reconstruction et
le Développement (BIRD). La Banque Africaine de Développement
(BAD) représente la banque chargée de promouvoir le
développement équilibré des Etats Africains. Quant
à la CEDEAO, c'est la Banque d'Investissement et de Développement
de la CEDEAO (BIDC) qui finance le développement des Etats membres. Dans
la même lignée, la BOAD a été mandatée pour
jouer ce rôle au sein de l'UEMOA.
Qu'est ce que la BOAD et comment intervient-elle au
Bénin ? Tel sera l'objet de ce chapitre.
Section 1 : La BOAD et le financement du
développement
La BOAD a été créée par traité
signé le 14 novembre 1973. Son siège est à Lomé au
Togo. Elle est chargée de conduire toutes politiques économiques
communes en faveur du développement des populations des Etats membres et
intervient sous plusieurs formes et dans divers domaines. Son organisation
interne est l'une des plus modernes avec un niveau de déconcentration
assez poussé.
Nous présenterons la Banque avant d'aborder ses moyens
d'intervention pour la réduction de la pauvreté.
Paragraphe 1 : Présentation de la BOAD
Nous traiterons dans ce paragraphe des missions et objectifs de
la BOAD, son actionnariat, son fonctionnement et ses relations avec d'autres
organismes.
1. Missions et objectifs
A sa création, la BOAD comptait six (06) pays
membres1(*)3 qui seront
rejoints plus tard par le Mali (1er juin 1984). C'est suite à
la transformation de l'UMOA en UEMOA avec pour Banque d'émission de la
monnaie commune la BCEAO que la Guinée Bissau a été
admise, le 02 Mai 1997.
La BOAD est un établissement public à
caractère international qui « concourt en toute
indépendance à la réalisation des objectif de l'UEMOA sans
préjudice de ceux qui lui sont assignés par le traité de
l'UMOA ». C'est l'article 2 de ses statuts qui
précise son objet : promouvoir le développement
équilibré des Etats membres et réaliser
l'intégration économique de l'Afrique de l'Ouest. Cet objet sera
rendu effectif à travers le financement des projets prioritaires
de : développement rural, infrastructures de base et modernes,
télécommunications, énergie, industries, transport,
tourisme et autres services.
2. Actionnariat de la Banque
Le capital de la Banque est constitué uniquement d'apports
en numéraires ou en valeurs mobilières par deux (02)
catégories d'actionnaires. Les actionnaires de la catégorie A
sont les pays membres et la CEDEAO alors que les membres titulaires des actions
de série B sont des partenaires internationaux et régionaux.
L'annexe 4 nous présente la structure du capital social au
31 décembre 2007.
A ces fonds initiaux, s'ajoutent les dotations des Etats membres,
les réserves, l'épargne régionale et les ressources
mobilisées à l'extérieur de l'Union.
3. Administration de la Banque
La BOAD a à sa tête un Président
ressortissant de l'un des pays membres. A ce dernier, sont rattachés des
directeurs des chefs de département. Il est assisté d'un
vice-président qui le supplée en cas d'empêchement. Les
divers départements constituent des unités fonctionnelles ou
administratives dont les actions concourent à la vie de la Banque. (Cf.
Annexe 5)
Les organes délibérants sont au nombre de trois
(03) :
? la Conférence des chefs d'Etat et de
gouvernement ;
? le Conseil des ministres de l'UEMOA ;
? le Conseil d'Administration.
La BOAD dispose, en outre, d'une mission résidente dans
chacun des pays membres, excepté le Togo qui abrite le siège.
Les comptes de la BOAD sont contrôlés par la BECAO
et des Commissaires aux comptes de réputation internationale.
4. La coopération internationale
La BOAD a mis en oeuvre une politique coopérative qui
revêt trois aspects principaux à savoir :
? la coopération bilatérale qu'elle entretient
avec plusieurs pays (dont la France, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, le
Japon, les Pays-Bas, le Danemark, la Chine, le Canada, la Finlande, le
Norvège, la Suède) ainsi qu'avec le Fonds de l'OPEP, le Fonds
Koweitien pour le développement économique de l'Afrique ;
? la coopération multilatérale est celle qui la
met en relation financière et technique avec les institutions
financières telles que le groupe de la Banque Mondiale, le Fonds
Monétaire International (FMI), la Banque Européenne
d'Investissement (BEI), le groupe de la Banque Africaine de
Développement (BAD), la Banque de Développement des Etats de
l'Afrique Centrale (BDEAC), le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), la Banque Islamique de Développement
(BID), la Banque Arabe pour le Développement Economique de l'Afrique
(BADEA), le Fonds International de Développement Agricole
(FIDA) ;
? la coopération avec les Organisations et Institutions
d'intégration économique permet à la Banque de
développer avec celles-ci la synergie dans leurs interventions en
coordonnant leurs programmes d'activités évitant ainsi la
dispersion des ressources. Parmi ces institutions, nous pouvons citer : la
Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le
Fonds de Solidarité Africain (FSA), le Fonds Africain de Garantie et de
Coopération Economique (FAGACE).
Ainsi, la BOAD ne se contente par seulement de financer le
développement et de promouvoir l'intégration. Elle joue un
rôle de pourvoyeur de capitaux et d'intermédiaire financier car,
avec ses partenaires, elle élabore des programmes d'investissement et
suscite les concours pour leur mise en oeuvre à l'exemple du Programme
Economique Régional (PER).
Paragraphe 2 : Les instruments et domaines
d'intervention
1. Formes d'intervention
Les interventions de la BOAD se rapportent à son objet tel
que défini à l'article 2 de ses statuts. Elles se
présentent sous la forme de :
? concours au service des intérêts des emprunts
contractés par les organismes communs de l'Union, les Etats membres,
leurs collectivités et établissements publics, ou de prêts
directs à ceux-ci ;
? participation à la mobilisation des ressources de
financement par l'émission d'emprunts, la contraction de prêts, le
bénéfice de contributions non remboursables d'autres
institutions ;
? contribution à l'organisation et au financement des
marchés monétaire et financier de l'UEMOA. Ceci consiste en
l'achat ou la vente d'actions ou d'obligations de sociétés
commerciales.
2. Domaines d'intervention
Pour le financement du développement, les actions la BOAD
sont essentiellement orientées dans les domaines suivants :
l'industrie et l'agro-industrie, le développement rural, les
infrastructures de base et les infrastructures modernes, les
télécommunications, l'énergie.
Ces actions sont exercées sous la forme de prêts ou
d'allégements et de garanties d'emprunts. La BOAD prend aussi des
participations au capital des entreprises ou institutions financières,
ou assiste les petites et moyennes entreprises (PME) à travers des
crédits directs ou refinancés.
Les graphiques ci-après nous présentent les
répartitions sectorielle et catégorielle des engagements nets de
la Banque au 31décembre 2007.
Graphique N° 1 : Répartition
sectorielle des engagements nets de la BOAD au 31/12/2007
Graphique N°
2 : Répartition catégorielle des engagements
nets au 31/12/2007
Ils nous permettent de conclure de l'importance accordée
à l'investissement considéré comme vecteur de
développement. Si le secteur privé a absorbé environ le
tiers des engagements (29%), le secteur public marchand a été
également promu presque dans les mêmes proportions (30%). La quasi
égalité dans le financement des projets régionaux (46%) et
nationaux (54%) témoigne du souci de la Banque de promouvoir
l'Intégration dans une logique de codéveloppement des Etats.
Les prêts directs de la BOAD sont accordés dans le
cadre de la réalisation des infrastructures modernes (routes,
énergie), du renforcement des capacités productives des
entreprises et du développement rural.
Le renforcement des capacités des entreprises concerne
essentiellement des projets de promotion d'activités de service. Les
réalisations d'infrastructures modernes regroupent autant les
infrastructures d'interconnexion électrique, la construction de routes
(routes nationales et routes inter-états) et de voies urbaines, le
désenclavement des zones rurales que le développement de la
couverture numérique. Quant au soutien au développement rural,
les opérations ont trait essentiellement à l'entreprenariat des
femmes et des jeunes ainsi que les activités génératrices
de revenus.
Les prêts indirects sont octroyés aux institutions
financières (les banques par exemple) en vue de les aider à
promouvoir des investissements productifs.
La BOAD prend aussi des participations. Ceci consiste au rachat
d'actions ou en la participation directe au capital de sociétés
(SOAGA, CAURIS Investment S.A.). Cette forme d'intervention répond
à la mission de structuration par la Banque des économies de
l'Union.
Elle finance enfin des études de préparation de
projets d'investissement.
A travers chacun de ses axes stratégiques, pour tenir
compte des réalités conjoncturelles et rester fidèle
à ses objectifs, la BOAD a développé une ligne
d'opérations en faveur des couches sociales les plus vulnérables.
Outre les projets routiers et toutes les autres actions de la banque concourant
à l'amélioration du cadre et des conditions de vie des
populations, la Banque met désormais l'accent sur l'action directe sur
les pauvres. Par ce fait, elle participe dans le cadre général
retenu par les Etats à la réduction de la pauvreté en
concordance avec les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). D'ailleurs, en 2007, les concours dans le cadre des
actions ciblées en faveur des couches sociales les plus
vulnérables s'élèvent à 62,5 milliards FCFA soit
61% des approbations de l'année. C'est dire que la BOAD de plus en plus
prend en compte la dimension endogène du développement et la
nécessaire corrélation entre développement et
réduction de la pauvreté.
Section 2 : Point de la coopération entre
la BOAD et le Bénin
La BOAD s'investit pleinement dans la promotion de
l'intégration économique, le renforcement du secteur privé
et la mise en oeuvre d'actions en faveur des couches sociales les plus
vulnérables. La BOAD finance des projets nationaux et des projets
régionaux. Notre bilan présentera l'ensemble des projets
financés avant d'en étudier quelques-uns. Ceux-ci, dont les
impacts socio-économiques sur les populations ont été
mesurés directement suite à une enquête
réalisée sur le terrain, ont influé différemment
selon le domaine d'intervention.
Paragraphe 1 : Les opérations
financées
Au 31 décembre 2007, les engagements nets cumulés
de la BOAD (prêts et participations) en faveur du Bénin se
composent de 140,5 milliards FCFA en faveur du secteur public et de 30,9
milliards dédiés au secteur privé.
Les financements consentis au secteur privé concernent 18%
de l'ensemble des engagements de la Banque et ont permis la réalisation
de 28 opérations à raison de :
? 27,2 milliards FCFA pour les prêts directs ;
? 3,7 milliards FCFA de prises de participation.
Le secteur public a bénéficié de 82% des
engagements nets totaux de la Banque à travers le financement de 50
opérations d'un coût total de 140,5 milliards FCFA selon la
répartition ci-après :
? 77,4 milliards FCFA pour la réalisation de 32
opérations dans le secteur non marchand ;
? 63,1 milliards FCFA alloués pour la mise en oeuvre de
18 projets du secteur public marchand.
L'Annexe 6 nous fournit une synthèse des opérations
financées par la BOAD au Bénin depuis sa création.
Dans le domaine des « infrastructures
modernes », les interventions représentent
54% des engagements nets cumulés, soit 92,6 milliards FCFA ; il
s'agit du premier secteur de destination des financements de la Banque depuis
trois ans. Le graphique n°3 présente la répartition des
engagements cumulés du Bénin par domaine d'activité au 31
décembre 2007.
Graphique N°
3 : Répartition des
engagements cumulés du Bénin par
domaine d'activité (en Milliards
de FCFA) au 31/12/2007
Il ressort de ce graphique que la BOAD apporte une contribution
significative à l'amélioration et au renforcement des
infrastructures nationales, voire communautaires en vue de soutenir la
croissance économique dans la zone UEMOA.
Ce souci de contribuer à l'accélération de
la croissance économique a également motivé les efforts
soutenus de la Banque dans le domaine des « Autres activités
productives » dont les financements ont atteint 18,8% des engagements
au 31 décembre 2007.
La Banque a consacré 50,1% de ses engagements au
financement de projets régionaux qui ont
concerné des opérations telles le renforcement du réseau
routier, des infrastructures énergétiques, des
télécommunications contribuant ainsi au renforcement de
l'intégration régionale et de la compétitivité des
économies de l'Union.
Les décaissements cumulés s'élèvent
à 133,4 milliards FCFA représentent 77,8% des engagements nets de
la BOAD. Ce montant se répartit comme suit :
Graphique N°
4 : Répartition des décaissements
cumulés en faveur du Bénin
par domaine
d'activité (en Milliards de FCFA) au 31/12/2007
Ces décaissements par domaine d'activité se situent
à des niveaux très appréciables (au-dessus de 70%) dans
pratiquement tous les domaines et maintiennent à 38 milliards FCFA soit
22,2% des engagements le solde à décaisser.
Les projets entièrement exécutés ou dont les
prêts ou prises de participation sont entièrement
décaissés sont au nombre de 60 pour un concours global de 94
milliards FCFA. Ceux qui sont en cours d'exécution et dont les
prêts ou prises de participation ne sont pas entièrement
décaissés sont au nombre de 18 pour 77,4 milliards FCFA. (Cf.
Annexe 7).
Seize (16) projets étaient en cours d'instruction au 31
décembre 2007. Leur approbation par le Conseil d'Administration
permettra la réalisation de douze (12) infrastructures modernes et
quatre (04) dans le domaine des « autres activités
productives ».
Au total, les opérations de la BOAD avec le Bénin
le placent au 3ième rang des Etats
bénéficiaires avec un pourcentage de 15,5% derrière le
Sénégal (20,8%) et la Côte d'Ivoire (18,9%). Ces
opérations sont constituées pour 97,8% de prêts.
Paragraphe 2 : Etude de quelques projets
réalisés : résultats d'enquêtes
Les financements de la BOAD influent différemment sur la
pauvreté selon le domaine et la forme d'activité. En plus de
l'impact de ses nombreuses actions sur la croissance économique et la
diminution de la sévérité de la pauvreté,
d'importantes interventions sont dirigées directement vers les couches
les plus vulnérables. Ces interventions concernent, pour l'essentiel,
les projets agricoles et hydro-pastoraux pour la création des centres de
production et l'amélioration du niveau de vie des populations rurales.
Des projets ont aussi trait à des domaines aussi variés que la
lutte contre la désertification et I' érosion des sols. Il
s'agira pour nous dans ce paragraphe d'évaluer les actions dans les
domaines tels que :
? les infrastructures (modernes et de base) ;
? le développement rural ;
? les institutions financières et les entreprises de
production ;
? les autres activités productives.
A l'interne, la BOAD a mis en place un système
d'évaluation rétrospective de ses opérations. A chaque
projet est associé également un rapport d'achèvement. Ces
rapports expliquent le curriculum d'exécution du projet de même
que les retombées ou résultats atteints.
Notre analyse s'appuie sur un questionnaire adressé aux
populations bénéficiaires de ces projets ; leur avis compte
en ce sens qu'ils sont les seuls à même de dire si oui ou non leur
situation a changé (évolué), et dans quel sens. Les
appréciations qu'ils ont eues par rapport à tel ou tel projet
selon son champ d'action serviront dans la suite pour mesurer les impacts
socio-économiques des financements de la BOAD sur la réduction de
la pauvreté.
Au 31 Décembre 2007, les projets entièrement
exécutés ou en passe de l'être sont au nombre de soixante
(60) pour un concours global d'un montant de 94 milliards FCFA. On y retrouve
dix-huit (18) pour le secteur privé c'est d'ailleurs selon cette
subdivision que nous ferons le point de ces financements.
1. les opérations avec le secteur public
Elles peuvent être effectuées avec le secteur public
marchand ou non marchand. Le secteur public non marchand est celui dont les
activités concourent au bien-être de populations sans souci de
profit par opposition aux entreprises publiques ou semi-publiques qui se
comportent comme de véritables sociétés commerciales.
Les projets que nous présenterons ci-après nous
permettront d'être édifiés sur l'apport de la BOAD pour le
bien-être des populations.
? La route Savalou-Djougou
Savalou et Djougou sont deux villes du centre-ouest du
Bénin ou la culture des noix d'anacarde et de l'igname est
prépondérante. Cependant, la région n'arrivant, et ne
pouvant, pas absorber la totalité de la production locale, il
s'avère nécessaire de trouver des débouchés. Le
tronçon reliant Savalou aux autres grandes villes (Dassa, Parakou,
Cotonou) est bitumé. Celle qui va de Djougou à Savalou est
praticable quatre mois sur douze. L'objectif du projet qui coïncide avec
le voeu des populations est de permettre (i) une bonne circulation des biens et
des personnes dans un but (ii) d'accroissement significatif des revenus des
populations des régions desservies à travers (iii) la ventilation
des récoltes.
L'évaluation de ce projet et la constatation de la
réalisation ou non de ces objectifs s'appuient sur les enquêtes
directes auprès des populations. En effet, ce projet permettra aux
populations couvertes, en augmentant leurs revenus, d'atteindre l'objectif
monétaire de réduction de la pauvreté tout en leur
permettant d'accéder plus facilement aux services sociaux de base.
Au terme du questionnaire d'enquête que nous avons
effectué, les changements significatifs observés renvoient aux
résultats suivants :
? outre l'objectif n° 2 de la SRCP à savoir le
développement des infrastructures, il répond au
développement équilibré et durable des régions et
localités (axe 5) ;
? les populations estiment dans leur immense majorité
que la construction de cette route a réduit sensiblement leurs
difficultés. En outre, elle leur a permis de (i) s'approvisionner
facilement en produits alimentaires et non alimentaires ;(ii) de se rendre
facilement dans les centres de santé en cas de besoin, les soucis
liés aux conditions difficiles de circulation étant
réglés ;(iii) d'écouler plus rapidement leurs
produits ; (iv) de réduire les coûts des facteurs.
? La route Cotonou - Porto-Novo
Réalisée en 2000 pour un coût global de 11
milliards dont la moitié financée par la BOAD, ce projet a
été conçu dans un but de simplification des
difficultés inhérentes à la circulation sur cette route.
Cotonou, capitale économique, et Porto-Novo, capitale politique et ville
frontalière du Nigéria ne sont distantes que d'une trentaine de
kilomètres qu'il fallait parcourir en quatre vingt dix minutes. La route
construite depuis plus de trente ans est dégradée et ralentit,
sinon réduit considérablement les possibilités
d'échanges avec ce grand voisin. Il importe d'autant que les
résidents du Sud-est n'ont accès que partiellement aux produits
manufacturés venant par la mer.
La réalisation du projet permettra à
terme :
? la fluidité, la sécurité et la
célérité du trafic routier entre les deux villes ;
? le transport facile et l'approvisionnement régulier
en produits de première nécessité ;
? la libre circulation, en l'occurrence, des populations de
Porto-Novo, majoritairement musulmane, dotées d'aptitudes commerciales,
de se trouver une place favorable à des activités commerciales
florissantes ;
? beaucoup d'institutions de la République se trouvant
à Porto-Novo, notamment l'Assemblée Nationale, il faut offrir aux
députés des conditions favorables à un bon exercice de
leur mandat ;
? la saturation démographique de la ville de Cotonou
n'offre pas aux travailleurs la possibilité une fois installés
à Porto-Novo de changer de résidence lorsqu'ils doivent
être affectés à Cotonou dans le cadre des activités
professionnelles.
Au terme de l'enquête, on peut récapituler
ci-après les résultats :
? les usagers du tronçon sont satisfaits dans leur
majorité de la route construite ;
? pour un grand nombre, cela a permis la réduction des
frais de transport et la rapidité ;
? les taxis, minibus et bus ont connu un essor ;
? les commerçants se sont estimés heureux car
ils arrivent à aller mener tranquillement et librement leurs
activités qui, à Cotonou, qui, à Porto-Novo.
Outre ces aspects subjectifs, l'exécution des projets
routiers crée des emplois. L'intensité de la main d'oeuvre
engrangée permet à ces individus une fois le projet achevé
de se reconvertir à partir des revenus obtenus dans d'autres
activités (le taxi-moto, la gestion des cabines
téléphoniques), ce qui n'aurait pas été possible
s'ils n'avaient pas eu l'occasion d'être employés sur les
chantiers.
? le projet d'aménagement de
l'accès et de la traversée de Cotonou
Ce projet fiancé à concurrence de 40,7%, soit 1,9
milliards FCFA a eu pour impact direct :
? la réduction des temps de mouvement entre les
diverses zones desservies ;
? le développement des quartiers ;
? la réduction du coût de maintenance des
véhicules ;
? l'amélioration des conditions de santé et
d'hygiène grâce aux ouvrages d'assainissement.
Certains quartiers de la ville donnaient en effet l'impression
d'appartenir à un autre monde. La disparité d'urbanisation entre
le centre-ville et la périphérie était perceptible. La
mobilité humaine étant par hypothèse vecteur de
développement, la fréquentation des centres de santé, des
écoles a été facilitée. Ce projet s'inscrit dans le
cadre général du plan de construction de routes et
d'infrastructures sanitaires, axe 2 de la SCRP.
? Projet hydraulique pastorale et
agricole
Il a concerné la partie septentrionale du Bénin.
Pour un montant total de 4,800 milliards, il a été financé
pour 84 % par la BOAD. Le projet ciblait une aire géographique de
220 ha dans le département de l'Alibori. Au terme de sa mise en oeuvre
achevée en 2007, les constats suivants ont été
faits :
? la sécurité alimentaire a été
améliorée à concurrence de 75% contre 31 avant son
exécution ;
? l'aménagement des périmètres
irrigués a permis la disponibilité de l'eau pour la culture des
céréales ;
? certaines populations ont d'ailleurs avoué que
désormais cette sécurité alimentaire leur permet de se
rendre sans complexe à l'hôpital en cas de malaise sans crainte de
se faire « réprimander » pour ne pas avoir
mangé ;
? ils ont eu les moyens de se construire des logements
décents avec les fruits issus de la vente de leurs récoltes ou de
leurs animaux désormais sauvés de la déshydratation
dû à la sécheresse grâce à la
disponibilité permanente de l'eau ;
? la production de riz a connu un boom passant de 4,5
tonnes /ha à 7 tonnes/ ha dans les grands périmètres
rizicoles ;
? la pêche a également connu un essor grâce
aux nombreux points d'eau crées.
? Développement rural Atacora, phase 2
Il s'agit ici de :
? renforcer les capacités et la sécurité
alimentaire ;
? intégrer les migrants dans leurs
communautés ;
? améliorer la productivité d'origine ;
? augmenter le rendement agricole en réhabilitant les
petits périmètres irrigués, en favorisant une meilleure
gestion de l'eau et à la traction animale.
Dans l'Atacora, Nord-ouest du Bénin, le projet a
été lancé en 2004 et est à sa phase terminale. Sur
le plan de l'impact socio-économique,
? plus de 370 ha sur les 450 ha envisagés ont
été développés ;
? 64% des terres développées ont
été allouées par le projet et exploitées ;
? les techniques d'irrigation des champs rizicoles selon les
recommandations du WARDA ont été mises en oeuvre ;
? des organisations paysannes ont vu le jour et fonctionnent
comme de véritables mutuelles associatives ;
? le rendement des sols a été significativement
amélioré ;
? si le projet n'a pas permis le retour des exilés, il
a tout de même permis le maintien surplace des populations qui se sont
rendues compte que le bonheur n'est pas ailleurs ;
? il a changé les conditions de vie de 474 familles
soit 3792 personnes.
? Extension du réseau électrique dans les
régions périphériques de Parakou et Tchaourou
Logé dans le département du Borgou au
Nord-Bénin, il a concerné les communes voisines de Parakou et
Tchaourou et a consisté à étendre le réseau moyenne
et basse tensions afin d'électrifier les centres secondaires des
communes sus indiquées. Il s'est agi de construire les lignes du
réseau pour un transport efficace et efficient du courant
électrique. Ceci devra permettre d'améliorer les conditions de
30 000 individus en 2008, 42 000 en 2010 et 54 700 en 2014. Le
coût total de ce projet est de 1,159 milliards FCFA dont la Banque a
financé 80%, soit 992 millions FCFA.
Au terme de l'enquête réalisée, les
populations se sentent satisfaites car plus proches désormais des
habitants des autres villes environnantes. Le sentiment d'appartenance à
une même communauté et à un même groupe social
renforce les liens familiaux, sociaux et leur permet de mener des
activités ensemble.
2. les opérations avec le secteur privé
En faveur de ce secteur, la BOAD a considérablement
renforcé ses interventions ces dernières années. Cette
ligne d'actions consiste, tel que clairement affirmé par les Etats
membres de l'UEMOA, à diversifier les activités de production et
faire du secteur privé une nouvelle source de création d'emplois.
Par rapport au secteur privé, les interventions de la BOAD peuvent
prendre l'une des formes ci-après :
? allocation des ressources à moyen et long termes pour
le financement de projets nationaux et/ou régionaux ;
? concours indirects et assistance aux PME à travers
l'assistance aux institutions financières nationales et aux agences de
promotion des PME ;
? participation au capital des entreprises financières
et non financières ;
? réalisation d'études de faisabilité ou
conduites d'études.
Si la BOAD soutient le secteur privé, c'est parce qu'il
est générateur d'emplois, particulièrement dans les
régions urbaines. Faute de qualification, la majorité des jeunes
qui arrivent sur le marché de l'emploi envahissent ce secteur qui
constitue pour eux le chemin du salut. La Banque oriente son action sur les
facteurs à même d'impulser le développement des PME en
promouvant un secteur privé compétitif et un environnement
juridique favorable et stable.
Nous analyserons brièvement quelques actions en faveur de
la promotion et du financement de l'investissement productif.
? Implantation de l'usine d'égrenage de coton
«LE LABEL COTON BENIN SA«
C'est une société à capitaux privés
spécialisée dans l'égrenage du coton et la production des
produits dérivés. Sur les 6 milliards du projet, la BOAD a
apporté 2,5 milliards, soit 41% du coût global. La
société installée à Cana à 120 km de Cotonou
a développé une main d'oeuvre permanente de 20 employés et
346 ouvriers et manoeuvres en période de campagne agricole, sans oublier
l'abondante main d'oeuvre mise en oeuvre lors de l'implantation de l'usine.
? Prise de participation au capital social de la
BOA-BENIN
Contre un montant de 11 millions FCFA, la BOAD est devenu
actionnaire de la BOA-BENIN à hauteur de 10,6% en 1995. Outre les
dividendes espérés, cet apport permet à la BOAD d'avoir
une vue sur les activités de cette banque et lui donne par l'occasion
les moyens de mettre en oeuvre indirectement sa politique de distribution de
crédit et de promotion de l'activité économique.
? Prise de participation au Fonds GARI
C'est une institution créée en 1994 ayant pour
objectif d'aider les entreprises en offrant aux établissements d'octroi
de crédits les garanties dont elles pourraient avoir besoin pour
l'octroi aux entreprises des financements à moyen et long termes
nécessaires à la réalisation des investissements
productifs. Pour un montant de 1,496 milliards FCFA, la Banque a une part de
11,6% au fonds en concours avec l'Agence Française de
Développement (AFD). A travers ce Fonds, les entreprises ont facilement
accès au financement bancaire de leurs besoins en crédit.
? La Banque régionale de Solidarité
(BRS)
Le Holding du Groupe BRS est une Société Anonyme
avec Conseil d'Administration, créée le 10 mai 2004 à
Lomé avec comme fondateurs quatre vingt sept (87) actionnaires,
personnes physiques et morales.
Le noyau dur de l'actionnariat du Holding est composé
d'actionnaires stratégiques et de référence dont le poids
financier, la renommée, la crédibilité ou le secteur
d'activité sont susceptibles de faciliter la réalisation de la
mission et des objectifs confiés au Groupe. Il s'agit :
? des institutions de l'UEMOA à savoir : les Fonds
d'Action Communautaire de l'UMOA (FAC-UMOA), la Banque Ouest Africaine de
Développement (BOAD), l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) ;
? des organismes ou établissements financiers nationaux
impliqués dans la collecte de la petite épargne, la gestion de
fonds affectés et la distribution de microcrédits ;
? des compagnies d'assurances, fonds de pension et de
garantie ;
Le holding du groupe de la Banque régionale de
solidarité (BRS), surnommée "la banque des pauvres" de l'Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a pour objet de
promouvoir l'emploi indépendant en faveur des populations
traditionnellement exclues du système bancaire. Sa population-cible est
principalement :
? les diplômés sans emplois de l'enseignement
supérieur, général, technique ou professionnel, des
écoles des arts et métiers ;
? les apprentis ayant achevé leur formation
auprès d'un maître-artisan dûment inscrit sur le registre
des artisans de son pays et reconnu par ses pairs ;
? les coopératives non financières d'ouvriers,
d'agriculteurs ou d'artisans ;
? les opérateurs de micro-activités de
production aspirant au développement ou à la modernisation de
leur activité ;
? les Systèmes Financiers Décentralisés,
pour leurs besoins de refinancement ou des lignes de crédit.
? Cette clientèle s'est estimée globalement
satisfaite. En effet, les banques classiques octroient difficilement des
crédits à des personnes ne présentant pas des garanties de
remboursement traduites par des sûretés réelles. La BRS, de
son côté, se penche plutôt du côté de ceux-ci
car, sans une activité génératrice de revenus, ces
garanties sont difficilement constituables.
Ces diverses appréciations rendent compte des
« bienfaits » des actions de la BOAD sur la
réduction de la pauvreté. Certes, la liste n'est pas
exhaustive ; car les réalisations sont nombreuses. En revanche, ce
tableau rose ne doit pas nous faire perdre de vue les écueils
inhérents à toutes oeuvres humaines, ratés dont il sera
question dans le chapitre suivant qui proposera également des pistes
pour une meilleure efficacité de la BOAD en matière de
réduction de la pauvreté.
Chapitre 2 :
APPORTS DE LA BOAD A LA REDUCTION DE LA
PAUVRETE : ECUEILS ET SUGGESTIONS
Les contributions directes de la BOAD à l'endroit des
couches vulnérables atteignent 31% des prêts et participations
accordés au Bénin à la date du 31 décembre 2007. Le
développement n'étant pas exclusif de la croissance voire de la
pauvreté, les engagements sectoriels ou catégoriels ont un impact
certain sur la réduction de la pauvreté. En effet, en appuyant
par exemple les institutions financières, la Banque renforce et augmente
leur capacité de gestion ou de financement. Le volume des crédits
accordés par celles-ci permettra aux entreprises
bénéficiaires de se développer ; ce qui permettra
à celles-ci de recruter du personnel, donc de créer des emplois.
Ainsi, toute action de développement agit sur la
pauvreté.
Dans ce chapitre, il sera essentiellement question d'analyse les
résultats atteints et d'envisager des pistes d'amélioration. Bien
entendu, il ne sera pas question de « juger » de l'atteinte
ou non des objectifs.
La BOAD a élaboré depuis 1990 un document portant
sur les directives générales relatives aux procédures
d'évaluation rétrospective des opérations. L'étude
permet, en effet, de confronter les résultats obtenus aux objectifs
prédéfinis.
Section 1 : Insuffisances relevées dans la
mise en oeuvre des projets
Au-delà des résultats atteints, il existe des
contraintes dont la bonne appréciation pourrait permettre
l'amélioration des performances de la Banque, ainsi qu'elle
accélérerait la marche vers l'atteinte des objectifs de
développement à savoir les OMD et ceux visés par la SCRP.
Nous relèverons les déficiences au niveau de la Banque et les
problèmes relevant de l'Administration Béninoise.
Paragraphe 1 : Insuffisances au niveau de la
Banque
Il n'a pas été facile dans le contexte de la BOAD
de surfer sur les éléments subjectifs sur lesquels une action
à moyen et long terme induirait une dynamique nouvelle à
l'efficacité de la BOAD.
Les analyses précédemment faites nous ont permis de
conclure qu'au 31 décembre 2007, la Banque n'a concouru qu'à
hauteur de 4,3% au financement des entreprises. Cette contribution reste
relativement modeste, comparée à celle d'autres institutions
multilatérales comme la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire
International, Le Fonds Européen de Développement dont les
contributions ont varié entre 6 et 8% sur la période
2000-2007.
De même, selon une étude interne, la BOAD a conclu
que, en 2003, « les interventions de la Banque en faveur
du secteur public non marchand sont restées relativement faibles par
rapport aux besoins de Etats membres ; elles ont représenté
en moyenne des concours de l'ordre de 2,4 milliards FCFA par Etat et par
an. »1(*)4
Si les projets du secteur public marchand ont permis de renforcer
la structure financière des entreprises d'Etat, notamment celles du
secteur énergétique et des télécommunications, ils
n'ont, par contre, pas été suffisants pour relever
considérablement la capacité d'autofinancement desdites
entreprises. En effet, la garantie étatique offerte pour les lignes de
crédit accordées sont parfois dispensatrices des conditions
minimales exigées par la Banque.
Par ailleurs, l'affectation des ressources accordées aux
secteurs vitaux ne semble pas avoir privilégié
l'amélioration de la disponibilité et de la qualité des
services essentiels. En effet, une partie non négligeable de ces
ressources a parfois, voire souvent, servi de financer des dépenses
improductives telles que les achats de véhicules coûteux aux
fonctionnaires gestionnaires des projets. Le choix du recours à
l'assistance technique est souvent laissé à l'appréciation
de la partie béninoise dont l'expertise n'est pas discutable mais qui
peut donner lieu parfois à une collusion. De telles libertés
réduisent l'efficacité de l'aide et rendent mitigé son
impact sur le développement humain.
Le secteur de l'éducation est l'un des piliers du
développement dans la mesure où l'ignorance est la pire maladie
à l'origine de l'aggravation de la pauvreté humaine. Les concours
de la BOAD ont été marginaux vis-à-vis de ce secteur. Les
investissements dans le domaine du développement rural n'ont souvent pas
de rubrique affectée à l'éducation des adultes.
Concernant les délais de la Banque en matière de
financement, une lecture de la synthèse des opérations au 31
décembre 2007 fait ressortir un délai moyen de 4 ans 9 mois entre
la date d'approbation et celle de mobilisation des fonds. Ces délais
sont parfois allés jusqu'à 12 ans ; ce qui peut fausser
considérablement l'efficacité des projets et rendre les
investissements inopérants car les problèmes et le diagnostic
pourraient entre-temps avoir changés. Chaque projet soulève des
problèmes qui lui sont propres : la participation des divers
spécialistes est alors susceptible de varier considérablement en
durée. Les études de factabilité ne sont donc pas des
exercices de virtuosité mais une démonstration logique et
cohérente de la validité d'un projet.
Plus particulièrement, dans le domaine du
développement rural qui compte pour plus de 14% des
décaissements, des problèmes ont été
fréquemment relevés qui concernent :
? la gestion et la maintenance généralement
défectueuse des investissements mis en place ;
? la non disponibilité de certaines pièces de
rechange et parfois de personnel qualifié ;
? la non maîtrise technique de la gestion et de la
maintenance des aménagements ;
? la préparation insuffisante des
bénéficiaires pour la prise en charge des aménagements
transférés suite au désengagement de l'Etat des secteurs
productifs amorcé dans le cadre de restructuration du secteur
agricole.
L'amenuisement des ressources de la Banque, malgré
l'évolution des fonds propres qui sont passés de 72 milliards en
1998 à plus de 139 milliards en 2007, ne suffit plus à lui
assurer les moyens nécessaires pour contribuer à un niveau
significatif à faire reculer la pauvreté.
Paragraphe 2 : Insuffisances au niveau de l'Etat
béninois
Plusieurs facteurs participent ici à la mauvaise
efficacité des projets de développement. L'expertise
nécessaire pour mener à bien et à bon terme les projets ne
fait défaut. Cependant, il est fréquent de constater que des
projets, s'ils n'arrivent pas à leur terme, sont parfois mal
exécutés.
Des difficultés liées, d'une part aux lourdeurs
administratives, d'autre part aux problèmes de gestion rendent les
projets plus coûteux et entament leur rentabilité. Si les projets
sont exécutés dans une logique de réduction de la
pauvreté, c'est d'abord au bénéfice des populations ;
or ce sont ces mêmes populations qui s'indignent du train de vie
déplacé des acteurs d'exécution de ces projets.
L'investissement d'une bonne partie des fonds dans les dépenses de
fonctionnement telles les primes, frais de missions et commissions sur
marché réduit les opportunités des populations à
tirer profit des concours de la BOAD qui comportent de ce fait une part
d'iniquité et d'instabilité.
Si les taux sont préférentiels, ils doivent
permettre aux populations de jouir convenablement de cette manne communautaire
qui est destinée à améliorer leurs conditions de vie.
Il est nécessaire que les finances publiques soient
assainies. La mauvaise gestion frappe souvent les fonds mis à
disposition. La justification du service fait n'intervenant souvent
qu'après le décaissement des fonds, et échappant parfois
à la législation financière nationale, les malversations
ne sont pas facilement décelables.
En direction du secteur privé, les interventions sont
faibles et méritent d'être relevées. Des enquêtes
menées par le cabinet Performances dans le cadre d'une étude
montrent que le développement des PME passe par trois axes
majeurs :
? Un environnement global incitatif et
cohérent ;
? Un dispositif d'appui direct performant ;
? Une offre de financement adaptée.
Au Bénin comme dans le reste de l'espace UEMOA,
l'engagement envers les entreprises est affiché au plus haut niveau mais
demeure peu décliné à travers les politiques et
institutions ; ce qui ne donne pas entière confiance à
l'emprunteur (BOAD) pour financer des investissements. En dépit des
divers fonds de garantie, l'orthodoxie bancaire rechigne l'improvisation.
L'article 21 du Protocole Additionnel
n°2 : « La politique commune des pays de
l'UEMOA vise l'émergence d'entreprises performantes, y compris
communautaires, aptes à satisfaire à des conditions
compétitives la demande intérieure, à affronter la
concurrence internationale et favoriser le progrès
social » ne trouve pas encore entière
application.
Section 2 : Suggestions pour une
efficacité accrue des actions de la BOAD en faveur de la lutte contre la
pauvreté
Il s'agira dans cette section de faire des propositions et
d'envisager des perspectives dans le sens d'une plus grande efficacité
de la BOAD dans la réduction de la pauvreté au Bénin. En
l'absence de données empiriquement fondées, nous voudrions, dans
les lignes à suivre, faire quelques propositions dans le sens de la
correction des faiblesses en matière de lutte contre la
pauvreté.
Paragraphe 1 : Actions à mener par le
Bénin
Nous envisageons au premier abord l'assainissement des finances
publiques. Il faudra éviter la désintégration de la
gestion des affaires publiques. La mauvaise gouvernance, la corruption et
autres actes de malversation enverront toujours les fonds empruntés vers
des destinations autres que celles pour lesquelles les dettes ont
été contractées.
S'agissant des contraintes qui entravent la bonne
exécution des projets, il est indispensable de prendre les dispositions
appropriées comme :
? impliquer les populations dans l'identification, la
conception et la réalisation des projets de manière à
répondre à leurs préoccupations d'une part et, d'autre
part, faciliter l'appropriation des aménagements par lesdites
populations ;
? prévoir nécessairement dans les programmes et
projets des volets formation et structuration des organisations paysannes de
manière à les préparer à jouer conséquemment
leur rôle futur dans la prise en charge des infrastructures.
? Un « package » doit être
donné à chaque pauvre, plutôt que des programmes partiels
et épars. Les ménages pauvres pourront ainsi
bénéficier concomitamment de crédit, de formation,
d'assistance technique et technologique, d'infrastructures modernes.
L'amélioration des mécanismes de suivi doit
être envisagée. Les missions de supervision doivent être
rigoureuses et menées comme de véritables enquêtes de
rapport à mi-parcours. Les documents d'évaluation et d'audit ne
doivent de fait plus constituer une bibliothèque dormante mais un outil
précieux sur la base duquel l'octroi de concours similaires doit reposer
pour permettre une rentabilité plus grande des projets. A cet effet,
? une haute priorité doit être donnée
à la bonne exécution des programmes et à
l'évaluation, visant une bonne qualité totale dans les services
rendus. Outre une bonne identification des projets à mettre en oeuvre,
il importe de définir des manuels de procédures et des
indicateurs de performances, ainsi que d'informatiser le système de
suivi ;
? les projets doivent être évalués avec
toute l'attention requise, avant leur exécution, de façon
à veiller à ce qu'ils restent cohérents avec les objectifs
à long terme du gouvernement ;
? Le coût de gestion administrative des programmes doit
être maintenu aussi bas que possible, en rationalisant les
procédures ;
Pour ce qui concerne l'exécution des projets, une
priorité doit être donnée aux diverses directions
techniques du Ministère chargées du plan et celles du
Ministère chargé des Finances dans leur exécution.
Celles-ci doivent être dotées de moyens suffisants et l'autonomie
des cellules de gestion des projets à leur égard
réalisée.
Paragraphe 2 : Renforcement des moyens d'actions de la
Banque
Le premier axe d'intervention que nous pouvons envisager est
l'accroissement de l'autonomie de la Banque.
Pour ce faire, la première action serait de la doter en
ressources internes pérennes en faisant appel aux 504,067 milliards FCFA
du capital non appelé et faisant effectivement libérer par les
actionnaires l'importante part du capital appelé non encore
libéré, soit 98,508 milliards FCFA. Par ailleurs, l'on peut
recommander la recherche d'éventuels investisseurs pour la souscription
des 25,9 milliards non souscrits. C'est une manne financière qui peut
permettre à la Banque de renforcer durablement son portefeuille. Ses
actions d'appui au développement des Etats membres n'en seront que
renforcées et elle pourra ainsi répondre aux attentes des Etats
membres pour un accroissement significatif de son appui à leurs efforts
de lutte contre la pauvreté et d'intégration
économique.
En direction du secteur privé, il urge de le
réorganiser et de le dynamiser. Le Bénin doit aller plus loin que
la définition consensuelle de la PME. Nous recommanderons à
l'endroit du gouvernement la création d'un environnement favorable
à l'émergence et à l'éclosion de grands groupes
industriels compétitifs pouvant avoir facilement accès aux
financements de la BOAD à travers des lignes de crédit
concessionnelles. Il est également important que la BOAD étudie
la possibilité de céder celles de ses participations non
nécessaires à la solidité des banques commerciales, en vue
d'utiliser les moyens ainsi dégagés, à la promotion
d'autre entreprises financières ou productives
génératrices de valeur ajoutée en vue d'accroître sa
capacité de financement des autre secteurs productifs car
l'investissement est vecteur de développement, donc promoteur de
croissance.
Il faudra ensuite doter les différents fonds de la Banque
de textes clairs et envisager leur fusion éventuelle tout en respectant
les idées mères qui ont soutendu leur création.
C'est un grand pas pour la BOAD que de participer à
l'Initiative PPTE. Cela a permis au Bénin de bénéficier de
près de 29 milliards FCFA au titre d'allègement de la dette,
lesquels ressources ont été consacrés à
l'amélioration de l'accès à l'éducation et à
l'eau potable, à la lutte contre la pandémie VIH/SIDA ; il
serait aussi souhaitable que l'affectation des fonds issus de cette initiative
soit suivie par la Banque.
La BOAD investit peu dans le capital humain. Il faudra inclure
dans ses programmes futurs ce volet très important pour l'atteinte des
OMD qui constitue également l'axe 2 de la SCRP. Certes, d'autres
bailleurs interviennent dans le secteur de l'éducation et des services
de santé. Leur efficacité n'est pas remise en cause mais si sur
une base culturelle - conséquence de l'appartenance à des groupes
culturels voisins - des actions communes sont menées dans le domaine de
la formation et de la santé, celles-ci seraient mieux
appréciées.
Il serait donc intéressant qu'à l'image du
Programme Economique Régional (PER)1(*)5 une stratégie commune de réduction de
la pauvreté soit définie selon des axes bien
déterminés, les problèmes de développement
n'étant pas les mêmes mais quasiment similaires.
A travers les analyses qui précèdent, il ressort
que l'exploration des actions de la BOAD peut servir plusieurs investigations
en matière de formulation de politiques économiques de croissance
et de stratégies communes d'amélioration du bien-être
social. Ainsi pour réduire la pauvreté au Bénin, la BOAD
doit continuer de financer des projets de le sens de :
? la mise en oeuvre des politiques sectorielles pour le
développement et le renforcement du tissu productif ;
? la diversification des filières agricoles et la
promotion des activités de transformation agro-artisanales et
agro-industrielles : compte tenu de leur fort potentiel de éduction
et de la concentration des individus pauvres dans ces secteurs, toute action
ciblée sur ces secteurs permettrait d'améliorer les revenus des
couches les plus vulnérables et les sortir du dénuement comme
démontré supra ;
? orienter les politiques sectorielles de façon
optimale suivant les objectifs fixés en matière de
réduction de la pauvreté :la décomposition de la
matrice de comptabilité sociale fait ressortir que certains secteurs
sont plus réducteurs de la pauvreté que d'autres en milieu rural
(agriculture, agro-industrie et agro-artisanat) alors que d'autres le sont
davantage en milieu urbain (éducation, santé, autres services non
marchands) ;
? L'investissement dans le capital humain des pauvres
(éducation, formation professionnelle) afin d'assurer une formation de
qualité en vue d'augmenter la productivité globale des facteurs
de production détenue par les pauvres ; ce qui leur permettra de
participer effectivement au processus de production.
Des changements doivent être mis en oeuvre pour
remédier aux points faibles ci-dessus énumérés.
Pour que la BOAD centre davantage ses opérations sur la lutte contre la
pauvreté, elle doit mettre les questions se rapportant à la
pauvreté au coeur des stratégies nationales et régionales,
de même qu'elle doit surveiller son évolution dans les pays
recevant des prêts de sa part.
CONCLUSION
En somme, la pauvreté est multidimensionnelle. Elle
évolue dans l'espace et le temps. Les transformations structurelles des
conditions de vie des populations évoluent en enrichissant le
débat sur les formes de pauvreté et la façon de mieux
combattre ce phénomène. Dans ce contexte, la communauté du
développement détermine deux grandes formes de
pauvreté : la pauvreté monétaire et la
pauvreté d'existence. Ces deux formes sont cependant interagissantes et
les stratégies pour les juguler ne peuvent être
indépendantes.
La pauvreté, c'est la lutte pour assurer un repas
consistant par jour qui disparaît en cas de difficulté ;
c'est les habitations en matériaux précaires vulnérables
aux intempéries, c'est l'absence d'eau potable, de latrine,
d'électricité, c'est l'accès difficile aux services
sociaux de base (écoles, centres de santé, marchés,
encadrements techniques, crédits, etc.), c'est aussi le désespoir
face à la non rentabilité des activités
génératrices de revenus. Face à ces maux, la BOAD tente de
dire non.
En agissant sur les secteurs porteurs, elle participe à la
promotion de la croissance. Le développement n'étant pas exclusif
de l'amélioration des conditions de vie des populations, ses actions
tendent à apporter à ces populations les conditions pour une vie
meilleure. Partant de l'amélioration du pouvoir d'achat à la mise
à disposition des services sociaux de base, les projets nationaux de la
BOAD permettent au Bénin de réaliser et mettre en oeuvre son plan
de lutte contre la pauvreté.
Les financements ont concerné presque tous les secteurs
d'activité : transformation des produits locaux, densification du
tissu industriel, soutien au processus de désengagement de l'Etat des
secteurs productifs, modernisation de l'outil de production,
amélioration des services (transports et hôtellerie),
amélioration de la compétitivité des infrastructures.
Cependant, le secteur privé n'a pas reçu l'indice de
priorité nécessaire pour insuffler un taux de croissance
suffisant pour atteindre à court terme les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) et ceux de la
Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté.
Les financements des actions au profit des populations
vulnérables et visant l'amélioration durable des conditions de
vie des populations ont permis la réalisation de projets de
développement qui ont contribué au renforcement de
l'autosuffisance et de la sécurité alimentaires ainsi qu'à
l'amélioration des revenus des populations.
Au total, les actions de la BOAD en faveur de la lutte contre la
pauvreté ont contribué à l'amélioration de la
situation alimentaire et nutritionnelle et du statut socio-économique
par la promotion d'activités génératrices de revenus, du
cadre de vie, ainsi qu'à la limitation de l'exode.
Si la BOAD a accumulé au fil des années une
expertise avérée en matière de mise en oeuvre des projets
de développement qu'elle pourra mettre au service des Etats membres,
elle devra, en outre maintenir ses orientations et priorités
d'intervention en leur faveur tout en continuant à soutenir les
stratégies et programmes d'investissement communautaires. La principale
contrainte demeure l'insuffisante disponibilité de ressources
concessionnelles dont la dotation lui permettra de disposer de moyens idoines
pour répondre aux attentes des populations par un accroissement
significatif de son appui aux efforts de lutte contre la pauvreté.
Cette coopération peut devenir plus efficace si un grand
nombre de problèmes de gouvernance en matière de
développement sont résolus. La mise en place d'indicateurs de
suivi concertés au niveau national semble être un moyen
particulièrement efficace pour améliorer la gestion de l'aide.
C'est la seule façon d'intégrer le grand concert
des nations et de faire preuve de reconnaissance à la grande bataille
que nos valeureux héros ont mené pour notre indépendance,
dans le but d'avoir un pays juste et prospère pour tous ses fils.
« Mieux vaut tard que jamais ».
BIBLIOGRAPHIE
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PERRIN, Emile-Robert. La lutte contre la
pauvreté, HCCI, Avril 2004.
TABLE DES MATIERES
DEDICACES I
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ACRONYMES III
SOMMAIRE IV
AVERTISSEMENT VI
INTRODUCTION 1
1ère PARTIE :
PROBLEMATIQUE DE LA PAUVRETE 8
CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES ET
INDICATEURS DE PAUVRETE 9
Section 1 : Dimensions de la pauvreté 9
Paragraphe 1 : Pauvreté monétaire 9
Paragraphe 2 : Pauvreté non monétaire 12
Section 2 : La pauvreté, héritage
naturel ou culturel 15
Paragraphe 1 : Les facteurs historiques et culturels de
la pauvreté 15
Paragraphe 2 : la pauvreté, une fatalité ou
une infortune naturelle ? 17
CHAPITRE II : LA PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT
AU BENIN 20
Section 1 : Diagnostic de l'économie
béninoise 20
Paragraphe 1 : Atouts et faiblesses structurelles de
l'économie 21
1. Les atouts 25
2. Les faiblesses 25
Paragraphe 2 : La pauvreté au Bénin 25
Section 2 : Réduction de la
pauvreté, croissance et développement :
cercle vicieux ou cercle vertueux ? 28
Paragraphe 1 : La corrélation entre croissance et
réduction
de la pauvreté 28
1. Croissance et développement 29
2. Croissance et réduction de la pauvreté 31
Paragraphe 2 : Les stratégies de réduction
de la pauvreté au Bénin 34
2ème PARTIE : LES BANQUES DE
DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE :CAS DE LA BOAD
39
CHAPITRE I : PLAN D'ACTIONS DE LA BOAD POUR
LA REDUCTION DE
LA PAUVRETE 40
Section1 : La BOAD et le financement du
développement 40
Paragraphe 1 : Présentation de la BOAD 40
Paragraphe 2 : Les instruments et domaines d'intervention
43
1. Formes d'intervention 43
2. Domaines d'intervention 43
Section 2 : Point de la coopération entre
la BOAD et le Bénin 46
Paragraphe 1 : Les opérations financées
46
Paragraphe 2 : Etude de quelques projets
réalisés 50
1. Les opérations avec le
secteur public 51
2. Les opérations avec le secteur privé 56
CHAPITRE II : APPORT DE LA BOAD A LA REDUCTION
DE LA PAUVRETE AU BENIN : ECUEILS ET SUGGESTIONS 60
Section1 : Insuffisances relevées dans
la mise en oeuvre des projets 60
Paragraphe 1 : Au niveau de la Banque 61
Paragraphe 2 : Au niveau de l'Etat Béninois 63
Section 2 : Suggestions pour une
efficacité accrue des actions de la
BOAD en faveur de la réduction de la pauvreté au
Bénin 64
Paragraphe 1 : Actions à mener par le
Bénin 65
Paragraphe 2 : Renforcement des moyens d'actions de la
Banque 66
CONCLUSION 70
BIBLIOGRAPHIE 73
ANNEXES i
TABLE DES MATIERES ii
* 1 - In La philosophie de
l'argent, PUF, collection Quadrige, 2007.
* 2- In Recherche sur la
nature et les causes de la richesse des nations, Economica, 2000.
* 3 - In Rapport PNUD
2005.
* 4 - In La
République, traduction française d'Emile Chambry, Gallimard,
1999.
* 5 - Indicateurs du
développement dans le monde 2007, Rapport annuel Banque Mondiale, 2007.
* 6 DUBOIT, J.C., Integrating
Poverty Reduction Policies into the Development Strategies Challenge for
Cameroon, UNDP,1998.
* 7- Niger : 2009 ;
Congo, Cameroun et Algérie : 2008 ; Ouganda, Tchad :
2005 ; Gabon, Togo : 2003 ; Guinée-Conakry et
Tunisie : 2002 ; Burkina faso : 2000.
* 8 - Le seuil de
pauvreté est un niveau de revenus au-dessous duquel un ménage est
considéré comme pauvre.
* 9 - In Economic Growth and
Income Inequality, The American Economic Review, vol. 45, n° 1, p. 1-28,
1955.
* 10 - In Lessons on 30
years of fighting poverty. Approches économiques de lutte contre la
pauvreté. Actes de conférence, Québec, Canada.
* 11 - In Réduire la
pauvreté au Bénin, Ed. ceda, Cotonou, 1995.
* 12 - MILLS, J.S.
De la liberté, (titre en anglais: On Liberty), 1859.
Première traduction française par Charles Brook Dupont-White,
Paris : Guillaumin, 1860.
* 13 - le Bénin, le
Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Sénégal, le
Togo.
* 14 - Rapport annuel 2003,
BOAD, juin 2004, p.47.
* 15 - Le PER a pour objectif
global de contribuer à l'approfondissement du processus
d'intégration en vue de stimuler une croissance forte, durable et
réductrice de pauvreté. Son coût est de 2 910 milliards
FCFA. Voir www .boad.org.
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