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La boad et la réduction de la pauvreté au bénin

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par Babatoundé Adéléké Eustache ALOGOU
Ecole Nationale d'Administration du TOGO - Inspecteur Central du Trésor 2009
  

Disponible en mode multipage

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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE TOGOLAISE

.................. Travail-Liberté-Patrie

MINISTERE DE LA FONCTION

PUBLIQUE ET DE LA REFORME

ADMINISTRATIVE

......................

ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION

BP. 64 - Lomé (TOGO)

Email : enatogo@ids.tg

POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE L'ENA CYCLE III

SECTION : ECONOMIE ET FINANCES

OPTION : TRESOR

LA BOAD ET LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN

Préparé et soutenu par : Sous la direction de :

ALOGOU Babatoundé HAMENOU Koumah Fulbert

Adéléké Eustache Inspecteur Central du Trésor,

Chef Division Comptabilité

à la Direction des Finances

DEDICACE

A

? Tous ceux qui n'ont pu être vraiment ce qu'ils sont mais se battent toujours pour se faire une place au soleil ;

? Oresto, Elmira, Kenza-Ayoka ;

? tous ceux qui m'aiment.

Je dédie ce mémoire.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail n'a été possible que grâce à une assistance soutenue, une collaboration prompte et spontanée d'augustes personnes à qui nous tenons à exprimer nos sincères et profondes gratitudes. C'est l'occasion ici pour nous de remercier respectivement :

? Tous mes professeurs, eux qui m'ont transmis une partie de leurs savoirs ;

? Monsieur HAMENOU Koumah, Inspecteur Central du Trésor, notre Directeur de mémoire qui a accepté de diriger ce travail malgré ses multiples occupations, sans nous marchander ses connaissances et ses expériences ;

? Monsieur ADJAHI Maurice Dieudonné, Administrateur du Trésor ;

? Madame APLOGAN Alphonsine en service à la BOAD ;

? Monsieur APLOGAN DJIBODE Crépin, Inspecteur des Douanes ;

? Monsieur et Madame YAKE à Lomé ;

? Mes parents, qui m'ont appris à me battre ;

? Tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la réalisation de ce travail ;

? Tous mes amis pour leur soutien.

SIGLES ET ABREVIATIONS

BEI : Banque Européenne d'Investissement

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

BIDC : Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO

BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CSPEF : Cellule de Suivi des Programmes Economiques et Financiers

DEPOLIPO : Déclaration de Politique de Population

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FAGACE : Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique

FASR : Fonds d'Ajustement Structurel Renforcé

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FIDA : Fonds International pour le Développement Agricole

FMI : Fonds Monétaire International

FRPC : Facilité de Réduction de la Pauvreté et la Croissance

FSA : Fonds de Solidarité Africain

IDH : Indicateur de Développement Humain

IPF : Indicateur de Participation de la Femme

IPH : Indice de Pauvreté Humaine

MEF : Ministère de l'Economie et des Finances

ONU : Organisation des Nations Unies

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PTF : Partenaires Techniques et Financiers

SCRP : Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

SOAGA : Société Ouest-Africaine de Gestion d'Actifs

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

WARDA : West Africa Rice Development Association

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

1ère PARTIE  : PROBLEMATIQUE DE LA PAUVRETE 8

CHAPITRE I  : FONDEMENTS THEORIQUES ET INDICATEURS DE PAUVRETE 9

Section 1  : Dimensions de la pauvreté 9

Paragraphe 1 : Pauvreté monétaire 9

Paragraphe 2 : Pauvreté non monétaire 12

Section 2  : La pauvreté, héritage naturel ou culturel 15

Paragraphe 1 : Les facteurs historiques et culturels de la pauvreté 15

Paragraphe 2 : la pauvreté, une fatalité ou une infortune naturelle ? 17

CHAPITRE II  : LA PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT AU BENIN 20

Section 1  : Diagnostic de l'économie béninoise 20

Paragraphe 1: Atouts et faiblesses structurelles de l'économie béninoise 34

Section 2  : Réduction de la pauvreté, croissance et développement : cercle vicieux ou cercle vertueux ? 28

Paragraphe 1 : La corrélation entre croissance et réduction de la pauvreté 28

Paragraphe 2 : Les stratégies de réduction de la pauvreté au Bénin 34

2ème PARTIE  : LES BANQUES DE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE :CAS DE LA BOAD 39

CHAPITRE I  : PLAN D'ACTIONS DE LA BOAD POUR LA REDUCTION DE

LA PAUVRETE 40

Section1  : La BOAD et le financement du développement 40

Paragraphe 1 : Présentation de la BOAD 40

Paragraphe 2 : Les instruments et domaines d'intervention 43

Section 2  : Point de la coopération entre la BOAD et le Bénin 46

Paragraphe 1 : Les opérations financées 46

Paragraphe 2 : Etude de quelques projets réalisés  50

CHAPITRE II  : APPORT DE LA BOAD A LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN : ECUEILS ET SUGGESTIONS 60

Section1  : Insuffisances relevées dans la mise en oeuvre des projets 60

Paragraphe 1 : Au niveau de la Banque 61

Paragraphe 2 : Au niveau de l'Etat Béninois 63

Section 2  : Suggestions pour une efficacité accrue des actions de la

BOAD en faveur de la réduction de la pauvreté au Bénin 64

Paragraphe 1 : Actions à mener par le Bénin 65

Paragraphe 2 : Renforcement des moyens d'actions de la Banque 66

CONCLUSION 70

BIBLIOGRAPHIE 73

ANNEXES i

TABLE DES MATIERES ii

AVERTISSEMENT

L'ENA N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS CE DOCUMENT ; ELLES DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES A LEURS AUTEURS.

INTRODUCTION

Le souci de posséder assez d'argent ou de richesses a, de tout temps et dans tous les coins du monde, hanté une immense majorité de personnes. Certaines d'entre elles arrivent par le fruit de leurs efforts à s'en procurer à suffisance. D'autres par des moyens peu orthodoxes réussissent également à se tailler des fortunes. Cependant, des concours de circonstances peuvent conduire des personnes moins nanties à traverser des moments de crises les privant de la possibilité de se soigner correctement, de manger à leur faim ou de se loger décemment. Il s'agit là de situations que certains peuvent confondre à tord à celle de pauvreté qui est un état de dénuement crucial qu'un phénomène conjoncturel.

Bien que le concept ait été abordé à plusieurs reprises et continue de l'être encore, les auteurs, les analystes et mêmes les praticiens de l'économie de développement, ne sont pas unanimes sur la définition de la pauvreté ni sur les moyens de la combattre.

Pour George SIMMEL : « la pauvreté est un état de choix impossibles à satisfaire par les individus »1(*; par conséquent, elle ne peut être définie comme un état quantitatif en elle-même mais seulement par rapport à une relation sociale qui résulte d'une situation spécifique.

Adam SMITH, quant à lui, circonscrit une situation de non pauvreté qui constitue « une société où tous les membres jouissent d'un revenu suffisant leur permettant de se montrer sans honte en public »2(*).

La diversité d'appréhension de la pauvreté n'a pas effrité sa dimension pandémique surtout durant notre troisième millénaire,  au regard des potentialités des pays riches accentuant les inégalités sociales à l'échelle mondiale. La pauvreté n'a donc cessé de préoccuper des personnalités de la scène politique, du milieu universitaire ou des organisations de défense d'un nouvel ordre mondial social plus équilibré. C'est à ce titre que divers instruments ou indicateurs ont été répertoriés pour mieux la cerner, et d'en évaluer l'incidence dans l'espace et le temps.

D'un bout à l'autre de notre planète, la pauvreté se rencontre avec autant de variantes que de civilisations, autant d'aspects que de peuples, et autant de ravages que de cultures. Dès lors, l'approche économique du concept devient plus intéressant car mesurable directement ou calculable indirectement à partir de données recueillies, et dont l'interprétation permet d'établir un diagnostic sur une dimension spécifiée dans l'espace et le temps. Cette approche ne perd pas cependant son caractère subjectif. C'est pour cela que, vivre avec moins d'un dollar par jour est une marque de pauvreté en Afrique Subsaharienne, tandis qu'aux USA3(*), le seuil de pauvreté est relevé à 14,4$ par jour.

Bien que les essais de définition de la pauvreté soient épars, et les indicateurs de mesure variés, beaucoup d'analystes s'accordent à reconnaître que la pauvreté est un mal à combattre pour asseoir une société plus équilibrée ou comportant moins de fractures sociales. Ce mal n'est pas du tout contemporain, il plonge ses racines dans l'histoire lointaine car déjà au Vème siècle avant Jésus-Christ, Platon écrivait : « Il ne faut pas que certains citoyens souffrent de la pauvreté alors que d'autres sont riches, parce que ces deux états sont causes de dissensions »4(*). Les théories économiques de MALTHUS envisageaient une limitation des naissances pour réduire la progression de la pauvreté dans la société comme la nôtre où la population croît à un rythme géométrique alors que les ressources obéissent à une évolution arithmétique.

Face au foisonnement des théories sur la pauvreté et les solutions pour l'éradiquer, quelle attitude doit-on tenir ? Le choix est très délicat car, plus nombreux sont les acteurs du développement, aussi diversifiées seront les mesures pour éradiquer la pauvreté. C'est pour cela qu'il devient intéressant d'étudier l'approche des structures régionales face au combat contre la pauvreté dans un contexte national. D'où l'intérêt de notre thème intitulé « La BOAD et la réduction de la pauvreté au Bénin ». Une telle étude appelle plusieurs angles d'analyse. Il peut s'agir d'une approche globale critique du phénomène de pauvreté et une redéfinition fondamentale des objectifs de développement. On peut également utiliser des variables économétriques afin de déterminer à partir des indicateurs retenus l'effet des actions de la BOAD sur la pauvreté. Enfin, il peut être question de modélisation afin de recentrer le dispositif de lutte contre la pauvreté. Dans notre cas, il ne sera question ni de l'une, ni de l'autre approche. Nous nous intéresserons plutôt aux retombées socio-économiques des actions de la BOAD sur les populations pauvres du Bénin.

Nous n'allons pas non plus circonscrire notre tâche dans un horizon temporel donné. Ceci se justifie : l'évaluation d'un projet de développement obéit à plusieurs démarches-clés qui se recoupent depuis la conception jusqu'à l'achèvement du projet. Les organisations donatrices veulent toujours savoir à juste titre si les ressources qu'elles ont investies ont été utilisées judicieusement, mais comme les activités de développement ont évolué et deviennent plus holistiques et plus multidisciplinaires et que des approches participatives deviennent plus usitées, les impacts d'un projet de développement s'inscrivent plus durablement dans le temps car les changements induits sont parfois irréversibles.

Cette étude comporte deux parties dont la première développe la problématique de la pauvreté, et la seconde énonce les options des banques de développement pour éradiquer la pauvreté notamment celles de la BOAD face au contexte Béninois.

1ère PARTIE :

PROBLEMATIQUE DE LA PAUVRETE

La notion de pauvreté revêt plusieurs aspects. En effet, dans son acception la plus large, la pauvreté signifie avoir faim ou ne pas avoir de toit ; c'est aussi être malade et ne pas pouvoir consulter médecin ; c'est également craindre l'avenir, vivre au jour le jour ; c'est n'avoir ni pouvoir, ni représentation, ni liberté, c'est enfin subir l'exclusion, la violence..., c'est, ne pas être libre. Nous explorerons d'abord les dimensions de la pauvreté (Chapitre 1) avant de faire une analyse sur la pauvreté et le développement au Bénin (Chapitre 2).

CHAPITRE I :

FONDEMENTS THEORIQUES ET INDICATEURS DE PAUVRETE

Pour mieux cerner la pauvreté, Il est intéressant de se référer à l'étymologie du terme. En effet pauvreté tire son origine du mot latin pauper (peu ou petit) qui est elle-même proche du grec peina (la faim). La traduction grecque du mot «pauvreté» est aporia qui signifie absence de chemin. Nous constatons qu'en rapprochant les deux origines, nous aboutissons à une double conception de la pauvreté : C'est une notion à la fois quantitative - peu, petit, le manque de nourriture- et qualitative en ce sens qu'elle traduit la condition psychologique de celui ou celle qui ne peut trouver son chemin.

Le Petit Larousse définit la pauvreté comme le manque d'argent ou de ressources. Le Petit Robert quant à lui, énonce la pauvreté comme l' « état d'une personne qui n'a pas suffisamment d'argent ou de moyens matériels pour subvenir à ses besoins ». Ces définitions pour le moins subjectives, ne rendent pas compte des différentes facettes que peut prendre la pauvreté, mais elles ont le mérite d'avoir pour référent l'une de ses caractéristiques qui se ramène à la privation monétaire et matérielle. Avant de penser à réduire la pauvreté, il faudrait en déterminer les causes ou origines.

Section 1 : Dimensions de la pauvreté

La pauvreté, c'est l'état d'une personne, d'une famille ou d'un groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois, elle n'est pas réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne également d'autres aspects du quotidien comme le logement, la santé, la formation, le travail, la vie familiale.

Paragraphe1 : La pauvreté monétaire

Une personne est jugée pauvre dès lors que son revenu donne un niveau de satisfaction inférieur au minimum nécessaire pour vivre. Les enquêtes menées à cet effet ne se réfèrent pas à un seuil minimal de ressources définies conventionnellement ou à des conditions objectives d'existence mais consistent à interroger directement les ménages sur leur perception de ces réalités, de leur perception sur la question du revenu minimal nécessaire selon eux pour « joindre les deux bouts » et leur degré d'aisance financière. A terme, l'on aboutit à un seuil de pauvreté subjectif en-deçà duquel l'on peut être considéré comme pauvre.

Le Rapport 2007 de la Banque Mondiale5(*) montre que de 1997 à 2007, la pauvreté monétaire a été réduite de quart dans le monde passant de 1,3 milliard à 985 millions de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour, 2,6 milliards pour ceux vivant avec moins de 2 dollars. Les pays émergents d'Asie de l'Est et du Sud ont également fait de grands pas dans cette lutte tirant plus d'un demi-milliard de personnes de la pauvreté entre 1995 et 2007. C'est le cas de la Chine dont le nombre de pauvres est passé de 600 millions à moins de 200 millions soit une diminution de 64,17% de la population qui est le plus encourageant. Même si la tendance régionale la moins performante concerne l'Asie du Sud ou ils ont été réduits de seulement 34 millions soit 31% de la population, c'est l'Afrique subsaharienne qui enregistre les résultats les plus catastrophiques. Passant de 164,314 millions, la proportion des pauvres devient 47% contre 42 en 1981. L'Europe occidentale, l'Asie centrale ont enregistré une tendance à la baisse se ramenant respectivement à 26 et 24%. La région Amérique Latine et Caraïbes reste stable pendant que l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient n'ont pas enregistré de changements significatifs.

On peut ensuite aborder la pauvreté à partir de la consommation. Une telle alternative est séduisante car elle revêt diverses avantages conceptuels : c'est la consommation plus que le revenu qui est source directe d'utilité et qui mesure les rapports de force. La quantité dépensée est toujours plus informative que la capacité à dépenser. De plus, la consommation est plus « lisse » que les revenus, moins « tabou » donc mieux déclarée, moins sensibles aux aléas conjoncturels que le revenu lui-même.

Ceux qui estiment que la consommation traduit le niveau de vie pensent que la dépense est plus révélatrice de conditions de vie que le revenu. Bien que la consommation soit largement tributaire du revenu, l'approche par la consommation de la pauvreté revêt une utilité certaine : elle ne tient pas compte de l'épargne des individus. La consommation d'un individu concerne essentiellement le contenu d'un « panier de la ménagère » exprimé en apport et en besoin calorique. Pour une journée, l'individu a besoin de se nourrir, de se vêtir, de se déplacer,... Le montant minimal requis pour satisfaire ces besoins alimentaires et non alimentaires permet de déterminer le seuil de la consommation en deçà duquel on tombe dans la pauvreté. Selon la Banque Mondiale, est pauvre toute personne qui ne peut consommer faute de moyens un certain nombre de biens d'usage ordinaire ou de consommation de base (biens nécessaires). Cette difficulté de satisfaire les besoins vitaux limite naturellement la possibilité d'accéder aux ressources productives. Elle favorise une détérioration continuelle des conditions de vie qui aggrave les inégalités.

L'étude de la consommation comme indicateur de pauvreté nous amène aussi à étudier l'aspect patrimonial du phénomène. En effet, le fait d'être propriétaire ou non de certains types de biens peut permettre de mesurer indirectement le statut socio-économique. Les éléments subjectifs comme le matériel roulant (bicyclette, moto, voiture...) aux éléments de confort (radio, télévision, réfrigérateur...) en passant par le logement (nombre de personnes/pièce) permettent de mesurer le niveau de consommation des individus.

S'instruire, se soigner, se divertir se révèlent être pour les pauvres un luxe réservé aux habitants d'un autre quartier du « village planétaire ». En effet, lorsqu'on scrute à travers la lentille du développement humain, notre « village planétaire » se trouve divisé entre les rues des nantis et celle des laissées pour compte.

La qualité de vie étant subjective, le revenu et la consommation s'avèrent insuffisants pour apprécier les aspects économiques de la pauvreté. Ils rendent plutôt compte des aspects objectifs du phénomène.

Paragraphe 2 : Pauvreté non monétaire

Selon le seuil de revenu retenu, le nombre de pauvre change. Dans certains pays, la pauvreté monétaire peut être quasiment inexistante alors que la qualité de vie laisserait à désirer. Il ne suffit donc pas de doubler d'un coup de baguette magique tous les revenus pour diminuer leur nombre. Lorsque le revenu médian s'élève, le nombre de pauvres augmente mécaniquement si l'enrichissement profite moins aux ménages pauvres qu'aux plus aisés.

Selon DUBOIT, « de même que l'on peut opposer pauvreté monétaire et pauvreté des conditions ou des potentialités, on peut opposer inégalité en terme monétaire concernant la distribution des revenus et/ou de la consommation à l'inégalité des conditions de vie, qui tient compte des différences qualitatives et à l'inégalité des chances qui considère l'accès à nombre de biens et de services fondamentaux. »6(*)

«Knowledge is power« dit le vieux dicton anglais. Celui qui ne sait ni lire, ni écrire, qui n'a pas pu acquérir une formation de qualité et valorisée sur le marché, porte d'accès privilégiée à un emploi stable et valorisant est condamné à vivre en marge, le plus souvent, de la société. Cette exclusion par le savoir ou l'ignorance est d'autant plus humiliante que notre société ne valorise que certains types de savoirs, notamment le savoir scolaire, basé sur les diplômes. La non scolarisation isole une fange de la population de la direction des affaires publiques, de la participation à la vie politique et limite considérablement leur possibilité d'ouverture au monde extérieur. Les inégalités entre hommes et femmes y tiennent une place de choix. Le non accès aux moyens modernes de l'information et de la communication, le maintien des pauvres à l'écart de la globalisation sont des éléments d'appréciation de la pauvreté non monétaire. La pauvreté culturelle emprisonne ceux qui la subissent dans le partage du désespoir, de l'affliction, de l'apathie et de l'inhibition.

En1990, le PNUD, conscient de la nécessaire définition de critères objectifs, a introduit dans ses rapports l'Indicateur de Développement Humain (IDH). L'indicateur précédemment utilisé, le PIB par habitant, ne donne pas d'information sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évalue que la production économique. Il présente des écarts qui peuvent être très importants avec l'IDH . L'IDH est un indicateur composite qui tente de ramener à des chiffres les niveaux moyens de développement atteints par les Etats dans la marche vers les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L'IDH prend en compte la longévité, le savoir au sens de taux de scolarisation et enfin le PIB. L'IDH s'obtient par détermination de la moyenne arithmétique des indices obtenus à partir de ces trois critères.

Plus l'IDH d'un pays est proche de 1, plus ce pays est développé et plus la lutte contre la pauvreté y avance, mieux y est le niveau de vie.

L'Indice de Pauvreté Humaine (IPH), quant à lui, permet de chiffrer le dénuement monétaire, sanitaire, culturel (savoir) et la participation à la vie sociale (instruction, longévité et conditions de vie).

Section 2 : La pauvreté, héritage naturel ou culturel

Dans cette section, nous analyserons les origines de la pauvreté. Autant que la notion de pauvreté, ces origines sont multidimensionnelles. Dans un livre religieux très célèbre, nous pouvons lire que : « par le péché d'Adam et Eve, les malédictions, les souffrances, les peines, les exclusions sont entrées dans le monde ». Si l'on ne peut déterminer de manière irréfutable les origines de la pauvreté, l'histoire, la géographie, la sociologie, les croyances ... peuvent cependant nous aider à justifier certains de ses aspects. Cette façon de voir ne justifie pas que certaines régions comme l'Afrique soient destinées à chancir dans la pauvreté au profit d'autres envers lesquelles Dieu est plus regardant.

Paragraphe 1 : Les causes historiques et naturelles de la pauvreté

Evoquer des facteurs naturels pour expliquer la pauvreté relève d'une vision normative. En effet, à la comparaison, la géographie de l'Afrique n'est pas moins favorisée que celle d'autres régions du monde qui ont cependant réussi à gagner sur plusieurs fronts la guerre contre la pauvreté. Le contraste est d'autant frappant que des pays comme le Japon ont su faire des prédispositions naturelles défavorables des atouts de développement. Il est, dans le même ordre d'idées, incompréhensible que des pays à fort potentiel se retrouvent dans les profondeurs les plus noires de la pauvreté alors que d'autres moins pourvus se retrouvent au haut du classement.

S'agissant des catastrophes naturelles, même si elles ne sont pas des causes directes de la pauvreté, il faut envisager le coût de la reconstruction, l'aide et l'assistance à apporter aux sinistrés ; les catastrophes entretiennent la pauvreté. Les inondations, les épidémies, sont révélateurs d'un système sanitaire grelottant.

La pauvreté trouve également son ancrage dans les faits historiques. La découverte du nouveau monde a été le point de départ du fameux commerce triangulaire. Les fruits tirés de cette activité ont permis aux européens, acteurs principaux, de construire et de bâtir leurs Etats. Français, Anglais, Portugais, ... les occidentaux ont arrogamment profité de cet odieux commerce.

Au niveau de la gouvernance, la pauvreté se manifeste par la médiocrité des gouvernements et de leurs dirigeants. Beaucoup de pays auraient sûrement beaucoup avancé dans cette lutte s'ils ne sont pas - ou n'ont pas été - dirigés par une certaine catégorie d'hommes politiques ou de cadres. En effet, dans ces pays, le fait pour certains de parvenir à une marche inespérée du pouvoir est perçue comme le don d'une Providence qu'il ne faut pas décourager car cette occasion unique de se réaliser, de se faire une place au soleil, de « se prolonger la vie » est un événement rarissime. La première conséquence de cette mentalité est l'accrochage au pouvoir. En Afrique, on ne démissionne pas du pouvoir.

Cet accrochage au pouvoir qui corrobore la mauvaise gouvernance. N'est ce pas dans les pays les plus corrompus que se retrouvent en effet les personnes les plus pauvres ? Sur les 50 pays les plus pauvres du monde, 39 reculent de 2 à 15 points lorsqu'on compare le classement selon le PIB/habitant et celui selon l'IDH. Cela traduit tout simplement que la richesse créée n'améliore pas mathématiquement les conditions de vie des populations.

Lorsque des fonds destinés à financer des travaux d'intérêt public ou des services sont détournés dans l'intérêt privé d'un individu haut placé, nous ne nous attarderons pas sur la question morale d'un tel acte. Mais, il est bien évident que ces sommes détournées sont bien moins importantes que leurs répercussions sur le public en raison de l'effet multiplicateur qui lui est associé. L'argent détourné est placé dans un compte en banque à l'Etranger et entretient la pauvreté. Ainsi, le système de redistribution des revenus, qu'ils soient issus des ressources naturelles ou de l'effort commun, n'est pas géré pour que tous, ou du moins la grande majorité puisse en jouir. La mauvaise gouvernance s'observe également par la mauvaise coordination ou l'absence des politiques, la navigation à vue. Ici, si les ressources ne sont pas détournées, elles sont tout de même mal gérées à travers le gaspillage qui en est fait.

Paragraphe 2 : Les facteurs culturels de la pauvreté

Jusqu'à une période récente - et aujourd'hui encore dans certaines contrées traditionnelles - le nombre d'enfants possédés rimait avec importance de la richesse. Avoir 4, 5, 10, 15, 30 enfants était un baromètre de mesure de la richesse. La proportionnalité était absolue. Une progéniture abondante équivalait à beaucoup de force pour travailler le sol et faire l'élevage. Jusqu'à la génération passée (1950-1975), cette mentalité prospérait. Or aujourd'hui, avoir beaucoup d'enfants peut produire des conséquences insurmontables. La forte croissance de la population accroît naturellement le nombre de sans emploi. Les ressources augmentent peu. Les populations des pays les moins avancées sont celles qui ont enregistrées, au cours des deux dernières décennies, les plus forts d'accroissement, hormis la Chine, l'Afrique Subsaharienne en tête. Cette culture dont le bannissement est indispensable pour conformer les ressources aux besoins ne favorise pas le bien-être des individus.

L'organisation sociale et culturelle de l'Afrique favorise également la pauvreté. Il y existe, en effet, une forme de pauvreté spécifique liée à la structure même de la famille. En effet, le frère ou la soeur du père, le beau-fils, leurs enfants ou petits enfants, les beaux-parents sont membres de la famille. Tous ceux-ci ont droit à une portion du revenu du « frère », du «  fils » ou du « beau » et constituent pour celui-ci des charges qui pourraient ne pas lui permettre d'avoir un niveau de vie acceptable. La forte solidarisation des communautés africaines pousse beaucoup à s'en tenir au minimum.

A ces croyances traditionnelles se juxtaposent les idées reçues. Les religions « importées », pour la plupart, lient la pauvreté à des préceptes religieux. Ce fatalisme est justifié par le dicton « accepte ta condition car Dieu a décidé de ton sort ». Cette impuissance empêche les individus de changer l'état des choses. La croyance selon laquelle notre destin dépend d'une volonté divine est légitime si l'on accepte que notre motivation à progresser en dépende de même. Le proverbe russe dit : « prie le bon Dieu et rame jusqu'au rivage. »

Le déficit de démocratie est aussi une marque de mauvaise gouvernance et agit négativement sur la pauvreté. Les régimes dictatoriaux pensent d'abord à leur ventre, et non à ceux de la collectivité. De 2000 à 2009, dix (10) pays africains7(*) ont révisé leur constitution pour favoriser le maintien au pouvoir du Chef de l'Etat, trois ou quatre ont été obligés, après des élections contestées, de partager le pouvoir avec les contestataires. Pendant ce temps, les populations meurent de faim, des guerres ; leurs enfants, de malnutrition, du choléra, faute de soins. Au Zimbabwé, pendant que Le Président Robert MUGABE se débattait pour garder le pouvoir, un millier de ses compatriotes mourrait du choléra, cachés des regards de la Communauté Internationale.

Les Occidentaux, soucieux de préserver leurs intérêts stratégiques, soutiennent ces régimes contre leurs peuples. On a donc un jeu à trois joueurs ; l'optimum social ne peut être atteint car les deux leaders qui sont l'Occident et les dirigeants politiques ont chacun un intérêt particulier qui se trouve aux antipodes de l'intérêt du peuple africain qui est la distribution équitable des richesses. Les conséquences peuvent être les guerres civiles, les déplacements, l'enracinement de la pauvreté. Favoriser les membres de son ethnie, tout en barrant la route à ceux des autres est souvent fréquent dans les relations interethniques en Afrique.

CHAPITRE 2 :

LA PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT AU BENIN

Sur les cinq dernières années, l'économie du Bénin a enregistré une évolution favorable. Cependant, l'impact de cette croissance économique sur la réduction de la pauvreté reste mitigé. En effet, la faible corrélation entre l'amélioration du niveau de vie et cette croissance s'explique par le fait que celle-ci ne correspond pas à un processus de développement partagé. La majorité des béninois est employée dans l'agriculture ou les services (le commerce principalement). Le rythme de la création des emplois n'est pas suffisamment rapide pour répondre à une offre de main d'oeuvre de plus en plus forte.

La relation entre croissance économique et amélioration du bien-être des populations est une question complexe. Réduire la pauvreté, outre l'amélioration du pouvoir d'achat, doit consister à l'amélioration des services et infrastructures sociaux. Le rapport entre le taux de cette croissance et celui de la réduction de la pauvreté n'est pas proportionnel. Si la pauvreté monétaire semble être mieux maîtrisée, ce n'est pas le cas quant à la pauvreté humaine.

Section 1 : Diagnostic de l'économie béninoise

De 1998 à 2008, le Bénin a connu un taux de croissance positif passant de 4% en 1998 à 6,8% en 2008. La moyenne pour la période est de 3,6%. Cependant, ces performances sont le résultat de la sous-exploitation des atouts ou de la non prise en compte de certaines faiblesses de la structure de l'économie. Si ces données positives n'ont pas permis d'infléchir remarquablement la pauvreté, n'est ce pas, en gros, la conséquence d'une mauvaise orientation des fruits ou acquis de la croissance ?

Paragraphe 1 : Atouts et faiblesses structurelles de l'économie Béninoise

Une bonne stratégie de réduction de la pauvreté doit s'appuyer prioritairement sur les facteurs de la pauvreté. Ce sont eux, en effet, qui contribuent à nourrir et à faire perdurer le phénomène. Les actions doivent être orientées vers les facteurs et non sur les manifestations. Ces facteurs sont autant endogènes qu'exogènes. Une bonne stratégie de réduction de la pauvreté doit prendre en compte les atouts et les potentialités du pays. N'est ce pas là une théorie qui trouve sa justification dans l'émergence des « dragons d'Asie » ?

1. Les atouts

Le Bénin dispose d'atouts certains. C'est un fait qu'il n'est pas fortement pourvu en ressources minières et minéralogiques. Mais le pays est reconnu pour sa stabilité politique. Depuis 1990, la démocratie y fait son petit bonhomme de chemin. Le pays a une constitution vieille de 19 ans (seulement !) et a connu trois alternances pacifiques sans retouche de la constitution. L'appartenance à plusieurs espaces régionaux d'échanges, de co-développement, de solidarité comme la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), le Conseil de l'Entente, la Communauté des Etats Sahélo-Sahéliens (CEN-SAD) font du Bénin un pôle d'émergence et de développement dont la bonne exploitation conditionne l'émergence d'un marché commun, la construction et la consolidation d'une économie prospère, le bien-être matériel et social de ses fils.

En 2006, la structure de la population béninoise fait ressortir un taux d'actifs potentiels (plus de 15ans) de 72% (soit 4 617 290 individus) dont seulement 2 611 585 sont effectivement utilisés. Ceci montre que la majorité de la population béninoise est active. Le béninois n'est pas paresseux : au-delà de 60 ans, deux béninois sur trois sont encore sur le marché du travail soit comme actif occupé, soit comme demandeur d'emploi (après avoir accompli une 1ere carrière). C'est la preuve également que le minimum social n'a pu être atteint. La population béninoise est l'une des populations à fort taux d'accroissement naturel (3,25%). Ceci s'explique par une fécondité encore élevée et une mortalité en baisse quoique encore élevée contrastée par un taux relativement élevé de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. C'est en partie cela qui induit les parents à se prémunir contre les décès éventuels de leur descendance en ayant davantage d'enfants.

Tableau N° 1: Répartition de la population par tranche d'âges

Tranches

d'âges

Effectifs

(en millions)

Taux

(en %)

0 - 5

1,271

16,5

6 - 11

1,448

18,8

11 et plus

4,981

64,7

Total

7,700

100

Source : Enquête Modulaire Intégrée des Conditions de Vie

des Ménages (EMICOV), INSAE, 2006

Etant donné que l'importance et la nature des besoins de santé, d'éducation, de logement, d'emploi sont tributaires de la structure, du volume et de l'évolution démographique, le développement du capital humain exige une meilleure maîtrise de la fécondité. Les difficultés d'accès à l'éducation de base et à l'alphabétisme, aux soins de santé primaire et à l'eau potable ont besoin d'être résolues. Un ménage comportant beaucoup de membres est plus penché à éprouver des difficultés pour la satisfaction de ces besoins.

2. Les faiblesses

Quant aux faiblesses structurelles de l'économie, elles portent sur la rigidité de l'appareil et de la structure de production, la faiblesse des investissements et la faible diversification des exportations.

? La rigidité de l'appareil de production part de la spécialisation de la production à l'archaïsme de l'outil de travail en passant par l'obsolescence des infrastructures et des méthodes de production.

L'agriculture béninoise reste essentiellement manuelle et soumise aux aléas climatiques. Les revenues et la productivité restent faibles et la force de travail n'est que partiellement valorisée, ce qui rend très peu compétitive la production agricole. D'une part, les pratiques d'exploitation minière dans les zones de cultures, les zones agropastorales, dans les pêcheries et dans les forêts classées, accentuent la dégradation des ressources naturelles ; d'autre part, les différents secteurs ne sont pas imbriqués les uns dans les autres. La chaîne de production est discontinue, abrupte. Ce qui fait que le pays exporte les matières soit en leur état brut, soit très peu transformées. En retour, ces matières reviennent manufacturées et sont rachetées à prix d'or. Par ailleurs, le peu d'entreprises industrielles existant utilise de manière très faible comme intrants les biens produits localement.

? Parlant de la rigidité de la structure de la production, il suffit d'observer la composition du PIB. Les secteurs primaire et tertiaire prédominent alors que le secteur secondaire est encore embryonnaire. Ceci traduit la faiblesse des investissements productifs. Ce maillon manquant à la chaîne économique est source de déséquilibre et de dépendance de l'économie.

Tableau N° 2 : Contribution des secteurs au PIB de 2000 à 2008 (donnée en %)

Secteurs Années

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Primaire

34,5

34,5

37,4

35,6

35,9

35,9

36,0

35,0

35,7

Secondaire

14.2

14.7

15.0

15.2

14.9

14,8

14.5

14.5

14,2

Tertiaire

37.7

37.9

38.2

39.7

39.4

39.6

39.7

40.6

45.6

Non marchand

13,6

12,8

9,4

9,5

9,8

9,7

9,8

9,9

9,5

TOTAL

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Source : Rapport d'avancement 2008 de la SCRP 2007-2009, CSPEF, MEF

En effet, le rôle prépondérant du secteur privé recommande des investissements forts. Une simple comparaison permet de se mettre à l'évidence de son incidence sur la croissance d'une part, par la faiblesse de l'épargne et d'autre part, par les circonstances structurelles qui ne protègent pas vraiment l'investisseur.

? Enfin, les exportations sont très peu diversifiées. Outre le coton (entre 40% et 80%), le Bénin exporte l'huile de palme, les noix de cajou, l'ananas, les écrevisses, les bois de teck, les amandes et le beurre de karité. Toutefois, aucune de ces matières, à part le coton, n'est érigée en filière pour mériter une attention particulière et une organisation adéquate. Jusqu'en 2007, la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) n'a, en fait, fait que la promotion du coton alors qu'il y a 2 décennies seulement, le Bénin était premier producteur de palmier à huile.

Tableau N° 3 : Quelques indicateurs macroéconomiques du Bénin

Années

Rubriques

Période avant DSRP I

Période DSRP I

1990-1994

1995-1999

2000-2002

2003

2004

2005

Moyenne

2003-2005

PIB par tête d'habitant

(en milliers de FCFA)

131

228

277

296

298

310

302

Investissement brut*

14,4

18,2

18,9

20,3

20,7

17

19,3

Encours de la dette*

52,8

59,4

51,8

40,3

40,3

40,3

40,3

Service de la dette*

1,8

2,0

1,3

0,8

0,7

0,6

0,7

* en % du PIB

Source : Ministère du Développement, de l'Economie et des Finances (MDEF).

Paragraphe 2 : La pauvreté au Bénin

Le Bénin fait partie des pays à faible revenu. L'indice de développement humain reste inférieur à 0,5 par rapport a un idéal fixé à 1. Malgré le taux de croissance économique réel moyen de 4,1% ces dernières années, la pauvreté monétaire reste persistante. La pauvreté a un aspect monétaire et un aspect non monétaire. Le premier est fonction du revenu ou de la dépense et le second se fonde sur un indice composite de niveau de vie basé sur les conditions de vie et le patrimoine des ménages.

Entre 2002 et 2006, la pauvreté monétaire a progressé. Trois indicateurs ont étés utilisés pour l'évaluer en référence à des seuils annuels de pauvreté8(*) s'établissant à 74.886 FCFA par tête en 2002 et à 82.224 FCFA en 2006. L'incidence de pauvreté a connu un accroissement passant de 28,5% en 2002 à 36,8% 2006. La profondeur (P1) a subi la même évolution (0,109 en 2002 ; 0,138 en 2006).

Tableau N° 4 : Incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence

ANNEES

2002

2006

Indicateurs de pauvreté

Milieu de résidence

P0

P1

P2

P0

P1

P2

Urbain

23,6

0,107

0,069

27,2

0,11

0,06

Rural

31,6

0,11

0,058

40,6

0,149

0,075

Ensemble

28,5

0,109

0,062

36,8

0,138

0,071

P0 = incidence de la pauvreté ; P1 = indice de profondeur de la pauvreté ; P2 = indice de sévérité de la pauvreté.

Source : Enquête Modulaire Intégrée des Conditions de Vie des Ménages (EMICOV), INSAE, 2006

Sur la base de l'incidence composite de niveau de vie, la pauvreté non monétaire a paradoxalement reculé. Si en 2002, elle était respectivement de 59,1% en milieu urbain et 17% en milieu rural avec une moyenne nationale de 43%, elle est passée globalement à 41% en 2006. L'incidence en milieu rural s'est fortement réduite (59% à 50,8%). (Cf Annexe 1)

Par référence à l'appréciation que les individus se font de leurs conditions de vie, 53,6% estiment vivre difficilement. Cette approche subjective de la pauvreté a le mérité d'éviter d'imposer un mode de vie unique ; cela reste d'autant plus vrai que la subjectivité consiste à se référer non pas à un seuil minimal de ressources définies conventionnellement ou à des conditions objectives d'existence mais à interroger directement les ménages sur la perception qu'ils ont de ces réalités. Selon l'approche subjective, de plus en plus de béninois estime vivre mal. Ils sont en 2006, 38,7% contre 37,2% en 2001. Ceux qui ne se plaignent pas du tout ont eux aussi relativement augmenté (3,1% en 2001, 4,3% en 2006).

Tableau N° 5 : Evaluation du bien-être subjectif du ménage

ANNEES

Pourcentage de ceux

qui déclarent que:

2001

2006

ça va bien

3,1

4,3

ça va à peu près

33,3

35

il faut faire attention

26,4

22

il vit difficilement

37,2

38,7

TOTAL

100

100

Source : Enquête Modulaire Intégrée des Conditions de Vie des Ménages (EMICOV), INSAE, 2006

Section 2 : Réduction de la pauvreté, croissance et développement : cercle vicieux ou cercle vertueux ?

La croissance et le développement sont deux phénomènes distincts entre lesquels on observe un lien de corrélation. La croissance se définit par une augmentation du PIB sur une longue période. Le développement, quant à lui, se traduit par une amélioration des conditions de vie, ce qui le rend difficilement quantifiable, c'est pourquoi on se réfère à une mesure : l'IDH.

Le lien entre croissance et développement est complexe. Tantôt on remarque que la croissance est source de développement, tantôt on constate l'inverse.

Nous étudierons dans cette section la corrélation entre croissance et réduction de la pauvreté avant d'aborder l'expérience béninoise en matière de promotion de la croissance et lutte contre la pauvreté.

Paragraphe 1 : La corrélation entre croissance et réduction de la pauvreté

Bien que la croissance économique soit essentielle pour extirper les gens de la pauvreté, elle n'y suffit pas à elle seule. Le renforcement des institutions pour habiliter les citoyens qu'elles desservent est la base de la croissance inclusive, mesurée par l'égalité d'accès et de contribution aux avantages de la croissance économique.

1. Croissance et développement

Certaines théories énoncent que la croissance implique de manière induite le développement. En réalité, une intervention économique gouvernementale efficace peut favoriser une distribution plus équitable de la richesse entre riches et pauvres. Différents mécanismes permettent effectivement à l'État de jouer le rôle d'un «Robin des bois« des temps modernes. La gratuité de certains services (santé, éducation...), l'impôt progressif ou la sécurité du revenu garantissent un certain rapprochement entre les classes sociales. Il faut cependant noter que l'intervention gouvernementale dans les pays en voie de développement est très difficile, voire impossible dans bien des cas. Les institutions gouvernementales souvent archaïques de ces pays rendent difficiles la perception des impôts de manière rationnelle. C'est d'ailleurs une autre raison qui motive l'existence d'une si grande disparité au niveau des revenus de ces habitants qui fait de cet « argent dopant » un gonfleur des chiffres sans faire bouger le niveau de vie et ne créant en fait qu'une «croissance idéalisée ».

La vraie croissance économique est définie, elle, comme une augmentation soutenue pendant une période prolongée de la quantité de biens et de services matériels produits par une économie. Pendant la période où il est possible de faire des observations quantitatives, une amélioration qualitative des biens et services produits doit être associée à l'augmentation du bien-être matériel moyen. L'économiste Simon KUZNETS l'a définie comme : « la capacité d'offrir à la population une augmentation de quantité des biens et services par habitant »9(*).

Elle ignore aussi l'amélioration des conditions de travail, l'augmentation du temps de loisir, les services de santé, sans oublier la prise en compte des infrastructures de base. Cette insuffisance méthodologique dans les modes de calcul n'a fait qu'augmenter la confusion. S'ajoute à cela l'utilisation des gains dégagés à des dépenses qui ne sont ni redistributives, ni d'investissement (train de vie excessif de l'Etat, coût exorbitant de l'entretien des infrastructures, etc....).

Certes, on ne peut nier que croissance et développement sont deux notions indissociablement liées. Mais on oublie presque toujours la finalité des deux notions. Il est certain que le développement économique d'un pays ne peut se faire sans des mécanismes de croissance, mais pour qu'il y ait ce « linkage », il faut qu'il y ait croissance prolongée. Une expansion courte et forte est un premier pas. La durée d'un programme ou d'un plan de quatre ou cinq ans peut laisser apparaître une prospérité somme toute relative qui, si elle est mal répartie, ne peut résorber le sous-développement et peut même entraîner des déséquilibres.

Une croissance valorisante doit s'accompagner d'une diversification des activités économiques et suppose donc la création d'infrastructures (routes, barrages, ponts, grands projets agricoles) pour viabiliser les investissements directement productifs (les usines, les exploitations agricoles, les centres commerciaux, etc.). Ce qui suppose de longs délais de croissance soutenue. Si la croissance se poursuit au rythme de 7 à 8% par an pendant quinze ans dans un pays doté d'un espace économique de grande ou moyenne dimension, elle s'accompagne alors nécessairement d'effets de développement économique.

Or la plupart des pays sous-développés ont une croissance appauvrissante. Cette dernière n'a rien à voir avec les visions malthusiennes avec des limites démographiques, ni d'ailleurs celles dites écologiques, de mise aujourd'hui.

Les méthodes occultes, utilisées pour doper les chiffres cachent souvent le poids des sacrifices liés à toute croissance imparfaite : l'endettement, l'inflation, le chômage, la sur-urbanisation, les inégalités sociales.

2. Croissance et réduction de la pauvreté

La question de la réduction de la pauvreté par la croissance économique a fait l'objet de plusieurs controverses. Pour certains auteurs la croissance économique, socle de tout développement, permet de réduire considérablement la pauvreté. Pour d'autres, cette réduction de la pauvreté qui passe par la croissance économique n'est pas chose évidente.

La plupart des auteurs qui soutiennent la thèse selon laquelle la croissance économique permet de lutter contre la pauvreté, se fondent sur le fait que toute croissance économique génère des revenus qui profitent plus aux démunis.

Pour ces auteurs les revenus générés se traduisent simplement par une hausse du PIB réel par habitant.

SUBBARAO1(*)0 affirme que la croissance économique surtout celle agricole est un facteur déterminant dans la lutte contre la pauvreté. il cite en exemple des pays comme le Taiwan, la Malaisie, la Thaïlande, la Chine, qui ont connu des succès considérables en matière de lutte contre la pauvreté. Ces succès spectaculaires s'expliquent par des réformes agraires mises en place dans ces pays et les programmes développés par ces mêmes pays en vue de porter assistance aux petits paysans. Mais SUBBARAO, dans son développement, n'a pas su donner des informations sur comment cette croissance devrait être promue puisqu'une croissance économique génère des ressources pour un développement harmonieux et permet de financer les dépenses susceptibles d'améliorer les niveaux de vie des populations à la base. Selon TOVO, « les stratégies qui réussissent le mieux en matière de lutte contre la pauvreté, ont en général deux objectifs parallèles : en premier lieu, il faut stimuler la croissance économique afin d'augmenter la taille du gâteau à partager...  »1(*)1 Pour cet auteur, deux secteurs sont des sources potentielles de croissance. Il s'agit de l'agriculture et du secteur tertiaire.

Toutefois, il faut remarquer que la croissance économique n'est pas une condition suffisante du développement donc de la lutte contre la pauvreté, si celle-ci va de pair avec un accroissement des inégalités, une détérioration des conditions de vie pour les plus pauvres, la misère et la répression politique et sociale. La bonne gouvernance est donc un préalable à la réduction de la pauvreté.

La plupart des bailleurs de fonds, quant à eux, mettent l'accent sur la nécessité de :

? promouvoir une croissance économique durable favorisant un accroissement de la demande de main-d'oeuvre fournie par les pauvres et d'un accès plus large de ceux-ci aux ressources productives ;

? faire participer les pauvres au processus de développement.

D'ailleurs, la majorité des projets qui définissent des objectifs de croissance, d'emploi ou d'augmentation des revenus, sont formulés en misant clairement sur des personnes ayant déjà un minimum de capacités humaines, matérielles et/ou financières au départ. La réduction de la pauvreté extrême échappe donc aux projets et programmes à caractère économique sauf les projets d'infrastructures.

Pour les auteurs qui défendent la thèse contraire, ils avancent l'idée selon laquelle l'augmentation de la population absorbe toute augmentation de la production, et que le revenu par tête est condamné à stagner. Pour ces auteurs, la poussée démographique n'est pas un facteur de progrès donc de réduction de la pauvreté.

Soulignons que cette idée avait déjà été formulée au XIXème siècle par John STUART MILL : « La croissance de la population talonne les améliorations agricoles et efface ses effets aussitôt qu'ils sont produits »1(*)2. On avançait même que la thèse de Malthus qui s'était révélée fausse pour les pays riches, allait se vérifier au niveau planétaire. Il fallait donc selon une formule frappante « accroître la fertilité des sols et diminuer la fertilité des Hommes ».

Pour avoir une idée plus juste du bien-être économique des habitants d'un pays, il faut d'abord considérer le nombre d'individus qui profiteront de la richesse nationale (PIB). Par exemple, lors d'une célébration d'anniversaire, ce n'est pas la grosseur du gâteau de fête qui détermine si les convives présents combleront bien leur appétit, mais plutôt la portion qui se retrouvera dans chacune de leurs assiettes une fois le gâteau distribué. La logique est la même lorsque vient le temps d'établir le niveau de vie économique des habitants d'un pays.

Pour ces auteurs, l'accroissement de la population entraîne la nécessité d'investissements en infrastructures du type logement, éducation, santé, moins productifs que les investissements agricoles ou industriels alors que l'épargne a tendance à baisser.

Cependant, il faut remarquer que, bien que les investissements agricoles ou industriels soient générateurs de revenus contribuant à la réduction de la pauvreté, il faut dans un premier temps que les fruits de ces investissements soient accompagnés d'une redistribution parfaite des revenus. Deuxièmement, un développement industriel s'accompagne toujours d'effets néfastes liés souvent à la santé et nécessite également la formation des agents qui travaillent dans ce secteur. Un investissement industriel ou agricole doit alors s'accompagner d'un investissement en éducation et en santé bien que ces derniers ne soient pas directement productifs.

Paragraphe 2 : Les stratégies de réduction de la pauvreté au Bénin

La tradition est longue au Bénin en matière de lutte contre la pauvreté. L'histoire commence en 1980 avec des mesures concrètes qui ont été prises dans le cadre de l'amélioration de l'accès des pauvres aux services sociaux de base.

Nous ne mentionnerons pas les divers programmes arrimés au PAS et qui consistaient à réduire les coûts sociaux de l'ajustement structurel dont le plus important fut le Programme d'Actions Sociales d'Urgence (PASU). Ce programme prévoyait, entre autres, l'intégration au marché du travail d'anciens fonctionnaires « déflatés » sous le PAS et de jeunes diplômés. De grands travaux à haute intensité de main d'oeuvre ont été lancés avec la création d'agences spécialisées comme l'Agence de Gestion des Travaux Urbains à haute intensité de main d'oeuvre (AGETUR), l'Agence de Gestion de la Dimension Sociale du Développement (AGDSD)... Nous évoquerons plutôt : le Programme National de la Dimension Sociale du Développement, le Programme National de Développement Communautaire, la Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO), le Plan d'Orientation Nationale, les Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme  « ALAFIA 2025 »  et les Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP).

? Deux ans après le PASU, en juin 1994, une stratégie complémentaire a été élaborée par le gouvernement et ses partenaires et concerne la Dimension Sociale du Développement. Outre l'intégration de cette dimension dans le renforcement des politiques macroéconomiques et sectorielles, il a été retenu l'élaboration et la mise en oeuvre d'un programme d'intervention ciblée en faveur des couches vulnérables sur la base d'une approche participative des populations concernées et la recherche et la maîtrise des causes de la pauvreté à travers une observation dynamique des conditions de vie des populations.

? Le Programme National de Développement Communautaire (PNDC) adopté en 1998 visait à mettre en oeuvre une approche de développement planifié à la base à partir des besoins fondamentaux jugés prioritaires par les populations elles-mêmes. Ce programme ambitieux comporte six composantes axées sur des actions en faveur des communautés : éducation, formation, renforcement des capacités institutionnelles, promotion de la santé et de l'hygiène, gestion de l'environnement.

? Toujours dans le souci d'améliorer le bien-être de l'ensemble de la population, le Bénin a adopté en 1996 une Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO) révisée en 2006. L'analyse faite sur la famille et le statut de la femme, la couverture des besoins alimentaires et l'éducation a abouti à la définition de 16 objectifs (Cf. Annexe 2) dont la réalisation exige des investissements sociaux importants dans la durée ainsi que l'augmentation de l'emploi en quantité. Mettant l'accent sur le bien-être social, la DEPOLIPO est prévue pour couvrir une période de 20 ans.

? Le Plan d'Orientation Nationale visait la transformation à moyen et long termes de la structure de l'économie à travers une plus large ouverture sur les marchés extérieurs et un renforcement de la concurrence. Conçu dans un but de croissance économique, il s'est également fixé, dès son adoption en 1998, pour objectif de lutter contre la pauvreté au travers d'une croissance du revenu par tête. Au nombre de ses objectifs spécifiques, figurent : (i) l'augmentation progressive du PIB qui devrait atteindre en 2002 6,7% ; (ii) l'accroissement de la contribution du secteur secondaire à la formation du PIB.

? Divers foras, ateliers et séminaires, le tout regroupé sus le vocable NLTPS (Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme du Bénin à l'horizon 2025) ont contribué à l'adoption du schéma « alafia » faisant du Bénin à l'horizon 2025 « un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». Ces orientations intègrent, approfondissent ou réajustent certaines stratégies passées ou en cours de mise en oeuvre, soit parce qu'elles étaient mal appliquées, soit parce qu'elles sont porteuses d'impacts favorables à la vision à long terme.

? Les DSRP ont été fortement inspirés par le scénario « alafia », les objectifs de la DEPOLIPO, le tout dans le cadre général des OMD. Le Bénin s'est doté d'un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) intérimaire en 2000. Il a fallu attendre septembre 2002 pour que soit définie une stratégie triennale (2003-2005) pour servir de cadre de référence, de programmation et de budgétisation des actions du Gouvernement ainsi que de dialogue avec les partenaires Techniques et Financiers (PTF). La première Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP) a ainsi constitué le premier véritable exercice de planification participatif et intersectoriel qui a servi de cadre unique de dialogue entre le gouvernement tous les PTF. Cette SRP a mis l'accent sur les secteurs sociaux, conscient qu'est le gouvernement que l'accélération de la croissance constitue une condition nécessaire à la réduction de la pauvreté. Quatre axes prioritaires ont été retenus :

? le renforcement du cadre macroéconomique à moyen terme ;

? le développement du capital humain et la gestion de l'environnement ;

? le renforcement de la gouvernance et des capacités institutionnelles ;

? la promotion de l'emploi durable et le renforcement des capacités des pauvres à participer au processus de décision.

Des avancées notables ont été observées dans l'utilisation de l'approche participative, l'appropriation des mécanismes d'élaboration et de mise en oeuvre de stratégies multisectorielles et dans le domaine du suivi-évaluation. Elle a, en outre, fait prospérer l'association de la société civile et du secteur privé au processus d'élaboration d'un document d'orientation de développement au Bénin. La SRP 2003-2005 a permis d'atteindre des résultats concrets en matière d'amélioration des conditions de vie des populations. C'est de son évaluation qu'ont été tirés des enseignements ayant inspiré le deuxième Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP 2).

La deuxième Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP 2) a été définie pour la période triennale 2007-2009. Elle se démarque de la première par sa traduction termes de projets à travers le Programme d'Actions Prioritaires qui précise les actions à mettre en oeuvre au cours de la période 2006-2009. Cinq axes principaux ont été retenus :

? axe 1 : Accélérer la croissance ;

? axe 2 : Développer les infrastructures ;

? axe 3 : Renforcer le capital humain par la valorisation des ressources humaines ;

? axe 4 : promouvoir la bonne gouvernance ;

? axe 5 : Développer de façon équilibrée et durable l'espace national en vue corriger les disparités régionales.

La SCRP 2 a identifié un certain nombre de secteurs prioritaires que sont : l'éducation, la santé de base, les infrastructures (hydraulique et assainissement, énergie et transports, télécommunications), le développement rural, le développement de la microfinance et des Petites et Moyennes Entreprises, le renforcement de la protection sociale, la justice et la lutte contre l'insécurité, l'environnement et l'amélioration du cadre de vie, l'accélération des réformes administratives et la décentralisation (Cf. Annexe 3).

Pour le Bénin, toute action dans ces secteurs devrait permettre de lutter de manière significative, soit directement, soit indirectement, contre la pauvreté. La priorité pour les autorités béninoises est de parvenir en synergie avec les Partenaires Techniques et Financiers à agir absolument sur la pauvreté. Le bilan de la marche vers l'élimination, du moins la réduction de la pauvreté doit donc s'apprécier à travers les diverses contributions tendant à promouvoir les secteurs ci-dessus ciblés. Ce sera donc l'impact de ces interventions qui nous serviront d'indicateur pour apprécier le bilan de la réduction de la pauvreté au Bénin.

DEUXIEME PARTIE :

LES BANQUES DE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ : CAS DE BOAD

Dans les développements supra, nous avons abordé de façon théorique la notion de pauvreté et avons abouti à ce que fait le Bénin pour la réduire. Plusieurs documents soutendent la stratégie béninoise dont entre autres, la Déclaration du Millénaire (OMD), la Déclaration de Paris. Mais il y a également le traité de l'UEMOA dont l'organe de promotion économique, de financement et d'exécution des politiques de développement est la BOAD. Depuis sa création par accord signé le 14 Novembre 1973, la BOAD s'est engagée pour 451 projets de développement pour un montant cumulé de 1105,3 milliards F CFA.

Dans cette deuxième partie, il sera question s'examiner ce qu'ont apporté les 171 ,4 milliards de concours de la Banque dans la marche vers le développement et, par ricochet, la lutte contre la pauvreté au Bénin.

Chapitre I :

PLAN D'ACTIONS DE LA BOAD POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE

Les banques de développement relèvent d'une organisation structurelle des ensembles politiques et/ou économiques. Leur création se greffe à une norme juridique supérieure : le traité qui est en lui-même la source juridique de leur existence. Au plan mondial, nous avons l'ONU dont la banque de développement est la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD). La Banque Africaine de Développement (BAD) représente la banque chargée de promouvoir le développement équilibré des Etats Africains. Quant à la CEDEAO, c'est la Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) qui finance le développement des Etats membres. Dans la même lignée, la BOAD a été mandatée pour jouer ce rôle au sein de l'UEMOA.

Qu'est ce que la BOAD et comment intervient-elle au Bénin ? Tel sera l'objet de ce chapitre.

Section 1 : La BOAD et le financement du développement

La BOAD a été créée par traité signé le 14 novembre 1973. Son siège est à Lomé au Togo. Elle est chargée de conduire toutes politiques économiques communes en faveur du développement des populations des Etats membres et intervient sous plusieurs formes et dans divers domaines. Son organisation interne est l'une des plus modernes avec un niveau de déconcentration assez poussé.

Nous présenterons la Banque avant d'aborder ses moyens d'intervention pour la réduction de la pauvreté.

Paragraphe 1 : Présentation de la BOAD

Nous traiterons dans ce paragraphe des missions et objectifs de la BOAD, son actionnariat, son fonctionnement et ses relations avec d'autres organismes.

1. Missions et objectifs

A sa création, la BOAD comptait six (06) pays membres1(*)3 qui seront rejoints plus tard par le Mali (1er juin 1984). C'est suite à la transformation de l'UMOA en UEMOA avec pour Banque d'émission de la monnaie commune la BCEAO que la Guinée Bissau a été admise, le 02 Mai 1997.

La BOAD est un établissement public à caractère international qui « concourt en toute indépendance à la réalisation des objectif de l'UEMOA sans préjudice de ceux qui lui sont assignés par le traité de l'UMOA ». C'est l'article 2 de ses statuts qui précise son objet : promouvoir le développement équilibré des Etats membres et réaliser l'intégration économique de l'Afrique de l'Ouest. Cet objet sera rendu effectif à travers le financement des projets prioritaires de : développement rural, infrastructures de base et modernes, télécommunications, énergie, industries, transport, tourisme et autres services.

2. Actionnariat de la Banque

Le capital de la Banque est constitué uniquement d'apports en numéraires ou en valeurs mobilières par deux (02) catégories d'actionnaires. Les actionnaires de la catégorie A sont les pays membres et la CEDEAO alors que les membres titulaires des actions de série B sont des partenaires internationaux et régionaux.

L'annexe 4 nous présente la structure du capital social au 31 décembre 2007.

A ces fonds initiaux, s'ajoutent les dotations des Etats membres, les réserves, l'épargne régionale et les ressources mobilisées à l'extérieur de l'Union.

3. Administration de la Banque

La BOAD a à sa tête un Président ressortissant de l'un des pays membres. A ce dernier, sont rattachés des directeurs des chefs de département. Il est assisté d'un vice-président qui le supplée en cas d'empêchement. Les divers départements constituent des unités fonctionnelles ou administratives dont les actions concourent à la vie de la Banque. (Cf. Annexe 5)

Les organes délibérants sont au nombre de trois (03) :

? la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement ;

? le Conseil des ministres de l'UEMOA ;

? le Conseil d'Administration.

La BOAD dispose, en outre, d'une mission résidente dans chacun des pays membres, excepté le Togo qui abrite le siège.

Les comptes de la BOAD sont contrôlés par la BECAO et des Commissaires aux comptes de réputation internationale.

4. La coopération internationale

La BOAD a mis en oeuvre une politique coopérative qui revêt trois aspects principaux à savoir :

? la coopération bilatérale qu'elle entretient avec plusieurs pays (dont la France, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, le Japon, les Pays-Bas, le Danemark, la Chine, le Canada, la Finlande, le Norvège, la Suède) ainsi qu'avec le Fonds de l'OPEP, le Fonds Koweitien pour le développement économique de l'Afrique ;

? la coopération multilatérale est celle qui la met en relation financière et technique avec les institutions financières  telles que le groupe de la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Européenne d'Investissement (BEI), le groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale (BDEAC), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Banque Islamique de Développement (BID), la Banque Arabe pour le Développement Economique de l'Afrique (BADEA), le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) ;

? la coopération avec les Organisations et Institutions d'intégration économique permet à la Banque de développer avec celles-ci la synergie dans leurs interventions en coordonnant leurs programmes d'activités évitant ainsi la dispersion des ressources. Parmi ces institutions, nous pouvons citer : la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Fonds de Solidarité Africain (FSA), le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE).

Ainsi, la BOAD ne se contente par seulement de financer le développement et de promouvoir l'intégration. Elle joue un rôle de pourvoyeur de capitaux et d'intermédiaire financier car, avec ses partenaires, elle élabore des programmes d'investissement et suscite les concours pour leur mise en oeuvre à l'exemple du Programme Economique Régional (PER).

Paragraphe 2 : Les instruments et domaines d'intervention

1. Formes d'intervention

Les interventions de la BOAD se rapportent à son objet tel que défini à l'article 2 de ses statuts. Elles se présentent sous la forme de :

? concours au service des intérêts des emprunts contractés par les organismes communs de l'Union, les Etats membres, leurs collectivités et établissements publics, ou de prêts directs à ceux-ci ;

? participation à la mobilisation des ressources de financement par l'émission d'emprunts, la contraction de prêts, le bénéfice de contributions non remboursables d'autres institutions ;

? contribution à l'organisation et au financement des marchés monétaire et financier de l'UEMOA. Ceci consiste en l'achat ou la vente d'actions ou d'obligations de sociétés commerciales.

2. Domaines d'intervention

Pour le financement du développement, les actions la BOAD sont essentiellement orientées dans les domaines suivants : l'industrie et l'agro-industrie, le développement rural, les infrastructures de base et les infrastructures modernes, les télécommunications, l'énergie.

Ces actions sont exercées sous la forme de prêts ou d'allégements et de garanties d'emprunts. La BOAD prend aussi des participations au capital des entreprises ou institutions financières, ou assiste les petites et moyennes entreprises (PME) à travers des crédits directs ou refinancés.

Les graphiques ci-après nous présentent les répartitions sectorielle et catégorielle des engagements nets de la Banque au 31décembre 2007.

Graphique N° 1 : Répartition sectorielle des engagements nets de la BOAD au 31/12/2007

Graphique N° 2 : Répartition catégorielle des engagements nets au 31/12/2007

Ils nous permettent de conclure de l'importance accordée à l'investissement considéré comme vecteur de développement. Si le secteur privé a absorbé environ le tiers des engagements (29%), le secteur public marchand a été également promu presque dans les mêmes proportions (30%). La quasi égalité dans le financement des projets régionaux (46%) et nationaux (54%) témoigne du souci de la Banque de promouvoir l'Intégration dans une logique de codéveloppement des Etats.

Les prêts directs de la BOAD sont accordés dans le cadre de la réalisation des infrastructures modernes (routes, énergie), du renforcement des capacités productives des entreprises et du développement rural.

Le renforcement des capacités des entreprises concerne essentiellement des projets de promotion d'activités de service. Les réalisations d'infrastructures modernes regroupent autant les infrastructures d'interconnexion électrique, la construction de routes (routes nationales et routes inter-états) et de voies urbaines, le désenclavement des zones rurales que le développement de la couverture numérique. Quant au soutien au développement rural, les opérations ont trait essentiellement à l'entreprenariat des femmes et des jeunes ainsi que les activités génératrices de revenus.

Les prêts indirects sont octroyés aux institutions financières (les banques par exemple) en vue de les aider à promouvoir des investissements productifs.

La BOAD prend aussi des participations. Ceci consiste au rachat d'actions ou en la participation directe au capital de sociétés (SOAGA, CAURIS Investment S.A.). Cette forme d'intervention répond à la mission de structuration par la Banque des économies de l'Union.

Elle finance enfin des études de préparation de projets d'investissement.

A travers chacun de ses axes stratégiques, pour tenir compte des réalités conjoncturelles et rester fidèle à ses objectifs, la BOAD a développé une ligne d'opérations en faveur des couches sociales les plus vulnérables. Outre les projets routiers et toutes les autres actions de la banque concourant à l'amélioration du cadre et des conditions de vie des populations, la Banque met désormais l'accent sur l'action directe sur les pauvres. Par ce fait, elle participe dans le cadre général retenu par les Etats à la réduction de la pauvreté en concordance avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). D'ailleurs, en 2007, les concours dans le cadre des actions ciblées en faveur des couches sociales les plus vulnérables s'élèvent à 62,5 milliards FCFA soit 61% des approbations de l'année. C'est dire que la BOAD de plus en plus prend en compte la dimension endogène du développement et la nécessaire corrélation entre développement et réduction de la pauvreté.

Section 2 : Point de la coopération entre la BOAD et le Bénin 

La BOAD s'investit pleinement dans la promotion de l'intégration économique, le renforcement du secteur privé et la mise en oeuvre d'actions en faveur des couches sociales les plus vulnérables. La BOAD finance des projets nationaux et des projets régionaux. Notre bilan présentera l'ensemble des projets financés avant d'en étudier quelques-uns. Ceux-ci, dont les impacts socio-économiques sur les populations ont été mesurés directement suite à une enquête réalisée sur le terrain, ont influé différemment selon le domaine d'intervention.

Paragraphe 1 : Les opérations financées

Au 31 décembre 2007, les engagements nets cumulés de la BOAD (prêts et participations) en faveur du Bénin se composent de 140,5 milliards FCFA en faveur du secteur public et de 30,9 milliards dédiés au secteur privé.

Les financements consentis au secteur privé concernent 18% de l'ensemble des engagements de la Banque et ont permis la réalisation de 28 opérations à raison de :

? 27,2 milliards FCFA pour les prêts directs ;

? 3,7 milliards FCFA de prises de participation.

Le secteur public a bénéficié de 82% des engagements nets totaux de la Banque à travers le financement de 50 opérations d'un coût total de 140,5 milliards FCFA selon la répartition ci-après :

? 77,4 milliards FCFA pour la réalisation de 32 opérations dans le secteur non marchand ;

? 63,1 milliards FCFA alloués pour la mise en oeuvre de 18 projets du secteur public marchand.

L'Annexe 6 nous fournit une synthèse des opérations financées par la BOAD au Bénin depuis sa création.

Dans le domaine des « infrastructures modernes », les interventions représentent 54% des engagements nets cumulés, soit 92,6 milliards FCFA ; il s'agit du premier secteur de destination des financements de la Banque depuis trois ans. Le graphique n°3 présente la répartition des engagements cumulés du Bénin par domaine d'activité au 31 décembre 2007.

Graphique N° 3 : Répartition des engagements cumulés du Bénin par

domaine d'activité (en Milliards de FCFA) au 31/12/2007

Il ressort de ce graphique que la BOAD apporte une contribution significative à l'amélioration et au renforcement des infrastructures nationales, voire communautaires en vue de soutenir la croissance économique dans la zone UEMOA.

Ce souci de contribuer à l'accélération de la croissance économique a également motivé les efforts soutenus de la Banque dans le domaine des « Autres activités productives » dont les financements ont atteint 18,8% des engagements au 31 décembre 2007.

La Banque a consacré 50,1% de ses engagements au financement de projets régionaux qui ont concerné des opérations telles le renforcement du réseau routier, des infrastructures énergétiques, des télécommunications contribuant ainsi au renforcement de l'intégration régionale et de la compétitivité des économies de l'Union.

Les décaissements cumulés s'élèvent à 133,4 milliards FCFA représentent 77,8% des engagements nets de la BOAD. Ce montant se répartit comme suit :

Graphique N° 4 : Répartition des décaissements cumulés en faveur du Bénin

par domaine d'activité (en Milliards de FCFA) au 31/12/2007

Ces décaissements par domaine d'activité se situent à des niveaux très appréciables (au-dessus de 70%) dans pratiquement tous les domaines et maintiennent à 38 milliards FCFA soit 22,2% des engagements le solde à décaisser.

Les projets entièrement exécutés ou dont les prêts ou prises de participation sont entièrement décaissés sont au nombre de 60 pour un concours global de 94 milliards FCFA. Ceux qui sont en cours d'exécution et dont les prêts ou prises de participation ne sont pas entièrement décaissés sont au nombre de 18 pour 77,4 milliards FCFA. (Cf. Annexe 7).

Seize (16) projets étaient en cours d'instruction au 31 décembre 2007. Leur approbation par le Conseil d'Administration permettra la réalisation de douze (12) infrastructures modernes et quatre (04) dans le domaine des « autres activités productives ». 

Au total, les opérations de la BOAD avec le Bénin le placent au 3ième rang des Etats bénéficiaires avec un pourcentage de 15,5% derrière le Sénégal (20,8%) et la Côte d'Ivoire (18,9%). Ces opérations sont constituées pour 97,8% de prêts.

Paragraphe 2 : Etude de quelques projets réalisés : résultats d'enquêtes

Les financements de la BOAD influent différemment sur la pauvreté selon le domaine et la forme d'activité. En plus de l'impact de ses nombreuses actions sur la croissance économique et la diminution de la sévérité de la pauvreté, d'importantes interventions sont dirigées directement vers les couches les plus vulnérables. Ces interventions concernent, pour l'essentiel, les projets agricoles et hydro-pastoraux pour la création des centres de production et l'amélioration du niveau de vie des populations rurales. Des projets ont aussi trait à des domaines aussi variés que la lutte contre la désertification et I' érosion des sols. Il s'agira pour nous dans ce paragraphe d'évaluer les actions dans les domaines tels que :

? les infrastructures (modernes et de base) ;

? le développement rural ;

? les institutions financières et les entreprises de production ;

? les autres activités productives.

A l'interne, la BOAD a mis en place un système d'évaluation rétrospective de ses opérations. A chaque projet est associé également un rapport d'achèvement. Ces rapports expliquent le curriculum d'exécution du projet de même que les retombées ou résultats atteints.

Notre analyse s'appuie sur un questionnaire adressé aux populations bénéficiaires de ces projets ; leur avis compte en ce sens qu'ils sont les seuls à même de dire si oui ou non leur situation a changé (évolué), et dans quel sens. Les appréciations qu'ils ont eues par rapport à tel ou tel projet selon son champ d'action serviront dans la suite pour mesurer les impacts socio-économiques des financements de la BOAD sur la réduction de la pauvreté.

Au 31 Décembre 2007, les projets entièrement exécutés ou en passe de l'être sont au nombre de soixante (60) pour un concours global d'un montant de 94 milliards FCFA. On y retrouve dix-huit (18) pour le secteur privé c'est d'ailleurs selon cette subdivision que nous ferons le point de ces financements.

1. les opérations avec le secteur public

Elles peuvent être effectuées avec le secteur public marchand ou non marchand. Le secteur public non marchand est celui dont les activités concourent au bien-être de populations sans souci de profit par opposition aux entreprises publiques ou semi-publiques qui se comportent comme de véritables sociétés commerciales.

Les projets que nous présenterons ci-après nous permettront d'être édifiés sur l'apport de la BOAD pour le bien-être des populations.

? La route Savalou-Djougou

Savalou et Djougou sont deux villes du centre-ouest du Bénin ou la culture des noix d'anacarde et de l'igname est prépondérante. Cependant, la région n'arrivant, et ne pouvant, pas absorber la totalité de la production locale, il s'avère nécessaire de trouver des débouchés. Le tronçon reliant Savalou aux autres grandes villes (Dassa, Parakou, Cotonou) est bitumé. Celle qui va de Djougou à Savalou est praticable quatre mois sur douze. L'objectif du projet qui coïncide avec le voeu des populations est de permettre (i) une bonne circulation des biens et des personnes dans un but (ii) d'accroissement significatif des revenus des populations des régions desservies à travers (iii) la ventilation des récoltes.

L'évaluation de ce projet et la constatation de la réalisation ou non de ces objectifs s'appuient sur les enquêtes directes auprès des populations. En effet, ce projet permettra aux populations couvertes, en augmentant leurs revenus, d'atteindre l'objectif monétaire de réduction de la pauvreté tout en leur permettant d'accéder plus facilement aux services sociaux de base.

Au terme du questionnaire d'enquête que nous avons effectué, les changements significatifs observés renvoient aux résultats suivants :

? outre l'objectif n° 2 de la SRCP à savoir le développement des infrastructures, il répond au développement équilibré et durable des régions et localités (axe 5) ;

? les populations estiment dans leur immense majorité que la construction de cette route a réduit sensiblement leurs difficultés. En outre, elle leur a permis de (i) s'approvisionner facilement en produits alimentaires et non alimentaires ;(ii) de se rendre facilement dans les centres de santé en cas de besoin, les soucis liés aux conditions difficiles de circulation étant réglés ;(iii) d'écouler plus rapidement leurs produits ; (iv) de réduire les coûts des facteurs.

? La route Cotonou - Porto-Novo

Réalisée en 2000 pour un coût global de 11 milliards dont la moitié financée par la BOAD, ce projet a été conçu dans un but de simplification des difficultés inhérentes à la circulation sur cette route. Cotonou, capitale économique, et Porto-Novo, capitale politique et ville frontalière du Nigéria ne sont distantes que d'une trentaine de kilomètres qu'il fallait parcourir en quatre vingt dix minutes. La route construite depuis plus de trente ans est dégradée et ralentit, sinon réduit considérablement les possibilités d'échanges avec ce grand voisin. Il importe d'autant que les résidents du Sud-est n'ont accès que partiellement aux produits manufacturés venant par la mer.

La réalisation du projet permettra à terme :

? la fluidité, la sécurité et la célérité du trafic routier entre les deux villes ;

? le transport facile et l'approvisionnement régulier en produits de première nécessité ;

? la libre circulation, en l'occurrence, des populations de Porto-Novo, majoritairement musulmane, dotées d'aptitudes commerciales, de se trouver une place favorable à des activités commerciales florissantes ;

? beaucoup d'institutions de la République se trouvant à Porto-Novo, notamment l'Assemblée Nationale, il faut offrir aux députés des conditions favorables à un bon exercice de leur mandat ;

? la saturation démographique de la ville de Cotonou n'offre pas aux travailleurs la possibilité une fois installés à Porto-Novo de changer de résidence lorsqu'ils doivent être affectés à Cotonou dans le cadre des activités professionnelles.

Au terme de l'enquête, on peut récapituler ci-après les résultats :

? les usagers du tronçon sont satisfaits dans leur majorité de la route construite ;

? pour un grand nombre, cela a permis la réduction des frais de transport et la rapidité ;

? les taxis, minibus et bus ont connu un essor ;

? les commerçants se sont estimés heureux car ils arrivent à aller mener tranquillement et librement leurs activités qui, à Cotonou, qui, à Porto-Novo.

Outre ces aspects subjectifs, l'exécution des projets routiers crée des emplois. L'intensité de la main d'oeuvre engrangée permet à ces individus une fois le projet achevé de se reconvertir à partir des revenus obtenus dans d'autres activités (le taxi-moto, la gestion des cabines téléphoniques), ce qui n'aurait pas été possible s'ils n'avaient pas eu l'occasion d'être employés sur les chantiers.

? le projet d'aménagement de l'accès et de la traversée de Cotonou

Ce projet fiancé à concurrence de 40,7%, soit 1,9 milliards FCFA a eu pour impact direct :

? la réduction des temps de mouvement entre les diverses zones desservies ;

? le développement des quartiers ;

? la réduction du coût de maintenance des véhicules ;

? l'amélioration des conditions de santé et d'hygiène grâce aux ouvrages d'assainissement.

Certains quartiers de la ville donnaient en effet l'impression d'appartenir à un autre monde. La disparité d'urbanisation entre le centre-ville et la périphérie était perceptible. La mobilité humaine étant par hypothèse vecteur de développement, la fréquentation des centres de santé, des écoles a été facilitée. Ce projet s'inscrit dans le cadre général du plan de construction de routes et d'infrastructures sanitaires, axe 2 de la SCRP.

? Projet hydraulique pastorale et agricole

Il a concerné la partie septentrionale du Bénin. Pour un montant total de 4,800 milliards, il a été financé pour 84 % par la BOAD. Le projet ciblait une aire géographique de 220 ha dans le département de l'Alibori. Au terme de sa mise en oeuvre achevée en 2007, les constats suivants ont été faits :

? la sécurité alimentaire a été améliorée à concurrence de 75% contre 31 avant son exécution ;

? l'aménagement des périmètres irrigués a permis la disponibilité de l'eau pour la culture des céréales ;

? certaines populations ont d'ailleurs avoué que désormais cette sécurité alimentaire leur permet de se rendre sans complexe à l'hôpital en cas de malaise sans crainte de se faire « réprimander » pour ne pas avoir mangé ;

? ils ont eu les moyens de se construire des logements décents avec les fruits issus de la vente de leurs récoltes ou de leurs animaux désormais sauvés de la déshydratation dû à la sécheresse grâce à la disponibilité permanente de l'eau ;

? la production de riz a connu un boom passant de 4,5 tonnes /ha à 7 tonnes/ ha dans les grands périmètres rizicoles ;

? la pêche a également connu un essor grâce aux nombreux points d'eau crées.

? Développement rural Atacora, phase 2

Il s'agit ici de :

? renforcer les capacités et la sécurité alimentaire ;

? intégrer les migrants dans leurs communautés ;

? améliorer la productivité d'origine ;

? augmenter le rendement agricole en réhabilitant les petits périmètres irrigués, en favorisant une meilleure gestion de l'eau et à la traction animale.

Dans l'Atacora, Nord-ouest du Bénin, le projet a été lancé en 2004 et est à sa phase terminale. Sur le plan de l'impact socio-économique,

? plus de 370 ha sur les 450 ha envisagés ont été développés ;

? 64% des terres développées ont été allouées par le projet et exploitées ;

? les techniques d'irrigation des champs rizicoles selon les recommandations du WARDA ont été mises en oeuvre ;

? des organisations paysannes ont vu le jour et fonctionnent comme de véritables mutuelles associatives ;

? le rendement des sols a été significativement amélioré ;

? si le projet n'a pas permis le retour des exilés, il a tout de même permis le maintien surplace des populations qui se sont rendues compte que le bonheur n'est pas ailleurs ;

? il a changé les conditions de vie de 474 familles soit 3792 personnes.

? Extension du réseau électrique dans les régions périphériques de Parakou et Tchaourou

Logé dans le département du Borgou au Nord-Bénin, il a concerné les communes voisines de Parakou et Tchaourou et a consisté à étendre le réseau moyenne et basse tensions afin d'électrifier les centres secondaires des communes sus indiquées. Il s'est agi de construire les lignes du réseau pour un transport efficace et efficient du courant électrique. Ceci devra permettre d'améliorer les conditions de 30 000 individus en 2008, 42 000 en 2010 et 54 700 en 2014. Le coût total de ce projet est de 1,159 milliards FCFA dont la Banque a financé 80%, soit 992 millions FCFA.

Au terme de l'enquête réalisée, les populations se sentent satisfaites car plus proches désormais des habitants des autres villes environnantes. Le sentiment d'appartenance à une même communauté et à un même groupe social renforce les liens familiaux, sociaux et leur permet de mener des activités ensemble.

2. les opérations avec le secteur privé

En faveur de ce secteur, la BOAD a considérablement renforcé ses interventions ces dernières années. Cette ligne d'actions consiste, tel que clairement affirmé par les Etats membres de l'UEMOA, à diversifier les activités de production et faire du secteur privé une nouvelle source de création d'emplois. Par rapport au secteur privé, les interventions de la BOAD peuvent prendre l'une des formes ci-après :

? allocation des ressources à moyen et long termes pour le financement de projets nationaux et/ou régionaux ;

? concours indirects et assistance aux PME à travers l'assistance aux institutions financières nationales et aux agences de promotion des PME ;

? participation au capital des entreprises financières et non financières ;

? réalisation d'études de faisabilité ou conduites d'études.

Si la BOAD soutient le secteur privé, c'est parce qu'il est générateur d'emplois, particulièrement dans les régions urbaines. Faute de qualification, la majorité des jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi envahissent ce secteur qui constitue pour eux le chemin du salut. La Banque oriente son action sur les facteurs à même d'impulser le développement des PME en promouvant un secteur privé compétitif et un environnement juridique favorable et stable.

Nous analyserons brièvement quelques actions en faveur de la promotion et du financement de l'investissement productif.

? Implantation de l'usine d'égrenage de coton «LE LABEL COTON BENIN SA«

C'est une société à capitaux privés spécialisée dans l'égrenage du coton et la production des produits dérivés. Sur les 6 milliards du projet, la BOAD a apporté 2,5 milliards, soit 41% du coût global. La société installée à Cana à 120 km de Cotonou a développé une main d'oeuvre permanente de 20 employés et 346 ouvriers et manoeuvres en période de campagne agricole, sans oublier l'abondante main d'oeuvre mise en oeuvre lors de l'implantation de l'usine.

? Prise de participation au capital social de la BOA-BENIN

Contre un montant de 11 millions FCFA, la BOAD est devenu actionnaire de la BOA-BENIN à hauteur de 10,6% en 1995. Outre les dividendes espérés, cet apport permet à la BOAD d'avoir une vue sur les activités de cette banque et lui donne par l'occasion les moyens de mettre en oeuvre indirectement sa politique de distribution de crédit et de promotion de l'activité économique.

? Prise de participation au Fonds GARI

C'est une institution créée en 1994 ayant pour objectif d'aider les entreprises en offrant aux établissements d'octroi de crédits les garanties dont elles pourraient avoir besoin pour l'octroi aux entreprises des financements à moyen et long termes nécessaires à la réalisation des investissements productifs. Pour un montant de 1,496 milliards FCFA, la Banque a une part de 11,6% au fonds en concours avec l'Agence Française de Développement (AFD). A travers ce Fonds, les entreprises ont facilement accès au financement bancaire de leurs besoins en crédit.

? La Banque régionale de Solidarité (BRS)

Le Holding du Groupe BRS est une Société Anonyme avec Conseil d'Administration, créée le 10 mai 2004 à Lomé avec comme fondateurs quatre vingt sept (87) actionnaires, personnes physiques et morales.

Le noyau dur de l'actionnariat du Holding est composé d'actionnaires stratégiques et de référence dont le poids financier, la renommée, la crédibilité ou le secteur d'activité sont susceptibles de faciliter la réalisation de la mission et des objectifs confiés au Groupe. Il s'agit :

? des institutions de l'UEMOA à savoir : les Fonds d'Action Communautaire de l'UMOA (FAC-UMOA), la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ;

? des organismes ou établissements financiers nationaux impliqués dans la collecte de la petite épargne, la gestion de fonds affectés et la distribution de microcrédits ;

? des compagnies d'assurances, fonds de pension et de garantie ;

Le holding du groupe de la Banque régionale de solidarité (BRS), surnommée "la banque des pauvres" de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a pour objet de promouvoir l'emploi indépendant en faveur des populations traditionnellement exclues du système bancaire. Sa population-cible est principalement :

? les diplômés sans emplois de l'enseignement supérieur, général, technique ou professionnel, des écoles des arts et métiers ;

? les apprentis ayant achevé leur formation auprès d'un maître-artisan dûment inscrit sur le registre des artisans de son pays et reconnu par ses pairs ;

? les coopératives non financières d'ouvriers, d'agriculteurs ou d'artisans ;

? les opérateurs de micro-activités de production aspirant au développement ou à la modernisation de leur activité ;

? les Systèmes Financiers Décentralisés, pour leurs besoins de refinancement ou des lignes de crédit.

? Cette clientèle s'est estimée globalement satisfaite. En effet, les banques classiques octroient difficilement des crédits à des personnes ne présentant pas des garanties de remboursement traduites par des sûretés réelles. La BRS, de son côté, se penche plutôt du côté de ceux-ci car, sans une activité génératrice de revenus, ces garanties sont difficilement constituables.

Ces diverses appréciations rendent compte des « bienfaits » des actions de la BOAD sur la réduction de la pauvreté. Certes, la liste n'est pas exhaustive ; car les réalisations sont nombreuses. En revanche, ce tableau rose ne doit pas nous faire perdre de vue les écueils inhérents à toutes oeuvres humaines, ratés dont il sera question dans le chapitre suivant qui proposera également des pistes pour une meilleure efficacité de la BOAD en matière de réduction de la pauvreté.

Chapitre 2 :

APPORTS DE LA BOAD A LA REDUCTION DE LA PAUVRETE : ECUEILS ET SUGGESTIONS

Les contributions directes de la BOAD à l'endroit des couches vulnérables atteignent 31% des prêts et participations accordés au Bénin à la date du 31 décembre 2007. Le développement n'étant pas exclusif de la croissance voire de la pauvreté, les engagements sectoriels ou catégoriels ont un impact certain sur la réduction de la pauvreté. En effet, en appuyant par exemple les institutions financières, la Banque renforce et augmente leur capacité de gestion ou de financement. Le volume des crédits accordés par celles-ci permettra aux entreprises bénéficiaires de se développer ; ce qui permettra à celles-ci de recruter du personnel, donc de créer des emplois.

Ainsi, toute action de développement agit sur la pauvreté.

Dans ce chapitre, il sera essentiellement question d'analyse les résultats atteints et d'envisager des pistes d'amélioration. Bien entendu, il ne sera pas question de « juger » de l'atteinte ou non des objectifs.

La BOAD a élaboré depuis 1990 un document portant sur les directives générales relatives aux procédures d'évaluation rétrospective des opérations. L'étude permet, en effet, de confronter les résultats obtenus aux objectifs prédéfinis.

Section 1 : Insuffisances relevées dans la mise en oeuvre des projets

Au-delà des résultats atteints, il existe des contraintes dont la bonne appréciation pourrait permettre l'amélioration des performances de la Banque, ainsi qu'elle accélérerait la marche vers l'atteinte des objectifs de développement à savoir les OMD et ceux visés par la SCRP. Nous relèverons les déficiences au niveau de la Banque et les problèmes relevant de l'Administration Béninoise.

Paragraphe 1 : Insuffisances au niveau de la Banque

Il n'a pas été facile dans le contexte de la BOAD de surfer sur les éléments subjectifs sur lesquels une action à moyen et long terme induirait une dynamique nouvelle à l'efficacité de la BOAD.

Les analyses précédemment faites nous ont permis de conclure qu'au 31 décembre 2007, la Banque n'a concouru qu'à hauteur de 4,3% au financement des entreprises. Cette contribution reste relativement modeste, comparée à celle d'autres institutions multilatérales comme la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, Le Fonds Européen de Développement dont les contributions ont varié entre 6 et 8% sur la période 2000-2007.

De même, selon une étude interne, la BOAD a conclu que, en 2003, « les interventions de la Banque en faveur du secteur public non marchand sont restées relativement faibles par rapport aux besoins de Etats membres ; elles ont représenté en moyenne des concours de l'ordre de 2,4 milliards FCFA par Etat et par an.  »1(*)4

Si les projets du secteur public marchand ont permis de renforcer la structure financière des entreprises d'Etat, notamment celles du secteur énergétique et des télécommunications, ils n'ont, par contre, pas été suffisants pour relever considérablement la capacité d'autofinancement desdites entreprises. En effet, la garantie étatique offerte pour les lignes de crédit accordées sont parfois dispensatrices des conditions minimales exigées par la Banque.

Par ailleurs, l'affectation des ressources accordées aux secteurs vitaux ne semble pas avoir privilégié l'amélioration de la disponibilité et de la qualité des services essentiels. En effet, une partie non négligeable de ces ressources a parfois, voire souvent, servi de financer des dépenses improductives telles que les achats de véhicules coûteux aux fonctionnaires gestionnaires des projets. Le choix du recours à l'assistance technique est souvent laissé à l'appréciation de la partie béninoise dont l'expertise n'est pas discutable mais qui peut donner lieu parfois à une collusion. De telles libertés réduisent l'efficacité de l'aide et rendent mitigé son impact sur le développement humain.

Le secteur de l'éducation est l'un des piliers du développement dans la mesure où l'ignorance est la pire maladie à l'origine de l'aggravation de la pauvreté humaine. Les concours de la BOAD ont été marginaux vis-à-vis de ce secteur. Les investissements dans le domaine du développement rural n'ont souvent pas de rubrique affectée à l'éducation des adultes.

Concernant les délais de la Banque en matière de financement, une lecture de la synthèse des opérations au 31 décembre 2007 fait ressortir un délai moyen de 4 ans 9 mois entre la date d'approbation et celle de mobilisation des fonds. Ces délais sont parfois allés jusqu'à 12 ans ; ce qui peut fausser considérablement l'efficacité des projets et rendre les investissements inopérants car les problèmes et le diagnostic pourraient entre-temps avoir changés. Chaque projet soulève des problèmes qui lui sont propres : la participation des divers spécialistes est alors susceptible de varier considérablement en durée. Les études de factabilité ne sont donc pas des exercices de virtuosité mais une démonstration logique et cohérente de la validité d'un projet.

Plus particulièrement, dans le domaine du développement rural qui compte pour plus de 14% des décaissements, des problèmes ont été fréquemment relevés qui concernent :

? la gestion et la maintenance généralement défectueuse des investissements mis en place ;

? la non disponibilité de certaines pièces de rechange et parfois de personnel qualifié ;

? la non maîtrise technique de la gestion et de la maintenance des aménagements ;

? la préparation insuffisante des bénéficiaires pour la prise en charge des aménagements transférés suite au désengagement de l'Etat des secteurs productifs amorcé dans le cadre de restructuration du secteur agricole.

L'amenuisement des ressources de la Banque, malgré l'évolution des fonds propres qui sont passés de 72 milliards en 1998 à plus de 139 milliards en 2007, ne suffit plus à lui assurer les moyens nécessaires pour contribuer à un niveau significatif à faire reculer la pauvreté.

Paragraphe 2 : Insuffisances au niveau de l'Etat béninois

Plusieurs facteurs participent ici à la mauvaise efficacité des projets de développement. L'expertise nécessaire pour mener à bien et à bon terme les projets ne fait défaut. Cependant, il est fréquent de constater que des projets, s'ils n'arrivent pas à leur terme, sont parfois mal exécutés.

Des difficultés liées, d'une part aux lourdeurs administratives, d'autre part aux problèmes de gestion rendent les projets plus coûteux et entament leur rentabilité. Si les projets sont exécutés dans une logique de réduction de la pauvreté, c'est d'abord au bénéfice des populations ; or ce sont ces mêmes populations qui s'indignent du train de vie déplacé des acteurs d'exécution de ces projets. L'investissement d'une bonne partie des fonds dans les dépenses de fonctionnement telles les primes, frais de missions et commissions sur marché réduit les opportunités des populations à tirer profit des concours de la BOAD qui comportent de ce fait une part d'iniquité et d'instabilité.

Si les taux sont préférentiels, ils doivent permettre aux populations de jouir convenablement de cette manne communautaire qui est destinée à améliorer leurs conditions de vie.

Il est nécessaire que les finances publiques soient assainies. La mauvaise gestion frappe souvent les fonds mis à disposition. La justification du service fait n'intervenant souvent qu'après le décaissement des fonds, et échappant parfois à la législation financière nationale, les malversations ne sont pas facilement décelables.

En direction du secteur privé, les interventions sont faibles et méritent d'être relevées. Des enquêtes menées par le cabinet Performances dans le cadre d'une étude montrent que le développement des PME passe par trois axes majeurs :

? Un environnement global incitatif et cohérent ;

? Un dispositif d'appui direct performant ;

? Une offre de financement adaptée.

Au Bénin comme dans le reste de l'espace UEMOA, l'engagement envers les entreprises est affiché au plus haut niveau mais demeure peu décliné à travers les politiques et institutions ; ce qui ne donne pas entière confiance à l'emprunteur (BOAD) pour financer des investissements. En dépit des divers fonds de garantie, l'orthodoxie bancaire rechigne l'improvisation. L'article 21 du Protocole Additionnel n°2 : « La politique commune des pays de l'UEMOA vise l'émergence d'entreprises performantes, y compris communautaires, aptes à satisfaire à des conditions compétitives la demande intérieure, à affronter la concurrence internationale et favoriser le progrès social » ne trouve pas encore entière application.

Section 2 : Suggestions pour une efficacité accrue des actions de la BOAD en faveur de la lutte contre la pauvreté

Il s'agira dans cette section de faire des propositions et d'envisager des perspectives dans le sens d'une plus grande efficacité de la BOAD dans la réduction de la pauvreté au Bénin. En l'absence de données empiriquement fondées, nous voudrions, dans les lignes à suivre, faire quelques propositions dans le sens de la correction des faiblesses en matière de lutte contre la pauvreté.

Paragraphe 1 : Actions à mener par le Bénin

Nous envisageons au premier abord l'assainissement des finances publiques. Il faudra éviter la désintégration de la gestion des affaires publiques. La mauvaise gouvernance, la corruption et autres actes de malversation enverront toujours les fonds empruntés vers des destinations autres que celles pour lesquelles les dettes ont été contractées.

S'agissant des contraintes qui entravent la bonne exécution des projets, il est indispensable de prendre les dispositions appropriées comme :

? impliquer les populations dans l'identification, la conception et la réalisation des projets de manière à répondre à leurs préoccupations d'une part et, d'autre part, faciliter l'appropriation des aménagements par lesdites populations ;

? prévoir nécessairement dans les programmes et projets des volets formation et structuration des organisations paysannes de manière à les préparer à jouer conséquemment leur rôle futur dans la prise en charge des infrastructures.

? Un « package » doit être donné à chaque pauvre, plutôt que des programmes partiels et épars. Les ménages pauvres pourront ainsi bénéficier concomitamment de crédit, de formation, d'assistance technique et technologique, d'infrastructures modernes.

L'amélioration des mécanismes de suivi doit être envisagée. Les missions de supervision doivent être rigoureuses et menées comme de véritables enquêtes de rapport à mi-parcours. Les documents d'évaluation et d'audit ne doivent de fait plus constituer une bibliothèque dormante mais un outil précieux sur la base duquel l'octroi de concours similaires doit reposer pour permettre une rentabilité plus grande des projets. A cet effet,

? une haute priorité doit être donnée à la bonne exécution des programmes et à l'évaluation, visant une bonne qualité totale dans les services rendus. Outre une bonne identification des projets à mettre en oeuvre, il importe de définir des manuels de procédures et des indicateurs de performances, ainsi que d'informatiser le système de suivi ;

? les projets doivent être évalués avec toute l'attention requise, avant leur exécution, de façon à veiller à ce qu'ils restent cohérents avec les objectifs à long terme du gouvernement ;

? Le coût de gestion administrative des programmes doit être maintenu aussi bas que possible, en rationalisant les procédures ;

Pour ce qui concerne l'exécution des projets, une priorité doit être donnée aux diverses directions techniques du Ministère chargées du plan et celles du Ministère chargé des Finances dans leur exécution. Celles-ci doivent être dotées de moyens suffisants et l'autonomie des cellules de gestion des projets à leur égard réalisée.

Paragraphe 2 : Renforcement des moyens d'actions de la Banque

Le premier axe d'intervention que nous pouvons envisager est l'accroissement de l'autonomie de la Banque.

Pour ce faire, la première action serait de la doter en ressources internes pérennes en faisant appel aux 504,067 milliards FCFA du capital non appelé et faisant effectivement libérer par les actionnaires l'importante part du capital appelé non encore libéré, soit 98,508 milliards FCFA. Par ailleurs, l'on peut recommander la recherche d'éventuels investisseurs pour la souscription des 25,9 milliards non souscrits. C'est une manne financière qui peut permettre à la Banque de renforcer durablement son portefeuille. Ses actions d'appui au développement des Etats membres n'en seront que renforcées et elle pourra ainsi répondre aux attentes des Etats membres pour un accroissement significatif de son appui à leurs efforts de lutte contre la pauvreté et d'intégration économique.

En direction du secteur privé, il urge de le réorganiser et de le dynamiser. Le Bénin doit aller plus loin que la définition consensuelle de la PME. Nous recommanderons à l'endroit du gouvernement la création d'un environnement favorable à l'émergence et à l'éclosion de grands groupes industriels compétitifs pouvant avoir facilement accès aux financements de la BOAD à travers des lignes de crédit concessionnelles. Il est également important que la BOAD étudie la possibilité de céder celles de ses participations non nécessaires à la solidité des banques commerciales, en vue d'utiliser les moyens ainsi dégagés, à la promotion d'autre entreprises financières ou productives génératrices de valeur ajoutée en vue d'accroître sa capacité de financement des autre secteurs productifs car l'investissement est vecteur de développement, donc promoteur de croissance.

Il faudra ensuite doter les différents fonds de la Banque de textes clairs et envisager leur fusion éventuelle tout en respectant les idées mères qui ont soutendu leur création.

C'est un grand pas pour la BOAD que de participer à l'Initiative PPTE. Cela a permis au Bénin de bénéficier de près de 29 milliards FCFA au titre d'allègement de la dette, lesquels ressources ont été consacrés à l'amélioration de l'accès à l'éducation et à l'eau potable, à la lutte contre la pandémie VIH/SIDA ; il serait aussi souhaitable que l'affectation des fonds issus de cette initiative soit suivie par la Banque.

La BOAD investit peu dans le capital humain. Il faudra inclure dans ses programmes futurs ce volet très important pour l'atteinte des OMD qui constitue également l'axe 2 de la SCRP. Certes, d'autres bailleurs interviennent dans le secteur de l'éducation et des services de santé. Leur efficacité n'est pas remise en cause mais si sur une base culturelle - conséquence de l'appartenance à des groupes culturels voisins - des actions communes sont menées dans le domaine de la formation et de la santé, celles-ci seraient mieux appréciées.

Il serait donc intéressant qu'à l'image du Programme Economique Régional (PER)1(*)5 une stratégie commune de réduction de la pauvreté soit définie selon des axes bien déterminés, les problèmes de développement n'étant pas les mêmes mais quasiment similaires.

A travers les analyses qui précèdent, il ressort que l'exploration des actions de la BOAD peut servir plusieurs investigations en matière de formulation de politiques économiques de croissance et de stratégies communes d'amélioration du bien-être social. Ainsi pour réduire la pauvreté au Bénin, la BOAD doit continuer de financer des projets de le sens de :

? la mise en oeuvre des politiques sectorielles pour le développement et le renforcement du tissu productif ;

? la diversification des filières agricoles et la promotion des activités de transformation agro-artisanales et agro-industrielles : compte tenu de leur fort potentiel de éduction et de la concentration des individus pauvres dans ces secteurs, toute action ciblée sur ces secteurs permettrait d'améliorer les revenus des couches les plus vulnérables et les sortir du dénuement comme démontré supra ;

? orienter les politiques sectorielles de façon optimale suivant les objectifs fixés en matière de réduction de la pauvreté :la décomposition de la matrice de comptabilité sociale fait ressortir que certains secteurs sont plus réducteurs de la pauvreté que d'autres en milieu rural (agriculture, agro-industrie et agro-artisanat) alors que d'autres le sont davantage en milieu urbain (éducation, santé, autres services non marchands) ;

? L'investissement dans le capital humain des pauvres (éducation, formation professionnelle) afin d'assurer une formation de qualité en vue d'augmenter la productivité globale des facteurs de production détenue par les pauvres ; ce qui leur permettra de participer effectivement au processus de production.

Des changements doivent être mis en oeuvre pour remédier aux points faibles ci-dessus énumérés. Pour que la BOAD centre davantage ses opérations sur la lutte contre la pauvreté, elle doit mettre les questions se rapportant à la pauvreté au coeur des stratégies nationales et régionales, de même qu'elle doit surveiller son évolution dans les pays recevant des prêts de sa part.

CONCLUSION

En somme, la pauvreté est multidimensionnelle. Elle évolue dans l'espace et le temps. Les transformations structurelles des conditions de vie des populations évoluent en enrichissant le débat sur les formes de pauvreté et la façon de mieux combattre ce phénomène. Dans ce contexte, la communauté du développement détermine deux grandes formes de pauvreté : la pauvreté monétaire et la pauvreté d'existence. Ces deux formes sont cependant interagissantes et les stratégies pour les juguler ne peuvent être indépendantes.

La pauvreté, c'est la lutte pour assurer un repas consistant par jour qui disparaît en cas de difficulté ; c'est les habitations en matériaux précaires vulnérables aux intempéries, c'est l'absence d'eau potable, de latrine, d'électricité, c'est l'accès difficile aux services sociaux de base (écoles, centres de santé, marchés, encadrements techniques, crédits, etc.), c'est aussi le désespoir face à la non rentabilité des activités génératrices de revenus. Face à ces maux, la BOAD tente de dire non.

En agissant sur les secteurs porteurs, elle participe à la promotion de la croissance. Le développement n'étant pas exclusif de l'amélioration des conditions de vie des populations, ses actions tendent à apporter à ces populations les conditions pour une vie meilleure. Partant de l'amélioration du pouvoir d'achat à la mise à disposition des services sociaux de base, les projets nationaux de la BOAD permettent au Bénin de réaliser et mettre en oeuvre son plan de lutte contre la pauvreté.

Les financements ont concerné presque tous les secteurs d'activité : transformation des produits locaux, densification du tissu industriel, soutien au processus de désengagement de l'Etat des secteurs productifs, modernisation de l'outil de production, amélioration des services (transports et hôtellerie), amélioration de la compétitivité des infrastructures. Cependant, le secteur privé n'a pas reçu l'indice de priorité nécessaire pour insuffler un taux de croissance suffisant pour atteindre à court terme les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et ceux de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté.

Les financements des actions au profit des populations vulnérables et visant l'amélioration durable des conditions de vie des populations ont permis la réalisation de projets de développement qui ont contribué au renforcement de l'autosuffisance et de la sécurité alimentaires ainsi qu'à l'amélioration des revenus des populations.

Au total, les actions de la BOAD en faveur de la lutte contre la pauvreté ont contribué à l'amélioration de la situation alimentaire et nutritionnelle et du statut socio-économique par la promotion d'activités génératrices de revenus, du cadre de vie, ainsi qu'à la limitation de l'exode.

Si la BOAD a accumulé au fil des années une expertise avérée en matière de mise en oeuvre des projets de développement qu'elle pourra mettre au service des Etats membres, elle devra, en outre maintenir ses orientations et priorités d'intervention en leur faveur tout en continuant à soutenir les stratégies et programmes d'investissement communautaires. La principale contrainte demeure l'insuffisante disponibilité de ressources concessionnelles dont la dotation lui permettra de disposer de moyens idoines pour répondre aux attentes des populations par un accroissement significatif de son appui aux efforts de lutte contre la pauvreté.

Cette coopération peut devenir plus efficace si un grand nombre de problèmes de gouvernance en matière de développement sont résolus. La mise en place d'indicateurs de suivi concertés au niveau national semble être un moyen particulièrement efficace pour améliorer la gestion de l'aide.

C'est la seule façon d'intégrer le grand concert des nations et de faire preuve de reconnaissance à la grande bataille que nos valeureux héros ont mené pour notre indépendance, dans le but d'avoir un pays juste et prospère pour tous ses fils.

« Mieux vaut tard que jamais ».

BIBLIOGRAPHIE

I - Ouvrages

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II - Dictionnaires et encyclopédies

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III - Rapports

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BOAD, Rapport Annuel 2007.

BOAD, Rapport du Président de la BOAD, Décembre 2007

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MINISTERE DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES, CELLULE DE SUIVI DES PROGRAMMES ECONOMIQUES ET FINANCIERS, Rapport d'avancement 2007 de la stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté 2007-2009, Août 2008.

PNUD, Rapports sur le développement humain 2001, 2004, 2005, 2007, 2008.

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LOUIS-MARIE Asselyn, et Anyck DAUPHIN. Mesure de la pauvreté, un cadre conceptuel. Québec-Canada, Octobre 2000.

PERRIN, Emile-Robert. La lutte contre la pauvreté, HCCI, Avril 2004.

TABLE DES MATIERES

DEDICACES I

REMERCIEMENTS II

SIGLES ET ACRONYMES III

SOMMAIRE IV

AVERTISSEMENT VI

INTRODUCTION 1

1ère PARTIE  : PROBLEMATIQUE DE LA PAUVRETE 8

CHAPITRE I  : FONDEMENTS THEORIQUES ET INDICATEURS DE PAUVRETE 9

Section 1  : Dimensions de la pauvreté 9

Paragraphe 1 : Pauvreté monétaire 9

Paragraphe 2 : Pauvreté non monétaire 12

Section 2  : La pauvreté, héritage naturel ou culturel 15

Paragraphe 1 : Les facteurs historiques et culturels de la pauvreté 15

Paragraphe 2 : la pauvreté, une fatalité ou une infortune naturelle ? 17

CHAPITRE II  : LA PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT AU BENIN 20

Section 1  : Diagnostic de l'économie béninoise 20

Paragraphe 1 : Atouts et faiblesses structurelles de l'économie 21

1. Les atouts 25

2. Les faiblesses 25

Paragraphe 2 : La pauvreté au Bénin 25

Section 2  : Réduction de la pauvreté, croissance et développement :

cercle vicieux ou cercle vertueux ? 28

Paragraphe 1 : La corrélation entre croissance et réduction

de la pauvreté 28

1. Croissance et développement 29

2. Croissance et réduction de la pauvreté 31

Paragraphe 2 : Les stratégies de réduction de la pauvreté au Bénin 34

2ème PARTIE  : LES BANQUES DE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE :CAS DE LA BOAD 39

CHAPITRE I  : PLAN D'ACTIONS DE LA BOAD POUR LA REDUCTION DE

LA PAUVRETE 40

Section1  : La BOAD et le financement du développement 40

Paragraphe 1 : Présentation de la BOAD 40

Paragraphe 2 : Les instruments et domaines d'intervention 43

1. Formes d'intervention 43

2. Domaines d'intervention 43

Section 2  : Point de la coopération entre la BOAD et le Bénin 46

Paragraphe 1 : Les opérations financées 46

Paragraphe 2 : Etude de quelques projets réalisés  50

1. Les opérations avec le secteur public 51

2. Les opérations avec le secteur privé 56

CHAPITRE II  : APPORT DE LA BOAD A LA REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN : ECUEILS ET SUGGESTIONS 60

Section1  : Insuffisances relevées dans la mise en oeuvre des projets 60

Paragraphe 1 : Au niveau de la Banque 61

Paragraphe 2 : Au niveau de l'Etat Béninois 63

Section 2  : Suggestions pour une efficacité accrue des actions de la

BOAD en faveur de la réduction de la pauvreté au Bénin 64

Paragraphe 1 : Actions à mener par le Bénin 65

Paragraphe 2 : Renforcement des moyens d'actions de la Banque 66

CONCLUSION 70

BIBLIOGRAPHIE 73

ANNEXES i

TABLE DES MATIERES ii

* 1 - In La philosophie de l'argent, PUF, collection Quadrige, 2007.

* 2- In Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Economica, 2000.

* 3 - In Rapport PNUD 2005.

* 4 - In La République, traduction française d'Emile Chambry, Gallimard, 1999.

* 5 - Indicateurs du développement dans le monde 2007, Rapport annuel Banque Mondiale, 2007.

* 6 DUBOIT, J.C., Integrating Poverty Reduction Policies into the Development Strategies Challenge for Cameroon, UNDP,1998.

* 7- Niger : 2009 ; Congo, Cameroun et Algérie : 2008 ; Ouganda, Tchad : 2005 ; Gabon, Togo : 2003 ; Guinée-Conakry et Tunisie : 2002 ; Burkina faso : 2000.

* 8 - Le seuil de pauvreté est un niveau de revenus au-dessous duquel un ménage est considéré comme pauvre.

* 9 - In Economic Growth and Income Inequality, The American Economic Review, vol. 45, n° 1, p. 1-28, 1955.

* 10 - In Lessons on 30 years of fighting poverty. Approches économiques de lutte contre la pauvreté. Actes de conférence, Québec, Canada.

* 11 - In Réduire la pauvreté au Bénin, Ed. ceda, Cotonou, 1995.

* 12 - MILLS, J.S. De la liberté, (titre en anglais: On Liberty), 1859. Première traduction française par Charles Brook Dupont-White, Paris : Guillaumin, 1860.

* 13 - le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Sénégal, le Togo.

* 14 - Rapport annuel 2003, BOAD, juin 2004, p.47.

* 15 - Le PER a pour objectif global de contribuer à l'approfondissement du processus d'intégration en vue de stimuler une croissance forte, durable et réductrice de pauvreté. Son coût est de 2 910 milliards FCFA. Voir www .boad.org.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon