3.2. La lutte contre la pauvreté
3.2.1. Stratégies de lutte contre la
pauvreté
En théorie, les responsables de l'action
gouvernementale disposent d'un éventail de mesures pour réduire
la pauvreté rurale, tant du point de vue de son niveau que du nombre de
personnes touchées. Ces mesures se trouvent insérer dans des
stratégies de développement anti-pauvreté.
A cet effet, il convient de distinguer trois types de
stratégies de lutte contre la pauvreté. La première
consiste à favoriser une redistribution des biens productifs existants,
notamment la terre, l'eau et les services connexes afin d'améliorer la
productivité, l'emploi et les revenus des populations rurales
déshéritées par l'instauration d'un nouvel ordre social.
Cette stratégie s'accompagne d'investissements dans les ressources
humaines (éducation, santé, logements et infrastructures rurales)
destinés à développer les capacités et les
possibilités d'emploi, ces investissements n'étant toutefois
rentables qu'à long terme. La deuxième stratégie consiste
à orienter le flux supplémentaire de revenus ou de consommation
crée en imposant les riches. Ce système avantage certaines
régions ou certaines zones rurales ainsi que des groupes précis
de la population rurale (par le biais de projets de développement rural,
de subventions en nature, de programmes vivres-contre-travail, de programmes de
nutrition pour les enfants et d'alimentation scolaire, de services de
santé maternelle et grâce à la possibilité pour les
pauvres d'avoir accès à du capital générateur de
revenus). La troisième est la stratégie classique de croissance
globale du PNB, qui est censée profiter à tous les groupes de la
population par le simple jeu des forces du marché, les interventions de
l'Etat sur les prix et les salaires étant minimes et la
répartition initiale des terres, du capital et des ressources humaines
n'entrant pas en ligne de compte. L'efficacité de cette stratégie
est controversée depuis les années 60. Employée seule,
elle est rarement parvenue à atténuer la pauvreté, a
souvent entraîné une répartition encore plus inégale
des revenus et laissé les paysans sans terre à l'écart,
particulièrement dans les zones accusant une forte croissance de la
population et de la main-d'oeuvre agricole non qualifiée. Alors
qu'aujourd'hui la population rurale défavorisée s'accroît
avec une vitesse vertigineuse, il est légitime de se demander si un pays
peut politiquement se permettre d'envisager une évolution structurelle
lente et progressive.
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