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L'analyse des déterminants de l'investissement direct au Cameroun

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par Martial NJOUM NGUENIN
Université de Douala - D.E.A 2006
  

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B- L'estimation de la relation de court terme.

Les modèles à correction d'erreur permettent généralement de modéliser les ajustements qui conduisent à une situation d'équilibre de long terme. Ce sont en fait des modèles dynamiques qui intègrent à la fois les évolutions de court et de long terme des variables.

Nous présenterons ainsi les résultats avant de passer à leurs interprétations.

1- La présentation des résultats.

Les résultats de l'estimation du modèle à correction d'erreur sont présentés dans le tableau suivant.

Tableau 7 : les résultats de l'estimation de la relation de court terme.

Dependent Variable: D(LIDE)

Method: Least Squares

Date: 02/23/09 Time: 13:16

Sample(adjusted): 1971 2006

Included observations: 26

Excluded observations: 10 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

C

-0.757424

17.02831 -0.044480

0.9650

RESID01 (-1)

-0.767818

0.249973 -5.031276

0.0000

D(DS)

-3.199478

1.131835 -2.826805

0.0016

D(LANAL)

-0.793018

1.598361 -0.496144

0.6261

D(LCR)

-0.393372

0.744214 3.528573

0.0039

D(LDEN)

-1 .820087

3.759281 -0.484158

0.6345

D(LOUV)

1.474286

1.319426 2.117369

0.0294

D(LPNBHBT)

-0.388548

0.41 7450 -0.930767

0.3650

D(LPOP)

7.186018

4.405257 1.631237

0.1212

R-squared

0.877154

Mean dependent var

4.002110

Adjusted R-squared

0.672286

S.D. dependent var

1.630806

S.E. of regression

0.933577

Akaike info criterion

2.967837

Sum squared resid

14.81661

Schwarz criterion

3.403332

Log likelihood

-29.58188

F-statistic

7.410751

Durbin-Watson stat

2.170698

Prob(F-statistic)

0.000282

2. L'analyse critique des résultats.

D'après les résultats de cette estimation, on constate que le coefficient associé à la force de rappel est négatif (-0.76) et significativement différents de zéro au seuil de 5% (son t-Student est supérieur à 1.96 en valeur absolue). En d'autres termes, les chocs sur les variables LIDE se corrigent à 76%. Bref, un choc constaté au cours d'une période d'une année donnée est également résorbé au cours de la même période. Cela signifie qu'il existe bel et bien un mécanisme à correction d'erreur : à long terme les déséquilibres entre les flux d'IDE et ses déterminants se compensent.

On constate en outre que le taux d'ouverture et le taux d'analphabétisation ont les signes attendus et corroborent les résultats de la relation de co-intégration. Toute fois, bien que le coefficient de la variable ANAL ait le signe attendu, il n'est

pas significatif dans la relation de court terme, pourtant significatif dans la relation de long terme. Parmi les autres variables qui ont des coefficients significatifs, nous avons la démocratie stabilité, le crédit du secteur bancaire et le taux d'ouverture.

Non seulement le taux d'ouverture est significatif mais il a aussi le signe attendu. Cette influence positive indique que les investisseurs considèrent le Cameroun comme une plate forme d'exportation.

Quant au crédit bancaire, son coefficient négatif est en opposition aux arguments théoriques, il s'explique par l'insuffisance au Cameroun d'un système financier crédible aux yeux des investisseurs.

La variable démocratie stabilité est significative bien que son signe soit contraire aux énoncés théoriques ; ce signe négatif traduit le fait que des efforts reste encore a faire sur le plan socio politique (notamment en matière de démocratie et de stabilité) au Cameroun en vu d'attirer davantage les investissements.

La densité de la population rurale, la population totale et le produit national brut par habitant n'influencent par significativement sur l'IDE et leurs coefficients n'ont pas des signes escomptés (en ce qui concerne produit national brut par habitant et la densité). Malgré que la variable LPOP soit de signe attendu, elle n'est pas significative.

Cette situation explique tout simplement par le fait que, ni le niveau des infrastructures et la taille du marché, ni le niveau de développement économique du Cameroun n'explique l'attractivité de l'IDE.

De manière générale, le modèle estimé semble intéressant. La probabilité de Fisher est statistiquement différent de zéro, le coefficient de détermination indique que le modèle explique les variations des flux de l'IDE à 87% (R2=0.87) à court terme, la statistique de Durbin Watson est supérieur à 2 (DW=2. 17) montre que les erreurs ne sont pas auto corrélées. (Voir en Annexe 4 le test de normalité des erreurs).

SECTION 2 : L'IMPACT DE L'IDE SUR L'ECONOMIE
CAMEROUNAISE ET LES RECOMMANDATIONS DE
POLITIQUES ECONOMIQUES.

Les objectifs prioritaires des pays en développement sont notamment :

> parvenir à une croissance économique soutenue en renforçant l'investissement, les moyens et compétence techniques et la compétitivité de leurs exportations sur les marchés mondiaux ;

> repartir équitablement les fruits de la croissance en élargissant et améliorant les possibilités d'emploi ;

> ménager et protéger l'environnement dans l'intérêt des générations futures.

La libéralisation et la mondialisation de l'activité économique avivent la concurrence et leurs imposent ainsi de valoriser leurs ressources et leurs capacités pour pouvoir atteindre ces objectifs. Il semble aujourd'hui clair que les IDE constituent également un moyen pour le développement de ces pays en développement et le Cameroun en particulier.

La section précédente nous a permis de déceler pour le Cameroun, les éléments qui déterminent de façon significative l'attrait des IDE, mais ne nous a pas renseignés suffisamment quant aux conséquences de ces derniers sur l'économie Camerounaise.

Toutefois, si certains éléments sont significatifs quant à l'attrait des IDE d' après les résultats de nos estimations, d'autres ne le sont pas et parfois, ont le coefficient de signe contraire aux hypothèses émises au départ. A partir donc de ces résultats nous nous posons la question de savoir si l'IDE peut favoriser ou non le développement au Cameroun.

Il sera question dans cette section d'analyser l'impact de l'IDE sur l'économie camerounaise et de faire des recommandations de politiques économique pour une meilleure attractivité de l'investissement direct étranger au Cameroun.

A- L'impact des flux d'investissements directs étrangers sur l'économie
camerounaise

Bien qu'il semble clair que les IDE constituent pour le pays d'accueil un réel potentiel de développement, les politiques d'ouverture peuvent générées des difficultés sur le plan budgétaire, soumettre les firmes locales a une trop forte concurrence et à une adaptation technologique délicate à réaliser. Nous présentons dans cette section les conséquences à la fois positives et négatives de la présence des IDE sur les pays d'accueils en général et le Cameroun en particulier.

1- Les conséquences positives des flux d'IDE sur l'économie

camerounaise.

Nous analyserons les conséquences à la fois sur la structure de l'économie, sur le budget de l'Etat et les revenus des agents.

a- L'incidence sur la structure de l'économie camerounaise.

Le Cameroun comme la plupart des pays en développements considère les IDE comme un moyen important de se procurer des ressources même lorsqu'il est presque impossible de mesurer avec précision ces effets économiques. L'IDE comprend ainsi plusieurs types d'actifs dont certains appartiennent en propre à l'investisseur. Les actifs exclusifs, qui, conférant des avantages aux sociétés transnationales, ne peuvent être obtenus que des entreprises qui les ont créés. Les ressources qui ne sont pas exclusives telles que les capitaux, des biens d'équipements, les produits intermédiaires, peuvent généralement être obtenues sur le marché. Les autres sont notamment les marques déposées, les compétences spécialisées, la capacité d'organiser et d'intégrer la production à l'échelle internationale et de créer des réseaux de commercialisations, ou l'accès privilégié aux marchés d'actifs non exclusifs.

Globalement, ces avantages donnent aux sociétés transnationales la possibilité de contribuer beaucoup plus au développement économique du pays hôte et à la condition qu'il arrive à les convaincre à transférer leurs ressources sous des formes appropriées et sache en faire bon usage. Les actifs incorporés à l'IDE sont ainsi entre

autre : les capitaux, la technologie, les compétences et techniques de gestion, et l'environnement.

L'IDE, en apportant des ressources financières aux pays d'accueil est plus stables et plus facile à gérer que les emprunts aux conditions du marché, d'autant plus que les sociétés transnationales investissent généralement dans les projets à long termes, à la différence des autres bailleurs de fonds.

Les sociétés transnationales apportent avec l'IDE des techniques modernes dont certaines ne sont pas disponibles autrement, et contribuent à une meilleure utilisation des techniques existantes. Elles adaptent la technologie aux conditions locales, en mettant à profit l'expérience qu'elles ont acquise dans d'autres pays en développement. Dans certains cas, créent sur place des installations de recherches. Comptent tenu des innovations et la transformation des modes de consommation, elles sont amenées à moderniser les techniques, Les firmes stimulent également l'efficacité ou l'évolution technique des entreprises locales en intensifiant la concurrence.

Quant aux compétences et techniques de gestion, les firmes multinationales font appel dans le monde entier aux services des personnes possédants des connaissances et des compétences spécialisées et transfèrent ces connaissances et compétences à leurs filiales étrangères implantées sur places grâce à l'envoi des experts et à l'utilisation des moyens de formations ultramodernes. Le perfectionnement et l'adoption des compétences ainsi que le recours à des nouvelles méthodes d'organisation et de gestion accroissent la compétitivité des entreprises locales et contribuent à soutenir l'emploi.

Aussi, les firmes multinationales sont à l'avant-garde dans le domaine des techniques économiques et des systèmes modernes de gestion de l'environnement. Elles les utilisent avec un effet d'entraînement sur les entreprises locales oeuvrant dans les mêmes secteurs que leurs filiales étrangères.

Dans le cadre des théories de la croissance endogène qui, souligne l'importance de l'accumulation du capital humain et du progrès technique dans le processus de développement, L'IDE est désormais perçu comme un vecteur potentiellement puissant de transfert des connaissances dans les pays en développement comme le Cameroun .Bref, la recherche et développement (R&D),

l'accumulation du capital humain et certaines externalités apparaissent comme des ingrédients-clés de la croissance, auxquels le Cameroun peut accéder grâce aux IDE.

b- L'incidence sur les recettes budgétaires et revenus privés camerounais.

Les investissements directs étrangers contribuent de façon significative au budget de l'Etat. Les droits de port ou taxes douanières d'entrée et de sortie constituent une part importante des ressources fiscales globales dans le pays d'accueil.

Quant aux revenus privés camerounais, les firmes multinationales emploient pour la plus part des cas la main d'oeuvre locale à qui elle verse un salaire. Les avantages des IDE conçus comme moyen d'équilibre financier et économique portent en eux-mêmes les facteurs qui atténuent considérablement leur efficience.

Malheureusement, nous ne disposons pas des données sur l'emploi au Cameroun nous permettant de faire une analyse comparative dans le temps avec l'évolution des flux d'entrée d'IDE. Toutes fois, les rapports ECAM10 indiquent qu'en 2001 le taux de chômage au Cameroun était de 7,5% contre 8,1% en 1996. Le constat permet de dire qu'entre 1996 et 2001, la tendance est à la baisse alors que les flux d'IDE connaissent également une hausse à cette période.

Toutes fois, il faut reconnaître que Ies IDE n'apportent pas que des avantages aux pays d'accueil, mais aussi, engendrent des inconvénients.

2- Les inconvénients des flux d'entrée des investissements direct étranger sur l'économie camerounaise.

Les inconvénients concernent aussi bien la fiscalité que la structure de l'économie. Nous examinons dans un premier temps les inconvénients des flux d'investissements directs étrangers sur les budgets de l'Etat et dans un deuxième temps, ses conséquences néfastes sur la structure économique du pays.

10 « Le terme ECAM désigne « enquête camerounaise auprès des ménages ». ce type d'enquête a été réalisé au Cameroun en 1996 et 2001 par l'institut national de la statistique

a- Les conséquences budgétaires lourdes.

Les conséquences des politiques d'ouverture sont lourdes en termes de baisse des recettes douanières, incitant l'Etat à mettre en place des politiques de contrôle budgétaire. En cas de réduction de dépenses publiques, les dépenses d'investissement risquent d'être sacrifiées, aux dépens de la constitution d'une offre compétitive et du développement des exportations. Les prélèvements nécessaires par la hausse de la TVA notamment, pour compenser le manque à gagner risque d'être trop importants. En plus, l'effet positif que le Cameroun attend de la fiscalité est contrecarré par une série de facteurs négatifs allant des exonérations exorbitantes à la fraude fiscale généralisée. Les rapatriements des bénéfices par les promoteurs d'IDE constituent également un manque à gagner sur le budget de l'Etat.

b -Les conséquences sur la structure de l'économie camerounaise.

Elles concernent les aspects concurrentiels et l'acquisition de la technologie. Il est reconnu que, la création d'une capacité d'initiative de potentiels inventifs et réactifs de la part des industriels locaux est un facteur d'attractivité plus puissant que ne le sont les aides fiscales et territoriales caractéristiques des zones franches (Huffel, 2001). Mais aussi, il faut reconnaître que les risques de l'impact d'une ouverture croissante de l'économie camerounaise sur le tissu industriel préexistant ne sont pas négligeables. En effet, bien que les IDE soient profitables du fait qu'ils permettent de réduire les coûts et d augmenter les profits, la concurrence accrue devient fatal pour bon nombre de firmes locales qui sont pour la plupart contrainte de fermer.

Sur le plan technologique, la présence d'investisseurs au sien du territoire national peut ainsi sous certaines conditions se révéler très bénéfique comme nous venons de le mentionner, mais il est apparu que l'intensité des transferts de technologie est directement corrélé avec le dynamisme des systèmes d'innovation propres à chaque pays récepteur d'IDE (Huffel, 2001). Du moment où les pays en développement en général et le Cameroun en particulier n'ont pour la plupart qu'un faible niveau de développement d'infrastructures, de recherche et développement (R&D), ceux-ci ne peuvent que de façon négligeable bénéficier de l'apport technologique.

De manière générale, une analyse empirique en termes de causalité nous a permis de conclure que l'IDE n'a pas une influence significative sur le niveau de développement économique du Cameroun lorsque nous avons choisi le PNB par tête comme indicateur de mesure de développement économique.

L'analyse de l'impact d'IDE sur l'économie camerounaise faite, la deuxième partie de cette section sera consacrée aux recommandations de politiques économiques pour une meilleure attractivité des IDE sur le territoire national.

Il est alors fort probable que, si des mesures préconisées pour une meilleure attractivité des IDE atteignent leurs objectifs, elles auront également sans doute des effets positifs sur le niveau de développement économique du Cameroun.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry