B- L'estimation de la relation de court terme.
Les modèles à correction d'erreur permettent
généralement de modéliser les ajustements qui conduisent
à une situation d'équilibre de long terme. Ce sont en fait des
modèles dynamiques qui intègrent à la fois les
évolutions de court et de long terme des variables.
Nous présenterons ainsi les résultats avant de
passer à leurs interprétations.
1- La présentation des
résultats.
Les résultats de l'estimation du modèle à
correction d'erreur sont présentés dans le tableau suivant.
Tableau 7 : les résultats de l'estimation de la
relation de court terme.
Dependent Variable: D(LIDE)
Method: Least Squares
Date: 02/23/09 Time: 13:16
Sample(adjusted): 1971 2006
Included observations: 26
Excluded observations: 10 after adjusting endpoints
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-0.757424
|
17.02831 -0.044480
|
0.9650
|
RESID01 (-1)
|
-0.767818
|
0.249973 -5.031276
|
0.0000
|
D(DS)
|
-3.199478
|
1.131835 -2.826805
|
0.0016
|
D(LANAL)
|
-0.793018
|
1.598361 -0.496144
|
0.6261
|
D(LCR)
|
-0.393372
|
0.744214 3.528573
|
0.0039
|
D(LDEN)
|
-1 .820087
|
3.759281 -0.484158
|
0.6345
|
D(LOUV)
|
1.474286
|
1.319426 2.117369
|
0.0294
|
D(LPNBHBT)
|
-0.388548
|
0.41 7450 -0.930767
|
0.3650
|
D(LPOP)
|
7.186018
|
4.405257 1.631237
|
0.1212
|
R-squared
|
0.877154
|
Mean dependent var
|
4.002110
|
Adjusted R-squared
|
0.672286
|
S.D. dependent var
|
1.630806
|
S.E. of regression
|
0.933577
|
Akaike info criterion
|
2.967837
|
Sum squared resid
|
14.81661
|
Schwarz criterion
|
3.403332
|
Log likelihood
|
-29.58188
|
F-statistic
|
7.410751
|
Durbin-Watson stat
|
2.170698
|
Prob(F-statistic)
|
0.000282
|
2. L'analyse critique des résultats.
D'après les résultats de cette estimation, on
constate que le coefficient associé à la force de rappel est
négatif (-0.76) et significativement différents de zéro au
seuil de 5% (son t-Student est supérieur à 1.96 en valeur
absolue). En d'autres termes, les chocs sur les variables LIDE se corrigent
à 76%. Bref, un choc constaté au cours d'une période d'une
année donnée est également résorbé au cours
de la même période. Cela signifie qu'il existe bel et bien un
mécanisme à correction d'erreur : à long terme les
déséquilibres entre les flux d'IDE et ses déterminants se
compensent.
On constate en outre que le taux d'ouverture et le taux
d'analphabétisation ont les signes attendus et corroborent les
résultats de la relation de co-intégration. Toute fois, bien que
le coefficient de la variable ANAL ait le signe attendu, il n'est
pas significatif dans la relation de court terme, pourtant
significatif dans la relation de long terme. Parmi les autres variables qui ont
des coefficients significatifs, nous avons la démocratie
stabilité, le crédit du secteur bancaire et le taux
d'ouverture.
Non seulement le taux d'ouverture est significatif mais il a
aussi le signe attendu. Cette influence positive indique que les investisseurs
considèrent le Cameroun comme une plate forme d'exportation.
Quant au crédit bancaire, son coefficient
négatif est en opposition aux arguments théoriques, il s'explique
par l'insuffisance au Cameroun d'un système financier crédible
aux yeux des investisseurs.
La variable démocratie stabilité est
significative bien que son signe soit contraire aux énoncés
théoriques ; ce signe négatif traduit le fait que des efforts
reste encore a faire sur le plan socio politique (notamment en matière
de démocratie et de stabilité) au Cameroun en vu d'attirer
davantage les investissements.
La densité de la population rurale, la population
totale et le produit national brut par habitant n'influencent par
significativement sur l'IDE et leurs coefficients n'ont pas des signes
escomptés (en ce qui concerne produit national brut par habitant et la
densité). Malgré que la variable LPOP soit de signe attendu, elle
n'est pas significative.
Cette situation explique tout simplement par le fait que, ni
le niveau des infrastructures et la taille du marché, ni le niveau de
développement économique du Cameroun n'explique
l'attractivité de l'IDE.
De manière générale, le modèle
estimé semble intéressant. La probabilité de Fisher est
statistiquement différent de zéro, le coefficient de
détermination indique que le modèle explique les variations des
flux de l'IDE à 87% (R2=0.87) à court terme, la
statistique de Durbin Watson est supérieur à 2 (DW=2. 17) montre
que les erreurs ne sont pas auto corrélées. (Voir en Annexe 4 le
test de normalité des erreurs).
SECTION 2 : L'IMPACT DE L'IDE SUR
L'ECONOMIE CAMEROUNAISE ET LES RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES
ECONOMIQUES.
Les objectifs prioritaires des pays en développement
sont notamment :
> parvenir à une croissance économique
soutenue en renforçant l'investissement, les moyens et compétence
techniques et la compétitivité de leurs exportations sur les
marchés mondiaux ;
> repartir équitablement les fruits de la croissance
en élargissant et améliorant les possibilités d'emploi
;
> ménager et protéger l'environnement dans
l'intérêt des générations futures.
La libéralisation et la mondialisation de
l'activité économique avivent la concurrence et leurs imposent
ainsi de valoriser leurs ressources et leurs capacités pour pouvoir
atteindre ces objectifs. Il semble aujourd'hui clair que les IDE constituent
également un moyen pour le développement de ces pays en
développement et le Cameroun en particulier.
La section précédente nous a permis de
déceler pour le Cameroun, les éléments qui
déterminent de façon significative l'attrait des IDE, mais ne
nous a pas renseignés suffisamment quant aux conséquences de ces
derniers sur l'économie Camerounaise.
Toutefois, si certains éléments sont
significatifs quant à l'attrait des IDE d' après les
résultats de nos estimations, d'autres ne le sont pas et parfois, ont le
coefficient de signe contraire aux hypothèses émises au
départ. A partir donc de ces résultats nous nous posons la
question de savoir si l'IDE peut favoriser ou non le développement au
Cameroun.
Il sera question dans cette section d'analyser l'impact de
l'IDE sur l'économie camerounaise et de faire des recommandations de
politiques économique pour une meilleure attractivité de
l'investissement direct étranger au Cameroun.
A- L'impact des flux d'investissements directs
étrangers sur l'économie camerounaise
Bien qu'il semble clair que les IDE constituent pour le pays
d'accueil un réel potentiel de développement, les politiques
d'ouverture peuvent générées des difficultés sur le
plan budgétaire, soumettre les firmes locales a une trop forte
concurrence et à une adaptation technologique délicate à
réaliser. Nous présentons dans cette section les
conséquences à la fois positives et négatives de la
présence des IDE sur les pays d'accueils en général et le
Cameroun en particulier.
1- Les conséquences positives des flux d'IDE sur
l'économie
camerounaise.
Nous analyserons les conséquences à la fois sur la
structure de l'économie, sur le budget de l'Etat et les revenus des
agents.
a- L'incidence sur la structure de l'économie
camerounaise.
Le Cameroun comme la plupart des pays en développements
considère les IDE comme un moyen important de se procurer des ressources
même lorsqu'il est presque impossible de mesurer avec précision
ces effets économiques. L'IDE comprend ainsi plusieurs types d'actifs
dont certains appartiennent en propre à l'investisseur. Les actifs
exclusifs, qui, conférant des avantages aux sociétés
transnationales, ne peuvent être obtenus que des entreprises qui les ont
créés. Les ressources qui ne sont pas exclusives telles que les
capitaux, des biens d'équipements, les produits intermédiaires,
peuvent généralement être obtenues sur le marché.
Les autres sont notamment les marques déposées, les
compétences spécialisées, la capacité d'organiser
et d'intégrer la production à l'échelle internationale et
de créer des réseaux de commercialisations, ou l'accès
privilégié aux marchés d'actifs non exclusifs.
Globalement, ces avantages donnent aux sociétés
transnationales la possibilité de contribuer beaucoup plus au
développement économique du pays hôte et à la
condition qu'il arrive à les convaincre à transférer leurs
ressources sous des formes appropriées et sache en faire bon usage. Les
actifs incorporés à l'IDE sont ainsi entre
autre : les capitaux, la technologie, les compétences
et techniques de gestion, et l'environnement.
L'IDE, en apportant des ressources financières aux pays
d'accueil est plus stables et plus facile à gérer que les
emprunts aux conditions du marché, d'autant plus que les
sociétés transnationales investissent généralement
dans les projets à long termes, à la différence des autres
bailleurs de fonds.
Les sociétés transnationales apportent avec
l'IDE des techniques modernes dont certaines ne sont pas disponibles autrement,
et contribuent à une meilleure utilisation des techniques existantes.
Elles adaptent la technologie aux conditions locales, en mettant à
profit l'expérience qu'elles ont acquise dans d'autres pays en
développement. Dans certains cas, créent sur place des
installations de recherches. Comptent tenu des innovations et la transformation
des modes de consommation, elles sont amenées à moderniser les
techniques, Les firmes stimulent également l'efficacité ou
l'évolution technique des entreprises locales en intensifiant la
concurrence.
Quant aux compétences et techniques de gestion, les
firmes multinationales font appel dans le monde entier aux services des
personnes possédants des connaissances et des compétences
spécialisées et transfèrent ces connaissances et
compétences à leurs filiales étrangères
implantées sur places grâce à l'envoi des experts et
à l'utilisation des moyens de formations ultramodernes. Le
perfectionnement et l'adoption des compétences ainsi que le recours
à des nouvelles méthodes d'organisation et de gestion accroissent
la compétitivité des entreprises locales et contribuent à
soutenir l'emploi.
Aussi, les firmes multinationales sont à l'avant-garde
dans le domaine des techniques économiques et des systèmes
modernes de gestion de l'environnement. Elles les utilisent avec un effet
d'entraînement sur les entreprises locales oeuvrant dans les mêmes
secteurs que leurs filiales étrangères.
Dans le cadre des théories de la croissance
endogène qui, souligne l'importance de l'accumulation du capital humain
et du progrès technique dans le processus de développement, L'IDE
est désormais perçu comme un vecteur potentiellement puissant de
transfert des connaissances dans les pays en développement comme le
Cameroun .Bref, la recherche et développement (R&D),
l'accumulation du capital humain et certaines externalités
apparaissent comme des ingrédients-clés de la croissance,
auxquels le Cameroun peut accéder grâce aux IDE.
b- L'incidence sur les recettes budgétaires et
revenus privés camerounais.
Les investissements directs étrangers contribuent de
façon significative au budget de l'Etat. Les droits de port ou taxes
douanières d'entrée et de sortie constituent une part importante
des ressources fiscales globales dans le pays d'accueil.
Quant aux revenus privés camerounais, les firmes
multinationales emploient pour la plus part des cas la main d'oeuvre locale
à qui elle verse un salaire. Les avantages des IDE conçus comme
moyen d'équilibre financier et économique portent en
eux-mêmes les facteurs qui atténuent considérablement leur
efficience.
Malheureusement, nous ne disposons pas des données sur
l'emploi au Cameroun nous permettant de faire une analyse comparative dans le
temps avec l'évolution des flux d'entrée d'IDE. Toutes fois, les
rapports ECAM10 indiquent qu'en 2001 le taux de chômage au
Cameroun était de 7,5% contre 8,1% en 1996. Le constat permet de dire
qu'entre 1996 et 2001, la tendance est à la baisse alors que les flux
d'IDE connaissent également une hausse à cette période.
Toutes fois, il faut reconnaître que Ies IDE n'apportent
pas que des avantages aux pays d'accueil, mais aussi, engendrent des
inconvénients.
2- Les inconvénients des flux d'entrée des
investissements direct étranger sur l'économie
camerounaise.
Les inconvénients concernent aussi bien la
fiscalité que la structure de l'économie. Nous examinons dans un
premier temps les inconvénients des flux d'investissements directs
étrangers sur les budgets de l'Etat et dans un deuxième temps,
ses conséquences néfastes sur la structure économique du
pays.
10 « Le terme ECAM désigne « enquête
camerounaise auprès des ménages ». ce type d'enquête a
été réalisé au Cameroun en 1996 et 2001 par
l'institut national de la statistique
a- Les conséquences budgétaires
lourdes.
Les conséquences des politiques d'ouverture sont
lourdes en termes de baisse des recettes douanières, incitant l'Etat
à mettre en place des politiques de contrôle budgétaire. En
cas de réduction de dépenses publiques, les dépenses
d'investissement risquent d'être sacrifiées, aux dépens de
la constitution d'une offre compétitive et du développement des
exportations. Les prélèvements nécessaires par la hausse
de la TVA notamment, pour compenser le manque à gagner risque
d'être trop importants. En plus, l'effet positif que le Cameroun attend
de la fiscalité est contrecarré par une série de facteurs
négatifs allant des exonérations exorbitantes à la fraude
fiscale généralisée. Les rapatriements des
bénéfices par les promoteurs d'IDE constituent également
un manque à gagner sur le budget de l'Etat.
b -Les conséquences sur la structure de
l'économie camerounaise.
Elles concernent les aspects concurrentiels et l'acquisition
de la technologie. Il est reconnu que, la création d'une capacité
d'initiative de potentiels inventifs et réactifs de la part des
industriels locaux est un facteur d'attractivité plus puissant que ne le
sont les aides fiscales et territoriales caractéristiques des zones
franches (Huffel, 2001). Mais aussi, il faut reconnaître que les risques
de l'impact d'une ouverture croissante de l'économie camerounaise sur le
tissu industriel préexistant ne sont pas négligeables. En effet,
bien que les IDE soient profitables du fait qu'ils permettent de réduire
les coûts et d augmenter les profits, la concurrence accrue devient fatal
pour bon nombre de firmes locales qui sont pour la plupart contrainte de
fermer.
Sur le plan technologique, la présence d'investisseurs
au sien du territoire national peut ainsi sous certaines conditions se
révéler très bénéfique comme nous venons de
le mentionner, mais il est apparu que l'intensité des transferts de
technologie est directement corrélé avec le dynamisme des
systèmes d'innovation propres à chaque pays récepteur
d'IDE (Huffel, 2001). Du moment où les pays en développement en
général et le Cameroun en particulier n'ont pour la plupart qu'un
faible niveau de développement d'infrastructures, de recherche et
développement (R&D), ceux-ci ne peuvent que de façon
négligeable bénéficier de l'apport technologique.
De manière générale, une analyse
empirique en termes de causalité nous a permis de conclure que l'IDE n'a
pas une influence significative sur le niveau de développement
économique du Cameroun lorsque nous avons choisi le PNB par tête
comme indicateur de mesure de développement économique.
L'analyse de l'impact d'IDE sur l'économie camerounaise
faite, la deuxième partie de cette section sera consacrée aux
recommandations de politiques économiques pour une meilleure
attractivité des IDE sur le territoire national.
Il est alors fort probable que, si des mesures
préconisées pour une meilleure attractivité des IDE
atteignent leurs objectifs, elles auront également sans doute des effets
positifs sur le niveau de développement économique du
Cameroun.
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