L'enseignement au Congo - Brazzaville : entre crise identitaire et refondation socio-culturelle( Télécharger le fichier original )par Claude-Ernest KIAMBA Université Catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Doctorat 2009 |
2.2. Une administration scolaire bloquée23(*)L'enseignement n'échappe pas aux problèmes qui minent les institutions publiques à divers niveaux : d'abord, la question de l'autonomisation des collectivités locales. Ensuite, celle de la répartition des tâches entre l'administration centrale et ces collectivités. A ce stade, des mesures politiques avaient été prises pour leur implication dans la gestion de l'enseignement. La loi24(*) n°014/79 du 10 mai 1979 donne des pouvoirs clairs aux collectivités locales : assurer le contrôle effectif du système éducatif dans leurs localités; prendre en main la gestion et la protection des personnels, du matériel et des autres moyens mis à leur disposition pour l'éducation des jeunes; participer à l'amélioration des rendements scolaires; veiller au développement harmonieux de l'école dans la localité. Mais, seulement, l'on note une confusion entre les notions de « décentralisation » et de « déconcentration ». Enfin, il y a le problème des infrastructures, dont l'analyse révèle une vraie démission de l'État. On peut, toutefois, se demander si ces pouvoirs locaux participaient réellement à la prise de décisions au regard du poids de l'administration centrale. A dire vrai, ces pouvoirs n'étaient que des relais par lesquels transitaient les idées du parti en direction du monde de l'éducation. Le document sur la Décentralisation et ses problèmes déposé au Cabinet du Directeur Général de l'Enseignement le 24 août 1976 indique : « Dans certaines régions, on a constaté que les Présidents des Comités Exécutifs ont trop tendance à vouloir se substituer au Directeur Régional de l'Enseignement dans la résolution des situations scolaires, particulièrement, dans l'implantation des nouvelles écoles et la construction des salles de classe, la gestion des crédits, le mouvement du personnel ». La logique de décentralisation s'était muée en une simple idéologie de la déconcentration : « Conformément à l'organigramme du Ministère de l'Enseignement Primaire et Secondaire, il y a trois sources de décisions : le Ministre et son Cabinet; le Directeur Général de l'Enseignement et ses Directions centrales; le Directeur Régional de l'Enseignement et ses Services régionaux (...) Mais, malheureusement, nous constatons que le phénomène de la décentralisation est battu en brèche par les Directeurs centraux qui veulent que les services régionaux dépendent directement d'eux, ce qui est une inconséquence ». Financièrement, les directions régionales n'étaient pas autonomes, le parti conservait le monopole de l'allocation des ressources. * 23 Cette expression est utilisée en référence à l'oeuvre de Crozier qui porte sur l'analyse du fonctionnement de la société française : La Société bloquée, Paris, Seuil, 1970. * 24 Cf. 3è Congrès Ordinaire du Parti Congolais du Travail, p.348. |
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