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CRISE SOCIALE DE FEVRIER 2009 : MOUVEMENT SOCIAL OU EMEUTE?

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par Gérard Réné NGAUSS
Université de Douala - Licence 2009
  

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

REPUBLIC OF CAMEROON MINISTRY OF HIGH EDUCATION

PAIX - TRAVAIL - PATRIE UNIVERSITE DE DOUALA

PEACE -WORK - FATHERLAND

DEPARTEMENT: SOCIOLOGIE

UNITE DE VALEUR : MONDIALISATION / POLITIQUES ECONOMIQUES /

MOUVEMENTS SOCIAUX

NIVEAU D'ETUDE : IIÉ

THEME :

NGAUSS PALLA GERARD RENE

Sous la direction de :

MONSIEUR YOMB

Année Académique 2008 / 2009

SOMMAIRE

Noms des exposants .................................................................................................2

Sommaire...............................................................................................................3

Introduction......................................................................................................4

I. Construction sociale de la crise de février 2008.............................................5

1. Origine de la crise........................................................................................5

2. Organisation des actions collectives.................................................................6

3. manifestation ..............................................................................................7

II. Grille comparative des concepts..................................................................9

1. Mouvement social : ALAIN TOURAINE..........................................................9

2. Emeute : GUSTAVE LEBON.........................................................................11

3. Tableau comparatif ...............................................................................11

III. Nature de la crise sociale de février 2008..................................................12

Conclusion...................................................................................................14

Bibliographie................................................................................................15

INTRODUCTION

Une crise sociale peut être considérée comme une phase difficile une rupture d'un ordre établit qui affecte les institutions d'un groupe social donné. Parmi les crises sociales nous distinguons d'une part les mouvements sociaux, qui sont des actions collectives visant à changer les comportements et/ou les règles (institutions) en un sens favorable à un groupe actif et organisé ; et d'autre part les émeutes qui sont des soulèvements spontanés et désorganisés de masse populaire (foule) dans le but de s'insurger par la violence contre un ordre (ou une situation) établit.

De ces faits, notre sujet concerne la crise sociale qui a affecté la République du Cameroun pendant la période allant du 25 février au 29 février 2008. Un tel thème révèle ainsi une multitude d'intérêts pour nous ; d'abord il nous permet de révéler quels étaient les causes et le dénouement, et les dessous cachés de cet événement social ; ensuite sur un plan scientifique, ce thème nous montre les facteurs, les déterminants qui conditionnent et qui aboutissent à une situation de crise ; et enfin, ce sujet nous éclaire sur la différence que nous pouvons faire entre les concepts de mouvement social et d'émeute.

Ainsi, quel est la nature de la crise sociale de février 2008 qui a frappé le Cameroun ? De manière claire sommes-nous en présence d'un mouvement social ou d'une émeute ? Ce questionnement pose le problème de la spécificité de la crise sociale qui a affecté le Cameroun en février 2008.

Pour apporter des éclaircis à notre problématique, nous utiliserons dans la première partie de notre devoir le constructivisme social afin de montrer la construction de cette crise depuis son origine jusqu'à sa manifestation ; dans une deuxième partie nous ferons une lecture comparative des concepts de mouvement social et d'émeute en nous appuyant respectivement sur la sociologie dynamique d'ALAIN TOURAINE et sur la théorie de GUSTAVE LEBON sur la psychologie des foules ; la troisième partie sera consacrée à la déduction de la nature effective de la fameuse crise de février 2008 en nous basant bien évidemment sur la construction sociale de cette dernière et les caractéristiques des concepts sus-évoqués.

I. CONSTRUCTIONS SOCIALE DE LA CRISE DE FEVRIER 2008

La construction sociale de la crise de février 2008 a pour objectif de nous faire ressortir l'origine de cette crise à travers ses causes (lointaines, proches, et immédiates), de nous montrer l'organisation des actions collectives et de nous souligner le déroulement des manifestations.

1. ORIGINE DE LA CRISE

Pour bien appréhender la crise sociale de février 2008, il est judicieux pour notre groupe de montrer son origine à travers l'évolution du contexte général avant les manifestations. Ainsi, nous parlerons d'abord dans un premier paragraphe des causes lointaines, dans un second des causes proches et enfin dans un troisième des causes immédiates qui ont servi de déclencheur à la crise.

§ Causes lointaines(ou historique)

Celles-ci font allusion à la situation précaires qui affectent tous les pays africains après les indépendances et plus particulièrement dans les années 1980 ; il est à noter que dans le milieu des années 1970, une profonde crise économique touche le Cameroun, mais grâce à la rigueur dans la gouvernance de son président AHMADOU AHIDJO, grâce aux stratégies élaborées par celui-ci (avec notamment la mise en place des plans quinquennaux, avec également une institution de régulation économique à l'instar de l' ONCPB ...) cette crise ne se fera pas sentir de manière oppressante. Toutefois, avec le changement de régime (et les aléas négatifs dus à la transition : opportunités de certains de s'approprier du bien public, fin des plans quinquennaux, laisser faire / laisser aller ... ), la pression extérieure des institutions financières(et leur PAS) , le putsch manqué du 6 Avril 1986, la réclamation de la conférence nationale par certains leaders politiques de cette époque, « les villes mortes » de 1990, contribueront à l'instauration du malaise social qui peut être un aspect non négligeable dans les évènements de février 2008.

§ Causes proches (ou politique)

Celles-ci concernent particulièrement la révision de la constitution. En effet, dans le courant de l'année 2007, plusieurs dignitaires du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) appellent individuellement à la modification de la constitution, afin de permettre au Président PAUL BIYA de briguer un nouveau mandat en 2011(ce qu'interdit la constitution en vigueur). Le 6 novembre 2007 à l'occasion de la journée commémorative de l'arrivée au pouvoir de son excellence PAUL BIYA (le 6 novembre 1982), le RDPC appelle publiquement à la révision constitutionnelle. Le 31 décembre 2007, le président camerounais annonce à l'occasion des voeux de nouvel an sa volonté de reformer la constitution.

Des lors, les critiques de la société civile dénonce une « dérive monarchique » visant à assurer le maintien au pouvoir du chef de l'Etat après 2011, faisant ainsi pérenniser la mauvaise gouvernance qui fait perdurer le mal-être social. Dans le même temps, diverses forces politiques de l'opposition expriment leur mécontentement et avertissent de prochaines manifestations.

§ Causes immédiates (contexte socio-économique)

Depuis l'accession au pouvoir de PAUL BIYA à la tête de l'état camerounais, la situation économique du pays n'a fait que se dégrader entrainant du coup une détérioration constante de la situation sociale : corruption, chômage, pauvreté, misère, insécurité, les coupures d'eaux et d'électricité sont devenues régulière ; la sante et l'éducation sont devenues moins accessibles ; les conditions de vie des étudiants se sont détériorées ; l'avènement de la démocratie n'a pas empêché le régime en place de se maintenir au pouvoir par le biais d'élection présidentielle que les camerounais et de nombreux observateurs (Eglise catholique, commonwealth, observateur indépendant...) « jugent truquées ».

Par ailleurs l'explosion du prix du pétrole sur les marchés internationaux entrainent une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité (riz, pain, huile,...) et des matériaux de construction, ce qui aggravent le malaise social et renforcent la rancoeur contre l'élite dirigeante.

2. ORGANISATION DES ACTIONS COLLECTIVES

Dans la partie précédente, nous avons présenté les évènements qui pouvaient être considérés comme facteurs ayant déclenché la crise sociale de février 2008. Par contre, cette partie a pour objectif de nous faire ressortir l'ambiance qui régnait avant la crise.

Déjà nous savons que le malaise social des camerounais est dut à l'absence d'une politique cohérente de développement , à l'abandon du paysan contraint à une agriculture de subsistance à faible rendement , à la dépréciation des prix des produits agricoles d'exportation, à la faiblesse infrastructurelle (absence d'écoles, d'hôpitaux...) ; tous ces maux entrainent des conditions de vie précaire des populations abandonnées par une classe dirigeante qui s'engraisse à ses dépens (en pratiquant des détournements, en favorisant la corruption...). Face à tout cela, les populations vont se regrouper autour de la société civile, au sein des partis politiques et se servir des médias pour exprimer leur ras le bol longtemps contenu.

La société civile va se mobiliser autour de deux groupes principaux, d'un coté nous avons les association des consommateurs qui s'opposent à l'augmentation des prix des denrées de première nécessité et des matériaux de construction alors que le pouvoir d'achat des salariés camerounais dégringole chaque jour de manière incontrôlable ; et de l'autre coté autour des syndicats des transporteurs (mototaxi, taxi, bus interurbain...) qui réclament la baisse du prix du carburant.

De l'autre coté, nous avons les leaders politiques tels que MBOUA MASSOCK militant politique indépendant, NI JOHN FRU NDI du SDF (Social Democratic Front), ANICET EKANE du MANIDEM, qui vont se mobiliser pour protester contre la volonté de son excellence PAUL BIYA de changer la constitution en vue de prolonger son « règne ».

Par ailleurs, certaines personnalités publiques telles que KAMENI DA VINCI de son nom d'artiste « jo la conscience » s'indignent de la dégradation de la situation économico-socio-politique du Cameroun. Des medias tel que radio Equinoxe et Equinoxe TV vont proposer des programmes qui permettent aux catégories précédemment cités de s'exprimer.

3. MANIFESTATION

Le paragraphe précédent traitait de la protestation, de la mobilisation et de l'organisation des camerounais face au contexte économico-socio-politique qui règne et qui n'est pas favorable à la majorité, à la classe administrée.

Dans ce nouveau paragraphe, nous traiterons du déroulement de la crise, c'est-à-dire de la mise en marche des actions entreprises par tous les groupes protestataires. Par ailleurs, nous évoquerons aussi la réaction de l'administration face à ce mouvement collectif et la nouvelle contre-réaction des populations.

Au lendemain du discours de son excellence PAUL BIYA le 31decembre 2007 dans lequel répondait favorablement à la doléance des ses partisans politiques, les groupes protestataires vont programmer des manifestations sur toute l'étendue du territoire, nous aurons ainsi l'artiste camerounais « jo la conscience » qui va commencer une grève de la faim devant l'ambassade des USA pour montrer son indignation face à l'ambition du président de changer la constitution ; il sera arrêté par la gendarmerie, jugé et condamné à 6 mois d'emprisonnement et à une amende de 50 000FCFA.

Face à l'ambition des groupes de pressions d'organiser des marches protestataires et des meetings de sensibilisation dans les villes camerounaises, le Gouverneur de la Province du Littoral FAI YENGO, prendra les devants et publiera le 15 janvier 2008 un arrêté interdisant sur l'ensemble de sa juridiction des manifestations et autres occupations non-autorisées sur la voie publique pour une durée indéterminée.

Néanmoins, le 13 février à Douala une conférence de presse est organisée par le leader du SDF JOHN FRU NDI portant sur la réforme constitutionnelle ; au terme de ladite conférence des heurts se produisent entre les forces de l'ordre et les participants à ladite conférence. Ces derniers sont dispersés à coup de gaz lacrymogène.

Le jeudi 21 février, la chaîne de télévision privée Équinoxe TV émettant depuis Douala, qui avait montré des images de ces manifestations, est fermée par les autorités pour « exercice illégal de la profession de diffuseur de communication audiovisuelle ».Le vendredi 22 février, radio Équinoxe est également fermée. Ces médias organisaient régulièrement des débats libres, dans lesquels des critiques sévères étaient émises par des auditeurs à l'encontre du projet de révision constitutionnelle.

Le samedi 23 février, un meeting du SDF prévu au « rond-point Dakar » à Douala, visant à sensibiliser la population sur la révision de l'article 6 alinéa 2 de la Constitution, est annulé en dernière minute par les responsables provinciaux du SDF, par peur de représailles policières. Un important dispositif de forces de l'ordre était en effet déployé sur le terrain depuis la veille. Après le départ du député SDF du Wouri Est, JEAN MICHEL NINTCHEU, les forces de l'ordre décident de disperser les personnes présentes aux alentours du carrefour avec des gaz lacrymogènes et des lances à eau.

Nous remarquons ainsi qu'à chaque mouvement de contestation des populations nous avons une action de la force dirigeante (force de l'ordre) pour empêcher des manifestations. Cette situation va entrainer des réactions violentes des jeunes qui vont de manière spontanée se soulever et organiser des casses et des pillages sur l'ensemble du territoire. Aucune organisation politique ou syndicale ne semble alors maîtriser le mouvement de contestation. Les villes sont totalement paralysées. Des marches pacifiques se constituent un peu partout. Des attroupements se forment aux carrefours des grands axes. Des jeunes brandissent des pancartes portant des slogans divers : « Touche pas à ma Constitution », « Biya doit partir », « Halte à la vie chère ». Des barricades sont dressées dans de nombreuses rues et des pneus ainsi que d'autres matériaux sont brûlés sur la chaussée. Des magasins sont forcés de fermer. Les rues sont également prises d'assaut par des jeunes pilleurs et casseurs. Profitant de la paralysie des villes, ils s'attaquent aux commerces. À Douala, des milliers de contestataires manifestent de manière incontrôlée. Des barricades sont dressées dans de nombreuses rues et des pneus et autres matériaux sont brûlés sur la voie publique. Les entrées de la ville (vers Yaoundé et vers l'Ouest) sont impraticables. Le pont du Wouri est bloqué par les manifestants. Le mouvement, au départ pacifique, connaît des dérapages et des scènes de violence. Plusieurs véhicules de particuliers sont endommagés pour avoir essayé de circuler. Plusieurs magasins restés ouverts sont saccagés.

II. GRILLE COMPARATIVE DES CONCEPTS

1. MOUVEMENT SOCIAL

Comme nous l'avons défini à l'introduction le mouvement social s'inscrit chez ALAIN TOURAINE dans une sociologie du conflit organisé, qui est avant tout une sociologie de l'action collective.

TOURAINE va centrer ses analyses dans une sociologie de la croissance des actions et l'analyse du concept de mouvement social basé sur l'historicité ; trois principes sont ainsi mis en exergue.

Le principe d'identité (pour mieux comprendre le mouvement, il faut le saisir dans sa cause, par rapport aux acteurs, ses propres membres et par rapport à son niveau d'organisation), le principe d'opposition (qui met en évidence l'existence d'un adversaire de classe socialement et historiquement situé), et le principe de totalité (pour que la cause soit crédible il faut qu'elle ait une portée générale à tous les membres). ALAIN TOURAINE va ainsi proposer les différentes étapes qui mènent au mouvement social1 :

Mouvement social

De l'action collective au mouvement social

De l'organisation à l'action collective

De la mobilisation à l'organisation

De la protestation à la mobilisation

De la conscientisation à la protestation

De l'inégalité récusée à la conscientisation collective

Mode de lecture

La sociologie touranienne est aussi une sociologie de l'action, de l'intervention ; des mouvements sociaux des appareils organisés ; et même, des pouvoirs publics s'en servent encore soit pour organiser le conflit, soit pour l'éradiquer.

1 TOURAINE A., , , , , .

2. EMEUTE

Le mot « émeute » plus proche du français mutinerie (qui désigne une révolte à bord d'un bateau ou dans une prison) est souvent utilisé de façon péjorative ; sa définition est grosso modo conforme à la morphologie des événements, à savoir un « soulèvement populaire, généralement spontané et non organisé » (Dictionnaire Le Robert).

GUSTAVE LEBON définit « la foule2 » comme un mot qui désigne « une réunion d'individus quelconques, quels que soient leur nationalité, leur profession ou leur sexe, quels que soient aussi les hasards qui les rassemblent ». L'arbitrage de ce regroupement est justifié par des traits communs associés à la foule. Des représentations similaires imprègnent le climat intellectuel de l'époque. Ainsi, « Sans qu'il soit possible de prévoir quand et sous quelle forme cela se manifestera, on peut cependant affirmer que dans toutes les situations où l'on aura laissé s'instaurer structurellement le mépris des droits, le racisme et la xénophobie à l'égard de certaines catégories de personnes, alors les rancoeurs ainsi accumulées seront potentiellement créatrices de révolte et de désordres publics. »

L'émeute sera donc l'expression de « la foule », le moyen par lequel elle pourra de manière violente, dans le désordre et l'anarchie exprimer son ras le bol face à une ou plusieurs situations oppressantes

3. TABLEAU COMPARATIF

CATEGORIE

MOUVEMENT SOCIAL

EMEUTE

Mode de regroupement

Association

Foule / Masse populaire

Naissance

Evolutive / organisée

Spontanée

Action

Pacifique

Violente

Forme du conflit

Sur les règles

Sans les règles

Finalité de la relation

Inclusif

exclusif

2 Gustave Le Bon, Psychologie des foules, 1895.

III. NATURE DE LA CRISE SOCIALE DE FEVRIER 2008

Après avoir montré le construit de la crise de février 2008 et comparer les concepts de mouvement social et d'émeute nous pouvons faire une lecture dichotomique de la nature du chaos social qui a touché le Cameroun.

La première appréhension peut se faire comme une lecture de mouvement social ; car cette crise s'est construite en se calquant sur les étapes proposées par ALAIN TOURAINE sur la construction des mouvements sociaux ; nous pouvons ainsi remarqué que dans le contexte environnemental camerounais, il existe une inégalité dans la redistribution des biens et ressources du pays entre une classe dirigeante, qui vit dans l'opulence, et une classe gouvernée qui subit seule les conséquences et les déboires d'une crise économique galopante ; les populations subissant ainsi ces frustrations prendront conscience de cette inégalité et protesteront en s'organisant et en se mobilisant au sein des groupes de pression tels que la société civile, les partis politiques, les medias ; à travers ces groupes, ils vont s'insurger contre les abus du gouvernement et projetteront de montrer leur mécontentement lors des manifestations tels que les meetings, les marches pacifiques, les causeries de sensibilisation et d'éducation, les débats radiophoniques et télévisés.

La deuxième appréhension peut se faire en considérant cette crise comme une émeute conséquence de la volonté des autorités d'empêcher, de ne pas permettre, de bloquer la mise en marche du processus de mouvement social dans un Pays de droit. En effet, dans un contexte de seconde frustration où les populations ne peuvent pas s'exprimer librement, les jeunes qui sont la catégorie sociale la plus touchée par les conditions sociales de vie difficile, vont descendre spontanément dans les rues des quartiers populaires pour exprimer leurs ras-le-bol et leurs espoirs d'un avenir meilleur ; ils laisseront ainsi exploser leur colère en s'exprimant par des actes de vandalisme et les agressions physiques vers certaines personnalités locales et étrangères (françaises en particulier)3.

3 Des bandes de plusieurs centaines de jeunes, armés de pierres et de gourdins, s'attaquent à des établissements privés. Des magasins, des boulangeries, des pharmacies, des hôtels, des restaurants, des stations-service sont saccagés et pillés. Les kiosques du Pari Mutuel Urbain Camerounais (PMUC) sont particulièrement visés. Des édifices administratifs sont incendiés. Dans le Ve arrondissement, la sous-préfecture, la mairie et le centre divisionnaire des impôts sont saccagés puis incendiés par les manifestants. Les services de la SNEC (entreprise de distribution d'eau) et de AES-SONEL (entreprise de distribution d'électricité) sont attaqués et vandalisés

Les manifestations se transforment alors en batailles rangées entre forces de l'ordre et jeunes protestataires. Face aux jets de pierres, les forces de l'ordre tirent à balles réelles. La caractéristique dans cette émeute résidera dans la difficulté de la stopper ; en effet, après que le gouvernement ait consenti de baisser le prix du carburant de 6 FCFA à l'issu des pourparlers avec les représentants des syndicats des transporteurs, le mot d'ordre de cessation de la crise ne sera pas respecté car les émeutiers ne sont contrôlés pas personnes, n'appartiennent à aucun regroupement précis et n'obéissent qu'à l'instinct de la rue.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand