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La strategie politique

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par lionel nzamba nzamba
universite mohammed V - Master 2009
  

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La stratégie politique

Introduction

Dans la société, des conflits d'intérêts ou d'aspiration surgissent à tout moment car les objectifs recherchés par certains suscitent chez d'autres des résistances. Des organisations s'affrontent, élaborent des stratégies, mobilisent des ressources et forment des alliances. Dans ce perpétuel processus d'action et de réaction s'engagent des négociations, se déroulent des confrontations que ponctuent succès, défaite ou triomphe ... Quoique simplifiée, cette description dégage le fait que la stratégie a bien sa place dans la société pour servir ceux qui aspirent à diriger. Le terme « stratégie » est très courant dans le langage usuel et professionnel, tellement courant qu'on tend parfois à le confondre avec d'autres termes exprimant approximativement la même idée mais se distinguant par le sens profond par exemple tactique, plan, démarche... L'origine du mot vient du grec « stratêgos » (chef d'armée) qui a donné le latin « stratagema » (ruse) ce qui fait de cette pratique l'art du général. Son sens moderne est double, si l'on choisit de mettre l'accent sur le savoir ou sur la méthode. La stratégie est définie comme la science ou l'art de l'action humaine finalisée, volontaire et difficile. Finalisée c'est-à-dire tendu vers des buts identifiés avec précision, volontaire dans la mesure où la volonté de l'unité agissante représente une condition fondamentale pour la réalisation de l'objectif ; difficile c'est-à-dire que cette réalisation demande des efforts substantiels pour surmonter les obstacles assez élevés pour entretenir l'incertitude au moins pendant un certain temps. La stratégie est au coeur de la praxéologie, elle concerne tous les domaines de l'action en particulier la conduite des organisations de toute nature. Elle est un art qui se conjugue avec d'autres arts sociologiques tel que la guerre et dans le cas qui nous intéresse «la politique «. Dans son sens absolu, la politique est l'art de gouverné la cité dans le but d'atteindre ce que l'on considère comme la fin suprême de la société, elle est aussi définie comme la mise en oeuvre de moyens pour réaliser certains objectifs déterminés dans un domaine précis. Le monde politique est le lieu même de la lutte pour la conquête et l'exercice du pouvoir. Cependant, peut-on se demander si en politique la stratégie est- elle toujours de mise ? Un

ensemble de question peut s'en suivre compte tenu de l'ampleur de la tâche à laquelle se colle l'homme politique. Il nous revient dans cette exercice d'expliciter mieux le concept de la stratégie en politique, c'est pourquoi dans une première partie nous nous attellerons à la précision conceptuelle (I) par une délimitation du champ politique et une identification des stratèges de la polis. Dans la seconde partie, nous verrons les stratégies concevables (II) en politique.

Plan

I- Précision conceptuelle

A- Délimitation du champ politique

B- Stratèges de la « polis »

II- Stratégies concevables

A- Stratégie offensive

B- Stratégie d'usure

C- Les attitudes possibles

*Notes sur Machiavel et Clausewitz

I- Précision conceptuelle

Le concept de stratégie a un champ très extensif, le sujet que nous abordons balaie un vaste domaine de réflexion ouvert à l'homme quand il doit penser et agir pour résoudre les problèmes posés dans la société. Il n'y a pas de stratégie pour un but considéré avec certitude comme inaccessible. Elle suppose ainsi la disposition de ressource et la capacité de les mobiliser et s'inscrit dans une durée physique et psychologique.

Aussi, on ne peut pas voir dans toutes actions humaines la mise en place de stratégie car elles ne satisfont pas les critères de celle-ci. D'innombrables actions telles que le choix d'un plat plutôt qu'un autre, ou d'occuper ses loisirs de telles ou telles façons s'appliquent à des buts sélectionnés plus ou moins aléatoirement au sein d'un ensemble prédéterminé par l'inconscient dans ses dimensions personnelles et sociales. De même que d'innombrables actions collectives ou individuelles comme l'organisation des services publics correspondent à la mise en oeuvre de routine, où l'on évite le coût de réforme qui supposerait, elle, la définition d'objectifs et de stratégie. Pour que l'on puisse parler de stratégie, il faut aussi que la part de volonté et la tension durable qui en résulte soit essentielle, de même que le critère de difficulté crucial.

Il convient dès lors de délimité le champ politique et de dire quels sont les acteurs de la stratégie dans la société.

A- Délimitation du champ politique

Bien qu'emprunté au vocabulaire militaire, le mot stratégie trouve aussi sa place dans le champ politique. En effet et selon les auteurs tels que Machiavel, la conflictualité est au principe même de la politique puisque la lutte pour le pouvoir est au centre de la vie politique. Gérer la cité est une mission importante qui concerne bon nombre d'acteur individuel ou constitué en groupe. Si le politique concerne le monde des essences, la politique elle relève du monde des contingences, (évènement, concret...). Elle est le lieu des divisions et des conflits.

Parce que les décisions qui relèvent du pouvoir politique ou des élites
dirigeantes engagent la société, elles sont l'enjeu d'une compétition très vive

entre les groupes, catégories ou classe sociales. Ils s'organisent pour défendre et faire prévaloir leur intérêt, s'efforcent d'influer sur les décisions par la propagande, la persuasion, ou par la manifestation de leur puissance, éventuellement par la violence qui est souvent le signe de leur faiblesse.

Les détenteurs du pouvoir politique assurent généralement l'exécution de leur décision par un mélange d'autorité et de coercition. Cependant, d'autres procédés plus subtils font que les dirigeants arrivent à leur fin.

B- Les stratèges de la « polis »

L'univers de la politique est celui des passions collectives. La servitude et la grandeur du métier politique consiste à gérer rationnellement et à canaliser cette matière inflammable : la psychologie des masses. L'homme d'Etat (maléfique ou bienfaisant, car la « stratégie en tant que telle échappe à la morale1 ») y parvient en comprenant « les raisons que la raison ne connait pas«. Il peut alors conduire ses actions en stratège, comprendre les tendances, les comportements et les humeurs des collectivités humaines. Celui (l'homme) décrit par Gérard Chaliand est une tête pensante, un « homo stratégicus », l'idée évoquée est celle déjà décrite par le général Beaufre2. Ce dernier définie la stratégie comme étant l'art de la dialectique des volontés employant des ressources pour résoudre leur conflit. « Son but est d'atteindre la décision en créant des contraintes sur l'exploitation des ressources de l'adversaire suffisant pour lui faire accepter les conditions qu'on veut lui imposer3 », car il y va du respect et même de l'hégémonie.

Au niveau des objectifs, les héros de l'histoire sont souvent (peut-être pas toujours) animés par leur ego autant que par les intérêts qui les dépassent. D'où l'importance de ce que les stratèges appellent la recherche de « la gloire », une gloire posthume et éternelle pour le martyr.

Aujourd'hui, les instituts de recherche et les groupes de pression ont un
pouvoir croissant dans l'élaboration de stratégie politique en matière de

1 Anthropologie mondiale de la stratégie. Des origines au nucléaire, Gerard Chaliand, éditions Robert Laffont S.A Paris, 1990.

2 Auteur de «introduction à la stratégie«, 1963 et militaire dans l'armée Française de 1921 à 1975.

3 Ces contraintes peuvent portées sur les ressources elles-mêmes ou sur leurs modes de mobilisation.

relation extérieur et surtout dans la définition de ce qu'est «l'intérêt national «d'un Etat. Un intérêt qui ne fait pas souvent partie de l'attention de la population. Dans les pays développés il s'agit des lobbies, des multinationales, ou des intellectuelles représentant d'une idéologie4 ou d'un courant (ex les conservateurs) qui influent sur les orientations de la politique de l'Etat.

II- Les stratégies concevables

Savoir gérer une conflictualité aussi permanente que polymorphe et imprévisible est dès lors le premier impératif de l'homme politique car pour Machiavel, l'unique pensée et l'unique objectif est d'abord savoir quand, pourquoi et comment faire la guerre. Dans cette configuration, il n'est pas d'hommes politiques qui ne doivent être un fin stratège. A l'évidence, l'intelligence est une des ressources essentielles au commandement, cependant, les stratégies déterminent réellement la volonté des acteurs.

A- La stratégie offensive

Il s'agit d'une logique qui préconise de s'attaquer directement au problème. La stratégie consiste souvent à identifier le « point décisif » (en quelque sorte le talon d'Achille de l'adversaire) ou le « centre de gravité » permettant d'atteindre le résultat. Dans les situations de maintien ou de rétablissement de l'ordre, la stratégie implique le recours à la force au sens usuel (militaire ; policière) et donc de la violence ou tout au moins à l'éventualité du recours à la force, laquelle est donc nécessaire. Par contre, Clausewitz et Sun Zi5 parlent de la recherche d'une désintégration morale de l'adversaire pour pouvoir rompre le lien qui maintien l'unité de l'organisation adverse. Mais le mot «désintégration« ne doit pas être pris dans sont sens absolu, ou au sens militaire, car il s'agit seulement de désorganiser ou dans un langage courant de semer la« zizanie« et de faire accepter sa loi ; «diviser pour mieux régner«.

Concrètement, tout dépend des objectifs, car l'effondrement complet du vaincu peut-être une source de problème pour le vainqueur ; par exemple, une entreprise à rarement intérêt à la dislocation de tous ses concurrents. Mais dans certain cas extrême où le but est l'anéantissement de l'adversaire, il est

4 Ensemble des idées constituant une doctrine philosophique ou politique.

5 Sun Zi est l'auteur de l'art de la guerre, ouvrage le plus ancien sur la stratégie militaire. La preuve que l'auteur est existé reste un mystère.

effectivement nécessaire de briser son unité et donc le lien moral qui la conditionne. Ce cas de figure est observable lors des campagnes électorales. En effet, les candidats se donnent à une lutte qui peut leur permettre de donner les coups-bas, en s'appuyant sur les faiblesses de leur concurrent6.

B- La stratégie d'usure

Cette stratégie vise à fatiguer l'adversaire et à le démoraliser par des résultats cumulés d'une série d'actions donc chacune n'est susceptible à elle seule, d'engendrer un résultat décisif. Elle est celle choisie par les belligérants incapables d'obtenir des résultats décisifs. C'est donc à priori la stratégie du plus faible. Elle peut être aussi la continuation d'une stratégie offensive (ou d'anéantissement) mais l'inconvénient est qu'elle peut s'accompagner d'une usure comparable chez celui qui y recourt. Elle permet néanmoins de contrebalancer la supériorité militaire lors des guerres (exemple les Nord- Vietnamiens face au américain). On peut dire que la stratégie d'usure est plus une question de rapport de force qu'un choix doctrinal en raison des moyens disponibles.

Notons au passage que certains acteurs politiques on parfois recourt à la négociation. Celle-ci est perçue comme la recherche d'un accord ou d'un compromis social ou politique. Un adversaire rationnel, convaincu que la probabilité d'une défaite est élevée, à toutes les chances de se trouver incité à la négociation.

Le recours aux médias : Pour certains politiques, la stratégie politique repose beaucoup plus sur la maitrise des médias, à un point qu'on parle des médias en tant qu'outil de communication qui leur est indispensable. Que ce soit pour les campagnes électorales ou pour l'entretien de leur image (de marque), les médias restent incontournables. Pour illustration, on peut citer le cas des présidents français et américain, Nicolas Sarkozy et Barak Obama. On passe d'une médiatisation à une «peopolisation« qui veut faire de n'importe quel fait social un fait politique.

6 Cela peut être des révélations publiques sur des sujets compromettant (corruption, abus de pouvoir, mensonge, scandale sexuel...

C- Les attitudes possibles

Les conflits virtuels ou réels ne débouchent pas forcément sur des affrontements visibles, les acteurs adoptent 3 attitudes répertoriées par Hirschman7, mais nous n'expliciterons que deux :

- La prise de parole : ce comportement consiste à se faire entendre par les gouvernants pour les influencer, en utilisant les moyens politiques disponibles, soit dans le cadre du système considéré, soit contre lui. Ce seront les moyens légaux comme le vote, les manifestations sur la voie publique, campagne de presse, démarchage des élus... mais ce peut être aussi le recours à l'action illégale ou la violence. Agir pour revendiquer suppose en principe la conviction qu'il est possible d'atteindre le but souhaité ou du moins, d'y trouver des avantages qui soient supérieurs aux coûts de la mobilisation. Mais il peut se faire aussi que le mouvement contestataire soit à lui-même sa propre fin, c'està-dire un instrument d'affirmation de soit dans le jeu social et politique.

- L'allégeance ou la loyauté : il relève d'une attitude active ou passive de soutien politique. Les formes principales en sont le légalisme et le légitimisme. Le respect spontané du droit par le citoyen facilite l'exercice du pouvoir, de même que l'inclination à soutenir les gouvernants en place moins pour ce qu'ils font que simplement « parce qu'ils sont là ». le légitimisme peut aussi être un soutien actif aux valeurs qui fondent le régime. La stabilité d'un système politique est directement conditionnée par l'importance relative des comportements de loyauté qui, eux-mêmes, attestent l'efficacité de la socialisation politique dans le pays considéré.

7 Albert Otto Hirschman, auteur de «exit, Voice, and Loyality: responses to decli ne in firms, organization and states«. Dans ce livre, il trace les conditions d'émergence de l'action collective. La troisième attitude consiste à se mettre à l'écart du système et du jeu politique, une sorte d'indifférence due à une déception.

*Note sur quelques auteurs :

Clausewitz (Carl Philip Gottfried): (Juin 1780-novembre 1831) officier et

théoricien militaire prussien, ses écrits sont considérés comme une base majeur de la théorie stratégique moderne et ont inspiré d'autres grands noms tels Lénine, Hitler, Raymond Aron, Colin Powell... A l'origine son oeuvre (De la Guerre) n'était pas destinée à la publication, néanmoins, cette imperfection n'empêche pas son oeuvre d'être une des plus réalistes et des plus complètes. Les notion qu'il aborde dépassent largement le domaine militaire et influencent un grand nombre de sciences humaines et en particulier la science politique. Ses théories sont essentiellement descriptives. Il donne aux lecteurs des instruments conceptuels et dialectiques pour saisir toute la complexité de la stratégie pour gérer l'incertitude. Il a, entre autres, abordé dans son ouvrage le lien indissociable entre la guerre et la politique, l'introduction des probabilités dans le raisonnement stratégique et d'autres notions liés à la guerre (les frictions, le centre de gravité.).

Machiavel (Nicolas) : (Mai 1469- Juin 1527) penseur italien de la

renaissance, théoricien de la politique et de la guerre. Il est présenté jusqu'aujourd'hui (à force de préjugés) comme un homme cynique, dépourvu d'idéale, de tout sens de la morale et d'honnêteté... Ses écrits montrent un homme politique soucieux du bien public, qui cherchait à donner à l'Italie la force politique qui lui faisait défaut à cette période. Jean Jaques Rousseau voit en son oeuvre « le livre des républicain », tandis que Nietzche fait l'éloge de son style, son honnêteté pratique. Dans Le Prince il développe les thèmes de la « fortuna » (force non-humaine bonne ou mauvaise) et de la « virtù » (disposition humaine à la réaction, traduit abusivement par «vertu «) qui habitent le prince. Celles-ci lui sont nécessaires afin de prendre, garder et stabiliser son pouvoir dans l'Etat.

bibliographie

- Sciences politiques, Que sais-je ? Philippe Brand, 9em édition 2007 Presse Universitaire de France.

- Dictionnaire de stratégie, Thierry de Montbrial et Jean Klein, Quadrige/ PUF.

- Anthropologie mondiale de la stratégie. Des origines au nucléaire, Gerard Chaliand, éditions Robert Laffont S.A Paris, 1990.

- De la Guerre, Clausewitz C. Von, trad. Denise Naville, Edition de Minuit 1998, Paris.

Webographie

- www.blog-ump.typepad.fr - www.msn.com

- www.wikipedia.fr






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus