Les perspectives de l'introduction d'une culture
de
sécurité des soins en Tunisie
basée sur la qualité et
la gestion des risques : adaptation des
recommandations de l'Organisation Mondiale de
la
Santé (OMS) et de la Haute Autorité de
Santé (HAS) .
Présenté par Kamel AJMI
Pour l'obtention du Master en Développement de
l'Université Senghor Département :
Santé Spécialité : Santé Internationale Le 08
avril 2009. Encadré par
Pr Ali MTIRAOUI
Chef de département de Médecine communautaire-
Faculté de Médecine de Sousse
Devant le jury composé de :
Dr. Christian MESENGE Directeur du Département
Santé à l'Université Senghor M. Pascal GAREL
Directeur Exécutif de la Fédération
Européenne des Hôpitaux. Prof. Mohamed GAD
Maître de conférences, IGSR, Alexandrie.
|
Président Examinateur
Examinateur
|
Université Senghor - Opérateur direct de la
Francophonie 1 Place Ahmed Orabi, BP 21111, 415 El Mancheya, Alexandrie,
Egypte
www.usenghor-francophonie.org
Remerciements
A Dieu le tout puissant Allah
pour nous avoir donné la chance de suivre cette formation.
A l'Organisation Internationale de la Francophonie de nous avoir
permis de bénéficier d'enseignements de haute qualité et
d'acquérir des connaissances scientifiques et intellectuelles de haut
niveau.
A Mr le Recteur Fernand TEXIER, veuillez accepter nos hommages
de profondes gratitudes et nos respectueuses considérations.
Au Dr Christian MESENGE, Directeur du Département
Santé à l'Université Senghor, toujours soucieux pour nous
assurer un enseignement de haut niveau. Permettez nous de vous exprimer ici
notre profonde gratitude et nos sentiments respectueux.
A notre encadreur de mémoire, Pr Ali MTIRAOUI chef de
département de médecine communautaire à la Faculté
de Médecine de Sousse. "Mon Professeur" veuillez accepter nos meilleures
considérations et notre profonde gratitude. Merci
énormément pour la qualité de vos orientations et votre
impressionnant encadrement.
A Mme Alice MOUNIR, assistante de direction du
département pour le soutien constant et tous les efforts fournis. Soyez
assuré de notre reconnaissance.
A Mr Fayçal GHARIANI, Directeur Général
de l'Hôpital A Mami d'Ariana - Tunisie. Nous vous prions de trouvez ici,
l'expression de notre profonde reconnaissance et de notre grande admiration.
Merci Si Fayçal, grâce à vous j'ai appris qu'avec l'espoir
tout est possible, nous serons toujours reconnaissants.
Au Docteur Belgacem SABRI Directeur des Systèmes de
Santé et Services de Développements à l'EMRO/OMS et
Docteur Riham ELASADY responsable du programme Patient Safety à
l'EMRO/OMS. C'était un grand honneur pour nous de travailler avec vous
sur ce sujet, nous vous remercions énormément pour votre
coopération et aide pour la réalisation de ce travail.
A nos encadreurs de stage Mr Jean Claude DEFORGES directeur de
la Qualité et de la Gestion des Risque à l'APHM. Soyez
assuré de notre reconnaissance. Et au Dr Jacques RAGNI responsable de
ViGéRIS et à Mme Hélène VEUILLET qui m'a beaucoup
aidé pour avoir un stage à ViGéRIS. Je tiens à
remercier toute l'équipe de la DQGR et spécialement à Mlle
Ludivine BLANCHET pour son hospitalité et son accueil. Je tiens
également à remercier toute l'équipe de ViGéRIS,
merci de nous avoir accueilli.
A tous ceux qui ont contribué de prés ou de loin
à la réalisation de ce travail. Aux membres de jury qui ont bien
voulu lire ce travail et le juger.
Je ne saurais terminer sans remercier tous les collègues
du département Santé pour les échanges fructueux. Nous
vous aimons tous.
Dédicace
Je dédie ce mémoire ...
A l'âme de ma Grand-mère qui nous a quittée
brutalement, repose toi en paix !
Ta voix est toujours là, en nous tous, tu seras toujours
proche de mon coeur ... à jamais ! A mon Père Mohamed Ali,
à ma mère Fatma, je vous aime énormément !
A mes frères Sami et Chaouki, à mes soeurs Nedia,
Leila, Basma, Afef et Amel Que ce travail soit pour nous une joie
partagée !
Merci pour vos soutiens et encouragements.
Résumé
Les interventions en matière de santé ont pour
but de profiter aux patients, mais elles peuvent aussi leur nuire à
cause de la survenue d'Evénements Indésirables (EI) qui
interviennent durant le processus de prise en charge du patient. Ces EI
découlent principalement de la complexité organisationnelle de
l'hôpital, de la multiplicité des rôles, des acteurs et des
techniques utilisés.
La sécurité des patients et les erreurs
liées aux soins sont devenues d'importants sujets de
préoccupation à la fois des pays que les organisations
internationales qui oeuvrent dans le domaine de la santé par la mise en
place et la promotion des politiques qui promeuvent les pratiques de soins
sécuritaires.
De nos jours, la culture de sécurité des soins
est vue comme une solution pour mobiliser l'ensemble des professionnels de
santé autour de la question de la sécurité des soins.
L'attention doit être portée à la compréhension des
accidents qui surviennent dans les établissements de soins, des
mécanismes et conditions de leur survenue dans le but d'éviter
leur renouvellement et de limiter leurs conséquences.
A fin d'instaurer cette culture il faut obligatoirement
institutionnaliser la gestion des risques dans l'hôpital dans le cadre
d'une logique d'amélioration continue de la qualité et de veille
sanitaire permanent au niveau de l'établissement et au niveau national,
pour pouvoir agir par des actions adéquates et en temps opportun.
A l'instar des pays en développement (PED), la
situation des EI liés aux soins en Tunisie et reste peu
étudiée et par conséquent mal maitrisée, quelques
rares études ont soulevé la nécessité de donner
plus d'attention à ce problème et l'urgence d'une politique
nationale qui vise à améliorer la sécurité des
soins dans le cadre d'une démarche qualité globale,
méthodologique et surtout pérenne.
La sécurité des soins dans l'hôpital
tunisien doit s'inscrire dans une approche globale d'amélioration
continue de la qualité des soins par la définition d'une
politique globale d'accréditation des établissements de soins
dans la quelle les objectifs, les échéances et les moyens doivent
êtres décrits.
Notre travail s'inscrit dans ce cadre et porte sur les
perspectives de l'introduction d'une culture de sécurité des
soins en Tunisie basée sur la qualité et la gestion des risques,
inspirée des recommandations de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) et de la Haute Autorité de la Santé (HAS).
Mot-clefs
Événements indésirables, culture de
sécurité, qualité des soins, risques,
accréditation, hôpital, Tunisie, OMS, HAS.
Abstract
The health interventions are designed to the benefit of
patients, but they can also harm them because of the occurrence of adverse
events (AE) during the process of patient's care. These AE result primarily
from the organizational complexity of the hospital, the multiplicity of roles,
actors and techniques used.
Patient safety and errors associated with care have become
important topics of concern to both countries and the international
organizations involved in health through the establishment and promotion of
health policies that promote safe care practices.
Nowadays, the culture of care safety is seen as a solution to
mobilize all health professionals on issues of care safety. Attention must be
paid to the understanding of accidents in health care institutions, mechanisms
and conditions of their occurrence in order to prevent their renewal and
consequences.
In order to establish this culture, risk management in the
hospital must be institutionalized as part of a system of continuous quality
improvement and permanent health monitoring both at institutional and national
level, in order to act by appropriate and timely actions.
The situation of AE related to care in Tunisia and in the case
of developing countries remains poorly studied and therefore inadequately
controlled. Few studies have raised the need to give more attention to this
problem and the urgency of national policy that aims to improve the care safety
within an overall, methodological and lasting quality.
The safety of hospital care in Tunisia must be part of an
overall approach to continuous improvement of quality of care by establishing
an overall policy for the accreditation of health facilities in which the
goals, timelines and means must be described.
Our work is part of this context and relates to the prospects
of introducing a culture of care safety in Tunisia grounded on quality and risk
management, based on the recommendations of the World Health Organization (WHO)
and High Authority of Health (HAS).
Key-words
Adverse events, safety culture, quality of care, risks,
accreditation, hospital, Tunisia, WHO, HAS.
Liste des acronymes et abréviations
utilisés
- AmQ : Amélioration continue de la Qualité
- ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation
des Soins
- APHM : Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille - AQ
: Assurance Qualité
- CCECQA : Comité de Coordination de l'Evaluation Clinique
et de Qualité en Aquitaine. - CHU : Centre Hospitalo-universitaire
- CLIN : Comité de Lutte contre les Infection Nosocomiales
- CNAM : Caisse Nationale d'Assurance Maladie
- DQGR : Direction de la Qualité et de la Gestion des
Risques
- DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation
et des Statistiques
- EI : Evénement Indésirable
- EMRO : Eastern Mediterranean Regional Office - EPP:
Evaluation des Pratiques Professionnelles - EPS : Etablissement Public de
Soin
- HAS : Haute Autorité de Santé
- HR : Hôpital Régional
- IN : Infection Nosocomiale
- MSP : Ministère de la Santé Publique
- OMS : Organisation Mondiale de la Santé - PDCA : Plan,
Do, Check, Act
- PED : Pays en Voie de Développement - REX : Retour
d'Expérience
Sommaire
Remerciements i
Dédicace ii
Résumé iii
Mot-clefs iii
Abstract iv
Key-words iv
Liste des acronymes et abréviations utilisés v
Sommaire 1
Introduction et problématique. 3
1 Revue de la littérature 11
1.1 La qualité et la gestion des risque en santé :
notions, enjeux et objectifs. 11
1.1.1 La qualité et la santé. 11
1.1.2 La qualité et le pilotage managérial du
secteur de santé. 13
1.1.3 Réflexions sur la gestion des risques liés
aux soins et la complémentarité avec la qualité..
16
1.1.4 Enjeux et objectifs de la gestion des risques en
santé 21
1.1.5 Démarche de maitrise des risques : vers
l'instauration d'une culture de gestion des
risques dans les établissements de santé. 22
1.2 Outils de pilotage et de management des risques liés
aux soins 25
1.2.1 Outils qualitatifs. 25
1.2.2 Outils quantitatifs. 30
2 Méthodes 31
3 Résultats 39
3.1 L'organisation du projet professionnel. 39
3.1.1 Définition du projet 39
3.1.2 Objectifs du projet 39
3.1.3 Principes de la démarche 40
3.1.4 Elaboration des référentiels. 40
3.1.5 Elaboration des indicateurs 42
3.2 Définition des acteurs et institutions 43
3.2.1 Une Agence Nationale d'accréditation. 43
3.2.2 Une direction générale de la qualité
et de la gestion des risques 43
3.2.3 Renforcement du rôle de l'Institut de Veille
Sanitaire (IVS). 43
3.3 Déroulement de la procédure
d'accréditation 44
3.3.1 Les préalables de l'accréditation. 44
3.3.2 L'entrée dans le processus d'accréditation.
44
3.3.3 Les visites d'accréditation. 44
3.4 Le volet culturel de la démarche. 45
3.4.1 Développement d'une culture de qualité 45
3.4.2 Développement d'une culture de
sécurité des soins et des patients 45
3.5 Management du projet 46
3.5.1 Définition des axes stratégiques de
l'établissement de soins 46
3.5.2 La prise en charge du patient. 49
3.5.3 Le nouveau cadre conceptuel du management hospitalier 50
4 Discussion 52
Conclusion 55
5 Références bibliographiques. 57
6 Annexes 61
Introduction et problématique.
Les interventions en matière de santé ont pour
but de profiter aux patients, mais elles peuvent aussi leur nuire. La
sécurité des patients et les erreurs liées aux soins de
santé sont devenues d'importants sujets de préoccupation tant sur
le plan des politiques en matière de santé que sur le plan des
pratiques de soins. Suivant le principe d'Hippocrate, « d'abord ne pas
faire de mal », qui date de plus de 2400 ans, les soignants doivent
prendre en considération que le traitement peut comporter des risques
tout comme des avantages (Baker & Norton, 2001).
L'énorme progrès qu'a connu la médecine
moderne depuis le milieu du siècle dernier ainsi que les formidables
progrès dans les domaines scientifique et technologique ont
été la pierre angulaire du saut qualitatif et quantitatif dont a
bénéficié les pratiques de soins modernes. L'hôpital
de nos jours est devenu une organisation complexe, une complexité qui
découle inéluctablement de la multiplicité des
rôles, des acteurs, des techniques, des attentes du public et celles des
pouvoirs politiques (Pellerin, 2008).
La médecine moderne et sous les pulsions des
progrès technologiques, techniques et même managériaux est
devenue de plus en plus curatrice, sauve des vies, donne de l'espoir, augmente
les champs du confort de l'individu mais aussi illusionne de sa totale
fiabilité jusqu'au point de prétendre le risque zéro
(Pellerin, 2008).
Cet illusionnisme découle en fait, de l'association de
procédés, de technologies et des techniques de plus en plus
complexes et d'interactions humaines, font qu'on ne peut jamais être
assuré du succès des interventions sur l'organisme humain sans
aucune faille ou erreur liée à l'acte de soin (Pellerin,
2008).
Certes, le problème des événements
indésirables (EI) liés aux soins de santé n'est pas
nouveau. Des regards ont été jetés sur ce sujet dès
les années 50 et 60, mais la question est restée largement
méconnue. Au début des années 90 à la suite de la
publication des résultats de la Harvard Medical Practice Study
en 1991, la question des EI liés aux soins à commencé
d'avoir de l'ampleur et de l'envergure par l'intéressement d'un grand
pays comme les Etats Unis d'Amérique à ce problème et
à ses effets.
Un intéressement majeur à l'impact humain,
social et surtout financier des accidents qui peuvent survenir tout au long du
processus de prise en charge du patient. Des études ultérieures
effectuées aux Etats-Unis d'Amérique, en Australie, au
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et récemment en France, nous citons en
particulier l'étude faite par l'Institute of Medicine ,
institution qui a été la première à attirer
l'attention sur ce problème de santé publique et à
étudier, dans un rapport, intitulé To err is human : building
a sa fer health system, qui a mis l'accent sur les erreurs
systémiques et que, pour une grande proportion, elles auraient pu
être évitées par une meilleure organisation des soins
(Pellerin, 2008).
Le rapport sus-cité estime que les erreurs
médicales provoquent entre 44 000 et 98 000 décès
annuels dans les établissements de soins aux Etats-Unis
d'Amérique, c'est-à-dire plus que les accidents de la route,
le cancer du sein ou le SIDA (OMS, 2002). Ces estimations étaient
basées sur une étude publiée
en 1991 par le Harvard Medical Practice Study, qui a
constaté que 4 % des patients subissent des préjudices plus au
moins variables à l'hôpital et que 70 % des
événements indésirables conduisent à une
brève incapacité ; on a noté que 14 % de ces
événements ont entraîné la mort (Baker & Norton,
2001).
Ces publications ont permis de comprendre les
mécanismes des erreurs qui surviennent ou qui peuvent survenir dans les
structures de production de soins. Elles ont généré des
preuves irréfutables pour l'urgence de l'action. L'intérêt
pour le sujet ainsi que les préoccupations des décideurs se
trouvent ainsi rehaussés.
En Australie, une étude intitulée Quality in
Australian Health Care Study (QAHCS), publiée en 1995, a
constaté que le phénomène des EI touche 16,6 % parmi les
sujets hospitalisés (OMS, 2002). Cette publication a suscité une
controverse dans le secteur de la santé et dans les médias.
Ainsi, le gouvernement fédéral s'est mobilisé pour mettre
en place de diverses actions et programmes visant l'amélioration de la
qualité des soins et la réduction voire même la maitrise
des événements indésirables liés aux soins.
De même, le Department of Health du Royaume-
Uni, dans son rapport de l'an 2000 intitulé An organization with a
memory, estime que les événements indésirables
concernent 10 % environ des sujets hospitalisés, ce qui
représente quelque 850 000 événements indésirables
chaque année selon Baker & Norton (2001).
En France, une enquête nationale intitulée «
Les événements indésirables graves liés aux soins
observés dans les établissements de santé » a
été menée. Selon cette étude, la fréquence
d'événements indésirables en France est comparable
à celle des « adverse events » des pays anglo- saxons
(c'est-à-dire entre 10 à 15% des sujets hospitalisés). Les
hospitalisations causées par les EI graves sont estimées entre
175 000 et 200 000 par an, soit la cause de 3,5% des admissions en chirurgie et
4,5% en médecine. Les EI graves survenant au cours de l'hospitalisation
se situent entre 350 000 et 460 000, la part du médicament est de 38,7%,
et celle des actes invasifs de 42,7%. La moitié environ de ces EI peut
être considérée comme évitable (DREES, 2005a).
La situation dans les pays en développement et les pays
à économie en transition mérite une attention
particulière. Les carences au niveau de la gestion des déchets et
de la lutte contre les infections liées aux actes de soins,
l'approvisionnement et la qualité peu fiables des médicaments, le
personnel peu performant, insuffisamment motivé et mal formé, des
problèmes de sous-financement font accentuer les problèmes
d'iatrogénie dans ces pays comparativement aux pays
industrialisés (OMS, 2002).
Ainsi, les chiffres de l'OMS indiquent qu'à tout
instant, plus de 1,4 million de personnes dans le monde souffrent d'infections
contractées à l'hôpital et que le risque d'infection
liée aux procédures de soins dans les pays en
développement est 2 à 20 fois supérieur à celui
relevé dans les pays développés, la proportion de patients
souffrant d'une infection liée aux procédures de soins dans
certains pays en développement peut dépasser 25 %. A noter que
selon la même source, 77 % environ de l'ensemble
des cas de médicaments contrefaits et de qualité
inférieure concernent les pays en développement (Alliance
Mondiale pour la Sécurité des Patients, 2005)
Selon l'OMS aussi, la transfusion de sang provoque chaque
année dans le monde 16 millions d'infections par le virus de
l'hépatite B, 5 millions d'infections par le virus de l'hépatite
C et 160 000 d'infections par le VIH. A rappeler dans ce cadre l'exemple de la
plus vaste épidémie documentée de transmission du VIH par
voie nosocomiale chez 400 nourrissons en Jamahiriya Arabe Libyenne qui avait
comme origine des interventions invasives et la transfusion sanguine non
sécurisée (Alliance Mondiale pour la Sécurité des
Patients, 2005).
La situation des EI liés aux soins en Tunisie et
à l'instar des pays en développement (PED) reste peu
étudiée, quelques rares études ont soulevé la
nécessité de donner plus d'attention à ce problème,
et l'urgence d'une politique nationale qui vise à améliorer la
sécurité des soins dans le cadre d'une démarche
qualité. Ainsi, d'après Dridi et al (2006), le taux de
prévalence de l'infection nosocomiale (IN) pour les hôpitaux
tunisiens non universitaires est de 8,4 %, ce taux est de 6,9% dans le CHU
Sahloul de Sousse de 1992 à 1996 ; Njah et al rapportent une
prévalence de 10,6% sur une étude descriptive transversale au CHU
Farhat Hached de Sousse, alors qu'à Sfax et dans le CHU Habib Bourguiba
la prévalence est de 17,9% en 2002 (Dridi et al., 2006).
La plupart des études faites en Tunisie montrent que
les IN les plus rapportées sont l'infection pulmonaire, l'infection du
site opératoire et l'infection urinaire liées surtout à un
déficit de l'hygiène hospitalière par une insuffisance au
niveau de l'entretien du matériel et équipement ou une faute
d'asepsie pré, per et/ou post opératoire aggravée par la
défaillance du lavage des mains. La prépondérance de
l'infection de la plaie opératoire a été soulevée
par une étude réalisée au CHU Sahloul de Sousse (Tunisie)
où elle représentait jusqu'à 32,15% (Dridi et al.,
2006).
En plus, Kallel et al ont montré selon une étude
faite au CHU Habib Bourguiba de Sfax (Tunisie) que pour un total de 50 patients
présentant une IN, 32% furent une pneumonie, suivie par l'infection du
site opératoire (28%) et l'infection urinaire (20 %). A noter que les
patients des services de réanimation et des soins intensifs sont les
plus exposés que les patients des autres services à contracter
une IN au cours de leur séjour avec un taux de 23,05% contre 22,4% dans
les services de chirurgie (Dridi et al.,2006).
Ainsi, pourtant que les résultats globaux et la
performance générale du système de santé en Tunisie
sont jugés favorables par des instances internationales telles que l'OMS
ou la Banque Mondiale, organisme qui estime que ces résultats sont en
général meilleurs que ceux des autres pays de la région,
de nombreux défis demeurent dans un contexte où la charge de
maladie est en croissance en raison de la transition
épidémiologique et démographique qui touche une population
qui commence à montrer une tendance au vieillissement (Banque Mondiale
2006).
Devant le vieillissement inexorable de la population,
d'importants ajustements pour améliorer le financement et la
performance qualitative et quantitative du système de santé vont
s'imposer. Rappelons dans ce cadre que les dépenses totales de
santé sont encore légèrement inférieures à
150$
par personne, mais elles ont considérablement
augmenté au cours des deux dernières décennies, ces
dépenses représentaient 4,2% en 1990, et 6 % en 2004 du PIB
(Banque Mondiale, 2006).
Les défis majeurs face au système de
santé tunisien concernent la viabilité du financement, pour cela
la Tunisie s'est engagée dans les dernières années dans
une réforme majeure de son programme d'assurance maladie afin
d'augmenter la couverture, réduire la charge financière des soins
de santé sur la population et augmenter l'accès et la
qualité des services, en particulier dans le secteur public. La Caisse
Nationale d'Assurance maladie (CNAM) est l'organisme en charge de la couverture
médicale offrant un programme d'assistance de soins qui couvre plus de
80 % de la population (Banque Mondiale, 2006).
Le système de prestation des soins est
particulièrement public avec une participation croissante du secteur
privé : actuellement 12% des lits appartiennent au secteur privé,
secteur qui offre également 70% des services technologiques de pointe.
Le principal prestataire de soins est le Ministère de la santé
publique (MSP) qui offre trois niveaux de soins : primaires, secondaires et
tertiaires. Les deux premiers niveaux absorbent le quart du budget du MSP alors
que le niveau tertiaire absorbe environ la moitié du budget. (Banque
Mondiale, 2006).
L'analyse du fonctionnement des ces différents niveaux
de soins montre l'existence de problèmes de chevauchement des missions,
ce qui constitue à notre sens un problème d'organisation et
d'efficience qui pèse qualitativement lourd sur le système de
santé tunisien, problème qui s'aggrave avec une concurrence
recrudescente du secteur privé, ce qui suggère un
mécontentement de la population de la qualité des soins du
secteur public (Banque Mondiale, 2006).
Depuis la fin des années 1980, la qualité des
soins est une des priorités du gouvernement Tunisien, ce constat trouve
le justificatif dans les divers plans de développement quinquennaux. Une
attention considérable a été portée à
l'amélioration des niveaux secondaires et tertiaires à travers
des investissements en infrastructure et équipements (Banque Mondiale,
2006). Des efforts importants ont également été entrepris
pour l'amélioration des ressources humaines par des programmes de
formation pour les professions médicales, paramédicales,
directoriales et administratives.
Toutefois, des grands défis persistent et touchent la
qualité des services de soins, aggravés par une grande
disparité entre les régions du pays et entre catégories
d'établissements (CHU, Hôpital régional, Hôpital de
circonscription et Centre de Soins de Bases). D'autres défis sont
à l'ordre du jour et qui concernent l'accueil, la gestion des
rendez-vous, le traitement respectueux des patients (et leur entourage) par les
infirmiers et les médecins, l'aspect extérieur et environnemental
de l'hôpital, l'amélioration de l'hôtellerie...
Le problème majeur pour évaluer objectivement de
la qualité des soins en Tunisie reste la pénurie des
données systématiques.
L'autre problème majeur auquel fait face le
système de santé tunisien est l'absence de
suivi, d'actualisation et d'évaluation des stratégies de
promotion de la qualité et sa pérennisation. La
qualité est devenue de nos jours, l'un des thèmes centraux
dans presque toutes les organisations quel que soit
le secteur d'activité. L'obligation actuelle de
profiter les fruits de la qualité dans les pratiques de soins en Tunisie
est pressante voire urgente du fait de l'évolution de son
l'environnement social, culturel, économique et politique.
Les démarches qualité trouvent leur origine dans
le secteur de l'industrie. Elles ont pu le transfigurer en termes de
productivité/rentabilité et en termes de satisfaction des
clients. Toutefois, pour transférer ces démarches au secteur de
la santé, il faut prendre en compte la spécificité du
secteur en termes de culture et surtout d'acteurs. Pour cela un take-off
réussi du secteur nécessite des adaptations
étudiées des concepts, des méthodologies et des outils au
contexte spécifique des établissements de soins pour pouvoir
générer le changement comportemental et culturel
convoité.
Le secteur de la santé en Tunisie, d'ailleurs comme la
plupart des PED, souffre d'un handicap majeur pour l'instauration d'une
démarche qualité à savoir l'absence de dispositif
d'accréditation des établissements de soins, qui à notre
sens, s'avère une priorité pour que les performances
réalisées ou souhaitées sortent du cadre des initiatives
privées pour s'intégrer dans une démarche globale,
méthodologique et surtout pérenne.
Les expériences d'amélioration de la
qualité des soins en Tunisie sont encore éparses,
néanmoins le contexte actuel de réforme de l'assurance maladie et
des projets de mise à niveau des structures sanitaires publiques, promet
un futur valorisant pour la qualité des soins et la
sécurité des patients. Ainsi, l'adhésion à cette
logique est placée par l'Etat au coeur de ses priorités.
La réponse à cette nécessité
urgente de se lancer dans une démarche d'accréditation est toute
récente, le conseil ministériel du 5 septembre 20081,
présidé par le chef de l'Etat et consacré à la
santé en Tunisie en tant que pôle d'exportation à l'horizon
de 2016 est venu confirmer le souci de conférer à ce secteur plus
d'efficience et d'améliorer son rendement et sa qualité. La
création d'un organisme public indépendant ayant les
prérogatives de l'évaluation, de la conformité et de
l'octroi des attestations d'accréditation et de certification des
hôpitaux en Tunisie est ainsi projetée. Le but est de garantir la
pérennité des acquis quantitatifs et d'améliorer la
qualité des soins pour une meilleure satisfaction des
bénéficiaires et l'ancrage d'une culture de
sécurité des soins institutionnalisée sur des fondements
scientifiques et managériaux pérennes.
Par rapport à la sécurité des patients en
Tunisie, il ya plusieurs programmes de prévention du risque dans les
hôpitaux tels que les Comité de Lutte Contre les Infections
Nosocomiales CLIN, la sécurité transfusionnels, la
déclaration des accidents d'exposition au sang, le programme de
surveillance des décès maternels, vaccination des professionnels
de santé contre l'hépatite B, la pharmacovigilance, des axes de
partenariat, de collaboration et de recherche avec l'OMS/EMRO sur la
sécurité des patients dans les hôpitaux tunisiens et la
discussion de l'éventuelle adoption, par la Tunisie, de l'initiative
Patient
1Site de la Présidence de la
République tunisienne ; conseil ministériel le 05 septembre 2008
présidé par le Chef de l'Etat et consacré au secteur de la
santé :
http://www.carthage.tn/fr/index.php?option=com_events&task=view_detail&agid=15548&year=2008&month=09&day=05&Ite
mid=0 (page visitée le 22 septembre 2008).
Safety Friendly Hospital Initiative (PSFHI) de
l'OMS/EMRO, avec ses différents standards. De même, une commission
nationale de gestion des risques liés aux soins verra le jour, son texte
est en cours de signature.
Sur le terrain, des experts tunisiens travaillent sur
l'élaboration d'un glossaire, la mise en place de protocoles en milieu
chirurgical ainsi qu'un plan d'action pour améliorer la
sécurité des soins en milieu hospitalier. Cependant, tous ces
acquis n'ont pas encore été réunis sous un même
parapluie, qui est la sécurité des patients, toutes ces
démarches restent non encadrées et relèvent du bon vouloir
et de l'enthousiasme momentanés, et risquent, en dehors d'un
système institutionnel d'une démarche qualité, de
s'effriter et de disparaître.
En Tunisie ou partout dans le monde les
événements indésirables liés aux soins ne peuvent
pas être considérés comme marginaux, de par leur ampleur et
le coût financier et surtout humain qu'ils représentent. Dans les
pays industrialisés, la sécurité des soins est devenue
autant une préoccupation de santé publique qu'un enjeu de
société. La stratégie mise en oeuvre par ces pays a
été fondée sur des fondements juridiques sérieux et
soutenu, des réformes administratives et organisationnelles
structurelles, l'institutionnalisation scientifique de la démarche
qualité par l'élaboration de référentiels,
l'évaluation continue des pratiques médicales et la formation des
professionnels.
La sécurité des soins dans l'hôpital
tunisien doit s'inscrire dans une approche globale d'amélioration de la
qualité de l'activité hospitalière par la
définition d'une politique générale dans la quelle les
objectifs, les échéances et les moyens doivent êtres
décrits. C'est un défi majeur à toute structure de
production de soins, pour cela une mobilisation politique, organisationnelle et
managériale doit être déclenchée pour instaurer une
culture de gestion des risques dans nos établissements hospitaliers.
Si les stratégies mises en place jusqu'à
aujourd'hui n'ont pas permis de baisser le nombre des événements
indésirables liés aux soins en Tunisie ainsi que les erreurs qui
coutent cher à l'individu et à la collectivité, c'est
peut-être que des barrières d'ordre culturel entravent la
compréhension et l'assimilation des pratiques sécuritaires, et
empêchent de les intégrer culturellement dans les pratiques
quotidiennes des professionnels.
L'hôpital doit adhérer à cette culture et
l'enraciner par l'implication des tous les intervenants dans le processus de
production de soin. La culture de sécurité est la solution pour
mobiliser l'ensemble des professionnels de santé autour des questions de
sécurité des soins. L'attention doit être portée
à la compréhension des accidents qui surviennent dans les
établissements de production des soins et des conditions de leur
survenue dans le but d'éviter leur renouvellement ainsi que leurs effets
parfois désastreux sur le patient ou même sur
l'établissement de soins.
La culture de la sécurité vise finalement
à créer un environnement sans menace punitive dans lequel les
erreurs peuvent être traitées à la source, en agissant sur
les aspects organisationnels et surtout ne plus voir l'erreur sous l'angle de
ses conséquences juridictionnelles, mais sous un angle éducatif
afin de prévenir ou, le cas échéant, d'expliquer tout
mécanisme de défaillance soit humaine, matérielle ou
procédurale qui a amené à sa survenue.
A fin d'instaurer cette culture il faut obligatoirement
institutionnaliser la gestion des risques dans l'hôpital dans le cadre
d'une logique de veille sanitaire permanent au niveau de l'établissement
et au niveau national, pour pouvoir agir par des actions adéquates et en
temps opportun.
Tous ces problèmes sous-jacents ont canalisé nos
réflexions pour chercher des solutions opérationnelles à
cette situation épineuse qui risque d'anéantir les acquis
atteints en Tunisie par le sondage des perspectives de l'introduction d'une
culture de sécurité des soins en Tunisie basée sur la
qualité et la gestion des risques, inspirée des recommandations
de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la Haute
Autorité de la Santé (HAS).
L'analyse documentaire ainsi que le stage effectué
à la Direction de la Qualité et de la Gestion des Risques (DQGR)
et à ViGéRIS de l'Assistance Publique des Hôpitaux de
Marseille (APHM) nous ont permis de constater que :
- La qualité et la gestion des risques sont en retard
dans les pays francophones (à l'exception de l'expérience
Canadienne inspirée surtout du modèle américain) par
rapport aux pays anglo-saxons et scandinaves. La qualité et la Gestion
des risques sont deux disciplines relativement récentes dans le
management hospitalier de ces pays. Les répercussions du non application
du management par la qualité sont significatives et tangibles sur les
pays africains dont fait partie la Tunisie. La performance des systèmes
de santé dépendra en grande partie de l'intégration de ces
deux disciplines (la qualité et la gestion des risques).
- La qualité n'est plus un luxe intellectuel des
occidentaux, ni même un objectif difficile à réaliser ni
impossible à atteindre dans les PED, mais bien au contraire c'est une
nécessité voire même une urgence pour une mise à
niveau sérieuse du secteur de la santé tunisien, l'atteinte des
objectifs énoncés par la présidence de la
République à savoir la valorisation du secteur pour être un
pôle d'exportation, à l'horizon 2016 dépendra en grande
partie de l'introduction de cette démarche.
- Certes, on ne peut pas parler de la qualité dans le
domaine de la santé sans parler de la gestion de risque et vice-versa :
la gestion des risques constitue une partie intégrante de la
qualité, l'objectif est d'améliorer les prestations
données au patient : c'est-à-dire améliorer son
environnement global et lui générer plus de
sécurité et de confort, résultant d'un savoir-faire qui
s'améliore au fil du temps en se basant sur des fondements
scientifiques, intellectuels et managériaux durables.
- La qualité est un long processus qui vise surtout
à créer une culture et un changement comportemental radical qui
nécessite la combinaison des outils qualitatifs et quantitatifs.
- Le lien entre les deux disciplines (qualité et
gestion des risques) naît de la volonté de résorber les
problèmes qui se posent au secteur de la santé,
c'est-à-dire des difficultés liées à la
budgétisation, la concurrence rude du secteur privé et les
difficultés d'ordre humain pour assimiler et faire introduire les
pratiques de la qualité au quotidien du professionnel de la
santé.
En somme :
La qualité et la gestion des risques sont deux
disciplines qui se complètent et se réunissent sur un même
carrefour, la mise à niveau du secteur de santé doit introduire,
assimiler et pérenniser les deux disciplines.
Pour réaliser cet objectif il faut instaurer une
culture de gestion des risques : c'est-à-dire dépasser une
culture de faute/sanction pour développer une culture de
sécurité qui met le patient au centre d'intérêt de
l'activité de production de soin. Le retard dans ce domaine se justifie
par le fait que la faute professionnelle du personnel de la santé est
sanctionnée. Cela génère une grande réticence face
à la déclaration des EI liés aux soins. Des pressions
légitimes s'opèrent maintenant partout dans le monde pour
réformer le secteur de la santé (sécurité du
patient/sécurité du déclarant).
Pour cela des outils s'avèrent inéluctables pour
l'instauration de cette culture par la combinaison des outils qualitatifs et
quantitatifs.
C'est dans ce cadre que s'insère notre travail. Il tentera
de répondre aux questions suivantes :
Comment la qualité est au service de la
sécurité du patient via la gestion des risques dans les
établissements de production de soins en Tunisie? Quels sont les outils
nécessaires pour l'instauration et la pérennisation d'une culture
de sécurité autour du patient ?
1 Revue de la littérature
1.1 La qualité et la gestion des risque en santé :
notions, enjeux et objectifs.
1.1.1 La qualité et la santé.
Genèse de la qualité des soins.
Depuis les années 80, l'intérêt
porté à la qualité des soins par les pouvoirs publics, les
professionnels, les compagnies d'assurance ou même les patients ne cesse
de croître. Plusieurs raisons expliquent cet intérêt selon
Garnerin et al. (2001):
- La médecine est devenue progressivement plus efficace,
mais aussi plus complexe et plus dangereuse ;
- La hausse considérable des coûts des soins
attire incontestablement l'attention des organismes payeurs (assurances,
organisme de sécurité sociale etc.), qui ne veulent pas couvrir
des prestations inutiles ou mal justifiées ;
- La grande variabilité dans les pratiques
médicales non expliquées par les données de la science,
qui parfois ne prennent pas en considération les caractéristiques
des patients.
- Les patients de nos jours sont devenus plus informés et
de plus en plus exigeants voire même ils se comportent en clients.
Définition de la qualité des soins.
Dans son sens le plus large et tel que défini Selon
l'ISO (International Organisation for Standardization), organisme
international chargé de la standardisation du vocabulaire et des
méthodes relatives à la qualité, la notion de la
qualité est définie comme : « L'ensemble des
propriétés et caractéristiques d'un produit ou service qui
lui confèrent l'aptitude à satisfaire des besoins exprimés
ou implicites» (ANAES, 2002).
Il existe de nombreuses définitions différentes du
terme « qualité » rattachée aux soins, mais il n'existe
pas une définition universellement acceptée de la qualité
des soins :
Pour Donabedian, les soins de qualité sont « les
soins visant à maximiser le bien être des patients après
avoir pris en compte le rapport bénéfices/risques à chaque
étape du processus de soins» (CCECQA & ANAES, 2004).
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la
qualité des soins est le fait « de délivrer à
chaque patient l'assortiment d'actes thérapeutiques et diagnostiques
qui lui assurera le meilleur résultat en termes de santé,
conformément à l'état actuel de la science
médicale, au meilleur coût pour un même
résultat, au moindre risque iatrogénique et pour sa
plus grande satisfaction en termes de procédure, de résultats et
de contacts humains à l'intérieur du système de soins
» ( Desroches et al.,2006).
Pour l'Institute of Medicine, la qualité des
soins est la « Capacité des services de santé
destinés aux individus et aux populations d'augmenter la
probabilité d'atteindre les résultats de santé
souhaités, en conformité avec les connaissances professionnelles
du moment ». (Martinez et al., 2001).
L'ANAES (2004) définit la qualité des soins
comme « le niveau auquel parviennent les organisations de santé, en
termes d'augmentation de la probabilité des résultats
souhaités pour les individus et les populations, et de
comptabilité avec l'état des connaissances actuelles».
Réflexions sur la qualité des soins.
Ces définitions montrent que la notion de qualité
des soins est multidimensionnelle et dépend inéluctablement
(CCECQA & ANAES, 2004):
- Du type d'entité évaluée ;
- Des valeurs du sujet qui l'apprécie ; et - De sa place
dans le système de santé.
La diversité des entités évaluées
sont appréhendées selon Donabedian par 4 niveaux concentriques
(CCECQA & ANAES, 2004) à savoir :
1) Les soins fournis par les médecins et les autres
producteurs de soins ;
2) Les installations et les équipements ;
3) La manière dont le patient et son entourage
contribuent aux soins ;
4) Les soins reçus par la communauté.
La qualité des soins varie aussi en fonction de son
observateur (Martinez et al., 2001):
- Selon le patient (conditions d'accueil, de séjour et
d'hôtellerie dans l'établissement de soin) ; - Selon les
professionnels de la santé ;
- Selon les organismes payeurs et les pouvoirs publics.
Le caractère multidimensionnel de la qualité des
soins pose le problème de la mesure de la qualité (CCECQA &
ANAES, 2004). Parmi ces problèmes se trouve celui de la diversité
des types de critère. Une des classifications les plus reconnues, celle
de Donabedian, distingue la structure, les processus et les résultats.
Ainsi la qualité des résultats représente ce qui a
changé pour le patient, on distingue ainsi la mortalité, la
morbidité, le statut fonctionnel de ce dernier tout au long le processus
de production des soins. La qualité relative aux processus et aux
structures renvoie forcément à la maîtrise des processus de
production des divers soins c'est-à-dire l'ensemble des activités
et moyens mis en oeuvre par la prise
en charge du patient (pratiques cliniques, modalités
d'organisation et de gestion de la structure, l'emploi des ressources...)
(Michel P et al., 2000 et Minvielle, 2003).
La mesure de la qualité suppose l'existence d'un
référentiel, élaboré en fonction de ce qui est
possible et souhaitable2 dans un contexte d'utilisation
spécifique (CCECQA & ANAES, 2004).
1.1.2 La qualité et le pilotage managérial du
secteur de santé. Fondement de la notion de qualité.
Le développement des méthodes et des techniques
qui visent l'amélioration de la qualité dans le secteur
industriel illustre bien les différentes approches possibles de la
qualité (ANAES, 2002).
Dans les années 30, les premières contraintes
imposées par les clients à leurs fournisseurs consistent à
voir le degré de conformité des produits aux exigences
spécifiées et prédéfinies ou à un
référentiel. C'est l'objet du contrôle de qualité
qui vise la vérification a posteriori de la conformité
aux exigences de la qualité (ANAES, 2002).
En général, le contrôle de la
qualité est toujours accompagné de recommandations sur les
mesures à mettre en oeuvre pour satisfaire les exigences (Desroches et
al., 2006).
L'évolution rapide de la notion de la qualité a
démontré que les contrôles en fin de production, s'ils
garantissent la qualité des produits mis sur le marché,
n'améliorent pas la qualité de leur fabrication, constat
conjugué avec une concurrence rude entre producteurs et les exigences de
plus en plus accru des consommateurs font apparaître qu'il est plus
économique de multiplier les contrôles en cours de production. En
effet, les produits devenant de plus en plus complexes, les entreprises
deviennent dépendantes de la qualité. On parle alors d'assurance
de la qualité (AQ), qui recouvre l'ensemble des activités
permettant de détecter les défauts en cours de production et de
mettre en place les actions qui visent à agir sur l'origine des
défauts (ANAES, 2002).
La mise en place de ces systèmes de maîtrise de
la qualité (MQ) (contrôle et assurance de la qualité) a
conduit les entreprises à la création des structures
appropriées pour garantir la conformité des produits aux
exigences de la qualité tout au long de la chaine de production (ANAES,
2002).
La notion de la qualité a connu son apogée avec
son utilisation comme outil de pilotage et management interne des entreprises.
Cette nouvelle orientation a été favorisée par le
développement concomitant du management participatif par la
création d'un environnement interne qui encourage l'implication de tous
les acteurs dans la réalisation des objectifs. L'objectif ultime est la
satisfaction des clients ainsi que la recherche de l'amélioration de la
qualité. Ce mouvement correspond à celui de l'amélioration
continue de la qualité (AmQ) (ANAES, 2002).
2 Ce possible et souhaitable varie en fonction du système
de soins surtout en termes d'allocation des ressources nécessaire dans
ce système.
Cette maturation managériale, par l'insertion
méthodologique et pérenne des nouvelles techniques de gestion
aussi participatives que possible, visent à créer une dynamique
d'amélioration dans l'organisation et une nouvelle culture de
gouvernance au sein de l'entreprise impliquant l'ensemble des niveaux
hiérarchiques (ANAES, 2002).
Cette dernière approche devrait conduire l'entreprise
à intégrer la « qualité » dans son mode de
gestion ou "management par la qualité totale" (QT), le résultat
escompté étant la mobilisation permanente du personnel autour
d'un objectif partagé qui est celui de l'amélioration continue et
pérenne de la qualité (Mtiraoui & Harrabi, 1999).
L'amélioration continue de la qualité : le
nouveau "must" du secteur de la santé.
Le concept d'Amélioration de la Qualité (AmQ)
consiste en « l'identification les écarts qui existent entre les
services effectivement fournis et les attentes des consommateurs concernant ces
services. Elle réduit ensuite ces écarts, non seulement pour
répondre aux besoins des clients, mais aussi pour parvenir à des
niveaux de performance qui n'avaient jamais été atteints »
(Massoud et al., 2002).
Il est important de comprendre que l'amélioration
implique des changements, et que tout changement n'est pas
nécessairement une amélioration. Selon Berwick « chaque
système est parfaitement conçu pour atteindre exactement les
résultats qu'il atteint » (Massoud et al., 2002).
Cette idée résume, belle et bien, la logique de
l'amélioration moderne de la qualité, à savoir
considérer la performance comme une caractéristique de tout
système qui s'opère par des changements continus apportés
au système.
Un changement efficace doit prendre en considération la
manière dont les éléments d'un système sont
agencés et liés entre eux, plutôt que de se concentrer sur
un élément seulement (Massoud et al., 2002).
La démarche d'amélioration continue de la
qualité est basée sur quatre principes méthodologiques,
ces principes sont les suivants (Massoud et al., 2002):
+ Une focalisation sur le client (Chardonnet & Thibaudon,
2003 et Bertézène, 2001) ; + Comprendre que le travail est une
suite de processus et de systèmes :
+ Tester les changements et la valorisation de l'utilisation
des données dans des organisations, qui sont devenues aujourd'hui, de
plus en plus des structures matricielles selon Chardonnet et Thibaudon (2003)
;
+ Le travail en équipe qui constitue le meilleur moyen
d'obtenir une amélioration pérenne (Massoud et al., 2002).
Difficultés de l'amélioration continue de la
qualité.
L'amélioration continue de la qualité est
confrontée à de nombreuses difficultés. Hackman et Wageman
citent les quatre principales difficultés de l'amélioration
continue de la qualité (Bertézène, 2001):
- Un premier paradoxe apparaît lors de la mise en place
d'une démarche continue, en suivant les procédures
standardisées;
- La deuxième difficulté est la motivation du
personnel pour la mise en oeuvre de la démarche, sans agir sur leur
motivation : à savoir la définition des tâches;
- Le troisième écueil se situe au niveau de la
menace du contrôle hiérarchique (descendant), du fait de la
délégation de pouvoirs nécessitée par la
démarche d'amélioration continue;
- Enfin, un dernier problème survient lors du partage des
gains obtenus grâce à la qualité, sans nuire pour autant
à la répartition des récompenses concrètes.
La théorie de l'amélioration de la
qualité a connu son essor dans les pensées de William Edwards
DEMING, célèbre qualiticien américain né en 1900,
sous le nom du cycle de Deming ou cycle PDCA, (annexe 1 et 2) dit encore Roue
du progrès ou Roue de Deming (Ballé & Champion-Davillier,
2004).
Le PDCA est une approche rigoureuse de la qualité pour
la résolution des problèmes qui surgissent tout au long du ou des
processus de l'organisation vise l'ancrage de la culture du changement par une
amélioration continue, méthodologique et scientifique des
processus du système de production de produits ou de services.
L'approche du PDCA est une approche riches en apprentissage organisationnel que
toute approche traditionnelle du « on verra bien » et «
ça passe ou ça casse » (Ballé &
Champion-Davillier, 2004)
La qualité et le pilotage du secteur de la
santé : la qualité une feuile de route vers
l'institutionnalisation de l'assurance qualité.
Selon la norme ISO 8402, l'Assurance Qualité (AQ) est
l'« ensemble des activités préétablies et
systématiques mises en oeuvre dans le cadre du système
qualité, et démontrées en tant que de besoin, pour donner
la confiance appropriée en ce qu'une entité satisfera aux
exigences pour la qualité » (Brun & Fromentin, 1999).
Selon Brun et Fromentin (1999), l'assurance qualité passe
obligatoirement par :
- La mise en place d'un système qualité
documenté (plan et manuel qualité, document de
référence, mode opératoire...);
- La formation des professionnels ;
- Le suivi et l'évaluation, par audits, de l'ensemble des
activités afin de garantir l'efficacité du système
qualité et d'intervenir le cas échéant par des actions
préventives et correctives ;
- Garder les traces du déroulement de l'ensemble des
activités effectuées ou des résultats obtenus.
De nos jours, l'amélioration de la qualité est
devenue un thème commun que l'on retrouve dans différents
programmes de santé et différents pays. Cette prise de conscience
est illustrée par l'expansion accrue des principes
généraux basés sur les preuves, l'attention croissante
accordée à la sécurité des patients et la
nécessité ardente d'entreprendre une démarche globale de
gouvernance dans les établissements de soins (Franco et al., 2002).
Dans le monde entier, des grands projets visent à
restructurer le secteur de santé sont en plein réalisation, une
détermination collective (publique et privée) pour
améliorer la qualité des soins selon une approche
systématique qui veille à ce que les détails des soins,
tels que souhaités par le patient et par la collectivité et tel
que permet le progrès scientifique et technologique de nos jours, soient
exécutés correctement selon une approche appelée«
assurance de qualité (AQ)» (Franco et al., 2002).
Le processus d'institutionnalisation de l'AQ peut être
décrit comme « le passage à travers une série de
phases, allant d'une phase initiale qui précède la prise de
conscience de l'AQ à un état final de maturité des
fonctions et structures d'AQ ». Ainsi les phases d'institutionnalisation
reflètent le degré d'engagement de l'organisation et sa
capacité à appliquer l'AQ, et la mesure dans laquelle les
activités d'AQ sont mises en oeuvre au sein de l'organisation (Franco et
al., 2002).
Selon Franco et al (2002) les phases de
l'institutionnalisation de l'AQ sont en nombre de six (figure : annexe 3):
- Une situation préalable à la prise de conscience
" pré-prise de conscience" ; - La phase de la prise de conscience ;
- La phase expérimentale ;
- La phase d'expansion ;
- La phase de consolidation ;
- La phase de maturation.
1.1.3 Réflexions sur la gestion des risques
liés aux soins et la complémentarité avec la
qualité. Notions de risque et similaires.
La notion du risque est définie selon l'ANAES, comme
« une situation non souhaitée ayant des conséquences
négatives résultant de la survenue d'un ou plusieurs
événements dans l'occurrence est incertaine » (ANAES,
2004).
La notion de risque est toujours associée aux notions
de probabilité, dommages, événements indésirables
et/ou redoutés et gravité d'après le Ministère de
la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées en France
(2004).
Selon Déroches et ses collaborateurs (2006), la notion
du risque est « la caractéristique d'un événement,
définie conjointement par sa vraisemblance d'occurrence et la
gravité de ses conséquences ».
La vraisemblance de survenance de l'événement,
est définie en termes de fréquence d'apparition ou de
probabilité d'occurrence pendant une période de temps ou de
nombre d'opération. La composante probabiliste peut être
expliquée par l'incertitude sur la survenance de
l'événement (Desroches et al., 2006).
L'événement est l'écart par rapport au
résultat attendu ou souhaité, écart qui peut
réduire et anéantir l'espérance de gain et/ou
l'efficacité dans une activité (Desroches et al., 2006).
Plusieurs notions similaires apparaissent dans le domaine de
la santé et qui découlent principalement de la
spécificité du secteur. Ces notions sont les suivants:
- Événement indésirable (EI): (AE,
Adverse Event) selon l'ANAES l'EI est une « situation qui
s'écarte de procédures ou de résultats escomptés
dans une situation habituelle et qui est ou qui serait potentiellement source
de dommages. Il existe plusieurs types d'événements
indésirables : les dysfonctionnements, les incidents, les
événements sentinelles, les précurseurs, les presque
accidents, les accidents » (ANAES, 2004), cette définition ne fait
pas exclusivement référence aux soins.
- Événement Indésirable Grave (EIG) : est
défini selon Brennan comme « un événement ayant une
nature négative pour le patient, un caractère certain de
gravité (cause ou prolongation du séjour hospitalier,
incapacité, risque vital), et qui a un lien avec les soins de
prévention de diagnostic de thérapeutique ou de
réhabilitation » (Amalberti et al., 2007).
- Événement Indésirable Evitable (EIE) :
l'ANAES le définit comme « un événement qui ne serait
pas survenu si les soins ou leur environnement avait été
conformes à la prise en charge considérée comme
satisfaisante » (ANAES, 2004).
Il existe plusieurs types d'événements
indésirables, qui se détaillent comme suit:
- Les dysfonctionnements : « fonctionnement non conforme
d'un système, d'un processus ou d'un service par rapport aux conditions
spécifiées, c'est un écart de fonctionnement d'un
système ou écart de déroulement d'une activité par
rapport à un état connu et attendu dit normal » (Desroches
et al., 2006).
- Les incidents : définis par Desroches et al. (2006)
comme « des événements imprévus pendant le
fonctionnement d'un système ou le déroulement d'une
activité dont les conséquences sont un dysfonctionnement du
système, une perturbation de l'activité ou l'occurrence de
dégâts matériels légers ».
- Les événements sentinelles sont définis
par l'ANAES comme « une occurrence défavorable qui sert de signal
d'alerte et déclenche systématiquement une analyse poussée
» (ANAES, 2004).
- Les événements précurseurs,
considérés comme des événements « dont la
survenance est corrélée avec celle d'un autre
événement et se produisant avant ce dernier » (Desroches et
al., 2006).
- Les « presque-accidents », traduit de l'anglais
near-miss, c'est une « situation qui aurait pu conduire à
un accident dans des circonstances différentes mais pour lequel il n'y a
finalement pas de dommages » (Desroches et al., 2006).
- Les accidents : sont « des événements
redoutés, soudains, involontaires et imprévus dont les
conséquences sont la mort, l'invalidité ou blessures graves aux
personnes, l'atteinte graves à l'environnement ou la destruction
partielle ou totale du système » (Desroches et al., 2006).
Le risque hospitalier : « ce sont des risques encourus
par un patient dans un établissement hospitalier et qui peuvent
être liés à des défaillances d'organisation,
à la non-conformité aux bonnes pratiques professionnelles ou
même lié aux patients eux même » (Desroches et al.,
2006).
Risques iatrogènes : Desroches et ses collaborateurs
(2006) les définissent comme étant « des risques liés
à l'intervention médicale ou plus largement à une action
sanitaire, qui comprennent les complications des actes médicaux, les
effets adverses des médicaments, les chutes, les erreurs de diagnostic,
les insuffisances de suivi clinique, les défauts d'information, le non
respect du secret médical... Tous les événements
indésirables qui surviennent au cours d'une hospitalisation sont
qualifiés de nosocomiaux ».
La Gestion des risques en santé.
La gestion des risques est « un processus de prise de
dispositions pour diminuer l'occurrence des risques ou de diminuer la
gravité des conséquences » (Desroches et al., 2006).
En France et selon le Ministère de la Santé, de la
Famille et des Personnes Handicapées (2004), la définition de la
gestion des risques revêt trois aspects:
- Définition générique :
La gestion des risques dans le domaine de la santé a
été développée aux Etats Unis dans les
années 50. A la fin des années 80, la discipline a beaucoup
évolué dans les pays anglo-saxons dans le but consiste à
réduire et prévenir les risques, et ce, par leur identification
ainsi que le traitement de leurs causes profondes. Ces risques peuvent
concerner les patients, les visiteurs, les professionnels de la santé et
l'institution.
Dans les établissements de santé, les risques
sont à la fois nombreux, dispersés et souvent intriqués.
Certains sont appropriés aux établissements de santé,
comme les risques liés aux activités médicales et de soins
(erreurs médicamenteuses, erreurs de diagnostic...). D'autres sont
communs à toutes les organisations comme les risques techniques (panne
d'électricité...), sociaux (absentéisme), informatiques,
financiers et environnementaux. Il s'agit des risques qui peuvent mettre en jeu
la continuité des soins et la sécurité des personnes.
La gestion des risques est réactive et
préventive (Ministère de la Santé, de la Famille et des
Personnes Handicapées, 2004). Elle combine en effet :
- Une approche réactive qui s'intéresse a
posteriori aux événements indésirables survenus ou
avérés pour limiter le nombre des événements
(incidents, accidents) ou à réduire les conséquences
dommageables de ceux-ci par la mise en place d'actions correctives.
- Une approche préventive ou anticipative, par
l'identification a priori des événements redoutés
ou événements indésirables par une analyse approfondie du
système et de ses dangers potentiels.
- Dimension culturelle :
La gestion des risques constitue un état d'esprit face
aux risques surtout par la prise en conscience que la sécurité
des patients résulte de l'harmonisation des actions de l'ensemble des
acteurs impliqués dans le processus de production de soins.
L'accident ou la situation à risque met en jeu une
cascade complexe d'événements où les facteurs techniques,
humains, organisationnels se conjuguent et s'intriquent (non seulement d'une
erreur humaine individuelle). Les défauts d'organisation,
particulièrement les interfaces entre acteurs ou secteurs, constituent
selon Reason, plus de 80 % des facteurs de risque dits latents (Baker &
Norton, 2001) (annexe 4).
La dimension culturelle de la Gestion des risque consiste
à dépasser la culture de la faute afin de développer une
culture de sécurité, favoriser une nouvelle façon
d'apprendre et de se comporter d'une manière collective et individuelle
face au risque.
- Dimension managériale :
La gestion des risques dans les établissements de soins
nécessite une approche systémique, transversale et
pluridisciplinaire accordant une importance primordiale à la
maîtrise de l'organisation, à la responsabilisation de chaque
acteur intervenant dans le processus de soin comme acteur principal de la
sécurité. La prise en considération de la
complexité du système de production de soins permet de
dépasser une approche purement réglementaire et normative de la
sécurité, vers une approche qui conduit à intégrer
la sécurité aux objectifs de gestion de l'établissement :
centrer l'organisation sur le patient et sur l'objectif essentiel "primum
non nocere".
Qualité et gestion de risques :
complémentarité des deux disciplines pour la pérennisation
de la sécurité du patient.
La complémentarité des deux disciplines se
vérifie dans l'explication de l'erreur médicale avec ses deux
aspects : l'erreur de type négligence (actions menées par des
personnes informées mais ne respectant pas les règles) et
l'erreur de type incapacité (erreur commise sans en avoir conscience),
les deux disciplines mettent le doigt sur la complexité de l'erreur,
complexité qui découle de la structure de l'hôpital vu
aujourd'hui, selon De Kervasdoué comme « une organisation complexe
de par la multiplicité
des rôles, des acteurs, des techniques et des attentes
souvent contradictoires du public et des autorités de tutelle»
(Pellerin, 2008).
Sous la pulsion de l'erreur, le législateur dans les
pays occidentaux légifère des lois pour la mise en oeuvre des
référentiels qui promeuvent la qualité des soins et fait
du recueil, de la déclaration, de l'analyse des événements
porteurs de risques médicaux conditions exigées pour
l'accréditation des établissements et la certification des
pratiques (Pellerin, 2008).
Un autre point de rencontre et d'intrication entre les deux
disciplines est que les IN ou tout autre EI lié au soin ne constituent
pas le seul ni, peut-être même, le principal thème à
étudier en matière de qualité des soins, mais elles
représentent, selon l'Office Parlementaire d'Evaluation des Politiques
de Santé en France (2006), un des meilleurs «marqueurs» pour
apprécier le niveau de qualité d'un établissement.
Ainsi, pour l'hôpital, la gestion des risques est
à la fois un concept ancien, (des mesures spontanées sont
déjà en place) et récent de par la façon de
l'intégrer dans une démarche de gestion de la qualité
selon une approche systémique qui a pour but de générer un
changement culturel radical. De ce fait, la gestion de la qualité et des
risques est un enjeu d'actualité et d'avenir pour les
établissements de santé à plusieurs titres : satisfaction
des consommateurs, éthique, accréditation, motivation des
professionnels, responsabilité individuelle et collective, rigueur dans
l'organisation, efficience, rationalisation des coûts, politique
nationale, aspect assurantiel, concurrence (Dumay et al, 2002).
Cette complémentarité qui vise l'instauration,
la consolidation et la pérennisation de la sécurité des
pratiques médicales trouve écho dans les manuels
d'accréditation des établissements de soins en France : V1
(ANAES, 2003b), V2 (ANAES, 2004) et V 2010 (HAS, 2008). Ces manuels
intègrent la démarche de gestion des risques dans les
établissements de des soins dans une approche plus globale basée
sur les principes du management de la qualité pour l'amélioration
de la sécurité des patient par le développement de
programmes de gestion des risques et la réponse aux attentes de
sécurité et de qualité des usagers (Dumay et al, 2002).
La sécurité des patients : un programme
ambitieux de l'Organisation Mondiale de la Santé.
La sécurité des patients occupe une place
prépondérante dans les plans d'action et les programmes de l'OMS.
Cette organisation a constaté que malgré l'intérêt
mondial croissant pour la sécurité des patients, le
problème des EI reste largement méconnu.
Ainsi, le problème tel que vu par l'OMS (2002)
réside dans la notification, l'analyse et la capacité de tirer
les enseignements voulus de l'expérience acquise entravée par
:
- Le manque d'uniformité méthodologique en
matière d'identification et de mesure ; - Des systèmes
inadéquats de notification des EI ;
- Une crainte excessive de porter atteinte à la
confidentialité des données ; - La crainte de voir la
responsabilité professionnelle engagée ;
- Des systèmes d'information non fiable.
Le deuxième constat réside aussi dans le fait
que les pratiques en matière de qualité des soins varient d'un
pays à un autre et d'une culture à l'autre. L'OMS insiste sur
l'intérêt de la normalisation internationale de la terminologie
pour les définitions, des méthodes communes de mesure et des
moyens de notification des événements indésirables (OMS,
2002).
Les efforts de l'OMS pour la sensibilisation des pays membre
ont été concrétisés par la création en 2004
de l'Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients, visant
à coordonner, diffuser et accélérer les progrès de
la sécurité des patients dans le monde vu l'ampleur et le fardeau
de ce problème surtout pour les pays en développement. L'OMS
estime que 1,4 million de personnes dans le monde souffrent d'une infection
contractée dans un établissement de santé, bien que les
situations varient d'un pays à l'autre (OMS, 2006).
Les domaines d'action de l'Alliance Mondiale pour la
Sécurité des Patients (annexe : 5) englobent actions ci-dessous
détaillées (OMS, 2006 et World Alliance for Patient Safety, 2008)
:
- Le Défi mondial pour la sécurité des
patients ;
- Les patients pour la sécurité des patients ;
- La taxonomie pour la sécurité des patients ;
- La recherche pour la sécurité des patients ;
- Solutions pour la sécurité des patients ;
- Information et apprentissage ;
- Classification Internationale pour la Sécurité
des Patients (ICPS) ; - Les high 5s.
- La technologie pour la sécurité des patients ;
- Safety prise.
-
...
1.1.4 Enjeux et objectifs de la gestion des risques en
santé.
Les enjeux de la gestion des risques dans les
établissements de santé.
La gestion globale et intégrée des risques est un
enjeu d'actualité et d'avenir pour un établissement à
plusieurs titres (ANAES, 2003a):
- Elle constitue une réponse aux attentes croissantes de
la société, des usagers en matière de qualité et
de sécurité des soins. Pour cela, des nouveaux engagements de
transparence, d'information, de
communication pour rendre les risques inhérents à
l'activité de production de soins acceptables par les usagers ;
- Elle tend, en plus, à faire de la
sécurité un objectif partagé par chaque acteur de
l'établissement, objectif qui doit ensuite se décliner au
quotidien dans la pratique de chacun. La gestion des risques est une
opportunité pour optimiser les compétences, favoriser la
pluridisciplinarité et la transversalité au sein de
l'établissement et améliorer les organisations et les conditions
de travail via l'instauration d'une culture d'évaluation de la
qualité pour maximiser la sécurité des soins.
Les objectifs de la gestion des risques.
L'engagement de l'établissement de production des soins
dans une approche de gestion des risques permet le développement d'une
culture du risque qui contribue à créer des
représentations communes fondées sur la prise en compte des
risques (Hergon, 2004).
Ainsi, l'augmentation du niveau de sécurité
repose sur des actions d'amélioration mais, pour prendre toute sa
dimension, elle est étroitement dépendante du changement
comportemental et culturel. Les domaines les plus avancés en
matière de gestion des risques (aéronautique, chimie, transport
ferroviaire, nucléaire) ont développé sur de nombreuses
années une réelle culture de gestion des risques. Cette culture
repose sur l'exemplarité des responsables, sur l'existence de projets
réussis, sur la communication envers tous les professionnels de
l'institution (ANAES, 2003a).
De même, l'objectif de la démarche de gestion des
risques est le développement d'une culture positive de l'erreur
grâce à la mise en place d'un climat de confiance permettant
d'étudier les situations résultant d'erreur humaine sans crainte
de jugement ou de sanction (ANAES, 2003a).
Pour l'atteinte de ces objectifs, une implication de l'ensemble
des acteurs de l'institution est recommandée (ANAES, 2003a).
1.1.5 Démarche de maitrise des risques : vers
l'instauration d'une culture de gestion des risques dans les
établissements de santé.
La démarche de maitrise des risques liés aux
soins.
La démarche de gestion des risques, issue du monde
industriel et assurantiel est itérative, nécessitant la
déclinaison de plusieurs étapes utilisant des méthodes et
outils spécifiques de la gestion des risques.
L'ANAES (2003a) définit ces étapes comme suit: -
L'identification des risques.
L'étape d'identification, essentielle, consiste
à connaître les EI. L'identification porte sur les
événements redoutés ou identification a priori,
qui nécessite l'utilisation des méthodes
spécifiques3 (annexe 6). Bon nombre de ces méthodes
sont communes à la démarche qualité et à la gestion
des risques. Elles reposent en grande partie sur l'analyse fonctionnelle des
processus. Et sur les événements réalisés ou
l'identification a posteriori par la prise en compte des
événements (incidents, accidents) qui témoignent de
l'existence de risque.
L'identification des risques conduit les établissements
à élaborer leur propre classification des risques. - L'analyse
des risques.
L'analyse des risques vise à quantifier à la
fois la gravité et la fréquence de chaque risque, à
déterminer ses causes et ses conséquences (dommage ou
préjudice). Seule une analyse systémique permet de retracer
«la chaîne d'événements» ayant conduit à
l'accident ou l'incident. L'objectif de l'analyse des risques est de rechercher
l'ensemble des causes, notamment les causes liées à
l'organisation.
- La hiérarchisation des risques.
La hiérarchisation des risques permet d'identifier ceux
les risques qui nécessitent la mise en oeuvre d'actions
préventives prioritaires. Cette hiérarchisation est fonction de
la fréquence (probabilité de survenue) et de la gravité de
l'événement (causes humaines, organisationnelles,
financières...). Elle prend en considération trois dimensions
à savoir la criticité du risque, son acceptabilité, son
évitabilité et son coût.
- L'élaboration et la mise en oeuvre des plans
d'action.
Plusieurs scénarios peuvent être envisagés
(faisabilité, rapport coût/efficacité, des
bénéfices secondaires pour les acteurs de terrain). Le choix du
plan d'action résulte d'un compromis et un arbitrage entre la
criticité des risques à traiter, les points de vue des
différents acteurs et diverses contraintes d'ordre réglementaire,
budgétaire, social, politique, sociologique ...
Quel que soit le plan d'action retenu, sa mise en oeuvre repose
sur l'aptitude et la capacité de l'institution à mobiliser les
acteurs concernés pour une maîtrise méthodologique et
pérenne des risques.
3 Tel que :
- Analyse des Modes de Défaillances et de leurs Effets
(AMDE)
- Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de
leur Criticité (AMDEC) - Analyse Prévisionnelle des Risques
(APR)
- Hazard and Operability Study (HAZOP)
- Audit clinique
- Méthode de diagramme cause-conséquence
- Méthode d'analyse de la mortalité et
morbidité
- Méthode du Diagramme Causes-effets
- Méthode du Diagramme de Succès
- Méthode de résolution des problèmes
- Le suivi et l'évaluation
La mise en place d'un suivi des plans d'action a non seulement
pour objet de vérifier la pertinence du plan d'action et d'identifier
les risques résiduels à surveiller, mais aussi de s'assurer de
l'efficacité des actions au regard des objectifs. Ceci ne sera atteint
que par la définition préalable d'indicateurs pertinents pour le
pilotage de la démarche.
La culture de gestion des risques : le pilotage du risque
dans les établissements de santé.
L'expression « culture de sûreté » a
été utilisée pour la première fois en 1986 dans le
rapport d'analyse de l'accident de Tchernobyl, accident qui a montré que
l'absence de culture de sécurité peut amener les professionnels
à transgresser les barrières de sécurité. La
culture de sécurité des soins trouve ses origines dans les
industries à haut risque telles que le nucléaire, l'aviation et
l'industrie pétrochimique, industries qui ont pu développer une
vision systémique des erreurs au lieu d'une culture de blâme
(où l'erreur est perçue comme liée à un individu en
particulier). Ces industries dites sûres constituent des modèles
pour les autres organisations, dont celles de la santé (Occelli et al.,
2007).
Selon Lafaye, le concept la culture de sécurité
des soins désigne « les normes, les valeurs et les
représentations communes à un groupe en matière de
sécurité des soins, lesquels se traduisent par des façons
de sentir, penser et agir partagées par le groupe » (Occelli et
al., 2007). Deux courants coexistent, un premier courant considère la
culture comme un attribut de l'organisation, quelque chose
possédée par l'organisation et par conséquent, qui peut
être isolé, analysé, modifié. Par contre, le
deuxième courant insiste sur le fait que la culture est un
élément qui fait partie intégrante de l'organisation, et
qui ne peut pas en être dissocié (Occelli et al., 2007).
Reason insiste sur l'importance d'une culture de
sécurité, culture qui dépend de la création d'une
culture de communication efficace, étayée par une culture juste
où la distinction entre un comportement acceptable et un comportement
inacceptable est clairement définie. Il traite aussi quatre aspects de
la culture de sécurité : trois aspects théoriques et un
aspect pratique. Le premier aspect met l'accent sur les raisons qui justifient
la réalisation d'accidents organisationnels (plutôt
qu'individuels) en présence d'une culture non sécuritaire. Le
deuxième aspect a trait aux adaptations pathologiques (cas de
Tchernobyl). Le troisième aspect porte sur les types d'accidents qui se
répètent ainsi que sur le rôle des facteurs culturels
à l'origine d'accidents types. Enfin, le quatrième aspect
concerne la question pratique visant à déterminer s'il est
possible de mettre en place une culture de sécurité (DREES,
2005a).
La culture de sécurité se complète avec
une culture non punitive pour la divulgation totale et transparente des erreurs
médicales et à la promotion d'une approche systémique de
leur analyse, concept développé dans l'étude de Baker et
Norton (2001). D'après les deux chercheurs canadiens :
- Une approche non punitive, éducationnelle et dans le
cadre de l'amélioration de la qualité est nécessaire pour
protéger les informations au sujet des erreurs ;
- La principale solution est de se débarrasser du concept
de blâme : utilisé pour trouver un bouc émissaire ;
- Il est important d'arrêter de blâmer les gens : ce
n'est pas parce qu'on commet une erreur qu'on est incompétent ;
- Une approche non punitive aide à démarrer
l'enquête, à établir les faits de manière
précise ;
- Un système de déclaration non punitif au sein
duquel les médecins, les infirmières et les autres professionnels
de la santé peuvent et sans crainte signaler à la fois des
problèmes individuels ainsi que ceux liés au système.
1.2 Outils de pilotage et de management des risques liés
aux soins.
1.2.1 Outils qualitatifs.
L'accréditation.
L'ANAES définit l'accréditation comme une «
procédure d'évaluation à un établissement de
santé, effectuée par des professionnels, indépendante de
l'établissement de santé et de ses organismes de tutelle,
concernant l'ensemble de son fonctionnement et de ses pratiques. Elle vise
à s'assurer que les conditions de sécurité, de
qualité des soins et de prise en charge du patient sont prises en compte
par l'établissement de santé » (DREES, 2005b).
Selon la DREES (2005b), l'accréditation a six objectifs
principaux :
- L'appréciation et l'amélioration de la
qualité et de la sécurité des soins ;
- L'appréciation de la capacité de
l'établissement à améliorer de façon continue la
qualité des soins et la prise en charge globale du patient ;
- La formulation de recommandations explicites ;
- L'implication des professionnels à tous les stades de la
démarche qualité, afin qu'ils acceptent et s'approprient les
changements ;
- La reconnaissance externe de la qualité des soins dans
les établissements de santé par la diffusion, depuis 1999, des
comptes-rendus d'accréditation sur le site Internet de l'ANAES (HAS).
- L'amélioration continue de la confiance du public.
Selon Mounic (2001), l'accréditation revêt une
importance majeure pour la promotion d'une culture de changement effectif dans
les pratiques résultantes du management participatif des
différents professionnels. Elle revêt aussi une importance majeure
dans le processus d'évaluation globale des démarches
d'amélioration de la sécurité et de la gestion des risques
sous plusieurs angles d'analyse.
(Voir Annexe 7: les étapes de l'accréditation selon
l'ANAES).
L'Evaluation des Pratiques
Professionneles.
La HAS (2005) définit l'EPP comme « l'analyse de
la pratique professionnelle en référence à des
recommandations et selon une méthode validée comportant la mise
en oeuvre et le suivi d'actions d'amélioration des pratiques. Les
pratiques professionnelles sont constituées à la fois de
pratiques individuelles et collectives ; elles comportent une dimension
organisationnelle. Ces pratiques concernent les activités diagnostiques,
thérapeutiques ou préventives ».
L'EPP consiste en le rapprochement du savoir médical et
la réalité des pratiques qui doit être pris en charge dans
le cadre d'une démarche globale de gestion de la qualité et des
risques liés aux soins en utilisant les acquis de différentes
démarches (recommandations professionnelles, évaluation de la
qualité des soins, médecine fondée sur les preuves
(Evidence Based Medicine EBM), l'amélioration continue de la
qualité et la gestion des risques (HAS, 2005).
L'EPP a deux objectifs spécifiques : un premier
objectif consiste en la comparaison des pratiques professionnelles
observées avec les pratiques de référence, le
deuxième objectif est le suivi l'évolution de la pratique
clinique (Moty et al., 2001).
Selon Chabot4 Il y a deux façons d'envisager
l'EPP. La première, (d'inspiration normative), consiste en la
comparaison d'une pratique professionnelle à des critères tels
que définis dans des recommandations. La seconde, consiste à
comparer la pratique professionnelle à celle de ses confrères en
référence, aussi, à des recommandations. Cette
évaluation est dite « formative », méthode qui a trois
avantages : permettre de réduire les écarts des pratiques entre
elles, de les rapprocher aux recommandations et finalement d'améliorer
la prise en charge des malades (Moty et al., 2001 et Chabot, 2007).
La HAS insiste sur le lien entre l'EPP (comme approche
professionnelle et clinique) et formation continue FC (comme approche
pédagogique), qui ont toutes les deux une même finalité
à savoir l'amélioration de la qualité des soins et du
service rendu au patient.
La formation : en amont et en aval.
La formation revêt une importance majeure en
matière de gestion des risques. Des professionnels doivent être
formés pour cette finalité (Soury & Caria, 2001). En France,
par exemple, des formations de 3e cycle en gestion des risques se font à
Institut du management des risques (ESC Bordeaux), à l'École
centrale, à l'université Dauphine et l'université de
Toulouse. Aux États-Unis, cette discipline existe depuis longtemps et
des formations américaines reconnues internationalement sont disponibles
(ARM : Associated Risk Manager).
Bitaud et Lemaitre (2008) voient que les plans de formation
(universitaire ou professionnelle) doivent suivre les mutations du
système de santé, de l'évolution des organisations, les
pratiques
4 Professeur de santé publique et conseiller
médical auprès du directeur de la Haute Autorité de
Santé (HAS).
professionnelles avec le développement des
compétences nécessaires pour promouvoir une meilleure
qualité des soins. C'est donc une évolution culturelle qu'il
convient d'accompagner de manière pédagogique en structurant la
mise en oeuvre de la politique qualité/sécurité.
Il existe trois types de formations : formation de type
sensibilisation s'adresse à toutes les catégories
professionnelles, formation de type formation/action sert à garantir
l'appropriation de la démarche par les professionnels, ou bien
l'accompagnement d'une équipe dans la mise en oeuvre d'un projet et la
formation de type managériale qui s'adresse aux personnes en charge du
pilotage de la démarche qualité ou pour piloter un projet
d'amélioration de la qualité ou de la sécurité
(Lucet, 2001).
La communication.
Selon l' FAO/OMS (2002), la communication sur les risques est
définie comme: un « échange interactif, tout au long du
processus d'analyse des risques, d'informations et d'opinions sur les risques,
les facteurs liés aux risques et les perceptions des risques, entre les
responsables de leur évaluation et de leur gestion, les consommateurs,
l'industrie, les milieux universitaires et les autres parties
intéressées, et notamment l'explication des résultats de
l'évaluation des risques et des fondements des décisions prises
en matière de gestion des risques ».
Un constat majeur consiste à dire que la gestion des
risques sanitaires souffre d'un déficit en communication, surtout la
communication interne qui devra être une des premières actions de
gestion des risques à mettre en place notamment dans la phase
d'identification des risques et du signalement de l'événement
indésirable, qui, sans éclaircissement précis sur les
objectifs de la gestion des risques (afin d'annihiler des sentiments de peur),
peut être appréhendé comme de la délation (Soury
& Caria, 2001).
Toutefois, la communication des risques est trop souvent
circonstancielle, ce qui peut amener à des controverses inutiles et une
hausse injustifiée des coûts, complique le processus de gestion
des risques et érode la confiance des citoyens. L'introduction d'une
approche stratégique de communication des risques pourrait aider
à éviter ce genre de problèmes et serait donc un atout
autant pour les décideurs que pour les intervenants (Santé Canada
& l'Agence de Santé Publique du Canada, 2006).
La Communication stratégique des risques CSR selon
Santé Canada & l'Agence de Santé Publique du Canada (2006)
« est un processus déterministe d'interaction avec les intervenants
qui repose sur des renseignements appropriés. La CSR aide
décideurs et intervenants à prendre des décisions
éclairées qui mènent à une gestion efficace des
risques ».
Le retour d'expérience (REX).
Selon Desroches et al. (2006), le retour d'expérience
(REX) « est la formalisation de la prise en compte de l'expérience
tirée d'une activité passé et de la transmission du savoir
afin d'améliorer la qualité et l'efficacité des produits
».
La notion du REX trouve ses origines dans le monde industriel
(aéronautique et nucléaire), l'Institut pour une Culture de
Sécurité Industrielle ICSI (2005) le définit comme
«une démarche visant, de façon générale,
à détecter et analyser les anomalies, les écarts et tout
événement, à en rechercher les causes et les
enchaînements, à en retirer divers enseignements, à
définir des mesures de correction et d'amélioration et à
assurer l'information pertinente des parties intéressées»
C'est un outil, selon WeillFassina, qui vise surtout à «fournir les
moyens d'une réflexion sur l'expérience acquise lors d'accidents
et/ou d'incidents graves survenus en situation normale ou
désorganisée, pour en tirer les conséquences, la
mémoriser et la réutiliser».
Pour plusieurs chercheurs, l'analyse du risque organisationnel
demande une approche systémique (ICSI, 2005): Le comportement d'une
organisation n'est compréhensible qu'en la considérant comme un
système complexe, comportant de nombreuses interactions internes
(opérateurs, managers, directeurs, ...) et externes (sous-traitants,
contraintes du marché, opinion publique, contrôle, partenaires
...). L'étude de l'accident de Challenger par Diane Vaughan5
qui a montré que l'explosion n'est pas due, (comme on l'avait admis
à la suite des conclusions de la commission d'enquête
présidentielle Rogers), à une série de violations
intentionnelles des règles, des procédures de la part du
personnel de la NASA mais, bien au contraire, elle est enracinée dans la
banalité du fonctionnement organisationnel, structurel et culturel dans
l'interprétation des signaux par les acteurs de terrain (normalisation
de la déviance).
Desroches et al. (2006) définissent les objectifs du REX
qui consistent à :
- Diminuer les erreurs (nombre et gravité) liées
aux défaillances du système ;
- Mettre en valeur les qualités des processus qui
fonctionnent et les reconduire ; - Améliorer les méthodes de
travail ;
- Diminuer les écarts aux objectifs définis
(performance techniques, coût, qualité et délais).
L'évaluation.
L'OMS définit l'évaluation comme « un moyen
systématique de tirer les leçons de l'expérience et de
s'en servir pour améliorer les activités en cours et promouvoir
une planification plus efficace par un choix judicieux entre les actions
ultérieures possibles. Cela implique une analyse critique de
différents aspects de l'élaboration et de l'exécution d'un
programme et des activités qui le composent, de sa pertinence, de sa
formulation, de son efficience, de son efficacité, de son coût et
de son acceptation par toutes les parties intéressées »
(Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé,
2005).
L'évaluation en santé publique, comme dans
d'autres secteurs de la santé, est « une démarche
scientifique incontournable dés lors que l'on cherche à savoir le
pourquoi, le comment et les conséquences d'une décision dans ce
domaine » selon Blum-Boisgard et al (1996).
5 Qui a étudié les causes de la catastrophe de
Challenger en 1986 dans son livre « The Chalenger
Launch Decision: Risky Technology, Culture and Deviance at NASA ».
L'évaluation du risque « est un processus de
comparaison du risque estimé à un référentiel
d'acceptabilité (ensemble de règles définissant les
limites d'acceptabilité des risques relatifs à une
activité) en vue de prendre une décision. L'évaluation du
risque est l'une des étape de gestion des risque, elle permet de
décider si le risque considéré peut être
accepté en l'état, tolérable sous contrôle ou est
inacceptable » (Desroches et al., 2006).
L'évaluation d'une démarche de gestion des
risques est difficile à organiser. En effet, son principal objectif est
prévisionniste. Si le programme appliqué est efficient et fiable
pour agir contre la réalisation des sinistres, il sera, de fait,
impossible de les quantifier. Pour cela une définition d'indicateurs
d'activité semble plus pertinente et cohérente (dans le cadre de
l'évaluation d'un programme de gestion des risques) que par
l'utilisation d'indicateurs de résultats (évaluer
l'efficacité des outils d'identification des risques mis en place par
exemple) (Soury & Caria, 2001).
Réforme juridique.
Il est important de rappeler dans ce cadre la
spécificité de l'expérience américaine en
matière de la déclaration des événements
indésirables, une évolution législative vers l'institution
d'une culture de sécurité dans le but d'améliorer la
sécurité des patients et la qualité des soins. Les Etats
Unis d'Amérique ont fait évoluer en 2005 leur législation
sur la publication des données en matière de
sécurité des patients (Dumay et al, 2002).
Auparavant, était en vigueur la loi du 20 mars 1997
"Patient Safety Act" qui stipulait que les institutions de soins
devaient rendre publique certaines informations sur les effectifs des
personnels de soins et les résultats, telles que (le nombre
d'infirmières dans les services de soins, le nombre des autres
personnels délivrant des soins aux patients, le taux de
mortalité, l'incidence des accidents médicaux...) (Dumay et al,
2002).
Cette loi a été modifiée et
complétée par "The Patient Safety and Quality Improvement
Act", promulguée le 29 juillet 2005. L'objectif comme défini
par Dumay et al. (2002) est de permettre aux établissements de
production de soins de contracter volontairement avec des Patient Safety
Organization (PSO) pour les aider à :
- Identifier et analyser les risques en matière de
sécurité des patients et les problèmes liés
à la qualité des soins ;
- Améliorer leurs résultats de santé, par
la modification de leurs structures et procédures, sans crainte que les
données soient diffusées publiquement ou utilisées contre
eux dans le cadre d'une assignation judiciaire ou d'une procédure
disciplinaire.
- Prévenir les erreurs lors des soins en transformant
la culture du blâme, qui conduit à cacher les informations sur les
erreurs, et la création, le développement et la
pérennisation d'une culture de sécurité, qui met l'accent
sur le partage de l'information dans le but de prévenir le
renouvellement des erreurs.
Ce système n'existe pas encore en France mais est
à l'étude, de même que le système de protection est
d'autant plus critique aux États-Unis et au Royaume-Uni que les patients
sont plus procéduriers du fait du droit anglo-saxon (tort law)
qui les oblige à prouver la faute pour obtenir une indemnisation, ce qui
n'est pas le cas du code pénal français "no fault
liability" (Amalberti et al., 2007)
1.2.2 Outils quantitatifs.
Protocoles.
Le protocole désigne « les techniques à
appliquer et/ou les consignes à observer dans certaines situations de
soins (incluant le diagnostic, le traitement, la surveillance des patients) ou
pour l'administration d'un soin » (Desroches et al., 2006).
Ils sont des supports de travail, qui constituent dans une
démarche qualité, des aides mémoire qui permettent aux
intervenants de n'oublier aucune étape d'un travail moins familier,
ainsi qu'une preuve d'assurance qualité, c'est un outil important dans
la démarche qualité considéré comme une check-list
de la meilleure façon de faire à un endroit donné,
à un moment donné (Ballé & Champion-Davillier, 2004)
.
Ballé & Champion-Davillier (2004) voient qu'un bon
protocole a un double objet:
- C'est un guide pratique des gestes considérés
comme opérationnels permettant à l'agent d'être conforme
à la procédure standard;
- Il doit prévoir de laisser une trace écrite qui
servira plus tard de recueil de données et de preuve de respect des
standards.
Structures de signalement des événements
indésirables et des structures de coordination des vigilances et de
gestion des risques.
Le dictionnaire d'analyse et de gestion des risques
définit le signalement des EI comme une « information portée
sur un support (fiche de déclaration par exemple, voir annexe 8 et 9),
relative à un événement indésirable à des
fins de gestion et de prévention. C'est une procédure interne
à un établissement de santé permettant l'identification
des dysfonctionnements et la mise en place des procédures de gestion des
plaintes » (Desroches et al., 2006).
La littérature en matière de qualité et
de gestion des risques évoque la notion de système de
signalement, (qui peut être volontaire/obligatoire), il s'agit selon
l'Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients de «tout
système permettant d'améliorer la sécurité des
patients grâce aux enseignements tirés des défaillances du
système de santé (notion de système apprenant ou de
learning system)» (Amalberti et al., 2006).
Le signalement des EI est un moyen qui permet de (Desroches et
al., 2006):
- Faire connaitre les situations peu ou pas prise en compte par
l'établissement ;
- Les apprécier au regard du rapport
bénéfice/risque ;
- Donner une vision globale des risques aux quels sont
confrontés les professionnels ;
- Conduire des actions de prévention et de protection dans
les établissements de production de soins.
Le signalement est un outil indispensable à la
sécurité du patient selon Amalbertli et al (2006), qui voient que
l'efficacité du système de signalement dépend largement de
l'existence d'une culture de sécurité, mais c'est aussi un outil
indispensable pour construire cette culture.
Le tableau de bord.
Le tableau de bord dans son sens le plus large, «est un
outil de pilotage opérationnel conçu [...] en vue de s'assurer de
la réalisation des objectifs de performance, sur lesquels l'organisation
est engagée. Le tableau de bord doit permettre :
- De suivre la réalisation des plans d'action : leur
avancement et leurs résultats. - D'alerter sur les écarts afin
d'engager des actions correctives» (CGP, 2006).
Selon le Ministère des Affaires Etrangères
(2001) C'est un outil écrit, sélectifs (se limiter à des
informations pertinentes à une problématique), descriptif,
synthétique (inciter à focaliser l'attention sur les points les
plus saillants) et rétrospectif.
Il est constitué d'indicateurs chiffrés qui
doivent répondre à différents critères, à
savoir la fidélité, la clarté et le lien avec l'action, le
risque de manipulation et la capacité d'anticipation (Ministère
des Affaires Etrangères, 2001).
2 Méthodes.
Afin de répondre à nos questions de recherche
déjà formulées en haut, nous nous sommes basés sur
une recherche documentaire approfondie et la conduite des entrevues
ciblées. De même, le stage effectué à la Direction
de la Qualité et de la Gestion des Risques (DQGR) et à
ViGéRIS de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (APHM)
nous a permis de voir et d'analyser les expériences du terrain
menées dans ce cadre.
1- la recherche documentaire :
Nous avons fais une analyse documentaire de divers supports
sous plusieurs formes : livres, revues scientifiques, rapports de recherche,
procédures réglementaires et autres documentations disponibles
sur internet (sites de la HAS, OMS, du Ministère de la Santé
Publique en Tunisie, site de la Présidence de la République
tunisienne et autres).
- Le premier objectif était de comprendre la discipline de
la qualité et la discipline de la gestion des
risques et de cerner la complémentarité entre les
deux notions pour l'amélioration des prestations données aux
patients et l'amélioration de leur environnement global ;
- Le deuxième objectif de cette étude
bibliographique était d'insister sur l'importance que revêt la
culture de sécurité pour une mobilisation
collective des personnels de la santé (médical,
paramédical et logistique) autour de la question de la
sécurité des soins par l'appropriation et la pérennisation
de la culture de sécurité des soins à fin d'aboutir
à un changement comportemental radical;
- Le troisième objectif consiste à cibler les
outils nécessaires pour le pilotage et le management des risques qui
peuvent survenir au cours du processus du soin et pour une amélioration
continue, méthodologique et pérenne des soins et actes
thérapeutiques administrés aux patients, outils
nécessaires pour l'ancrage de la démarche qualité dans son
volet gestion des risques considéré comme le volet pratique de
l'instauration d'une culture de sécurité par la combinaison
d'outils qualitatifs et outils quantitatifs.
2- Entrevues structurées :
Pour mieux comprendre les dimensions pratiques de sujet, des
entrevues ont été faites :
Avec l'équipe de la Direction de la Qualité et
de la Gestion des Risques (DQGR) de l'Assistance Publique des Hôpitaux de
Marseille (APHM) et avec l'équipe de ViGéRIS (structure de
coordination des vigilances et gestion des risques à l'APHM).
Ces entrevues portent sur des thématiques
différentes afin de comprendre :
- Le concept de la qualité ainsi que celui de la gestion
des risques et analyser leur volet pratique pour mieux cerner le lien entre ces
deux notions ;
- Les dimensions de la gestion des risques à l'APHM dans
le cadre de la démarche qualité décrite par la HAS ;
- La gestion de la liquidation des réserves, actions et
recommandations qui concernent les quatre hôpitaux de l'APHM
(Hôpital la Conception, Hôpital du Nord, Hôpital Sud et
Hôpital la Timone) ;
- La démarche de la gestion des risques à l'APHM
(la démarche de la gestion des risques sera détaillée dans
le deuxième sous chapitre qui va suivre, relative à l'apport du
stage pour la résolution de la problématique de notre sujet de
mémoire).
Dans le même objectif, une entrevue avec Dr Riham ELASADY
responsable du programme « Patient Safety - EMRO», membre de
l'équipe du Dr Belgacem SABRI 6a été faite dans
l'objectif de:
- Comprendre l'approche de l'Organisation Mondiale de la
Santé concernant la sécurité des patients ;
6 Directeur des Systèmes de Santé EMRO- WHO
- Comprendre les orientations et les stratégies
opérationnelles de l'OMS et/ou EMRO/OMS pour l'assistance et la
collaboration avec les pays qui sont en retard par rapport à l'insertion
du management par la qualité dans leurs secteurs de la santé ;
- Cerner les mécanismes de normalisation internationale
de la terminologie pour les définitions des méthodes communes, de
mesure et des moyens de gestion des événements
indésirables (signalement, analyse et REX).
Limite des méthodes :
Il faut mentionner que ça n'a pas été
facile d'accéder à des sources d'informations sur le management
par la qualité du système de santé tunisien ainsi que la
politique du Ministère de la Santé Publique en Tunisie dans ce
domaine.
Un autre problème concerne la rareté des
données sur les EI et notamment les IN et l'iatrogénie des
milieux hospitaliers en Tunisie et l'absence d'une démarche claire de
gestion des risques selon une démarche globale qui vise la
qualité des soins et le management par la qualité.
Apport du stage :
Le stage que nous avons fait à l'APHM s'est
déroulé sur deux lieux à savoir la Direction de la
Qualité et de la Gestion des Risques (DQGR) et ViGéRIS.
La Direction de la Qualité et de la Gestion des Risques
(DQGR) a été créée en 2003 qui devrait servir comme
structure d'élaboration d'accréditation et une structure
d'élaboration du programme de formation zonale à la gestion des
risques exceptionnels dont NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et
Chimique)
Le champ d'action de la DQGR a beaucoup évolué avec
le temps, ses missions actuelles sont :
- La mise en oeuvre, le suivi et le soutien méthodologique
des certifications des établissements de l'APHM.
- La gestion des risques.
- La gestion des Crises et des Phénomènes
Sanitaires de grande ampleur.
- L'élaboration et le suivi du plan et du programme de
formations relatives à la qualité et la gestion des risques et le
lancement des appels d'offre pour toute l'APHM.
- La coordination et mise en oeuvre de l'audit interne.
- La mise en oeuvre des thématiques prioritaires
validées par le Comité de Pilotage Central de la
Qualité.
- La prévention du tabagisme.
- Le Développement Durable.
- Le soutien aux démarches de certification autres que
celle de la HAS (ISO et autres).
- Le soutien méthodologique à l'Evaluation des
Pratiques Professionnelles (EPP).
- Diverses actions pédagogiques (institution
d'enseignement supérieur, de formation et professionnelle).
- Coopération internationale (Algérie, Chili,
Lybie)
L'objectif principal tel qu'a été défini
consiste à comprendre le fonctionnement du système
français en matière de qualité et de gestion des risques
dans les établissements de santé en France à travers
l'exemple APHM.
Le deuxième volet de mon stage consiste à voir de
prés l'aspect pratique de la gestion des risques liés aux soins
à l'APHM à travers une structure spécialisée dans
ce domaine à savoir ViGéRIS.
VIGERIS est une structure d'identification et de traitement des
causes profondes des risques pour le patient (ou ses visiteurs), le personnel
et même l'établissement.
Avec l'insertion de l'outil informatique (la
déclaration électronique) substituant ainsi la fiche papier,
l'objectif est de permettre une gestion rapide de l'événement
(déclaration, suivi, lecture, résolution et mesures correctives
selon le degré d'urgence) en temps adéquat contrairement à
la fiche papier qui, avec le temps, a généré
l'essoufflement de la démarche.
Nous avons pu comprendre l'importance de l'outil informatique
dans le domaine de la gestion des risques pour la création, l'ancrage et
la pérennisation d'une culture de déclaration.
Les objectifs de l'installation d'un système de
signalement APHM sont les suivants (CCECQA, 2003):
- La prévention, grâce aux actions et mesures qui
visent à corriger toute anomalie ou défaillance capable de mettre
en péril la vie humaine, les équipements, les installations et
les bâtiments de l'établissement ;
- L'alerte, grâce à l'émission des signaux
de prévention d'un ou (des) danger(s) (signes précurseurs d'un
incident, d'un accident ou toute situation à risque) appelant à
prendre les mesures adéquates de sécurité ;
- La formation et la sensibilisation des professionnels de
santé sur les EI et les erreurs qui peuvent survenir dans l'exercice de
leur activité ;
- La veille et la surveillance de la sécurité
dans les établissements de santé APHM, par la mise en place d'un
système qui comprend la collecte, la compilation, et l'analyse des
données ainsi que leur diffusion à tous ceux qui ont
contribué à cette collecte et à tous ceux qui ont besoin
d'être informés.
En outre, le stage nous a permis de comprendre
l'intérêt de la démarche qualité dans nos
établissements de soins pour une mise à niveau sérieuse du
secteur de la santé dans nos pays.
En fin, la période que nous avons passé à
ViGéRIS a était très utile pour la compréhension du
système de signalement des EI, les objectifs de son installation et
l'intérêt de l'introduction d'une démarche de gestion
des risques dans les Etablissements de Santé par l'identification, le
contrôle et l'évaluation des
risques pour le patient, les professionnels et même pour
l'établissement. L'objectif était d'assimiler la gestion des
risques liés aux soins dans son volet pratique à savoir les
structures de signalement des EI.
Le premier objectif de notre stage à ViGéRIS
était de comprendre le mécanisme de signalement des EI en France
dans sa dimension théorique, juridique et institutionnelle par la
compréhension des questions suivantes :
Pour quoi signaler ?
- Le signalement d'un EI permet de développer et enraciner
une culture de gestion de risques et celle des bonnes pratiques dans les
établissements de soins.
- Il permet aussi d'éclairer les décisions
stratégiques surtout celles qui concernent le patient. - Parce qu'un
événement grave est souvent précédé
d'événements plus mineurs.
Est-ce que le signalement est obligatoire en France ?
«Tout professionnel ou établissement de
santé ayant constaté ou suspecté la survenue d'un accident
médical, d'une affection iatrogène, d'une infection nosocomiale
ou d'un événement indésirable associé à un
produit de santé doit en faire la déclaration à
l'autorité administrative compétente» (l'article L 1413- 14
du Code de la Santé publique en France).
De même, la loi de 4 mars 20027 impose à
tout le personnel de santé de déclarer à l'autorité
administrative compétente les EI associés à un produit de
santé.
Les événements à signaler :
Le signalement concerne tout EI lié :
- A l'acte médical ou tout acte de soins;
- Aux domaines de la vigilance réglementaire ;
- Aux modalités d'organisation de l'établissement
de soins et qui ont causé ou susceptible de causé l'EI.
Bref, il s'agit de tout événement avec
conséquences (accidents) ou sans conséquences (incidents) et les
presque accidents. Leurs conséquences peuvent concerner les personnes ou
les biens du patient, son entourage ou même de l'établissement.
Quand est ce qu'il faut signaler ?
Le signalement des EI doit se faire immédiatement et
dès la survenue de cet événement. Mais aussi a
posteriori, si l'événement est détecté
ultérieurement.
Qui peut signaler un événement indésirable
?
Il s'agit de toute personne ayant identifié la survenu de
l'événement et quelle qu'elle soit sa fonction.
7Loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux
droits des malades et à la qualité du système de
santé en France.
La possibilité de signaler l'événement
indésirable par le patient, ou ses proches, est un objectif futur
à l'APHM, car il existe d'autres systèmes d'information à
leur disposition pour déclarer des événements
indésirables comme les questionnaires de sortie, les enquêtes de
satisfaction, les courriers à la direction.
Comment est traité le signalement ?
Le traitement du signalement se fait par l'appréciation de
la gravité et la vraisemblance de survenue de l'événement
afin de déterminer sa criticité.
En général, l'objectif du signalement n'est plus
trouver un coupable mais bien, au contraire, il consiste à identifier
les causes racines qui ont donné lieu la survenue de
l'événement afin d'en prévenir la récidive ou le
transfert vers d'autres sites.
Le circuit de la fiche de signalement :
Le circuit possède au moins trois acteurs (CCECQA,
2003):
Le déclarant chargé de l'émission des
signalements, la structure de coordination du système et les vigilants
(ou les personnes responsables d'un domaine de risque) chargés de la
réception du signalement, de son analyse, de son suivi, du retour
d'information au déclarant ; et les directions fonctionnelles et les
services chargés de la mise en place des actions susceptibles
d'éviter la répétition de l'événement
indésirable.
Le rôle de la cellule de gestion des risques :
Selon ViGéRIS, le rôle de la cellule de gestion des
risques consiste à : - Recevoir tous les signalements ;
- Déterminer les actions immédiates
éventuelles à mettre en oeuvre ; - Rechercher les causes qui ont
donné lieu à l'événement ;
- Faire le bilan annuel des déclarations ;
- Diffuser les recommandations de prévention.
Le deuxième objectif consiste à comprendre la
gestion des risques à l'APHM et ce par la compréhension de :
- L'évaluation de la gravité de
l'événement signalé pour le patient (ou ses visiteurs), le
personnel et
pour l'établissement d'accueil :
Il est nécessaire d'évaluer la gravité
immédiate et à court terme afin de hiérarchiser les
risques et d'anticiper sur les complications à venir.
Des échelles sont utiles pour classer les
événements selon leur gravité.
La classification ancienne APHM de la gravité de
l'incident est de quatre niveaux (Fuentes, 2005) :
1- non grave
2- sérieux sans séquelle/dommage
3- grave avec séquelle/dommage avéré ou
possible
4- décès/dysfonctionnement majeur.
La classification actuelle APHM de la gravité de
l'incident est de cinq niveaux (selon ViGéRIS): Liés aux
soins:
1- mineur (insatisfaction du patient sans dommage patient)
2- modéré (surcoût financier -
matériel - professionnel - organisationnel)
3- significatif (avec dommages transitoires pour le patient,
régressifs avant la sortie et sans que l'hospitalisation initialement
prévue ne soit prolongée de plus de 48 h)
4- grave avec prolongation significative du séjour
hospitalier (hospitalisation initialement prévue prolongée de
plus de 48 h) +/- événement non attendu qui est un des motifs
d'hospitalisation dans un nouveau service+/- avec mise en jeu transitoire du
pronostic vital +/- avec incapacité physique ou psychique du patient au
moment de la sortie.
5- Catastrophique (perte de vie(s) humaine(s).
Non liés aux soins:
1- mineur (impact faible, objectifs de performance et de
sécurité non altérés)
2- significatif (diminution de performance de
l'activité)
3- grave (forte diminution de performance pouvant aller
jusqu'à l'échec de l'activité)
4- critique (diminution du niveau de sécurité de
l'activité).
5- catastrophique (forte dégradation du niveau de
sécurité).
- Les raisons de la démarche de la gestion des risques
à l'APHM (Fuentes, 2005):
Les raisons de cette démarche découlent de:
- L'omniprésence du risque à l'hôpital d'un
côté et de l'évitabilité des
évènements
indésirables de l'autre côté ;
- L'importance de la réglementation et des
procédures de certification telles que
formulées par l'ANAES (actuelle HAS) ;
- L'influence des procédures d'accréditation et le
poids prépondérant des assureurs, de
la population et des médias en France.
- Les Objectifs de la démarche (Fuentes, 2005):
Les objectifs de la démarche de gestion des risques APHM
sont doubles :
- Le premier objectif est celui de la sécurité,
principe adopté et promu par L 'ANAES.
- Le second objectif se rattache au bon fonctionnement de
l'établissement par la
diminution de la fréquence des plaintes et d'assurer la
conformité avec la réglementation et les recommandations de la
HAS.
- La compréhension du circuit de signalement à
l'APHM (Fuentes, 2005):
Une procédure de gestion des EI a été
élaborée et validée afin de décrire les
modalités de déclaration de traitement et d'archivage des
documents, procédure qui permet à tout le professionnel
hospitalier qui a commis ou qui a constaté un événement
indésirable ou un risque d'événement indésirable de
le signaler au moyen de la fiche de signalement.
Cette fiche de signalement doit être transmise à
la Direction du site à l'attention de la cellule locale de gestion des
risques qui gère les évènements.
L'ensemble des fiches de signalement est archivé par la
cellule locale au niveau des dossiers publics de Gestion des Risques du site.
Ce dossier local est classé par thématiques.
Analyse des EI: une analyse peut être diligentée,
en cas de besoin et suite à un signalement, par la cellule locale de
site avec la possibilité de consulter des experts. Ce type
d'enquêtes vise à repérer les facteurs liés aux
pratiques, à l'organisation et parfois même au patient. L'analyse
effectuée permet d'élaborer des propositions d'actions
d'amélioration relatives aux dysfonctionnements
révélés dans ces trois domaines. Si la cellule locale n'a
pu apporter toutes les solutions aux EI transmis, la cellule centrale analyse
à son tour mais secondairement les dysfonctionnements avant de les
transmettre à la DQGR (Fuentes, 2005).
Archivage des évènements dans la base de
données : Avant l'utilisation du logiciel de gestion des risques APHM,
une base de données Access a été mise en place pour
regrouper, archiver et étudier l'ensemble des évènements
indésirables des 4 sites pour une hiérarchisation des risques en
fonction de leur fréquence et/ou de leur gravité (Fuentes,
2005).
Transmissions des résultats aux responsables de la
démarche Qualité : L'ensemble des conclusions vont être
transmises aux responsables Qualité concernés pour la mise en
place des actions et des mesures correctives nécessaire (Fuentes,
2005).
- Les résultats attendus (Fuentes, 2005):
- La politique de l'APHM en matière de gestion des
risques vise l'enrichissement de la base de données à la hauteur
d'une entreprise de 14000 employés ;
- De même, la tendance actuelle de l'APHM, vise aussi la
prise de conscience par les professionnels de santé sur l'importance de
l'instauration et de l'ancrage d'une culture de sécurité dans
leurs pratiques tout au long du processus de production de soin.
Désormais la gestion des risques est un organe de fonctionnement
indissociable à la bonne marche de l'activité et de la
qualité de soins.
3 Résultats.
3.1 L'organisation du projet professionnel.
3.1.1 Définition du projet.
Notre choix a été orienté vers un projet
pilote pour la promotion de la qualité et la sécurité des
soins en Tunisie. Ce projet décrit un cadre conceptuel d'une
démarche d'accréditation des établissements de soins en
Tunisie.
Notre projet va se dérouler sur deux phases, une
première phase pilote suivie par une seconde phase de
généralisation de la procédure sur le reste des
établissements de santé en Tunisie.
La démarche d'accréditation que nous voulons
introduire en Tunisie va concerner, en première phase pilote les sites
suivants :
- Un CHU de la Capitale ;
- Un hôpital régional ;
- Et un hôpital de circonscription (au choix).
La première phase va s'étaler sur une
période de trois ans qui, par la suite, elle va déboucher sur une
deuxième phase de cinq ans dans laquelle toute l'expérience va
être généralisée sur tout le territoire et tous les
niveaux de soins en Tunisie (primaire, secondaire et tertiaire).
Ces deux phases sont précédées par une
phase préparatrice de trois ans pour l'étude de tous les aspects
du projet (volets financier, administratif, logistique, technique,
juridique...), nous allons suggérer la mise en place d'une institution
et acteurs d'accréditation ; une période de deux ans pour
sensibiliser les établissements de soins sur la nécessité
de se préparer à cette réforme importante.
Une évaluation tout les trois mois pendant la
première phase (phase pilote de 3 ans) et tout les six mois pendant la
deuxième phase (généralisation de l'expérience sur
le territoire).
Les évaluations visent surtout à faire les
ajustements nécessaires (administratifs, techniques, financier,
humains...).
3.1.2 Objectifs du projet.
Les objectifs principaux du projet consistent à :
- Développer, ancrer et pérenniser la culture de
sécurité des soins dans les pratiques des professionnels de la
santé par une meilleure compréhension des erreurs
résultantes du fonctionnement systémique des acteurs humains qui
interagissent avec les divers dispositifs utilisés dans le processus de
production de l'acte de soins (matériels, mécaniques, logistique,
électroniques et autres) et de
pouvoir les identifier, les analyser et expliquer leurs causes,
les hiérarchiser pour pouvoir en fin agir efficacement.
L'objectif principal recherché est non plus de trouver une
faute ou un coupable mais plutôt faire en sorte à ce que ces
fautes ne se répètent pas.
- Instaurer une démarche d'amélioration continue
de la qualité des soins dans les établissements de soins en
Tunisie, fondée sur une approche scientifique d'amélioration de
la qualité et son institutionnalisation selon des normes et des
références bien définies et bien étudiées
pour assurer un maximum de garanties de bonnes pratiques et de satisfaction des
patients.
3.1.3 Principes de la démarche.
- La sécurité des soins et des patients: une
nouvelle orientation de l'établissement de soin ;
- L'institutionnalisation de la gestion des risques liés
aux soins comme levier de la sécurité des
soins;
- L'amélioration continue de la qualité ;
- L'implication des professionnels de l'établissement et
des patients dans la démarche ;
- Conciliation de l'Hôpital avec son environnement.
3.1.4 Elaboration des référentiels.
L'élaboration des référentiels est une des
prérogatives essentielles de l'institution d'accréditation que
nous proposons sa création. Ces référentiels peuvent
être inspirés de(s) :
- principes généraux de l'accréditation ;
- des expériences d'accréditation
étrangères ;
- référentiels élaborés en France,
par la HAS (V1, V2 et V 2010) et son prédécesseur l'ANAES), aux
Etats Unis d'Amérique élaborés par la Joint Commission
on Accreditation of Healthcare Organizations, en Australie
élaborés par the Australian Council on Healthcare
Standards...
- les référentiels de l'OMS/EMRO « the
Patient Safety Friendly Hospital Initiative PSFHI». Toutefois,
l'adoption de ces référentiels nécessite, au
préalable, la discussion de ces référentiels avec un
comité du MSP composé de :
- 5 médecins (03 médecins exerçant dans les
CHU, 1 médecin exerçant dans un hôpital régional, 1
médecin exerçant dans un hôpital de circonscription) ;
- 4 gestionnaires (sous Directeur de la qualité des soins
du MSP ,1 Directeur général d'un CHU, 1 Directeur d'un
hôpital régional, 1 Directeur d'un hôpital de
circonscription) ;
- 2 experts en qualité et en gestion des risques ;
- 4 techniciens supérieurs (1technicien
anesthésiste, 1 obstétricien, 1 technicien de radio, 1
technicien en biologie) ;
- 3 infirmiers (choisis selon le critère
d'ancienneté).
Méthodologie.
Une première proposition des référentiels
déclinés en critères élaborés par
l'institution d'Accréditation va être discutée lors de la
première réunion avec le comité du MSP.
Un délai d'un mois sera donné pour lecture et
commentaire par écrit des référentiels vont être
discutés lors d'une deuxième réunion.
La deuxième réunion va permettre l'adoption de la
version amendée des référentiels approuvés par
l'Agence et le comité du MSP.
La nouvelle version va être adressée à chaque
membre avec l'envoi d'une copie à la Direction Générale de
la Santé Publique du MSP.
En fin une phase de relecture globale des
référentiels est nécessaire pour la validation et
l'adoption définitive des référentiels
détaillés en critères constituant, in fine, notre
manuel d'accréditation.
Test de la démarche sur notre
échantilon d'établissements de santé de
la phase pilote.
Les référentiels vont faire l'objet d'un test
dans les établissements retenus pour la phase pilote et ce pour
requérir leurs avis, juger la pertinence des référentiels
et, éventuellement, pour pouvoir faire les ajustements
nécessaires. Une période de 3 mois est jugée satisfaisante
pour tester le manuel d'accréditation.
Structuration des référentiels.
Les référentiels d'accréditation sont
structurés sur la base de références
d'accréditation déclinées en critères.
La référence d'accréditation est
définie selon l'ANAES (2003b) comme « l'énoncé d'une
attente ou d'une exigence permettant de satisfaire la délivrance de
soins ou de prestations de qualité ».
Le critère selon l'ANAES (2003b) est «
l'énoncé d'un moyen ou d'un élément plus
précis permettant de satisfaire la référence
d'accréditation. Il doit dans la mesure du possible pouvoir être
mesurable, objectif et réalisable».
L'appréciation des critères et des
références du manuel d'accréditation vont être
modulés et réajustés en fonction des commentaires et
propositions des membres du comité du MSP, des suggestions et avis des
établissements qui vont participer au test des
référentiels.
Les référentiels seront enrichis au fur et à
mesure de l'avancement de la procédure d'accréditation et de
l'analyse des réponses apportées par les établissements de
santé pendant la phase pilote.
Caractéristiques des
référentiels.
Les référentiels doivent avoir comme principales
caractéristiques (ANAES, 2003b):
- La transversalité ;
- L'applicabilité ;
- La compréhension.
3.1.5 Elaboration des indicateurs.
Le développement et l'utilisation d'indicateurs
constituent des facteurs essentiels pour toute démarche
d'accréditation et qui facilitent la mesure et l'appréciation de
l'amélioration continue de la qualité dans les
établissements de santé.
Définition et caractéristiques des
indicateurs.
Un indicateur est une donnée objective qui
décrit une situation d'un point de vue quantitatif, il permet de
caractériser une situation et d'effectuer des comparaisons dans le temps
ou dans l'espace (ANAES, 2003b).
Toutefois, L'usage et le recours aux indicateurs doivent amener
à beaucoup de prudence. Ainsi, pour pallier cette contrainte, les
indicateurs doivent présenter les propriétés suivantes
(ANAES, 2003b).
- être simple, défini, interprétable et
mesurable;
- être significatif ;
- permettre l'appréciation d'une situation ou d'un
événement donné.
Méthodes de développement d'un
indicateur.
Pour le développement des indicateurs, nous proposons
l'utilisation de la méthode de développement des indicateurs
utilisée par COMPAQH8 (Corriol et al., 2008). Cette
méthode est composée de trois volets successifs :
- La création d'un ensemble d'outils et de règles
relatifs à la description des recueils de données (cahier des
charges, grille de recueil, consignes de remplissage...) ;
- Le développement de l'indicateur à partir des
étapes suivantes : sélection, conception, test de
faisabilité, actualisation, test métrologiques, validation et
transfert vers les opérateurs de généralisation et le
suivi postérieur de cette généralisation ;
- L'évaluation de l'indicateur : fondée sur des
éléments de preuve en matière de faisabilité,
qualité métrologique et pertinence des
résultats.
8 Le projet Coordination de la Mesure de la Performance pour
l'Amélioration de la Qualité Hospitalière.
3.2 Définition des acteurs et institutions.
Dans le cadre de notre démarche nous proposons la
création des institutions suivantes : 3.2.1 Une Agence Nationale
d'accréditation.
C'est un organisme public indépendant qui aura comme
vocations :
- La promotion de l'amélioration continue de la
qualité des soins dans les établissements de
soins en Tunisie et son institutionnalisation ;
- La promotion de la sécurité des soins par
l'institutionnalisation de la gestion des risques liés
aux soins ainsi que la promotion des pratiques
sécuritaires;
- L'évaluation des pratiques professionnelles des
médecins en activité ;
- L'accréditation des établissements de soins de
manière transversale conformément aux
référentiels qu'elle aura le privilège de
les concevoir ;
- La coopération avec les institutions régionales
et internationales qui oeuvrent dans le domaine
de la qualité et la sécurité des soins (OMS,
HAS et autres).
3.2.2 Une direction générale de la
qualité et de la gestion des risques.
Actuellement, il existe au niveau du MSP une sous direction de
la qualité des soins rattachée à la Direction
Générale de la Santé qui coopère avec des
Comités d'Amélioration de la Qualité des Services de
Santé CAQSS (un comité au niveau national et un comité au
niveau de chaque région). Toutefois, la valorisation et la promotion de
la qualité et la sécurité des soins nécessite la
création d'une direction générale de la qualité et
de la gestion des risques chargée du traçage et du suivi de
l'application de la politique nationale pour le développement, la
promotion et l'ancrage de l'amélioration continue de la qualité
et la sécurité des soins.
Le niveau national doit être complété par
la création de sous directions régionales de la qualité et
de la gestion des risques au niveau des régions dans le cadre de la
décentralisation de la politique nationale en matière de
qualité et de gestion des risques liés aux soins.
Toutefois, il faut créer des cellules chargées de
la qualité et de gestion des risques au niveau des établissements
de soins. Les missions de ces cellules varient en fonction de la taille de
l'établissement.
3.2.3 Renforcement du rôle de l'Institut de
Veile Sanitaire (IVS).
Nous proposons également le renforcement des
rôles et prérogatives de l'Institut National de Veille Sanitaire,
dans le cadre de la deuxième phase de notre démarche, pour mieux
effectuer la surveillance, l'observation permanente et continue de
l'état de santé de la population, la détection des
signaux, l'étude des risques sanitaires auxquels est exposées ou
susceptible d'être exposées les populations les
plus touchées ou les plus vulnérables, l'alerte et
la coopération avec les pouvoirs publics pour faire face aux menaces aux
quelles peut être exposée la santé publique en Tunisie.
3.3 Déroulement de la procédure
d'accréditation.
3.3.1 Les préalables de
l'accréditation.
Les préalables qui précèdent l'entrée
dans la procédure d'accréditation se résument en deux
périodes :
- Une première période deux ans pour sensibiliser
les établissements de soins sur la nécessité de se
préparer à la démarche d'accréditation.
- Une deuxième période préparatrice de trois
ans pour l'étude de tous les aspects du projet (volets institutionnel,
financier, administratif, logistique, technique, juridique...).
3.3.2 L'entrée dans le processus
d'accréditation.
La procédure d'accréditation va concerner dans
un premier temps les établissements retenus dans le cadre de la
période pilote. Démarche qui sera
généralisée par la suite sur tous les
établissements de santé en Tunisie.
L'entrée dans la procédure
d'accréditation est manifestée par la signature du contrat
d'accréditation entre l'Agence d'accréditation et le
représentant légal de l'établissement. Ce contrat
précise entre autres les obligations qui incombent à la charge
des deux parties, les échéances et les calendriers des visites
d'accréditation ainsi que tous les autres aspects de
l'accréditation.
3.3.3 Les visites d'accréditation.
Conformément aux échéances stipulées
dans le contrat d'accréditation, les évaluateurs
d'accréditation vont commencer les visites d'accréditation.
Les visites d'accréditation touchent l'ensemble des
activités de l'établissement et mesurent le degré de
conformité de l'établissement au manuel d'accréditation,
pour cela l'établissement doit mettre à la disposition des
évaluateurs tous les éléments nécessaires pour
faire l'évaluation.
Cette visite permet aux évaluateurs de rédiger
un rapport détaillé de visite décrivant le degré
d'implication de l'établissement dans la démarche
d'amélioration de la qualité et de la sécurité des
soins.
Le rapport d'accréditation sera communiqué par
la suite au Directeur de l'Agence d'accréditation et à une
commission constituée pour se prononcer sur l'accréditation de
l'établissement en question. La commission est présidée
par le Directeur de l'Agence et constitué en sus d'un membre
représentant le MSP désigné par le Ministre de la
Santé, 2 représentants des facultés de médecine, 1
représentant des écoles et instituts supérieurs de
santé, 3 directeurs hospitaliers (1 directeur de CHU, 1directeur d'un
hôpital régional et 1 directeur d'un hôpital
de circonscription), 03 médecins praticiens, un technicien
supérieur et un cadre infirmier.
Le rapport final de délibération de la commission
donne lieu à une décision finale et qui peut être, soit
:
- Accrédité sans réserve. -
Accrédité avec réserve. - Non accrédité.
Le résultat sera communiqué à
l'établissement concerné, et donne lieu à un autre cycle
d'accréditation pour l'établissement non
accrédité.
3.4 Le volet culturel de la démarche.
3.4.1 Développement d'une culture de
qualité.
La culture de qualité que vise notre démarche doit
incarner trois notions de base à savoir :
- l'amélioration continue de la qualité (AmQ) ;
- l'assurance qualité (AQ) ;
- et l'évaluation de la qualité ou contrôle
de la qualité.
3.4.2 Développement d'une culture de
sécurité des soins et des patients.
La sécurité des soins dans l'hôpital
tunisien doit s'inscrire dans une approche globale d'amélioration de la
qualité de l'activité hospitalière. Pour cela, une
mobilisation politique, organisationnelle et managériale doit être
déclenchée pour instaurer une culture de gestion des risques dans
nos établissements hospitaliers.
L'hôpital doit ancrer la culture de soins et pratiques
sécuritaires par l'implication des tous les intervenants dans le
processus de production de soin et la mobilisation de l'ensemble des
professionnels de santé autour des questions de sécurité
des soins. Ainsi, il faut obligatoirement institutionnaliser la gestion des
risques dans l'hôpital dans le cadre d'une logique de veille sanitaire
permanent et pérenne au niveau de l'établissement et au niveau
national.
3.5 Management du projet.
3.5.1 Définition des axes stratégiques de
l'établissement de soins. Place du patient.
Le patient doit être placé au centre de
l'activité de production de soins, pour cela tout patient a le droit au
respect de sa vie privée et l'obligation de garantir la
confidentialité des informations médicales, administratives ou
financières détenues par l'établissement auquel le patient
fait recours.
Ainsi, l'établissement doit veiller à mettre en
place des dispositifs et des mesures adéquates pour assurer la
non-divulgation des informations inscrites dans son dossier médical ou
même détenues par son médecin ou toute personne avec la
quelles le patient entre en contact tout au long du processus de sa prise en
charge.
A noter que le médecin est tenu d'informer le patient (ou
son représentant légal) sur son état de santé et de
lui décrire la nature ainsi que le déroulement des soins à
envisager.
L'atteinte de cet objectif est conditionnée par
l'élaboration d'une charte des patients, l'évaluation
régulière du degré de satisfaction des patients et faire
les réajustements nécessaires dans le cadre d'une démarche
d'amélioration continue de la qualité.
L'éthique.
Aujourd'hui, le débat sur l'éthique alimente les
discussions individuelles et collectives, c'est une question qui
génère un grand flux de réflexion et d'idée surtout
avec l'énorme progrès que connaisse la médecine moderne
caractérisée par une grande extension du domaine du savoir.
Dans tout établissement de santé et qu'elle que
soit sa taille, la notion de l'éthique doit être prise en
considération dans tout acte ou intervention qui touche le patient
durant son séjour à l'établissement, cette notion doit
être présente dans l'esprit des professionnels de santé qui
doivent être sensibilisés sur la centralité de
l'éthique.
De même, il faut veiller au développement et
à l'encrage d'une culture du respect de l'éthique chez le
personnel de l'établissement dans toutes leurs décisions
(médicales, administratives et logistiques).
Vigilance sanitaire.
La vigilance sanitaire constitue un des piliers de notre
démarche, elle s'inscrit dans le cadre de la veille sanitaire par un
contrôle rigoureux de la sécurité sanitaire des produits de
santé destinés à l'homme.
La notion de la vigilance sanitaire doit se renforcer en Tunisie
surtout par le renforcement de l'indépendance des institutions
chargées de cette mission.
Des outils nouveaux doivent être intégrés
pour le pilotage de la mission de surveillance, de veille et d'alerte dans le
domaine de la santé tels que l'institutionnalisation de la gestion des
risques, le signalement des EI, le REX... selon une approche systémique
et transversale. Notre objectif vise à consolider les acquis en
matière vigilance, surtout les produits liés au sang,
médicaments, dispositifs et matériels.
De même, notre démarche vise à
créer un nouveau dynamisme dans les établissements qui oeuvrent
dans le domaine de la vigilance. Ces établissements doivent simplifier,
actualiser et coordonner l'ensemble de leurs procédures, en se fondant
sur une démarche décloisonnée capable d'assurer la
pérennité du système des vigilances sanitaires en
Tunisie.
Pour cela, il s'avère primordial de réorganiser
la première ligne des vigilances et les intégrer dans une
nouvelle logique de coopération en réseau pour pouvoir agir
efficacement et en temps opportun, ces vigilances touchent :
- L'Hémovigilance ;
- La Pharmacovigilance ;
- La Matériovigilance ;
De même, il faut développer et promouvoir les
vigilances qui concernent :
- La Réactovigilance ;
- La Biovigilance ;
- L'Infectiovigilance.
Signalement des événements
indésirables.
Le signalement des EI revêt une place centrale et grandiose
dans toute démarche d'amélioration systémique de la
qualité et de la gestion des risques liés aux soins.
Toute tentative qui ne tient pas en considération cet
outil va être un pur enthousiasme momentané qui risque de
s'essouffler et de disparaître avec le temps.
Les progrès énormes qu'a connu le monde de
l'information via l'outil Internet et les Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication NTIC devront servir à la promotion
de la sécurité des soins. Pour cela, la maîtrise de l'outil
Internet et sa généralisation dans les établissements de
soins en Tunisie s'avère une priorité. Nous rappelons à ce
stade l'informatisation de tous les HR et leur connexion au système
d'information du MSP, qui constitue un succès et un acquis qui doit se
renforcer et se généraliser sur l'ensemble des structures de
soins en Tunisie.
Aujourd'hui, l'idée est de disposer d'une vision
globale des risques, c'est-à-dire les identifier tout d'abord pour
pouvoir par la suite les maîtriser, en utilisant des fiches de
signalement des EI mis à la disposition de tout le personnel via un
portail intranet de l'établissement ou en version papier si
l'établissement n'est pas connecté au système
d'information du MSP (voir l'exemple des fiches de signalement des EI de l'APHM
en annexe).
La fiche permet de signaler tout dysfonctionnement ou
événement qui peut causer un éventuel préjudice au
patient, aux personnels ou à l'établissement (pannes, accident,
abus...) ou tout EI qui concerne l'activité médicale ou de
soin.
Le déclarant doit envoyer la fiche via l'outil Internet
ou par fax au bureau régional chargé de la qualité et de
la gestion des risques qui devra analyser la déclaration et faire un
feed back à la partie concernée dans un délai qui
ne doit pas dépasser 10 jours. Si nécessaire, il faut informer la
direction générale chargée de la qualité et de la
gestion des risques (au niveau du MSP).
Les fiches de déclaration permettent de recenser les
EI, les analyser, et les transformer sous forme d'indicateurs de risques au
niveau des tableaux de bord que nous comptant les instaurer.
Par la suite, et à partir de deux facteurs, la
gravité et la fréquence, le niveau régional de la
qualité et de la gestion des risques devra hiérarchiser les
risques et définir des axes prioritaires d'actions.
A l'échelle nationale, l'ensemble des signalements va
permettre la conception d'une base de données capable d'édicter
des politiques et des axes stratégiques d'intervention pour la promotion
de la sécurité des soins délivrés aux patients.
Le test et l'évaluation de ces fiches de signalement
vont se faire pendant notre phase pilote pour pouvoir les ajuster aux besoins
réels. Cet outil sera généralisé par la suite sur
tous les niveaux de soin pendant la deuxième phase.
La maîtrise du risque infectieux.
La maîtrise du risque infectieux doit être un
souci partagé par tout le personnel de l'établissement, une
mobilisation collective doit s'opérer autour de ce problème et ce
par :
- La promotion de la culture de sécurité et de
veille permanente dans l'établissement de soin et l'implication de tout
le personnel dans le processus de gestion des risques iatrogènes et des
IN qui peuvent porter atteinte aux patients et aux personnels de
l'établissement. Des cycles de formation continue doivent être mis
en place pour fournir au personnel les éléments de
compréhension et les outils qui leur permettent d'agir rapidement et
efficacement.
Nous proposons dans ce cadre la mise en place, selon la taille
et l'activité de l'établissement, des services (ou unité)
d'hygiène dans les établissements de soin habilité de
faire le dépistage, la recherche, l'intervention et le pilotage des
risques infectieux dans l'établissement.
- La coopération en réseau et ce pour pouvoir
profiter des expériences réussies des établissements qui
ont pu développer une certaine maturité dans ce sens (par
benchmarking) ce qui permettra l'ouverture de l'établissement
sur son environnement extérieur. La coopération en réseau
s'inscrit dans la logique de veille et de vigilance que nous voulons mettre en
place.
- La promotion de l'utilisation des tableaux de bord et des
indicateurs qui vont faciliter le pilotage
des risques liés aux soins et qui peuvent être des
outils pertinents d'aide à la décision, à
l'institutionnalisation de la veille et à la gestion des risques dans
les établissements de soins.
- La coopération et le partenariat avec les initiatives
internationales qui promeuvent la sécurité
des patients et des soins. Nous citons l'effort drastique de
l'OMS dans le cadre des activités et programmes de l'Alliance Mondiale
de la sécurité des Patients ou bien les activités du
bureau régional EMRO/OMS surtout l'initiative Patient Safety
Friendly Hospital (PSFHI). De même, une coopération accrue
doit avoir lieu avec les expériences réussies
d'accréditations telles que l'expérience française,
américaine, canadienne, australienne... par des cycles formation et de
coopération dans ce sens.
3.5.2 La prise en charge du patient. L'accueil.
L'accueil des patients et de ses proches constitue un bon
indicateur de la qualité des soins et de satisfaction des patients.
Nous veillons dans le cadre de notre démarche à
résorber les déficiences relationnelles avec les patients dont
souffre le secteur de santé en Tunisie. Pour cela, nous recommandons une
formation du personnel par des spécialistes dans ce domaine surtout ceux
qui sont en première ligne de contact avec les patients.
De même, et en parallèle avec la formation, une
sensibilisation continue sur la question de l'accueil dans les
établissements de soins doit toujours exister dans toute structure de
soin.
Dans l'objectif de pérenniser la qualité de
l'accueil, la formation doit être accompagnée par des
évaluations pour faire les ajustements nécessaires.
La bien traitance.
L'objectif de la bientraitance s'inscrit dans la droite ligne de
notre démarche. C'est ainsi que les professionnels de santé
doivent être sensibilisés sur cette question.
Toutefois, il faut instaurer les règles qui promeuvent
l'application, le respect de la bientraitance et la prévention de toute
sorte ou acte de maltraitance des patients surtout les personnes qui
nécessitent un traitement spécifique (personnes
âgées, enfants, malades psychiques et psychiatriques, personnes
handicapées...).
La confidentialité.
La confidentialité constitue une des valeurs à
promouvoir dans le cadre de notre démarche. Pour cela, tout
établissement de soin doit veiller à l'application du respect de
la confidentialité et la non divulgation des informations relatives
à l'état de santé physique ou mentale du patient ou toute
autre information qui concerne sa vie privée.
De même, l'établissement doit définir les
modalités de partage des informations relatives au patient à
l'intérieur de l'établissement ou avec tout autre
établissement au quel le patient fait recours.
Pour atteindre cet objectif, les professionnels, quelque soit
leur fonction ou leur grade, doivent être sensibilisé sur le
respect de la confidentialité.
L'établissement est amené à évaluer
continuellement le respect de la confidentialité. L'intimité
et la dignité du patient.
Le respect de l'intimité et de la dignité du
patient doit être assuré tout au long du processus de sa prise en
charge et pendant tout acte lui est administré.
Les personnes qui nécessitent des soins particuliers du
fait de leurs maladies, de leur âge ou de leur état psychique ou
psychique doivent être traitées avec plus d'attention et de
précaution avec un accompagnement continu et diligent.
Le respect de la dignité et de l'intimité dans la
dispensation de tout acte de soins, pendant le séjour, le
déplacement ou le transport du patient doit être
évalué et amélioré.
3.5.3 Le nouveau cadre conceptuel du management
hospitalier.
Le management selon une nouvelle gouvernance : un levier pour
la performance.
L'hôpital est sans doute l'organisation la plus
complexe, la plus cloisonnée et la plus hiérarchisée dans
tout système économique et social (Dongradi, 2008). Le
développement phénoménal des nouvelles technologies de
l'information et de la communication n'a ni favorisé des échanges
fructueux entre les différents «blocs» et lignes
professionnelles médicale, paramédicale et logistique
(administrative et technique) ni la cohésion entre ces trois acteurs
(Dongradi, 2008), qui sont souvent en rivalité et en tiraillement
continue et parfois au détriment du malade qui en plus de sa souffrance
physique et psychique doit subir des luttes et mépris entre
catégories professionnelles.
Cette situation ne fait qu'engloutir l'hôpital dans des
conflits d'intérêt sans répit au lieu de s'unir et
s'associer pour le bien être du patient ainsi que celui de la
collectivité.
Pour cela, une modification profonde du mode de management
à l'hôpital doit s'opérer pour réussir sa
transformation et atteindre la performance souhaitée par les
décideurs politiques et la qualité convoitée par les
patients. Cette métamorphose est aujourd'hui impérative voire
urgente sous peine de déclin et effondrement. C'est un grand chantier
à ouvrir, un projet novateur qui demande une révolution dans
l'approche organisationnelle mais aussi, surtout, humaine : un vrai défi
pour l'hôpital en Tunisie.
L'hôpital tunisien a besoin de fonctionner sous une
nouvelle gouvernance et un nouveau mode de pilotage de l'établissement
et de ses acteurs dans le cadre d'un processus continu de coopérations
entre les divers intervenants à intérêts parfois
conflictuels.
Cette nouvelle gouvernance oriente vers un nouveau management
à savoir le management par la qualité. Le nouveau cadre
managérial que doit gouverner l'hôpital tunisien est celui de
l'amélioration continue de la qualité selon le cycle PDCA de
Deming (Plan, Check, Do et Act) ou (planifier, réaliser, évaluer
et améliorer).
Ce nouveau mode de gestion repose sur la synergie entre le
pilotage stratégique assuré par un comité exécutif
et administratif et la gestion opérationnelle assurée par le
corps médical, paramédical et soignant (Dongradi, 2008) : un
management qui met le patient de son centre d'intérêt.
Notre démarche vise un nouveau management hospitalier
basé sur des fondements scientifiques, l'évaluation, les
résultats et l'amélioration continue. Ce nouveau mode de gestion
est caractérisé par (Dongradi, 2008):
- La participation ;
- La transparence ;
- La responsabilisation ;
- L'équité ;
- L'efficience ;
Toute fois, il faut préciser que c'est un changement
qui doit être bien préparé et nécessitant une longue
haleine pour le concrétiser, mais ce qui est sûr, c'est un
changement radical du management des établissements de soins en Tunisie,
qui va métamorphoser l'hôpital et dont les résultats seront
garantis et escomptés.
L'hôpital et le Développement Durable
(DD).
Le DD n'est plus un luxe intellectuel qui concerne que les
pays développés au contraire, nous aussi, les pays en voie
développement devons être impliqués pour la
pérennisation des ressources pour les générations
future.
L'hôpital en Tunisie doit adhérer à cette
logique, étant donné qu'il est un grand consommateur d'espace, de
ressource naturelle, énergétique, financière et humaine.
Le but de notre démarche est de réconcilier l'hôpital avec
son environnement externe.
Pour cela la notion de DD doit toucher (De Montleau, 2008):
- Le volet économique : la création, l'entretien
ou l'élargissement des hôpitaux doit prendre en
considération les contraintes de développement durable ;
- Les bâtiments, les installations et les
équipements : des mesures drastiques doivent être mises en oeuvre
par la révision des systèmes de climatisation, de chauffage,
d'isolation, de contrôle de consommation de l'électricité,
gaz et eau et l'intégration des énergies propres et renouvelables
;
- La gestion des déchets : (tri, traitement et recyclage
des déchets) avec la mise en place des mécanismes d'audits et de
contrôle du respect des procédures.
4 Discussion
Plusieurs justificatifs peuvent appuyer notre projet, nous citons
:
- La volonté politique manifestée par la conscience
du pouvoir exécutif en Tunisie sur la nécessité et
l'importance de réformer le secteur de la santé
par la concentration des efforts et la consolidation des acquis (infrastructure
sanitaire et médicale, compétences humaines et
matérielles) qui ont permis le rayonnement de la Tunisie dans la
région.
Rappelons dans ce cadre que la Tunisie constitue actuellement
un pole d'attraction et une destination médicale
privilégiée pour de nombreux étrangers. Quelques 102 mille
étrangers sont venus se faire soigner en Tunisie en 2007 notamment dans
le domaine de la chirurgie esthétique, l'orthopédie, la chirurgie
ophtalmologique, la chirurgie cardiovasculaire, la médecine
dentaire9.
Cette volonté a été consolidée par
un conseil ministériel en date du 05 septembre 2008 consacré
à la discussion du plan d'action décidé par le chef de
l'Etat pour la promotion du secteur de la santé en Tunisie, en tant que
pôle d'exportation, à l'horizon 2016.
Le conseil a insisté sur l'obligation de valoriser le
secteur de la santé par la consécration de la qualité, des
normes et indicateurs dans le domaine de la santé et ce par la
création d'un organisme public indépendant ayant les
prérogatives de l'évaluation, de la promotion de la
qualité et de l'octroi des attestations d'accréditation et de
certification10.
- La promulgation en 2004 d'une nouvelle loi sur l'assurance
maladie en Tunisie, dans le but
consiste à augmenter la couverture, réduire la
charge financière des soins de santé sur la population et
d'augmenter l'accès et la qualité des services, en particulier
dans le secteur public (Banque Mondiale, 2006).
Cette nouvelle loi a amené à la création
de la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie) en vigueur depuis le 1er
juillet 2007, vient supplanter la mosaïque de l'ancien régime
(Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale CNRPS, Caisse
Nationale de Sécurité Sociale CNSS) et aura à gérer
les régimes de base obligatoires.
Cette nouvelle loi consacre (Banque Mondiale ; 2006) :
- Les principes de solidarité et d'égalité
des droits ;
- L'enrichissement du secteur de la santé par
l'insertion de ce nouveau régime dans un système sanitaire qui
englobe les prestations fournies dans les secteurs public et privé de la
santé ;
- L'introduction de relations conventionnelles entre les
caisses et les prestataires de soins qui doivent agir selon une nouvelle
logique d'efficience et de maîtrise des dépenses de santé
et de garantie de la qualité des services et des soins.
9
http://www.infotunisie.com/la-tunisie-un-pole-dexportation-dans-le-domaine-de-la-sante
(page consultée le 22/09/2008). 10Site de la
Présidence de la République tunisienne ; conseil
ministériel le 05 septembre 2008 présidé par le Chef de
l'Etat et consacré au secteur de la santé :
http://www.carthage.tn/fr/index.php?option=com_events&task=view_detail&agid=15548&year=2008&month=09&day=05&Ite
mid=0 (page visitée le 22 septembre 2008).
- La dynamique de la santé publique en Tunisie qui connait
une mouvance continue illustrée par la
création dés les années 90 d'une nouvelle
entité administrative (Etablissements Publics de Santé EPS)
octroyant un nouveau statut aux CHU en Tunisie, ainsi 20 EPS ont
été créés ayant chacun un conseil d'administration
et un directeur général.
Le nouveau statut des CHU vise à donner plus
d'autonomie à ces structures dans une optique d'amélioration et
de souplesse par rapport à l'ancien statut à savoir celui des
Etablissements Publics à caractère Administratif (EPA). Cette
réforme a été accompagnée par la
généralisation du système de gestion informatisée
sur les EPS et HR pour permettre une meilleure analyse des coûts
unitaires des actes de soin et leur meilleure facturation. Les fruits de la
réforme ont touché aussi l'amélioration des
capacités humaines, techniques, logistiques et infrastructurelles.
- Notre projet trouve aussi comme justificatif
l'intéressement mondial assez spectaculaire sur la
nécessité de se tourner vers un problème
qui pèse lourd sur les systèmes de santé surtout des PED,
à savoir le problème des EI et des erreurs liées aux soins
qui engendrent des coûts humains et financiers exorbitants. Cette
conscience planétaire émane des grandes institutions qui oeuvrent
dans le domaine de la santé, nous citons à titre indicatif la HAS
et l'OMS.
Ces institutions ont commencé depuis quelques
années à promouvoir le concept de la sécurité des
patients dans le cadre de l'amélioration continue de la
qualité.
- Les défis nouveaux et émergents pour faire face
aux demandes et besoins de la population alors
que le pays passe par une transition
épidémiologique et démographique manifestée par une
tendance au vieillissement de la population, situation à laquelle le
système de santé en Tunisie doit se préparer. La promotion
de la qualité dans les structures de soins est parmi les solutions qui
émergent face à ces problèmes colossaux. Il existe un
consensus universel sur l'aptitude de la qualité comme discipline pour
résoudre les problèmes d'ordre financier, technique et humain. Le
management par la qualité est une des solutions radicales pour
résorber le problème de financement d'un côté et de
garantir un maximum de satisfaction et de soins sécuritaires au
patient.
Toutefois, et malgré les avantages qui peuvent
résulter de notre projet, il peut être confronté à
de nombreux défis et qui sont comme suit :
- L'accréditation est un changement radical institutionnel
et culturel qui peut être confronté à une
forte résistance humaine qui découle du nouveau
mode de management, des nouvelles valeurs et pratiques trouvant leur fondement
dans les référentiels qui gouvernent tous les aspects et
activités de l'établissement. Ces Valeurs peuvent bousculer les
habitudes et les cultures qui régnaient pendant une longue
période et qui ont focalisé un mode de comportement difficile
à moduler ou à changer.
L'analyse objective du côté relationnel
gouvernant l'hôpital fait ressortir un constat sévère de
tiraillement éternel entre trois cultures conflictuelles à savoir
les cultures administratives, médicales et soignantes. Ainsi, dans
l'hôpital il doit exister une seule culture qui réunisse tous les
acteurs et concentre les efforts de tous les intervenants pour mettre le
patient au centre de l'activité de l'établissement par
l'assurance du maximum de confort et de sécurité.
L'accréditation est avant tout une maturité
mentale qui, comme tout changement, nécessite une longue haleine, une
persévérance et un accompagnement pérenne pour
générer le changement nécessaire, sa consolidation et son
ancrage dans les pratiques quotidiennes des divers intervenants.
- L'expansion spectaculaire du secteur privé en Tunisie,
secteur qui est en plein essor depuis les
années 1990. D'après la Banque Mondiale (2006),
le secteur privé emploie 83% des pharmaciens du pays, 72% des
médecins dentistes et 7% des paramédicaux. Ce secteur dispose
d'une part importante de l'équipement lourd du pays et absorbe environ
la moitié des dépenses totales de santé.
Cette évolution constitue un grand défi au
secteur public ce qui justifie l'obligation d'étudier les facteurs qui
expliquent l'expansion de ce secteur qui peut défier et compromettre le
secteur public, secteur qui constitue le premier employeur au pays et un grand
consommateur de ressources.
- Le coût de la mise en place de la démarche
d'accréditation en Tunisie et ses diverses
composantes peut constituer un grand défi à
notre projet surtout dans le contexte actuel de crise financière qui
ravage les économies du monde entier. Toutefois le problème du
coût peut être discuté et assoupli par le coût de la
non application de la qualité dans les établissements de soins,
des études ont été faites dans ce sens nous citons
l'étude faite par le CCECQA & ANAES (2004), intitulée «
Les coûts de la qualité et de la non-qualité des soins dans
les établissements de santé : états des lieux et
propositions ».
Conclusion
La sécurité des soins est devenue une
préoccupation majeure et un souci universel vu l'impact grandiose des EI
liés au soin et des divers accidents qui surviennent tout au long du
processus de prise en charge des patients, problèmes qui pèsent
lourd humainement, socialement et financièrement aussi bien pour
l'individu que pour la collectivité.
Des pressions continues et acharnées des usagers, de la
presse et des médias, de la société civile, des
institutions financières et de recherches s'accentuent pour rompre le
silence sur ce sujet et guider les efforts vers la mise en place d'une
compilation d'outils capables de piloter ces EI par leur identification,
l'explication de leurs causes, la réduction de leur impact et le
développement des meilleures stratégies nécessaires
à leur maîtrise.
La réponse est venue du secteur des industries à
haut risque (nucléaire, aéronautique, aviation, industries
pétrochimiques...) qui, grâce à un investissement majeur
dans la mise en place et le développement d'une « culture de
sureté », ont pu véhiculer une image d'assurance
qualité et de maîtrise des risques inhérents à
l'activité, une meilleure rentabilité économique et
surtout un changement radical au niveau du comportement individuel et collectif
contre toute transgression des barrière de sécurité.
Toutefois, et compte tenu de la spécificité de
l'activité médicale caractérisée par l'association
complexe de procédés, de technologie, de techniques et
d'interactions humaines, la mise en place d'une culture de
sécurité des soins dans les établissements de soins doit
inéluctablement prendre en considération tous ces aspects pour la
définition de stratégies viables qui visent à produire un
acte de soin sûr.
De même, et dans le même but il faut tenir en
compte l'adaptation des concepts, des méthodologies et des outils au
contexte spécifique des établissements de soins lors de la
définition de ces stratégies dans le but de générer
le changement comportemental et culturel convoité.
Pour l'atteinte de ces objectifs, il faut s'intégrer
dans une démarche d'amélioration continue de la qualité
basée sur des fondements scientifiques, managériaux et
institutionnels pérennes par la synchronisation des divers outils qui
promeuvent l'institutionnalisation de la qualité et de la gestion des
risques dans les établissements de soin.
L'accréditation est un cadre idéal
synthétisant les vertus de ces outils qui consiste à s'assurer
que les conditions de sécurité, de qualité des soins et de
prise en charge du patient sont prises en compte par l'établissement de
santé (DREES, 2005b).
Le secteur de la santé en Tunisie, et comme la plupart
des PED, souffre d'un handicap majeur pour l'instauration d'une démarche
d'amélioration continue de qualité à cause de l'absence de
dispositif d'accréditation des établissements de soins, qui
à notre sens, s'avère une priorité pour que les
performances réalisées ou souhaitées sortent du cadre des
initiatives privées et rentrent dans une
démarche globale qui vise l'ancrage d'une culture de
sécurité dans les actes et activités quotidiennes du
personnels de santé.
La mise en place d'un dispositif d'accréditation des
établissements de soin, du corps médical et soignant en Tunisie
est pressante du fait de l'évolution de l'environnement
économique, social, culturel, du pays et des attentes grandiose du
public et du pouvoir politique.
5 Références bibliographiques.
Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en
Santé (ANAES). Méthodes et outils des démarches
qualité pour les établissements de sante. Paris: ANAES; 2000,
136p.
Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en
Santé (ANAES). Principes de mise en oeuvre d'une démarche
qualité en établissement de sante. Paris: ANAES; 2002, 77p.
Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en
Santé (ANAES). Principes méthodologiques pour la gestion des
risques en établissement de sante. Paris: ANAES; janvier 2003, 1 10p.
Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en
Santé (ANAES). Manuel d'accréditation des établissements
de santé. Actualisation. Paris: ANAES; juin 2003, 136p.
Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en
Santé (ANAES). Manuel d'accréditation des établissements
de santé. Deuxième procédure d'accréditation.
Paris: ANAES; 2004,131p.
Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients.
Défi mondial pour la sécurité des patients 2005 - 2006. A
bonne hygiène, bons soins : un soin propre est un soin plus sûr.
OMS; 2005, 25p.
Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients. La
recherche pour la sécurité des patients. De meilleures
connaissances pour des soins plus sûrs. OMS; 2008, 12p.
Amalberti R, Gremion C, Auroy Y, Michel P, Salmi R, Parneix P et
al. Les systèmes de signalement des évènements
indésirables en médecine. Etude et Résultat 2007
; (586) :1-8.
Amalberti R, Gremion C, Auroy Y, Michel P, Salmi R, Parneix P et
al. Typologie et méthode d'évaluation des
systèmes de signalement des accidents médicaux et des
événements indésirables. 2006, 43p.
Baker G. R et Norton P. La sécurité des patients
et les erreurs médicales dans le système de santé canadien
: un examen et une analyse systématiques des principales initiatives
prises dans le monde. 2001, 181p.
Ballé M, Champion-Davillier M-N. Organiser les services de
soins. Le management par la Qualité. Collection Encadrer à
l'Hôpital. Paris: Masson; 2004.2 ème édition,
214p.
Banque Mondiale. Département du développement
humain, région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Étude du secteur
de la santé en Tunisie. Washington, DC : 2006, 94p.
Bertézène S. Démarches d'amélioration
de la qualité : état des lieux. Gestion
Hospitalière 2001 ; (401) : 710-721.
Bitaud M, Lemaitre M. Ressources humaines. Pour un management
durable. Gestion Hospitalière 2008 ; (476) : 333-339.
Blum-Boisgard C, Gaillot-Mangin J, Chabaud F, Matillon Y.
Evaluation en santé publique. adsp 1996 ; (17) : 18-22.
Brun J et Fromentin D. Qualité des soins : une approche
ISO 9000. Collection H. Paris : Berger-Levrault ; 1999. 2 ème
édition, 168p.
CCECQA et ANAES. Les coûts de la qualité et de la
non-qualité des soins dans les établissements de santé :
états des lieux et propositions. Paris: ANAES; 2004, 155p.
CCECQA. Le système de signalement des
évènements Indésirables : Passe, présent et futur.
CCECQA ; 2003,7p.
Chabot J-M. entretien intitulé : Pour une
évaluation «formative» des pratiques professionnelles.
Concours médical 2007 ; (7/8) : 1-4.
Chardonnet A, Thibaudon D. Le guide du PDCA de Deming.
Progrès continu et management. Paris: Editions d'Organisation; 2003.
2ème édition, 369p.
Contrôle de Gestion des Programme (CGP). Le tableau de bord
de pilotage.2006, 19p.
Corriol.C, Grenier. C, Coudert. C, Daucourt. V et Minivelle.
E.COMPAQH : recherches sur le développement des indicateurs
qualité hospitaliers. Revue d'Epidémiologie et de
Santé Publique 2008 ; 56 (4), Supplément 1
: 179-188.
De Montleau B. Introduire le développement durable
à l'hôpital. Un nouveau souffle. Gestion Hospitalière
2008 ; (476) : 318-320.
Desroches A, Leroy A, J-F Quaranta, Vallée F. Dictionnaire
d'analyse et de gestion des risques. Collection Management et Informatique.
Paris: Lavoisier; 2006, 497p.
Direction de la recherche, des études, de
l'évaluation et des statistiques (DREES). Les événements
indésirables graves liés aux soins observés dans les
établissements de santé : premiers résultats d'une
étude nationale. Etudes et Résultats mai 2005 ; (398) :
1-15.
Direction de la recherche, des études, de
l'évaluation et des statistiques (DREES). Les effets de
l'accréditation et des mesures d'amélioration sur la
qualité des soins sur l'activité des personnels soignants. Paris:
DREES; juin 2005, 181p.
Dongradi J-L. Hôpital 2007... Sauvé par un nouveau
mode de management ? Gestion Hospitalière 2008 ; (474) :
165-171.
Dridi E, Chetoui A et Zaoui A. Prévalence de l'infection
nosocomiale dans un hôpital régional tunisien. Santé
Publique 2006 ; (18) : 187-194.
Dumay M-F, Quaranta J-F, Chalfine A, Jambou P. Intégrer
les infections liées aux soins dans une politique de gestion des
risques. adsp 2002 ;(38) :52-55.
Franco L M, Silimperi D R, Van Zanten T V, Mac Aulay C, Askov
K, Bouchet B et al. Pérenniser la Qualité des Soins de
Santé : L'Institutionnalisation de l'Assurance de Qualité.
Bethesda, MD : USAID ; 2002, 60p.
Fuentes. A-M. Bilan d'activité gestion des risques APHM
2003 - 2006. APHM; 2006,58p.
Garnerin P, Bovier P, Chamot E, Chastonay P, Chopard P, Herrmann
F et al. Qualité des soins. EMH 2001;
82 (38) : 2020-2024.
Haute Autorité de Santé (HAS). L'évaluation
des pratiques professionnelles dans le cadre de l'accréditation des
établissements de santé. Paris: HAS; 2005, 56p.
Haute Autorité de Santé (HAS). Manuel de
certification des établissements de santé V 2010 en version
« pilote ». HAS; 2008, 69p.
Hergon E. Management du risque : Intérêt de
l'approche par processus. Gestion Hospitalière 2004 ; (432) :
66-67.
Institut National de Prévention et d'Education pour la
Santé (INPES). Evaluation, mode d'emploi. 2005, 96p.
Institut pour une Culture de Sécurité (ICSI)
.Séminaire de lancement de programme Retour d'Expérience et
Sécurité Industrielle Descriptifs des projets de recherche. ICSI
; 2005,37p.
Lucet B. Place de la formation dans l'implantation de la culture
qualité. adsp 2001 ; (35) :38 -40.
Martinez F, Hurlimann C, Boudin D, Jourdain A.
Accréditation et qualité des soins hospitaliers. Les principes
généraux de la qualité. adsp 2001 ; (35)
:18-28.
Massoud R, Askov K, Reinke J, Franco L M, Bornstein T, Knebel E
et al. Un paradigme moderne de l'amélioration de la
qualité des soins de santé. Bethesda, MD : USAID; 2002. 90p.
Michel P, Salmi LR, Sibé M, Salmi MT. Evaluer les
processus en santé : importance et limites actuelles. Rev
Epidémiol Santé Publ 2000 ; 48 (6)
:571-84.
Ministère de la Santé, de la Famille et des
Personnes Handicapées. Recommandations pour l'élaboration et la
mise en place d'un programme de gestion des risques dans les
établissements de santé. 2004,127p.
Ministère des Affaires Etrangères (France).
Guide en organisation hospitalière dans les pays en
développement. Mieux piloter l'hôpital: les tableaux de bord.
Paris: La Documentation Française; 2001, 140p.
Minvielle E. De l'usage de concepts gestionnaires dans le champ
de la santé. Le cas de la qualité hospitalière. Rev Fr
Gestion 2003 ; 29 (146) :167-89.
Moty C, Barberger-Gateau P, Salmi R. Lecture critique d'une
évaluation des pratiques professionnelles. Revue Médicale de
l'Assurance Maladie 2001 ; 32 (2) :185-191.
Mounic V. La gestion des risques dans la deuxième
procédure d'accréditation. Gestion Hospitalière
2001 ; (410) : 722-726.
Mtiraoui A, Harrabi M. La Gestion de la Qualité: Concepts,
Méthodes et Enjeux. Microb Hyg. Ali. 1999 ; 11
(30) : 16-23.
Occelli P, Quenon J-L, Hubert B, Hoarau H, Pouchadon M-L,
Amalberti R et al. La culture de sécurité en
santé : un concept en pleine émergence. Risques &
Qualité 2007 ; 4 (4) : 207-212.
Office Parlementaire d'Evaluation des Politiques de Santé.
Rapport sur la politique de lutte contre les infections nosocomiales. 2006,
290p.
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO) & Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Forum
mondial FAO/OMS des responsables de la sécurité sanitaire des
aliments. Pour une communication et une interaction efficaces entre les
responsables de l'évaluation des risques et les responsables de la
gestion des risques en matière de sécurité sanitaire des
aliments. 2002, 5p.
Organisation Mondiale de la Santé. Qualité des
soins : sécurité des patients. Rapport du Secrétariat.
OMS; 2002, 6p.
Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Sécurité des patients. Rapport du Secrétariat. OMS; 2006,
4p.
Pellerin D. Les erreurs médicales. Sève
2008 ; (20) : 45-56.
Santé Canada et l'Agence de Santé Publique du
Canada. Cadre de communication stratégique des risques. 2006, 27p.
Soury F, Caria A, Rybak C. Gestion des risques : une fonction
nouvelle à l'hôpital. Gestion Hospitalière 2001 ;
(410) : 722-726.
World Alliance for Patient Safety. Forward Programme 2008-2009.
OMS; 2008, 69p.
6 Annexes
Annexe 1 : Les 14 points de bonne pratique
managériale selon DEMING (Chardonnet & Thibaudon, 2003).
Le modèle proposé par DEMING repose sur 14
points de bonne pratique managériale qui ont pour objectif d'apprendre
à maîtriser en permanence la qualité des produits et
services soumis aux clients, ces points sont les suivants:
- Avoir des buts constants d'amélioration des produits et
de services ;
- Développer une nouvelle philosophie du changement ;
- Alléger au maximum le système de contrôle
;
- Mettre fin aux pratiques de sélection par les
coûts ;
- Miser sur l'amélioration continue de tous les processus
;
- Mettre en oeuvre un système de formation adéquat
et adapté en fonction des besoins réels de
l'organisation ;
- Développer le leadership et l'accompagnement pratique
;
- Faire disparaitre les craintes et développer une
réelle communication au sein de l'organisation ;
- Eliminer les barrières entre services et favoriser le
travail en équipe ;
- éviter les slogans et les exhortations ;
- Eliminer les quotas de productions pour les ateliers et les
objectifs chiffrés sans méthode, pour
les cadres ;
- Supprimer tous les obstacles à la fierté du
travail ;
- Favoriser l'éducation et l'amélioration de chacun
;
- S'assurer de la mise en place de la démarche
d'amélioration et de l'implication de tous dans la
mise en place du processus de changement.
Annexe 2 : Méthodologie de l'amélioration
continue de la qualité en 4 étapes (ANAES, 2000).
Définition.
Le cycle PDCA est une méthode séquentielle de
conduite et d'amélioration de projet qui permet d'exécuter un
travail (par exemple un projet d'amélioration de la qualité) de
manière efficace et rationnelle.
Elle comprend 4 étapes : Plan : planifier les actions et
les résultats attendus, Do : les mettre en oeuvre, Check :
vérifier les résultats et Act : prendre des mesures correctives
si besoin.
Champ d'application.
Tous les processus.
Méthode générique pouvant être
utilisée à l'échelle d'un projet d'entreprise ou à
celle d'une tâche élémentaire.
Objectifs.
Définir un plan d'amélioration de la
qualité.
Choisir les méthodes et outils nécessaires à
l'exécution de ce plan. Mesurer les résultats de sa mise en
oeuvre.
Ajuster les actions d'amélioration pour atteindre les
résultats attendus et redéfinir le nouveau plan
d'amélioration de la qualité.
Synonymes, variantes et produits
dérivés.
Roue de Deming
Boucle de la qualité
PDSA - Plan, Do, Study, Act
SDCA - Standardize, Do, Check, Act (maîtrise des processus
lorsqu'il existe une norme) Origine.
Représentation, proposée par W. Edwards Deming dans
les années 50, exprimant le cycle de l'action efficace.
Il a été mis en oeuvre au Japon à
l'initiative de Deming. Ressources nécessaires.
Soutien méthodologique, si le chef de projet n'est pas
expérimenté, pour la mise en place d'une gestion de projet et
pour la définition des indicateurs de suivi.
Conditions de réussite.
Poursuivre le cycle et ne pas s'arrêter après
l'étape de réalisation.
Impliquer toutes les personnes concernées par le
processus étudié. Communiquer autour des travaux
réalisés et des résultats obtenus.
Description.
Le PDCA peut être utilisé à un niveau
très global comme la conception du projet d'établissement, il
peut être utilisé pour améliorer un processus, ou de
façon très ciblée, par exemple la conduite d'une action
d'amélioration.
· Plan : établir un plan,
prévoir
- Choisir le sujet.
- Fixer des objectifs mesurables.
- Choisir les méthodes à utiliser pour atteindre
ces objectifs.
- Étudier la méthode qui sera utilisée.
Pour une action d'amélioration ciblée il s'agit de
créer un plan opérationnel pour la tester. Dans ce cas,
déterminer : les personnes à impliquer dans le test ;
Les connaissances dont elles ont besoin ;
Le calendrier de déroulement du test ;
Le mode de mise en oeuvre du test ;
Les critères d'évaluation des résultats du
test.
· Do : exécuter le plan, faire
- Informer les personnels et les former si nécessaire.
- Mettre en oeuvre la méthode retenue.
- Rassembler des données sur les caractéristiques
de qualité, à l'aide de l'outil choisi.
Pour une action d'amélioration ciblée, il s'agit de
mettre en oeuvre le test et de rassembler les résultats.
· Check : vérifier les
résultats
- Évaluer les résultats obtenus :
- vérifier que le travail a été
exécuté selon les méthodes définies à
l'étape 1 ;
- vérifier si les processus mis en oeuvre sont conformes
aux résultats attendus ;
- vérifier que les caractéristiques de
qualité concordent avec les valeurs cibles attendues.
Pour une action d'amélioration ciblée il s'agit
d'analyser les données recueillies lors du test pour savoir si l'action
d'amélioration a été une réussite totale ou
partielle ou un échec par rapport à l'objectif poursuivi.
Pour cela, on compare les résultats obtenus lors du test
aux résultats souhaités. · Act :
engager une action corrective ou pérenniser les résultats obtenus
:
- si le travail n'est pas conforme aux règles, prendre
des mesures correctives ;
- en cas d'anomalies, chercher la cause et prendre des mesures
pour en éviter la réapparition ; - améliorer les
systèmes et les méthodes de travail.
Pour une action d'amélioration ciblée il s'agit
de mener l'action. Si le test n'a pas été concluant, on
répète le cycle en testant une autre action conçue
à partir des résultats obtenus. Si le test a été
concluant, l'action est alors adoptée en routine.
On met en place un système de mesure des résultats
pour s'assurer de leur pérennité.
Un nouveau cycle PDCA fera suite au précédent pour
poursuivre l'amélioration du processus ou pour s'intéresser
à un autre processus.
Annexe 3 : Les phases d'institutionnalisation de
l'Assurance Qualité.
Source : (Franco et al, 2002).
Annexe 4 : Sources de défaillance d'une
organisation selon Reason.
Source : (ANAES, 2003a).
Annexe 5: Les domaines d'action de l'Alliance
Mondiale pour la Sécurité des Patients (World Alliance
for Patient Safety, 2008) ; (OMS, 2006) ; (Alliance Mondiale pour la
Sécurité des Patients, 2005)
- Le Défi mondial pour la sécurité des
patients a pour but de définir un sujet spécifique pour un
programme d'action d'une durée de deux ans portant sur les infections
liées aux procédures de soins qui ont été retenues
pour le premier défi, axé en 2005 et 2006 sur le thème
« Un soin propre est un soin plus sûr ». L'objectif de susciter
un engagement mondial pour inscrire la propreté des soins dans toutes
les pratiques quotidiennes et précisément dans la pratique des
injections, la vaccination, la sécurité des transfusions, la
sécurisation des procédures cliniques, l'eau et
l'assainissement.
Le deuxième défi pour la période 2007-
2008 est axé sur le thème « Safe Surgery Saves Lives »,
dont l'objectif consiste à réduire les accidents et les
infections qui peuvent survenir pendant l'acte chirurgical, en
développant une simple check-list de contrôle à effectuer
pendant la chirurgie. L'Alliance Mondiale pour la Sécurité des
Patients veille par la suite à sa diffusion dans le monde entier.
Le troisième défi pour la période 2009-
2010 se concentrera sur le problème croissant de la résistance
antimicrobienne ;
- Les patients pour la sécurité des patients,
afin de mobiliser les patients et les organisations de patients et les
impliquer dans les efforts en faveur de la sécurité des patients
dans le monde entier ;
- La taxonomie pour la sécurité des patients :
action qui vise la mise en place de normes sur les données acceptables
au plan international pour la collecte, le codage et la classification des
événements indésirables;
- La recherche pour la sécurité des patients a
pour but de définir un programme mondial de recherche sur la
sécurité des patients ainsi que la définition d'outils et
méthodes servant à mesurer le dommage pour les patients dans les
pays en développement ;
- Solutions pour la sécurité des patients, dont
l'objectif est de mettre à la disposition des pays membres des
expériences qui développent des politiques visant la
sécurité des patients dans le monde entier et de coordonner les
futurs efforts internationaux pour trouver des solutions ;
- Information et apprentissage : le but est de fournir un
appui aux Etats Membres pour l'établissement ou l'amélioration
les systèmes d'information sur la sécurité des patients et
à améliorer les systèmes existants dans certains pays.
- Classification Internationale pour la
Sécurité des Patients (ICPS) : consiste à
développer un système de classification des informations sur la
sécurité des patients reconnu mondialement ;
- Les high 5s : cette initiative consiste à discuter au
sein d'un groupe de pays cinq problèmes liés à la
sécurité des patients à savoir:
s La gestion des médicaments injectables;
s Les médicaments et les soins multiples;
· L'intervention correcte à l'emplacement correct du
corps ;
· L'importance de la communication pour la
sécurité des soins;
· L'importance de l'hygiène des mains pour
empêcher des infections liées à l'acte de soin.
- Technologie pour la sécurité des patients :
cette initiative vise à promouvoir les technologies dites sûre
pour servir la sécurité des patients.
- Safety prise : consiste à récompenser des
expériences réussies dans le domaine de la sécurité
des patients qui sera par la suite diffusée dans le monde entier ;
-
...
Annexe 6 : quelques méthodes de gestion des
risques.
Analyse des Modes de Défaillance et de leurs
effets AMDE (Desroches et al., 2006). Définition
:
C'est une procédure d'analyse des modes de
défaillance potentiels des éléments d'un système
afin de déterminer leurs effets sur un système et de les classer
en fonction de leur gravité.
L'Analyse des Modes de Défaillance et de leurs effets est
définie comme une méthode de prévention qualitative.
Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets
et de leur Criticité AMDEC (ANAES, 2000).
Définition :
Méthode d'analyse et de prévention des
défaillances potentielles (une défaillance est une fonction
prévue mais non remplie, le mode de défaillance est
l'événement par lequel se manifeste la défaillance).
Cette méthode d'analyse rigoureuse permet, après
avoir réalisé une analyse fonctionnelle, d'évaluer les
risques afin de prévenir les défaillances ou d'en prévenir
les effets.
Champ d'application : La gestion des
risques.
Cette méthode doit être appliquée de
manière rigoureuse, cependant elle peut alors présenter certains
caractères contraignants. Elle peut être utilisée pour les
processus exigeant un taux d'erreur proche de zéro.
Dans les autres cas, elle pourra être utilisée de
manière «dégradée», avec beaucoup plus de
souplesse.
Objectifs :
Optimiser la fiabilité d'un produit et d'un processus en
prévenant l'apparition des risques, c'est-à-dire :
- Détecter les défauts à un stade
précoce et si possible dans la phase de conception, de
développement et de planification ;
- Recenser les risques ;
- Hiérarchiser les risques par la détermination de
leur criticité ;
- Mettre en oeuvre des actions préventives pour les
risques dépassant un seuil de criticité déterminé.
Origine :
Méthode développée dans les années
60 par la NASA pour le projet Apollo. Elle a été appliquée
dans l'aéronautique, l'aérospatiale et le nucléaire, puis
utilisée dans l'industrie automobile.
L'AMDEC est dérivée de l'AMDE, analyse des modes
de défaillance et de leurs effets, à laquelle elle ajoute la
quantification des risques et leur hiérarchisation.
Conditions de réussite :
Utiliser la méthode dans les premières phases de
la conception d'un produit ou d'un processus. Expliciter la démarche et
soutenir les membres du groupe de travail.
Procéder de façon méthodique et
disciplinée.
Réaliser une analyse fonctionnelle préalable du
processus.
Centrer l'analyse sur l'essentiel pour atteindre le but
recherché : un niveau de détail excessif et inutile risquerait de
rendre l'AMDEC lourde et inefficace et d'en faire une méthode peu
appréciée des utilisateurs.
Rester constamment vigilant afin de ne pas compliquer ou bloquer
le fonctionnement du processus, ce qui serait un risque plus grand que ceux que
l'on souhaite supprimer.
Description :
Principales étapes de la méthode :
· Initialisation de l'étude : définir les
objectifs et les limites de l'étude.
· Réunir les acteurs concernés par le
processus susceptibles de participer à l'étude.
· Établir la séquence des étapes du
processus sous la forme d'un enchaînement d'actions.
· Repérer l'effet de chaque défaillance
potentielle sur le processus.
· Identifier des causes des défaillances
potentielles par séquence.
· Attribuer à chaque défaillance une note
correspondant à la gravité, la probabilité d'occurrence,
ainsi que la probabilité de non-détection.
· Calculer la valeur de la criticité.
· Choisir la valeur de la criticité pour laquelle le
risque est acceptable.
· Engager un plan d'action pour réduire la valeur de
la criticité sur les défaillances où le niveau de risque
est jugé inacceptable.
· Reprendre l'analyse à la première
étape après le plan d'action qui a modifié le processus
afin de réévaluer les risques pour ne pas en créer de plus
importants que ceux qui ont été supprimés.
Exemple de synthèse de l'application de l'AMDEC
à un processus
G : gravité. La gravité
dépend du retentissement de la défaillance ; en particulier si le
défaut atteint la sécurité des personnes la gravité
sera considérée majeure.
O : probabilité d'occurrence. La
probabilité d'occurrence peut être facile à calculer
lorsqu'il s'agit d'une défaillance technique, par contre lorsqu'il
s'agit d'une erreur humaine, il faut utiliser le retour d'expérience
dans la mesure où des données sont disponibles sur ce
thème.
D : probabilité de
non-détection de la non-conformité pendant le déroulement
du processus. Si la non détection du défaut a des
conséquences pour le client du processus, la quantification de D sera
importante et nécessitera absolument une action corrective.
Le produit des trois coefficients détermine la
criticité. La criticité permet de hiérarchiser les
problèmes suivant les critères choisis par l'équipe
projet. Les risques estimés à partir de la criticité
seront pris en compte, une action corrective sera conduite. L'évolution
du processus générée par les différentes actions
correctives nécessitera une nouvelle AMDEC. L'AMDEC est par essence une
« critique » ; il est impératif que cette critique reste
constructive et positive pour l'amélioration du processus.
Analyse Préliminaire des Risques APR
(Desroches et al., 2006).
Définition :
C'est une méthode analytique, inductive, qualitative et
semi-quantitative d'analyse des risques mise en oeuvre pour identifier les
situations dangereuses et les scénarios d'accident associés.
Mise en oeuvre :
L'APR est mise en oeuvre dès la conception d'un
système en développement ou dès que ses conditions
d'exploitation (procédure, environnement...) changent et sont
susceptibles de générer de nouvelles contraintes.
Objectif :
L'APR a pour objectif l'identification des causes d'un
événement redouté et de la gravité de ses
conséquences sur le système et son environnement en termes
d'agression, de dommages ou de pertes.
Champs de couverture :
L'APR couvre l'identification :
- des incertitudes sur sa mission,
- des dangers auxquels il peut être confronté,
- des situations dangereuses dans les quelles il peut se
retrouver volontairement ou à son issu, - des scénarios
conduisant à des événements redoutés,
- des conséquences sur le système et son
environnement,
- des traitements de maitrise des risques,
- des actions de gestion des risques résiduels.
Les domaines d'application sont les ensembles fonctionnels,
matériels, logiciels et procédures
opérationnelles au niveau de décomposition
macroscopique.
Les entrées sont des architectures fonctionnelle ou
matérielle du système en phase opérationnelle. Les sorties
sont les listes des actions de maitrise des risques (matériels,
procédures et formation).
Réalisée de préférence en groupe de
travail, l'ARP s'appuie sur des listes guides pour identifier et analyser les
situations dangereuses selon la procédure suivante :
- élaboration de la cartographie des situations à
risque,
- analyse des risques des scénarios d'accident
associés à chaque situation à risque identifiée
Importance de la méthode :
L'ARP fournit une base à l'évaluation du
risque, au traitement du risque, à l'acceptation du risque et au
traitement du risque. Elle peut être réalisée sur toute
activité industrielle, financière, sanitaire, à chaque
niveau que ce soit (mission, système, composants...)
Hazard and Operability Study HAZOP (Desroches
et al., 2006). Définition :
C'est une méthode d'identification des risques reposant
sur une analyse des conséquences des déviations de
paramètres physiques régissant le comportement de fluides.
La traduction française parfois utilisée est :
analyse de sécurité sur plan de tuyauterie et
d'instrumentation.
En quoi consiste la méthode ?
La méthode HAZOP consiste à déterminer
si des déviations, par rapport à leurs valeurs nominale, des
divers paramètres physiques (température, pression,
concentration...) régissant le procédé peuvent
créer des dangers.
Cette recherche est faite par une équipe
pluridisciplinaire (spécialiste du procédé,
spécialité de l'instrumentation...) travaillant sous la direction
d'un animateur.
Pour stimuler « le processus de création
créative » (l'identification des déviations possibles) des
mots clés sont utilisés : PLUS, MOINS, AUSSI BIEN QUE etc. les
déviations de chaque paramètre d'intérêt sont
passées en revue l'une après l'autre afin de mettre en
évidence leurs causes, leurs conséquences, les moyens de
détection et les moyens de protection existants lorsqu'une
déviation dangereuse a été détectée.
Lorsque l'équipe juge que les moyens existants sont
insuffisants elle propose des actions complémentaires ; ces
dernières sont ensuite revues afin de proposer un plan d'action
hiérarchisé.
Les actions requises sont enregistrées sur des
formulaires ad hoc au fur et mesure du déroulement des sessions de
brainstorming.
Méthode de diagramme causes-conséquences
(Desroches et al., 2006).
Définition :
C'est une représentation graphique des liaisons logiques
entre les causes et les conséquences d'un scénario d'accident. La
probabilité d'occurrence de chacune des conséquences peut
être évaluée.
Le diagramme causes conséquences est formé de deux
parties:
- le diagramme des conséquences dont on peut
déduire de manière directe un arbre d'événements
équivalent,
- les diagrammes de causes qui sont les arbres des
défauts explicitant la défaillance des diverses branches du
diagramme des conséquences précédent.
Méthode de diagramme causes-effets
(ANAES, 2000).
Définition :
C'est une arborescence visualisant le problème d'un
côté, et ses causes potentielles, de l'autre. Les causes sont les
facteurs susceptibles d'influer sur le problème.
Ces causes sont regroupées classiquement par familles,
autour des 5 M.
- Main-d'oeuvre : les professionnels de toute catégorie,
en y incluant la hiérarchie.
- Matériel : l'équipement, les machines, le petit
matériel, les locaux...
- Matière : tout ce qui est consommable ou
l'élément qui est à transformer par le processus. -
Méthode : correspond à la façon de faire, orale ou
écrite (procédures, instructions...).
- Milieu : environnement physique et humain, conditions de
travail, aspect relationnel... Un des 7 outils de base de la qualité.
Cet outil a été créé et
diffusé par Ishikawa, ingénieur japonais à l'origine des
cercles de qualité. Objectifs
Classer les causes d'un dysfonctionnement ou d'un
problème, en grandes familles.
Représenter les causes d'un dysfonctionnement ou d'un
problème de façon claire et structurée. Synonymes,
variantes et produits dérivés
Synonymes : diagramme d'Ishikawa, méthode des familles, 5
M, diagramme en arêtes de poisson Variantes : diagramme des forces,
diagramme CEDAC, diagramme ACE
Produit dérivés : l'outil de base comprend les 5
familles classiques citées ci-dessus, mais ces 5 M sont souvent
remplacés par d'autres familles plus adaptées au contexte
professionnel.
NB : Les causes peuvent aussi être classées selon
les étapes d'un processus.
Conditions d'utilisation
Pré-requis
Groupe de travail constitué par les personnes
concernées par le problème, ou le processus décrit.
Place de l'outil
Il est utilisé :
· pour classer et visualiser clairement l'ensemble des
causes potentielles d'un problème donné,
· ultérieurement comme support de
traçabilité au quotidien des facteurs réels de
dysfonctionnements. Conditions de réussite
Il faut toujours chercher à approfondir les causes, en
répétant la question : « pourquoi ? » à chaque
cause énoncée.
Ne pas hésiter à modifier la structure du
diagramme au fur et à mesure de l'avancée de la
réflexion.
Le diagramme sera laissé afficher dans la salle, en
inter-réunion, afin que tout participant puisse venir y ajouter une
cause supplémentaire qui lui viendrait à l'esprit.
Description :
Matériel nécessaire : tableau, post-it.
Réalisation :
· Préciser le problème
- Définir le problème en termes d'effet
constaté. Vérifier qu'il est bien compris par tous. - L'afficher
durant toute la réunion.
· Identifier les causes
- Réaliser un remue-méninge pour rechercher toutes
les causes possibles de ce problème. - Effectuer un regroupement, par
catégorie, des idées émises.
- Traduire toutes les idées émises en mots
clés.
· Construire le diagramme
- Inscrire le problème dans un cadre à droite du
tableau (tête du poisson), puis tracer une flèche principale
horizontale, dont la pointe rejoint le cadre.
- Regrouper les causes répertoriées en familles
suivant les 5 M, ou d'autres familles, plus adaptées au vocabulaire de
l'établissement ou du service. Le nombre de familles peut
également varier (3 à 6, voire plus).
- Dessiner les flèches secondaires correspondant au
nombre de familles de causes potentielles identifiées (arêtes du
poisson), en les raccordant à la flèche principale et en les
identifiant.
- Reporter sur des mini-flèches attenantes aux
flèches secondaires les causes rattachées à chacune des
familles.
- Si les causes restent nombreuses dans une famille,
définir des sous-familles de causes : par exemple, dans la famille
main-d'oeuvre (c'est-à-dire les professionnels), on peut définir
la sous-famille formation du personnel.
- Toutes les causes exprimées doivent être prises
en compte.
- Si de nouvelles causes sont imaginées par les
participants pendant la construction du diagramme (notamment à la suite
des interrogations : « pourquoi ? »), les inscrire à la suite
des autres sur le remue-méninge initial, pour les prendre en compte.
· Exploiter le diagramme
- Identifier les 5 à 8 causes majeures qui semblent au
groupe être les plus influentes par un vote pondéré
- Vérifier avec le groupe que ces causes sont bien
significatives.
· Vérifier ultérieurement sur le terrain la
validité des causes essentielles retenues
Représentation schématique d'un
diagramme causes-effets (ANAES, 2000).
Méthode du Diagramme de Succès MDS
(ANAES, 2000). Définition :
Cette méthode présente les aspects d'une part,
d'une méthode de recherche de défaillances, et d'autre part, d'un
moyen de représentation des fonctions et des défaillances.
Elle est basée sur un calcul de probabilité
permettant de calculer la fiabilité (R) du système, son taux de
défaillance ( ), et le MTTF (durée moyenne de fonctionnement
d'une entité avant la première défaillance).
La Méthode de Décompte des Composants (MDC) est
dérivée de la MDS. Elle est très utile pour obtenir
rapidement un taux de défaillance pessimiste ; néanmoins, il
s'avère très difficile de connaître la marge de
conservatisme qui en résulte.
Utilisation :
La MDS est utilisée lorsqu'une analyse
détaillée des causes de défaillance (et de leurs
combinaisons) n'est pas requise et lorsqu'il y a indépendance entre les
défaillances (et les réparations) des composants.
Audit Clinique (ANAES, 2000).
Définition
Méthode d'évaluation qui permet à l'aide
de critères déterminés de comparer les pratiques de soins
à des références admises, en vue de mesurer la
qualité de ces pratiques et des résultats de soins avec
l'objectif de les améliorer.
Champ d'application
Les pratiques professionnelles, notamment de soins, pour
lesquelles il existe un référentiel ou, au minimum, un accord
professionnel permettant de le construire.
Objectifs
Mesurer l'écart entre la pratique et la
référence. Définir et mettre en oeuvre des actions
d'amélioration. S'assurer de l'efficacité des actions
d'amélioration. Synonymes, variantes et produits
dérivés
Audit médical
Audit infirmier
System medical review
Évaluation de la qualité des soins infirmiers
Origine
Méthode développée par l'ANDEM en
s'inspirant des expériences d'évaluation de pratiques
professionnelles menées en Amérique du Nord, en Australie, aux
Pays-Bas et en Grande-Bretagne.
Conditions de réussite
Cibler une pratique professionnelle bien définie et non
un problème complexe d'organisation. Définir un objectif
centré sur l'amélioration de la pratique et non sur
l'évaluation des personnes. Choisir un responsable de projet ayant une
légitimité professionnelle.
Description
La méthode comporte 6 étapes.
· Choix du thème
- Choix du thème en fonction de la fréquence de la
pratique, du risque encouru par le patient, du potentiel d'amélioration,
de l'existence de références scientifiques, réglementaires
et professionnelles.
- Définition du champ de l'étude par les
initiateurs de l'étude : nombre d'unités de soins
impliquées.
Le choix s'appuie sur le volontariat.
- Constitution du groupe de travail et nomination du chef de
projet.
- Réalisation d'une information sur le projet
auprès des professionnels.
· Choix des critères
- Recherche du référentiel à partir de
l'analyse de la littérature disponible (scientifique, professionnelle,
réglementaire). Éventuellement, adaptation de ce
référentiel au contexte local.
- Définition des critères d'évaluation
(ensemble des variables dont la mesure rend compte de la conformité au
référentiel).
- Définition de la valeur attendue du critère
(standard).
· Choix de la méthode de mesure
- Détermination du type d'étude
(rétrospective ou transversale), de la source d'information, de la
taille de l'échantillon, de la période d'évaluation et du
mode de recueil des données.
- Construction de la feuille de recueil de données.
- Test de la feuille de recueil de données et
réajustement le cas échéant.
· Recueil des données - Organisation d'une
réunion d'information pour toutes les unités concernées
par l'audit.
- Remplissage d'une feuille de recueil des données pour
chaque pratique évaluée.
- Suivi de l'évolution du recueil des données.
· Analyse des résultats
- Traitement des données recueillies : calcul de
l'écart entre les pratiques (valeurs observées des
critères) et le référentiel (valeur attendue des
critères ou standards).
- Recherche des causes des écarts et analyse (les outils
cités en seconde partie du document peuvent être utilisés
pour rechercher les écarts et leurs causes).
- Définition du résultat attendu suite à la
mise en oeuvre des actions d'amélioration.
· Plan d'actions d'amélioration et
réévaluation
- Présentation des résultats de
l'évaluation aux professionnels des unités qui valident les
causes des écarts.
- Recensement et priorisation des actions correctives. Un
calendrier de réalisation des actions est établi.
- Nomination pour chaque action d'un responsable chargé
de sa mise en oeuvre. - Rédaction du rapport d'étude.
- Détermination de la période de
réévaluation et du nombre de critères à
réévaluer. Ce nombre peut être plus restreint que lors de
l'étude initiale.
- Mesure de l'impact des actions correctives sur la base des
résultats de la réévaluation.
Méthode de Résolution de Problème
(ANAES, 2000). Définition
Méthode permettant de résoudre un problème.
Un problème est défini comme la différence entre la
situation existante et la situation attendue.
Cette méthode permet la transformation des
dysfonctionnements en source de progrès. Elle repose sur une suite
logique d'étapes.
Champ d'application
Tous les processus pour lesquels un problème est
identifié.
Objectifs
Déterminer le problème en partant des faits.
Identifier les causes à l'origine du problème. Proposer des
solutions traitant ces causes.
Mettre en oeuvre des actions d'amélioration efficaces.
Mesurer l'impact des actions d'amélioration. Synonymes,
variantes et produits dérivés Problem
Solving
Démarche de résolution de problème par la
qualité Team Quality Improvement Sequence (TQIS)
Origine
Le mode de déroulement de la méthode en
étapes a été formalisé et stabilisé par
l'union des scientifiques et des ingénieurs japonais (JUSE -
Japanese Union of Scientists and Engineers).
Ressources nécessaires
Formation aux outils de résolution de problème.
Conditions de réussite
Partir de problèmes rencontrés dans les
unités de travail.
Obtenir le consensus sur l'identification des problèmes
et leur hiérarchisation. Ne travailler que sur un seul problème
à la fois.
Suivre rigoureusement la démarche et l'enchaînement
des étapes.
Éviter de retenir immédiatement une solution
estimée d'entrée de jeu unique.
Conduire la méthode à son terme,
c'est-à-dire jusqu'au suivi des actions mises en oeuvre.
Description
Elle repose sur une suite logique d'étapes, permettant
une réflexion préalable à l'action.
· Lister les problèmes
- Identifier l'ensemble des problèmes
intéressant les participants. Cela permet à chacun de s'exprimer
librement sur les sujets qui le préoccupent et de les faire
connaître aux autres participants. C'est une phase importante.
· Choisir un problème - En fonction de l'importance
respective des problèmes énoncés, pour n'en retenir qu'un
seul prioritaire.
- On peut approfondir les choses en cherchant à cerner
au mieux le problème mis en exergue, pour qu'il soit le mieux compris
possible : où observe-t-on le problème, à quel moment
apparaît-il, dans quelles conditions ?
· Identifier les causes possibles
Une fois le problème principal choisi et
explicité, il faut éviter de se presser vers des solutions
hâtives qui pourraient s'avérer fragiles.
- Rechercher les causes, et toutes les causes, possibles du
problème en recueillant des faits qui permettront d'identifier les
causes réelles. Il faut donc les documenter par la réalisation
d'une enquête, pour traduire la situation en données
chiffrées.
On peut s'appuyer sur un diagramme causes-effets.
· Déterminer le poids de chaque cause
- Hiérarchiser les causes recensées, par ordre
décroissant d'importance. Ceci afin de rendre évident l'ordre
dans lequel le groupe devra les analyser, c'est-à-dire développer
au final son plan d'action.
Cette hiérarchisation peut être quantifiée
par un diagramme de Pareto.
· Retenir les causes essentielles
· Rechercher les solutions possibles
- Identifier l'ensemble des solutions possibles pour chacune des
causes majeures retenues et donc chercher à être créatif :
il faut au moins 2 solutions pertinentes à confronter.
· Choisir la solution
- Le seul vote peut être suffisant pour les
problèmes simples, n'induisant qu'un coût minime. Quand le
problème est complexe, une rigueur supplémentaire est
nécessaire, en déterminant des critères de choix :
économiques, techniques, liés aux objectifs (ex. : satisfaction
du patient)... Le diagramme multicritère peut être
utilisé.
· Mettre en oeuvre la solution
- La définir : ce qu'il faut faire, qui doit le faire,
quand doit-on le faire, où doit-on le faire,... et comment exactement ?
Le QQOQCP permet de ne rien oublier.
- L'appliquer, avec une implication directe des participants du
groupe de travail dans la diffusion de l'information auprès des autres
professionnels.
· Mesurer les résultats
- Mesurer l'efficacité de cette solution par la mise en
place d'indicateurs. - Suivre l'application dans le temps.
Analyse de la Mortalité et Morbidité
(ANAES, 2000). Définition
Méthode qui consiste à analyser collectivement au
cours d'une réunion les dossiers de patients
décédés ou ayant présenté certaines
complications morbides.
Champ d'application
Toute structure de soins : les réunions peuvent
s'organiser au niveau d'une unité, d'un service ou département ou
d'un établissement.
Objectifs
S'interroger sur le caractère évitable de
l'événement.
Déterminer les causes de l'événement dans
le cas d'un événement potentiellement évitable. Engager
les actions destinées à prévenir la survenue d'un
événement similaire. Synonymes, variantes et produits
dérivés
Réunions de mortalité et morbidité
Analyse des décès
Morbidity and mortality con ferences
Origine
Méthode largement implantée dans les
établissements de soins d'Amérique du Nord, initialement dans les
services de chirurgie puis dans toutes les disciplines.
Ressources nécessaires
Pas de ressources spécifiques.
Conditions de réussite
L'organisation doit être adaptée en fonction des
caractéristiques de la structure (volume, type d'activité). Cette
organisation doit être définie par écrit.
L'engagement du responsable de la structure et l'adhésion
des praticiens doivent être requis.
Quelle que soit la fréquence retenue, il faut veiller
à maintenir la régularité des réunions (facteur de
pérennité), par exemple en choisissant un jour fixe dans le mois
et en établissant un calendrier prévisionnel.
Description
· Responsabilité et organisation
générale
Il est souhaitable de confier l'organisation et l'animation des
réunions à un médecin permanent du service.
La fréquence est à adapter à
l'activité du service (le plus souvent elle est mensuelle).
La composition de la réunion est définie par le
service et comprend au moins la présence des médecins seniors et
juniors du service. D'autres professionnels peuvent y participer.
· Sélection des cas
Il est recommandé que tout décès fasse
l'objet d'une analyse. Concernant les cas de complication morbide, chaque
service choisit les événements qu'il souhaite analyser
(complication iatrogène, accident thérapeutique, infection
nosocomiale, phlébite, embolie pulmonaire, reprise au bloc, retour
inopiné en réanimation, escarre, chute, réhospitalisation
non programmée...).
La sélection du cas peut se faire, par exemple, au
moment de la rédaction du compte rendu d'hospitalisation ou pendant
l'élaboration du résumé d'unité médicale
(PMSI). Chaque cas sélectionné est enregistré sur une
fiche de repérage et de suivi sur laquelle seront reportées
ultérieurement les décisions prises en réunion et les
éventuelles actions engagées.
· Préparation de la réunion
Le responsable de la réunion établit la liste
des patients à discuter à partir des fiches renseignées et
il répartit la présentation des dossiers. Il peut inviter des
professionnels ne travaillant pas dans le service, soit parce qu'ils sont
directement concernés par le cas, soit parce que leur expertise peut
aider à classer le cas.
· Déroulement de la réunion
Il est préférable qu'un secrétaire de
séance soit désigné pour compléter la fiche de
chaque cas présenté.
Le médecin animant la réunion veille
particulièrement à l'observation des temps de présentation
et de discussion impartis, évite toute agressivité ou remarque
inutile, et encourage les plus jeunes à participer aux débats. Au
terme de la présentation, la discussion permet de déterminer si
l'événement était évitable ou pas. Le classement du
cas est une décision consensuelle et s'appuie sur des données
factuelles.
Si la complication apparaît évitable, un
professionnel est désigné en séance pour rechercher les
causes et proposer des solutions correctives ou préventives.
L'état d'avancement de ses travaux sera présenté en
séance suivante.
· Archivage
Il apparaît souhaitable de conserver toutes les fiches de
signalement des cas, avec le type de complication, son caractère
évitable ou pas et les éventuelles actions engagées.
· Évaluation de l'efficacité des
réunions de mortalité - morbidité
Un suivi du nombre et du type de complications est à
envisager afin d'évaluer l'impact des actions engagées. Une
évaluation annuelle semble être raisonnable.
Annexe 7 : Déroulement de la procédure
d'accréditation France.
Source : (DREES, 2005b).
Annexe 8 : fiche de signalement d'un
événement indésirable APHM.
Source : ViGéRIS.
Annexe 9 : exemple de signalement d'un
événement indésirable à ViGéRIS.
Source : ViGéRIS.
|