II - L'usage des cybercafés par les habitants
L'Internet est une technologie qui connaît une
pénétration plus ou moins importante chez la population du
quartier Ouagou Niayes dont elle contribue à bouleverser les habitudes
en répondant aux préoccupations pratiques. Cependant, l'Internet
n'est pas seulement une kyrielle d'opportunités pour ces usagers. Il
soulève beaucoup d'enjeux de toutes sortes : économiques,
politiques, socioculturels, religieux. En plus, contrairement au
téléphone, son utilisation est moins démocratique. Elle
aggrave, si elle ne la crée pas, la discrimination par le sexe,
l'âge, la race, le niveau d'instruction, le degré de
développement. Par rapport à ces considérations, il
s'avère intéressant d'analyser les utilisations d'Internet en
lien avec l'intérêt passionné et riche de sens qu'il
génère chez les populations qui le pratiquent en quête
d'opportunité des toutes sortes.
1 - Appréciation des usages des cybercafés
1 - 1 - Les facteurs d'appropriation et les
modalités d'utilisation des cybercafés
1 - 1- 1 - Les facteurs d'appropriation des
cybercafés
Si au cours des années 90, l'utilisation d'Internet
relevait d'un phénomène de mode (le sénégalais
étant de nature curieux et très ouvert à ce qui fait l'air
du temps), force est de reconnaître qu'aujourd'hui, elle est devenue un
phénomène de fond, une façon de vivre. L'utilisation
d'Internet est surtout instrumentée par sa capacité à
répondre de façon rapide et agissante tant aux besoins de l'Etat
et des collectivités locales qu'aux préoccupations des
associations et des individus.
Pour l'Etat et les collectivités locales, par exemple,
le réseau des réseaux peut contribuer au développement
économique et social en désenclavant les zones
géographiques difficiles d'accès et en intégrant les
populations dans les réseaux économiques et sociaux. L'Internet
peut également leur permettre de renforcer la démocratisation et
le pouvoir du citoyen en favorisant les interactions entre gouvernants et
gouvernés, en revitalisant les institutions civiques et le débat
public, et en favorisant l'équité et le renforcement des pouvoirs
des groupes vulnérables. Enfin, l'Internet peut être, via le
cybercafé, une source de revenus supplémentaires grâce
à la taxation et à l'imposition.
Pour les associations et les individus, Internet est un
support pertinent en technologie de l'information et de la communication dont
les coûts sont plus ou moins supportables. L'Internet leur donne
l'opportunité d'entrer en relation avec des tiers, d'échanger des
expériences personnelles ou professionnelles, d'avoir en somme une
ouverture sur le monde.
Photo n° 6 : des usagers des
cybercafés en navigation sur Internet
Photo : Sylla, 2004.
Si au cours des années 90, l'utilisation d'Internet
relevait d'un phénomène de mode, elle est devenue aujourd'hui un
phénomène de fond, une façon de vivre. Les
cybercafés ne désemplissent guère et rares sont les
moments où ils ne soient pas pris d'assaut par les utilisateurs.
A Ouagou Niayes, les populations semblent bien conscientes des
mille et une possibilités d'Internet. Les cybercafés ne
désemplissent guère et rares sont les moments où ils ne
soient pas pris d'assaut par les utilisateurs. Les facteurs de
fréquentation des cybercafés sont multiples mais les tarifs de
connexion proposés par les gérants sont de loin la
première source de motivation des usagers. Ainsi, il n'est point
aberrant de dire que le cybercafé qui proposerait la fourchette de prix
la mieux adaptée à la bourse des utilisateurs aurait le plus
vaste champ d'attraction et polariserait davantage d'individus. Mais au facteur
prix, il faut ajouter la recherche de confort par les usagers. Si avec les
télécentres, cet élément est négligé,
c'est tout à fait l'opposé avec les cybercafés où
les usagers y accordent un vif intérêt. Sous ce rapport, les
cybercafés les plus avantagés sont ceux qui offrent à leur
clientèle des cadres spacieux, frais, calmes, ventilés ou
climatisés. La raison évidente en est sans doute le climat
puisque au Sénégal il fait chaud pendant une bonne partie de
l'année.
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