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Approche géographique de l'appropriation des NTIC par les populations : l'exemple des télécentres et cybercafés dans le quartier Ouagou Niayes à Dakar( Télécharger le fichier original )par Ibrahima Sylla Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise 2004 |
Source : RGPH, 1988 : Rapport régional, septembre 1992. La population de Dakar est caractérisée par son extrême jeunesse. En 1988, la tranche d'âge 0 -- 19 ans représentait plus de la moitié de la population avec 52,1%. Cette situation est liée, comme dans tous les pays en voie de développement d'ailleurs, à une forte natalité de l'ordre de 36,2 pour 1000 et à un faible taux de mortalité tournant autour de 10,8 pour 1000. . La tranche d'âge 20 - 59 ans représentait une proportion de 44,7%, loin derrière celle des vieux de 60 ans et plus (3,2%). La répartition par sexe de la population de Ouagou Niayes, tout comme celle de Dakar est équilibrée. Au dernier RGPH de 2002, les hommes représentaient 50,5% de la population contre 49,5% de femmes. Le rapport de masculinité est de 97 femmes pour 100 hommes pour le département de Dakar. Pour la commune de Biscuiterie, ce rapport est de 104. 3 - La répartition spatiale de la populationLa population de Ouagou Niayes est très inégalement répartie dans l'espace du quartier. En effet, l'examen de la charge démographique des trois unités qui le composent révèle une distorsion géographique entre elles. Ce déséquilibre spatial peut s'apprécier à travers les effectifs de ménages et la charge démographique de chaque secteur. 0.N.1 compte le plus grand nombre de ménages (681), suivi de 0.N.2 (559) et de 0.N.3 (410). O.N.1 s'individualise également au regard du nombre d'habitants dans les trois unités du quartier. Il renferme un effectif de 4 356 habitants, soit 41,3% de la population totale de Ouagou Niayes. O.N.2 compte 3 576 habitants soit 33,9% et O.N.3 a un effectif de 2 623 habitants soit 24,8%. La prépondérance de O.N.1 se justifie par le fait que dans ce secteur, la construction ainsi que le peuplement dépendent de la volonté individuelle des populations qui exploitent le moindre espace libre. Par contre, à O.N.2 et O.N.3, l'habitat planifié ne permet pas l'implantation anarchique. L'inégalité de la répartition de la population de Ouagou est en définitive imputable à divers facteurs. Cependant, quels que soient les facteurs qui régissent le peuplement de l'espace, sa charge démographique est un élément important pour appréhender les conditions de vie de ses habitants. CHAPITRE II : DES POPULATIONS AU NIVEAU DE VIE MOYENOuagou Niayes est une localité d'un niveau socio-économique moyen. Quartier composé au départ essentiellement de salariés dont les conditions étaient plus ou moins satisfaisantes, Ouagou Niayes est aujourd'hui affecté par une forte croissance qui entraîne en même temps qu'une augmentation de la taille des ménages, la paupérisation de ceux-ci. L'étude des activités professionnelles et revenus des chefs de ménage ainsi que celle des charges des ménages permettent de mieux comprendre les conditions dans lesquelles vivent les habitants de cet espace. I - Les activités professionnelles et revenus de chefs de ménage1 - Les activités professionnelles des chefs de ménagesLes chefs de ménage ont diverses activités professionnelles. Cependant, le chômage affecte 26% d'entre eux. Les chefs de ménage de professions libérales et du secteur privé représentent 27%. La part des retraités n'est pas négligeable non plus (19%). Ils sont suivis des chefs de ménage commerçants avec 13% ; des fonctionnaires (11%) et des artisans (4%). actuellement en retraite et vivent dans ce dernier s'ils ne sont pas retournés à Saint Louis, leur ville d'origine. Quant aux commerçants, beaucoup d'entre eux logent dans la localité pour ne pas s'éloigner de leurs lieux d'activités. En effet, Ouagou Niayes jouxte le marché des HLM et le marché Ngélaw qui sont d'importants centres d'échanges. 2 - Les revenus des chefs de ménagesLe revenu moyen des chefs de ménages de Ouagou Niayes est d'environ 128 000 francs CFA par mois. 7% ont moins de 50 000 francs mensuellement ; 22% perçoivent entre 50 000 et 100 000 francs par mois ; 27% entre 100 000 et 150 000 francs CFA et 16 % entre 150 000 et 200 000 francs. Ceux qui ont entre 200 000 et 250 000 francs et plus de 250 000 francs par mois constituent les minorités avec respectivement 2% et 7%. De manière générale, 29% des chefs de ménage ont moins de 128 000 francs par mois (la moyenne), 52% en ont plus et 19% n'ont pas de revenu. En dehors de leurs salaires, certains chefs de ménage disposent d'autres sources de revenus dont les plus fréquemment citées sont les revenus de transfert dont la pension de retraite (15%), le mandat (13%), les revenus des enfants travailleurs (13%), le loyer (10%) et le petit commerce de l'épouse (5%). Seuls 30% des ménages ne disposent d'aucune autre source de revenu. Le niveau de revenu est l'élément essentiel pour déterminer le degré de satisfaction des besoins des ménages. Ainsi, à la question de savoir si leurs revenus couvrent ou non leurs dépenses, 53% des chefs de ménage ont répondu positivement et 47%, négativement. II - Les charges des ménagesElles sont largement fonction d'un certain nombre d'éléments tels que la structure et la taille des ménages, le niveau de chômage dans ces derniers qui définissent à leur tour la hauteur des difficultés relatives à l'alimentation et à la santé. 1 - Structure et taille des ménages1 - 1 - Structure des ménagesL'examen de la structure des ménages de Ouagou Niayes révèle diverses situations matrimoniales. Tableau n° 3 : répartition des chefs de ménage selon la situation matrimoniale
Source : enquêtes, juin - août 2004. Les chefs de ménages monogames sont numériquement plus importants avec 39%. Les polygames représentent 28% des ménages interrogés suivis des ménages veufs (24%), des célibataires (7%) et des divorcés (2%). Le niveau d'instruction assez poussé ainsi que les difficultés de toutes sortes auxquelles sont confrontés les Sénégalais poussent généralement les hommes à se limiter à une seule conjointe. C'est sans doute ce qui justifie la prépondérance des monogames dans la répartition des ménages dans ce quartier. Cependant, d'autres facteurs peuvent être mis à contribution pour expliquer cette situation. Il s'agit de : - l'âge : parmi les chefs de ménage polygames et veufs, ceux qui ont 60 ans et plus sont majoritaires, les moins de 40 ans constituent la minorité. A l'opposé, les chefs de ménage âgés de 45 à 49 ans sont majoritairement monogames ; - le niveau d'instruction : la plupart des chefs de ménage monogames ont atteint les niveaux secondaire et supérieur tandis que les mariés polygames sont majoritairement de formation arabe/coranique ; - l'occupation professionnelle et éventuellement le montant du revenu mensuel : les artisans, par exemple, constituent avec les chômeurs et les fonctionnaires les catégories minoritaires des chefs de ménages polygames. Tandis que les chefs de ménage de professions libérales et du secteur privé représentent la majorité à la fois des mariés monogames et polygames. 1 - 2 - Taille des ménagesElle varie entre 2 et 32 personnes avec une moyenne d'environ 10 personnes par ménage. Tableau n° 4 : répartition des ménages selon la taille
Source : enquêtes, juin - août 2004. Le tableau n°4 montre une taille modale de 5 à 9 personnes par ménage avec un pourcentage de 52%. Les ménages de 10 à 14 membres représentent une proportion de 23% suivis de ceux composés de 15 à 19 membres (11%) et des moins de 5 membres (7%). Les grandes familles de 20 à 24 membres et de 25 membres et plus sont moins nombreuses. Elles font respectivement 4% et 3%. L'importance de la charge démographique des ménages se justifie par le fait que la famille sénégalaise est généralement élargie et c'est souvent le parent citadin qui est tenu d'assuré l'hébergement de tout autre membre venu poursuivre des études, chercher du travail ou tout simplement se reposer en ville. Il convient d'ajouter à cela le taux de chômage élevé au Sénégal et le désir de mener des études poussées qui font que les enfants restent souvent pendant longtemps sous la tutelle parentale. Les ménages de grande taille se retrouvent dans tous les secteurs du quartier mais les plus peuplés des ménages interrogés sont localisés à 0.N.1 (32 personnes) et à 0.N.3 (27 personnes). La charge démographique régit dans une large mesure le niveau de chômage et d'inactivité dans les ménages compte tenu de la jeunesse de la population. 2 - Le niveau de chômage et d'inactivité dans les ménagesPar définition, le chômage est la période d'inactivité forcée qui caractérise la situation des personnes capables, disponibles et désireuses de travailler mais qui n'y parviennent pas. Le chômage et l'inactivité sont deux phénomènes très présents dans les ménages. Ils concernent surtout les jeunes de plus de 18 ans à la recherche d'emploi et les femmes de plus de trente ans qui ont abandonné les études généralement pour se marier. En général, la taille du ménage est en déphasage avec le nombre de travailleurs dans celui- ci, ce qui permet d'appréhender le niveau de chômage et d'inactivité dans les ménages. Figure n° 2 : taille des ménages et nombre de travailleurs ,,
0 1 2 3 4 5 6 + moins 5 5 à 9 10 à 14 15 à 19 20 à 24 25 + nombre de personnes dans le ménage Source : enquêtes, juin - août 2004. La combinaison de la taille des ménages et le nombre de travailleurs dans ceux-ci montre que quelle que soit la taille du ménage considéré, le nombre de travailleurs le plus fréquent est égal à 1 et le moins fréquent 6. La moyenne de travailleurs dans les ménages varie entre 1 et 2 personnes. Le nombre de deux (2) travailleurs se retrouve dans toutes les catégories de ménages à l'exception de celles qui ont plus de 25 membres où il y a en général davantage de personnes actives. Par ailleurs, il est extrêmement rare de trouver dans un ménage plus de quatre travailleurs. L'élément de l'analyse qui mérite le plus d'attention est l'absence totale de travailleurs dans 12 % des ménages répartis comme suit : 6% dans les ménages composés de 5 à 9 membres, 3% dans les ménages de 10 à 14 membres et 3% également dans ceux de 15 à 19 individus. Dans la plupart de ces ménages, la survie dépend des transferts : mandat, loyer et allocation de retraite. Pour remédier à cette situation, ceux qui en ont les moyens envoient un ou plusieurs membres de leur ménage à l'étranger dans l'espoir d'un appui financier conséquent et donc d'une amélioration de leur sort. A titre d'exemple, il y a au moins un émigré dans 29% des ménages interrogés. Le nombre de travailleurs n'est donc pas proportionnel à la charge démographique des ménages. En d'autres termes, l'augmentation du nombre de personnes dans le ménage n'entraîne pas forcément celle du nombre de travailleurs dans celui-ci. Ce nombre est moins considérable dans les ménages de plus 25 membres mais beaucoup plus élevé dans ceux de 5 à 9 membres, certainement parce que ces derniers sont numériquement plus importants dans le quartier. L'effectif de travailleurs varie ainsi considérablement en fonction de l'importance numérique de la catégorie de ménage. Dans la plupart des familles, les charges sont supportées par une seule personne. Cette situation entraîne ou en tout cas exacerbe les difficultés liées à l'alimentation et à la santé dans les ménages. 3 - Les difficultés d'alimentation et de santé3 - 1 - Les difficultés d'alimentationL'alimentation reste une des priorités du budget des ménages sénégalais. La part des dépenses alimentaires dans la dépense totale est de 53,2% pour l'ensemble du pays. Ce pourcentage varie inversement au degré d'urbanisation : ainsi, il est de 69,1% dans le milieu rural, 45,6% dans les autres centres urbains et de 40,1 % dans la zone urbaine de Dakar. Ces dépenses servent à l'achat de divers produits dont le pain, le sucre, le lait, le poisson, la viande et les légumes. Cependant, le pain et les céréales accaparent la plus grande part des dépenses (37,3%), suivis des légumes (11,8%) et des huiles et graisses (11,3%).(27) Le montant des dépenses journalières, mensuelles et annuelles varie selon le milieu. A Ouagou Niayes, l'enquête s'est intéressée uniquement aux dépenses journalières des ménages. (27) DPS, ESAM / 94-95, p. 90. Tableau n° 5 : dépense journalière des ménages
Source : enquêtes, juin - août 2004. L'examen du tableau n°5 montre que plus du quart des ménages du quartier (29%) dépense entre 2 000 et 3 000 francs CFA par jour. Ceux qui dépensent 5 000 F et plus viennent en seconde position avec 27%. Ils sont suivis de ceux qui déboursent entre 3 000 et 4 000 francs avec 23%. Les ménages dont la dépense quotidienne n'excède pas 2 000 francs ainsi que ceux dont la dépense varie entre 4000 et 5000 francs constituent les plus faibles proportions. Le cumul des pourcentages permet de constater que 60% des ménages dépensent quotidiennement plus de 3 000 francs et 40% moins de 3 000 francs. Cependant, quel que soit le montant de la dépense quotidienne, les problèmes d'alimentation touchent près de la moitié des ménages interrogés. En effet, 43% d'entre eux déclarent être régulièrement confrontés à ces genres de difficultés et 19% irrégulièrement. En somme, 62% des chefs de ménages sont, régulièrement ou non, accablés par les difficultés d'alimentation. Seuls 38% d'entre eux déclarent ne pas connaître ces genres de problèmes. Beaucoup de paramètres peuvent être mis à contribution pour comprendre ces difficultés. Il s'agit entre autres de la taille du ménage, la situation matrimoniale du chef, son occupation professionnelle, ses autres sources de revenu. Ainsi, les enquêtes révèlent que les difficultés liées à l'alimentation sont plus fréquentes dans : - les ménages de grande taille ; - les ménages dont le chef est chômeur et/ou veuf ; - les ménages où le chef n'a aucune autre source de revenu en dehors des revenus de transferts. 3 - 2 - Les difficultés d'accès aux soins de santéElles interviennent en cas de maladie dans les ménages. Elles sont liées essentiellement à l'achat de médicaments et autres produits pharmaceutiques des services médicaux produits dans les hôpitaux et en dehors des hôpitaux. Les dépenses sanitaires sont lourdes pour les chefs de ménage qui n'ont pas accès à une prise en charge par les assurances, les employeurs ou une tierce personne. Les difficultés concernant les soins de santé sont fortement ressenties par les ménages sénégalais. A Ouagou Niayes, plus de la moitié des ménages interrogés, soit 57%, affirment être éprouvés par des problèmes liés aux soins de santé : 39% d'entre eux ont régulièrement des problèmes et 18% irrégulièrement. Seuls 43% des ménages ne vivent pas les difficultés de santé. Toutefois, il sied de remarquer que les difficultés liées à la santé des populations se posent avec moins d'acuité que celles relatives à l'alimentation dans les ménages. Certainement parce que l'alimentation est une nécessité à satisfaire de façon permanente alors que la maladie se manifeste en général par intermittence. ConclusionCréé au cours des années 1950, le quartier Ouagou Niayes regroupe une population hétérogène dont les conditions socio-économiques sont moyennes. Faiblement peuplé à sa création, cette cité connaît aujourd'hui une forte pression démographique qui pose avec acuité les problèmes de logement et d'espace. La croissance de la population entraîne l'augmentation des charges des ménages qui cause par voie de conséquence la paupérisation de ceux-ci. D'ailleurs, dans la plupart des ménages éprouvés par une sévère conjoncture économique et un taux de chômage élevé, la satisfaction des besoins domestiques tient du salaire d'une seule personne, de la pension du chef de famille qui n'a pas eu de relève à sa retraite mais surtout d'un mandat qu'un membre émigré envoie de temps à autre. Ce qui augure déjà de l'importance de la place que les populations de la localité doivent accorder aux infrastructures de télécommunication, notamment les télécentres et récemment les cybercafés, pour lutter contre le chômage et pour l'établissement de leurs relations à distance. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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effectifs |
% |
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Prix d'une unité |
65 F |
7 |
22,6 |
|
75 F |
23 |
74,2 |
|
|
80 F |
1 |
3,2 |
|
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Total |
31 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
(37) Ce sont là les propos recueillis des propriétaires et gérants rencontrés lors des enquêtes.
L'examen du tableau n°6 montre la prédominance des télécentres vendant leur unité à 75 F CFA (74,2 %). Ils sont suivis des télécentres qui vendent à 65 F (22,6%), ceux commercialisant leur unité à 80 F CFA fermant la marche avec 3,2%. Cette situation témoigne de la baisse progressive des prix qui est l'effet induit de leur spatialité compacte et de la concurrence.
Trois télécentres ont refusé de révéler le nombre d'unités qu'ils arrivent à vendre quotidiennement. Mais les informations recueillies des autres permettent de dire que la majorité d'entre eux (29%) vend entre 200 et 300 unités par jour. Les télécentres qui vendent journellement moins de 100 unités ne font que 19,4%. Cependant, il y a une proportion plus ou moins importante de télécentres qui font entre 300 et 400 unités par jour et même plus de 400, avec respectivement 12,9% et 9,7%.
Le nombre d'unités vendues par jour par un télécentre est généralement tributaire de la position géographique de celui-ci, du prix de vente de son unité d'appel mais aussi du nombre de cabines dont il dispose.
L'analyse du prix de vente de l'unité d'appel des télécentres révèle que la concurrence ne handicape pas forcément ceux qui commercialisent leur unité à 75 francs, certainement parce qu'ils sont numériquement plus considérables. Toutefois, tous les télécentres qui parviennent à faire plus de 400 unités par jour pratiquent un prix unitaire de 65 francs.
Le nombre de cabines par télécentre permet de mieux les départager. A Ouagou Niayes, 45,2% des télécentres ont deux cabines, 41,9% n'en ont qu'une. Ceux qui disposent de trois et quatre cabines sont moins nombreux. Ils représentent dans l'ordre 9,7% et 3,2%.
L'essentiel des télécentres qui n'ont qu'une seule cabine font moins de 100 unités quotidiennement; ceux qui en ont deux, font pour la plupart entre 200 et 300 unités par jour. Enfin, tous les télécentres qui parviennent à vendre plus de 400 unités journellement, ont trois ou quatre cabines (et vendent leur unité à 65 F).
Les prix pratiqués par les télécentres de Ouagou Niayes sont de manière générale abordables comme le pensent 68,3% des usagers interrogés, seul un télécentre vend l'unité d'appel à 80 F. Le nombre d'unités qu'ils parviennent à commercialiser quotidiennement est élevé dans l'ensemble. Cela traduit la forte utilisation de ces outils de communication sociale et commerciale par les habitants de la localité.
Cependant, la concurrence qui marque ce secteur d'activités et qui entraîne la baisse des prix ne bénéficie véritablement qu'aux consommateurs. Du fait que la Sonatel vend l'unité de communication à 60 francs CFA, de nombreux de télécentres fonctionnent à perte et se voient ainsi
condamnés à la fermeture, une fermeture qui favorise la suppression d'une importante activité génératrice de profit aux propriétaires et d'emploi aux gérants.
S'il est aujourd'hui une technologie qui mérite le plus l'attention d'un géographe du fait de la nouvelle conception du temps et de l'espace qu'elle autorise, à travers la remise en cause des dichotomies local/global, l'ici/l'ailleurs, centre/périphérie, c'est à coup sur l'internet. Impulsé au cours des années 1970 par le Ministère de la Défense Américain, l'Internet est venu fédérer les réseaux de communication décrétant de façon irrémédiable la fin de beaucoup de contraintes auxquelles se heurte le paradigme communicationnel entre les peuples du monde.
Depuis la connexion du Sénégal en 1996, Internet a fait l'objet d'une réelle appropriation à la fois par les entreprises, les ménages et les individus dont il répond de façon efficace aux divers besoins. L'Internet est une technologie à la fois simple, puissante et efficace. Il permet la manipulation de tout type de document que ce soit des textes, des photos, des cartes géographiques, des dessins, de la vidéo, du son, etc. Il permet également de réunir en un laps de temps une documentation importante et une foule d'informations sur un sujet quelconque et /ou d'établir, en quelques instants seulement, la communication entre les personnes spatialement très distantes. C'est justement ce qui explique le rythme d'ouverture élevé des points d'accès à cette technologie (cybercafés) qui suivent au pas l'empreinte des télécentres.
Il s'agit dans ce chapitre d'abord d'analyser la répartition spatiale des cybercafés dans Ouagou Niayes, ensuite d'expliquer les raisons d'ouverture des cybercafés et leurs caractéristiques, et enfin, de présenter les services qu'ils mettent à la disposition des usagers.
: cybercafé
Echelle : 1 / 2 000e Source : DPS, 2004 Carte améliorée par Sylla.
Malgré une réelle pénétration d'Internet dans les habitudes de vie des populations, le nombre de cybercafés à Ouagou Niayes reste assez limité. En effet, il n'y a que trois cybercafés dont les deux (2) sont localisés à 0.N.2 et le troisième à 0.N.3. Leur distribution dans l'espace du quartier demeure ainsi flottante (voir la carte n°4) et la densité très faible : 1 cybercafé pour 2 111 personnes théoriquement.
Tous les cybercafés sont distants d'au moins 200 mètres, ce qui empêche a priori la concurrence entre eux et permet aux gérants de profiter (mais de façon inégale) des retombées financières très largement commandées par une logique comerciale, en lien avec l'accessibilité et la fréquentation de l'infrastructure. Comme le souligne Sambou (38) se faire un chiffre d'affaires de 180 000 francs par jour est fort motivant ! Mais les chiffres d'affaires varient selon les endroits d'implantation de l'unité de production. A titre d'exemple, dans la banlieue dakaroise, certains opérateurs se font des recettes de près d'un million de francs l'année. Dans les zones touristiques, les recettes tournent autour de 170.000 francs la journée, les touristes constituant le gros de la clientèle affectés qu'ils sont par le mal du pays. (39)
Par ailleurs, en dépit d'une faible densité, les cybercafés sont suffisants pour permettre une « ex- territorialisation virtuelle» en ce sens que le territoire n'est pas seulement un espace économique et politique construit mais un lieu réapproprié, pratiqué, vécu par des populations qui n'ont pas forcément participé à son élaboration.(40) En effet, Internet limite considérablement la portée des frontières en réduisant les limites de l'espace et du temps. Il permet aux utilisateurs de se connecter à temps réel ou à temps programmé à des activités se déroulant à des distances éloignées, ce qui favorise un effondrement des barrières telles que la nationalité, l'appartenance ethnique ou confessionnelle, la culture, la race, etc. et autorise une remise en cause du paradoxe de l'interface local/mondial. Avec l'Internet, c'est désormais l'attraction des réseaux, la vertu de l'ennemi proche et de l'ami lointain ; façon habile et non polémique de définir un « territoire » négociable avec ces amis lointains et non-discutable avec ses rivaux proches .(41)
(38) Ansoumana Sambou, 2001, p. 39.
(39) Idem. p.40.
(40) Marie Claude Cassé, 1995, « Réseaux de télécommunication et production de territoire » in Sciences de la Société, Territoire, société et communication, Presses Universitaires du Mirail Toulouse, n° 35, mai 1995, p.75.
(41) Emmanuel Eveno, 2004, « La géographie de la Société de l'Information : entre abîmes et sommets », Netcom, vol. 18, n° 1-2, p. 25.
L'avènement des NTIC n'a décidément pas laissé les Sénégalais indifférents. Loin de là, l'Internet a eu un véritable impact et le constat de la prolifération des cybercafés suffit pour s'en convaincre. Les cybercafés s'implantent un peu partout à Dakar, aussi bien dans les quartiers riches que dans les milieux défavorisés du centre et de la périphérie.
L'ouverture des cybercafés est soutendue par des motivations économiques et financières même si l'effet induit est d'ordre intellectuel, avec notamment les innombrables possibilités de communication de recherche et de documentation qu'offre l'Internet à ses usagers. L'exploitation de cybercafés est en effet un créneau porteur.
A Ouagou Niayes, les cybercafés enquêtés ont été ouverts entre 2000 et 2003 avec comme motivation première la recherche de profit par les propriétaires. Toutefois, l'ouverture des cybercafés permet aussi de créer des emplois : tous les cybercafés du quartier emploient individuellement au moins trois personnes dont la plupart sont des femmes.
Les cybercafés favorisent par effet d'entraînement le développement du quartier notamment en permettant aux populations de se former ou de se perfectionner en informatique et en mettant à leur disposition un outil de communication et de travail très efficace.
Les cybercafés présentent des différences caractéristiques perceptibles tant sous leurs apparences intérieures qu'extérieures. En effet, selon les moyens financiers dont dispose le propriétaire, l'aménagement de l'infrastructure est plus ou moins bien entrepris. Les écarts les plus remarquables se lisent à travers leurs aspects internes en lien avec leur niveau d'équipement : nombre d'ordinateurs fonctionnels, présence d'un scanneur, d'un photocopieur, d'un fax...Sous ce rapport seul un cybercafé, « Le Taîf Cybercafé », dispose de tous ces équipements.
L'aspect extérieur des cybercafés est d'habitude peu différencié. Tous les cybercafés se présentent avec une devanture peinte avec des tons différents, des portes en bois et en verre recouvertes d'affiches indiquant les services offerts et leurs tarifs, un panneau indicateur de la présence du cybercafé, etc. La convivialité ainsi que le confort constituent aussi des éléments essentiels de caractérisation des cybercafés. Ils participent fortement de l'attractivité de la structure et favorisent par voie de conséquence une augmentation de son niveau de fréquentation et d'utilisation. Il y a enfin les charges des cybercafés qui sont très différentes : un seul exploitant
Photo n° 4 : vue extérieure d'un cybercafé à Ouagou Niayes

Photo : Sylla, 2004.
L'aspect extérieur des cybercafés est d'habitude
peu différencié. Tous les cybercafés se présentent
avec
une devanture peinte avec des tons différents, des portes en
bois et verre recouvertes d'affiches indiquant
les différents
services offerts et leurs tarifs, etc.
est propriétaire des locaux de son cybercafé, les deux autres sont locataires et payent entre 30 000 et 65 000 francs FCFA mensuellement ; le nombre d'employés à payer à la fin du mois (entre 2 et 4).
Les cybercafés offrent une gamme diversifiée des services aux utilisateurs, allant de la connexion à l'Internet à la formation en informatique en passant par les services bureautiques. Le prix d'accès minimal aux services de tous les cybercafés du quartier est de 300 francs CFA pour une heure de connexion et 200 francs pour la demi-heure. (42)
Les cybercafés permettent au grand public d'avoir accès à Internet qui est à la fois une source de documentation, une source de loisir, un moyen de communication et un outil d'aiguillage permettant de localiser l'information recherchée. Mais que trouve t- on sur Internet ?
L'Internet comprend différentes applications(43) et propose une large palette de services d'information. Les applications Internet sont multiples et variées. Il s'agit notamment :
de la messagerie électronique communément appelle e-mail (pour electronic mail )ou courrier électronique ou encore courriel : elle permet aux personnes qui disposent d'une boîte aux lettres électroniques et qui sont connectées à Internet ou à un réseau lié à Internet par une passerelle, d'échanger des messages textuels et des documents ;
des listes de diffusion thématiques ou Mailing Lists : elles permettent de réunir une foule d'informations ponctuelles, de renseignements et des avis différents, existant sur un même thème. Ces listes sont envoyées dans la boîte aux lettres de chacun sur simple demande. Elles disposent d'une adresse et tout ce qui lui est envoyé est immédiatement transmis aux boîtes aux lettres des demandeurs ;
-- des News Groups : ce sont des forums de discussion, une sorte d'arbre à palabre virtuel
(42) L'uniformisation des prix ne résulte pas d'un désir commun à tous les exploitants, c'est plutôt la concurrence qui l'entretient, aucun cybercafé ne voulant être « délaissé » à cause d'une fourchette de prix plus élevée. Mais malgré cette uniformisation des prix, tous les exploitants ne s'en tirent pas de la même façon car d'autres facteurs entrent en jeu : la position géographique du cybercafé; ses charges locatives; le nombre de machines dont il dispose; le nombre d'employés à payer, etc.
(43) Une application est un ensemble de procédures et de traitements informatiques dont le tout résout complètement un problème administratif, scientifique ou technique, Ginguay, Lauret, 1993, « Commission permanente de la recherche géographique », Cité par Roland Prelaz-Droux, 1995, Système d'information et gestion du territoire : approche systémique et procédure de réalisation, PPUR (presses polytechniques et universitaires romandes), Lausanne, 156 p.
sur des thèmes précis et variés. A la différence des mailing lists, les informations des Newsgroups ne sont pas distribuées à chacun mais stockées physiquement sur un serveur spécifique, régulièrement mis à jour que l'usager doit contacter. L'avantage d'une telle disposition est que l'usager n'est pas submergé de messages dans sa boîte mais se contentera plutôt de consulter uniquement les échanges qui l'intéressent ;
de la connexion à des serveurs distants comme Telnet ou FTP (file transfer protocol) : ces deux applications offrent respectivement la possibilité de connecter son ordinateur à une machine géographiquement distante et de rapatrier sur son ordinateur la copie d'un fichier quelconque à partir d'un ordinateur distant ;
la dernière application d'Internet concerne les outils de rechercher d'informations. Parmi eux, nous avons Gopher (« fouine » en anglais) et le World Wide Web (toile d'araignée mondiale). Le logiciel Gopher est un fichier de classement par menus hiérarchisés permettant d'accéder à différentes ressources existant sur l'Internet quelle que soit leur localisation. Quant au World Wide Web appelé indifféremment Web, WWW ou W3, c'est un système d'échanges d'informations à l'échelle planétaire, permettant la manipulation de tout type de document localisé sur différents sites, grâce à l'hypertexte.(44)
En ce qui concerne les services sur Internet, il en existe quatre types : les services gratuits, les services commerciaux, l'édition en ligne et les banques de données.(45)
En dehors des multiples avantages qu'Internet procure aux usagers, il y a un large éventail de services que proposent les gérants de cybercafés à leur clientèle. En effet, à l'instar des télécentres, certains cybercafés (comme « Le Taïf » et « Le Cyberium ») offrent la possibilité d'utilisation d'un fax, de faire des photocopies, de scannage et de traitement de texte. Ils proposent aussi aux usagers des sessions de formation en informatique basée essentiellement sur l'utilisation de la souris, du clavier, des applications Word, d'Excel, etc. Le public ciblé est varié : ceux qui savent lire mais pas écrire ; ceux qui savent lire, écrire mais non manipuler un ordinateur ; ceux qui savent lire, écrire, manipuler un ordinateur mais qui n'ont aucune connaissance en Internet et/ou en informatique.
Le nombre de sessions de formation par année varie entre 1 et 4. La durée de la formation ainsi que le nombre de participants changent d'un cybercafé à l'autre et d'une session à l'autre. Les tarifs sont souvent compris entre 5 000 francs CFA et 15 000 francs par session.
(44) Technique de liaisons de certains mots d'un texte vers les mêmes mots d'un autre texte : les mots, phrases, expressions, logos et icônes ont été programmés pour renvoyer à d'autres textes.
(45) Cécile Bernat, 1997, Op. Cit. p.11.
Les différents services offerts par les cybercafés aux utilisateurs constituent d'importantes sources de revenus pouvant considérablement alléger les multiples charges de fonctionnement (coûts de la location, de la maintenance du matériel, factures d'électricité..). Cependant, au-delà de leur aspect lucratif, les cybercafés participent de la formation des résidents du quartier, de la « démythification » de la technologie Internet, du développement de l'accès aux NTIC et de leur appropriation par le plus grand nombre.
Dans un contexte socio-économique marqué par le chômage et l'inactivité des jeunes, les télécentres et cybercafés constituent d'importantes activités créatrices d'emplois et de richesses. Or, Ouagou Niayes étant un quartier essentiellement résidentiel qui n'offre aucune activité à ses habitants, télécentres et cybercafés sont des moyens efficaces pour remédier au chômage. C'est ainsi qu'ils occupent un nombre plus ou moins important de personnes dont certaines sont propriétaires des structures et d'autres des gérantes. Qu'est-ce qui fonde les particularités de ces gens ? Voilà le domaine de préoccupation que ce chapitre prend en charge.
Le nombre de propriétaires de télécentres interrogé lors des enquêtes est de seize (16). L'examen de leurs caractéristiques socio-démographiques montre diverses situations. Toutefois, l'élément de l'analyse qui, au regard des objectifs de l'étude, retient le plus l'attention, est relatif à leur occupation professionnelle.
En effet, la répartition des propriétaires de télécentres en fonction du genre révèle la prépondérance des hommes (97% contre 6,3% de femmes). Cette disproportion se justifie probablement par le fait que les hommes sont moins affectés par la pauvreté et disposent ainsi en général davantage de moyens financiers nécessaires à la réalisation de ces types d'infrastructures. Ils sont par ailleurs d'habitude moins passifs que les femmes quant à la recherche de promotion socio-économique.
Les propriétaires sont d'ethnies diverses mais les Wolofs sont majoritairement représentés avec un pourcentage de 62,5%. Les Pulaar (18,7%) viennent en seconde position avant les Sereer, les Bambara et les Diola qui font chacun 6,3%.
Leurs âges sont compris entre 27 et 48 ans avec une moyenne tournant autour de 37,6 ans. Seuls 31,2% parmi eux ont un âge inférieur à la moyenne, 68,8% en ont plus.
Le niveau d'instruction est assez élevé puisqu'un (1) seul propriétaire sur seize (16) a le niveau élémentaire. 37,5% sont de formation arabe / coranique, 18,7% ont atteint le niveau secondaire et 37,5% ont mené des études supérieures. C'est donc probablement cet assez-bon niveau d'instruction qui leur donne l'esprit d'entreprenariat et le sens des affaires.
Par ailleurs, les propriétaires des télécentres sont en majorité des personnes mariées avec un proportion de 68,7%. 31,3% seulement d'entre eux vivent dans le célibat.
Enfin, ce sont des gens d'un confort financier et d'une capacité d'investissement avérés. En effet, la majorité d'entre eux sont des commerçants (50%). Ceux-ci sont suivis des photographes, informaticiens, peintres et vendeurs de PMU, regroupés sous l'appellation « autres » et qui représentent 25% de l'effectif total des propriétaires ; des fonctionnaires et enseignants avec 6,3% pour chaque catégorie. Cependant, 12,5% des propriétaires n'ont pas d'autre occupation professionnelle en dehors de celle que leur offre l'exploitation de leurs télécentres, c'est-à-dire le statut. (cf. tableau n° 7)
Tableau n° 7 : répartition des propriétaires de télécentres en fonction de l'activité professionnelle
principale
|
Effectifs |
% |
||
|
Activité |
sans |
2 |
12,5 |
|
fonctionnaire |
1 |
6,3 |
|
|
commerçant |
8 |
50,0 |
|
|
enseignant |
1 |
6,3 |
|
|
autres |
4 |
25,0 |
|
|
TOTAL |
16 |
100,0 |
|
Source : enquêtes, juin - août 2004.
Un tel constat fait penser que les propriétaires de télécentre sont en majorité des gens aisés, qui ont une situation financière plus ou moins confortable puisque l'ouverture d'un télécentre nécessite un lourd investissement, dissuasif pour plus d'un sénégalais.
Deux propriétaires ont refusé de révéler le montant du bénéfice -- gain obtenu après le règlement des factures du téléphone, d'électricité et de la location -- qu'ils tirent mensuellement de leurs télécentres, alléguant le caractère confidentiel de cet élément. Néanmoins, les informations recueillies des autres permettent d'affirmer que ces gens tirent des bénéfices substantiels de leurs entreprises (cf. tableau n° 8).
Tableau n° 8 : répartition des propriétaires selon le bénéfice mensuel tiré de l'exploitation des télécentres
|
Effectifs |
% |
||
|
Bénéfice mensuel en |
non réponse |
2 |
12,5 |
|
40 000 - 80 000 |
4 |
25,0 |
|
|
80 000 -120 000 |
9 |
56,2 |
|
|
120 000 - 160 000 |
1 |
6,3 |
|
|
TOTAL |
16 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
Le bénéfice moyen mensuel tiré de l'exploitation des télécentres par les propriétaires s'élève à plus de 80 000 francs CFA. 25% des exploitants gagnent entre 40 000 et 80 000 francs CFA par mois, 56,2% entre 80 000 et 120 000 francs et 6,3% entre 120 000 et 160 000 francs.
De manière générale, 62,5% des exploitants ont mensuellement un bénéfice supérieur à la moyenne et 37,5% d'entre eux en ont moins.
Un seul propriétaire a fait l'objet d'enquête car dans les autres cybercafés ce sont des gérantes qui ont été rencontrées. Ses caractéristiques peuvent donc ne pas se prêter à généralisation mais il est utile de les relever.
Ce propriétaire est d'ethnie Wolof, âgé de 30 ans, d'état matrimonial célibataire et d'un niveau d'étude universitaire. Il n'a pas d'autre activité à part celle liée à l'exploitation de son cybercafé mais se dit d'une assise financière confortable. Le montant du bénéfice mensuel qu'il tire de son cybercafé s'élève à plus de 200 000 francs CFA.
Quinze (15) gérants de télécentres ont été interrogés lors des enquêtes. Ils présentent une multitude de caractéristiques mais le trait saillant de l'analyse est relatif à leur répartition en fonction du sexe. Voir le tableau n° 9.
Tableau n° 9 : répartition des gérants de télécentres en fonction du sexe
|
Effectifs |
% |
||
|
Sexe |
masculin |
6 |
40 |
|
féminin |
9 |
60 |
|
|
TOTAL |
15 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
En effet, la plus grande partie des gérants des télécentres du quartier sont des femmes (60%). La prépondérance des femmes dans la gérance des télécentres s'explique sans doute par l'apport qu'elles peuvent avoir dans le niveau de fréquentation de ces lieux. Elles peuvent attirer en effet une importante clientèle composée de surcroît d'hommes d'habitude très réceptifs à l'idée d'aller téléphoner à partir de télécentre dont le gérant est de sexe féminin.
Le croisement de cette variable -- le sexe -- avec d'autres comme le niveau d'instruction, la situation matrimoniale, l'activité professionnelle principale et le montant de la somme qu'ils gagnent de la gestion de ces structures révèle les constats suivants :
- les gérants ont un niveau d'instruction nettement plus élevé que celui des gérantes mais il y a, à l'opposé, plus de femmes instruites que d'hommes ;
- l'essentiel des gérantes n'a pas d'activité professionnelle différente de la gérance de télécentre tandis que chez les gérants, il n'y a qu'un seul qui ne dispose pas d'une autre activité ;
- la gestion des télécentres profite mieux aux gérants qu'aux gérantes : chez les premiers, en effet, seuls 26,7% ont moins de 40 000 francs par mois tandis que chez les seconds, ce pourcentage est de 53,3%.
Par ailleurs, la répartition ethnique des gérants de télécentres épouse celle des chefs de ménage avec notamment une prédominance des Wolofs (60%) et une minorité de Bambara (6,7%). Les Pulaar et les Sereer viennent respectivement en deuxième et troisième rang avec par ordre des proportions de 20% et 13,3%.
Leur âge varie entre 17 et 38 ans, la moyenne tournant autour de 28,5 ans. Seul un (1) gérant est âgé de moins de 20 ans alors que la plupart (46,7%) d'entre eux a un âge compris entre 25 et 29 ans. Toutefois, les gérants âgés de plus de 34 ans sont plus ou moins bien représentés avec un pourcentage de 20% (cf. tableau n°10).
Tableau n° 10 : répartition des gérants de télécentres en fonction de l'âge
|
Effectifs |
% |
||
|
Tranches d'âge |
moins de 20 |
1 |
6,7 |
|
20 - 24 |
2 |
13,3 |
|
|
2 5 - 29 |
7 |
46,7 |
|
|
30 - 34 |
2 |
13,3 |
|
|
35 - 39 |
3 |
20,0 |
|
|
TOTAL |
15 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
élémentaire, 20%. Seul un gérant est analphabète. C'est dire donc ces gens ont globalement un niveau d'éducation satisfaisant, éventuellement parce que la gestion d'un télécentre repose en grande partie sur l'usage de l'écrit et exige un peu de savoir lire, écrire, compter, etc.
L'examen de leur situation matrimoniale montre que les gérants sont majoritairement des célibataires avec une proportion de 86,7% contre 13,3% seulement de mariés. L'occupation professionnelle et le revenu mensuel des gérants ne leur permettraient-ils pas de répondre matériellement aux exigences d'une vie en union ?
L'analyse de l'occupation professionnelle principale des gérants de télécentres révèle en tout cas qu'ils sont pour la plupart de jeunes gens désoeuvrés qui ont abandonné très tôt l'école ou qui n'ont pas trouvé du travail après les études. En effet, 40% d'entre eux n'ont aucune autre activité en dehors de la gestion des télécentres. Il y a néanmoins parmi eux quelques commerçants (20%) ; un enseignant (6,7%) ; des élèves, des comptables, des soudeurs métalliques regroupés sous l'appellation «autres » avec un pourcentage de 33,3%.
Enfin, le revenu moyen mensuel qu'un gérant obtient du travail de son télécentre s'élève à 37 000 francs CFA. La majorité (80%) d'entre eux a moins de 40 000 francs CFA par mois et 20% ont entre 40 000 et 80 000 francs mensuellement.
Le nombre de gérants de cybercafés interrogés lors des enquêtes est de deux (2). Ils sont tous de sexe féminin et présentent des caractéristiques différentes sauf pour ce qui est de leur état matrimonial et de leur niveau d'instruction, qui retiennent du coup l'attention.
Les gérantes des cybercafés sont en effet d'ethnies Wolof et Pulaar. Elles sont âgées de 21 et 31 ans et sont toutes les deux célibataires. Elles sont également d'un niveau d'éducation supérieur. La plus jeune perçoit moins de 40 000 francs CFA par mois et la plus âgée entre 40 000 et 80 000 francs mensuellement, du seul fait de la gérance de ces infrastructures de communication.
Télécentres et cybercafés constituent aujourd'hui des éléments incontournables dans la grille de lecture du paysage de Ouagou Niayes et de tout l'espace urbain de Dakar. Leur omniprésence dans ce quartier est un fait avéré même si beaucoup d'écarts subsistent encore dans leur déploiement spatial, les télécentres étant de loin plus présents que les cybercafés. Ils permettent à un nombre plus ou moins considérable de personnes d'avoir une activité rémunératrice et de gagner ainsi leur vie. Cependant, il faut remarquer qu'au niveau de Ouagou
Niayes, les cybercafés génèrent plus de profits à leurs acteurs que les télécentres. Des différences de « revenus » existent également entre les propriétaires et gérants, les premiers étant plus avantagés que les seconds aussi bien avec les télécentres qu'avec les cybercafés. Il faut aussi relever que les télécentres et cybercafés ne profitent pas uniquement aux acteurs sus cités. Ils constituent en effet d'importants outils de communication mis à la disposition des populations qui s'en approprient pour différents usages.
Encadré
Extraits des entretiens avec
le Président de l'UNETTS / août 2004.
Aujourd'hui, au Sénégal, grâce à la Sonatel, nous sommes parvenus à accroître la production dans le domaine des télécoms de manière très positive, contrairement à beaucoup de pays africains. En Afrique, c'est seulement le Sénégal, l'Afrique du sud et un peu le Maghreb qui constituent les grands fléaux qui ont vraiment bien travaillé dans le domaine des télécoms. Le résultat est qu'au niveau des populations, l'accessibilité et la densité sont très acceptables même par rapport à certains pays européens. Le secteur des télécentres par exemple emploie plus de 30 000 personnes, donne à la Sonatel plus de 50 milliards de chiffre d'affaires par année et à l'Etat plus de 7,5 milliards annuellement. Il gère aussi un parc de plus de 17 000 lignes de téléphone. Ce qui constitue un poids économique extrêmement important. Cependant, il reste beaucoup à faire car même au lendemain de la libéralisation du secteur, l'Etat n'a pas encore mis sur pied une lettre de politique sectorielle définissant cette nouvelle procédure de fonctionnement du secteur. Jusqu'à présent il y a le monopôle de la Sonatel et même si cette société a bien travaillé par rapport au cahier des charges qu'elle a signé avec l'Etat, elle n'a pas encore réalisé la connexion de 1000 villages sur 14 000. Donc, globalement, le secteur des télécoms se porte bien, les prix sont compétitifs mais techniquement, il reste beaucoup à faire pour l'accroissement de la densité.
Aujourd'hui, le Sénégal pouvait bien dépasser ce stade là en matière de télécoms. Mais il y a beaucoup d'obstacles. Au niveau de l'Etat, par exemple, il y a absence de réglementation et de politique définie de manière sectorielle à travers une libéralisation des télécoms. Il y a l'ART mais elle a des manquements juridiques. Or pour un pays qui coordonne la commission NTIC au NEPAD et qui doit donner l'exemple à ses pairs, c'est extrêmement grave. Toutefois, avec la récente nomination d'un ministre chargé des postes et télécommunications, un vide vient d'être comblé.
Beaucoup de cybercafés sont des survivants au Sénégal. D'abord à Dakar, les prix tournent autour de 300 francs CFA pour une heure de navigation même si pour quelques mois après, le magasin ferme. Mais dans les régions de l'intérieur, à Tamba par exemple, l'heure de navigation est passée à 2 000 francs. Le ministre des télécoms dit l'avoir constaté lui-même. C'est également le même processus qui se passe à Foundiougne dans la région de Fatick. Imaginez des gens qui payent 2000 francs pour naviguer sur Internet pendant une heure ! Est-ce que dans ces conditions on peut dire que les populations ont accès aux NTIC et qu'on est entrain de réduire la fracture numérique? Est-ce que dans ces conditions on est entrain d'aider les populations dans les quartiers à l'accès à l'Internet, c'est-à-dire au développement de manière générale dans la Société de l'Information ? Ce n'est pas possible !
Les télécentres constituent un secteur extrêmement important dans le domaine des télécoms au Sénégal. Sans les télécentres, les populations allaient avoir des problèmes dans leurs communications internes et avec l'international. Auparavant, les gens passaient dans les bureaux demander des coups de fil. A la fin du mois, on constatait que le budget téléphonique de l'Etat augmentait parce que quelqu'un pourvoyait à un parent, un ami venu lui demander à téléphoner. Aussi, quand il y avait accident dans un quartier, les gens avaient des problèmes pour appeler les sapeurs pompiers. Maintenant, il suffit tout juste de faire quelques pas et de pénétrer dans un télécentre pour appeler les secours face à un accident, un incendie, etc. Le ministre de l'intérieur dit lui-même avoir constaté, avec les télécentres, une nette amélioration de son travail. Dans beaucoup de secteurs où il y avait des problèmes, les télécentres ont amené des solutions.
Ce sont donc les télécentres qui devraient régler le problème de l'accessibilité des populations aux télécoms surtout en matière d'Internet, mais ce n'est pas le cas. Pourtant il y a une effervescence des gérants de télécentres qui veulent tout de suite passer du télécentre au cybercafé. Le principal blocage dans le secteur constitue justement l'absence de réglementation au niveau des prix. Le gérant ouvre son télécentre, le transforme en cybercafé en y mettant un dispositif d'investissements très chers : ordinateurs, fax, etc. Il est face à une population affamée d'accessibilité aux TIC mais dans 3 ou 4 mois, il sera obligé de fermer son magasin parce que les prix pratiqués sur le terrain ne lui permettent pas de continuer à fonctionner. C'est pourquoi, le Sénégal est très en retard dans le passage du télécentre au téléservice. L'ART et le ministère en charge des télécoms devraient étudier cela et surtout faire des propositions dans ce domaine.
Juridiquement, on ne peut pas poser le problème de la proximité des télécentres. La Sonatel a eu l'intelligence de ne pas le faire figurer dans le contrat qu'elle a signé avec les gérants, refusant ainsi, en tant qu'opérateur, de constater le désordre infernal qu'il y a dans les agréments des télécentres. C'est quand le phénomène a pris de l'ampleur, que la Sonatel a essayé de le freiner notamment en suspendant les agréments. Ce sont des milliards que la Sonatel a refusé de prendre pour justement essayer d'assainir le secteur. Malheureusement, c'était pour quelques temps seulement. On a constaté que ce n'était pas uniquement à l'opérateur de décider, il fallait aussi le soutien de l'Etat. Aujourd'hui, le désordre s'amplifie, les télécentres GSM polluent le marché n'importe comment avec des appareils non agréés par l'ART. Tout ce qui fait commerce dans le secteur des télécoms doit être agréé par l'ART or ces appareils ne le sont pas. Mieux encore, ces gens n'ont pas de registre de commerce alors qu'il faut en avoir pour faire ce genre de travail. Le désordre est donc patent, il est même entrain d`être institutionnalisé. Et nous allons nous battre contre cela, c'est clair !



Les télécommunications matérialisent le transport de la pensée, nous voilà devant l'aspect le plus proprement anthropo-géographique de la circulation puisque la pensée est la marque de l'homme et sa communication, le fait social par excellence.(46) Par rapport à ces considérations, il paraît intéressant d'analyser les caractéristiques des usagers des télécentres et cybercafés ainsi que les usages qu'ils font de ces instruments de communication qu'ils se sont appropriés.
Les télécentres et cybercafés font l'objet d'une appropriation plus ou moins forte de la part des habitants du quartier Ouagou Niayes. En effet, ils sont utilisés par une portion non négligeable de la population qui en use de façon effective dans les différents domaines de leur vie sociale, relationnelle, commerciale, etc. Cependant, les utilisateurs des télécentres et cybercafés, bien qu'ils aient en commun le fait de profiter des avantages de ces outils de communication mis entre leurs mains, présentent beaucoup de dissemblances, perceptibles tant au niveau de leurs caractéristiques socio-démographiques (sexe, âge, niveau d'étude...) qu'au niveau de leur environnement familial et de leur degré d'aisance financière. Ainsi, parmi les usagers des télécentres et cybercafés, il y a à la fois des chômeurs, des travailleurs des secteurs formel et informel, des hommes et des femmes, des nationalités différentes, des jeunes, adultes, etc. Si une généralisation ne peut être a priori faite sur la base des résultats de l'enquête, une lecture fine des données obtenues peut permettre de dégager une tendance forte de leur profil général.
. Le genre : du fait du faible niveau de sensibilisation, du faible niveau du pouvoir d'achat, de certaines contingences sociales, les femmes utilisent moins les services de TIC que les hommes.(47) Plus de la moitié des utilisateurs enquêtés sont des hommes : 56,7% contre 43,3% de femmes. Pourtant ces chiffres ne traduisent point la répartition par sexe de la population de
(46) Max Sorre, 1948, Les fondements de la géographique humaine. Tome 2 : Les fondements techniques, Paris, Librairie Armand Collin, pp. 509-517, Cité par Thiaw, 1995, p. 49.
(47) Ramata Thioune, Khamate Sène, 2001, p. 64.
Ouagou Niayes qui est du reste égalitaire. Un tel paradoxe pourrait donc se justifier par le faible niveau d'information des femmes sur le potentiel de ces technologies même s'il faut relativiser avec le cas des télécentres. Il y aussi le fait que les hommes sont d'habitude moins sollicités que les femmes pour les tâches domestiques de routine et sont donc moins soumis aux rigueurs parentales : surveillance stricte, interdiction de sortie...
. L'âge : l'examen de l'âge des usagers, qui varie entre 13 et 44 ans, montre qu'ils sont
relativement jeunes.
Tableau n° 11 : répartition des usagers en fonction de l'âge
|
Effectifs |
% |
||
|
Tranches d'âge |
Moins de 16 |
10 |
16,7 |
|
16- 24 |
28 |
46,6 |
|
|
25- 34 |
16 |
26,7 |
|
|
35 - 44 |
6 |
10,0 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|
Source : enquêtes, juin - août 2004.
L'âge modal des utilisateurs est compris entre 16 et 24 ans, la moyenne tournant autour de 23 ans. 16,7% des utilisateurs ont moins de 16 ans et 26,7% ont un âge compris entre 25 et 34 ans. Ceux qui sont âgés de plus de 34 ans constituent la minorité avec 10%. Il apparaît donc en clair que les jeunes gens sont les principaux usagers de l'Internet dans ce quartier.
Les utilisateurs sont relativement bien instruits. En effet, 60% d'entre eux ont atteint le niveau secondaire et 33,3% le niveau universitaire. Seul 1,7 % d'entre eux est de niveau élémentaire et 5% sont de formation arabe/coranique. Ces derniers, bien qu'ils ne maîtrisent pas souvent les formalités et la langue d'usage du téléphone ou de l'Internet, peuvent prétendre à une assistance technique de la part des gérants des lieux ou alors faire recours à un ami ou un membre de leur famille, pour satisfaire leurs besoins en communication et/ou en information.
La distribution des utilisateurs en fonction de l'ethnie reproduit de façon plus ou moins correcte la répartition ethnique des chefs de ménage, marquée par une prépondérance des Wolofs. Mais au regard de la nationalité des utilisateurs interrogés, il y a une présence notoire d'étrangers.
Ces derniers, par souci de commodité, sont représentés dans le tableau n°12 sous l'appellation « autres ».
Tableau n° 12 : répartition des usagers en fonction de l'ethnie
|
Effectifs |
% |
||
|
Ethnies |
Wolof |
32 |
53,3 |
|
Sereer |
6 |
10,0 |
|
|
Bambara |
3 |
5,0 |
|
|
Pulaar |
4 |
6,7 |
|
|
Autres |
15 |
25,0 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
Les utilisateurs sont majoritairement d'ethnie wolof (53,3%) et minoritairement des Bambara (5%). Les Sereer et les Pulaar, avec par ordre 10% et 6,7%, viennent respectivement en troisième et quatrième position derrière les « autres ».
Les « autres », (25%), sont essentiellement composés de Maliens, de Capverdiens et de Béninois. Ils constituent le gros de la clientèle des cybercafés (au regard des abonnements vendus par les gérants et du nombre d'heures de connexion demandées journellement) soucieux qu'ils sont d'avoir des nouvelles de leurs proches laissés au pays.
Les usagers sont issus en général de familles monogames de taille variant pour la plupart entre 4 et 9 personnes. Les chefs de ces familles sont en majorité d'un niveau d'instruction secondaire, des chômeurs et des travailleurs indépendants dont le salaire moyen le plus fréquent est compris entre 100 000 et 150 000 francs CFA. Ils n'ont aucune autre source de revenus en dehors des revenus de transfert (mandat et autres).
Les familles d'origine des usagers sont pratiquement toutes équipées d'un branchement en eau (95%) et utilisent de l'électricité comme mode d'éclairage (98,3%). Leurs dépenses quotidiennes excèdent 5 000 francs CFA. Enfin, à la question de savoir si leurs revenus mensuels arrivent à couvrir correctement les dépenses de leurs familles, 66,7% des chefs de ces ménages ont répondu positivement et 33,3% négativement.
Les usagers ont diverses occupations professionnelles mais les élèves sont les mieux représentés. Ils font à eux seuls un pourcentage de 43,3%. Voir le tableau n°13.
Tableau n° 13 : répartition des usagers en fonction de l'activité professionnelle
|
Effectifs |
% |
||
|
Activités |
sans |
8 |
13,3 |
|
commerçants |
2 |
3,3 |
|
|
élèves |
26 |
43,3 |
|
|
étudiants tudiants |
8 |
13,3 |
|
|
fonctionnaires |
2 |
3,3 |
|
|
autres |
14 |
23,3 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|
Source : enquêtes, juin - août 2004.
Il y a une forte présence des travailleurs indépendants parmi les utilisateurs des télécentres et cybercafés. Il s'agit notamment de designers, d'informaticiens, de photographes, de sportifs et de chercheurs en astrologie, regroupés sous l'appellation « autres » et qui représentent 23,3% de l'effectif global des usagers. La troisième grande catégorie d'utilisateurs est constituée par les étudiants (13,3%) et les chômeurs (13,3%) sans doute conscients du grand apport que les technologies peuvent être dans l'amélioration de leur sort.
Les fonctionnaires sont peu représentés dans l'échantillon. Ils ne font que 5%. Une telle situation peut se justifier par le fait qu'ils disposent souvent d'autres possibilités d'accès au téléphone et à l'Internet, dans leur lieu de travail ou à domicile.
Les commerçants du quartier Ouagou Niayes ne connaîtraient-ils pas Internet ou sinon auraient-ils des besoins en information assez spéciaux pour entrer en inadéquation avec les contenus du réseau des réseaux ? Tout laisse à y croire puisque cette catégorie sociale représente le groupe marginal de l'échantillon, avec 3,3% seulement.
Comme le montre le tableau n°14, plus de la moitié des utilisateurs des télécentres et des cybercafés ne disposent pas de revenu mensuel.
Tableau n° 14 : répartition des utilisateurs selon le niveau de revenu mensuel
|
Effectifs |
% |
||
|
Montant du |
sans |
39 |
65,0 |
|
moins de 40 000 |
2 |
3,3 |
|
|
40 000 - 80 000 |
6 |
10,0 |
|
|
80 000 - 120 000 |
5 |
8,3 |
|
|
120 000 - 160 000 |
4 |
6,7 |
|
|
160 000 - 200 000 |
3 |
5,0 |
|
|
plus de 200 000 |
1 |
1,7 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|
Source : enquêtes, juin - août 2004.
En effet, 65% des enquêtés n'ont pas de revenu à la fin du mois. Mais l'échantillon étant majoritairement constitué d'élèves et d'étudiants, cette situation trouve très vite une explication plausible : ces catégories sociales ne disposent d'habitude ni de fonds propres, ni de ressources financières permanentes.
Parmi les utilisateurs qui disposent d'un revenu, la plupart (10%) a entre 40 000 et 80 000 francs CFA mensuellement. Rares sont ceux qui ont un revenu dont le montant excède 160 000 francs par mois. Il n'y a du reste qu'un utilisateur qui a plus de 200 000 francs comme revenu mensuel.
Toutefois, 20% des enquêtés contribuent de façon régulière aux dépenses de leurs ménages et 8,3% le font de façon irrégulière.
Par ailleurs, certains usagers disposent d'un « budget » qu'ils réservent exclusivement à l'utilisation d'Internet. Ils sont en effet 21,7% à consacrer entre 1000 et 10 000 francs CFA par mois, de leurs ressources financières, pour accéder aux services des cybercafés.
De manière générale, les usagers des télécentres et cybercafés dans le quartier Ouagou Niayes présentent différentes caractéristiques. Cependant, ils semblent tous conscients de la capacité de ces technologies à améliorer leur vie de relation, en rendant leur communication efficace et en leur fournissant l'information utile, celle susceptible d'être transformée en connaissances utilisables dans leurs domaines d'activités respectifs.
Le téléphone est devenu un mode de vie grâce à l'apport important des télécentres. L'Internet également a fait une percée significative dans les habitudes de vie des populations. Celles-ci utilisent les télécentres et cybercafés pour émettre des communications, pour en recevoir, pour chercher de l'information, mais aussi pour profiter des autres services qu'ils offrent. Cependant, quels peuvent être les facteurs de fréquentation de ces espaces de communications par les populations ? A quelle fin sont-ils utilisés ? Quel est le contenu des communications et les contraintes qui les entravent ? Quelles sont enfin les enjeux qui se rattachent à l'usage des technologies? Telles sont les interrogations auxquelles ce chapitre tente de répondre.
Les télécentres évitent aux populations les déplacements inutiles et onéreux. Ils leur permettent donc d'une certaine manière de se libérer des contraintes de l'éloignement tout en économisant de l'argent. C'est ce qui explique le recours des habitants du quartier Ouagou Niayes à ces espaces de communication. Toutefois, la fréquentation des télécentres demeure assujettie à des facteurs tels que les coûts onéreux de l'abonnement téléphonique domestique, l'accessibilité physique de l'infrastructure et son attirance.
Les frais d'installation du téléphone en zone urbaine s'élève à 43 900 francs CFA, les frais de raccordement, la caution remboursable ainsi que les frais de timbres inclus.(48) L'abonnement téléphonique est de ce fait considéré, à tort ou à raison, comme très coûteux par bon nombre de sénégalais. C'est ce qui justifie d'ailleurs certaines attitudes observables dans beaucoup de concessions, comme :
- le fait de castrer le téléphone dans un mobilier approprié de sorte que seules les personnes disposant d'une clé aient le privilège d'émettre des appels ;
- le fait de disposer de deux postes téléphoniques : un pour émettre des appels (mais qui reste enfermé dans la chambre du propriétaire) et un autre pour la réception (celui-ci faisant partie intégrante du mobilier de salon).
L'abonné domestique tient compte du tarif téléphonique car à la fin de chaque bimestre, il doit payer une facture en même temps s'acquitter de certaines obligations domestiques (alimentation) et d'autres prestations de service (eau, électricité...). Donc, son abonnement reste étroitement lié à son pouvoir d'achat qui a fortement chuté ces dernières années. Chaque année, les factures non payées (à la Sonatel) sont de l'ordre de 15%.(49) Le non-paiement des factures téléphoniques est lié aux difficultés financières que vivent les ménages. De ce fait, l'usage domestique du téléphone n'étant pas toujours une nécessité, beaucoup de ménages s'en passent préférant utiliser les services des télécentres.
(48) www.osiris.sn
(49) Eric Thiaw, 1995, p. 60.
Photo n° 5 : un usager des télécentres en conversation téléphonique

Photo : Sylla, 2004.
Cet usager est en pleine conversation téléphonique dans un télécentre de Ouagou Niayes. Cette cabine, décorée par le portrait de l'un des dirigeants de la confrérie mouride et équipée
d'appareil de ventilation et d'une chaise confortable, peut permettre aux utilisateurs de
communiquer en toute quiétude.
Elle est en rapport avec la distance qui sépare les télécentres des lieux de résidence ou d'activités des usagers, puisqu'il existe une certaine distance au-delà de laquelle la fréquentation d'un télécentre peut être faible voire nulle. Sous ce rapport, les télécentres de Ouagou Niayes sont tous très accessibles : ils se situent en général dans des rayons de moins de 30 mètres des demeures des utilisateurs.
La proximité des télécentres est d'ailleurs ressentie par les habitants : 93,3% d'entre eux déclarent que les télécentres qu'ils utilisent habituellement sont proches de leurs demeures contre 6,7% qui les jugent éloignés d'eux. Cependant la proximité d'un télécentre ne garantit pas toujours sa fréquentation par les usagers. D'autres facteurs entrent en jeu dont le prix de vente de l'unité d'appel, la rapidité des compteurs, le voisinage, ainsi la nature des relations que le gérant entretient avec sa clientèle.
Par ailleurs, il faut faire le départ entre l'accessibilité physique sus-citée et l'accessibilité financière et technique. Ces dernières s'expriment en rapport avec les moyens financiers et les capacités intellectuelles dont dispose l'utilisateur pour accéder au service téléphonique. Mais puisque les tarifs de communication sont devenus moins chers (en raison de l'augmentation du nombre de télécentres et de la baisse consécutive des prix de l'unité d'appel) et que les gérants des télécentres assistent parfois techniquement les utilisateurs analphabètes, ces deux éléments sont devenus moins pertinents dans l'analyse de l'accès au téléphone, surtout en milieu urbain.
Elle constitue le troisième facteur de fréquentation des télécentres identifié. Elle est largement déterminée par la beauté physique de l'infrastructure, le nom qu'elle porte et le prix de son unité d'appel.
La beauté d'un télécentre concerne aussi bien sa vue extérieure que son aspect intérieur. Un cadre bien aménagé et ventilé, avec des cabines non exiguës, décorées avec des portraits des dirigeants religieux garantit quelquefois le rehaussement du niveau de fréquentation de la structure.
Les noms des télécentres sont nombreux et variés. Et comme l'affirment les propriétaires et gérants des locaux, ils peuvent servir à attirer des clients. Ainsi, 64,5% des télécentres portent des noms qui font souvent allusion à la religion musulmane : noms du Prophète (PSL), de ses compagnons, des marabouts de toutes les confréries confondues... certainement pour toucher la sensibilité des fervents croyants. Certains propriétaires préfèrent cependant donner à leur télécentre des noms plus neutres, probablement pour paraître impartiaux puisque les usagers des télécentres ne sont pas tous de la même religion.
Le prix de l'unité d'appel du télécentre est de loin le principal facteur d'attirance de la clientèle. L'observation de quelques-uns (pratiquant des prix variés), à des jours et moments différents, a permis de constater que les télécentres les mieux fréquentés sont ceux qui vendent leur unité à moindre prix. Le bas prix est donc un facteur d'accroissement de l'affluence vers la structure même s'il faut parfois y ajouter un bon accueil et de l'assistance de la part du gérant, des cabines spacieuses et hermétiques qui mettent l'utilisateur dans de bonnes conditions de communication (confort, sérénité, confidentialité) tout en le protégeant du bruit dans l'enceinte.
Les enquêtes ont révélé que le rythme de fréquentation des télécentres est très variable, ceci en raison de la multiplicité des besoins et des différents niveaux de confort financier des utilisateurs. Ainsi, la majorité (36,7%) des personnes interrogées déclarent aller au télécentre approximativement 1 à 2 fois dans la semaine. 31,7% y vont environ entre 3 et 4 fois par semaine ; 13,3% entre 5 à 6 fois et 10% plus de 7 fois. 8,3%% ont répondu par « cela dépend » et par « rarement ».
Concernant les jours, les plus prisés sont le samedi et le dimanche (week-end) avec 35% des réponses reçues. Toutefois, 65% des usagers interrogés soutiennent ne pas avoir de jour particulier pour téléphoner. Ainsi, s'il est vrai que le téléphone constitue un outil de communication dont l'utilisateur peut avoir besoin tous les jours et à tout moment, il l'est tout autant qu'il y a des jours et des moments particuliers que les usagers des télécentres choisissent volontairement, pour passer leurs communications.
Tableau n° 15 : moments de fréquentation des télécentres par les usagers
|
Nombre de |
% |
||
|
A quel
moment |
la journée |
9 |
15,0 |
|
la nuit |
36 |
60,0 |
|
|
pas de moment particulier |
15 |
25,0 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
Pour 60% des usagers, la nuit constitue le moment idéal pour passer le coup de fil. Seuls 15% d'entre eux portent leur préférence à la journée et de 25% n'ont pas de moment particulier.
Le choix des jours et moments pour téléphoner est diversement motivé. Bien que certains parlent de «jours de repos » (le week-end), «de convenance personnelle », «de peur de sortir la nuit » ou «de pouvoir trouver leurs correspondants chez eux », force est de reconnaître que la
motivation première du choix des jours et moments pour téléphoner est liée à la tarification des appels.
La taxation des communications téléphoniques varie selon que celles-ci soient nationales ou internationales. Elle change aussi en fonction des jours et des heures. Le facteur temps prend ainsi une importance capitale. Les tarifs pleins s'appliquent du lundi au vendredi de 8 h à 20 h et les réductions interviennent du lundi au jeudi de 20 h à 8 h et du vendredi à 20 h au lundi à 8 h ainsi que les jours fériés. Cette tarification est valable pour toutes les destinations. (50)
L'échange et la communication à l'échelle de la cellule familiale sont fondés essentiellement sur le voisinage et la proximité géographique. Dans ce cas, on a des échanges monétaires et matériels. Avec les NTIC, les échanges dépassent le cadre matériel, englobent les idées et concernant un monde extérieur de plus en plus lointain.(51)
Dans un contexte urbain marqué par une forte immigration et un fort dynamisme démographique qui posent de sérieux problèmes de mobilité et de transport, l'apport des télécentres (ou du téléphone tout court) dans l'établissement des liens humains est énorme. Ils anéantissent l'obstacle de l'éloignement, raccourcissent les distances, font économiser du temps et de l'argent, permettent la jonction des populations et raffermissent le lien social qui n'est désormais plus basé sur la proximité spatiale.
Pour les habitants de Ouagou Niayes interrogés, les télécentres constituent le support qui sous-tend la création d'un véritable réseau de relations entre parents, amis, camarades de classe, collègues de travail, etc. vivant ou non dans le même quartier, la même ville ou le même pays.
Le diagramme ci-dessous (figure n° 4) montre les relations que les populations de Ouagou Niayes arrivent à tisser avec l'extérieur grâce au téléphone. L'épaisseur des flèches varie en fonction de l'intensité des relations.
Figure n° 4 : diagramme des flux téléphoniques du quartier Ouagou Niayes.

FRANCE
Adultes
ETATS-UNIS
Jeunes
AUTRES PAYS
EUROPEENS
PAYS
AFRICAINS
AUTRES REGIONS
DU PAYS
DAKAR
OUAGOU NIAYES
Source : enquêtes, juin - août 2004.
L'analyse de la figure n°4 révèle que les adultes sont en général plus actifs que les jeunes en ce qui concerne l'utilisation des télécentres probablement en raison de leur rôle prépondérant dans les communications de leurs cellules familiales avec l'extérieur.
La région de Dakar constitue légitimement le premier espace de communication et d'échange des habitants du quartier car ce dernier se trouve en son sein et les autres espaces qui composent la région constituent ses voisinages immédiats. Les autres régions du pays viennent au second plan des relations des habitants du quartier. Il faut aussi relever l'importance des communications téléphoniques avec l'étranger. Sous ce rapport, la France occupe la place prédominante loin derrière les Etats-Unis et les autres pays européens, ceux d'Afrique fermant la marche.
A travers ce schéma, apparaît le rôle important des télécentres dans la formation ou la consolidation des réseaux sociaux. La personne vivant à Dakar n'est plus éloignée de ses parents ou amis se trouvant dans les régions de l'intérieur du pays ou à l'étranger. Ils peuvent désormais s'informer mutuellement de leur vie jusque dans les moindres détails. Les communications se font à temps réel sur des sujets de discussion multiples (études, travail, cérémonies familiales, etc.).
L'importance des communications destinées à la recherche d'informations et aux ventes/achats mérite d'être soulignée. Elles concernent respectivement 73,3% et 16,5% des réponses reçues. La recherche d'informations intéresse essentiellement le secteur les études et les activités économiques des usagers. Elle est généralement satisfaite entre amis avec 40% des
réponses obtenues. L'information recherchée est de divers types : commercial, ludique, éducatif, sensible, privé... Plusieurs raisons expliquent le recours aux télécentres pour disposer de l'information ou pour rendre la communication efficiente. Voir la figure n° 5.
Figure n° 5 : diagramme hiérarchique des motifs d'utilisation des télécentres
Pour fixer R.V
Pour les taquiner
Pour des urgences
Pour gagner du temps/ ils habitent loin
Pour prendre des nouvelles des parents
Pour besoins divers

Source : enquêtes, juin - août 2004.
Ce diagramme tente une hiérarchisation des motifs qui président à l'utilisation des télécentres. Cette hiérarchisation a été effectuée sur la base de l'importance de la proportion de chaque motif avancé par les usagers.
Elle montre la prégnance des utilisateurs n'ayant pas spécifié la nature de leurs motivations quant à l'usage des télécentres. Ils ont été 38,3% à répondre par : « pour plusieurs raisons », « pour besoins personnels », « pour affaires », etc. Ces réponses sont regroupées sous l'appellation « pour besoins divers ».
Le diagramme fait aussi ressortir la jeunesse des certains utilisateurs pour qui le téléphone est tout juste le moyen de disposer d'informations sur un cours manqué et/ou de faire la taquinerie aux camarades. Il révèle également que contrairement à ce qui est généralement admis, les urgences (6,7%) ne figurent plus à la une des motivations des appels téléphoniques. Il y a donc l'éveil d'une véritable conscience populaire du téléphone comme mode de vie et palliatif des déplacements physiques. La distance n'est désormais plus une contrainte en soi car comme le souligne Tall (52), c'est l'accès aux réseaux de communication qui permet d'intégrer les réseaux sociaux. Mais cela ne fait pas généralement sans contraintes.
Les contraintes liées à l'usage des télécentres à Ouagou Niayes ne sont pas considérables. En effet, celles imputables à l'accès à l'infrastructure sont anéanties en raison d'une distribution plus ou moins homogène des télécentres dans l'espace du quartier. Les utilisateurs potentiels ne parcourent pas de longues distances pour y accéder.
Les habitants sont plutôt confrontés à des contraintes financières. Celles-ci sont liées à la faiblesse de leur pouvoir d'achat et gênent considérablement l'utilisation des télécentres même si elles ne l'annulent pas pour autant. A la question de savoir s'ils ont ou non quelquefois des difficultés pour payer leurs unités d'appel consommées, 38,3% des usagers ont répondu positivement et 61,7% négativement.
Le temps d'attente d'une cabine libre est aussi défini comme une contrainte par les usagers des télécentres. Time is money dirait certainement l'autre. Ainsi, seuls 10% parmi eux affirment ne pas connaître ce genre de problème tandis que 37,4% soutiennent patienter d'habitude entre 1 et 5 minutes ; 42,7% entre 6 et 10 minutes et 19,9% plus de 10 minutes.
Toutes proportions gardées, l'attente d'une cabine libre n'est pas synonyme d'un nombre de télécentres insuffisant dans le quartier même si 15% des usagers interrogés le pensent. Elle relève plutôt du fait que les gens préfèrent souvent aller téléphoner dans les télécentres où l'unité d'appel est vendue à moindre prix, dans lesquels ils créent de longues files d'attente. Cette attente qui dure parfois plus d'une dizaine de minutes peut être à l'origine de conflits divers (entre usagers et gérants ou entre usagers eux-mêmes) du fait de l'impatience et de l'énervement des uns et de l'incompréhension des ordres d'arrivée par les autres. A cela s'ajoutent l'incapacité financière de certains utilisateurs à honorer la «facture » de leurs communications, les problèmes de monnaie, la rapidité de la télétaxe ou «taxaplus» et le bruit dans l'enceinte du télécentre. Ainsi, 23,3% des usagers affirment avoir souvent des différends avec les gérants et 3,3% s'en prennent généralement aux autres usagers qu'ils trouvent dans les télécentres.
L'obstacle technique relatif à l'analphabétisme de certains utilisateurs n'est pas une contrainte majeure à l'accès aux télécentres en raison de l'assistance que leur proposent souvent les gérants de ces lieux. Ces derniers font d'ailleurs du bon accueil et de la sympathie les piliers essentiels d'attraction et de fidélisation de la clientèle.
L'Internet est une technologie qui connaît une pénétration plus ou moins importante chez la population du quartier Ouagou Niayes dont elle contribue à bouleverser les habitudes en répondant aux préoccupations pratiques. Cependant, l'Internet n'est pas seulement une kyrielle d'opportunités pour ces usagers. Il soulève beaucoup d'enjeux de toutes sortes : économiques, politiques, socioculturels, religieux. En plus, contrairement au téléphone, son utilisation est moins démocratique. Elle aggrave, si elle ne la crée pas, la discrimination par le sexe, l'âge, la race, le niveau d'instruction, le degré de développement. Par rapport à ces considérations, il s'avère intéressant d'analyser les utilisations d'Internet en lien avec l'intérêt passionné et riche de sens qu'il génère chez les populations qui le pratiquent en quête d'opportunité des toutes sortes.
Si au cours des années 90, l'utilisation d'Internet relevait d'un phénomène de mode (le sénégalais étant de nature curieux et très ouvert à ce qui fait l'air du temps), force est de reconnaître qu'aujourd'hui, elle est devenue un phénomène de fond, une façon de vivre. L'utilisation d'Internet est surtout instrumentée par sa capacité à répondre de façon rapide et agissante tant aux besoins de l'Etat et des collectivités locales qu'aux préoccupations des associations et des individus.
Pour l'Etat et les collectivités locales, par exemple, le réseau des réseaux peut contribuer au développement économique et social en désenclavant les zones géographiques difficiles d'accès et en intégrant les populations dans les réseaux économiques et sociaux. L'Internet peut également leur permettre de renforcer la démocratisation et le pouvoir du citoyen en favorisant les interactions entre gouvernants et gouvernés, en revitalisant les institutions civiques et le débat public, et en favorisant l'équité et le renforcement des pouvoirs des groupes vulnérables. Enfin, l'Internet peut être, via le cybercafé, une source de revenus supplémentaires grâce à la taxation et à l'imposition.
Pour les associations et les individus, Internet est un support pertinent en technologie de l'information et de la communication dont les coûts sont plus ou moins supportables. L'Internet leur donne l'opportunité d'entrer en relation avec des tiers, d'échanger des expériences personnelles ou professionnelles, d'avoir en somme une ouverture sur le monde.
Photo n° 6 : des usagers des cybercafés en navigation sur Internet

Photo : Sylla, 2004.
Si au cours des années 90, l'utilisation d'Internet relevait d'un phénomène de mode, elle est devenue aujourd'hui un phénomène de fond, une façon de vivre. Les cybercafés ne désemplissent guère et rares sont les moments où ils ne soient pas pris d'assaut par les utilisateurs.
A Ouagou Niayes, les populations semblent bien conscientes des mille et une possibilités d'Internet. Les cybercafés ne désemplissent guère et rares sont les moments où ils ne soient pas pris d'assaut par les utilisateurs. Les facteurs de fréquentation des cybercafés sont multiples mais les tarifs de connexion proposés par les gérants sont de loin la première source de motivation des usagers. Ainsi, il n'est point aberrant de dire que le cybercafé qui proposerait la fourchette de prix la mieux adaptée à la bourse des utilisateurs aurait le plus vaste champ d'attraction et polariserait davantage d'individus. Mais au facteur prix, il faut ajouter la recherche de confort par les usagers. Si avec les télécentres, cet élément est négligé, c'est tout à fait l'opposé avec les cybercafés où les usagers y accordent un vif intérêt. Sous ce rapport, les cybercafés les plus avantagés sont ceux qui offrent à leur clientèle des cadres spacieux, frais, calmes, ventilés ou climatisés. La raison évidente en est sans doute le climat puisque au Sénégal il fait chaud pendant une bonne partie de l'année.
La fréquentation des cybercafés et donc l'utilisation d'Internet comme outil de communication et de recherche d'information sont devenues une habitude chez les individus interrogés au sein des ménages. Si 5% d'entre eux affirment n'aller au cybercafé qu'occasionnellement, 66,7% par contre y vont approximativement une à deux fois par semaine, 15% entre trois et quatre fois et 13,3% plus de quatre fois par semaine.
Plus de la moitié (55%) des utilisateurs se connecte pour une (1) heure de temps seulement. Même s'ils trouvent que c'est suffisant pour naviguer sur Internet, la principale raison qui explique la modicité des heures de connexion demandées est le manque d'argent. Seuls 45% demandent habituellement une connexion de plus de deux (2) heures.
Tout comme avec les télécentres, les usagers des cybercafés choisissent des jours de fréquentation différents. Ainsi, 16,7% vont au cybercafé de préférence les jours ouvrables et 30% les week-end et les jours fériés. 53,3% affirment n'avoir pas de jour particulier pour aller « surfer ». Toutefois, contrairement aux télécentres, la motivation première du choix des jours de fréquentation n'est pas d'ordre financier puisqu'il y a une certaine fixité de la tarification horaire dans les cybercafés. Les raisons invoquées par les individus interrogés font surtout allusion à deux choses : la convenance personnelle et la disponibilité.
Concernant les moments de fréquentation des cybercafés, 40% des usagers disent ne pas avoir de moment particulier. Seul 28,3% d'entre eux choisissent d'aller surfer pendant la journée contre 31,7% qui le font de préférence pendant la nuit. Les raisons justificatives de ces choix sont multiples mais les plus en vue sont l'interdiction de sortir la nuit pour les uns et l'indisponibilité, la recherche de tranquillité et d'une meilleure connexion pour les autres.
La langue de communication et de travail la plus utilisée par les enquêtés est de loin le français avec 81,7% des réponses reçues. Une faible proportion d'utilisateurs (18,3%) fait recours à d'autres langues qui sont par ordre d'importance l'anglais, le portugais, l'allemand et le russe. La langue de communication ne pose pas en général de gros problèmes aux usagers d'Internet, seuls 15% parmi eux déclarent avoir parfois des difficultés liées à la langue d'usage (incompréhension et problèmes d'écriture de certains mots). Ces difficultés sont imputables à la faiblesse du niveau d'instruction et de formation de certains utilisateurs.
Les enquêtes ont révélé que plusieurs motifs président à l'emploi d'Internet par les habitants du quartier. Cependant, la tendance générale qui se dégage de l'analyse des données privilégie la recherche d'information et la communication via l'Internet. Voir le tableau n°16.
Tableau n° 16 : motifs d'utilisation d'Internet par les habitants de Ouagou Niayes
|
Effectifs |
% |
||
|
Principal motif d'utilisation |
communication |
13 |
21,7 |
|
information |
8 |
13,3 |
|
|
Information/communication |
37 |
61,6 |
|
|
Achat de logiciel |
1 |
1,7 |
|
|
Musique/jeux |
1 |
1,7 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|
Source : enquêtes, juin - août 2004.
Il apparaît à travers l'examen du tableau n°16 que le commerce via le Net n'est pas encore totalement entré dans les habitudes des internautes sénégalais qui pour la plupart ne connaissent pas les procédures pour commercer sur le réseau.
La modicité du nombre d'utilisateurs ayant fait allusion aux loisirs (musique, jeux ...) n'entre pas en résonance avec ce qui se passe en réalité sur le terrain. En effet, les visites menées dans les cybercafés ont permis de remarquer que ce sont des pratiques très prisées surtout par les jeunes.
De manière générale, les données de l'enquête révèlent qu'Internet est utilisé pour satisfaire essentiellement deux types de besoins : l'information et la communication. Cependant, le tableau n°16 montre que le besoin de communiquer prime sur celui de s'informer.
Quel élève, quel étudiant ambitieux et quel enseignant ou chercheur soucieux de pertinence ne rêvent-ils pas réunir toutes les ressources existantes sur un sujet en un rien de temps seulement ? Quel homme d'affaires n'a pas besoin de savoir ce qui se fait dans son domaine d'activité à l'autre bout de la planète ? Quel voyageur ne souhaiterait-il pas découvrir les réalités de son pays de destination autrement que par les guides touristiques et se saisir en temps réel des problèmes politiques, sociaux et économiques du dit pays ?
Ces interrogations suffisent certainement pour comprendre le recours des usagers au Net. Internet est une source conviviale et intarissable d'informations à l'échelle planétaire, instrumentée par sa rapidité, sa puissance et son étendue géographique.
La figure n°6 fait état de la typologie des informations recherchées par les enquêtés. Les différents types d'informations sont présentés de façon hiérarchique c'est-à-dire en tenant compte de l'importance du pourcentage de chaque élément de réponse reçu.
Figure n° 6 : diagramme hiérarchique des types d'informations recherchées sur Internet
Horoscope (1,7%)
Nouveautés technologiques(5%)
Musique / cinéma (10%)
Sport (15%)
Actualités (21,7%)
Etudes / cours et sujets d'exposé. (46,6%)

Source : enquêtes, juin - août 2004.
Ce diagramme montre la prépondérance des besoins d'informations liées aux études (46,6% des réponses reçues). Un tel constat se justifie certainement par le fait que l'échantillon est composé en majorité d'élèves et d'étudiants or ces derniers ont souvent besoin de supports ou de compléments de cours. L'Internet permet à ces catégories d'utilisateurs de disposer plus facilement de l'information nécessaire au traitement de leurs thèmes de recherches et sujets d'exposé.
La consultation des actualités en ligne (21,7% des réponses) est essentiellement le fait des professionnels et des étudiants.
La faiblesse de la consultation des horoscopes (1,7%) peut s'excuser par le fait que c'est une pratique peu courante chez bon nombre de Sénégalais. Ces derniers n'y accordent d'habitude qu'un intérêt minime parce que limités par les prescriptions religieuses qui leur défendent de s'enquérir du futur aussi proche soit-il. Il y a encore le fait que les gens désireux peuvent consulter leur horoscope via la presse écrite ou par le biais la radio.
Concernant le sport (15%), l'information recherchée concerne essentiellement les résultats des matchs de football des différents championnats européens, les transferts de joueurs, l'état de forme et l'évolution des joueurs sénégalais à l'extérieur, etc.
La recherche d'information sur Internet n'est donc pas illusoire. C'est au contraire un fait vérifié par les usagers interrogés dans le quartier Ouagou Niayes. D'ailleurs, 73,3% d'entre eux attestent avoir trouvé, au moins une fois, sur Internet une information utile qui leur a concrètement servi dans leurs divers domaines d'activités et sur plusieurs thèmes : management, littérature, actualités diverses, histoire, géographie, sexualité, exposé / SIDA, étude de faisabilité de projet, etc.
La plupart des informations diffusées sur Internet sont gratuites et ce, parce que Internet provient quelque part de la communauté universitaire. Les universités, écoles et unités de recherches y diffusent de ce fait, et parfois même avant leur édition sous forme papier, une masse importante et variée d'informations. Internet est par essence adapté au besoin de diffusion et de partage d'information à titre gracieux. Il permet de se passer des centres classiques de création de l'information et de court-circuiter les relais traditionnels de son expansion. Internet favorise de ce fait une multiplication des dépositaires de l'information.
Toutefois, il faut souligner que les informations en ligne méritent une attention particulière quant à leur utilisation. Le meilleur et le pire se côtoient dans la masse d'informations qui circulent sur Internet. C'est une réplique « virtuelle » du monde réel.(53)
La plupart des informations véhiculées sur le Net ne sont pas vérifiées. Internet est un vaste réseau où chacun peut donner libre court à ses opinions, sentiments et ressentiments sans contrôle ni censure. C'est donc un « espace » de liberté et en même temps le revers de la liberté. Ainsi, même s'il est vrai que la multiplicité des sources de l'Internet fait ses ressources et sa richesse, la prudence est de mise. Mieux vaut examiner la provenance et la crédibilité des informations, et les croiser à la place de les prendre pour argent comptant.
(53) Dominique Hoeltgen, 1995, Internet pour Tous, Paris, Les Editions du Téléphone, p. 20.
Les communications électroniques donnent une nouvelle dimension aux espaces géographiques et certains parlent même de « géo-cyberespace » pour qualifier l'espace géographique du XXlème siècle.(54) Mais de toutes les technologies, Internet est sans équivoque la plus prompte à transcender les espaces sociaux, culturels et géographiques. Internet permet une négation des distances et un étalement spatial. Il établit la communication par delà les frontières, sans obligation de déplacement et en faisant l'économie du temps et de l'argent.
La communication par Internet se fait essentiellement par le biais de son application aux multiples usages : le courrier électronique ou e-mail. L'e-mail est d'ailleurs, de loin, l'application d'Internet la plus utilisée par les personnes interrogées. Insensible aux obstacles naturels et aux intempéries, l'e-mail permet de vaincre les montagnes, les fleuves, l'hiver, l'été... et d'établir, par- delà les frontières, le lien entre les amis, les parents, les voisins et les inconnus.
Les données de l'enquête permettent de saisir que les jeunes (48,3%) sont particulièrement actifs en ce qui concerne les envois d'e-mail contrairement aux adultes (28,3%) et aux vieux (3,3%) qui constituent la couche marginale de la population des cybercafés.
Les sujets de tchatche sont en général d'ordre amical et/ou professionnel mais quelquefois très sérieux voire intime. La camaraderie, la taquinerie, l'envoi mutuel de photos, l'annonce de nouvelles de toutes sortes se passent bien sur Internet entre les personnes de tout âge et de toute localisation géographique.
Pour les internautes de Ouagou Niayes, Dakar est le premier espace de communication et d'échanges par e-mail, suivi, comme c'était le cas avec les télécentres, des autres régions du pays (pour certains, les parents, amis... se trouvent dans les régions de l'intérieur et ils ont besoin d'établir le contact en permanence) et de l'étranger dont par ordre d'importance l'Europe (la France notamment), l'Afrique (le Bénin, le Cap-vert, le Mali surtout) et l'Amérique (les USA de surcroît).
Il ressort de la distribution spatiale des différents correspondants que le besoin de communiquer via Internet n'est pas nécessairement lié à des impératifs dictés par des contraintes de localisation. En d'autres termes, ce n'est pas seulement parce que son correspondant est éloigné que l'on lui envoie des messages électroniques, faute de pouvoir assurer le contact physique dans
(54) Frédéric Barbier, 1998, p. 2.
l'immédiat. L'envoi d'e-mail est plutôt général et généralisé, il se fait aussi bien entre les gens très rapprochés géographiquement parlant qu'entre les gens distants. D'ailleurs, 36,7% des usagers affirment envoyer souvent des e-mails à des personnes avec lesquelles, ils vivent et se voient constamment. «Nous nous envoyons des messages par plaisir » a dit la majorité d'entre eux.
D'une manière générale, plusieurs raisons peuvent justifier la forte utilisation du courrier électronique par les usagers :
il est rapide : avec l'e-mail, le temps de transmission d'un message (texte, image, son et autres) se mesure en secondes ou en quelques minutes. Et puis, à la différence du fax, par exemple, l'utilisateur n'a point besoin d'imprimer au préalable ce qu'il expédie et de chercher ensuite un télécopieur, ce qui constitue un gain de temps énorme pour lui ;
il est pratique : l'usager peut envoyer ou recevoir un courrier à partir de plusieurs types de terminaux et par l'intermédiaire de plusieurs réseaux. Quelle que soit sa localisation géographique, la personne peut être jointe à la même adresse et à temps réel (l'e-mail fonctionne 24 h/24 et se joue des décalages horaires). Les personnes ne sont--elles pas donc mieux enclines à la mobilité ?
il est économique : le courrier électronique permet de réaliser des économies substantielles. L'utilisateur n'est souvent tenu que de payer au préalable le prix de la connexion à Internet (au gérant pour les usagers des cybercafés ou au fournisseur d'accès pour les utilisateurs personnels ou professionnels). En plus, il s'avère beaucoup moins onéreux d'expédier des fichiers et documents volumineux par e-mail que par les services traditionnels (comme la Poste) par l'intermédiaire desquels on envoyait, et on continue à le faire, les correspondances ;
il est facile à utiliser : le courrier électronique est l'une des applications d'Internet les plus faciles d'utilisation. Sa seule difficulté serait de se procurer l'adresse de ses correspondants. C'est ce qui explique que la question « quelle est votre adresse e-mail ? » soit très en vogue. Le courrier électronique est exempt de formalisme, il n'est soumis à aucun respect des normes grammaticales ou orthographiques. L'usager écrit comme il veut, l'essentiel étant d'arriver directement et rapidement au but.
En définitive, l'Internet est utilisé par les individus en raison des multiples avantages qu'il permet. Il est simple, pratique et facile d'utilisation. Il permet d'amasser une foule d'informations sur divers thèmes et d'établir la communication avec des tiers quelle que puisse être leur position géographique. L'information et la communication sont au coeur de l'action humaine. Ainsi, il faut convenir avec Castells(55) que la transformation des instruments technologiques de la génération du savoir, du traitement de l'information et de la communication ont des répercussions à long terme, qui ajoutent des effets sociaux spécifiques au schéma plus général de la causalité sociale.
Cependant, beaucoup de contraintes, objet du point suivant, entravent l'utilisation de cette technologie et risquent de ralentir, à défaut de l'annuler, son appropriation par le plus grand nombre.
Bien qu'à priori, aucun groupe, aucune personne ne soit exclue volontairement de l'utilisation des TIC (technologies de l'information et de la communication), une diversité de facteurs font que certaines couches ou certains groupes ou individus sont exclus à l'accès aux équipements, aux services, applications et aussi aux contenus offerts (56) par les cybercafés. A Ouagou Niayes, bien que l'usage des NTIC de manière générale et de l'Internet de manière particulière soit effectif, les enquêtes ont révélé un certain nombre de contraintes que les populations rencontrent dans l'utilisation de cette technologie. Ces contraintes sont listées dans le tableau n° 17.
Tableau n° 17 : les contraintes liées à l'usage d'Internet
|
Nombre de |
% |
||
|
Contraintes liées |
Aucune |
11 |
18,3 |
|
Cadre étroit |
2 |
3,3 |
|
|
Déconnexion du réseau |
21 |
35 |
|
|
Indisponibilité des ordinateurs |
7 |
11,7 |
|
|
Lenteur de la connexion |
3 |
5 |
|
|
Manipulation de l'ordinateur |
10 |
16,7 |
|
|
Tarifs de connexion élevés |
6 |
10 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
(55) Manuels Castells, 2001, «Les incidences sociales des technologies de l'information et de la communication », in Les sciences sociales dans le monde, Paris, Editions UNESCO, p.270.
(56) Ramata Thioune, Khamathe Sène, 2001, p. 88.
Seuls 18,3% des usages déclarent n'éprouver aucune contrainte afférente à l'utilisation d'Internet et ce, soit parce qu'ils ne vivent pas ou ne conçoivent pas de la même manière les éléments que les autres ont déclinés comme des difficultés.
D'une manière générale, le tableau n°17 fait ressortir trois types de contraintes : les contraintes liées à l'accès, les contraintes techniques et les contraintes financières.
L'accessibilité physique de l'infrastructure n'est pas a priori, un problème pour les utilisateurs interrogés. En effet, 80% d'entre eux trouvent que les cybercafés, bien qu'ils ne soient qu'au nombre de trois (3), sont proches de chez eux. Ils n'ont donc pas besoin de faire de longs trajets pour y accéder.
Il y a plutôt le fait qu'à certaines heures (surtout l'après-midi) tous les cybercafés sont fortement pris d'assaut et trouver un ordinateur libre relève de l'impossible. Il faut généralement de longs moments d'attente pour accéder à un poste libre. 11,7% des usagers ont déploré cet état de fait. Cette situation est d'autant plus sérieuse que la plus grande partie des utilisateurs d'Internet n'a, en dehors des cybercafés, aucun autre point d'accès à cette technologie.
Tableau n° 18 : autres points d'accès à Internet en dehors des cybercafés
|
Nombre de |
% |
||
|
Autres points |
aucun |
33 |
55 |
|
lieu de travail |
9 |
15,0 |
|
|
école |
15 |
25,0 |
|
|
autres |
3 |
5,0 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
55% des usagers n'ont que les cybercafés pour accéder à Internet, 15% d'entre eux ont Internet en milieu professionnel, 25% en milieu scolaire et 5% utilisent les services d'Internet chez des amis qui en disposent à domicile.
En effet, beaucoup de services administratifs et d'entreprises industrielles publiques et privées sont aujourd'hui connectés à Internet, avisés qu'ils sont de la flexibilité dans l'organisation du travail que cette technologie autorise et de ses innombrables potentialités de croissance, de compétitivité et d'intégration aux marchés mondiaux.
C'est le même intérêt qui est accordé à Internet dans les établissements scolaires dont certains sont connectés grâce à des partenariats scellés avec des ONG et autres organismes de
coopération. Cependant, en raison des coûts élevés du matériel informatique (ordinateurs, périphériques et autres consommables) et des charges supplémentaires (formation des enseignants/formateurs parfois aussi néophytes que leurs élèves en informatique), la pénétration d'Internet dans les écoles est encore très timide et l'accès assez limité.
Le niveau d'éducation et de formation des usagers est le premier élément qui permet d'appréhender les obstacles techniques. Mais dans la zone d'étude, cet élément n'est pas défini comme obstacle majeur à l'usage d'Internet. Le niveau de formation des utilisateurs est assez satisfaisant : 55% d'entre eux ont subi une formation en informatique et 11,7% ont été initiés à l'usage d'Internet. 33,3% n'ont pas été formés pour des raisons liées au manque de moyens financiers, au manque de temps et à la contingence d'une formation pour l'usage d'Internet.
Ainsi, seuls 16,7% des utilisateurs rencontrent des difficultés de manipulation de l'ordinateur. Celles-ci concernent en général le clavier (agencement des lettres) et l'utilisation de la souris.
L'état des installations informatiques des cybercafés peut également être mis à contribution dans l'analyse des contraintes techniques. Dans beaucoup de cybercafés, le nombre d'ordinateurs en place est non seulement insuffisant pour répondre à la forte demande mais aussi la connexion est défaillante. C'est pourquoi, 40% des utilisateurs interrogés invoquent la déconnexion du réseau et les lenteurs de la connexion comme des difficultés d'accès à l'Internet. Cette situation s'explique par le fait que les fournisseurs d'accès proposent divers types de connexions dont les débits et les coûts sont différents (voir annexes). Et selon que l'exploitant dispose d'une capacité financière élevée ou faible, il souscrira un abonnement dont le débit sera rapide ou lent.
Enfin, bien que la proportion d'utilisateurs qui y accordent du crédit soit faible (3,3%), l'étroitesse des locaux de certains cybercafés peut constituer directement ou non une grande difficulté quant à l'usage d'Internet. En effet, certains cybercafés se présentent avec des cadres étriqués et des systèmes de ventilation dérisoires. Dans ce cas, la quiétude et la confidentialité de la navigation sont facilement perturbées par l'entassement, le bruit dans l'enceinte ou l'indiscrétion d'uns vis-à-vis qui ne peut cesser de jeter un regard indiscret sur ce qui se fait à ses côtés.
d'accès à Internet sont les moins onéreux du Sénégal. Selon le Président de l'UNETTS, une heure de connexion à Internet se paye à 2000 francs CFA à Tambacounda (cf. encadré, p. 74).
Les obstacles financiers sont liés à la faiblesse du pouvoir d'achat des utilisateurs or presque tous les services liés à Internet sont payants. En effet, en dehors des honoraires de la connexion, il faut souvent avoir suivi au préalable une formation à l'Internet qui ne se fait pas non plus à titre gracieux. Sous ce rapport, la majorité des usagers formés en informatique de manière générale et à l'Internet de manière singulière, l'ont été dans le secteur privé où ils ont déboursé entre 5 000 et 25 000 francs CFA mensuellement. De pareilles sommes ne sont pas à la portée de toutes les bourses, surtout lorsqu'il y a d'autres impératifs plus mordants (le logement, l'habillement, la nourriture....). C'est ce qui explique du reste certaines stratégies individuelles notées çà et là et qui reposent essentiellement sur la curiosité et la débrouillardise : 36,7% des usagers ont subi une auto-formation en informatique et à l'Internet.
Il est noté une quasi-absence d'initiatives de la part de l'Etat et de la Sonatel, visant à faciliter l'accès des couches défavorisées à Internet. En effet, 6,7% seulement des utilisateurs enquêtés ont bénéficié d'une prise en charge de leurs services pour une formation.
D'une manière générale, la tarification doit être adaptée au contexte de l'économie locale et au pouvoir d'achat des usagers. (57)
L'Internet est devenu le moyen de communication privilégié qui caractérise le monde au XXIe siècle. Son appropriation par les sociétés est telle qu'il s'avère difficile voire impossible de se faire une idée exacte du nombre de ses utilisateurs. Sa diffusion se fait de manière effrénée rendant toute estimation très vite désuète et dépassée. Cependant, même s'il n'est pas abusif de dire qu'Internet répond aux attentes qui fondent son appropriation par les masses, force serait de reconnaître que ce réseau planétaire véhicule du bon et du mauvais, des avantages et des inconvénients.
L'Internet présente une foule d'opportunités pour les personnes qui l'utilisent. Pour les propriétaires et gérants de cybercafés, par exemple, le « commerce » d'Internet permet non seulement de trouver une occupation professionnelle mais aussi de développer, tout en se faisant
(57) Ramata Thioune et Khamathe Sène, 2001, p. 21.
de l'argent, de nouvelles ou en tout cas de meilleures aptitudes techniques, organisationnelles et relationnelles. Pour l'utilisateur, l'Internet est à la fois une source de curiosité et d'intérêt, de formation et de meilleures capacités d'action. L'apport de la technologie Internet dans l'amélioration des conditions de vie, surtout relationnelle, des populations paraît donc bien évident.
Tableau n° 19 : perception de l'Internet par les usagers
|
Nombre de |
% |
||
|
Avez-vous le sentiment |
oui |
55 |
91,7 |
|
non |
5 |
8,3 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|
Source : enquêtes, juin - août 2004.
Le tableau n°19 révèle que chez 91,7% des utilisateurs interrogés le sentiment de l'amélioration de leurs conditions de vie par Internet est réel. Les avantages du réseau qu'ils mettent en branle pour justifier ce satisfecit sont listés dans le tableau n° 20.
Tableau n° 20 : les avantages d'Internet selon les usagers
|
Réponses des enquêtés |
Nombre |
% |
|
|
Quel(s) |
un accès rapide à l'information |
11 |
18,3 |
|
la gratuité de l'information |
1 |
1,7 |
|
|
une amélioration des conditions d'études |
8 |
13,3 |
|
|
De nouvelles relations amicales |
5 |
8,3 |
|
|
des loisirs |
2 |
3,3 |
|
|
de l'intelligence |
2 |
3,3 |
|
|
la rapidité de la communication |
13 |
21,7 |
|
|
de nouvelles connaissances de la vie et du monde |
7 |
11,7 |
|
|
le gain de temps |
4 |
6,7 |
|
|
la liberté |
1 |
1,7 |
|
|
des coûts de communication moins chers |
1 |
1,7 |
|
|
TOTAL |
55* |
91,7* |
|

* 5 utilisateurs soit 8,3% ne semblent pas convaincus des avantages de l'Internet et n'en ont donc pas cités. Source : enquêtes, juin - août 2004.
L'examen du tableau n°20 montre que les avantages de l'Internet qui retiennent le plus l'attention des usagers sont par ordre d'importance la rapidité de la communication (21,3%), l'accès facile à l'information (18,3%), l'amélioration des conditions d'études (13,3%) qui peut permettre d'avoir de nouvelles connaissances sur la vie et sur le monde (11,7%), les nouvelles relations amicales qu'Internet permet de nouer à travers son vaste réseau (8,3%) et le gain de
temps (6,7%). Mais il faut aussi remarquer qu'Internet est un « espace » de loisirs (3,3%) et un « havre » de liberté (1,7%). Il permet aux jeunes, les adolescents en particulier, de se libérer des pôles traditionnels et familiaux de création et de diffusion de l'information où beaucoup de décisions ne sont pas négociables et beaucoup de sujets pas discutables, en raison de leur caractère sensible ou tabou.
En somme, les avantages de l'Internet peuvent se résumer autour de trois points : la rapidité de la communication, la proximité de l'information qui favorisent le rapprochement spatial.
Cinq utilisateurs d'Internet ne paraissent pas entièrement convaincus de l'amélioration de leurs conditions de vie par cette technologie. Pourtant, ces réticents ne sont pas des ignorants de l'outil Internet ni des débutants en la matière. Ils ont atteint en majorité le niveau secondaire et affirment n'avoir aucun problème technique relatif à l'utilisation de l'outil qu'ils maîtrisent du reste. Ce qui fait dire que la perception de la technologie Internet par les individus est marquée par une bonne dose de subjectivité. C'est plutôt un problème qui se pose aussi bien sous fond de vécu que celui de représentation. En effet, tandis les autres utilisateurs mettent en exergue les multiples avantages de l'Internet, ils se refusent quant à eux de le faire, mettant toujours en avant un argumentaire nihiliste alimenté par les inconvénients du réseau.
A l'instar des autres époques civilisationnelles, celle-ci (la nouvelle civilisation d'Internet) a des conséquences à la fois positives et négatives .(58) Donc, comme dit le dicton, « plus ça change, plus c'est pareil ». Toute nouvelle invention draine souvent à la fois un cortège d'avantages et d'inconvénients. La majorité des utilisateurs interrogés semble bien conscients des conséquences négatives d'Internet.
(58) Farhang Rajaee, 2001, p. XVII.
Tableau n° 21 : les inconvénients de l'Internet selon les usagers
|
Nombre de |
% |
||
|
Quels sont les |
Aucun |
19 |
31,7 |
|
les risques d'acculturation |
4 |
6,7 |
|
|
les informations non vérifiées |
7 |
11,7 |
|
|
les risques de perversion |
14 |
23,3 |
|
|
la déception lors des rencontres |
2 |
3,3 |
|
|
le racisme |
1 |
1,7 |
|
|
le manque de contrôle |
11 |
18,3 |
|
|
la perte de temps |
2 |
3,3 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|

Source : enquêtes, juin - août 2004.
Seuls 31,7% des utilisateurs trouvent qu'Internet est exempt d'effets négatifs. Pour les autres, par contre les méfaits du réseau sont multiples allant des risques de perversion (23,3%) au racisme (1,7%) en passant par le manque de contrôle (18,3%), les informations non vérifiées (11,7%), les risques d'acculturation encourus par les individus (6,7%), etc.
Les craintes exprimées par les usagers sont bien fondées et légitimes, Internet étant un Farwest d'un nouvel âge ou toutes les dérives sont possibles.(59) Ces craintes sont surtout en lien avec les contenus de l'Internet. Ce dernier renferme de nombreux sites dont la simple visite peut choquer la conscience des enfants, adolescents et adultes qui se livrent parfois à tout et à n'importe quoi sur le réseau dans les cybercafés. Ces sites, accessibles sans aucune difficulté, sont multiples mais nous ne citons ici que ceux auxquels les réponses des utilisateurs ont fait directement ou non allusion. Il s'agit :
,2- des sites pornographiques et pédophiles : il est question dans ces sites de la description et de la communication publiques d'actes explicitement érotiques, c'est-à-dire stimulant le désir sexuel et obscènes, c'est-à-dire sales, honteux et dégradants. Internet propose de nombreux sites qui offrent des pornographies et des vidéos utilisant des photographies de mineurs qui peuvent porter atteinte à la pudeur. Les sites pédophiles sont très présents sur Internet. En 2003, ils ont connu une augmentation de 70%, selon le rapport d'étude de l'association italienne des droits de l'enfant en date du 6 février. Ils ont été estimés à la fin de la même année à plus de 261 653 sites dont 60% aux USA, en Corée du Sud, en Russie, au Brésil, en Italie et en Espagne.(60)
(59) « L'Internet représente-t-il une menace pour l'ordre public ?». Expertises des systèmes d'information, juillet -- août 1996, page 226, Cité par Cécile Bernat, 1997, p.81.
Les nombreuses visites nocturnes effectuées en marge des enquêtes dans les cybercafés ont permis de constater l'ampleur du phénomène de la pornographie. Des personnes, mais surtout les hommes de tout âge, se livrent d'habitude à partir de 23 heures à la consommation passionnée de la pornographie. Or, il est noté dans ce domaine une absence criarde de politique délibérée de la part des instances étatiques dans leur diversité, visant à limiter cette liberté nocive.
C'est le même laxisme qui est constaté chez des gérants de cybercafés.(61) D'ailleurs, les affiches destinées à interdire cette pratique dans les locaux sont confectionnées et placées d'une façon telle à susciter le doute quant à leur réelle volonté de mettre terme à ce phénomène.
,2- des sites sectaires et extrémistes : ces sites sont également incontrôlables et incontrôlés. Ils sont souvent en lien avec des sectes ou religions visant à influencer les jeunes gens, de potentiels adeptes, par le biais d'un prosélytisme débridé ;
,2- des sites racistes : ils mettent en ligne toutes sortes de propos à l'encontre de certaines communautés (noires, arabes, juives, par exemple) et prônent la haine raciale, la négation de la pluralité ethnique et le refus de l'autre ;
,2- des sites sexistes et homophobes : ces sites diffusent souvent des messages profanateurs de la dignité humaine. Ils ridiculisent, insultent et humilient les femmes tout en bafouant leurs apparences de respectabilité.
Tous ces sites sont hautement dangereux et nocifs pour les adolescents en quête de leur identité et de leur personnalité et dont les esprits ne sont pas rompus à la critique. Par ailleurs, les risques d'acculturation invoqués par 6,7% des individus interrogés sont aussi réels. Internet impose la modernité et conduit à la diffusion universelle des mêmes idéaux et des mêmes comportements. Il favorise la mondialisation. Or, la modernité transforme toutes les civilisations existantes, incluant celles de l'Occident. Ce n'est pas l'occidentalisation, mais un changement universel dans les conditions fondamentales de n'importe quelle civilisation, de toutes les civilisations .(62) Dans ces conditions, les individus ou sociétés « acculturés » sont ceux qui ne disposent pas d'une réelle capacité de discernement et qui ne sont pas assez outillés de leurs valeurs propres pour résister à la tentation absorbante de celles des autres.
(61) Les gérants, eux, se disent impuissants devant cette situation tout simplement parce que l'usager paye son argent
et a de ce fait la latitude d'accéder au site de son choix)
(62) David R. Gress, 1997, The drama of modern Wester identity, Orbis, Vol 41, n°4, pp.525-544, Cité par Farhang Rajaee, 2001, p. 67.
Il s'avère cependant utile, pour conclure, de remarquer que ne n'est pas tous les utilisateurs qui visitent tous les types de sites. En effet, les données de l'enquête présentées dans les tableaux 22 et 23 révèlent que les sites pornographiques, racistes et religieux sont les moins fréquentés par les usagers avec dans l'ordre 65%, 10% et 8,3% des réponses obtenues. Les raisons qui poussent les utilisateurs à ne pas consulter ces genres de sites sont multiples mais les plus en vue sont leur manque d'intérêt (26,6%), leur caractère obscène, malsain (8,3%) et la pudeur de certains utilisateurs (8,3%).
Tableau n° 22 : les sites non visités par les usagers
|
Nombre de |
% |
||
|
Quels sites ne |
Aucun |
5 |
8,3 |
|
Racistes |
6 |
10 |
|
|
pornographiques |
39 |
65 |
|
|
Religieux |
5 |
8,3 |
|
|
discussions / rencontres |
3 |
5 |
|
|
Sport |
1 |
1,7 |
|
|
recherches |
1 |
1,7 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,0 |
|
Tableau n° 23 : les raisons de la non visite de ces sites
|
Nombre de |
% |
||
|
Pour quelle(s) |
5* |
8,3 |
|
|
les actes de pédophilie |
1 |
1,7 |
|
|
c'est incorrect |
3 |
5,0 |
|
|
c'est malsain |
5 |
8,3 |
|
|
c'est inutile |
4 |
6,7 |
|
|
C'est irrespectueux et sordide |
1 |
1,7 |
|
|
c'est tabou au Sénégal |
2 |
3,3 |
|
|
ça me fait du mal |
1 |
1,7 |
|
|
ce n'est pas éducatif |
4 |
6,7 |
|
|
certaines actions me mettent hors de moi |
1 |
1,7 |
|
|
c'est contraire à ma religion |
3 |
5,0 |
|
|
influence néfaste |
1 |
1,7 |
|
|
j'ai honte de cela |
5 |
8,3 |
|
|
je ne les aime pas |
2 |
3,3 |
|
|
Je suis jeune et on me l'interdit |
2 |
3,3 |
|
|
ce n'est pas intéressant |
16 |
26,6 |
|
|
par prudence |
1 |
1,7 |
|
|
je n'ai pas de temps pour ça |
3 |
5,0 |
|
|
TOTAL |
60 |
100,1 |
|
* Ce sont là les usagers qui avaient répondu par « aucun » dans le tableau n°22 et qui n'ont donc pas répondu à la question. Sources : enquêtes, juin - août 2004.
Il suffit tout juste de regarder et non pas d'être observateur averti pour remarquer la présence massive des télécentres à Ouagou Niayes et dans tout l'espace urbain dakarois. Les cybercafés eux, sont moins présents mais suivent au pas l'empreinte des télécentres qui les « engendrent » parfois.
C'est que les Sénégalais sont vraiment aptes à développer des stratégies de survie, or télécentres et cybercafés constituent des filons d'or, des moyens pour survivre dans un pays comme le nôtre, marqué par une profonde crise économique qui touche un large pan de la société. Télécentres et cybercafés sont des créneaux porteurs, créateurs d'emplois et de richesses. Ils intéressent actuellement presque tout le monde et caporalisent de ce fait beaucoup d'acteurs en même temps qu'ils suscitent de multiples enjeux. Dans ce contexte, cette étude a paru opportune. D'ailleurs, beaucoup de leçons ont été apprises de son processus notamment en ce qui concerne l'appropriation de ces outils de communication par les populations et leur territorialité.
Pour ce qui est de l'appropriation, le processus diffère selon qu'il s'agit des télécentres ou des cybercafés. En effet, les télécentres présentent un accès moins complexe et plus démocratique pour le commun des Sénégalais. Il n'est pas besoin d'un niveau d'instruction élevé, s'il en est même besoin, ni d'une certaine aisance financière pour avoir accès aux services des télécentres. La grande difficulté résiderait certainement dans l'ouverture de l'infrastructure qui requiert le versement d'au moins d'un demi-million de francs CFA comme dépôt de garantie à la Sonatel. Une telle somme n'est guère à la portée de la bourse du Sénégalais moyen, ce qui explique que les propriétaires des télécentres de Ouagou Niayes soient des personnes d'une assise financière plus ou moins confortable, des commerçants en majorité. Par ailleurs, le contexte des télécentres est marqué par le monopole de la Sonatel qui règne en maître dans le secteur des télécommunications. Cette situation entraîne un malaise général et un courroux collectif chez les exploitants de télécentres soucieux de préserver l'emploi créé. Ils dénoncent, entre autres, la concurrence déloyale, résultat de l'implantation sauvage des télécentres, renforcée par l'absence notoire de réglementation visant à assainir le secteur. Par contre, l'appropriation des cybercafés par les populations s'avère plus complexe et moins rapide. En effet, elle est subordonnée à la satisfaction de certaines exigences discriminatoires dont un niveau d'instruction assez satisfaisant, la maîtrise de l'outil informatique, la maîtrise (comprendre, savoir lire et écrire) d'une ou de plusieurs langues d'usage, et éventuellement la capacité financière à honorer la facture de la connexion à l'Internet. L'appropriation des cybercafés devient ainsi le fait d'une certaine élite (même si la tendance est à la généralisation) qui y va d'habitude d'un processus à deux étapes : une étape de curiosité et d'envie de découvrir l'Internet qu'ils pensaient être à priori pour les
« autres » ; une étape de démythification et d'utilisation de l'outil dans les divers domaines de la vie économique et sociale où le besoin est exprimé. Aussi, contrairement au secteur des télécentres, les exploitants de cybercafés ne sont-ils pas obligés de passer par la Sonatel pour disposer d'une connexion à l'Internet. Les fournisseurs d'accès font légion, le marché est plus libre et l'exploitant a plus de latitude de souscrire un abonnement auprès du fournisseur de son choix. Le principal enjeu soulevé actuellement par l'ouverture et l'appropriation des cybercafés par les populations est plutôt la saturation du marché qui se profile à l'horizon et le problème de l'équité qui se pose en terme de distribution spatiale et de tarification. Sinon, comment comprendre le fait de payer entre 250 francs CFA et 500 francs CFA seulement pour une heure de connexion à Dakar alors qu'il faut parfois jusqu'à 2 000 francs dans les autres régions du pays ?
Pour ce qui est de la territorialité, l'étude a révélé qu'elle est fortement commandée par une logique commerciale et dans une moindre mesure par des considérations subjectives d'ordre social comme le fait d'appartenir à un espace. En effet, tandis que certains propriétaires affirment avoir implanté leurs télécentres ou cybercafés à Ouagou Niayes parce que c'est un quartier populeux susceptible de leur fournir une grosse clientèle, d'autres par contre soutiennent y avoir ouvert leurs structures tout simplement parce qu'ils y habitent. Mais dans un cas comme dans l'autre, le résultat est le même. Les télécentres et cybercafés ont colonisé l'espace du quartier même s'ils ne le structurent pas encore. On trouve au moins un télécentre dans presque toutes les rues ou les coins de rue surtout dans celles passantes ou à forte concentration d'activités économiques. L'importance numérique des télécentres ne manque pas de susciter des enjeux territoriaux. Certains d'entre eux sont spatialement très rapprochés, côte à côte et se livrent de ce fait à une rude concurrence qui cause parfois la faillite de ceux exténués par la lourdeur des charges d'exploitation. Tous les exploitants n'ont pas les mêmes charges : certains sont propriétaires de leurs locaux, d'autres ne le sont pas. Ce sont d'habitude les premiers qui proposent les tarifs les moins onéreux, les autres vendant plus cher parce que devant s'acquitter davantage de frais. La territorialité est par ailleurs marquée par des disparités moins sévères avec les télécentres qu'avec les cybercafés. Les télécentres, en effet, se retrouvent partout dans le quartier tandis qu'aucun cybercafé n'est localisé à O.N.1 (ce secteur du quartier qui détient le plus important niveau de précarité) où le seul cybercafé qu'il a jadis abrité à vite fait de fermer ses portes. Partant de ce constat, il n'est abusif de dire que les cybercafés ne s'implantent pas n'importe où, mais plutôt dans les espaces socio-géographiques accessibles et au potentiel d'utilisateurs avéré.
Télécentres et cybercafés ou plutôt le téléphone et l'Internet sont d'un grand apport dans la vie de relation des populations. Avec ces technologies, l'échange et la communication ne sont plus basés sur le voisinage et la proximité spatiale. Elles offrent une nouvelle conception de la notion de
distance et favorisent une hybridation des interfaces local/global, centre/périphérie. Le téléphone et l'Internet rendent l'information accessible à moindre coût en faisant fi de la distance. Ils permettent d'effacer les contraintes traditionnelles de localisation et de créer de nouvelles formes d'organisation, en réseaux sociaux fortement instrumentés par la compression du temps et la rapidité de circulation de l'information. Enfin, bien utilisés ils peuvent contribuer à soulager la pauvreté et à corriger les inégalités socio-économiques.
Toutefois, il est important d'insister sur le fait que ces outils de communication ne sont pas exempts de limites et même d'effets pervers. Ils ne peuvent pas, par exemple, se substituer aux contacts physiques indispensables dans certaines situations, surtout au moment de prendre des décisions importantes ou de s'engager. Ainsi, comme le souligne Michel Lussault (1995, p. 156), de façon un peu paradoxe, plus il y a de télécommunication, plus il y a de déplacements physiques. Mais ces derniers changent de nature. Ils sont de moins en moins motivés par des nécessités d'ordre instrumental (les téléinformations les remplacent très économiquement dans ce cas) et de plus en plus par le désir de vivre les échanges comme création d'intersubjectivité partagée. Par ailleurs, ces technologies de communication, l'Internet en particulier, peuvent provoquer beaucoup de maux (comme la pornographie, l'incitation à la drogue, à la violence...) en raison de l'inadéquation de leur contenu avec les contextes des utilisateurs. En l'absence de politiques préventives ou correctives effectives, ces maux accentuent les dérives et consacrent la perversion des individus et des sociétés. Enfin, l'utilisation des NTIC est socialement biaisée. L'étude a montré par exemple que l'accès à l'Internet est inégal entre les sexes, les groupes d'âge, les groupes ethniques, les catégories socio-économiques, le nombre de personnes appartenant aux catégories nanties dépassant de loin celui des individus aux conditions sociales moins favorables. Castells (2001, p. 277) avertit que les TIC ne sont [ ....] pas à la source d'une inégalité et d'une exclusion sociales croissantes. Mais leur utilisation biaisée par un système capitaliste mondial dynamique et déréglementé a déclenché un processus qui semble conduire à une iniquité sociale croissante dans tous les pays du monde, en contraste absolu avec les promesses de l' Ere de l'Information.
L'étude aura, en définitive, permis de relever des acquis intéressants mais qui ne sont pas cependant susceptibles de généralisation. Beaucoup de zones d'ombre subsistent et des perspectives se dégagent. Voilà donc quelques-unes d'entre elles qui pourraient faire l'objet de recherches futures.
E Les investigations menées dans le quartier Ouagou Niayes ont permis de constater que le nombre de télécentres fermés est très considérable. Le phénomène de faillite/fermeture est si important qu'il ne paraît plus spécifique à Ouagou Niayes mais général. Cependant, limités par des contraintes de temps, nous nous sommes uniquement arrêtés au constat. Des études plus poussées
sont donc nécessaires pour appréhender les véritables raisons de la fermeture des télécentres et dépasser les clichés trop simplistes et réducteurs, basés sur des considérations empiriques.
151 IL est ressorti des résultats de l'étude que même au sein de Dakar la capitale qui est supposée être le laboratoire de test des nouveautés, il existe des disparités énormes quant à l'accès aux NTIC. Beaucoup de chefs de ménages ont répondu par : « le café nous le prenons en famille, c'est une mauvaise habitude que de prendre du café dehors » à la question n° 27 du questionnaire ménage. C'est dire donc qu'ils ignorent ce qu'est un cybercafé. L'accès à l'Internet est donc différentiel selon les zones, au sein d'une même zone, entre les sexes, l'age, le niveau d'instruction, les catégories socio-professionnels, etc. Toutefois quel est l'ordre d'importance des facteurs d'exclusion ? Et quels sont les éléments explicatifs de cette différenciation ? Telles sont quelques questions qui mériteraient d'obtenir des réponses.
151 L'étude s'est quelque peu penché sur le déploiement spatial des infrastructures de télécommunication dans un quartier de la capitale et il a été constaté qu'elles n'ont pas véritablement d'effet structurant sur l'espace. Elles se superposent uniquement aux espaces déjà habités, en privilégiant toutefois ceux qui sont démographiquement plus chargés et qui ont le plus fort potentiel d'utilisateurs. Mais est-ce que c'est le cas pour toute la capitale ? Comment se déploient les systèmes de communication entre les différents quartiers de Dakar et entre ceux--ci et le reste du pays ? Voilà quelques pistes de réflexion éventuelles.
E Le secteur des télécommunications au Sénégal est marqué par un événement innovant : il s'agit du lancement par la Sonatel Multimédia, en juillet 2004, de la technologie Internet sans fil dénommé « Sentoo Wifi » (voir annexes). Cette technologie est destinée à un public varié : les hommes d'affaires, les entreprises, les individus, les résidences hôtelières, les restaurants, les cafés et autres structures accueillant des visiteurs. Les gens auront donc plus que jamais la liberté de déplacement. Mais il s'avère impossible pour l'instant de se faire une idée claire du nombre d'usagers potentiels, de leurs caractéristiques socio-économiques et professionnelles, du sort qui sera réservé aux centres d'accès publics à l'Internet que sont les cybercafés. Sentoo Wifi va-t-il démocratiser l'accès à l'Internet ou à l'opposé aggraver le fossé existant ? Des études s'imposent pour être édifié sur ces questions et se parer aux éventualités car comme le souligne Farhang Rajaee (2001, p.141), « l'expérience l'a démontré dans le passé, toute nouvelle aventure occasionne à la fois de la crainte et de l'espoir ».
Ouvrages généraux
1 - Bailly Antoine S.
1995, « Introduction au débat : perspectives en géographie de l'information et de la
communication », in Sciences de la Société, Territoire, société et communication, Presses Universitaires du Mirail Toulouse, n° 35, mai 1995, pp. 15-19.
2 - Cassé Marie Claude
1995, « Réseaux de télécommunication et production de territoire » in Sciences de la Société,
Territoire, société et communication, Presses Universitaires du Mirail Toulouse, n° 35, mai, pp. 61-81.
3 - Castells Manuel
2001, La société en réseau. L'ère de l'information, Paris, Fayard, 671 p.
2001, «Les incidences sociales des technologies de l'information et de la communication »,in
Les sciences sociales dans le monde, Paris, Editions UNESCO/ Editions de la Maison des sciences de l'homme, pp. 270-280
5 - Daffé Gaye, Dansokho Mamadou
2002, «Les nouvelles technologies de l'information et de la communication : défis et
opportunités pour l'économie sénégalaise », in Momar-Coumba Diop (sous la dir. de), Le Sénégal à l'heure de l'information : Technologie et société, Paris, Karthala, Genève, UNRISD, pp. 45-96.
6 - Diawara Ibrahima
2003, « La genèse historique du Grand Dakar », Mairie de Commune d'Arrondissement de Biscuiterie, 4 p.
7 - Direction de la prévision et de la statistique
1997, (ministère de l'Economie, des Finances et du Plan) (République du Sénégal), Enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM) / 94-95, Dakar, 178 p.
2004, (ministère de l'Economie, des Finances et du Plan) (République du Sénégal),
Projections de population du Sénégal issues du recensement de 2002, Dakar, 48 p.
9 - Eveno Emmanuel
2004, «La Géographie de la Société de l'Information : entre abîmes et sommets », Netcom,
Communications, Réseaux, Territoires, Vol. 18, nos 1-2, janvier, pp. 11-87.
2004, «Le paradigme territorial de la société de l'information », Netcom, Communications,
Réseaux, Territoires, Vol. 18, nos 1-2, janvier, pp. 89-134.
11 - Hoeltgen Dominique
1995, Internet pour Tous, Paris, Les Editions du Téléphone, 238 p.
12 - Lussault Michel
1995, « L'usage, la communication et le géographe » in Sciences de la Société, Territoire, société et communication, Presses Universitaires du Mirail Toulouse, n° 35, mai, pp. 149-163.
13 - Mbow Latsoucabé, Dubresson Alain
2000, « Dakar et la presqu'île du Cap Vert », Les Atlas de l'Afrique. Atlas du Sénégal, 5e
édition, Paris, Les éditions J.A. aux éditions du Jaguar, pp. 48-51.
14 - Miège Bernard
1995, «Réseaux de communication et aménagement territorial » in Sciences de la Société,
Territoire, société et communication, Presses Universitaires du Mirail Toulouse, n° 35, mai, pp. 21-29.
15 - Prelaz-Droux Roland
1995, Système d'information et gestion du territoire : approche systémique et procédure de
réalisation, PPUR (presses polytechniques et universitaires romandes), Lausanne, 156 p.
16 - Rajaee Farhang
2001, La mondialisation au banc des accusés : la condition humaine et la civilisation de
l'information, Ottawa (Ontario), CRDI, 154 p.
17 - Sagna Olivier
2000, Les technologies de l'information et de la communication et le développement social au
Sénégal. Un état des lieux, Technologie et société, Genève, UNRISD, Document n°1, 61 p.
18 - Sambou Ansoumana
2001, Nouvelles technologies de l'information et de communication. Les cybercafés sur les
traces des télécentres, CESTI, UCAD, 48 pages
19 - Tall Serigne Mansour
2002, « Les émigrés sénégalais et les nouvelles technologies de l'information et de la communication », in Momar-Coumba Diop (sous la dir.de), Le Sénégal à l'heure de l'information : Technologie et société, Paris, Karthala, Genève, UNRISD, pp. 223-261.
20 - Thioune Ramata, Sène Khamate
2001, Etude panafricaine : Technologie de l'information et de la communication et développement communautaire. Leçons apprises des projets ACACIA : cas du Sénégal, Dakar, CRDI, 113 p.
Rapports / mémoires
21 - Barbier Frédéric
1998, L'expansion des télécentres à Dakar, Mémoire de maîtrise de géographie, Université de Bretagne occidentale, Bretagne, 131 p.
22 - Bernat Cécile
1997, Les autoroutes de l'information, Mémoire DEA, Paris, Université Panthéon-Assas, Paris
II, 179 p.
23 - Lafitte Anais
2001, Les cybercentres du Plateau : enquête sur les lieux et les usages de l'Internet, Rapport
de stage, IEP, 35 p.
24 - Ly Fatou Binetou
1998, Etude d'écologie urbaine dans le cadre des H.L.M. Ouagou Niayes Dakar, Mémoire de
maîtrise de géographie, UCAD, 68 p.
25 - Thiaw Eric
1995, Infrastructures et services des télécommunications au Sénégal : le développement de la
téléphonie, Mémoire de maîtrise de géographie, UCAD, 82 p.
Sites et ressources Internet
http: // www.art-telecom-senegal.org http: // www.bonweb.com
http: // www.geneve.ch
http : // www.innocenceindanger.org http : // www.osiris.sn
Batik n° 24, juillet 2001.
Batik n° 60, juillet 2004
Tableau n° 1 : Echantillonnage (ménages et concessions) p. 20
Tableau n° 2 : structure par âge de la région de Dakar p. 37
Tableau n° 3 : répartition des chefs de ménage selon la situation matrimoniale p. 40
Tableau n° 4 : répartition des ménages selon la taille p. 41
Tableau n° 5 : dépense journalière des ménages p. 44
Tableau n° 6 : répartition des télécentres selon le prix de l'unité d'appel .. p. 59
Tableau n° 7 : répartition des propriétaires de télécentres en fonction de l'activité
professionnelle principale p. 69
Tableau n° 8 : répartition des propriétaires selon le bénéfice mensuel tiré de l'exploitation
des télécentres p. 70
Tableau n° 9 : répartition des gérants de télécentres en fonction du sexe p. 70
Tableau n° 10 : répartition des gérants de télécentres en fonction de l'âge p. 71
Tableau n° 11 : répartition des usagers en fonction de l'âge p. 77
Tableau n° 12 : répartition des usagers en fonction de l'ethnie p. 78
Tableau n° 13 : répartition des usagers en fonction de l'activité professionnelle p. 79
Tableau n° 14 : répartition des utilisateurs selon le niveau de revenu mensuel p. 79
Tableau n° 15 :.moments de fréquentation des télécentres par les usagers p. 84
Tableau n° 16 : motifs d'utilisation d'Internet par les habitants de Ouagou Niayes p. 92
Tableau n° 17 : les contraintes liées à l'usage d'Internet p. 97
Tableau n° 18 : autres points d'accès à Internet en dehors des cybercafés p. 98
Tableau n° 19 : perception de l'Internet par les usagers p. 101
Tableau n° 20 : les avantages d'Internet selon les usagers p. 101
Tableau n° 21 : les inconvénients de l'Internet selon les usagers p. 103
Tableau n° 22 : les sites non visités par les usagers p. 105
Tableau n° 23 : les raisons de la non visite de ces sites p. 105
Carte n° 1 : Ouagou Niayes dans l'espace urbain dakarois p. 29
Carte n° 2 : plan du quartier Ouagou Niayes p. 30
Carte n° 3 : répartition spatiale des télécentres à Ouagou Niayes p. 49
Carte n° 4 : répartition spatiale des cybercafés à Ouagou Niayes p. 62
Figure n° 1 : répartition des chefs de ménage selon l'ethnie p. 36
Figure n° 2 : taille des ménages et nombre de travailleurs p. 42
Figure n° 3 : rythme d'ouverture des télécentres à Ouagou Niayes de 1992 à 2004 p. 50
Figure n° 4 : diagramme de Venn / téléphone du quartier Ouagou Niayes p. 86
Figure n° 5 : diagramme hiérarchique des motifs d'utilisation des télécentres P. 87
Figure n° 6 : diagramme hiérarchique des types d'informations recherchées sur Internet p. 93
Photo n° 1 : la rue Lassana à Ouagou Niayes p. 53
Photos nos 2 et 3 : deux télécentres de Ouagou Niayes vus de l'extérieur p. 57
Photo n° 4 : vue extérieure d'un cybercafé à Ouagou Niayes p. 65
Photo n° 5 : un usager des télécentres en conversation téléphonique p. 82
Photo n° 6 : des usagers des cybercafés en navigation sur Internet p. 90

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- QUESTIONNAIRE D'ENQUETE / INDIVIDUS
- QUESTIONNAIRE D'ENQUETE / GERANTS ET PROPRIETAIRES DE TELECENTRES
- QUESTIONNAIRE D'ENQUETE / GERANTS ET PROPRIETAIRES DE CYBERCAFES
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- LES NOUVELLES CONDITIONS D'AGREMENT DES TELECENTRES
- QUELQUES FOURNISSEURS D'ACCES A INTERNET
- QUELQUES FORMULES D'ABONNEMENT A INTERNET / SONATEL MULTIMEDIA
- SENTOO WIFI, L'INTERNET SANS FIL DE LA SONATEL