Agriculture et croissance économique au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Hervé BELLA Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur d'Application de la Statistique 2009 |
CONCLUSIONL'objectif de cette étude était d'évaluer l'impact de l'agriculture sur la croissance économique au Cameroun et donc parallèlement sur le développement des autres secteurs d'activité. Le secteur agricole a toujours été au centre de la politique économique du Cameroun. Ce secteur a connu des mutations tout au long de l'histoire du Cameroun, avec dès 1990, une redéfinition des rôles joués par les différents acteurs de ce secteur. Le gouvernement du Cameroun l'avait désigné comme le moteur du développement économique au lendemain des indépendances. Ce discours demeure d'actualité près de 50 ans après l'indépendance ; le secteur agricole tarde encore à avoir un effet d'entraînement en vue d'amorcer un véritable décollage économique. Des estimations faites à l'aide des données sur l'activité économique au Cameroun montre qu'il existe une relation de long terme entre les taux de croissance du PIB réel par tête, des PIB réel agricole, industriel et des services. Ainsi, l'économie camerounaise a évolué dans une certaine stabilité au niveau de sa structure. Cette relation de long terme montre qu'une hausse du PIB réel agricole a eu en moyenne une baisse du PIB réel par tête. Les estimations révèlent également que le développement du secteur agricole n'a pas causé celui des autres secteurs. Ces résultats s'expliquent d'une part par le caractère traditionnel qu'a conservé l'activité agricole au Cameroun, le secteur agricole tarde encore à se moderniser complètement. D'autre part l'économie est encore relativement désarticulée. On pourrait ajouter des facteurs externes. Les producteurs sont price taker sur le marché mondial, il existe donc des risques de pertes liées à la chute des cours des produits de base, comme cela fut le cas au début des années 1980. Ces différents résultats débouchent sur quelques recommandations : Recommandations (1) Renforcer la liaison entre l'agriculture et le secteur moderne Le secteur industriel s'est révélé comme celui qui a positivement influencé la croissance du PIB réel par tête au Cameroun dans le long terme. Ainsi, une croissance du PIB industriel a jusqu'ici été la plus à même d'induire en moyenne une amélioration du niveau de vie mesurée par le PIB réel par habitant. Dans le même temps, le développement agricole n'a pas causé le développement des autres secteurs. Les secteurs ont pratiquement évolué de façon indépendante. Or, une liaison de l'agriculture vers l'industrie s'impose lors des premières phases du développement énoncées par ROSTOW. La théorie économique montre cette nécessité et de nombreux exemples empiriques en fournissent une illustration. Pour les autorités camerounaises, de nombreuses mesures s'imposent : Transformation des produits de base Il y a nécessité de promouvoir une transformation locale plus accrue des produits de base. Cette proposition n'a rien d'original, elle est évoquée depuis des décennies dans les analyses économiques du Cameroun. La transformation des produits de base donne une plus grande valeur ajoutée au produit, et donc augmente la richesse créée. En même temps, il y a création d'emplois. L'exportation des produits de base à l'état brut contribue à la détérioration des termes de l'échange. Appui à la création des agro-industries L'industrie alimentaire est l'une des industries utilisant les produits agricoles. Les importations alimentaires se sont fortement multipliées au Cameroun. La contribution de la production traditionnelle a baissé de 86 % en 1970 à 63 % en 199036(*). Entre 1960 et 1998, la production céréalière, le premier poste alimentaire des ménages, a baissé de 157 à 84,9 kg. Des mesures incitatives doivent être mises en place pour permettre l'essor des agro-industries locales utilisant la matière première issue du secteur agricole. Avec l'essor considérable des agro-industries, la structure de la demande à l'agriculture serait modifiée afin que le secteur agricole serve de secteur en amont des autres secteurs d'activité. Création des industries pour les intrants agricoles La cherté des engrais et autres intrants agricoles reste un problème récurrent pour les agriculteurs. Une industrie locale permettrait de réduire les coûts d'accès à ces intrants. (2) Développer le secteur agricole Moderniser l'agriculture L'économiste P. HUGON constate qu'en Afrique, l'augmentation de la production agricole est généralement plus due à une augmentation de la surface cultivable qu'à une amélioration des rendements. L'agriculture utilise très peu de capital. Les exploitations utilisant plus de capital sont les grandes exploitations dont la production est vouée à l'exportation. Des estimations du MINADER font état d'une agriculture camerounaise à 95 % familiale. Il y a urgence d'améliorer la productivité agricole par une augmentation de l'intensité capitalistique et technologique. Procéder à une réforme agraire La Terre est un facteur de production crucial dans l'activité agricole. L'attribution des terres cultivables doit se faire en faveur de ceux qui ont la capacité de les mettre en valeur et les droits des propriétaires fonciers doivent être davantage protégés. L'application du droit coutumier expose souvent les entrepreneurs à des expropriations abusives. Dans un tel contexte d'incertitude, l'investissement dans le secteur agricole devient risqué. Investir dans l'agriculture Les États africains s'étaient engagés à fournir 10 % de leur budget à l'agriculture. Ce chiffre n'est pas encore atteint. Or les problèmes dans le secteur agricole sont nombreux notamment la cherté des engrais et autres intrants, l'insuffisance des moyens de conditionnement en particulier pour les cultures vivrières. * 36 BAMOU, NJINKEU, DOUYA (2001) |
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