2.2.2 Financement de
l'agriculture
Après la crise économique, il eut une
restructuration du secteur bancaire qui avait été frappé
par la crise. Les conditions d'accès au crédit se durcirent, une
très grande partie des producteurs du monde rural fut exclue du
crédit bancaire. Le crédit bancaire se fit davantage plus
ciblé, orienté vers les grandes agro-industries ainsi que
certaines filières d'exportation. Avec le désengagement de
l'État, marqué notamment par la liquidation du CAC et la
fermeture du FONADER, le secteur bancaire se devait de prendre le relais et
d'accentuer davantage son rôle dans le financement de l'activité
agricole. Mais le secteur agricole camerounais n'avait pas atteint le niveau de
développement requis pour prétendre à des prêts
bancaires. Plusieurs raisons peuvent justifier ce constat. D'abord,
l'agriculture camerounaise reste encore de type traditionnel, et donc
très exposée aux risques relatifs aux conditions naturelles.
À ces risques climatiques, il convient d'ajouter les risques classiques
liés au prix de vente de la production. En plus de ces risques, la
faible ou même l'absence d'intensité technologique allonge
considérablement le délai de retour sur investissement pour
certaines cultures (exemple du palmier à huile). L'effet conjoint de ces
facteurs a pour résultat l'exigence par les banques de garanties
insoutenables pour financer l'activité agricole. Le désengagement
de l'État a ainsi rendu problématique le crédit à
l'activité agricole, moins de 10 % de crédits bancaires sont
accordés au secteur agricole pourtant déclaré secteur
stratégique par les autorités politiques camerounaises.
L'État s'étant désengagé, le
financement de l'agriculture se fait depuis 1990 principalement par les
bailleurs de fonds à travers des projets et programmes. L'agence
Française de Développement et l'Union Européenne ont
été les principaux pourvoyeurs de fonds du Projet Crédit
Rural Décentralisé; le Programme National de Vulgarisation et de
Recherche Agricole (PNVRA) a comme principal bailleur de fonds La Banque
mondiale. L'Agence canadienne pour le Développement International
finance des Micro Projets Productifs en Faveur des Femmes. L'État et la
Banque Mondiale ont signé en 1991 un accord de prêt de 23
milliards de dollars pour un projet qui comprend cinq composantes dont le
« Financement des Micro-réalisations Agricoles et
Communautaires » (FIMAC). Le tableau ci-dessous présente la
situation des prêts de première génération de ce
projet en 2001.
Tableau 4: Situation des prêts du
projet FIMAC en 2001
Province
|
Nombre de groupes financés
|
Montant des crédits (FCFA)
|
Montant échu (FCFA)
|
Montant remboursé (FCFA)
|
Taux de remboursement (%)
|
Extrême-Nord
|
267
|
114 797 659
|
108 069 899
|
75 059 609
|
65
|
Nord
|
382
|
234 038 332
|
200 540 925
|
130 170 398
|
56
|
Adamaoua
|
243
|
368 191 615
|
238 427 715
|
121 353 206
|
33
|
Est
|
253
|
104 732 980
|
103 549 114
|
61 717 153
|
59
|
Centre
|
154
|
124 141 412
|
74 925 804
|
39 524 306
|
32
|
Sud
|
214
|
90 804 905
|
82 136 106
|
44 030 341
|
48
|
Littoral
|
257
|
148 656 829
|
144 387 329
|
87 911 900
|
59
|
Sud-Ouest
|
179
|
98 595 435
|
78 911 195
|
48 757 825
|
49
|
Ouest
|
384
|
162 098 775
|
153 771 685
|
116 222 568
|
72
|
Nord-Ouest
|
570
|
363 259 290
|
291 893 820
|
226 157 655
|
62
|
Total
|
2 903
|
1 809 317 232
|
1 476 613 592
|
950 904 961
|
53
|
Source : Cellule FIMAC
L'aide bilatérale et multilatérale constitue
également une source de financement pour les programmes et projets dans
le secteur agricole. Selon l'OCDE, L'aide bilatérale à
l'agriculture du Cameroun se chiffre à 596 953 000 de dollars
US en 30 ans. Ce qui représente moins de 10 milliards par an avec un
taux de change moyen de 1$ = 500 FCFA. Les trois principaux bailleurs (France,
Allemagne, États-Unis) ont fourni 88,88% du montant total. Toujours
selon l'OCDE, l'aide multilatérale a représenté 49 % de
l'aide totale à l'agriculture au Cameroun entre 1973 et 2004.
Les organismes financiers étatiques ayant
été restructurés voire fermés, la micro finance
s'est développée au Cameroun. La loi n° 92/006 du 14
août 1992 relative aux coopératives et GIC et le décret
n° 98/300/PM de septembre 1998 fixant les modalités d'exercice des
activités des coopératives d'épargne et de crédit
ont été les déclencheurs de l'activité de micro
finance. Depuis 2002, cette activité est coordonnée par la COBAC.
Les établissements de micro finance qui interviennent dans le secteur
agricole sont généralement regroupés dans des
réseaux. On peut citer : CAMCULL, M, CVECA, FOCAOB. Ces
établissements signent des conventions avec les ministères pour
servir d'interface entre les bailleurs de fond et les producteurs.
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