Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
(CEMAC)
(ISSEA)
Organisation Internationale
B.P: 294 Yaoundé (République du Cameroun) ;
Tél.: +237 22 22 01 34 ; Fax: +237 22 22 95 21.
Email : isseacemac@yahoo.fr
MÉMOIRE DE FIN DE FORMATION
AGRICULTURE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE AU
CAMEROUN
Rédigé en vue de l'obtention du
diplôme d'Ingénieur d'Application de la Statistique.
Rédigé par :
BELLA Hervé, Élève
Ingénieur d'Application de la Statistique, quatrième
année
Soutenu le 15 juin 2009 devant le jury
composé de :
Dr. Emmanuel DOUYA :
|
Président
|
Dr. Achille JAZA FOLEFACK :
|
Examinateur
|
M. Jeannot NGBANZA :
|
Directeur de mémoire
|
Année scolaire 2008/2009
DÉDICACE
À mes parents MEKANDA Zénon et BELLA
Élise.
REMERCIEMENTS
La sagesse africaine nous apprend qu'il est plus aisé
à un homme de grimper sur un arbre avec ses deux bras qu'avec un seul.
Ceci revient à dire que dans le cadre d'un travail intellectuel, une
seule tête fut-elle celle d'un érudit ne peut le mener à
terme toute seule. Cette recherche a bénéficié des
conseils scientifiques des uns, de l'appui moral et du soutien financier des
autres. Dans l'impossibilité de les citer tous, nous adressons nos
remerciements particulièrement à :
· M. NGBANZA Jeannot, enseignant permanent à
l'ISSEA, pour avoir dirigé ce travail ;
· tout le corps enseignant de l'ISSEA pour les
enseignements prodigués tout au long de notre formation ;
· M. DOUYA Emmanuel et Dr JAZA FOLEFACK Achille, membres
du jury de soutenance, qui de par leurs remarques et suggestions ont permis
d'améliorer la qualité de ce travail ;
· nos parents MEKANDA Zénon et BELLA Élise
pour l'appui moral, matériel et financier dont nous avons toujours
bénéficié ;
· nos frères et soeurs Alain, Serge, Joël,
Sandrine, Eric, Nadine et Davy pour tous leurs encouragements ;
· toute notre famille ;
· tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de ce travail, qu'ils s'en
trouvent ici remerciés.
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
AVANT-PROPOS
vi
LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
vii
LISTE DES TABLEAUX
x
LISTE DES FIGURES ET GRAPHIQUES
xi
LISTE DES ENCADRÉS
xii
RÉSUMÉ
xiii
INTRODUCTION
1
PARTIE I : FONDEMENTS THÉORIQUES ET
PRÉSENTATION DU SECTEUR AGRICOLE CAMEROUNAIS
6
CHAPITRE I : FONDEMENTS THÉORIQUES DU
RÔLE DE L'AGRICULTURE SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
7
1.1 Définition des concepts
8
1.1.1 Agriculture
8
1.1.2 Croissance économique
9
1.2 Agriculture au service du reste de
l'économie
11
1.2.1 Agriculture, offre de produits
alimentaires et croissance de la population
13
1.2.2 Agriculture et réserves de
changes
15
1.2.3 Agriculture et formation du
capital
16
1.2.3.1 Taxation des bénéfices
agricoles
17
1.2.3.2 Modification des termes de
l'échange
17
1.2.3.3 Compression des investissements dans
l'agriculture
17
1.2.3.4 Marché rural des biens
industriels
18
1.2.4 Agriculture et transfert de la main
d'oeuvre vers l'industrie
18
1.3 Développement de l'agriculture en
tant que secteur à part entière de l'économie
20
CHAPITRE II : SITUATION DU SECTEUR AGRICOLE
CAMEROUNAIS DEPUIS 1960
22
2.1 Plans quinquennaux et politique agricole
camerounaise
23
2.1.1 Les acteurs du secteur agricole
24
2.1.1.1 L'État
24
2.1.1.2 Les sociétés de
développement
25
2.1.1.3 Les missions de développement
26
2.1.1.4 Les organismes coopératifs
27
2.1.1.5 Les organismes financiers
27
2.1.2 Le financement de l'agriculture
27
2.1.3 La commercialisation des produits
agricoles
29
2.1.4 L'accès aux intrants
31
2.1.5 La formation et la recherche
31
2.2 La nouvelle politique agricole
32
2.2.1 Les acteurs du secteur agricole
33
2.2.1.1 L'État
33
2.2.1.2 Les organisations paysannes rurales
35
2.2.1.3 Les opérateurs privés
35
2.2.2 Financement de l'agriculture
35
2.2.3 La commercialisation des produits
agricoles
37
2.2.4 L'accès aux intrants
37
2.2.5 La formation et la recherche
38
2.3 La politique agricole dans le Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté
40
PARTIE II : MESURE DE L'IMPACT DE
L'AGRICULTURE SUR L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE
42
CHAPITRE III : ÉTUDE DESCRIPTIVE DU
SECTEUR AGRICOLE CAMEROUNAIS
43
3.1 Les principaux produits
43
3.1.1 Exportations des cultures de rente
43
3.1.1.1 Le cacao
43
3.1.1.2 Le café
44
3.1.1.3 Le coton
44
3.1.2 Production des cultures vivrières
45
3.1.2.1 Le manioc
45
3.1.2.2 Le maïs
45
3.1.2.3 Le riz paddy
46
3.1.3 Les produits de l'élevage
47
3.1.3.1 La volaille
47
3.1.3.2 Les bovins
47
3.2 Caractéristiques macroéconomiques
du secteur agricole camerounais
48
3.2.1 Importance de l'agriculture dans la formation
du PIB
48
3.2.2 La superficie cultivable
50
3.2.3 Consommation d'engrais
51
CHAPITRE IV : APPROCHE
ÉCONOMÉTRIQUE
53
4.1 Présentation des données
54
4.1.1 Taux de croissance du PIB réel par
habitant (TCPRH)
54
4.1.2 Taux de Croissance du PIB réel
agricole
56
4.1.3 Taux de croissance du PIB réel
industriel
57
4.1.4 Taux de croissance du PIB réel des
services
58
4.2 Présentation de la
méthodologie
60
4.2.1 Détermination de l'ordre
d'intégration : tests de stationnarité
60
4.2.2 Formulation du modèle
62
4.2.3 Détermination du nombre de retards du
VAR à niveau
64
4.2.4 Analyse des résultats de l'estimation
du VECM
65
4.2.4.1 Tests de causalité
65
4.2.4.2 Analyse des réponses
impulsionnelles
66
4.2.4.3 Décomposition de la variance
66
4.3 Présentation des résultats
66
4.3.1 Stationnarisation des variables
66
4.3.2 Nombre de retards du VAR à niveau
67
4.3.3 Test de co-intégration
67
4.3.4 Estimation du VECM
68
4.3.4.1 Vecteur de co-intégration
68
4.3.4.2 Les coefficients de court terme
69
4.3.4.3 Analyse de la causalité
69
4.3.4.4 Analyse des chocs
70
4.3.4.5 Décomposition de la variance de
l'erreur de prévision
70
4.3.4.6 Validation des hypothèses sur les
résidus
70
4.3.4.6.1 Stabilité du modèle
70
4.3.4.6.2 Autocorrélation des
résidus
71
4.3.4.6.3 Normalité
71
4.4 Analyse des résultats
71
CONCLUSION
74
BIBLIOGRAPHIE
77
ANNEXES
80
AVANT-PROPOS
L'Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée (ISSEA) est un établissement
spécialisé de la Communauté Économique et
Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC). Il a pour objectif la formation
des cadres statisticiens et des économistes de niveau supérieur
et moyen, le recyclage et le perfectionnement des cadres, la recherche
appliquée. L'ISSEA offre trois cycles de formation :
· le cycle des Ingénieurs Statisticiens
Économistes (ISE) : 3 ans de formation ;
· le cycle des Ingénieurs d'Application de la
Statistique (IAS) : 4 ans de formation ;
· le cycle des Techniciens Supérieurs de la
Statistique (TSS) : 2 ans de formation.
La fin de formation à l' ISSEA est sanctionnée,
pour le cycle IAS, par le diplôme d'Ingénieur d'Application de la
Statistique. Dans le but de juger de l'efficience de ladite formation, les
dispositions académiques astreignent chaque élève-sortant
à présenter les résultats d'un thème de recherche
de son choix, condition sine qua none à la délivrance du
diplôme sanctionnant la fin des quatre années d'étude de ce
cycle. Cette présentation a pour but de tester la capacité des
étudiants sortants à mettre en application les connaissances
dispensées au sein de l'école, d'autant plus que ces derniers
vont définitivement faire partie du monde professionnel.
À cet effet, nous nous sommes intéressés
à un secteur d'activité qui est resté au centre des
préoccupations des gouvernements successifs du Cameroun. Le thème
retenu est Agriculture et croissance économique au
Cameroun. Un thème qui se justifie par la
nécessité d'évaluer empiriquement l'impact dans
l'économie camerounaise d'un secteur sur lequel furent centrées
les stratégies de développement du Cameroun.
LISTE
DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
APE
|
:
|
Accord de Partenariat Économique
|
BCD
|
:
|
Banque Camerounaise de Développement
|
BEAC
|
:
|
Banque des États de l'Afrique Centrale
|
BM
|
:
|
Banque Mondiale
|
CAC
|
:
|
Crédit Agricole du Cameroun
|
CAMCULL
|
:
|
Cameroon Cooperative Credit Union Ligue
|
CAMSUCO
|
:
|
Cameroon Sugar Compagny
|
CARBAP
|
:
|
Centre Africain de Recherche sur Bananiers et Plantains
|
CDC
|
:
|
Cameroon Development Corporation
|
CEMAC
|
:
|
Communauté Économique et Monétaire d'Afrique
Centrale
|
CENADEC
|
:
|
Centre National de Développement Coopératif
|
CENADEFOR
|
:
|
Centre National de Développement des Forêts
|
CENEEMA
|
:
|
Centre d'Etude et d'Expérimentation du Machinisme
Agricole
|
CIFOR
|
:
|
Center for International Forestry Research
|
CIRAD
|
:
|
Centre de Coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
|
COBAC
|
:
|
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
|
CORAF
|
:
|
Conseil Ouest et centre africain pour la Recherche et le
développement Agricoles
|
CRA
|
:
|
Centres De Recherches Agronomiques
|
CVECA
|
:
|
Caisses Villageoises d'Épargne et de Crédit
Auto-gérées
|
DFA
|
:
|
Dickey-Fuller Augmenté
|
DSRP
|
:
|
Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
|
ECM
|
:
|
Error Correction Model
|
ENSSAI
|
:
|
l'École Nationale Supérieure des Sciences
Agro-industrielles
|
FAO
|
:
|
Food and Agriculture Organization
|
FASA
|
:
|
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles
|
FIMAC
|
:
|
Financement des Micro-réalisations Agricoles et
Communautaires
|
FMI
|
:
|
Fond Monétaire International
|
FOCAOB
|
:
|
Fond Commun d'Aide aux Organisations de Base
|
FONADER
|
:
|
Fond National de Développement Rural
|
GIC
|
:
|
Groupement d'Intérêt Commun
|
HEVECAM
|
:
|
Hévéa du Cameroun
|
IAS
|
:
|
Ingénieur d'Application de la Statistique
|
ICRAF
|
:
|
International Center for Research in Agroforestry
|
IITA
|
:
|
International Institut of Tropical Agriculture
|
IPPTE
|
:
|
Initiative Pays Pauvre Très Endettés
|
IRA
|
:
|
Institut de Recherche Agronomique
|
IRAD
|
:
|
Institut de Recherche Agricole pour le Développement
|
IRD
|
:
|
Institut de Recherche pour le Développement
|
IRZ
|
:
|
Institut de Recherche Zootechnique
|
ISSEA
|
:
|
Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie
Appliquée
|
M
|
:
|
Mutuelles Communautaires de Croissance
|
MIDENO
|
:
|
Mission de Développement du Nord-Ouest
|
MIDEVIV
|
:
|
Mission de Développement des cultures Vivrières et
maraîchères
|
MINADER
|
:
|
Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural
|
MINCOMMERCE
|
:
|
Ministère du Commerce
|
MINEPIA
|
:
|
Ministère de l'Élevage, des Pêches et des
Industries Animales
|
MINRESI
|
:
|
Ministère de la Recherche Scientifique et de
l'Innovation
|
MINREST
|
:
|
Ministère de la Recherche Scientifique et Technique
|
NPA
|
:
|
Nouvelle Politique Agricole
|
OCB
|
:
|
Organisation Camerounaise de la Banane
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération et de Développement
Économiques
|
OMC
|
:
|
Organisation Mondiale du Commerce
|
ONAREF
|
:
|
Office National de Régénération des
Forêts
|
ONCC
|
:
|
Office National du Cacao et du Café
|
ONCPB
|
:
|
Office National de Commercialisation des Produits de Base
|
ONDAPB
|
:
|
Office National de Développement de l'Aviculture et du
Petit Bétail
|
ONPD
|
:
|
Office National de Participation au Développement
|
PADC
|
:
|
Programme d'Appui au Développement Communautaire
|
PAS
|
:
|
Programmes d'Ajustement Structurel
|
PGE
|
:
|
Programme Général des Échanges
|
PIB
|
:
|
Produit Intérieur Brut
|
PME
|
:
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
PMI
|
:
|
Petite et Moyenne Industrie
|
PNB
|
:
|
Produit National Brut
|
PNDP
|
:
|
Programme National de Développement Participatif
|
PNE
|
:
|
Programme National des Engrais
|
PNVA
|
:
|
Programme National de Vulgarisation Agricole
|
PNVRA
|
:
|
Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole
|
PRASAC
|
:
|
Pôle Régional de Recherche Appliquée au
développement des Savanes d'Afrique Centrale
|
RDM
|
:
|
Rapport sur le Développement dans le Monde
|
RQ
|
:
|
restriction quantitative
|
SEMRY
|
:
|
Société d'Expansion de Modernisation de la
Riziculture de Yagoua
|
SNRA
|
:
|
Système National de Recherche Agricole
|
SOCAPALM
|
:
|
Société Camerounaise des Palmeraies
|
SODEBLE
|
:
|
Société de Développement du Blé
|
SODECOTON
|
:
|
Société de Développement du Coton
|
SODENKAM
|
:
|
Société de Développement agro-industrielle
du Nkam
|
TVA
|
:
|
Taxe sur la Valeur Ajoutée
|
UE
|
:
|
Union Européenne
|
UNDVA
|
:
|
Upper Noun Valley Development Authority
|
VAR
|
:
|
Vectoriel AutoRégressif
|
VECM
|
:
|
Vectorial Error Correction Model
|
WADA
|
:
|
Wum Area Development Authority
|
WDI
|
:
|
World Development Indicators
|
ZAPI
|
:
|
Zones d'Action prioritaires Intégrées
|
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau 1 : liste des sociétés
de développement par filière de production pendant la phase de
planification
26
Tableau 2: coût financier des structures
parapubliques du secteur agricole au cours de l'exercice budgétaire
1988/1989. (Résultats annuels en millions de FCFA)
28
Tableau 3: Différence entre prix au
producteur et prix FOB pour le cacao (en F CFA/kg)
30
Tableau 4: Situation des prêts du projet
FIMAC en 2001
36
Tableau 5: Évolution de la part de
l'agriculture dans le PIB au Cameroun
48
Tableau 6: Part de l'agriculture dans le PIB de
quelques pays développés et émergents (%)
49
Tableau 7: Contribution de l'agriculture à
la croissance du PIB
50
Tableau 8: Évolution de la part de la
superficie utilisée pour l'agriculture au Cameroun
50
Tableau 9: Importation d'engrais au Cameroun
51
Tableau 10: Description des données
59
Tableau 11: coefficients de la dynamique de court
terme
69
LISTE
DES FIGURES ET GRAPHIQUES
Figure 1: Évolution des exportations de
cacao au Cameroun
43
Figure 2: Évolution des exportations de
café au Cameroun
44
Figure 3: Évolution des exportations de
coton au Cameroun
44
Figure 4: Évolution de la production de
manioc au Cameroun
45
Figure 5: Évolution de la production de
maïs au Cameroun
46
Figure 6: Évolution de la production de riz
paddy
46
Figure 7: Évolution de la production de
volaille au Cameroun
47
Figure 8: Évolution de la production de
bovins au Cameroun
47
Figure 9: Évolution du taux de croissance du
PIB réel par tête au Cameroun
55
Figure 10: Évolution du taux de croissance
du PIB réel agricole au Cameroun
56
Figure 11: Évolution du taux de croissance
du PIB réel de l'industrie au Cameroun
57
Figure 12: Évolution du taux de croissance
du PIB réel des services au Cameroun
58
Figure 13: Graphe de causalité entre les
secteurs d'activité au Cameroun
70
LISTE
DES ENCADRÉS
Encadré 1: Définition de la
stationnarité
60
Encadré 2 : Principe des tests ADF
61
Encadré 3 : Principes des tests de
co-intégration
63
Encadré 4 : Détermination du nombre
de retards du VAR à l'aide des critères d'information
64
RÉSUMÉ
L'importance de l'agriculture dans l'amorçage du
développement économique est unanimement admise par les
économistes du développement. Pour les pionniers de ce courant de
pensée, le secteur agricole est un secteur en amont des autres secteurs
d'activité ; il leur fournit les ressources nécessaires
à leur développement. Le secteur agricole est un pourvoyeur de
produits alimentaires pour les travailleurs des autres secteurs, de
matières premières pour les industries et de devises
étrangères pour le pays. De plus, le surplus de main d'oeuvre du
secteur agricole peut être transféré au secteur non
agricole avec une hausse de salaire dans les deux secteurs.
L'activité agricole tient ainsi une place centrale dans
les premières phases du développement d'un pays. Elle est
restée au centre des préoccupations des gouvernements camerounais
depuis l'indépendance du pays en 1960, des mesures spéciales y
ont toujours été appliquées. Ce secteur a connu des
mutations. D'abord administrée par l'État avant 1987, la
politique agricole a été libéralisée à
partir de 1990, suite à la crise économique et l'application des
Programmes d'ajustement structurel qui s'en sont suivis. Ce changement a eu des
effets sur la production des différentes cultures et plus
généralement sur les caractéristiques
macroéconomiques du secteur agricole camerounais. Une mesure de l'impact
de l'agriculture sur la croissance économique au Cameroun s'est faite
à l'aide de la co-intégration et les tests de causalité au
sens de Granger. Sur des données allant de 1966 à 2005, il existe
une relation de long terme entre le taux de croissance du PIB réel par
tête, les taux de croissance des PIB réels agricole, industriel et
des services. Dans cette relation de long terme, le taux de croissance du PIB
réel agricole entre avec un coefficient négatif et significatif.
Concernant la causalité, la croissance du secteur agricole n'a pas
causé celle des autres secteurs sur la période 1966-2005.
INTRODUCTION
Contexte et problématique
Après son indépendance obtenue en 1960, le
Cameroun, comme bon nombre de pays africains, s'est spécialisé
dans les produits primaires notamment les produits agricoles. Ces produits
étaient destinés en partie à l'exportation principalement
vers l'Europe. Cette spécialisation entre en droite ligne avec d'une
part, les théories du développement, selon lesquelles un pays,
dans les premières phases de son développement, amorce celui-ci
dans les activités du secteur primaire, et d'autre part, la
théorie de l'avantage comparatif. Les devises obtenues devaient
permettre de financer les investissements pour mettre en place le tissu
industriel, plus apte à créer les conditions véritables
d'un développement économique.
Le Cameroun est un pays de l'Afrique centrale. Il
présente de nombreuses diversités qui lui ont fait valoir le
qualificatif d'Afrique en miniature. Ces diversités se retrouvent tant
sur le plan géographique que social. Le pays est doté
d'énormes potentialités naturelles. Sur le plan climatique,
quatre grands domaines climatiques sont observés1(*) :
· le climat de type Guinéen. Il règne sur
une partie de la côte et sur le plateau Sud-camerounais. Il est
caractérisé par quatre saisons : une grande saison de pluie,
une grande saison sèche, une petite saison sèche et une petite
saison de pluie ;
· le climat de type Camerounien qui règne au
voisinage du Mont Cameroun et s'étend jusqu'à l'embouchure de la
Sanaga englobant les hauts plateaux de l'ouest. Il se caractérise par
une surabondance des pluies qui tombent en une seule saison annuelle de 9
mois ;
· climat tropical soudanien avec des températures
élevées et des pluies peu abondantes. Il compte deux
saisons : une pluvieuse de 7 mois environ (très torride de mai
à juin et entre juillet à octobre, très fraîche et
humide) et une sèche de 5 mois (fraîche de novembre à
janvier). On le retrouve dans la province de l'Adamaoua ;
· climat tropical sahélien :
températures élevés, pluies irrégulières. Il
compte également deux saisons : une sèche de décembre
à janvier et une pluvieuse. Ce climat se retrouve dans les provinces du
Nord et de l'Extrême-nord.
La diversité du climat est un facteur explicatif
important de la diversité des cultures agricoles au Cameroun.
Contrairement à d'autres pays d'Afrique dépendant des produits de
base, le Cameroun présente un système de production agricole
très diversifié. Il se démarque par exemple du Burkina
Faso ou du Mali qui dépendent fortement de la production de coton. Cette
diversité du climat permet également à l'agriculture
camerounaise de produire à toutes les saisons de l'année.
Depuis l'indépendance, les autorités
camerounaises ont toujours fait du développement agricole une condition
du développement économique. Avant la crise économique de
1987, l'État intervenait de façon directe dans le
déroulement de l'activité agricole. Malgré la crise
économique et les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) qui s'en sont
suivis, l'État a confirmé l'importance placée dans le
secteur agricole comme moteur de la croissance. Cette importance a
été réaffirmée tout récemment lors de la
visite le 9 mars 2009 au Cameroun du secrétaire d'État
français chargé de la Coopération et de la
Francophonie.
L'agriculture tient ainsi une place particulière dans
l'économie camerounaise. Sa contribution à la formation du
Produit Intérieur Brut (PIB) a toujours été
supérieure à 20 %2(*) et est même de l'ordre de 40 % depuis la
dévaluation du F CFA en 1994. Sa contribution à l'emploi de la
main d'oeuvre reste supérieure à 40 %. La Banque Mondiale (BM)
l'estimait à 60 % en 1990. De plus, elle reste l'activité majeure
en milieu rural, milieu dans lequel la population était estimée
en 2000 à 56 % de la population totale par la FAO.
Cette place particulière de l'agriculture dans
l'économie camerounaise justifie l'intérêt qui a
été porté au thème Agriculture et
croissance économique au Cameroun. Ce thème pose le
problème du rôle de l'agriculture dans l'économie
camerounaise. Il nous amène à la question de savoir quel est
l'impact du secteur agricole sur la croissance économique au Cameroun.
En effet, entre 1960 et 1987, un modèle de planification a
été appliqué au sein de l'économie en
général et dans le secteur agricole en particulier qui en
était au centre. Quels peuvent avoir été les effets sur la
croissance économique et celle des autres secteurs, d'un tel ciblage de
l'activité économique sur le secteur agricole ? Ou encore,
le secteur industriel et le secteur des services ont-ils été
positivement influencés par le développement du secteur
agricole ? L'agriculture a-t-elle influencée la croissance
économique au Cameroun ? Si oui, à quel niveau peut-on
situer cette influence ?
Objectifs
Objectif principal
L'objectif principal de cette étude est de
déterminer l'impact du secteur agricole sur la croissance
économique au Cameroun. Cet objectif sera atteint à travers
certains objectifs spécifiques.
Objectifs spécifiques
· quantifier le lien qui existe entre l'agriculture et le
reste de l'économie ;
· déterminer la contribution de l'agriculture
à la croissance du PIB ;
· déterminer le sens de la causalité entre
le secteur agricole et les autres secteurs d'activité ;
· déterminer l'effet de l'application des
politiques agricoles sur la production agricole ;
· caractériser le secteur agricole camerounais.
Hypothèses de recherche
Hypothèse 1 : la croissance
économique n'a pas été influencée l'agriculture au
Cameroun.
Hypothèse 2 : le
développement du secteur agricole n'a pas causé le
développement des autres secteurs notamment le secteur industriel et le
secteurs des services.
Approche méthodologique
Concernant l'approche méthodologique utilisée
pour mesurer l'impact de l'agriculture sur la croissance économique, une
approche traditionnelle était d'estimer une relation entre les
performances de l'économie entière et celles du secteur agricole.
Le secteur agricole était considéré comme exogène.
Il s'agissait d'évaluer l'effet de son développement sur les
autres secteurs de l'économie considérés comme
endogènes. Mais il existe des possibilités d'interactions
bidirectionnelles entre les secteurs de l'économie, et en plus,
l'exogénéité de l'agriculture doit d'abord être
établie comme le suggère KANWAR (2000).
Afin de s'affranchir des problèmes de régression
fallacieuse sur données temporelles, les résultats récents
sur l'économétrie des séries chronologiques ont
été exploités. Notamment l'utilisation des modèles
Vectoriel AutoRégressif (VAR) et les propriétés de
co-intégration. Ces nouvelles méthodes ont été
largement utilisées dans les évaluations récentes de
l'impact de l'agriculture sur la croissance économique de plusieurs
pays. YAO (2000) a démontré la contribution de l'agriculture dans
l'économie chinoise en utilisant des méthodes de
co-intégration. Il est arrivé à deux conclusions :
l'agriculture a entraîné la croissance des autres secteurs, et la
croissance du secteur non agricole n'a pas d'effet sur le secteur agricole.
KATIRCIOGLU(2006) a étudié la relation entre la production
agricole et la croissance économique dans la partie nord de Chypre. En
utilisant la co-intégration sur des données allant de 1975
à 2002, il recherchait le sens de la causalité selon Granger
entre la croissance du secteur agricole et la croissance économique
générale. Les variables qu'il emploie sont les taux de croissance
du PIB réel et du PIB réel agricole. Une deuxième
étude du même auteur3(*) recherche la co-intégration et les relations
causales entre les différents secteurs d'activité de Chypre du
nord. L'auteur utilise les valeurs en logarithme du PIB réel, du PIB
réel agricole, du PIB réel industriel et du PIB réel des
services. L'agriculture reste encore l'épine dorsale de
l'économie de ce pays, elle a une relation d'équilibre de long
terme avec la croissance économique et donne la direction du
développement de l'industrie.
L'évaluation de l'impact du secteur agricole sur la
croissance économique au Cameroun se fera par la co-intégration
et l'estimation d'un modèle vectoriel à correction d'erreur
(VECM : Vectorial Error Correction Model). Les variables utilisées
sont : le taux de croissance du PIB réel par habitant, le taux de
croissance du PIB réel agricole, le taux de croissance du PIB
réel de l'industrie, le taux de croissance du PIB réel des
services. La mise en oeuvre du modèle est la suivante :
· détermination de l'ordre d'intégration
des séries à l'aide des tests de Dickey-Fuller Augmentés
(ADF : Augmented Dickey-Fuller) ;
· détermination du nombre de retards du
modèle VAR à niveau à l'aide des critères
d'information;
· test de co-intégration (séries non
stationnaires intégrées au même ordre) ;
· estimation du VECM (la co-intégration est
significative) ;
· analyse des résultats du VECM : validation
des hypothèses, tests de causalité, fonctions de réponse
impulsionnelle, décomposition de la variance.
Organisation du travail
Afin d'étudier l'impact de l'agriculture sur la
croissance économique au Cameroun, il est nécessaire de
présenter les fondements théoriques qui sous-tendent le
rôle que l'agriculture est censé jouer dans une économie,
particulièrement dans les premières phases de son
développement. Le chapitre 1 propose une revue des théories
développées dès 1950 par les économistes du
développement. Dans le chapitre 2, la situation du secteur agricole
camerounais sera présentée. Il s'agit de l'évolution des
différentes politiques agricoles mises en oeuvre depuis 1960, des
acteurs du secteur agricole et leurs rôles respectifs. Le chapitre 3 a
pour objet de montrer, à partir des faits stylisés, les effets
des différentes politiques agricoles sur la production, la contribution
du secteur à la formation du PIB et en terme d'emploi. La
méthodologie économétrique utilisée et les
résultats qui en sont issus sont présentés au chapitre 4.
Des recommandations sont enfin formulées à partir de ces
résultats.
PARTIE
I : FONDEMENTS THÉORIQUES ET PRÉSENTATION DU SECTEUR
AGRICOLE CAMEROUNAIS
CHAPITRE I : FONDEMENTS THÉORIQUES DU RÔLE
DE L'AGRICULTURE SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Il existe une certaine unanimité au sein des
économistes sur l'importance du secteur agricole dans une
économie en développement. De la pensée des physiocrates
jusqu'aux écrits des auteurs contemporains, le secteur agricole demeure
un pilier important sur lequel doit s'appuyer tout décollage de
l'économie. Les historiens font d'ailleurs remarquer que dans de
nombreux pays dits développés d'aujourd'hui, la révolution
agraire a été un préalable à la révolution
industrielle. Cette vision justifie la place centrale qu'occupe l'agriculture
dans la théorie du développement. De nombreux auteurs de ce
courant de pensée tels LEWIS (1955), HIRSCHMAN (1958), FEI et RANIS
(1964), ou encore MELLOR (1966) y ont consacré des écrits
importants. Et même en cette période du 21e
siècle, la mise en oeuvre de politiques agricoles efficaces par la FAO
demeure une condition nécessaire à l'éradication de la
faim et la réduction des inégalités dans les pays du
monde.
L'analyse de l'impact du secteur agricole sur la croissance et
le développement économique se fait suivant plusieurs points de
vue dans la littérature économique. Les premiers auteurs de la
théorie du développement lui assignaient un rôle "passif"
dans l'économie. LEWIS (1955), HIRSCHMAN (1958), RANIS et FEI (1964)
pour ne citer que ceux-là, le situent en amont des activités des
autres secteurs de l'économie qui impulsent réellement le
développement. L'agriculture doit fournir au reste de l'économie
les ressources dont il a besoin pour son fonctionnement. La part du secteur
agricole est ainsi vouée à la décroissance au fur et
à mesure que l'économie croît. Mais, La notion d'une
agriculture au service du développement du reste de l'économie,
réservoir de main d'oeuvre et de capital à exploiter, recule de
plus en plus devant celle qu'il faut s'engager dans la voie du
développement agricole pour lui-même et que l'agriculture peut
parfois s'avérer un secteur en tête de l'économie, surtout
en période d'ajustement économique4(*). Un développement du secteur agricole en tant
que secteur d'activité dans l'économie est également un
gage d'atteinte d'un niveau de développement économique. La
coexistence des secteurs urbain et rural ne transparaît plus comme une
aberration en ce sens qu'un développement du secteur agricole
permettrait de voir des améliorations de niveau de vie dans le monde
rural. Avant d'exposer plus en détail ces différentes approches
de l'impact de l'agriculture sur la croissance de l'économie, il est
opportun de définir ces concepts.
1.1 Définition des concepts
1.1.1 Agriculture
L'agriculture dans son acception large désigne
l' « ensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la
production des végétaux et des animaux utiles à
l'homme »5(*). En
plus donc de la culture des végétaux, sont également pris
en compte les activités d'élevage, de pêche et de chasse.
Du point de vue économique, l'agriculture
représente un secteur d'activité, une activité
génératrice de revenu à partir de l'exploitation des
terres, de la culture des animaux, etc. À ce titre, elle contribue
à la formation du revenu national et emploie de la main d'oeuvre. Les
principes d'économie politique peuvent donc s'appliquer à
l'agriculture afin de comprendre les différents mécanismes qui
concourent à son fonctionnement en tant qu'activité
économique. Il s'agit des mécanismes de production, de
maximisation du profit, de formation des prix, d'écoulement du produit,
etc. C'est un secteur d'activité doté d'un caractère
spécifique pour l'économie d'un pays ; il répond au
besoin le plus important de l'être humain : l'alimentation.
L'activité agricole est dotée de nombreuses
spécificités dont il faut tenir compte pour comprendre son
fonctionnement :
· La Terre.
La Terre joue un rôle particulier dans l'activité
agricole. Les techniques agricoles exigent d'être
développées sur des grandes étendues de Terre, les
superficies des exploitations agricoles se mesurent souvent en hectares.
Comparativement à l'activité industrielle, la Terre est un
facteur de production important pour la pratique de l'activité agricole.
Par ailleurs, l'abondance ou non des Terres peut justifier le système de
production pratiqué. Ainsi, dans les zones où le facteur Terre
est limitant, l'activité agricole sera plus intense en capital ou en
travail. Contrairement aux zones dans lesquelles ce facteur est abondant
où l'activité sera extensive.
· Les conditions naturelles et les
saisons
La dépendance de l'agriculture vis-à-vis des
conditions naturelles et des saisons est très marquée. Elle l'est
davantage dans les pays en développement où la maîtrise des
techniques sophistiquées n'est pas encore un acquis. Cette
dépendance entraîne certaines conséquences : la
saisonnalité de l'emploi des facteurs et le risque. La
saisonnalité des facteurs, même si elle n'est pas
spécifique à l'agriculture impose à la fonction de
production agricole des caractéristiques particulières. On parle
par exemple de tomates pluviales, de tomates irriguées. Quant au risque,
aucune activité économique n'y échappe. En agriculture, au
risque classique qui provient de l'incertitude quant au prix auquel une
marchandise sera vendue, s'ajoute une incertitude sur la quantité de
produits obtenus avec des moyens de production et une technique de production
donnée. Un orage peut par exemple ravager l'ensemble des
résultats, une pluviométrie peu abondante peut entraver le
développement normal des plantes, une épidémie peut
détruire la production d'un élevage.
· La rigidité de la demande
Concernant la demande des produits alimentaires, elle est peu
sensible aux prix (loi de KING) et au revenu (loi de ENGEL). Mais, il faut tout
de même faire la distinction entre produit alimentaire et produit
agricole. Tout produit alimentaire n'est pas agricole et tous les produits
agricoles ne sont pas alimentaires. Cependant, il apparaît que la
rigidité de la demande alimentaire se transmet pour l'essentiel à
la demande des produits agricoles. Cette situation a pour effet une difficile
intégration de l'agriculture dans une économie en croissance.
1.1.2 Croissance économique
Lorsqu'on parle de croissance dans le sens courant, on entend
par là un accroissement, une augmentation. La croissance traduit le fait
d'apporter à ce qui existe une valeur supplémentaire.
En économie, la croissance désigne
l'augmentation du stock de richesse nationale sur une longue période. Le
lexique d'économie6(*) en fournit une définition plus quantitative. Il
la définit comme une augmentation sur une longue période du
Produit National Brut (PNB) par tête. L'idée de longue
période permet de faire ressortir la caractéristique
évolutive de la croissance, ce qui la distingue de l'expansion dans ce
sens. La croissance est ainsi une notion quantitative qui se distingue du
développement à résonance plus qualitative.
La question de la croissance économique est une
préoccupation pour tous les gouvernements du monde moderne. Elle est
nécessaire pour faire face à la croissance de la population ainsi
qu'à la croissance des besoins de cette population. Elle est un
préalable à tout développement économique, et les
politiques économiques en font un de leurs objectifs précis.
B. GUERRIEN (2002) note que le problème de la
croissance est clairement apparu dans la pensée économique chez
les classiques, à commencer par A. SMITH. Jusqu'alors, l'économie
se souciait plus de la survie de la population face aux fléaux
(sécheresse, famine, épidémie, etc.). Il s'agissait d'une
« reproduction simple » du système. Cette vision
restrictive ne reflète pas exactement la réalité ;
mais elle permet tout de même de comprendre que la croissance bien
qu'étant en quelque sorte présente, n'était pas
explicitement une préoccupation pour les économistes d'alors.
Avec les classiques, l'idée de surplus se fait plus formelle. Il
apparaît plus clairement qu'à chaque période, un
excédent peut être dégagé et réinvesti pour
accroître davantage la production grâce à la division du
travail et le progrès technique.
Par la suite, de nombreuses théories économiques
seront développées sur la croissance économique.
L'économiste britannique R. HARROD et l'économiste
américain E. DOMAR ont développé le célèbre
modèle Harrod-Domar. Les deux principales notions sont le capital et
l'épargne. Le capital est le déterminant principal de la
croissance, l'épargne a pour rôle d'induire l'investissement. Dans
les modèles de croissance endogène, en plus du capital physique,
les auteurs de cette théorie reconnaîtront l'importance d'un
capital immatériel dans la génération de la croissance
économique.
La notion de croissance économique est ainsi devenue
une préoccupation pour les économies car au-delà de la
satisfaction des besoins de la population, l'objectif de l'économie est
aussi de connaître la phase de croissance et de développement
économique. Au Cameroun, un taux de croissance à deux chiffres
reste une condition nécessaire à un développement
économique.
L'agriculture, en tant que secteur d'activité de
l'économie peut contribuer à la croissance de celle-ci. Dans la
théorie économique, la contribution de l'agriculture à la
croissance économique se fait selon plusieurs points de vue. Le
caractère "primaire" des activités agricoles en fait souvent un
secteur en amont des autres. Il est donc un secteur d'activité au
service des autres secteurs dans le processus du développement. Mais
au-delà de ce rôle de secteur en amont du développement,
d'autres auteurs estiment que le développement du secteur agricole pour
lui-même offre aussi des gages d'un véritable
développement. Les sections suivantes ont pour objet d'exposer ces
différentes approches.
1.2 Agriculture au service du reste de l'économie
L'élément central des modèles de
développement expliquant le rôle de l'agriculture sur la
croissance est la notion de surplus, généré dans le
secteur agricole. À cet effet, les physiocrates reconnaissaient que
l'importance d'un surplus agricole était essentiel pour la bonne
santé des finances publiques et le niveau de l'activité
économique.
Trois préoccupations majeures ressortent de la
littérature sur le rôle de l'agriculture dans la croissance et le
développement économique7(*) :
· les déterminants de la génération
d'un surplus dans le secteur agricole à travers des gains de
productivité dus à l'investissement et aux innovations ;
· les différents mécanismes de transfert de
ce surplus ;
· l'utilisation de ce surplus pour réaliser le
développement industriel via les investissements publics, lorsque ce
surplus est transféré par les taxes.
Avant 1950, de nombreux auteurs affirmaient que la croissance
du secteur agricole a précédé ou peut être
causé la révolution industrielle. En 1767, à l'aube de la
révolution industrielle, J. S. MILL affirmait que la productivité
de l'agriculteur limite la taille du secteur industriel. Les historiens de la
révolution industrielle ont noté la récurrence d'une
certaine logique par laquelle la révolution agricole a
précédé la révolution industrielle par un
décalage de cinquante à soixante années.
Mais à partir de 1950, les économistes
considéraient de plus en plus le secteur agricole comme un secteur
retardé dans l'économie, générateur d'un surplus de
main d'oeuvre tel que l'a formalisé LEWIS (1955). L'intérêt
était porté sur la croissance résultant dans le secteur
non agricole. Le secteur agricole devait fournir à ce dernier les
éléments nécessaires à son expansion.
En s'inscrivant dans cette logique, l'économiste
KUZNETS (1964) distingue quatre voies par lesquelles l'agriculture concourt au
développement économique8(*) :
· Les produits
Le secteur agricole fournit la nourriture permettant
d'alimenter les travailleurs des autres secteurs. Il fournit également
à l'industrie les matières premières. Un secteur agricole
productif fournira des produits bon marché, d'où une
amélioration du niveau de rémunération réel et donc
une possibilité d'accumulation pour les autres secteurs. De plus,
l'augmentation de la production agricole a un effet sur la croissance du
Produit Intérieur Brut (PIB).
· Le marché
Le secteur agricole peut constituer une demande de biens
industriels et de services. Une amélioration de la productivité
dans ce secteur devrait permettre l'amélioration des revenus du monde
paysan et par conséquent l'accroissement de leur consommation. Le
secteur agricole peut ainsi faciliter l'émergence de nouvelles
débouchées pour les industries.
· Les devises
L'exportation de produits agricoles est une source de devises
pour l'économie. Dans un contexte où l'activité agricole
est importante, ces devises peuvent servir à l'importation des machines
et matières premières dont a besoin l'industrie pour se
développer. D'un autre côté, l'agriculture peut permettre
l'économie de devises en produisant des denrées qui
étaient autrefois importées.
· Facteurs de production
L'agriculture fournit aux autres secteurs le surplus de main
d'oeuvre dont elle dispose.
Ces analyses de KUZNETS se retrouvent dans différents
travaux des économistes du développement d'alors. L'accent
était mis sur le développement industriel, car lui seul
était à même de fournir des conditions d'un
véritable développement économique. Cette fascination pour
la modernisation leur a fait avoir une « doctrine de primauté
de l'industrialisation sur le développement agricole, qui a sapé
du même coup les possibilités de contribution de l'agriculture au
développement global »9(*). A. KRUEGER10(*) a résumé ces premières
théories du développement comme composées de plusieurs
fils directeurs :
· le désir et la volonté de
«modernisation»;
· l'interprétation de l'industrialisation comme
la voie de la modernisation;
· la conviction qu'une politique de «substitution
des importations» était nécessaire à la protection
des industries «naissantes»;
· la méfiance à l'égard du secteur
privé et du marché et la conviction que le gouvernement, en sa
qualité de tuteur paternaliste et bienveillant, devrait prendre la
direction du développement;
· la méfiance vis-à-vis de
l'économie internationale et le manque de confiance dans les
possibilités de développement des exportations des pays en
développement.
Nous présentons ci-dessous en détail les
implications d'un développement du secteur agricole sur des pans
particuliers de la réalité économique selon les
économistes du développement de la première
génération.
1.2.1 Agriculture, offre de produits alimentaires et
croissance de la population
L'agriculture subvient au besoin le plus important de
l'homme : l'alimentation. En effet, bien que tous les produits
alimentaires ne soient pas agricoles, il existe tout de même un lien
très étroit entre produits alimentaires et produits agricoles.
La ration alimentaire d'un individu est un indicateur direct
de son bien être, et elle peut expliquer de façon indirecte ses
aptitudes et capacités au travail. La théorie du capital humain
développée entre autres par SCHULTZ et BECKER présente la
composante santé de l'individu comme un élément
contribuant à augmenter sa productivité. Cet état de
santé est largement tributaire de nombreux éléments dont
la qualité des aliments consommés par l'individu. MELLOR (1970)
note l'effet que peut avoir une situation de malnutrition sur la
productivité des travailleurs. La malnutrition qu'il faut distinguer de
la faim entraîne des déficiences, ce qui élève le
taux de morbidité et diminue la résistance aux parasites.
Une offre de produits alimentaires en qualité et en
quantité en provenance du secteur agricole, couplé de politiques
de redistribution, augmente les chances d'avoir des travailleurs en bon
état de santé et donc plus productifs. Certes, l'offre de
produits alimentaires peut provenir des importations, sans que le secteur
agricole n'y contribue énormément. Mais dans les
premières phases du développement, les économies manquent
d'assez de ressources financières ; le secteur agricole doit ainsi
produire abondamment pour permettre l'économie de devises qui pourraient
être affectées à d'autres investissements. De plus, GILLIS
M. et autres11(*)
soulignent l'importance que pourrait recouvrir la notion d'autosuffisance
alimentaire pour une économie. Ils attirent l'attention sur le danger
pour la santé économique, que représente la
dépendance à l'égard des importations alimentaires.
L'alimentation tend de plus en plus à devenir un bien
stratégique, quasiment du même ordre que l'armement. Ainsi, un
pays dépendant des autres pour sa nourriture pourrait subir des
pressions de différents ordres par ces derniers. De plus, la croissance
démographique faisant fondre les excédents alimentaires mondiaux,
les pays fortement importateurs des produits alimentaires feraient par
conséquent face à des prix élevés pour satisfaire
leur demande. Et plus récemment, avec le développement des
biocarburants, de vastes superficies cultivables sont utilisées à
cet effet, au détriment des produits agricoles destinés à
la consommation alimentaire. Dans le même ordre d'idées,
l'explosion des classes moyennes dans les économies chinoises et
indiennes s'est faite avec une augmentation de la demande alimentaire en terme
qualitatif. Le besoin de consommer de la viande et des produits
dérivés est allé croissant. Pour des pays d'Asie de l'est
à l'exemple de la Thaïlande, grand producteur de riz, il devenait
plus rentable de cultiver pour nourrir le bétail. La hausse des prix du
riz dans les pays d'Afrique subsaharienne, importateurs nets de ce produit, et
plus généralement la crise alimentaire sont des
conséquences de ce changement de conjoncture mondiale.
Une augmentation de l'offre de produits alimentaires est aussi
nécessaire pour faire face à la croissance démographique.
L'accroissement de la population est sans aucun doute le mieux connu de tous
les problèmes du développement économique12(*). Il constitue l'argument le
plus souvent avancé en faveur de l'augmentation de la production
agricole. En plus de l'accroissement de la population en terme quantitatif, un
accroissement des besoins de la population est souvent observé au fur et
à mesure que s'installe le développement économique. Les
besoins alimentaires vont croissants. La production se doit d'évoluer
à un rythme au moins égal. À défaut, des risques de
survenance d'une crise alimentaire se font plus grands. L'offre de produits
alimentaires émanant du secteur agricole a ainsi un rôle pour
contribuer à assurer la sécurité alimentaire.
1.2.2 Agriculture et réserves de changes
Tout comme KUZNETS ou encore MELLOR, de nombreux
économistes du développement s'accordent sur l'effet positif que
peut avoir le secteur agricole sur la détention de devises
étrangères. Si l'on considère les cinq étapes du
développement présentées par ROSTOW13(*), à savoir :
· la société traditionnelle ;
· mise en place des conditions préalables au
décollage ;
· décollage ;
· marche vers la maturité ;
· ère de la consommation de masse.
Lorsque les premières étapes du
développement sont franchies, il devient opportun de disposer des biens
de capital nécessaires à une industrialisation en rapide
expansion. De même, la demande en biens de consommation importés,
de meilleure qualité se fait plus importante. Comme le souligne MELLOR
(1970)14(*), l'effet
conjoint de ces types de besoins exerce une pression sur la demande de devises
étrangères.
L'agriculture peut contribuer de façon importante aux
recettes nettes en devises étrangères. D'une part en se
substituant aux importations présentes et potentielles, et d'autre part
en produisant plus pour l'exportation. MELLOR (1970)15(*) en offre un exposé plus
détaillé de cette contribution. D'après lui, la
réduction des importations peut prendre deux formes :
· substitution des produits agricoles importés par
des produits nationaux. Cela nécessite tout de même que cette
production agricole soit plus rentable que les importations ;
· réduction des importations non agricoles, ceci
consécutivement à une modification des structures de consommation
au profit des produits alimentaires nationaux.
Concernant les exportations agricoles, sauf dans le cas des
pays riches en ressources naturelles (pétrole, minerais, etc.), elles
constituent l'essentiel des exportations lors des premières phases de
développement. Il est donc bénéfique de se
spécialiser dans la production de produits spécifiques
destinés à l'exportation. Les ressources doivent être
affectées au produit qui assurera aux investissements les rendements les
plus élevés comparativement à d'autres utilisations
possibles des ressources. Cette spécialisation en un produit agricole
peut avoir des avantages tels que présentés par MELLOR (1970).
Notamment l'évolution de la maîtrise technique qui accompagne
généralement toute spécialisation. Toutefois, une telle
spécialisation peut avoir des conséquences à long terme
particulièrement la détérioration des termes de
l'échange. Malgré cet inconvénient, l'histoire
présente des exemples de pays qui ont su bénéficier des
mouvements à la hausse de certains produits de base pour réaliser
des investissements dans l'industrie.
1.2.3 Agriculture et formation du capital
Dans les premières phases du développement
économique, les besoins en capital sont immenses pour le pays. Il y a
nécessité de capitaux pour la création directe d'emplois
non agricoles par la construction d'usines et par l'acquisition de machines.
Le capital nécessaire au développement
économique provient généralement de trois sources :
l'aide étrangère, les investissements étrangers et
l'épargne nationale. Les deux premières sources ont l'avantage
d'apporter des capitaux importants sans peser sur la consommation
intérieure. Mais dans le cas particulier de l'aide, elle peut être
assortie de restrictions politiques et économiques
désavantageuses mettant en mal l'indépendance du pays.
L'investissement étranger quant à lui nécessite, pour une
grande efficacité, le développement au préalable des
infrastructures (routes, communication, énergie)16(*).
Un pays à faible revenu décidant de ne pas
recevoir ou de moins solliciter l'aide étrangère devra ainsi
faire appel à ses ressources propres notamment son secteur agricole qui
est prépondérant. CHENERY et SYRQUIN (1975) ont souligné
que l'agriculture devrait être source de transferts de capital et de main
d'oeuvre vers les zones urbaines pour encourager le développement
général de l'économie.
De nombreux mécanismes existent pour faire passer les
ressources créées dans le secteur agricole vers le secteur
industriel. MELLOR (1970) distingue quatre formes par lesquelles l'agriculture
peut contribuer à la formation du capital : taxation des
bénéfices agricoles, modification des termes de l'échange,
compression des investissements dans l'agriculture, marché rural des
biens industriels.
1.2.3.1 Taxation des
bénéfices agricoles
La taxation du secteur agricole est par exemple un moyen de
transférer le surplus financier du secteur agricole vers l'industrie.
L'exemple du Japon est souvent présenté à cet effet. Pays
à revenu faible et à population très dense au
19e siècle, le Japon a su axer son développement sur
le secteur agricole. Le gouvernement a joué un rôle actif dans
l'investissement consacré à l'infrastructure et aux industries.
À la fin du 19e et au début du 20e
siècle, c'est le gouvernement qui a fourni le tiers ou la moitié
environ des investissements totaux dans le pays17(*). Pendant ce temps, les recettes fiscales provenaient
de 50 à 80 % du secteur agricole. La part de l'agriculture dans les
revenus fiscaux de l'état entre 1888-1892 était de 80% et elle
était encore de 40% en 1918-1922. Ces ressources ont été
très importantes pour financer les investissements publics et les
services de base comme l'éducation et la recherche. La mise en place de
cette structure fiscale a été centrale. Elle a permis d'extraire
une part du surplus de l'agriculture pour financer l'industrialisation.
1.2.3.2 Modification
des termes de l'échange
Une augmentation de la production agricole peut
entraîner une baisse des prix. Cette baisse des prix a pour effet une
amélioration du salaire réel dans le secteur non agricole de
telle sorte que le salaire nominal peut y diminuer sans pour autant affecter le
niveau de vie. Les termes de l'échange s'en trouvent modifiés au
détriment de l'agriculture et en faveur des autres secteurs. L'industrie
percevra des profits plus élevés. Ces profits pourraient
être utilisés pour la formation du capital ou pour la consommation
dans les secteurs public ou privé. Dans les années 1920 en URSS,
PREOBRAJENSKI était pour un transfert forcé du surplus agricole
par des termes de l'échange défavorables à
l'agriculture18(*). Il est
question d'effectuer un contrôle de prix pour arriver à une
augmentation rapide du prix relatif des produits industriels par rapport aux
produits agricoles. Un transfert de valeur de l'agriculture vers le secteur
industriel peut ainsi être observé.
1.2.3.3 Compression
des investissements dans l'agriculture
Même si l'agriculture utilise parfois les produits issus
des autres secteurs, elle a une contribution nette à la formation du
capital dans ces secteurs.
1.2.3.4 Marché
rural des biens industriels
La véritable croissance et le développement
économique dépendent plus de l'expansion du secteur non agricole.
Mais les obstacles à l'expansion de ce secteur proviennent aussi de la
faiblesse des bénéfices sur investissement due à
l'étroitesse des marchés. Un accroissement des revenus des
agriculteurs offre ainsi des débouchés supplémentaires au
secteur industriel.
1.2.4 Agriculture et transfert de la main d'oeuvre vers
l'industrie
La notion de surplus de main d'oeuvre a été au
centre des développements sur l'impact de l'agriculture sur le reste de
l'économie. En se basant sur l'observation empirique, les
économistes du développement de la première
génération ont essayé de formaliser les différents
mécanismes à travers lesquels l'excédent de main d'oeuvre
du secteur agricole est transféré vers le reste de
l'économie. Le cadre de l'analyse se fait généralement
à travers un modèle bi-sectoriel. Ils mettent en évidence
deux secteurs dans l'économie : un secteur traditionnel, de
subsistance ou encore agricole et un secteur moderne ou non agricole. Les
premiers éléments de ces analyses se retrouvaient
déjà au 18e siècle. RICARDO (1817) dans
The principles of political economy and taxation, a
présenté le plus connu des premiers modèles19(*). Il part de deux
hypothèses : présence d'un secteur agricole à
rendements décroissants et existence d'une main d'oeuvre
sous-employée dans ce secteur. RICARDO affirme que le secteur industriel
peut recruter dans le secteur agricole sans qu'il y ait une hausse de salaire
dans le secteur urbain ou le secteur rural.
La version moderne des modèles bi sectoriels a
été initiée par l'économiste LEWIS (1955). Il
considère ainsi deux secteurs dans l'économie. D'une part le
secteur moderne, développé, capitaliste dans lequel il existe un
marché bien structuré. Et d'autre part le secteur traditionnel
qui comprend principalement l'agriculture. Dans son modèle classique
d'économie duale, LEWIS établit, à travers le
marché du travail un lien entre la main d'oeuvre sous-employée et
bon marché du secteur agricole et le niveau de salaire dans le secteur
industriel. Le secteur industriel ou encore secteur avancé utilise du
capital qui peut être accumulé tandis que le secteur agricole
utilise un facteur de production qui ne peut être accumulé, la
Terre. Les travailleurs du secteur agricole ont une productivité faible
voire nulle ; plusieurs employés exercent une activité qui
aurait pu l'être par un seul. L'économie dispose ainsi d'un
excédent de main d'oeuvre. L'expression « offre
illimitée de main d'oeuvre » employée par LEWIS se
justifie ainsi par cette abondance de main d'oeuvre non qualifiée. Pour
LEWIS (1955), le développement consiste dans la
« réduction progressive du secteur archaïque et le
renforcement du secteur moderne ». Bien que le surplus de main
d'oeuvre soit observé aussi bien dans le secteur traditionnel que dans
le secteur moderne, dans le secteur traditionnel, il est déguisé.
En ce sens qu'une partie de la main d'oeuvre peut y être extraite sans
que la production agricole n'en pâtisse, les travailleurs restant
n'auront qu'à augmenter leur volume de travail.
Le secteur moderne va embaucher dans le secteur de subsistance
grâce à un salaire un peu plus élevé mais qui reste
tout de même faible. Il continuera à embaucher tant que la
productivité marginale des travailleurs est supérieure au
salaire. Un profit sera ainsi dégagé. Ce profit sera
réinvesti par les capitalistes, ce qui accroîtra la
productivité marginale et permettra d'entamer une nouvelle embauche. Ce
cycle se poursuivra jusqu'à l'égalisation du salaire et de la
productivité marginale des travailleurs. Il en résultera en fin
de compte que tout le surplus de main d'oeuvre du secteur de subsistance sera
absorbé par le secteur moderne. Cette baisse conséquente de la
main d'oeuvre dans le secteur de subsistance y entraînera une hausse des
salaires. De même, dans le secteur moderne, les salaires vont
s'élever.
Ce modèle de LEWIS met l'accent sur la part croissante
des profits dans le revenu national, liée à la progression du
secteur capitaliste. L'élévation du taux d'investissement permet
une croissance rapide.
À la suite de LEWIS, FEI et RANIS (1964) vont montrer
qu'en transférant le surplus de main d'oeuvre de l'agriculture vers
l'industrie, l'économie peut complètement se développer.
Ils vont modifier ou améliorer certaines hypothèses du
modèle de LEWIS. L'absorption du surplus de main d'oeuvre est due
à la modification de la répartition des facteurs de production et
ils n'admettent pas que les travailleurs du secteur agricole aient une
productivité marginale quasi-nulle. Pour FEI et RANIS, le transfert de
main d'oeuvre doit être précédé d'une augmentation
de la production agricole. Le taux auquel cette main d'oeuvre est
transférée dépend du taux de croissance de la population,
de la qualité des progrès techniques dans le secteur agricole et
la croissance du stock de capital dans le secteur industriel.
Ces différentes approches du rôle de
l'agriculture limite cette dernière au rôle d'un secteur
uniquement au service des autres pour l'atteinte du développement. Le
secteur agricole doit fournir aux autres secteurs les ressources
nécessaires à leur développement. Ainsi, le secteur
agricole n'est pas en soi un moteur de croissance et de développement
économique, mais il permet de réaliser ce développement
via les autres secteurs de l'économie. Avec ces conceptions, la
croissance et le développement renvoient à une
« modernisation » de l'économie, le secteur agricole
s'y intègre donc difficilement. Son rôle est d'amorcer le
développement global de l'économie et ensuite de
s'"éclipser".
Mais de plus en plus, des arguments plus récents
plaident en faveur d'un développement du secteur agricole en tant que
secteur d'activité propre. L'agriculture pourrait ainsi contribuer
directement à la croissance et au développement.
1.3 Développement de l'agriculture en tant que secteur
à part entière de l'économie
Il est certes admis que dans une économie en pleine
croissance, la part du secteur agricole dans l'économie est vouée
à la décroissance. La Banque Mondiale dans son Rapport sur le
Développement dans le Monde (RDM) distingue trois catégories de
pays : les pays à vocation agricole, les pays en transition et les
pays urbanisés. Dans ces groupes de pays, la contribution de
l'agriculture au PIB est, en moyenne, respectivement de plus de 40 %, 20 % et 8
%. Tandis que la part moyenne d'actifs occupés dans le secteur agricole
est respectivement de 34 à 64 %, 43 % et 22 %20(*). La raison vient des
caractéristiques propres de l'agriculture qui est une activité
dotée d'une productivité relativement faible. La BM résume
mieux cela lorsqu'elle énonce une des hypothèses
formulées par les économistes : « la croissance de
la productivité agricole est intrinsèquement
lente »21(*). Il
pourrait ainsi paraître difficile de se baser sur l'agriculture pour
réaliser des objectifs de croissance et de développement
soutenus.
Mais dans un contexte de décollage économique,
l'agriculture peut s'avérer un secteur en tête de
l'économie. Il existe des exemples où l'agriculture a crû
plus rapidement que l'industrie. « Au Chili et au Brésil,
l'agriculture s'est développée plus rapidement que l'industrie
pendant la décennie 1990 »22(*). Le RDM fait état d'une forte population
rurale vivant en dessous du minimum acceptable. L'activité majeure de
ces ruraux demeure l'agriculture. Ainsi, « du simple fait de sa
taille, le secteur agricole est capital pour le développement, au moins
à moyen terme»23(*).
La BM note également que dans les pays où la
croissance non agricole s'est accélérée, l'écart
entre revenus urbains et revenus ruraux s'est accentué. En effet, les
mécanismes de redistribution du fruit de cette croissance ne sont pas
toujours favorables au monde rural. Le développement du secteur agricole
pour lui-même permettrait ainsi d'élever le niveau de vie des
personnes vivant en milieu rural. En plus, les politiques qui consisteraient
à taxer le secteur agricole ont eu un effet positif pour la croissance
de nombreux pays industrialisés d'aujourd'hui. Mais ces politiques
peuvent être désastreuses si elles sont mises en application
immédiatement après la réalisation des investissements. Le
risque est élevé que la poule soit tuée avant d'avoir
pondu les oeufs d'or. D'ailleurs, comme le montre une étude menée
par KRUEGER, SCHIFF, VALDÈS (1998) et d'autres, il existe une relation
négative entre les politiques de taxation et la croissance globale de
l'économie. Une croissance plurisectorielle s'impose ainsi pour assurer
un développement harmonieux de l'économie. Le secteur agricole
doit ainsi être développé pour son plein
épanouissement.
CHAPITRE II : SITUATION DU SECTEUR AGRICOLE CAMEROUNAIS
DEPUIS 1960
La politique économique au Cameroun depuis son
indépendance en 1960, a toujours accordé une place
particulière au secteur agricole. Les autorités camerounaises se
sont depuis rendues à l'évidence que la voie du
développement économique passe par le développement de
l'agriculture. Ceci parce que cette activité a toujours
été la principale en milieu rural, milieu qui reste le plus
concerné par le faible niveau des revenus ainsi que la
précarité des conditions de vie. Toute politique
d'amélioration des conditions de vie de la population passe par
l'augmentation de la productivité agricole. Ce secteur a occupé
depuis 1960, plus de 40 % de la population active.
L'élaboration de la politique économique au
Cameroun n'a pas toujours été homogène depuis son
accès à l'indépendance, elle a connu un certain nombre
d'étapes :
· une phase de planification allant de 1960 jusqu'au
milieu des années 1980. Durant cette phase, des plans quinquennaux
étaient exécutés. Au total six plans quinquennaux ont
été mis en oeuvre dont cinq sont arrivés à terme,
le sixième ayant été interrompu par la crise
économique du milieu des années 1980. Cette période de
l'histoire du Cameroun fut marquée par une prépondérance
de l'État dans le déroulement de l'activité
économique ;
· la phase de la libéralisation. Suite à
la crise économique, le gouvernement, conjointement avec le Fond
Monétaire International (FMI) a mis en place les Programmes d'Ajustement
Structurels (PAS). L'État camerounais a du se désengager de
l'activité économique afin de laisser les règles du
marché la réguler. Quelques années après le
début de l'exécution des PAS, l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC) a prôné le libre échange et l'ouverture des
frontières. Des restrictions quantitatives (RQ) sur certains produits
étrangers ont été levées.
· Dans le prolongement des PAS, le Cameroun a atteint le
point de décision de l'Initiative Pays Pauvre Très
Endettés (IPPTE) en 2000 dont le point d'achèvement a
été atteint en avril 2006. Avec cette initiative, une nouvelle
orientation a été donnée à la politique
économique avec notamment la rédaction en 2003 du Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP).
La politique agricole a logiquement connu des changements
durant ces différentes phases de l'évolution institutionnelle du
Cameroun. D'abord marquée par la forte présence de l'État
en amont et en aval de l'activité agricole durant la phase de
planification, elle a connu un démantèlement de l'activité
étatique avec les PAS et la Nouvelle Politique Agricole (NPA) mise en
place dès 1990.
Il sera présenté dans ce chapitre les
différents traits marquants de la politique agricole au cours de ces
périodes.
2.1
Plans quinquennaux et politique agricole camerounaise
Cinq plans quinquennaux ont été
complètement exécutés au Cameroun depuis 1960. Les
périodes d'exécution de ces plans ont été les
suivantes :
· de 1960 à 1965 : premier plan
quinquennal dont l'objectif était de doubler le PIB par tête
en 20 ans ;
· de 1966 à 1971 : deuxième plan
quinquennal avec un accent sur l'amélioration du niveau de vie de la
population des zones rurales ;
· de 1971 à 1976 : troisième plan
quinquennal dont l'objectif principal était l'accroissement de
la production et de la productivité agricole. À cet effet,
plus de la moitié des investissements avaient été
destinés aux projets agricoles directement productifs;
· de 1976 à 1981 : quatrième plan
quinquennal dont l'objectif majeur était l'accroissement du taux de
croissance du PIB par tête d'au moins 5 %. Durant ce plan, la majeure
partie des investissements a été consacrée à
l'infrastructure rurale, à l'économie rurale et à
l'énergie ;
· le cinquième plan quinquennal a
été mis en oeuvre durant la période allant de 1981
à 1986. Il visait également l'augmentation du revenu réel
par habitant afin de donner un nouveau visage au Cameroun des années
2000. Une place de choix était également accordée au
secteur agricole ;
· Le sixième plan quinquennal a été
un mort né. Son interruption a été provoquée par la
crise économique survenue en 1987 au Cameroun et le début en 1988
de l'exécution des PAS sous l'aide du FMI et la BM.
Le contexte économique de cette période imposait
l'agriculture comme un pilier du développement de l'économie
camerounaise. En effet, l'agriculture exige pour son expansion, relativement
moins de moyens que le secteur industriel par exemple. De plus, le
matériel dont ont besoin les paysans pour pratiquer des activités
agricoles est facilement mobilisable sur place. Ainsi, au lendemain de son
indépendance l'activité agricole possédait pour le
gouvernement camerounais un avantage comparatif sur les autres secteurs dans la
mise en place d'une politique économique de développement. Car
elle restait pratiquée par une grande partie de la population et
l'incidence d'une amélioration de la situation de cette activité
aurait des effets plus marquants sur la population.
Dans chacun de ces plans quinquennaux donc, l'agriculture
ressort comme un des principaux éléments sur lequel devait se
baser le développement économique. Les objectifs de ces plans
seront centrés sur le secteur agricole ainsi que les stratégies
de développement rural. Le deuxième plan quinquennal a même
été baptisé "plan du paysan". Les buts visés ont
été globalement les mêmes durant les quatre premiers plans
quinquennaux. Ils peuvent se résumer par les éléments
suivants :
· l'augmentation de la production agricole tant
vivrière qu'industrielle ;
· l'amélioration de la productivité dans le
secteur agricole ;
· l'amélioration des revenus du monde
rural ;
· le développement des structures de
transformation locale ;
L'analyse de la politique agricole au Cameroun au cours de
cette période de planification se fera en examinant les
différents acteurs du secteur agricole et leurs rôles respectifs,
le mode par lequel s'est opéré le financement de
l'activité agricole ainsi que la politique commerciale, l'accès
aux intrants et le volet formation et recherche.
2.1.1 Les acteurs du secteur
agricole
Plusieurs acteurs aux rôles divers intervenaient dans le
secteur agricole camerounais avant la phase de libéralisation à
savoir l'État, les sociétés de développement, les
missions de développement, les organismes coopératifs, les
organismes financiers.
2.1.1.1 L'État
La politique agricole s'inscrivait dans le plan global de
développement de l'économie camerounaise. Les administrations
sectorielles, dont celles traitant des problèmes agricoles,
préparaient des documents qui étaient consolidés par une
commission nationale de planification qui en assurait la cohérence et
élaborait le plan. Deux départements ministériels
étaient impliqués dans l'élaboration de la politique
agricole :
· un ministère en charge des questions relatives
à la production végétale : le ministère de
l'agriculture ;
· un ministère en charge des questions
liées au développement des productions animales: le
Ministère de l'Élevage, des Pêches et des Industries
Animales.
Durant cette période des plans quinquennaux,
l'État est fortement impliqué dans l'élaboration et la
mise en oeuvre de la politique agricole. Il est présent dans les
différentes phases de l'exécution de celle-ci. Il s'engage dans
les opérations de production, de distribution, de commercialisation, et
la recherche. Son souci était d'assurer l'encadrement gratuit des
agriculteurs de la production à la commercialisation, y compris le
financement. Pour la commercialisation, les prix d'achat aux producteurs pour
certaines productions étaient administrés par l'État.
L'État s'était ainsi constitué maître d'ouvrage et
maître d'oeuvre comme le relève ONDOA (2006). Les destinataires
des différentes mesures de politique agricole en l'occurrence les
agriculteurs avaient une marge de manoeuvre très réduite pour
influencer la conception de la politique. La politique agricole impliquait
beaucoup plus les fonctionnaires que les producteurs. Et même lorsque
l'État mettait en place des coopératives pour accompagner les
paysans, le rôle de ces associations de paysans était d'aider les
fonctionnaires à mieux gérer leurs activités.
Les ministères de l'agriculture et de l'élevage
disposaient de structures déconcentrées qui fournissaient un
encadrement aux paysans : distribution gratuite des intrants, centres de
stockage, centre de conseils et de vulgarisation.
2.1.1.2 Les
sociétés de développement
Les sociétés de développement avaient un
statut d'établissement public pendant la phase de planification. Leur
création se faisait suite à un décret qui
déterminait les statuts, les missions, l'organisation administrative et
financière, ainsi que les modalités de constitution du capital
social. Ces sociétés de développement étaient des
agro-industries publiques dotées d'une autonomie financière, qui
était constituée essentiellement des subventions publiques. Ces
sociétés publiques menaient des actions en coexistence d'autres
agro-industries privées.
Ces sociétés se retrouvaient principalement dans
des filières d'exportation telles la banane, le thé,
l'hévéa, etc. certaines exerçant parfois dans plusieurs
filières. Les sociétés de développement prenaient
une part entière dans le fonctionnement de ces filières. Elles
rachetaient la production d'un groupe ciblé de paysans,
généralement des organisations de paysans créées
par elles, à des prix subventionnés. L'encadrement de ces paysans
leur incombait ainsi que la facilitation pour ces derniers de l'accès au
crédit et aux intrants agricoles. Leur action a porté sur la
production, la formation et l'information des paysans, ainsi que la garantie
d'un circuit de commercialisation. Le tableau 1 liste quelques
sociétés de développement publiques par filière
durant la phase de planification.
Tableau 1 : liste des
sociétés de développement par filière de production
pendant la phase de planification
FILIÈRE
|
SOCIÉTÉS
|
Riz
|
SEMRY
|
SODERIM
|
UNDVA
|
Banane
|
OCB
|
Huile de palme
|
SOCAPALM
|
|
PAMOL
|
Sucre de canne
|
CAMSUCO
|
Caoutchouc
|
HEVECAM
|
Thé
|
CDC
|
Maïs
|
SODEBLE
|
Coton
|
SODECOTON
|
Cacao
|
SODECAO
|
Café
|
UCCAO
|
Source : compilation de l'auteur
2.1.1.3 Les missions de
développement
Les missions de développement sont assez proches des
sociétés de développement. Elles ont été
créées pour répondre à des besoins immédiats
dans les domaines où l'État n'a pas jugé nécessaire
de créer une société de développement. Elles
n'avaient pas de capital social et recevaient essentiellement des subventions
publiques. On peut citer particulièrement :
· Wum Area Development Authority (WADA);
· Mission de développement de la Haute
Vallée du Noun ;
· MIDEVIV (Mission de Développement des cultures
Vivrières et maraîchères).
2.1.1.4 Les organismes
coopératifs
Le mouvement coopératif a suscité un grand
espoir auprès des paysans dès son lancement. L'essor était
considérable. Mais de nombreux problèmes de gestion ont
miné son évolution. L'État avait une présence
marquante dans le déroulement de l'activité des
coopératives. Leur fonctionnement obéissait plus à une
logique administrative, les paysans n'y jouaient pas un grand rôle. Ces
coopératives apparaissaient plus comme des organismes étatiques
déconcentrés, elles ont servi de relais dans la
réalisation des différentes interventions de l'État dans
le secteur agricole. Ainsi, la fourniture des intrants aux paysans s'est faite
via celles-ci. De même, les coopératives ont joué le
rôle de centre de collecte des produits de base auprès des
paysans, qu'elles devaient fournir aux offices de commercialisation.
2.1.1.5 Les organismes
financiers
Cette catégorie d'acteurs regroupe les organismes
étatiques chargés d'apporter un appui financier aux agriculteurs,
ainsi que les banques de développement. Des principaux organismes ayant
joués un rôle majeur dans la mise en oeuvre de la politique
agricole camerounaise, on peut retenir le Fond National de Développement
Rural (FONADER), la BCD (Banque Camerounaise de Développement), le
Crédit Agricole du Cameroun (CAC). Le FONADER et la BCD ont
été liquidés et fermés en 1989. Les mauvaises
performances financières et l'incapacité du FONADER à
mobiliser et recycler l'épargne rurale ont eu raison de cet
établissement 16 ans après son ouverture. Avec l'ajustement
structurel, l'État a du se désengager de plusieurs
activités en liquidant notamment ces organismes financiers qui
constituaient des gouffres financiers.
2.1.2 Le financement de
l'agriculture
La très forte présence de l'État qui a
déjà été mentionnée plus haut se retrouve
également sur le plan du financement de l'activité agricole.
Durant cette phase de planification, deux acteurs majeurs contribuent au
financement de l'activité agricole au Cameroun : l'État et
le secteur bancaire. Le secteur bancaire a joué un rôle important
dans la mise sur pied d'un secteur agricole moderne. Il a financé les
activités de certaines agro-industries privées.
L'essentiel du financement de l'activité agricole
provenait de l'État à travers les sociétés de
développement ci-dessus citées. Des ressources financières
importantes leur ont été allouées jusqu'à
l'application de la NPA. Bien que l'efficacité de l'action de ces
sociétés pour l'État ait souvent été mise en
cause, leurs actions se sont parfois révélées
bénéfiques pour les producteurs. Ceux-ci ont profité des
prix fixes pour écouler leur production. Mais la mauvaise gestion a fait
que des investissements n'ont pas été réalisés pour
moderniser l'appareil productif. Le tableau 2 présente la situation
financière des gains nets de l'État concernant quelques
sociétés de développement au cours de l'exercice
budgétaire 1988/1989.
Tableau 2: coût financier des
structures parapubliques du secteur agricole au cours de l'exercice
budgétaire 1988/1989. (Résultats annuels en millions de FCFA)
N°
|
NOM
|
DÉPENSES
|
RECETTES
|
DÉFICIT
|
1
|
CDC
|
2 390
|
1 540
|
1 850
|
2
|
CENADEC
|
1 240
|
390
|
850
|
3
|
CENADEFOR
|
2 970
|
150
|
2 820
|
4
|
CENEEMA
|
1 000
|
100
|
900
|
5
|
HEVECAM
|
4 100
|
3 400
|
700
|
6
|
MIDENO
|
1 480
|
0
|
1 480
|
7
|
MIDEVIV
|
4 300
|
370
|
3 330
|
8
|
MIDO
|
500
|
0
|
500
|
9
|
Office Céréalier
|
1 210
|
630
|
580
|
10
|
ONAREF
|
4 790
|
1 460
|
3 330
|
11
|
ONDAPB
|
4 500
|
3 650
|
850
|
12
|
ONPD
|
1 200
|
0
|
1 200
|
13
|
SEMRY
|
11 430
|
2 830
|
8 600
|
14
|
SODECAO
|
12 500
|
2 400
|
10 100
|
15
|
SODECOTON
|
41 000
|
27 280
|
13 720
|
16
|
SODENKAM
|
930
|
160
|
770
|
17
|
SODERIM
|
1 070
|
90
|
980
|
18
|
UNDVA
|
4 500
|
3 900
|
600
|
19
|
WADA
|
1 010
|
690
|
320
|
20
|
ZAPI-EST
|
3 600
|
2 800
|
800
|
TOTAL
|
106 720
|
51 840
|
54 880
|
Source: Stratégies de
développement agricole 1980-1990 (extrait du document de ONDOA
(2006))
Ce tableau montre un déficit financier important de
l'État dans la gestion des sociétés et missions de
développement au cours de l'exercice budgétaire 1988/1989. Ce
gouffre financier que constituaient ces sociétés de
développement a largement justifié les liquidations,
restructurations et privatisations qui y ont été faites durant
l'application des PAS qui visaient entre autres l'assainissement des finances
publiques.
Le financement de l'État s'est aussi fait de
manière directe. Il a également apporté un appui aux
agriculteurs à travers les subventions à l'acquisition d'intrants
ainsi qu'au matériel agricole. Les subventions ont pris plusieurs
formes : primes diverses (à l'arrachage, à la
création de nouvelles plantations, etc.).
Le concept de "crédit agricole" était au centre
de la politique de financement agricole. Ce crédit était
considéré comme un intrant dans le processus de production et
était distribué via les banques agricoles, les banques de
développement ou les projets.
Le financement de l'État à la recherche
était assez important. Il reflétait l'ambition nourrie par
l'État de développer et moderniser le secteur agricole.
« En 1985/1986, les frais annuels de fonctionnement et
d'équipement par chercheur étaient de 30 millions de FCFA pour
l'IRA et de 60 millions de FCFA pour IRZV »24(*).
2.1.3 La commercialisation des
produits agricoles
La politique commerciale du Cameroun au cours des vingt
années qui ont suivi l'indépendance a été
marquée par un souci de protéger l'industrie naissante. Ainsi,
« d'importantes barrières tarifaires et de Restrictions
Quantitatives (RQs) prévalaient alors dans le Programme
Général des Échanges (PGE) »25(*). Le secteur agricole a
été relativement moins protégé. Toutefois, des
barrières tarifaires étaient dressées pour limiter la
compétitivité de certains produits alimentaires
importés.
Durant la période de planification, les prix
étaient pour la plupart administrés ; l'État veillait
à la stabilité de leurs fluctuations. Des organismes publics ou
parapublics achetaient aux petits et moyens agriculteurs, leur production
à des prix fixés par l'État en début de
campagne; l'on parlait alors de "prix au producteur". Pour le cacao, le
café et le coton, l'Office National de Commercialisation des Produits de
Base (ONCPB) constituait une interface entre les producteurs et les
exportateurs. Cet office opérait avec une caisse de stabilisation. Il
contrôlait ainsi le commerce des produits de base sus cités en
assurant aux agriculteurs un prix de vente rémunérateur des
coûts de production. L'ONCPB a constitué un intermédiaire
entre les producteurs du cacao, du café et du coton, et le marché
mondial. Tout en offrant des circuits de commercialisation aux producteurs, il
a également joué un rôle de tampon face aux fluctuations
des prix sur le marché mondial. En cas de baisse des prix mondiaux, les
prix aux producteurs devaient être subventionnés, dans le but
d'encourager les agriculteurs à continuer la production des cultures
d'exportation jugées stratégiques. Mais cette politique n'a pu
être mise en oeuvre au cours de la crise et la baisse drastique des cours
des produits de base. La tendance était la même pour toutes les
autres cultures de rente ; l'État ou encore des
sociétés privées assuraient aux producteurs des circuits
de commercialisation.
Plusieurs autres organismes ont joué un rôle
similaire dans la commercialisation des produits agricoles. Pour les
céréales, l'office céréalier devaient constituer
des stocks de sécurité et régulateur afin de lutter contre
la famine et la pauvreté et de stabiliser les prix des
céréales. Les sociétés de développement
avaient en leur charge des paysans généralement regroupés
en organisations auxquelles elles constituaient l'acheteur exclusif de la
production en fin de campagne. C'est le cas de la SODECOTON, qui joue
d'ailleurs encore ce rôle auprès de nombreuses associations
paysannes du Nord-Cameroun.
Tableau 3: Différence entre prix
au producteur et prix FOB pour le cacao (en F CFA/kg)
Campagne
|
Prix planteur
|
Prix FOB
|
Pourcentage (%)
|
1980/1981
|
300
|
401
|
74,8
|
1981/1982
|
310
|
446
|
69,5
|
1982/1983
|
330
|
493
|
66,9
|
1983/1984
|
370
|
657
|
56,3
|
1984/1985
|
410
|
812
|
50,5
|
1985/1986
|
420
|
804
|
52,2
|
1986/1987
|
420
|
606
|
69,3
|
1987/1988
|
420
|
513
|
81,9
|
1988/1989
|
420
|
553
|
75,9
|
1989/1990
|
250
|
386
|
64,8
|
1990/1991
|
220
|
375
|
58,7
|
1991/1992
|
220
|
374
|
58,8
|
1992/1993
|
200
|
352
|
56,8
|
1993/1994
|
172
|
381
|
45,1
|
1994/1995
|
500
|
783
|
63,9
|
1995/1996
|
400
|
638
|
62,7
|
1996/1997
|
400
|
628
|
63,7
|
1997/1998
|
550
|
859
|
64,0
|
1998/1999
|
520
|
800
|
65,0
|
1999/2000
|
480
|
570
|
84,2
|
2000/2001
|
580
|
750
|
77,3
|
2001/2002
|
700
|
1050
|
66,7
|
2002/2003
|
700
|
950
|
73,7
|
2003/2004
|
500
|
800
|
62,5
|
Source : UNCTAD (2006)
Pour les cultures vivrières, la MIDEVIV a joué
le rôle d'office de commercialisation. Cet organisme public s'occupait de
la commercialisation et de l'assistance à la production des cultures
vivrières. La MIDEVIV rachetait les produits vivriers aux agriculteurs
et assuraient le transport vers les centres urbains pour la
commercialisation.
2.1.4 L'accès aux
intrants
Dès 1960, le gouvernement camerounais a commencé
à procéder à la sensibilisation sur le rôle
bénéfique des engrais. À cet effet, fut créé
en 1960 le Programme National des Engrais (PNE). Ce programme avait pour
objectifs la sensibilisation de la population sur l'usage rationnel des
engrais, la mise en évidence de l'efficacité des engrais par des
démonstrations pratiques. Le FONADER assurait la fourniture aux
agriculteurs des intrants agricoles (engrais, produits phytosanitaires, etc.).
Ces intrants étaient tous subventionnés par l'État et
distribués aux agriculteurs. Les taux de subvention allaient de 75 % en
moyenne pour les engrais à 100 % pour les produits phytosanitaires
(VARLET et BERRY, 1997)26(*). Parallèlement à l'action du FONADER,
la MIDEVIV approvisionnait les planteurs en semences
sélectionnées. Dès 1980, un projet a été
exécuté par la MIDEVIV conjointement avec la FAO, il permettait
l'accès aux semences sélectionnées à moindres
coûts.
2.1.5 La formation et la
recherche
La recherche agricole est présente au Cameroun depuis
les années 1970. Elle a longtemps été assurée par
deux institutions :
· l'Institut de la Recherche Agronomique (IRA)
· l'Institut de la Recherche Zootechnique (IRZ).
L'IRA comprenait quatre Centres de Recherches Agronomiques
(CRA), un centre de recherches forestières (CRF) et un centre national
des sols (CNS). Quant à l'IRZ, il était structuré autour
de 3 centres, 7 stations et 5 antennes. Le choix des différents centres
de recherche était fait selon la zone. L'objectif étant
d'appliquer les résultats issus de la recherche pour
l'amélioration de la production dans la zone agro écologique.
La recherche a bénéficié de dotations
budgétaires importantes de la part de l'État avant la survenance
de la crise économique en 1987. Si l'importance du financement public
à la recherche montrait la volonté des pouvoirs publics de faire
émerger l'agriculture camerounaise, il ressort tout de même que
l'impact de la recherche n'a pas été significativement positif
sur l'amélioration de la productivité agricole. Des explications
peuvent être trouvées à divers niveaux. Il existait une
inadéquation entre les résultats de la recherche et les besoins
des producteurs des exploitations de taille modeste. La concertation ne s'est
pas assez faite entre les chercheurs et les agriculteurs. D'un autre
côté, l'utilisation des résultats de la recherche
nécessitait dans certains cas une formation supplémentaire des
paysans afin que l'efficacité en soit garantie. Durant cette
période, les plus grands bénéficiaires de la recherche
agricole ont été les grandes agro-industries, plus
outillées à utiliser les résultats de celle-ci et par
ailleurs travaillant souvent en coopération avec des centres de
recherche. La recherche agricole a ainsi de façon explicite ou non
privilégié les besoins de l'agro-industrie au détriment de
ceux des paysans.
Le développement de la mécanisation était
assuré par le Centre d'Étude et d'Expérimentation du
Machinisme Agricole (CENEEMA). Il assurait Le transfert de technologies. Il
était chargé d'expérimenter la mécanisation de
l'agriculture camerounaise et de promouvoir l'utilisation des machines.
2.2
La nouvelle politique agricole
L'économie camerounaise et le secteur agricole qui en
était le pilier ont connu une situation relativement viable avant le
milieu des années 1980. Dès 1987, la chute brutale du cours des
matières premières, dont dépendait fortement
l'économie camerounaise, la dépréciation du dollar, la
monnaie de référence dans laquelle était libellée
la valeur des exportations, et la dégradation de l'environnement
économique international ont provoqué une grave crise
économique au Cameroun. Cette crise a débouché sur
l'application des PAS sous l'égide des bailleurs de fonds
internationaux. L'objectif d'assainissement des finances publiques a
entraîné une baisse des salaires, une compression du personnel de
l'État, des gels de certains recrutements dans la fonction
publique27(*).
Un premier accord dit de confirmation avait été
signé avec le FMI le 18 septembre 1988 pour une période de 18
mois. L'objectif était de stabiliser les finances publiques. Le
programme économique exécuté comportait les grands axes
suivants : relèvement du niveau des impôts et taxes,
réduction de la masse salariale, restructuration des entreprises
publiques, avec des options de liquidation ou de privatisation pour celles qui
ne sont pas performantes. Les résultats ne seront pas probants. Un
deuxième accord de confirmation est signé en décembre 1991
pour une durée de neuf mois, suivi d'un troisième en mars 1994
pour 18 mois.
Le secteur agricole a particulièrement
été affecté par cette crise économique.
L'application des PAS a entraîné un démantèlement de
l'action de l'État camerounais dans l'activité économique
en général et celle du secteur agricole en particulier. La
politique agricole s'en est trouvée modifiée. Dès le
début des années 1990, les différents acteurs du secteur
agricole (État, associations paysannes, secteur privé, etc.),
leurs rôles et les relations existantes entre eux, se sont
profondément modifiés. L'État, sous l'égide des
bailleurs de fonds a décidé de se désengager des
activités liées à la production en général
et de recadrer son action sur ses fonctions régaliennes et les missions
de service public. C'est la fin de la planification et le début du
libéralisme. L'État camerounais confirme la place prioritaire de
l'agriculture dans l'économie camerounaise. Malgré la crise, elle
continue d'occuper une grande partie de la population active (60 % en
199028(*)) et
générer 30 % des recettes en devises. La NPA visera à
consolider ces acquis tout en améliorant les performances du secteur.
2.2.1 Les acteurs du secteur
agricole
Les acteurs intervenant dans le secteur agricole restent
pratiquement les mêmes, seules leurs fonctions et les différentes
relations entre eux vont connaître de réelles mutations.
2.2.1.1 L'État
Avec la NPA, la mise en oeuvre de la politique agricole
concerne toujours deux départements ministériels en charge d'une
spécialisation sectorielle précise. Le ministère de
l'agriculture devenue en 2004 Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural (MINADER) pour les questions relatives aux
productions végétales et le Ministère de l'Élevage,
des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) pour les productions
animales. Cette bipolarisation a parfois été
décriée car elle peut constituer un obstacle à la mise en
place d'une politique agricole cohérente.
Avec l'application des PAS, le rôle de ces deux
départements ministériels s'est amoindri dans la
définition des politiques agricoles. La réalisation des
équilibres budgétaires étant prioritaire, le
ministère en charge de l'économie et des finances s'occupe des
grandes questions économiques. C'est ainsi qu'un ensemble de mesures ont
été prises en marge de l'avis éventuel des
ministères de l'agriculture et de l'élevage. L'arrêt des
subventions et la réforme fiscale subits par le secteur agricole en sont
des illustrations. En 2006, la loi des finances a supprimé
l'exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les
intrants agricoles et le matériel d'élevage, une mesure qui a
été jugé contradictoire avec l'objectif de faire du
secteur agricole le moteur de la croissance économique. Les
négociations des Accords de Partenariat Économique (APE) avec
l'Union Européenne (UE) sont menées au Cameroun par le
Ministère du Commerce sans association véritable du MINADER,
alors que les produits agricoles constituent le sujet central de ces accords.
La multiplicité des départements ministériels en charge
des questions économiques a amenuisé l'influence du MINADER et du
MINEPIA sur la gestion des affaires du secteur agricole. Le MINCOMMERCE pilote
les négociations commerciales avec l'OMC même lorsque celles-ci
portent sur des produits agricoles phares comme la banane d'exportation. De
même, l'organisation de la commercialisation du cacao et du café
relève du MINCOMMERCE. Avec la libéralisation, les actions de
l'État sur le secteur agricole se sont faites de façon
transversale, plusieurs départements ministériels s'y retrouvent
plus ou moins impliqués.
Le changement de l'action de l'État dans le secteur
agricole ne concerne pas seulement les nouveaux départements
ministériels impliqués. La NPA a été le
prolongement logique des PAS. De nouvelles fonctions ont été
attribuées à l'État dans son intervention. Les
activités de production et d'encadrement qu'il assurait ont du
être abandonnées. Également suspendues, les subventions
accordées aux producteurs. Un recentrage s'est fait outre les missions
régaliennes, sur la recherche agricole. La considération de
l'État sur le secteur agricole est très vite devenue celle d'un
secteur économique comme les autres, qui devait subir les règles
du marché sans une protection particulière. Ainsi, l'État
camerounais a signé les accords de l'OMC en 1995, réduisant ainsi
des RQ qui ont été jusqu'alors appliquées sur certains
produits alimentaires importés. L'entrée sur le territoire
camerounais des poulets congelés a mis en mal la filière avicole
camerounaise qui devait faire face à cette concurrence alors même
que l'arrêt des subventions de l'État avait déjà
réduit ses capacités financières. La filière riz
n'a pas été épargnée par ces mesures d'ouverture.
La libéralisation des échanges commerciaux a quasiment
démantelé cette filière de production, elle n'a pas pu
faire face à la concurrence créée par les importations de
riz en provenance de l'Asie dès le milieu des années 1990. Des
plans de relance sont proposés mais force est de reconnaître que
les importations de riz se sont largement généralisées.
Mais depuis quelques années, les institutions
internationales sont favorables à un assouplissement de l'exercice de
cette politique de libéralisme. Le FMI, au cours de l'année 2008
a encouragé l'État camerounais à se réengager dans
l'activité économique notamment celle du secteur agricole.
À cet effet, le ministre camerounais de l'agriculture et du
développement rural, a accordé, le 5 novembre dernier, une
subvention de 1 milliard F CFA à 200 organisations paysannes pour
relancer la filière cacao-café. Des actions similaires avaient
été envisagées pour les filières coton et
avicole.
2.2.1.2 Les organisations
paysannes rurales
Avec le désengagement de l'État, les PAS ont
donné, au moins dans les discours, plus de pouvoirs aux organisations
paysannes. L'État devait leur transférer de nombreuses
responsabilités. Dans la réalité, ce transfert n'a pas
été évident.
2.2.1.3 Les opérateurs
privés
Leur rôle s'est davantage accru dans l'activité
agricole. Des exportateurs privés rachètent les produits de base
qu'ils revendent sur le marché international. La libéralisation
de la distribution d'engrais a également drainé des
opérateurs privés dans ce pan de l'activité agricole.
2.2.2 Financement de
l'agriculture
Après la crise économique, il eut une
restructuration du secteur bancaire qui avait été frappé
par la crise. Les conditions d'accès au crédit se durcirent, une
très grande partie des producteurs du monde rural fut exclue du
crédit bancaire. Le crédit bancaire se fit davantage plus
ciblé, orienté vers les grandes agro-industries ainsi que
certaines filières d'exportation. Avec le désengagement de
l'État, marqué notamment par la liquidation du CAC et la
fermeture du FONADER, le secteur bancaire se devait de prendre le relais et
d'accentuer davantage son rôle dans le financement de l'activité
agricole. Mais le secteur agricole camerounais n'avait pas atteint le niveau de
développement requis pour prétendre à des prêts
bancaires. Plusieurs raisons peuvent justifier ce constat. D'abord,
l'agriculture camerounaise reste encore de type traditionnel, et donc
très exposée aux risques relatifs aux conditions naturelles.
À ces risques climatiques, il convient d'ajouter les risques classiques
liés au prix de vente de la production. En plus de ces risques, la
faible ou même l'absence d'intensité technologique allonge
considérablement le délai de retour sur investissement pour
certaines cultures (exemple du palmier à huile). L'effet conjoint de ces
facteurs a pour résultat l'exigence par les banques de garanties
insoutenables pour financer l'activité agricole. Le désengagement
de l'État a ainsi rendu problématique le crédit à
l'activité agricole, moins de 10 % de crédits bancaires sont
accordés au secteur agricole pourtant déclaré secteur
stratégique par les autorités politiques camerounaises.
L'État s'étant désengagé, le
financement de l'agriculture se fait depuis 1990 principalement par les
bailleurs de fonds à travers des projets et programmes. L'agence
Française de Développement et l'Union Européenne ont
été les principaux pourvoyeurs de fonds du Projet Crédit
Rural Décentralisé; le Programme National de Vulgarisation et de
Recherche Agricole (PNVRA) a comme principal bailleur de fonds La Banque
mondiale. L'Agence canadienne pour le Développement International
finance des Micro Projets Productifs en Faveur des Femmes. L'État et la
Banque Mondiale ont signé en 1991 un accord de prêt de 23
milliards de dollars pour un projet qui comprend cinq composantes dont le
« Financement des Micro-réalisations Agricoles et
Communautaires » (FIMAC). Le tableau ci-dessous présente la
situation des prêts de première génération de ce
projet en 2001.
Tableau 4: Situation des prêts du
projet FIMAC en 2001
Province
|
Nombre de groupes financés
|
Montant des crédits (FCFA)
|
Montant échu (FCFA)
|
Montant remboursé (FCFA)
|
Taux de remboursement (%)
|
Extrême-Nord
|
267
|
114 797 659
|
108 069 899
|
75 059 609
|
65
|
Nord
|
382
|
234 038 332
|
200 540 925
|
130 170 398
|
56
|
Adamaoua
|
243
|
368 191 615
|
238 427 715
|
121 353 206
|
33
|
Est
|
253
|
104 732 980
|
103 549 114
|
61 717 153
|
59
|
Centre
|
154
|
124 141 412
|
74 925 804
|
39 524 306
|
32
|
Sud
|
214
|
90 804 905
|
82 136 106
|
44 030 341
|
48
|
Littoral
|
257
|
148 656 829
|
144 387 329
|
87 911 900
|
59
|
Sud-Ouest
|
179
|
98 595 435
|
78 911 195
|
48 757 825
|
49
|
Ouest
|
384
|
162 098 775
|
153 771 685
|
116 222 568
|
72
|
Nord-Ouest
|
570
|
363 259 290
|
291 893 820
|
226 157 655
|
62
|
Total
|
2 903
|
1 809 317 232
|
1 476 613 592
|
950 904 961
|
53
|
Source : Cellule FIMAC
L'aide bilatérale et multilatérale constitue
également une source de financement pour les programmes et projets dans
le secteur agricole. Selon l'OCDE, L'aide bilatérale à
l'agriculture du Cameroun se chiffre à 596 953 000 de dollars
US en 30 ans. Ce qui représente moins de 10 milliards par an avec un
taux de change moyen de 1$ = 500 FCFA. Les trois principaux bailleurs (France,
Allemagne, États-Unis) ont fourni 88,88% du montant total. Toujours
selon l'OCDE, l'aide multilatérale a représenté 49 % de
l'aide totale à l'agriculture au Cameroun entre 1973 et 2004.
Les organismes financiers étatiques ayant
été restructurés voire fermés, la micro finance
s'est développée au Cameroun. La loi n° 92/006 du 14
août 1992 relative aux coopératives et GIC et le décret
n° 98/300/PM de septembre 1998 fixant les modalités d'exercice des
activités des coopératives d'épargne et de crédit
ont été les déclencheurs de l'activité de micro
finance. Depuis 2002, cette activité est coordonnée par la COBAC.
Les établissements de micro finance qui interviennent dans le secteur
agricole sont généralement regroupés dans des
réseaux. On peut citer : CAMCULL, M, CVECA, FOCAOB. Ces
établissements signent des conventions avec les ministères pour
servir d'interface entre les bailleurs de fond et les producteurs.
2.2.3 La commercialisation des
produits agricoles
L'ajustement structurel a ouvert la voie à une
série de mesures libérales dans l'économie camerounaise.
Les offices de commercialisation ont été restructurés,
privatisés voire dissous. L'ONCPB sera liquidé en 1991, l'Office
National du Cacao et du Café (ONCC) reprendra certaines de ses missions.
Cette période marque aussi le début de l'ère de la
libéralisation du commerce, avec son corollaire de suppression des
monopoles. Les commerçants privés sont désormais
autorisés à prendre activement part à la commercialisation
des produits agricoles relevant autrefois de façon exclusive de
l'État. Le paysan est libre de vendre à qui il veut sans
contrainte à lui fixée. La libéralisation du commerce
suppose également l'abolition des prix fixes.
2.2.4 L'accès aux
intrants
Avec l'application de la NPA, le rôle de l'État a
profondément été modifié dans le secteur agricole.
Les mesures de protection et d'encadrement dont bénéficiaient les
agriculteurs ont été levées. Il fallait dès lors
pour ces agriculteurs exercer leurs activités comme tout entrepreneur
privé. Cela suppose donc l'acquisition des intrants aux prix du
marché. Dès 1989, la distribution gratuite d'intrants sera
suspendue. Cette mesure sera suivie d'un arrêt des subventions aux
engrais, pesticides et herbicides. On observe dès lors une privatisation
de la distribution des engrais. Une étude de FOLEFACK et GOCKOWSKI
(2004)29(*) montre que la
fourniture en intrants est assurée à 80 % par des
opérateurs privés dont 52 % seulement d'entre eux ont un
agrément. Les 20 % résiduels sont assurés par les
organisations paysannes. Tout de même, l'État camerounais,
conscient de la place qu'occupe le secteur agricole dans l'économie du
pays, a toujours pris des mesures spéciales pour ce secteur. C'est ainsi
que les engrais et certains matériels d'élevage ont
été, pendant plusieurs années, exonérés de
la TVA. Cette mesure sera levée par la loi de finances de 2006.
Avec, le recul de l'État du secteur, les institutions
internationales ont accru leur rôle dans le secteur agricole et la
fourniture des engrais aux agriculteurs. Ces initiatives s'inscrivent dans le
cadre de projets financés par ces institutions. Les
bénéficiaires sont généralement des organisations
paysannes dont l'émergence a été favorisée par le
désengagement de l'État.
2.2.5 La formation et la
recherche
Le Ministère de la Recherche Scientifique et de
l'Innovation (MINRESI) autrefois MINREST, est l'organe étatique
chargé de l'application de la politique gouvernementale en
matière de recherche scientifique et technique en général
et de recherche agricole en particulier. Il assure ainsi la tutelle de tous les
centres de recherche agricole exerçant sur le territoire national. Ces
centres de recherche font partie du Système National de Recherche
Agricole (SNRA) dont l'Institut de Recherche Agricole pour le
Développement (IRAD) en constitue le pilier.
L'IRAD a été créé par le
décret n° 96/050 du 12 mars 1996 sous les cendres de l'IRA et de
l'IRZ dont elle a été une fusion. L'IRAD a la mission de conduire
les activités de recherche visant la promotion du développement
agricole dans les domaines des productions végétales, animales,
halieutiques, forestière et de l'environnement, ainsi que des
technologies alimentaires et agro-industrielles. L'IRAD travaille en
collaboration avec quelques sociétés de développement dans
la recherche d'accompagnement par filière. Il s'agit de la SODECOTON
pour la filière coton, la CDC et HEVECAM pour la filière
hévéa, etc.
Outre les centres de recherche, certains établissements
d'enseignement supérieur assurant la formation des cadres d'agriculture
apportent aussi une contribution à la recherche. Il s'agit de la
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de
l'Université de Dschang, de la Faculté des sciences (FS) de
l'Université de Yaoundé 1 (UY1), et de l'École nationale
supérieure des sciences agro-industrielles (ENSSAI) de
l'Université de Ngaoundéré.
Les résultats antérieurs de la recherche ont
été très peu exploités, à cause, d'une part
de leur inadaptation aux besoins des producteurs agricoles, et d'autre part de
l'inorganisation des services de recherche et de vulgarisation30(*). Après la
restructuration, il a été mis en place le PNVRA qui a
démarré ses activités en 1988 sous l'appellation de PNVA.
Il était chargé d'assurer entre autres la valorisation des
résultats de la recherche agricole. Son rôle est d'accroître
l'impact de la recherche sur le développement agricole.
À côté de l'IRAD, d'autres centres de
recherche régionaux et internationaux interviennent de façon
directe ou indirecte à la formation et la recherche agricole au
Cameroun. On peut citer :
· le CIRAD (Centre de Coopération Internationale
en Recherche Agronomique pour le Développement)
Il est issu des anciennes institutions françaises de
recherche en agronomie tropicale implantées au Cameroun depuis 1942.
Outre la recherche, le CIRAD s'occupe également des aspects
méthodologiques, de la formation en politique agricole, du renforcement
des capacités nationales.
· l'IRD (Institut de Recherche pour le
Développement)
· l'ICRAF (International Center for Research in
Agroforestry)
· le CIFOR (Center for International Forestry
Research)
· l'IITA (International Institut of Tropical
Agriculture)
· Centre du riz pour l'Afrique qui travaille en
association avec l'IRAD
· le Pôle régional de Recherche
Appliquée au développement des Savanes d'Afrique Centrale
(PRASAC)
· Le Centre Africain de Recherche sur Bananiers et
Plantains (CARBAP)
· Le Conseil Ouest et centre africain pour la Recherche
et le développement Agricoles (CORAF)
· Les universités étrangères :
elles contribuent à la formation des cadres nationaux en les accueillant
pour des thèses et mémoires.
2.3
La politique agricole dans le Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté
L'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative Pays
Pauvre Très Endetté (IPPTE) passait entre autre par la
proposition par le gouvernement camerounais, d'une stratégie de
réduction de la pauvreté. Ainsi, en avril 2003, le gouvernement
camerounais a rédigé le DSRP, dans lequel il définissait
un ensemble de programmes devant permettre de réduire la pauvreté
à l'horizon 2015. Une place avait été évidemment
accordée au secteur agricole. La stratégie du secteur agricole se
situait elle-même dans le cadre plus large de la stratégie
intégrée du développement rural. Car, comme il est
mentionné dans le DSRP, des analyses faites sur le profil de
pauvreté au Cameroun montrent que « la pauvreté au
Cameroun est un problème rural ».
Concernant le secteur agricole, le gouvernement camerounais
avait prévu d'apporter un soutien aux exploitations familiales paysannes
concernant leur production. Ce soutien passait par le développement des
activités en milieu périurbain, ceci dans le but de permettre
l'essor de systèmes de production à rendements
élevés où l'espace est occupé de façon
optimale et avec une grande productivité. Un approvisionnement des
villes en produits locaux devait s'accroître.
Des actions spécifiques avaient été
dirigées vers des filières choisies. Il s'agissait des
féculents, des céréales, des fruits et légumes,
ainsi que des cultures d'exportation. Les actions visaient en
général l'accroissement de la production par une
amélioration de la productivité au travers de la vulgarisation de
semences de qualité et des itinéraires techniques. Pour les
cultures vivrières, l'augmentation de la production s'avère
être une condition pour réduire les importations alimentaires et
assurer la sécurité alimentaire. Les actions visaient
également la stabilisation des prix, la promotion des PME/PMI
orientées vers l'exportation ou la transformation.
Ces actions spécifiques en direction du secteur
agricole s'inscrivaient dans une stratégie plus large orientée
vers le développement du milieu rural. La stratégie
intégrée de développement rural devait être mise en
oeuvre à travers un plan d'action comprenant des programmes
regroupés autour de cinq domaines prioritaires :
a. le développement local qui passait entre autres par
le renforcement du rôle des communautés. On note la mise sur pied
du Programme National de Développement Participatif (PNDP), du Programme
d'Appui au Développement Communautaire (PADC) ou encore le projet
RUMPI ;
b. le développement des productions dont un accent
particulier était porté sur l'appui au développement des
exploitations agricoles, au développement des filières porteuses,
à l'émergence des organisations professionnelles et
interprofessionnelles, au développement de la recherche en vue
d'améliorer la productivité ;
c. l'appui institutionnel et la rénovation de
l'enseignement technique et de la formation professionnelle ;
d. la gestion durable des ressources naturelles ;
e. les modalités de financement du secteur rural,
comportant deux volets : un programme national de micro finance et des
modalités de financement à moyen long terme pour les
investissements dans les exploitations et entreprises agricoles.
Les stratégies de développement du secteur
agricole coupent de façon transversale cette stratégie
intégrée du développement rural dont elles constituent un
des éléments centraux, l'agriculture restant encore
l'activité majeure en milieu rural.
Il est à noter qu'avec la rédaction du DSRP, le
rôle joué par les ministres en charge de l'agriculture et du
développement rural et celui de l'élevage et des industries
animales s'est fortement amoindri dans la définition de la politique
agricole. La priorité étant donnée aux équilibres
budgétaires, un contrôle de l'activité économique en
général est fait par les ministres en charge de l'économie
et des finances.
PARTIE II : MESURE DE L'IMPACT DE L'AGRICULTURE SUR
L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE
CHAPITRE III : ÉTUDE DESCRIPTIVE DU SECTEUR
AGRICOLE CAMEROUNAIS
L'application de la politique agricole au Cameroun a connu des
évolutions dues au changement de conjoncture mondiale comme on l'a
montré au chapitre précédent. Ce chapitre a pour objectif
de faire une présentation quantitative du secteur agricole camerounais
à travers ces différentes phases de l'évolution du
Cameroun. Il s'agit à travers quelques statistiques sur le secteur
agricole, d'observer l'effet de l'application des différentes politiques
agricoles sur des aspects précis du secteur agricole camerounais
notamment la production, la contribution à la formation de la richesse
nationale, l'occupation de la main d'oeuvre, etc.
3.1
Les principaux produits
Le système de production agricole camerounais est l'un
des plus diversifiés d'Afrique. Cette diversité est le reflet de
la diversité climatique du pays. Sans prétendre à
l'exhaustivité de la production agricole, dans cette partie, nous
retiendrons un certain nombre de produits selon leur importance
économique et leur position stratégique.
3.1.1 Exportations des cultures
de rente
3.1.1.1 Le cacao
Figure 1:
Évolution des exportations de cacao au Cameroun
Source : Banque Mondiale (WDI, 2005)
Les exportations de cacao présentent une
légère tendance à la hausse sur toute la période.
On observe une chute de la production entre 1988 et 1994. La figure 1 montre
une fluctuation des exportations de cacao. Ce secteur n'est pas à
même de maintenir l'offre de cacao à l'exportation sur un sentier
de croissance. Cette situation peut s'expliquer principalement par la
fluctuation des cours mondiaux du cacao. On pourrait également
évoquer la prépondérance de la demande sur l'offre dans le
marché du cacao. À cela s'ajoute également la
multiplicité des pays offreurs de cacao dans les pays du sud.
3.1.1.2 Le café
Figure 2:
Évolution des exportations de café au Cameroun
Source : Banque Mondiale (WDI, 2005)
La figure 2 présente les exportations de café
(arabica et robusta) au Cameroun. Après avoir connu une tendance
à la hausse entre 1965 et 1989, le secteur va connaître une forte
baisse jusqu'en 1998 où la valeur des exportations de café a
atteint son pire niveau.
3.1.1.3 Le coton
Figure 3:
Évolution des exportations de coton au Cameroun
Source : Banque Mondiale (WDI, 2005)
Le coton est la seule filière à ne pas avoir
été libéralisée. Les exportations de coton ont
été stabilisées autour de 20 000 tonnes entre 1965 et
1989. Depuis 1992, l'on observe une tendance à la hausse des
exportations de coton. Cette filière de production n'a pas
été particulièrement affectée par la crise
économique de 1987, une baisse particulière de la production
exportée ne ressort pas de la figure 3.
3.1.2 Production des cultures
vivrières
3.1.2.1 Le manioc
Figure 4:
Évolution de la production de manioc au Cameroun
Source : Administrations économiques
et financières, FMI et BEAC (2006)
La production de manioc au Cameroun reste inférieure
à 3000 tonnes comme le montre la figure 4. Cette figure présente
des fluctuations, avec une tendance à la hausse dès 1993, une
baisse entre 1998 et 2000 et une reprise depuis 2000. Dans le DSRP, le
gouvernement camerounais insistait sur l'augmentation de la production des
cultures vivrières notamment le manioc pour l'amélioration de la
sécurité alimentaire.
3.1.2.2 Le maïs
La figure 5 présente l'évolution de la
production de maïs au Cameroun entre 1992 et 2005. La production de
maïs est en hausse depuis 1992, avec une production qui a atteint un
million de tonnes en 2005. Ce produit, en plus de la consommation finale
à l'état, entre en consommation intermédiaire dans de
nombreuses productions.
Figure 5:
Évolution de la production de maïs au Cameroun
Source : Administrations économiques
et financières, FMI et BEAC (2006)
3.1.2.3 Le riz paddy
Figure 6:
Évolution de la production de riz paddy
Source : Administrations économiques
et financières, FMI et BEAC (2006)
Comme le montre la figure 6, la production de riz reste
à un niveau relativement bas au Cameroun. Depuis 1992, la production de
riz est restée inférieure à 80 000 tonnes, avec une
valeur record de 73 000 tonnes en 1998. Or ces dernières
années le riz est devenu un produit alimentaire important pour la
population camerounaise. Une reprise de la production dans cette filière
contribuerait à réduire les importations de riz en provenance de
l'Asie et donc réaliser l'économie des devises
étrangères.
3.1.3 Les produits de
l'élevage
3.1.3.1 La volaille
Figure 7:
Évolution de la production de volaille au Cameroun
Source : Administrations économiques
et financières, FMI et BEAC (2006)
La figure 7 présente la production de volailles au
Cameroun entre 1994 et 2005. La tendance récente de ce secteur reste
très en deçà des performances réalisées
entre 1997 et 1998. Le "démantèlement" de cette filière de
production, illustrée ici par la chute drastique de la production entre
1998 et 2000, est du à la levée des restrictions à
l'importation des poulets, le produit phare de la filière.
L'entrée sur le territoire camerounais des poulets congelés a
créé de fortes distorsions sur le marché des volailles.
3.1.3.2 Les bovins
Figure 8:
Évolution de la production de bovins au Cameroun
Source : Administrations économiques
et financières, FMI et BEAC (2006)
La production des bovins connaît également une
tendance actuelle qui est très en deçà du niveau de
1999.
Les graphiques ci-dessus présentés montrent des
fluctuations dans la production agricole au Cameroun. Ce secteur a une faible
capacité à soutenir un rythme de croissance dans le temps.
Pourtant l'augmentation de la production vivrière reste une condition
nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire.
3.2
Caractéristiques macroéconomiques du secteur agricole
camerounais
3.2.1 Importance de l'agriculture
dans la formation du PIB
Tableau 5: Évolution de la part de
l'agriculture dans le PIB au Cameroun
Année
|
part de l'agriculture dans le PIB (%)
|
1965
|
32,732
|
1966
|
31,851
|
1967
|
31,133
|
1968
|
31,506
|
1969
|
30,724
|
1970
|
31,364
|
1971
|
31,004
|
1972
|
31,965
|
1973
|
30,793
|
1974
|
29,54
|
1975
|
29,12
|
1976
|
27,61
|
1977
|
33,645
|
1978
|
31,353
|
1979
|
30,824
|
1980
|
31,272
|
1981
|
29,397
|
1982
|
28,66
|
1983
|
24,311
|
1984
|
23,769
|
1985
|
21,57
|
1986
|
22,364
|
1987
|
24,816
|
1988
|
24,663
|
1989
|
26,112
|
1990
|
24,575
|
1991
|
24,795
|
1992
|
27,272
|
1993
|
27,921
|
1994
|
39,565
|
1995
|
40,202
|
1996
|
41,327
|
1997
|
42,093
|
1998
|
42,432
|
1999
|
42,326
|
2000
|
38,456
|
2001
|
39,864
|
2002
|
39,897
|
2003
|
40,583
|
2004
|
41,098
|
2005
|
41,058
|
Source : Banque Mondiale (WDI, 2007)
La part de l'agriculture dans le PIB est restée
supérieure à 20 % depuis 1965. Jusqu'en 1982, cette part se
situait autour de 30 %. Cette valeur était inférieure à 30
% dans le milieu des années 1980, en raison entre autre de la
découverte du pétrole. Depuis 1994 et la dévaluation du F
CFA, la part de l'agriculture dans le PIB est de l'ordre de 40 %. Ces valeurs
restent tout de même élevées. En effet, si aux
premières phases de l'évolution économique l'agriculture
est une activité prépondérante pour un pays, sa part est
amenée à décroître dans le temps. Cette
décroissance indique le rôle de locomotive qu'aurait joué
le secteur agricole sur les autres secteurs qui se seraient alors
développés plus vite que le secteur agricole. Ainsi, si comme le
montre le tableau ci-dessus, le secteur agricole camerounais représente
40 % de son PIB dans les années 2000, il peut être légitime
de penser que le secteur agricole au Cameroun n'a pas pleinement joué le
rôle qui lui est assigné par la théorie économique.
À titre illustratif, nous présentons ci-dessous la part de
l'agriculture dans le PIB de quelques pays développés et
émergents.
Tableau 6: Part de l'agriculture dans le
PIB de quelques pays développés et émergents (%)
|
|
Année
|
|
|
1975
|
1980
|
1990
|
2000
|
2005
|
Pays
|
France
|
5,938
|
4,7542
|
3,7877
|
2,8364
|
2,1965
|
États-Unis
|
4,0718
|
2,8964
|
2,0613
|
1,2318
|
..
|
Chine
|
32,399
|
30,09
|
27,049
|
14,832
|
12,601
|
Afrique du Sud
|
7,6617
|
6,1963
|
4,6301
|
3,2749
|
2,5456
|
Source : Banque Mondiale (WDI, 2007)
Tableau 7: Contribution de l'agriculture à
la croissance du PIB
Année
|
Contribution (%)
|
Année
|
Contribution (%)
|
Année
|
Contribution (%)
|
1966
|
1,28%
|
1980
|
0,07%
|
1994
|
0,96%
|
1967
|
2,00%
|
1981
|
3,90%
|
1995
|
2,85%
|
1968
|
1,99%
|
1982
|
1,09%
|
1996
|
2,55%
|
1969
|
2,04%
|
1983
|
-2,09%
|
1997
|
2,66%
|
1970
|
1,84%
|
1984
|
2,11%
|
1998
|
2,44%
|
1971
|
0,50%
|
1985
|
2,09%
|
1999
|
2,49%
|
1972
|
2,18%
|
1986
|
1,48%
|
2000
|
1,68%
|
1973
|
1,52%
|
1987
|
0,12%
|
2001
|
1,69%
|
1974
|
1,84%
|
1988
|
-3,14%
|
2002
|
1,40%
|
1975
|
0,44%
|
1989
|
1,67%
|
2003
|
1,37%
|
1976
|
0,44%
|
1990
|
-0,26%
|
2004
|
1,31%
|
1977
|
0,46%
|
1991
|
-1,08%
|
2005
|
1,63%
|
1978
|
1,19%
|
1992
|
1,62%
|
|
|
1979
|
3,99%
|
1993
|
0,35%
|
|
|
Source : Banque Mondiale (WDI, 2007)
La contribution de l'agriculture à la croissance du PIB
est le rapport de la variation de la valeur ajoutée du secteur agricole
par le PIB de l'année précédente. Cette contribution
indique donc la valeur absolue du taux de croissance du PIB réel qui est
due à l'agriculture. Avant l'année 1988, les valeurs sont
restées positives, excepté en 1983 où le PIB agricole a
contribué de - 2,09 % à la croissance du PIB réel. Comme
on peut le voir sur ce tableau, avant la crise, le secteur agricole contribuait
de façon non négligeable à la croissance du PIB. On note
même une valeur de 3,99 % en 1979. Le plus mauvais niveau a
été atteint justement en 1988. Mais depuis 1992, le PIB agricole
croît de façon régulière. Notons tout de même
que ces valeurs restent en deçà des capacités
réelles du secteur agricole camerounais au regard de sa part dans le PIB
(tableau 5) et la main d'oeuvre qu'il emploie.
3.2.2 La superficie
cultivable
Tableau 8: Évolution de la part de
la superficie utilisée pour l'agriculture au Cameroun
Année
|
1965
|
1975
|
1985
|
1995
|
2003
|
Superficie agricole (% de la superficie
totale)
|
16,631
|
18,038
|
19,682
|
19,682
|
19,682
|
Source : Banque Mondiale (WDI, 2007)
D'après l'encyclopédie libre Wikipédia,
moins de 20 % de la superficie cultivable au Cameroun est utilisée pour
les besoins de l'agriculture. Comme le montre le tableau ci-dessus, la
superficie consacrée à la pratique de l'activité agricole
a très peu évolué dans le temps. De vastes étendues
de terres restent en friche dans les zones rurales du pays. Dans ces zones, le
droit coutumier prime encore dans l'attribution des Terres et l'application des
lois en cas de litige. Les spécialistes du secteur agricole camerounais
évoquent l'urgence d'une réforme agraire avec le principe
« la Terre à ceux qui la cultivent ».
3.2.3 Consommation d'engrais
Tableau 9: Importation
d'engrais au Cameroun
Année
|
Importations d'engrais (tonnes)
|
1989/1990
|
81 503
|
1990/1991
|
43 551
|
1991/1992
|
32 641
|
1992/1993
|
55 610
|
1993/1994
|
32 690
|
1994/1995
|
107 047
|
1995/1996
|
93 104
|
1996/1997
|
141 499
|
1997/1998
|
112 655
|
1998/1999
|
85 020
|
1999/2000
|
104 898
|
2000/2001
|
103 846
|
2001/2002
|
109 971
|
Source : Ministère de l'agriculture
(2003)
Depuis 1989 jusqu'en 2002, la consommation d'engrais au
Cameroun était en moyenne supérieure à 80 000 t.
avant la crise économique, la distribution des engrais relevait de
l'action de l'État. Avec l'application des PAS, cette activité a
vu une forte implication des opérateurs privés.
Conclusion du chapitre 3
Les statistiques sur le secteur agricole camerounais montrent
une influence de la crise économique survenue dès 1987 et donc
des mesures de libéralisation qui s'en sont suivis. De nombreuses
productions ont subi des chocs à la baisse dès cette date. Les
exportations de cacao et de café en sont des illustrations. La
libéralisation qui s'en est suivie dans le secteur a également eu
des conséquences néfastes. La levée des restrictions sur
les importations de poulets a profondément affecté le secteur de
production de la volaille. Ainsi, c'est un secteur agricole camerounais qui a
été fortement marqué par le changement de conjoncture
économique mondiale.
L'objectif du présent chapitre était de
présenter par des faits stylisés, les tendances sur
l'évolution de l'agriculture au Cameroun. Dans le chapitre suivant, une
mesure de l'impact du développement du secteur agricole sur
l'économie camerounaise sera faite à l'aide d'un modèle
économétrique.
CHAPITRE IV : APPROCHE ÉCONOMÉTRIQUE
L'objectif de ce travail est de déterminer l'impact du
secteur agricole sur l'économie camerounaise. À cet effet, la
mesure de l'impact de l'agriculture sur l'économie camerounaise se fera
à l'aide d'un modèle économétrique. Il s'agit
d'estimer une relation entre les performances économiques du secteur
agricole et celles des autres secteurs, et de l'économie en
général. Afin de s'affranchir des aléas dus à
l'application des méthodes de régression linéaire
classique sur des données évoluant dans le temps, les
développements récents sur l'économétrie des
séries temporelles seront utilisés.
Dans la littérature économique, l'approche
traditionnelle utilisée pour mesurer l'impact du secteur agricole sur la
croissance économique se faisait en déterminant l'effet de la
croissance du secteur agricole sur les autres secteurs dits "modernes" et sur
l'économie dans son ensemble. Le secteur agricole est
considéré comme exogène ; ses performances servent
à expliquer une part de l'évolution du reste de
l'économie.
Mais cette méthodologie sera critiquée. KANWAR
(2000) a suggéré que pour évaluer la relation entre
l'agriculture et le reste de l'économie, le secteur agricole ne devrait
pas être considéré comme exogène, le cas
échéant, cela doit être prouvé a priori. Il a
également proposé l'utilisation des méthodes de
co-intégration afin d'éviter les problèmes de
régression fallacieuse.
De plus, comme le souligne YAO (2000), des liens entre les
secteurs peuvent exister dans plusieurs sens. Si l'industrie
bénéficie des ressources issues du secteur agricole comme le
montrent les différentes théories présentées au
chapitre 1, la productivité du secteur agricole s'améliore aussi
par l'utilisation des machines et engrais issus du secteur industriel. Ainsi,
le développement du secteur non agricole peut également causer
celui du secteur agricole.
La prise en compte de toutes ces considérations nous a
amené à retenir pour cette modélisation un modèle
Vectoriel AutoRégressif (VAR), éventuellement un modèle
à correction d'erreur (Error Correction Model : ECM) en cas de
présence d'au moins une relation de co-intégration entre les
variables. Les modèles VAR ne font pas de restrictions a priori sur
l'exogénéité des variables. Il s'agit d'une
« modélisation sans autre restriction a priori que le choix
des variables sélectionnées et du nombre de
retards ».31(*)
4.1
Présentation des données
La mesure de l'impact de l'agriculture sur la croissance
économique au Cameroun sera faite à l'aide d'un modèle de
co-intégration. Ce modèle devrait permettre d'atteindre
l'objectif fixé dans ce travail à savoir déterminer
l'impact de l'agriculture sur la croissance économique au Cameroun. Il
permettra également d'éprouver la véracité des
hypothèses formulées à l'introduction. L'idée
générale est qu'à partir des données sur les
différentes activités au Cameroun couvrant une longue
période, il soit mis en exergue, grâce aux techniques statistiques
et économétriques la relation qui existe entre les performances
économiques obtenues dans le secteur agricole et les performances de
l'économie dans son ensemble au Cameroun.
La grandeur utilisée pour mesurer les performances
économiques est le PIB. Il représente l'ensemble des richesses
créées au sein d'une économie au cours d'une année.
Il donne la meilleure mesure du niveau d'activité.
Quatre variables sont utilisées dans le
modèle :
· le taux de croissance du PIB réel par habitant
noté TCPRH ;
· le taux de croissance du PIB réel agricole
noté TCPRA ;
· le taux de croissance du PIB réel industriel
noté TCPRI ;
· le taux de croissance du PIB réel des services
noté TCPRS.
Toutes les données sont annuelles et couvrent la
période allant de 1966 à 2005. Ces données proviennent de
la Banque Mondiale. La table des données est présentée en
annexe 10. Une description plus détaillée de ces données
sera faite ci-dessous.
4.1.1 Taux de croissance du PIB
réel par habitant (TCPRH)
Le PIB réel par habitant représente la valeur du
PIB réel rapporté à la population totale. Il donne une
idée de la part moyenne qui revient à chaque habitant dans la
richesse totale créée au cours d'une année. Il est
utilisé comme un indicateur du bien être. Le taux de croissance du
PIB réel par habitant quant à lui représente la variation
relative du PIB réel par tête d'une année à l'autre.
Il se calcule suivant la formule suivante :
Où
représente la valeur du PIB réel par habitant au cours de
l'année t.
La figure ci-dessous représente l'évolution de
cette variable au Cameroun sur la période allant de 1966 à
2005.
Figure 9: Évolution du taux de
croissance du PIB réel par tête au Cameroun
Source : Banque Mondiale.
Comme le montre ce graphique, le taux de croissance du PIB
réel par tête a fluctué au Cameroun sur la période
allant de 1966 à 2005. Sur la période précédant
l'année 1987, on note des valeurs négatives en 1967, 1976 et
1980. De 1987 à 1994, la valeur du taux de croissance du PIB réel
par tête est restée négative. Cette situation s'explique
par la crise économique qui a sévi au Cameroun dès 1987.
La chute brutale du cours des matières premières, qui
étaient alors une des principales sources de devise pour l'État
camerounais et la crise de l'endettement ont mis en mal l'économie
camerounaise. Les politiques d'ajustement structurels mises en oeuvre avec
l'aide du FMI et la BM ont certes contribué à l'assainissement
des finances publiques mais se sont accompagnées d'une forte
paupérisation des masses. Le taux de croissance moyen du PIB réel
par tête sur cette période est de l'ordre de -6,5 % avec une
valeur de -10 % en 1988. En 1994, la monnaie camerounaise, le F CFA a
été dévaluée de 50 % par rapport au Franc
Français. Les exportations du Cameroun sont redevenues plus
compétitives. Sur le graphique ci-dessus, on observe une tendance
à la hausse du taux de croissance du PIB réel par tête
depuis 1995, avec une forte reprise après la dévaluation. Le PIB
réel par tête a crû sans rupture au Cameroun de la
dévaluation jusqu'à l'année 2005.
4.1.2 Taux de Croissance du PIB
réel agricole
Le PIB réel agricole est le PIB agricole à prix
constants. Le PIB agricole est évalué selon la même
méthodologie que le PIB global. D'ailleurs, le PIB agricole n'est qu'une
composante du PIB, il ne prend en compte que la part de la richesse totale
créée par le secteur agricole. Le taux de croissance du PIB
réel agricole est la variation relative de ce dernier d'une année
à l'autre. Son calcul est similaire à celui du taux de croissance
du PIB réel par habitant.
,
où représente le PIB réel agricole au cours de
l'année t.
Le taux de croissance du PIB réel agricole traduit
ainsi l'augmentation en volume de la richesse produite par le secteur agricole.
Les valeurs utilisées ici sont calculées aux prix de
l'année 2000 et proviennent de la Banque Mondiale.
La figure ci-dessous représente l'évolution de
cet agrégat au Cameroun sur la période allant de 1966 à
2005.
Figure 10: Évolution du taux de
croissance du PIB réel agricole au Cameroun
Source : Banque Mondiale
Le PIB réel agricole a en général
crû sur la période 1965-2005 au Cameroun. Les taux de croissance
de cet agrégat sont en général positifs sur la
période, comme le montre le graphique ci-dessus. Néanmoins des
reculs sont relevés en 1983 (-7,6 %), 1988 (-12 %), 1990 (-1 %) et 1991
(-4 %). Le graphique présente une certaine fluctuation dans la
croissance du secteur agricole, ce qui laisse croire à une faible
capacité à maintenir un sentier de croissance. Les reculs
enregistrés d'une année à une autre n'ont pas
été abondants sur la période mais leur effet reste
très important. En effet, la régression du PIB réel du
secteur agricole de 12 % qui a fait suite à la crise économique
débutée en 1987 a été suivie d'une reprise de
l'ordre de 7 %. Après les retraits de 1990 et 1991, une hausse de la
valeur du PIB réel est observée depuis 1992 sans
discontinuité jusqu'en 2005. L'effet de la crise a été
important dans le secteur agricole camerounais, ce n'est qu'en 1995,
après la dévaluation du F CFA que le PIB réel du secteur
agricole reprend un niveau supérieur à celui qu'il avait avant la
crise économique.
4.1.3 Taux de croissance du PIB
réel industriel
Le PIB industriel, tout comme le PIB agricole
représente une partie de la richesse totale créée dans un
secteur précis de l'économie en l'occurrence le secteur
industriel. Le taux de croissance du PIB réel industriel est donc la
variation relative de ce dernier d'une année à la suivante, selon
la formule suivante :
, où
représente la valeur du PIB réel industriel au cours de
l'année t.
Le taux de croissance du PIB réel industriel traduit
ainsi l'augmentation en volume de la richesse produite par le secteur
industriel. Les valeurs utilisées ici sont calculées aux prix de
l'année 2000 et proviennent de la Banque Mondiale.
La figure ci-dessous représente l'évolution de
cette valeur au Cameroun sur la période allant de 1966 à 2005.
Figure 11: Évolution du taux de
croissance du PIB réel de l'industrie au Cameroun
Source : Banque Mondiale
Le graphique représentant l'évolution du taux de
croissance du PIB réel de l'industrie est à l'image des deux
graphiques précédents. Une variabilité est observée
dans l'évolution du taux de croissance du PIB réel industriel
avec une chute dès le déclenchement de la crise économique
et une forte reprise après la dévaluation du F CFA en 1994 et une
tendance à la hausse qui se confirme jusqu'en 2005.
4.1.4 Taux de croissance du PIB
réel des services
Le PIB des services est la richesse créée par le
secteur des services. Le taux de croissance du PIB réel des services est
ainsi la variation relative de celui-ci d'une année à l'autre. Il
se calcule suivant la formule :
où
représente le PIB réel des services au cours de l'année
t.
Le taux de croissance du PIB réel des services traduit
ainsi l'augmentation en volume de la richesse produite par le secteur des
services. Les valeurs utilisées ici sont calculées aux prix de
l'année 2000 et proviennent de la Banque Mondiale.
La figure ci-dessous représente l'évolution de
cette valeur au Cameroun sur la période allant de 1966 à 2005.
Figure 12: Évolution du taux de
croissance du PIB réel des services au Cameroun
Source : Banque Mondiale
Sur ce graphique, on observe une certaine alternance des
valeurs du taux de croissance du PIB réel des services qui prend des
valeurs positives alternées des valeurs négatives. La crise
économique n'a pas épargné ce secteur de l'activité
économique camerounaise. Durant toute la période allant de 1988
à 1995, le PIB réel a connu un recul permanent. L'après
dévaluation marque une timide reprise de la croissance dans ce secteur
de 13 % en 1994 et de 5 % en 1995. Un léger mouvement de baisse
permanente a refait surface entre 1996 et 1999. Une légère
tendance à la hausse est observée depuis 2000. On remarque que la
tertiarisation de l'économie du Cameroun s'est faite avec quelques
heurts. Un fort repli a été observé entre 1967 et 1969
avec une contraction du PIB réel des services de 42 % en 1968 qui a fait
suite à une première de 23 % en 1967.
Tableau 10: Description des
données
Variable
|
Symbole
|
Période d'observation
|
Source
|
Taux de croissance du PIB réel par tête
(année de base = 2000)
|
TCPRH
|
1966-2005
|
Banque Mondiale
|
Taux de croissance du PIB réel agricole (année de
base = 2000)
|
TCPRA
|
1966-2005
|
Taux de croissance du PIB réel industriel (année de
base = 2000)
|
TCPRI
|
1966-2005
|
Taux de croissance du PIB réel des services (année
de base = 2000)
|
TCPRS
|
1966-2005
|
Les taux de croissance du PIB réel par tête et du
PIB réel agricole sont les principales variables d'intérêt
du modèle qui sera mis en oeuvre. En effet, il s'agit ici de voir si une
variation du niveau de richesse créée dans le secteur agricole
induit une variation significative du niveau moyen de bien être de
l'économie mesuré ici par le PIB réel par tête. Si
cette influence de la croissance du secteur agricole sur celle de la croissance
économique s'avère significative, son sens et sa valeur sont des
éléments à déterminer.
Les variables de taux de croissance du PIB réel des
autres secteurs sont utilisés parce qu'elles constituent des
déterminants de la croissance économique ; ne pas les
prendre en compte augmenterait les chances d'avoir un modèle au pouvoir
explicatif très réduit. De plus, la théorie
économique postule à un impact indirect du développement
agricole sur la croissance économique via les secteurs dits modernes.
Ainsi, hormis l'impact de l'agriculture sur la croissance économique qui
constitue l'objectif principal du modèle, il sera également
estimé un impact du développement du secteur agricole sur le
secteur industriel et sur celui des services. Enfin, l'effet du
développement des secteurs modernes sera observé sur le secteur
agricole.
4.2
Présentation de la méthodologie
4.2.1 Détermination de
l'ordre d'intégration : tests de stationnarité
La modélisation du comportement d'un ensemble de
variables par la méthode VAR nécessite au préalable
d'étudier la stationnarité de chaque variable afin d'en
déterminer l'ordre d'intégration.
Encadré 1:
Définition de la stationnarité32(*)
Processus stationnaire au sens strict
Soit un processus .
Le processus est dit
strictement ou fortement stationnaire si quelque soit le n-uple du temps tel que
et
pour tout avec ,
, la suite
a la
même loi de probabilité que la suite .
Ainsi un processus aléatoire est strictement
stationnaire si toutes ses caractéristiques, c'est-à-dire tous
ses moments sont invariants pour tout changement de l'origine du temps.
Stationnarité faible
Le processus est dit
faiblement stationnaire si seuls les moments d'ordre 1 et 2 sont
stationnaires.
Depuis les travaux de NELSON et PLOSER (1982), les cas de non
stationnarité les plus fréquents sont analysés à
partir de deux types de processus33(*) :
· les processus TS (Trend Stationnary) qui
représentent une non-stationnarité de type déterministe.
La méthode de stationnarisation utilisée dans ce cas est celle
des moindres carrés ;
· les processus DS (Differency Stationnary) pour les
processus non stationnaires aléatoires. Ce type de processus est
stationnarisé par l'application du filtre aux
différences ;
La stationnarisation d'une série exige d'identifier au
préalable le type de processus afin d'appliquer la méthode de
stationnarisation appropriée. Une mauvaise stationnarisation aurait
certaines conséquences :
· l'application d'un filtre aux différences
à un processus TS créée une perturbation
artificielle ;
· Nelson et Kang ont montré que lorsque l'on
applique la méthode des MCO à un processus DS, les résidus
sont de moyenne nulle mais leur covariance dépend de la taille de
l'échantillon et du temps.
Ces conséquences sont présentées plus en
détail dans BOURBONNAIS et al. (pp 37-39).
La stationnarité des séries est
vérifiée à l'aide de tests. Plusieurs tests existent dans
la littérature à cet effet. Dans le cadre de ce travail, il sera
utilisé les tests de Dickey-Fuller Augmentés (ADF :
Augmented Dickey-Fuller) dont le principe est présenté en
encadré ci-dessous.
Encadré 2 :
Principe des tests ADF
Le test ADF est une correction paramétrique des tests
de Dickey-Fuller Simple qui supposent que les erreurs des modèles sont
des bruits blancs. Le test ADF est un cas étendu dans lequel l'erreur
suit un processus AR (p). Trois modèles servent de base à la
construction de ces tests :
[1]
[2]
[3]
Si dans l'un de ces trois modèles, l'hypothèse
nulle
n'est pas rejetée, on est en présence d'une racine unitaire, le
processus n'est pas stationnaire.
Dickey et Fuller ont tabulé des valeurs critiques car
sous ,
les règles habituelles de l'inférence statistique ne peuvent pas
être appliquées, en particulier la distribution de .
· Si la valeur de la t-statistique associée
à est inférieure à la valeur critique, on rejette
l'hypothèse nulle de non stationnarité ;
· Si la valeur de la t-statistique associée
à est supérieure à la valeur critique, on ne rejette pas
l'hypothèse de stationnarité.
Le test ADF ne s'effectue pas sur les trois modèles, on
l'applique sur un seul modèle en pratique, le test se fait selon une
stratégie séquentielle en partant du modèle
[3].
Il est à noter que pour effectuer le test ADF, il
convient de choisir le nombre de retards p de sorte que les résidus
soient des BB (Bruits Blancs). Un nombre trop important de retards
réduit le nombre de degrés de liberté. Le choix de p peut
se faire par l'étude des autocorrélations partielles de , et l'on
retient pour p le retard correspondant à la dernière
autocorrélation partielle significativement différente de
zéro.
Lorsque les séries sont intégrées au
même ordre, on effectue un test de co-intégration. Lorsque ce test
est significatif, la spécification correcte du VAR est un modèle
VECM.
4.2.2 Formulation du
modèle
Si l'on pose , le
vecteur des quatre variables représentant l'évolution de
l'activité économique au Cameroun. Avec les quatre séries
de variables intégrées à l'ordre 1, le modèle
théorique, composé de quatre équations
s'écrit de façon synthétique :
=
Avec , matrices
(4,4) de paramètres
est un
entier naturel appelé ordre du modèle.
, un
vecteur (4,1) de termes d'erreur de type où
? est une matrice diagonale de dimension (4,4) définie positive, et
où
est la
force de rappel vers l'équilibre
et la matrice
dont les vecteurs sont les coefficients de la relation de long terme entre les
variables.
:
matrices (4,r) ; r étant le rang de ou encore
le nombre de relations de long terme.
Le modèle formulé ci-dessus est un modèle
VAR sous la forme d'un VECM. En réalité sa spécification
est consécutive à la significativité des tests de
co-intégration sur les séries de variables. L'encadré
ci-dessous présente les principes du test de la trace qui est un des
tests de co-intégration proposés par Johansen (1991) et Johansen
et Juselius (1990). Ces tests restent efficaces lorsque l'échantillon
n'est pas de très grande taille.
Encadré 3 :
Principes des tests de co-intégration
Si l'on considère un vecteur de N
variables I(1). La représentation VAR (p) de est
donnée par :
Cette relation peut se réécrire :
Dans cette relation tous les membres sont I(0) à
l'exception de qui est I
(1). Il y a un déséquilibre entre le membre de gauche et celui de
droite. Il faut donc que soit I
(0).
On pose
Où : est une
matrice (r,N) contenant les r vecteurs de co-intégration
et est une
matrice (N,r) contenant les poids associés à chaque vecteur de
co-intégration.
En cas d'existence de r relations de co-intégrations,
. Les
tests proposés par Johansen reposent sur cette condition.
Test de la trace
C'est un test basé sur les valeurs propres d'une
matrice calculée en deux étapes :
Etape 1 : calcul des résidus et
On estime les deux équations suivantes :
est un
vecteur de N variables I(1)
Étape 2 : calcul de la matrice
permettant le calcul des valeurs propres
Quatre matrices de variance-covariance des résidus sont
calculées :
;
; ;
Les k
valeurs propres de M sont calculées.
La statistique du test de la trace est donnée par
est la
ième valeur propre de M
q : rang de la matrice
TR suit une loi dont les valeurs ont été
tabulées par Johansen et Juselius (1990) puis par Osterwald-Lenum
(1992).
Trois cas peuvent se présenter :
·
: pas de relation de co-intégration. est I (1),
le VAR est estimé sur
· , il
existe r relations de co-intégration ; la spécification
correcte du VAR est un ECM.
·
: est stationnaire. Le VAR est estimé à niveau.
Les valeurs critiques de ces statistiques de test
dépendent de la présence d'une constante dans la relation de
co-intégration ou l'ECM, et de la présence d'un trend dans la
relation de co-intégration.
4.2.3 Détermination du
nombre de retards du VAR à niveau
L'estimation du modèle VAR nécessite de
déterminer au préalable le nombre de retards p. plusieurs
critères peuvent être utilisés pour réaliser cet
exercice crucial :
· une méthode basée sur l'examen des
propriétés statistiques des résidus du modèle
VAR ;
· une méthode basée sur l'utilisation des
critères d'information ;
· une méthode basée sur des tests de
nullité emboîtés sur les paramètres associés
au dernier décalage du modèle.
Nous utiliserons la méthode basée sur les
critères d'information.
Encadré 4 :
Détermination du nombre de retards du VAR à l'aide des
critères d'information
L'idée sur laquelle sont basés les
critères d'information est que l'ajout d'un ensemble de variables
explicatives dans le modèle améliore l'information mais en
même temps réduit les degrés de liberté. La
démarche consiste à fixer une valeur maximale pour p, (), et de
calculer pour chaque modèle VAR (p), la valeur
du critère d'information. Le retard retenu est celui qui optimise
(minimise) la valeur du critère d'information.
Dans les modèles VAR, quatre critères sont
généralement utilisés :
Critère FPE (Final Predictor Error)
Critère AIC (Akaike Information
Criterion)
Critère SC (Schwartz Criterion)
Critère HQ (Hannan Quinn)
4.2.4 Analyse des
résultats de l'estimation du VECM
4.2.4.1 Tests de
causalité
Une variable X cause une variable Y si la
prédictibilité de Y est meilleure lorsque l'on tient compte de
l'information apportée par X. Plusieurs définitions statistiques
de la causalité existent. Nous utiliserons l'approche de Granger. La
causalité peut se mesurer de plusieurs manières :
Mesure de la causalité de X vers Y
Mesure de la causalité instantanée de X
vers Y
désigne l'erreur de prévision de Y sachant X
désigne l'information relative au passé
Si X ne cause pas Y,
Statistique de test
Le test est effectué au moyen de la statistique du
maximum vraisemblance. L'on teste l'hypothèse nulle d'absence de
causalité. La statistique de test est qui suit
sous une loi de chi-deux à
degré de libertés.
· Si , on ne
rejette pas l'hypothèse nulle d'absence de causalité
· Sinon, l'hypothèse nulle d'absence de
causalité est rejetée.
En présence d'une co-intégration, les tests de
causalité de court terme ou de long terme sont menés à
partir du VECM.
4.2.4.2 Analyse des
réponses impulsionnelles
La Fonction de Réponse Impulsionnelle (FRI)
représente l'effet d'un choc d'une innovation sur les valeurs courantes
et futures des variables endogènes.
En considérant un modèle VAR (p) :
L'application du théorème de Wold à ce
processus permet d'écrire :
est le
vecteur des innovations. Ces innovations constituent la partie non
prévisible du VAR. les innovations sont interprétés comme
des chocs qui se propagent dans tout le système par la dynamique du VAR.
les multiplicateurs dynamiques sont les matrices .
Grâce aux FRI, on caractérise les réponses
des différentes séries aux
innovations :
, effet du
choc j sur la variable i après h périodes.
4.2.4.3 Décomposition de
la variance
La décomposition de la variance de l'erreur de
prévision a pour objectif de calculer pour chacune des innovations, sa
contribution à la variance de l'erreur de prévision.
4.3
Présentation des résultats
Cette section présente les résultats des
estimations faites sur les données décrites, en utilisant la
méthodologie présentée ci-dessus. Les estimations ont
été faites à l'aide du logiciel Eviews dans la version
4.1.
4.3.1 Stationnarisation des
variables
Les différents graphiques représentatifs des
séries étudiées laissent croire que ces séries ne
sont pas stationnaires. Une étude des relations structurelles existant
entre les taux de croissance des performances économiques des
différents secteurs d'activité au Cameroun nécessite au
préalable d'effectuer des tests de stationnarité afin de
déterminer l'ordre d'intégration de chaque série. Les
tests ADF ont été utilisés. La détermination du
nombre de retards utilisé pour effectuer le test s'est faite par
l'examen des corrélogrammes partiels des séries
différenciées à l'ordre 1 pour le test sur les
séries à niveau et des corrélogrammes partiels des
séries différenciées à l'ordre 2 pour le test sur
les séries en différence première (Annexe 1).
Les résultats des tests de racine unitaire sont
présentés en Annexe 2. Pour le TCPRH, la tendance et la constante
ne sont pas significatives respectivement sur les modèles [3] et [2]
appliqués à la série à niveau. Dans le
modèle sans constante ni tendance, la valeur de la statistique ADF est
de -1,786, supérieure à la valeur critique à 5 % qui vaut
-1,950. Ainsi l'hypothèse nulle de non stationnarité n'est pas
rejetée, on différencie la série et on reprend la
procédure. La statistique ADF est significative dans le modèle
[1] ; sa valeur (-3,667) est inférieure à la valeur critique
au niveau de signification de 5 % (-1,950). La série TCPRH est ainsi
intégrée à l'ordre 1.
En appliquant le même procédé à
TCPRA, TCPRI, TCPRS, comme présentés en Annexe 2, les
résultats montrent que les variables sont intégrées
à l'ordre 1, on note qu'elles sont I (1).
L'égalité des ordres d'intégration
conduit à effectuer un test de co-intégration. Ce test
nécessite préalablement la détermination du nombre de
retards sur le modèle VAR à niveau.
4.3.2 Nombre de retards du VAR
à niveau
Pour des raisons spécifiques à la taille des
données, la taille maximale est fixée à 4. Au-delà
de 4, les estimations pourraient souffrir d'un manque de précision. Pour
chaque valeur de p allant de 1 à 4, le modèle suivant est
estimé :
Où
Ensuite les valeurs des critères d'information sont
calculées. Les résultats sont présentés en annexe
3. Trois critères d'information (LR, FPE, AIC) donnent le retard optimal
2. Les critères SC et HQ donnent le retard optimal 1. Les
critères SC et HQ conduisent à des estimateurs convergents de p
alors que le critère AIC donne un estimateur efficace de p34(*). La valeur retenue est à
cause de la longueur de nos séries.
4.3.3 Test de
co-intégration
La recherche du nombre de relations de co-intégration a
été faite selon l'approche de Johansen. Le test a
été effectué avec la spécification 1)
c'est-à-dire, modèle sans constante dans l'ECM ni dans la
relation de long terme, les séries ne présentent pas de trend. Le
test est effectué avec un retard de 1. Les résultats sont
présentés en Annexe 4. Le test de la trace indique la
présence d'une relation de co-intégration à 1 % et deux
relations à 5 %. Quant au test de la valeur propre maximale, il indique
l'existence d'une relation de co-intégration à 1 % et à 5
%. La représentation VAR n'est plus valide, un modèle à
correction d'erreur est utilisé.
4.3.4 Estimation du VECM
Les résultats de l'estimation comprennent l'estimation
du vecteur de co-intégration, c'est à dire la relation de long
terme, et l'estimation des coefficients des équations d'ajustement ou de
court terme. Ces résultats sont présentés en Annexe 5.
4.3.4.1 Vecteur de
co-intégration
La relation de co-intégration, obtenue en normalisant
le coefficient de TCPRH s'écrit :
TCPRH
|
=
|
-0,270 * TCPRA
|
+
|
0,424 * TCPRI
|
+
|
0,031 * TCPRS
|
|
|
(0,135)
|
|
(0,069)
|
|
(0,048)
|
|
|
[1,994]
|
|
[-6,157]
|
|
[-0,645]
|
Ecart-types des coefficients entre ( )
t-student entre [ ]
Le coefficient relatif aux services n'est pas significatif au
seuil de 5 % dans la relation de long terme, la valeur de la statistique de
student vaut -0,645. Les autres coefficients sont significatifs. Le coefficient
du taux de croissance du PIB agricole a un coefficient négatif et
significatif, il vaut -0,27. Ainsi, sur le long terme, une augmentation du taux
de croissance du PIB réel agricole de 1 point a eu en moyenne pour effet
une baisse du taux de croissance du PIB réel par tête de 0,27
point, toute chose étant égale par ailleurs.
4.3.4.2 Les coefficients de court
terme
Tableau 11: coefficients de la dynamique de
court terme
Error Correction:
|
D (TCPRH)
|
D (TCPRA)
|
D (TCPRI)
|
D (TCPRS)
|
CointEq1
|
-1.007701
(0.25593)
[-3.93735]
|
-0.412046
(0.27032)
[-1.52426]
|
0.716837
(0.35247)
[2.03373]
|
-1.801930
(0.75100)
[-2.39937]
|
D (TCPRH(-1))
|
0.319347
(0.19461)
[1.64093]
|
0.474015
(0.20556)
[2.30601]
|
0.033907
(0.26802)
[0.12651]
|
1.606937
(0.57107)
[2.81393]
|
D (TCPRA(-1))
|
0.063818
(0.14977)
[0.42611]
|
-0.404451
(0.15819)
[-2.55672]
|
0.039012
(0.20626)
[0.18914]
|
-0.322735
(0.43948)
[-0.73436]
|
D (TCPRI(-1))
|
-0.320905
(0.10813)
[-2.96775]
|
-0.224709
(0.11421)
[-1.96750]
|
-0.758527
(0.14892)
[-5.09358]
|
-0.201115
(0.31729)
[-0.63385]
|
D (TCPRS(-1))
|
-0.053644
(0.06782)
[-0.79097]
|
0.000855
(0.07163)
[0.01193]
|
-0.109250
(0.09340)
[-1.16966]
|
-0.392685
(0.19901)
[-1.97319]
|
Ecart-types des coefficients entre ( )
t-student entre [ ]
CointEq1 désigne le vecteur associé à la
relation de co-intégration contenant des coefficients des termes
à correction d'erreur. Ses coefficients dans l'estimation traduisent les
forces de rappel vers l'équilibre de long terme. Le coefficient de force
de rappel relatif à l'industrie est positif, un résultat qui peut
paraître surprenant. Pour le reste, les autres coefficients de retour
vers l'équilibre de long terme sont négatifs, ce qui traduit un
retour vers la relation de long terme.
La dynamique de court terme montre que le taux de croissance
du PIB réel par habitant est influencé uniquement par le taux de
croissance du PIB réel industriel retardé d'une période,
avec un coefficient négatif (-0,321). Le TCPRA est influencé par
TCPRH et TCPRI, retardés également d'une période. Cette
dynamique de court terme est confirmée par les tests de causalité
au sens de Granger.
4.3.4.3 Analyse de la
causalité
Les tests de causalité ont été
effectués à partir du VECM. Les résultats sont
présentés en annexe 6. Seul TCPRI cause TCPRH. Le TCPRA est
causé par le TCPRH. On remarque qu'il n'existe qu'une relation de
causalité entre les taux de croissance des PIB sectoriels. Le graphe
ci-dessous résume ces relations :
Figure 13: Graphe de causalité entre
les secteurs d'activité au Cameroun
TCPRH
TCPRA
TCPRI
TCPRS
4.3.4.4 Analyse des chocs
Les résultats des chocs sont présentés en
annexe 7. Un choc sur TCPRA a un effet négatif sur TCPRH sur les 10
périodes observées. L'effet reste quasiment invariant
après deux périodes, il suit une tendance horizontale. L'effet
sur TCPRI suit la même tendance. Après la première
période, l'effet du choc suit une trajectoire horizontale. Un constat
qui est observé après trois périodes sur TCPRS.
4.3.4.5 Décomposition de
la variance de l'erreur de prévision
La décomposition de la variance permet de
déterminer dans quelle mesure les variables ont une interaction entre
elles, c'est à dire dans quelle « direction » le choc
a t-il le plus d'impact. Les résultats sont présentés
en annexe 8.
Sur un horizon de 10 ans,
· la variance de l'erreur de prévision du TCPRH
est due à 76,7 % à ses propres variations et à 20,9 %
à celles de TCPRI. Les variations de TCPRA n'expliquent que 2 % de cette
variance
· la variance de l'erreur de prévision de TCPRA
est due à 95 % à ses propres variations.
4.3.4.6 Validation des
hypothèses sur les résidus
Les résultats des tests sur les résidus sont
présentés en annexe 9. Ces résultats concernent la
stabilité du modèle VAR, l'indépendance et la
normalité des erreurs.
4.3.4.6.1 Stabilité du
modèle
Trois racines du polynôme caractéristique ont
été fixées à 1. Les autres racines sont en module
inférieures à 1 (voir annexe 9). Le modèle est donc
stable.
4.3.4.6.2 Autocorrélation
des résidus
Le test a été fait en calculant la statistique
de Box-Pierce/Ljung-Box. Les résultats figurent en annexe 9. Aucune
autocorrélation sérielle n'a été
détectée à l'ordre minimal 2.
4.3.4.6.3 Normalité
La normalité a été testée
grâce à la statistique de Jarque et Bera. On teste
l'hypothèse nulle de normalité des résidus. Les
résultats du test sont présentés en annexe 9.
L'hypothèse de normalité n'est pas rejetée.
4.4
Analyse des résultats
Le modèle à correction d'erreur utilisé
pour mesurer l'impact du secteur agricole sur la croissance économique
au Cameroun durant la période allant de 1966 à 2005 a
présenté une faible structure causale entre les différents
secteurs d'activité. Au seuil de significativité de 5 %, il
n'existe pratiquement aucune relation de causalité entre les taux de
croissance des PIB sectoriels ; le seul sens significatif est celui de
l'industrie vers l'agriculture avec tout de même une p-value de 4,91 % au
seuil de 5 %. Ce résultat peut s'expliquer par la désarticulation
des économies d'Afrique subsaharienne en général et de
l'économie camerounaise en particulier. L'économie camerounaise
est une économie extravertie, les matières premières
issues du secteur primaire sont exportées à l'état brut et
l'industrie n'utilise pas toujours les matières premières
produites localement. Les produits finis commercialisés sont issus des
importations pour la plupart. Un article de Syfia International sur le secteur
du cacao souligne que les industriels utilisant la poudre de cacao dans leur
processus de production l'acquièrent à l'étranger à
un prix valant 5 fois le prix auquel cette poudre produite localement est
exportée. Avant la libéralisation, la société
industrielle camerounaise des cacaos (Sic-cacaos) achetait le cacao de mauvaise
qualité auprès des planteurs à un prix
subventionné, tandis que le meilleur cacao était
entièrement exporté. L'application des PAS les a mis en
concurrence avec les exportateurs privés. Et depuis quelques
années, la Sic-cacaos exporte également le cacao qu'elle
rachète. Conséquence de cette situation, les industriels
importent de la poudre de cacao alors même que le Cameroun est le
cinquième producteur mondial de ce produit.
De plus, l'hypothèse d'un transfert de main d'oeuvre du
secteur agricole vers le secteur industriel est difficilement observable au
Cameroun. D'une part, le secteur industriel n'est pas structurellement apte
à absorber la main d'oeuvre sous-employée du secteur agricole.
D'autre part, cette main d'oeuvre n'est pas suffisamment qualifiée. Le
transfert de main d'oeuvre se fait alors vers le secteur informel avec le
phénomène d'exode rural. On a observé au cours des
dernières années, une évolution croissante du secteur
informel dans l'économie camerounaise. Concernant le sens de la
causalité entre croissance de l'agriculture et croissance de
l'économie en général, un seul sens de la causalité
est significatif. Sur la période 1966-2005, la croissance du secteur
agricole n'a pas causé celle de l'économie en
général, par contre, le sens inverse de la relation est
significatif.
Ces résultats montrent ainsi que le secteur agricole
n'a pas encore joué un rôle de secteur en amont dans
l'économie camerounaise, c'est-à-dire, le secteur qui par son
expansion peut induire le développement des autres secteurs, pourtant
l'importance qu'avait ce secteur en terme de contribution au PIB et d'emplois
pourvus pendant les années 60 laissait envisager qu'il serait le moteur
du développement des autres secteurs. Or, depuis son indépendance
en 1960, le gouvernement camerounais a toujours mis l'agriculture au centre du
développement économique. Durant les plans quinquennaux, les
agriculteurs ont été en quelque sorte taxés par le
gouvernement. L'écart entre prix au producteur et prix mondial pour le
cacao et le café en sont des illustrations. Ces revenus tirés du
secteur agricole étaient censés financer le développement
du secteur industriel, plus apte à mettre sur pied de véritables
conditions d'un développement économique, et dans le même
temps, la part du secteur agricole dans le PIB était vouée
à la décroissance telle que le prévoient les
théories du développement. Les raisons évoquées
dans la littérature font état de nombreux problèmes dont
au premier plan la mauvaise gestion35(*). Les fonds prélevés ont
été utilisés à d'autres fins qu'au financement du
développement. Une autre raison de cette incapacité du secteur
agricole à induire la croissance des autres secteurs et de
l'économie est la fluctuation du cours des matières
premières. Les prix des produits de base sont fixés sur le
marché mondial, les producteurs des produits de base sont des
"price-taker", ils subissent les variations à la baisse de ces prix sans
possibilité d'y exercer une influence. La crise économique
survenue au Cameroun en 1987 a eu pour principale cause une baisse de 50 % du
cours des produits de base.
L'existence d'une relation de co-intégration montre une
certaine stabilité de l'économie camerounaise à long
terme. Ainsi, dans le long terme, la structure économique est
restée la même. Par structure, on entend la répartition de
la part des différents secteurs dans l'économie. Ce
résultat rejoint l'analyse précédente : la croissance
du secteur agricole n'a pas été à même d'influencer
la croissance des autres secteurs. L'effet d'entraînement du secteur
agricole tel que le prédisait LEWIS n'a pas encore été
observé au Cameroun, plus de 40 ans après son
indépendance.
L'examen des fonctions de réponses impulsionnelles
montre que l'effet d'un choc de l'agriculture sur la croissance
économique est faible et négatif. Le coefficient de TCPRA
apparaît négatif et significatif dans la relation de long terme,
les autres composantes ont un coefficient positif. Ainsi, sur la période
allant de 1966 à 2003, une croissance du PIB agricole a eu en moyenne
pour effet un recul du PIB réel par habitant, toute chose étant
égale par ailleurs. Ce résultat fait penser au
phénomène de croissance appauvrissante relevée dans les
pays dotée d'un fort potentiel en ressources naturelles comme le montre
une étude réalisée par THORVALDUR (2000). En
considérant les pays d'Europe centrale et de l'Est, il montre que
l'abondance des ressources naturelles et une agriculture extensive peut
entraver la croissance économique. La dépendance vis-à-vis
des produits agricoles peut générer un comportement de rente et
entraîner la corruption et la mauvaise gestion.
CONCLUSION
L'objectif de cette étude était d'évaluer
l'impact de l'agriculture sur la croissance économique au Cameroun et
donc parallèlement sur le développement des autres secteurs
d'activité. Le secteur agricole a toujours été au centre
de la politique économique du Cameroun. Ce secteur a connu des mutations
tout au long de l'histoire du Cameroun, avec dès 1990, une
redéfinition des rôles joués par les différents
acteurs de ce secteur. Le gouvernement du Cameroun l'avait
désigné comme le moteur du développement économique
au lendemain des indépendances. Ce discours demeure d'actualité
près de 50 ans après l'indépendance ; le secteur
agricole tarde encore à avoir un effet d'entraînement en vue
d'amorcer un véritable décollage économique. Des
estimations faites à l'aide des données sur l'activité
économique au Cameroun montre qu'il existe une relation de long terme
entre les taux de croissance du PIB réel par tête, des PIB
réel agricole, industriel et des services. Ainsi, l'économie
camerounaise a évolué dans une certaine stabilité au
niveau de sa structure. Cette relation de long terme montre qu'une hausse du
PIB réel agricole a eu en moyenne une baisse du PIB réel par
tête. Les estimations révèlent également que le
développement du secteur agricole n'a pas causé celui des autres
secteurs. Ces résultats s'expliquent d'une part par le caractère
traditionnel qu'a conservé l'activité agricole au Cameroun, le
secteur agricole tarde encore à se moderniser complètement.
D'autre part l'économie est encore relativement
désarticulée. On pourrait ajouter des facteurs externes. Les
producteurs sont price taker sur le marché mondial, il existe donc des
risques de pertes liées à la chute des cours des produits de
base, comme cela fut le cas au début des années 1980. Ces
différents résultats débouchent sur quelques
recommandations :
Recommandations
(1) Renforcer la liaison entre l'agriculture et le
secteur moderne
Le secteur industriel s'est révélé comme
celui qui a positivement influencé la croissance du PIB réel par
tête au Cameroun dans le long terme. Ainsi, une croissance du PIB
industriel a jusqu'ici été la plus à même d'induire
en moyenne une amélioration du niveau de vie mesurée par le PIB
réel par habitant.
Dans le même temps, le développement agricole n'a
pas causé le développement des autres secteurs. Les secteurs ont
pratiquement évolué de façon indépendante. Or, une
liaison de l'agriculture vers l'industrie s'impose lors des premières
phases du développement énoncées par ROSTOW. La
théorie économique montre cette nécessité et de
nombreux exemples empiriques en fournissent une illustration. Pour les
autorités camerounaises, de nombreuses mesures s'imposent :
Transformation des produits de base
Il y a nécessité de promouvoir une
transformation locale plus accrue des produits de base. Cette proposition n'a
rien d'original, elle est évoquée depuis des décennies
dans les analyses économiques du Cameroun. La transformation des
produits de base donne une plus grande valeur ajoutée au produit, et
donc augmente la richesse créée. En même temps, il y a
création d'emplois. L'exportation des produits de base à
l'état brut contribue à la détérioration des termes
de l'échange.
Appui à la création des
agro-industries
L'industrie alimentaire est l'une des industries utilisant les
produits agricoles. Les importations alimentaires se sont fortement
multipliées au Cameroun. La contribution de la production traditionnelle
a baissé de 86 % en 1970 à 63 % en 199036(*). Entre 1960 et 1998, la
production céréalière, le premier poste alimentaire des
ménages, a baissé de 157 à 84,9 kg. Des mesures
incitatives doivent être mises en place pour permettre l'essor des
agro-industries locales utilisant la matière première issue du
secteur agricole. Avec l'essor considérable des agro-industries, la
structure de la demande à l'agriculture serait modifiée afin que
le secteur agricole serve de secteur en amont des autres secteurs
d'activité.
Création des industries pour les intrants
agricoles
La cherté des engrais et autres intrants agricoles
reste un problème récurrent pour les agriculteurs. Une industrie
locale permettrait de réduire les coûts d'accès à
ces intrants.
(2) Développer le secteur agricole
Moderniser l'agriculture
L'économiste P. HUGON constate qu'en Afrique,
l'augmentation de la production agricole est généralement plus
due à une augmentation de la surface cultivable qu'à une
amélioration des rendements. L'agriculture utilise très peu de
capital. Les exploitations utilisant plus de capital sont les grandes
exploitations dont la production est vouée à l'exportation. Des
estimations du MINADER font état d'une agriculture camerounaise à
95 % familiale. Il y a urgence d'améliorer la productivité
agricole par une augmentation de l'intensité capitalistique et
technologique.
Procéder à une réforme
agraire
La Terre est un facteur de production crucial dans
l'activité agricole. L'attribution des terres cultivables doit se faire
en faveur de ceux qui ont la capacité de les mettre en valeur et les
droits des propriétaires fonciers doivent être davantage
protégés. L'application du droit coutumier expose souvent les
entrepreneurs à des expropriations abusives. Dans un tel contexte
d'incertitude, l'investissement dans le secteur agricole devient
risqué.
Investir dans l'agriculture
Les États africains s'étaient engagés
à fournir 10 % de leur budget à l'agriculture. Ce chiffre n'est
pas encore atteint. Or les problèmes dans le secteur agricole sont
nombreux notamment la cherté des engrais et autres intrants,
l'insuffisance des moyens de conditionnement en particulier pour les cultures
vivrières.
BIBLIOGRAPHIE
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33-49.
ANNEXES
ANNEXE 1 : corrélogrammes
partiels
Corrélogramme de D(TCPRH) corrélogramme de
D2(TCPRH)
Corrélogramme de D(TCPRA)
corrélogramme de D2(TCPRA)
Corrélogramme de D(TCPRI) corrélogramme
de D2(TCPRI)
Corrélogramme de D (TCPRS) corrélogramme de
D2 (TCPRS)
ANNEXE 2 : résultats des
tests de racine unitaire sur les variables.
1. tests ADF sur TCPRH
Variable TCPRH
|
modèle
|
retard
|
Statistique ADF
|
t-statistique à 5 %
|
En niveau
|
Trend et constante
|
2
|
-
|
|
constante
|
2
|
-
|
|
sans constante ni trend
|
2
|
-1,786
|
-1,950
|
En différence première
|
Trend et constante
|
3
|
-
|
|
constante
|
3
|
-
|
|
sans constante ni trend
|
3
|
-3,667*
|
-1,950
|
*significatif au niveau de 5 %
2. test ADF sur TCPRA
Variable TCPRA
|
modèle
|
retard
|
Statistique ADF
|
t-statistique à 5 %
|
En niveau
|
Trend et constante
|
4
|
-
|
|
constante
|
4
|
-
|
|
sans constante ni trend
|
4
|
-1,092
|
-1,950
|
En différence première
|
Trend et constante
|
4
|
-
|
|
constante
|
4
|
-
|
|
sans constante ni trend
|
4
|
-3,808*
|
-1,951
|
*significatif au niveau de 5 %
3. test ADF sur TCPRI
Variable TCPRI
|
modèle
|
retard
|
Statistique ADF
|
t-statistique à 5 %
|
En niveau
|
Trend et constante
|
1
|
-
|
|
Constante
|
1
|
-
|
|
Sans constante ni trend
|
1
|
-1,352
|
-1,950
|
En différence première
|
Trend et constante
|
3
|
-
|
|
constante
|
3
|
-
|
|
Sans constante ni trend
|
3
|
-2,192*
|
-1,951
|
*significatif au niveau de 5 %
4. test ADF sur TCPRS
Variable TCPRS
|
modèle
|
retard
|
Statistique ADF
|
t-statistique à 5 %
|
En niveau
|
Trend et constante
|
4
|
-
|
|
Constante
|
4
|
-
|
|
Sans constante ni trend
|
4
|
-1,721
|
-1,951
|
En différence première
|
Trend et constante
|
2
|
-
|
|
|
Constante
|
2
|
-
|
|
|
Sans constante ni trend
|
2
|
-4,712*
|
-1,950
|
*significatif au niveau de 5 %
ANNEXE 3 : comparaison des
critères d'information sur le modèle VAR à niveau
Lag
|
LogL
|
LR
|
FPE
|
AIC
|
SC
|
HQ
|
1
|
-471.1972
|
NA
|
6707191.
|
27.06651
|
27.77030*
|
27.31215*
|
2
|
-452.4518
|
29.15962*
|
5912872.*
|
26.91399*
|
28.32156
|
27.40527
|
3
|
-441.7900
|
14.21567
|
8580226.
|
27.21056
|
29.32192
|
27.94748
|
4
|
-422.8911
|
20.99879
|
8576088.
|
27.04951
|
29.86465
|
28.03207
|
ANNEXE 4: test de
co-intégration
1. test de la trace
Hypothesized
|
|
Trace
|
5 Percent
|
1 Percent
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
None **
|
0.559347
|
58.04839
|
39.89
|
45.58
|
At most 1 *
|
0.361310
|
26.90751
|
24.31
|
29.75
|
At most 2
|
0.202308
|
9.870751
|
12.53
|
16.31
|
At most 3
|
0.033162
|
1.281526
|
3.84
|
6.51
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Trace test indicates 2 cointegrating equation(s) at the 5%
level
|
Trace test indicates 1 cointegrating equation(s) at the 1%
level
|
2. test de la valeur propre
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
5 Percent
|
1 Percent
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
None **
|
0.559347
|
31.14088
|
23.80
|
28.82
|
At most 1
|
0.361310
|
17.03676
|
17.89
|
22.99
|
At most 2
|
0.202308
|
8.589224
|
11.44
|
15.69
|
At most 3
|
0.033162
|
1.281526
|
3.84
|
6.51
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating equation(s) at
both 5% and 1% levels
|
ANNEXE 5: estimation du VECM
Cointegrating Eq:
|
CointEq1
|
|
|
|
TCPRH(-1)
|
1.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TCPRA(-1)
|
0.270155
|
|
|
|
|
(0.13546)
|
|
|
|
|
[ 1.99434]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TCPRI(-1)
|
-0.424093
|
|
|
|
|
(0.06888)
|
|
|
|
|
[-6.15707]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TCPRS(-1)
|
-0.030700
|
|
|
|
|
(0.04758)
|
|
|
|
|
[-0.64526]
|
|
|
|
Error Correction:
|
D(TCPRH)
|
D(TCPRA)
|
D(TCPRI)
|
D(TCPRS)
|
CointEq1
|
-1.007701
|
-0.412046
|
0.716837
|
-1.801930
|
|
(0.25593)
|
(0.27032)
|
(0.35247)
|
(0.75100)
|
|
[-3.93735]
|
[-1.52426]
|
[ 2.03373]
|
[-2.39937]
|
|
|
|
|
|
D(TCPRH(-1))
|
0.319347
|
0.474015
|
0.033907
|
1.606937
|
|
(0.19461)
|
(0.20556)
|
(0.26802)
|
(0.57107)
|
|
[ 1.64093]
|
[ 2.30601]
|
[ 0.12651]
|
[ 2.81393]
|
|
|
|
|
|
D(TCPRA(-1))
|
0.063818
|
-0.404451
|
0.039012
|
-0.322735
|
|
(0.14977)
|
(0.15819)
|
(0.20626)
|
(0.43948)
|
|
[ 0.42611]
|
[-2.55672]
|
[ 0.18914]
|
[-0.73436]
|
|
|
|
|
|
D(TCPRI(-1))
|
-0.320905
|
-0.224709
|
-0.758527
|
-0.201115
|
|
(0.10813)
|
(0.11421)
|
(0.14892)
|
(0.31729)
|
|
[-2.96775]
|
[-1.96750]
|
[-5.09358]
|
[-0.63385]
|
|
|
|
|
|
D(TCPRS(-1))
|
-0.053644
|
0.000855
|
-0.109250
|
-0.392685
|
|
(0.06782)
|
(0.07163)
|
(0.09340)
|
(0.19901)
|
|
[-0.79097]
|
[ 0.01193]
|
[-1.16966]
|
[-1.97319]
|
R-squared
|
0.477434
|
0.405919
|
0.578927
|
0.316535
|
Adj. R-squared
|
0.414093
|
0.333910
|
0.527888
|
0.233691
|
Sum sq. resids
|
1009.221
|
1125.902
|
1914.192
|
8689.834
|
S.E. equation
|
5.530141
|
5.841083
|
7.616155
|
16.22739
|
F-statistic
|
7.537476
|
5.637004
|
11.34282
|
3.820848
|
Log likelihood
|
-116.2273
|
-118.3060
|
-128.3895
|
-157.1338
|
Akaike AIC
|
6.380383
|
6.489789
|
7.020500
|
8.533358
|
Schwarz SC
|
6.595855
|
6.705261
|
7.235972
|
8.748830
|
Mean dependent
|
0.347812
|
-0.051044
|
0.015977
|
0.796918
|
Schwarz Criteria
|
29.18410
|
|
|
ANNEXE 6: test de causalité de
Granger
Dependent variable: D(TCPRH)
|
Exclude
|
Chi-sq
|
df
|
Prob.
|
D(TCPRA)
|
0.181568
|
1
|
0.6700
|
D(TCPRI)
|
8.807565
|
1
|
0.0030
|
D(TCPRS)
|
0.625628
|
1
|
0.4290
|
All
|
9.610231
|
3
|
0.0222
|
|
|
|
|
Dependent variable: D(TCPRA)
|
Exclude
|
Chi-sq
|
df
|
Prob.
|
D(TCPRH)
|
5.317702
|
1
|
0.0211
|
D(TCPRI)
|
3.871057
|
1
|
0.0491
|
D(TCPRS)
|
0.000142
|
1
|
0.9905
|
All
|
8.231645
|
3
|
0.0415
|
|
|
|
|
Dependent variable: D(TCPRI)
|
Exclude
|
Chi-sq
|
df
|
Prob.
|
D(TCPRH)
|
0.016004
|
1
|
0.8993
|
D(TCPRA)
|
0.035772
|
1
|
0.8500
|
D(TCPRS)
|
1.368110
|
1
|
0.2421
|
All
|
1.728591
|
3
|
0.6306
|
|
|
|
|
Dependent variable: D(TCPRS)
|
Exclude
|
Chi-sq
|
df
|
Prob.
|
D(TCPRH)
|
7.918199
|
1
|
0.0049
|
D(TCPRA)
|
0.539282
|
1
|
0.4627
|
D(TCPRI)
|
0.401762
|
1
|
0.5262
|
All
|
9.011989
|
3
|
0.0291
|
|
|
|
|
ANNEXE 7: chocs impulsionnels
ANNEXE 8: décomposition de la
variance de l'erreur de prévision
Décomposition de la variance de TCPRH
Period
|
S.E.
|
TCPRH
|
TCPRA
|
TCPRI
|
TCPRS
|
1
|
5.530141
|
100.0000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
5.910808
|
96.02974
|
1.797505
|
1.971156
|
0.201604
|
3
|
6.280855
|
85.18550
|
1.762940
|
12.79784
|
0.253715
|
4
|
6.497194
|
84.44586
|
1.784198
|
13.45990
|
0.310042
|
5
|
6.881519
|
83.04036
|
1.805383
|
14.87177
|
0.282484
|
6
|
7.121518
|
81.68344
|
1.956127
|
16.06514
|
0.295295
|
7
|
7.373521
|
79.60414
|
2.001400
|
18.11804
|
0.276414
|
8
|
7.604406
|
78.67871
|
2.059597
|
18.98903
|
0.272669
|
9
|
7.853120
|
77.55458
|
2.098736
|
20.09079
|
0.255895
|
10
|
8.075056
|
76.67611
|
2.153471
|
20.92185
|
0.248571
|
Décomposition de la variance de TCPRA
Period
|
S.E.
|
TCPRH
|
TCPRA
|
TCPRI
|
TCPRS
|
1
|
5.841083
|
2.632137
|
97.36786
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
6.442955
|
3.442542
|
96.09469
|
0.402751
|
0.060014
|
3
|
7.738693
|
4.562130
|
92.43198
|
2.875008
|
0.130882
|
4
|
8.543646
|
4.131478
|
93.39431
|
2.360148
|
0.114065
|
5
|
9.325968
|
3.467819
|
94.07996
|
2.281090
|
0.171129
|
6
|
10.00001
|
3.104118
|
94.72714
|
2.016369
|
0.152377
|
7
|
10.66811
|
2.855691
|
94.92366
|
2.037699
|
0.182949
|
8
|
11.27945
|
2.643045
|
95.30611
|
1.879411
|
0.171438
|
9
|
11.86601
|
2.443821
|
95.54221
|
1.830669
|
0.183304
|
10
|
12.41761
|
2.297150
|
95.78709
|
1.738226
|
0.177533
|
Décomposition de la variance de TCPRI
Period
|
S.E.
|
TCPRH
|
TCPRA
|
TCPRI
|
TCPRS
|
1
|
7.616155
|
18.91358
|
11.73985
|
69.34657
|
0.000000
|
2
|
8.660875
|
28.83656
|
14.07004
|
53.95585
|
3.137545
|
3
|
10.69634
|
30.85155
|
12.48242
|
54.57618
|
2.089854
|
4
|
11.46485
|
32.54601
|
13.70535
|
50.65093
|
3.097706
|
5
|
12.70769
|
32.88303
|
13.71881
|
50.86878
|
2.529375
|
6
|
13.50070
|
34.64796
|
14.20378
|
48.35102
|
2.797245
|
7
|
14.46402
|
35.10384
|
14.29313
|
48.10529
|
2.497742
|
8
|
15.20094
|
35.95706
|
14.57329
|
46.91418
|
2.555469
|
9
|
16.01285
|
36.32761
|
14.69039
|
46.58683
|
2.395178
|
10
|
16.71082
|
36.91414
|
14.85773
|
45.83770
|
2.390428
|
Décomposition de la variance de TCPRS
Period
|
S.E.
|
TCPRH
|
TCPRA
|
TCPRI
|
TCPRS
|
1
|
16.22739
|
17.86163
|
12.63639
|
17.62592
|
51.87607
|
2
|
19.85685
|
17.21172
|
20.93375
|
11.99704
|
49.85748
|
3
|
22.46035
|
13.77996
|
22.09512
|
9.868909
|
54.25601
|
4
|
24.99927
|
11.77894
|
23.34752
|
8.354057
|
56.51948
|
5
|
27.24475
|
10.77958
|
24.01892
|
8.013217
|
57.18828
|
6
|
29.37198
|
9.740009
|
24.73979
|
7.220607
|
58.29960
|
7
|
31.25033
|
8.873869
|
25.29481
|
6.813054
|
59.01827
|
8
|
33.08137
|
8.256760
|
25.63530
|
6.399515
|
59.70842
|
9
|
34.79901
|
7.784161
|
25.96610
|
6.151745
|
60.09799
|
10
|
36.44519
|
7.369416
|
26.21746
|
5.881765
|
60.53136
|
ANNEXE 9 : Tests sur les
résidus
Autocorrélation
Lags
|
Q-Stat
|
Prob.
|
Adj Q-Stat
|
Prob.
|
df
|
1
|
9.412862
|
NA*
|
9.667263
|
NA*
|
NA*
|
2
|
21.34547
|
0.1656
|
22.26279
|
0.1349
|
16
|
Stabilité
Normalité
|
|
|
|
|
Component
|
Skewness
|
Chi-sq
|
df
|
Prob.
|
1
|
0.151488
|
0.145341
|
1
|
0.7030
|
2
|
0.059461
|
0.022392
|
1
|
0.8810
|
3
|
0.268515
|
0.456636
|
1
|
0.4992
|
4
|
0.231107
|
0.338265
|
1
|
0.5608
|
Joint
|
|
0.962634
|
4
|
0.9154
|
|
|
|
|
|
Component
|
Kurtosis
|
Chi-sq
|
df
|
Prob.
|
1
|
2.073188
|
1.360051
|
1
|
0.2435
|
2
|
3.209877
|
0.069743
|
1
|
0.7917
|
3
|
2.731460
|
0.114180
|
1
|
0.7354
|
4
|
3.608854
|
0.586948
|
1
|
0.4436
|
Joint
|
|
2.130922
|
4
|
0.7117
|
|
|
|
|
|
Component
|
Jarque-Bera
|
df
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1.505392
|
2
|
0.4711
|
|
2
|
0.092136
|
2
|
0.9550
|
|
3
|
0.570815
|
2
|
0.7517
|
|
4
|
0.925212
|
2
|
0.6296
|
|
|
|
|
|
|
Joint
|
3.093555
|
8
|
0.9283
|
|
ANNEXE10 : Tableau des
données
ANNÉE
|
TCPRH
|
TCPRA
|
TCPRI
|
TCPRS
|
1966
|
2,27
|
4,02
|
5,27
|
4,78
|
1967
|
-12,95
|
6,31
|
1,30
|
-23,58
|
1968
|
3,86
|
5,26
|
12,04
|
-42,25
|
1969
|
2,40
|
5,44
|
6,53
|
-4,16
|
1970
|
0,58
|
4,89
|
-1,30
|
20,03
|
1971
|
0,91
|
1,29
|
12,06
|
2,83
|
1972
|
0,08
|
5,81
|
-3,43
|
33,26
|
1973
|
2,64
|
3,92
|
4,18
|
-0,51
|
1974
|
7,79
|
4,83
|
5,42
|
17,50
|
1975
|
8,20
|
1,23
|
3,65
|
25,18
|
1976
|
-8,17
|
1,34
|
7,68
|
-9,35
|
1977
|
10,44
|
1,32
|
18,34
|
23,75
|
1978
|
18,43
|
3,78
|
10,44
|
46,92
|
1979
|
2,96
|
14,93
|
43,66
|
-6,22
|
1980
|
-4,76
|
0,25
|
8,86
|
-12,40
|
1981
|
13,83
|
13,16
|
30,68
|
14,06
|
1982
|
4,58
|
3,82
|
17,99
|
8,03
|
1983
|
3,97
|
-7,58
|
18,34
|
11,57
|
1984
|
4,52
|
8,83
|
4,92
|
0,84
|
1985
|
5,03
|
8,64
|
8,64
|
9,26
|
1986
|
3,70
|
6,09
|
6,09
|
7,15
|
1987
|
-4,99
|
0,51
|
0,51
|
-7,73
|
1988
|
-10,51
|
-12,66
|
-7,09
|
-2,73
|
1989
|
-4,65
|
7,11
|
-2,30
|
-10,01
|
1990
|
-8,76
|
-1,00
|
-6,80
|
-8,26
|
1991
|
-6,47
|
-4,00
|
-6,60
|
-2,25
|
1992
|
-5,72
|
6,00
|
-10,40
|
-11,04
|
1993
|
-5,74
|
1,20
|
-4,30
|
-5,68
|
1994
|
-4,98
|
3,10
|
-14,40
|
13,08
|
1995
|
0,77
|
8,72
|
-2,42
|
5,89
|
1996
|
2,53
|
7,42
|
4,53
|
-2,81
|
1997
|
2,73
|
7,55
|
7,65
|
-0,93
|
1998
|
2,76
|
6,78
|
7,66
|
-0,76
|
1999
|
2,20
|
6,80
|
6,30
|
-0,21
|
2000
|
2,07
|
4,50
|
5,00
|
3,50
|
2001
|
2,44
|
4,50
|
8,03
|
3,50
|
2002
|
2,01
|
3,73
|
4,99
|
9,50
|
2003
|
2,09
|
3,67
|
3,18
|
7,98
|
2004
|
1,83
|
3,50
|
2,39
|
8,10
|
2005
|
0,27
|
4,37
|
1,91
|
6,70
|
Source : Banque Mondiale (WDI, 2007)
TCPRH: Taux de croissance du PIB reel par tête
TCPRA : Taux de croissance du PIB réel agricole
TCPRI : Taux de croissance du PIB industriel
TCPRS : Taux de croissance du PIB réel des
services
* 1 Encyclopédie libre
Wikipédia
* 2 Banque Mondiale, WDI
(2007)
* 3 KATIRCIOGLU S. T.,
«Co-Integration and Causality Between GDP, Agriculture, Industry and
Services Growth in North Cyprus: Evidence from Time Series Data,
1977-2002», Review of Social, Economic & Business Studies, Vol.5/6,
173 - 187
* 4 NORTON R. D. (2005),
Politiques de développement agricole: concepts et
expériences, p. 7.
* 5 Dictionnaire Petit
Robert
* 6 Lexique
d'économie, Édition Dalloz, Paris, 2006
* 7 WINTERS P., DE JANVRY A.,
SADOULET E., STAMOULIS K. (1997), The role of agriculture in
economic development: visible and invisible surplus transfers, p.
2
* 8 BRASSEUL J.,
Introduction à l'économie du
développement, Armand Colin, Paris, 1989.
* 9 NORTON R. D.,
Politiques de développement agricole: concepts et
expériences, p. 3
* 10 Anne O. Krueger, Policy
Lessons from Development Experience since the Second World War, dans: Jere
Behrman et T. N. Srinivasan, éd., Handbook of Development Economics,
vol. IIIB, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1995, p. 2501.
cité par NORTON (2005), p. 4
* 11 GILLIS M., PERKINS D. H.,
ROEMER M., SNODGRASS D. R., Économie du
développement, 2e édition, Nouveaux
Horizons, Bruxelles, 1998, p. 553.
* 12 MELLOR (1970), p. 37
* 13 ROSTOW W. W., Les
étapes de la croissance économique. Un manifeste non communiste,
3e édition, économica, Paris, 1997, p. 47.
* 14 MELLOR J. (1970), p. 75
* 15 Op. cit. pp 75-78
* 16 Op. cit. pp 64-65
* 17 MELLOR (1970)
* 18 BRASSEUL (1989)
* 19 Cité dans GILLIS M.
et al. (1998), p. 66
* 20 Banque Mondiale, Rapport
sur le développement dans le monde 2008 : L'agriculture au service
du développement, p. 34
* 21 Op. cit. p. 47
* 22 NORTON R. D. (2005), p.
7
* 23 Banque Mondiale, Rapport
sur le développement dans le monde 2008 : L'agriculture au service
du développement, p. 38
* 24 FAO (2008),
«DIAGNOSTIC DU SYSTÈME NATIONAL DE RECHERCHE ET DE VULGARISATION
AGRICOLES DU CAMEROUN et stratégie de renforcement des capacités
pour la dissémination des connaissances et des technologies
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* 25 BAMOU E., NJINKEU D.,
DOUYA E. (2001), «Agriculture et nouveau programme des
négociations de L'OMC des années 2000: analyse économique
des intérêts et options politiques du Cameroun»,
Contribution au projet conjoint Banque Mondiale et Consortium de
la Recherche Economique en Afrique (CREA).
* 26 Cité par BAMOU E.,
NJINKEU D., DOUYA E. (2001)
* 27 Les étudiants de
l'ENSP ou encore de la FASA ont connu une suspension de leur recrutement
à la fonction publique
* 28 Banque Mondiale
* 29Cité par AWOUMOU
(2006), p 23
* 30 FAO (2008),
«DIAGNOSTIC DU SYSTÈME NATIONAL DE RECHERCHE ET DE VULGARISATION
AGRICOLES DU CAMEROUN et stratégie de renforcement des capacités
pour la dissémination des connaissances et des technologies
agricoles».
* 31 LARDIC S., MIGNON V.
(2002), p 83
* 32 BOURBONNAIS R., TERRAZA M.
(2004), p 74
* 33 Op. Cit. p 133
* 34 LARDIC S., MIGNON V.
(2002), page 97
* 35 MINADER (2004),
«Diagnostic du sous-secteur agricole 1960-1980»
* 36 BAMOU, NJINKEU, DOUYA
(2001)