INTRODUCTION
Problématique et
Intérêt du sujet.
En République Démocratique du Congo, l'avifaune
est particulièrement riche et diversifiée. La presque
totalité des ordres de la classe des Oiseaux présents en Afrique
s'y trouve, soit plus de 1000 espèces dont 128 sont migratrices
(Anomyne, 1997). Le centre d'endémisme guinéo congolais compte
655 espèces d'oiseaux dont 36 % d'endémiques, ce qui fait du pays
une des régions les plus riches de l'Afrique subsaharienne. Parmi ces
espèces, seules les espèces soumises à un commerce
international lucratif retiennent l'attention des gestionnaires et des
scientifiques pour le suivi de leurs populations. Il s'agit de :
Afropavo congensis (Paon congolais), Balaeniceps rex (Bec en
sabot), Sagittarius serpentarius (Grand serpentaire), Bucorvus
abyssinicus (Calao d'Abyssinie), Psittacus erithacus (Perroquet
gris) et quelques autres, notamment les vautours.
Sur toute l'étendue du territoire congolais et
même à l'intérieur des zones protégées (parcs
nationaux, réserves et domaines de chasse) où toutes les
espèces sont supposées être protégées,
aucune espèce n'a fait l'objet d'une étude de grande envergure.
La présente étude contribue donc à
acquérir des connaissances sur l'avifaune congolaise et constituera une
base pour des études ultérieures, en particulier des
études sur l'écoéthologie comparée des tous les
Alcedinidae de la région de Kinshasa.
Choix du sujet
Notre choix s'est porté sur le petit
Martin-pêcheur huppé (Alcedo cristata) et le
Martin-chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis) de la
famille des Alcedinidae pour plusieurs raisons.
D'une part l'extraction de sable sur leurs talus, ravins ou
berges de nidification pour les constructions anarchiques des maisons dans la
périphérie de Kinshasa, constitue une menace importante pour la
survie de ces oiseaux et pourrait à la longue entraîner leur
disparition, si des mesures de protection ne sont pas immédiatement
prises par notre gouvernement. Dès lors d'éventuelles mesures de
protection de ces espèces (et autres Alcedinidae) ne peuvent être
proposées et comprises que si elles sont fondées sur des
informations scientifiques de qualité.
D'autre part, ces oiseaux (aussi bien que les autres
Alcedinidae à tendance piscivore) sont fréquemment
considérés comme concurrents indésirables par les
pêcheurs et ils sont de ce fait piégés et tués.
Différents auteurs ont montré qu'ils ne mangent que des petits
poissons et qu'il semblerait donc qu'ils ne soient pas les ogres que l'on dit.
Douthwaite(1976), Whitfield & Blaber(1978) cités par Draulaus et
al.(1981) déclarent avoir trouvé dans les pelotes de
Alcedo cristata du lac Victoria seulement des Haplochromis sp
de taille variant de 5,5 à 10,5cm et dans les pelotes de Ceryle
rudis du lac Sainte Lucia, des Cichlidae de 10 à 15 cm.
Tjomlid (1973) et Pring-Mill (1974), Rensen (1978) cités par Reyer
et al. (1988) constatent aussi que les martins pêcheurs
sont très sélectifs surtout pour la taille des proies
capturées, 20-25 mm pour Alcedo cristata et 40 mm pour
Ceryle rudis dans le lac Nakuru au Kenya.
Et enfin, en dehors de Ceryle rudis qui a
été plus étudié en Afrique de l'Est, la biologie
des autres espèces demeure encore mal connue. Les informations sur leur
régime alimentaire sont très fragmentaires, voire
anecdotiques.
Objectifs
L'objectif principal de la présente étude est de
décrire et de comparer différents aspects de l'écologie et
du comportement des Alcedinidae de la région de Kinshasa. Il est
primordial de quantifier la consommation des martins-pêcheurs. Cela nous
permet d'aborder différents problèmes tels que l'importance de la
prédation de l'oiseau sur les populations de poissons et les
fluctuations de la consommation au cours de la période de reproduction
chez les petits Martins-pêcheurs huppés et Martins chasseurs du
Sénégal. Et enfin, nous allons faire une description de
différents stades du développement et du patron de croissance
chez les poussins de petits Martins pêcheurs huppés.
Subdivision du
travail
Précédé d'une introduction, ce travail
comprend trois chapitres. Le premier chapitre traite des
généralités sur les Alcedinidae de la région de
Kinshasa ; le deuxième présente le milieu d'étude, le
troisième décrit le matériel et les méthodes
utilisés et le quatrième présente les résultats
obtenus. Une discussion et une conclusion terminent notre contribution.
|