CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE
1.1: Exposé du
problème
Les IST sont parmi les causes les plus fréquentes de
morbidité dans le monde. Avant l'apparition des premiers cas de SIDA en
1981, les IST étaient considérées comme un problème
de santé publique mais de préoccupation secondaire pour les
services de santé dans les pays en développement [3]. Depuis
l'avènement du SIDA, et après l'établissement du
rôle des IST comme facteurs de risque importants dans les infections
à VIH et l'apparition des cas de SIDA maladie, les IST sont devenues des
maladies qui préoccupent le monde entier au plus haut degré [2].
Leur propagation au sein des populations humaines est importante. En 2002,
l'OMS estimait à environ 685000 personnes le nombre de personnes
infectées par une IST chaque jour dans le monde [2]. Selon le même
auteur en 2006 on estimait à plus de 340 millions le nombre de nouveaux
cas d'infections sexuellement transmissibles courantes, bactériennes et
à protozoaires (syphilis, gonococcies, infections génitales
à Chlamydia et trichomonases) chez les hommes et les femmes de
15 à 49 ans partout dans le monde [4].
Les infections sexuellement transmissibles peuvent avoir des
conséquences graves à long terme (stérilité,
grossesse extra-utérine, maladie chronique et décès
prématuré, par exemple). Avant la naissance et chez le
nouveau-né, les chlamydioses, les gonococcies et la syphilis peuvent
être à l'origine d'infections graves et parfois fatales (maladie
congénitale ou pneumonie) ainsi que d'une insuffisance pondérale
à la naissance. L'infection due au papillomavirus humain accroît
la probabilité d'un cancer ultérieure du col de l'utérus
(la deuxième cause de mortalité par cancer chez la femme dans le
monde), provoquant quelque 240 000 décès annuels [3].
L'incidence est particulièrement élevée
dans les pays en développement où les services de santé et
la prise en charge sont moins accessibles. L'Afrique reste le continent le plus
touché par la morbidité due aux IST. En effet l'incidence de la
gonorrhée par exemple se situe entre 1 et 15%. Cette incidence est
différente selon l'âge, le sexe, le groupe de population, le
secteur urbain ou rural [3].
La situation des IST au Burkina Faso est aussi bien
préoccupante. Selon l'annuaire statistique de la DEP, en 2002, 50.3
habitants pour 10000 ont été affectés par ces I S T au
plan national. Parmi les syndromes IST identifiés, les cas
d'écoulement vaginal étaient les plus nombreux avec une
proportion de 25.4%. Dans la région du centre-est l'incidence
cumulée des IST était de 30.6 pour dix mille. Celle relative au
district sanitaire de Koupéla était de 23,2 pour dix mille
habitants [6].
Ces résultats montrent que les IST constituent depuis
un problème de santé publique.
Dans le district de Koupéla, la situation des IST a
préoccupé les autorités sanitaires qui se sont alors
engagés dans un certain nombre d'actions pour réduire le
phénomène. Au nombre de ces actions on peut citer:
§ Le dépistage et la prise en charge des cas.
§ La prise de mesures préventives telles que l'I E
C sur les IST, la promotion de l'utilisation des préservatifs,
§ la surveillance épidémiologique des
IST.
Dans le cadre des activités du projet SIDA 3 qui
visaient les districts situés sur les grands axes routiers et sur les
grands carrefours internationaux, les actions de lutte contre les I S T se sont
vues renforcées. Ce sont notamment:
§ Le renforcement de la prise en charge des cas par la
formation du personnel, la dotation des formations sanitaires en support d'IEC,
la subvention des kits IST à faible coût.
§ le renforcement de la lutte à l'endroit des
groupes les plus exposés tels que les travailleurs de sexe, les routiers
et les élèves.
§ Le renforcement de la surveillance
épidémiologique.
Plusieurs années après la mise en oeuvre de ces
actions de lutte dans le district de Koupéla, on a noté une
augmentation assez remarquable de l'incidence: En effet, en 2007 l'incidence
cumulée des IST était de 76,84 cas pour 10000 habitants, soit une
augmentation de 53,64 cas pour 10000 habitants entre 2002 et 2007 [7]. La
situation peut être qualifiée d'anormale au regard de la grande
différence constatée entre 2002 et 2007. Les IST restent donc
toujours un problème de santé publique dans le district sanitaire
de Koupéla malgré les différents efforts de lutte.
L'une des conséquences les plus inquiétantes est
la facilitation de la propagation du VIH dans la communauté. Elles
continueront à influencer négativement la santé de la
population et plus particulièrement à handicaper fortement la
lutte contre les VIH/SIDA si des mesures supplémentaires et efficaces ne
sont pas entreprises. C'est pourquoi nous allons nous intéressés
particulièrement à l'étude des déterminants de
l'augmentation de l'incidence des IST dans le but de contribuer à sa
réduction.
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