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Le Festival du Danxomè: Enjeux et défis pour la Commune d'Abomey dans le contexte de la décentralisation

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par Nondoté Anicet LAO
Université d'Abomey-Calavi / Bénin - Maîtrise 2008
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE D'ABOMEY CALAVI

(UAC)

+++++&+++++

FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

(FLASH)

-=-=-=-=-@-=-=-=-=-

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE

(DS-A)

*******0********

LE FESTIVAL DU DANXOME : ENJEUX ET DEFIS POUR LA COMMUNE D'ABOMEY DANS LE CONTEXTE DE LA DECENTRALISATION

SUJET

Présenté et soutenu par : Devant le Jury composé de 

Anicet Nondoté LAO Présidente : Mme Elisabeth FOURN

Membre : M. D. Hyppolyte AMOUZOUNVI

Rapporteur : M. David Godonou HOUINSA

Note: 16/20 Mention : Très Bien

Date de soutenance : 22 décembre 2008

Année académique 2007-2008

SOMMAIRE

SOMMAIRE................................................................................2

DEDICACE.................................................................................4

REMERCIEMENTS......................................................................5

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES .............................................6

RESUME DU TRAVAIL.................................................................7

INTRODUCTION.........................................................................8

I-CADRES THEORIQUE, PRATIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE.......................................................................11

1- Problématique de la recherche.....................................................12

2- Etat de la question.....................................................................17

3- Place de la fête dans le développement.............................................20

4- Clarification conceptuelle...........................................................22

5-Démarche méthodologique............................................................33

II- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS.........................44

1-Utilité de l'Organisation du Festival de Danxomè................................45

2- Impacts du festival sur la commune...............................................48

3-Les limites du festival..................................................................61

4- Matrice de diagnostic stratégique...................................................63

5- Les défis et suggestions...............................................................67

CONCLUSION.............................................................................72

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 75

ANNEXES 79

TABLE DES MATIERES 88

DEDICACE

Je dédie ce mémoire à

· Feu mon père Paul AGOSSOU LAO, qui de son vivant m'a toujours donné le goût du travail bien fait ;

· Victorine FANOU, ma mère, qui jour et nuit ne cesse de penser à mon avenir, reçois ici ma profonde gratitude ;

· Guillaume FANOU, mon oncle, qui n'a jamais cessé de m'encourager, merci pour ton soutien moral ;

· Mes frères et soeurs Léonardine, Fulgence, Pulcherie qui m'ont toujours apporté de réconfort dans les dures épreuves ;

· Eustache LAO, mon fils et sa mère Nadine BRAHI ;

· Hubertine HOUNSOU, ma chère amie, reçois ici ma reconnaissance pour ton soutien ;

REMERCIEMENT

Ce mémoire est le fruit de la combinaison des efforts de certaines personnes que nous tenons à remercier. Ce soutien tant moral qu'intellectuel s'est manifesté de diverses manières et à maintes occasions. Il s'agit de :

· Dr. David Godonou HOUINSA, mon maître de mémoire qui a suivi ce travail malgré ses multiples occupations;

· Dr. Albert TINGBE AZALOU, qui à travers un entretien m'a donné la piste à suivre pour la réalisation de ce mémoire et tous les professeurs du Département de Sociologie-Anthropologie qui ont contribué à ma formation ;

· M. Gabin DJIMASSE, Directeur de l'Office du Tourisme d'Abomey et Régions, qui n'a ménagé aucun effort pour mettre les informations à ma disposition ;

· M. Benjamin A. BADOU, chef service Artisanat, Tourisme et Hôtellerie à la DDCAT/ZOU ;

· M. Bertin A. KPAKPA, Socio-anthropologue, coordonnateur adjoint du festival pour les documents mis à ma disposition ;

· Toutes les autorités de la mairie et toute la population d'Abomey ;

· Tous les membres des familles LAO, FANOU, YAHOUEDEOU, HOUNSOU et AKPASSONOU;

· M. Roch BAH et sa famille pour leur soutien ;

· Abel SODOHOUE pour son aide lors de l'enquête ;

· Tous mes amis, Thierry, Ghaffar, Hervé, Siméon, Roland, Alain, Raymond, Samson et tous les autres qui n'ont pas été cités mais que je remercie du fond du coeur pour leurs soutiens combien multiples et variés.

SIGLES ET ACRONYMES

DDCAT : Direction Départementale de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme

GTZ : Organisme Allemand de la Coopération Technique

INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport

INSAE  : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

MDS   : Matrice de Diagnostic Stratégique

OMT  : Organisation Mondiale du Tourisme

OSC  : Organisation de la Société Civile

OT  : Office du Tourisme d'Abomey et Région

PADECOM : Programme d'Appui au Développement des Communes

PDC  : Plan de Développement Communal

PDM  : Partenariat pour le Développement Municipal

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

RESUME DU TRAVAIL

La décentralisation fait aujourd'hui obligation aux Communes de s'ingénier dans des solutions de l'auto-développement durable de toutes les composantes d'une localité. De ce fait, les élus locaux, premiers responsables de ce développement sont astreints de tout mettre en oeuvre pour atteindre cet objectif. C'est la raison d'être du festival du Danxomè initié par l'autorité communale d'Abomey, capitale historique du Bénin aux atouts culturels et touristiques indéniables. Et il parait important à nos yeux d'appréhender l'utilité de ce festival dans la problématique du développement de cette Commune.

La méthode raisonnée a été d'une grande utilité dans la conduite de cette étude. Elle nous a permis d'identifier différentes catégories d'acteurs directs et indirects du festival. La méthode d'investigation a retenu un guide d'entretien et un questionnaire, appliqués à un échantillon de 108 acteurs. Ces outils ont permis de collecter diverses informations dont les résultats se présentent de la manière suivante :

- le festival du Danxomè permet la revalorisation et la réaffirmation de l'identité culturelle fon ;

- le festival permet le développement du secteur touristique qui est une source substantielle de revenus pour les ménages et pour la Commune ;

- le festival offre un cadre de retrouvailles et de rapprochement des filles et fils d'Abomey en leur redonnant le sentiment d'appartenir à une même sphère culturelle  mais n'a pas encore réussi à conduire à leur union;

- la revalorisation du patrimoine culturel à Abomey constitue un élément important dans le renforcement de la coopération décentralisée ;

- plusieurs défis restent à relever pour une meilleure contribution du festival au développement de la Commune.

Ces résultats révèlent l'utilité du festival dans la problématique de l'auto- développement de la commune d'Abomey et les défis à relever pour sa meilleure contribution à ce développement.

Mots clés : Décentralisation, Revalorisation du patrimoine culturel, Tourisme, Auto-développement

INTRODUCTION

Avec l'avènement de la démocratie en 1990 et toujours dans l'optique de renforcer la gestion du pouvoir par le peuple, le Bénin gère depuis l'organisation en janvier 1993 des Etats Généraux de l'administration territoriale, un processus de décentralisation. Ce processus est entré dans sa phase active par l'organisation en décembre 2002 et janvier 2003 des premières élections communales et municipales.

Ainsi, le 21ème siècle consacre la refondation de l'Etat béninois qui devient un Etat décentralisé, porteur des élus locaux sur la scène politique nationale. L'option béninoise est d'opérer une décentralisation intégrale d'un seul niveau qui a abouti à la création de 77 Communes de plein exercice dont trois (3) à statut particulier.

Dans ce contexte, les élus locaux sont de véritables pionniers de la promotion de la démocratie à la base et du développement local. Qu'ils dirigent une Commune "riche ou pauvre", ils ont la lourde responsabilité de relever le défi de l'auto-développement de leur localité. Maintes stratégies sont, à cet effet, mises en oeuvre pour l'accomplissement de cette tâche. Ainsi, depuis quelques années, on assiste à un développement important des manifestations culturelles et artistiques organisées le plus souvent sur l'initiative des élus locaux et des collectivités locales avec parfois le soutien de l'Etat ou de donateurs publics ou privés, nationaux ou internationaux.

Ces festivals connaissent beaucoup de succès auprès des populations locales. Ils sont une occasion exceptionnelle pour une communauté de se retrouver et de «vivre son patrimoine » et dans certains cas de fédérer plusieurs communautés autour d'un patrimoine commun. Ils sont aussi des catalyseurs d'une fierté retrouvée et permettent de redonner aux populations une confiance dans leurs valeurs culturelles, fortement valorisées par la présence d'un public varié réunissant aussi bien des connaisseurs que des touristes. C'est dans cette perspective que s'inscrit l'organisation du festival du Danxomè, une rencontre annuelle des filles et fils du plateau du Danxomè pour revaloriser et vendre leurs richesses culturelles. L'idée d'une telle rencontre avait été traduite sous différentes approches dans les différents programmes de plusieurs candidats à la mairie d'Abomey. L'autorité communale en a fait une réalité et le Festival du Danxomè est considéré comme une réponse positive aux multiples défis de l'auto-développement de la Commune.

Ce sont donc les véritables enjeux et les multiples défis de ce festival dans le cadre de la décentralisation dans cette Commune qui feront l'objet de la présente étude. En d'autres termes, elle permettra d'inventorier la contribution de cette manifestation culturelle au développement d'Abomey en cette ère de décentralisation. La première partie de ce travail sera consacrée aux cadres théorique, pratique et méthodologique de la recherche et la seconde partie mettra en exergue dans les résultats qui y seront analysés.

CADRES THEORIQUE, PRATIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

1- PROBLÉMATIQUE

1.1- Problème

Après l'indépendance en 1960, les découpages territoriaux intérieurs ont repris les délimitations coloniales : cercles, subdivisions, cantons etc. Jusqu'en 1972, ce système a fonctionné sur la base d'une déconcentration sur le plan technique qui accompagnait une centralisation encore présente et pesante avec des services centraux basés à Cotonou et à Porto-Novo relayés par les annexes hors de ces deux villes.

Les multiples crises socio-politiques intervenues après l'indépendance ont conduit le pays, en 1972, à la révolution. Ainsi, un nouveau découpage territorial fut réalisé en 1977: la province (ancien département) dirigé par un préfet, le district (ancienne sous-préfecture) dirigé par un chef district, la Commune (urbaine et rurale) dirigée par le maire, le village représenté par un délégué. Quoi qu'il en soit, on ne pouvait parler de la décentralisation, au sens propre du terme, dans la mesure où le vrai pouvoir décisionnel continuait d'appartenir au sommet. Le délégué et le maire avaient des rôles purement administratifs sans portée politique. Cette centralisation du pouvoir dans les mains de l'Etat constituait une entrave au développement du pays en général et des localités en particulier car le peuple n'est pas concrètement associé à la gestion de la chose publique. Ce système ne permettait pas à l'Etat d'appréhender les profondes aspirations des populations et les véritables problèmes auxquels elles sont confrontées. Si des progrès furent accomplis dans les domaines de la santé, de l'éducation primaire, de l'encadrement et de l'équipement agricole dès le début des années 80, les performances économiques furent moins satisfaisantes. La crise économique galopante devient généralisée. La pression des revendications et la fragilisation du pouvoir aboutirent à l'organisation en février 1990, de la Conférence des Forces Vives de la Nation. Plusieurs décisions ont été prises notamment l'adoption d'un régime économique libéral et le multipartisme intégral appelé "le renouveau démocratique ", mode de gouvernement où le peuple détient la souveraineté. ABRAHAM Lincoln le définira comme « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ».

Il fut également décidé d'entamer une reforme institutionnelle de décentralisation intégrée dans la nouvelle constitution adoptée par référendum et promulguée en décembre 1990. Les intérêts et enjeux de la décentralisation étaient tels qu'une décennie de travail difficile fut nécessaire aux gouvernements successifs pour mettre en place cette reforme. Annoncées de multiples fois et reportées à maintes reprises en raison des stratégies électorales, les premières élections communales et municipales eurent enfin lieu le 15 décembre 2002 et 19 janvier 2003 avec un taux de participation se situant entre 70% et 75% (Lalanne, 2004).

La décentralisation, gage de la promotion de la démocratie à la base et du développement local, devient alors effective suivie de l'installation des maires. Elle permettra de responsabiliser les collectivités locales dans la production et le développement de l'économie locale. Elle est la pierre d'angle qui astreint l'autorité élue d'une collectivité locale à ingénier, aux fins de la survie de sa communauté la conception du développement la plus durable et de la matérialiser par ses propres moyens. Outre l'aide de l'Etat, chaque Commune est tenue de réfléchir, de chercher et de découvrir les voies et moyens pour amorcer son développement socio-économique réel et durable. Les collectivités locales mettent à cet effet, toutes leurs richesses, toutes leurs ressources, qu'elles soient culturelles, historiques, agricoles, infrastructurelles... au service de l'économie communale.

Dans cette logique, la Commune d'Abomey, capitale historique du Bénin, qui n'a pas à l'instar d'autres régions du Bénin, le privilège d'appartenir à un pôle de concentration industrielle ou commerciale, ni le privilège d'être une région de concentration des capitaux de l'Etat, ne peut, à l'orée de la décentralisation, se prévaloir que de ses richesses historiques, culturelles, artistiques et touristiques comme seules valeurs économiquement monnayables pour son développement. Vu que le tourisme occupe aujourd'hui une place importante dans le rang des activités génératrices de revenus au Bénin. Le tourisme plus qu'une activité de découverte et de distraction est devenu une industrie. L'industrie touristique avec son expansion depuis le siècle dernier a été identifiée comme facteur susceptible de contribuer à la réduction de la pauvreté au regard des devises qu'elle génère.

En effet, selon les statistiques de la Direction du Développement Touristique, le Bénin a connu 111000 touristes en 1994 pour une recette de 13,134 milliards de FCFA. Cette recette a plus que doublé sur une décennie et les devises touristiques sont passées à 27 milliards de FCFA en 2004 pour 173500 touristes1(*). Ces chiffres ont évolué et ont atteint 35 milliards de FCFA comme recette touristique nationales pour 185000 touristes en 2007. Or, bien que disposant d'un immense patrimoine historique et touristique constitué de cultes, rythmes, chants et danses, chorégraphies, palais, musée ... de même que les institutions du royaume et leurs rituels respectifs, la Commune d'Abomey a longtemps connu un taux de fréquentation touristique relativement faible. Cet état de choses, résultat de la dégradation et de la non conservation des différents sites touristiques, ne permet pas l'amélioration des conditions de vie des artisans, artistes, agriculteurs, restaurateurs, etc. et leurs ménages (soit environ 75% de la population active) ni la création de nouveaux emplois et participe de ce fait à l'accroissement de la pauvreté des populations. Il s'en suit qu'à l'ère de la décentralisation, la réhabilitation du patrimoine culturel et cultuel d'Abomey par le biais du Festival du Danxomè s'avère indispensable. Cela permettra la réduction de la pauvreté des populations dans cette Commune. Aussi, la valorisation du patrimoine culturel d'une ville ou d'un territoire constitue-t-elle un facteur d'attractivité vis à vis non seulement des touristes mais aussi des opérateurs économiques qui, par la mise en place de nouvelles activités (industries, projets de développement), vont contribuer au développement local. Elle se présente aussi comme un élément important dans la coopération et la consolidation intercommunales.

Loin d'être ce que les industriels pourraient considérer comme un luxe superflu face aux besoins essentiels des pays africains, l'action en faveur du patrimoine culturel et naturel peut au contraire constituer un formidable levier de développement. Les collectivités locales y ont, à cet effet, un rôle majeur à jouer, de par leur position au plus près des populations qui en sont les premiers bénéficiaires. Le Festival du Danxomè, dont la première édition a eu lieu en décembre 2003, y trouve alors son compte et peut être considéré comme une réponse au défi de l'auto-développement dans le cadre de la décentralisation dans la Commune.

Comme le stipule la théorie de Marcel Mauss, les réalités sociales ne peuvent être appréhendées que dans leur totalité d'où sa notion du "fait social total". Selon l'auteur, le fait social comporte plusieurs dimensions, économique, religieuse ou juridique et ne peut être réduit à un seul de ces aspects. Il parvient à la conclusion que, « le fait social n'est réel qu'intégré dans un système et c'est là un premier aspect de la notion du fait social total »2(*). Le développement étant donc un fait social doit embrasser tous les domaines (économique, social, culturel, politique...) Dans cette perspective, le festival du Danxomè, au-delà de la revalorisation des richesses culturelles devra viser le développement harmonieux de toutes les composantes de la Commune d'Abomey pour le bien-être des populations.

Quelle est alors la contribution du Festival du Danxomè au développement de la Commune d'Abomey?

1. 2- Hypothèses de l'étude

Ø Le festival du Danxomè est une réponse aux multiples défis de l'auto-développement dans la Commune d'Abomey ;

Ø la valorisation du patrimoine culturel constitue un facteur important dans le renforcement des rapports intercommunaux et de la coopération décentralisée à Abomey.

1. 3- Objectifs de la recherche

1.3-1- Objectif général

Appréhender l'utilité du Festival du Danxomè dans la problématique de l'auto-développement de la Commune d'Abomey.

1.3-2 -Objectifs spécifiques

Ø Inventorier l'apport du festival au développement de la Commune d'Abomey ;

Ø Mettre en évidence l'importance de la valorisation du patrimoine culturel dans le renforcement des rapports intercommunaux et de la coopération décentralisée.

2- ETAT DE LA QUESTION

« La recension des écrits constitue la pierre angulaire de l'organisation d'une recherche. Aucun chercheur sérieux n'oserait entreprendre une recherche sans avoir vérifié l'état de la question »3(*). Par ailleurs, comme le souligne Dumezil (1941) « l'esprit comparatif doit intervenir dès le début, dès la collecte et l'appréciation des sources, dès la lecture et le classement des documents »4(*). Faisant nôtre ces deux considérations, la revue documentaire s'est donc avérée incontournable. Mais le Festival du Danxomè étant une innovation, nous n'avons pas bénéficié en la matière d'une florissante littérature. Mais, animé d'un esprit comparatif, nous sommes partis d'exemples déjà connus et décrits pour d'autres communautés sur le développement et ses aspects socio-culturels et économiques. Nous avons ainsi parcouru des documents ayant traité des manifestations culturelles telles que la Gani à Nikki, le Nonvitcha chez les Popo... Cet exercice nous a permis de définir de façon claire la position du sujet et le problème qu'il pose.

Pour Jacques Lombart (1965)5(*), au-delà du rôle sélectif et unificateur de la Gani, elle a un caractère religieux avec ses implications politiques juridiques et économiques.

Dans la même perspective la sous commission (Borgou 1985) part du mythe batonu selon lequel «  les morts ne sont pas morts » pour montrer qu'au-delà des implications politiques, économiques et juridiques, la Gani tire son fondement de ce mythe qui commémore la cohésion et l'unité des Batombu chaque année.

Reprenant à son compte les analyses de Jacques Lombart et des administrateurs coloniaux (Cornevin et Al), OROU Y. R. (1982)6(*) souligne les impacts socio-économiques de la Gani sur le groupe socio-culturel batonu. Pour l'auteur, la Gani enrichit les populations qui s'y rendent car elle est le carrefour d'un système de croyances, de connaissances, de sentiments et de littératures. Dans la perspective du développement, elle est comprise comme la dynamique d'un ensemble d'idées liées tant à l'histoire du passé qu'à l'avenir. Elle participe donc du développement social, politique et économique de cette communauté.

Bio Bigou (1996)7(*) a montré quant à lui, que la Gani est un jour de dons et d'échanges par excellence. Il aboutit à la conclusion qu'elle est " un phénomène social total" comparable au Potlatch chez les Indiens d'Amérique du Nord étudié par Mauss.

LAFIA F. B. (1997)8(*) a montré que sur le plan socio-culturel, la Gani assure la cohésion, l'unité du peuple batonu en même temps que sa stabilité politique. Elle est un fait culturel, l'expression des mentalités, des sentiments collectifs, des comportements et attitudes collectifs. Elle mobilise, réunit les Batombu autour du pouvoir politique Wassangari en même temps qu'elle est une fête de communion avec les mânes des ancêtres et les divinités batombu. Elle assure l'équilibre psychologique des Batombu, symbolise le consensus. Tous ces déterminants sont des prédispositions d'un développement réel.

L'auteur poursuit en montrant qu'au plan économique, tout un mois appelé " mois de recherche financière ? est destiné aux préparatifs de la fête. Pendant ce temps, les acteurs travaillent intensément pour accroître leurs revenus ou pour se faire beaucoup d'argent dans l'optique de bien fêter... Or, le travail est le facteur essentiel du développement. Mieux, la Gani implique des échanges. C'est le lieu de consommation et d'ostentation. L'exposition des objets d'arts est un moment intense d'échanges où touristes et participants viennent découvrir les objets d'arts des Batombu. Pendant ce temps, hommes d'affaires, commerçants, petits détaillants, en un mot les opérateurs économiques voient leurs chiffres d'affaires augmenter grâce aux marchés qui s'animent de jour comme de nuit.

Soulignant les impacts de certaines manifestations religieuses sur la vie économique des populations, Charles J. Dassi9(*) a montré que le pèlerinage marial de Dassa offre beaucoup d'opportunités aussi bien aux populations locales qu'aux églises. Durant cette période, artisans, vendeuses, propriétaires d'hôtels, de buvettes et restaurants voient leurs chiffres d'affaires augmenter.

A l'instar de ces manifestations, le Festival du Danxomè est l'expression des mentalités, sentiments et attitudes collectifs. C'est un moment d'échanges économiques et en tant que tel, il doit participer au développement économique, social et politique d'Abomey.

Dans le cadre de ce travail, nous allons nous atteler à étudier la contribution de ce festival au développement de la Commune d'Abomey.

3- PLACE DE LA FETE DANS LE DÉVELOPPEMENT

La dynamique du monde moderne place le développement au centre des préoccupations de l'humanité. Le développement devient depuis 1960, le centre de gravité, l'enjeu autour duquel tournent les grands débats nationaux et internationaux.

La conception classique considère le développement comme une forme particulière du changement social, une approche matérialiste et productiviste qui définit le développement en mettant l'accent sur la croissance économique sans soucis de ses répercussions sur les dynamiques propres des groupes cibles, ainsi que sur les réalités socio-culturelles ou sur les représentations collectives des pays concernés. Le développement peut contribuer pour une part modeste mais réelle à améliorer la qualité des services que les institutions de développement proposent aux populations en permettant une meilleure prise en compte des dynamiques locales, les fêtes occupent une place prépondérante dans l'univers culturel africain.

Objets d'étude pour les historiens, anthropologues et sociologues, les fêtes sont l'un des faits sociaux les plus répandus dans les sociétés traditionnelles négro-africaines. Elles sont nécessaires à leur équilibre et à leur bon fonctionnement. Elles marquent les temps forts de la vie sociale en mobilisant les forces collectives et en suscitant l'enthousiasme commun. « Aucune joie ne peut remplacer celle des fêtes.» OROU Y.R.(1982)10(*). En dehors des fêtes ordinaires comme celles du 1er Mai et du 1er Août, les fêtes religieuses se déroulent dans une atmosphère imbibée du sacré. Elles sont le symbole de la dimension sacrée de la vie et d'une réactualisation rituelle d'un temps originel. « En rapport avec le mythe et la cosmogonie, la fête n'est pas la commémoration d'un événement mythique, mais sa réactualisation »11(*). La réactualisation périodique est le symbole de la continuité et de la perpétuité dans la vie des peuples. Il semble d'ailleurs « qu'aucune société n'aurait pu se perpétuer sans que périodiquement les individus qui la composent viennent la revivifier par leur participation à une manifestation collective » Lombard (1965)12(*). Henri Hubert et Marcel Mauss (1909) voient dans le sacré « une suite d'éternités », les fêtes religieuses participent du domaine du sacré qui draine toute la collectivité, le lignage, la famille ou tout un peuple.

Dans " les formes élémentaires de la vie religieuse " Durkheim (1912), fait du rassemblement, générateur d'exaltation, le trait caractéristique de la fête dont le corrobori australien semble donner l'exemple le plus frappant. Il note ainsi la fonction récréative et libératoire de telle manifestation à travers des chants, des danses, des cris, des tumultes et l'ivresse qui accompagnent les rites. Ces différentes caractéristiques de la fête se lisent à travers le festival du Danxomè et traduisent les richesses culturelles et cultuelles de ce royaume.

Mais dans "Totem et tabou", Freud (1912) définit la fête comme « un excès permis, voire ordonné, une violation solennelle d'une prohibition. La fête ressortirait ainsi du sacré de transgression. »13(*). Elle manifesterait la sacralité des normes de la vie sociale courante par leur violation rituelle. Elle serait nécessairement désordre, renversement des interdits et des barrières sociales, fusion dans une immense fraternité par opposition à la vie sociale commune qui classe et qui sépare.

Jean DUVIGNAUD (1974) dira que la fête « substitue une fusion délirante »14(*). De fait la joie de se perdre dans la foule dense et animée, d'admirer les chants et les vêtements neufs, de boire et de manger, rompt avec la monotonie de la quotidienneté. La fête qui obéirait alors aux schèmes bien connus : lente accumulation, brusque explosion, compétition, simulacre, vertige devient un remède à l'usure sociale15(*). Les fêtes plongent ainsi les communautés entières dans le temps du rêve. Durant les cérémonies totémiques annuelles du type « intichiuma » les Australiens « Arunta » reprennent l'itinéraire suivi par l'ancêtre mythique du clan dans l'époque « altchéringa » (temps du rêve). Cet aspect des cérémonies décrites par Durkheim16(*) se lit à des nuances près dans la célébration du Festival du Danxomè.

4- CLARIFICATION CONCEPTUELLE

Aborder ce travail sans définir les mots clés que comporte le thème serait une maladresse. En effet, un mot peut revêtir une structure polysémique. Platon ne disait-il pas que « la pire des choses qu'on peut exiger d'un ennemi c'est de lui demander une définition ? ». La difficulté réside dans la capacité à pouvoir cerner tous les contours du terme. C'est cette polysémie qui crée en sciences sociales une confusion et peut conduire à des malentendus entre chercheurs. Il importe donc de définir d'une manière claire et univoque afin de rompre avec les évidences naïves du sens commun et les malentendus qui ruinent toute recherche qui se veut sérieuse. C'est justement ce que Durkheim nous enseigne lorsqu'il disait « La première démarche du sociologue doit être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question »17(*).

Quelques mots et expressions retiennent à cet effet notre attention et nécessitent une clarification. Il s'agit de :

Le Festival du Danxomè : C'est la formule trouvée par le conseil communal d'Abomey pour instaurer une tradition annuelle de mobilisation et de retrouvailles des filles et fils du plateau d'Abomey afin de mettre en valeur la culture fon d'Abomey18(*)

Le festival : Tenue périodique de manifestations artistiques appartenant à un genre donné et se déroulant habituellement dans un endroit précis. Telle est la définition donnée par Larousse (2002). Mais elle est loin de rendre compte de la diversité et de la complexité du phénomène des festivals. Le Ministère de la Culture définit quant à lui le festival comme « une manifestation où la référence à la fête, aux réjouissances éphémères, événementielles et renouvelées s'inscrivant dans la triple unité de temps, de lieu et d'action. Il est intéressant de rappeler la définition donnée par Luc Bénito dans son ouvrage "Les festivals en France : Marchés - enjeux et alchimie" : « Le festival est une forme de fête unique, célébration publique d'un genre artistique dans un espace temps réduit ».

Danxomè : Le roi AKABA construit son palais sur la sépulture d'un adversaire appelé Dan (serpent en fon) d'où le nom de Dan-homè qui signifie « dans le ventre du serpent ». Danxomè a une longue histoire que nous ne saurions raconter dans son intégralité. Ce qu'il faut retenir est que « Durant la période précoloniale, l'actuel territoire du Bénin était composé de trois grands ensembles de royaumes que l'on va retrouver dans la phase contemporaine de revitalisation. Dans le sud, régnaient les grandes monarchies de l'aire adja-fon qui allaient exercer l'influence la plus importante sur le pays avec ses deux puissants royaumes d'Abomey et de Porto-Novo. Ces monarchies se sont bâties au cours de deux vagues migratoires : celle des Houéda (ou xuéda), venus du plateau adja, qui fondèrent la royauté de Savi et donnèrent son nom à la ville de Ouidah ; celle de Agassouvi (les « fils de panthère », venus de Tado selon la légende) qui, à la suite de querelles entre princes aboutit à la création des royaumes d'Allada, d'Adjacè (Porto-Novo) et d'Abomey (Danxomè) ... A la veille de la colonisation, la moitié sud du pays voyait s'établir la suprématie d'un royaume économiquement prospère, fortement hiérarchisé et centralisé : celui du Danxomè, qui allait absorber Allada, détruire Savi et Kétou, soumettre Sàbè, et étendre les frontières de sa suveraineté jusqu'aux franges des Wassangari du Borgou. Le Danxomè commença véritablement à s'organiser au 17ème siècle sous le règne de Houégbadja (1645-1685) qui assit son pouvoir sur des chefs locaux (les Guédévi), institua une administration, un corps de ministre et formalisa un ensemble de rituels et de cérémonies royales qui allaient dès lors constituer la « grande tradition » des souverains d'Abomey... »19(*)

Du fait de son influence et de sa suprématie, Danxomè a donné son nom au pays. L'actuelle république du Bénin s'appelait donc République Populaire du Dahomey après les indépendances avant d'être proclamé République Populaire du Bénin en 1975 sous le règne de M. KEREKOU20(*)

Le défi : C'est un problème, une difficulté que pose une situation et que l'on doit surmonter (Larousse, 2002). Dans le contexte de la décentralisation, les défis que doivent relever les Communes africaines en général et celles béninoises en particulier se trouvent être ceux de mobilisation des ressources financières.

Enjeu : Selon Larousse (2002), le mot enjeu revêt deux sens.

· C'est la somme que l'on mise en jeu et qui revient au gagnant

· C'est aussi ce que l'on risque de gagner ou de perdre dans une entreprise, une compétition.

Dans le cadre de notre travail c'est le second sens qui correspond au mieux à celui que nous lui conférons.

Par ailleurs, un enjeu pour une Commune est de participer à la construction d'une base économique et spatiale valable pour son développement. Son rôle est, en effet, de créer un environnement favorable pour inciter les opérateurs économiques à faire des investissements. En matière de ressources financières, l'enjeu pour une Commune est quadruple : faire fonctionner la Commune en tant qu'administration publique, assurer les activités récurrentes qu'imposent les nouvelles compétences, réaliser des investissements et mener ou susciter des actions de développement.21(*)

Le tourisme : Depuis 1982, Marc BOYER a perçu la difficulté liée à une définition type du concept de tourisme. Pour lui, « le plus difficile pour qui veut écrire sur le tourisme est de le définir. Il est pourtant indispensable si l'on tient à le mesurer »22(*)

WAINWRIGHT J.23(*) quant à lui, voit dans le tourisme, le fait de voyager, de parcourir pour son plaisir un lieu autre que celui où l'on vit habituellement. L'auteur circonscrit ainsi le tourisme au plaisir qu'éprouve le visiteur.

Mais élargissant le champ du concept, Francesco FRANGIALLI24(*), définit le tourisme comme une forme de loisir dont le contenu économique est le plus évident puisqu'il implique une dépense de transport et d'hébergement.

Abondant dans le même sens, l'OMT (1998), le définit comme « un ensemble d'activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres ».

Cette dernière définition que nous nous proposons d'adopter dans le cadre de notre étude, comme l'écrivait Marc BOYER, essaie de dissocier, la double dimension du tourisme, qui pour le touriste est une forme de loisirs et pour celui qui le reçoit, le nourrit, le transporte ou le distrait, une forme de travail, créateur de richesses et d'emplois.

Au Bénin, quatre principaux types de tourisme peuvent être pratiqués. Il s'agit du tourisme de congrès ou d'affaire, l'écotourisme, le tourisme balnéaire et le tourisme culturel qui vise à promouvoir de façon durable le pluralisme culturel et préserver la diversité culturelle ainsi que l'authenticité du patrimoine vivant et monumental. A propos de ce dernier type de tourisme, Mohamed BERRIANE25(*) souligne qu' « il faut soutenir la culture pour développer le tourisme, développer le tourisme pour soutenir la culture ».

La décentralisation : D'une manière générale, la décentralisation est un mode d'administration dans lequel, les collectivités publiques locales se voient reconnaître la personnalité morale distincte de l'Etat et le pouvoir de décision propre. Décentralisation signifie donc un réel transfert de pouvoirs, de compétences et surtout de ressources au plan local pour permettre aux populations à la base de participer pleinement à la gestion des affaires de leur localité. Dans tous les cas, elle est appréhendée comme un concept politique, un instrument idéologique. Elle prône la maîtrise, par les populations d'une collectivité, de la gestion des affaires publiques qui touchent directement à leur vie quotidienne. Cette maîtrise commence par la désignation endogène des autorités chargées de représenter la collectivité. L'élection symbolise, selon Hauriou, (1982)26(*) le transfert de la puissance publique des citoyens aux autorités de représentation.

La décentralisation selon Sébahara, (2000)27(*) « est un mode d'organisation institutionnelle qui consiste à faire gérer par des groupes délibérants élus les affaires propres d'une collectivité territoriale ou locale, c'est- à- dire la reconnaissance d'une personnalité juridique propre ; des pouvoirs de décisions, justifiés par l'existence de ces affaires propres, sont reconnus à ces entités administratives autres que l'Etat et non situés par rapport à lui dans une relation hiérarchique. Le processus de décentralisation concerne ainsi les aspects administratifs, financiers et politiques. »

Ainsi, on distingue :

· La décentralisation administrative entendue à la fois comme technique juridique d'administration territoriale et modalité politique de partage de pouvoirs entre les autorités centrales et les autorités locales d'un pays. Ce disant, elle se caractérise par la reconnaissance d'une personnalité juridique et d'une autonomie financière au profit des collectivités locales ;

· La décentralisation politique qui serait caractéristique d'un système qui associerait à la décentralisation administrative, une décentralisation corrélative des pouvoirs législatif et juridictionnel.

Cette définition présente la Commune au Bénin comme une entité territoriale décentralisée, gérée par des organes élus que sont les maires et les conseillers communaux.

Pour Adjaho, (2002)28(*) « la décentralisation peut se définir comme la création par l'Etat et en dehors de lui, d'autres personnes de droit public capables de prendre en charge une partie de la gestion des affaires de la cité ». De façon schématique et comparative, l'auteur ajoute que « la décentralisation peut être comparée au principe de la subsidiarité cher aujourd'hui à l'Union Européenne et qui veut qu'un niveau de responsabilité : Etat, région, département, Commune ne fasse pas ce qu'un autre niveau peut mieux faire et à moindre coût ».

Selon le guide du maire (2006)29(*)  « la décentralisation est un système d'administration qui consacre le partage du pouvoir, des compétences, des responsabilités et des moyens entre l'Etat et les collectivités territoriales. » Les caractéristiques d'une collectivité territoriale sont :

§ un territoire propre,

§ la personnalité juridique et l'autonomie financière,

§ l'élection des autorités locales (Maire et conseillers)

Du côté des autorités et des bailleurs, l'accent est plutôt mis sur la séparation des pouvoirs, le bon fonctionnement des structures publiques, notamment des structures élues et le déroulement transparent du processus électoral, essentiel pour la légitimité des organes élus.

Par contre, pour la société civile béninoise, la tendance est de mettre l'accent sur les pratiques démocratiques tant des structures associatives que publiques : informations pour tous, dialogues et débats objectifs et ouverts, droit à la parole, prise de décisions collectives, clarté dans les délégations données, compte rendu par les délégués et responsables, transparences de la gestion et lutte contre la corruption.30(*)

Notons que la décentralisation se distingue de la déconcentration qui est le système dans lequel la décision pour la solution des affaires locales demeurées centralisées, est remise aux agents du pouvoir central se trouvant sur place que constituent les préfets.

Selon Sébahara, (2000)31(*) « la déconcentration est une technique administrative de délocalisation de la gestion consistant à transférer aux représentants de l'Etat, demeurant soumis à l'autorité hiérarchique centrale, le pouvoir de prendre certaines décisions ». La déconcentration facilite le dialogue avec les autorités locales et situe la pratique de la décentralisation au niveau décisionnel adéquat.

Au Bénin, la déconcentration est perçue comme un volet de la réforme de l'administration territoriale qui consiste à :

· la mise en place de 12 départements en tant que seules circonscriptions administratives de l'Etat sans personnalité juridique ni autonomie financière;

· la nomination des préfets comme chefs de département en conseil des ministres et le renforcement des pouvoirs du préfet en tant qu'autorité déconcentrée.

Tableau I : Structuration de l'Etat décentralisé

Structures

Nombre

Statut

Autorités

Mode de désignation

Département

12

Circonscription administrative

Préfet

Nomination par le conseil des ministres

Commune (ancienne sous-préfecture)

77

Collectivité territoriale décentralisée

Maire

Election parmi les conseillers communaux par ses pairs

Arrondissement (ancienne Commune)

546

Unité administrative locale

Chef d'arrondissement

Election parmi les conseillers communaux par ses pairs

Village/ quartier de ville

3628

Unité administrative locale

Chef de village ou de quartier

Election en 1990 parmi les délégués de village/quartier par ses pairs

Source : Les premiers pas des Communes au Bénin (2005)

Le développement local : Le développement local qui se révèle aujourd'hui comme un enjeu fondamental de la réforme de l'administration territoriale, est un concept apparu en milieu rural européen dans les années 1970. Il fait suite aux différentes volontés de gestion de terroirs en réaction aux risques de désertification économique, démographique et sociale des régions défavorisées par les mutations économiques et le développement des pôles industriels urbains. Son usage est récent en Afrique.

Lors des Etats Généraux des pays tenus à Mâcon (France) en juin 1982, le développement local a été défini comme « un mouvement culturel, économique, social qui tend à augmenter le bien être d'une société. Il doit commencer au niveau local et se propager au niveau supérieur. Il doit valoriser les ressources d'un territoire par et pour les groupes qui occupent ce territoire »

Selon Guigou, (1984)32(*), le « développement local est l'expression de la solidarité locale créatrice de nouvelles relations sociales et manifeste la volonté des habitants d'une microrégion à valoriser les richesses locales, ce qui est créateur de développement économique ».

Pour Greffe, (1984)33(*) le développement local est « un processus de diversification et d'enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire, à partir de la mobilisation et de la coordination de ses ressources et de ses énergies. Il met en cause l'existence d'un projet de développement intégrant ses composantes économiques ; sociales et culturelles ».

Selon Pecqueur, (1989)34(*) le développement local est « une dynamique qui met en évidence l'efficacité des relations non exclusivement marchandes entre les hommes pour valoriser les richesses dont ils disposent».

Ce concept a été aussi abordé par les participants au colloque du Cameroun sur le Développement local et la gestion des ressources naturelles organisées à Douala. Selon eux, le développement local peut se définir comme un processus qui vise à construire un mieux être des populations à l'intérieur d'un espace donné, avec une approche où différents acteurs se rencontrent, échangent et édifient ensemble un projet de société. Ainsi, à travers ces définitions, nous pouvons identifier deux composantes essentielles du développement local.

v Une composante économique

Le développement local est une réponse à la crise structurelle qui affecte en particulier les pays industrialisés. La crise est alors considérée comme une décomposition et une recomposition des systèmes productifs.

Le développement local met l'accent sur l'initiative et la créativité, le rôle des petites et moyennes entreprises-industries, des sociétés et coopératives de tout genre. Ces différentes formes d'organisations offrent une meilleure résistance à la crise grâce à leur grande souplesse d'adaptation et d'innovation.

Elles peuvent donc s'adapter à la diversité des marchés et des circuits d'échange. Les entreprises de petites tailles offrent un milieu favorable aux transformations des modes d'organisation du travail au sein de la société ; c'est l'idée de la conquête de l'outil de travail, de la réappropriation et l'exploitation des richesses locales. La population locale, menacée d'appauvrissement se met à créer collectivement.

Ainsi, en faisant jouer un rôle essentiel à la création et à l'offre plutôt qu'à la demande, le développement local doit conduire à une transformation profonde de l'économie appropriée conceptualisée.

v Une composante culturelle

Teisserence, P. (1998), dans Les politiques de développement, soutient que le développement local d'un territoire fait appel à d'autres données qu'à des éléments purement économiques. La dimension culturelle y est prépondérante, et son influence est énorme. Il s'agit d'apprécier les besoins des populations pour apporter des réponses ayant une incidence sur le plan économique.

En effet, le développement local est d'abord social et culturel : il repose sur diverses formes d'animation, de formation et d'information afin de susciter la participation et l'imagination des acteurs locaux. L'objectif est de rendre les groupes sociaux conscients, responsables, solidaires et agissants. C'est la prise de conscience qui aidera à suivre ou à mieux suivre, au lieu de tout attendre de l'Etat ou de l'extérieur. Les réponses les plus adaptées sont à rechercher dans les ressources et les cultures locales. C'est pourquoi, il est impérieux que, dans une situation de destruction de tissu social et économique, des potentialités et des savoir-faires inexploités apparaissent, de même que les traditions tombées dans l'oubli.

De toutes ses définitions, nous pouvons retenir que le développement local met l'accent sur le développement social, économique et culturel d'un territoire donné. En considérant les Communes comme cadre de développement local, il est l'ensemble des actes posés par la population, les élus et les acteurs extérieurs concourant à la prospérité, au progrès et à l'épanouissement des citoyens à travers :

- La satisfaction graduelle des besoins minima par la mise en place et l'équipement progressif des infrastructures socio-communautaires en matière de santé, d'éducation, de production, d'échanges commerciaux et de culture.

- Le développement économique par la promotion des initiatives entreprenariales, les innovations technologiques et la valorisation des potentialités existantes dans le sens de gérer des emplois et des biens économiques.

5- DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

5.1- Cadre de l'étude

Située au centre du Bénin dans le département du Zou à 130 km des berges de l'Océan Atlantique et de Cotonou, la ville d'Abomey peut faire rallier le Togo à l'Ouest, le Nigeria à l'Est, le Niger et le Burkina-Faso au Nord. Elle est située sur un plateau à 200m environ d'altitude et jouit d'un climat subéquatorial humide, d'une végétation constituée de forêts et de savanes. Abomey est limitée au Nord par la Commune de Djidja, au Sud par Agbangnizoun. A l'Est et à l'Ouest, elle partage respectivement ses frontières avec Bohicon et Aplahoué. Elle couvre une superficie de 142km² avec une population de 78.341 habitants selon le troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitat conduit par l'INSAE en 2002 ; soit une densité de 552 habitants au km². La population d'Abomey est constituée en majorité de fon (95%), Adja (2%). En dépit de la prolifération des religions, celles traditionnelles demeurent les plus importantes (67% contre 0,9% pour le catholicisme).

Sur le plan administratif, Abomey compte sept (07) arrondissements, 29 villages et quartiers de ville. Ses différents arrondissements sont : Djègbé, Hounli, Vidolé, Agbokpa, Détohou, Sèhoun, Zounzonmè.

Au plan économique, la ville d'Abomey dispose de sept (07) marchés quotidiens, de deux (02) marchés périodiques dont un régional.

Les potentialités de la Commune sont essentiellement agricoles avec une production annuelle de 6.513.000 tonnes. Les ressources animales (bovins, ovins, caprins, porcins) atteignent 21.144.000 têtes pour une valeur de 519.080.500FCFA (LARES 2001)

Les autres potentialités concernent les produits d'exportation (Mais, arachide, coton), les ressources minières telles que la carrière du sable, gravier et latérite, les eaux souterraines de Codji-Adjaho, l'argile, le marbre, la filière "afintin" (moutarde) et le tourisme qui a drainé en 2004 plus de 17.000 touristes nationaux et étrangers sur le sol d'Abomey (DDCAT/Zou /Colline 2005).

Au plan touristique, le répertoire du patrimoine culturel et cultuel de la Commune d'Abomey présente une multitude de curiosités parmi lesquelles nous pouvons citer entre autres :

· Le site des palais royaux publics qui couvre une superficie de 44 ha et qui abrite aujourd'hui le Musée historique d'Abomey classé au Patrimoine culturel mondial par l'UNESCO depuis 1985. On y découvre : la case à étage du Roi Guézo (Singbo), la cour extérieure (Kpododji), la case-fétiche du Roi Guézo (Boho), la salle des armes (Adanjèho), le temple du Roi Glèlè (Glèlè jèho), le village artisanal, lieu où le visiteur pourra s'approvisionner en objets d'art de toute qualité ;

· Les sites des palais royaux privés qui sont environ une dizaine et constituent des lieux où les princes héritiers apprennent l'exercice du pouvoir avant d'accéder au trône. Ce sont entre autres Gbindo, Djimè, Aglingonmè, etc ;

· Les marchés publics : ils sont environ cinq dans la Commune avec chacun son histoire et sa spécificité. Parmi ce marchés figure celui de Houndjro qui est le plus grand et qui a été créé par le Roi Guézo entre 1830-1832 comme butin d'une guerre de conquête ;

· La place Goho, lieu de rencontre entre le Roi Béhanzin et le Général Dodds lors de la déportation en 1894. C'est également le lieu de la proclamation du Marxisme Léninisme le 30 Novembre 1974 par le gouvernement militaire révolutionnaire du Bénin. La place abrite depuis lors la statue du Roi Béhanzin ;

Photo n°1 : Place Goho à l'entrée d'Abomey

Source : Cliché LAO A., 14-12-2007

· La place Ayidjosso, située actuellement à l'intérieur du Lycée Houffon d'Abomey et qui traduit la stratégie de peuplement du territoire d'Abomey. Elle aurait été installée par le Roi Guézo, qui suite à une de ses victoires en pays Mahi aurait fait ramener avec des captifs des morceaux de granites ; lesquelles auraient servi à enterrer sous les pierres, le chef de village vaincu afin que les prisonniers viennent s'y prosterner et oublier leur origine pour ne plus tenter d'y retourner ;

Photo n°2 : Emblème du Roi Guézo d'Abomey

Source : Cliché LAO A., 14-12-2007

· Le cimetière français qui abrite la dépouille des soldats français ayant perdu leur vie au front lors de la guerre de résistance avec l'armée danhoméenne.

· Les abris souterrains du Didonou qui servaient de refuge aux citoyens du royaume lors des guerres ;

· Les prisons et lieux de regroupement : ce sont des places qui reçoivent à la fois des prisonniers de guerre, les exclaves avant leur départ sur Ouidah ; la maison Houinato à Hounli est l'une de ses places créées par le Roi Agadja et réaménagées par Guézo ;

· Ahouangblétinsa (kpètèkpa- Détohou) : place où Béhanzin aurait décrété l'arrêt des hostilités franco-dahoméennes et pris l'historique décision de rencontrer le président français ;

· La place Ayivèdji à Agblomè-Leby qui rappelle la dernière escale du Roi Béhanzin sur la route de la rédition.

A tous ces attraits, nous pouvons ajouter les danses, rythmes et chansons du Danxomè ainsi que les temples de Vodoun et lieu sacrés tels que Zomadonou, Kpélu, Tolègba, Aizan etc. ce sont des lieux d'initiation, de cérémonie rituelles annuelles et de prières. Ces places sont chacune spécialisées.

Photo n° 3 : Danse traditionnelle "Houissodji"35(*) à Abomey

Source : Cliché LAO A., 14-12-2007

Photo n° 4 : L'art chez les Yèmadjè d'Abomey

Source : Cliché LAO A., 14-12-2007

5. 2- Nature de l'étude

L'entretien, mode particulier de communication ou échange verbal entre le chercheur et son interlocuteur permet de recueillir des données, des idées, des attitudes, des préférences, des sentiments et attentes relatifs à la question de recherche en vue d'une étude qualitative. Le développement d'Abomey, devenant de plus en plus préoccupant, cette étude a été essentiellement basée sur une approche qualitative à travers des entretiens avec des personnes ressources. Cette approche a été appuyée par quelques données de type quantitatif en vue d'une meilleure appréciation de l'utilité du festival de Danxomè dans la Commune.

5. 3- Durée de l'étude

La présente étude comporte deux grandes articulations : l'exploration documentaire et le travail de terrain

· L'exploration documentaire

Elle a activement commencé le 5 mai 2007 et s'est déroulée de façon continue durant toute la rédaction du mémoire. Elle n'est donc terminée qu'après ladite rédaction le 10 juin 2008. Les différents centres de documentation parcourus dans ce cadre sont : le centre de documentation de la FLASH, ceux de l'Office du Tourisme d'Abomey et Région du Ministère de la culture de l'artisanat et du tourisme (MCAT). La bibliothèque centrale de l'Université d'Abomey-Calavi ainsi que le Centre Culturel Français ont été également parcourus. Les différents documents visités dans ces centres sont ceux relatifs aux manifestations culturelles et leurs impacts socio-économiques.

· Le travail de terrain

Le travail de terrain a été fait en deux temps

- La pré-enquête

C'est la phase de l'exploration et des entretiens préliminaires. Elle s'est déroulée du 14 au 23 décembre 2007, période de l'organisation de la 5ème édition du festival. L'objectif était de savoir comment s'y prendre pour avoir une certaine qualité de l'information, comment explorer le terrain pour concevoir la problématique et de mieux circonscrire le sujet. A cet effet, des entretiens exploratoires ont eu lieu avec certaines personnes ressources impliquées dans l'organisation du festival. Ce travail a conduit à une bonne reformulation de la question de départ et une définition claire des objectifs et hypothèses.

- L'enquête proprement dite

Elle s'est déroulée au lendemain des dernières élections municipales et communales et donc du 25 avril 2008 au 10 mai 2008. Cette période a été choisie car elle se présente comme l'heure du bilan de la première mandature des conseillers communaux. Plusieurs informations ont été collectées à cette étape et ont permis d'évaluer et de mieux apprécier l'impact du festival sur la commune d'Abomey.

5. 4- Groupes cibles et échantillonnage

5.4-1- Groupes cibles

Ne pouvant étendre l'étude de terrain sur toute la Commune d'Abomey qui compte 7 arrondissements, nous avons choisi de la mener dans les arrondissements de Vidolé, Djègbé et Agbokpa. Ce choix s'explique par le fait que ces trois arrondissements abritent la quasi-totalité des manifestations du festival. La méthode raisonnée nous a permis d'identifier certaines catégories d'acteurs dont les cas de figure se présentent comme suit :

- les autorités communales : ce sont elles qui organisent le festival et maîtrisent au mieux son utilité. L'entretient avec ces dernières aura comme conséquence une meilleure compréhension les différents enjeux du festival.

- Les autorités de la Direction départementale de la culture de l'artisanat et du tourisme (DDCAT Zou/Collines) : la DDCAT étant le démembrement du Ministère en charge de la culture et du tourisme, il est normal dans le cadre de cette étude, qu'on se rapproche de ces autorités pour recueillir leur point de vue sur la question. L'entretien avec ces autorités renseignera sur l'utilité du festival et les défis à relever pour sa meilleure contribution au développement de la commune.

- les autorités coutumières : c'est l'ensemble constitué de rois, chefs de collectivités, sages et notables etc. On ne saurait parler de la chose culturelle sans faire recours à ces gardiens de la tradition. L'entretien avec les autorités coutumières éclairera sur les multiples richesses à valoriser en vue d'attirer plus de touristes et l'impact socio-culturel et économique du festival.

- les populations locales et opérateurs économiques : c'est l'ensemble constitué de propriétaires d'hôtels ou de restaurants, artisans, commerçants, et autres. Cette catégorie d'acteurs se présente pour nous comme « groupe témoin » car étant les premiers bénéficiaires pouvant ressentir les effets du festival. L'entretien avec ces derniers permettra de mieux apprécier la contribution du festival au développement de la Commune.

5.4-2- Echantillonnage

Compte tenu de l'importance du sujet et de la diversité des acteurs, nous n'avons pas d'avance défini la taille de l'échantillon. L'échantillon s'est constitué par la technique de « boule de neige ». Cette technique consiste à constituer l'échantillon en demandant à quelques informateurs (clés) de départ de fournir des noms d'individus pouvant faire partie de l'échantillon. Sa taille s'est dons précisée par saturation des informations recueillies. Ainsi, l'importance numérique de chacun des acteurs identifiés diffère selon le nombre et les variables à mesurer. La taille de l'échantillon varie donc d'un groupe cible à un autre comme l'indique le tableau ci-après

Tableau II: Répartition des enquêtés par statut

Groupes cibles

Nombre

Autorités communales

2

Autorités de la DDCAT / Zou-Collines

1

Autorités coutumières

30

Opérateurs économiques

21

Populations locales

54

TOTAL

108

Source : Enquêtes présente étude (2008)

5. 5- Collecte et analyse des données

5.5-1- Les techniques et outils de collecte des données

Pour collecter les données nous avons eu recourt à trois différentes techniques : l'exploration documentaire, l'enquête par questionnaire, l'entretien

· l'exploration documentaire : elle nous a conduit dans les bibliothèques, les centres de documentation ;

· l'enquête par questionnaire : un questionnaire a été conçu et administré aux populations locales et opérateurs économiques ;

· l'entretien : les autorités locales et administratives ainsi que les autorités coutumières ont été soumises à l'entretien. L'entretien utilisé est l'entretien semi-directif. Cela a permis d'offrir une grande liberté d'expression à ces différentes autorités et aussi de les ramener dans le sujet chaque fois qu'elles s'en éloignent. L'outil utilisé est le guide d'entretien.

Ces différentes techniques ont permis de recueillir diverses informations inhérentes au festival et son impact sur la Commune.

5-5-2- Instruments de traitement et d'analyse des données

Les données collectées ont fait l'objet d'un dépouillement informatique et ont été traitées grâce aux logiciels SPSS-Windows et Excel. Ce traitement a consisté dans un premier temps à une transcription des données empiriques recueillies sur le terrain et dans un second temps à faire ressortir par une analyse descriptive les corrélations et les interactions des différentes variables.

5. 6- Chronogramme

Tableau III : Chronogramme de la recherche

Période

Activités

5 Mai 2007 au 10 Juin 2008

Recherche documentaire

14 au 23 décembre 2007

Entretiens préliminaires

12 au 20 janvier 2008

Elaboration et test des outils

25 avril 2008 au 10 mai 2008

Collecte des données

15 Mai 2008 au 10 Juin 2008

Dépouillement, traitement et analyse des données

Source : Présente étude (2008)

5. 7- Difficultés rencontrées

La première difficulté est relative à la recherche documentaire. En effet, le festival du Danxomè étant une innovation, nous n'avons pas bénéficié en la matière d'une florissante littérature en l'occurrence sur son apport au développement de la Commune.

La deuxième difficulté concerne l'indisponibilité des autorités locales et communales. La collecte des données s'est faite au lendemain des dernières élections communales et municipales, ce qui a eu comme conséquence l'indisponibilité des conseillers communaux qui étaient dans les tractations pour l'élection du maire et des chefs d'arrondissement. La demande d'audience adressée au Maire et à son adjoint est restée sans suite jusqu'à la fin de notre séjour sur le terrain. Cela nous a valu moultes navettes à la Mairie. Nous nous sommes vu dans l'obligation de nous contenter des entretiens avec le Chef d'arrondissement de Vidolé et le coordonnateur adjoint du festival qui est un cadre de la Mairie.

Par ailleurs, la crise qui secoue la famille royale a été un grand handicap pour la collecte des informations auprès des autorités coutumières qui nous prenaient pour des espions envoyés par le camp adverse. Bien que nous ayons une autorisation de recherche délivrée par le département de Sociologie-Anthropologie, il nous a fallu plusieurs explications avant de gagner quelque peu la confiance de certaines autorités coutumières. D'aucuns se sont refusés de se prononcer sur certaines de nos questions et nous interdisaient aussi de prendre notes. Ce qui nous oblige à nous contenter d'une simple synthèse à la fin de l'entretien.

Les populations et opérateurs économiques, quant à eux, sont réticents à nous livrer les informations surtout celles relatives à leurs chiffres d'affaire.

Cependant, toutes ces difficultés ne nous ont nullement empêché de mener à bien nos enquêtes qui ont duré du 25 avril au 10 mai 2008.

PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

En nous fondant sur le postulat que le festival du Danxomè est une réponse aux multiples défis de l'auto-développement dans la Commune d'Abomey, nous avons entrepris une recherche. L'objectif était d'appréhender l'utilité dudit festival dans la problématique du développement de cette Commune. Pour atteindre cet objectif, nous avons suivi la démarche méthodologique combinant aussi bien la méthode qualitative (entretien), celle quantitative (questionnaire) et l'exploration documentaire. Toutes ces méthodes nous ont permis de cibler plusieurs catégories d'acteurs directs et indirects du Festival du Danxomè. L'essentiel des informations recherchées a été obtenu et les résultats feront l'objet de notre analyse. Elle éclaire d'abord sur l'utilité du festival, ensuite son impact sur la commune avant de présenter ses limites qui déboucheront propositions et suggestions.

1- UTILITÉ DE L'ORGANISATION DU FESTIVAL DE DANXOMÈ

Les données recueillies sur le terrain révèlent que la quasi-totalité des personnes interrogées sont conscientes de la nécessité de la revalorisation du patrimoine culturel à Abomey comme l'indique la figure suivante :

Figure 1 : Répartition des acteurs selon leur opinion sur l'importance du festival

Source : Résultats enquêtes présente étude (2008)

L'analyse de cette figure indique que toutes les autorités administratives rencontrées jugent indispensable l'organisation du festival de Danxomè à Abomey. Cela est évident puisqu'elles sont les initiatrices de ladite manifestation. A en croire ces autorités, seule la revalorisation du patrimoine culturel et cultuel peut sortir cette Commune de son état de pauvreté avancée. En effet, la Commune d'Abomey, contrairement à la Commune soeur de Bohicon, ne dispose pas d'usines pouvant lui permettre de percevoir de taxes sur son territoire. La seule ressource dont elle dispose est le Musée historique d'Abomey qui est encore déclaré Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO et exclusivement géré par la DDCAT / Zou-Collines. Par ailleurs, en dépit de son statut de capitale historique, Abomey n'a pas pu bénéficié par le passé d'une attention particulière de l'Etat pour le développement du secteur touristique à travers la réhabilitation ou l'aménagement des sites. Sur les 47 hectares qu'occupe le site des palais royaux, seulement 4 hectares ont été aménagés et visités aujourd'hui par les touristes. De plus, le tissu social est fragilisé, la famille royale divisée. Il fallait alors une politique culturelle pour faire venir plus de touristes afin d'augmenter les recettes de la Commune et celles des populations. Cela offrira aussi un cadre de retrouvailles des filles et fils d'Abomey pour la reconstitution du tissu social. Ce sont autant de raisons qui justifient l'organisation du Festival du Danxomè autorisé lors de la première session du conseil communal du 11 Avril 2003, une idée déjà énoncée dans le Plan de Développement Communal (PDC) de la Commune d'Abomey élaboré par le PADECOM en 2002.

Dans le rang des autorités coutumières, la majorité des personnes interrogées

(93,34 %) trouvent le Festival utile pour le développement de la Commune en cette période où la culture constitue le levier du développement. Pour ces dernières, à travers ce festival, c'est la culture du Danxomè qui est mise sous les feux de la rampe. Si rien n'était fait dans ce sens, Abomey courrait le risque de perte de son identité. Cette revalorisation permet une lecture plus juste et impartiale de l'histoire du Danxomè.

Quant aux populations locales enquêtées composées de restaurateurs, propriétaires d'hôtels, artisans et commerçants ..., 90,9 % ont répondu par l'affirmative à la question relative à la contribution du festival au développement culturel de la ville d'Abomey.

L'analyse de ces chiffres montre que le festival a reçu l'assentiment des populations de la Commune d'Abomey, du moins pour son apport au rayonnement et au développement culturel. Ce qui laisse augurer d'un lendemain meilleur pour cette manifestation. En effet, la revalorisation du patrimoine culturel à travers le festival du Danxomè pourrait constituer une porte de sortie de la pauvreté de la ville d'Abomey. Le tourisme occupant aujourd'hui une place importante en matière de rentrée de devises au Bénin, cette manifestation apparaît comme un instrument privilégié pour la réduction de la pauvreté dans la localité. Autrement dit, l'apport du tourisme à la lutte contre la pauvreté et l'extrême pauvreté sera d'autant plus efficace que trois conditions pourraient être remplies à savoir : engendrer des revenus, engendrer un développement durable, faire parvenir ces ressources aux plus démunis. Une meilleure politique du développement du secteur touristique s'avère donc indispensable dans cette Commune aux atouts culturels et touristiques indéniables.

2- IMPACTS DU FESTIVAL SUR LA COMMUNE

2.1- Impact économique du festival sur les populations et la mairie d'Abomey

2.1-1- Sur les populations locales

L'objectif fondamental de l'organisation du festival de Danxomè est de promouvoir l'image de la ville d'Abomey à travers son patrimoine culturel et artistique en vue d'attirer plus de touristes. Or, qui parle de tourisme parle d'arrivée d'étrangers qui vont passer des nuits dans les hôtels, faire des achats, visiter les sites et donc de rentrée de devises pour la Commune. Pour les autorités administratives, la ville d'Abomey accueille pendant la période du festival qui dure en moyenne dix (10) jours, une variété de touristes (nationaux et internationaux). Cette période se présente comme une opportunité où les populations font de bonnes affaires. Elles affirment par ailleurs, qu'on constate depuis la première édition du festival une fréquentation plus accrue des différents sites touristiques. Pour ces autorités (100 %), le festival a largement contribué à l'amélioration des recettes des opérateurs économiques et des populations en général. Ces propos du Chef Service Artisanat, Tourisme et Hôtellerie de la DDCAT/ Zou-Collines, membre du comité d'organisation du festival « je me souviens qu'au cours d'un festival, je m'étais retrouvé à Bohicon où je n'avais pas trouvé de? lio?36(*) à acheter, notre ? lio? qui traine au bord des voies, il n'y en avait pas à Abomey, nous n'en n'avons pas trouvé à Bohicon. Cela veut dire que les dames ont fait plus d'affaires que par les temps ordinaires » témoignent de ce que l'organisation de ce festival profite indubitablement aux populations au moins pour les dix jours que dure cette manifestation.

Mais quand on se rapproche des populations, on remarque que les réponses sont divergentes. En effet, près de 80 % des personnes interrogées dans cette catégorie d'acteurs ont laissé comprendre qu'elles n'ont pas constaté depuis l'organisation de ce festival une amélioration proprement dite de leurs recettes. A en croire certaines personnes (30 %) de ce groupe, seule la première édition a mobilisé du monde et elles ont pu faire un peu plus d'affaire. Les autres éditions n'ont pas connu cette affluence et n'ont pas de ce fait contribué à l'augmentation de leur chiffre d'affaires. Par contre, les 50% des enquêtés restant de ce groupe ont affirmé qu'ils remarquent à toutes les éditions du festival, une légère augmentation de leur chiffre d'affaires. Seulement cet accroissement n'est pas continu et prend automatiquement fin à la clôture des manifestations. 20 % de cette catégorie d'acteurs nous ont confié qu'elles ont remarqué depuis l'organisation du festival une augmentation de leurs revenus variant entre 1 et 25%.

De l'analyse de ces chiffres, il ressort que cette manifestation ne produit pas encore l'effet escompté du point de vue de sa rentabilité pour les populations, du moins selon leurs avis. Mais à y voir de près, l'on pourrait comprendre que le festival fait son petit bonhomme de chemin. En effet, 20% de cette catégorie de bénéficiaires ont déclaré avoir constaté un accroissement de leur chiffre d'affaires depuis l'organisation du festival. Ce taux relativement faible n'est pas négligeable si l'on s'en tient au fait que le festival est une innovation qui n'est qu'à sa 5ème édition et qui éprouve, à l'instar de toute entreprise à ses débuts, des difficultés pour émerger. De plus, la moitié des personnes interrogées parmi les populations ont néanmoins reconnu que la période des festivités constitue une opportunité pour faire de bonnes affaires. Il va donc sans dire que le festival même s'il ne constitue pas encore le socle du développement économique de cette Commune, n'en demeure pas moins un facteur essentiel de ce développement.

Il convient aussi de rappeler que l'objectif premier du festival est de promouvoir le tourisme. Or, le tourisme est une activité saisonnière ; une activité qui se planifie. C'est ce qui justifie la présence des touristes dans certaines périodes que dans d'autres. Ces derniers se déplacent surtout pendant les vacances, les congés, ou la période des fêtes. La preuve est que la majorité des personnes interrogées au sein de la population nous ont confié que leurs recettes augmentent dans les mois d'Avril (congés de pâques), juillet, août, septembre (vacances) et en décembre à l'approche des fêtes, période du festival. La figure 2 fait le point de l'évolution moyenne de leur chiffre d'affaires des personnes enquêtées. Le but de tout artisan, de tout commerçant ou de tout opérateur économique étant de faire quotidiennement de bonnes affaires, on comprend pourquoi les populations ne sont pas alors totalement satisfaites de l'organisation de cette manifestation qui selon elles, doit tout le temps mobiliser les touristes pour que leurs recettes soient à plein temps améliorées. Aussi les dernières éditions ont manqué de publicité puisque les deux premières éditions ont entraîné de lourdes pertes pour la mairie. Il fallait alors prévoir, pour reprendre les propos du coordonnateur adjoint du festival un budget réaliste puisque les partenaires et sponsors n'honorent pas toujours à leur engagement. Il est aussi important de signaler que les populations ne sont pas toujours sincères dans leurs déclarations surtout quand il s'agit des informations relatives à leur chiffre d'affaires. Cette insincérité pourrait aussi biaiser les chiffres qu'ils nous ont avancés.

Tableau IV : Statistiques de l'évolution moyenne du chiffre d'affaire des populations et opérateurs économiques tout au long de l'année

Période

Moyenne

(en %)

Décembre

20,83

Janvier

16,54

Février

7,02

Mars

2,14

Avril

9,4

Mai

0,42

Juin

3,33

Juillet

14,4

Août

15,11

Septembre

14,88

Octobre

3,85

Novembre

3,66

Source : Enquêtes présente étude (2008)

Figure 2 : Evolution moyenne du chiffre d'affaires des populations tout au long de l'année

Source : Résultats enquêtes présente étude (2008)

2.1-2- Sur la mairie

L'impact économique du festival sur la mairie est aussi positif que négatif. En effet les deux premières éditions ont respectivement entraîné une perte de 32 millions et 30millions pour la mairie. Selon les déclarations du coordonnateur adjoint du festival, la mairie a fait à la première édition une recette de 12 millions contre une dépense de 44 millions. Cet état de choses n'est que le résultat de l'élaboration d'un budget ambitieux, de la non tenue des promesses des partenaires et bailleurs et de l'inconsistance de l'aide de l'Etat.

Selon les autorités de la mairie d'Abomey, les premiers bénéficiaires sont les opérateurs économiques et les populations car l'arrivée des touristes augmente leurs recettes. La mairie trouve indirectement son compte à travers le paiement des impôts. Le conseil communal a aussi instauré une taxe de 1000 FCFA par touriste au musée et cette somme est directement versée à la recette perception qui se trouve être la banque de la Commune. Il y a aussi des manifestations telles que les soirées théâtrales, les concerts, l'élection de la ?Nan? etc. qui engendrent de revenus à la mairie. De plus, le renforcement de la coopération décentralisée et les aides des différents partenaires sont d'une importance capitale dans le développement de la Commune en général et son essor économique en particulier. L'analyse de toutes ces données montre que l'impact économique du festival pour la mairie est certain. Pour preuve, comme l'indique le tableau V, la moitié des personnes enquêtées dans le rang des populations pensent que le festival génère de l'argent à la mairie. Les sources de revenus pour la mairie selon ces populations sont entre autres : les locations de stands aux artisans, les théâtres et concerts, les aides des bailleurs et partenaires etc. Le festival n'est peut-être pas à sa vitesse de croisière du point de vue de rentabilité, mais cela n'est qu'une question de temps.

Tableau V : Répartition des populations selon que le festival est source ou non de revenus pour la Mairie

Opinions

Fréquence

Pourcentage

Oui

38

50 %

Non

33

44 %

Aucune idée

4

6 %

Source : Enquêtes présente étude (2008)

Figure 3 : Répartition des populations selon que le festival engendre ou non des revenus pour la mairie

Source : Résultats enquêtes présente étude (2008)

2. 2- Impact du festival au plan social

Au plan social, les points de vue des différentes catégories d'acteurs ciblées sont divergents. En effet, selon les déclarations des autorités administratives, le festival a beaucoup apporté au plan social. Pour ces dernières le festival est un creuset de retrouvailles de filles et fils d'Abomey pour réfléchir sur l'avenir de la ville. C'est une fête qui rassemble tous les Agbomè-nou (ressortissants d'Abomey), toutes les forces politiques de la Commune, au moins à l'ouverture. Cela permet aux Aboméens, et aux Fons en général de partager le sentiment d'appartenir à une même sphère culturelle.

A toutes fins utiles, il convient de rappeler la scission qui règne au sein de la famille royale depuis un certain moment avec l'avènement de deux rois. C'est à la première édition que les deux Rois Houédogni BEHANZIN et Dédjalagni AGOLI-AGBO se sont retrouvés sur l'esplanade du musée et se sont embrassés pour la première fois. Ainsi, avec le festival, un début de dénouement de la crise royale est amorcé. Si la politique ne s'en était pas mêlée, on parvenait déjà, selon les autorités communales, à une solution à la crise qui secoue la cour royale depuis plus d'une décennie.

Pour les autorités coutumières enquêtées (100%), le festival, de part sa politisation n'a fait que fragiliser les relations et aggraver la crise qui secoue la famille royale. Ces déclarations du roi Houédogni BEHANZIN « le festival a été initié pour faire la promotion de Dédjalagni AGOLI-AGBO et l'installer comme roi d'Abomey » illustrent à plus d'un titre cette dégradation du tissu social à Abomey. Selon ces autorités, cette politisation a comme corollaire toutes les tensions observées au plan social. La mise en quarantaine des partisans des formations politiques n'ayant pas la majorité au sein du conseil communal de l'organisation, crée indubitablement de mécontents, entraîne la désunion des fils d'Abomey provoquant ainsi le déchirement du tissu social.

Quant aux populations prises comme groupe-cible témoin, 77,3% des personnes interrogées ont affirmé que le festival a beaucoup apporté au plan social. Les exemples cités sont entre autres, le rassemblement des fils de la ville, l'accolade des deux rois, la prise de conscience des filles et fils d'Abomey de leur appartenance à une même culture et de leurs liens de fraternité. Pour les 22,7% des populations, le festival est politisé, les fils de la Commune divisés. Cette proportion de la population pense que le festival est encore loin de conduire à l'union des fils d'Abomey car les conflits demeurent. L'accolade des deux rois lors du lancement des éditions du festival n'est qu'une mise en scène pour tromper l'opinion nationale et internationale car cette paix n'est jamais profonde. Elle n'est que circonstancielle et situationnelle.

De l'analyse de toutes ces déclarations, il ressort que la problématique d'union, de solidarité et de paix sociale à Abomey reste et demeure un mythe. Cet état de choses tire son origine du passé du Danxomè. En effet, selon plusieurs écrits et d'autres sources orales, Béhanzin et Agoli-Agbo sont tous deux fils du Roi Glèlè ; Béhanzin prit la succession après le décès de leur père. Mais pendant sa résistance aux Français, il aurait été trahi par son frère Agoli-Agbo qui aurait indiqué aux Français l'endroit où il se cachait ; ce qui a permis à ces derniers de retrouver Béhanzin pour sa déportation. Pour récompenser Agoli-Agbo, les Français l'auraient nommé Roi d'Abomey. Cette nomination a suscité une vive polémique, laquelle polémique a enfin de compte fini par embraser les descendants de ces deux anciens Rois. Ce serait cette querelle que traîne la famille royale jusqu'à présent. De plus, l'ingérence du pouvoir politique dans la royauté et les effets du pouvoir moderne sont d'autres sources justificatives de cette querelle. Cette situation n'est que la conséquence de l'émergence des cadres modernes dans l'arène politique traditionnelle.

Comme nous pouvons nous en convaincre, les contingences socio-économiques dues à un univers fortement monétisé, la montée en flèche de l'individualisme et la cherté de la vie font que les sujets sont réticents à nourrir leur Roi. Ce dernier doit se débrouiller pour vivre par ses propres efforts. En outre, l'organisation des cérémonies coutumières en mémoire des ancêtres royaux nécessite désormais de gros moyens financiers et matériels. Et cela s'impose comme un devoir incontournable auquel ne peut se soustraire celui qui en a la charge. A ce titre, on ne peut confier cette charge qu'à une personne fortunée. Il s'est avéré que ce sont les cadres modernes qui sont relativement les plus nantis dans les familles et collectivités royales. Par ailleurs, étant détenteur du savoir moderne, ils sont considérés comme pouvant servir d'intermédiaires entre la base traditionnelle illettrée et l'administration bureaucratique moderne. Or, ces cadres ont une place sur la scène politique ; on comprend alors l'incursion du pouvoir politique dans l'arène royale. Pour Gilbert DAKPO, « le pouvoir politique, à commencer par le pouvoir colonial jusqu'aux pouvoirs postcoloniaux, a une part non moins déterminante dans la crise actuelle ».37(*) L'auteur fait le point de la crise depuis la nomination du Roi Agoli-Agbo par le colon jusqu'à la fin du mandat de Kérékou en 2001 en montrant l'influence du pouvoir politique moderne sur la royauté à Abomey. Il parvient à la conclusion que « la crise du pouvoir royal à Abomey est une crise de modernité ».38(*) Elle provient de l'émergence de nouveaux acteurs de la scène politique traditionnelle, les cadres modernes, et avec eux, tous les effets de la modernité (démocratie moderne avec son cortège de lois : pouvoir à durée déterminée, alternance, loi de la majorité), toutes choses inadaptées à la mentalité des Houégbadjavi (descendants de Houégbadja).

Comme on peut le constater, être dans l'arène du pouvoir royal aujourd'hui, offre non seulement un prestige, mais aussi et surtout des opportunités d'une micro-entreprise de créativités culturelles rentabilisée par les bailleurs de fonds internationaux. En effet depuis que l'UNESCO a inscrit les palais royaux d'Abomey au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 1985, nul n'ignore la valeur économique des investissements et les financements de cette institution et beaucoup d'autres, à travers les projets de restauration des palais royaux et d'autres à caractère culturel. Cela justifie d'une part, l'intérêt que portent ces cadres au pouvoir royal. D'autre part, le pouvoir royal constitue une machine électorale potentielle, à travers laquelle les Rois peuvent manipuler les politiciens en quête de suffrages. Ils constituent une force politique locale susceptible d'assurer le succès d'un politicien aux élections ou au contraire, d'entraîner son échec. Ce sont autant de facteurs explicatifs de la crise qui constitue une gangrène au développement de la ville d'Abomey. Le festival était initié comme une réponse à cette crise en se fixant entre autres comme objectif l'union des filles et fils d'Abomey. Malheureusement l'interférence du politique et du culturel l'a désorienté de cet objectif et au lieu d'unir, le festival n'est que source de désunion, de jalousie et de méfiance.

Au total, si le festival permet pour la circonstance le rassemblement des fils d'Abomey, il na pas encore réussi à conduire à leur union. D'aucuns pensent que l'entière responsabilité revient aux autorités communales. Pour ceux-ci, ce sont ces autorités majoritairement membres de la Renaissance du Bénin (RB), qui n'associent pas les autres formations politiques et leurs partisans à l'organisation ; pour d'autres ce sont ces formations politiques qui s'en écartent elles-mêmes, prenant le festival comme la `'chose'' de la RB. Dans les deux cas, les autorités communales doivent savoir s'y prendre étant donné qu'elles sont les premières responsables du développement de la Commune. Elles sont élues pour toute la Commune et doivent pour ce faire transcender les divergences politiques quand il s'agit de l'avenir de la ville.

2. 3- Impact du festival au plan politique

Les informations recueillies lors de nos enquêtes font état de ce que le festival a permis, au plan politique le renforcement et la consolidation de la solidarité intercommunale au niveau du plateau d'Abomey avec la mise en place de l'Office du Tourisme d'Abomey et Région  (OT); l'un des objectifs du festival étant l'intégration harmonieuse des évolutions socio-économiques du département du Zou dans le processus national du Bénin. A en croire les autorités administratives, cet office le tout premier au Bénin, est né du partenariat public privé ; l'Etat représenté par la Direction Départementale de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme, la mairie, le musée et les privés. De plus, le festival a permis le rapprochement de la Commune d'Abomey et celle de Porto-Novo, deux anciens royaumes liés par des relations conflictuelles par le passé. On ne saurait passer sous silence l'intérêt accordé par le régime actuel à la ville d'Abomey, lequel intérêt s'est manifesté à maintes occasions. Nous pouvons citer entre autres la tentative de réconciliation des deux Rois, la contribution financière de l'Etat à l'organisation du centenaire du Roi Béhanzin et aussi et surtout celle de la 5ème édition du festival du Danxomè qui s'élève à 35 millions. Par ailleurs, il faut signaler que par ce biais, la Commune d'Abomey a pu entrer en partenariat plus intéressant avec la Commune française d'Albi. De même, les coopérations avec l'Allemagne et le Danemark se sont fortifiées. Ces coopérations revêtent toute leur importance quand on sait que ces pays du Nord ont une grande expérience en matière d'organisation touristique et une bonne connaissance des pays de provenance des touristes. Toutes ces informations montrent que le festival, plus qu'une simple revalorisation du patrimoine culturel, est un enjeu majeur pour la diplomatie et la coopération décentralisée.

2. 4- Impact du festival au plan touristique

Comme l'on ne peut s'en douter, le festival a énormement contribué au développement touristique du plateau d'Abomey en général et de la Commune d'Abomey en particulier. En effet, la majorité des personnes interrogées ont reconnu la contribution du festival au développement du tourisme. Les autorités administratives nous ont confié que c'est grâce au festival que la place "Ayonoudjo"39(*) a été matérialisée. Aussi, elles sont à pieds d'oeuvre pour la réhabilitation des palais privés non habités. De plus, on peut citer la réhabilitation du marché historique "Houndjro", l'implantation des panneaux directionnels pour indiquer les sites, ce qui permet une meilleure lisibilité des sites touristiques et une meilleure compréhension des réalités culturelles. Le palais public (Dowomè) de Béhanzin a été réhabilité en partie (la clôture, le tombeau, le adjlala, une salle d'exposition) sur financement japonais de même que le palais d'Akaba (son tombeau). La route du résistant "Béhanzin" a été aussi retracée. Il est aussi important de souligner que l'Office de Tourisme d'Abomey et Région est le fruit de ce festival. Les populations (81,8%) ont aussi déclaré que le festival contribue au développement du tourisme dans la localité puisqu'elles constatent un certain entretien et quelques aménagements de sites touristiques. Les autorités coutumières, de leur côté, nous ont confié que les autorités communales essayent d'aller à leur rythme et qu'elles restent optimistes.

Toutes ces données traduisent la contribution du festival au développement touristique dans cette Commune.

2. 5- Impact du festival sur l'environnement de la Commune

Les points de vue relatifs à l'impact du festival sur l'environnement diffèrent d'une catégorie d'acteurs à une autre. En effet, selon les déclarations des autorités administratives rencontrées, beaucoup de choses ont changé dans la Commune. Pour ces dernières, la réhabilitation des palais engagée a entraîné une transformation des palais en places de fête. L'état de la Commune n'est plus comparable à celui d'il y a une décennie. La flore est protégée, la ville plus assainie.

Les autorités coutumières pensent par contre que rien n'a changé au plan environnemental. Elles ont déclaré que c'est seulement à la veille de chaque édition qu'on assiste à un nettoyage de la ville avec des machines.

Le tableau suivant renseigne sur les points de vue des populations, pris comme groupe témoin sur la question relative à l'impact du festival sur l'environnement :

Tableau VI : Fréquence de la population selon les opinions sur la contribution du festival au changement de l'environnement d'Abomey

Opinions

Fréquence

Pourcentage

Beaucoup

41

54,54 %

Un peu

27

9,09 %

Rien

7

36,36 %


Source : Enquêtes présente étude (2008)

Figure 4 : Répartition de la population selon les avis sur la contribution du festival au changement de l'environnement de la Commune

Source : Résultats enquêtes présente étude (2008)

L'analyse de ces chiffres montre que plus de 50% des personnes interrogées au sein de la population pensent que depuis l'organisation du festival, l'environnement d'Abomey devient progressivement sain. Environ 10% affirment qu'il y a un changement, seulement elles sont peu satisfaites. Ces chiffres traduisent l'impact positif du festival sur l'environnement de la ville, seulement ce changement demeure insuffisant face aux défis à relever par cette Commune. Mais il convient de reconnaitre que l'assainissement de la ville est un problème politique que seul le festival ne saurait résoudre. L'aménagement des différents palais par le biais du festival constitue déjà un début de solution.

3- LES LIMITES DU FESTIVAL

Les limites sont multiples et multiformes et s'observent sur plusieurs plans.

3. 1- Au plan organisationnel

Le comité d'organisation étant essentiellement composé d'autorités communales, on assiste à un grand retard dans les préparatifs du festival. Cet état de choses, résultat du cumul des responsabilités de ces autorités, a une conséquence fâcheuse sur la planification des activités du festival. L'organisation d'une manifestation de cette envergure nécessite du temps, ce qui manque à ces autorités. Par ailleurs, l'organisation de spectacles et autres activités pouvant générer de l'argent demande beaucoup de professionnalisme, ce dont ne disposent pas certains membres du comité d'organisation. Les facteurs temps et professionnalisme sont indispensables pour le festival ; les occulter aura de sérieuses répercussions sur cette manifestation.

3. 2- Au plan culturel

Abomey est un gisement de cultures. Selon les déclarations des autorités coutumières, gardiens de la tradition, plusieurs valeurs authentiques du Danxomè restent à répertorier et revaloriser. On pourrait à titre d'exemple citer l'absence de certaines danses des différents cantons puisque le plateau du Danxomè est composé de plusieurs cantons et chacun a sa danse. Le répertoire de ces danses et leur revalorisation permettront aux jeunes générations de prendre connaissance de ces richesses.

3. 3- Au plan touristique, économique et environnemental

Malgré que le festival soit à sa 5ème édition, beaucoup de sites restent non aménagé ; plusieurs voies d'accès aux sites sont toujours en état de dégradation avancée voire impraticables. Le non aménagement de certains sites réduit la durée de la visite du touriste si bien qu'en deux heures, pour reprendre les propos du coordonnateur adjoint du festival, le touriste a terminé la visite du géant royaume du Danxomè. Cet état de choses ne permet pas de retenir les touristes dans la ville alors qu'en réalité, exceptés les frais d'accès aux sites aménagés, ce qui profite à la Commune reste les nuitées. Plus le touriste passe de nuits, plus il dépense. Le tracé de nouveaux circuits touristiques aura donc comme conséquence, la retenue des touristes dans la ville, ce qui profitera aux populations et opérateurs économiques et par ricochet à la Commune d'Abomey. En outre, le festival n'est pas bien connu à l'extérieur. Ce qui fait qu'il n'a pas encore réussi à attirer les opérateurs économiques étrangers qui par la mise en place de nouvelles activités, pourraient contribuer à la création de nouveaux emplois et participer ainsi au développement de la ville.

Par ailleurs la ville d'Abomey ne dispose pas d'infrastructures d'accueil de luxe. Les quelques unes existantes sont objets d'une mauvaise répartition spatiale. De plus, les promoteurs n'investissent pas leur entreprise pour combler l'attente des étrangers si nous empruntons les termes du Directeur de l'OT. Le manque de confort dans les hôtels, l'insuffisance du personnel et la faible qualification professionnelle de ceux existant sont autant de facteurs qui ne sont pas de nature à favoriser le tourisme dans cette Commune.

L'environnement est très pollué après le festival, il n'y a pas jusqu'à présent la mise en place d'une structure qui pourrait nettoyer la ville à la fin du festival. Ce sont autant de limites que les autorités communales doivent prendre en compte pour une contribution efficace du festival au développement de la localité.

3. 4- Au plan social et politique

L'un des objectifs que le festival s'est assigné est un climat d'union, de paix et de développement social. Paradoxalement cette manifestation désunit plus qu'elle n'unit. Le festival n'a pas encore réussi à « rassembler les fils d'Abomey autour de la jarre trouée du Roi Guézo », devise chère au royaume du Danxomè. Le festival, à cause de sa politisation est encore loin de conduire à l'unification des fils d'Abomey. Les autorités communales n'ont pas encore réussi à transcender les divergences politiciennes pour associer toutes les couches sociales quelque soit leur âge, sexe et coloration politique à l'organisation. Cette situation crée assez de mécontents et constitue une menace le développement de la Commune. En outre, les rapports intercommunaux au niveau du plateau du Danxomè demeurent fragiles. Le festival est dénommé festival du Danxomè, or, le Danxomè ne se limite pas à la seule ville d'Abomey. Mais les autorités n'associent pas concrètement les autres Communes à l'organisation. Cette situation rend les Communes réticentes. Et c'est justement pour dissiper ces petits problèmes que le festival a changé de nom à l'édition de 2007 et est devenu "Fête internationale des cultures du Danxomè". Par ailleurs, l'Office du Tourisme pose problème. On devrait avoir un Office Intercommunal du Tourisme dirigé par les délégués de chaque Commune, c'est l'un des principes de l'intercommunalité.

4- MATRICE DE DIAGNOSTIC STRATÉGIQUE

En considérant Abomey comme un système dont il faut comprendre les relations entre les divers éléments, une approche prospective nous permettra d'appréhender d'avantage la problématique de développement dans tous les domaines (économique, social, politique, environnemental, culturel, technologique et genre) dans cette Commune. Cette approche nous permet de situer cette problématique dans trois axes temporaires que sont : le passé, le présent et le futur afin de comprendre les interrelations entre les différentes variables. L'impact du festival sur la Commune étant diversement apprécié, la Matrice de Diagnostic Stratégique, analysant les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces se présente comme suit :

Tableau VII : Matrice de diagnostic stratégique

Domaines

Faits porteurs

Acteurs

Tendances lourdes

Incertitudes critiques

Stratégies

Forces

Faiblesses

Opportunités

Menaces

Passées

Présentes

Economie

Le tourisme

-Autorités communales

-opérateurs économiques

- artisans

-commerçants

-conservateurs de site

-Mauvaise gestion

-Corruption

-Mauvaise organisation des activités touristiques

-Non paiement des taxes

Gouvernance locale

Conservation des sites

-Organisation du festival du Danxomè

-Aménagement de nouveaux sites

-Réhabilitation des anciens sites

-Existence des sites

-Richesses culturelles

-Existence d'infrastructures d'accueil

- Non aménagement de plusieurs sites

- Manque d'infrastructures d'accueil de luxe

- faible qualification professionnelle du personnel

- Coopération décentralisée

- Partenariat

- Appui au développement local (GTZ, Danemark etc.)

- Les subventions

- Les emprunts

Social

- Reconstitution du tissu social

- Retrouvailles et rapprochement des fils d'Abomey

- Autorités - communales

- Autorités

-Traditionnelles

- Populations

- Passé du Danxomè

- Interférence du politique et du culturel

- Le pouvoir moderne

- La crise au sein de la famille royale

- Gouvernance locale

- Ingérence du pouvoir politique

 

Organisation du festival du Danxomè

-Conscience des populations d'appartenir à une même culture

- Volonté de reconstruire le tissu social

- Fragilisation du tissu social

- Manque de solidarité

- Recherche abusif du pouvoir pour des intérêts personnels

 
 

Politique

- Gestion locale concertée

- Coopération décentralisée

- Autorités administratives

- OSC

- Populations

- Partis politiques

- Les Communes

- Querelles et divisions politiques

- Détournement

- Corruption

- Ingérence du pouvoir politique

- Coopération

Délégation de pouvoir

- Démocratie locale

- Gestion participative

- Diplomatie offensive

- Intercommunalité

- Capitale historique

- Stabilité politique

- Ressources humaines

- Ville longtemps considérée comme ville de l'opposition

- Insuffisance de ressources humaines spécialisées

- Coopération décentralisée

-Intercommunalité

- Partenariat

- Les subventions

Environnemental

- Réhabilitation des palais

- Aménagement des sites

- Autorités administratives

- Etat

- Populations

- Absence de conscience patriotique

- Détournement

- Déboisement

- Mauvaise gestion

Gouvernance locale

Conservation des sites

- Sensibilisation

- Reboisement

- Aménagement des sites touristiques

- Réfection des voies

- Disponibilité des terres

- Statut de capitale historique

- Volonté d'assainir la ville

- Dégradation des voies

- Insalubrité

-Appui au développement local

- Les subventions

- Les partenariats

- Disparition des espèces

- Exportation des bois

-Réchauffement de la planète

Culturel

Revalorisation du patrimoine culturel

- Autorités administratives

- Chefs religieux

- Gardiens de la tradition

- Populations

- Scission de la famille royale

- Division des fils du Danxomè

- Gouvernance locale

- Interférence du politique et du culturel

Cérémonies et rituels au sein des familles ou collectivités

- Organisation du festival du Danxomè

- Réapparition des grandes cérémonies royales et leurs rituels

- Richesses culturelles

- Existences de ressources humaines (chefs religieux, gardiens de la tradition, autorités coutumières)

Disparition de certaines valeurs authentiques

Brassage culturel

Mondialisation

Universalisme

Technologique

Utilisation des NTIC

- Opérateurs économiques

- Populations

- Autorités

Administratives

Analphabétisme

Gestion des infrastructures

Promotion des techniques et matériaux locaux

- Communication pour stimuler les investissements

- Introduction des NTIC dans l'administration

Existence des ressources humaines

- Faible capacité d'adaptation

- Insuffisance d'infrastructures technologiques sur le marché local

- Manque de ressources humaines spécialisées

Ouverture sur le monde

- Globalisation

- Village planétaire

Genre

Promotion de la femme

- Femmes

- Autorités administratives

- OSC

- Analphabétisme

- Non scolarisation des filles

- Les conflits d'attribution

Formation des cadres

 

- Implication des femmes dans les prises de décision

- Eloge des amazones du Danxomè

Existence de femmes intellectuelles

- Incompétence

-Faible niveau de scolarisation des femmes

 

Féminisme

Source : Enquêtes présente étude (2008)

5- LES DÉFIS ET SUGGESTIONS

L'analyse du MDS révèle que plusieurs défis restent à relever pour que le festival atteigne ses objectifs et ainsi contribuer efficacement à l'auto-développement de la Commune d'Abomey. En effet, toutes les personnes interrogées ont reconnu que le festival est une bonne initiative, seulement beaucoup reste à faire. Comme l'on pourrait le remarquer dans le tableau suivant, 38,09% des personnes interrogées parmi les populations à la base, principales bénéficiaires ne sont pas du tout satisfaites de l'organisation du festival ; 14,28% déclarent qu'elles sont peu satisfaites de cette organisation.

Tableau VIII : Fréquence des populations relative à leur satisfaction ou non de l'organisation du festival

Opinions

Fréquence

Pourcentage

Satisfait

36

47,61

Peu satisfait

28

14,28

Pas satisfait

11

38,09

Source : Enquêtes présente étude (2008)

Figure 5 : Répartition des populations selon qu'elles soient satisfaites ou non de l'organisation du festival

Source : Résultats enquêtes présente étude (2008)

L'analyse de ces chiffres montre que plus de la moitié des populations ne sont pas encore totalement satisfaites de l'organisation du festival. Or, pour être une réussite et ainsi atteindre ses objectifs, l'organisation doit recevoir l'assentiment total des populations et connaître leur participation. Les défis que doit relever le festival s'observent sur plusieurs plans.

5. 1- Sur le plan organisationnel

Le défi majeur au plan organisationnel est de sortir le festival du carcan politique. Il faudra à tout prix éviter que la politique "tue" le festival. Il faudra de ce fait, dissocier l'organisation pratique du festival de la gestion de la mairie et la confier à des professionnels. Le comité ne jouera qu'un rôle de parrainage et d'appui conseil.

Par ailleurs, l'installation d'un secrétariat permanent du festival s'avère indispensable. Seule la mise sur pied de ce secrétariat pourrait faciliter l'organisation et éviterait les précipitations observées à la veille du festival. Comme l'on pourrait le constater, c'est toujours à la veille que le comité d'organisation est mis sur pieds et les tractations pour la rédaction du projet commencent. Cette situation a de sérieuses répercussions sur l'organisation pratique de la manifestation quand on sait le projet doit suivre un circuit avant d'être autorisé. Les autorités communales aussi en sont conscientes, seulement elles s'inquiètent des dépenses que cela induirait.

Enfin, les autorités doivent développer des stratégies pour faire participer toutes les couches de la population afin qu'elles puissent s'approprier cette fête car l'implication des populations dans le processus de développement constitue de nos jours une nécessité absolue. Autrement dit, pour un développement urbain et rural plus efficace la participation des populations est une condition sine qua non. On pourrait par exemple étendre la fête dans les quartiers pour que les populations se sentent impliquées.

5. 2- Au plan culturel et touristique et environnemental

Du point de vue culturel et touristique, le festival a permis la résurgence de certaines richesses culturelles du Danxomè et un début du développement du secteur touristique, mais plusieurs défis restent à relever, maintes valeurs authentiques à déceler et valoriser.

Il faudra pour ce faire :

· Recenser toutes les potentialités historiques, culturelles, cultuelles et naturelles de la Commune d'Abomey et les Communes soeurs avec lesquelles elle constitue le plateau d'Abomey. On pourrait à titre d'exemple, mettre en valeur les rythmes et tam-tam de chaque palais et permettre aux jeunes générations et touristes de prendre connaissance de ces richesses ;

· Créer d'un centre historique où on pourrait lire l'histoire du Danxomè. Il serait aussi un lieu où les familles dépositaires de cette histoire pourraient donner des communications pour une lecture plus juste et impartiale de l'image du Danxomè, offrant ainsi aux jeunes générations et touristes l'opportunité de mieux connaître ce royaume ;

· Réhabiliter ou aménager les vestiges historiques et les places ayant des valeurs porteuses de civilisation en prenant conseil auprès de ces familles ;

· Créer de nouveaux circuits touristiques pour retenir les étrangers ;

· Créer des cadres de concertation réguliers impliquant tous les acteurs locaux du tourisme (Etat, promoteurs, élus, ONG, institutions etc.), les femmes et les jeunes notamment, afin de définir les stratégies locales du tourisme ;

· Adapter les principes et recommandations stratégiques aux spécificités locales ;

· Développer des actions de sensibilisation (modification des comportements en faveur d'un tourisme durable) aussi bien pour les touristes que pour populations hôtes ;

· Elargir dans la mesure du possible la coopération touristique aux pays émetteurs de touristes ;

· Surveiller dans la mesure du possible les sites touristiques afin de sauvegarder les patrimoines matériel et immatériel et assurer au maximum la sécurité des touristes ;

· Recruter des guides spécialisés et former ceux existants ;

· Mettre à long terme en place une salle de fête moderne ;

· Organiser de façon périodique le nettoyage de la ville et accompagner les structures et ONG impliquées dans le ramassage des ordures ;

· Sensibiliser les populations sur les notions de bonne citoyenneté et les conséquences de la pollution de l'environnement sur leur santé.

5. 3- Au plan social et économique

Pour une paix sociale, source de développement à Abomey, la responsabilité incombe à toutes les composantes de cette Commune. Mais dans le cas précis du festival, les conseillers communaux restent et demeurent les premiers responsables. Ils ont l'obligation de tout mettre en oeuvre pour reconstruire la ville et cette reconstruction ne saurait se réaliser dans la division. Les populations doivent aussi comprendre que le festival est une cause commune et transcender les ressentiments et multiples querelles qui ébranlent, rongent et ruinent la devise de solidarité chère au peuple fon. Les hommes politiques doivent faire montre d'indulgence, de tolérance et de clairvoyance. Ils doivent accepter la différence et transcender les divergences politiciennes quand il s'agit de la construction de la Commune. Les acteurs de la vie politique sont des adversaires et non des ennemis. La politique n'est en réalité que l'émission de points de vue différents, de programmes d'action différents et n'est opportune qu'en période électorale.

De façon spécifique, pour que le festival contribue efficacement au développement économique et social de la Commune d'Abomey il faudra :

· Créer un cadre de concertation permanente des filles et fils de la Commune et du plateau d'Abomey d'une part, et d'autre part, entre eux et les partenaires intéressés à quelque aspect que ce soit du royaume du Danxomè, pour une meilleure compréhension des évolutions sociales, économiques et culturelles ;

· Sensibiliser les populations sur la nécessité de leur participation au développement local ;

· Mettre en place une politique de commercialisation pour mieux vendre l'image du festival afin de permettre une meilleure fréquentation des sites touristiques et attirer aussi des investissements ;

· Alimenter pour ce faire le site Internet pour permettre aux étrangers de faire leur programme sur le festival ;

· Mettre en place des circuits de commercialisation du produit touristique selon les règles du commerce équitable et au profit des populations les plus vulnérables. Cela passera par la facilitation à la création d'une micro-entreprise d'accueil (type gîte, hébergement chez l'habitant) ;

· Répertorier toutes les entreprises de la Commune afin de mieux orienter les touristes permettant aux opérateurs d'augmenter leurs recettes ;

· Sensibiliser les opérateurs économiques sur l'enjeu du festival et que ces derniers acceptent d'accompagner les organisateurs.

CONCLUSION

La question fondamentale de notre étude portait sur la contribution du festival du Danxomè au développement de la Commune d'Abomey. L'objectif était donc d'appréhender l'utilité de cette manifestation dans la problématique du développement de cette ville en cette ère de décentralisation. Pour mener à bien cette étude, nous sommes partis de deux hypothèses. La première qui se trouve être la centrale est celle selon laquelle le festival du Danxomè est une réponse aux multiples défis de l'auto-développement dans la Commune d'Abomey. La seconde concerne l'importance de la valorisation du patrimoine culturel dans le renforcement des rapports intercommunaux et de la coopération décentralisée. Pour les vérifier, nous avons utilisé la méthode combinant approche qualitative et quantitative. Cela nous a conduit vers différents acteurs directs et indirects du festival.

Soumis à l'épreuve des faits, ces hypothèses se sont avérées non plausibles (non vérifiées). En effet, les investigations et l'analyse des informations recueillies ont révélé que le festival est une initiative qui a suscité beaucoup d'espoir à ses débuts. Mais plusieurs facteurs constituent des handicaps pour l'atteinte de ses objectifs. Si le festival a permis dans une certaine mesure, l'amélioration des recettes de la Commune, la revalorisation et la réaffirmation de l'identité culturelle fon ainsi qu'un début de coopération décentralisée, il n'a pas encore réussi à conduire les Aboméens à l'union. Les rapports intercommunaux demeurent fragiles. Or, le développement étant un fait social total doit embrasser tous les domaines. Nous avons constaté après diagnostic que la politique politicienne et la crise de la royauté d'Abomey sont deux principales tendances lourdes qui sèment la division entre les Huégbadjavi et menacent le développement de leur localité. Comme l'on peut s'en souvenir, l'ancien royaume du Danxomè est l'un des plus organisés de l'Afrique Noire pré-coloniale. L'option guerrière et d'expansion de même que le génie politique des Danxoméens ont conduit ce royaume à anticiper sur les structures de l'Etat moderne. C'était donc un royaume éminemment politique. Ce qui explique l'importance et l'attachement des fils de ce royaume à la politique et au pouvoir. Chose qui malheureusement provoque le déchirement du tissu social. Aucun développement n'est possible dans la division. Pour un développement réel et durable, la participation de toutes les couches de la population constitue de nos jours une nécessité absolue. Cela fait appel à la prise de conscience le toutes les composantes de la Commune (autorités locales, autorités traditionnelles, formations politiques, OSC, populations etc.) de ce que le festival est une opportunité pour le développement de celle localité. Il faudra pour ce faire transcender les ressentiments, taire les querelles politiciennes et associer toutes les populations à l'organisation tout en prenant en compte les propositions et suggestions des uns et des autres.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1- ADJAHO, R., 2002, Décentralisation au Bénin en Afrique et ailleurs dans le monde, état sommaire et enjeux, Cotonou, CODEP, 194p

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3- ASSOBGA, T., 2007, Dynamiques et contraintes du financement des collectivités locales dans le contexte actuel de la décentralisation : cas de la Commune d'Abomey, mémoire de fin de 2nd cycle universitaire en Jeunesse et Animation, option Développement Communautaire, INJEPS, UAC, 73p

4- BANEGAS, R., 2003, la démocratie à pas de caméléon : transition et imaginaire politique au Bénin, Paris : Karthala, 491p

5- BEHANZIN, S., 2005, Approche intercommunal et développement du tourisme dans les Communes d'Abomey, Bohicon et Zogbodomey, mémoire de fin de 2nd cycle universitaire en Jeunesse et Animation, option Développement Communautaire, INJEPS, UAC, 84p

6- BENIN 2025 ALAFIA, 2000, Etudes nationales de perspectives à long termes, Cotonou, Août 2000, PRCIG/NLTPS/BEN 96/001, 235p

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8- BERRIANE, M., 1999, Tourisme, culture et développement dans la région arabe, UNESCO, 177p

9- BIO, B., 1996, la Gani à Nikki, Cotonou

10- BOYER M., 1982, le tourisme, Paris, Editions du Seuil, 312p.

11- CHARLES, E., 1984, Cours du droit administratif, ? les structures de l'administration?, Paris, LGDJ, p288

12- DAKPO, G. R. H., 2001, Sources socio-anthropologiques de la crise de la royauté d'Abomey, Mémoire de maîtrise en Sociologie-Anthropologie, FLASH, UAC, 85p

13- DASSI, J.C., 1998, impacts socio-économiques des pélerinages marials de Dassa-Zoumè, mémoire de maîtrise en Sociologie-Anthropologie, FLASH, UAC, 91p

14- DOSSOU, C., 1997, Décentralisation, déconcentration et découpage territoriale : ce qu'il faut savoir, Cotonou, GTZ, 64p.

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16- DURKHEIM, E., 1986, les règles de la méthode sociologique, 22ème édition, PUF, 254 p

17- DURKHEIM, E. 1912, les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris : PUF, 647 p

18- DUVIGNAUD, J., 1974, Fêtes et civilisations, Paris : Weber, 143p

19- FREUD, S. 1912, Totem et tabou, Paris: Gallimard, 240 p

20- GRIGOU, J.L., 1984, le développement local : Espoir et freins, revue municipale n°246

21- LAFIA, I.F.B., 1997, aspects socio-culturel du développement dans la Gani, mémoire de maîtrise en Sociologie-Anthropologie, FLASH, UAC, 119p

22- LOMBART, J., 1965, Structure de type féodal en Afrique noire (études des relations sociales chez les Bariba du Dahomey), Paris : Mouton et la Haye, 263p

23- MADELEINE, G., 2001, Méthodes des sciences sociales, Paris : Dalloz, 11è édition, 860p

24- MAUSS, M. et HUBERT, 1909, les représentations du temps dans la religion et la magie, pp 190-229

25- MAUSS, M., 1925, Essai sur le don. Formes et raisons de l'échange dans les sociétés archaïques 3è édition in Marcel MAUSS, Sociologie et Anthropologie, Paris : PUF (1950) 3è édition, pp143 à 279

26- MIRCEA, E., 1965, le sacré et le profane, coll.folio essai, Paris : Gallimard, 183p

27- NACK MBACK, C. (2003). Démocratisation et décentralisation. Genèse et dynamiques comparées des processus de décentralisation en Afrique subsaharienne. Editions KARTHALA et PDM, 528 p.

28- OROU-TOKO, O., 2002, la reforme de l'administration territoriale en République du Bénin, Cotonou, éd corrigées, 110p

29- OROU, Y.R., 1982, la Gani et ses implications socio-économiques, mémoire de maîtrise en Sociologie- Anthropologie, FLASH, UAC, 143p

30- PDM, 2000, Politiques économiques et développement local durable, Actes de la réunion scientifique "AFRICITES 2000?, Afrique de l'ouest et du centre, série séminaires, Windoek, 116 p.

31- PDM, 2003, Gérer l'économie localement en Afrique : Evaluation et prospective de l'économie locale, manuel ECOLOC, tome 1, synthèse, club du Sahel, OCDE, 35 p.

32- PDM, 2005, Mieux impliquer les collectivités locales, la revue africaine des finances locales, pays de l'Afrique de l'Ouest, n°8, 31 p.

33- PDM, 2005, les premiers pas des Communes au Bénin, Windoek, 116 p

34- PDM, (Séminaire national tenu à Abomey du 2 au 4 Mars 1994), Autonomie financière et fiscale des Communes, Décentralisation et démocratisation, document n°7, 133 p.

35- PECQUEUR, B., 1989, le développement local, Paris : Syros, 357p.

36- QUIVY, R. et CAMPENHOUDT, V., 1988, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris : DUNOD, 288p

37- TEISSERENCE, P. (1998). Les politiques de développement local. Edition française Inc, 295 p.

38- THOMAS, L.V. et LUNEAU, R., 1975, la terre africaine et ses religions, Paris, Larousse, 433 p

39- THOMAS, L.V. et LUNEAU, R., 1981, les religions d'Afrique noire, Paris, Stock plus, Tome I

40- XAVIER, G., 1984, Territoires en France, les enjeux économiques de la décentralisation, Paris, Economica, 304 p.

ANNEXES

GUIDE D'ENTRETIEN À L'ENDROIT DES AUTORITÉS ADMINISTRATIVES ET COUTUMIÈRES

I- L'organisation du Festival du Danxomè dans la Commune d'Abomey

A- Utilité du festival

B- Les priorités du festival à l'ère de la décentralisation.

II- Impact positif du Festival sur le développement de la Commune d'Abomey

A- Au plan culturel et touristique

B- Au plan économique et social

C- Au plan environnemental

D- Au plan politique

III- Les limites du festival

A- Au plan culturel et touristique

B- Au plan économique et social

C- Au plan environnemental

D- Au plan politique

IV- Les défis à relever à travers le festival pour un réel développement de la

Commune

A- Sur le plan organisationnel

B- Au plan politique

C- Au plan touristique

D- Au plan environnemental

V- Suggestions

A- A l'endroit des autorités administratives

B- A l'endroit des opérateurs économiques

C- A l'endroit des populations

QUESTIONNAIRE À L'ENDROIT DES POPULATIONS LOCALES ET OPÉRATEURS ÉCONOMIQUES

Identification de l'enquêté

Nom et Prénoms :

Sexe:

Profession:

Quartier :

Arrondissement :

1- Avez-vous connaissance de l'organisation d'une manifestation culturelle annuelle dénommée Festival du Danxomè ?

Oui Non

2- Quand avez-vous installé votre entreprise ? Avant ou après la première édition du Festival de Danxomè ?

Avant Après

3- Si vous êtes installé après la première édition, à quelle édition avez-vous assisté ou participé pour la première fois ?

2 3 4 5

3- Si vous êtes installé avant la première édition, quel était en moyenne votre chiffre d'affaire mensuel avant cette première édition?

4- Pensez-vous que ce chiffre a augmenté depuis l'organisation du Festival ?

Oui Non

5- Si oui, à quelle proportion / hauteur

1 à 25 %

 

26 à 50 %

 

51 à 75 %

 

76 à 100 %

 

6- Quel est l'accroissement (en %) de votre chiffre d'affaire dans les autres mois par rapport au mois de décembre ?

Déc

Jan

Fév

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Setp

Oct

Nov

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

7- Pensez-vous que le Festival génère de l'argent à la Mairie

Oui Non aucune idée

8- Si oui, quelles sont selon vous les manifestations qui génèrent de l'argent

9- Pensez- vous que le festival contribue au développement de la ville d'Abomey ?

Au plan culturel oui non peu

Pourquoi...................................................................................................................................................................................

Au plan touristique oui non peu

Pourquoi

Au plan économique oui non peu

Pourquoi.......................................................................

Au plan social oui non peu

Pourquoi..................................................................

Au plan environnemental oui non peu

Pourquoi

Au plan politique oui non peu

Pourquoi

10- Avez-vous noté des changements comme signe de développement dans la

Commune depuis l'organisation du Festival ?

Oui Non peu

Si oui lesquels

a- ......................................................................

b- ......................................................................

c- .........................................................................

11- Etes-vous satisfait de l'organisation du festival ?

Bien satisfait peu satisfait pas satisfait

12- Quels sont selon vous les défis à relever pour que le Festival contribue efficacement au développement de la Commune ?

a. ................................................................

b. ................................................................

c. ............................................................

d. ...................................................

Merci pour votre participation

Date de l'enquête :

LISTE DES TABLEAUX

Numéros d'ordre

 

Titres

Pages

Tableau I

:

Structuration de l'Etat décentralisé

30

Tableau II

:

Répartition des enquêtés pas statut

40

Tableau III

:

Chronogramme de la recherche

41

Tableau IV

:

Statistiques de l'évolution du chiffre d'affaire des populations et opérateurs économiques tout au long de l'année

49

Tableau V

:

Répartition des populations selon que le festival est source ou non de revenus pour la Mairie

51

Tableau VI

:

Fréquence de la population selon les opinions sur la contribution du festival au changement de l'environnement d'Abomey

58

Tableau VII

:

Matrice de diagnostic stratégique

63

Tableau VIII

:

Fréquence des populations relative à leur satisfaction ou non de l'organisation du festival

65

LISTE DES FIGURES

Numéros d'ordre

 

Titres

Pages

Figure N° 1

:

Répartition des acteurs selon leur opinion sur l'importance de l'organisation du festival

44

Figure N° 2

:

Evolution moyenne du chiffre d'affaire des opérateurs économiques tout au long de l'année

50

Figure N° 3

:

Répartition des populations selon que le festival engendre ou non de revenus pour la mairie

52

Figure N° 4

:

Répartition des populations selon leur avis sur l'impact du festival sur l'environnement

59

Figure N° 5

:

répartition des populations selon qu'elles soient satisfaites ou non de l'organisation du festival

65

LISTE DES IMAGES

Numéros d'ordre

 

Titres

Pages

Image N° 1

:

Statue du Roi Béhanzin à l'entrée de la ville d'Abomey

35

Image N° 2

:

Emblème du Roi Guézo

36

Image N° 3

:

Danse traditionnelle Houissodji à Abomey

37

Image N° 4

:

L'art chez les Yèmadjè d'Abomey

37

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE.......................................................................................

DEDICACES.......................................................................................

REMERCIEMENTS..............................................................................

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES.....................................................

RESUME DU TRAVAIL........................................................................

INTRODUCTION.................................................................................

I- CADRES THEORIQUE, PRATIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE...........................................................................

1- Problématique de la recherche.........................................................

1-1- Problème..............................................................................

1-2- hypothèses de recherche..........................................................

1-3- Objectifs de recherche..............................................................

1-3-1- Objectif général.........................................................

1-3-2- Objectifs spécifiques...................................................

2- Etat de la question........................................................................

3- Place de la fête dans le développement................................................

4-Clarification conceptuelle..................................................................

5- Démarche méthodologique................................................................

5-1- Cadre de l'étude.....................................................................

5-2- Nature de l'étude..................................................................

5-3- Durée de l'étude......................................................................

5-4-Groupes-cibles et échantillonnage................................................

5-4-1- Groupes-cibles..........................................................

5-4-2- Echantillonnage..........................................................

5-5- Collecte et analyse des données.................................................

5-5-1- Techniques et outils de collectes des données......................

5-5-2- Instrument de traitement et d'analyse des données..................

5-6- Chronogramme......................................................................

5-7- Difficultés rencontrées..............................................................

II- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS.................................

1- Utilité de l'organisation du festival du Danxomè......................................

2- Impact du festival sur la Commune......................................................

2-1- Impact économique du festival sur les populations et la mairie d'Abomey...........................................................................

2-1-1- Sur les populations locales................................................

2-1-2- Sur la mairie...................................................................

2-2- Impact du festival au plan social................................................

2-3- Impact du festival au plan politique.............................................

2-4- Impact du festival au plan touristique..........................................

2-5- Impact du festival sur l'environnement de la Commune.....................

3- Les limites du festival....................................................................

3-1- Au plan organisationnel...........................................................

3-2- Au plan culturel.....................................................................

3-3- Au plan touristique, économique et environnemental........................

3-4- Au plan social et politique........................................................

4- Matrice de diagnostic stratégique.......................................................

5- Les défis et suggestions...................................................................

5-1- Sur le plan organisationnel........................................................

5-2- Au plan culturel et touristique et environnemental............................

5-3- Au plan économique et social....................................................

CONCLUSION..................................................................................

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES....................................................

ANNEXES.......................................................................................

TABLES DES MATIERES...................................................................

Pages

2

4

5

6

7

8

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12

12

16

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61

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69

70

72

75

79

88

* 1 Ministère de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme, Direction du Développement Touristique, statistique du secteur touristique, 2008

* 2 MAUSS, M., Essai sur le don. Formes et raison de l'échange dans les sociétés archaïques (1925) 3è édition in Marcel MAUSS, Sociologie et Anthropologie, Paris : PUF (1950) 3è édition, p143.

* 3 QUETELET, 1969, physique sociale ou essai sur le développement des facultés de l'homme

* 4 DUMEZIL, E., 1941, Jupiter, Mars, Quirinuis, Paris : Gallimard

* 5 LOMBART, J, 1965, Structure de type féodal en Afrique noire (Etude des relations sociales chez les Bariba du Dahomey), Paris : Mouton et la Haye

* 6 OROU, Y.R., 1982, La Gani et ses implications socio-économiques, FLASH, UNB, p 43

* 7 BIO, B., 1996, LA Gani à Nikki, Cotonou

* 8 LAFIA I. F.B., 1997, Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 98

* 9 DASSI, J.C., 1998, Impacts socio-économiques des pèlerinages marials de Dassa-Zounmè, FLASH, UNB, pp.34-35

* 10 OROU, Y.R., 1982, op. cit. p 8

* 11 MIRCEA E., 1965, le sacré et le profane, coll.folio essai, Paris : Gallimard, p78.

* 12 LOMBART, J., 1965, Structure de type féodal en Afrique noire (études des relations sociales chez les Bariba du Dahomey), Paris : Mouton et la Haye, cité par LAFIA I. F.B., 1997, in Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 8

* 13 FREUD S., 1912, Totem et tabou, Paris: Gallimard, 240p cité par LAFIA I. F.B., 1997, in Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 8

* 14 DUVIGNAUD, J., 1974, Fêtes et civilisations, Paris, Weber, p38

* 15 THOMAS, L.V. et LUNEAU, R., 1975, la terre africaine et ses religions, Larousse, 433p cité par LAFIA I. F.B., 1997, in Aspects socio-culturels du développement dans la Gani : Cas de Nikki, FLASH, UNB, p 9

* 16 DURKHEIM, E., 1912, les formes élémentaires et la vie religieuse, Paris : PUF

* 17 DURKHEIM, E., 1986, les règles de la méthode sociologique, 22ème édition, Paris : PUF

* 18 www.google.com/ Journal l'@raigné : politique

* 19 BANEGAS, R., 2003, la démocratie à pas de caméléon : transition et imaginaire politique au Bénin, Paris : Karthala, pp 316-318

* 20 Le petit Larousse illustré, 2002

* 21 PDM, 2005, les premiers pas des Communes au Bénin, Windoek, p 69

* 22 BOYER M., 1982, le tourisme, Paris, Editions du Seuil, 312p, cité par BEHANZIN S.,2005, in Approche intercommunale et développement du tourisme dans les Communes d'Abomey, Bohicon et Zobgodomey, mémoire de fin de 2nd cycle universitaire en Jeunesse et Animation, p. 14

* 23 WAINWRIGHT J., 1999, Agenda Info Haïti, Edition CASSAGNOL, p.79

* 24 FRANGIALLI, F., 1999, le tourisme dans notre monde et pour la France in Tourisme et Loisirs, p.63

* 25 BERRIANE M., 1999, Tourisme, culture et développement dans la région arabe, UNESCO, p.17

* 26 Maurice Hauriou, (1982) cité par Nack Mback, C. (2003). Démocratisation et décentralisation. Genèse et dynamiques comparés des processus de décentralisation en Afrique subsaharienne. Editions KARTHALA et PDM, p. 35

* 27 Sebahara 2000, www. google. Fr/ recherches avancées sur décentralisation et développement

* 28 ADJAHO, R. (2002). Décentralisation au Bénin en Afrique et ailleurs dans le monde, état sommaire et enjeux. Cotonou, CODEP, p. 23

* 29 Le guide du maire, 2006, Mission de la décentralisation, p14

* 30 PDM, 2005, les premiers pas des Communes au Bénin, Windoek, p11

* 31 Sebahara, 2000. Op. cit.

* 32 GUIGOU, J.L., 1984, le développement local : Espoir et freins, revue municipale n°246

* 33 Xavier, G., 1984, Territoires en France, les économiques enjeux de la décentralisation, Paris, Economica, 304p

* 34 Pecqueur, B., 1989, le développement local, Paris : Syros, 357p.

* 35 En confiant le royaume du Danxome à son successeur, le roi Glèlè comme l'exige la tradition, a légué les vestiges et les biens à Béhanzin. Conscient de l'imminence de la guerre, Glèlè donna des coutelas à son fils, arme de guerre capable de percer les collines. Telle est l'origine de cette danse qui se fait avec le coutelas.

* 36 Ce mot désigne en milieu fon une sorte d'akassa en forme de boule généralement plus dure que l'akassa ordinaire

* 37 DAKPO, G. R. H., 2001, Sources socio-anthropologiques de la crise de la royauté d'Abomey, Mémoire de maîtrise en Sociologie-Anthropologie, FLASH, UAC, p.61

* 38 DAKPO, G. R. H., 2001, op. cit, p.74

* 39 Lieu de rencontre et de remise de la tribu annuelle au royaume d'Oyo par le Danxomè. Cette place se trouve aujourd'hui dans l'enceinte de la gare routière de Zogbodomey.






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