I I-3/ Approches pour la modélisation de la
dégradation du chlore
Un certain nombre de recherches scientifiques ont conduit au
développement des modèles qui s'intéressent à la
dégradation du chlore dans l'eau potable. Parmi les premières
tentatives figure le modèle développé par Feben et Taras
en 1951 qui est le suivant :
D t = D t
1(II.29)
n
Où Dt est la quantité de
chlore qui a réagit à l'instant t (heures),
D1 la quantité de chlore qui à
réagit
après une heure et n un paramètre
déterminé expérimentalement pour une eau donnée.
La plus part de ces recherches (Ozdemir et Ger, 1998)
considèrent, pour les écoulements entièrement turbulents
auxquels les gradients de vitesse ne sont pas importants, que :
- le mécanisme de dégradation du chlore est
bi-dimentionnel : une première dimension qui est l'axe longitudinal de
la conduite le long de laquelle le chlore est transporté et affaibli et
une seconde qui est la direction radiale le long de laquelle le chlore est
transporté par diffusion radiale.
- la dégradation la plus importante de chlore se
produit pour les écoulements à nombre de Reynolds
inférieur à 30 000 pour lesquels on ne peut pas dire que
l'écoulement est entièrement turbulent, comme
représenté sur le schéma ci-dessous. La valeur de C a
été obtenue par la normalisation de la concentration en chlore
à la sortie de la conduite par la concentration en chlore à
l'entrée de la conduite. Cependant, les écoulements dans les
réseaux d'adduction d'eau ont des nombres de Reynolds nettement
supérieurs à 30 000.
20
Figure II.3: Comparaison entre des études de
dégradation du chlore (Ozdemir et Ger, 1998)
Deux démarches de modélisation de la
dégradation du chlore existent. Une première qui attribue
à chaque tronçon des coefficients de dégradation qui
négligent les paramètres qui pourraient les influencer. Ces
coefficients sont établis pour un état significatif du
réseau. Une deuxième qui attribue à chaque tronçon
de conduite des coefficients de dégradation paramétrés.
Dans ce qui suit, on optera pour la deuxième démarche.
II-3-1/ Modèles de
dégradation de chlore
à coefficients
invariables
- L'étude réalisée par Frederick L et
al, présentée au NEWWA Computer Symposium en 1992,
intitulé " La distribution du chlore résiduel dans le
réseau de distribution d'eau " décrit des méthodes pour
conduire des simulations d'une distribution de chlore dans un réseau
d'eau potable. Des résultats de cette étude peuvent être
récapitulés comme suit :
· L'évaluation, au laboratoire, des eaux prouve
que l'eau a une dégradation très faible du chlore. Ils assument
que la perte du chlore résiduel dans le réseau est due au temps
de séjour excessif d'eau dans le réseau et/ou des
matériaux des canalisations.
· Une évaluation du temps de séjour d'eau
d'un réseau n'a pas soutenu la spéculation que l'âge
excessif d'eau peut être une cause significative du taux faible du chlore
résiduel dans le réseau. Ils concluent donc que les causes les
plus susceptibles pour interpréter la perte de chlore sont la nature et
l'état des matériaux des canalisations. Ils expliquent ceci par
le fait qu'une conduite vieillit, sa rugosité augmente en raison de
l'incrustation et de la tuberculisation des produits de corrosion aux
parois, ce qui rend sa paroi plus réactive à
certains agents chimiques, plus particulièrement au chlore et à
d'autres désinfectants.
- Un ensemble de coefficients sont présentés dans
le tableau issu de quelques études. On voit bien que ces coefficients
dépendent du type et état des canalisations.
Tableau II.2: Quelques ordres de grandeurs du
coefficient de dégradation de chlore dans l'eau (Frederick L et
al, 1992)
Chercheurs
|
k (l/min)
|
Temps séjour moyen (heure)
|
Observations
|
Tracy et al
|
0,0135
|
0,25
|
conduite en fonte
|
0,0059-0,0075
|
2,0
|
0,0019
|
8,0
|
0,002
|
16,0
|
0,001
|
40,0
|
0,00074
|
44,0
|
0,00033
|
45,0
|
0,00047
|
50,0
|
O'Connor et
|
0,0019
|
4,0
|
conduite en amiante ciment
|
0,0036
|
11,0
|
0,0032
|
16,0
|
0,0021
|
18,0
|
Martin et al
|
0,0056
|
8,0
|
|
0,0048
|
9,0
|
0,00015
|
45,0
|
Rose
|
0,036
|
0,55
|
|
0,0067
|
0,83
|
0,0034
|
1,25
|
0,0014
|
1,38
|
0,0194
|
1,73
|
avant nettoyage
|
0,0058
|
1,73
|
après nettoyage
|
0,023
|
2,0
|
avant nettoyage
|
0,012
|
2,0
|
après nettoyage
|
Olivieri et al
|
0,005
|
2,3
|
chlore libre
|
21
II-3-2/ Modèles de
dégradation de chlore à
coefficients paramétrés
- Chambers et al. (1995) a réalisé une
étude pour examiner la validité de l'expression de
dégradation exponentielle pour le chlore résiduel libre et total.
Ses résultats ont prouvé que le modèle dégradation
exponentiel est approprié pour modéliser le chlore
résiduel libre dans les réseaux d'eau potable et qu'il est
possible de produire des modèles réussis de qualité
d'eau.
- Vieira et al. (2004) estime que les facteurs les plus
appropriés pour l'étude de la dégradation du chlore suite
aux réactions avec la masse d'eau sont la température, la
concentration initiale du chlore, la concentration en fer et la matière
organique.
- Pour estimer les paramètres inconnus de leur
modèle, Clark et Sivaganesan ont utilisé des échantillons
d'eau potable pour développer un modèle général.
L'étude statistique faite par ces deux chercheurs a prouvé que
les paramètres de ce modèle dépendent de : TOC, UVA, la
concentration initiale du chlore, pH, la concentration en Bromure, la
température en °C, l'alcalinité en mg/L. Ce modèle a
été testé dans divers cas pour voir sa
crédibilité. Généralement, il reflète bien
les mesures expérimentales (Clark et Sivaganesan, 1998).
I I-4/
L'algorithme de
simulation de
la qualité d'eau par
EPANET2
Si on considère un réseau entier, les
équations régissant la qualité d'eau, comme la
conservation de la masse, aboutissent à un système complexe
d'équations algébriques différentielles partielles. Une
solution analytique du système est impossible. A cet effet, nombreuses
méthodes de résolution ont été exposées en
bibliographie, dont la méthode lagrangienne basée sur le temps
(Time Driven Method -TDM) qui est l'algorithme de simulation qualité du
logiciel EPANET2.
II-4-1/ Principe
L'idée principale de cette approche consiste à
subdiviser chaque tronçon du réseau en segment et ce en tenant
compte des débits relatifs au pas de temps hydraulique
considéré et de supposer que la taille du segment le plus en
amont augmente au cours du temps pendant qu'une perte dans la taille du segment
le plus en aval se produit quand l'eau quitte le tronçon mais la taille
des segments intermédiaires reste inchangée. Pour chacun des pas
de temps de qualité et après le phénomène de
réaction dans le tronçon, les concentrations au niveau des noeuds
sont calculées par le moyen d'un comptage cumulatif et des nouveaux
segments seront crées à l'amont de chaque tronçon tout en
tenant compte des débits qui y rentrent. L'exactitude de cette
méthode dépend du pas de temps de qualité et du seuil
adopté à la génération des segments à
l'amont de chaque tronçon et au début de chaque pas de temps de
qualité (Ayari, 2003).
22
II-4-2/
L'algorithme
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Le simulateur de la qualité d'eau d'EPANET2 utilise
l'approche lagrangienne pour détecter des changements subis par des
volumes d'eau élémentaires qui circulent dans les conduites et
qui se mélangent entre eux aux noeuds de demande entre deux intervalles
déterminés (Rossman, 2000). Ces intervalles de mesure de
qualité sont normalement beaucoup plus courts que les intervalles
utilisés pour calculer le comportement hydraulique
(généralement, plutôt des minutes que des heures), parce
que le temps de séjour d'eau dans une conduite peut être
très court. Lorsque l'eau entre dans une conduite, la taille du volume
élémentaire d'eau amont croît, et la taille du volume
élémentaire en aval décroît dans la même
proportion. La taille des éléments de volume
intermédiaires reste inchangée.
À la fin de chaque pas de temps, EPANET2 entreprend les
actions suivantes:
1. La qualité d'eau dans chaque segment est mise à
jour conformément aux réactions qui ont eu lieu dans la
conduite.
2. L'eau qui entre dans le noeud de demande en amont, et qui
provient d'autres conduites, est mélangée pour calculer la
nouvelle qualité d'eau. Le volume fourni par chaque volume
élémentaire d'eau est égal au produit du débit dans
la conduite d'origine et du laps de temps de l'intervalle. Si ce volume est
supérieur à celui du segment, celui-ci est détruit et le
prochain élément de volume commence à fournir son volume
d'eau.
3. Les substances provenant de sources extérieures sont
ajoutées dans les noeuds de demande. La façon dont la
qualité dans les réservoirs est mise à jour dépend
du type de mélange appliqué.
4. De nouveaux segments d'eau sont créés dans
les conduites qui sortent du noeud de demande, du réservoir ou de la
bâche. Le volume de chaque segment est égal au produit du
débit par l'intervalle de temps, et sa qualité égale
à la nouvelle qualité d'eau dans le noeud.
Pour réduire le nombre de segments, l'étape 4
n'est exécutée que si la différence entre la nouvelle
qualité dans le noeud et celle du dernier segment est supérieure
à une tolérance définie par l'utilisateur. Si la
différence de qualité est inférieure à cette
tolérance, le volume qui entre dans la conduite au cours de l'intervalle
est simplement ajouté au dernier segment.
Ensuite, ce processus est répété pour
l'intervalle de temps suivant. Au début de l'intervalle hydraulique
suivant, l'ordre des volumes élémentaires est inversé dans
les arcs où le sens de l'écoulement a changé.
Initialement, chaque tuyau du réseau est constitué d'un unique
élément de volume dont la qualité est égale
à la qualité assignée au noeud en amont.
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