Rue CEPER, entrée face Lions Club
Tél : 22 01 26 48
Cabinet Conseil en Développement
Institut de Formation
pour le Développement (IFD)
Mémoire de recherche présenté pour
l'obtention du diplôme d'Expert en Planification et Gestion des
Projets
Version révisée
PERTINENCE DE L'APPROCHE PROJET ADOPTEE PAR
L'INITIATIVE PPTE AU CAMEROUN: CAS DE LA PROMOTION DES MUTUELLES DE SANTE OU
MICRO ASSURANCES SANTE
Par
Rébecca Hortense ELLA-MENYE EKOTTO
Epouse BATINDEK BATOANEN
batindek_hortense@yahoo.fr
Superviseur académique :
Superviseur professionnel:
Consultant - Formateur
Directeur Cabinet Conseil en Développement
Directeur /Fondateur de l'Institut de Formation pour le
Développement
Economiste - Analyste Evaluateur de Projets
Expert au Secrétariat Permanent du Comité
Consultatif et de Suivi PPTE
Monsieur Isaac MOUSSINGA Monsieur Max
ABE ONANA
Mars 2009
___________________________________________________________________________
Bastos derrière l'Ambassade d'Espagne
B.P : 11904
Yaoundé TEL : 22.20 28 92 / FAX. :
22.20 28 93
TABLE DES MATIERES
Pages
DEDICACES
iv
REMERCIEMENTS
v
PRESENTATION DE L'AUTEURE
vi
SIGLES ET ABREVIATIONS
vii
TABLEAUX ET FIGURES
ix
RESUME
x
ABSTRACT
xi
INTRODUCTION
2
I - Contexte et justification
3
II - Etat des lieux sur la question
4
III - Revue de la littérature
5
IV - Problème de recherche
7
V - Hypothèses de recherche
7
VI - Intérêt de l'étude
7
VII. - Objectifs de recherche
8
VIII - Méthodologie de recherche
8
IX - Délimitation de l'étude
11
X - Définition des concepts
12
XI - Plan de l'étude
12
PARTIE I :
APPROPRIATION DE LA METHODE ET DES OUTILS DE
L'APPROCHE
PROJET COMME OPPORTUNITE
D'ACCES A UNE GESTION DE
QUALITE AU CAMEROUN
13
Chapitre 1 - Initiative PPTE en Afrique
subsaharienne et au
Cameroun
14
Section 1 - Evolution économique des pays de
la zone de 1960 à 1999
14
§.1 - D'une dépendance
économique à un endettement insoutenable
14
§.2 - Initiative PPTE, un pas
nécessaire vers la gestion de la dette
24
Section.2 - Cheminement particulier du Cameroun
vers l'Initiative PPTE
29
§.1 - Economie du Cameroun pas
épargnée par la crise d'endettement
29
§.2 - Mise en oeuvre de l'Initiative PPTE
au Cameroun
36
Section.3 - Appréciation du potentiel de
l'Initiative PPTE
39
§.1 - Enjeux et opportunité de
l'Initiative PPTE
39
§.2 - Limites et faiblesses de
l'Initiative PPTE
41
Chapitre.2 - Approche projet adoptée par
l'Initiative PPTE :
Une logique
pédagogique du
développement
45
Section.1 - Une logique de promotion de l'approche
projet
45
§.1 - Une méthode et des outils de
gestion
45
§.2 - Le CCS/PPTE comme outil
pédagogique
50
Section.2 - Une logique de promotion de la bonne
gouvernance
58
§.1 - La bonne gouvernance
économique
58
§.2 - La bonne gouvernance
sociale
61
Section.3 - Suivi exécution du projet de
promotion des mutuelles de
Santé
pilotes sur ressources PPTE
65
§.1 - Description générale
du projet PROMUSAP
65
§.2- Appréciation de la
qualité d'application de l'approche projet
68
PARTIE II :
PROMOTION DES MUTUELLES DE SANTE OU MICRO
ASSURANCES
SANTE COMME OPPORTUNITE
D'ACCES A DES SOINS DE SANTE
DE QUALITE AU
CAMEROUN
76
Chapitre 3 - Développement des
systèmes financiers de
mutualisation des
risques maladie au Cameroun
77
Section .1 - Epargne et système financier au
Cameroun
77
§.1 - Principes de l'économie et
intermédiation financière au Cameroun
78
§.2 - Mécanismes de mobilisation de
l'épargne des ménages
89
Section.2 - Epargne et système de
santé au Cameroun
92
§.1 - Problématique du financement
de la santé au Cameroun
92
§.2 - Politique de santé et de
protection sociale au Cameroun depuis
l'an 2000
94
Section.3 - Typologie des systèmes de
mutualisation des risques maladie
en Afrique subsaharienne et au Cameroun
97
§.1 - Inventaire des systèmes de
mutualisation des risques en Afrique
subsaharienne
97
§.2 - Développement des mutuelles
de santé au Cameroun
99
Chapitre 4 - Evaluation de la performance des
systèmes de
mutualisation
des risques maladie
105
Section.1 - Littérature sur
l'évaluation des mutuelles de santé
105
§.1 - Contenu de la littérature sur
l'évaluation
105
§.2 - Limites de ces approches
d'évaluation
109
Section.2 - Evaluation des mutuelles de
santé sur financement PPTE
110
§.1 - Méthodologie
appliquée
110
§.2 - Résultats du suivi
évaluation
112
Section.3 - Elaboration d'indicateurs de suivi
évaluation des Mutuelles
de
Santé
122
§.1 - Bilan des expériences
camerounaise et étrangère dans le
domaine
122
§.2 - Méthodologie de construction
d'indicateurs de suivi évaluation
126
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
130
ANNEXES
133
BIBLIOGRAPHIE
144
DEDICACES
A DIEU le Père, plein d'Amour et de miséricorde
sans qui rien n'est possible.
A nos chers enfants, Ifeyi, Stella-Claude, Jenna-Gaëlle
et Raïssa-Paule
Qui, par leurs regards nous disent : Yes, we
can !
REMERCIEMENTS
Ce travail a bénéficié du soutien de
plusieurs personnes auxquelles nous tenons à témoigner notre
gratitude. Il s'agit de :
Monsieur Théophile BATINDEK BATOANEN, notre conjoint,
qui a entièrement adhéré à ce projet
d'études, et supporté sereinement les modifications du rythme de
vie conjugale.
Nos chers parents, Monsieur Paul ELLA-MENYE et Madame Lydie
ELLA-MENYE, née ESSIANE qui nous ont inculqué le goût de
l'effort et du dépassement de soi.
Monsieur Max ONANA ABE, Expert au Secrétariat Permanent
du CCS/PPTE et directeur de mémoire. Sa pédagogie, ses conseils,
ses encouragements, mais aussi ses exigences de rigueur nous ont permis de nous
dépasser.
Monsieur Isaac MOUSSINGA et toute son équipe CODEV/IFD.
Nous louons son initiative d'offrir aux diplômés de l'enseignement
supérieur une formation professionnelle pointue dans le domaine de la
gestion des projets.
Monsieur Laurent KOUO NGANGUE Secrétaire Permanent au
CCS/PPTE qui, en nous accordant de passer six (06) mois au sein de son
équipe, a permis la réalisation de ce travail.
Monsieur TAMAJONG OBASE MOTUBA Expert au Secrétariat
Permanent du CCS/PPTE qui, par ses remarques éclairées, a
positivement orienté nos recherches.
Toutes les personnes qui nous ont facilité
l'accès à l'information : Il s'agit de l'ensemble du
personnel du CCS/PPTE, des responsables de la promotion des mutuelles de
santé au MINSANTE, des gestionnaires de projet, des étudiants
CODEV/IFD et en particulier de Gwladys NOUPING.
Monsieur Christian BIOS NELEM enseignant au département
de sociologie à l'Université de Yaoundé I, pour sa
disponibilité et ses conseils en matière de méthodologie
de recherche.
Tous les enfants que j'encadre de près ou de loin. En
particulier José, Rostand et Aimé. Ils ont tous été
patients et compréhensifs.
Nos frères et soeurs, Héloïse, Henriette,
Hélène, Jacques, Huguette, Lydie et Paul au Cameroun;
Honoré, Hermione, Florence, Renée-Paule et Jean-René en
France, au Canada et aux Etats-Unis, ont positivement influencé ce
travail par leurs encouragements et appuis divers. Nous leurs sommes
très reconnaissants.
Nos amies qui, par leurs encouragements nous ont valablement
soutenu. Nous pensons particulièrement à Gisèle MBELLA,
Mimi NKENG, Patricia BALEMAKEN, et Paulette MASSO.
PRESENTATION DE L'AUTEURE
L'auteure de ce mémoire, Rébecca Hortense
EKOTTO ELLA-MENYE épouse BATINDEK BATOANEN est titulaire d'un
diplôme du Cycle commercial de l'Ecole Nationale d'Assurances de Paris
(ENASS) et suit un cycle de licence en Sociologie à l'université
de Yaoundé I.
Après avoir travaillé pendant cinq (05) ans
à l'UAP (actuellement groupe AXA) à Paris dans le secteur
« Assurance vie collectivités locales », elle rentre
au Cameroun et enseigne l'assurance vie au cycle DTA (Diplôme de
Technicien d'Assurances) à la Direction des Assurances du MINEFI
(1996-1998), puis dirige un centre de formation en informatique en partenariat
avec le FNE (1998-2003). Son intérêt pour le management la conduit
par ailleurs à diriger une PME de prestations de services (1995-2005)
dans la ville de Yaoundé.
A côté de ces expériences dans l'assurance
vie, la formation et le management, son penchant pour le développement
social la conduit dès l'an 2000 à s'intéresser à
l'amélioration des conditions de vie des communautés villageoises
par la création d'un Groupement d'Initiative Commune (GIC) oeuvrant dans
l'appui au développement des organisations sociales. C'est ainsi qu'elle
intervient au PNDP (2006-2007) comme organisme d'appui local dans le MBAM et
INOUBOU, pour l'accompagnement des populations de DEUK dans
l'élaboration des Plans de Développement Locaux (PDL) et du Plan
de Développement Communal (PDC), dans le renforcement des
capacités, et dans le montage des requêtes de financement des
projets.
Dans le souci d'acquérir de solides connaissances en
matière d'approche projet et de rapprocher les notions d'assurance et de
mutualité à celle de développement durable, l'auteure
intègre l'Institut de Formation pour le Développement (IFD)
à Yaoundé en novembre 2007 pour y préparer le
diplôme d'Expert en Planification et Gestion des Projets.
SIGLES ET ABREVIATIONS
APCAS : Association pour la Promotion du Capital Social
APD : Aide Publique au Développement
ARMP : Agence de Régulation des Marché
Publics
APE : Avant Projet d'Exécution
BAD : Banque Africaine de Développement
BCD : Banque Camerounaise de Développement
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale
BIAOC : Banque Internationale de l'Afrique Occidentale
Cameroun
BICIC : Banque Internationale du Cameroun l'Investissement et
le Crédit
BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
BIT : Bureau International du Travail
BM : Banque Mondiale
CA : Conseil d'Administration
CAA : Caisse Autonome d'Amortissement
CAPME : Centre d'Assistance aux Petites et Moyennes
Entreprises
CDMT : Cadre de Dépenses à Moyen Termes
CELLUCAM : Cellulose du Cameroun
CERDI : Centre d'Etudes et de Recherches pour le
Développement
CIDR : Centre International de Développement et de
Recherche
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce
et le
Développement
CTD : Collectivités Territoriales
Décentralisées
COBAC : Commission Bancaire pour l'Afrique Centrale
CODEV : Cabinet Conseil en Développement
DGB : Direction Générale du Budget
DGT : Direction Générale du Trésor
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
EF : Etude de Faisabilité
FAS : Facilité Ajustement Structurel
FARS : Facilité d'Ajustement Structurel
Renforcé
FMI : Fonds Monétaire International
FOGAPE : Fonds de Garantie aux Petites et Moyennes
Entreprises
HEVECAM : Hevéa du Cameroun
HIPC : Heavily Indebted Poor Countries
IDE : Investissement Direct Etranger
IFD : Institut de Formation pour le Développement
IFI : Institutions Financières Internationales
INS : Institut National de la Statistique
GAR : Gestion Axée sur les Résultats
GIC : Groupe d'Initiative Commune
GTZ : Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit
MAMS : Micro Assurance et Mutuelles de Santé
MAS : Mutuelle de d'Assurances Santé
MC2 : Mutuelle Communautaire de
Croissance
MINEPAT : Ministère de l'Economie, de la Planification
et de l'Aménagement
du Territoire
MINSANTE : Ministère de la Santé
MINTSS : Ministère du Travail et de la
Sécurité Sociale
MUCAS : Mutuelle Communautaire d'Assurance Santé
MUFFA : Mutuelle Financière des Femmes Africaines
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
OSC : Organisation de la Société Civile
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PGCSS : Programme Germano-Camerounais de Santé Sida
PIB : Produit Intérieur Brut
PME/PMI : Petite et Moyenne entreprise/Petite et Moyenne
Industrie
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
PROMAGAR: Programme de Modernisation de l'Administration
camerounaise
par la mise en oeuvre de la gestion
axée sur les résultats
PROMUSAP: Promotion des Mutuelles de Santé Pilotes
RA : Rapport d'Activités
REGA : Renforcement des Groupes d'Autopromotion
RI : Règlement Intérieur
SAILD : Service d'Appui aux Initiatives Locales de
Développement
SNEC : Société Nationale des Eaux du Cameroun
SOCAPALM : Société Camerounaise de Palmeraies
SONARA : Société Nationale de Raffinerie
SRC : Société de Recouvrement du Cameroun
SSD : Service de Santé de District
STEP : Stratégies et Techniques contre l'Exclusion
Sociale et la Pauvreté
TOM : Territoires d'Outre Mer
USAID : United States Agency for International Development
TABLEAUX ET FIGURES
Pages
Tableaux:
Tableau 1: Part de l'Afrique subsaharienne dans les
exportations des pays en
développement-------------------------------------------------------------17
Tableau 2: Evolution de la dette extérieure des
exportations des biens et
services et PNB par
habitant---------------------------------------------32
Tableau 3: Evolution de quelques ratios de la dette
extérieure
camerounaise--------------------------------------------------------------33
Tableau 4: Structure de la dette camerounaise en millions de
dollars---------33
Tableau 5: Evolution des allocations budgétaires dans
les ministères de
la santé et de l'éducation de
base--------------------------------------35
Tableau 6: Secteurs de développement et leurs
axes--------------------------------52
Tableau 7: Processus d'acheminement d'un dossier projet au
CCS/PPTE----54
Tableau 8: Taux de bancarisation de l'économie
camerounaise------------------82
Tableau 9: Structure monétaire dans l'économie
camerounaise----------------84
Tableau 10: Evolution du crédit à
l'économie-------------------------------------------84
Tableau 11: Structure et organisation du système de
santé du Cameroun-----94
Tableau 12: Comparaison des deux approches de l'étude
des systèmes
financiers de mutualisation des risques de
maladie-------------------97
Tableau 13: Situation globale des mutuelles
fonctionnelles-------------------------98
Tableau 14: Classement des prestations des mutuelles selon
leur
fréquence-----------------------------------------------------------------------101
Tableau 15: Répartition des Mutuelles de santé
par province au
Cameroun---------------------------------------------------------------------104
Tableau 16: Modèle d'analyse des indicateurs
d'évaluation des systèmes----108
Tableau 17: Situation des mutuelles de santé pilotes en
zone rurale-----------113
Tableau 18: Situation des mutuelles de santé pilotes en
zone urbaine---------114
Tableau 19: Fréquence d'utilisation des outils et niveau
d'organisation-------135
Tableau 20: Cartographie des mutuelles de santé de la GTZ
(2008) ------------137
Figures :
Figure 1: Illustration des accords multilatéraux FMI/BM
et pays endettés----20
Figure 2: Le cycle de
projet-------------------------------------------------------------46
Figure 3: Matrice du cadre
logique----------------------------------------------------48
Figure 4: Le circuit
économique-------------------------------------------------------80
Figure 5: Analyse SWOT/FFOM des Mutuelles de Santé du
Cameroun-------116
Figure 6: Cartographie des mutuelles de santé au
Cameroun (2006) ---------138
RESUME
Cette étude ambitionne de présenter la
pertinence de l'approche projet adoptée par l'Initiative PPTE. Elle
souhaite par la même occasion, faire ressortir la problématique du
financement des soins de santé. Problématique qui semble,
à travers la promotion des mutuelles de santé, trouver une
solution durable.
Pour notre recherche, nous avons utilisé la collecte de
données grâce aux guides d'entretiens. L'analyse de contenu et la
statistique nous ont ensuite permit d'examiner et d'interpréter ces
données. Le cadre conceptuel de l'étude a été
construit sur la base de deux variables explicatives (schéma annexe 6).
Sur le plan théorique, notre étude a requis l'utilisation de deux
grilles d'analyse : L'analyse systémique et l'analyse critique.
A l'endettement des pays d'Afrique subsaharienne, plusieurs
solutions ont été appliquées, parmi lesquelles les
rééchelonnements, les PAS. Elles se sont toutes soldées
par des échecs. A l'aube de l'an 2000, ces pays se trouvent dans une
situation d'endettement insoutenable et de pauvreté extrême.
L'Initiative PPTE, mise en place en 1996, propose une solution innovante. Il
s'agit de financer les économies africaines grâce aux ressources
issues de l'allégement de la dette. Seulement, ces ressources doivent
être utilisées dans des projets de développement bien
identifiés et planifiés. C'est la consécration de
l'approche projet, qui exige une préparation rigoureuse des outils qui
la composent, et apporte la qualité de la dépense.
Au Cameroun, le CCS/PPTE est l'organe d'orientation et de
contrôle de l'utilisation de cette approche. Des projets lui sont
présentés par les ministères sectoriels et la
société civile, pour éligibilité aux fonds PPTE.
Mais, à l'heure actuelle, l'appropriation de la démarche projet
par les acteurs reste incomplète. Sur quarante projets analysés,
seuls 30% ont élaboré une Etude de Faisabilité et un
rapport d'activités, tandis que 85% ont rédigé l'Avant
Projet d'Exécution.
Le problème de difficulté d'accès
à des soins de santé de qualité a été
identifié, puis analysé par le MINSANTE, et la promotion des
systèmes de mutualisation des risques a été retenue comme
solution. C'est pour cette raison que le projet PROMUSAP a été
mis en place. L'Initiative PPTE appuie ainsi le développement du
système financier camerounais, en facilitant la création des
systèmes financiers non bancaires de collecte de l'épargne
interne.
On assiste donc, depuis 2003, au développement des
Mutuelles de Santé Pilotes au Cameroun. Elles environ 90 en 2008.
D'autres organismes, à l'instar de la Coopération Belge et
Allemande (GTZ), appuient également la mise en place de telles
structures. Cependant, la diffusion de ce concept à grande
échelle, nécessite une évaluation des actions
menées.
Nous avons ainsi évalué huit des dix mutuelles
de Santé Pilotes mises en place sur fonds PPTE. Les résultats
montrent des faiblesses sur le plan technique et financier, un faible taux
d'adhésion et un réel dynamisme des populations. Pour percevoir
les spécificités des mutuelles de santé, des outils
d'évaluation adaptés au contexte local doivent être
élaborés. Diverses pistes de recherche peuvent permettre la
construction d'indicateurs de suivi évaluation pertinents.
Les principales recommandations de notre étude
concernent le renforcement des capacités des acteurs sur l'approche
projet, l'amélioration des procédures de déblocages de
fonds, la recherche d'indicateurs de suivi évaluation pertinents,
l'élaboration d'études d'impact des mutuelles de santé sur
les populations, la qualité des soins et la gouvernance dans les
formations sanitaires.
ABSTRACT
This study aimed at presenting the relevance of project
approach adopted by the HIPC initiative. In the mean time, it will be matter
more over to show the problematic related to the funding of health care. This
problematic seems to have found a durable solution through health mutual
insurance companies. For our research, data collection was used thanks to
interview guides. Furthermore, analysis of the content and statistic further
help us to interpret data. The conceptual frame of the study was constructed
following two explanatory variables (diagram annex 6). On the theoretical point
of view, our study required the use of two grids of analysis: Systemic analysis
and critical analysis. For indebtedness of sub-Saharan African countries many
solution have been applied, among others the rescheduling, structural
adjustments (SAP). Unfortunately, they all tend out to be a failure. At the
dawn of the year 2000, these countries are in state of unsustainable
indebtedness and an extreme poverty. HIPC initiative put in plan in 1996
proposes innovating solutions. It is matter here to finance Africans economies
thanks to resources gotten from debt burden reduction. These resources are
anyway called upon to be used in development projects well identified and well
planned. It is the consecration of project approach which obliges a rigorous
preparation of tools that constitute it and brings quality in it
expenditures.
In Cameroon, the CCS/HIPC is the organ in charge of the
orientation and control of this approach. Projects from sectorial ministries
and the civil society are presented to this organ for eligibility to HIPC
funds. Unfortunately the appropriation of project approach by actors is
incomplete. On about 40 projects analyzed by this organ, only 30% has
successfully elaborated a feasibility study and has written a report of
activities meanwhile, 85% has written a fore project of execution. The problem
of access to quality health care was identified, analyzed by the Ministry of
Public health and the solution envisage is the promotion of mutual systems. It
is therefore for this reason that, the project PROMUSAP was put in place.
HIPC-initiative brings support as a matter of fact to the development of
Cameroonian financing system by facilitating the creation of non banking system
of internal saving collection.
As from 2003 we are therefore faced to a rapid development of
pilot mutual health in Cameroon. Health's mutual are fast growing and in 2008
they were already up to 90 created all over the country. Other organisms
equally bring support in the putting in place of these mutual organs in the
example of Belgian and German Cooperation (GTZ). By the way, the diffusion of
this concept in a greater scale needs an evaluation of action taken so far.
We have as a matter of fact evaluated 8 of such mutual health
organs financed on HIPCs' funds. Out come of these evaluations show some
weaknesses on the technical and financial plan. There is a weak rate of
adherence and a real lack of dynamism of populations. To perceive the
specificity of mutual health organs, evaluation tools adapted to the context
have to be elaborated. Diverse research tracks can permit to construct relevant
monitoring and evaluation indicators. Our principal recommendations go to the
building capacities of actors on project approach, improvement of procedures of
fund allocation, the search of relevant indicators for monitoring and
evaluation, the elaboration of impact study on mutual health organs on
populations, the quality of care and governance in health units.
INTRODUCTION
I - Contexte et
justification
Cette étude sur l'approche projet et l'Initiative PPTE
au Cameroun, est motivée par le changement d'approche survenu dans les
politiques de développement en direction des pays en
développement en général, et du Cameroun en particulier.
De la politique de développement transposant des idées de
dépenses sur le budget, on est passé à une politique de
développement axée sur la planification des objectifs.
De 1960 à 1985, le Cameroun a appliqué des
politiques de développement basées sur les plans quinquennaux.
Toutefois, ces différents plans quinquennaux1(*) n'ont été
respectés qu'à hauteur de 30% selon R. NYOM2(*). La mauvaise élaboration
des projets a entraîné la mise sur pieds de structures de
production de richesses fragiles, qui se sont ébranlées
dès les premières amorces de la crise économique des
années 1980.
Dès lors, le gouvernement met en oeuvre une politique
d'ajustement interne qui montre très vite ses limites. Le Cameroun se
tourne ainsi vers le Fonds Monétaire International (FMI)3(*), et signe son premier Programme
d'Ajustement Structurel (PAS) en septembre 1988. Pour essayer de
résoudre le problème de la crise, la privatisation de certaines
structures telles que HEVECAM en décembre 1996 et SOCAPALM en juin 2000
est effectuée, mais la situation s'aggrave et le Cameroun se trouve au
bord du dépôt de bilan en 1999 avec un endettement de plus de 9
milliards de dollars4(*).
Afin d'aider les pays en développement, dont le
Cameroun, à sortir de cette crise, les bailleurs de fonds
multilatéraux5(*)
acceptent d'appuyer ces pays dans l'élaboration d'une stratégie
permettant d'atténuer le lourd fardeau de la dette. Cette
stratégie consiste à mettre dans un fonds précis, une
partie des sommes à rembourser par les Etats débiteurs et qui
serviront à des actions de développement bien ciblées.
C'est le lancement de l'Initiative PPTE6(*) en 1996, exigeant du pays impétrant la
présentation préalable selon les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD)7(*), d'un Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté (DSRP) dans le lequel sont consignés les objectifs
et les axes stratégiques de développement du pays.
L'Initiative PPTE amène ces pays à utiliser une
gestion par objectifs appelée Approche Projet. La gestion des
projets/programmes financés sur fonds PPTE au Cameroun doit
désormais respecter la méthode et les outils de cette approche
projet, pour des résultats de qualité.
La question qui justifie notre étude, est de savoir si
l'utilisation de l'approche projet dans l'exécution des projets PPTE au
Cameroun est pertinente, et en particulier dans la promotion des mutuelles de
santé ou micro assurances santé.
II - Etat des lieux sur la
question
Face à la situation de surendettement des pays en
développement, l'Initiative PPTE est mise en place en septembre 1996 par
le FMI et la Banque Mondiale. Cette Initiative vise à fournir une
assistance exceptionnelle aux pays admissibles. Ils bénéficient
de cette assistance, à condition de prendre l'engagement formel et de
prouver leur capacité à utiliser les ressources
financières ainsi libérées dans le cadre d'un programme de
réforme économique et sociale contenu dans le DSRP. Ce document
constitue donc le cadre à respecter pour la mise en oeuvre d'une
stratégie de croissance équitable et re-distributive au niveau
national (O.J. NGUENA, 2005)8(*).
Admis à cette Initiative depuis octobre 2000, ce n'est
qu'en avril 2003 que le Cameroun finalise son DSRP. Dès lors il se doit
d'utiliser les fonds issus de l'allégement de sa dette pour le
financement de projets de développement dans les secteurs
prioritaires : Secteur éducation (Construction de salles de
classes, recrutement d'instituteurs), Secteur santé (programmes de lutte
contre les grandes endémies; promotion des mutuelles de santé
pilotes) ; secteur rural (Relance des activités de riziculture;
développement de la filière maïs), secteur infrastructures
(réhabilitation de pistes, assainissement urbain...). La mise en oeuvre
de l'Initiative PPTE au Cameroun est établie par le décret
n° 2000/960/PM du 1er décembre 2000 portant
création du CCS/PPTE. Il est chargé d'apprécier
l'éligibilité au financement PPTE des projets et programmes
présentés par les promoteurs.
Lors du diagnostic du secteur santé, plusieurs
problèmes ont été identifiés, parmi lesquels celui
de difficulté d'accès à des soins de qualité.
Aussi, la solution de mise en place de la promotion des mutuelles de
santé pilotes au Cameroun a été retenue par le MINSANTE et
présentée pour éligibilité au CCS/PPTE. Les
autorités camerounaises pensent que de telles structures permettent de
répondre aux besoins des populations pauvres qui, ne possédant
pas de ressources financières suffisantes, ne fréquentent de
moins en moins les formations sanitaires. Dès l'année 2001, sont
donc élaborés des projets dans les différents secteurs de
développement. C'est le début d'une nouvelle pratique de gestion
de la dépense publique.
Pourtant, dès l'année 2004 les premiers rapports
d'audits financiers et techniques9(*) révèlent plusieurs faiblesses dans
l'exécution, des projets et programmes sur financement PPTE. Cette
situation serait due à une mauvaise gestion des fonds PPTE, et la non
mise en oeuvre du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté,
affirme un groupe d'économiste en 2005 (M. AMADOR-CUADRO, S. BREITKOPF,
F. BUFFA, P. LECOMTE et C. PERRIN)10(*). Déjà, en octobre 2003, le Cameroun a
reçu potentiellement près de 200 Milliards de francs CFA, dont 14
ont été effectivement dépensés11(*). Pour mieux comprendre cette
situation, parcourons donc la littérature qui existe sur notre question
de départ.
III - Revue de la
littérature
Les résultats de nos recherches nous permettent de
regrouper les études trouvées sur notre sujet en trois
thématiques : L'Initiative PPTE en Afrique subsaharienne, la
gestion des projets, les mutuelles de santé en Afrique.
Sous la première thématique, se retrouvent les
travaux d'Octave JOKUNG NGUENA (2005) et ceux de Robert NYOM (2003).
Octave JOKUNG NGUENA, dans son ouvrage intitulé
Initiative PPTE : Quels enjeux pour l'Afrique
? , part de l'observation de la situation
économique de l'Afrique pour attirer l'attention des acteurs de
développement africains sur les enjeux de l'Initiative. Il constate que
le continent ploie sous le poids d'une dette qui obère ses chances de
relance économique.
S'intéressant de façon particulière
à la situation du Cameroun qui ploie sous une dette de près de 10
milliards de dollars à l'aube de l'an 2000, il constate que
malgré les différents programmes d'ajustement structurels du FMI,
la crise économique est encore plus présente et la situation de
pauvreté des populations très visible. Il voit en l'Initiative
PPTE une manne pour le Cameroun, à condition que ce dernier applique la
bonne gouvernance économique et sociale par le respect de dix
recommandations dont les principales sont :
- La réappropriation du rôle de l'Etat,
- Le renforcement des capacités de la
société civile,
- La restauration des tableaux de bord économiques et
sociaux,
- Le développement des infrastructures, de
l'éducation et de la santé.
Robert NYOM, dans la crise économique du
Cameroun, présente une situation socio-économique du Cameroun
alarmante et dénonce le mode de gestion jusque là adopté
par ce pays. En effet, les divers plans quinquennaux, bien que
constitués de programmes clairement définis, n'ont pas
été correctement suivi. Ils n'ont donc pas permis la mise en
place de structures de production durables. Les solutions apportées par
les bailleurs de fonds à travers les Plans d'Ajustements Structurels
(PAS) ont plutôt aggravé la situation de crise et de
pauvreté. D'après l'auteur, l'Initiative PPTE est une prime
à la médiocrité et un encouragement à la mauvaise
gestion12(*). Il pense que
le remède réel à nos maux est une politique nationale
volontariste axée sur le développement du secteur agricole et du
secteur industriel.
L'analyse de ces deux approches révèle une
différence d'interprétation, de l'apport de l'Initiative PPTE. O.
JOKUNG NGUENA pense que cette initiative présente des enjeux
économiques, politiques et sociaux pour les pays africains13(*), et est donc une
opportunité de développement, tandis que R. NYOM affirme que le
vrai problème du Cameroun n'est pas lié à l'argent, mais
plutôt à la gestion calamiteuse14(*), et que par conséquent l'Initiative PPTE n'est
pas en soi, une solution. La qualité de gestion économique dans
les pays africains serait, selon lui, la cause principale de la situation de
crise d'endettement que connaît cette partie du monde. Présentons
le contenu de la littérature sur la thématique de la gestion des
projets.
La deuxième thématique, est soutenue par les
travaux du Bureau d'Assistance Technique du Grand Duché de Luxembourg
(2001) et de Jean Marie GOGUE (2001).
Le Bureau d'Assistance Technique (BAT) du Grand Duché
de Luxembourg dans Gestion du cycle du projet et le cadre logique,
présente les fondamentaux de la gestion du cycle du projet à
travers ses principales phases.
En effet, la gestion d'un projet consiste à le
préparer par une planification suivant une stratégie bien
définie, ensuite à le planifier pour rendre son contenu
opérationnel, puis à suivre son exécution afin de veiller
à l'aspect qualité, et enfin à l'évaluer pour
déterminer son impact social ou économique et le niveau
d'atteinte des objectifs fixés au départ. Le projet respecte
ainsi un processus de gestion intégrée15(*).
L'appropriation de l'approche projet se résumerait
ainsi à l'application rigoureuse des différentes étapes du
cycle de projet. Ceci, dans l'optique de contribuer à changer une
situation insatisfaisante en une situation satisfaisante. La rédaction
du DSRP par le Cameroun est alors un exercice de bonne gestion qui doit
être généralisé à tous les secteurs de
développement. L'appréciation de la gestion de projet se fait sur
la base de critères de qualité et de réussite d'un
projet16(*) qui
sont : la pertinence, la faisabilité, la viabilité,
l'organisation, l'efficience, l'efficacité et l'impact.
Jean-Marie GOGUE17(*) quant à lui, affirme dans Management de la
qualité qu'il est désormais impossible de gérer une
entreprise sans tenir compte des exigences de la qualité. Pour y
parvenir, les modes de pensée, les méthodes de travail et les
comportements doivent être profondément modifiés.
Pour la troisième thématique, nous avons les
travaux de NDIAYE Pascal (2006) et ceux de WAELKENS Maria-Pia et BART CRIEL
(2004).
NDIAYE Pascal, dans Développement des Mutuelles de
Santé en Afrique : Une analyse comparative des approches et de
leurs impacts, présente la mutualité comme alternative
intéressante pour surmonter les barrières d'accès aux
soins de santé. Il précise qu'il existe plusieurs approches dans
la mise en place des systèmes de micro assurances santé. En
outre, l'avenir des mutuelles repose essentiellement sur le
développement de la recherche dans ce domaine, la professionnalisation
de la gestion et la pérennisation des structures.
WAELKENS Maria-Pia et BART CRIEL dans Les Mutuelles de
Santé en Afrique Subsaharienne affirment qu'une typologie des
systèmes mutualistes est un instrument de recherche essentiel pour
comparer et documenter les différents modèles existants. Selon
eux, trois principaux facteurs du faible taux d'adhésion aux
systèmes mutualistes ont été relevés par
différentes études : La qualité des soins de
santé, la confiance et la capacité financière des
communautés. Pour améliorer la performance des systèmes et
l'adhésion des membres, le défi n'est pas de développer un
modèle idéal, mais de concevoir un système adapté
à chaque situation. Aussi, pour planifier et développer les
actions, il faut utiliser l'analyse systémique et élaborer un
outil d'évaluation globale de la performance. L'élaboration de
cet outil nécessite une équipe multidisciplinaire.
Ces études s'intéressent au concept de gestion
économique et évoquent : L'Initiative PPTE; l'importance de
la qualité dans la gestion des organisations et l'intérêt
de la mutualisation des risques de santé.
Cependant, aucune d'elles n'évoquent de façon
explicite, le bien fondé de l'application d'une méthode de
gestion rigoureuse telle que l'approche projet dans les actions de
développement au Cameroun. C'est pourquoi notre étude
s'intéresse à cet aspect de la question.
IV - Problème de
recherche
Sur un plan opérationnel, l'approche projet consiste
à « préparer, à exécuter les
activités »18(*), et favorise le suivi et l'évaluation des
objectifs afin de rectifier et minimiser les marges d'erreurs. Il ne suffit
cependant pas d'appliquer cette approche, encore faut-il que sa mise en oeuvre
respecte les critères de qualité et de réussite
indispensables à l'atteinte optimale des résultats attendus. Le
respect de ces critères consisterait, pour les acteurs de
développement, à surveiller leur évolution.
La question qui se pose dès lors, est de savoir si la
gestion du développement à travers l'Initiative PPTE au Cameroun
nécessite dans sa phase d'exécution, l'utilisation de l'approche
projet pour atteindre de façon optimale les objectifs ou
résultats de qualité préconisés.
V - Hypothèses de
recherche
V.1 - Hypothèse
générale
Les acteurs de développement du Cameroun appliquent
l'approche projet dans l'exécution des projets/programmes
financés par l'Initiative PPTE pour la création de richesses en
vue de la réduction de la pauvreté.
V.2 - Hypothèses secondaires
1. L'approche projet est un outil qui amène la
transparence dans la gestion et qui aboutit à la qualité de la
dépense. Le développement durable du Cameroun passe par un
changement dans les mauvaises pratiques de gestion des affaires publiques.
2. Le problème de financement des soins de santé
est fortement perçu au Cameroun. L'application de l'approche projet
permet la viabilité des systèmes de mutualisation des risques
pour une accessibilité facile à des soins de santé de
qualité.
VI - Intérêt
de l'étude
Cette étude a un intérêt à la fois
théorique et pratique.
VI.1 - Plan théorique
Elle s'inscrit dans les préoccupations de la Gestion du
cycle de Projet qui a pour objectif principal l'amélioration des
résultats par une approche intégrée.
Plus explicitement, elle permet de comprendre la dynamique des
politiques de développement dans les pays africains dont le Cameroun
fait partie, dans un contexte international marqué par la poursuite des
Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) dont l'atteinte
est fixée à l'horizon 2015.
VI.2 - Plan pratique
L'admission du Cameroun à l'Initiative en faveur des
Pays Pauvres et Très Endettés (Initiative PPTE) a consacré
l'utilisation de l'approche projet dans la gestion économique et
financière. Cette approche se matérialise par l'identification
préalable d'un problème de développement, sa
circonscription puis la définition d'une solution idoine. L'Initiative
PPTE soutient donc, par ses fonds, la mise en place des systèmes
financiers de mutualisation des risques maladie au Cameroun.
Cependant, les résultats peu probants des PAS ont
suscité bien des déconvenues et sèment le doute dans
l'esprit du grand public quant à la réussite de cette
initiative.
Aussi, la présente étude est une tentative
d'évaluation du degré d'appropriation de la méthode et des
outils de l'approche projet, à travers l'évaluation de la
performance des mutuelles de santé pilotes mises en place sur fonds
PPTE.
VII. - Objectifs de
recherche
VII.1- Objectif général
Cette étude souhaite découvrir si l'application
de l'approche projet dans les projets/programmes sur financement de
l'Initiative PPTE, et en particulier dans la Promotion des Mutuelles de
Santé ou micro assurances santé est un choix judicieux pour le
développement durable du Cameroun
VII.2 - Objectifs spécifiques
1. L'étude se propose de présenter
l'appropriation de la méthode et des outils de l'approche projet comme
une opportunité d'accès à une gestion de qualité au
Cameroun.
2. L'étude se propose également de
présenter la promotion des mutuelles de santé ou micro assurances
santé comme une opportunité d'accès facile à des
soins de santé de qualité au Cameroun.
VIII - Méthodologie
de recherche
VIII.1 - Techniques de collecte de
données.
Dans le cadre de cette étude, trois (03) techniques de
collecte des données ont été utilisées :
L'entretien, l'observation directe et le recueil des données
existantes.
VIII.1.1 - L'entretien
Se caractérise par un contact direct entre le chercheur
et les interlocuteurs19(*). Nous utilisons dans notre étude la variante
de l'entretien semi directif, dont l'outil est le guide d'entretien.
VIII.1.2 - L'observation directe
Méthode basée sur l'observation
visuelle20(*), sa variante
principale étant l'observation participante de type ethnologique.
Elle est utilisée lors des visites de sites de
réalisation de projet, et a pour outil une grille d'observation
préalablement constituée.
VIII.1.3 - Le recueil des données
existantes
Considéré comme une véritable
méthode de recherche21(*), le recueil des données a plusieurs variantes.
Du point de vue de la source, il peut s'agir de documents manuscrits,
imprimés ou audiovisuels, personnels ou privés.
Les plus utilisées sont: Recueil de données
statistiques et recueil de documents émanant d'institutions et
d'organismes (lois, règlements, rapports, ...) ou de particuliers
(mémoires, rapports, récits).
Cette technique est utilisée essentiellement dans la
phase exploration (exploitation des documents de projet, des textes de lois et
ouvrages) de notre étude, grâce à une grille ou fiche de
lecture.
VIII.2 - Techniques d'analyse de
données
Nous avons utilisé les deux grandes techniques que
sont : L'analyse de contenu et l'analyse statistique des
données.
VIII.2.1 - Analyse de contenu
M. GRAWITZ présente, dans Méthodes des
sciences sociales22(*), une définition de l'analyse de contenu
selon BERELSON : « C'est une technique de recherche pour la
description objective, systématique et quantitative, du contenu
manifeste des communications, ayant pour but de les
interpréter ».
Cette analyse se fait en deux étapes23(*):
- Formulation des catégories de matériel
à traiter ;
- Quantification du contenu de ce matériel.
VIII.2.2 - Analyse statistique des
données
La statistique est liée à chaque étape de
la recherche. Conçue comme science, elle présente deux aspects
différents et d'ailleurs complémentaires24(*):
- Description et mise en ordre matériel des
observations quantifiées pour traduire les faits d'une manière
claire et condensée ;
- Traitement théorique de ces données afin d'en
tirer les déductions logiques associées aux observations.
L'analyse statistique permet de présenter les
données sous diverses formes (expressions graphiques des
données), et favorise incontestablement la qualité des
interprétations.
VIII.3 - Méthode
d'échantillonnage
VIII.3.1 - Critères et méthode de
sélection.
Notre champ d'action porte sur les projets en cours
d'exécution au 16 octobre 2006 dans le secteur soins ou offre de
santé, selon la plaquette de présentation du CCS/PPTE.
Critères de sélection : Aspect
prévoyance sociale, couverture nationale, durée minimale de deux
ans.
La méthode de sélection s'est faite par une
analyse multicritère ordinale : La méthode BORDAS
(1781)25(*).
VIII.3.2 - Présentation de
l'échantillon
Ainsi, il ressort de notre sélection que le
résultat du pré ordre agrégé donne le projet de
promotion des mutuelles de santé pilotes au Cameroun gagnant.
VIII.4 - Cadre conceptuel de l'étude
VIII.4.1. Les variables
VIII.4.1.1. Variable expliquée
La variable expliquée est le phénomène
que l'on se propose d'étudier. Pour le cas de cette étude, il
s'agit de l'approche projet adoptée par l'Initiative PPTE et de sa mise
en oeuvre dans la mutualisation des risques de santé.
VIII.4.1.2. Variables explicatives
Elles expliquent le phénomène
étudié (la variable expliquée). Il s'agit pour le cas de
cette étude de deux (02) facteurs :
- Appropriation de la méthode et des outils de
l'approche projet comme opportunité d'accès à une gestion
de qualité au Cameroun.
- Promotion des mutuelles de santé ou micro assurances
santé comme opportunité de réponse au problème de
financement des soins de santé au Cameroun.
VIII.4.2. Les indicateurs des variables
explicatives
VIII.4.2.1. Appropriation de la méthode et des
outils de l'approche projet
comme opportunité d'accès
à une gestion de qualité au
Cameroun
1. Economies des pays d'Afrique subsaharienne de 1960 à
1999
2. Un pas nécessaire vers la gestion de la dette de ces
pays
3. Situation économique et sociale du Cameroun de 1960
à 1999
4. Mise en oeuvre de l'Initiative PPTE au Cameroun
5. Enjeux et opportunités de l'Initiative PPTE
6. Limites et faiblesses de l'Initiative PPTE
7. Notion d'approche projet
8. CCS/PPTE comme outil pédagogique
9. Bonne gouvernance économique
10. Bonne gouvernance sociale
11. Description du projet PROMUSAP
12. Qualité d'application de l'approche projet par le
PROMUSAP
VIII.4.2.2. Promotion des mutuelles de santé ou
micro assurances santé
comme opportunité d'accès
à des soins de santé de qualité au
Cameroun
1. Principes de l'économie et intermédiation
financière au Cameroun
2. Mécanismes de mobilisation de l'épargne
3. Problématique du financement de la santé au
Cameroun
4. Politique de santé et de protection sociale depuis l'an
2000
5. Inventaire des systèmes de mutualisation des risques en
Afrique subsaharienne
6. Développement des mutuelles de santé au
Cameroun
7. Contenu et indicateurs d'évaluation
8. Limites de ces approches d'évaluation
9. Méthodologie appliquée
10. Résultats du suivi évaluation
11. Bilan des expériences camerounaises et
étrangères dans le domaine
12. Méthodologie de construction d'indicateurs de suivi
évaluation
VIII.5 - Cadre théorique d'analyse
L'étude de l'approche projet dans la mutualisation des
risques de santé sur fonds PPTE, a nécessité l'utilisation
de deux grilles d'analyse : L'analyse systémique et l'analyse
critique.
VIII.5.1. Analyse systémique
M. POISSON, dans son exposé Introduction à
l'analyse systémique26(*) 2006, affirme que l'analyse systémique est
un modèle de représentation de la réalité qui
trouve ses sources dans la pensée scientifique (théorie des
systèmes, BERTALANFFY) et dans les théories de la communication
(Grégory Bateson).
La recherche systémique a pour but de construire un
modèle ou un cadre théorique adapté à l'analyse du
système socio culturel27(*).
L'application de l'approche systémique à notre
étude est faite lors de l'examen de la mise en oeuvre de l'initiative
PPTE et des systèmes de micro, assurances santé. S'il est admis
qu'un système est un ensemble d'éléments en interaction
dynamique organisé en fonction d'un but qui évolue dans le
temps28(*), alors cette
définition s'applique aux organes de gestion de l'Initiative PPTE, aux
projets/programmes PPTE, et également aux mutuelles de santé
étudiées.
VIII.5.2. Analyse critique
C'est une analyse qui donne un jugement, une
appréciation sur des faits, des phénomènes sociaux ou des
documents.
Du philosophe KANT qui pense que c'est un examen
ordonné des usages de la raison à l'économiste Karl MAX
qui fait du terme « critique », l'épithète
d'une théorie qui se veut description et explication de configurations
socio-historiques en vue de les transformer, on a assisté depuis
plusieurs siècles à une multitude d'usages théoriques du
terme « critique ».
Dans notre étude, la méthode est
nécessaire pour l'appréciation du contenu de l'ensemble des
documents relatifs à l'exécution des projets/programmes sur fonds
PPTE en général, et aux actions de mutualisation des risques de
santé en particulier.
IX - Délimitation de
l'étude
L'Initiative PPTE peut être analysée sous deux
aspects : Un aspect essentiellement économique, relatif à la
conduite des réformes économiques en vue de l'atteinte d'une
meilleure croissance économique, et un aspect plus social,
s'intéressant à l'impact de ces réformes quant à la
réduction de la pauvreté.
Notre étude est essentiellement axée sur
l'aspect économique à travers la conduite des actions de
développement. Plus précisément, il s'agit de
l'étude d'une des six étapes du cycle de gestion de projet.
L'étape exécution dans la promotion des mutuelles de santé
pilotes au Cameroun. Les autres étapes ne font pas partie de notre
étude.
X - Définition des
concepts
X.1 - L'Initiative PPTE
L'Initiative PPTE est la mise en place d'un cadre favorable
à l'explosion des structures productrices de richesses. Elle est
applicable dans le cadre de l'utilisation de la dette des bailleurs
extérieurs, reconvertie en faveur des pays qui croulaient sous le poids
d'une dette difficilement remboursable.
X.2 - Approche Projet ou Gestion du Cycle
(GCP)
C'est l'administration ou le management d'un processus
d'organisation et de planification des activités visant à assurer
l'atteinte d'objectifs fixés.
Le projet est un mode d'action. Il semble être un
instrument qui donne l'espoir à l'homme de ne plus seulement subir les
événements, mais de pouvoir maîtriser le cours de
l'histoire et forger le futur à sa façon.
X.3 - Mutuelle de santé ou micro assurances
santé :
L'encyclopédie WIKIPEDIA29(*) nous dit qu'une mutuelle est
une
société
de personnes à but non lucratif organisant la
solidarité
entre ses membres, et dont les fonds proviennent des cotisations de ces
membres. Par ailleurs, le terme assurance désigne, selon
l'encyclopédie Universalis30(*), une opération par laquelle une partie
(l'assureur) s'engage à exécuter une prestation au profit d'une
autre partie (l'assuré), en cas de réalisation d'un
événement aléatoire (le risque) en contre partie d'une
somme d'argent (prime ou cotisation).
XI - Plan de
l'étude
Outre l'introduction et la conclusion, ce mémoire
s'articule autour de deux grandes parties comprenant chacune deux sous
parties:
La première partie présente l'appropriation de
la méthode et des outils de l'approche projet comme une
opportunité d'accès à une gestion de qualité au
Cameroun. Nous allons le découvrir par l'analyse de la mise en oeuvre de
l'Initiative PPTE dans la zone d'Afrique subsaharienne, et par la
démonstration de l'utilité de l'approche projet dans les actions
de développement.
La seconde partie identifie la promotion des mutuelles de
santé ou micro assurances santé comme une opportunité
d'accès à des soins de santé de qualité au
Cameroun. L'étude du développement des systèmes financiers
de mutualisation des risques et l'évaluation de la performance des
systèmes mis en place, vont permettre d'infirmer ou de confirmer cette
idée.
PARTIE I
APPROPRIATION DE LA METHODE
ET DES OUTILS DE L'APPROCHE PROJET COMME OPPORTUNITE D'ACCES A UNE GESTION DE
QUALITE AU CAMEROUN
La situation d'endettement des pays de l'Afrique subsaharienne
a rendu impossible toute action de création de structure de production
de richesse, et a engendré une situation d'extrême pauvreté
des populations. C'est le cas au Cameroun. L'Initiative PPTE, tantôt
perçue comme une opportunité (O.J. NGUENA, 2005)31(*), et tantôt comme une
prime à la médiocrité (R. NYOM, 2003)32(*), conditionne son appui
à l'utilisation de l'approche projet, dans les actions de
développement.
En fait, cette approche est présentée comme un
moyen efficace d'atteindre des objectifs de qualité. Nous allons
l'observer par la présentation du processus de l'Initiative PPTE, puis
par l'étude de la méthode et des outils de l'approche projet
adoptée par cette initiative.
Chapitre 1 - Initiative
PPTE en Afrique subsaharienne et au
Cameroun
Nous évoquerons dans ce chapitre, la situation
économique des pays africains de 1960 à 1999, le cheminement
particulier de l'économie du Cameroun, puis sera apprécié
le potentiel de l'Initiative PPTE.
Section 1 - Evolution
économique des pays de la zone de 1960 à 1999
La situation des pays de l'Afrique subsaharienne
résulte de la conjonction de différents facteurs et diverses
politiques appliquées durant les quarante dernières
années33(*).
Passant d'une dépendance économique à un endettement
insoutenable, l'Initiative PPTE est un pas pour la gestion de ces
économies.
§.1 - D'une
dépendance économique à un endettement insoutenable
La réalité d'un continent, d'un pays ne peut
s'observer de façon objective, que par la prise en compte de son
histoire. Dans notre cas, cette histoire se lit sur le plan économique
et a un impact considérable sur la situation financière.
A - Dépendance économique pas comme
les autres
Les économies des pays de l'Afrique subsaharienne se
trouvent au troisième millénaire, confrontées à un
endettement sans précédent. Il s'élève à
plus de 233 milliards de dollars, soit 46,7% de son Produit Intérieur
Brut (PIB) en 200434(*).
Il est primordial de savoir comment on en est arrivé à ce stade.
Une telle situation n'a pu être possible qu'à partir d'un contexte
de développement spécifique à ces pays. Aussi, la notion
de dette préjugeant l'existence d'un emprunt; se pose le problème
de financement des économies de ces pays africains.
1 - Contexte de développement peu
favorable
Les pays de l'Afrique subsaharienne ont connu une
évolution particulière depuis les années 1960. On est
passé de l'espoir et de l'optimisme ambiants des années 1960 au
malaise et à l'appréhension de la fin des années 1970.
Puis, le sentiment dans les années 1980 est celui d'une profonde
inquiétude35(*),
car s'ouvre une longue période de crise (1980-2000).
Pour comprendre les caractéristiques des
économies africaines, il faut remonter à l'histoire
particulière de cette région du monde. Car, comme l'affirme
CRAWFORD YOUNG, dans stratégies pour un nouveau développement
en Afrique, « Le caractère des Etats africains
contemporains a été déterminé par leurs origines
coloniales »36(*). En effet, l'Afrique subsaharienne a traversé
trois grandes étapes dans la construction de son paysage
économique et politique : L'époque précoloniale,
l'époque coloniale et l'époque postcoloniale.
- L'époque précoloniale (15ème
au19ème siècle), concerne la période de
l'esclavage marquée par le « commerce
triangulaire », dont les bénéficiaires, outre les
acheteurs, sont les roitelets africains eux-mêmes.
- L'époque coloniale s'étend de 1870 à
1960. La mise en dépendance des hommes et des économies en
Afrique au Sud du Sahara, se fait en trois temps37(*) : Le temps de
l'exploitation des indigènes, celui de leur mise en valeur, et celui de
leur développement.
Le premier temps de colonisation est marqué par
l'hégémonie des pays colonisateurs et la création de
recettes fiscales38(*).
Le deuxième temps de cette époque
présente une volonté de mise en valeur des colonies
françaises qui doit s'accompagner de l'amélioration sanitaire et
d'une formation des populations. C'est « la politique indigène
de la conservation des races ».
Le troisième temps, quant à lui, est
marqué par l'apparition de l'Aide Publique39(*) au Développement.
L'Afrique subsaharienne devient le lieu privilégié d'une
planification impériale, celle-ci n'étant que le prolongement des
innovations métropolitaines concrétisées en 1946 par le
plan MONNET. Sont ainsi élaborés trois plans
quinquennaux40(*) :
1946-1952 ; 1953-1957 et 1958-1960. La Caisse Centrale de la France
d'Outre Mer est créée pour soutenir ces réformes. En 1945,
est créé le franc des Colonies Françaises d'Afrique
(CFA).
- L'époque post coloniale née avec la naissance
des Etats africains au cours de l'année 1960. La gestion de ces pays se
fait, selon CRAWFORD YOUNG (1990), « par une nouvelle forme de
monopole reproduisant l'héritage autocratique de l'Etat colonial :
Le régime à parti unique »41(*). Cet Etat totalitaire a alors
un besoin capital de sécuriser son pouvoir. Aussi, les dépenses
de l'Etat se résument essentiellement aux dépenses militaires qui
sont multipliées par 11742(*) entre 1960 et 1980, au secteur éducatif peu
développé, au secteur santé en manque d'infrastructures et
aux grandes entreprises qui, nationalisées vont peser dans les
dépenses des Etats africains.
On note également une faible importance du continent
dans le commerce mondial, car la part de l'Afrique dans les exportations
mondiales n'est plus que de 2% en 2000 contre 6% en 1980, et sa part dans les
importations a diminué de 4,6% à 2%43(*).
Tableau 1 : Part de l'Afrique subsaharienne dans les
exportations des pays en développement pour une sélection de
produits de base (en pourcentage)
|
1960
|
1970-1972
|
1976-1978
|
Carburant
|
Pétrole
|
0,3
|
7,6
|
8,6
|
Minerais et métaux
|
Cuivrea
|
47,3
|
52,1
|
38,8
|
Ferb
|
10,8
|
30,3
|
19,7
|
Bauxite
|
5,7
|
4,7
|
31,7
|
Phosphate
|
0,6
|
13,3
|
14,3
|
Manganèseb
|
22,2
|
53,1
|
36,9
|
Zinc
|
27,7
|
25,9
|
18,7
|
Etaina
|
11,7
|
9,7
|
3,6
|
Plomba
|
12,9
|
19,4
|
6,6
|
Aliments et boissons
|
|
|
|
Caféb
|
19,3
|
29,3
|
29,1
|
Cacaoa
|
72,8
|
80,1
|
72,3
|
Sucre
|
4,6
|
5,6
|
11,0
|
Thé
|
7,1
|
15,7
|
19,4
|
Arachidea
|
87,1
|
74,8
|
63,5
|
Huile d'arachidea
|
77,3
|
72,2
|
56,8
|
Boeuf
|
4,5
|
4,0
|
8,6
|
Huile de palmea
|
65,7
|
22,6
|
6,7
|
Bananesa
|
11,3
|
7,2
|
4,9
|
Maïsa
|
4,8
|
4,4
|
2,5
|
Autres produits
|
|
|
|
Boisa
|
44,7
|
22,8
|
18,5
|
Cotona
|
23,2
|
28,8
|
22,4
|
Tabaca
|
40,6
|
25,4
|
19,4
|
Caoutchouca
|
7,4
|
7,9
|
4,9
|
Peauxb
|
21,2
|
33,7
|
23,7
|
Sisala
|
68,5
|
58,3
|
52,8
|
A : Baisse des exportations africaines de 1960 à
1976-1978
B : Baisse des exportations africaines de 1970-1972
à 1976-1978
Source : Banque mondiale, Développement
accéléré en Afrique subsaharienne
En plus d'être dépendantes des anciens pays
colonisateurs, les économies africaines au sud du Sahara jouent un
rôle très faible dans l'économie mondiale. Il leur faut
malgré tout, gérer une économie interne, se frayer une
place sur le plan international nonobstant les multiples handicaps historiques,
culturels et conjoncturels. Se pose en conséquence, et avec
acuité, le problème du financement de ces économies.
2 - Problème du financement des
économies africaines
Nous constatons que les économies des pays africains au
sud du Sahara ont besoin de capitaux pour financer les investissements à
même de produire la croissance. Il est par ailleurs admit que :
Il existe diverses sources de financement d'une
économie. Cependant l'épargne constitue une importante source
pour la formation du capital d'un pays, elle évite alors de recourir
à des sources de financement plus coûteuses44(*). Aussi, l'insuffisance de
l'épargne interne d'un pays le contraint généralement
à recourir à l'emprunt. Nous allons étudions
simultanément ces trois pensées.
a- Sources de financement des économies
africaines
D'après la théorie de GURLEY et SHAW (1955), le
financement d'une économie peut s'opérer par ressources propres
ou autofinancement et par appel aux fonds extérieurs45(*). Le financement de
l'économie se fait soit par la création monétaire (des
agents à capacité de financement prêtent à des
agents à besoin de financement46(*) ); soit par l'autofinancement constitué
de ressources internes de l'Etat qui sont les revenus de l'épargne des
ménages, des impôts, des rentes des structures de production et
des exportations. Pour les fonds extérieurs, il peut s'agir de dons ou
d'emprunts provenant de l'extérieur du pays demandeur.
Les économies de l'Afrique subsaharienne utilisent ces
différentes sources pour financer leurs économies. Cependant,
plusieurs d'entre elles ont de ressources publiques faibles par rapport aux
besoins en bien publics47(*) Raison pour laquelle le recours des pays en
développement à l'endettement international, s'explique souvent
par la faiblesse de leur taux d'épargne intérieur qui ne peut
leur permettre d'atteindre le taux de croissance désiré48(*). Or, d'après les
analyses traditionnelles du lien entre la finance et le développement
économique (GURLEY et SHAW), l'épargne est la pré
condition de l'investissement productif et de la croissance économique,
et donc du développement économique49(*). Sur le plan interne selon ces
auteurs, il s'agit d'accumuler l'épargne nécessaire pour financer
l'investissement, et sur le plan externe il s'agit de trouver les ressources
nécessaires pour financer le déficit de la balance des paiements.
L'épargne présenterait ainsi une source de financement
primordiale.
b- L'épargne comme meilleure source de
financement
On appelle épargne la part du revenu disponible qui
n'est pas consacrée à la consommation immédiate50(*). L'épargne est une
fonction essentielle de l'économie nationale, au même titre que la
consommation ou la production. Cependant, les formes d'épargne telles
que produites ne sont pas toujours adaptées aux besoins de
l'économie. Un processus de transformation qui est assumé dans
tous les pays par les institutions financières, doit être mis en
place afin d'adapter la capacité de financement des ménages au
besoin de financement des entreprises. C'est le système
d'intermédiation financière.
Le souci d'une mobilisation efficace de l'épargne dans
les pays d'Afrique subsaharienne doit être permanent, car elle
évite, selon P. WACHTEL (1985), de recourir à d'autres sources
coûteuses de financement : Le financement public et le financement
extérieur »51(*). La problématique du financement de
l'investissement productif par l'accumulation de l'épargne demeure un
casse tête pour les décideurs de politiques économiques de
l'Afrique subsaharienne52(*), car le niveau de la production reste faible dans ces
pays, et celui du revenu des ménages aussi.
La situation de ces pays demande que l'accent soit mis sur le
système financier. Ce dernier joue un rôle central dans la
transition entre une économie sous développée et une
économie développée. Il est question que le système
bancaire constitue l'outil principal facilitant l'accès à
l'investissement productif. C'est d'après K. SODOKIN, la logique de
KEYNES et des post Keynésiens selon laquelle la finance émane
plus des institutions bancaires que d'une accumulation préalable de
l'épargne53(*).
Les pays africains, dès les premières
années qui ont suivi les indépendances, avaient
déjà un besoin de financer le déficit de leur balance
commerciale. Ne possédant pas une épargne intérieure
suffisante, ils se sont tournés vers l'extérieur pour des
emprunts.
c- Fonds extérieurs, principale source de
financement en Afrique
La situation de l'Afrique subsaharienne montre que, les
principales sources de financement extérieur sont des sources
publiques54(*) : Les
sources publiques de financement ont contribué à hauteur de 63%
de tous les financements extérieurs entre 1972 et 1998; les sources
privées ne représentant que 27%.
Il peut s'agir de dons ou d'emprunt, ce dernier étant
une dette financière à long terme, alors que les dettes à
moyen et court terme sont habituellement appelées
« crédits »55(*). R.J. BERG affirme, dans Stratégies pour un
nouveau développement en Afrique, que les pays en
développement reçoivent depuis plusieurs années des flux
importants de capitaux provenant du monde développé, de l'ordre
de 100 milliards de dollars par an au cours des années 1986 à
198956(*). En effet, sur
45 pays que comptent l'Afrique au Sud du Sahara, 25 dépendent de l'aide
pour les 2/3 du financement extérieur total dont ils ont besoin. L'aide
extérieure est donc la principale source de financement externe des pays
africains. Nous allons, pour mieux cerner ces données, voir de quoi est
constituée cette aide et quelle est dans les faits, son
efficacité.
· Le contenu de l'APD
L'Aide Publique au Développement peut revêtir
plusieurs formes57(*) :
- Des prêts bilatéraux qui représentent
les 2/3 de l'aide.
- Des dons bilatéraux et des contributions assimilables
à des dons bilatéraux.
- Des contributions provenant des organismes
multilatéraux, représentent avec les dons bilatéraux, le
1/3 de cette aide.
En 1982 l'APD a fournit 19% de l'ensemble des investissements
intérieurs bruts de l'Afrique subsaharienne ; et elle atteignait
44% si on exclut les pays exportateurs de pétrole58(*). Cette aide est fournie
essentiellement par les pays de l'OCDE, regroupés au sein d'une
entité dénommée le Comité d'Aide au
Développement (CAD) dont plusieurs pays développés font
partie59(*).
· L'APD en termes d'efficacité
D'après O. JOKUNG NGUENA (2005), le CAD a
progressivement augmenté la part d'aide décernée à
l'Afrique subsaharienne en la faisant passer de 21% en 1980 à 31% en
1992. En volume, l'évolution de l'aide a été d'abord
croissante puis décroissante, car elle était
évaluée à 75 milliards de dollars en 1990 et
n'était plus que de 50 milliards en 200060(*). On constate donc que l'aide, qui correspond à
0,22% du PNB des pays donateurs61(*) est bien loin des engagements de 0,7% fixé par
l'ONU lors de la conférence de MONTERREY en mars 2002.
Cependant, S. LA FRANIERE affirme dans le New York Times de
juillet 2005, que sur les 300 millions de dollars d'aide versés à
l'Afrique depuis 1980, une trop grande partie a disparu dans le trou noir de la
fraude, des malversations et du gaspillage. En effet, les différentes
évaluations faites par la Banque Mondiale sur l'aide en
général, montrent que la rentabilité de l'aide est plus
faible en Afrique que dans les autres régions. Dans l'agriculture par
exemple, il est de 9,7% en Afrique de l'Est, 20,1%, en Afrique de l'Ouest,
22,6% en Amérique Latine et 22,2% en Asie du Sud. Sur le plan social,
malgré une plus grande importance accordée à
l'amélioration de la qualité de la vie dans les programmes de
développement, on constate une importante dégradation des acquis
sociaux. En fait, les donateurs « ont beaucoup de difficulté
à atteindre les groupes de population les plus défavorisés
dans chaque pays »62(*).
Pendant que l'aide est accusée d'encourager les
mauvaises pratiques de gestion et la corruption, nous assistons à un
accroissement progressif de l'endettement de ces pays.
B - Des dettes africaines de plus en plus
insoutenables
Depuis le début des années 1980, la dette du
Tiers Monde a fait énormément penser, discuter et prêcher
dans toutes les institutions dans le monde. Ceci n'a pas empêché
qu'elle persiste et trouble encore aujourd'hui les gouvernements africains et
même les pays donateurs. Pour mieux comprendre ce
phénomène, observons son évolution puis analysons ses
causes.
1 - Du surendettement aux plans d'ajustements
structurels
La dette des pays d'Afrique subsaharienne s'est
progressivement accrue, elle a sextuplé entre 1973 et 1983, et est
passée à un taux annuel de 22%63(*). Cette augmentation, ne s'étant pas
accompagnée d'une capacité proportionnelle de remboursement, des
mesures sont prises dans ces Etats sous forme de plans d'ajustement
structurels.
a- Accroissement de la dette extérieure des
pays africains
C.S. HARDY (1985) dans son propos sur la dette de
l'Afrique : Ajustement structurel et stabilité64(*) nous informe que la baisse
des niveaux de production, l'inflation et le déficit de la balance des
opérations courantes sont symptomatiques de la
détérioration générale de l'activité
économique en Afrique depuis 1974. En effet, le PIB par habitant baisse
de 1% par an depuis cette date, le taux de croissance annuelle de l'inflation
passe de 10 à plus de 20% en 1984, et le déficit de la balance
globale des opérations courantes est passé de 4 à 14
milliards de dollars la même année.
Cette situation est une résultante d'une série
de chocs qu'a connus l'économie africaine. Les deux chocs
pétroliers (1973 et 1979), une multiplication par cinq du prix des
céréales, la récession et l'inflation des pays
industriels, des taux de change et d'intérêts fluctuants et
élevés et un effondrement des prix des produits de base. Les pays
d'Afrique subsaharienne, malgré cette crise, ont constamment besoin de
capitaux pour financer leur développement. Or, il s'avère que les
nouveaux pays riches producteurs de pétroles disposent d'importants
capitaux qu'ils prêtent (à court terme) aux banques
Américaines qui les prêtent à leur tour (à long
terme) aux pays en développement. C'est pourquoi, en 1983, les
transferts de fonds privés vers les pays africains à faible
revenu atteignaient un passif de 300 millions de dollars65(*). Cette situation n'a pas
inquiété les chefs d'établissements financiers qui, selon
J. PATERNOT, « implantent à travers le Tiers Monde des bombes
à retardement qui vont bientôt faire trembler la civilisation
industrielle »66(*)
Ce tremblement s'opère en été 1982. En
effet, le Mexique annonce son incapacité à rembourser sa dette,
et est par d'autres pays. En 1985, 10 pays latino-américains et la
plupart des pays africains tardent à régler leurs
échéances67(*). C'est le début de la crise d'endettement et
le recours aux institutions de Bretton Woods.
En effet, le FMI et la BIRD (plus connue sous le nom de Banque
Mondiale), créés le 1er juillet 1944 à Bretton
Woods, concluent des accords multilatéraux avec les pays
endettés, pour leur permettre de faire face à leur situation
d'endettement. Ces accords comportent tous des clauses de
rééchelonnement des dettes.
Figure 1 : Illustration des accords multilatéraux
FMI/BM et pays endettés
Les débiteurs acceptent le programme FMI
Seulement si
Le FMI apporte du financement sous conditions
Seulement si
Les banques rééchelonnent les prêts et
apportent de l'argent frais
Seulement si
Source : J. PATERNOT : Le cartel des spoliateurs,
CRITÉRION, 1992, p. 118
Les rééchelonnements des dettes dues aux
prêteurs se négocient sous les auspices du club de Paris qui
traite de la dette bilatérale et le club de Londres qui est
spécialisé dans la gestion de la dette privée68(*).
En 2002, la dette extérieure de l'Afrique subsaharienne
s'élève à 204 milliards de dollars ; elle a
été multipliée par 3,4 depuis 198069(*).
Pour rembourser sa dette extérieure entièrement
libellée en devises fortes, l'Afrique subsaharienne doit utiliser une
partie considérable de ses revenus d'exportation, ceci entraînant
d'énormes pertes sur le plan commercial. La dette représentait,
en 2000, environ 250% des revenus d'exportation du sous-continent (Afrique du
Sud mise à part)70(*).
La liste ci-dessous, représentant une partie des pays
dont la dette représentait en 1999, plus de 300% des revenus
d'exportation permet d'évaluer leur capacité de remboursement.
Burkina Faso (379%), Burundi (1.792%), Cameroun (418%),
Comores 420% Mali (430%), Mauritanie (681%), Mozambique (1.115%),
République Centrafricaine (592%), Niger (539%), Tchad (362%), Rwanda
(1.216%), Sierra Leone (1 736%).
Source : World Bank, GDF 2001
La dette des pays d'Afrique subsaharienne, malgré les
remboursements importants déjà effectués, reste
élevée. Elle est estimée en septembre 2004, à 223
milliards de dollars par le FMI71(*) et obère ainsi les chances de
développement de cette zone d'Afrique. A la solution de
rééchelonner les dettes de ces pays pour leur permettre de
remplir leurs engagements économiques, sociaux et politiques, vont se
substituer un nouveau traitement sous forme de politiques d'ajustement
structurel.
b- Plans d'Ajustements Structurels (PAS)
Ces plans, dotés de mesures strictes, n'ont cependant
pas apporté de résultat satisfaisant.
§ Les mesures des plans d'ajustement structurel
Elles comportent les objectifs à atteindre, les
politiques à mettre en oeuvre, et des critères
macro-économiques quantitatifs qui vont servir à
l'évaluation de l'exécution du programme par le FMI72(*). Sont également
prévues des clauses d'échelonnement des emprunts.
Créées en 1986 et 1987, les FAS et FASR sont des prêts
réservés aux "Pays les Moins Avancés (PMA) dans la
nomenclature de la Banque Mondiale
L'ajustement structurel comporte deux étapes73(*): D'une part la
stabilité macroéconomique à court terme, qui se traduit
par la libéralisation des prix, l'austérité fiscale, la
dévaluation ; et d'autre part, les réformes structurelles
qui, mises en oeuvre simultanément, consacrent le
dépérissement de l'Etat, la libéralisation du commerce et
du système bancaire, la privatisation des entreprises et
sociétés d'Etat, la compression de l'emploi et le gel du
recrutement à la fonction publique.
§ Le bilan des plans d'ajustement structurel
Il ressort que toutes les mesures des PAS ont eu un effet
pervers sur les économies des pays africains, d'après C. BARRAUD
(2007)74(*).
Les mesures budgétaires de réduction du train de
vie de l'Etat se sont faites au détriment des politiques sociales. En
effet, les grands secteurs lésés sont l'éducation, la
santé et les infrastructures de base telles que l'eau et
l'électricité. Pour l'éducation, « le taux de
scolarisation dans le primaire ne dépasse toujours pas 57% » tandis
que « seul un enfant sur trois va jusqu'au bout de la scolarité
dans le primaire » (PNUD, 2003).
Sur le plan financier, la dévaluation du franc CFA
entreprise en 1994, au lieu d'attirer les capitaux étrangers a
plutôt entraîné une augmentation de la dette qu'il fallait
rembourser en devises. Par ailleurs, pour la CNUCED75(*), « il est clair que la
plupart des programmes d'ajustement n'ont guère contribué
à promouvoir la transformation structurelle de la région et son
intégration dans l'économie mondiale et qu'ils sont sans doute
même à l'origine du recul de l'industrie manufacturière
». Les privatisations menées très rapidement ont
généré des monopoles privés qui ont augmenté
les prix aux dépens des consommateurs et qui ont davantage
licencié qu'embauché.
On a assisté, dans ces pays à une
dégradation de la situation sociale et à une augmentation
singulière de la pauvreté. Selon l'édition 1997 du Rapport
sur le Développement Humain réalisé par le PNUD76(*), « l'Afrique
subsaharienne présente le plus fort pourcentage et la croissance la plus
rapide de la pauvreté humaine ». Par ailleurs, le
Secrétaire Général du CNUCED, dans un rapport sur le
développement de l'Afrique77(*), interpelle les pays occidentaux sur le secret
bancaire, qui permet la dissimulation des capitaux quittant légalement
les pays du Sud, alors qu'ils sont le produit du vol. Ceci montre que
l'ajustement structurel, loin de lutter contre la corruption, la facilite et
l'augmente.
A l'endettement croissant des pays d'Afrique subsaharienne les
IFI ont apporté une solution d'ajustement structurel, visant à
réduire cette dette et à augmenter la croissance
économique. Observons donc les facteurs qui favorisent cette crise
d'endettement.
2 - Des causes endogènes et
exogènes
Les facteurs d'endettement des pays d'Afrique sont plus
souvent observés du côté des débiteurs (causes
endogènes), pourtant les éléments liés aux
prêteurs (causes exogènes) doivent être
considérés dans toute leur complexité.
a- Causes endogènes, une tradition forte de
mauvaise gouvernance
A partir de 1986, la Banque Mondiale cherche à
comprendre les causes de la plus ou moins grande réussite des plans
d'ajustement structurel qu'elle met en oeuvre»78(*). On retrouve cette
volonté de découvrir l'élément qui
« s'opposerait à la genèse d'un développement
efficace »79(*)
chez J. PATERNOT (1992), et « les causes de la commotion des dettes
africaines »80(*) chez C. BARRAUD (2007).
Selon J. PATHERNOT on retrouve dans ces pays, les mêmes
causes qu'il nomme le « tiercé gagnant » pour la
misère. Il le décline en trois parties :
- La corruption, représentée par des
élites incapables et/ou corrompues;
- Le tribalisme impliqué dans un système
culturel qui freine le développement ;
- Un régime politico économique inspiré
par la pensée marxiste et se définit dans ces pays par des
régimes de dictature politique.
C. BARRAUD, dans son étude sur Le défi du
désendettement soutenable en Afrique subsaharienne, présente
également trois aspects des causes endogènes de la crise
d'endettement :
- Aspect budgétaire : Une politique laxiste
basée sur la gestion hasardeuse et non transparente des fonds
empruntés.
- Aspect financier : Les taux d'intérêts
réels négatifs qui découragent l'épargne.
- Aspect de la corruption : Toutes les sommes
empruntées ne parvenaient pas aux populations.
Par ailleurs, d'importants projets de développement
appelés « éléphants blancs »,
n'avaient pas pour but l'amélioration des conditions des populations
locales, mais plutôt l'extraction des richesses naturelles des pays du
Sud.
La mauvaise gestion des ressources, l'absence de politiques
pertinentes, le manque de contrôle, sont les principales causes internes
de l'endettement des pays de l'Afrique subsaharienne. Examinons à
présent les causes externes.
b- Causes exogènes, une longue tradition de
mauvaise ingérence
Se regroupent en trois ordres81(*), auxquels il convient d'ajouter le contexte
géopolitique et les instabilités internationales.
- L'échec de la transformation de l'ordre
économique mondial et des politiques d'aide au
développement ;
- La réaction à la concurrence inter banque
suite à l'accroissement des liquidités internationales des
banques au cours de la décennie 1970 ;
- Les politiques de sortie de crise mise en oeuvre dans les
pays capitalistes développés.
L'absence d'un ordre économique international plus
juste revendiqué par le Tiers Monde, contraint celui-ci à
rechercher dans le cadre des relations économiques existantes, les
moyens de financement de son développement. Le contexte
géopolitique de guerre froide amène les Etats-Unis et l'URSS
à élargir leurs zones d'influence, par la signature d'accords de
prêts destinés à corrompre des gouvernements. Il ressort
ainsi que la Banque mondiale a accordé davantage de prêts en six
ans (1968-1973) qu'en vingt-quatre ans (1945-1968)82(*). Par ailleurs la
décennie 1970, période de croissance et de développement
de l'épargne pour les pays de l'OCDE, a favorisé l'accroissement
des financements publics et privés. En effet, les banques
européennes cherchent à recycler les dollars en octroyant des
prêts aux pays sous développés à un taux de 3 ou
4%83(*). Mais les
conséquences des deux chocs pétroliers (1973 et 1979)
entraînent une crise monétaire internationale qui va porter les
taux d'intérêt de 4% en 1970 à 18%84(*) à la fin de la
décennie. La dette des pays du Tiers Monde se voit ainsi triplée,
elle devient insoutenable.
Les Institutions Financières Internationales ont
joué, dans l'endettement un double rôle. Celui d'appui au
développement des pays africains par la facilité d'accès
aux financements internationaux ; et celui, contesté,
d'ingérence.
La dépendance des économies de l'Afrique
subsaharienne depuis les années 1960, s'est accrue avec la spirale de
l'endettement. Malgré les plans d'ajustement structurel imposés
par les IFI, leur situation est plutôt catastrophique (O.JOKUNG NGUENA
(2005)85(*). Nous le
voyons par l'Indice de Développement Humain (IDH) qui se situe à
une moyenne de 0,465, tandis que la Norvège se situe au premier rang
avec un indice égal à 0,956. En 2004, la dette extérieure
de cette zone se situe à 223 milliards, dont 90% à long terme.
Face à cette situation, on va assister à une forte mobilisation
des Organisations de la Société Civile pour une solution à
la crise des économies des pays confrontés à un
endettement insoutenable.
§.2 - Initiative PPTE,
un pas nécessaire vers la gestion de la dette
Face à la pression des organisations de la
société civile et devant le niveau d'endettement insupportable
malgré les rééchelonnements successifs, les pays du G7
réunis à Lyon en 1996 lancent une Initiative en faveur d'un
groupe de pays considérés comme « Pays Pauvres Très
Endettés » (PPTE). Cette Initiative vise à ramener
l'endettement de ces pays à un niveau dit soutenable. Etudions son
élaboration, puis observons ses spécificités.
A - Elaboration de l'Initiative PPTE
A partir de 1988 différentes dispositions ont
été entériné par le G8, pour pouvoir réduire
le niveau des dettes bilatérales86(*). Les principales sont Toronto (octobre 1988), Londres
(décembre 1991), Naples (décembre 1994).
L'Initiative PPTE correspond à un certain couplage
entre la dette bilatérale d'une part, et la dette multilatérale
d'autre part. C'est là, l'une des innovations de cette Initiative, dont
nous allons étudier le cheminement puis les principes.
1 - Cheminement de l'Initiative PPTE
Le passage de la variante initiale à une variante
renforcée de l'Initiative PPTE, marque son cheminement.
a- La variante initiale de l'Initiative
PPTE
Lancée en septembre 1996 par la Banque mondiale et le
FMI, l'Initiative PPTE initiale a été conçue pour
résoudre de façon durable le problème de la charge globale
d'endettement des pays pauvres très endettés en ramenant cette
charge à un niveau dit « soutenable ». Pour y être
admissible le pays est tenu de remplir certaines conditions87(*) :
§ Etre éligible pour recevoir une assistance
à titre concessionnel du FMI ou de la Banque mondiale,
c'est-à-dire être éligible au guichet de prêt de
l'Association Internationale de Développement (IDA) ou aux concours de
la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la
Croissance (FRPC);
§ Avoir obtenu de bons résultats dans le cadre des
programmes de réformes entrepris avec l'appui du FMI et de la Banque
mondiale ;
§ Avoir une dette insoutenable, c'est-à-dire que
le ratio en VAN (Valeur Actuelle Nette) de la dette par rapport aux
exportations devait dépasser 200%, voire dans certains cas, 250%.
La mise en oeuvre de la version initiale de l'Initiative PPTE
se déroulait en deux phases : Le pays éligible devait avoir
suivi avec succès pendant trois ans un programme du FMI pour atteindre
le « point de décision » et il devait réussir à
nouveau trois ans de programme pour aboutir au « point d'achèvement
», où devait intervenir l'allègement de la dette.
Sur 41 pays88(*) potentiellement éligibles à
l'Initiative PPTE sous cette première formule, seuls sept89(*) ont pu
bénéficier d'un début de traitement de la dette, à
cause des conditions restrictives. D'où la version renforcée.
b- La variante renforcée de l'Initiative
PPTE
L'Initiative PPTE renforcée voit le jour au sommet du
G7 de Cologne en 1999, Les modifications qu'elle apporte sont de trois ordres:
- Assouplissement des conditions d'entrée et
Approfondissement des allègements de dette : Le ratio VAN de la
dette/exportation passe de 200-250% à 150%, le ratio VAN de la
dette/recettes budgétaires passe de 280% à 250%, la
révision à la baisse des seuils d'admissibilité concernant
le degré d'ouverture de l'économie passe de 40% à 30% pour
le ratio exportation/PIB, et de 20% à 15% pour le taux de recettes
publiques d'une part, le changement en mieux de la base d'évaluation de
l'allègement de la dette au titre de l'Initiative, le passage de 80%
à 90% du taux d'allègement de dette en ce qui concerne les
annulations de dettes bilatérales d'autre part.
- Accélération et simplification du
déroulement de l'Initiative sont favorisées par :
L'instauration d'une aide intérimaire entre le stade de la prise de
décision et la fin du processus, la concentration en début de
période de l'aide fournie par les Institutions financières
internationales (IFI), et l'adoption de dates flottantes pour la fin du
processus.
- Institution du DSRP comme cadre de partenariat obligé
des Pays Pauvres Très Endettés avec les bailleurs de fonds.
L'Initiative PPTE est ainsi passée d'une version
initiale restrictive à une version renforcée permettant à
un plus grand nombre de pays endettés de répondre aux
critères d'éligibilité. Elle possède par ailleurs,
des principes.
2 - Principes de l'initiative PPTE
Une fois que le pays est jugé éligible au
bénéfice de l'Initiative PTTE, il doit passer par le point de
décision puis par le point d'achèvement.
a- Le point de décision
Le pays impétrant doit rédiger un DSRP
intérimaire. Pour démontrer qu'il est capable d'utiliser les
fonds à bon escient, l'Etat, en collaboration étroite avec sa
population doit donc logiquement définir « le profil, les causes et
les moyens de combattre la pauvreté »90(*). Les Institutions de Bretton
Woods décident de l'allègement à concéder au pays
au point d'achèvement. Le montant est calculé à partir des
données d'endettement disponibles au point de décision, de
façon à rendre l'endettement du pays soutenable91(*).
Après l'atteinte du point de décision, il y a
une période intérimaire qui dure trois ans. Au cours de cette
période, la Banque mondiale et le FMI fournissent une aide
intérimaire, par des versements au titre des nouvelles modalités
de prêt, et par les allègements multilatéraux
prévus. Les autres créanciers multilatéraux
concèdent aussi une première part de leurs allègements.
b- Le point d'achèvement
C'est la dernière étape du processus de mise en
oeuvre de l'Initiative PPTE. Pour y accéder, le pays doit, après
avoir atteint le « point de décision», finaliser son DSRP
intérimaire. C'est à ce stade du processus que prennent effet les
allègements de dette prévus au « point de décision
». Mais cette dernière étape ouvre également des
volets additionnels, correspondant à des remises de dette
supplémentaires bilatérales92(*). Parmi elles, dans le cas de la France, ce volet
concerne le Contrat de désendettement et de développement (D). De
2005 à 2008, 23 pays éligibles à l'initiative sont ou
seront concernés par le D, dont 20 en Afrique.
L'élaboration de l'Initiative PPTE en Afrique
subsaharienne a connu deux étapes : Une première, dite
initiale avec des conditions limitatives, et une seconde dite renforcée
avec un assouplissement des conditions. En effet, le pays impétrant doit
réussir l'étape du point de décision, la période
intérimaire, et achever son parcours par le point d'achèvement
qui lui donne de « bénéficier à ce moment du
traitement du stock de sa dette »93(*).
L'Initiative PPTE est une volonté de résoudre le
problème de la dette des pays africains. Elle constitue une
avancée remarquable vers une solution durable. Ce processus est
accéléré et complété sous l'action du G8 le
11 juin 2005, lorsque les ministres des finances de ces Etats
développés décident d'annuler unilatéralement la
dette multilatérale des 18 pays ayant atteint le point
d'achèvement. 14 de ces pays sont africains94(*). L'annulation porte sur un
montant de 40 milliards de dollars, et est appelée Initiative
d'Allégement de la Dette Multilatérale (IADM). L'Initiative PPTE
répond donc de façon spécifique à un
problème qui a connu auparavant des tentatives de solutions. Voyons donc
quelles en sont les particularités.
B - Spécificités de l'Initiative PPTE
par rapport aux solutions antérieures
A l'instar de l'Aide Publique au Développement (APD) et
des Plans d'Ajustement Structurel (PAS), l'Initiative PPTE est un instrument
d'appui au développement. Cependant, des différences existent
entre ces solutions. Comparons à cet effet l'Initiative PPTE à
l'APD et aux PAS, puis présentons le DSRP.
1 - L'Initiative PPTE par rapport à l'APD et
aux PAS
L'APD et les PAS sont les instruments de gestion de la dette
africaine antérieurs à l'Initiative PTTE.
a- L'Initiative PPTE et l'APD
L'Aide Publique au Développement (APD) est l'ensemble
des aides financières prévues au budget de l'Etat, et
transférés vers les pays en voie de développement95(*). A l'origine, cette aide a
été instaurée pour l'appui à la reconstruction de
l'Europe d'après guerre, et le plan MARSHALL a constitué
l'instrument de ce relèvement. A cet effet, a été
créée la Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement (BIRD) communément appelée Banque Mondiale.
C'est seulement autour de 1955 que cette aide va se reporter vers le Tiers
Monde nouvellement indépendant, l'Asie et les pays les plus pauvres
parmi lesquels ceux de l'Afrique subsaharienne96(*).
Cette APD comporte deux variantes, que sont les dons et les
prêts. Elle est pour cela complètement différente de
l'Initiative PPTE.
b- L'Initiative PPTE et les PAS
L'ajustement structurel est lancé au début des
années 1980, en réponse à la crise des Etats et aux
dysfonctionnements apparus dans des économies dont la viabilité
reposait sur une injection massive de capitaux extérieurs. Ces
politiques sont alors mises sur pied pour financer, non plus des
réalisations physiques (projets de développement), comme ce fut
le cas avec l'APD, mais pour allouer aux Etats des sommes forfaitaires.
Celles-ci sont déboursées en deux ans en général,
par tranches conditionnelles, en vue de leur développement
économique97(*).
La similitude de cette solution avec l'Initiative PPTE est
qu'elle préconise des réformes qui conditionnent l'accès
aux financements. Cependant, elle s'en diffère essentiellement par le
lien établit entre les réformes économiques et la
réduction de la pauvreté, et par la source de financement de la
solution de gestion de la dette qui est constituée de prêts pour
les PAS, et issue de l'allégement de la dette pour l'Initiative PPTE.
L'APD et le contexte économique mondial ont
entraîné une crise d'endettement en Afrique subsaharienne. Le
remède utilisé à cet effet a été les PAS.
Ceux-ci ont entraîné non seulement un accroissement de la dette,
mais une situation de pauvreté extrême. C'est pourquoi,
« la politique de lutte contre la pauvreté, dont l'instrument
par excellence est l'Initiative PTTE »98(*) a été
consacrée à travers le DSRP.
2 - L'Initiative PPTE et le DSRP
Nouveau cadre contractuel de partenariat entre les IBW et les
Pays Pauvres Très Endettés, le Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté, a une importance capitale dans le
processus de déroulement de l'Initiative PPTE, et possède
quelques principes.
a- Importance du DSRP
Les Documents de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) sont des feuilles de route exhaustives, axées sur
les résultats et préparées par les pays concernés
sur la base de partenariats intérieurs et extérieurs99(*).
Depuis juillet 2002, la Banque Mondiale se base sur les DSRP
pour accorder des plans d'aide aux pays à faible revenu. Les autres
institutions financières internationales, telles que le Fonds
Monétaire International (FMI) et la Banque Africaine de
Développement (BAD), les agences de développement (Organisations
des Nations Unies, Organismes de coopération, etc.) ainsi que les
partenaires bi et multilatéraux (France, Etats-Unis, Union
Européenne, etc.), lui ont emboîté le pas en adoptant cet
instrument pour définir leurs politiques et programmes d'aide au
développement.
Le processus d'élaboration du DSRP respecte un canevas
bien défini. Certes, il n'existe pas de modèles rigides de
présentation du document, cependant, « quatre domaines
standard devraient être traités dans un DSRP » (PNUD,
2007)100(*): Analyse de
la pauvreté; définition de la stratégie et des programmes;
processus participatif et suivi évaluation.
b- Principes du DSRP
Le DSRP se conforme à cinq principes fondamentaux. Il
doit être:
1. Piloté par les pays et élaborés avec
la participation la plus large possible de la société civile et
du secteur privé.
2. Axé sur les résultats et les mesures
susceptibles d'avoir un effet bénéfique sur les pauvres.
3. Global, dans la mesure où ils reconnaissent la
nature multidimensionnelle de la pauvreté.
4. Orienté sur le partenariat, via la participation
concertée des partenaires au développement (gouvernement, parties
prenantes au niveau national et bailleurs de fonds extérieurs).
5. Inscrit dans une perspective à long terme du recul
de la pauvreté en harmonie avec les résultats requis pour
atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD).
Ces Objectifs du Millénaire pour le
Développement sont au nombre de huit (08) et servent de canevas à
l'élaboration du DSRP101(*).
La présentation des spécificités de
l'Initiative PPTE nous a permis de découvrir que cette initiative est
différente des précédentes solutions
préconisées pour le problème de la dette des pays
africains. Ces différences sont la source de financement qui est
constituée des sommes issues de l'allégement de la dette, et le
lien établit entre les réformes économiques et la
réduction de la pauvreté.
La situation d'endettement des pays d'Afrique au Sud du Sahara
se matérialise par la dépendance des économies de ces pays
aux anciens pays colonisateurs. On assiste ainsi à un recours assidu aux
financements extérieurs qui conduit ces économies africaines
à un endettement insoutenable. L'Initiative PPTE serait une
opportunité selon O.J. NGUENA, une prime à la
médiocrité d'après R. NYOM. Analysons d'abord la
trajectoire de l'Initiative PPTE au Cameroun avant de nous employer à
confronter ces deux points de vue.
Section.2 - Cheminement
particulier du Cameroun vers l'Initiative PPTE
Le Cameroun, longtemps considéré comme un pays
émergent, n'échappe pourtant pas à la crise d'endettement
de cette zone d'Afrique. La mise en oeuvre de l'Initiative PPTE n'est cependant
pas effectuée sans difficultés.
§.1 - Economie du
Cameroun pas épargnée par la crise d'endettement
Selon R. NYOM (2003, p. 7), « l'histoire, la
géographie, la culture et l'agriculture du Cameroun prédisposent
ce pays à d'énormes richesses aussi bien variées
qu'abondantes ». Retraçons, pour la comprendre mieux,
l'histoire de la politique économique du Cameroun des plans quinquennaux
aux plans d'ajustement structurels, puis examinons la trajectoire de son
endettement.
A - Des plans quinquennaux aux plans d'ajustement
structurels
Le Cameroun, au lendemain de l'indépendance adopte le
système de plan quinquennal qui est selon la définition de
WIKIPEDIA102(*) un
document de planification économique gouvernemental. Ces plans
étaient constitués de cadres comportant des projets et programmes
bien définis. C'est à cette période qu'est
créée la Société d'Etude pour le
Développement de l'Afrique (SEDA)103(*). La crise, qui sévit dès
l'année 1986, entraîne l'arrêt de cette planification, et le
niveau d'endettement du Cameroun le conduit vers les PAS.
1 - Les programmes économiques des plans
quinquennaux
Dans une analyse sur l'état des lieux de
l'économie camerounaise, C. ABENA NGUEMA (2006)104(*) nous rappelle que
l'économie du Cameroun est essentiellement agricole. En effet, le
secteur agricole est d'une importance vitale au Cameroun, affirme R. NYOM
(2003, p. 23). D'un autre côté, G. TCHINDA et B. KEMADJOU
(2007)105(*) pensent
qu'il n'y a pas de développement économique sans
industrialisation.
a- Le secteur agricole
L'agriculture est un accélérateur du
développement106(*). Une attention particulière doit donc
être portée sur les besoins du secteur agricole, en termes de
capitaux, de technologie, de ressources humaines et de revenu.
Avant la crise qui sévit à compter de
l'année 1987, la politique de développement du Cameroun
était sous-tendue par les plans quinquennaux. Il y en a eu six107(*):
1er plan quinquennal : 1960-1965 :
Elaboré par F. A. KODOCK, alors directeur des affaires
économiques au Ministère de l'économie108(*), avait pour objectif
général de doubler le PIB par habitant en 20 ans (TOUNA MAMA,
2008).
2ème plan quinquennal :
1966-1971 : A été baptisé « plan du paysan,
car il mettait l'accent sur l'amélioration du niveau de vie des
populations des zones rurales.
3ème plan quinquennal :
1971-1976 : Avait pour principal objectif l'accroissement de la production
et de la productivité agricole, ce qui explique que plus de la
moitié des investissements aient été destinés aux
projets agricoles directement productifs.
4ème plan quinquennal :
1976-1981 : Son objectif majeur était d'augmenter le taux de
croissance du PIB par tête d'au moins 5%. Les investissements ont
été consacrés essentiellement à l'infrastructure
rurale, à l'économie rurale et à l'énergie.
5ème plan quinquennal :
1981-1986 : Avait pour ambition de donner un nouveau visage au Cameroun
des années 2000, par l'augmentation du revenu réel par habitant.
Il a accordé, lui aussi une place de choix au secteur agricole.
6ème plan quinquennal :
1986-1991 : Mort né du fait de la survenance de la crise, il a
été baptisé « plan du renouveau et avait pour
objectif général la consolidation de l'autosuffisance alimentaire
du pays.
La politique agricole de ces plans, sans être parfaite a
permis à l'agriculture de contribuer au développement du
Cameroun. Intéressons nous à la situation de l'industrie
Camerounaise.
b- Le secteur industriel
La stratégie industrielle choisie par l'ancien
président de la république du Cameroun Monsieur AHMADOU AHIDJO
était fondée sur la promotion de l'industrie de substitution aux
importations109(*). Or,
une telle industrie suppose une importation massive de matières
premières qui d'une part, agit négativement sur la balance des
paiements, et donne d'autre part un avantage aux importateurs par rapport aux
investisseurs nationaux ou étrangers. En effet, tous les codes
d'investissement qui ont cours entre 1960 et 1985 exonèrent les
matières premières importées des impôts et
taxes110(*), n'incitant
donc pas les entreprises à privilégier la transformation des
matières premières locales dans leur processus de production. Le
développement de l'industrie avait ainsi été
planifié en deux phases, une première phase pour l'industrie de
substitution et une seconde phase pour l'industrie de transformation.
Ce choix a entraîné très tôt
l'échec des quelques industries de transformation existant au Cameroun,
à l'instar de la CELLUCAM, la SNEC, la SONARA et les industries de
pâtes alimentaires dont la matière première est
importée à presque 100%.
Les déséquilibres macroéconomiques
créés par les différents choix des politiques agricoles et
industrielles, ont incité le Cameroun à rechercher davantage des
sources de financement de son économie à l'extérieur, ce
qui l'a inévitablement conduit à un niveau d'endettement ne lui
permettant plus de faire face à ses principaux engagements. C'est le
passage aux PAS.
2 - Les programmes économiques des
PAS
Les plans d'ajustement structurel reposent sur le dosage des
éléments suivants : Dévaluation de la monnaie
nationale, hausse des taux d'intérêt, réduction des
dépenses publiques, privatisations massives, réduction des
subventions publiques, réduction des salaires. Le Cameroun a connu
quatre plans d'ajustement structurel, comme le précise LUKONG P.
NTUYLIME dans un article paru dans le quotidien Cameroun Tribune
(2008)111(*).
1- Programme d'ajustement économique et financier de
1988-1990
Accordé le 18 septembre 1988, il vise à
restaurer les grands équilibres financiers de l'Etat par la
reconstitution d'une épargne budgétaire, de l'appareil productif
et le rétablissement des équilibres extérieurs. Les
décisions suivantes sont prises : Gel des augmentations de salaires
dès 1989, hausse de plusieurs taxes112(*). Une liste de quinze (15) entreprises publiques
à privatiser est publiée.
Suite aux difficultés de mise en route de ce programme,
l'accord de confirmation est déclaré inopérant en
février 1990113(*).
2- Programme d'ajustement économique et financier de
1991-1992
Signé le 20 novembre 1991 pour un montant de 600
milliards de FCFA, il vise la restauration des grands équilibres
macro-économiques et l'amélioration de la
compétitivité afin de recréer les bases d'une croissance
saine. Les résultats insuffisants ne permettent pas au Cameroun de
pallier les déséquilibres de ses finances publiques et de sa
balance de paiements. En janvier 1994, survient la dévaluation du franc
CFA de 50% suivie d'une réduction des salaires de 50%.
3- Programme d'ajustement économique et financier de
1994
Accordé au Cameroun en date du 14 mars 1994, il fut
suspendu.
4- Programme d'ajustement économique et financier de
1995-1996
Approuvé le 27 septembre 1995 par le conseil
d'Administration du FMI, cet accord est conclu pour la période du 27
septembre 1995 au 30 juin 1996.
Ce programme vise la poursuite de la réalisation d'une
croissance réelle de 5%, un taux d'inflation inférieur à
8%, et une réduction du déficit de la balance courante à
2,5% du PIB. Il s'agit également d'assainir le secteur financier et
bancaire, et de poursuivre les privatisations.
La plupart des mesures engagées ne sont pas
achevées au terme de ce programme, du fait de plusieurs dérapages
observés.
De façon générale, les programmes
économiques des PAS véhiculent des rééchelonnements
de dettes et des emprunts à court terme114(*). C'est pourquoi, non
seulement ces programmes ont abouti à un endettement sans cesse accru,
mais ils ont simultanément entraîné une baisse des revenus
des populations locales, ce qui inévitablement a augmenté la
pauvreté.
B - De l'endettement extérieur à
l'extrême pauvreté des populations
L'endettement du Cameroun, de plus en plus croissant a
entraîné une dégradation continue des conditions de vie des
populations.
1 - Une dette de plus en plus
insoutenable...
Au niveau économique, l'endettement et surtout le
service de la dette sont très élevés. « Ils
asphyxient l'économie camerounaise en la privant des ressources
nécessaires pour assurer son épanouissement », affirme
O. JOKUNG NGUENA (2005)115(*). Observons le niveau et la structure de cette
dette.
a- Niveau d'endettement
Le niveau d'endettement d'un pays s'apprécie par le
montant des sommes dues et par des ratios. D'après les données de
la Banque Mondiale (World Debt Tables, World Development finance 1997) (tableau
n° 2), la dette extérieure du Cameroun est passée de 140,4
millions de dollars US en 1970 à 9350 millions de dollars US en 1995. De
1988 à 1995, c'est-à-dire sur une période de huit (08)
ans, elle a connu une croissance de près de 95%.
Tableau 2: Dette extérieure des exportations des biens
et services et du PNB par habitant en millions de dollars
Années
|
Dettes extérieures
|
Export biens et services
|
PNB/Hab
|
1970
|
140,4
|
279,3
|
180
|
1971
|
174,1
|
294,3
|
180
|
1972
|
215,5
|
320
|
180
|
1973
|
259
|
521,2
|
210
|
1974
|
316,3
|
583,8
|
270
|
1975
|
420,1
|
672,3
|
310
|
1976
|
590,7
|
721,2
|
360
|
1977
|
1056,8
|
979
|
410
|
1978
|
1478,2
|
1318,6
|
580
|
1979
|
2116,7
|
1718
|
600
|
1980
|
2588
|
1839
|
760
|
1981
|
2535,4
|
2218,3
|
900
|
1982
|
2701,9
|
2032,6
|
900
|
1983
|
2678,9
|
2259,6
|
870
|
1984
|
2727,9
|
2588,3
|
820
|
1985
|
2940
|
2819
|
810
|
1986
|
3703
|
2897,1
|
890
|
1987
|
4678
|
2255,4
|
920
|
1988
|
4778
|
2068
|
1130
|
1989
|
5440
|
2328
|
1080
|
1990
|
6679
|
2307
|
970
|
1991
|
6898
|
2604
|
930
|
1992
|
6898
|
2392
|
940
|
1993
|
7452
|
2222
|
770
|
1994
|
8254
|
2261
|
640
|
1995
|
9350
|
2764
|
610
|
Source : Endettement extérieur et
développement humain au Cameroun, avril 1999, page 42
Trois ratios peuvent être exploités pour
l'analyse de l'endettement du Cameroun116(*) :
Le ratio dette sur le PIB apprécie la dette
extérieure par rapport au poids économique du pays. Il fournit
une idée du degré d'hypothèque que représente la
dette extérieure sur la richesse nationale. Selon le FMI, un pays est
peu endetté lorsque ce ratio est inférieur à 30%. Ce ratio
a fortement augmenté au Cameroun depuis 1986 (tableau n° 3).
Le ratio du service de la dette sur les exportations des biens
et services prend en compte non pas l'endettement lui-même, mais sa
charge. Il permet d'apprécier la capacité du pays à
honorer ses engagements extérieurs. Le seuil de 20% traduit une
situation dangereuse. Ce ratio a considérablement augmenté, il
est passé de 16,4% en 1992 à 21,2% en 1993, de 17% en 1994
à 15,3% en 1995 (tableau n° 3).
Le ratio de la dette globale sur les exportations des biens et
services compare l'endettement en devises avec le flux annuel de devises que
procurent les exportations. Lorsque ce ratio est inférieur à
165%, le pays n'a pas un niveau d'endettement inquiétant. Ce ratio pour
le Cameroun s'envole à partir de 1987. De 143,4% en 1986, il n'a
cessé d'augmenter pour atteindre en 1996 389,2%.
Tableau 3: Evolution de quelques ratios de la dette
extérieure camerounaise
Années
|
Dettes/PNB
|
Sce*/export
|
Années
|
Dettes/PNB
|
Sce/export
|
1970
|
15,3
|
5,3
|
1983
|
36,3
|
15,4
|
1971
|
16,5
|
5,8
|
1984
|
38,5
|
22,6
|
1972
|
16
|
5,8
|
1985
|
36,5
|
22,8
|
1973
|
15,2
|
5,4
|
1986
|
42,3
|
23,3
|
1974
|
16,6
|
6,7
|
1987
|
40,2
|
30,8
|
1975
|
20,8
|
6,7
|
1988
|
40,3
|
32,7
|
1976
|
33,8
|
6,9
|
1989
|
51,7
|
17,4
|
1977
|
35,7
|
9,6
|
1990
|
63,3
|
22,6
|
1978
|
39,3
|
10,3
|
1991
|
59,9
|
16,4
|
1979
|
36,8
|
15,2
|
1992
|
69,7
|
16,4
|
1980
|
33,3
|
13,6
|
1993
|
72
|
21,2
|
1981
|
37,3
|
18,9
|
1994
|
121,4
|
17
|
1982
|
37,2
|
15
|
1995
|
124,4
|
15,3
|
Source : Endettement extérieur et
développement humain au Cameroun, avril 1999, page 42
* Service de la dette sur les exportations
L'endettement du Cameroun s'est réellement accru à
partir de l'année 1987 pour atteindre un niveau accablant à la
fin des années 1990. Analysons donc le contenu de cette dette.
b- Structure de la dette camerounaise
La dette camerounaise est essentiellement publique. Elle se
structure en quatre principales composantes117(*) (tableau n° 3):
- La dette privée (garantie) : 11% du total de la
dette extérieure ;
- La dette privée (non garantie) : 2% ;
- La dette bilatérale : 67% ;
- La dette multilatérale : 20%.
Tableau 4: Structure de la dette extérieure
camerounaise en million de dollars
Années
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
Privée (non garantie)
|
519,9
|
426,8
|
378
|
229,9
|
184,1
|
Bilatérale
|
1319
|
1282
|
1933
|
2568,1
|
2652,2
|
Multilatérale
|
1099
|
1049
|
1106
|
1316,5
|
1439,9
|
Privée (garantie)
|
958,3
|
1098
|
1302
|
1483,8
|
1532,3
|
Années
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
Privée (non garantie)
|
253,5
|
268,6
|
233,2
|
197,1
|
120
|
Bilatérale
|
347,3
|
3615
|
4579
|
5467,2
|
5401
|
Multilatérale
|
1458
|
1429
|
1664
|
1674,5
|
1786
|
Privée (garantie)
|
1271
|
1175
|
986,5
|
918,8
|
1206
|
Source : Endettement extérieur et
développement humain au Cameroun, avril 1999, page 42
Entré depuis les années 1980 dans un cycle
d'endettement excessif, le Cameroun recevait chaque année moins d'argent
en appui extérieur118(*), qu'il n'en payait vers les pays du Nord au titre du
service de la dette.
De 1996 à 2000, le Cameroun a payé aux bailleurs
de fonds, plus de 1307,12 milliards FCFA sur un stock de 4441,8 milliards FCFA.
Pendant la même période, il a contracté de nouveaux
emprunts extérieurs de 483,25 milliards FCFA. Au final, le flux est
déficitaire pour le Cameroun de près de 823,87 milliards FCFA,
alors que de nombreux plans de sortie étaient en vigueur, et que le
Cameroun avait bénéficié plusieurs fois du traitement de
sa dette notamment auprès du club de Paris.
Cette situation fait ressortir les limites des plans de sortie
de la dette élaborés par les pays industrialisés (plan
Brady, termes de Toronto, de Lyon ou de Naples).
Ce surendettement serait peut être tolérable si
il avait débouché sur des projets de développement visant
à améliorer durablement les conditions de vie des populations.
Mais, au fur et à mesure que le Cameroun contractait des dettes à
l'extérieur, les Camerounais s'appauvrissaient de jour en jour, et leurs
conditions de vie se dégradaient. Examinons les principales
conséquences sociales qui en découlent.
2 - ...Entraîne le délaissement des
secteurs sociaux de base
D'après le DSRP (2003, p. 30), l'éducation, la
santé et les infrastructures de base constituent les biens et services
sociaux essentiels qui, au delà des revenus, contribuent à
l'amélioration de la qualité de vie des populations. Aussi, les
effets de l'endettement du Cameroun sur les secteurs sociaux s'observent selon
ces différents aspects auxquels il convient d'ajouter l'emploi.
a- Education
L'analyse du financement de l'éducation par le secteur
public au Cameroun montre une évolution à la baisse des
dépenses d'éducation depuis 1985/1986 (BIAO, FAMBON et KENGNE
DJEUTANE, 1999). En effet, entre 1985/1986 et 1989/1990 les dépenses de
l'enseignement primaire et secondaire ont baissé respectivement de 25,3%
et 40,1%. Les autres dépenses ont également baissé, on
note ainsi une baisse de 20% pour le fonctionnement des services.
Cette situation a contraint les parents
d'élèves, à travers les Associations de Parents
d'Elèves (APE), à participer au fonctionnement des
établissements scolaires, tant publics que privés. Les
indicateurs de qualité montrent une dégradation des conditions
d'apprentissage et d'encadrement. En effet, le taux de réussite au CEPE,
est de 72% en 2001. Les redoublements restent importants, ils sont
respectivement de 25%, 21%, et 31%119(*) dans le cycle primaire, premier et second cycle du
secondaire général. Les effectifs d'élèves dans les
salles de classes atteignent parfois 100, dans certaines
agglomérations.
b- Santé
Les dépenses publiques de santé ont
diminué sur la période de 1985/1991 de l'ordre de 15% en terme
nominal et 30% en valeur réelle120(*) (tableau n° 5).
Les principaux indicateurs de santé se sont
dégradés entre 1991 et 1998121(*). Effectivement, pendant cette période, le
taux de mortalité infantile a connu une nette augmentation de l'ordre de
12 points, le taux de malnutrition chronique pour les enfants de 12 à 23
mois a progressé de 23% à 29%, et le taux d'accouchement
assisté par un personnel qualifié a régressé de 5
points pendant cette même période.
Pour ce qui est des ressources humaines, le déficit est
estimé en 2001 à 9000 personnes,. Pour les infrastructures et les
équipements, l'on constate la vétusté du patrimoine
sanitaire, l'inégale répartition des infrastructures entre les
provinces, de même qu'entre les zones urbaines et rurales.
c- Infrastructures de base
L'accès à l'eau potable reste faible au Cameroun
malgré les efforts déjà consentis (Rapports ECAM I et II).
Il est de 81% en zone urbaine et 28,4% en zone rurale pour les non
pauvres ; et pour les pauvres de 56,6% en zone urbaine contre 22,4% en
zone rurale.
La situation des infrastructures routières est
alarmante. En effet, le Cameroun dispose d'un réseau routier de 50.000
km. Cependant, il possède seulement 16% des routes bitumées,
presque 40% en terre et 45% de routes rurales. Or, presque 80% des routes
bitumées, 73% de routes en terre et 70% de pistes rurales sont en
médiocre ou en mauvais état. Les données indiquent par
ailleurs que les populations vivant en milieu rural mettent en moyenne une
heure pour atteindre une route bitumée. Ceci constitue un frein
réel à l'accès des populations en général et
des pauvres en particulier, aux services de base.
Tableau 5 : Evolution des allocations budgétaires
dans les ministères de la Santé et de l'Education de Base
Années
|
Education (milliards FCFA)
|
Santé
(milliards FCFA)
|
Population (Millions d'hab)
|
Dépenses santé
Par population
|
Dépenses éducation
Par population
|
1986/1987
|
70,82
|
27,80
|
10,566
|
2,63
|
6,70
|
1987/1988
|
66,90
|
25,60
|
10,877
|
2,35
|
6,15
|
1988/1989
|
59,92
|
23,97
|
11,197
|
2,14
|
5,35
|
1989/1990
|
67,32
|
25,64
|
11,526
|
2,22
|
5,84
|
1990/1991
|
65,02
|
22,75
|
11,849
|
1,92
|
5,49
|
1991/1992
|
70,77
|
24,36
|
12,181
|
2,00
|
5,81
|
1992/1993
|
80,71
|
25,94
|
12,522
|
2,07
|
6,44
|
1993/1994
|
76,90
|
24,32
|
12,832
|
1,89
|
5,99
|
1994/1995
|
49,21
|
17,92
|
13,012
|
1,37
|
3,78
|
Source : PNUD, Rapport sur le développement
humain, Cameroun 1998, p. 46
d- Emploi
L'augmentation du chômage dans les villes du Cameroun a
obéit à un mécanisme direct et évident ; car
le FMI à travers les PAS instaure une politique de rigueur par la
privatisation de certaines sociétés d'Etat, la réduction
des subventions et l'augmentation de certaines taxes. Cette politique
entraîne des licenciements et déclenche le processus
d'appauvrissement des ménages.
Il n'existe pas de statistique réellement fiable sur le
chômage au
Cameroun. Cependant, l'I
nstitut
National de la Statistique (INS) évalue le taux de chômage (au
sens BIT) à 4,4% pour 2005, contre 7,2% pour 2001. Le World Factbook
publié par la CIA fait état d'un taux de chômage de l'ordre
de 30% en 2001. Selon une autre étude de l'INS datant de 2001, le taux
de chômage en 2001 serait de 8,2% dont 17,6% en ville, contre 9,5% en
1995 dont 20,3% en ville.
Dans son étude, l'INS note que près de 70% des
travailleurs gagnent moins que le salaire minimum, soit 23500 FCFA (40
euro).
La principale conséquence de la recrudescence du
chômage au Cameroun est la baisse des revenus des
ménages122(*) : En moyenne, les revenus nominaux ont
régressé de 29%. Ce sont les fonctionnaires qui sont les
principales victimes de la chute des salaires, rappelons que le salaire
médian a diminué de 50%.
Les conséquences du surendettement du Cameroun sur les
principaux secteurs sociaux sont visibles à travers la situation
dégradante du secteur de l'éducation, du secteur santé et
par l'absence d'infrastructures de base. A cela, s'ajoute la baisse drastique
des revenus des ménages qui ne peuvent ni avoir accès aux soins
de santé, ni assurer une éducation de base à leurs
enfants.
L'économie du Cameroun a connu des plans quinquennaux
bien cadrés au départ, mais mal gérés, qui ont
incité un recours massif aux ressources extérieures.
L'endettement qui en a découlé a conduit aux programmes
d'ajustement sans perspectives réelles qui ont débouché
sur la situation de pauvreté que nous venons de décrire.
Différentes solutions ont été envisagées pour
résoudre la dette des pays Africains123(*) parmi lesquels le Cameroun. Au terme de toutes ces
initiatives, le Cameroun se trouve néanmoins à un niveau
d'endettement (près de 10 milliards de dollars) et de pauvreté
(seuil égal à 232.547FCFA en 2001 ECAM II) qui grève
considérablement ses chances de retrouver une croissance
économique à deux chiffres.
C'est dans ce contexte économique et social
qu'apparaît l'Initiative PPTE.
§.2 - Mise en oeuvre
de l'Initiative PPTE au Cameroun
Le Cameroun accède à l'Initiative PPTE
après un cheminement semé d'embûches, et des
procédés bien définis permettent sa mise en place
définitive.
A - Cheminement du Cameroun dans l'Initiative
PPTE
Le processus de l'Initiative PPTE prend naissance, lorsqu'un
pays est déclaré éligible124(*). Il se déroule en
deux temps :
a- Point de décision
Pour atteindre ce point en octobre 2000, O. JOKUNG NGUENA
(2005) précise qu'il a fallut que le Cameroun remplisse les quatre
critères ci-dessous :
1. Critère de soutenabilité de la dette.
2. Rédaction d'un Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
3. Mise en oeuvre, pendant trois ans d'un programme
économique découlant du DSRP et soutenu par les Institutions de
Bretton Woods.
4. Etre déclaré comme pays pauvre (avec un
revenu par habitant inférieur à 785 dollars).
Dés l'atteinte du point de décision, commence le
traitement du service de la dette pendant la période intérimaire,
qui devra s'achever avec l'atteinte du point d'achèvement.
L'allégement intérimaire se présente sous deux
dimensions : Multilatérale et bilatérale.
b- Point d'achèvement
Comporte trois conditions: 1- Faire la preuve de sa
capacité de gestion en matière de politique
économique ; 2- Rédiger un DSRP final ; 3- Mettre en
oeuvre durant une année, les orientations du DSRP final.
L'examen de l'application de ces mesures par le gouvernement
camerounais a été jugé non satisfaisant par les
Institutions de Bretton Woods en 2004. Après l'obtention d'un moratoire
auprès de ces Institutions, c'est à la fin du premier trimestre
2006 que le Cameroun a atteint le point d'achèvement. L'atteinte de ce
point permettra au Cameroun de bénéficier de la totalité
des allègements de la dette prévue au titre de cette
Initiative.
Le traitement du stock de la dette, fait sur la base d'une
étude de soutenabilité de la dette, peut dès lors
commencer. Les allégements sont accordés, comme pour la phase
intérimaire, par les bailleurs multilatéraux et
bilatéraux.
Observons comment est déployée l'Initiative PPTE
au Cameroun.
B - Procédés de mise en oeuvre de
l'Initiative PPTE
L'Initiative PPTE est mise en oeuvre au Cameroun par un
dispositif réglementaire et institutionnel. A ceux-ci, s'ajoutent des
organes de mise en oeuvre.
1- Dispositif réglementaire et
institutionnel
C'est l'ensemble des textes votés ainsi que les
structures d'accompagnement prévues pour l'application de l'Initiative
PPTE au Cameroun. Il s'agit de l'ouverture d'un compte PPTE, de la
création du CCS/PPTE et du CSR/PPTE.
a- Ouverture du « compte HIPC/PPTE
»
Sous-compte du trésor à la BEAC intitulé
« compte HIPC/PPTE », c'est une disposition prescrite par les
bailleurs de fonds. Ouvert à la demande du MINEFI conformément
à la réglementation de la BEAC, il est crédité
selon les modalités pratiques de remise de la dette définie avec
les bailleurs de fonds.
b- Le Comité Consultatif et de Suivi de la
gestion des ressources
PPTE
Le (CCS/PPTE) créé par le décret
n°2000/960/PM du 1er décembre 2000 est l'un des cadres
institutionnels de gestion des ressources PPTE. Il est un organe consultatif
qui a pour mission de veiller à la bonne utilisation et à
l'allocation équitable et optimale des ressources PPTE en faveur de la
lutte contre la pauvreté et la bonne gouvernance. A ce titre, il remplit
plusieurs fonctions.
Le Comité dispose, pour l'accomplissement de ses
missions, d'une Cellule opérationnelle et d'un Secrétariat
Permanent.
c- Le Comité de Suivi de la Réalisation
des projets PPTE (CSR/PPTE)
Créé par l'Arrêté du 03 mai 2002 du
Premier ministre et placé sous l'autorité du Ministre de
l'Economie et des Finances, il a trois fonctions principales :
- Faire le point sur la répartition géographique
des projets PPTE déjà examinés par le Comité
consultatif et de suivi de la gestion des ressources PPTE ;
- Présenter le niveau d'exécution desdits
projets et évaluer l'état de leur réalisation;
- Suggérer toutes les actions susceptibles de
contribuer à l'amélioration de la gestion administrative et
financière desdits projets.
Les différentes dispositions ci-dessus prises, il faut
dès lors l'existence d'organes de mise en oeuvre.
2- Organes de mise en oeuvre de l'Initiative
PPTE
Le Cameroun a élaboré un programme
économique et une stratégie participative dans le cadre de
l'Initiative PPTE. C'est pourquoi, la mise en oeuvre effective de ce programme
exige d'associer dans le processus de sélection objective des projets
à financer, toutes les catégories d'agents
économiques125(*). Il y a pour cela trois niveaux de mise en oeuvre de
l'Initiative PPTE : Les organisations gouvernementales, la
société civile et les structures de paiement.
a- Organisations gouvernementales,
représentées par les ministères
des secteurs prioritaires126(*) :
1. Développement rural
2. Secteur éducation
3. Secteur santé
4. Secteur infrastructures
5. Développement social
6. Secteur gouvernance
Chacun des secteurs regroupe un ou plusieurs
ministères. Leur rôle est primordial dans la mise en oeuvre de
l'Initiative PPTE, car ils se doivent d'identifier, de concevoir et programmer
les projets « à fort impact sur la réduction de la
pauvreté »127(*), ceci avec l'appui des experts du CCS/PPTE.
b- Organisations de la Société Civile
(OSC)
Le DSRP doit être « construit avec la
participation de la société civile »128(*). Sont concernés, les
Associations, ONG, GIC, communautés religieuses. Les OSC sont les
représentants des populations à la base et à ce titre,
sont supposées porter vers la hiérarchie administrative, leurs
doléances. C'est la gestion du bas vers le haut (bottom up), qui
valorise le savoir local par une concertation de la base. Elle est
différente de la gestion politico administrative (top down) qui
privilégie les décisions prises unilatéralement en amont,
pour les appliquer à la base. Seulement, pour que ce modèle
fonctionne, il faudrait qu'il ressemble non à une pyramide
(décision au sommet), mais à une sphère sans centre
(décision participative) dans laquelle la société civile
jouerait pleinement son rôle de courroie de transmission. On constate
pourtant à travers les fonds PPTE qui leurs sont alloués (5% de
l'enveloppe globale), que le rôle de la société civile dans
le processus de l'Initiative PPTE est limité.
S.C. ABEGA (2007)129(*) nous précise que cela tient du fait que pour
la plupart, « ignorant tout de l'Initiative PPTE, ils ne pouvaient
présenter aucun projet susceptible de bénéficier des
financements disponibles ». Cette faiblesse, poursuit-il,
« vient des faibles capacités des acteurs de la
société civile à analyser les situations ». La
société civile camerounaise pour mener à bien son
rôle doit instaurer un dialogue ouvert et constructif tant avec l'Etat
qu'avec les populations à la base. Le gouvernement et la
société civile mettent en oeuvre l'Initiative PPTE au Cameroun,
mais pour qu'il y ait action, il faut des ressources financières. Aussi,
les structures de paiement représentent le troisième organe de
mise en oeuvre de l'Initiative PPTE au Cameroun.
c- Structures de paiement
L'article 2 du Décret n° 2000/960/PM du 01
décembre 2000, dispose que « la gestion des ressources PPTE
s'opère dans le cadre budgétaire de l'Etat. Toutefois, en vue
d'assurer une gestion participative et transparente de ces ressources, leur
utilisation se fait à travers le comité ».
Les structures chargées du paiement de ces ressources
sont le ministère des finances à travers la Direction
Générale du Trésor (DGT), la Direction
Générale du Budget (DGB), et la Caisse Autonome d'Amortissement
(CAA) qui intervient en cas de fonds extérieurs non PPTE.
L'instruction n° 01096 MINEFI du 14 juillet 2002 modifie
le dispositif comptable de l'instruction n° 008/CF/MINEFI du 25 juillet
2001, et précise que :
- Les comptables du trésor sont chargés de
l'exécution des dépenses PPTE sur toute l'étendue du
territoire ;
- Le Payeur Général du Trésor est le
comptable principal pour l'ensemble des opérations comptables, à
cet effet, il est le seul habilité à effectuer des
opérations de trésorerie sur ce compte spécial ;
- Le traitement des applications est effectué
grâce à l'application informatique
« CADRE ».
Nous venons de voir que l'Initiative PPTE est un pas
nécessaire vers la gestion de la dette des pays d'Afrique subsaharienne
et également du Cameroun. Le Cameroun, qui est passé du point de
décision au point d'achèvement non sans difficulté, peut
dès lors bénéficier du traitement de sa dette
bilatérale et multilatérale. Est-ce donc à dire que cette
Initiative est une manne pour le développement du Cameroun (O. J.
NGUENA) ou, serait-elle plutôt une prime à la
médiocrité au sens de R. NYOM?
Nous pouvons le découvrir en appréciant le
potentiel de cette Initiative en termes d'apports au développement de
l'économie du Cameroun.
Section.3 - Appréciation
du potentiel de l'Initiative PPTE
Perçue comme une alternative au problème de
surendettement du Cameroun, l'Initiative PPTE est au centre des actions des
autorités camerounaises, nous dit H. MOUAFO NGATOM (2007)130(*). C'est le lieu de voir si
l'Initiative PPTE est une opportunité pour la mise en place de
structures de production durables, mais également l'occasion de
présenter les limites et les faiblesses de cette initiative.
§.1 - Enjeux et
opportunité de l'Initiative PPTE
L'analyse des enjeux et des opportunités de cette
initiative va nous fournir un début de réponse, car O. JOKUNG
NGUENA (2005)131(*) nous
précise qu'en mettant en perspective les nombreux enjeux sous jacents
à l'Initiative PPTE, le Cameroun peut en faire un instrument de relance
économique et un outil de développement. Ces enjeux sont
financiers, économiques et sociopolitiques.
A- Enjeux financiers
L'Initiative PPTE doit soulager le Cameroun de 2 milliards de
dollars d'endettement extérieur. Selon la Banque Mondiale, le ratio
dette sur exportations passera de 200% en 2000 à 120% à la fin de
la même année et devra se stabiliser à 100% en 2007 (O.
JOKUNG NGUENA, 2005).
Cette possibilité de réduction du niveau de la
dette est une opportunité à saisir, car elle constitue un pas
considérable vers le désendettement.
B- Enjeux économiques
Sur le plan économique et stratégique, les
grandes orientations en ce qui concerne la dette multilatérale ont
été déterminées à partir du DSRP132(*). Pour cela, les affectations
des ressources PPTE sont faites dans les secteurs prioritaires de la
manière suivante : Infrastructures : 38% ;
santé : 19% ; éducation : 23% ;
développement rural : 8% ; gouvernance : 7%.
Aussi, des projets sont proposés au CCS/PPTE pour
approbation, par les ministères et les OSC sur la base du manuel de
procédures du CCS/PPTE.
Ici encore, l'opportunité de mise en oeuvre d'actions
de développement par l'élaboration de projets structurants est
offerte au Cameroun.
C- Enjeux sociopolitiques
Sur le plan politique, le principal enjeu se situe au niveau
de l'opportunité qui est donnée à l'Etat de créer
un partenariat avec la société civile133(*), lui reconnaissant ainsi son
rôle d'interface entre les organes de l'Etat et les populations à
la base. En effet, l'axe 7 du DSRP qui concerne la gouvernance, précise
que le gouvernement doit impulser une dynamique participative par le
renforcement des capacités des partenaires sociaux pour un dialogue
fructueux134(*).
L'accentuation de ce partenariat permettra une meilleure appropriation de
l'Initiative PPTE par les populations à la base, qui ne ressentent pas
toujours les bienfaits de la croissance.
A la lumière de cette présentation, nous pouvons
rejoindre O. JOKUNG NGUENA lorsqu'il pense que l'Initiative PPTE est une
opportunité pour le développement du Cameroun, car ces trois
enjeux, bien exploités, permettent à l'Etat de sceller un contrat
de développement participatif et re-distributif et d'atteindre ses
objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté.
Toutefois, il nous faut également tenir compte d'une opinion contraire,
celle de R. NYOM (2003) qui affirme sans ambivalence que l'Initiative PPTE est
une prime à la médiocrité. Considérons de ce fait,
les limites et faiblesses de cette initiative.
§.2 - Limites et
faiblesses de l'Initiative PPTE
Elles peuvent être observées au niveau son
élaboration, de sa mise en oeuvre et de son application.
A- Au niveau de son élaboration
« L'initiative PPTE, lancée au sommet du G7
de Lyon en 1996 et renforcée à celui de Cologne en septembre
1999, est censée alléger la dette des pays pauvres et très
endettés. Mais elle est mal née : Elle ne résout
rien ». Cette affirmation de A. MILLET (2003)135(*) nous montre
déjà ses limites.
En fait, l'initiative PPTE, selon cet auteur, sert avant tout
à renforcer et à légitimer les politiques d'ajustement
structurel imposées par la Banque Mondiale et le FMI. Le message
délivré est en quelque sorte le suivant : « Si vous faites
la politique que nous préconisons, vous n'aurez plus un endettement
insoutenable. Mieux, nous vous prêterons de l'argent afin que vous
puissiez mener les politiques que nous recommandons. » C'est un nouvel
instrument de domination très habile, qui permet aux institutions de
Bretton-Woods de se dégager de toute responsabilité dans la
montée de l'endettement et de mettre de leur côté les
gouvernements du Sud.
Voilà pourquoi de nombreux citoyens, des pays en
développement, à l'instar du Professeur BEKOLO EBE, pensent que
l'initiative PPTE fait partie du problème, pas de la solution.
Même si toute réduction de dette est
théoriquement la bienvenue, c'est vraiment cher payer la mainmise totale
du FMI sur l'économie des pays impétrants. Car le DSRP, qui doit
être approuvé par le FMI, n'est que l'héritier des fameux
plans d'ajustement structurel des 20 dernières années. C'est donc
un PAS revu et corrigé par quelques projets de lutte contre la
pauvreté ciblés et souvent incompatibles avec les objectifs de
croissance fixés.
Ainsi, la longue tradition de mauvaise ingérence des
IFI et des pays du Nord résiste au temps. L'élaboration de
l'Initiative PPTE n'a pas pu échapper à cette volonté
dominatrice, qui impose des solutions initiées et
préparées hors des environnements bénéficiaires.
B- Au niveau de son fonctionnement
Le système de l'Initiative PPTE au Cameroun est
composé par l'ensemble des structures qui permettent la mise en oeuvre
de cette initiative. Il s'agit du CCS/PPTE et des structures de paiement (DGT,
DGB et CAA).
- CCS/PPTE
Pour cette analyse nous présentons en premier les
observations faites par les audits financier et technique déjà
réalisés, puis nous évoquons nos investigations
personnelles.
L'analyse des audits va se faire sur la base du dernier audit
(Cabinet 2AC, 2007), car il tient compte des améliorations
effectuées à la suite des précédents audits.
L'organisation et le fonctionnement des organes d'appui du CCS/PPTE souffrent,
selon le cabinet 2AC, de difficultés de collaboration entre la cellule
opérationnelle et le Secrétariat Permanent136(*), et ceci entraîne une
lourdeur et donc une inefficacité dans la gestion du comité.
Lorsque l'on observe le fonctionnement des structures d'appui
du CCS/PPTE, l'on ressent immédiatement des lacunes considérables
dans la collaboration entre les trois entités existantes. Sur le plan
technique, il n'existe pas de coordonnateur des travaux, raison pour laquelle
il n'existe pas non plus d'organigramme du CCS/PPTE.
- Structures et procédures de paiement
En utilisant la même démarche, on remarque que
l'essentiel des problèmes de gestion relevés au niveau de
l'exécution des projets sont liés à l'allocation des
fonds. En effet, le premier risque de non réalisation d'un projet est
l'absence de financement. On relève ainsi dans les conclusions de
l'audit137(*) les points
suivants:
- La programmation des dépenses PPTE sur la base d'un
cycle inversé138(*), ne permet pas au comité d'exercer
efficacement sa mission au plan de l'allocation équitable et optimale
des ressources PPTE;
- Les règles de pluri annualité des projets
PPTE, édictées par les prescriptions de l'instruction n°
008/CF/MINEFI du 25 juillet 2001 ne sont pas toujours respectées;
- L'absence d'un compte spécial PPTE comme prévu
dans les dispositions du décret n° 2000/960/PM du 01
décembre 2000 ;
- Des délais de paiement longs (5 mois en
moyenne) ;
- Un système d'information financière et
comptable de l'Initiative PPTE peu fiable.
C- Au niveau de son application
L'analyse des résultats du processus PPTE au Cameroun
par les IFI montre que le pays s'est nettement désendetté depuis
son entrée dans l'initiative139(*):
En effet, l'encours de la dette publique extérieure est
passé de 126,7 % du PNB en 1995 à 96,9 % en 2002. Sur la
même période, le service de la dette est passé de 20,3 %
à 13,8 %. Ce développement est, selon l'OCDE, du à
plusieurs facteurs : La forte croissance depuis la dévaluation de
1994 et l'amélioration des exportations. Mais aussi à un
désendettement considérable au delà de l'initiative PPTE,
car le Cameroun a fait de réels efforts de remboursement de sa dette
vis-à-vis des créanciers.
Cependant, à l'observation du cheminement du Cameroun
dans l'Initiative PPTE, on constate qu'il a été constamment en
retard pour arriver au point d'achèvement, notamment pour deux raisons:
Une mauvaise gestion des fonds PPTE et la faible mise en oeuvre du DSRP. En
2003 il y a eu des "tensions budgétaires (OCDE) : 72,1 millions de
dollars d'allégement n'ont pas été versés au compte
de la BEAC. Cette observation est relayée par R. NYOM (2003)140(*), car il soutient
qu' « il y a des pays pauvres par nature, et des pays appauvris
à cause de la mauvaise gestion »141(*). Le Cameroun ne
méritait donc pas de faire partie des pays éligibles à
l'Initiative PPTE car sa situation d'endettement est essentiellement due
à la mauvaise gestion.
Observons donc globalement les résultats des audits
déjà réalisés à ce propos.
De 2001 à 2007, trois audits financier et technique des
dépenses financées sur ressources PPTE ont été
réalisés et déposés auprès du CCS/PPTE. Il
s'agit :
- Rapport d'audit financier et technique de 2001 à
2003142(*)
- Rapport d'audit financier et technique de 2004143(*)
- Rapport d'audit financier et technique de 2005144(*)
Il ressort des différents constats de ces audits que
l'exécution des projets/programmes PPTE de 2001 à 2005 souffre
essentiellement des maux suivants :
- Absence de traçabilité des opérations
financières (2AC, 2007)145(*)
- Mauvaise organisation des cellules de gestion de projet
(OKALLA AHANDA et Associés, 2005146(*))
- Absence d'outils de gestion (2AC, 2007)147(*)
- Faible niveau de consommation de crédits qui peut
être de 38%, de 50% (2AC, 2007))148(*) .
- Irrégularités dans la gestion des fonds (2AC,
2007)149(*) ;
- Qualité des réalisations physiques
approximative (2AC, 2007)150(*)
Les résultats du suivi exécution de 60
projets/programmes PPTE pour la période allant de 2001 à 2007,
confirment ceux déjà élaborés. (Voir annexe 3).
La mauvaise gestion et la corruption s'expriment au Cameroun
par les mauvais résultats que les bailleurs expliquent par :
- L'incapacité à investir récurrente
(faible exécution chronique du budget d'investissement depuis 20 ans)
- Le manque de projets de bonne qualité
- Les dysfonctionnements administratifs
Si nous procédons à une annotation des
performances de l'Initiative PPTE depuis sa mise en oeuvre au Cameroun, la note
« médiocre » serait à notre avis la mieux
légitimée par les différents résultats obtenus et
constats établis. L'acception de R. NYOM selon laquelle l'Initiative
PPTE est une prime à la médiocrité trouve ici sa pleine
valeur. Mauvaise gestion et corruption sont des maux qui minent
l'économie camerounaise. En effet, dit-il, la corruption « est
si répandue qu'elle n'émeut plus personne »151(*).
Pouvons-nous dès lors affirmer que l'Initiative est une
mauvaise solution? R. NYOM soutient que l'appréciation des pays
bénéficiaires de mesures d'allégement de la dette doit
être faite sur la base des critères de gestion des pays. Selon
lui, l'allégement de la dette est une prime supplémentaire et un
encouragement à la mauvaise gestion)152(*). Les résultats de l'Initiative PPTE tendent
pour l'instant à justifier ces déclarations.
En effet, une analyse de la plate forme dette et
développement (2006)153(*) indique que l'Initiative PPTE n'a pas permis de
garantir la viabilité de la dette : Les critères
élaborés par le FMI pour définir la viabilité d'une
dette (ratio stock dette/exportations de 150% en VAN) se fondent sur les
revenus d'exportation qui sont une donnée très fluctuante qui
reflète mal la capacité d'un pays à honorer ses dettes, et
encore moins sa capacité à financer les services publics
essentiels. De ce fait, sur le plan social et humain, cette dette demeure
insupportable avec des conséquences fâcheuses. D'ailleurs, le G8
confirme en juin 2005154(*), qu'une dette jugée viable selon les
critères de l'initiative PPTE pouvait être insupportable d'un
point de vue humain.
L'Initiative PPTE présente de véritables enjeux,
car ouvre de nouvelles perspectives de développement pour le Cameroun si
lourdement endetté. Cependant, ces perspectives sont entachées
par les habitudes de mauvaise gestion acquises depuis plusieurs
décennies et qui sans véritable remède peuvent continuer
à gangrener les atouts et potentialités de ce pays.
Par ailleurs, la main mise des Institutions de Bretton Woods
sur la gestion des économies africaines, est également un
obstacle au développement. Des critères pas toujours objectifs
sont parfois mis en avant, à l'instar du « politiquement
correct » qui privilégie les pays « amis »
aux pays rigoureux.
L'Initiative PPTE peut donc être perçue comme une
opportunité de financement à condition que les limites et
faiblesses recensées soient minimisées par une révision
des pratiques de gestion allant dans le sens d'une plus grande rigueur et d'une
assurance de la qualité (J.M. GOGUE, 2001).
Une implication plus grande des pays
bénéficiaires dans les décisions et propositions des IFI
doit être pensée, pour espérer une réussite totale
de l'Initiative PPTE.
L'Initiative PPTE apporte un financement par
l'allégement de la dette, mais elle exige aussi l'élaboration
d'un document présentant un mode de gestion par objectifs. C'est
l'approche projet que nous allons présenter dans le chapitre qui
suit.
Chapitre.2 - Approche
projet adoptée par l'Initiative PPTE :
Une
logique pédagogique du développement
L'Initiative PPTE à travers le DSRP, fait la promotion
de l'approche projet et de la bonne gouvernance. Cette approche est ainsi
appliquée dans le projet de Promotion des Mutuelles de Santé
Pilotes sur fonds PPTE.
Section.1 - Une logique de
promotion de l'approche projet
Cette logique va se vérifier par la notion de
l'approche projet et la présentation du CCS/PPTE comme outil
pédagogique.
§.1 - Une
méthode et des outils de gestion
Encore appelée155(*) GCP (Gestion du Cycle de Projet), PIPO
(Planification des Interventions par Objectifs), PPPO (Planification de Projets
et Programmes par Objectifs), ZOPP (Ziel Orienterte Project Planung), et ACL
(Approche Cadre Logique), cette approche est née dans le milieu
industriel pour planifier la production, et est ensuite appliquée aux
projets d'entreprises privées puis introduite dans le milieu du
développement dans les années 1980 par la GTZ. Elle s'appuie
largement sur le courant de l'école de la planification
stratégique (MINTZBERG, 1999)156(*).
Un projet est un processus unique qui consiste en un ensemble
d'activités coordonnées et maîtrisées, comportant
des dates de début et de fin, entrepris dans le but d'atteindre un
objectif conforme à des exigences spécifiques)157(*),. On parle aussi de
« programme » qui est une série de projets, dont les
objectifs réunis contribuent à un objectif global.
A - La méthode de l'approche projet
L'approche projet c'est :
ü L'analyse du contexte d'un environnement, de la
situation d'un secteur de développement donné.
ü L'étude diagnostique qui débouche sur
l'identification des problèmes et leur analyse (arbres à
problèmes),
ü La hiérarchisation des problèmes
identifiés pour le choix du plus important,
ü Le dimensionnement du problème retenu (mesure du
manque),
ü La définition de solutions sous forme
d'objectifs à atteindre (arbres à objectifs),
ü La présentation architecturale des objectifs
fixés (stratégie de mise en oeuvre),
ü La définition des composantes des objectifs,
ü La définition des résultats
intermédiaires,
ü La détermination des actions à mener
ü La mise en oeuvre des actions prévues
Elle respecte ainsi la procédure de gestion du cycle de
projet.
Le cycle de projet est composé de six (06) phases ayant
chacune une fonction propre158(*) :
Figure 2 : Le cycle de projet
Source : La Gestion du Cycle de Projet expliquée aux
porteurs
de projets
novembre 2006 - Agence FSE Bruxelles
1. Programmation : Définit les orientations et les
principes généraux.
2. Identification : Présente et analyse les
problèmes, les besoins et intérêts des parties prenantes.
Des idées de projets sont identifiées et examinées.
3. Instruction : Examine les aspects importants de
l'idée de projet et fait une description détaillée de
cette idée. Un cadre logique est élaboré.
4. Financement : Phase de rédaction d'une
proposition financière.
5. Mise en oeuvre : Phase d'exécution au cours de
laquelle les activités sont mises en oeuvre, les outils de gestion mis
en place et un dispositif de suivi élaboré.
6. Evaluation : Consiste à porter une
appréciation systématique et objective sur un projet/programme en
cours ou en fin d'exécution.
Dans la pratique, la durée et l'importance de chaque
phase varient d'un projet à un autre.
B - Les outils de l'approche projet
L'application pratique de la méthodologie de la Gestion
du Cycle de Projet (GCP) nous permet de regrouper les six phases en trois
étapes fondamentales159(*): Avant, pendant et après le projet.
a- Avant le projet :
Pour les étapes programmation, identification,
instruction et financement, les méthodes et outils ci-dessous sont
nécessaires :
Analyse multicritère :
C'est une méthode d'aide à la décision160(*). Elle permet de guider la
démarche d'un décideur en vue du choix de la meilleure action
(stratégie).
Analyse systémique :
L'approche systémique est un modèle de représentation de
la réalité, permet de traiter les situations réelles dans
toute leur complexité161(*).
MARPP (Méthode Active de Recherche et de
Planification Participative) : Méthode qui
permet d'obtenir les données d'analyse sur une population rurale dans
l'optique d'une mise en oeuvre d'actions de développement.
Analyse SWOT/FFFOM : Outil
d'analyse institutionnelle d'une organisation, il se présente sous forme
de matrice à 4 fenêtres162(*), et permet de procéder à une analyse
externe et une analyse interne.
Analyse SEPO (Succès, Echecs, Potentialités,
Obstacles): L'outil SEPO sert à l'analyse des organisations sociales
et se présente comme une matrice à 2 axes163(*). Il permet une analyse
rétrospective et prospective de la structure diagnostiquée.
Axe horizontal : Passé - futur ; Axe
vertical : Positif - négatif
Matrice APP (Analyse des Parties Prenantes) :
Permet d'identifier toutes les parties prenantes au projet et de ressortir
leurs attentes.
Arbre à problème: Sert à analyser,
au cours de la phase diagnostic, une situation problématique existante.
Les problèmes identifiés sont ensuite
hiérarchisés ;
Arbre à objectif: Sert à traduire la
situation négative en situation positive. Ce sont les solutions
envisagées pour répondre aux problèmes
identifiés.
Cadre logique : Développé en 1969
par USAID comme outil de gestion pour améliorer la planification et
l'évaluation des projets164(*). Il permet de comprendre et gérer une
intervention de manière simple, systématique et
compréhensible.
Business plan ou plan
d'affaire : Résume la stratégie qu'un manager compte
mettre en oeuvre dans un projet.
GANTT : Outil de planification
permettant de modéliser la planification de tâches
nécessaires à la réalisation d'un projet. Inventé
en 1917 par Henry L. GANTT, il permet de représenter graphiquement
l'avancement du projet.
PERT : Permet de gérer l'ordonnancement
dans un projet. Il représente sous forme de graphe, un réseau de
tâches.
Plan budgétaire :
Prévoit les moyens et de l'utilisation de ces moyens.
Etude de faisabilité :
Consiste à simuler le fonctionnement de l'activité
considérée par le projet économique ou social, de
manière à se rendre compte de l'ensemble des facteurs qui
interviennent et déterminent la viabilité ou non du
projet165(*). Il s'agit
en fait, d'étudier chacune des composantes (technique, commerciale,
économique, juridique) du projet. Elle regroupe l'ensemble des outils
mentionnés ci-dessus.
b- Pendant le projet :
C'est l'étape exécution qui nécessite la
préparation rigoureuse des outils de gestion et leur application en
fonction des actions prévues.
Les outils utilisés sont donc des outils GCP construits
sur la base des résultats de l'étape précédente
(avant le projet). Il s'agit de l'étude de faisabilité et du plan
budgétaire (Avant Projet d'Exécution). Un système de suivi
doit être mis en place, ce suivi est continu.
c- Après le projet
Une évaluation analyse la performance du projet ou
programme, et se fonde sur les données résultant de
l'activité de suivi. Elle est périodique et peut se faire:
- Avant la mise en oeuvre du projet : Evaluation ex ante
- Au cours de la mise en oeuvre du projet : Evaluation
à mi-parcours
- A la fin d'un projet : Evaluation finale
- Après l'achèvement du projet : Evaluation
ex post
La présentation de la notion d'approche projet, de sa
méthode et de ses outils montre l'intérêt d'une bonne
maîtrise de l'ensemble de ces éléments. Celle-ci
nécessite cependant certaines aptitudes du gestionnaire de projet.
Attardons nous sur le cadre logique, outil indispensable de
l'approche projet.
C - Le cadre logique, outil majeur de la
GCP
Il regroupe, les informations essentielles du processus de
l'intervention du projet. Il nécessite au préalable une
étude approfondie des environnements du projet. Observons ses
composantes, les phases de son élaboration et son utilité.
Le cadre logique de la promotion des mutuelles de santé
se trouve en annexe 2
a- Composantes du cadre logique
Le cadre logique est une matrice composée de quatre
colonnes interdépendantes166(*).
Figure 5 : Matrice du cadre logique
Description du projet
|
Indicateurs Objectivement Vérifiables
(IOV)
|
Sources de vérification
|
Suppositions/
Hypothèses
|
Objectif Global
|
|
|
|
Objectifs spécifiques
|
|
|
|
Résultats
|
|
|
|
Activités
|
Moyens
|
Coûts
|
|
|
|
|
Conditions préalables
|
b- Phases d'élaboration du cadre
logique
On distingue deux étapes167(*) :
- Etape d'analyse :
Elle comporte quatre types d'analyses : Analyse des
parties prenantes, Analyse des problèmes, Analyse des solutions et
Analyse des stratégies
- Etape de planification168(*) :
Pendant laquelle est élaboré le cadre logique.
Il est réalisé sur la base des analyses faites. Les objectifs
sont hiérarchisés et placés dans la première
colonne du cadre. Au fur et à mesure, les autres colonnes sont remplies
avec un souci de logique et de clarté.
c- Utilité du cadre logique
Après son élaboration, le cadre logique doit
servir comme outil de gestion du projet. Il faut donc savoir le lire,
connaître son utilité dans la GCP et ses limites.
Lecture du cadre logique
Se fait selon deux logiques169(*) : La logique verticale et la logique
horizontale
La logique verticale, matérialisée dans
notre matrice par une flèche en pointillés, identifie ce que le
projet vise à réaliser, clarifie les liens de causalité et
spécifie les hypothèses qui échappent au contrôle du
gestionnaire du projet.
La logique horizontale concerne la mesure des effets
du projet, et des ressources qu'il a mobilisées, en identifiant les
indicateurs clés, et les sources qui permettent de les
vérifier.
Le cadre logique sert de guide tout au long du cycle de
projet
Cela se vérifie durant les quatre principales phases du
cycle du projet170(*),
que sont l'identification, l'instruction, l'exécution et
l'évaluation.
Phase d'identification : Idée de
projet détaillée pour évaluer sa pertinence et sa
faisabilité
Phase de formulation : Elaboration du
projet sur la base des informations recueillies lors de l'identification
Phase d'exécution :
Réalisation effective des activités et suivi des
résultats
Phase d'évaluation : Analyse du
niveau des résultats atteints
Limites du cadre logique
Le cadre logique est souvent perçu comme un outil
rigide, peut évolutif et présente pour cela, certaines limites.
En général, son élaboration est faite par des techniciens
ou experts en la matière.
Le cadre logique qui synthétise le résultat d'un
processus d'élaboration d'un plan d'action, ne peut remplacer les autres
outils de la GCP. Il doit être mis à jour en fonction d'un
changement survenant au niveau des éléments de l'environnement du
projet.
Il doit, pour ainsi dire servir de point de repère pour
vérifier la cohérence entre les souhaits ou prévisions et
les réalisations effectuées, permettant ainsi une remise en
question permanente, seule source d'amélioration.
L'approche projet se décline ainsi comme un cycle de
six étapes, au cours duquel sont utilisés des outils qui
permettent de programmer une action, d'identifier les problèmes afin d'y
trouver des solutions, de monter le projet à partir d'une étude
de faisabilité, de la financer, de l'exécuter et de le suivre,
puis de l'évaluer. Ceci revient à penser que l'appropriation de
l'approche projet se fait à partir d'un modèle, plus ou moins
standard adaptable aux situations spécifiques. Cet ensemble de
règles et manières de faire ne peut s'acquérir
qu'après un apprentissage minutieux. Etudions donc l'outil
d'apprentissage de cette approche au Cameroun.
§.2 - Le CCS/PPTE
comme outil pédagogique
Rappelons que le CCS/PPTE a pour mission essentielle171(*) de veiller à la bonne
utilisation et à l'allocation équitable et optimale des
ressources PPTE en faveur de la lutte contre la pauvreté et de la bonne
gouvernance. Pour cela, il se fonde sur le DSRP, le CDMT et présente
dans son manuel de procédures, les démarches à suivre pour
qu'un projet soit éligible aux financements PPTE.
A - DSRP comme instrument d'orientation
Le DSRP est doté de caractéristiques, il
définit la vision et les objectifs de développement du Cameroun
et présente les principaux axes stratégiques.
a- Caractéristiques du DSRP
Le DSRP172(*) est un document évolutif qui sera
continuellement affiné au fur et à mesure que des nouvelles
stratégies sectorielles seront élaborées. Le DSRP est
donc173(*) :
- Un cadre intégré de développement pour
le Cameroun qui vise la réalisation des Objectifs de
Développement du Millénaire (ODM) ;
- Un cadre de consultation et de concertation avec la
société civile et les partenaires au développement qui est
le fruit d'un processus participatif et consultatif intense ;
- Un cadre de coordination de l'action gouvernementale et des
appuis extérieurs, qui permet de mieux établir les
priorités et d'allouer les ressources en conséquence ;
- Un cadre de cohérence financière et de
budgétisation à moyen terme pour mettre en cohérence les
ressources et les besoins de financement des stratégies
sectorielles ;
- Un cadre de définition et d'organisation des travaux
analytique pour éclairer la gestion du développement, y compris
les travaux statistiques et techniques.
b- Vision et objectifs de
développement174(*)
- Vision de développement du Cameroun
Amélioration durable et effective à l'horizon
2015 des conditions de vie des populations en s'attaquant aux principales
causes de la pauvreté.
- Objectifs de développement
1. Eliminer l'extrême pauvreté et la
faim ;
2. Assurer une éducation primaire pour tous ;
3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie
des femmes ;
4. Réduire de 2/3 la mortalité à la
naissance et celle des moins de « ans ;
5. Améliorer la santé maternelle ;
6. Combattre et stopper la propagation du VIH/SIDA ;
7. Assurer un environnement durable ((eau potable, habitat,
ressources environnementales) ;
8. Mettre en place un partenariat pour le développement
des TIC et application des politiques et stratégies qui permettent aux
jeunes de trouver du travail.
Une vision se concrétise par des orientations
politiques claires et précises. Ce sont des axes d'intervention de la
stratégie pays.
c- Principaux axes stratégiques175(*)
Axe 1 : Promotion d'un cadre macro économique
stables ;
Axe 2 : Renforcement de la croissance par la
diversification de l'économie ;
Axe 3 : Dynamisation du secteur privé comme moteur
de la croissance et
partenaire dans l'offre de services
sociaux ;
Axe 4 : Développement des infrastructures de base,
des ressources naturelles
et la protection de l'environnement ;
Axe 5 : Accélération de
l'intégration régionale dans le cadre de la CEMAC ;
Axe 6 : Renforcement des ressources humaines, du secteur
social et l'insertion
des groupes défavorisés dans le
circuit économique ;
Axe 7 : Amélioration du cadre institutionnel, dans
la gestion administrative et
de la gouvernance.
d- Cadrage sectoriel
Définit la politique de développement par
secteur, en cohérence avec le cadrage macroéconomique du DSRP
national. La méthodologie176(*) a consisté à présenter,
après une consultation participative les axes prioritaires d'action
à travers une stratégie sectorielle, ainsi que les
dépenses prévisionnelles nécessaires à la mise en
oeuvre de cette stratégie. Ces dépenses se regroupent au sein
d'un instrument appelé Cadre de Dépenses à Moyen
Termes.
B - Cadre de Dépenses à Moyen Termes
(CDMT)
Le CDMT est un instrument de programmation pluriannuelle des
dépenses publiques177(*). Il permet :
- De mettre en adéquation les ressources
financières de l'Etat et les objectifs fixés ;
- D'orienter la gestion publique vers la recherche de
l'efficacité et des résultats à travers des indicateurs
bien définis.
On distingue deux types de CDMT178(*):
- CDMT central élaboré conjointement par le
ministère en charge de la planification et le ministère en charge
des finances. Il identifie les ressources à moyen terme de l'Etat. Ces
ressources concourent à financer le Tableau des Opérations
Financières (TOFE).
- CDMT ministériel réalisé par chaque
département ministériel.
Le CDMT constitue aussi un instrument de politique
budgétaire ciblée. En effet, il présente une vue
synoptique des plans de déblocages des fonds.
Cependant, il s'appuie généralement sur les
conférences budgétaires pour inscrire des idées de projets
et fait ainsi « fi » des exigences de préparation
concertée de l'approche projet. Ces exigences sont exprimées dans
le manuel de procédures du CCS/PPTE dont la première version du
09 mai 2003, a été corrigée et remplacée par celle
du 09 juin 2006.
C - Manuel de procédures du
CCS/PPTE
Ce manuel, présenté en trois (03) chapitres, est
un outil de vulgarisation de l'approche projet : Sa présentation va
nous permettre de mieux interpréter l'applicabilité de
l'Initiative PPTE au Cameroun. Nous pourrons ensuite faire une analyse critique
de son contenu et faire des suggestions.
a- Présentation du manuel
Nous utilisons la deuxième version de ce manuel, dont
l'objectif principal selon ses éditeurs est de faciliter
l'imprégnation179(*) de l'approche projet et de rendre accessible
à tous, les financements PPTE. Il se compose de trois
chapitres :
- Le chapitre I présente les procédures
d'élaboration des projets à soumettre au CCS/PPTE
- Le chapitre II détaille les procédures de
dépenses et de décaissement des fonds PPTE
- Le chapitre III évoque les procédures de suivi
de l'exécution des projets financés sur les fonds PPTE
Chapitre I : Procédures
d'élaboration des projets
Le manuel de procédures CCS/PPTE décrit les
critères d'éligibilité des projets180(*), précise la technique
d'élaboration d'un projet181(*) et le mode de soumission de ce projet182(*). Les projets à
soumettre au CCS/PPTE concernent les six (06) secteurs
(3) de développement qui disposent chacun d'axes
prioritaires.
Tableau 6: Secteurs de développement et leurs axes
N°
|
Secteurs
|
Axes prioritaires
|
1
|
Développement social
|
Protection sociale et solidarité nationale
|
Emploi
|
Promotion de l'équité et de
l'égalité entre les sexes
|
Satisfaction des besoins essentiels
|
Education sociale
|
2
|
Education
|
Elargissement de l'accès à l'éducation
|
Accroissement de la qualité de l'offre de
l'éducation
|
Développement d'un partenariat efficace
|
Amélioration de la gestion et de la gouvernance du
système éducatif
|
3
|
Infrastructures
|
Entretien du réseau routier prioritaire
|
Aménagement et création des pistes rurales
|
Accès à l'eau potable par la création des
adductions d'eau,
notamment les forages et les puits aménagés dans
les zones
défavorisées notamment en milieu rural
|
Amélioration de l'offre d'énergie
électrique et son accès aux populations les plus
défavorisées en milieux rural et urbain
|
Amélioration de l'offre d'eau potable et son
accès aux populations les plus défavorisées en milieux
rural et urbain
|
4
|
Santé
|
Réduction de la morbi-mortalité infantile
|
Réduction de la mortalité maternelle
|
Réduction du nombre de personnes souffrant de
malnutrition
|
Lutte contre les endémies majeures (Sida, paludisme,
tuberculose)
|
Renforcement et structuration de l'offre de soins
|
Prise en charge des urgences médicales
|
Renforcement et structuration de la demande de soins
|
Accès aux services de santé reproductive
|
Appui pour une gestion efficace et efficiente des
ressources
sanitaires
|
5
|
Développement rural
|
Développement des filières agricoles, pastorales
et halieutiques
|
Promotion des services agricoles, pastoraux et halieutiques
|
Promotion du crédit agricole
|
Renforcement des organisations de producteurs et de
structuration du monde rural
|
Accès aux intrants agricoles par les producteurs
|
Mécanisation agricole
|
Aménagement hydro agricole
|
Promotion de la gestion des ressources naturelles
|
Promotion des services vétérinaires
|
6
|
Gouvernance
|
Libre accès de l'information au public
|
Célérité dans la prise de
décision
|
Education civique du citoyen pour la promotion de
l'égalité de tous devant la loi et de la lutte contre
l'impunité
|
Accès à la justice
|
Amélioration de la gestion des affaires publiques
|
Promotion de la participation de la société
civile dans le processus de prise des décisions
|
Protection des hommes et des biens
|
Lutte contre la corruption
|
Amélioration de la transparence
|
Source : Manuel de procédures CCS/PPTE, 2006, p.
7,8 et 9
Pour présenter un projet au CCS/PPTE, il faut faire
une étude de faisabilité qui doit apporter les
informations précises sur le projet.
Définition :
L'étude de faisabilité économique et
financière d'un projet est une sorte d'analyse qui permet de voir ou
déterminer l'ensemble des valeurs ajoutées que le projet peut
créer pour les populations cibles. Elle nous renseigne sur :
- Le niveau de contribution du projet à
l'amélioration du bien-être collectif.
- Les bénéfices financiers que peut
générer le projet
- Le besoin en financement du projet.
Contenu de l'étude de faisabilité
Elle est composée des douze (12) points
suivants :
1 - Titre du projet
2 - Contexte et justification du projet
3 - Populations cibles ou bénéficiaires du
projet
4 - Les objectifs (global et spécifique) du projet
5 - Description détaillée du projet qui
comporte
- La localisation
- L'étude technique, financière,
économique ou sociale du projet
- La stratégie de mise en oeuvre
- Les activités à conduire
- La durée et chronogramme d'exécution
- Les résultats attendus
- Les indicateurs de suivi
6 - Coût et plan de financement qui comprend
- Le plan des dépenses
- Le plan de financement
7 - Organisation et gestion du projet
8 - Impact du projet
9 - Pérennisation du projet
10 - Suivi évaluation
11 - Risques et contraintes
12 - Annexes
Comment donc soumettre un dossier ? La
présentation synthétique du processus d'acheminement d'un dossier
projet montre les différentes étapes.
Tableau 7: Processus d'acheminement d'un dossier projet
au CCS/PPTE
N°
|
Etapes du projet
|
Rôle du promoteur du projet
|
Rôle de l'Expert du CCS/PPTE
|
Délai
|
1
|
Identification et
présélection des projets
|
En se basant sur le DSRP et les politiques sectorielles,
présélection des projets devant faire l'objet d'études de
faisabilité.
Production d'un IMP183(*)
|
Assiste le promoteur dans sa démarche
|
|
2
|
Elaboration du
dossier projet
|
Responsabilité du
promoteur qui peut
bénéficier de l'appui de l'expert sectoriel
(article 8 du Décret 2000/960/PM du 01/12/2000
|
Collabore avec le promoteur selon sa disponibilité
Fournit au promoteur les éclaircissements
nécessaires, afin que le projet remplisse les conditions et
critères d'éligibilité requis
|
Aucun
|
3
|
Acheminement du
dossier projet
|
Dépôt de trois (03)
exemplaires au Secrétariat Permanent.
|
Le Secrétariat Permanent reçoit le dossier, est
tenu de délivrer formellement un accusé de réception
|
5 jours
|
4
|
Analyse des
projets
|
Collabore avec l'Expert sectoriel, pour les
améliorations à apporter à la demande de
financement
|
Assure en collaboration avec le promoteur, la mise en forme du
dossier
Procède à l'analyse technique du dossier, en le
soumettant à la grille d'éligibilité.
Peut déjà par lettre motivée, signifier
le rejet du dossier
|
30 jours
|
5
|
Présentation du dossier au
Comité consultatif et
de Suivi
|
Attente du résultat
|
Dossiers traités par l'Expert et le groupe
thématiques soumis au CCS/PPTE, avec un compte rendu, visé par
l'Expert et la liste des participants au groupe thématique
Participe à la réunion du CCS pour apporter des
précisions et noter les recommandations
Le président du comité informe par écrit
le promoteur des conclusions du Comité
|
21 jours
|
6
|
Programmation des projets et
programmes
|
Le maître d'ouvrage doit dresser ses priorités
dans le portefeuille des projets éligibles de son ministère
Doit tenir compte de la
synergie et de la cohérence avec les projets et
programmes en cours
d'exécution
Se conformer, autant que possible au plan de finan-cement
retenu dans l'étude du projet, afin d'éviter l'allongement des
délais
Doit observer le principe de pluri annualité dans
l'exécution des projets, avec obligation de report de
crédit
|
Veille à ce que ces priorités soient
fondées sur les critères objectifs
Veille au respect des équilibres
préconisés dans le plan de financement du projet
|
18O jours
|
7
|
Préparation à
la mise en
oeuvre du
projet
|
Promoteur participe à la réunion de restitution
et se conforme aux recommanda-
tions du comité
Doit rédiger l'APE qui doit être validé
par le groupe thématique et visé par l'Expert sectoriel
|
Assure la mise en oeuvre des recomman-dations du
Comité
Assiste le promoteur à la rédaction de l'APE
qu'il approuve après une visite éventuelle du site
d'exécution
APE est un élément d'engagement
budgétaire pour le paiement des factures
|
Aucun
|
8
|
Mise en oeuvre du projet
|
Doit être conforme à l'APE
Rédige et lance des Appels d'Offres
Dépouille les offres et
attribue les marchés
conformément à la
réglementation
Une copie du contrat de marché remise à
l'Expert
Prépare et organise les réunions
d'évaluation
Rédige les rapports
périodiques
|
Participe aux réunions d'évaluation
Effectue des descentes de terrain
Accuse réception des rapports périodiques et
les analyses
Rédige des recommandations
Elabore les rapports périodiques et les transmet
Secrétariat Permanent
|
Aucun
|
9
|
Achèvement du projet
|
Rédige le rapport
d'achèvement et l'adresse à la cellule
opérationnelle
Prépare et organise la
cérémonie de fin de projet
|
Fait une descente de terrain pour vérifier que la
pérennisation du projet est effective
|
Aucun
|
10
|
Evaluation et audit
|
Collabore à la bonne
exécution de l'audit
Anime les autoévaluations
|
Les experts sectoriels participent à
l'élabo-ration des TDR de l'audit
Préparent et compilent la documentation
nécessaire
Assistent l'auditeur dans ses opérations
Animent l'autoévaluation auprès des
bénéficiaires
Effectuent des descentes de terrain pour
recouper les données et vérifier les
réalisations effectives
|
Aucun
|
Source : Manuel de procédures du CCS/PPTE, 2006,
p. 15 à 18
Chapitre II : Procédures de
dépenses et de décaissement des fonds
PPTE
Les dépenses et les décaissements des fonds PPTE
se font par un triple dispositif184(*) : Le dispositif budgétaire, le
dispositif comptable et le dispositif de suivi financier.
- Dispositif budgétaire : Il prévoit que
l'inscription du programme PPTE dans les lois de finances se fait selon le
principe de pluri annualité, par la désignation du Payeur
Général du Trésor comme comptable Principal, par une
présentation budgétaire aménagée, et par une
présentation des opérations PPTE/HIPC (recettes et
dépenses) synthétique annexée au Budget
Général.
- Dispositif comptable : En règle
générale, ce sont les comptables du trésor qui sont
chargés des procédures de décaissement. Cependant, des
règles particulières existent pour les procédures PPTE.
- Dispositif de suivi financier : Un contrôle de
l'utilisation des fonds octroyés est effectué par les structures
publiques compétentes et le CCS/PPTE.
Chapitre III : Procédures de
suivi de l'exécution des projets financés
sur les fonds PPTE
Pour qu'un suivi puisse être effectif, il faut au
préalable une mise en oeuvre du projet, un suivi continu et une
évaluation.
Mise en oeuvre du projet : Selon le manuel de
procédures du CCS/PPTE (p.26), le projet est mis en oeuvre après
son éligibilité au financement PPTE et après son
inscription au budget de l'Etat en fonction des ressources budgétaires
PPTE disponibles.
Le maître d'oeuvre et la cellule opérationnelle
ne peuvent élaborer l'APE qu'après cette inscription au budget de
l'Etat185(*). Le suivi
peut dès lors commencer.
Suivi du projet : Il se fait par trois types
d'acteurs : Les structures d'appui du CCS/PPTE, les communautés
bénéficiaires et les services publics.
- Les structures d'appui du CCS/PPTE procèdent au
suivi en deux étapes186(*) :
La première étape concerne les opérations
liées au démarrage de l'exécution du projet :
- Appui à l'inscription du montant
déclaré éligible au budget de l'Etat
- Appui à l'élaboration de l'APE
- Appui au lancement effectif de l'exécution du
projet
La seconde étape concerne les activités
nécessaires à l'exécution du projet
- Appui à la rédaction du mémoire des
dépenses de fonds
- Appui au déblocage des fonds PPTE au MINFIB
- Exploitation des informations provenant des
différentes parties prenantes au projet
- Descentes de terrain pour vérifier
l'effectivité des réalisations et les écarts
constatés.
- Les communautés bénéficiaires doivent
être informées et impliquées dans la mise en oeuvre et dans
le suivi187(*). Un
comité de suivi évaluation doit être constitué, et
doit transmettre périodiquement les rapports de suivi à la
cellule opérationnelle.
- Les services publics : Ce sont les services
traditionnels, de suivi et de contrôle qui contrôlent
l'exécution des projets/programmes PPTE188(*) des administrations et des
OSC ayant bénéficié d'un financement PPTE
(Ministère du Contrôle Supérieur de l'Etat MINCONSUPE).
L'activité de suivi de projet permet de mesurer le
degré d'application des méthodes et outils de l'approche projet.
C'est à ce niveau que s'observent les défaillances et mauvaises
pratiques entraînant parfois une remise en cause du projet.
Evaluation et audit: Le Comité examine
trimestriellement, a posteriori et sur pièces, les dépenses
engagées, liquidées et payées sur le compte spécial
PPTE ouvert dans les livres de la BEAC189(*). Par ailleurs, un audit annuel indépendant
sur la gestion des ressources PPTE peut être recommandé190(*).
La présentation du manuel de procédures du
CCS/PPTE nous a permis de nous familiariser avec le canevas d'application de
l'approche projet.
Il ressort néanmoins, malgré les
améliorations constatées que le programme PPTE ne fonctionne pas
efficacement191(*).
L'analyse des limites du manuel de procédures est donc
nécessaire.
b- Limites du manuel de procédures
PPTE
Nous orientons notre analyse sur le chapitre III du manuel,
car il concerne la phase d'exécution du projet, objet même de
notre étude. De plus, l'étape exécution nécessite
l'utilisation des outils de la phase éligibilité
(élaboration de projet) et ceux de la phase de décaissements de
fonds (financement du projet).
- Pour l'appui du CCS/PPTE, le manuel de procédures ne
mentionne pas l'appui à l'organisation des agences de gestion de projets
et l'appui du CCS/PPTE n'est pas détaillé.
- Pour le suivi par les communautés, il n'est pas
fourni d'explication quant à son fonctionnement et à la mise en
place du comité de suivi
- Le suivi par les services publics compétents dans le
contrôle ne dévoile nullement leur identité et le mode de
relation avec le CCS/PPTE
- Par ailleurs, nous notons que la présentation du
manuel ne correspond pas aux normes standard d'élaboration de ce type de
document de travail.
c- Quelques suggestions pour une présentation
plus complète du
suivi de l'exécution des
projets/programmes PPTE
Nous suggérons que :
- L'appui à l'organisation des agences de projet soit
mentionné et détaillé
- Le CCS/PPTE élabore un mode de fonctionnement du
suivi par les communautés.
- Les services traditionnels de suivi et de contrôle des
projets des administrations publiques soient mentionnés et leur niveau
d'implication bien définie.
- La structure du manuel de procédures soit
améliorée dans le sens d'une présentation conforme aux
normes standard, par exemple une reliure facilitant les modifications, une mise
en page facilitant l'exploitation du document, la diffusion du manuel sur le
réseau Internet.
La promotion de l'approche projet par l'Initiative PPTE est
diffusée par le CCS/PPTE au Cameroun. C'est une volonté
d'inculquer aux acteurs de développement les habitudes de bonne gestion.
L'appropriation de cette approche se résume à l'application
rigoureuse des différentes étapes du Cycle de Gestion de Projet
(GCP). Cette approche a pour objectif de contribuer à changer une
situation insatisfaisante en une situation satisfaisante (BAT du Grand
Duché de Luxembourg (2001), en d'autres termes de passer d'une
économie de crise à économie de croissance à deux
chiffres.
Ainsi, les acteurs doivent intégrer ces
éléments par un changement d'habitudes, afin de permettre le
changement de situation de développement. La logique de la bonne
gouvernance est là pour accompagner cette mutation.
Section.2 - Une logique de
promotion de la bonne gouvernance
Lorsque le Cameroun reçoit en 1998 la palme d'or de la
corruption à l'issue du classement mondial effectué par l'ONG
Transparency International, une onde de choc parcourt l'ensemble du territoire
national. Le mot « corruption » cesse d'être tabou,
et les autorités prennent conscience qu'il y a une action corrective
à mener.
Dès lors, les notions de gouvernance et de transparence
commencent à s'imposer dans les débats publics. Il n'est donc pas
surprenant que l'Initiative PPTE ajoute, à son aide au
développement la notion de bonne gouvernance. Cette gouvernance
revêt une forme économique et une forme sociale.
§.1 - La bonne
gouvernance économique
La gouvernance est selon I. GUISNEL (2002)192(*), le processus par lequel une
société se pilote et se dirige. Elle est pour ainsi dire, la
manière dont s'exerce l'autorité politique, économique et
sociale dans la gestion des affaires. Analysons la à travers la gestion
dynamique de la dette, la gestion du risque pays et le Programme National de
Gouvernance (PNG).
A - La gestion dynamique de la dette
Dans le cadre du désendettement du Cameroun, le point
focal de la gouvernance économique doit être la gestion de la
dette, c'est-à-dire la gestion du budget de l'Etat.
Juridiquement, le budget de l'Etat est une loi votée
par le parlement, prévoyant pour une année civile les
dépenses de l'Etat et les moyens de les financer193(*). C' « est
essentiellement un acte politique » comme l'écrivait Gaston
JEZE (1922)194(*).
Examinons donc ses composantes, ses caractéristiques et ses principes
budgétaires.
a- Composantes du budget de l'Etat au
Cameroun
L'article 1er de l'ordonnance N° 62-DF-4 du 7
février 1962 sur le régime financier au Cameroun établit
que « le budget de l'Etat prévoit et autorise en la forme
législative les charges et les ressources de l'Etat. Il est
arrêté par le parlement dans la loi des finances qui traduit les
objectifs économiques et financiers du gouvernement ». Nous
voyons que le budget du Cameroun s'articule au tour de deux composantes :
Les dépenses et les recettes.
- Pour les recettes, il s'agit essentiellement (à plus
de 90%) de ressources fiscales et de droits douaniers.
- Les dépenses quant à elles se subdivisent en
deux195(*) : d'un
côté les dépenses administratives et les dépenses de
transfert et de l'autre les dépenses de fonctionnement et les
dépenses d'investissement.
L'exemple du budget de l'année 2004, fournit par
BAD/OCDE196(*), montre
que « la structure des dépenses budgétaires serait
composée pour plus de la moitié de dépenses de
fonctionnement, de transfert et de personnel. Moins d'un tiers de ce budget
irait au remboursement de la dette, et seulement 15% environ irait à
l'investissement ». Ces différents éléments
influencent le niveau de la dette, car celle-ci est une résultante du
déficit public de l'Etat.
Une saine gestion de la dette consisterait donc au
préalable à connaître les caractéristiques et
à respecter les principes budgétaires.
b- Caractéristiques et principes
budgétaires
Les principales caractéristiques du budget de l'Etat
sont l'autorisation, la prévision, la périodicité et la
loi.
- Le budget est un acte qui donne autorisation d'engager les
dépenses et de percevoir les recettes, cette autorisation se faisant par
délégation de pouvoir, ce qui suppose l'existence de sanctions en
cas de non respect des procédures. Le vote de la loi des finances est en
soi un quitus donné par le parlement pour l'exécution du budget
d'une année.
- L'Etat, dans le souci de faire face à ses
engagements, élabore des recettes et des dépenses à
engager pour une durée déterminée. Au Cameroun, c'est le
Cadre des Dépenses à Moyen Terme (CDMT) et le Tableau des
Opérations Financières (TOFE) qui servent d'outils pour cette
prévision.
- La périodicité du budget est annuelle.
Jusqu'en 2002, l'année budgétaire chevauchait sur deux
années, mais depuis 2003, elle s'articule sur une année
entière.
Le socle du budget est la loi des finances qui n'est pas une
loi comme les autres. Tandis que la loi est un ensemble de règles
provenant de l'autorité souveraine qui entraîne pour tous les
individus l'obligation de s'y soumettre sous peine de sanctions197(*), la loi des finances est une
loi votée par le Parlement qui prévoit les recettes et les
dépenses de l'État pour une année198(*) .
En plus de ces quatre caractéristiques, le budget de
l'Etat obéit en général à quatre grands
principes : L'unité, l'universalité, l'annualité et
la spécialité.
L'ordonnance de 1962 citée plus haut, « a non
seulement vieilli, mais aussi est de moins en moins un instrument de management
moderne de l'Etat »199(*), c'est pourquoi dès 2001, le gouvernement a
mis en place un avant projet de refonte du cadre juridique des finances
publiques camerounaises. Cet « avant projet présente plusieurs
rénovations »200(*), parmi lesquelles : Une nouvelle approche des
principes budgétaires (Deux nouveaux principes transparence et
sincérité), une nouvelle philosophie de gestion (de la logique de
moyens à la logique des résultats), l'émergence d'acteurs
nouveaux (Assemblée Nationale, Chambre des Comptes).
La gestion de la dette du Cameroun passe par une meilleure
maîtrise du budget de l'Etat. Or, cette maîtrise appelle une
indispensable réforme du droit budgétaire qui est, selon le
Professeur HERTZOG201(*), un facteur de modernisation de l'Etat. Mais, ce
contrôle à lui seul n'est pas suffisant. Il faut lui adjoindre un
contrôle au niveau du risque pays.
B - La gestion du risque pays
Depuis les années 1980, de nombreux pays africains ont
pris des mesures pour faciliter l'accès aux Investissements Directs
Etrangers (IDE). Mais dans certains pays, le niveau des IDE reste faible
à cause du risque pays.
Le risque pays est en fait une combinaison d'une multitude de
risques influencés par 3 types de facteurs202(*) : Facteurs économico
financiers, facteurs politiques, et facteurs socioculturels.
Pour la gestion du risque pays liés aux IDE, trois
chercheurs (J. Komlan Akoli, E. Chrysostome et Hamadoun Sidibé,
2005)203(*), proposent
la mise en place de :
- Coentreprises internationales,
- Assurance et garanties permettant de transférer les
risques potentiels à d'autres organisations.
- Politique d'éthique, par le développement "
d'entreprise citoyenne " mettant en avant le concept de " business ethics
"
- Couverture de change, permettant de transférer le
risque de change à un tiers et d'être indemnisé dans le cas
d'une émergence de ce risque.
La gestion du risque pays permet ainsi de fournir aux
investisseurs potentiels, une assurance que le pays est un cadre propice aux
initiatives productrices de richesse. La bonne gouvernance économique
est donc la bonne gestion des affaires. La mise en place du PNG vient appuyer
cette gestion de risque.
C - L'élaboration du Programme National de
Gouvernance (PNG) et de lutte
contre la corruption
Le rôle de l'Etat est de créer un environnement
physique et institutionnel favorable au développement des entreprises et
à l'épanouissement des citoyens. Ce rôle est
renforcé par l'élaboration dès 1996, d'un Programme
National de Gouvernance (PNG) et de lutte contre la corruption. Examinons donc
les objectifs de ce programme, puis recensons les résultats jusque
là obtenus.
a- Objectifs du Programme National de
Gouvernance
Ces objectifs sont présentés dans le DSRP du
Cameroun204(*). Le plan
d'action prioritaire quant à lui, s'articule autour de set (07) grands
axes
1. Poursuite de l'assainissement du circuit de la
défense publique ;
2. Renforcement de la gestion des secteurs sociaux
(éducation et santé ;
3. Réforme en profondeur du système de passation
des marchés publics ;
4. Renforcement de l'Etat de droit et de la
sécurité judicaire et juridique des investissements ;
5. Amélioration de l'information du citoyen sur la
gestion des affaires publiques ;
6. L'intensification de la lutte contre la
corruption ;
7. Identification et mise en oeuvre des programmes pilotes au
niveau communautaire, sous la gestion des CTD.
Les objectifs et le plan d'actions ainsi fixés, ont
déjà permis au PNG d'inscrire à son actif plusieurs
réalisations.
b- Résultats obtenus
1. La réforme administrative, par le rapprochement de
l'administration des usagers (réforme de la fonction publique ;
2. La réforme judiciaire pour consolider l'état
de droit. Application du droit OHADA, création et organisation du
Conseil constitutionnel et de la Chambre des Comptes au sein de la Cour
Suprême en 2003.
3. La lutte contre la corruption, mise en place d'un
comité ad hoc et d'un observatoire de lutte contre la corruption, puis
création de la CONAC.
4. La décentralisation qui implique les populations
à la gestion des affaires locales est effective depuis la promulgation
des lois sur la décentralisation205(*).
L'instauration d'une politique de gestion des affaires
économiques permet à l'Etat d'offrir aux Camerounais et à
tout investisseur étranger, des orientations claires sur le moyen et le
long terme pour leurs actions de développement. Cependant, pour
être en phase avec l'approche participative préconisée dans
le DSRP, il lui faut également une politique de gestion sociale.
§.2 - La bonne
gouvernance sociale
D'après O. JOKUNG NGUENA (2005)206(*), « la bonne
gouvernance sociale ou humaine se caractérise par trois
dimensions : Maîtrise, équité et
responsabilité ». L'Initiative PPTE, par l'approche
participative, met la population au centre du débat. Il s'agit
désormais de mener des politiques économiques pour la population
et avec la population. Ceci va donc se faire au Cameroun par un dialogue avec
la société civile, par une implication des populations et par une
nécessaire redéfinition des pouvoirs et compétences dans
l'administration camerounaise.
A - Un dialogue avec la société civile,
la voix des sans voix
Le retour de la société civile dans la
sphère politico-économique au Cameroun s'est fait suite à
l'incapacité des élites politiques à répondre aux
attentes des populations. Elle est chargée d'exprimer la volonté
de la population, et va être le « porte voix » de ces
« sans voix ». Découvrons qui est cette
société civile, et comment elle procède pour mener son
action.
a- Définition de la société
civile
L'UNESCO entend par société civile207(*), l'auto organisation de la
société en dehors du cadre étatique ou du cadre
commercial, c'est à dire un ensemble d'organisations ou de groupes
constitués de façon plus ou moins formelle et qui n'appartiennent
ni à la sphère gouvernementale ni à la sphère
commerciale.
La Banque mondiale208(*) quant à elle, désigne par
société civile le large éventail d'organisations non
gouvernementales et à but non lucratif qui animent la vie publique, et
défendent les intérêts et les valeurs de leurs membres.
b- Action de la société civile
camerounaise
Au Cameroun, le rôle des Organisations de la
Société (OSC) est de plus en plus reconnu tant par les
autorités publiques que par les partenaires au développement.
On constate néanmoins un léger essoufflement par
rapport à l'engouement des années 1990. Essoufflement qui se
justifie par l'origine de cette société civile, qui a souvent
été le fait de la classe politique. L'une des principales limites
au développement efficace des OSC est leur dépendance
financière vis-à-vis des financements extérieurs. Les
données récoltées sur le site de la Banque Mondiale
montrent que les OSC du Nord jouent désormais un rôle de premier
plan dans l'aide internationale au développement. Selon l'OCDE, les OSC
ont fourni aux pays en développement une aide de l'ordre de 11 ou 12
milliards de dollars par an à la fin des années 1990.
L'action de la société civile au Cameroun est
visible, mais elle ne dispose pas toujours de ressources matérielles,
humaines et financières lui permettant de répondre efficacement
aux attentes des populations. Mais l'espoir est permis, car gardons à
l'esprit qu'« il faut six mois pour organiser des élections,
dix ans pour installer une économie de marché, mais une
génération pour créer une société civile.
Or, sans société civile, il n'y a pas de
démocratie » (Ralf Dahrendorf)209(*)
B - Une implication plus grande des
populations
La réduction de la pauvreté ne peut se faire
sans la participation active des populations concernées (O. JOKUNG
NGUENA, 2005)210(*).
Cette participation se fait par le suivi le suivi d'exécution, le suivi
d'impact et le suivi participatif.
a- Suivi d'exécution
La méthode de GCP exige le suivi des activités
menées afin de pouvoir apporter des mesures correctives au projet. Il
s'agit de suivre les actions prévues. Ce suivi doit être fait par
toutes les parties prenantes au processus de projet. Il nécessite alors
la tenue de réunions, l'élaboration d'indicateurs de suivi,
l'élaboration de rapports de suivi et les ateliers de restitution.
b- Suivi d'impact
Il consiste essentiellement à mesurer les impacts d'un
projet/programme sur la réduction de la pauvreté par le biais des
indicateurs du tableau de bord social.
c- Suivi participatif.
Son action est continue, car il est question de conserver un
contact permanent avec les populations pour cerner les changements sociaux
économiques à même d'influencer positivement ou
négativement le projet/programme en cours d'exécution.
Le suivi nécessite des pré-requis que ne
possèdent pas toujours les populations à la base. Le renforcement
des capacités de l'administration, de la société civile du
secteur privé et des populations doit donc être fait. La
gouvernance sociale implique pour l'Etat, qu'il partitionne, ou plutôt
qu'il détache une partie de ses prérogatives vers certains
acteurs sociaux. Mais, pour que ce détachement soit opérant, une
redéfinition des attributions est indispensable.
C - Une redéfinition des pouvoirs et
compétences par la décentralisation
et la déconcentration
L'organisation des pouvoirs publics dans les
sociétés contemporaines conditionne l'efficacité et
l'efficience de l'action publique, nous dit C. LABBOUZ. (2007)211(*). A cet effet, poursuit
l'auteure, la rationalisation des différents niveaux d'intervention et
de compétences est un facteur-clé d'une bonne gouvernance.
D'où la question de O. JOKUNG NGUENA (2005)212(*), qui se demande s'il faut
adopter la décentralisation ou la déconcentration des services
publics. Examinons les deux notions, puis analysons le choix du Cameroun.
a- Notion et importance de la
décentralisation
La décentralisation consiste à confier le
pouvoir de décision et d'exécution à une autorité
autonome locale. Dans ce cas, cette autorité locale a des comptes
à rendre à la population. L'intérêt d'une telle
organisation est la promotion d'un développement local durable. Car,
trop fortement centralisée, l'organisation des pouvoirs publics
compromet le libre développement de certaines zones du pays.
b- Notion et importance de la
déconcentration
La déconcentration est la délégation
à un ou plusieurs agents subordonnés, d'une partie de la
capacité de décision de l'administration centrale. Il s'agit ici
d'une délégation de pouvoir, qui se fait par un transfert
d'autorité, l'agent restant attaché à son administration
à qui il doit rendre compte.
L'intérêt d'une telle organisation administrative
est le rapprochement de l'administration des administrés, afin de
promouvoir un réel dialogue avec l'administration et les populations
à la base.
c- L'option du gouvernement Camerounais
C. LABBOUZ pense qu'il ne peut y avoir décentralisation
sans déconcentration, car affirme t-elle,
« Décentralisée sans accompagnement de l'échelon
déconcentré, l'organisation administrative est soumise au risque
d'inefficacité et de manque de cohérence».
Depuis la révision constitutionnelle du 18 janvier
1996, les pouvoirs publics Camerounais ont opté pour la
décentralisation. Ce processus, qui est en cours, repose sur une base
législative grâce aux lois de décentralisation du 22
juillet 2004213(*).
Toutefois, les Collectivités Territoriales Décentralisées
(CTD) n'étant pas préparées à la prise en charge du
développement de leur zone, des programmes d'accompagnement facilitent
leurs actions :
- Programme d'Appui aux Capacités
Décentralisées de Développement Urbain (PACDDU)
financé par l'Union Européenne.
- Programme d'Appui au Développement Communautaire
(PADC), financé par le FIDA
- Fonds Genre et Développement (FGD) financé par
la coopération canadienne ;
- Programme National de Développement Participatif
(PNDP), financé par l'Etat camerounais (fonds PPTE), la Banque Mondiale
et l'AFD.
- Programme National de Gouvernance (PNG) dans son volet
« consultation des villes »
Le Fonds spécial d'Equipement et d'Intervention
Intercommunal (FEICOM) apporte une assistance financière aux
collectivités locales.
Soutenir la décentralisation et maintenir un
contrôle par l'administration centrale suppose donc que l'on ne peut
dissocier décentralisation et déconcentration. La seconde est la
condition de réussite de la première.
Cependant, à la lumière de l'évolution
actuelle du processus de décentralisation au Cameroun, on constate qu'il
existe quelques réticences au changement. Trois grandes tendances se
distinguent, nous dit C. LABBOUZ dans son propos214(*):
- Les conservateurs, qui craignent le changement,
représenteraient environ 30% des agents des services centraux.
- Les progressistes, enclins à transférer
rapidement les compétences et les ressources aux collectivités
locales, pèseraient environ 25 % des agents,
- Les indécis, très faiblement
sensibilisé aux lois et aux enjeux de la décentralisation,
pèseraient près de la moitié des agents des
administrations centrales.
Au regard de ces trois différents courants, l'enjeu est
donc, en termes de conduite du changement. En dépit de ces quelques
difficultés, le processus de modernisation de l'administration
camerounaise est bien en marche, nous l'observons par la signature
récente par le chef de l'Etat Camerounais, de deux décrets le 12
novembre 2008215(*): Un,
portant organisation administrative de la République du Cameroun selon
trois circonscriptions (régions, départements et arrondissements)
et un autre fixant attributions des chefs de ces circonscriptions
administratives.
La bonne exécution d'un projet/programme PPTE exige une
préparation rigoureuse des outils nécessaires à cette
étape. Par ailleurs, leur gestion doit se faire selon les règles
de la bonne gouvernance économique et sociale.
A ce propos, J.M. GOGUE conseille le management de
qualité, qui s'applique par le cycle PDCA (Préparer,
Développer, Comprendre, Agir)216(*). Il permet la mise en place et le suivi d'un
processus de développement durable, en mettant l'accent sur la notion de
qualité dont les critères doivent être définis selon
des normes déterminées. Les critères de qualité et
de réussite de l'exécution d'un projet de développement
sont l'efficience, l'efficacité et l'impact217(*).
L'Initiative PPTE à travers l'approche projet adopte
une logique pédagogique de développement, car elle demande que la
gestion des fonds publics soit axée sur une planification des objectifs
ou résultats attendus. Les premiers audits sur l'utilisation des fonds
PPTE révèlent cependant des limites dans l'application de
l'approche projet au Cameroun. L'examen du projet de Promotion des Mutuelles de
Santé Pilotes (PROMUSAP) va nous permettre de mieux situer ces
résultats.
Section.3 - Suivi
exécution du projet de promotion des mutuelles de santé
pilotes sur
ressources PPTE
Après l'analyse de l'environnement, l'identification
des problèmes et des solutions idoines, un projet est mis en oeuvre. Il
nécessite dès lors un suivi régulier des actions
prévues.
Le suivi de l'exécution des projets financés sur
ressources PPTE, par les structures d'appui au CCS/PPTE se réalise en
deux étapes218(*) : La 1ère concerne toutes les
opérations liées au démarrage de l'exécution du
projet, la 2nde concerne toutes les activités
nécessaires à l'exécution effective et harmonieuse du
projet. Nous nous intéressons ici à la seconde étape, par
description générale du projet PROMUSAP, puis nous y
apprécions la qualité de l'application de l'approche projet.
§.1 - Description
générale du projet PROMUSAP
Elle se fait par la description du travail de suivi en
lui-même, et par l'analyse des données du projet.
A - Description du suivi exécution
effectué
Le suivi est un processus de collecte et de traitement de
l'information, selon V. VERRIERE (2002)219(*). En clair, il consiste à surveiller le bon
déroulement du programme d'activités prévu et à
fournir, en temps utile, les éléments d'information
nécessaires à une gestion saine et à une prise de
décision efficace220(*). Pour présenter notre activité de
suivi, nous allons définir le contexte et les objectifs de notre
mission, dévoiler le déroulement du processus, puis
énoncer la méthodologie utilisée.
a - Contexte et objectifs de la mission
- Contexte
Dans l'article article 3, alinéa 5 du décret
n° 2000/960/PM du 1er décembre 2000 portant
création, organisation et fonctionnement du CCS/PPTE, il est
précisé que le comité est chargé
d' « examiner trimestriellement a posteriori et sur
pièces, les dépenses engagées, liquidées et
payées sur le compte spécial PPTE ouvert dans les livres
BEAC ». Le suivi du projet de promotion des mutuelles de
santé pilotes fait en réalité, partie d'un processus de
suivi de l'ensemble des projets PPTE en cours d'exécution de 2001
à 2007 dans chaque secteur de développement. Ce processus
comporte trois étapes :
1. La confrontation des données brutes de gestion
(prévision, exécution, suivi et contrôle) détenues
aussi bien par le projet PROMUSAP que par le SP/CCS-PPTE, qui pourrait faire
ressortir des écarts (positifs ou négatifs),
2. Les vérifications et contrôles d'une part des
données financières au niveau du circuit des paiements
(c'est-à-dire auprès des DGTCM, DGB, et CAA) et d'autre part des
données physiques issues des rapports d'exécution et des
contrôles de visu sur le terrain ;
3. Les clarifications des données du processus de
passation des marchés (commissions de passation, entreprises
prestataires).
Cette mission concerne uniquement la première
étape, qui s'est déroulée en six (06) mois, au cours
desquels nous avons eu à évaluer soixante (60) projets (voir
annexes) Ce projet a été choisi pour l'intérêt de
son champ d'action, la micro assurance santé.
- Objectifs de la mission
De façon globale, ce suivi a pour objectif de faire
ressortir le niveau de réalisation des actions prévues et la
qualité d'application des outils de l'approche projet.
De façon spécifique, cette mission va nous
permettre de faire ressortir :
- Les réalisations physico financières
- Le système de suivi mis en place
- La qualité d'application de l'approche projet
- Les recommandations
b - Déroulement du processus
Le processus de suivi de l'exécution du projet de
promotion des mutuelles de santé pilotes au Cameroun a duré
environ un (01) mois, car il nous fallait non seulement analyser le contenu du
dossier, mais également rechercher, pour une présentation du
contexte plus large, les expériences similaires auprès d'autres
promoteurs. Les six (06) étapes du processus sont donc les
suivantes :
1. Préparation de la mission
2. Recherche documentaire
3. Recherche de données secondaires
4. Rédaction du rapport de suivi provisoire
5. Validation du rapport provisoire
6. Rédaction du rapport final
c- Méthodologie appliquée
Elle comporte six (06)
phases : Une préparation, la recherche documentaire, la recherche
des données secondaires, la rédaction du rapport de suivi, la
validation du rapport et la rédaction du rapport final.
1 - Préparation de la mission
Cette préparation s'intègre à la
préparation générale de notre mission au sein du
Secrétariat Permanent CCS/PPTE, mission d'une durée totale de six
mois qui a débuté le 1er juin 2008.
2 - Recherche documentaire
Elle a consisté en l'analyse des documents projets
suivants :
- L'étude de faisabilité datée de
l'année 2003,
- L'Avant Projet d'Exécution de l'année 2005,
- Les rapports d'activité sont absents
3 - Recherche des
données secondaires
Elle s'est faite à quatre niveaux: Par le service de
documentation du CCS/PPTE, par les bibliothèques de la ville de
Yaoundé, par le réseau Internet et par des descentes de
terrain.
B - Analyse des données du projet
Cette description est indispensable à la
compréhension et à l'analyse du projet. Le contexte, les
objectifs et les stratégies vont être déclinées en
premier, ensuite va suivre la présentation des réalisations, et
enfin, nous allons parler du suivi évaluation des mutuelles de
santé existantes.
a - Contexte, objectifs et stratégies du
projet
Le projet de promotion des mutuelles de santé pilotes
au Cameroun est porté par l'ONG SAILD et l'association APCAS, et a
été éligible au financement PPTE en 2004, pour un montant
de 217.578.000 francs CFA et pour une durée de deux (02) ans. C'est
à travers l'étude de faisabilité et l'APE que nous
obtenons les données nous permettant de présenter le contexte,
les objectifs et les stratégies.
- Contexte du projet
Après une période de gratuité des soins
de santé, le Cameroun adopte le principe de recouvrement des coûts
par lequel l'Etat et les bénéficiaires de soins se partagent les
dépenses. Mais, face à l'insuffisance des revenus des
ménages, et dans l'absence d'un système de protection sociale
pour tous, les populations se trouvent dans l'incapacité de financer
leurs maladies. En effet, la solidarité traditionnelle est
limitée sur le plan technique et financier.
C'est la raison pour laquelle, après plusieurs
études menées au Cameroun par des experts (étude SECOR,
rapport SEVRAC, étude APCAS/STEP/BIT, étude LEADER
ADVISE)221(*), le
Cameroun se lance enfin dans la promotion des mutuelles de santé.
- Objectifs et stratégies du
projet
Les objectifs définis dans l'étude de
faisabilité sont les suivants :
Ø De façon globale, ce projet a pour but de
contribuer à l'amélioration de l'accessibilité
financière des populations pauvres aux soins de santé de
qualité.
Ø De façon spécifique, les populations
sont accompagnées dans la mise en place de vingt six (26) mutuelles de
santé pilotes, dont : Quatorze (14) rurales et douze (12)
urbaines ; les facteurs de succès de telles initiatives sont
étudiés dans les différentes localités du
Cameroun.
Les stratégies retenues se regroupent en quatre grands
points :
1. Sensibiliser les populations à l'approche mutualiste
et constituer des Comités d'Initiatives (CI).
2. Former des promoteurs des mutuelles de santé
3. Accompagner la mise en place des mutuelles de santé
pilotes
4. Collecter les données sur les mutuelles de
santé et vulgariser les conditions de réussite des mutuelles au
Cameroun.
La connaissance du contexte du projet, de la situation de
référence et des principaux axes d'intervention nous permet
d'analyser les réalisations sur la base des rapports fournis.
b - Présentation des réalisations du
projet
L'analyse des actions accomplies par le projet, sur la base
des rapports d'activité et au regard des prévisions faites, va
nous permettre d'apprécier le niveau de respect du contenu de
l'étude de faisabilité et de l'APE.
- Réalisations financières
Elles sont relatives aux dépenses effectuées par
le projet pour mener les activités prévues dans l'APE.
Montant éligible : 217.578.000 FCFA
Durée du projet : 2 ans
Date de démarrage : 2004
Réalisations pour l'année 2005
Allocations : 80.000.000 francs CFA
Déblocages : 80.000.000 francs CFA
Observations : Les outils de l'approche projet sont tous
élaborés. Le dossier nous présente une étude de
faisabilité datée d'août 2003, un Avant Projet
d'Exécution de l'année 2005 et un rapport d'activité
daté de novembre 2008.
- Réalisations physiques
Elles concernent l'exécution des activités
proprement dites, en termes d'opérationnalisation des
dépenses.
Pour l'année 2005, il était
prévu :
- La mise en place de dix ((10) mutuelles de santé
pilotes dont 5 rurales et 5 urbaines.
- La formation de 4 promoteurs de mutuelles de santé
- L'acquisition du matériel pour 10 mutuelles
- La collecte des données et la vulgarisation sur le
plan national
Le rapport d'activités du projet permet
d'apprécier l'ampleur des réalisations. Sur les 12 mutuelles
prévues, 11 sont mises en place, dont 5 rurales et 6 urbaines
Ces données de description du projet permettent de
passer à l'appréciation de la qualité d'application de la
méthode et des outils de l'approche projet.
§.2-
Appréciation de la qualité d'application de l'approche projet
Ce paragraphe, qui constitue l'étape dernière de
notre travail de recherche, nous permet de vérifier comment les acteurs
de développement mettent en oeuvre les principaux outils de l'approche
projet dans la phase d'exécution du projet PROMUSAP. Ces outils
étant l'Etude de Faisabilité (EF), l'Avant Projet
d'Exécution (APE) et le Rapport d'Activités (RA).
A - Appréciation de la qualité de
l'Etude de Faisabilité
L'Etude de Faisabilité encore appelée document
projet est le fait d'instruire, en se basant sur le contexte du projet, chacune
de ses composantes (technique, commerciale, économique,
juridique)222(*).
Observons donc l'évolution de son utilisation depuis l'an 2000 au
Cameroun, l'utilisation qu'en fait le PROMUSAP, avant de décliner nos
observations et recommandations.
a- Evolution de son utilisation au Cameroun, depuis
l'an 2000
A l'atteinte du point de décision par le Cameroun en
Octobre 2000, et au vue de la situation de précarité, le
gouvernement autorise les Maîtres d'Ouvrages (départements
ministériels) à formuler des idées de projet qui seront
financées.
Est donc mise en place, une matrice avec des idées de
dépenses. Ce n'est qu'après 2005 qu'est exigée la
production d'une Etude de faisabilité.
- Période de 2000 à 2005
Les premières évaluations des projets sur
financement PPTE, présentent des manquements quant à la gestion
des fonds PPTE.
L'Etude de Faisabilité qui est un document de grande
masse, présente l'ensemble de la stratégie à mener,
définissant ainsi un plan d'actions à moyen ou à long
terme. Tandis que l'avant Projet d'Exécution, document plus
spécifique, explique les actions à mener à court terme. On
peut alors parler de plan d'action opérationnel. Les
éléments de l'Etude de Faisabilité sont en fait
redimensionnés en fonction des disponibilités financières
allouées et du processus stratégique défini.
- Période à compter de 2006
C'est réellement à partir de cette année
que l'on s'aperçoit d'une légère amélioration dans
l'application de l'approche projet au Cameroun. L'élaboration de l'Etude
de Faisabilité s'est presque généralisée, bien que
son contenu ne respecte pas toujours le canevas exigé par le manuel de
procédures du CCS/PPTE et la rigueur d'un travail objectif.
b- Utilisation de l'Etude de Faisabilité par
le PROMUSAP
Les acteurs de développement au Cameroun disposent du
manuel de procédures du CCS/PPTE comme guide d'élaboration des
outils nécessaires à leurs actions de développement. Nous
avons vu que le CCS/PPTE est un outil pédagogique qui décline la
méthode de l'approche projet et qui veille à sa bonne
application223(*). C'est
pourquoi, le canevas de l'Etude de Faisabilité est bien
détaillé dans le manuel de procédures224(*) et l'expert sectoriel est
chargé d'accompagner le promoteur de projet dans l'ensemble de ses
démarches de conception des outils de l'approche projet. Parcourons, en
la regroupant en trois parties, l'EF du PROMUSAP.
- Analyse du contexte et de la justification du projet
Le contexte du projet est en fait, la situation dans laquelle
se trouve l'environnement du projet avant sa mise en oeuvre. Il s'agit de faire
une analyse de la réalité qui prévaut et des manquements
à combler par l'action du projet.
Le projet PROMUSAP présente bien le contexte de la
couverture sociale au Cameroun, et fait ensuite ressortir la
problématique à résoudre par le projet.
Cependant, il n'est fait nulle part allusion de façon
claire à l'évaluation quantitative de l'ampleur du
problème. En effet, la connaissance de l'effectif de la population
concernée par le problème du financement des soins de
santé au Cameroun aurait permit de mieux représenter l'importance
de la mission du projet et de fixer quantitativement le niveau d'intervention
possible.
- Présentation des objectifs, de la stratégie
et du plan d'action
L'objectif global du projet est d'améliorer
l'accessibilité financière des populations pauvres aux soins de
santé de qualité.
Le libellé de cet objectif nous amène à
nous interroger sur l'effectif réel de la population pauvre au Cameroun.
L'Etude de Faisabilité mentionne (p. 5) que près de 40,5% de la
population camerounaise est pauvre. Ce qui signifie que le projet
s'intéresse à cette classe sociale au Cameroun, et que par la
mise en oeuvre de sa stratégie il atteindra au moins 78.000 personnes
(p. 14). Cela revient à dire que le projet va résoudre un
pourcentage donné de la totalité des personnes concernées
par le problème selon le promoteur, soit :
Sur 15.000.000 d'habitants, 6.075.000 pauvres dont au moins
1,29% verront leur problème de financement des soins de santé
résolu au terme du projet PROMUSAP.
La stratégie mise en oeuvre pour atteindre cet objectif
se décline en quatre (04) composantes bien définies. La
stratégie ainsi définie est actionnée par une
équipe de gestion présentée à travers un
organigramme (p.22) qui ne nous éclaire pas sur la manière dont
le processus de mise en oeuvre du plan d'action énoncé va se
faire réellement. En effet, un organigramme se limite à fixer les
relations de pouvoir (J.M. GOGUE, 2001)225(*), et ne présente pas l'enchaînement des
actions, c'est-à-dire les relations fonctionnelles.
- Mise en place d'un système de suivi
Le promoteur nous présente un système de suivi
à deux niveaux. Au niveau des résultats du projet en
lui-même, et au niveau de l'appréciation de la qualité des
mutuelles de santé mises en place. Le suivi des résultats du
projet se fait grâce à des indicateurs de suivi (tableau p. 24)
définis par composante.
c- Observations et recommandations
L'Etude de Faisabilité élaborée par le
PROMUSAP est complète du point de vue des différentes parties
prévues dans le canevas du manuel de procédures CCS/PPTE.
Cependant elle présente la situation de référence da
façon incomplète, c'est pourquoi les objectifs et le plan
stratégique ne reflètent pas toute l'ampleur du problème
à résoudre, et de ce fait le suivi exécution prévu
ne peut être présenté avec tous les indicateurs de
performances nécessaires pur l'évaluation de l'impact du
projet.
Le contexte ou situation de référence d'un
projet est l'élément fondamental d'une évaluation
pertinente de la faisabilité d'une action de développement. C'est
pourquoi, les données réelles et fiables doivent être
recherchées afin de définir correctement le problème
à résoudre, les objectifs à atteindre, les actions
à mener et les indicateurs à surveiller. Cela nous permet de
garantir la pertinence d'une décision d'action dans un secteur
donné.
B - Appréciation de la qualité de
l'Avant Projet d'Exécution
L'Avant Projet d'Exécution, nous l'avons vu plus haut,
est un document qui précise les conditions d'application de la
stratégie définie dans l'Etude de Faisabilité de
façon plus spécifique, en fonction des ressources disponibles
pour une période déterminée. Ce document est
élaboré par l'agence d'exécution du projet/programme en
collaboration avec l'expert sectoriel226(*). Il est en réalité, la cheville
ouvrière de l'exécution d'un projet. Afin de mieux cerner son
importance, nous définissons son contenu, puis nous analysons la
qualité de l'APE présenté par le PROMUSAP, pour enfin
émettre nos observations et faire des recommandations.
a- Définition du contenu de l'Avant Projet
d'Exécution
Sans une préparation rigoureuse, un projet ne peut
être exécuté qu'avec une probabilité forte de non
atteinte de ses objectifs ou résultats préconisés. C'est
pour cette raison que l'APE devient un document contractuel à compter de
l'année 2006, que la mise en oeuvre d'un projet/programme PPTE n'est
possible qu'après le respect du canevas de son élaboration et une
fois qu'il est inscrit au budget de l'Etat. Par ailleurs, son exécution
passe nécessairement par l'attribution des marchés de travaux qui
eux, se font selon les règles de passation de marchés publics.
- Evolution de l'utilisation de l'APE au Cameroun
L'APE devient un document contractuel à compter de
l'année 2006. Comme nous l'avons précisé pour l'EF,
jusqu'en 2005, les projets/programmes PPTE au Cameroun étaient
construits sur la base d'idées de dépenses. L'élaboration
du manuel de procédures du CCS/PPTE en 2003 ne suffit pas pour amener
les promoteurs de projets à adopter l'approche projet dans leurs
démarches de management. Ils sont réticents au changement
d'habitudes qui est pourtant le cheminement nécessaire pour tout
progrès économique et social.
Le sociologue G. ROCHER (1968) définit à ce
propos tout changement social comme « une transformation observable
dans le temps qui affecte d'une manière qui ne soit pas que provisoire
ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de
l'organisation sociale d'une collectivité donnée et modifie le
cours de l'histoire » 227(*). Par ailleurs, le changement social étant un
phénomène collectif, il doit être porté, dans le
cadre de l'appropriation des outils de l'approche projet au Cameroun, d'abord
par les administrations centrales qui à leur tour doivent le diffuser au
travers de la décentralisation et la déconcentration228(*).
- Canevas d'élaboration de l'APE
L'APE complète le document projet (étude de
faisabilité), et le rend précis et actuel. Il doit être
rédigé dès lors que le projet est définitivement
agréé par le CCS/PPTE. Doivent y figurer, les sept (07)
principaux points suivants229(*) :
1. Eléments de réactualisation des
activités
2. Chronogramme global des travaux ;
3. Programmation des marchés ;
4. Indications précises sur les interventions ;
5. Dates des principales interventions ;
6. Noms et adresses des intervenants ;
7. Modalités d'exécution (ressources,
indicateurs, périodicité des rapports).
Revenons sur la rédaction de l'APE et notons qu'elle ne
peut débuter que si « le projet est déclaré
éligible et inscrit au budget »230(*). C'est le lieu de savoir
comment se fait cette inscription du projet au budget de l'Etat.
- Programmation et inscription au budget des projets
PPTE.
Le manuel de procédures du CCS/PPTE (2006, p. 14) nous
précise que l'APE dûment validé par le groupe
thématique et visé par l'expert de la cellule
opérationnelle accompagne obligatoirement l'inscription de chaque projet
au budget de l'Etat. Par ailleurs, nous savons que le CDMT, pour inscrire les
idées de projets, s'appuie sur les conférences
budgétaires.
Comment se passe réellement cette procédure et
quel est son processus ? Cela a nécessairement une influence sur
les allocations de crédits et les délais de déblocages de
fonds PPTE.
- Procédures de passation des
marchés
Après la préparation des outils de l'approche
projet en vue d'une exécution efficace et efficiente du projet, le
promoteur peut mettre en oeuvre son projet conformément à l'APE.
Cette mise en oeuvre nécessite l'attribution de marchés de
travaux à des prestataires. Le manuel de procédures du CCS/PPTE
présente à cet effet, une fiche type de marché et une
matrice type de données concernant le règlement des
marchés.
Précisons cependant qu'au Cameroun, les marchés
publics sont réglementés par l'ARMP créé par
décret n°2002/030 du 28 janvier 2002.
Afin de garantir le bon fonctionnement de cette
réglementation, la circulaire n°002/CAB/PM du 4 novembre 2002 a
été élaborée. Elle a pour objet de rappeler les
conditions d'application des textes en vigueur en matière de
marchés publics231(*). Par ailleurs, le CCS /PPTE dans son manuel,
présente la procédure d'inscription de dossiers projets PPTE, et
précise le rôle du promoteur quant à la passation des
marchés232(*).
Quelques difficultés dans les procédures de
passation de marchés existent cependant. La procédure
d'éligibilité des projets doit précéder celle
d'inscription budgétaire, et ce, pour l'ensemble des dépenses
d'un ministère. Or, ce n'est pas ce qui se passe dans la pratique, car
l'approche projet n'est pas généralisée dans
l'administration camerounaise. Ceci justifie que le CDMT s'appuie sur les
conférences budgétaires pour inscrire les idées de projet,
au lieu que cette inscription se fasse sur base d'une étude de
faisabilité.
Tout comme pour les marchés financés par le BIP,
ceux financés sur fonds PPTE rencontrent « complaisances,
lenteurs précipitations, absence de souplesse (J. FANKAM,
2008)233(*) dans le
processus de réalisation. En effet, rien n'est possible sans l'obtention
préalable d'une autorisation de dépenses appelée
couramment « le carton ». Une fois cette autorisation
obtenue, il faut affronter la procédure de passation de marché
dont la plus expéditive dure trois semaines. Ce sont là, les
délais prescrits par le code des marchés. La procédure de
marché proprement dite dure environ entre 45 jours et 60 jours.
Après cette étape, il faut enregistrer le marché. Ainsi,
dans le cas d'un projet de réhabilitation d'une route rurale, il faudra
tenir compte des arrêts de chantier dus aux périodes de pluies. La
planification initiale est inévitablement remise en cause et engendre
une perturbation générale dans l'exécution du projet.
b- Contenu de l'Avant Projet d'Exécution du
PROMUSAP
L'Avant Projet d'Exécution de 2005 présente, sur
la base d'une allocation PPTE d'un montant de 60.000.000 FCFA :
- Une réactualisation des activités
- Un chronogramme global des travaux
- Les modalités d'exécution des
activités, en termes de ressources humaines, d'indicateurs, et de
périodicité des rapports.
Le projet ne mentionne ni la programmation des marchés,
ni les indications précises sur les interventions des prestataires, ni
leurs coordonnées respectives.
Le projet redimensionné va donc mettre en place 5
mutuelles urbaines et 5 mutuelles rurales, et ambitionne de toucher près
de 5000 ménages, soit près de 30.000 personnes.
c- Observations et recommandations
Le projet PROMUSAP présente un APE incomplet, mais qui
nous fournit néanmoins les éléments nécessaires au
suivi exécution des activités prévues. L'APE doit contenir
les données relatives aux marchés ou prestations prévues
et les conditions d'exécution de ces marchés. L'organigramme du
projet ne fournit aucun détail sur les intervenants au processus de mise
en place des mutuelles de santé prévues dans les villes de
Yaoundé, Douala, Maroua et Bamenda.
C - Appréciation de la qualité du
Rapport d'Activités
Le rapport d'activité est établi pour rendre
compte de l'évolution du projet à toutes les parties prenantes au
processus de développement. Il est périodique, et peut donc
être trimestriel, semestriel ou annuel. C'est l'outil par excellence du
suivi évaluation, car doit nécessairement renfermer les
données d'exécution des activités prévues. Mais,
parmi les trois principaux outils de projet, il existe une forte
réticence à son application. Aussi, il s'avère capital
d'instaurer une revue régulière des projets/programmes en cours
d'exécution, afin de mieux mesurer par la suite les critères de
qualité que sont l'efficience, l'efficacité et l'impact.
a- Utilité du Rapport d'Activités et
réticences des acteurs de
développement
Le Rapport d'Activité demeure l'outil le moins
respecté. Nous pouvons le constater par les résultats de nos
travaux de suivi exécution des projets/programmes PPTE de 2001 à
2007. En effet, on note que très peu de projets établissent leurs
rapports d'activités (tableau annexe 2), environ 30% le font.
Par ailleurs, même lorsque ceux-ci sont
élaborés, ils ne respectent pas toujours le canevas
présenté en annexes du manuel de procédures du CCS/PPTE.
Les Maîtres d'Ouvrages refusent les revues de projet,
car ils confondent l'approche comptable et l'approche projet. L'approche
comptable est une analyse des stocks, tandis que l'approche projet analyse les
flux (réels et financiers). Cette réticence est pour l'essentiel,
due à l'appropriation incomplète de la notion de l'approche
projet, et donc de ses outils. En réalité, cette réticence
est également le fait du gouvernement camerounais qui doit impulser une
nouvelle dynamique de gestion par une politique d'incitation à la
formation continue. La machine administrative de l'Etat Camerounais a besoin
d'être rénovée. L'introduction de méthodes de
gestion modernes à l'instar de la gestion axée sur les
résultats, objet du séminaire organisé par le PROMAGAR sur
la modernisation de l'administration234(*), est un moyen efficace de promouvoir un nouvel
esprit gestionnaire.
Un article du Cameroon ne nous démentira pas, la
machine administrative de l'Etat Camerounais a besoin d'être
rénovée. Ce type de séminaire a pour objectif de provoquer
le changement dans les habitudes des fonctionnaires et agents de l'Etat nous
précise l'article ci-dessus mentionné. Mais, nous savons tous,
comme l'affirme G. ROCHER dans le changement social (1968)235(*), que « tout
changement social provoque en retour de nouveaux conflits ». En
effet, aucune société ne change toute entière et en
même temps. C'est pourquoi la nécessité d'une revue
régulière des projets en cours d'exécution doit être
présente dans les stratégies d'amélioration de la gestion
de l'économie camerounaise.
b- Nécessité d'une revue
régulière du projet en cours d'exécution
Le terme « revue » utilisé ici, est
significatif de la portée d'un suivi des actions de
développement, dans les pays émergents à l'instar du
Cameroun. Ceci, parce que l'impulsion du changement qui vient du haut n'est pas
toujours complètement intégrée par les organes
chargés de sa diffusion. Alors « la transformation rencontre
des poches de résistance, des refus fermes ou mitigés »
G. ROCHER (1968). La revue ou inspection d'un projet/programme à
mi-parcours permet de prévenir les abus et détournements de
deniers publics. L'abondante actualité camerounaise sur la question
montre la pertinence de l'approche projet dans le cadre actuel de la gestion de
l'économie camerounaise. Elle apporte la transparence dans les objectifs
et dans les résultats, le rapport d'activités servant de
justificatif de dépenses et de réalisation d'un ouvrage.
Les mesures du gouvernement pour faire face à la
résistance au changement sont nombreuses (PNG, CONAC, actions du
MINCONSUP etc.). Mais, peut-on se satisfaire de la création de toutes
ces structures et quelle est réellement leur marge de manoeuvre ?
En fait, l'intérêt ici est l'impact de ces diverses initiatives
sur la qualité de la gouvernance au Cameroun.
Des initiatives d'organismes partenaires à l'instar du
programme CHOC (Changer d'Habitudes - s'Opposer à la Corruption) mis en
oeuvre par le PNUD pour une durée allant de février 2007 à
décembre 2009, appuient et renforcent les efforts du gouvernement
camerounais dans l'optique d'une éradication progressive du fléau
de la corruption.
Ce n'est qu'au prix de tous ces efforts dans l'accompagnement
du changement d'habitudes que les projets/programmes de développement
pourront prétendre obtenir une appréciation positive des
critères d'efficience, d'efficacité et d'impact.
c- Mesure des critères d'efficience,
d'efficacité et d'impact du projet
Ces trois critères sont considérés comme
les plus importants dans la gestion d'un projet236(*).
§ Efficience du projet PROMUSAP
L'efficience d'un projet se mesure par la balance entre le
coût des investissements et les profits obtenus. Ainsi, le management est
dit efficient s'il parvient à mener le maximum d'activités avec
le minimum de moyens.
Le coût des investissements du projet est de 80.000.000
pour la première phase. Ce n'est qu'après une étude
d'impact que cette efficience peut être évaluée.
§ Efficacité du projet PROMUSAP
L'efficacité détermine la mesure dans laquelle
un projet atteint ses objectifs en qualité et en quantité.
L'objectif du projet était de faciliter l'accès aux soins de
santé aux populations pauvres, par la création 12 mutuelles de
santé. 11 mutuelles sont mises en place, à priori elles
répondent au besoin exprimé au départ. Cependant, une
étude d'impact sur la satisfaction des bénéficiaires doit
être élaborée pour évaluer le degré
d'efficacité du projet.
§ Impact du projet PROMUSAP
L'impact est le changement positif ou négatif, direct
ou indirect, prévu ou imprévu, voulu ou pas voulu, produit par la
réalisation d'une intervention. Il peut également être
considéré comme un critère d'évaluation qui indique
tous les effets d'une intervention dans différents domaines :
Financier, économique, social, culturel, institutionnel,
environnemental.
En fait, l'analyse d'impact doit se faire à deux
niveaux : Par rapport à l'ampleur du problème de
départ et par rapport aux objectifs fixés. Ceci permet de
déterminer comment les besoins à l'origine du projet ont
été satisfaits et s'ils existent toujours et dans quelle
proportion.
Le projet PROMUSAP, dont nous venons de présenter les
résultats du suivi exécution, souhaite contribuer à
l'amélioration de l'accès des pauvres aux soins de santé
de qualité.
L'exécution de ce projet, au regard des outils de
l'approche projet, est de qualité moyenne. Elle apporte cependant une
entière satisfaction quant à l'objectif global qui était
d'améliorer l'accessibilité financière des populations
pauvres aux soins de santé de qualité. Les résultats
fournis sont à priori satisfaisants, car on relève un taux de
réalisation de 80,33%.
Cependant, un suivi performant par les acteurs SAILD/APCAS
doit être fait pour l'encadrement des gestionnaires de mutuelles. Ce
suivi doit s'effectuer avec des ressources humaines et matérielles
adéquates.
L'appropriation complète des outils de l'approche
projet par les acteurs nécessite un changement d'habitudes. Les
différentes réformes et institutions mises en place par le
gouvernement camerounais participent de cette volonté de changement
durable en vue de la réduction de la pauvreté.
La maîtrise par les acteurs de développement de
l'ensemble de ces notions et pratiques constitue pour le Cameroun une
réelle opportunité d'accéder enfin à une gestion de
qualité.
Seulement, les réticences à ces nouvelles
manières de faire demeurent un réel obstacle à l'atteinte
des objectifs de développement de qualité. En effet,
malgré quelques améliorations observées ça et
là, l'approche projet n'est toujours pas correctement appropriée
par les acteurs de développement au Cameroun.
Cette situation s'expliquerait par l'inadéquation entre
les principes de l'approche projet et les idéaux et valeurs culturelles
des pays d'Afrique subsaharienne, et nous renvoie ainsi à deux questions
essentielles :
- L'approche projet est-elle réellement la solution
pertinente pour inculquer aux gestionnaires camerounais les réflexes
d'une gestion de qualité et d'une bonne gouvernance ?
- Quelle serait la meilleure manière d'établir
des outils d'organisation sociale adaptés aux spécificités
historiques et socioculturelles des pays d'Afrique subsaharienne ?
A ce stade de la réflexion, nous pouvons évoquer
l'idée d'une hypothèse oubliée qui s'énoncerait
comme suit :
Les acteurs de développement au Cameroun appliquent une
approche de gestion pensée par le savoir local, pour le bien être
des populations locales en vue de la réduction de la pauvreté
locale.
Notre recherche serait alors orientée vers
l'étude d'une Initiative de gestion de la dette, pensée et
élaborée par des intellectuels ou chercheurs camerounais.
En attendant une telle initiative, passons à l'analyse
de l'approche projet adoptée par l'Initiative PPTE, dans le cas de la
promotion des Mutuelles de Santé ou Micro Assurances Santé au
Cameroun.
PARTIE II
PROMOTION DES MUTUELLES DE
SANTE OU MICRO ASSURANCES SANTE COMME OPPORTUNITE D'ACCES A DES SOINS DE SANTE
DE QUALITE AU CAMEROUN
La première partie de notre étude nous a
familiarisé avec l'approche projet, et a présenté le
niveau d'application de cette approche et les principaux obstacles à sa
complète appropriation. A été évoqué, par la
même occasion, le problème de financement des soins de
santé. Ce qui nous amène à étudier le
phénomène mutualiste au Cameroun, et à analyser la
performance des mutuelles de santé pilotes mises en place.
Chapitre 3 -
Développement des systèmes financiers de
mutualisation des risques maladie au Cameroun
Les définitions de mutuelles de santé et
d'assurance santé237(*) évoquent la notion de prise en charge des
risques financiers liés aux dépenses de santé des
individus. La Déclaration universelle des droits de l'Homme (1948) a
prévoit à cet effet deux articles.
Article 22 : « Toute personne, en tant
que membre de la société, a droit à la
sécurité sociale, elle est fondée à obtenir la
satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables
à sa dignité et au libre développement de sa
personnalité, grâce à l'effort national et à la
coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des
ressources de chaque pays ».
Article 25 : « 1- Toute
personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa
santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour
l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que
pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la
sécurité en cas de chômage, de maladie,
d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte
de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de
sa volonté. 2- La maternité et l'enfance ont droit
à une aide et à une assistance spéciales. Tous les
enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de
la même protection sociale ».
La protection sociale désigne tous les
mécanismes de prévoyance collective qui permettent aux individus
ou aux ménages de faire face financièrement aux
conséquences des risques sociaux. Les différentes techniques de
protection sociale sont l'assistance, l'épargne, la mutualité et
l'assurance. Toutes ces techniques font appel à la notion
d'épargne qui est, selon J.M. KEYNES, la part du revenu disponible non
immédiatement consommée. Aussi, le potentiel de
développement de la mutualité au Cameroun va se découvrir
à travers l'étude de l'épargne dans le système
financier, l'étude de l'épargne dans le système de
santé, puis la présentation de la typologie des systèmes
de mutualisation des risques maladie.
Section .1 - Epargne et
système financier au Cameroun
L'épargne, qui assume principalement un rôle de
financement des investissements, peut être motivée soit par un
besoin d'échange, soit par un besoin de protection, soit par un
désir de constituer ou d'accroître un patrimoine238(*). Pour comprendre
l'importance de cette épargne dans l'économie camerounaise, il
nous faut évoquer les principes de l'économie et
l'intermédiation financière, avant de présenter les
mécanismes de mobilisation de l'épargne des ménages.
§.1 - Principes de
l'économie et intermédiation financière au Cameroun
Ils permettent de fixer les bases de l'activité
économique d'un pays tel que le Cameroun, et nous éclairent sur
l'intérêt d'une modernisation du secteur financier bancaire et non
bancaire.
A - Principes de l'économie
L'économie repose sur un ensemble de flux reliant
différents acteurs ou agents économiques entre eux. Ces agents se
distinguent par la spécificité de leurs fonctions dans le
système économique global et entretiennent des relations entre
eux qui s'effectuent au sein d'un circuit économique.
Il est donc indiqué d'identifier les différentes
catégories d'agents économiques, les principaux systèmes
économiques, puis de présenter le circuit économique dans
lequel se font ces échanges.
a- Différentes catégories d'agents
économiques
L'agent économique est une catégorie
homogène qui regroupe les décideurs qui réalisent des
opérations identiques et ont des spécificités
communes239(*).
On distingue cinq (05) grandes catégories d'agents
économiques ;
1. Les ménages, dont la principale fonction est de
consommer ;
2. Les entreprises, qui sont là pour produire des biens
et des services ;
3. Les administrations (Etat), qui rendent des services non
marchands ;
4. Les institutions financières, qui ont pour fonction
la collecte des dépôts des ménages et des entreprises et
l'octroie de crédits ;
5. L'extérieur (reste du monde), qui doit exporter ou
importer des biens et services.
Les agents économiques étant ainsi
identifiés, il nous faut savoir comment ils interagissent dans leur
milieu de vie.
b- Principaux systèmes
économiques
Les progrès technologiques et l'évolution des
besoins humains ont entraîné une multiplication des
échanges entre agents économiques. Cela suppose qu'il existe un
système économique qui régule et organise ces
échanges. Il existe deux principaux systèmes économiques
dans le monde : Le système capitaliste et le système
socialiste.
- Le système capitaliste
Repose sur l'idée première que l'initiative
individuelle est le moteur de l'activité économique240(*). Pour que l'individu soit
incité à produire, il faut lui permettre de retirer un profit de
son initiative. Ainsi, les fruits de son travail doivent lui revenir. Le
système capitaliste repose donc sur les principes de la
propriété privée des moyens de production (travail,
capital) et sur la recherche d'un profit de la part de l'agent
économique. L'initiative individuelle étant la règle,
plusieurs agents peuvent produire le même bien ou service et le proposer
sur le marché qui sera ainsi organisé sur la notion de
concurrence. L'Etat, dans ce cas est l'organe régulateur, garant des
principes de l'économie libérale, mais également des
équilibres sociaux par la maîtrise des inégalités
sociales créées par les principes même du capitalisme.
- Le système socialiste
La notion de socialisme est apparue comme une réponse
aux inégalités liées à l'essor du capitalisme. Ce
système repose donc sur la propriété collective des moyens
de production, propriété collective qui est assurée par
l'Etat.
C'est l'Etat qui est chargé de la régulation
économique en déterminant par avance les quantités de
biens et services à produire pour satisfaire les besoins des membres de
la société.
Nous voyons que l'analyse de ces deux systèmes repose
sur la représentation que l'on se fait du circuit économique.
c- Présentation du circuit
économique
Le circuit économique peut s'analyser à deux
niveaux : Microéconomie et macroéconomie241(*). La microéconomie est
l'étude des comportements individuels des agents économiques,
tandis que la macroéconomie est une démarche globale
centrée sur les principales fonctions économiques que sont la
consommation, l'épargne, la production et l'investissement. L'approche
macroéconomie cherche donc à mesurer les relations qui existent
entre ces grandes fonctions de manière à fournir les
éléments permettant de guider les décisions de politique
économique.
Dans une économie capitaliste, la plupart des relations
économiques qui se nouent entre les agents transitent par des
marchés. On parle d'économie de marché où
s'échangent des biens et des services. Le schéma ci-dessous
représente la circulation des échanges entre agents
économiques.
B. DECHAMPS242(*) explique le contenu de ce schéma de la
manière suivante :
- Les ménages ont un besoin de consommation. Pour
répondre à ce besoin, il faut que quelqu'un ait à offrir
des biens et services sur le marché.
- Les entreprises produisent les biens et services. Mais pour
produire elles vont utiliser la main d'oeuvre (travail), les matières
premières (consommations intermédiaires) et les machines
(investissements). L'activité économique des ménages et
des entreprises génère des revenus qui sont en parties
prélevés (impôts et cotisations sociales) par les
administrations publiques (Etat).
- Les administrations rendent des services non marchands
grâce aux prélèvements ainsi effectués. Ceux-ci
servent ainsi à financer les biens et services non marchands
(école, police, justice, défense nationale), mais
également au financement d'un système de protection sociale
pouvant assurer une réduction des inégalités
économiques et sociales générées par le libre
fonctionnement du marché.
- Les institutions financières représentent
l'ensemble des échanges se faisant grâce à la monnaie,
elles ont pour fonction d'assurer sa production et sa circulation.
- L'extérieur ou reste du monde, concerne les
exportations et les importations des biens et services.
Figure 6 : Le circuit
économique
Biens et services non marchands
Administrations publiques
Ménages
Revenus de transfert
Impôts et cotisations sociales
Bien et services
marchands
Epargne
Crédits
Institutions financières
Biens et services non marchands
Travail
Demande de consommation finale
Marché des biens et services
Exportations
Salaires
Importations
Demande de consommation intermédiaire
Demande de investissement
Extérieur
Entreprises
Production
Crédits
Impôts et cotisations sociales
Flux monétaires
Flux réels
Source : B. DECHAMPS, le circuit
économique, classe de 2nde,
www.ac-versailles.fr/pedagodi/reserve
Le circuit économique fonctionne grâce aux
interactions des différents agents économiques. Cependant, il a
besoin pour ces échanges de monnaie. Un système financier est
donc nécessaire dans tout système économique.
B - Intermédiation financière au
Cameroun
Le système économique du Cameroun est
officiellement libellé « libéralisme
communautaire243(*), car
il met en avant le choix de la voie capitaliste, tout en tenant compte des
intérêts primordiaux et des valeurs culturelles du Cameroun.
L'initiative individuelle est donc encouragée comme l'affirme le chef de
l'Etat Paul BIYA (1987)244(*), « la libre entreprise, tant qu'elle
n'aboutit pas à l'exploitation de l'homme par l'homme, mérite
d'être encouragée ».
Dans une économie, il existe des agents
économiques (ménages) qui ont des capacités de financement
car leur épargne est supérieure aux dépenses qu'ils
veulent effectuer, et des agents économiques (entreprises) qui ont des
besoins de financement, car leur épargne est inférieure aux
investissements qu'ils veulent réaliser. Le système
économique doit donc adapter la capacité de financement et le
besoin de financement. C'est le rôle du système financier dans une
économie libérale.
Le système financier, selon l'encyclopédie
Universalis, se définit par l'ensemble des règles, des pratiques
et des institutions (bourses de valeurs, banques) qui permettent de mobiliser
des capitaux pour les mettre à disposition d'agents à besoin de
financement. Ces besoins correspondent pour l'essentiel à des projets
d'investissement d'entreprises, d'administrations ou de particuliers. Par
conséquent, leur satisfaction concourt à l'accroissement de la
capacité productive de l'économie.
On fait d'ailleurs valoir, depuis Raymond GOLDSMITH
(1969)245(*), John
GURLEY et Edouard SHAW (1955)246(*), qu'il existe une relation entre le niveau de
développement d'une économie et celui de son secteur financier.
Analysons cette relation au Cameroun en présentant tour à tour
les fonctions de base du système financier, le système financier
camerounais avant la restructuration, la restructuration du système
financier camerounais, et le lien entre système financier et lutte
contre la pauvreté.
a- Fonctions du système financier
La fonction de base du système financier d'après
C. DE BOISSIEU (2006)247(*) est l'allocation efficace des ressources, à
laquelle se rattachent six fonctions primordiales :
1. Système de paiement : Pour faciliter
l'échange des biens, des services et des actifs grâce aux
instruments de paiement (monnaie, banques)
2. Collecte de l'épargne : Le système
financier offre des mécanismes pour collecter l'épargne des
ménages pour en faire des ressources en capital utilisables par les
entreprises.
3. Transfert des ressources : Le système offre des
moyens de transfert de ressources économiques (prêts et emprunts,
mobilité internationale des capitaux)
4. Gestion des risques : Le système financier
transfère des fonds, mais aussi des risques. Un contrat d'assurance
transfère le risque sur la compagnie d'assurance, actionnaires,
créanciers et banques supportent le risque de faillite de l'entreprise
dans laquelle ils ont investi.
5. Production d'information : Le système financier
produit l'information nécessaire aux décisions financières
des agents économiques.
6. Résolution des problèmes d'incitation, qui
sont liés aux asymétries d'information relatives à
l'emprunteur (sélection adverse, aléa moral), et aux conflits
d'agence (délégation de responsabilité, dirigeant).
Ces six fonctions rendent possible les échanges
financiers dans un système économique. Observons le
fonctionnement de ces échanges au Cameroun.
b- Système financier camerounais avant la
restructuration
Le système financier africain qui émerge
après les indépendances reflète dans une certaine mesure
les infrastructures institutionnelles mises en place au cours de l'ère
coloniale. L'économiste Donatien EZE EZE, dans son étude sur
La structure bancaire dans le processus de financement de l'économie
camerounaise248(*),
va dans le même sens et précise que le Cameroun a
hérité d'une structure bancaire de l'époque coloniale. En
effet, cette structure s'est appuyée sur trois catégories de
banques : Les banques dites commerciales, celles de développement
et celles dites spécialisées.
Ce système financier a plusieurs
conséquences249(*) : La prépondérance des banques
étrangères au Cameroun et un faible taux de bancarisation, des
difficultés dans la collecte des ressources et l'existence des
financements courts auxquels nous ajoutons le développement du secteur
bancaire informel.
1- Prépondérance des banques
étrangères et faible taux de
bancarisation
Au Cameroun comme dans la plupart des pays de la zone franc,
on assiste à l'implantation d'un système bancaire importé,
mal adapté aux contraintes du développement local, précise
D. EZE EZE (2001) Ceci explique, dit-il, en partie l'existence dans
l'économie camerounaise d'un secteur moderne composé
d'activités modernes d'exportation, de commercialisation, de production
agricole et d'industries, et d'un vaste secteur traditionnel constitué
par l'artisanat et le petit commerce. Ce dualisme se répercute au niveau
de toutes les structures sociales et justifie le faible intérêt,
pour une certaine catégorie sociale, pour les banques. Les institutions
de dépôts subissent donc les effets de cette réalité
économique, nous le voyons avec la faible bancarisation de
l'économie camerounaise appréciée par rapport à
l'évolution du nombre de banque, de guichets et de comptes.
Tableau 8: Taux de bancarisation de l'économie
camerounaise
Année
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
Tb
|
1,09
|
1,08
|
0,67
|
0,81
|
0,72
|
Tc
|
54.129
|
51.444
|
50.791,9
|
35.322
|
26.791
|
Tg
|
15,8
|
12,9
|
10,76
|
11,4
|
8,72
|
Source : Afrique et développement, vol. XXVI
n° 3, p. 8 (Banque Mondiale rapport sur le développement humain)
Tb : Population totale/nombre de banques
Tc : Population totale/nombre de comptes
Tc : Population totale/nombre de guichets
Entre 1972 et 1987, on note globalement une évolution
du nombre de comptes et d'agences, mais à partir de 1989, le nombre
d'agence va chuter. Ceci est dû à la fermeture de la SCB cette
année là. La reprise de la SCB en 1990 ne permet cependant pas
l'augmentation du nombre d'agences, car les difficultés
rencontrées par certaines banques les amènent à fermer
certains guichets. C'est le cas de la BICIC qui se retrouve au 30 juin 1990
avec 30 agences contre 39 en 1991, la BIAOC qui dispose de 40 agences contre 50
pour les mêmes périodes.
En plus, ces banques sont essentiellement implantées
dans les grandes villes (Yaoundé, Douala et Bafoussam), ce qui contraint
la zone rurale à pratiquer la thésaurisation et à
considérer la banque comme une institution de « gens de la
ville ». Cette couverture territoriale insuffisante, ajoutée
à l'absence d'une véritable politique bancaire a exclu les agents
de la société civile du système bancaire, aggravant ainsi
le problème de mobilisation de l'épargne sur le plan national.
2- Problème de la collecte des
ressources
Après l'échec des stratégies de
développement basées sur les investissements productifs de grande
dimension exigeant une aide extérieure et des emprunts massifs,
l'idée que l'épargne nationale doit participer pour une grande
part à la formation du capital productif des pays en
développement est de plus en plus admise, pouvons nous lire dans Epargne
et développement édité par D. KESSLER et P.A. ULLMO
(1984)250(*).
Le Cameroun n'échappe pas à cette remarque (D.
EZE EZE, 2001), car on a noté une baisse du taux d'épargne qui
passe de 17,8% en 1991 à 15,3% en 1995. Précisons qu'en l'absence
d'un marché financier développé, les banques commerciales
sont les principaux vecteurs de la mobilisation de l'épargne
financière des ménages. Pourtant, on constate que le contexte du
système financier camerounais décourage cette épargne.
Cela se vérifie sur deux points :
Le premier point concerne la formation de l'épargne
dans les pays en développement, qui est avant tout
déterminée par la politique des prix et des revenus qui permet
à l'Etat de contrôler les ressources monétaires agricoles
et de procéder aux prélèvements sur la valeur
ajoutée, en vue du financement de l'économie. Le mode de
fonctionnement du secteur économique public influence également
la mobilisation de l'épargne, ce qui entraîne d'ailleurs à
la fin des années 1980 « une grave crise du secteur bancaire
qui voit des établissements jusque là réputés
solides, avoir du mal à restituer les dépôts des
clients »251(*). En effet, l'Etat dans son rôle de
régulateur, de faiseur de lois mais aussi dans celui de planificateur de
la politique de crédits « a participé à la
déconfiture des banques », selon J. MBOUMBOUO NDAM252(*).
Le second point concerne le dualisme cloisonné des
systèmes d'intermédiation financière, qui constitue aussi
un obstacle important à la mobilisation de l'épargne. En effet,
il existe dans la plupart des pays en développement deux types
d'institutions qui répondent à des logiques économiques en
partie contradictoires, nous rappelle J.Y. GOURVEZ (1985): Les
établissements bancaires avec des principes de fonctionnement bien
définis, et les circuits financiers traditionnels constitués par
les activités de prêts sur gages aux ménages, de protection
sociale restreinte et fonctionnant au niveau de groupes familiaux, ethniques,
socio professionnel ou par zone d'habitation.
Le problème de la collecte des ressources fait
référence à la masse monétaire dont disposent les
établissements de crédits au Cameroun.
Tableau 9: Structure monétaire dans l'économie
camerounaise (en %)
|
Années
|
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
Disponibilités monétaires
|
46
|
51
|
48
|
51,1
|
50,6
|
49,7
|
Monnaie fiduciaire
|
8
|
25,3
|
21
|
17,4
|
16,1
|
14
|
Monnaie scripturale
|
28
|
25,7
|
25
|
33,5
|
34,3
|
34,5
|
Quasi monnaie
|
38
|
49
|
52
|
48,9
|
49,4
|
51,3
|
Masse monétaire
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Masse monétaire/PIB
|
29
|
20
|
20
|
18,3
|
19,3
|
18,8
|
Quasi monnaie/PIB
|
11
|
10
|
10
|
8,9
|
9,5
|
9,7
|
Source : Afrique et développement, vol. XXVI
n° 3, p.12
On s'aperçoit que la part de la monnaie fiduciaire qui
représente moins de 50% des disponibilités monétaires au
Cameroun est aussi un frein au financement de l'économie. La part
croissante de la quasi monnaie de 1991 à 1996, se justifie par
l'évolution globale des dépôts bancaires, qui passent de
544.487 milliards en 1989, à 574.288 milliards de dollars en
1990253(*), avant
d'amorcer une chute depuis cette période du fait de la crise.
3- Prépondérance des financements
à court terme
Au Cameroun, comme dans la plupart des pays de la zone BEAC,
l'essentiel des financements du secteur primaire est fait par les banques de
développement à travers des crédits à court terme.
Les crédits à moyen et long terme étant fournis par les
banques commerciales au secteur secondaire et tertiaire. La part des
crédits à court terme reste, malgré l'évolution
à la baisse ces dernières années, au dessus de
75%254(*) et les
financements à long terme demeurent pratiquement insignifiants.
Tableau 10: Evolution du crédit à
l'économie au Cameroun (en%)
|
Années
|
Terme
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
Court
|
78,2
|
81,2
|
80,4
|
83,9
|
82,6
|
Moyen
|
20,2
|
18,2
|
19,5
|
15,9
|
16,9
|
Long
|
1,6
|
0
|
0,1
|
0,2
|
0,5
|
Source : Afrique et développement, vol. XXVI
n° 3, p.15
A la lumière de ces réalités, on comprend
aisément que l'insuffisance de l'intermédiation financière
et son inadaptation au contexte socio économique camerounais ait
entraîné le développement du secteur bancaire informel,
constitué de petites structures de proximité.
4- Développement rapide du secteur bancaire
informel.
Le rôle des institutions financières informelles
est de plus en plus important dans les pays africains. En effet, M. LELART
(1990, p. 50), définit la finance informelle comme étant
l'ensemble des transactions effectuées en marge des règles
établies, par des intermédiaires non agréés et non
enregistrés. Voyons donc, à la lumière du mémoire
d'études de M. GASSE HELLIO sur les tontines dans les pays en
développement255(*), quels sont les principaux intervenants de ce
secteur, et quels en sont les atouts et les limites au Cameroun.
On distingue généralement trois grands types
d'intervenants :
1. Les prêteurs individuels, qui prêtent
habituellement leurs propres ressources (bien qu'ils acceptent parfois les
dépôts), on trouve: Les amis, les parents, les
propriétaires fonciers, les prêteurs ruraux, les fournisseurs
d'intrants agricoles, les négociants, les marchands, les prêteurs
de marches parallèles urbains, etc.
2. Les groupements de personnes organisées sur une base
mutualiste, comme les Associations Rotatives d'Epargne et de Crédit
(AREC ou tontines), les chit funds, les associations informelles de
crédit, les organisations d'auto assistance ou les fonds familiaux ou
tribaux.
3. Les sociétés organisées en partenariat
(prêteurs sur gages), de même que d'autres intermédiaires
financiers non bancaires comme les sociétés de financement, les
sociétés d'investissement, les sociétés de
crédit-bail et de location-vente. Malgré la structure corporative
des trois derniers types d'établissements et malgré le fait que
leur activité soit réglementée par la loi, ils sont inclus
dans le secteur informel car ils échappent, dans une certaine mesure,
à la tutelle de la Banque centrale.
L'atout principal de la finance informelle pour les pays en
développement est qu'elle résout souvent des problèmes que
la finance formelle est dans l'incapacité de résoudre. On
distingue six raisons pour expliquer cet état de fait.
1. Les services rendus sont extrêmement
variés ;
2. Un système fondé sur la discipline ;
3. Epargne : Il y a des gros montants d'épargne
qui font surface ;
4. La réciprocité qui s'applique d'une part,
entre emprunts et dépôts, et d'autre part entre l'emprunteur et le
prêteur ;
5. Les innovations financières : Elles permettent
de réduire les coûts de transaction (grande adaptation aux
conditions variables);
6. Les coûts de transaction sont peu
élevés.
Le secteur financier informel n'est pas sans limites. On
distingue en règle générale trois problèmes
auxquels il se heurte.
1. Absence de réelle intermédiation
financière ;
2. La finance informelle ne finance que très peu
l'acquisition de biens d'investissement ;
3. Le caractère usuraire des taux
d'intérêt pratiqués proviendrait de ce que le risque prit
par les prêteurs est plus élevé.
Au Cameroun, « le développement
d'associations tontinières inter ethniques dans les quartiers des
grandes villes est en effet un phénomène marquant, au moins dans
les villes de Yaoundé et Douala » précise A.C. CREUSOT
(1999)256(*),
après une mission au Cameroun. Plusieurs facteurs selon elle, expliquent
la réussite de ces structures: Assise sociale forte ; existence
d'un règlement intérieur avec des procédures très
strictes de fonctionnement ; pression sociale forte et garanties solides
(aval, épargne bloquée) ; caractère symbolique de
l'argent cotisé (il est sacré, le bénéficiaire doit
en faire très bon usage).
Le système financier avant la restructuration
connaît une répression financière marquée par la
dominance des banques étrangères, un faible taux de
bancarisation, une difficulté de collecte de l'épargne, des
crédits accordés à court terme et un développement
rapide du secteur informel. Examinons donc ce que la restructuration apporte
comme innovation à ce système.
c- Restructuration du système financier
camerounais
Le système financier camerounais miné par tous
ces maux, va connaître deux restructurations, nous signale J. MBOUOMBOUO
NDAM (2007)257(*).
- La première restructuration débute en 1988 et
vise deux objectifs : D'une part adapter l'offre bancaire aux conditions
de la faible demande, et d'autre part, assurer la solvabilité, la
liquidité et la rentabilité des banques en activité. Cette
restructuration se solde par un échec.
- La deuxième restructuration va démarrer au
début de l'année 1995 et visera à libéraliser
d'avantage le secteur bancaire tout en rectifiant les erreurs commises lors de
la première. L'autorité de la COBAC sera renforcée et ses
décisions s'imposeront dorénavant aux juridictions nationales. Le
paysage bancaire est davantage assaini avec la liquidation des trois banques
dont la situation s'est fortement compromise depuis la dernière
restructuration. Celles qui le méritent sont recapitalisées.
Cette restructuration bancaire a ainsi donné lieu
à une transformation globale de l'ensemble du système bancaire
camerounais, les banques ont retrouvé leurs équilibres dés
les années 1997 et sont dorénavant mieux gérées.
Toutefois, il nous faut apprécier les effets de cette restructuration
sur l'intermédiation financière au Cameroun.
A la suite des analyses précédentes,
l'intermédiation financière se définit comme un outil qui
sert à l'échange entre pourvoyeurs et demandeurs de capitaux. Il
faut toutefois distinguer deux formes d'intermédiation nous
précise C. BIALES (2008):
- L'intermédiation de marché qui aide les agents
à capacité de financement à trouver les agents à
besoin de financement. Elle a une fonction de contrepartie.
- L'intermédiation de bilan qui octroie les
crédits, a une fonction de transformations de titres.
Il s'agit ici d'analyser les relations entre la banque et les
agents économiques que sont les entreprises, le milieu rural et
l'intégration régionale (extérieur).
- Banque et entreprise au Cameroun
J. MBOUMBOUO NDAM (2007) estime que les PME/PMI
représentent 60 à 65% du tissu industriel et commercial du
Cameroun. Une enquête menée par l'USAID, le CRETES et AGRO-PME et
commentée par Sime Zadouo (2002) montre que seulement 35% du financement
des PMI camerounaises est d'origine bancaire, le reste étant fourni par
les tontines, l'épargne personnelle et accessoirement par la famille,
les fournisseurs et les autres sources étrangères.
En fait, il existe une profonde cassure entre d'une part les
PME/PMI camerounaises à la recherche de financements pour leur expansion
et les banques dont les caisses débordent de liquidités. En
effet, les PME/PMI sont sevrées de financements, d'autant plus que les
banques de développement telle la BCD et les organismes d'appui aux
PME/PMI tels le CAPME et le FOGAPE ont été fermés lors de
la restructuration.
Les grandes entreprises par contre, ont la
préférence des banques qui apprécient leur meilleure
lisibilité en termes de documentation et de gestion. Elles
bénéficient en outre du parrainage des grands groupes
internationaux dont elles sont généralement les filiales. Mais
ici aussi il convient d'être circonspect, car les financements portent
essentiellement sur le court terme et les interventions susceptibles de
financer le développement258(*) sont rares.
- Banque et financement du développement rural
Le secteur rural intervient pour 46% dans le PNB du Cameroun
en 2002 (Banque Mondiale, 2003) et absorbe environ 75% de la population active.
L'apport de la banque est insignifiant, voire nul pour ce secteur. La
désertion des zones rurales par les banques est justifiée par la
faible rentabilité et l'absence d'infrastructures qui rend difficile le
contrôle des agences dont la fonction principale était la collecte
des dépôts.
La situation de crise est la raison la plus couramment
avancée par les banques pour justifier leur réticence face au
financement de l'économie en général. Mais d'autres
raisons sont également évoquées comme le taux de
rémunération très élevé (plus de 8%) offert
par la BEAC aux banques, la faiblesse des systèmes judiciaires
malgré les améliorations dues à l'avènement du code
OHADA, le mauvais montage des dossiers par les entreprises, la faible
représentation des nationaux dans l'actionnariat des banques259(*).
Au total, on conviendra de l'échec de la banque dans le
financement de l'économie, ce qui explique le paradoxe de sa
trésorerie pléthorique dans une économie pourtant à
besoin structurel de financement.
- Banque, aspect social et intégration
régionale
A ce niveau de notre étude, nous pouvons dire avec
Tchouassi et Ndjanyou (2002), que la relation entre la banque et la
société est marquée par une grave antinomie qu'on peut
justifier par l'origine coloniale de la banque camerounaise. En fait, la banque
au Cameroun comme dans tous les pays d'Afrique francophone s'est
développée culturellement, économiquement et socialement
pour servir une clientèle d'origine étrangère en
déphasage avec les mentalités locales. L'élite locale qui
a remplacé les cadres expatriés depuis les indépendances
est l'objet principal de toutes les stratégies commerciales des banques,
mais l'excès de formalisme des banques rebute aussi cette population qui
n'entretient pas avec elle des relations cordiales.
En sus de financer l'économie, l'intermédiation
bancaire est confrontée en Afrique Centrale à l'enjeu de
l'intégration régionale (ONDO OSSA, 2002) qui apparaît en
effet comme le meilleur moyen pour les petits pays de faire face aux
défis de la mondialisation. L'organisation du système bancaire de
la CEMAC autour de la structure centrale BEAC260(*) est un atout pour faire face
à cette mission. Malheureusement, l'on note « la piètre
performance des transferts intra zone avec des transactions qui mettent parfois
des semaines entre deux pays ou des transactions que les banques rejettent
après avoir vainement essayé de les effectuer » (J.
MBOUMBOUO NDAM,2007). Ceci explique entre autres le piétinement de
l`intégration par le marché dans la zone CEMAC)261(*).
d- Système financier et lutte contre la
pauvreté
Nous pensons, de concert avec N.A NGONO (2007)262(*), que « le
système bancaire devient l'un des partenaires de l'Etat en
matière de développement du fait qu'il joue un rôle
primordial dans la création et la mobilisation des ressources de
développement aussi bien nationales
qu'étrangères ». Sa participation au
développement se concrétise donc dans le rôle qu'il joue
dans la collecte de l'épargne disponible, la création de
l'épargne productive, la création de l'investissement productif,
l'investissement direct et la coopération technique. Tous ces aspects
concrétisent la fonction des banques comme conseiller de
développement. C'est pourquoi, les systèmes monétaires et
financiers des pays en voie de développement doivent contribuer à
stabiliser les ressources des banques, renforcer les capitaux propres et
inciter les banques à prendre une part plus active dans la
création directe des projets qui leurs sont propres.
Ainsi, « en facilitant, en collectant
l'épargne et en intervenant dans l'allocation de capital vers les
secteurs les plus productifs, les intermédiaires financiers jouent un
rôle important dans les conditions de la formation de l'équilibre
entre l'épargne et l'investissement, et, de là, dans la
croissance économique » (B. AMABLE, J.B. CHATELAIN et O. DE
BANDT, 1997). Il est en effet admis q'une épargne domestique importante
peut faciliter le développement économique, comme l'illustre le
cas de certains pays d'Asie à forte croissance au milieu des
années 1990 (World Bank, 1993).
Le système financier camerounais a connu une phase de
restructuration bénéfique au secteur bancaire qui se porte mieux,
mais qui n'arrive pas encore à répondre convenablement aux
besoins d'une clientèle qui représente près de 75% de la
population active. C'est la raison pour laquelle des mesures incitatives
d'appui à la mobilisation de l'épargne doivent être
envisagées. C'est ce que nous voyons dans le paragraphe suivant.
§.2 -
Mécanismes de mobilisation de l'épargne des ménages
La baisse drastique et de façon continue de l'Aide au
développement et l'essor de la mondialisation des échanges
contraint l'Afrique Centrale à reposer ses espoirs de
développement non plus sur la générosité
internationale, mais sur ses ressources propres et particulièrement
celles pouvant découler de la création de richesses de ses
populations. Aussi, peut-on considérer l'épargne interne comme le
moteur de l'investissement en Afrique subsaharienne. Quels sont donc les moyens
de mobilisation de cette épargne et les mécanismes mis en place
au Cameroun pour la collecter ?
A - Moyens de mobilisation de l'épargne pour
l'investissement productif
Selon la Banque Mondiale en 2005, l'Afrique subsaharienne
possède l'un des taux d'épargne les plus bas au Monde. En effet,
en 2003, rapporté au PIB, ce taux était de 18% pour l'Afrique
subsaharienne, contre 32% pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et 41%
pour l'Asie de l'Est et le Pacifique. Les banques traditionnelles n'ont pour
clients que 20 % des Africains, affirme EFAM DOVI dans son article Renforcer
l'épargne intérieure en Afrique (octobre 2008).
Ceci étant, les actions à mettre en oeuvre pour
une orientation des revenus des ménages vers une épargne
productive, supposent une adaptation radicale des services bancaires aux
réalités économiques, sociales et culturelles du pays
concerné. A la lumière de l'analyse de J.Y. GOURVEZ263(*), les pays d'Afrique
subsaharienne, à l'instar du Cameroun doivent développer une
politique de collecte de l'épargne selon quatre grands axes socio
démographiques :
a- Epargne en milieu rural
Elle s'analyse à trois niveaux :
1. Elle ne concerne pas que les agriculteurs et leur
système de production, mais également l'ensemble des agents de
l'économie rurale.
2. Les potentialités financières des
épargnants dépendent des filières de production dont ils
sont parties prenantes ;
3. Il existe des relations de transfert d'argent du village
vers les zones urbaines et inversement.
Les instruments de mobilisation de l'épargne rurale
doivent être fonction des spécificités de l'activité
agricole, de la structure familiale et des liens socio économique.
b- Epargne en milieu urbain
Deux paliers d'analyse sont possibles :
1. Prise en compte des motivations d'épargne
axées sur des activités spécifiques ;
2. Prise en compte de la population des ménages urbains
immergée dans l'économie dite
« informelle ».
L'accès progressif de ce secteur informel à des
services financiers modernes par un soutien à leurs actions, par la
formation, l'assistance à la gestion, est un enjeu important du
développement économique du Cameroun.
c- Epargne des émigrés
Beaucoup de pays d'Afrique, comme le Cameroun, sont
touchés par les phénomènes de migration. Nous le voyons
avec les émigrés Tchadien, Rwandais qui vivent et travaillent au
Cameroun pendant plusieurs années.
Ces émigrés manifestent
généralement une propension à consommer sur place
très faible et opèrent des transferts de liquidité plus ou
moins clandestines vers leurs pays. Notre participation à l'analyse
sociologique sur le phénomène de l'extraction du sable dans la
ville de MONATÉLÉ264(*) nous a appris que les plongeurs essentiellement
d'origine malienne transfèrent tous une partie considérable de
leur revenu vers leur pays.
La mobilisation de l'épargne de ces populations doit
donc être axée sur ces besoins de transfert d'argent et une
possibilité de retour au pays d'origine, par des formules
d'épargne retour, d'épargne investissement par exemple.
d- Epargne dite
« fuyante »
Elle émane des catégories sociales les plus
aisées qu'elles soient nationales ou internationales. Aussi, une
volonté de mobilisation de cette épargne doit se manifester sur
deux plans :
1. Proposer des taux d'intérêts réels
élevés sur des périodes très courtes, maintenir des
garanties explicites et supprimer le contrôle sur l'origine des
versements peut entraîner une bonne stabilité de ces
dépôts.
2. Pour les expatriés résidents, proposer des
produits qui, tout en maintenant la valeur des capitaux investis (indexation ou
comptes en devises), offriraient une garantie de liberté de change et de
transfert.
Les pays en développement disposent ainsi de plusieurs
possibilités de mobilisation de l'épargne tant en milieu rural
qu'en milieu urbain. Etudions donc les formes de mobilisation adoptées
par le Cameroun.
B - Mécanismes mis en place au
Cameroun
Face aux diverses possibilités de mobilisation de
l'épargne des ménages énumérées ci-dessus,
Le Cameroun a choisit de s'intéresser en premier à la collecte de
l'épargne en milieu rural et en urbain. Il le fait par la mise en place
de systèmes bancaires (micro finance) et de systèmes non
bancaires (micro assurance). Mais avant, de présenter ces actions,
évoquons l'ensemble des mesures prises allant dans cet axe de
modernisation de l'intermédiation financière.
a- Modernisation du système
d'intermédiation financière
au Cameroun
Le gouvernement camerounais, dans le troisième axe de
sa stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté,
a prévu la redynamisation du secteur privé à travers des
orientations claires, parmi lesquelles la diversification et le renforcement de
l'intermédiation financière265(*).
- La diversification de l'intermédiation
financière
Elle va se faire par des instruments financiers tels que le
leasing, le capital risque, le cautionnement mutuel, les Organismes de
Placement Collectifs des Valeurs Mobilières (OPCVM), les
Sociétés d'Investissement à Capital Variables (SICAV), les
Fonds Communs de Placement (FCP), les Fonds de garantie ou les Fonds
régionaux de développement.
Elle s'intéressera également au secteur des
assurances par la sensibilisation de toutes les couches sociales sur la
nécessité de disposer d'une assurance minimum telle que
l'assurance épargne266(*), l'assurance de prévoyance267(*).
- Le renforcement de l'intermédiation
financière
« Le gouvernement s'appuiera sur les systèmes
financiers décentralisés qui sont plus proches des
pauvres » DSRP (2003, p. 79). Il s'agit des structures micro
financières pour l'épargne et le crédit que sont :
Les Coopératives d'Epargne et de Crédit (COOPEC), le
réseau des Cameroon Coopérative Credit Union League (CAMCCUL),
les Mutuelles Communautaires de Croissance (MC2), le réseau
des Caisses de Base, les Caisses Villageoises du projet pilote de crédit
rural décentralisé (CV) et le projet ACEP Développement
Cameroun.
Par ailleurs, l'Etat veillera au respect des prescriptions du
traité de la COBAC par les COOPEC, à l'encadrement de l'ensemble
des coopératives existantes, à la bonne exécution du
Projet d'Appui au Programme National de la Micro finance (PPMF).
b- Mobilisation de l'épargne en milieu rural
et en milieu urbain
Les programmes et projets élaborés dans le cadre
de l'Initiative PPTE sont les suivants :
- Le projet d'appui aux établissements de micro finance
de développement (MC2/MUFFA), a été
éligible au financement PPTE en 2004 pour une durée de cinq ans,
et voudrait faciliter l'accès des populations rurales et en particulier
des femmes, aux services financiers.
- Le Programme Crédit Rural Décentralisé
(PCRD), déclaré éligible aux ressources PPTE en 2002, a
pour objectif de mettre en place un système financier
décentralisé pérenne par la création de Caisses
Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées (CVECA) et
la constitution de réseaux régionaux viables et autonomes.
- Le projet de valorisation des ressources humaines
féminines (CPF)
- Le Programme d'Appui aux Activités du secteur
Informel (PIAASI), éligible au financement PPTE en 2003 pour une
durée de trois ans, a pour but d'appuyer la mutation du secteur
informel.
- Le Programme d'Appui au Développement des emplois
Ruraux (PADER), accède au financement PPTE en 2002.
- Le projet de promotion des mutuelles de santé
pilotes, validé par le CCS/PPTE en 2003, vise à
l'amélioration de l'accessibilité financière des
populations pauvres aux soins de santé de qualité.
L'analyse du système financier du Cameroun,
présente désormais un secteur bancaire moderne. Ce système
est complété par des institutions de mobilisation de
l'épargne des zones désertées par les banques classiques.
L'importance de l'épargne dans l'économie est reconnue par le
gouvernement camerounais, à travers la mise en place de structures de
création et de mobilisation de cette épargne. Le lien entre
épargne et système financier est ainsi clairement établit.
Interrogeons nous à présent sur le lien entre l'épargne et
le système de santé.
Section.2 - Epargne et
système de santé au Cameroun
Dans son étude sur le développement des
mutuelles de santé en Afrique, P. NDIAYE (2006)268(*), nous informe que
l'accès aux soins de santé pour les populations africaines s'est
fait en plusieurs étapes : Une phase de gratuité et une
phase de partage des coûts. C'est dès cet instant que se pose le
problème du financement des soins de santé et que l'Etat met en
place une nouvelle politique de protection sociale à même de
répondre aux besoins des populations.
§.1 -
Problématique du financement de la santé au Cameroun
Le passage d'une situation de gratuité pour les soins
de santé à une obligation de dépenses constitue pour les
ménages un véritable handicap.
A - De la gratuité des soins au risque
financier maladie
A son accession à l'indépendance en 1960, le
Cameroun adopte, comme la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la
gratuité des soins comme mode de fonctionnement des structures publiques
de santé, mais, très vite, les différentes crises
pétrolières qui mettent fin à l'Etat providence
présentent la nécessité de l'assurance santé.
A l'époque coloniale, l'accent était mis sur la
médecine préventive269(*). Il était question de préserver la
main d'oeuvre agricole importante pour les grandes exploitations coloniales.
Pendant cette époque, les soins de santé sont donc
dispensés gratuitement.
Le Cameroun comme ses voisins africains adopte donc
naturellement à partir de 1960 la gratuité des soins. Mais, face
aux difficultés croissantes de financement, d'accessibilité et
d'équité dans le domaine de la santé dès le milieu
des années 1970, la Conférence d'Alma Ata préconisa en
1978 une réforme fondamentale des systèmes sanitaires et
érigea une stratégie d'accès aux soins de santé
primaires pour tous. Cependant, il était difficile de garantir
l'équité dans l'accès aux soins de santé
jugés prioritaires. Aussi, l'Initiative de Bamako en 1987 lancée
conjointement par l'OMS et l'UNICEF émergea dans ce contexte de
couverture inégalitaire, de médiocre qualité des soins et
de dégradation des infrastructures sanitaires. Elle privilégia le
financement communautaire des soins de santé dans le cadre d'une
politique de recouvrement des coûts dans les structures de santé
publique.
Cette politique de recouvrement des coûts qui consistait
au cofinancement par l'Etat et les populations du système de
santé, et à l'accès aux médicaments
génériques, a certes amélioré l'offre de
santé au Cameroun, mais elle n'a pas été suivie d'un
accroissement de la demande de soins, car « les plus démunis
sont souvent dans l'incapacité financière de recourir aux
structures sanitaires270(*) ». En effet, « une majeure
partie de la population ne peut assumer la quote-part demandée dans les
hôpitaux publics, privés et dans les pharmacies »,
précisent P. DEVELTERE, G. DOYEN, et B. FONTENEAU (2004)271(*). Ceci nous conduit à
poser le problème du financement de la santé.
B - Difficile accès aux soins de santé
pour les populations démunies
La nécessité de se prémunir contre les
risques financiers liés aux soins de santé s'est faite ressentir.
Seulement, les gouvernements des pays africains à l'instar du Cameroun,
n'apportent qu'une réponse insuffisante au besoin de protection sociale
des populations. En effet, la sécurité sociale (CNPS au Cameroun)
qui n'intègre d'ailleurs pas dans ses prestations la couverture
santé, protège uniquement les travailleurs du secteur formel et
les fonctionnaires, et délaisse ainsi une partie importante de la
population qui se regroupe dans le secteur agricole et le secteur informel. De
même, les compagnies d'assurance privées financièrement
inaccessibles pour le plus grand nombre, répondent en partie aux besoins
d'assurance santé d'une minorité de salariés.
Face aux difficultés qu'elles rencontrent, les
communautés organisent une solidarité autour de mécanismes
informels d'entraide. Solidarité qui s'observe au Cameroun au sein des
associations et tontines, dans lesquelles on trouve une rubrique
« secours » qui a pour objectif la prise en charge d'une
partie des frais médicaux engagés par l'un des membres à
jour de ses cotisations. Mais, ces formules demeurent le plus souvent
insuffisantes pour palier aux problèmes de financement des soins de santé272(*). En effet, la situation de crise d'endettement, dans
les années 1990 et les plans d'ajustement structurel ont conduit
à la dégradation du secteur de la santé au Cameroun, comme
l'indiquent les indicateurs de taux de mortalité infantile de 1991 et de
1998, qui sont respectivement de 31,1 pour 1000 et 37,2 pour 1000273(*). La situation du Cameroun
ainsi que celle des autres Etats africains est alarmante, c'est ainsi qu'en
2001, ces chefs d'État africains réunis à Abuja,
s'engagent entre autres, à porter à 15% la proportion des
dépenses publiques allouées à la santé dans leurs
pays. Or, selon la Commission macroéconomie et santé, un pays
doit dépenser au moins 34 dollars par habitant pour fournir une
série de services de santé à sa population,
conformément aux directives de l'OMS274(*).
Cependant, l'analyse des données de l'OMS sur
l'évolution des dépenses par habitant en dollars dans 52 pays
africains entre 1998 et 2002 indique que la majorité de ces pays
dépensent moins. C'est le cas du Cameroun qui, de 1998 à 2002, a
dépensé successivement 28, 31, 28, 28 et 31 dollars par habitant
pour les soins de santé275(*).
La santé financée au départ par l'Etat,
doit faire face dès les années de crise à un
problème de ressources financières. On passe ainsi du
système de recouvrement des coûts dans les formations sanitaires
à un besoin crucial d'un mécanisme pouvant structurer la demande
de soins. L'assurance maladie s'avère donc être l'outil
nécessaire pour cette nouvelle approche.
L'Etat camerounais, inscrit à cet effet dans son
programme une réforme du secteur santé et de la protection
sociale.
§.2 - Politique de
santé et de protection sociale au Cameroun depuis
l'an 2000
Cette politique est matérialisée par la mise en
place d'une stratégie santé et par la réforme de la
protection sociale.
A - Stratégie santé : La
mutualité, une alternative
Le gouvernement camerounais, pour répondre au
problème de financement des soins de santé, a adopté en
octobre 2001 une stratégie sectorielle de la santé276(*). Ses trois principaux
objectifs sont :
- Réduire de 1/3 au moins la charge morbide globale et
la mortalité des groupes de population les plus
vulnérables ;
- Mettre en place, à une heure de marche et pour 90% de
la population, une formation sanitaire délivrant le paquet minimum
d'activités ;
- Pratiquer une gestion efficace et efficiente des ressources,
dans 90% des formations sanitaires et services de santé, publics et
privés, à différents niveaux de la pyramide sanitaire.
Dans cette nouvelle approche, le système de
santé est calqué sur une structure pyramidale avec une gestion
déconcentrée277(*).
Tableau 11 : Structure et organisation du système
de santé du Cameroun
Niveau
|
Structures administratives
|
Compétences
|
Structures de soins
|
Structures de dialogue
|
Nom
|
Nbre
|
Central
|
Services centraux du
MINSANTE
|
-Elaboration des concepts, de la politique et des
stratégies
-Coordination
-Régulation
|
Hôpital général
Centre Hospitalier Universitaire
Hôpital Central
|
2
1
2
|
Conseils d'administration ou comités de gestion
|
Intermé-diaire
|
Délégations provinciales
|
Appui technique aux districts de santé
|
Hôpitaux Provinciaux et assimilés
|
|
Fonds spéciaux provinciaux pour la promotion de la
santé
|
Périphéri-que
|
Services de
santé de
districts
|
Mise en oeuvre des programmes
|
Hôpitaux de district
Centres Médicaux d'Arrondissement
Centres de santé
|
58
2000
|
COSADI
COGEDI
COSA
COGE
|
Source : Mémoire DESS Economie de la santé, C.
NDIM, Cameroun, juin 2006
Ce tableau montre que le système de santé est
géré à trois niveaux et qu'il dispose de structures de
dialogue, outils de vulgarisation par excellence.
Par ailleurs, l'appui à la demande de soins est fait
par la création d'une cellule d'appui au développement des
mutuelles de santé au MINSANTE. A cet effet, un plan stratégique
pour la promotion et le développement des mutuelles de santé au
Cameroun a été élaboré en octobre 2005 par le
MINSANTE et le MINTSS. Ce plan stratégique qui couvre la période
de 2005 à 2010 a pour objectif global l'amélioration de
l'accès des populations aux soins de santé de qualité par
la mise en oeuvre des systèmes de partage du risque maladie278(*). Il s'agit de faire couvrir
40% des populations par des mutuelles de santé d'ici fin 2010 et amener
les communautés à créer au moins une mutuelle de
santé dans chaque district de santé pour la même
période.
La mise en oeuvre de ces objectifs va donc permettre :
- D'améliorer la qualité des soins et la
satisfaction des patients ;
- D'augmenter l'utilisation des formations
médicales ;
- De couvrir 100% des districts de santé par au moins
une mutuelle de santé ;
- De supprimer les pratiques parallèles et le
rançonnement des malades dans les formations sanitaires
conventionnées.
Dans le cadre du renforcement du secteur social, le Cameroun
privilégie l'amélioration de l'état de santé des
populations en facilitant l'accès aux soins de santé et
l'amélioration des conditions nécessaires à
l'épanouissement de ces populations par une réforme structurelle
des institutions à caractère social279(*), c'est le cas de la
réforme du système de protection sociale
B - Réforme du système de protection
sociale
Le système de protection sociale actuel au Cameroun est
constitué essentiellement par deux régimes principaux280(*) :
- Le régime des travailleurs relevant du code de
travail, géré par la Caisse Nationale de Prévoyance
Sociale (CNPS);
- Le régime des Fonctionnaires et assimilés,
géré par l'Etat.
Que ce soit au niveau de la CNPS ou de l'Etat, le
système camerounais gère sept prestations sur les neuf prescrites
par l'OIT dans la Convention 102 ou norme minimum281(*) : Prestations
familiales, prestations de maternité, pension de vieillesse ou de
retraite, pension d'invalidité, pension de décès ou de
réversion, prestations d'accidents de travail et maladies
professionnelles.
La sécurité sociale se caractérise par
une double insuffisance, selon les termes du rapport national sur la protection
sociale au Cameroun (2008) :
- 10% seulement de la population active est couverte ;
- Il n'existe pas de couverture du risque maladie et du risque
chômage.
En matière d'assurance privée, ce sont les
structures régies par le code CIMA (Conférence Interafricaine des
Marchés d'Assurance) qui gèrent les risques des
assurés.
Pour faire face à cette faiblesse du système
conventionnel, la population a imaginé des mécanismes palliatifs
de sécurité (tontines, mutuelles, associations de santé
communautaires, etc.), qui sont malheureusement souvent confrontés
à divers problèmes d'ordre institutionnel, juridique, humain et
financier dans un cadre légal flou.
C'est pourquoi, le Gouvernement camerounais a adopté
fin décembre 1999, une stratégie de réforme de la
Sécurité Sociale comportant, d'une part, la réhabilitation
de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) et d'autre part, la
réforme globale de la Sécurité Sociale. Cette
stratégie comporte282(*) :
Cette stratégie de réforme est désormais
mise en route par la création du comité de réflexion sur
la modernisation de la sécurité sociale par l'arrêté
n° 159/PM du 04 novembre 2008283(*).
La politique de santé et de protection sociale au
Cameroun depuis 2000 se matérialise essentiellement par une
volonté de promotion des mutuelles de santé pilotes dans les
districts de santé. Elle concrétise la politique d'appui à
la constitution de mécanismes de mobilisation de l'épargne,
préconisée pour la modernisation du système
d'intermédiation financière. Ainsi, la promotion des
systèmes de micro assurances santé répond à une
double problématique : Celle du financement du développement
de l'économie par l'épargne des ménages, et celle du
financement de la santé.
Les mutuelles de santé constituent donc une alternative
intéressante pour surmonter les barrières d'accès aux
soins de santé. Elles viennent palier aux limites du système de
prévoyance nationale et de la solidarité traditionnelle.
Examinons à présent l'effectivité de la
mise en place de ces structures à travers l'analyse de la typologie des
systèmes de mutualisation des risques maladie.
Section.3 - Typologie des
systèmes de mutualisation des risques maladie
en Afrique
subsaharienne et au Cameroun
Elle permet, en matière de recherche, une analyse
comparative des systèmes. Sur un plan opérationnel, elle facilite
le processus décisionnel quant au choix du système.
Procédons à l'inventaire de ces systèmes, puis à
analysons leurs perspectives de développement au Cameroun.
§.1 - Inventaire des
systèmes de mutualisation des risques en Afrique
subsaharienne
Il est basé sur deux grandes écoles de
pensée (Anglo-Saxonne et Europe continentale)284(*), d'où
découlent les principales typologies.
A - Deux approches de classification des
systèmes
L'environnement conceptuel qui est à la base de
l'étude et de la classification des systèmes financiers de
mutualisation des risques maladie est différent dans la
littérature francophone et anglophone. Le tableau ci-dessous, nous
permet d'apprécier les caractéristiques de ces deux
écoles.
Tableau 12 : Comparaison des deux approches de
l'étude des systèmes
financiers de mutualisation des risques de
maladie
|
Approche Europe continentale
|
Approche Anglo-saxonne
|
1-Dénomination
du concept
|
Mutuelle de santé
|
Community (based) health
insurance
|
2-Région
d'application
|
Afrique centrale
francophone
|
Afrique de l'Est anglophone
|
3-Idée dominante
|
Mouvement social pour l'action commune d'un groupe de
membres
|
Mise en commun de fonds pour le mécanisme financier de
l'assurance
|
4-Caractéristiques
de regroupement
|
Par les membres (aspect social)
- Composante sociale
- Mécanisme associatif
- Mobilisation de capital social
|
Aspect technique et organisationnel
- Composante financière
- Mécanisme d'assurance
- Mobilisation de ressources
|
5-Domaine de
recherche
|
Systèmes de santé, économie sociale,
anthropologie, histoire
|
Economie de la santé
|
6-Fondements ou
références
|
Transposer les Mutuelles de santé européennes au
contexte africain
|
Etendre les techniques de micro assurance aux soins de
santé
|
7-Population cible
|
Groupe d'associations secteur informel et formel
|
Travailleurs secteur informel
|
8-Financement
|
Tout type de financement
|
Système d'épargne et de crédit
|
9-Organisation et
participation
|
- Gestion bottom-up
- Appui d'ONG nationales et
internationales
|
- Gestion top-down
- Appui de l'Etat et des institutions
internationales
|
10- Couverture
des plus démunis
|
Assistance d'OSC
|
Subventions de l'Etat
|
Source : Elaboré par l'auteure, à partir
des données collectées, février 2009
Cette présentation, en 10 points montre que l'approche
francophone met l'accent sur l'aspect social tandis que l'approche
anglo-saxonne insiste sur l'aspect technique et organisationnel.
B - Principales typologies existantes
Le mouvement mutualiste étant en plein essor, les
observateurs reconnaissent d'autres formes d'évolution285(*). La diversité de ces
initiatives ne peut que compliquer leur classification. On classe
néanmoins les approches les plus courantes selon trois logiques :
Sociale, économique et organisationnelle.
a- Approche sociale :
La logique sociale s'intéresse davantage au secteur
(formel ou informel), aux membres (appartenance sociale), à la forme
d'adhésion (obligatoire ou volontaire), à la population cible et
à la couverture géographique (territoriale, régionale,
locale).
b- Approche économique
Est évoquée par l'appellation « micro
assurance santé », qui fait son apparition en 1999286(*). Selon P. NDIAYE (2006),
cette approche met l'accent sur l'aspect assuranciel et économique de
l'organisation, le terme assurance étant utilisé essentiellement
pour les structures à but lucratif. Par ailleurs, le terme micro fait
référence à une organisation moins importante que les
grandes mutuelles professionnelles et se rapprochent ainsi de la notion de
micro finance.
c- Approche organisationnelle
Elle est guidée par les conditions de gestion du
système de mutuelles de santé, la question étant de savoir
qui est le gestionnaire de ce système de prise en charge des soins
médicaux. En 2003, la concertation entre les acteurs du
développement des mutuelles287(*) a réalisé un inventaire qui confirme
le développement des mutuelles de santé dans onze (11) pays
africains, parmi lesquels le Cameroun (voir tableau 13)
Tableau 13: Situation globale des mutuelles fonctionnelles
|
1997
|
2000
|
2003
|
Bénin
|
11
|
23
|
43
|
Burkina Faso
|
6
|
26
|
36
|
Cameroun
|
18
|
20
|
22
|
Côte d'ivoire
|
|
29
|
36
|
Guinée
|
6
|
27
|
55
|
Mali
|
7
|
22
|
56
|
Mauritanie
|
|
|
3
|
Niger
|
6
|
12
|
12
|
Sénégal
|
19
|
29
|
87
|
Tchad
|
3
|
4
|
7
|
Togo
|
|
7
|
9
|
Total
|
76
|
199
|
366
|
Source : Développement des mutuelles de santé
en Afrique : Une analyse comparative des approches et de leurs impacts,
Reseach matters, p. 7
On observe dans ce tableau que le Cameroun compte
déjà en 2003, 22 mutuelles fonctionnelles. Ceci nous amène
à analyser l'approche développée dans ce pays.
d- Approche développée au
Cameroun
Le modèle de système de mutualisation de risques
développé au Cameroun est le modèle francophone. En effet,
cette approche met en avant l'idée de « mouvement
mutualiste » développée en Europe à l'instar de
la France et de l'Allemagne. L'histoire du développement de la
sécurité sociale en France passe par des sociétés
de secours mutuel créées dans les années 1840. Leur
légalisation se fait sous la IIIème République
en 1898 et la mutualité agricole est créée en
1900288(*). Observons
alors les mutuelles au Cameroun.
§.2 -
Développement des mutuelles de santé au Cameroun
L'Initiative de BAMAKO, en 1987 en introduisant le paiement
direct des soins par les usagers, met fin à la gratuité de soins
de santé et à l'Etat providence. C'est le règne de l'Etat
partenaire, dans lequel les frais de soins de santé sont partagés
avec les populations. C'est le début de la mise au point de
réponses de type assuranciel, aux problèmes financiers qui se
posent alors. Les systèmes de mutuelles de santé ou micro
assurances santé se développent donc au Cameroun à partir
des années 2000. Prenons connaissance des caractéristiques de ces
initiatives et voyons quelles en sont les perspectives.
A - Caractéristiques des systèmes de
mutualisation des risques de santé
Il existe différents termes pour définir ces
nouvelles initiatives en matière de soins de santé. En 1999, le
Bureau International du Travail (BIT) a proposé d'utiliser le terme
micro assurance, qui recouvre en fait l'ensemble des caractéristiques
communes d'une large diversité d'initiatives. STEP289(*) a retenu les
caractéristiques ci-après :
- Fonction «assurance» : Les systèmes mettent
en jeu une assurance santé par laquelle des souscripteurs, en
contrepartie du versement d'une cotisation ou prime, obtiennent une garantie de
prise en charge, en cas de réalisation d'un risque de maladie.
- Les souscripteurs renoncent à la
propriété des cotisations qu'ils versent.
- Participation financière : Les
bénéficiaires ou adhérents apportent les contributions
nécessaires au financement des prestations.
- Adhésion non obligatoire : Les
bénéficiaires du système sont assurés sur une base
volontaire ou automatique.
- Exclusion de la sécurité sociale : Les
bénéficiaires du système sont, au moins en partie, des
personnes exclues des systèmes de sécurité sociale.
- Implication des bénéficiaires dans la gestion:
Ils sont associés à la gestion du système d'assurance,
tout au moins au choix des services de santé couverts.
- Complément aux systèmes classiques de
sécurité sociale : Le système est issu de l'initiative
d'opérateurs autres que ceux des systèmes de
sécurité sociale comme les caisses de prévoyance
maladie.
La micro assurance santé permet ainsi à
plusieurs personnes de partager les risques financiers liés aux
dépenses de soins. Les ressources des assurés sont mises en
commun et servent à couvrir les dépenses des seules personnes
affectées par la survenue d'un risque. C'est le principe de la
répartition.
La mise en oeuvre de ces systèmes doit se faire selon
des principes et d'après une définition claire des services.
a- Principes de fonctionnement de la micro assurance
santé
Le BIT/STEP présentent sept principes
fondamentaux290(*) : La solidarité; la participation
démocratique; l'autonomie et la liberté; la poursuite d'un but
non lucratif; l'épanouissement de la personne; la responsabilité
des membres; la dynamique d'un mouvement social.
1. Solidarité : C'est le fondement de la
mutualité. Chaque membre paie une cotisation, indépendante de son
risque personnel de tomber malade.
2. Fonctionnement démocratique et participatif :
Chacun est libre d'adhérer à une mutuelle et ce, sans
discrimination.
3. Autonomie et liberté dans le respect des lois :
Une mutuelle est une organisation libre qui doit, en conséquence,
pouvoir prendre des décisions sans demander l'aval des autorités
publiques.
4. But non lucratif : Par vocation, une mutuelle consacre
son action au service de ses membres. Elle a un but non lucratif.
5. Le respect de la dignité de la personne dans toutes
ses dimensions, est un autre principe de base de la mutualité.
6. Responsabilité des membres,
représentée par la solidarité, la démocratie
participative, l'autonomie et l'épanouissement de la personne.
7. Dynamique d'un mouvement social : Tout ce qui
précède montre que les membres des mutuelles sont membres d'une
dynamique sociale.
b- Définition et services d'une mutuelle de
santé
Utilisons encore une fois la définition du BIT/STEP,
qui précise qu'une mutuelle de santé est une association à
but non lucratif, basée sur les principes de solidarité et
d'entraide entre des personnes physiques qui y adhèrent de façon
libre et volontaire291(*). C'est à partir de cette définition
que se déterminent les services à fournir. Nous retenons ici cinq
types de services :
1. Soins de santé de base : Ce sont les soins
courants.
2. Soins hospitaliers ou spécialisés :
Comprennent les consultations des médecins spécialistes, ainsi
que les actes médicaux techniques.
3. Médicaments : La liste de ceux qui sont
remboursés doit être établie.
4. Transport des malades, peut être organisé et
pris en charge.
5. Autres risques sociaux : Allocations de type
forfaitaire (naissance, mariage).
En plus de la couverture des risques sociaux, les mutuelles
peuvent proposer des activités promotionnelles d'éducation
à la santé ou des actions préventives comme des causeries
ou des manifestations socioculturelles.
Le choix des services offerts par la mutuelle doit tenir
compte de trois facteurs essentiels, les besoins de santé; l'offre
existante en matière de santé; la capacité de contribution
financière des membres. Chaque mutuelle définit un paquet de
prestations à offrir à ses bénéficiaires292(*).
Le tableau ci-dessous donne une idée des prestations
offertes par les mutuelles.
Tableau 14 : Classement des prestations des mutuelles
selon leur fréquence
Prestations
|
Nombre de mutuelles
|
Pourcentage
|
Médicaments génériques
|
285
|
77,9
|
Accouchement simple de 1er niveau
|
212
|
57,9
|
Césarienne
|
201
|
54,9
|
Soins ambulatoires de 1er niveau
|
197
|
53,8
|
Petite hospitalisation
|
185
|
50,5
|
Consultations prénatales de 1er niveau
|
176
|
48,1
|
Accouchement avec complications
|
166
|
45,4
|
Hospitalisation médicale
|
162
|
44,3
|
Chirurgie
|
159
|
43,4
|
Autres consultations préventives
|
151
|
41,3
|
Soins ambulatoires de 2ème niveau
|
143
|
39,1
|
Transport en ambulance
|
136
|
37,2
|
Consultations prénatales de 2ème
niveau
|
119
|
32,5
|
Echographie
|
119
|
32,5
|
Spécialités médicamenteuses
|
111
|
30,3
|
Maladies chroniques de 2ème niveau
|
92
|
25,1
|
Gynécologie
|
85
|
23,2
|
Maladie chronique de 1er niveau
|
82
|
22,4
|
Soins dentaires
|
76
|
20,8
|
Ophtalmologie
|
73
|
19,9
|
Source : P. NDIAYE : Développement des mutuelles
de santé en Afrique, Research Matters, juin 2006, p.9
On constate que le médicament générique,
les soins de premier niveau, les accouchements simples, les césariennes
et la petite hospitalisation, sont présents dans plus de la
moitié des mutuelles. Cette situation reflète la
préférence des populations en rapport aux soins les plus
fréquents (y compris ceux liés à la grossesse).
La micro assurance santé, souvent appelée
mutuelle de santé au Cameroun, est un instrument financier qui permet
aux membres et à leurs personnes à charge d'accéder
à des soins de santé de qualité. Elle cherche donc
à supprimer les barrières financières et les
barrières géographiques à l'accès aux soins. La
mise en place des mutuelles de santé au Cameroun présente alors
un atout considérable pour l'amélioration des conditions de
santé des populations mais également un outil de mobilisation de
l'épargne des ménages. Ce sont ces considérations qui nous
amènent à parler des perspectives de la promotion des mutuelles
de santé au Cameroun.
B - Perspectives du mouvement mutualiste au
Cameroun
Les systèmes de mutualité au Cameroun
représentent un enjeu économique, c'est pourquoi dès
l'année 2002 la coopération bilatérale et les fonds PPTE
s'y intéressent.
a- Un véritable enjeu de développement
économique
De nombreuses études sur les mutuelles de santé
ont été menées dès les années 2000 au
Cameroun. Evoquons celles qui ont fournit des résultats :
1- Etude APCAS-STEP/BIT (2000) : La dimension mutuelle
de santé
des organisations traditionnelles de solidarité
au Cameroun
Elle constate que les organisations traditionnelles de
solidarité sont de véritables mutuelles polyvalentes. Les
cotisations de la « caisse secours » couvrent la maladie et
le décès. Ces organisations peuvent à court terme offrir
une assurance maladie à 20% de la population de Yaoundé.
Elle recommande que ces organisations servent de base à
une politique de mutualisation des risques de santé, un appui technique
pour leur gestion, et une sensibilisation des prestataires de soins sur le
rôle des mutuelles de santé.
2- Etude cabinet SERVAC (octobre 2002) : Les mutuelles
de santé
au Cameroun
Cette étude précise qu'il faudrait bâtir
les mutuelles de santé à partir des populations cibles au sein
desquelles préexistent des notions de solidarité, de
prévoyance et d'organisation.
Elle recommande ensuite un processus qui passe par la mise en
place d'un cadre juridique, le choix des champs d'actions pilotes, le choix des
modalités financières et institutionnelles, le renforcement des
capacités des formations sanitaires, la création d'un fonds
spécial (réassurance et indigents), le renforcement des
capacités des structures d'appui, de suivi évaluation.
3- Etude cabinet LEADER ADVISE (janvier 2003):
Méthodes
d'extension au secteur informel et aux couches de la
population
non couverte par la sécurité
sociale
Elle observe que plus de 80% des Camerounais
fréquentent les associations traditionnelles. Aussi, l'extension est
faisable par le biais des canaux de mobilisation de l'épargne et en
conservant l'esprit qui guide les schémas d'assistance et d'entraide
traditionnels. Il manque à ce système une base juridique et une
administration convenable. Mais, l'esprit démocratique et la gestion
transparente de ces structures sont un atout. Pour le système
proposé.
Elle recommande de passer par des actions pilotes. Trois
expériences pilotes peuvent être menées en milieu urbain,
en milieu rural et en milieu professionnel. Elles doivent être
financées par l'Etat ou des organismes financiers.
C. MILLON (2005)293(*) affirme que « l'assurance est un facteur
de dignité, de solidarité, de bonne gouvernance et de
développement ». En termes de dignité il est
évident qu'en cas de sinistre, l'assuré perçoit des
indemnités. Il possède la liberté d'en définir
l'utilisation. Aussi, pour que les citoyens des pays en développement
puissent prendre leur destinée en main, il faut qu'ils s'inscrivent dans
des processus assuranciels qui leur permet d'adopter une démarche de
prévoyance et d'indépendance financière.
L'assurance est également un facteur de gouvernance,
car sans assurance, il n'y a pas de contrat, pas d'ordre juridique. Et s'il n'y
a pas d'ordre juridique, on ne peut parler de sécurité politique
et économique. Cette question est essentielle non seulement pour les
structures sanitaires et hospitalières, mais également pour les
assurés qui doivent avoir confiance dans leurs contrats et dans les
institutions médicales.
L'assurance est un facteur de développement parce
qu'elle est à la base même une épargne. L'un des
problèmes majeurs des pays émergents étant l'absence
d'épargne institutionnelle, les mutuelles de santé ou micro
assurances santé peuvent constituer un moyen efficace de mobilisation de
cette épargne des ménages. Par ailleurs, les trois études
de faisabilité sur les mutuelles de santé au Cameroun montrent la
pertinence d'une approche mutualiste sur le plan social et économique.
Cependant, cette faisabilité reste théorique. Les
expériences de mise en place des mutuelles de santé pilotes vont
nous permettre de découvrir le développement de ce jeune
mouvement mutualiste. Nous pourrons ensuite estimer ses réelles
perspectives d'évolution.
b- Promotion des mutuelles de santé pilotes au
Cameroun
Cette promotion est faite par la coopération
bilatérale et par l'Initiative PPTE. En effet, la coopération
bilatérale appui le gouvernement dans ses actions de
développement. L'Initiative PPTE finance les actions de
développement du Ministère de la Santé du Cameroun.
- Mutuelles de santé et coopération
bilatérale
Plusieurs initiatives en faveur de la promotion des mutuelles
de santé sont prises par la Coopération Technique Belge (CTB) et
par la GTZ.
La Coopération Technique Belge a initié, dans la
province de l'Extrême Nord, à travers son projet d'Appui à
7 Districts de Santé, la mise en place de neuf mutuelles de
santé, dans les villages Douroum, Doulek, Godola (district de
santé de Méri), Gaban, Lara et Kaélé (district de
Kaélé) et 3 mutuelles dans la ville de Maroua. Ces mutuelles ont
toutes démarré la prise en charge des malades le1er avril 2006.
La Coopération Allemande, à travers son
opérateur la GTZ, intervient essentiellement dans six provinces du
Cameroun : Au centre, au Littoral, au Nord Ouest, à l'Ouest, au Sud
et au Sud Ouest. (Voir cartographie des MS en annexes). Observons sa
stratégie d'action et ses réalisations.
Les principales actions de la GTZ se voient à trois
niveaux : 1- Au niveau national, elle appuie la création d'un cadre
institutionnel, le développement des modèles de Micro Assurance
Santé (MAS) et la création d'un programme de recherche et de
formation en micro assurance santé. 2- Les actions au niveau
intermédiaire se voient par des appuis financiers et techniques aux
structures d'accompagnement des MAS (ONG, BE), par la création de
cellules provinciales de promotion des MAS, par l'appui à la mise en
réseau des acteurs de la mutualité par la création d'une
plate forme. 3- Au niveau périphérique, des actions de dotation
de base aux mutuelles de santé (ordinateurs, outils de gestion), de
formation et d'appui conseil sont menées.
Les statistiques de la GTZ recensent au sein de ses
mutuelles294(*), 60.518
bénéficiaires inscrits et 24.081 à jour des cotisations.
Le taux moyen de recouvrement des cotisations est de 20%.
- Mutuelles de santé et Initiative PPTE
L'initiative PPTE est venue faciliter la mise en place des
structures de production de richesses. En effet, l'appui à la mise en
place des Activités Génératrices de Revenus (AGR) qui
facilite ainsi l'augmentation des revenus des populations, permet l'incitation
à une mobilisation de l'épargne. Cette mobilisation ne peut se
faire qu'à travers un système financier performant et
adapté à toutes les couches sociales. Aussi, l'Initiative PPTE
par l'appui au développement des IMF et des mutuelles de santé,
met en place, en dehors des instruments financiers classiques que sont les
banques, des instruments financiers spécifiques. IL s'agit des
instruments financiers bancaires que sont les institutions de micro finance, et
des instruments financiers non bancaires que sont les systèmes de micro
assurance santé.
La promotion des mutuelles de santé pilotes sur
ressources PPTE est portée par le MINSANTE, avec l'appui technique de
l'ONG SAILD/APCAS. En effet, ces deux organisations sont chargées,
depuis l'année 2003 de la mise en place des mutuelles de santé
auprès des organisations paysannes partenaires, surtout dans les
provinces de l'Extrême Nord, du Nord, du Nord Ouest, de l'Ouest et du
Littoral.
Le mouvement mutualiste au Cameroun est en marche. Il se situe
actuellement à une phase pilote, dont l'issue permettra la mise en place
d'un système de mutualisation des risques de santé adapté
au contexte local.
La cartographie des mutuelles de santé de la GTZ en
2008 et celle de l'ensemble des mutuelles au Cameroun de 2006 (voir annexe 3),
nous permettent de présenter la répartition suivante :
Tableau 15: Répartition des Mutuelles de
santé par province au Cameroun
Provinces
|
Secteurs
|
Nombre mutuelle
|
Informel
|
Formel
|
Centre
|
16
|
5
|
25-28
|
Littoral
|
10
|
10
|
Extrême Nord
|
10
|
1
|
8-25
|
Nord-Ouest
|
8
|
-
|
Ouest
|
22
|
-
|
Adamaoua
|
2
|
-
|
1-8
|
Nord
|
-
|
1
|
Sud-ouest
|
1
|
1
|
Sud
|
1
|
-
|
0-1
|
Total mutuelles 2008
|
70
|
18
|
|
Source : OEuvre de l'auteure sur la base des
données GTZ et MINSANTE, février 2009
Les perspectives vont dans le sens d'une validation des
concepts ainsi développés, au plan national. Pour qu'une telle
validation soit possible, les expériences de la phase pilote doivent
être appréciées.
En d'autres termes, la méthodologie de l'approche
projet, qui exige un suivi évaluation des actions menées doit
être appliquée aux mutuelles de santé pilotes. C'est cette
réflexion que nous menons dans le dernier chapitre de notre
étude, qui concerne l'évaluation de la performance des
systèmes mis en place.
Chapitre 4 - Evaluation de
la performance des systèmes de
mutualisation des risques maladie
L'évaluation est une activité périodique,
contrairement au suivi qui est continu. C'est un bilan des activités
réalisées, qui peut être fait en cours ou en fin de projet.
Il s'agit d'apprécier si les objectifs fixés sont atteints
totalement ou partiellement. Les raisons des écarts constatés
entre le niveau d'atteinte des objectifs et les prévisions doivent
être recherchées.
Avant de passer à la procédure
d'évaluation, intéressons nous à la littérature sur
l'évaluation. Nous nous intéresserons ensuite à
l'élaboration d'indicateurs d'évaluation pertinents.
Section.1 - Littérature
sur l'évaluation des mutuelles de santé
On observe que parmi les critères d'analyse de ces
évaluations, les aspects techniques, organisationnels et financiers sont
très développés. Prenons connaissance du contenu de cette
littérature, avant d'en présenter les limites.
§.1 - Contenu de la
littérature sur l'évaluation
Pour cette analyse, nous allons définir les
critères d'évaluation couramment utilisés, puis nous
allons présentés les principaux indicateurs
d'évaluation.
A - Critères d'évaluations
utilisés
Un critère est un élément
considéré pour évaluer, analyser quelque chose295(*). Ceux utilisés dans
l'évaluation des mutuelles de santé concernent les aspects
techniques et financiers.
a- Aspects techniques des mutuelles de
santé
Nous retenons ici, cinq points essentiels à
étudier296(*) : Le montage du système, la gestion du
système, l'accès aux soins, la participation communautaire et la
durabilité (viabilité) du système.
1. Montage du système
Concerne les aspects techniques et organisationnels de la mise
en oeuvre du système de micro assurance santé. Sont
analysés les méthodes de collecte de primes, la mise en commun
des fonds, le paiement des prestataires de soins et les dangers liés
à la sélection des risques, à leurs coûts, à
leur consommation.
2. Gestion du système
Les problèmes de gestion sont les principales
contraintes au développement harmonieux des systèmes de micro
assurances santé. Il s'agit de la gestion des adhésions, des
cotisations et des prestations.
La formation de gestionnaires est donc une des principales
recommandations faites aux structures mutualistes pour garantir leur
succès.
3. Accès aux soins
Il n'y a aucun doute que les systèmes de mutualisation
des risques de santé améliorent l'accès financier aux
soins de santé. Seulement, l'on observe dans certains contextes, des
déficits importants dans l'utilisation des services de santé. Il
faut donc relever trois aspects de l'accès aux soins de
santé :
ü Un accès équitable : Les deux
principaux facteurs d'inégalités sont la distance entre le
domicile et l'établissement de santé d'une part, et la
capacité financière des ménages d'autre part.
ü L'influence de l'utilisation des services sur la
qualité des soins : Trois hypothèses sont
évoquées : L'augmentation des ressources financières
permet aux prestataires d'améliorer la qualité (hypothèse
anglo-saxonne), Les systèmes peuvent influencer la qualité des
soins en jouant sur l'offre et la demande, les mutuelles peuvent constituer un
contre pouvoir pour faire pression sur le personnel de la santé pour
mieux répondre à la demande et pour améliorer la
qualité des soins (hypothèse de l'école francophone).
ü L'encadrement des systèmes
émergents : L'appui national ou international est désormais
courant en Afrique. Cependant, il n'est pas toujours adapté aux besoins
réels (absence d'analyse pertinente, absence de synergie, de plan
d'action, absence de formation adéquate du personnel d'appui).
4. Participation communautaire
Le contrôle social et la gestion de proximité
sont des atouts d'une participation communautaire dans le fonctionnement des
systèmes de mutualisation des risques maladie. L'on constate cependant
que le contrôle social n'est pas toujours efficace, car il peut
créer un obstacle à l'accès aux soins pour des maladies
non avouables297(*).
Les limites de la participation communautaire sont souvent
liées aux problèmes de gestion des bénévoles.
Ceux-ci n'ont pas toujours l'expertise technique et le temps nécessaires
pour ces activités de gestion.
5. Durabilité (viabilité) du système
Pour une viabilité des systèmes, l'ensemble des
critères que nous venons de citer doivent être pris en compte. Il
faut toutefois leur adjoindre les aspects suivants :
Un contexte institutionnel favorable, un appui technique et
financier aux structures, un renforcement des capacités des
gestionnaires, une sensibilisation et un accès à l'information,
une implication des adhérents dans la vie de la mutuelle de
santé.
b- Aspects financiers des mutuelles de
santé
Ils sont liés à la capacité des
ménages à contribuer au fonctionnement de la structure et
à la capacité de la structure de faire face à l'ensemble
de ses engagements. Attardons nous sur le premier volet qui concerne les
ménages. Le développement des mutuelles de santé est
limité par la faible capacité contributive des membres298(*). Quel serait donc le seuil
de pauvreté en dessous duquel un système mutualiste n'est pas une
solution ? Trois facteurs influencent la réponse à cette
question :
- La part de revenu du ménage réservé
aux soins de santé : Le faible pouvoir d'achat des populations
mène à un dilemme : Soit la prime est fixée sur la
base des dispositions financières de ces ménages et le
système fait faillite, soit elle l'est sur la base des besoins
réels et peu de ménages sont capables de la payer.
- La déviation de ressources destinées à
d'autres dépenses ne garantit pas nécessairement un gain pour la
santé.
- L'attitude des plus pauvres par rapport au risque
maladie : Ils ne peuvent consacrer une partie de leurs revenus à un
système MAS.
Les critères d'évaluation
généralement utilisés dans le domaine de la micro
assurance santé sont d'ordre technique et financier. A ces
critères, correspondent des indicateurs qui permettent
d'apprécier le niveau d'atteinte des objectifs fixés.
B -Principaux indicateurs
d'évaluation
Un indicateur évoque une unité de mesure.
Celle-ci peut être qualitative ou quantitative. En d'autres termes, un
indicateur qualifie ou quantifie la satisfaction d'un critère
spécifié préalablement. Le BIT/STEP, dans son guide de
suivi et d'évaluation des systèmes MAS (tome 2), présente
une diversité d'indicateurs, que nous classons en deux grands
groupes :
Aspects techniques et organisationnels (4 groupes
d'indicateurs):
ü Indicateurs d'évaluation de la viabilité
administrative
ü Indicateurs d'évaluation de la viabilité
technique
ü Indicateurs d'évaluation de la viabilité
fonctionnelle
ü Indicateurs d'évaluation de la viabilité
des ressources humaines
Aspects financiers (2 groupes d'indicateurs) :
ü Indicateurs d'évaluation de la viabilité
financière
ü Indicateurs d'évaluation de la viabilité
économique
A ces différents groupes, s'ajoutent les indicateurs
relatifs aux trois principaux critères d'évaluation de
projet : Indicateurs d'efficacité, d'efficience et d'impact
Le projet PROMUSAP sur fonds PPTE, a également mis en
place un système d'évaluation des mutuelles de santé.
Ainsi, en dehors du suivi des actions prévues par le projet, le
promoteur a identifié 14 indicateurs permettant de mesurer la
qualité des mutuelles de santé299(*) :
1. L'évolution du membership
2. L'évolution du membership féminin
3. Le nombre moyen de bénéficiaire par
adhésion
4. Le taux de pénétration
5. Le nombre de cotisation en retard
6. Le taux de recouvrement des cotisations
7. Le taux d'utilisation annuel des prestations par
bénéficiaire
8. Le coût moyen des prestations
9. Le ratio cotisations/charges
10. Le ratio de sinistralité (prestations
santé/cotisations)
11. Le ratio frais de fonctionnement/produit)
12. Le ratio de liquidité immédiate
13. Le ratio de solvabilité (Actif bilan/dette)
14. Le ratio de couverture de charge (Réserves/charges
mensuelles)
L'analyse de la viabilité des mutuelles de santé
peut être faite selon quatre dimensions, nous dit C. NDIM (2005, p.
32)300(*). Une dimension
administrative, institutionnelle, relationnelle et financière :
Tableau 16 : Modèle d'analyse des indicateurs
d'évaluation des systèmes MAS
Concepts
|
Dimensions
|
Variables
|
Indicateurs d'évaluation
|
Viabilité
|
Viabilité institutionnelle
|
- Volonté politique
- Cadre institutionnel
- Appui des partenaires
|
- Composition CA
- Modalités de mise en place
des organes de la mutuelle
- Existence d'un cadre
institutionnel
- Nombre de MAS reconnues
- Taux de MAS ayant un RI et
des statuts
- Pourcentage de MAS avec
compte bancaire
|
Viabilité administrative et de gestion
|
- Gestion des adhésions
- Détermination du paquet
bénéfices
- Détermination des
bénéficiaires
- Calcul de la cotisation
- Mode de recouvrement des
cotisations
- Gestions des cotisations
- Gestion des risques
- Modalités de prise en charge
- Organes de gestion
- Tenue des documents
comptables
- Communication/marketing
Social
|
- Existence des organes de
gestion
- Existence des outils de
gestion
- Existence des outils de
collecte
- Montants des frais d'adhésion
- Montant de la cotisation
- Mécanismes de gestion des
risques
- Taux de prélèvement des frais
de gestion
|
Viabilité financière et
économique
|
Variables de rendement
financier et économique
|
- Ration de liquidité
- Ratio de solvabilité
- Ratio de couverture des
dépenses
- Ratio de sinistralité
- Ratio d'équilibre général
- Ratio des frais de gestion
- Taux de financement propre
|
Viabilité liée à l'environnement de la
mutuelle
|
- Dynamique d'adhésion
- Relations avec les autorités
sanitaires
- Relations avec les autorités
locales et autres
- Relations avec les
prestataires
- Relations avec les structures
d'appui
- Perception de la mutuelle par
la population
|
- Pourcentage de nouvelles
adhésions
- Degré de confiance accordé à
La MAS
- Type d'appui des partenaires
- Nombre de conventions
signées avec les prestataires
- Degré d'implication des CTD
des Associations et EMF
- Nombre de réunions avec les
SSD
|
Source : C. NDIM, Mémoire DESS économie de
la santé, Facteurs de viabilité des mutuelles de santé au
Cameroun, novembre 2005, p. 35
Ce tableau présente clairement les indicateurs
utilisés pour chaque variable ou critère d'évaluation. Il
exprime la logique adoptée pour l'appréciation de la
viabilité d'un système MAS :
ü Objectif global : Atteinte du concept de la
viabilité,
ü Objectifs spécifiques : Quatre dimensions
de cette viabilité,
ü Résultats attendus : Variables liées
à chaque objectif spécifique,
ü Indicateurs des résultats : Preuves des
résultats et de leur niveau
Dans ces modèles, les aspects techniques et financiers
sont bien développés. Recherchons à présent, les
limites à ces approches d'évaluation.
§.2 - Limites de ces
approches d'évaluation
Les aspects techniques et financiers, liés aux
éléments de montage du système de mutualisation de risques
et au processus de leur mise en place et de leur gestion, sont bien connus. En
effet, d'excellents guides à l'instar de celui du BIT/STEP sont
élaborés pour faciliter la mise en place de ces
systèmes.
Deux aspects ne sont cependant pas pris en compte : La
dimension humaine et sociale, ainsi que l'étude systématique du
contexte dans lesquels les systèmes sont introduits.
A - Prise en compte d'une dimension humaine et sociale
des systèmes
Il s'agit ici de savoir :
ü Comment ces systèmes affectent les comportements
des différents acteurs impliqués, et quelles sont leurs relations
réciproques;
ü Comment les bénéficiaires et les
prestataires de soins perçoivent ces systèmes, et s'ils
répondent à leurs attentes respectives.
Notons par ailleurs que la meilleure solution pour augmenter
le pool d'adhérents pourrait être la création d'un
système qui répond plus aux attentes de la population cible.
B - Prise en compte d'une dimension du contexte des
systèmes
Pour cette autre dimension, il faut connaître :
ü Les éléments de l'environnement qui
peuvent contribuer à expliquer le succès ou l'échec de
systèmes de mutualisation des risques maladie ;
ü Ce qui peut être ou non appliqué à
tous les cas de figures.
Plusieurs études301(*) montrent que le faible taux d'adhésion aux
systèmes de mutualisation des risques maladie est lié à
trois facteurs principaux :
ü La qualité des soins de santé offerts;
ü La confiance des habitants dans la gestion de la
structure ;
ü La capacité financière des
populations.
Ces trois facteurs ne sont pas suffisamment pris en compte
dans les différentes approches d'évaluation
présentées. Afin d'élaborer des indicateurs pertinents
pour ces dimensions oubliées, il est opportun de faire une étude
approfondie de leurs différentes composantes.
La littérature sur l'évaluation des mutuelles de
santé nous a appris que les facteurs techniques, organisationnels et
financiers sont utilisés régulièrement comme
critères d'évaluation. Sont moins utilisés, les aspects
liés aux comportements socio culturels des bénéficiaires,
et ceux relatifs au contexte environnemental des systèmes de
mutualisation des risques maladie.
A travers l'évaluation de quelques mutuelles de
santé sur fonds PPTE, observons l'intérêt d'une utilisation
de toutes les dimensions (critères) du concept mutualiste.
Section.2 - Evaluation des
mutuelles de santé sur financement PPTE
L'Initiative PPTE, par l'appui financier qu'elle apporte aux
pays surendettés, leur permet de relancer leurs économies en
crise. Le Cameroun après avoir fait le diagnostic de sa situation de
développement à travers le DSRP, a élaboré des
stratégies sectorielles. C'est dans cette mouvance qu'un plan
stratégique pour la promotion des mutuelles de santé a
été adopté. Il prévoit donc, comme solution idoine
au problème de financement des soins de santé, la promotion des
mutuelles de santé pilotes dans une première phase. C'est cette
phase que nous évaluons dans notre étude.
§.1 -
Méthodologie appliquée
La méthodologie choisie ici, est celle décrite
dans l'introduction de notre étude, à savoir :
§ L'utilisation des trois techniques de collecte des
données : L'entretien, l'observation directe, et le recueil des
données existantes.
§ L'analyse des données ainsi collectées
par deux méthodes : L'analyse de contenu, et l'analyse
statistique.
Notre mission a consisté à évaluer, sur
les onze (11) mutuelles de santé mises en place par le MINSANTE avec
l'appui technique du SAILD/APCAS, 8 d'entre elles, soit plus de 72% des
structures ainsi élaborées. Les difficultés
rencontrées ont engendré les principales limites à cette
étude.
A - Déroulement de la mission
L'évaluation des huit mutuelles de santé pilotes
de la zone rurale et de la zone urbaine a duré deux mois. Elle s'est
faite sur la base d'objectifs bien définis, de résultats
intermédiaires identifiés et d'activités rigoureusement
planifiées.
a- Objectifs de la mission
Objectif global
Evaluer la performance des mutuelles de santé pilotes
sur fonds PPTE.
Objectifs spécifiques
1. Analyser la situation de huit mutuelles de santé
pilotes, dont quatre (04) rurales et quatre (04) urbaines sur fonds PPTE.
2. Rechercher les indicateurs d'évaluation
pertinents
b- Résultats attendus
1. La situation de chaque mutuelle de santé est
fournie
2. Au moins cinq (05) bonnes pratiques sont retenues
3. Les critères d'évaluation des Mutuelles de
Santé sont élaborés
4. Les pistes de recherche d'indicateurs d'évaluation
pertinents sont présentées
c- Activités à mener
1. Etudier sur documents, les 8 mutuelles de santé et
procéder à des enquêtes de terrain pour les 4 mutuelles
urbaines
2. Présenter un état récapitulatif de
l'évolution des Mutuelles de Santé
3. Recenser les facteurs de réussite
4. Comparer les pratiques locales
5. Analyser les forces et les faiblesses des Mutuelles de
Santé
6. Définir les objectifs à atteindre par les
Mutuelles de Santé
7. Définir le contexte de d'évolution des
Mutuelles de Santé au Cameroun
8. Découvrir les différents outils d'une
recherche d'indicateurs pertinents.
B - Difficultés rencontrées et limites
de l'étude
Notre étude a été entachée par
quelques obstacles, inhérents à la spécificité
même du concept de la mutualité au Cameroun. Aussi, avons-nous
noté quelques limites de notre analyse.
a- Principales difficultés
Elles se résument à une pénurie de
données de référence sur les mutuelles de santé, et
à la difficulté d'accès à la zone rurale.
- Pénurie de données de
référence sur les mutuelles de santé au
Cameroun
Plusieurs études sur les mutuelles de santé ont
été faites, mais celles-ci portent essentiellement sur l'analyse
de la faisabilité de la promotion du concept de mutualité au
Cameroun. C'est ainsi que les études, APCAS-STEP/BIT (2000), cabinet
SERVAC (octobre 2002), et cabinet LEADER ADVISE (janvier 2003), ont retenu
trois principaux facteurs de lancement de la mutualité au
Cameroun :
ü Les organisations traditionnelles comme base de mise en
place des mutuelles
ü Observer une phase pilote
ü Nécessité d'un appui technique et
financier de l'Etat et des ONG.
L'analyse de l'évolution des systèmes de
mutualisation de risques mis en place depuis 2003, n'a pas fait l'objet d'une
abondante littérature.
Quelques études commandées par le MINSANTE, et
portant sur l'évaluation des mutuelles de santé ont
été élaborées en 2007. Ces études n'ont pas
pu être exploitées, faute d'accessibilité.
- Difficulté d'accès aux mutuelles de
santé de la zone rurale
La promotion des mutuelles de santé pilotes sur
financement PPTE, s'est faite en zone rurale et en zone urbaine. L'ONG SAILD a
ainsi mis en place cinq (05) mutuelles de santé pilotes dans les zones
rurales suivantes :
ü Province de l'Extrême Nord : DOUVANGAR
ü Province de Nord : DJOUGUI-LAM
ü Province du Nord-Ouest : BAFUT, BAMBUI, MFORYA
L'étude de la situation de ces mutuelles s'est faite
uniquement par la méthode d'analyse de contenu des documents fournis par
le SAILD.
En effet, l'accès à ces zones assez
éloignées n'a pu se faire en l'absence de moyens de
déplacement.
b- Limites de la présente enquête de
terrain
Au regard des différentes difficultés
rencontrées, nous devons rechercher en quoi notre enquête est
généralisable, et les zones d'incertitudes qui demeurent.
- En quoi l'enquête réalisée est
généralisable ?
L'étude de la situation des mutuelles de santé
pilotes sur fonds PPTE a été faite de deux manières
différentes. Les mutuelles rurales ont été
analysées sur dossier, et les mutuelles urbaines ont fait l'objet d'une
double analyse, sur dossier et sur terrain. A priori, cette étude ne
peut donc être généralisée au niveau global.
Cependant, elle peut l'être au niveau urbain.
En effet, les réalités du milieu urbain
observées peuvent s'appliquer à toutes les zones urbaines qui ont
en général les mêmes caractéristiques de
développement et de contraintes sociales. Les résultats obtenus
fournissent des indications pertinentes sur l'évolution des mutuelles de
santé en zone urbaine.
- Quelles zones d'incertitudes demeurent ?
Ces zones d'incertitudes se situent tant au niveau rural qu'au
niveau urbain.
- En milieu rural, il est évident que les limites sont
liées à l'analyse partielle du phénomène dans cette
zone. En effet, l'étude des actions menées et de leur impact
n'est faite que sur la base des documents projet fournis par les promoteurs.
Aussi, leur validité peut être relative en l'absence d'une
confrontation avec les données de terrain.
- En milieu urbain, nous relevons également des limites
quant à la fiabilité des interviews semi structurées
réalisées. Elles sont complétées par des
justificatifs écrits, mais l'absence d'une interview
généralisée auprès d'un plus grand nombre d'acteurs
peut constituer un biais quant à l'appréciation des causes de non
adhésion ou des degrés de satisfaction. En effet, il était
prévu d'interviewer toutes les parties prenantes au processus de
promotion des mutuelles de santé pilotes. Ce travail n'a pu être
fait en raison des contraintes financières et temporelles. L'interview
systématique des responsables des mutuelles de santé, des
populations adhérentes et non adhérentes, ainsi que des
formations sanitaires aurait exigé des moyens logistiques,
matériels et financiers plus importants.
Nonobstant ces limites à notre étude, les
résultats font ressortir de façon rationnelle et objective, la
réalité du processus de promotion des mutuelles de santé
au Cameroun. Doivent être retenus ici, la situation globale des mutuelles
mises en place, le processus de leur mise en place, les facteurs clés de
réussite et les critères d'évaluation utilisables.
§.2 - Résultats
du suivi évaluation
Ils sont présentés à travers la situation
détaillée des mutuelles de santé pilotes mises en place
sur fonds PPTE, et les bonnes pratiques à retenir.
A - Situation détaillée de huit
mutuelles de santé pilotes
Le projet PROMUSAP avait pour objectif de contribuer à
l'amélioration de l'accessibilité financière des
populations pauvres aux soins de santé de qualité. Pour la
première phase de ce projet, il a été prévu
d'accompagner la mise en place de 10 mutuelles de santé, dont 5 en zone
rurale, et 5 en zone urbaine. Le total des mutuelles à mettre en place
pour ce projet s'élève à 26 (14 rurales et 12
urbaines).
a- Mutuelles de Santé rurales
Elles sont pour la plupart, fonctionnelles depuis 2006. Notre
analyse concerne : BAFUT, BAMBUI, DJOUGUI-LAM et DOUVANGAR. Les
données sont présentées pour les années 2006, 2007
et 2008.
Le nombre d'adhérents des mutuelles rurales est en
constante progression. La représentativité des femmes est
supérieure à 30% dans les mutuelles de BAFUT et de BAMBUI.
L'aspect genre est important, car il existe des familles dans lesquelles le
chef est une femme, même en zone rurale. Aussi, il faut encourager les
femmes à adhérer aux mutuelles de santé, pour leur bien
être social.
On remarque que les cotisations versées sont
quelquefois supérieures aux cotisations attendues, ceci s'explique par
le nombre des bénéficiaires dans une famille qui peut être
supérieur à 5 et constituer une nouvelle adhésion et des
cotisations supplémentaires.
Tableau 17 : Situation des mutuelles de santé
pilotes en zone rurale
ELEMENTS D'ANALYSE
|
MS BAFUT
|
MS BAMBUI
|
MS DJOUGUI- LAM
|
MS DOUVANGAR
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Localisation
|
Nord-Ouest
BAFUT
|
Nord Ouest
TUBAH
|
Nord
LAM
|
Extrême Nord
DOUVANGAR
|
Type de
mutuelle
|
Communautaire santé
|
Zone intervention
|
DS de BAFUT
|
DS de TUBAH
|
DS de FIGUIL
|
DS de MERI
|
Population cible
|
Ménages aires de santé des districts
|
Date création
|
Avril 2006
|
Avril 2006
|
Novembre 2006
|
Mai 2006
|
Fonctionnelle
|
Avril 2006
|
Juillet 2006
|
Novembre 2006
|
Novembre 2006
|
Légalisation statuts
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
Compte bancaire
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
Gestion
|
Membre payé
par le CA
|
Membre payé
par le CA
|
Membre payé
par le CA
|
Membre payé
par le CA
|
Outils de
gestion
|
Fournis
|
Fournis
|
Fournis
|
Fournis
|
Appui financier
|
677.000FCFA
|
435.000FCFA
|
500.000FCFA
|
500.000FCFA
|
Nbre d'adhérents
|
312
|
335
|
425
|
341
|
403
|
415
|
260
|
303
|
320
|
165
|
183
|
200
|
% femmes
|
115
36%
|
155
46%
|
185
43%
|
133
39%
|
147
36%
|
172
41%
|
40
15%
|
50
16%
|
54
17%
|
|
30
16%
|
40
20%
|
Nbre bénéficiaires
|
1560
|
1677
|
0000
|
1707
|
2019
|
2079
|
1304
|
1519
|
0000
|
829
|
916
|
0000
|
Adhésion
|
1000FCFA
|
1000FCFA
|
1000FCFA
|
1000FCFA
|
Cotisation mensuelle
|
300FCFA
|
300FCFA
|
200FCFA
|
200FCFA
|
Taux prise en
charge
|
75%
|
75%
|
75%
|
75%
|
Cotisations attendues
|
468
000
|
503
100
|
|
512
100
|
605
700
|
623
700
|
260
800
|
303
800
|
|
165
800
|
183
200
|
|
Cotisations versées
|
1.200
100
|
725
200
|
515
200
|
910
100
|
663
170
|
425
200
|
|
340
300
|
275
450
|
|
205
000
|
123
000
|
Nbre prises
en charge
|
100
|
295
|
112
|
95
|
301
|
60
|
|
290
|
150
|
|
40
|
35
|
Formations sanitaires
|
3
|
4
|
3
|
2
|
Difficultés
|
Faibles revenus des populations
Méfiance vis-à-vis des formations sanitaires et
du concept mutualiste
Bénévolat des gestionnaires
Fonds PPTE : 2ème tranche non
disponible
|
Attentes
|
Actions de pérennité à prévoir
Appui financier conséquent
|
Source : Elaboré par l'auteure - Données
d'analyse documentaire, février/mars 2009
La dynamique d'adhésion d'une mutuelle peut s'observer
par l'évolution du nombre d'adhérents par an, mais doit
s'analyser également en fonction de l'importance de la communauté
cible.
Les prises en charge des soins de santé par la mutuelle
permettent d'apprécier le taux de fréquentation des
hôpitaux, le bon fonctionnement de la mutuelle ainsi que ses relations
avec les formations sanitaires.
b- Mutuelles de Santé urbaines
Leur création, plus tardive, et le processus de mise en
place plus scabreux, peuvent s'expliquer par les spécificités du
milieu urbain. Les résultats de notre enquête de terrain sont les
suivants :
Mutuelle de Santé de BONASSAMA
Situation générale : Elle se situe
à Douala, dans la province du Littoral, et couvre le district de
santé de BONABERI. Elle regroupe le quartier MABANDA Non fonctionnelle
à ce jour, du fait de l'absence de légalisation de l'institution,
les membres pourtant motivés sont impatients. Les bureaux sont
logés provisoirement chez le PCA de la mutuelle.
Stratégie de développement : La
Mutuelle de BONASSAMA a établit sa stratégie d'approche sur
l'organisation des campagnes de sensibilisation à travers les
différentes aires de santé. En effet, le président du COSA
est chargé de stimuler les adhésions. Les principales cibles sont
les familles et les associations.
Difficultés : Elles sont liées
à la non légalisation de l'institution, qui ne peut faire valoir
sa légitimité auprès des partenaires et des potentiels
adhérents.
Perspectives et attentes : La mutuelle de
santé a établit des partenariats avec les formations sanitaires
suivantes : Hôpital de district hôpital de la mission,
hôpital EEC, hôpital de SODICO (aire de santé). Un fort
potentiel de mobilisation existe dans la zone de BONASSAMA, car le seul
quartier MABANDA est constitué de 39 blocs dans lesquels on
dénombre en moyenne familles par bloc. Les réunions d'information
se font au niveau de chaque bloc.
Les populations de BONSSAMA attente que l'Etat camerounais et
les organismes d'appui s'intéressent d'avantage à leurs
problèmes administratifs, techniques et financiers. L'absence de
ressources nécessaires pour le déploiement de la stratégie
préconisée freine le processus de développement de la
mutuelle.
Mutuelle de Santé de DEIDO
Situation générale : Située
également à Douala, elle couvre le district de santé de
DEIDO. Elle regroupe l'arrondissement de Douala 1er et une partie de
l'arrondissement de Douala 5ème : BALI, BEPANDA TSF,
BEAPANDA Omnisport, Cité CIC, NDOGBONG, NGODI, AKWA 1, AKWA 2, AKWA
Nord, BESSENGUE. Les bureaux sont logés à la Mairie de DEIDO.
Stratégie de développement : Comme
la MS de BONASSAMA, elle est assise sur les aires de santé de DEIDO. Les
cibles sont donc les ménages, les associations féminines et les
écoles de district à travers l'introduction au droit de à
la santé.
Difficultés : Les gestionnaires de la
mutuelle ne rencontrent aucune difficulté particulière, en dehors
de celle des ressources financières non disponibles. En effet, ils
attendent d'obtenir l'aide financière pour démarrer leurs
activités de sensibilisation et de gestion.
Perspectives et attentes : La MS de DEIDO, qui
s'appuie sur une population d'environ 328.000 habitants, a signé un
partenariat avec le district de santé de DEIDO. Il est prévu
d'élargir les campagnes de sensibilisation aux chefferies
traditionnelles qui sont d'ailleurs représentées au sein du
Conseil d'Administration de la Mutuelle de santé. La MS de DEIIDO, qui a
reçu l'adhésion de la Mairie, de la tradition, de la
communauté et de la formation sanitaire a de beaux jours devant elle.
Cela nécessite cependant un appui permanent et efficace de l'Etat, des
ONG et des bailleurs.
Mutuelle de Santé de la Communauté
BAHAM
Situation générale : Située
à Yaoundé, elle a contrairement aux précédentes, un
caractère communautaire ethnique, car concentre les ressortissants d'une
même tribu.
Stratégie de développement : La
sensibilisation se fait par les représentants de chaque association.
Chacun d'eux siège à la coordination de la Mutuelle de
Santé. La population cible concerne les associations des villages
faisant partie de la communauté BAHAM.
Difficultés : Très faible taux de
cotisation. Les adhérents semblent ne pas être convaincus du bien
fondé d'une épargne garantissant des éventuelles maladies.
Ils estiment qu'ils ont, au travers de leurs diverses obligations de cotisation
(funérailles, épargne individuelle, solidarité ou
secours), déjà d'importants engagements financiers. L'une des
solutions préconisées est de mettre à la disposition de
chaque village, un cahier pour la collecte des cotisations. En effet, il
faudrait définir le moment propice de collecte de l'épargne de
ces ménages.
La méfiance et le scepticisme des membres de la
communauté BAHAM sont un réel obstacle au dynamisme de la
mutuelle. Il est pourtant reconnu que les communautés de l'Ouest sont
dynamiques et très actives dans les associations tontinières.
Cette observation nous renvoie à la question de la
nécessité d'une sensibilisation adéquate et efficace en
fonction du groupe cible.
Perspectives et attentes
Le potentiel dont dispose la communauté BAHAM est
incontestable, tant sur le plan des effectifs (16 villages) que sur le plan des
ressources financières (une moyenne de 25.000FCFA de versement par mois
et par membre). Pour cela, une stratégie de marketing social doit
être conçue. Les membres du Comité pourraient faire du
porte à porte dans les réunions, chaque dernier mardi du mois,
regrouper les contributions aux cotisations.
La MS de la communauté BAHAM souhaite un appui
technique et financier plus effectif et régulier. Un suivi des
activités menées est également nécessaire.
Mutuelle de Santé des chauffeurs
professionnels
Situation générale : Située
à Yaoundé, elle a un caractère professionnel, car elle
rassemble les travailleurs d'un même secteur d'activités à
travers le Syndicat National des Conducteurs du Transport Urbain Interurbain et
Routier du Cameroun (SYNACTUIRCAM). Ne dispose pas de bureau pour l'instant,
car est logé au siège du syndicat. Un première gestion de
la mutuelle s'est soldée par un échec.
Stratégie de développement : Elle se
fait à travers les 56 secteurs qui composent l'organisation syndicale
à Yaoundé. Chaque secteur est constitué en moyenne de 45
membres, ce qui nous donne un potentiel de 2520 familles, soit 12.600 familles
de 5 personnes en moyenne.
Difficultés : Dans la distance des
formations sanitaires par rapport aux différents lieux d'habitation des
adhérents. Absence d'un agrément du MINSANTE, Formations
sanitaires publiques très coûteuses.
Perspectives et attentes : Amélioration des
relations entre patrons chauffeurs, par une prise en charge des cotisations des
familles de leurs employés chauffeurs. Appui régulier et efficace
de l'Etat et des organismes nationaux et internationaux. Problème du
bénévolat dans la gestion de la mutuelle créé une
démotivation des membres.
Tableau 18 : Situation des mutuelles de santé
pilotes en zone urbaine
ELEMENTS D'ANALYSE
|
MS BONASSAMA
|
MS DEIDO
|
MS Communauté BAHAM
|
MS Chauffeurs professionnels
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Déc 06
|
Déc 07
|
Déc 08
|
Localisation
|
Littoral
MAMBANDA
|
Littoral
Mairie DEIDO
|
Centre
Yaoundé
|
Centre
SYNACTUIRCAM
|
Type de
mutuelle
|
Communautaire
santé
|
Communautaire santé
|
Communautaire ethnique
|
Communautaire professionnelle
|
Zone intervention
|
DS BONABERI
|
DS DEIDO
|
Yaoundé
|
Yaoundé
|
Population cible
|
Aires santé DS BONASSAMA
|
12 Aires santé DS DEIDO
16000 ménages
|
Associations villageoises
16 villages
|
25000 Membres syndicat
|
Date création
|
Juillet 2008
|
Octobre 2008
|
|
Octobre 2006
|
Fonctionnelle
|
Novembre 2008
|
Novembre 2008
|
Octobre 2007
|
Mai 2007
|
Légalisation statuts
|
NON
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
Compte bancaire
|
NON
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
Gestion
|
Membre payé
par le CA
|
Membre payé
par le CA
|
Membre payé
par le CA
|
Membre payé
par le CA
|
Outils de
gestion
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
Appui financier
|
NON
|
NON
|
NON
|
550.000FCFA
|
Nbre d'adhérents
|
|
|
26
|
|
|
109
|
|
|
300
|
80
|
150
|
251
|
% femmes
|
|
|
|
|
|
35%
|
|
|
|
0%
|
0%
|
7,5%
|
Nbre bénéficiaires
|
|
|
130
|
|
|
545
|
|
|
1500
|
400
|
750
|
1255
|
Adhésion
|
1000FCFA
|
1000FCFA
|
1000FCFA
|
1000FCFA
|
Cotisation mensuelle
|
600FCFA
|
600FCFA
|
500FCFA
|
500FCFA
|
Taux prise en
charge
|
75%
|
75%
|
75%
|
75%
|
Cotisations attendues
|
|
|
78
000
|
|
|
327
000
|
|
|
750
000
|
200
000
|
375
000
|
627
500
|
Cotisations versées
|
|
|
0
|
|
|
0
|
|
|
0
|
|
4
000
|
10
000
|
Nbre prises
en charge
|
|
|
0
|
|
|
0
|
|
|
0
|
0
|
4
|
21
|
Formations sanitaires
|
4
|
1
|
2
|
3
|
Difficultés
|
Financières, Manque de confiance, négligence,
absence agrément (BONASSAMA), bénévolat, capacité
financière des populations faible, problème de communication,
démission du gestionnaire (SYNATUIRCAM)
Absence agrément MINSANTE, absence de local de travail
(BONASSAMA)
Recouvrement cotisations difficile (distances)
|
Attentes
|
Fonds de démarrage (appui financier de départ),
appui technique et financier continu, Octroi des agréments du MINSANTE,
SYNACTUIRCAM souhaite obtenir l'autorisation de création d'un Centre de
Santé
|
Source : Elaboré par l'auteure - Données
d'analyse documentaire et enquête de terrain, février/mars 2009
Une seule mutuelle de santé urbaine sur les quatre a
débuté les activités de prise en charge des soins de
santé. Les membres des mutuelles sont difficiles à convaincre,
car ont plusieurs engagements financiers. Ils remettent toujours à plus
tard leurs obligations face à la prévoyance santé.
B - Bonnes pratiques retenues et perspectives
d'évolution
L'évaluation des mutuelles de santé pilotes nous
a permis de déceler quelques expériences prometteuses et de faire
ressortir les perspectives de développement de ces structures au
Cameroun.
a- Bonnes pratiques
La protection sociale et l'assurance-maladie, pour toutes les
composantes de la population africaine constituent un réel défi.
Aussi, les bonnes pratiques peuvent s'observer sur le plan international et sur
le plan national.
- Sur le plan international
Des Experts à la conférence internationale de
novembre 2008 à KIGALI, s'accordent pour dire que l'expérience
des mutuelles de santé au Rwanda s'avère une
référence à dupliquer sur le continent. Selon eux, la
volonté du leadership rwandais en matière de protection sociale
constitue un modèle pour le continent.
En réalité ces revenus transférés
au niveau des familles, des personnes âgées et des
retraités continuent à alimenter la vie économique. Ce
sont des consommateurs qui vont animer le marché local, dynamiser
l'économie locale.
Quand il y a une volonté politique comme c'est le cas
du Rwanda, les projets et programmes avancent.
- Sur le plan national
Les bonnes pratiques se lisent au niveau technique et au
niveau institutionnel.
Au niveau technique, on retient trois principales
pratiques :
- Formulation du produit : En zone rurale comme en zone
urbaine, les services offerts par la mutuelle sont adaptés aux besoins
des populations bénéficiaires.
- Stratégie marketing et communication : Chacune
des mutuelles étudiées a une stratégie de communication
fondée sur l'organisation même du groupe social
bénéficiaire de la mutuelle. Les chauffeurs routiers utilisent le
réseau organisationnel du syndicat pour diffuser par secteur (56 dans
Yaoundé, avec environ 40 personnes par secteur). Les mutuelles
communautaires s'appuient sur les aires de santé et leurs responsables
pour un marketing social de proximité.
- La gestion de la mutuelle : Elle se fait par un
gestionnaire désigné et payé par la mutuelle. Cependant,
les membres du bureau de l'assemblée générale sont
chargés de l'organisation même de la structure et des rapports
d'activités à élaborer.
Au niveau institutionnel deux pratiques sont à
retenir :
- La légalisation de la mutuelle : Sur huit
mutuelles analysées, 7 sont légalisées. Le souci de la
légalité est très présent chez les promoteurs de
systèmes de mutualisation des risques de santé. En effet, leur
crédibilité dépend essentiellement de leur situation
administrative. C'est pourquoi les responsables des mutuelles souhaitent qu'un
agrément du MINSANTE leur soit délivré. Les formations de
santé et les potentiels adhérents exigent souvent ce justificatif
comme preuve du sérieux de la structure.
- La gestion des relations avec les partenaires : Le
choix des partenaires santé se fait selon des critères de
distance, de coût et de méthode de travail.
b- Perspectives d'évolution des mutuelles de
santé au Cameroun
L'évolution des mutuelles de santé au Cameroun
dépend essentiellement de trois points : Caractéristiques
des mutuelles, organisation mutualiste et environnement de la mutuelle.
Avant de présenter ces points, faisons l'analyse SWOT
des mutuelles de santé au Cameroun. Elle permet de visualiser en interne
les forces et faiblesses, et en externe les opportunités et les
menaces.
Figure 6 : Analyse SWOT/FFOM des Mutuelles de
Santé au Cameroun
FORCES
|
FAIBLESSES
|
Réelle volonté des populations
Existence de plusieurs organisations traditionnelles
Ancienneté et stabilité de plusieurs d'entre
elles
Moyenne d'âge de 43 ans permet un partage des risques
entre jeunes et vieux
Taille des ménages (6 personnes)
Existence d'AGR diversifiées
|
Faible fréquentation des hôpitaux par les
populations
Capacité financière faible
Faible budget de mise en place des mutuelles
Manque de confiance des populations aux systèmes
mutualistes, aux formations sanitaires
Situation financière et technique des gestionnaires
précaire
|
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
Politique gouvernementale favorable à la
mutualité
Plan stratégique de la promotion et du
développement des mutuelles de santé au Cameroun
élaboré en octobre 2005
Appui des ONG et bailleurs sur le plan technique et
financier
|
Réticence des formations sanitaires face à ce
mouvement et à une collaboration avec les mutuelles
Non prise en compte réelle des acquis de la phase
pilote par les autorités
Durée de mise en place d'un cadre institutionnel
favorable
|
En interne, les mutuelles doivent exploiter et valoriser
davantage la dynamique qui existe, afin de minimiser les faiblesses. En effet,
le principal atout des mutuelles de santé du Cameroun est celui d'une
forte habitude d'organisations traditionnelles. La plus grande faiblesse se
trouve être le manque de confiance au concept mutualiste. Ce manque de
confiance qui se traduit essentiellement par un faible taux de cotisation des
populations.
En externe, les opportunités d'appui de l'Etat, des
bailleurs et des organismes divers est présente. Ces opportunités
doivent être exploitées de façon efficace afin de lutter
contre les principales menaces liées aux difficultés
relationnelles et administratives.
- Caractéristiques des mutuelles
Les mutuelles ont pour objectif de rendre l'accès aux
soins de qualité facile aux populations pauvres. Cependant, la faiblesse
des populations couvertes ne permet pas encore de générer des
ressources pouvant contribuer de façon significative à
l'amélioration de la qualité des services des formations
sanitaires. Aussi, la potentialité des mutuelles à contribuer
à l'accessibilité financière et à
l'équité dans le système de santé dépend de
deux points :
§ Importance de la population couverte
§ Niveaux et mécanismes de contribution mis en
place
-Organisation mutualiste
L'analyse SWOT révèle que les populations font
difficilement confiance aux mutuelles, aux formations sanitaires. Pour ces
populations, la transparence de la gestion et la démocratie interne,
sont des déterminants importants pour le développement des
mutuelles. Ainsi, la participation sociale des populations ne doit pas se
limiter à l'inscription et au paiement des cotisations. Elle doit mener
à l'appropriation de la mutuelle par ses membres. Cette notion de
participation se concrétise au travers des instances de gestion et de
décision des mutuelles de santé.
Pour que cette participation fonctionne, il faut mettre en
place un plan marketing social. Ce plan aura pour objectifs de :
§ Renforcer la participation des membres,
§ Fidéliser les membres,
§ Inciter de nouvelles adhésions.
- Environnement de la mutuelle
Notre matrice SWOT présente sur le plan externe, des
opportunités et des menaces. Celles-ci sont liées à
l'environnement et au partenariat de la mutuelle de santé. Ces deux
aspects se résument à la mise en réseau, à l'appui
aux mutuelles, à l'intervention de l'Etat, aux relations avec les
prestataires de soins et à la place réservée aux
populations les plus démunies.
§ Réseaux et mise en réseaux
La perspective de mettre en place des réseaux est
intéressante. Elle peut faciliter le passage à l'échelle,
réaliser des économies d'échelle non négligeables.
Le Projet de Plan Stratégique prévoit en ce sens, la
création d'une union des mutuelles dès qu'il y a 5 mutuelles dans
un district, puis la création d'un réseau de mutuelle pour 3
unions dans une province302(*).
Cependant, il faudra apprécier le bon moment pour
créer de tels réseaux, car une mise en place précoce
suscite des difficultés liées à la maturité des
mutuelles.
§ Rôle des structures d'appui
L'appui au développement des Mutuelles de Santé
est nécessaire et réclamée par les membres des mutuelles.
Cet appui se justifie par la nouveauté du concept mutualiste au Cameroun
et par le fait que ces structures constituent une réelle alternative
d'accès à des soins de santé de qualité pour les
populations exclue du système national et très souvent
démunies.
Cet appui se fait au Cameroun à travers les agences de
coopération bilatérale (Coopération Technique Belge,
Coopération Allemande), les ONG nationales et internationales (SAILD,
APCAS, EMMAÜS). Ces organismes offrent :
- Un appui technique (étude de faisabilité,
conseil, formation, sensibilisation production d'outils de gestion,
accompagnement dans les actions de partenariat). Cet appui ayant pour objectif
d'assurer à long terme une autonomie aux mutuelles ainsi
appuyées.
- Un appui financier minime, voire insignifiant. Les fonds
sont fournis soit par l'Etat soit par des bailleurs.
- Un appui institutionnel également minime. Pour le
fonctionnement, à l'instar de l'installation et l'équipement d'un
siège, les mutuelles reçoivent le mobilier pour un bureau.
- Un suivi institutionnel pour la rédaction des
rapports d'activité, l'organisation des rencontres, l'élaboration
de dossiers.
- Un suivi financier se résume à la
vérification des documents comptables. Il se réalise à
travers des tableaux de bord et des fiches de suivi mensuelles.
§ Rôle de l'Etat
Au départ du mouvement mutualiste au Cameroun, l'Etat
est resté un peu dans l'expectative, ne sachant pas très bien
qu'elle action entreprendre. Ceci a conduit à un amateurisme et à
des abus qui ont entaché l'image du concept mutualiste. Par la suite, et
à travers la mise en oeuvre de la stratégie sectorielle de la
santé adoptée en octobre 2001, il s'est investit dans la
promotion et le montage des mutuelles de santé (DSRP 2003, p. 105).
L'Etat a un droit de regard global sur les mutuelles. Il peut
intervenir dans :
- Le cadre législatif et réglementaire : Un
code de la mutualité est en cours d'élaboration au Cameroun.
- La fourniture de ressources économiques au
système mutualiste : Elle consisterait à subventionner
divers investissements (la mise en réseau, le démarrage),
à fournir des locaux, du personnel gratuitement.
- Le processus de contractualisation : Avec les
formations sanitaires les régimes de micro assurances santé ont
de réelles difficultés de collaboration. Ces formations pensent
que les mutuelles sont des structures nécessiteuses, ne leur apportant
aucune valeur ajoutée.
L'Etat peut à ce niveau, jouer un rôle
décisif. En 2002, l'Etat du Sénégal a distribué une
lettre circulaire auprès de toutes les formations sanitaires leur
demandant de faciliter leurs relations avec les mutuelles303(*). Les résultats de ces
actions ont contribué à l'amélioration des relations qui
étaient toujours tendues. Avec les structures nationales d'appui (ONG et
associations), l'Etat peut également faciliter des relations
contractuelles.
§ Relations avec les prestataires de soins
Elles se résument au type de partenariat et à la
qualité des soins fournis.
- Type de partenariat :
Les relations des mutuelles avec les prestataires de soins
revêtent deux formes : L'implication des structures sanitaires dans
la création et l'implantation de mutuelles, ou la signature de
conventions entre les différentes mutuelles et les structures de soins.
Dans les mutuelles de notre étude, c'est la seconde forme qui est
utilisée pour tous les cas.
- Qualité des soins de santé
Le développement des mutuelles impose aux
établissements de santé de mettre en place des dispositifs pour
faciliter les relations avec les clients mutualistes. C'est une
opportunité qui augmente la solvabilité du client, mais qui
nécessite de l'hôpital une gestion de qualité pour des
résultats de qualité. Une meilleure prise en charge des patients
passe donc par une meilleure collaboration et une gestion transparente.
L'approche projet est utilisée pour l'amélioration de la
qualité des soins de santé offerts aux populations
démunies.
Cette approche doit permettre la participation active de
toutes les parties prenantes au processus mutualiste, par une implication plus
grande des prestataires dans la promotion de la mutualité au
Cameroun.
L'Etat doit donc s'intéresser au rôle de la
contractualisation dans l'amélioration de la performance des
systèmes de santé au Cameroun.
§ Particularité des groupes extrêmement
démunis (indigents)
Le projet de plan stratégique de promotion des
mutuelles de santé (2005, p. 49) prévoit comme objectif
spécifique complémentaire, la mise en place d'un système
de prise en charge des personnes indigentes.
- Pour cela, une définition préalable du terme
indigent doit être faite soit par la structure, soit par l'Etat.
L'identification des indigents suite à la définition retenue peut
nécessiter un recours à un organisme externe.
- La prise en charge de ce groupe de personnes peut être
envisagée par :
Un fonds social alimenté par la mutuelle, des
sociétés locales citoyennes, d'autres fonds de
solidarité ;
Une contribution de la commune ;
Un appui financier d'ONG ou associations nationales ou
internationales.
A la lumière de ce qui précède, les
Mutuelles de Santé au Cameroun ont de nombreux défis à
relever :
Malgré leur croissance indéniable ces
dernières années, les mutuelles de santé ne couvrent
qu'une infime partie de la population. Cependant, leur pouvoir de
négociation auprès des prestataires de soins est prometteur,
notamment pour améliorer la qualité des services. Dans les faits,
ce pouvoir reste encore limité, par le petit nombre d'adhérents
aux mutuelles de santé.
Les expériences montrent que les adhérents
utilisent plus les services de santé que les non adhérents. En
revanche, il est clair que les mutuelles ne permettent pas aux plus pauvres
d'avoir accès aux soins. En effet, peu de mutuelles, à ce stade
de leur développement, se préoccupent de la prise en charge des
indigents (en situation d'exclusion permanente).
La viabilité de ces mutuelles suscite également
des questions car elles sont pour la plupart soutenues et financées au
démarrage par des organismes extérieurs. A long terme,
seront-elles capables non seulement de prendre en charge les prestations de
santé mais aussi les frais de fonctionnement ? A ce stade, la plupart
des mutuelles ayant entre 1 et 5 ans, il est trop tôt pour tenter de
répondre à cette question. Les mutuelles de santé couvrant
à peine entre 1 et 5% de la population africaine, le chemin vers la
couverture universelle est encore long.
Le développement des mutuelles demande du temps, il
s'agit d'un processus lent comme le prouve l'histoire du mouvement mutualiste
en Europe304(*).
L'expérience de certains pays comme le Rwanda ou le Mali, montre que les
mutuelles de santé ont surtout un rôle à jouer au niveau
institutionnel, pour influencer les politiques de santé nationales, leur
poids politique prenant dès lors le pas sur leur importance
économique.
Mais avant d'en arriver là, la démarche projet
exige une revue des réalisations effectuées. Cette analyse
nécessite une méthode et des outils appropriés.
L'élaboration d'indicateurs de suivi évaluation des
systèmes MAMS va donc dans le sens d'une application rigoureuse de
l'approche projet.
Section.3 - Elaboration
d'indicateurs de suivi évaluation des Mutuelles de
Santé
La mise en place des Mutuelles de Santé au Cameroun a
débuté en 2003 par des actions pilotes. Il est temps de
procéder à une analyse de la viabilité des structures
mises en place, et de l'impact au niveau des bénéficiaires et des
prestataires de soins.
Aussi, l'objectif de cette dernière section, est
d'élaborer un référentiel d'indicateurs de performance de
la micro assurance santé au Cameroun. Ceci, dans la perspective de mise
en place d'un système de suivi évaluation adapté aux
réalités locales. Nous procédons d'abord à un bilan
des pratiques, puis nous déclinons la méthodologie à
suivre.
§.1 - Bilan des
expériences camerounaise et étrangère dans le domaine
Les expériences de construction des indicateurs se
multiplient au Cameroun et à l'étranger. Elles sont, pour la
plupart non abouties. Elles se caractérisent à la fois par un
cadre conceptuel flou (absence de fondement théorique clair), et une
grande hétérogénéité (nombre et nature des
indicateurs, méthodologie adoptée).
A - Opérationnalisation qui se heurte à
un cadre conceptuel flou
La mutualité est avant tout l'expression d'une
solidarité de masse, et repose sur un acte volontaire. Ces deux
caractéristiques fondent toute sa complexité, quant à sa
traduction en indicateurs.
La nécessité d'une intégration des
différentes dimensions de la mutualité (technique,
financière, socioculturelle, contextuelle), renvoie à la question
de la finalité de la mutualité dans un pays.
Est alors soulevé le problème de la
compatibilité de cette approche, avec les démarches classiques
d'évaluation. Comment donc progresser vers un système de suivi
évaluation pertinent ? Comment intégrer la dimension globale
de la mutualité dans le suivi évaluation ?
a- Des démarches classiques à la
dimension globale de la mutualité
La présentation de la littérature sur le suivi
évaluation des systèmes de mutualisation des risques maladie a
révélé l'utilisation partielle des facteurs liés
à la mise en oeuvre de ces systèmes.
Cette approche classique, ne tient pas compte des aspects
humains et sociaux à même d'influencer la viabilité d'une
mutuelle de santé. Le concept de mutualité, comme tout
phénomène social, doit être appréhendé dans
toute son ampleur, pour des résultats objectifs.
L'analyse de la réalité sociale, comme l'affirme
certains sociologues contemporains à l'instar de Georges
BALANDIER305(*), ne peut
plus se faire de façon linéaire. Cette forme de recherche, non
globalisante ne permet pas une lecture objective et pertinente d'un
phénomène social.
L'analyse sociologique contemporaine a donc comme principale
exigence, la recherche multidisciplinaire d'une réalité qui n'est
jamais donnée à l'évidence, mais plutôt conquise,
construite et constatée (G. BACHELARD). Le respect de cette exigence
dans l'étude de la mutualité au Cameroun est
nécessaire.
b- Un cadre conceptuel clair, pour un système
de suivi évaluation
pertinent
L'opérationnalisation de la définition
d'indicateurs de suivi évaluation ne présente jusque là
aucun cadre conceptuel précis. Certains guide de suivi évaluation
des systèmes de micro assurances santé sont
élaborés et servent de base pour l'analyse de la performance des
systèmes mis en place.
C'est le cas du guide élaboré en 2001 par le
STEP/CIDR/BIT qui présente, en 2 tomes, la méthodologie de suivi
évaluation et des indications pratiques. Ce guide permet
d'apprécier la viabilité technique, institutionnelle et
financière des systèmes de micro assurance santé. Il ne
présente pas le cadre conceptuel d'élaboration des indicateurs de
suivi. Le cadre conceptuel ici, est l'ensemble de la démarche logique
adoptée pour la construction des indicateurs de suivi
évaluation.
Cette démarche se fait grâce à l'outil
cadre logique, à travers lequel sont présentés la logique
qui sous tend la mise en oeuvre d'un système de micro assurance
santé au Cameroun. Un tel outil permet une lisibilité de la
procédure et facilite une révision des critères en
fonction de l'évolution du contexte de développement. La mise en
place d'un tel outil nécessite au préalable une étude
approfondie et systémique du phénomène de mutualité
au Cameroun. C'est l'aspect que nous développons au paragraphe 2 de la
présente section.
B - Grande
hétérogénéité de l'expertise
L'expertise en matière de suivi évaluation des
systèmes MAMS est récente en Afrique subsaharienne.
L'hétérogénéité dans la formulation des
actions et des indicateurs de suivi rend le suivi évaluation
difficile.
a- L'expertise au Cameroun
Elle peut s'observer à travers les réalisations
suivantes :
- Guide de Suivi Evaluation des systèmes de Micro
Assurance Santé
(STEP/CIDR/BIT) :
Ce guide, élaboré en 2 tomes, est un outil
indispensable pour le suivi et l'évaluation des mutuelles de
santé. Il est fondé sur un cadre conceptuel technique et
financier et comporte 40 indicateurs et 19 sous indicateurs de performance,
suivant le critère à analyser.
Il est appliqué par la majorité des acteurs de
la mutualité au Cameroun, mais pose le problème de la
nécessité et de l'importance d'indicateurs.
- Suivi évaluation des mutuelles de santé sur
fonds PPTE (PROMUSAP) :
Les 10 mutuelles mises en place par le MINSANTE avec l'appui
du SAILD, sont évaluées régulièrement sur la base
des outils de gestion (fiches de suivi, tableaux de bord) fournis par le
Maître d'Ouvrage.
Le SAILD utilise Sept principaux indicateurs de performance
pour évaluer ses Mutuelles de Santé pilotes de la zone
rurale :
- Nombre d'adhérents (ménages inscrits)
- Bénéficiaires (personnes couvertes)
- Bénéficiaires assurés (peuvent
être pris en charge)
- Finances entrées (recettes)
- Nombre de cas pris en charge (prestations servies)
- Dépenses prestations (coût des prises en
charge)
- Taux de recouvrement sur actifs
Nous remarquons cependant l'absence de cette
présentation pour les Mutuelles de Santé de la zone urbaine.
Celles-ci ont certes débuté leurs activités plus tard,
mais la collecte des données et leur analyse peut se faire sur la base
de leur niveau d'évolution.
- Analyse des facteurs de viabilité des Mutuelles de
Santé au Cameroun (C.
NDIM) :
Cette étude fait ressortir 4 dimensions de la
viabilité des Mutuelles de Santé. Viabilité
institutionnelle, viabilité administrative et de gestion,
viabilité financière et économique, viabilité
liée à l'environnement de la mutuelle.
Ces dimensions permettent la définition de
critères ou variables facilitant ainsi l'élaboration
d'indicateurs. Cette évaluation fait ressortir les points suivants:
- L'importance du marketing social,
- Les taux de pénétration et de recouvrement des
cotisations restent faibles
- Le bénévolat n'encourage pas les
activités de mobilisation et de sensibilisation, qui sont harassantes et
demandent des moyens de déplacement face aux distances à
parcourir
- L'appui technique et financier s'avère indispensable
pour une période d'au moins 3 ans.
- Un réel intérêt des populations pour le
concept de mutualité, mais des difficultés financières
évoquées comme raison du non paiement des cotisations.
- Méthodologie de suivi évaluation des MAMS
(Coopération Allemande, GTZ) :
La GTZ s'est fondé sur la méthodologie
préconisée par le STEP/CIDR/BIT pour l'élaboration des
indicateurs de suivi évaluation des MAMS de son ressort.
La multitude d'indicateurs présentés et
utilisés au Cameroun peut constituer un obstacle dans la pratique du
suivi évaluation des systèmes de MAMS. En effet, chaque acteur
peut, à sa guise adapter un ou plusieurs indicateurs à un
contexte. Il y a donc des différences dans la pratique du suivi
évaluation des Mutuelles de Santé.
b- L'expertise au Rwanda et au Mali
- Le cas du Rwanda
L'expérience Rwandaise débute en 1999 par 3
mutuelles pilotes. Très vite, on passe à une
généralisation du système mutualiste et dès janvier
2007, l'adhésion à une assurance santé devient
obligatoire. Il existe une mutuelle de santé par district, et chaque
mutuelle est composée de section de mutuelle au niveau de chaque centre
de santé. Il y a par conséquent, en 2008, 30 mutuelles de
santé fonctionnelles au Rwanda, et 403 sections de mutuelles306(*).
La moyenne nationale d'adhésion de la population aux
mutuelles de santé au mois de mai 2006 était de 46,5%.
L'évaluation des mutuelles de santé à
travers l'analyse de l'accès des populations aux soins de santé
de qualité307(*)
a été faite grâce à une enquête des
ménages. Les variables utilisées sont :
- Sociodémographiques
- En rapport avec l'accès aux services de santé,
l'adhésion à une mutuelle de santé et l'opinion pour
améliorer l'accès aux services de santé.
- En rapport avec l'adhésion (nombre de la population
membre, et non-membre)
- En rapport avec l'utilisation des services de
santé
- En rapport avec les coûts des services et le
financement (nombre de consultations, recettes perçues).
Malgré une nette évolution des mutuelles de
santé rwandaise, on note que les modalités de paiement ne sont
pas toujours adaptées au contexte du pays, une faible capacité de
gestion au sein du système mutualiste, une application du ticket
modérateur qui peut décourager les adhésions.
- Le cas du Mali
Les premières mutuelles au Mali ont été
créées depuis la période coloniale (vers 1946), avec la
Mutuelle des Postes et Télécommunications, la Mutuelle des
catholiques et la Mutuelle des cheminots. La création de nouvelles
mutuelles, dès 1980 à l'instar de la Mutuelle des Travailleurs
de l'Education et de la Culture (MUTEC) donne accès aux prestations
retraite, décès, prêts, frais funèbres. Dès
1990, l'assurance maladie qui jusque là n'était pas prise en
compte est privilégiée par les nouvelles mutuelles qui se
créent.
Une analyse des atouts et contraintes des mutuelles de
santé au Mali308(*), fondée sur les aspects techniques,
financiers et relationnels, donne les résultats suivants :
La volonté politique, l'environnement favorable, la
contractualisation avec les formations sanitaires et l'existence de structures
d'appui sont des atouts pour un développement harmonieux des MAMS.
Cependant, la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages,
la faible capacité de mobilisation des mutuelles, les procédures
d'agrément des mutuelles, l'étendue du territoire, la faible
capacité de couverture des structures d'appui sont des obstacles
à la viabilité de ces MAMS au Mali.
Nous voyons que l'expertise dans la mutualité en
Afrique est essentiellement axée sur les aspects techniques, financiers
et institutionnels. Les difficultés relevées dans la pratique
sont liées à l'appropriation du concept mutualiste. Pour cerner
l'ampleur et l'essence même de ces difficultés, des études
approfondies des réalités locales des zones africaines
s'avèrent indispensables.
L'application de l'approche projet trouve toute sa pertinence
dans ces démarches. Toutes ces expériences réalisent des
études de faisabilités pour définir le cadre conceptuel
d'analyse, de planification et d'exécution des systèmes MAMS.
Ces analyses nous enseignent que la prise en compte de la
complexité du contexte de développement des différents
milieux améliorerait et harmoniserait les expertises en matière
de suivi évaluation des systèmes de mutualisation des risques
maladie.
§.2 -
Méthodologie de construction d'indicateurs de suivi
évaluation
Un indicateur peut être défini comme une variable
qualitative et/ou quantitative, permettant, seule ou avec d'autres,
l'appréciation d'un phénomène non mesurable et non
quantifiable à partir d'une échelle de valeurs normative et/ou
comparative. L'élaboration des indicateurs suppose de distinguer le
suivi des actions en temps réel et l'évaluation
elle-même.
Le suivi peut être définit comme l'ensemble des
dispositions prises pour mesurer l'état d'avancement de la
réalisation d'un programme ou projet.
L'évaluation consiste à comparer les objectifs,
la mise en oeuvre et les résultats d'une politique ou action et à
formuler un jugement sur celle-ci.
Les deux exercices sont de nature distincte et
réalisés par des instances différentes. Ces instances
utilisent néanmoins le même système d'information, et les
données collectées par le suivi sont nécessaires pour
l'évaluation.
A- Processus d'élaboration
d'indicateurs
La définition, le choix et l'élaboration d'un
certain nombre d'indicateurs pertinents permettant de mesurer l'impact des
politiques mises en place et l'efficacité des moyens alloués
respecte la démarche suivante :
1. Recensement des actions existantes
2. Sélection d'actions dotables d'indicateurs au sein
des actions initiales
3. Conception d'un cadre informel général
4. Sélection des indicateurs réutilisables de
façon pertinente au sein de ce cadre
5. Recherche d'informations complémentaires pour
combler les lacunes du cadre général
6. Définition et mise en oeuvre d'un processus de
validation des fiches, forme sous laquelle les informations collectées
et produites ont été organisées.
Le schéma général ci-dessous peut
être retenu pour la détermination d'un indicateur :
1. Objectifs du programme/projet ou de l'action
2. Critères d'évaluation ou
d'appréciation
3. Précision des critères
4. Indicateurs de qualification ou de quantification de la
satisfaction
La sélection et l'élaboration d'indicateurs
porte toujours sur une ou plusieurs problématiques. Pour chacune
d'elles, on peut élaborer deux types de fiches :
- Fiche de synthèse : Elle présente le
processus, récapitule les actions, précise les valeurs de
référence scientifiques ou réglementaires (explication du
choix des indicateurs).
- Fiche indicateur : Présente les
caractéristiques de l'indicateur, à savoir son intitulé,
le mode de calcul, sa décomposition, le type de collecte, les limites et
biais.
L'élaboration d'indicateurs de performance des
mutuelles de santé au se fait par la définition préalable
des objectifs (global, spécifique, de résultat et d'action)
assignés à la mutuelle dans le contexte de développement
du pays.
A ces objectifs, seront assignés des principes ou
éléments d'analyse sur lesquels seront ensuite assis des
indications ou référence d'appréciation, de jugement.
Nous avons observé qu'il existe une littérature
sur l'évaluation des mutuelles de santé. Elle permet l'analyse de
la viabilité des systèmes de micro assurances santé.
Cependant, cette littérature met essentiellement l'accent sur les
critères ou variables liés aux aspects techniques et financiers.
Pour une meilleure prise en compte des réalités sociales du
Cameroun, l'élaboration d'indicateurs pertinents doit se faire sur une
analyse plus approfondie du local.
B - Pistes de recherche pour l'élaboration
d'indicateurs adaptés au
contexte local
L'analyse de la littérature sur l'évaluation des
mutuelles de santé a fait ressortir les limites de la recherche
actuelle, et la nécessité de développer des outils et
connaissances indispensables à la conception d'un système sur
mesure adapté à la situation locale. L'évaluation des
mutuelles de santé au Cameroun nécessite donc un cadre d'analyse
et d'action plus global que ceux utilisés jusque là.
Présentons donc ce cadre et les différents axes de recherche
possibles.
a- Cadre d'analyse des systèmes de
mutualisation des risques
maladie
Ce cadre d'analyse présente trois exigences :
1. Une ouverture aux différentes dimensions des
systèmes de mutualisation : L'économie de la santé
est la discipline qui domine la recherche dans ce domaine. Il n'est pas
régulièrement fait appel à d'autres compétences.
Or, la notion de MAMS fait référence à des aspects
culturels, sociaux, économiques, politiques et historiques. Pour cela,
les compétences en micro finance, en économie, en sociologie, en
anthropologie, en histoire et en assurances devraient être
impliquées dans le processus de recherche action.
2. Des principes et des valeurs communes à
expliciter : La recherche multidisciplinaire consiste à
définir un cadre commun des principes et valeurs auxquels toutes les
parties prenantes à la recherche action peuvent souscrire. Il s'agit en
fait, de clarifier le concept de micro assurances santé et de mutuelles
de santé.
3. La proposition d'un programme de recherche
b- Principaux axes de recherche à
exploiter
Nos précédentes analyses nous permettent,
à la lumière de l'importante étude de la WORLD BANK sur
Les Mutuelles de Santé en Afrique subsaharienne (2004, p. 73), de
proposer trois axes de recherche :
1. Diffuser les expériences prometteuses et
définir une typologie des systèmes de micro assurance
santé.
Il s'agit de décrire, de façon
systématique les éléments du contexte dans lequel des
initiatives ont été performantes ou mauvaises. De telles
connaissances pourraient contribuer à construire un recueil
théorique.
La typologie des mutuelles de santé constituera un
outil de travail pour la recherche et la prise de décision. Il s'agit
d'élaborer une grille pour situer les différents systèmes.
Cette grille peut être établie en fonction de la base
d'adhésion (permet une analyse sociologique) et du modèle de
gestion (permet d'étudier la performance selon les 3 modèles
existants)309(*)..
2. Développer une grille d'analyse
systémique
Cette grille d'analyse doit permettre de:
- Concevoir des outils de travail pour analyser la situation
de départ, construire un système sur mesure en fonction de cette
situation de départ et évaluer la performance du système
ainsi mis en place.
- Approfondir la connaissance de certains facteurs par des
études : Facteurs culturels, facteurs organisationnels,
nécessité de greffer la mutuelle sur des associations existantes,
influence du secteur bancaire, aspect socio économique de la zone
d'implémentation du système, les questions de la participation
communautaire, de la gestion volontaire (bénévolat) et l'appui
aux systèmes.
3. Etudier les raisons du faible degré
d'adhésion
C'est cet aspect des systèmes mutualiste qui fait
penser que les mutuelles de santé au Cameroun ne seront que très
difficilement autonomes.
Aussi, deux orientations de recherche peuvent être
explorées.
- Comparaison des arguments entre membres et non membres, et
entre systèmes différents.
- La première comparaison permet de cerner les
différents déterminants de l'adhésion, leur importance, et
l'interdépendance qui existerait entre eux.
- La seconde comparaison rend également possible
l'analyse des caractéristiques des acteurs concernés. Cette
analyse devra se faire par une prise en compte des facteurs socioculturels.
- Analyse approfondie des trois éléments
liés à la problématique d'adhésion :
- Qualité des soins : Cet aspect est analyse
exclusivement par rapport aux besoins des utilisateurs, alors que le
prestataire est l''élément déclencheur d'une
éventuelle amélioration dans la relation mutuelle/formation
santé. Il faudra donc savoir si une meilleure qualité des soins
incite à l'adhésion, comment sensibiliser les prestataires
à la notion de qualité, quel appui apporter aux prestataires pour
aller dans les sens de la qualité, optimiser le contre pouvoir des
mutualistes tout en ménageant les susceptibilités des
prestataires, favoriser le dialogue entre les utilisateurs de soins et les
offreurs.
- Confiance : Elle doit être analysée
à travers ses composantes et les facteurs qui la déclenchent.
- Capacité financière de la population :
Les composantes, les éléments relevant de l'imaginaire social et
culturel, puis les éléments objectifs doivent être
déterminés.
L'élaboration d'indicateurs de suivi évaluation
des mutuelles de santé adaptés au contexte des
réalités africaines, exige :
- Le recensement des bonnes expériences,
- La revue des manières classiques,
- La pratique d'une analyse systémique.
L'évaluation de la performance des mutuelles de
santé mises en place au Cameroun depuis près de 5 ans, a fait
ressortir les points suivants :
- Une littérature et une pratique constituées
essentiellement des aspects techniques, financiers et institutionnels,
- Une performance des mutuelles mises en place très
moyenne, du fait de la jeunesse de ces structures et de la complexité du
phénomène mutualiste,
- Une nécessité de construction d'indicateurs
pertinents adaptés au contexte de développement local.
Tout ceci implique une nécessaire intervention de
l'Etat camerounais dans la promotion effective des mutuelles de santé.
Celui-ci doit conduire et orienter le processus par la mise en application des
réformes sur la protection sociale et la mutualité, pour le bien
être social de tous.
La promotion des systèmes MAMS au Cameroun, constitue
une solution idoine à la difficulté d'accès à des
soins de santé de qualité, surtout pour les populations
démunies.
Cette promotion s'appuie sur la méthode et les outils
de l'approche projet, qui facilitent :
- L'étude des réalités sociales des
différents groupes cibles,
- Le marketing social par une sensibilisation et une
mobilisation adéquate,
- La gestion participative et transparente de la structure
mutualiste,
- La planification des actions et leur financement,
- Le suivi continu des actions en cours,
- L'évaluation de la performance des actions
menées et leur impact.
Néanmoins, ces mutuelles de santé ne peuvent
être viables que si elles sont suivies et accompagnées dans leurs
actions. Ce suivi accompagnement doit se faire de façon continue,
pendant une durée minimale de 3 ans. Il est donc nécessaire que
ce volet soit clairement identifié, analysé et
budgétisé lors de l'élaboration de tout projet de
mutualisation des risques maladie.
Nous savons désormais que dans le respect de la
démarche projet, aucune action de développement ne peut
être validée sans une évaluation préalable de son
processus d'exécution.
La promotion des mutuelles de santé pilotes au Cameroun
complète la couverture de la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale, celle de la Caisse des Fonctionnaires et celle des assurances
privées. Pour cela, le gouvernement camerounais doit prendre à
coeur l'aspect social, économique, culturel et politique que revêt
cette marche vers une mutualité obligatoire.
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
I - CONCLUSION
En initiant ce travail de recherche, la question qui nous
guidait était celle de savoir si la gestion du développement
à travers l'Initiative PPTE au Cameroun nécessite, dans sa phase
d'exécution, l'utilisation de l'approche projet essentielle pour
atteindre de façon optimale les objectifs ou résultats de
qualité préconisés.
Deux hypothèses ont été émises
à cet effet:
1. Le développement durable du Cameroun passe par un
changement dans les mauvaises pratiques de gestion des affaires publiques.
2. L'application de l'approche projet permet la
viabilité des systèmes de mutualisation des risques pour une
accessibilité facile à des soins de santé de
qualité.
L'observation s'est faite à travers l'analyse du
contenu des dossiers de projets/programmes PPTE de 2001 à 2007. Elle a
été appuyée par différents entretiens avec quelques
acteurs de développement parmi lesquels les structures d'appui à
la mise en place des mutuelles de santé pilotes au Cameroun, les experts
du CCS/PPTE, les promoteurs et les bénéficiaires des mutuelles de
santé.
La première hypothèse est vérifiée
par les démonstrations suivantes.
- La situation d'endettement des pays africains à
l'horizon 2000, ne permettait plus le financement des infrastructures de bases
et maintenait les populations dans une situation de pauvreté
extrême ;
- L'éligibilité du Cameroun à
l'Initiative PPTE en 2000, a consacré l'utilisation de l'approche projet
dans la gestion des ressources humaines, techniques et
financières ;
- Cette approche exige une modification des mauvaises
habitudes de gestion négligeant la rigueur et la transparence. Elle a
ainsi permit l'exécution de plusieurs projets sur fonds PPTE, dès
2001. Les résultats de ces projets, malgré les écarts
constatés, et l'appropriation partielle de l'approche projet, permettent
d'améliorer la situation de l'économie et des populations au
Cameroun.
L'appropriation de la méthode et des outils de
l'approche projet est le parcours à suivre pour un réel
changement dans les pratiques de gestion. Ce changement permet d'accéder
à une gestion de qualité, et par conséquent au
développement durable du Cameroun.
La seconde hypothèse est vérifiée par les
démonstrations suivantes.
- Le faible niveau de l'épargne interne
(ménages), est l'une des causes du problème de financement des
économies d'Afrique subsaharienne. Or, cette épargne permet le
bon fonctionnement du système financier.
- L'Initiative PPTE, à travers ses fonds, soutient donc
la mise en place des systèmes bancaires (IMF) et non bancaires (micro
assurance) de collecte de l'épargne locale.
- Les systèmes de micro assurance santé sont une
réponse au problème de financement des soins de santé
diagnostiqué au Cameroun. L'évaluation de la performance des
mutuelles de santé pilotes au Cameroun, permettra leur
développement à grande échelle.
L'approche projet utilisée dans ce processus de
modernisation du système financier camerounais et de mutualisation des
risques maladie, facilite l'accès à des soins de santé de
qualité, pour les populations démunies.
Malgré les différentes mesures prises par le
gouvernement pour améliorer la gouvernance et lutter contre la
corruption, les obstacles au changement persistent. En effet, le CCS/PPTE, dans
son action, se heurte à la rigidité des comportements des
promoteurs et maître d'ouvrages qui ne veulent pas se défaire de
leurs mauvaises habitudes de gestion. En huit (08) années de pratiques
(2001 à 2007), il y a encore 70% de projets qui ne respectent pas la
méthode et les outils nécessaires à une gestion de
qualité.
L'objectif général de cette étude, qui
était de découvrir si l'application de l'approche projet est un
choix judicieux pour le développement durable du Cameroun, est atteint.
L'utilisation de cette approche apporte une nette amélioration dans la
qualité de la dépense publique, mais beaucoup reste à
faire. C'est pourquoi nous faisons quelques recommandations.
II - RECOMMANDATIONS
Elles vont vers le Gouvernement, le CCS/PPTE, le MINEFI, Le
MINEPAT, le MINSANTE et le MINTSS. Elles comportent deux volets :
A - Application de l'approche projet au
Cameroun
1. Elaborer un référentiel des métiers du
Développement au Cameroun ;
2. Faire une étude approfondie sur les raisons de la
faible application de l'approche projet dans les projets/programmes PPTE au
Cameroun ;
3. Renforcer les capacités institutionnelles et
organisationnelles des coordinations ou cellules de projet ;
4. Renforcer les capacités des promoteurs de
projets/programmes PPTE dans l'approche projet ;
5. Elaborer un manuel de procédures de suivi
évaluation des projets PPTE, au sein de chaque organe de gestion.
6. Pour les allocations de crédits, les enveloppes
indicatives doivent être communiquées au moins six (06) mois avant
le début de l'exercice afin de faciliter la planification des
activités ;
7. Produire au niveau de la DGT, un état
prévisionnel des paiements, pour éviter les difficultés de
paiement dues à l'insuffisance des ressources ;
8. Assurer l'effectivité des virements au profit des
Organisations de la Société Civile (OSC) comme prescrit dans le
manuel de procédures;
9. Assurer le paiement des fournisseurs dans un délai
de 30 à 60 jours.
B - Développement des systèmes
financiers de mutualisation des risques
1. Promouvoir les Mutuelles de Santé avec un accent
particulier sur l'aspect genre, et les indigents,
2. Renforcer les capacités techniques et
financières des systèmes MAMS ;
3. Améliorer la disponibilité des ressources
dans les formations sanitaires ;
4. Réguler la tarification des produits et des services
de santé ;
5. Effectuer une étude à large échelle,
pour mesurer l'impact des mutuelles de santé sur l'accessibilité
des populations aux services de santé ;
6. Effectuer une étude sur les particularités
d'accessibilité aux services de santé pour les populations en
milieu urbain ;
7. Effectuer une étude sur l'influence de la
qualité des services de santé sur l'adhésion aux
systèmes MAMS au Cameroun ;
8. Effectuer une étude sur le rôle de la
contractualisation dans l'amélioration de la performance des
systèmes de santé au Cameroun.
9. Effectuer une évaluation globale de la phase pilote
de mise en place des mutuelles de santé au Cameroun, et ressortir les
actions correctives
ANNEXES
1. Méthode d'échantillonnage
utilisée : Méthode BORDAS
2. Cadre logique de la promotion des mutuelles de
santé ou micro assurances santé au Cameroun
3. Suivi évaluation des projets/programmes PPTE de 2001
à 2007
- Procès verbal de réception/validation des
réalisations du projet
PROMUSAP
- Résultats suivi exécution de 40
projets/programmes PPTE dans les 6
secteurs de développement
4. Cartographies des mutuelles de santé au Cameroun
5. Instruments d'observation et de collecte des données
de terrain
6. Liste des personnes rencontrées
7. Observations du jury sur la première version de
notre étude présentée le 29 janvier 2009, et les
schémas d'analyse de cette étude (version initiale et version
révisée)
ANNEXE 1
Méthode d'échantillonnage
utilisée : Méthode BORDAS, procédure
Actions :
A : Projet d'approvisionnement en médicaments
essentiels dans les districts de santé prioritaires
B : Projet de Promotion des Mutuelles de Santé
Pilotes au Cameroun
C : Renforcement de l'offre de santé
D : Projet de Renforcement des Soins Obstétricaux
d'Urgence
Critères :
C1 : Prévoyance sociale
: Couverture nationale
C3 : Durée minimale deux ans
Coefficient de Bordas : 8, 5, 3, 1
Matrice de décision
|
C1
|
|
C3
|
A
|
05
|
18
|
15
|
B
|
18
|
18
|
15
|
C
|
08
|
18
|
13
|
D
|
06
|
18
|
12
|
|
|
|
|
Solution
|
C1
|
|
C3
|
Somme des rangs
|
A
|
1
|
4,5
|
7,5
|
13
|
B
|
8
|
4,5
|
7,5
|
20
|
C
|
3
|
4,5
|
3
|
10,5
|
D
|
5
|
4,5
|
1
|
10,5
|
C
D'où le pré ordre agrégé B
A
D
ANNEXE 2
Cadre logique : Promotion des MS pilotes au
Cameroun
Description du projet
|
Indicateurs
|
Sources de vérifications
|
Suppositions/
Hypothèses
|
Objectif global
L'accessibilité financière des populations pauvres
aux soins de santé de qualité est améliorée
|
Au terme du projet, au moins 78.000 personnes possèdent
une carte mutualiste.
|
Registres des 26 mutuelles de santé
Rapport d'audit externe
|
|
Objectifs spécifiques
OS1 : Les populations sont
accompagnées dans la mise en place de 26 mutuelles de santé
OS2 : Les facteurs de succès des
mutuelles de santé sont étudiés dans les
différentes localités au Cameroun
|
A la fin du projet les 26 mutuelles sont
opérationnelles
Un rapport sur les conditions de succès de ces structures
au Cameroun est diffusé
|
Attestations de légalisation
Registres d'adhésion et de cotisations
Registres MINSANTE
PV de livraison de l'étude
|
Le projet dispose de ressources nécessaires
Participation effective
des populations
Lenteurs réduites
Respect chronogramme
Un plan de recherche est établit au préalable, et
diffusé
|
Résultats
R1 : 14 mutuelles rurales et 12 mutuelles
urbaines sont mises en place
R2 : L'accès de 13.000
ménages aux soins de santé est amélioré par au
moins 50% des mutuelles
R3 : Au moins 156 personnes sont
formées à l'approche mutualiste
R4 : Les conditions des mutuelles de
santé au Cameroun sont étudiées et diffusées
|
26 mutuelles sont légalisées et fonctionnelles
Au moins 50% des mutuelles a chacune 1000 adhérents.
30% des formations sanitaires améliorent leur
fréquentation
60% des personnes formées maîtrisent les outils de
gestion
La situation détaillée des MS est connue
|
Documents de légalisation et registres des mutuelles
Registres d'adhésion et de cotisations
Registres des malades des formations partenaires
Rapports de formation, Attestation de formation
Taux de satisfaction des adhérents
Contenu du rapport de l'étude
|
La loi sur les mutuelles de santé existe
Les ressources sont disponibles et utilisées
Collaboration facile avec les formations sanitaires
Une gestion de qualité est pratiquée
La sélection des participants objective
Présence effective aux ateliers de formation
Stratégie de collecte des données rigoureuse
Communication avec les bailleurs et ONG
|
Activités principales
A1 : Sensibiliser les populations
A2 : Former les promoteurs de mutuelles de
santé
A3 : Accompagner la mise en place des
mutuelles de santé pilotes
A4 : Collecter les données et
vulgariser les conditions de réussite
|
Campagnes de sensibilisations
Ateliers de formation organisés
Les organismes d'appui encadrent les mutuelles
Des descentes de terrain sont faites.
Données de référence des mutuelles
disponibles
|
PV réunions de sensibilisation
Fiches de présence et rapports de formation
Plan d'action et rapports d'activités des organismes
Plan d'action de recherche, rapport terrain, et rapport final de
l'étude
|
Ressources disponibles et bien gérées
Besoin en formation identifiés et plan de formation
élaboré. Disponibilité des participants
Ressources disponibles et APE respecté
Elaborer les TDR, Réunir une équipe
multidisciplinaire
|
Moyens (matériels et humains)
A1- Campagnes de sensibilisation à
mener
A2- Ateliers de formation à mettre en
place
A3- Renforcement de capacités, appui
ONG
A4- Recherche documentaire et enquêtes
|
Coûts
8.480.000
49.338.000
41.930.000
27.370.000
|
Conditions préalables
|
|
127.118.000
|
|
ANNEXE 3
Suivi évaluation des projets/programmes PPTE de
2001 à2007
Résultats suivi exécution de 40
projets/programmes PPTE dans les 6 secteurs de développement
Tableau 19: Fréquence d'utilisation des outils et niveau
d'organisation
SECTEURS
|
Total projets
|
EF
|
APE
|
RA
|
ORGANISATION
|
ECARTS
|
RESPECT DELAIS
|
O
|
N
|
O
|
N
|
O
|
N
|
Bonne
|
Moye
nne
|
Médio
cre
|
O
|
N
|
O
|
N
|
RURAL
|
10
|
3
|
7
|
10
|
-
|
7
|
3
|
2
|
5
|
3
|
4
|
6
|
-
|
10
|
SOCIAL
|
2
|
-
|
2
|
2
|
-
|
-
|
2
|
-
|
2
|
-
|
1
|
1
|
-
|
2
|
SANTE
|
6
|
5
|
1
|
6
|
1
|
-
|
6
|
1
|
4
|
1
|
-
|
6
|
-
|
6
|
EDUCATION
|
8
|
2
|
6
|
4
|
4
|
2
|
6
|
-
|
2
|
6
|
4
|
4
|
-
|
8
|
GOUVER
NANCE
|
2
|
2
|
-
|
2
|
-
|
2
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
2
|
1
|
1
|
INFRASTRUC
TURES
|
12
|
-
|
12
|
10
|
2
|
1
|
11
|
-
|
8
|
4
|
1
|
11
|
-
|
12
|
Totaux
|
40
|
12
|
28
|
34
|
7
|
12
|
28
|
4
|
22
|
14
|
10
|
30
|
1
|
39
|
Rapports en %
|
|
30
|
70
|
85
|
17,5
|
30
|
70
|
10
|
55
|
35
|
25
|
75
|
2,5
|
97,5
|
Ce tableau exprime les résultats du suivi
exécution des projets/programmes sur fonds PPTE de 2001 à 2007.
L'analyse de ces dossiers avait pour objectif de faire ressortir la
qualité d'application des outils de l'approche projet de l'étape
exécution. Il s'est donc agit de vérifier le niveau non seulement
la fréquence d'utilisation de ces outils, mais également la
manière de faire.
On voit donc que sur 40 projets, 12 seulement ont fait une
étude de faisabilité. Mais, 34 d'entre eux ont établit un
Avant Projet d'Exécution. Ceci signifie que l'instrument Etude de
Faisabilité est peu utilisé et que les acteurs se rattrapent
souvent par l'APE dans lequel ils font une étude succincte du contexte
de développement et présentent les objectifs du projet.
Le rapport d'activité, comme l'Etude de
Faisabilité est utilisé dans 30% des cas uniquement.
On constate également un non respect du chronogramme
d'activité dans plus de 90% des cas. Les causes doivent être
recherchées dans les procédures de déblocages de fonds et
de passation des marchés.
Appréciation de la qualité d'application
de l'approche projet par secteur
Source : Conçu par l'auteur à partir des
données de recherche
Source : Conçu par l'auteur à partir des
données de recherche
Source : Conçu par l'auteur à partir des
données de recherche
Série 1= Utilisation de l'outil
Série 2= Non utilisation de l'outil
Ces trois graphiques montrent que le rapport
d'activités est l'outil le moins pratiqué, surtout par le secteur
rural. L'Avant Projet d'Exécution a une fréquence d'utilisation
plus importante, les statistiques établies (voir tableau supra)
présentent un pourcentage d'utilisation égal à 85%, contre
30% pour l'Etude de Faisabilité et le Rapport d'Activités.
ANNEXE 4
Cartographie des mutuelles de santé au
Cameroun
Tableau 20: Cartographie des mutuelles de santé de la GTZ
en 2008
Province
|
District de santé
|
Mutuelle de santé
|
Centre
|
Eseka
|
Musacoka
|
Sa'a
|
Massa
|
Obala
|
Obala
|
Littoral
|
Mbanga
|
Mbanga
|
Loum
|
Loum
|
Douala
|
MUSAPEC
|
Douala
|
EEC
|
Douala
|
Hôpital de la Quintinie
|
Edéa
|
Edéa
|
Manjo
|
Manjo
|
Nord-Ouest
|
Bali
|
Bali
|
Ndop
|
Ndop
|
Bamenda
|
Bamenda
|
Kumbo
|
Kumbo
|
Nkampé
|
Nkampé
|
Ndu
|
Ndu
|
Wum
|
Wum
|
Ouest
|
Foumban
|
Foumban
|
Mbouda
|
Mbouda
|
Sud
|
Ebolowa
|
MS Mengong
|
Sud-Ouest
|
Kumba
|
Kumba
|
Fotem
|
Fotem
|
Buéa
|
Buéa
|
Manfé
|
Manfé
|
Tombel
|
Tombel
|
Tiko
|
Tiko
|
Source : Dépliant Capacity development, GTZ,
PGCSS/Volet MAMS Salon (Promote déc 2008)
La Coopération Technique Allemande, à travers
son organe la GTZ, est présente dans 6 provinces du Cameroun.
Elle totalise ainsi 26 mutuelles, réparties comme
suit :
Centre : 3
Littoral : 7
Nord-Ouest : 7
Ouest : 2
Sud : 1
Sud Ouest : 6
Figure 7: Cartographie des mutuelles de santé au
Cameroun en 2006
En observant cette présentation de la GTZ, on constate
une forte concentration des mutuelles de santé dans trois
provinces : Centre, Littoral et Ouest.
Par ailleurs, les mutuelles du secteur formel se retrouvent
plus au centre et au Littoral, tandis que l'ouest possède une
majorité de mutuelles de santé du secteur informel.
ANNEXE 5 :
Instrument d'observation et de collecte de
données de terrain
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES PROMOTEURS DE MUTUELLES DE SANTE
AU CAMEROUN
1. Nom de la mutuelle de santé :
2. Nom de l'organisation responsable de la mutuelle de
santé :
..................................................................................................
3. Population cible : Milieu rural
Milieu urbain
4. Nature de l'organisation responsable de la mutuelle de
santé
............................................................................................................
5. Date de création :.............Date
démarrage des activités..........................
6. La mutuelle de santé est-elle
légalisée ?
Si oui, sous quelle
forme ?.....................................................................
7. Autres activités exercées par la mutuelle de
santé
.....................................................................................................................
8. Adhésion
Type d'adhésion : Volontaire
Automatique Obligatoire
Existe-t-il une restriction à la possibilité
d'adhésion ?
Si oui,
laquelle ?.......................................................................................
9. Adhérents :
Nombre actuel d'adhérents :
.............H.............F..............
Nombre total de bénéficiaires actuels :
.............H...............F................
Lien entre les adhérents ?
Si oui, quel est ce
lien ?..........................................................................
Leur situation professionnelle :
Secteur formel Secteur informel
Secteur agricole
10. Types de soins de santé couverts par la
mutuelle :
......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
11. Gestion de la mutuelle :
Type de gestionnaires
Vous disposez des outils de gestion suivants :
Registres d'adhésion
Registres de cotisations
Suivi des prestations Suivi comptable
Suivi du budget et de la trésorerie
Bénéficiez-vous d'une assistance
technique ?
Si oui
laquelle ?...............................................................................
12. Quelles difficultés rencontrez-vous dans la gestion de
la mutuelle, et comment les gérez-vous ?
ANNEXE 6
Liste des personnes rencontrées pour
l'élaboration de cette étude
Secrétariat Permanent CCS/PPTE
NOM
|
POSTE/TITRE
|
Mr Laurent KOUO NGANGUE
|
Secrétaire Permanent
|
Mr Max ABE ONANA
|
Expert Analyste Evaluateur de projets
|
Mr MOTUBA TAMAJONG
|
Expert Analyste Evaluateur de projets
|
Cellule opérationnelle CCS/PPTE
NOM
|
POSTE/TITRE
|
Mr NIAGA
|
Expert sectoriel secteur rural
|
Mr TANKOUA
|
Expert sectoriel secteur social
|
Mr TCHOULA
|
Expert sectoriel secteur santé
|
MINSANTE
NOM
|
POSTE/TITRE
|
Dr SAA
|
Conseiller Technique n° 3
|
Mme Catherine NDIM
|
Inspecteur des services
|
SAILD/APCAS
NOM
|
POSTE/TITRE
|
Mr Hozier CHIMI NANA
|
Directeur SAILD /PROMUS
|
Mr MBENOUN
|
Responsable développement des mutuelles de
santé
|
Mr Jean KEUMOE
|
Secrétaire exécutif APCAS
|
GTZ Coopération technique Allemande
NOM
|
POSTE/TITRE
|
Dr Flavien NDONKO
|
Responsable REGA
|
Mme Peguy KOPNA
|
Responsable composante MAMS
|
Promoteurs de mutuelles de santé sur fonds
PPTE
NOM
|
POSTE/TITRE
|
MS chauffeurs professionnels
MONSAPGNE Arouna
YONKEU Charles
|
PCA
Membre du CA
|
MS communauté BAHAM
KAMDEM Bernard
|
PCA
|
MS BONASSAMA
FOYEM Fidèle
|
Vice président COSADI
|
MS DEIDO
NDEBA Jules Benjamin
|
Président du CA
|
Promoteurs autres mutuelles
NOM
|
POSTE/TITRE
|
MS quartier Nylon (Douala)
NTOCK Muhammad
|
PCA et représentant APCAS Douala
|
ANNEXE 7
Observations du jury sur l'étude
présentée le 29 janvier 2009, et schémas d'analyse de
l'étude (version initiale et version révisée)
I - Observations portées sur notre étude
par le jury :
Plusieurs observations et recommandations ont
été faites lors de la présentation des résultats de
notre travail devant un jury composé de cinq (05) membres. Nous les
synthétisons en 8 points :
1. L'étude porte essentiellement sur l'application de
l'approche projet dans la promotion des mutuelles de santé pilotes au
Cameroun sur financement PPTE. Pour cela, il n'est nul besoin de
présenter trop longuement l'Initiative PPTE.
2. L'appréciation de l'application de l'approche projet
dans le projet PROMUSAP doit être faite tant sur le plan de
l'exécution des actions prévues que sur celui du processus
d'identification de ces actions.
3. L'utilisation de phrases longues ne facilite pas le suivi
et la compréhension de l'idée présentée. Aussi, il
faudrait raccourcir ou reconsidérer certaines d'entre elles.
4. Le cas pratique étudié, qui porte sur les
mutuelles de santé pilotes, n'occupe que le quart de l'étude. Le
lecteur reste ainsi sur sa faim, quant à la situation de
référence et les perspectives de ces systèmes au Cameroun.
L'étude devra faire ressortir la situation actuelle des mutuelles de
santé au Cameroun, et présenter les opportunités de
déploiement de ces structures.
5. Mettre dans le cadre logique le cas de la promotion des
mutuelles de santé ou micro assurances santé au Cameroun
6. Quelques incohérences dans la saisie du texte
rendent certaines phrases incompréhensibles. Une relecture de ces
parties doit permettre de corriger ces manquements
7. Le résumé de l'étude doit
refléter fidèlement, mais de façon synthétique
l'ensemble des points évoqués au cours de la démarche de
démonstration.
8. La traduction anglaise du résumé (abstract),
doit se faire non par les logiciels de traduction, mais par un traducteur
spécialiste, afin de conserver toute la cohérence du texte
d'origine.
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1976/1981 et 1981/1986. Le 6ème, prévu de 1986
à 1991 n'a jamais débuté.
* 2 La crise économique
du Cameroun, Atlantic éditions, 2003p. 65
* 3 Le FMI est l'une des
institutions financières internationales créées en 1945
à Bretton Woods au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
* 4 Octave JOKUNG NGUENA, page
103
* 5 Banque Mondiale et Fonds
Monétaire International et Club de Paris, Club de Londres etc....
* 6 Pays Pauvres Très
Endettés / HIPC (Heavily Indebted Poor Countries). Ils sont au nombre de
42, dont 34 en Afrique subsaharienne, 4 en Amérique latine et 3 en
Asie.
* 7 Il s'agit d'objectifs
à réaliser d'ici 2015 et fixés par les Nations Unies en
l'an 2000. Ils sont au nombre de huit.
* 8 O. JOKUNG NGUENA,
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pour l'Afrique ? L'Harmattan, 2005, P. 57
* 9 Cabinet OKALLA AHANDA et
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financées sur ressources PPTE.: Exercices 2001/2002, 2002 période
transitoire et 2003.
* 10 Exposé
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Paris I la Sorbonne, 24 février 2005, p.9
* 11 Idem. P.9
* 12 R. NYOM, La crise
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* 13 O. JOKUNG NGUENA,
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* 14 R. NYOM, La crise
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* 15 BAT du Grand Duché
de Luxembourg, Gestion du cycle de Projet et le Cadre Logique, janvier 2001, p.
1
* 16 Idem, p. 2
* 17 Président du
mouvement Français pour la qualité (1980-1983), a enseigné
le management de la qualité à HEC et est aujourd'hui
président de l'Association Française Edwards Deming et professeur
à l'Ecole spéciale des Travaux Publics.
* 18 « Initiation
à l'approche par projet »,
http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/cours/coursgc/infot7b.htm.
(Consulté le 11 octobre 2008).
* 19 L. VAN CAMPENHOUDT, manuel
de recherche en sciences sociales, nouvelle édition DUNOD, 1995, p.
194
* 20 Idem, p. 200
* 21 Idem, p. 204
* 22 M. GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Précis DALLOZ,
11ème Edition, 2001, p. 606
* 23 Idem, p. 616
* 24 Idem, p. 876
* 25 Méthode
multicritère ordinale, voir matrice de décision en annexes
* 26 M. POISSON, Introduction
à l'analyse systémique, Pratiques, Réseau
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* 27 M. GRAWITZ,
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* 28 M. POISSON, Introduction
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* 59 L'Allemagne, la Belgique,
le Canada, le Danemark, l'Espagne, les Etats-Unis, la Finlande, la France,
l'Irlande, le Luxembourg, la Norvège, la Nouvelle Zélande, les
Pays Bas, le Portugal, le Royaume Uni, la Suède, la Suisse et l'Union
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* 61 Idem, p. 32
* 62 Idem, p. 500
* 63 R.J. BERG et J. SEYMOUR
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Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali,
Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, République Centrafricaine, RDC,
Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra Leone,
Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo et Zambie.
* 89 Bolivie, Burkina Faso,
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* 93 O. JOKUNG NGUENA :
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* 94 Idem, Il s'agit du
Bénin, du Burkina Faso, de l'Ethiopie, du Ghana, de Madagascar, du Mali,
de la Mauritanie, du Mozambique, du Niger, du Rwanda, du Sénégal,
de la Tanzanie, de l'Ouganda et de la Zambie, p. 62-63
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KENGNE DJEUTANE, Idem, p. 33
* 121 DSRP, avril 2003, p.
32-33
* 122 B. BIAO, S. FAMBON, G.
KENGNE DJEUTANE: Endettement extérieur et développement humain au
Cameroun, Service oeucuménique pour la paix, collection «Economie
et conflit», avril 1999, p. 37-39
* 123 Idem, p. 57-62
* 124 Idem, p. 59
* 125 S.E. M.MEVA'A M'EBOUTOU,
Ministre des finances et du Budget, préface manuel de procédures
du CCS/PPTE, 2001, p. 2
* 126 Manuel de
procédures, CCS/PPTE, 2006, p. 6-8
* 127 Décret n°
2000/960 : PM du 01 décembre 2000, article 8 p. 4
* 128 O. JOKUNG NGUENA :
Initiative PPTE, Quels enjeux pour l'Afrique ? Edition L'Harmattan, 2005, p.
57
* 129 S.C. ABEGA : Le
retour de la société civile en Afrique, Presses de l'UCAC, 2007,
p. 102
* 130 S.H. MOUAFO
NGATOM : Mémoire de recherche : L'Initiative PPTE et la lutte
contre la pauvreté au Cameroun : Une analyse sociologique,
Université de Yaoundé I, FALSH, 2006, 85
* 131 O. JOKUNG NGUENA :
Initiative PPTE, Quels enjeux pour l'Afrique ? Edition L'Harmattan, 2005, p.
142
* 132 Idem, p. 118
* 133 Idem, p. 121
* 134 DSRP, avril 2003, p. 46
et 115
* 135 Initiative PPTE, entre
illusion et arnaque,
http://www.cadtm.org
* 136 Cabinet 2AC :
Rapport d'audit financier et technique des dépenses financées sur
ressources PPTE, exercice 2005, Août 2007, p. 8
* 137 Idem, p. 4-7
* 138 La fixation des budgets
alloués aux projets n'étant connu qu'après le vote de la
Loi des finances (LF) et les crédits n'étant mobilisés que
tardivement, et la clôture des engagements intervient fin novembre.
* 139 M. AMADOR-CUADRO, S.
BREITKOPF, F. BUFFA, P. LECOMTE et C. PERRIN: Séminaire Genre et
Afrique, Initiative PPTE en Afrique, DESS Développement
Coopération Internationale et Action Humanitaire, La Sorbonne Paris,
février 2005, p. 9
* 140 R. NYOM, La crise
économique du Cameroun (Essai d'analyse sociopolitique), Atlantic
Editions, 2003, p. 125
* 141 Idem, p. 126
* 142 Cabinet OKKALLA AHANDA
et Associés : Rapport d'audit financier et technique des
dépenses financées sur ressources PPTE, exercices 2001/2002, 2002
période transitoire et 2003, Août 2004
* 143 Idem
* 144 Cabinet 2AC :
Rapport d'audit financier et technique des dépenses financées sur
ressources PPTE, exercice 2005, Août 2007
* 145 Idem, p. 22 et 25
* 146 Cabinet OKKALLA AHANDA
et Associés : Rapport d'audit financier et technique des
dépenses financées sur ressources PPTE, exercice 2004, septembre
2005, p. 30-31
* 147 Cabinet 2AC :
Rapport d'audit financier et technique des dépenses financées sur
ressources PPTE, exercice 2005, Août 2007, p. 16
* 148 Idem, p. 18 et 25
* 149 Idem, p. 22
* 150 Idem, p. 22-23
* 151 R. NYOM, La crise
économique du Cameroun (Essai d'analyse sociopolitique), Atlantic
Editions, 2003, p. 127
* 152 Idem, p. 126
* 153 J.MERCKAERT, CCFD et
Plate forme Dette et Développement : dix ans après le
lancement de l'Initiative PPTE, évaluation critique du traitement de la
dette par le G8, novembre 2006, p. 3-5
* 154 Idem, p. 7
* 155 Etude GCP : Fiche
planification par projet, COTA/HHC/CA, 2003-2006, p.1
* 156 Idem, p. 1
* 157 I. N. MOUSSINGA,
Consultant Formateur à l'IFD Cameroun., Cours sur la Gestion du cycle de
Projets : Approche de Planification Projets/programmes par Objectifs,
décembre 2007
* 158 Commisssion
Euripéenne EuropeAid : Manuel de Gestion du Cycle de Projet, mars
2001, p. 3 -4
* 159 BAT du Grand
Duché de Luxembourg, Gestion du cycle de Projet et le Cadre Logique,
janvier 2001, p.3
* 160 J.NZIMA, Cours d'analyse
multicritère, 2007, p. 2
* 161 M. POISSON, Introduction
à l'analyse systémique, Pratiques, Réseau
d'échanges d'idées et de méthodes pour des actions de
développement, 2006, p. 1
* 162 I.N. MOUSSINGA,
Planification stratégique : Outils et méthodes, 2007, p.
16
* 163 I.N. MOUSSINGA,
Planification stratégique : Outils et méthodes, 2007, p.
18
* 164 BAT du Grand
Duché de Luxembourg, Gestion du cycle de Projet et le Cadre Logique,
janvier 2001, p.5
* 165 Coopération
Française en Casamance : Appui à la gestion du Centre ADEN
de COUBANAO, 2007, p. 5
* 166 Idem, p. 5 à 8
* 167 Commission
européenne (EUROPAID), Manuel de Gestion de Cycle de Projet, Mars 2001,
p. 9 à 16
* 168 Idem, p. 17 à
23
* 169 SF Développement
Maroc : Formation des cadres provinciaux en charge de l'évaluation
de projets, Marrakech 2006, p. 19
* 170 Bureau d'Assistance
Technique du Cercle de Coopération des ONG de Développement de
Luxembourg- Gestion du cycle de projet et le cadre logique, 2001, p. 10
à 12
* 171 Article 3, alinéa
1 du Décret n° 2000/960/PM du 01 décembre 2000
* 172 Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté, avril 2003.
* 173 République du
Cameroun : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté, 2003, p. ix
* 174 Idem, p. 42
* 175 Idem, p. 46
* 176 République du
Cameroun : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté, 2003, p. 155
* 177 I.N. MOUSSINGA,
Planification stratégique : Outils et méthodes, 2007, p.
39
* 178 Idem, p. 39
* 179 CCS/PPTE : Manuel
de procédures, 2006, p.2
* 180 Idem, p. 5
* 181 Idem, p. 10
* 182 Idem, p. 13
* 183 Mémoire
d'Identification de Projets
* 184 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, 2006, p. 21 à 24
* 185 Idem, p.26
* 186 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, 2006, p. 26
* 187 Idem
* 188 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, 2006, p. 27
* 189 Article 3 alinéa
6 du Décret n° 2000/960/PM du 01 décembre 2000, p. 2
* 190 Idem, alinéa 8
* 191 2AC, Associés
Audit et Conseil : Audit financier et technique des dépenses
financées sur ressources PPTE - Exercice 2005, Août 2007, p. 4
* 192 I. GUISNEL :
Communication sur les indicateurs de bonne gouvernance, Séminaire
régional sur la gouvernance au sud, du 9 au 11 juillet 2002, p. 1
* 193 Définition
tirée des Cahiers Français, découverte de
l'économie (les concepts) - n° 216 mai-juin 1984, p. 55
* 194 Professeur de droit
public français (1896-1936), fut notamment un spécialiste des
problèmes financiers et président de l'institut de droit
international, et conseiller juridique du Négus d'Ethiopie (Hailé
Sélassié).
* 195 D. T. NGONDJES
YONG : Mémoire : Le cycle politico budgétaire au
Cameroun, DEA sciences économiques, p. 14
* 196 Perspectives
économiques en Afrique, 2004,
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27novembre 2008, p. 134
* 197 Site ACADEMON,
http://www.academon.fr ,
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* 198 Dictionnaire financier,
http://www.definition.actufinance.fr,
consulté le 27 novembre 2008
* 199 S.A. SCHOUEL :
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budgétaire camerounais, Master en Administration Publique, ENA
Strasbourg, 2006-2008, p. 3
* 200 Idem, p.
* 201 Robert HERTZOG,
professeur à l'université de Strasbourg III
* 202 SIA CONSEIL : La
prise en compte du risque pays : Une tendance de plus en plus forte,
octobre 2007,
http://www.finance-siaconseil.com
, consulté le 27 novembre 2007
* 203 Perspective
Afrique : La gestion du risque pays li aux investissements directs
étrangers dans les pays en voie de développement, mai 2005,
http://www.persaf.org ,
consulté le 27 novembre 2008, p. 102-106
* 204 DSRP, avril 2003, p.
114
* 205 Loi n°2004-017 du
22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation, loi
n°2004-018 fixant les règles applicables aux communes, loi n°
2004-019 fixant les règles applicables aux Régions
* 206 O. JOKUNG NGUENA :
Initiative PPTE, Quels enjeux pour l'Afrique ? Edition L'Harmattan, 2005,
p.91
* 207 Définition de
WIKIPEDIA,
http://www.fr.wikipédia.org
, consulté le 28 novembre 2008
* 208 Site Banque
Mondiale :
http://web.wordlbank.org ,
consulté le 28 novembre 2008
* 209 Sociologue Britannique
et homme politique Allemand, il est considéré comme l'un des
auteurs fondateurs de la théorie du conflit social.
* 210 O. JOKUNG NGUENA :
Initiative PPTE, Quels enjeux pour l'Afrique ? Edition L'Harmattan, 2005,
p.95
* 211 Forum de Delphes :
Le cas de la décentralisation et de la déconcentration au
Cameroun, Fiche pédagogique, projet la gouvernance dans la lutte contre
la pauvreté, Université Pairs XII, 2001, p. 1
* 212 O. JOKUNG NGUENA :
Initiative PPTE, Quels enjeux pour l'Afrique ? Edition L'Harmattan, 2005,
p.96
* 213 Loi n°2004-017 du
22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation, loi
n°2004-018 fixant les règles applicables aux communes, loi n°
2004-019 fixant les règles applicables aux Régions.
* 214 Foruim de Delphes :
Le cas de la décentralisation et de la déconcentration au
Cameroun, Fiche pédagogique, projet la gouvernance dans la lutte contre
la pauvreté, Université Pairs XII, 2001, p. 4-5
* 215 Décret n°
2008/376 du 12 novembre 2008 et Décret n° 2008/237 du 12 novembre
2008. Cameroun Tribune du 13 novembre 2008, p. 3-5
* 216 J.M. GOGUE :
Management de qualité, gestion poche, Economica, 3ème
Edition, 2001, pp. 39-40
* 217 BAT du Grand
Duché de Luxembourg, Gestion du cycle de Projet et le Cadre Logique,
janvier 2001, p. 2
* 218 Manuel de
procédures CCS/PPTE, juin 2006, p. 26
* 219 F3E : Le suivi
d'un projet de développement, guide méthodologique, europact,
2002, p.9
* 220 STEP/BIT/CIDR :
Guide de suivi et d'évaluation des systèmes de micro assurance
santé, méthodologie, Edition 2005, p. 9
* 221 ONG SAILD: Etude de
faisabilité du projet de PROMUSAP, août 2003, pp. 7-9
* 222 Voir Section 1 du
chapitre 3 sur la notion de l'approche projet
* 223 Voir, paragraphe 2,
section 1 du chapitre 3 de la présente étude
* 224 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, version révisée, juin 2006, pp.
10-12
* 225 J.M. GOGUE :
Management de la qualité, collection gestion poche, Edition Economica,
2001, p. 21
* 226 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, version révisée, juin 2006,
annexe 1 p. 29
* 227 G. ROCHER : Le
changement social. Introduction à la Sociologie
Générale, Editions HMH, 1968, p. 22
* 228 Bonne gouvernance
sociale : Lire le point C, paragraphe 2, section 2 du chapitre 3
* 229 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, idem que ci-dessus
* 230 Manuel de
procédures du CCS/PPTE, tableau synoptique représentant la
procédure pour l'instruction des dossiers projets, version
révisé, 09juin 2006, pp. 15-16
* 231
www.Droit.Afrique..com ,
Cameroun : Circulaire relative à la procédure de passation
des marchés publics, consulté le 11 janvier 2009
* 232 Voir point C, paragraphe
2, section 1 du 3ème chapitre de la présente
étude
* 233 Cameroon Tribune du 04
décembre 2008, procédures de passation des marchés :
Les causes du gâchis.
* 234 Cameroon Tribune du 19
septembre 2008, p. 3
* 235 G. ROCHER, Introduction
à la sociologie générale, tome 3, le changement social,
éditions HMH, p. 125
* 236 BAT Bureau d'Assistance
Technique du Grand Duché de Luxembourg : Gestion du Cycle de
projet et le Cadre Logique, p. 2
* 237 Fournies page 12 de
l'étude
* 238 Cahiers
français : découverte de l'Economie, les concepts, mai-juin
1984, p. 16-17
* 239 Economie
générale, BTS 1ère année,
http://geronim.free.fr/ecogene/bts1
, consulté le 25 décembre 2008
* 240 Idem
* 241 Idem, op cité p.
83
* 242 Le circuit
économique, classe de 2nde,
www.ac-versailles.fr/pedagodi/reserve
, consulté le 24 décembre 2008
* 243 Groupe d'enseignants
Camerounais : Education civique, Mécanismes et systèmes
économiques du Cameroun et du monde, groupement des arts, nouvelle
édition 1988, p. 195
* 244 Pour le
libéralisme planifié, 1987, p.128
* 245Raymond W. Goldsmith
(1904 - 1988) was an
American
economist. He authored
dozens of
books including the well-known
Financial
Structure and Development in 1969, WHIKIPEDIA, the free encyclopedia
* 246 Gurley, John G et
Edward S. Shaw (1955), «Financial Aspects of Economic Development»,
American Economic Review, 45:4, 515-38
* 247 Président du
Conseil d'analyse économique en France, auteur de plusieurs ouvrages sur
les systèmes financiers
* 248 Conseil pour le
développement de la recherche en sciences sociales : Afrique et
développement, vol. XXVI n° 3 et 4, 2001, pp. 1-26
* 249 Conseil pour le
développement de la recherche en sciences sociales : Afrique et
développement, vol. XXVI n° 3 et 4, 2001, pp 5-15
* 250 Actes du colloque
organisé par la Caisse des Dépôts et Consignations, le
Centre National des Caisses d'Epargne et de Prévoyance et Swedisg
Savings Bank Association : J.Y. GOURVEZ : Intermédiation
financière et circuits traditionnels, les conditions de la mobilisation
financière, pp.105-108
* 251 J. MBOUOMBOUO
NDAM : Mémoire de recherche. Banque contre micro finance : Les
enjeux de l'intermédiation financière dans la zone CEMAC, p.
21
* 252 Idem, p. 22
* 253 Conseil pour le
développement de la recherche en sciences sociales : Afrique et
développement, vol. XXVI n° 3 et 4, 2001, p 14
* 254 Idem, p. 15
* 255 Centre global de
recherche de développement : Mémoire d'études
à l'université de Versailles Saint Quentin en Yvelines,
http://www.gdrc.org the virtual
library on microcredit, consulté le 26 décembre 2008
* 256 Bulletin d'Informations
du Mardi : Finance informelle en milieu urbain au Cameroun, BIM n° 36
14 septembre 1999,
http://www.microfinancement.cirad.fr
, consulté le 26 décembre 2008
* 257 Op. cité p. 91
* 258 C'est-à-dire
des montants importants pour des longues durées
* 259 Sur les 10 banques
commerciales actuellement en activité au Cameroun, seules 3 sont
à majorité camerounaise (CBC Bank, Amity Bank et Afriland First
Bank) toutes les autres étant contrôlées par les grands
groupes internationaux qui ne prennent que les risques qu'elles
maîtrisent.
* 260 Les pays de la zone
CFA ont une grande avance dans ce domaine sur ceux de l'Union Européenne
dont le regroupement autour d'une banque centrale commune date seulement de
2001 avec l'avènement de l'euro.
* 261 La CEMAC couronne
deux organes d'intégration dont l'un économique, l'UEAC et
l'autre monétaire, l'UMAC.
* 262 Mémoire :
Intermédiation bancaire et croissance économique au Cameroun,
Université de Ngaoundéré, Maîtrise en
économie monétaire et bancaire, pp.
* 263 Idem, pp. 113-117
* 264 Un groupe
d'étudiants : Projet de recherche sociologique : Le
phénomène de l'extraction du sable dans la ville de MONATELE,
Université de Yaoundé I, juin 2008
* 265 DSRP, 2003, p. 78
* 266 C'est une assurance en
cas de vie : Il peut s'agir d'un contrat au terme duquel l'assureur
prévoit au bénéficiaire le paiement d'un capital s'il est
en vie à ce moment. Le principe est de se constituer une épargne
vie.
* 267 Elle protège la
famille ou les salariés des aléas de la vie en prenant en charge
les conséquences financières d'un décès ou d'une
invalidité. Le contrat de prévoyance peut être souscrit
à titre individuel ou dans le cadre d'un contrat collectif.
* 268 P. NDIAYE :
Développement des Mutuelles de santé en Afrique : Une
analyse comparative des approches et de leurs impacts, Research Matters,
juin 2006, p. 4
* 269 Site CEFOD,
http://www.cefod.org , Santé,
une réforme sans effet par F. BANHOUDEL MECONDO, août 2008
* 270 BIT/STEP 2000, Fonteneau
2000
* 271 CERA FOUNDATION :
Micro assurances et soins de santé dans le Tiers Monde, publication
série Horizons, juin 2004, p. 9
* 272 BIT/STEP 2000, Fonteneau
2000
* 273 DSRP, 2003 :
Tableau 19, p. 100
* 274 Sommet extraordinaire de
l'Union Africaine sur le VIH/SIDA, tuberculose et paludisme : financement
de la santé en Afrique, Addis Abeba, Mai 2006, sur
http://www.africa-union.org ,
consulté le 10 décembre 2008
* 275 Idem
* 276 DSRP 2003, p. 100
* 277 C. NDIM :
Mémoire DESS Economie de la santé : Facteurs de
viabilité des mutuelles de santé au Cameroun : Analyse des
expériences pilotes de la coopération Technique Allemande,
version corrigée, juin 2006, p. 19
* 278 MINSANTE et
MINTSS : Projet, Plan stratégique pour la promotion des mutuelles
de santé au Cameroun (2005-2010), pp. 46-49
* 279 DSRP 2003 :
Stratégie sectorielle de la santé, p. 102
* 280 Ministère des
Affaires Sociales : Résumé du rapport national sur la
protection sociale au Cameroun, réunion régionale sur la
protection sociale, Dakar, juin 2008
* 281 Ministère des
affaires sociales : Résumé rapport national sur la
protection sociale au Cameroun.. Réunion régionale sur la
protection sociale, Dakar, du 9 au 11 juin 2008, p. 2-3
* 282 DSRP 2003, p. 110
* 283 Cameroon Tribune du 07
novembre 2008, p. 14
* 284 M.P. WAELKENS et BART
CRIEL : Les mutuelles de santé en Afrique subsaharienne, Health,
Nutrition and Population, (HNP) World Bank, mars 2004, p. 25
* 285 P. NDIAYE :
Développement des mutuelles de santé en Afrique : Une
analyse comparative des approches et de leurs impacts, Reseach matters, juin
2006, p. 5
* 286 Idem, p. 6
* 287 C'est un réseau
transversal de partage et d'information et expériences, entre 11 pays
d'Afrique de l'Ouest et du Centre. Ses activités sont appuyées
par le programme STEP du BIT, par l'USAID, par la GTZ
* 288 J. JULLIOT : La
sécurité sociale, LA VILLEGUERIN Editions, Paris, octobre 1988,
p. 32
* 289 Stratégies et
Techniques contre l'Exclusion sociale et la Pauvreté (STEP), programme
du Bureau International du Travail (BIT), est un instrument pour
accroître la couverture et l'efficacité de la protection sociale
dans le Monde. En accord avec les conclusions du Sommet mondial pour le
développement social à Copenhague, il promeut la conception et la
diffusion de systèmes novateurs destinés à la protection
sociales des populations exclues.
* 290 Micro assurance
santé : Guide d'introduction aux mutuelles de santé en
Afrique, 2ème édition 2002, pp. 17-19
* 291 BIT/STEP : Micro
assurance santé : Guide d'introduction aux mutuelles de
santé en Afrique, 2ème édition 2002, p20
* 292 P. NDIAYE :
Développement des mutuelles de santé en Afrique : Une
analyse comparative des approches et de leurs impacts, Research Matters, juin
2006, p.9
* 293 Institut Thomas
More : Actes du colloque du 14 juin 2005, Assurance,
réassurance : Une contribution au développement
* 294 Dépliant
GTZ : Capacity development par la GTZ pour la promotion des
systèmes MAMS, (quelques résultats)
* 295 Dictionnaire de langue
française, l'internaute encyclopédie,
http://www.linternaute.com/
* 296 Cette sélection
est faite à partir des données collectées dans : Les
Mutuelles de santé en Afrique subsaharienne par M.P. WAELKENS et B.
CRIEL, Guide de gestion des Mutuelles de santé en Afrique par
STEP/BIT
* 297M.M. WAELKENS et B.
CRIEL : Etude de la perception sociale de MUCAS Maliando, Une
expérience d'organisation de mutuelles de santé en Afrique
rurale, 2002
* 298 N. MASSIOT :
Contribution actuelle et potentielle de mutuelles de santé au
financement, à la fourniture et à l'accès aux soins de
santé : Cas du Sénégal. USAID/PHR, BIT/STEP, 1998,
www.concertation.org
* 299 Etude de
faisabilité, Projet de Promotion des Mutuelles de Santé Pilotes
au Cameroun (PROMUSAP), 2003,
pp. 24-25
* 300 C. NDIM :
Mémoire de fin de spécialisation, DESS économie de la
santé, Facteurs de viabilité des mutuelles de santé au
Cameroun : Analyse des expériences pilotes de la coopération
Technique Allemande, 2005
* 301 Atim et Sock (2002),
Jütting et Tine (2000), Chee et Al (2002), Waelkens et Criel (2002)
* 302 Projet de Plan
Stratégique pour la promotion et le développement des Mutuelles
de Santé au Cameroun, pp 58-59
* 303 NDIAYE P. :
Développement des mutuelles de santé en Afrique : Une
analyse comparative des approches et de leurs impacts, Research Matters, juin
2006, p. 29
* 304 En France et en
Allemagne, on est passé de la mutualité au
19ème siècle aux assurances sociales au
20ème siècle. Les sociétés de secours
mutuel sont reconnues en 1848 en France, une loi de 1898 rend l'employeur
responsable des accidents survenus à ses salariés et la
première initiative de prestations familiales remonte à 1884.
L'intervention de l'Etat va se faire par l'encouragement de la
prévoyance et par la mise en place des systèmes de protection
sociale en faveur des salariés, dès 1831. (Extrait de : La
Sécurité Sociale : J. JULLIOT, La VILLEGUERIN Editions,
Paris, 1988).
* 305 G. BALANDIER, Sociologue
Français, constructiviste pense que la réalité sociale est
un processus en construction permanente. Elle doit donc être
appréhendée dans toute son ampleur suivant la dynamique
sociale.
Sens et puissance : Les dynamiques sociales, QUADRIGE/PUF,
Paris, 1971
* 306 A. PANIS :
L'assurance maladie obligatoire pour tous : Cas particulier de la
République du Rwanda, Exposé, 15 octobre 2008,
http://www.md.ucl..a.be/stages/semspi/
* 307 Dr I.BAYEGE :
Contribution des mutuelles de santé à l'accessibilité de
la population aux services de santé : Cas du district sanitaire de
Byumba, novembre 2005
* 308 Base de données
sur les mutuelles de santé en Afrique :Mali
* 309 Systèmes
initiés et gérés par le prestataire de soins,
systèmes gérés par les membres et systèmes
gérés par un assureur.
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