Dynamique des Associations paysannes en Haïti et
le Développement local (Cas de l'Arrondissement de
Belle-Anse)
Mémoire présenté par
JEAN-BAPTISTE Antony En vue de l'obtention du Diplôme de
Master complémentaire en Développement-environnement et
sociétés Filière : Développement
régional
Jury composé de :
Promoteur : Fabienne LELOUP (Facultés
universitaires catholiques des Mons)
Lecteur : Carlos NIETO (Université
Catholique de Louvain)
Lecteur : Sophie CHARL IER (Université
Catholique de Louvain)
« Penser Globalement, Agir Localement » (Agenda 21
local)
i
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire de Master
Complémentaire en Développement- Environnement et
Sociétés ne serait pas possible sans la contribution d'un
ensemble de personnalités. Spécialement, j'adresse mes
remerciements :
· :. À Dieu, qui m'a donné la vie et qui ne
cesse de m'accompagner
· :. À la Direction Générale de la
Coopération au Développement (DGCD) pour le financement de mes
Études via la Commission Universitaire pour le Développement
(CUD)
· :. À toutes les Universités qui assurent la
gestion du programme de formation : FUCAM, UCL, FUSAGx et ULG
· :. Au comité d'encadrement de mon
mémoire
· :. À tous les professeurs qui m'ont assuré
les cours et les séminaires
· :. Au secrétariat de l'Institut d'Études et
du Développement de l'UCL
· :. À la gestionnaire de ma bourse à la
FUSAGx
· :. À mon épouse
· :. À mes parents et à toute ma famille
· :. À tous mes compatriotes en Belgique et mes
camarades de promotion
· :. À tous-tes mes amis-es en Haïti et en
Belgique
· :. À mes collaborateurs de terrain en Haïti
et les personnes enquêtées
· :. Á toute personne qui a apporté une
quelconque contribution.
ii
RÉSUMÉ
L'objectif principal de cette recherche est de discuter et
d'appréhender les dynamiques générales mises en place par
les associations paysannes de l'Arrondissement de Belle-Anse pour le
développement de leur communauté. Sa réalisation a
nécessité l'utilisation des informations puisées dans deux
sources différentes :
D'abord la littérature grise a été
utilisée à partir des documents préparés par
l'acteur public (2 rapports de plan de développement régional, 1
rapport sur les activités d'acteurspaysans, 5 documents officiels sur la
décentralisation et le développement local) ; des documents
préparés par l'acteur privé (4 rapports d'analyse et 7
articles sur la situation de la décentralisation et le
développement local, 2 rapports sur les activités de
développement régional). Ensuite, à partir d'une
série d'entretiens documentaires et exploratoires, réalisé
avec 149 acteurs différents (organisations communautaires,
bénéficiaires de projet, mouvements féminins, paysans et
jeunes, autorités locales, responsables des bureaux de services
déconcentrés de l'État ONG locales et internationales et
d'autres personnalités de la société civile dans la zone
d'étude).
L'État haïtien manifeste son désir à
l'application du processus de décentralisation pour la réussite
du développement local. Il encourage l'implication des élus
locaux (ASEC et CASEC) et de la société civile dans des projets
de développement qu'il se charge d'exécuter via des bureaux
déconcentrés dans l'Arrondissement de Belle-Anse. Ces projets
touchent les secteurs de l'économie paysanne, le social et
l'environnement.
Les organisations communautaires paysannes dans
l'Arrondissement de Belle-Anse contribuent au développement local
à travers la réalisation des projets et programmes de
développement durables. Elles se regroupent au sein d'importantes
structures décentralisées qui agissent pour la construction de
leur territoire unique. La Coordination des Organisations pour le
Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB)
représente la plus importante entité de regroupement
d'associations communautaires paysannes de la zone. Les structures
décentralisées mises en place par la CODAB à tous les
niveaux d'intervention de son territoire, lui permettent de toucher toutes les
couches de la population locale. Des activités réalisées
dans les secteurs du social, de l'économie paysanne et de
l'environnement contribuent à l'amélioration des conditions de
vie de la population locale. La participation populaire est effective à
toutes les phases d'exécution des projets réalisés.
Le financement des programmes et/ou projets de
développement dans l'Arrondissement de Belle-Anse est assuré par
des ONG locales et internationales ; leur financement passe soit par
l'État soit par les organisations paysannes.
Toutefois, le modèle de développement local des
associations paysannes, malgré son originalité, mérite
d'intégrer davantage la population dans les prises de décision
lors de la phase d'exécution de certains projets. Pour sa part,
l'État devrait concevoir d'autres programmes de développement qui
peuvent satisfaire beaucoup plus de personnes sur une courte période. Le
secteur culturel devrait être pris en compte davantage par les acteurs de
développement local de la zone.
iii
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS I
RÉSUMÉ II
TABLE DES MATIÈRES III
LISTE DES FIGURES V
LISTE DES TABLEAUX V
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS VI
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
PREMIÈRE PARTIE : 3
PROBLÉMATIQUE, CADRE THÉORIQUE ET
CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE 3
CHAPITRE I- PROBLÉMATIQUE 3
1.1- OBJECTIFS, HYPOTHÈSE ET INTÉRÊT DE
L'ÉTUDE 4
1.2- DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE ADOPTÉE 6
1.2.1- Présentation de la zone d'étude
6
1.2.2- Démarche utilisée 9
1.2.2.1- Réalisation des entretiens 11
1.2.3- Délimitation de l'étude . 16
CHAPITRE II- CADRE DE L'ÉTUDE ET DÉFINITION
DES CONCEPTS 17
2.1- DÉVELOPPEMENT LOCAL 17
2.1.1- Approches conceptuelles 17
2.1.2- Acteurs du développement local 18
2.1.2.1- Stratégies d'acteurs 19
2.2- PARTICIPATION ET DÉVELOPPEMENT 20
2.2.1- Approches conceptuelles 21
2.2.2- Typologie de la participation 22
2.2.3- Enjeux de la participation 23
2.2.3.1- Pratique de la participation populaire 24
2.2.4- Différentes interprétations de la
participation 25
2.2.5- Participation et Développement Communautaire
Participatif 25
2.2.5.1- Participation et développement communautaire
participatif en Haïti 26
2.3- PROBLÉMATIQUE DU PROCESSUS DE DÉCENTRALISATION
ET DU DÉVELOPPEMENT LOCAL EN HAÏTI 28
2.4- RÉSULTATS D'ÉTUDES RÉALISÉES SUR
LE DÉVELOPPEMENT LOCAL EN HAÏTI 30
DEUXIÈME PARTIE : 35
DÉCENTRALISATION EN HAÏTI ET
DÉVELOPPEMENT LOCAL 35
CHAPITRE III- DÉCENTRALISATION DANS LE CONTEXTE
HAÏTIEN 35
3.1- HISTORIQUE DE LA DIVISION TERRITORIALE ET DU PROCESSUS DE
35
DÉCENTRALISATION EN HAÏTI 35
3.1.1- Genèse des Sections Communales en Haïti
et le développement territorial 38
3.2- DÉCENTRALISATION ET DÉVELOPPEMENT LOCAL EN
HAÏTI À L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE 42 3.3- REGARD SUR LE
NIVEAU POLITICO-ÉCONOM IQUE DU PROCESSUS DE
DÉCENTRALISATION ET DU DÉVELOPPEMENT LOCAL EN
HAÏTI 45
CHAPITRE IV- 48
ACTEURS, ACTIONS ET DÉVELOPPEMENT LOCAL DANS LES
SECTIONS COMMUNALES DE 3EME THIOTT E ET DE 2EME BOIS D'ORMES 48
4.1- PRINCIPAUX ACTEURS ACTIFS OU ENGAGÉS AU PROCESSUS DE
DÉVELOPPEMENT
TERRITORIAL 48
4.1.1- Présentation et participation des acteurs
publics 48
4.1.2- Présentation et participation des acteurs
privés 54
a. ONG locales et internationales . 55
b. Associations communautaires paysannes 56 4.2-
PRÉSENTATION DE LA COORDINATION DES ORGANISATIONS POUR LE
DÉVELOPPEMENT
DE L'ARRONDISSEMENT DE BELLE-ANSE (CODAB) 58
4.2.1- Mission et objectifs de la CODAB 59
4.2.2- Fonctionnement et structure de la CODAB 60
4.2.3-
5114RXUH-fKULTbgIFsflfrPTeXUsfeffaRlliXaflfrfflUffiglRnflfrefaafM2 ' $B .
62
i. La caféiculture 62
ii. Le système crédit 63
iii . La transformation agro-alimentaire 64
4.2.4- Projets et/ou programmes accomplis par la CODAB et
participation des acteurs 65 4.3- ÉTUDE DE CAS DE DEUX SECTEURS
D'ACTIVITÉS DES ORGANISATIONS PAYSANNES DE
L'ARRONDISSEMENT DE BELLE-ANSE 69
4. 3. 1- 3 UbTKOIRnflfrefaEfMRRSbUDFINflfreif3
aaUeXUsflfrIfMdlbflfr1fa'$ UURnlfrisMP entflfrifBeaal-Anse
(COOPCAB) 69
4.3.2- Présentation de la mini-laiterie de la
Forêt-des-Pins 72
CONCLUSION GÉNÉRALE 77
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Carte de délimitation de la zone d'étude
7
Figure 2 : Organisation de l'État unitaire
décentralisé d'Haïti et Plan National de
Développement 46
Figure 3 : Structure de représentation de la CODAB 61
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Présentation des sites spécifiques de
l'étude 9
Tableau 2 : Présentation des projets
réalisés par l'acteur public de 2006 à 2008 dans les
Sections Communales de 3ème Thiotte et 2ème
Bois d'Ormes 51 Tableau 3 : Projets en perspectives de réalisation
par l'acteur public dans les Sections
Communales de 3ème Thiotte et
2ème Bois d'Ormes pour 2009 et 2010 51 Tableau 4 :
Activités réalisées par la CODAB dans la
3ème Section Communale Thiotte et la
2ème Section Communale Bois d'Ormes de 2005 à 2008
65
vi
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ABCAB : Association des Banques Communautaires de
l'Arrondissement de Belle-Anse
ACDI : Agence Canadienne de Développement International
A PV : Association des Paysans de Vallue
Art. : Article
ASEC : Assemblée des Sections Communales
ASEM : Association des Éleveurs du Morne des
Commissaires
AVSF : Agronomes et Médecins sans Frontières
CASEC : Conseil d'Administration des Sections Communales
CASER : Conseil d'Administration des Sections Rurales
CNC : Conseil National des Coopératives
CNGIS : Centre National de l'Information Géo-Spatiale
d'Haïti
CN RA : Commission Nationale de la Réforme
Administrative
CODAB : Coordination des Organisations pour le
Développement de l'Arrondissement
de Belle-Anse
COOPCAB : Coopérative des Planteurs de Café de
l'Arrondissement de Belle-Anse COPAB : Coordination des Paysans de
l'Arrondissement de Belle-Anse
COPRODEP : Conseil de Projet National de Développement
Communautaire Participatif
CROSE : Coordination Régionale des Organisations du
Sud-est
BCA : Banque de Crédit Agricole
BID : Banque Interaméricaine de Développement
BM PAD : Bureau de Monétisation des Programmes d'Aide au
Développement
DCP : Diagnostic Communautaire Participatif
D.E.A : Diplôme d'Études Approfondies
DSNCRP : Document Stratégique Nationale pour la Croissance
et la Réduction de la
Pauvreté
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
FAES : Fonds d'Assistance Économique et Social
FENATA PA : Fédération Nationale des Travailleurs
Paysans Haïtiens
FIC : Fonds d'Investissement Communal
FIDA : Fonds International de Développement Agricole
FID : Fonds d'Investissement Départemental
FIL : Fonds d'Investissement Local
FIP : Fonds d'Investissement Public
FLM : Fédération Luthérienne Mondiale
FLO : FairTrade Labelling Organizations
FMI : Fonds Monétaire International
FOPLAB : Fédération des Planteurs de
l'Arrondissement de Belle-Anse
GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
ICRA : Centre International de la Recherche Agricole
IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique
INCAH : Institut national du Café Haïtien
IN ESA : Inter Entreprise S.A
KOPCAB : Koperativ Plantè Cafe Awondisman Bèlans
MOFAB : Mouvement des Femmes de l'Arrondissement de Belle-Anse
MOPAB : Mouvement de Paysans de l'Arrondissement de Belle-Anse
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Économique
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisation Populaire
OX FA M : Oxford Committee for Relief Famine
PADF : Pan American Development Foundation
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PAPDA : Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un
Développement Alternatif
PCD : Plans Communaux de Développement
PDC : Plan de Développement Communal
PDD : Plan Départemental de Développement
PDL : Projet de Développement Local
PDRI/BA : Programme de Développement Rural
Intégré de Belle-Anse
PDSC : Plan de Développement Section Communale
PIB : Produit Intérieur Brut
PIL : Plan d'Intervention Local
PIP : Programme d'Investissement Public
PLCPDL : Programme de Lutte contre la Pauvreté et de
Développement Local
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PND : Plan National de Développement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PRODEP : Projet National de Développement Communautaire
Participatif
RAD : Recherche Agricole pour le Développement
s. d. : Sans date
SIG : Système d'Information Géographique
s. l. : Sans lieu
Sp : Espèce
UNESCO : Organisations des Nations Unies pour l'Éducation
la Science et la Culture
INTRODUCTION GÉNÉRALE
À l'heure actuelle où beaucoup d'efforts sont
effectués par les pays développés quant à
l'application du processus de développement local, les pays du sud comme
Haïti sont invités à « emboîter le pas »
à la réussite dudit processus obligatoire pour leur
développement.
Ce travail de mémoire, portant sur les associations
paysannes et le développement local en Haïti rentre dans le cadre
de la préparation du diplôme de master complémentaire en
développement, environnement et sociétés. C'est un
thème qui fait l'objet de nombreux débats en Haïti depuis
environ deux décennies tant par l'acteur public que par le
privé.
À travers tout le pays, beaucoup d'associations
communautaires paysannes tentent d'apporter leur support à la population
rurale qui connaît parfois des situations alarmantes. Souvent, le pouvoir
exécutif témoigne de son désir d'initier de façon
adéquate le processus de développement local via la
décentralisation des collectivités territoriales. Depuis la
constitution haïtienne de 1987, une loi et plusieurs décrets ou
projets-loi sont arrivés pour renforcer le processus de
décentralisation.
Ainsi, la réalisation de cette étude trouve sa
justification suite à la réalisation des expériences
professionnelles pendant l'exécution du projet « Appui aux
éleveurs de poulets créoles à Bois d'Ormes ». Ce
projet de développement a été financé par
l'État haïtien dans la Section Communale de Bois d'Ormes en 2007 et
2008. Cette activité professionnelle que j'ai conduite m'a permis de
travailler avec plus d'une cinquantaine d'associations paysannes
bénéficiaires du projet ; la plupart de ces associations de
développement sont affiliées à une
fédération de Section Communale, l'une des structures qui forment
la Coordination des Organisations pour le Développement de
l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB)1.
Toujours en 2007, j'ai réalisé une étude
pour le Ministère de l'Agriculture des Ressources et du
Développement Rural sur le diagnostic technique et économique de
la production et la transformation du lait de vaches dans la
3ème section communale de Thiotte. Cette étude
rentrait dans le cadre de la réalisation du Service civique sanctionnant
mon diplôme d'Ingénieur-Agronome.
Pendant la réalisation de ces deux années
d'expériences professionnelles, il était très important
pour moi d'appréhender le fort dynamisme pratiqué par la
population locale via les associations collectives pour le développement
de leur communauté.
1 C'est une structure de regroupements d'associations
paysannes de toute cette région administrative d'Haïti
Eût égard à toutes ces
considérations, il s'avère utile de présenter le
modèle de construction territoriale pratiqué par les associations
paysannes de deux sections communales de l'Arrondissement de Belle-Anse. Il
s'agit de la 3ème Section Communale Thiotte et de la
2ème Section Communale Bois d'Ormes respectivement de la commune de
Thiotte et d'Ansesà-Pitres.
Le contenu du travail est divisé en deux grandes parties
:
· La première partie comprend la
problématique, les objectifs fixés et la méthodologie
adoptée, d'une part et d'autre part, le cadre théorique et
conceptuel basé sur les concepts de développement local et de la
participation populaire.
· La deuxième partie tient compte d'abord, de
l'état actuel du processus de la décentralisation
présenté à partir des textes de lois haïtiennes et
des travaux de recherche réalisés dans ce domaine. Ensuite, de la
présentation des résultats obtenus à partir des
données de rapport, d'observations et d'enquêtes de terrain sur la
situation de développement de la zone d'étude.
L'application du processus de décentralisation
révèle particulièrement des compétences de
l'État, alors que la réussite du développement local
nécessite à la fois les intérêts de l'acteur public
et de l'acteur privé. À travers cette partie de l'étude,
il est question d'insister sur le mode de transfert du pouvoir de l'État
aux communautés locales pour la réussite du processus de
développement local.
Cette étude se limite à l'utilisation des
données qualitatives préalablement collectées avant la
formulation de la question de départ. Il s'agit d'une étude
exploratoire qui ouvre des pistes pour d'autres études approfondies dans
ce domaine.
PREMIÈRE PARTIE :
PROBLÉMATIQUE, CADRE THÉORIQUE ET
CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE CHAPITRE I- PROBLÉMATIQUE
Malgré l'élaboration et la mise en place des
plans et des stratégies pour le développement d'Haïti, les
conditions de vie socio-économiques de la population sont encore
très défavorables. Cette situation de crise persiste depuis
plusieurs décennies.
Dans un cadre général, les divers projets
identifiés et exécutés n'ont pas toujours donné les
résultats attendus. Le pays est considéré comme
étant le plus pauvre de la Caraïbe et de l'Amérique Latine
en considérant plusieurs indicateurs de base. Selon le PNUD (2008),
Haïti fait partie des pays à revenus faibles avec un PIB/ habitant
avoisinant $ 1 663 US. A propos de l'Indice de Développement Humain, il
est classé 146 sur 177 pays avec un IDH moyen équivalent à
0.529 (PNUD, 2008). Pour une population d'environ 9.9 millions
d'habitants2 en 2009, 78% vit en dessous du seuil de pauvreté
de $ 2 US par jour et en moyenne 53% vit en situation de pauvreté
extrême (PNUD, 2008).
En fait, des problèmes de toutes sortes rongent le pays
: entre autres, l'insécurité alimentaire et le manque de
productions vivrières bien que l'agriculture soit l'activité
principale, pratiquée par 93% de la population en milieu rural. Le
milieu rural est occupé par 59.2% de la population totale du pays (IHSI,
2003)3. Il est donc important de se poser la question par rapport
à la mauvaise gestion politique de l'État haïtien, mais
aussi de l'inefficacité du mode de gestion et de coordination des
actions de principaux partenaires techniques et financiers.
A la fin des années 80, bon nombre d'Associations ou
Groupements locaux sont apparus pour apporter leur contribution au
développement de leur communauté respective. Ce mouvement de
création notamment d'associations paysannes en Haïti a
émergé après la chute du dernier régime dictatorial
de Jean-Claude DUVALIER en 1986. Ces structures ont connu un accroissement sans
précédent à travers tout le pays, avec parfois des visions
et des modes de fonctionnement différents. Elles sont surtout
appuyées par les ONG d'aide au
2 République d'Haïti, Institut
Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI). [En ligne].
[Consulté le 29 mai 2009]. Disponible sur World Wide Web:
http://www.ihsi.ht/produit_demo_soc.htm.
3 En 2003, Haïti comptait environ 8.4 millions
d'habitants. I HSI/Recensement Général de la Population et de
l'Habitat.
développement qui, ont commencé à
s'installer, elles aussi en Haïti quasiment à la même
période.
Ce travail de mémoire envisage d'étudier les
actions menées par les associations paysannes dans deux Sections
Communales de l'Arrondissement de Belle-Anse d'Haïti (Département
du Sud-est). Actuellement, la majorité des associations paysannes dans
cette région administrative d'Haïti se regroupent autour d'une
même structure centrale nommée la « Coordination des
Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse
(CODAB) ». Existée depuis en 2005, elle provient de la fusion de
trois autres organisations communautaires régionales dont la
Coordination des Paysans de l'Arrondissement de Belle- Anse (COPAB), la
Fédération des Organisations des Planteurs de l'Arrondissement de
Belle- Anse (FOPLAB), et la Coopérative des Planteurs de Café de
l'Arrondissement de Belle-Anse (COOPCA B).
La COPAB4 a été créée
en 1989 par l'union de plusieurs groupements paysans qui existaient dans «
la région » avec comme objectif de répondre à
certains besoins de la population locale. Depuis son existence,
l'organisation a réalisé quelques projets socioenvironnementaux
avec la participation d'associations paysannes de base présentes dans la
zone. En 1998, pour avoir plus de transparence au niveau local et en vue
d'agrandir leur coopération nationale et internationale, la COPAB et ses
partenaires de base se sont fusionnées pour créer deux structures
plus grandes : la FOPLAB et la COOPCAB. Ces deux dernières ont
bénéficié de l'appui technique et financier de la
Fédération Luthérienne Mondiale (FLM, une ONG
internationale) et de la Coordination Régionale des Organisations du
Sud-est (CROSE, une ONG nationale).
L'étude va tenter de répondre à la
question suivante: comment les associations paysannes de
l'Arrondissement de Belle-Anse contribuent-elles au développement des
Sections Communales de 3ème Thiotte et 2ème
Bois d'Ormes ?
1.1- OBJECTIFS, HYPOTHÈSE ET INTÉRÊT
DE L'ÉTUDE
Objectif principal
L'objectif principal fixé dans le cadre de cette
étude est de discuter et d'appréhender les dynamiques
générales mises en place par les associations paysannes de
l'Arrondissement de Belle-Anse pour le développement de leur
communauté.
4 La première organisation régionale qui
a favorisé la création de la CODAB
Objectifs spécifiques
Spécifiquement, le travail consiste à :
1. Réaliser une brève historique du
développement de la 3ème Section Communale Thiotte et
de la 2ème Section Communale Bois d'Ormes ;
2. Identifier, présenter et analyser la stratégie
de mises en oeuvre des actions de développement par les acteurs locaux
au profit de leur communauté ;
3. Présenter le niveau de participation de la population
aux initiatives de développement des organisations communautaires dans
la zone.
Hypothèse
Au regard des perceptions sur la situation de
développement dans les Sections Communales de 3ème
Thiotte et de 2ème Bois d'ormes et à partir d'une
consultation de la littérature, la question centrale de l'étude a
fait l'objet d'une hypothèse qui est formulée de la
manière suivante : les stratégies d'intervention mises en place
et pratiquées par les associations communautaires pour
l'exécution de leurs activités favorisent le développement
local dans ces unités territoriales haïtiennes.
Intérêt de l'étude
Dans le contexte de pauvreté existant en Haïti, la
problématique du développement ne devrait pas être
abordée sans considérer les spécificités locales.
Sa plus grande difficulté tient au fait que sa compréhension
requiert une certaine originalité qui n'est pas toujours à la
portée des décideurs. En matière de développement,
aucun individu ne peut prétendre, à lui seul, posséder la
méthode ou la stratégie adéquate. Les associations
paysannes au niveau de l'Arrondissement de Belle-Anse d'Haïti semblent
s'unir autour du développement de leur communauté. Cette forme de
regroupement et de dynamiques associatives paysannes à une telle
échelle en Haïti ne paraît exister que dans cette zone. C'est
pourquoi, il est utile d'identifier et de révéler les
stratégies mises en place par les associations communautaires de cette
zone pour l'exécution de leurs activités sous la direction de la
Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement
de Belle-Anse (CODAB).
1.2- DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE ADOPTÉE
1.2.1- Présentation de la zone d'étude
Cette étude se réalise dans le
Département du Sud-est d'Haïti, l'un des plus petits avec une
superficie de 2 753 km2 soit 7.7 % de la superficie totale
d'Haïti. La population totale est estimée à 484 675
habitants (IHSI, 2003). Le Département du Sud-est est divisé en 3
Arrondissements : Jacmel (Chef lieu), Bainet et Belle-Anse. La ville de Jacmel
est réputée pour ses attractions touristiques et par ses nombreux
sites naturels. Ses anciennes maisons de l'époque coloniale sont
classées comme du patrimoine national et depuis le 21 septembre 2004,
son centre historique était soumis à la liste indicative de
l'UNESCO5.
L'Arrondissement de Belle-Anse est limité au Nord-est
par la Forêt-des-Pins6, au sud par la mer des Caraïbes,
à l'Est par la République Dominicaine et à l'Ouest par la
Commune de Marigot. Sa superficie est de 765,33 km2. Cet
Arrondissement comprend 4 Communes: Belle-Anse (chef lieu), Grand-Gosier,
Thiotte et Anses-à-Pitres, 12 Sections Communales et 245
localités7. Selon les résultats du
4ème Recensement Général de la Population et de
l'Habitat, cette région administrative du pays possède une
population de 107.446 habitants dont 51.74 % de femmes ; environ 86 % de cette
population vit en milieu rural (IHSI, 2003).
Les Communes de Thiotte et d'Anse-à-Pitres qui sont
concernées par cette étude comprennent respectivement 23.041
habitants et 21 .8846 habitants (IHSI, 2003) ; se divisent en 4 Sections
Communales : 3ème Section Communale Thiotte et
2ème Section Communale Pot-de-Chambre ;
1ère Section Communale Boucan Guillaume et
2ème Section Communale Bois d'Ormes. La
3ème Section Communale Thiotte est subdivisée en 21
localités et celle de 2ème Bois d'Ormes en 17 localités.
Leur délimitation est faite à partir de la Figure 1.
5 UNESCO (2006). Patrimoine mondial : Centre historique de
Jacmel. [En ligne]. [Paris] : UNESCO. [Consulté le 10 juin 2009].
Disponible sur World Wide Web: «
http://whc.unesco.org/fr/l
istes indicatives/1 947/».
6 La Forêt-des-Pins représente l'une des
réserves forestières de Pinus occidentalis les plus
importantes d'Haïti et même des Caraïbes
7 Les Sections Communales haïtiennes sont
subdivisées en plusieurs localités
Figure 1 : Carte de délimitation de la zone
d'étude
Source : Centre National de l'Information
Géo-Spatiale d'Haïti (CNGIS)8, mars 2009
Spécifiquement, ces deux Sections Communales se
caractérisent par des conditions éco-cli matiques
différentes par rapport à l'ensemble du pays. Les
précipitations annuelles sont d'environ 1900 millimètres et
l'altitude varie entre 700 à 1500 mètres. Elles jouissent d'un
climat de type tropical et la température moyenne annuelle se situe
autour de 23, 5 °C. Ces conditions déterminent un terroir à
fortes potentialités productives du café. Cette «
région » est classée par le Ministère de
l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural comme
une zone stratégique pour la caféiculture (INESA, 2001 : 28). Le
café constitue l'une des principales cultures de rente en Haïti,
avec la mangue et le cacao. A l'instar des autres zones caféières
du pays, les plantations sont reparties au niveau des vallons, des plateaux et
près des habitations. Elles forment un agro-écosystème
boisé, souvent associés à des espèces
pérennes et productives comme le sucrin (Inga vera),
l'avocatier (Persea
8 Le Centre National de l'Information Géo
spatiale, (CNIGS), est une agence publique du Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe. Le CNIGS est le plus
important fournisseur en matière de technologie et de services de
Systèmes d'Information Géographique (SIG) en Haïti, elle
sert de dépositaire de toutes les données géo spatiales du
pays
americana), les Citrus, la banane (Musa
sp.), les tubercules (Colocasia antiquorum, Dioscorea alata)
(C.A. Belliard, 2006). La variété de café cultivée
est de type Arabica9. Il est cultivé sur des petites
superficies variant de 1-3 ha et son rendement est estimé à 500
kg/ha (F. Pierre, 2005). Selon une étude réalisée par
INESA (2001), 77% des producteurs de café dans la « région
» de Belle-Anse sont propriétaires de leur terrain contre 5.4% qui
cultivent des terres en métayage et le reste est sous l'affermage de
terres appartenant à l'Etat.
Les activités extra-agricoles sont dominées par
le commerce, notamment à travers la frontière
haitiano-dominicaine. Le type de frontière existant dans la zone est
semi-ouvert et des échanges se font deux fois par semaine (lundi et
vendredi) entre les deux peuples partageant une même île. Il s'agit
d'un marché binational qui attire des habitants des quatre coins de
l'Arrondissement de Belle-Anse. Les échanges sont dominés par des
produits vivriers, des fruits de mer, des produits d'élevage du
côté des Dominicains ; des cultures
maraîchères10 et des fruits11 du
côté des Haïtiens. Pour assurer leur survie, les habitants
s'adonnent souvent à la commercialisation des produits forestiers
(planches et charbon)12.
Le secteur financier privé est très faiblement
représenté et marque sa présence uniquement en milieu
urbain via des caisses populaires et des banques d'épargne et de
crédit. Certains bureaux des services déconcentrés de
l'État existent uniquement en centre urbain. Sur un effectif de 18
Ministères fonctionnels actuellement en Haïti, 6 sont
présents au niveau de ces deux Communes : le Ministère de
l'Agriculture (seulement à Thiotte), le Ministère de
l'Économie et des Finances, le Ministère de la Santé
Publique et de la Population, le Ministère de l'Éducation
Nationale et de la Formation Professionnelle, le Ministère de la Justice
et de la Population et enfin le Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités Territoriales. Ce dernier est représenté par
le bureau des Conseils Municipaux au niveau des villes et celui des Conseils
d'Administration des Sections Communales (CASEC) dans les Sections
communales.
Belle-Anse est l'une des régions administratives de la
République d'Haïti où les infrastructures routières
sont en piteux état. Les communes de Thiotte et d'Anses-à-Pitres
sont toutes les deux très éloignées de Jacmel où
sont concentrés, malheureusement les services au niveau
départemental. Par rapport à la capitale Port-au-Prince, elles
sont situées à une plus
9 Coffea arabica est son nom scientifique
10Elles représentent la culture des choux, de
la pomme de terre et de l'oignon
11 L'avocat et les agrumes sont les principaux fruits
échangés
12 République d'Haïti, Ministère de
l'Environnement et al. (2004). Rapport des communautés sinistrés
de l'Arrondissement de Belle-Anse et proposition de mesures d'adaptation.
Port-au-Prince, Haïti
proche distance même si la situation routière est
tout aussi difficile. Une présentation synthétique des sites
spécifiques de l'étude est faite au Tableau 1.
Tableau 1 : Présentation des sites
spécifiques de l'étude
3ème Section Thiotte 2ème
Section Bois d'Ormes
Localisation Commune de Thiotte Commune des
Anse-à-Pitres
Superficie 57.71 km2
Caractéristiques Température
moyenne /an: 22oC Température moyenne/an : 25°C
physiques Pluviométrie moyenne/an: 1800
mm Pluviométrie moyenne/an : 2000 mm
Population 8000 habitants en 2003 8600 habitants
en 2003
Activités dominantes Agriculture,
élevage et petit commerce Agriculture, élevage et petit
commerce
Distances régionales 72.3 km de Jacmel
84.7 km de Jacmel et
et 59.9 km de Port-au-Prince 81.7 km de Port-au-Prince
Potentialités agricoles
Caféiculture et cultures maraîchères
Caféiculture
Sources : FAES (2005). Rapports Plan de
Développement de Section Communale, et enquête de l'auteur
(2008).
1.2.2- Démarche utilisée
Cette étude vise l'identification et la valorisation
des dynamiques de développement local mises en place par des
associations communautaires paysannes pour produire du changement un niveau de
leur communauté. Les informations utilisées pour sa
réalisation, proviennent singulièrement de deux sources
différentes : de la littérature grise à partir de 21
documents et par le bais des enquêtes de terrain réalisées
avec des acteurs locaux avant de venir en Belgique pour les études.
Les types de documents utilisés sont :
· 2 rapports préparés par l'État
haïtien via le Fonds d'Assistance Économique et Social (FAES) en
2005 sur le Plan de Développement de Section Communale ;
· 1 rapport d'étude réalisé par la
Direction Départementale régionale du Ministère de
l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural en
2007 sur des activités de développement de la paysannerie locale
;
· 5 documents officiels publiés par l'État
central pour la réussite de la décentralisation et le
développement local (Constitution Haïtienne de 1987, 2 textes de
loi, 1 décret-loi et 1 projet-loi).
· 4 rapports traités par des acteurs privés
entre 2001 et 2007 sur le processus de décentralisation et du
développement local ;
· 7 articles publiés sur internet par des acteurs
privés entre 2005 et 2009 sur le processus de décentralisation et
du développement local (3 articles d'un journal quotidien, 4 rapports
d'analyses) ;
· 2 rapports préparés par des acteurs
privés entre 2001 et 2005 sur des activités de
développement dans la zone ;
La collecte des données par les enquêtes a
été réalisée au mois d'Août 2008 sur un
échantillon de 149 acteurs représentatifs des deux Sections
Communales choisies. Le but n'a pas été d'effectuer un
échantillonnage statistiquement représentatif mais plutôt
de toucher dans la mesure du possible toutes les localités couvertes par
les activités des associations paysannes. Pour les deux sections
communales réunies, les différentes catégories d'acteurs
qui ont été interviewés sont :
1. 18 personnes membres de la société civile :
4 représentants d'églises, 1 responsable de centre de
santé, 5 directeurs d'écoles publiques et privés, 3
représentants d'associations professionnelles, 2 notables, 3
représentants d'ONG ;
2. 16 représentants de l'État central
décentralisé : deux maires communaux, 6 membres du Conseil
d'Administration des Sections Communales (CASEC), 6 membres de
l'Assemblée des Sections Communales (ASEC), 2 responsables du bureau
régional du Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles
et du Développement Rural ;
3. 3 membres du comité exécutif de la Coordination
des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de
Belle-Anse (CODA B) ;
4. 10 membres du comité exécutif des deux
fédérations des Sections Communales mises en place par la CODAB
;
5. 100 bénéficiaires directs des
activités de la CODAB dans les deux Sections Communales. Ils ont
été choisit de manière aléatoire et ils sont
membres de 3 catégories d'organisations affiliées à la
CODA B : 50 % du mouvement paysan, 35 % de celui des femmes et 15 % du
mouvement des jeunes. Ce groupe de bénéficiaires incluent
à la fois des caféiculteurs de la 2ème Section
Communale Bois d'Ormes et des éleveurs de la 3ème
Section Communale Thiotte ou leurs activités sont traitées
ultérieurement à partir de 2 études de cas.
6. 1 responsable de la Coopérative des Planteurs de
Café de l'Arrondissement de Belle- Anse (COOPCAB), une filière
économique de la CODAB localisée dans la 2ème Section
Communale de Bois d'Ormes ;
7. 1 responsable de la Laiterie de la Forêt-des-Pins
localisée dans la 3ème Section Communale de Thiotte,
une autre filière économique des associations communautaires
paysannes et de la CODAB.
Les bénéficiaires rencontrés sont tous
membres d'associations communautaires paysannes qui travaillent de
manière conjointe avec la Coordination des Organisations pour le
Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB). Ils proviennent
de toutes les localités (21 localités à la
3ème Section Communale de Thiotte et 17 localités
à celle de 2ème Bois d'Ormes) qui forment
séparément les Sections Communales comme l'indique la Figure
1.
Pour la présentation du cadre théorique de
l'étude, d'abord des documents traitant de certaines théories du
concept de développement local et de la participation des acteurs dans
des projets et programmes de développement ont été
consultés. Ensuite, la problématique pour la réussite de
la décentralisation et du développement local en Haïti ;
enfin la présentation des résultats de 4 autres études
réalisées, entre autres, sur l'implication des acteurs au
développement local en Haïti. Le choix des informations
présentées dans ce cadre théorique est lié aux
objectifs définis dans le cadre de la recherche. Ces informations ont
servi de repère pour la présentation et l'analyse des
données disponibles et pour la vérification de l'hypothèse
de départ.
1.2.2.1- Réalisation des entretiens
Les informations ont été obtenues à
partir d'une série d'entretiens documentaires et exploratoires. Il
consistait à définir certaines notions qui font l'objet du
thème de la recherche et de la consultation des documents
nécessaires. D'autres notions ont été aussi choisies sur
la base des connaissances du milieu d'étude. Ces séries
d'entretiens ont été effectuées avant la définition
de la question de recherche adoptée.
Les différentes catégories d'acteurs
citées plus haut ont été questionnées à
partir d'un focus-groupe et de manière séparée pour chaque
Section Communale. Les entretiens avec les bénéficiaires directs
d'activités des associations paysannes et de la CODA B ont
été réalisés en deux séries de 25 personnes
par Section Communale.
Les informations recherchées ont eu un lien avec les
aspects qui suivent : le développement général de la zone,
la présentation de la CODAB et ses structures d'existence, les rapports
entre les associations communautaires de base et la CODAB, la
présentation de la Coopérative des Planteurs de Café de
l'Arrondissement de Belle-Anse, enfin la présentation de la Laiterie de
la Forêt-des-Pins. D'une manière générale, l'aspect
historique de développement a été considéré
avec tous les acteurs rencontrés.
Les membres de la société civile et les
représentants de l'État central ont été
questionnés sur le développement général des
Sections Communales en tenant compte de leur niveau de participation, des
contraintes et des atouts disponibles à la réussite du
développement... Les différents thèmes abordés
sont:
+ Date de début de la mobilisation pour le
développement de la zone
+ Différents acteurs impliqués dans ce mouvement de
mobilisation
+ Les initiateurs (les pionniers) de ce mouvement de
mobilisation
+ Raisons de la mobilisation pour le développement
(politique, économique, socioculturel, environnemental, etc.)
+ Difficultés rencontrées au cours de la
mobilisation pour le développement
+ Secteurs opposés à la réussite du
mouvement de mobilisation pour le développement + Moyens et atouts
disposés par les initiateurs du mouvement
+ Les influences d'autres secteurs sur le processus de
développement
+ Les Régimes politiques opposés dans le
passé à la réussite du mouvement de sensibilisation pour
le développement de la zone
+ Appuis bénéficiés par les initiateurs du
mouvement de la part d'autres secteurs (Société civile,
état, ONG, etc.)
+ Moyens utilisés pour sortir des handicaps
présentés a la réussite du mouvement (démarches,
tentatives...).
+ Supports d'autres secteurs pour sortir des handicaps
+ Evaluation de la participation des différents acteurs au
développement de la zone
actuellement par rapport au temps passé (Population,
société civile, l'Etat)
+ Niveau d'implication de la population à la
réussite du processus de développement + Principales contraintes
et atouts pour réussir le développement de la zone
+ Niveau d'implication des élus locaux aux
activités de développement
+ Supports fournis par l'État central aux élus
locaux
+ Principales difficultés rencontrées par les
élus locaux
v Moyens à la portée des élus locaux pour
participer au développement de leur communauté
v Rapports entre les ONG et les élus locaux
v Avis personnel sur capacité des communautés
locales (Organisations) pour réaliser le développement dans la
zone
v Perspectives d'avenir pour le développement
Les débats avec les trois membres du comité
exécutif de la CODAB ont été déroulés autour
de la présentation générale de l'organisation, son
fonctionnement et ses stratégies d'intervention. Les différents
thèmes abordés sont :
v Création de l'organisation (historique...)
v Fonctionnement général de l'organisation
v Missions, intérêts et objectifs
v Nombre de membres et conditions pour devenir membres de la
CODA B
v Comités de fonctionnement (comment, qui, pourquoi,
mandat,...)
v Bénéficiaires des activités de la CODA B
(caractéristiques, critères...)
v Structure et stratégies mises en place
v Ressources de l'organisation
v Activités (secteurs, choix, exécution,
participation)
v Identification des activités et critères de
priorisation d'une zone
v Partenaires techniques et financiers
v Structures décentralisées (création,
pourquoi, relations, niveaux d'influences, ...)
v Perspectives pour l'organisation
Les thèmes débattus avec les comités
exécutifs des deux fédérations de Sections Communales sont
:
v Création de la fédération
(historique...)
v Pourquoi l'existence de la fédération
v Mise en place du comité exécutif (qui et
comment)
v Affiliation à la CODAB (conditions)
v Affiliation d'une organisation paysanne à la
fédération (conditions)
v Liens entre la fédération et ses membres
v Liens entre la fédération et la CODAB
v Liens entre la fédération et les autres
fédérations de la commune
v Liens entre la fédération et la coordination
communale
v Types d'organisation membres de la fédération
v Identification des activités dans la zone (qui et
comment)
v Participation de la fédération aux prises de
décision de la CODAB
v Bénéficiaires des activités de la
fédération
v Quantité d'organisations attachée à la
fédération
v Faiblesses et points forts pour le fonctionnement de la
fédération
v Conditions d'affiliation à la CODAB
v Évaluation des stratégies d'intervention de la
CODAB
Les bénéficiaires directs des activités de
la CODAB ont été questionnés sur leur niveau de
participation et de la satisfaction de leurs besoins sur les thèmes
suivant :
v Affiliation à une organisation paysanne
v Liens entre l'organisation membre et la
fédération
v Liens entre l'organisation membre et la CODAB
v Critères de choix des bénéficiaires par
l'organisation communautaire
v Types d'activités réalisées par la
CODAB
v Identification des activités (qui, comment) et
exécution des activités
v Participation aux activités prises dans la zone
v Évaluation du mode d'intervention de la CODAB
v Conditions d'affiliation à une organisation ou à
la CODAB
v Bénéficiaires des activités des
organisations paysannes (critères de choix, qui et comment)
v Activités réalisées par les organisations
paysannes (types, avantages...)
v Jugement sur les stratégies d'intervention des
organisations
Les entretiens avec l'un des responsables de la
Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de
Belle-Anse (COOPCAB) ont été déroulés sur la
présentation générale de la coopérative, son
fonctionnement... sur les thèmes suivant:
v Historique de la création
v Fonctionnement général et pourquoi l'existence
de la COOPCAB
v Ses objectifs, ses stratégies, ses
intérêts et difficultés rencontrées
v Types d'activités et bénéficiaires
v Liens entre la COOPCAB et la CODAB et avantages fournis
v Importance de la CODAB
v Nombres de planteurs membres et variations de ce nombre
à travers le temps
v Rapports entre chaque planteur et COOPCAB
v Rapports entre les organisations paysannes de la zone et la
COOPCAB
v Organisation du réseau de collecte de café
v Commercialisation du café (marché, formes,
volume, difficultés rencontrées et stratégies)
v Présentation du secteur caféiculture avant la
COOPCAB
Avec présence de la COOPCAB, changements et/ou avantages
pour les producteurs
v Partenaires techniques et financiers de la COOPCAB (local,
régional, national et international)
v Récolte du café, quelle période et
durée de la période ?
v Activités de la COOPCAB pendant la période de
non-récolte du café
v Perspectives d'avenir
Enfin, les débats avec l'un des responsables de la
Laiterie de la Forêt- des-Pins se sont déroulés autour de
sa présentation générale et des stratégies de
fonctionnement sur les thèmes suivant:
v Historique de présentation de la laiterie
v Principaux partenaires
v Membres de laiterie et avantages fournis aux
éleveurs
v Transformation (produits, marchés)
v Rôles et contributions de la CODAB pour la mise en place
de la laiterie
v Supports fournis actuellement par la CODAB à la
laiterie
v Bénéfices/avantages tirés par la CODA B
de la laiterie
v Rapports actuels entre les responsables de la laiterie et la
CODA B
v Prise de décision au niveau de la laiterie et niveaux
d'influence de la CODAB
v Principales contraintes
A la fin de chaque séance d'entretiens, des débats
généraux ont été ouverts autour des points
débattus ensembles et des recommandations générales ont
été formulées par les acteurs.
Enfin, les données obtenues ont été
dépouillées et traitées pour faire ressortir la tendance
générale. En raison des communications fréquentes
établies depuis la Belgique avec les acteurs de terrain, les
informations obtenues ont été ajustées durant le
séjour.
1.2.3- Délimitation de l'étude
Dans le temps, cette étude se limite à la
présentation de l'histoire de développement de la zone
étudiée à partir de l'année 1986 en tenant compte
des acteurs impliqués aux actions de développement local. Cette
année de référence coïncide à la
période d'émergence et de participation des organisations
communautaires haïtiennes aux activités de développement
local, d'une part et d'autre part, elle correspond à l'initiation du
processus de décentralisation par l'État central au profit des
Collectivités Territoriales avec l'arrivée de la nouvelle
constitution. Ensuite, bien que l'année 1989 réfère le
début du processus d'unification des organisations communautaires de
base dans la zone et malgré l'existence de la Coordination des
Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse
(CODAB) en 2005 ; son choix d'études se justifie en raison de la
destitution des structures préexistantes, de la connaissance d'un vrai
réseau de coordinations et de participation d'acteurs et de la
facilité de trouver les informations nécessaires par rapport au
thème étudié. Toutefois, la Coopérative des
Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle-Anse (COOPCAB) existant
depuis plus d'une dizaine d'années et représente une structure
importante de regroupement des producteurs de café de la zone est prise
en considération. Enfin, l'année 2005 coïncide aussi au
commencement de l'intégration des Collectivités locales au
processus de développement de leur communauté respective de la
part de l'État central.
Dans l'espace, bien que les activités de la CODAB
s'étendent dans toutes les douze Sections Communales de l'arrondissement
de Belle-Anse, l'étude se réalise au niveau de la 3ème
Section Communale Thiotte et 2ème Section Communale de Bois
d'Ormes. Le choix de ces zones se porte sur leur niveau d'accessibilité
en fonction du temps disponible avant de venir en Belgique pour les
études, sur leur potentialité pour la caféiculture, une
ressource rare en Haïti ; enfin par rapport à la possibilité
de faire des observations personnelles au niveau de ces unités
territoriales pendant la réalisation des expériences
professionnelles. L'enquête s'est réalisée de
manière non-exhaustive sur un faible échantillon pour l'obtention
des données uniquement qualitatives.
CHAPITRE II- CADRE DE L'ÉTUDE ET
DÉFINITION DES CONCEPTS
Les organisations paysannes haïtiennes
étudiées définissent une forte dynamique participative
pour l'implication de la population dans les activités de
développement. Ces acteurs locaux se sont bien organisés dans
leur espace de vie pour construire leur projet de territoire. En admettant que
des acteurs locaux bien organisés dans un espace donné sont
capables d'avoir un projet commun à travers d'une part, la participation
et d'autre part, de bonnes stratégies territoriales ; le cadre
théorique du mémoire est lié principalement à la
présentation de deux concepts : le développement local et la
participation. Ce cadre théorique va servir de guide pour l'analyse des
informations disponibles puisées à partir de la
littérature grise consultée et à partir des entretiens
réalisés. Ce chapitre comprend essentiellement 4 parties :
(1) une approche conceptuelle du développement local, des
acteurs et de leurs stratégies d'actions ;
(2) une présentation de la notion de participation et de
développement ;
(3) une problématique du processus de la
décentralisation et du développement local en Haïti ;
(4) un résumé de certains travaux
réalisés en Haïti autour de la participation des
organisations paysannes au processus de développement local.
Son contenu va être utilisé comme point de
repère pour l'analyse et la discussion des résultats
trouvés.
2.1- DÉVELOPPEMENT LOCAL 2.1.1- Approches
conceptuelles
Le concept de développement local fait appel à
de nombreuses définitions et de diverses appellations depuis plus de
deux décennies. Certains auteurs comme (Aydalot, 1986 & Proulx,
1995) parlent d'une vision de développement par le bas ce qui est
contraire au paradigme de développement par le haut (Aydalot, 1985
in S. Tremblay, 1999). Il est devenu un concept d'actualité un
peu partout à travers le monde, dans les pays du Nord comme dans les
pays du Sud.
En Europe, les auteurs parlent surtout de développement
local qui se produit à l'échelle territoriale c'est-à-dire
le milieu est considéré comme facteur de développement ;
tandis que dans les pays comme le Canada et les États-Unis
d'Amérique, les écrits parlent plutôt du
développement communautaire. Cette dernière conception est
cadrée « sur une vision globale et sociale du développement
et fondée à la fois sur les solidarités et les
initiatives à l'échelle locale pour
empêcher les effets du développement libéral et des
interventions ou des non-interventions de l'État » (S. Tremblay,
1999 : 26). Parfois certains auteurs parlent de développement
endogène c'est-à-dire de développement émanant de
territoire et donc de l'implication et de la participation des acteurs
locaux.
Dans P. Prévost (2001 : 15-16) et pour leur part
(Greffe, 1984 ; Pecqueur, 1989 ; Vachon, 1993 ; Tremblay, 1994 et Gouttebel,
2001), « il n'y pas de modèle de développement unique ; le
développement local comporte une dimension territoriale ; il s'appuie
sur une force endogène ; il fait appel à une volonté de
concertation et la mise en place de mécanismes de partenariat et de
réseaux ; il intègre des dimensions sociales et
économiques ; enfin l'approche du développement local implique
une stratégie participative et une responsabilisation des citoyens
envers la collectivité ».
Le processus de développement local se présente
sous l'angle de la construction d'un territoire. Il correspond à un
processus dynamique de construction d'un territoire pour faire de l'action
publique. Il est considéré comme le lieu de la mise en action des
initiatives individuelles ou collectives en fonction des ressources sur un
territoire précis (A. Joyal, 2002). Pour B. Pecqueur (2000 : 14), «
le développement local doit être durable, c'est-à-dire
qu'il doit rendre compatible la rentabilité économique et la
viabilité écologique et démographique dans une perspective
à la fois de court et de long terme ». Il doit impliquer une
dynamique mettant en évidence l'efficacité des biens et des
services marchands pour la valorisation des richesses locales.
Pour B. Husson (2001), la naissance du développement
local est liée à l'incapacité de l'État à
conduire lui seul les initiatives de développement des territoires. Sa
pratique exige de la part des acteurs individuels ou collectifs une dynamique
sociale, économique, culturelle et environnementale sur un territoire
donné. Nécessairement, le développement local requiert la
détermination politique des acteurs compétents et formés.
L'État a pour obligation de favoriser l'émergence d'associations
collectives au niveau local. Le développement local n'est pas le
résultat entre un partenariat financier établit entre les acteurs
externes et locales mais plutôt le fruit d'un système de
coopération construit par des artisans locaux pour le
développement futur de leur communauté.
2.1.2- Acteurs du développement local
Dans F. Debuyst (2001 : 117), un schéma actionnel
définit les interactions existant entre les acteurs de
développement en fonction des ressources disponibles tout en
considérant
les acteurs et facteurs à la fois favorables et
défavorables. Ils se sont considérés comme étant
des « individus ou groupes sociaux qui interviennent, à plus d'un
titre, dans une action et se sentent impliqués dans les objectifs de
cette action ».
Par rapport aux types d'activités conduites ou des
missions à accomplir, les acteurs sont classés en deux groupes :
les acteurs institutionnels qui sont considérés comme les acteurs
publics et « disposent d'une autorité légitime et/ou d'un
pouvoir accordé dans un cadre institutionnel reconnu » ; les
acteurs non-institutionnels, désignés par les acteurs
privés, sont dépourvus d'un pouvoir de type institutionnel et
dans certains cas, sont associés à de groupements et/ou
d'associations collectifs. Cette présente étude tient compte
principalement de ce deuxième groupe d'acteurs qui sera
étudié à travers le regroupement d'habitants sous la forme
associative.
En vertu de ces précédentes
considérations, les acteurs publics sont désignés par les
élus locaux et les responsables des institutions locales et ceux
privés par des entrepreneurs locaux, les professionnels du
développement, les travailleurs et la population. Les partenaires
externes se révèlent aussi un acteur important dans l'application
de nouvelles politiques de développement local. Ces derniers peuvent
jouer un rôle important par leur appui financier et technique aux
initiatives prises au niveau local. En ce sens, les acteurs ne sont plus
considérés comme les programmes ou les structures qui dirigent
les actifs au niveau communautaire, mais plutôt ceux qui travaillent au
profit de la communauté locale (P. Prévost 2001).
Certains actifs sont importants pour la mise en place d'un
processus de développement local, P. Prévost (2001) et J - R
ESSOMBÈ ÉDIMO (2005) ne considèrent que l'ensemble des
organisations à propriété locale, les institutions
locales, les agences de développement, les organisations suffisamment
bien décentralisées, les entreprises et les collectivités
locales puissent assurer la réussite du développement local pour
la construction d'une identité territoriale. Avec l'utilisation de leurs
ressources, toutes ces entités peuvent produire des effets sur le chemin
du développement par l'exécution de certains programmes de
l'éducation, de la santé, etc.
2.1.2.1- Stratégies d'acteurs
D'après F. Debuyst (2001 : 118 & 119), « la
stratégie d'acteurs est principalement une démarche qui peut
être définie comme la conception et le mode d'actualisation des
ressources combinées pour atteindre un but ». L'auteur distingue
les stratégies de types relationnelles qui réfutent à des
options et des logiques d'interventions ou d'actions relatives aux acteurs
qui
sont étroitement engagés et les stratégies
de réalisation qui tiennent compte des pistes et des programmes de
réalisations pour atteindre un but.
Pour sa part, G. Logié (2000 : 2 & 3) insiste sur
la participation et l'appropriation des acteurs locaux aux activités
d'exécution sur un territoire donné pour qu'il y ait le
développement local. Dans cette même logique, l'auteur illustre un
ensemble de conditions qui doivent être réunies du
côté des acteurs. Il s'agit de :
· Réagir ensemble (la
réussite du développement local nécessite que les acteurs
conduisent leurs actions de manière collective et ils doivent prendre en
considération toutes les couches de la population) ;
· Dessiner un destin commun
(l'appropriation des biens collectifs appartenant au territoire
déterminent son destin commun) ;
· S'ouvrir sur l'extérieur
(le partage d'expériences d'un territoire à d'autres est d'une
grande importance pour la réussite du développement local- il est
constitué comme
une sorte de vaste marché où l'on prend des
idées chez les autres pour inventer chez soi par
l'intermédiaire des rencontres d'échanges).
· Ménager une place entière
pour chaque acteur (les acteurs présents sur un territoire
doivent posséder une dynamique collective pour la réussite de
leurs actions- « l'élaboration d'un projet territorial constitue
une occasion unique de favoriser la participation des acteurs »).
· S'organiser pour durer (la
sensibilisation générale des habitants face à leur destin
constitue la force primitive du processus de développement local- les
acteurs du développement local ne sont pas appelés à
prendre des initiatives pour concurrencer les élus locaux, ils doivent
organisés de manière formelle et reconnue pour remplir leurs
missions dans l'intérêt de toute la communauté).
2.2- PARTICIPATION ET DÉVELOPPEMENT
La participation est devenue un concept inéluctable
dans la réussite des programmes et projets de développement
local. Cette partie du mémoire se consacre, d'abord à une
approche conceptuelle et l'évolution du concept à travers le
temps ; ensuite, à la typologie de la participation et enfin, aux enjeux
de la participation populaire dans les programmes et les projets de
développement.
2.2.1- Approches conceptuelles
Les deux notions participation et développement sont
intimement liées. La période d'après la deuxième
guerre mondiale a jadis coïncidée avec l'émergence des
mouvements populaires où les populations du sud ont entamé des
démarches pour leur décolonisation. Au cours des années
60, la participation populaire a été initiée à
travers plusieurs programmes de développement, notamment les projets
de développement communautaire en Asie ; les campagnes
d'alphabétisation et de conscientisation en Amérique Latine ; ou
encore des programmes d'animation rurale en Afrique francophone. Cette
participation se faisait par l'intégration conjointe de beaucoup
d'acteurs aux secteurs d'activités sociopolitiques au profit du local
(A. Meister, 1970 in A. Jones, 2006). La notion de participation a
vraiment connue son apparition par la recherche des modèles alternatifs
de développement d'où la remise en cause du modèle
traditionnel de développement des années 70 où
l'État était appelé uniquement à dicter les normes
et principes de développement (A. Jones, 2006).
De nouvelles appellations comme celles de
développement alternatif, de développement à
visage humain, de développement à la base, de
développement endogène ont fait leur apparition. Leur
point de convergence, c'est qu'elles mettaient la communauté locale au
centre des discussions pour réaliser le développement (A. Jones,
2006).
Pendant les années 70-80, la participation populaire
fut pris en considération par l'implication des individus dans la
réalisation des programmes d'activités avec des objectifs
préalablement fixés. Cette mode de participation concevait
l'intégration passive des populations dans les activités
exécutées au niveau local. Au début des années 80,
la nouvelle conception de la participation a exigé l'implication de la
population dans les phases d'exécution d'une activité de
développement c'est-à-dire depuis son identification jusqu'au
suivi-évaluation. Dans un sens, il existe une différence entre la
participation des bénéficiaires à un projet
c'est-à-dire les personnes choisies pour en bénéficier les
avantages directs et celle de l'ensemble des habitants vivant dans toute une
communauté donnée. Dans l'autre sens, « la participation
communautaire authentique » ne signifie non plus que la population ait le
contrôle total d'un processus d'activités (A.T. White, 1982 :
20).
Au cours des décennies 1980-1990, dans les rapports
respectifs sur le développement dans le monde publiés par la
Banque Mondiale13, la participation populaire fut
considérée
13 Banque mondiale (1980). Rapport sur le
développement dans le monde: Pauvreté et développement
humain, Washington D.C.: Banque mondiale.
Banque Mondiale (1990). World Development Report 1990: Poverty,
Washington D.C.: Banque Mondiale.
comme le principal moyen à utiliser pour induire les
changements de valeurs et de comportements sociaux des populations pour
l'amélioration de l'efficacité des programmes de
développement. Dans ce cas, les organisations paysannes de base,
religieuses ou autres qui existantes au niveau local étaient
ciblées pour aider à maximiser l'efficacité des
programmes. Dans son rapport de 1990, la banque a réitéré
son engagement de répondre aux besoins des populations locales pauvres
par leur implication davantage dans les programmes via la participation (Banque
Mondiale, 1980 & 1990 in G. Simard, 2008).
L'échec du Programme d'Ajustement Structurel dans les
pays en voie de développement a permis à la Banque Mondiale et le
FMI d'accorder plus d'importance aux structures institutionnelles et
culturelles de développement. En 1999, pour l'élaboration du
Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP),
ces institutions ont exigé aux pays de guider la préparation
dudit document et de garantir l'appropriation de la stratégie de
développement par une large participation de la société
civile dans toutes les phases du processus (FMI, 2005)14.
2.2.2- Typologie de la participation
Il est difficile de définir universellement la
participation populaire. La littérature souligne de nombreuses
définitions qui se réfèrent à l'intégration
obligatoire de la population dans les activités de développement
à l'échelle locale. « La population locale intègre
les processus de décisions des projets de développement ou leur
exécution » (A.T. White, 1982 : 19).
Dans un document préparé au renforcement des
capacités de la Recherche Agricole pour le Développement (RAD)
pour le compte du Centre International de la Recherche Agricole orientée
vers le développement (ICRA), Jules Pretty et al. (s. d. : 2 & 3)
ont considéré la participation populaire comme
l'intégration de la population rurale dans toutes les étapes de
mise en oeuvre d'un processus de développement. Par rapport à
cette considération, ces auteurs proposent une typologie de la
participation pouvant servir de support pour évaluer la dimension
participative d'un projet. Il s'agit de :
Participation passive : souvent
appelée la « non-participation » c'est-à-dire, la
population est simplement informée de la réalisation d'une
activité planifiée par les autorités ;
Participation consultative : la
population ne dispose aucune possibilité d'influer sur le processus de
mise en place des activités et son degré de participation est
faible ;
14 Fonds Monétaires International (FMI)
(2005). Fiche technique pour les documents Stratégiques de
Réduction de la Pauvreté. [En ligne]. [Mise en ligne en septembre
2005]. [Consulté le 05 juillet 2009]. Disponible sur World Wide Web:
« (
http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/prspf.htm».
Participation
rémunérée : la population est
récompensée pour un travail fournit ce qui accuse dans certains
cas la démotivation pour conduire les activités après la
période de rémunération ;
Participation fonctionnelle : elle
correspond à la participation de certaines associations dans un projet
qui sont créées pour en bénéficier uniquement des
avantages. En général, elles disparaissent après la phase
d'exécution du projet ;
Participation interactive : il y a
l'implication de la population locale dans la mise en place des
activités du projet par les agents extérieurs. Après la
phase d'exécution du projet les associations locales
intégrées ont la possibilité de contrôler et de
poursuivre les activités du projet ;
Auto-mobilisation : la population se
mobilise pour poser des actions collectives sans l'intervention des agents
externes. Toutefois, elle peut solliciter l'appui des agents externes tout en
continuant d'être le responsable de leur propre destin. « Elle
s'oppose aux centres des pouvoirs établis » (Jules Pretty et al.,
(s. d) : 3).
2.2.3- Enjeux de la participation
D'abord, « la participation est considérée
comme une « doctrine sociopolitique ouverte », tolérante qui
accepte une évolution progressive pour la réceptivité aux
contributions des différentes couches de la population » (UNESCO,
1982 : 4). Dans ce cas, les apports de l'extérieur ne doivent pas trop
influer sur les décisions prises au niveau local. L'État doit
faire de la participation locale « la force motrice » au niveau
national c'est-à-dire, il ne suffit pas que l'État parle
uniquement de la participation dans les institutions mais à l'obligation
de poser des actions concrètes. La mise en application de la
participation nécessite une stratégie politique globale pour
empêcher les influences des forces qui lui sont contraires.
En tant qu'outil indispensable à la réussite du
développement endogène, la participation doit
pénétrer toutes « les activités à
caractère politique, économique, sociale, culturelle et familial
». Elle est même considérée comme un besoin «
d'épanouissement personnel » d'un citoyen et comme un « droit
fondamental de l'homme » dans la société de vie. Mise
à part la volonté politique de l'État pour faire de la
participation sa pierre angulaire, la participation nécessite aussi
l'intégration des institutions et des organisations sociales au niveau
local. L'État doit aussi garantir la mise en place des
législations et des institutions adéquates pour sa
réussite (UNESCO, 1982 : 6).
Toujours pour l'UNESCO, certaines causes peuvent entraver la
réussite de la participation. Il s'agit de : «
l'analphabétisme et l'insuffisance d'information, les barrières
linguistiques et culturelles, le manque de temps et de disponibilité,
l'habitude de l'abstention, le scepticisme quant à l'effort
demandé, etc. ». Dans ce cas, l'État a pour obligation de
garantir tout ce qui revienne de sa responsabilité pour assurer la vraie
participation des citoyens. Cependant, plusieurs facteurs peuvent contribuer
à rendre la participation efficace ; ce sont : « le niveau
d'éducation et les compétences des interlocuteurs, le volume
d'informations à traiter, la quantité et le temps accordé
pour traiter les informations disponibles ». Pour cela, l'UNESCO
recommande de former des cadres techniques appropriés pour
l'étude et le traitement des programmes de développement.
L'éducation permanente pour la population et la formation
spécifique des cadres, constituent d'autres aspects importants pour
réussir la participation populaire (UNESCO, 1982 : 8).
2.2.3.1- Pratique de la participation
populaire
Pour A. Dumas (1983), la participation populaire devrait
être réalisée à travers des structures locales comme
les associations ou organisations communautaires de base, les autorités
locales, les associations privées, etc. En général,
puisque la population s'organise de part elle-même à travers ces
structures, les agents externes n'ont aucune obligation de créer
d'autres structures parallèles qui ne sont pas toujours compatibles aux
structures locales préexistantes.
Les agents externes doivent nécessairement jouer leur
rôle dans le montage technique et l'évaluation du projet tout en
associant la population à toutes les démarches. Après le
montage du projet, il est utile d'utiliser la main-d'oeuvre locale ou encore de
valoriser certaines ressources locales surtout dans le montage d'un chantier
d'exécution. De plus, ces acteurs ont pour obligation d'assurer
techniquement la formation des agents locaux. La participation locale
participerait aussi dans la gestion du projet conjointement aux organes
administratifs désignés. Il revient à la charge des agents
externes d'assurer l'évaluation « expost et le suivi du projet
» (A. Dumas, 1983 : 522).
En résumé, l'appui des communautés
locales se résume à l'identification de leurs problèmes et
la détermination des causes, la mobilisation des ressources et la
répartition des avantages et celui des agents externes se
résument à un appui technique au profit des
bénéficiaires du projet (A. Dumas, 1983).
2.2.4- Différentes interprétations de la
participation
Nombreux sont ceux qui ont manifesté la volonté
de prendre en considération la participation dans l'exécution des
projets et programmes de développement. Mais, son application a quand
même suscité de diverses interprétations quant à sa
mise en valeur réelle de la part des acteurs concernés (A. Jones,
2006). Pour certains, elle représente un moyen et
SRYrfli'lYJrhs,flhTThflconstitue une fin en soi dans le
développement. Pour le premier cas, elle sous-entend l'implication
et l'appropriation des projets par les populations bénéficiaires
pour les rendre plus efficaces, c'est-à-dire la population doit
être responsable de leur propre développement (B. Gueye,
1999 in A. Jones, 2006). Dans le second cas, la participation est
constituée comme un processus et une opportunité que les
groupes vulnérables doivent saisir pour mieux réaliser leur
développement (R. Chambers, 1983 in A. Jones, 2006).
Au bout du compte, la participation a connu son essor à
un moment où le modèle de développement fut remis en
cause. Elle est devenue donc, une notion très à la mode en
faisant l'objet de nombreux débats pendant environ deux décennies
de la part des bailleurs de fonds, des organisations internationales de
développement en prenant sa place dans l'agenda de développement.
Face à toute son importance, il s'avère urgent de la
considérer dans quelque soit l'exécution d'un type de projets et
programmes de développement (A. Jones, 2006).
2.2.5- Participation et Développement
Communautaire Participatif
Depuis la fin de la guerre froide, plusieurs raisons ont
porté les pays développés à changer leurs
stratégies d'intervention dans les pays du sud. Parmi ces raisons, J- P
Platteau (2004 : 159) cite « les contraintes budgétaires des pays
riches et l'augmentation de flux capitaux privés vers les pays en
développement. Cette situation a induit la diminution de leur aide
vis-à-vis des pays du sud depuis le début des années 90
». Au cours de cette même période, des débats autour
de la question ont permis à la communauté internationale
d'identifier des facteurs qui empêchent la réussite du
développement local dans les pays du sud. « La capacité des
pays pauvres à absorber l'aide reçu et les détournements
de fonds par certaines élites locales sont connus comme les facteurs les
plus importants » en constituant des handicaps au succès dudit
processus. Ce constat a provoqué la remise en cause de la formule
d'attributions d'aide au développement pour permettre l'utilisation
à bon escient des ressources fournies par les pays
développés aux pays en développement. Avec cette pratique,
la population était considérée comme « un
véritable réceptacle » de l'aide fournit sans pouvoir
participer à toutes les étapes d'activités de
développement dans sa communauté (J- P Platteau 2004 : 160).
Le début du XXIème siècle a
coïncidé avec l'arrivée du modèle de
développement communautaire participatif pour aider à
réduire la pauvreté dans les pays pauvres. Cette nouvelle forme
d'attribution de l'aide au développement a été prise en
charge immédiatement par les grands bailleurs de fons internationaux
comme la Banque Mondiale et le Fonds International de Développement
Agricole (FIDA). « Le principal intérêt du
développement communautaire participatif c'est qu'il permet d'avoir une
connaissance des conditions et des contraintes locales (environnementales,
sociales et économiques) liées aux communautés locales
» (J- P Platteau 2004 : 164).
En outre, le développement communautaire participatif
permet « une exploitation du capital social car la population est
invitée non seulement à identifier ses problèmes,
définir ses priorités, identifier les bénéficiaires
potentiels, préparer leur projet, mais aussi imposer les règles,
contrôler les comportements et vérifier les actions » (J- P
Platteau 2004 : 164). L'auteur a proposé son modèle de
développement à partir d'interactions définies entre trois
principaux acteurs : l'agence donatrice, le responsable local et les citoyens
de base. Pour lui, la pratique du développement communautaire
participatif doit garantir l'autonomie « des communautés locales
» après une certaine période (J- P Platteau 2004 : 227).
2.2.5.1- Participation et développement
communautaire participatif en Haïti
Dans le contexte d'Haïti, l'essai de la participation
réelle des collectivités dans les programmes ou les projets de
développement ne date pas de très longtemps. Cette nouvelle
orientation qui vise à favoriser une meilleure intégration de la
population dans les décisions prises en sa faveur a été
encouragée par des agents extérieurs.
Tout a débuté, vers les années 2004-2005
avec d'une part, le Projet National de Développement Communautaire
Participatif (PRODEP), financé par la Banque Mondiale et d'autre part,
avec le Programme de Développement Local (PDL), financé par la
Banque Interaméricaine de Développement. Respectivement, la
gestion de ces deux programmes est assurée par le Bureau de
Monétisation des Programmes d'Aide au Développement (BMPAD) et le
Fonds d'Assistance Économique et Social (FAES), deux institutions
autonomes de l'État, placées sous la tutelle du Ministère
de l'Économie et des Finances.
Selon les informations puisées dans la base des
données du BMPAD, le Projet National de Développement
Communautaire Participatif (PRODEP) vise à améliorer
l'accès des Organisations communautaires de base aux infrastructures
socio-économiques de base et à appuyer les activités
génératrices de revenus par le financement des petits
projets
d'investissements15. La participation des
organisations communautaires est prévue à toutes les
étapes de la mise en place et à la gestion des petits projets
identifiés par elles-mêmes. Dans ce cas, un conseil de gestion
appelé COPRODEP est prévu dans chacune des Communes
bénéficiaires des activités. Ce dernier est un ensemble
formé majoritairement par les représentants des organisations
communautaires de base et une partie des élus locaux et des notables.
De plus, les Conseils du Projet (COPRODEP) représentent des
structures communautaires pérennes, qui garantissent, d'une part, une
gestion participative, démocratique et transparente des sous-projets et,
d'autre part, la durabilité des acquis de
l'expérience16.
Tout comme le Projet National de Développement
Communautaire Participatif, d'après des informations disponibles dans la
base de données du FAES, l'objectif du Programme de Développement
Local c'est de favoriser la participation et l'intégration de la
population locale dans tout le processus de la mise en place d'un projet
communautaire de développement17. A travers ce
programme, la population d'une collectivité participe à la
réalisation du processus de diagnostic de sa zone y compris dans le
montage des projets pour ensuite doter cette collectivité d'un plan de
développement permettant d'identifier les grands axes de son
développement et d'apporter quelques éléments de
réponses aux problèmes fondamentaux chroniques18. Ce
programme a initié la mise en place d'un Comité de
Développement par Section Communale bénéficiaire des
projets. Ce comité de développement est formé par des
élus locaux et des membres de la société civile y compris
les représentants des organisations communautaires de base.
Pour ces deux programmes réunis, voici les types de
projets19 qui rentrent dans leur agenda :
V' Des projets d'infrastructure : aménagement de routes,
captage de source et
alimentation en eau potable, construction de canaux d'irrigation
;
V' Des projets productifs (économiques) : magasins
communautaires, boutiques d'intrants agricoles, moulins de transformation de
grains accompagnés de générateurs de courant
électrique, petit élevage, transformation agro- alimentaire,
production de cultures maraîchères;
15«
http://www.prodep.bureaudegestion.gouv.ht/actualite.php?id_actualite=4»
16 Ibid.
17
http://www.faes.gouv.ht/index.php?option=com_content&task=view&id=35&Itemid=50
18 Ibid.
19 Ces informations sont puisées sur le site du
Programme de développement local, géré par le FAES et
celui du Programme national de développement communautaire participatif,
géré par le B MA D
V' Des projets sociaux : construction de centres culturels,
montage de centres cybernétiques, aménagement d'écoles,
aménagement de centre de santé, formation et renforcement des
organisations communautaires de base ;
V' Des projets environnementaux : reforestation et conservation
des sols, assainissement.
Le BMPAD confie la coordination technique des projets sur le
terrain à la Fondation Panaméricaine de Développement
(PADF), une ONG internationale. Le FAES recrute des ONG locales ou des
consultants individuels pour l'exécution de ses projets.
Tout compte fait, ces nouvelles pratiques du
développement en Haïti incluent depuis vers les 2004-2005, une
certaine participation de beaucoup d'acteurs locaux bénéficiaires
des projets. Quoique les stratégies d'interventions pour ces deux
programmes de développement ne soient pas totalement identiques, ils
sont construits de part et d'autre sur le principe de la participation des
principaux acteurs locaux dans la gestion globale des projets. Cependant, un
mémoire de Diplôme d'Études Approfondies (D.E.A) en
environnement-populationdéveloppement portant sur la
problématique de la participation de femmes dans les projets de
développement local a déjà soulevée
l'accès difficile et la participation limitée des femmes dans les
prises de décisions. L'auteur a souligné que le processus
participatif laisse généralement les femmes de côté.
« Cette situation renforce les inégalités et l'exploitation
allant à l'encontre du bien-être des femmes et des hommes. Les
femmes ne sont guères intégrées dans les postes de
décision des projets » (R. E. Fleurant Sincimat, 2007 : xi) Ces
affirmations ont été soulevées à travers un
projet de renforcement des capacités communales pour la production,
la transformation et la commercialisation des fruits tropicaux dans la
Section Communale de Platon Dufresne (Commune de Carrefour) du
Département de l'Ouest d'Haïti (R. E. Fleurant Sincimat, 2007).
2.3- PROBLÉMATIQUE DU PROCESSUS DE
DÉCENTRALISATION ET DU DÉVELOPPEMENT LOCAL EN
HAÏTI
En 2003, des expériences réalisées par
l'Agence de Développement Internationale (ACDI) sur la valorisation
des expériences de développement local en Haïti, en ont
permis au chercheur Paul Prévost et autres de soulever certaines
interrogations pour la réussite du processus de décentralisation
et de développement local.
Par rapport à la division territoriale, quoique la
Commune et la Section Communale soient considérées comme le
niveau local, elles se différencient respectivement par rapport au
milieu urbain et rural. « Ces découpages administratifs ne semblent
pas assimilés à la communauté de vie puisque l'espace
administratif n'est pas nécessairement l'espace vécu,
c'est-à-dire la communauté d'appartenance sur laquelle se passe
l'unité du développement local ». Cette situation est en
partie liée à la dispersion des habitats en milieu rural
où la population n'est pas toujours proche de certains services de base
disponibles (P. Prévost et al, 2003 : 23).
Sur le plan de la politique, « l'État haïtien
demeure trop faible pour assurer le développement des
collectivités ce qui favorise la centralisation du pouvoir ». Cet
état de fait persiste en raison des crises politiques
répétées et de manque de finances publics. Mais aussi, la
politique en matière de développement local révèle
trop de controverses par rapport aux ambiguïtés existantes (P.
Prévost et al, 2003 : 23).
De plus, la République d'Haïti fait face à
de nombreux problèmes sur le plan macroéconomique, social,
environnemental et culturel. Son économie repose en majeure partie sur
une agriculture de subsistance pratiquée par 93 % de la population en
milieu rural (IHSI, 2003). L'activité agricole contribue à
hauteur de 27.4 % au faible PIB total20 d'Haïti contre 17% du
secteur industriel. Son budget de fonctionnement annuel dépend à
environ 60 % de l'aide internationale. Le pays souffre d'un
déséquilibre monstrueux des échanges commerciaux en raison
de son faible pouvoir d'exportation (P. Prévost et al, 2003 :
23). Sa croissance démographique élevée autour de 2.4 %
(IHSI, 2003) contribue à la constitution des bidonvilles. Le Document de
Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la
Pauvreté (DSNCRP) parle d'un environnement rural haïtien en
dégradation accélérée lié aux facteurs de
déboisement et de l'érosion. Étant constitué de
plus de 2/3 de montagnes avec des pentes de plus de 20%, le
phénomène de l'érosion hydrique est très
poussée et des millions de tonnes de terre vont à la mer chaque
à cause de l'érosion des sols. La couverture
végétale nationale est estimée à environ 2% en
raison de la coupe anarchique des arbres (DSNCRP, 2007).
Quant au secteur de développement local, souvent les
projets sont amenés de l'extérieur sans la participation
réelle des acteurs locaux pour leur exécution. Les programmes
sont morcelés et disséminés ce qui empêche à
la population locale de bien exprimer son savoir-faire. Le niveau local souffre
de la carence de ressources compétentes nécessaires pour
20 Selon les statistiques mondiales, le PIB
d'Haïti était estimé à 6 137 millions de dollars en
2007.
enclencher le processus. Le contexte socio-politique et
culturel d'Haïti rend la population rurale d'avoir une certaine
méfiance vis-à-vis des agences de développement externes.
En outre, la faiblesse dans la coopération internationale liée
à la durabilité des projets, les stratégies de
décaissement et les stratégies d'évaluation sont, entre
autres, d'autres contraintes soulignées par l'ACDI quant à la
réussite du développement local (P. Prévost et al.,
2003).
Cependant, la même étude a souligné la
volonté manifestée par l'État haïtien de
réussir le développement territorial. Le gouvernement
haïtien dispose de plusieurs Ministères qui s'occupent de la
question avec des ressources humaines appropriées. Au niveau des
Collectivités Territoriales, les populations locales témoignent
de leur désir pour améliorer leurs conditions
générales de vie. Enfin, « les paysans haïtiens sont de
bons collaborateurs, de travailleurs infatigables, ils aiment leur milieu de
vie, ils sont fiers de leur origine, ils sont curieux et pourvus d'un esprit
créatif » (P. Prévost et al., 2003 : 62).
« En résumé, les principales
barrières qui empêchent le développement local sont
liées, d'une part, à des risques exogènes et d'autre part,
à des risques endogènes comme le manque de compétences au
niveau local, le manque de leadership local, le manque de synergie entre tous
les acteurs concernés, la mauvaise compréhension de la
réalité par les agences externes, le manque de mise en valeur de
la compétence locale, etc. » (P. Prévost et al., 2003 :
15).
2.4- RÉSULTATS D'ÉTUDES
RÉALISÉES SUR LE DÉVELOPPEMENT LOCAL EN
HAÏTI
Certains travaux se sont déjà
réalisés sur la participation des acteurs locaux au processus de
développement local en Haïti. Ils se diffèrent de part leur
contexte de réalisation ou de la méthodologie utilisée par
les auteurs. Ils sont 4 recherches portant sur la tridimensionnal ité
développement-environnement-population dont 2 mémoires de
Diplômes d'Études Approfondies (D.E.A) et 2 thèses
sanctionnant le Diplôme de Doctorat.
A. Coq (2006), dans son mémoire du D.E.A en
Développement, environnement et sociétés a
présenté « l'écotourisme et le
développement local en Haïti à travers
l'expérience conduite par une association paysanne haïtienne du
nom de l'Association des Paysans de Vallue (APV) dans la commune de Petit-Goave
».
Les résultats obtenus par l'auteur ont montré
que l'écotourisme constitue un outil de développement local en
Haïti et, ce qui est bien approprié par les acteurs locaux dans ce
milieu. Grâce à un système de solidarité mis en
place, les paysans membres de l'APV sont considérés à eux
seuls comme de véritables acteurs d'un développement
endogène au profit de
leur communauté. Cette considération est faite
en fonction d'un système dynamique mis en place par ces acteurs leur
permettant de construire ensemble un projet commun avec la participation
populaire. « L'APV a comme objectif d'accompagner le paysan dans la
concrétisation de ses rêves et des aspirations » (C. Aricie,
2006 : 42). Leur système dynamique induit des changements
socio-environnementaux au niveau de la zone de Vallue sans
nécessairement bénéficier de supports d'acteurs
extérieurs. Ces paysans s'unissent autour d'une même structure
leur permettant d'augmenter leur productivité agricole et la
création d'autres secteurs d'activités, entre autres,
l'artisanat. Ce dernier est beaucoup mis en valeur et le tourisme
régional manifeste de l'intérêt. L'arrivée des
touristes écologiques permet aussi aux « acteurs-paysans »
d'avoir un meilleur marché pour la vente de leur production agricole,
d'une part ; et d'autre part, le renforcement des liens sociaux entre
les visiteurs et les agriculteurs. L'auteur a admis dans sa recherche que la
philosophie de l'association paysanne se fonde sur la participation des
acteurs, elle soutient ses membres et les aident à valoriser leur
savoir-faire.
V. Lamothe (2007), pour son mémoire du D.E.A en
Développement, environnement et sociétés, a
retracé « l'évolution des initiatives prises par les
acteurs locaux de la commune La Vallée de Jacmel à travers des
projets de développement exécutés dans cette région
d'Haïti ». Les résultats ont montré que les
initiatives de développement de cette Commune d'Haïti
étaient sous le contrôle des acteurs individuels jusque vers la
fin des années 70. Des acteurs religieux et de certains notables ont
essayé d'apporter leur contribution à l'amélioration et
la création des quelques services de base au profit de la
communauté. Le début des années 80 a
coïncidé avec la création d'associations collectives dans la
zone, comme la Coopérative de Développement de La
Vallée et la Fraternité Valléenne. Ces associations
communautaires ont essayé d'avoir une vision de développement
plus large par rapport à celle des acteurs individuels. Pour
atteindre leur objectif, elles ont entamé de nouvelles formes de
mobilisation leur permettant d'intégrer davantage la population
locale dans ce processus de développement. Cette forme de
regroupement de la population sous forme associative a suscité une
harmonisation vers un objectif unique qu'est le développement de leur
territoire. Le financement des activités de développement dans
cette zone est assuré presqu'exclusivement par la diaspora
haïtienne en Amérique du Nord et par des ONG nationales et
internationales. Les apports de l'État central via les
représentants des Collectivités Territoriales sont
révélés faibles pour aider à satisfaire les besoins
primaires de la population. Les résultats publiés par V.
Lamothe ont mentionné que la plupart des
initiatives de développement prises par les
associations communautaires sont à caractère social (construction
d'écoles privées, d'hôpital, d'églises et
d'infrastructures routières). Dans ce cas, l'auteur a souligné
l'insuffisance d'activités de création d'emplois pouvant
contribuer à l'autofinancement des acteurs locaux. Il a poursuivi la
présentation des résultats de sa recherche en soulignant que la
réalisation de certains projets communs dans la commune de La
Vallée de Jacmel implique une certaine participation populaire.
Mobilisée par les leaders locaux, la participation de la population est
limitée quasiment à l'exploitation entière ou totale de la
main-d'oeuvre gratuite ou à des dons de matériaux ou de terrains.
« Cette forme de participation s'est révélée
insuffisante pour produire un véritable développement
territorial, car la population n'implique que dans la réalisation des
activités et non dans la définition des objectifs ». Pour
conclure son travail, il a proposé aux principaux initiateurs
d'activités de développement dans la commune La Vallée de
Jacmel de toucher le secteur économique et la structuration
organisationnelle. Ce dernier axe favoriserait une meilleure appropriation des
activités par la population locale (V. Lamothe, 2007 : 94).
Dans le cadre de sa thèse de Doctorat en
développement-environnement-population en 2007, Fritz Dorvilier a
réalisé une étude traitant de « l'apprentissage
organisationnel et dynamique de développement local en Haïti
».
Pour son étude de cas, basée sur la Section
Communale de Belle-Fontaine, l'auteur a identifié qu'une dynamique
associative entre les paysans de ce niveau territorial crée du
développement communautaire par la valorisation des secteurs d'ordre
économique social et politique. Cette dynamique associative entre les
paysans vise l'amélioration de leur condition de vie, ce qui leur a
permis de redéfinir leurs pratiques économiques, sociales et
politiques. Dans le secteur économique, l'augmentation de la
productivité agricole et l'amélioration des revenus sont
considérées comme la priorité des paysans. Leur
modèle de production vise l'augmentation de la productivité
agricole et se construit autour « des principes éthiques promouvant
l'égalité et la solidarité » (p. 313). Cette pratique
leur a permis d'assurer de part eux-mêmes l'autosuffisance alimentaire.
Sur le plan social, la Section Communale de Belle- Fontaine souffre de la
rareté « des services publics de base (éducation,
santé, eau potable, voies de communication routières)».
Mais, les revenus agricoles générés par les paysans
grâce à leurs initiatives groupées leur permettaient
d'assurer l'éducation scolaire de leurs enfants. « Les paysans
s'investissent dans une dynamique socio-organisationnel » leur permettant
de serrer les liens entre' eux. Cette forme d'organisation pratiquée par
ces acteurs locaux a incité une dynamique collective pour le
développement territorial. Ce système d'apprentissage
organisationnel a permis aux paysans de mieux comprendre leur
réalité de vie en milieu rural. Ils définissent de part
eux-mêmes plusieurs formes d'organisations du travail de manière
collective. Pour la construction d'un système politique, les paysans
réclament des acteurs dominants leur participation active en vue de la
définition de leur priorité. A travers cette dynamique
associative, ces « acteurs-paysans » visent la gestion durable de
leur territoire tout en évitant les erreurs commises par les mouvements
populaires associatifs du XIXème siècle et
début du XXème siècle. Toutefois, les «
acteurs-paysans » concernés restent vigilants vis-à-vis des
acteurs nationaux afin d'éviter que leur mouvement soit
désorienté par ces derniers pour des raisons purement politiques
(F. Dorvilier, 2007 : 315).
Y. Sainsiné (2007) a présenté sa
thèse de doctorat en développement-environnementpopulation autour
de « la mondialisation, développement et paysans en Haïti
: proposition d'une approche en termes de résistance ». Cette
étude a été menée dans trois Sections Communales
haïtiennes (Bastien, Médor et Poste-Pierrot) du Département
de l'Artibonite.
Les résultats obtenus par l'auteur ont montré
que les communautés paysannes des ces Sections Communales d'Haïti
pratiquent un modèle de « développement autocentré
». Ce modèle se définit à travers des initiatives de
développement à caractère social, politique,
économique et culturel. Cette pratique permet à la
communauté locale d'avoir une capacité de satisfaire ses besoins
fondamentaux avec l'utilisation des « ressources humaines et
matérielles locales ». Les paysans s'organisent autour des
associations et arrivent à mettre en place des stratégies
(autofinancement, épargne collective, prêt/dons d'intrants
agricoles, etc.) pour essayer de résoudre en particulier les
problèmes liés à la productivité agricole. Chaque
communauté s'emploie à redéfinir des règles de vie
en collectivité et prônent l'interdépendance de ses membres
afin de lutter contre l'enrichissement individuel. La réussite
individuelle est souvent mal perçue et est vue comme un risque potentiel
de désagrégement de la communauté et des
solidarités prônées comme valeurs primordiales (Y.
Sainsiné, 2007 : 290). « Ce repli associatif, communautaire ou
local observé dans les pratiques menées par les paysans
haïtiens, particulièrement dans ces trois sections communales du
Département de l'Artibonite n'est pas gratuit » (Y.
Sainsiné, 2007 : 298). L'auteur a souligné l'importance des
immigrés qui permettent aux communautés locales de surmonter
à certains problèmes (construction écoles, routes,...) par
l'aide (souvent financière) qu'ils se chargent d'apporter. Pour finir,
Y. Sainsiné (2007) n'a souligné que les pratiques associatives
dans ces zones d'Haïti constituent l'un des éléments de
réponses aux divers problèmes socio-environnementaux, politiques,
économiques et culturels que connaisse le
pays depuis plus d'un demi-siècle. La résistance
des paysans est présentée comme un moyen utilisé par ces
derniers pour contrecarrer les mauvaises pratiques de l'État et d'autres
formes d'actions de l'extérieur qui ne sont pas cohérentes
à leur milieu de vie.
Ces 4 modèles de développement local
présentés précédemment sont statués autour
des initiatives prises par des « acteur-paysans » par la
création d'associations de développement. Leur volonté
d'innovation est liée au désir d'apporter certaines
améliorations à leurs conditions de vie en milieu rural. Quoique
des faiblesses dans la participation populaire soient identifiées dans
certains cas, les bénéficiaires des activités de
développement exécutées par les associations paysannes
respectives participent à leur initiative de développement
à un certain niveau. Les études ont montré que les «
acteurs-paysans » essayent toujours de construire quelque chose en
commun.
En outre, ces études ont annoncé le manque de
support fournit par l'État quant au développement des zones
rurales en Haïti. Par contre, certains acteurs de la société
civile tels les ONG, la diaspora, les religieux et les notables sont
identifiés comme étant des acteurs qui contribuent fortement au
développement de ces zones par leur support financier.
Considérant que la présente étude tient
compte de ce même groupe « d'acteurspaysans » de
développement, il sera très utile de comparer leurs
modèles de participation populaire aux initiatives de
développement local dans l'analyse des résultats obtenus.
DEUXIÈME PARTIE :
DÉCENTRALISATION EN HAÏTI ET
DÉVELOPPEMENT LOCAL CHAPITRE III- DÉCENTRALISATION DANS LE
CONTEXTE HAÏTIEN
Depuis plus d'une vingtaine d'années, la
décentralisation est apparue comme l'outil utilisé par les
États pour promouvoir le développement. Cette démarche
s'oppose du même coup à l'aménagement du territoire
centralisé utilisé au cours des années 50-70. Dans le cas
de la République d'Haïti, la mise en marche de ce processus a
commencé avec la fin de la dictature en 1986 et l'adoption de la
nouvelle constitution de 1987. Dès lors, les différents
gouvernements qui se sont succédé ont toujours mis l'accent, tout
au moins, dans leur discours sur la décentralisation et le
développement local. La société civile haïtienne et
les ONG internationales représentent perpétuellement des acteurs
importants- le premier pour l'encouragement et la dénonciation des
mauvaises pratiques de développement local à l'image de la
Plate-forme Haïtienne pour un Développement Alternatif
(PAPDA)21- le second, surtout pour le support financier et technique
aux initiatives de développement local. Ce chapitre du mémoire
est divisé en 3 parties :
Primo, la présentation de l'historique de la division
territoriale et du processus de la décentralisation à fin de
mieux comprendre son importance pour la réussite du développement
local ;
Secundo, la situation générale de la
décentralisation et du développement local en tenant compte des
écrits d'autres auteurs et sa situation à l'époque
contemporaine ;
Tertio, le regard sur le niveau politico-économique du
processus de décentralisation et du développement local.
3.1- HISTORIQUE DE LA DIVISION TERRITORIALE ET DU
PROCESSUS DE DÉCENTRALISATION EN HAÏTI
Dans cette partie de l'étude, il consiste à
présenter spécialement la décentralisation au regard de la
participation populaire au développement local. Dans ce cas, les aspects
politiques ne sont pas pris en considération de manière
détaillée.
21 Elle un regroupement de mouvements sociaux et
d'organisations de la société civile haïtienne qui travaille
sur les politiques publiques par le biais de l'information, la formation,
l'analyse critique et l'élaboration de propositions alternatives,
fondée le 7 novembre 1995
À la veille de l'Indépendance haïtienne le
01 janvier 1804, malheureusement une bonne prise en charge de ce « coin de
terre » n'avait pas eu lieu à cause de la non-organisation de ces
héritiers. « La nation haïtienne a connu une véritable
scission avec, comme point de clivage, la position par rapport au type de
développement à adopter, au type d'évolution à
suivre » (G. Barthélemy 1989 : 23).
Le passé colonial22 a permis à la
République d'Haïti de bénéficier la forme
d'organisation territoriale existante en France au début du
19ème siècle (Département, Arrondissement,
Paroisses, etc.). La constitution de 1816 a changé la Paroisse en
Commune qui représentait « une circonscription administrative
importante de l'État ». Le pouvoir central demeurait
centralisé et les militaires ont largement dominé le milieu rural
ce qui a entravée l'émergence de ce dernier (C. L. Cadet, 2001
:7).
La centralisation du pouvoir en Haïti a continué
avec l'occupation américaine (19 15- 1934). Cette situation a conduit
à la réduction des pouvoirs des zones rurales. Malgré les
tentatives de résistance de la population rurale, cette idéologie
de centralisation des pouvoir a été renforcée pendant les
deux périodes de dictature des DUVALIER de 1957 -1986 (V. Dorner,
2006).
En 1986, la République d'Haïti a connu un nouveau
départ avec la chute de la deuxième période de dictature
dirigé par le pouvoir de Jean Claude DUVALIER (1971-1986) et l'une des
premières actions posées autour de la décentralisation,
fut la création de la Constitution de 1987 qui en a bien fait la
considération. « L'idée de la décentralisation en
Haïti n'a pas été importée, elle a de
préférence bénéficié d'un support de la
population locale face à la dégradation de l'espace de vie par
les pouvoirs précédents et de l'incapacité de ces derniers
à assurer le développement seul » (Oriol M. et al, 1995 : 7
in V. Dorner, 2006).
En effet, la constitution haïtienne de 1987 dans son
article 61 divise le territoire haïtien en 3 Collectivités
Territoriales23 qui sont le Département, la Commune et la
Section Communale. Elles constituent des entités
politico-administratives décentralisées dans l'État
unitaire décentralisé d'Haïti. Dans un département,
plusieurs Communes se regroupent autour d'un Arrondissement qui constitue une
subdivision de celui-ci. Les Collectivités Territoriales ont pour
missions principales d'encourager la participation citoyenne pour
l'application des politiques administratives du territoire et à la
gestion des affaires publiques (art. 62).
22 Haïti était une colonie
française de 1697 à 1803 avant l'indépendance.
23 Elles sont citées dans l'ordre de la plus
grande unité à la plus petite unité territoriale.
Spécifiquement, l'article 66 parle de l'autonomie
financière et administrative de la Commune. Selon les articles 66, 66-1
et 67, la Commune est dirigée par un Conseil Municipal de 3 personnes
élues pour 4 ans au suffrage universel, avec un mandat
indéfiniment rééligible. Ce conseil est assisté
dans l'accomplissement de ses tâches d'une Assemblée Municipale
formée par un représentant de chaque Conseil d'Administration de
Section Communale (CASEC).
Le Département est une personnalité morale,
pourvue d'une autonomie pour poser des actions et prendre des décisions
appropriées (art. 77). Il représente la plus grande entité
territoriale administrative (art. 76) et doit être dirigé par un
conseil de 3 membres élus pour 4 ans par l'Assemblée
Départementale qui elle-même se forme à partir d'un
représentant de chaque Assemblée Municipale (art. 78). L'article
87 précise que le pouvoir exécutif est assisté d'un
Conseil Interdépartemental dont les membres sont désignés
par les Assemblées Départementales. Le Conseil
Interdépartemental, conjointement avec l'exécutif, étudie
et planifie les projets de décentralisation et de développement
du pays, au point de vue social, économique, commercial, agricole et
industriel (art. 87-2). Chaque Conseil Départemental est pourvu de la
tâche spécifique d'élaborer le plan de développement
de son Département. L'article 87-4 précise que la
décentralisation doit être accompagnée de la
déconcentration des services publics avec délégation de
pouvoir et du cloisonnement industriel au profit des départements.
Malheureusement, ces représentants du Département n'ont jamais
été mis en place à l'exception de l'Assemblée
Départementale qui a existé pendant la courte période de
1997-1999 (W. Bertrand et al., 2007).
Cette présentation a permis de constater la
volonté manifestée par l'État central pour réussir
la décentralisation et le développement local. Il est vrai que le
développement local n'est pas mentionné comme tel dans la
constitution de 1987, des outils d'applications y sont quand même
présents. Malgré certaines faiblesses identifiées,
l'État a quand même soutenu l'application du processus de
décentralisation via la mise en place des structures
décentralisées à tous les niveaux de son territoire
administratif. L'État a garantit la mise en place « des
législations et des institutions adéquates pour réaliser
le développement endogène » comme l'a écrit
(UNESCO, 1982). Dans l'ensemble, ces institutions décentralisées
devraient représenter des actifs pour la réussite du
développement territorial (P. Prévost, 2001 ; J- R Essombè
Édimo, 2005) et elles disposent d'un pouvoir légitime (F.
Debuyst, 2001). Il est évident d'annoncer que la tâche
spécifique pour la planification et la réussite du
développement était accordée uniquement au Conseil
Départemental. Ce dernier
est chargé d'élaborer un plan de
développement pour toutes les Collectivités Territoriales. Par
rapport à cette considération, les représentants de la
Commune et de la Section Communale qui représentent les deux autres
Collectivités Territoriales n'ont pas été suffisamment
impliqués à la préparation de leur plan de
développement local respectif.
Cependant, aucune précision n'a été
donnée quant à la participation populaire à
l'élaboration du plan de développement du Département.
Toutefois, la possibilité pour les représentants de la Commune de
participer à l'élaboration du plan de développement pour
leur département est lié à leur présence au Conseil
Départemental. L'un des plus grands handicaps est lié à
l'inexistence de l'Assemblée Départemental qui devrait aboutir
à la formation du Conseil Départemental voir celui
d'Interdépartemental pour la réussite d'un vrai
développement territorial. De plus, l'Assemblée de Section
Communale (ASEC) qui devrait remplir le rôle d'un « parlement local
» n'a existé qu'en 1997 après la promulgation de la loi
décrivant en même temps leurs rôles et ceux du CASEC. Ce
retard dans la publication de la loi sur les fonctions de ces institutions
locales a sans doute entravé la réussite du processus de
développement local.
La Section Communale étant le territoire administratif
étudié, sa présentation est faite au point
ci-après.
3.1.1- Genèse des Sections Communales en
Haïti et le développement territorial
Pour V. Dorner (2006), l'État haïtien a
déjà pris en compte cette Collectivité Territoriale depuis
le Code Rural de 1826 sans donner aucune description. De même cet espace
avait existé sous le nom de Section Rurale depuis la Constitution de
1946 jusqu'à la fin de la dictature en 1986. Ce territoire administratif
actuel a vu le jour avec la promulgation de la Constitution du 29 mars 1987.
Les Sections Communales actuelles sont hétérogènes avec
des superficies et des populations très variables, respectivement de 10
à 40 km2 et de 1000 à 45000 habitants (IHSI,
2003)24. Elles sont de 2 types : les Sections Communales rurales et
les Sections Communales urbaines. La population des Sections Communales
urbaines jouit de certains privilèges en raison de leur proximité
aux services de base disponibles, contrairement à celle des Sections
Communales rurales.
À ce niveau du territoire, les premiers élus ont
été mis en place en février 1991 après les
élections réalisées en décembre 1990. Avant cette
époque, l'État était présent dans ce milieu par des
Chefs de Sections. Nommés par le pouvoir central, ces derniers
ont exercé leur
fonction sous le strict contrôle de l'Armée et la
population rurale a toujours subit beaucoup de répressions de leur part.
Les Chefs de Sections étaient l'unique représentant de
l'État au niveau des Sections Communales, bien que le milieu rural
était habité par environ 80 % de la population haïtienne
jusqu'en 198625. L'exode rural qui a commencé à partir
de 1986 a vu un grand nombre de paysans laisser les campagnes à
destination des villes et en 2003, la part de la population haïtienne
vivant en milieu rural n'était que de 59 % (IHSI, 2003). Selon les
témoignages des notables rencontrés dans les deux unités
étudiées, le Chef de Section et ses
adjoints26 ont eu pour missions principales de faire le jugement
entre deux personnes en conflit, de collecter les taxes au niveau des
marchés publics, de délivrer des laissez-passer et de
procéder aux constats. Donc, aucune fonction n'ayant
véritablement des liens au développement socio-économique,
culturel et environnemental des Sections Communales et à la
prospérité de la population rurale marginalisée. Au cours
de cette même période, la population ne disposait aucune
possibilité de s'organiser en des associations pour leur
développement personnel.
La constitution du 29 mars 1987 dans son article 62
précise que la Section Communale représente la plus petite
entité territoriale administrative parmi les trois Collectivités
Territoriales. Pour les articles 63 et 63-1, elle doit être
administrée par un conseil de 3 personnes appelé : Conseil
d'Administration de la Section Communale (CASEC). Les membres du CASEC doivent
être élus au suffrage universel par la population pour un mandat
de 4 ans et ils sont indéfiniment rééligibles. Le CASEC
est assisté dans l'exercice de ses fonctions par un conseil
délibérant appelé : Assemblée de la Section
Communale (ASEC) qui est élu par la population à raison d'un
représentant par localité27.
Dans cette même constitution, aucune précision
n'a été mentionnée pour le fonctionnement et les
attributions de ces deux organes qui représentent l'État à
ce niveau territorial. Cette omission s'est déjà soulevée
par des auteurs tels G. Danroc (1996), M. Oriol et al. (1994) in V.
Dorner (2006).
Dans V. Dorner (2006), la période 1991-1996 a
été marquée par d'importants débats relatifs au
découpage approprié pour la délimitation d'une
collectivité pouvant garantir le développement endogène.
Ainsi, fut apparut la loi sur les fonctions de ces deux représentants
25 En 1986, la population haïtienne était
estimée à environ 5.6 millions d'habitants.
26 Le Chef de Section a eu le pouvoir de nommer ses
adjoints et la quantité d'adjoints varie avec la population et la
superficie de la Section Communale.
27 Les Sections Communales sont divisées en
plusieurs localités et le nombre de personnes membres d'une ASEC varie
avec la population et l'étendue de la Section Communale.
de l'État au plus bas niveau des Collectivités
Territoriales haïtiennes seulement 10 ans après la promulgation de
la constitution en vigueur.
En effet, la loi portant « sur l'organisation de la
Section Communale haïtienne » était publiée au
Journal Officiel Le Moniteur du jeudi 04 avril 1996. Malgré tout, un
document de travail préparé par des experts nationaux et
internationaux pour le compte de la Commission Nationale de la Réforme
Administrative ont soulevé certaines interrogations relatives aux
différents aspects tels son mode de fonctionnement, sa vraie autonomie
administrative et financière, son indépendance de la Commune, sa
légitimité pour agir directement sur son territoire et son droit
d'associer (CNRA, 2002 : 6).
La loi du 04 avril 1996 attribuait à ces deux
entités administratives (CASEC et ASEC) qui représentent le
pouvoir exécutif au niveau des Sections Communales des attributions
complémentaires pour la réussite du processus de
développement local. Selon l'article 11-1, l'Assemblée de la
Section Communale (ASEC) a pour rôle de sanctionner et ratifier la
politique de la Section Communale préparée et
présentée par le CASEC. L'article 19-3 donne le droit au
CASEC de préparer le plan de développement de sa Section
Communale en collaboration avec les institutions compétentes, sur la
base des demandes collectives largement exprimées par la population et
en tenant compte des avantages et des contraintes à leur
concrétisation. D'après l'article 19-4, le Conseil
d'Administration de la Section Communale a pour obligation de recevoir et
canaliser de concert avec l'Assemblée des Sections Communales selon le
plan de développement établit, toute initiative au projet de
développement provenant du Gouvernement, de la Commune, des organismes
de développement multisectoriel, des organismes non gouvernementaux et
des particuliers, encourager particulièrement les projets de production
générateurs d'emploi en utilisant les ressources et
potentialité propres à la Section Communale. Enfin,
l'article 19-12 précise que le CASEC doit préparer un projet
de budget de fonctionnement et de développement de la Section Communale
qui doit frtre ratifiée par l'Assemblée de la Section Communale
et soumis à l'approbation du Conseil Municipal et Départemental
pour l'intégration au Budget Communal.
La conception de la Section Communale actuelle peut faciliter
le développement endogène. Les « acteurs-paysans » se
chargent de s'organiser eux-mêmes à travers différentes
formes d'associations de travail et ils sont supportés par des ONG
nationales et internationales d'aide au développement. En milieu rural
haïtien, le secteur agricole est dominé par des cultures
vivrières : maïs, manioc, patates douces, haricots, riz, plantain
et des cultures
commerciales : café, mangues, cacao, noix de coco, bois,
etc. À partir de la production locale, les paysans assurent leur
autoconsommation (C. L. Cadet (2001).
Malgré tout, C. L. Cadet (2001) a souligné deux
problèmes majeurs quant à la réussite du
développement territorial au niveau de la Section Communale. D'une part,
elle n'est pas réellement considérée dans la dynamique
politique et administrative et d'autre part, elle ne dispose pas d'un cadre
institutionnel adéquat pour enclencher un vrai processus de
développement. Cette présente problématique du
développement des Sections Communales renforce les idées
énoncées par P. Prévost et al., (2003). Les modèles
de développement appliqués écartent souvent la population
rurale qui constitue malgré tout un élément majeur pour le
développement démocratique contemporain. Cette forme d'exclusion
de la population rurale a été jadis soulignée par G.
Barthélemy (1989) où ce milieu est toujours
considéré comme « le pays en dehors ».
Cette illustration a permis d'identifier les efforts
opérés par l'État central pour atterrir la
décentralisation au plus bas niveau de son territoire. Depuis
l'élection des membres de l'ASEC en 1996, l'état était
suffisamment bien décentralisé pour favoriser le
développement endogène comme l'a dit P. Prévost (2001). Ce
changement a induit une meilleure participation populaire dans la
préparation du plan de développement de la Section Communale.
Parmi les missions du CASEC et de l'ASEC, ils se chargent d'encourager
l'exécution des projets générateurs d'emploi au profit de
la population locale y compris la valorisation des ressources locales.
Toutefois, les élus des Sections Communales ne sont pas
suffisamment formés pour remplir convenablement leurs fonctions comme
l'a dit P. Prévost (2003). En outre, des retards dans l'application
réelle de cette loi ont toujours représenté des handicaps
pour permettre à ces élus locaux de remplir convenablement leurs
fonctions. Lors des entretiens réalisés, les membres du Conseil
d'Administration de la Section Communale (CASEC) et de l'Assemblée des
Sections Communales (ASEC) ont déclaré leur manque de moyens
disponibles pour apporter leur contribution à la satisfaction de
certains besoins de la population locale. Ils déploraient l'insuffisance
d'encadrements techniques et financiers fournis par l'État central sans
passer par des ONG.
3.2- DÉCENTRALISATION ET DÉVELOPPEMENT
LOCAL EN HAÏTI À L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE
En février 2006 dans le journal officiel Le Moniteur,
le pouvoir exécutif publiait un décret-loi «
définissant le cadre général de la
décentralisation, les principes d'organisation et de fonctionnement des
collectivités territoriales haïtiennes ». Son article 70
stipule que chaque Collectivité Territoriale, Département,
Commune ou Section Communale devra élaborer un plan de
développement. Selon l'article 87-2, le Conseil
Interdépartemental se réunit avec celui des Ministres du
Gouvernement quand ce dernier se penche sur des questions de
décentralisation et du développement économique,
commercial, agricole et industriel. Ce Conseil Interdépartemental,
malheureusement à l'heure actuelle n'existe pas.
Les missions des Collectivités Territoriales sont
remises en cause à partir de ce décret- loi. L'article 64
spécifie que la Section Communale s'occupe de la formation civique,
économique, sociale et culturelle. La Commune prend charge de la gestion
des biens et des services (art. 73 & 74). Enfin, le Département doit
travailler sur l'aspect de la planification de développement (art. 81).
Donc, des missions différentes pour ces trois Collectivités
Territoriales qui s'unissent pour former le territoire administratif
haïtien. D'après l'article 133 de ce même décret-loi,
les Collectivités Territoriales ont le pouvoir d'établir leurs
propres relations internationales c'est-à-dire elles peuvent
établir avec des collectivités territoriales
étrangères des relations individuelles et développer ainsi
une coopération décentralisée dans les domaines
économique, culturel et social. Donc, beaucoup de risques pour la
création d'intérêts divergents avec l'existence d'un
pluralisme politique au niveau d'un seul département (F. Saint Jean,
2005)28.
Suite à la publication de ce décret-loi au
1er février 2006, le Pouvoir Exécutif venait
de déposer au Parlement haïtien en date du 29 mars 2009 «
une proposition de loi établissant le cadre général de
la décentralisation territoriale, de l'organisation et du fonctionnement
des collectivités territoriales haïtiennes, dans la
perspective de la fourniture adéquate et équitable des services
publics à la population, du développement local et du
renforcement de la démocratie tant représentative que
participative » (art. 1). Après une première analyse
par les deux chambres29, une première proposition est faite
et publiée au 14 mai 2009. Ce document comprend 7 titres et 5 d'entre'
eux sont liés aux dispositions générales relatives au
fonctionnement des collectivités (titre 1), à l'organisation des
trois Collectivités Territoriales
28Ce point de vue avait été donné
le 15 décembre 2005, avant même la publication du
décret-loi au premier février 2006 au journal officiel Le
Moniteur.
29Le parlement haïtien comprend une chambre basse
composée des Députés et une chambre haute
composée
des Sénateurs de la République.
(titre 2) et à leurs relations (titre 3), aux
compétences des Collectivités Territoriales (titre 4), au
financement des Collectivités Territoriales et de leurs ressources
(titre 5). Leur contenu peut être résumé à partir de
certains chapitres traitant la situation de la décentralisation et du
développement territorial. Il s'agit :
y' Des principes de base de la décentralisation,
d'organisation et de l'autonomie des Collectivités Territoriales ;
y' Des instances participatives de développement et de la
décentralisation de certains services ;
y' Des relations de contrôle et d'encadrement des
Collectivités Territoriales ;
y' Des relations de collaboration et de partage entre les
Collectivités Territoriales et de leurs relations avec les habitants
;
y' Des conditions d'octroi et de transfert des compétences
techniques ;
y' Du budget des Collectivités Territoriales et de leurs
différentes façons de générer des ressources au
niveau du territoire respectif.
À travers cette présentation, il est
évident de constater de nouveaux efforts effectués par
l'État central pour encourager l'application du processus de la
décentralisation et du développement local. Ces nouveaux textes
de lois favorisent au mieux la participation des élus locaux à
tous les niveaux territoriaux dans la planification du développement de
leur communauté. Contrairement aux prévisions faites par la
constitution haïtienne de 1987, le décret-loi de 2006 accorde le
pouvoir aux autorités locales d'établir leur propre
coopération externe. Dans ce cas, elles bénéficient d'une
opportunité pour réaliser le partage d'expériences et
d'échanges avec l'extérieur pour induire le développement
endogène comme l'a dit G. Logié (2000).
Le projet-loi de 2009 donne la possibilité aux
élus des Collectivités Territoriales d'utiliser les ressources de
leur territoire respectif pour réaliser leur propre
développement. Ce texte de loi recommande aux élus locaux le
partage d'expériences tant au niveau interne qu'au niveau externe.
Aussi, la participation populaire est favorisée entre les habitants
d'une communauté et leur représentant.
De plus, le pouvoir exécutif haïtien, par le biais
du premier ministre, Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis, venait
d'organiser les 15 et 16 mai 2009 « un colloque autour de la formation
permanente et la gestion des cadres territoriaux ». Des experts
venant d'autres pays comme la France, le Chili, la Martinique, entre autres,
devraient partager leurs
expériences avec environ 100 acteurs du pouvoir
législatif et de la société civile y compris des
élus de Collectivités Territoriales. Dans son allocution, la
cheffe du gouvernement a déclaré aux représentants des
Collectivités Territoriales que « le gouvernement qu'elle
dirige va faire de la décentralisation et du développement
local la pierre angulaire de l'action gouvernementale. Le gouvernement
veut miser sur la plus petite division territoriale pour entamer le processus
de développement local ». Elle a poursuivit son discours en
insistant sur l'importance de cadres mieux formés pouvant assurer le
contrôle de leur localité en y adoptant des choix de
développement durables appropriés. Pour conclure, elle s'est
déclarée ouverte aux partages d'expériences et à la
coopération internationale pour permettre aux élus locaux et leur
personnel de disposer de meilleurs outils de gestion de leur
collectivité (C. Michel, 2009).
Comme l'a annoncé P. Prévost (2003), cette
récente initiative exprime la volonté des acteurs institutionnels
haïtiens à la réussite du processus de
décentralisation et du développement local. Cette tentative
rejoint l'idéologie de G. Logié (2000) qui considère
que la réussite du processus de développement local
nécessite que les acteurs locaux fassent le partage d'expériences
en prenant les idées des autres pour inventer chez eux. L'intention
de doter aux élus locaux de nouveaux outils pour mieux gérer leur
collectivité est considérée comme un moyen pour rendre
leur projet plus efficace, c'est-à-dire ils peuvent devenir le
maître de leur propre développement.
Enfin, Frédéric Gérald CHÉRY vient
de publier en mai 2009 un document traitant la décentralisation et le
développement local en Haïti. Un article publié par le
quotidien haïtien LE NOUVELLSITE, en date du 08 juin 2009, avait
présenté une synthèse du travail publié par ce
chercheur haïtien. Selon F. G. Chéry (2009), lu au journal LE
NOUVELLISTE30, le développement local conduira à
des changements progressifs et décisifs pour l'économie
haïtienne. Son étude a surtout pris en compte la dimension
économique de la décentralisation présentée
à partir de certains chiffres31. Selon lui, le
développement n'est plus un problème social et/ou politique
contrairement à certaines autres visions. La politique de
décentralisation et du développement local engendra des
changements au niveau économique et des impacts locaux. Au niveau
communal, les acteurs peuvent eux-mêmes contribuer à la
création d'entreprises locales via des biens de l'État. Il a
poursuivit ses réflexions en annonçant que le pouvoir
décentralisé doit encourager cette voie sans toutefois
recourir forcément à un relèvement de la pression
fiscale des subventions de l'État Comme appui à cette
proposition,
30 L'article est publié dans le journal sans
avoir un auteur précis
31 Aucune possibilité d'analyser les chiffres,
n'ayant pas lu directement le livre
l'auteur parle, entre autres, des sources d'eau non
exploitées et du tourisme local à partir des monuments
historiques, etc.
Il est évident que les réflexions faites par F.
G. Chéry (2009) pour réussir le développement local en
Haïti se divergent de ce qu'a constaté le chercheur P.
Prévost dans son étude d'évaluation dudit secteur en
Haïti pour le compte de l'Agence Canadienne de Développement
International (ACDI). Haïti fait face à des crises au niveau
social, politique, économique, environnemental et culturel qui l'emp~che
d'assurer la décentralisation et le développement local (P.
Prévost, 2003). Les propositions annoncées par F. G. Chéry
parlent de la création d'entreprise au niveau local avec l'utilisation
des biens du domaine public, donc la valorisation des ressources locales comme
l'ont bien dit B. Pecqueur (2000) et A. Joyal (2002) par des acteurs
institutionnels d'après les définitions de F. Debuyst (2001), P.
Prévost (2001) et J- R Essombè Édimo (2005). En
comparaison à des expériences réussites de l'Association
des Paysans de Vallue (APV) sur l'écotourisme (A. Coq, 2006), la
valorisation du tourisme local via des monuments historiques jusqu'ici
inexploités pourrait considérer comme une très bonne
propagande pour enclencher le processus de territorialisation dans plusieurs
zones du pays où les monuments sont véritablement
subsistés. L'exploitation de cette ressource matérielle peut
être utilisée comme une stratégie par les acteurs locaux
institutionnels pour construire leur destin commun. Il serait bon que tous les
acteurs de la vie haïtienne se penchent sur ces suggestions
avancées par l'auteur Frédéric Gérald Chéry.
D'ailleurs, la constitution haïtienne en vigueur et le projet-loi de 2009
confèrent ce niveau de compétences aux élus locaux.
3.3- REGARD SUR LE NIVEAU POLITICO-ÉCONOMIQUE DU
PROCESSUS DE DÉCENTRALISATION ET DU DÉVELOPPEMENT LOCAL EN
HAÏTI
Depuis l'adoption en 1987 de la nouvelle constitution
haïtienne, la décentralisation se situe au centre des discours
portant sur la réforme de l'État central. L'objectif principal
affiché est d'arriver à renverser la situation de pauvreté
chronique qui prévale surtout en milieu rural. Pour y arriver, les
autorités de l'État ont compris que la découpe des
Collectivités Territoriales constitue le point de départ pour la
réussite du développement local (T. Cantave, 2006).
Cependant, bien que la présente constitution et la loi
de 1996 parlent de l'autonomie financière et administrative des
Collectivités Territoriales, celles-ci à l'exception de
certaines
Communes de la zone métropolitaine32 de
Port-au-Prince, demeurent financièrement dépendantes du pouvoir
exécutif via le Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités territoriales (C. L. Cadet, 2001). De plus, les
élections indirectes qui devraient permettre la mise en place des
Conseils Départementaux et Interdépartementaux et qui,
étudieront et planifieront conjointement avec l'Exécutif les
projets de décentralisation et de développement à tous les
secteurs d'Haïti n'ont jamais existé.
Dans (P. Prévost et al., 2003), le financement du
développement local en Haïti est assuré à la fois par
des acteurs institutionnels que par des acteurs non-institutionnels. L'appui
financier de l'acteur public s'est toujours révélé
insuffisant, ce qui renforce la liaison entre les Collectivités
Territoriales et les bailleurs de fonds nationaux et internationaux. Le
Schéma 1 présente globalement les structures mises en place par
l'État pour le financement des activités de développement
local.
FONDS D'INVESTISSEMENT PUBLIC (FIP) (Trésor
Public + Apports de la Communauté Internationale)
Programme et projets
d'envergure nationale (Pouvoir Exécutif)
Plans Communaux de Développement (PCD /
FIC)
Projets Locaux de Développement au niveau Sections
Communales (PIL / FIL)
Programmes et Projets Intercommunaux
de Développement (PDD / FID)
Plan Départemental de Développement
(PDD / FID)
Figure 2 : Organisation de l'État unitaire
décentralisé d'Haïti et Plan National de
Développement Source : Cantave T. (2006).
Haïti-Décentralisation : Mise en oeuvre difficile in Le
projet constitutionnel de Décentralisation : une co-administration et
une co-gestion de la
République, Port-au-Prince.
Cette Figure fait ressortir le caractère
politique-économique de développement de la République
d'Haïti. Sa gestion conjointe est assurée par l'Administration
Centrale du Pouvoir Exécutif et les Collectivités Territoriales
représentées par le Conseil Interdépartemental. Ce
dernier, comme mentionné au titre 3.1 devrait jouer un grand rôle
dans l'application des projets de décentralisation et du
développement local.
Le Plan National de Développement (PND) comprenant
les programmes et projets d'envergure nationale est l'émanation de
l'orientation de la politique du Pouvoir Exécutif codifié par le
Premier Ministre dans son ÉNONCÉ de POLITIQUE
GÉNÉRALE approuvé par le parlement, traduit de
façon opérationnelle dans le Programme d'Investissement Public
(PIP) et porté au budget annuel de l'État qui est financé
par le trésor public et les apports de la Communauté
Internationale. Il intègre aussi les Plans Départementaux de
Développement constitués par les Plans Communaux Intercommunaux
de Développement élaboré par les dirigeants des
Collectivités Territoriales Municipales (Conseils et Assemblées)
en articulation avec les Organisations de la Société Civile et
les structures déconcentrées de l'État et ceci à
partir des Projets de Développement Local provenant les habitations des
Collectivités Territoriales de Sections Communales qui les composent
à partir des besoins exprimés (T. Cantave, 2006).
Le décret-loi sur le Fonds d'Investissement Public
du 4 octobre 1984 et l'arrr~té d'application du 11 septembre 1985
constituent, encore de nos jours, les premières orientations
nécessaires à la nouvelle approche pour le financement des
programmes d'investissements dans le cadre du budget annuel de
l'État Unitaire Décentralisé L'article 2
dudit décret-loi stipule que le Programme d'Investissements publics est
un instrument qui rend opérationnel le Plan Annuel de
Développement (T. Cantave, 2006).
Ce même article 2 confie la responsabilité au
Ministère de la Planification et de la Coopération Externe
d'élaborer un Plan de Développement National, mais le nouveau
décret- loi du 01 février 2006 attribuait cette tâche
à chaque Collectivité Territoriale comme déjà
présenté au point 3.3. L'article 5 mentionne que les ressources
consacrées au financement des opérations de développement
du secteur public peuvent provenir des fonds nationaux ou internationaux
(Journal officiel Le Moniteur, 1984).
Il est évident que l'État continue à
manifester sa volonté à la réussite du
développement local ; le principal handicap se situe autour de sa
dépendance de l'aide extérieur, d'une part et d'autre part, de la
faiblesse au niveau des compétences disponibles au niveau local. Cette
situation a toujours retenue l'attention des acteurs de la
société civile comme c'est le cas de l'Agence Canadienne de
Développement International en 2003. Par conséquent,
l'État devrait combler ses faiblesses au niveau local, ce qui
permettrait la création de richesses pour une meilleure réussite
du développement durable.
CHAPITRE IV-
ACTEURS, ACTIONS ET DÉVELOPPEMENT LOCAL DANS LES
SECTIONS COMMUNALES DE 3ème THIOTTE ET DE 2ème BOIS
D'ORMES
Ce chapitre du mémoire est consacré à la
présentation de la situation générale de
développement territorial de la zone étudiée. Dans un
premier temps, l'accent est mis sur la présentation de tous les acteurs
majeurs qui ont influencé ou qui sont impliqués à ce
processus de développement. Dans un deuxième temps, il s'agit de
présenter la Coordination des Organisations pour le Développement
de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB), considérée comme un
acteur important dans la mise en place du processus de développement
local. En troisième lieu, il est question de décrire deux types
d'activités économiques prises en charge par les organisations
paysannes au niveau des Sections Communales de 3ème Thiotte
et de 2ème Bois d'Ormes.
Pour y arriver, les données utilisées
proviennent d'entretiens documentaires et exploratoires. Avant même de
venir en Belgique pour les études, il a fallu collecter des
données de manière descriptive auprès des acteurs locaux
actifs et engagés au développement endogène. Aussi, la
littérature grise a été explorée via des rapports
d'activités préparés par des acteurs de
développement local dans la zone.
4.1- PRINCIPAUX ACTEURS ACTIFS OU ENGAGÉS AU
PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL
Les informations obtenues par les entretiens ont permis de
catégoriser les acteurs en deux groupes : l'acteur public et l'acteur
privé. L'acteur public est particulièrement
représenté par les élus des Collectivités
Territoriales. L'acteur privé est surtout représenté par
des groupes organisés de la société civile.
4.1.1- Présentation et participation des acteurs
publics
Les élus locaux dont le Conseil d'Administration de la
Section Communale (CASEC) et l'Assemblée de la Section Communale (ASEC)
constituent des acteurs publics très impliqués dans le processus
de développement local des Sections Communales de 3ème Thiotte et
de 2ème Bois d'Ormes. Les bureaux des services
déconcentrés de l'État représentent aussi des
actifs qui apportent faiblement leur contribution. L'implication du Conseil
Municipal est tout aussi effective au niveau communal. D'après les
informations obtenues auprès de ces élus locaux, leur
intégration effective au processus de développement local dans
leur collectivité a débuté avec le Projet
National de Développement Communautaire Participatif et le Programme de
Développement Local. Cette nouvelle approche de développement en
Haïti a commencé vers les années 2004-2005. Depuis cette
période, le Conseil d'Administration de la Section Communale (CASEC),
l'Assemblée de la Section Communale (ASEC) et le Conseil Municipal ont
eu la possibilité de participer à tous les programmes ou projets
de développement au profit de leur communauté respective.
En effet, l'ASEC et le CASEC de la 3ème
Section Communale Thiotte et celle de 2ème Bois d'Ormes ont
coopéré à toutes les étapes de préparation
des plans de développement de ces unités territoriales
administratives d'Haïti. Chacune de ces Sections Communales, dispose d'un
Plan de Développement de Section Communale (PDSC), élaboré
à partir de 2005 dans le cadre du Programme de Développement
Local initié par l'État central. Le PDSC élaboré
constitue un outil de développement stratégique territorial,
incluant les besoins de toutes les localités qui forment la Section
Communale. Par contre, le Projet National de Développement Communautaire
Participatif repose ses stratégies sur l'identification des projets
progressivement dans chaque localité avec l'implication de tous les
secteurs locaux. Dans les deux cas, le CASEC et l'ASEC parlent de leur
implication de manière formelle et participative dans l'identification,
la priorisation, l'exécution et le suivi-évaluation des projets.
Ils ont témoigné de leur possibilité de rechercher la
complémentarité entre ces deux programmes financés par
l'État central. En outre, ces deux programmes ont favorisé la
création des structures pérennes de développement qui
pourraient être considérées comme des actifs pour la
réussite du développement local.
D'une part, chacune des Sections Communales
bénéficie d'un Comité de Développement
présidé par le premier représentant (le président)
du Conseil d'Administration de la Section33 y inclut les deux autres
membres, de 3 membres de l'ASEC et d'autres personnalités de la
Société civile. Initié par le Programme de Development
Local, ce comité est composé de 15 personnes : 40 % d'élus
locaux, 20 % de représentants d'organisations paysannes, 20 % des
représentants des religieux et 20 % des notables de la zone. D'autre
part, un conseil de gestion se forme à travers le Projet National de
Développement Communautaire Participatif. Appelé, Conseil de
Projet National de Développement Communautaire Participatif (COPRODEP),
il est chargé de gérer les activités dudit projet et se
forme au niveau communal selon les informations fournies par ses membres. Il
est formé de 9
personnes dont environ 67 % de représentants
d'organisations paysannes et d'environ 33 % d'élus locaux dont 2 membres
du CASEC par Section Communale et d'un membre du Conseil
Municipal34. Ces deux programmes encouragent à environ 33 %
la participation des femmes au comité de gestion des projets.
Pendant la réalisation des expériences
professionnelles en 2007 et 2008, j'ai apporté ma contribution au
renforcement du Comité de Développement de la
3ème Section Communale de Bois d'Ormes. En ma qualité
d'exécutant d'un projet d'élevage de poulets au profit de 600
familles dont les plus pauvres, j'ai été exigé par
l'État haïtien de planifier les activités avec le
Comité de Développement de ladite section, de l'intégrer
au suivi-évaluation du projet et de lui fournir des rapports
d'avancement des activités. Ce projet est issu du processus de
diagnostic participatif réalisé avec les acteurs locaux et est
inclus dans le Plan de Développement de cette Section Communale comme le
problème prioritaire à résoudre.
Durant la période de 2006 à 2008, les projets de
développement financés par l'État au niveau de la
3ème Section Communale Thiotte et celle de
2ème Bois d'Ormes ont touché les secteurs du social,
de l'économie paysanne et de l'environnement. Les fonds de financement
proviennent de prêts octroyés par la Banque Interaméricaine
de Développement35 (BID) et de la Banque
Mondiale36. D'après des données fournies par des
acteurs locaux rencontrés tels les élus locaux, un
représentant de la Fondation Panaméricaine de
Développement (PADF) et un responsable du FAES, 11 projets sont
déjà exécutés et 6 autres sont en perspectives
d'exécution comme l'indiquent respectivement les Tableaux 2 et 3.
34 Pour chaque commune, les informations ont
été fournies par le CASEC et le Conseil municipal
35 Pour le financement du Programme de
Développement Local
36 Pour le financement du Projet National de
Développement Communautaire Participatif (PRODEP)
Tableau 2 : Présentation des projets
réalisés par l'acteur public de 2006 à 2008 dans les
Sections Communales de 3ème T hiotte et
2ème Bois d'Ormes
#
|
Types
|
Lieux
|
Bénéficiaires directs et
indirects
|
Exécutants
|
Durée
|
1
|
Élevage de poulets
|
S.C. B.O
|
600
|
Consultant
|
1 an
|
2
|
Élevage de caprins
|
S.C. B.O
|
400
|
O.N.G loc.
|
1 an
|
3
|
Caféiculture et construction d'un
centre de traitement café
|
S.C. B.O
|
1 000
|
O.N.G loc.
|
1 an
|
4
|
Réhabilitation d'une école publique
|
S.C. B.O
|
Population rurale
|
O.N.G loc.
|
1 an
|
5
|
Conservation des sols et reforestation
|
S.C. B.O
|
Population rurale
|
3 O.C.B.
|
3 mois
|
6
|
Centre de stockage des grains
|
S.C. B.O
|
300 et pop. rurale
|
2 O.C.B.
|
6 mois
|
7
|
Réhabilitation de routes agricoles
|
S.C. B.O
|
Population rurale
|
5 O.C.B.
|
3 mois
|
8
|
Programme de formation sur gestion de projets
|
S.C. B.O
|
30, CASEC et ASEC
|
Consultant
|
2 semaines
|
9
|
Deux systèmes d'adduction d'eau
potable
|
S.C.T
|
Population rurale
|
4 O.C.B
|
6 mois
|
10
|
Construction d'un centre
professionnel
|
S.C.T
|
Population rurale
|
2 O.C.B
|
6 mois
|
11
|
Construction d'une boutique
d'intrants agricoles
|
S.C.T
|
Population rurale
|
1 O.C.B
|
3 mois
|
Total
|
11 projets
|
|
|
|
|
S.C. B.O : Section Communale Bois d'Ormes
S.C. T : Section communale Thiotte
O.C.B : Organisation communautaire de base
O.N.G loc. : Organisation non gouvernementale
locale
Source : Enquête de l'auteur, 2008
Tableau 3 : Projets en perspectives de réalisation
par l'acteur public dans les Sections Communales de 3ème
Thiotte et 2ème Bois d'Ormes pour 2009 et 2010
# Domaines Lieux Bénéficiaires directs
Exécutants Durée
et indirects
1 2 Centres de stockage et
de commercialisation des grains
2 Magasin de produits
alimentaires
3 3 citernes communautaires
d'eau potable
Total 6 projets
S.C.B.O et 450 et population 4 O.C.B. 6 mois
S.C. T. rurale
S.C. T. Population rurale 2 O.C.B. 6 mois
S.C. T. Population rurale 6 O.C.B. 6 mois
S.C. B.O : Section Communale Bois d'Ormes S.C. T :
Section communale Thiotte
O.C.B : Organisation communautaire de base
Source : Enquête de l'auteur, 2008
À travers ces deux Tableaux, l'exécution des
projets identifiés dans le cadre du Programme de Développement
Local (PDL) est assurée par des consultants individuels ou par des ONG
locales. Les activités dudit programme sont exclusivement
réalisées dans la 2ème Section Communale de Bois d'Ormes.
Le Fonds d'Assistance Économique et Social (FAES) continue de jouer son
rôle dans la coordination, le suivi-évaluation des projets et la
formation des bénéficiaires.
Par ailleurs, ce sont des organisations communautaires
paysannes qui réalisent elles- mêmes l'exécution des
projets dans le cadre du Projet National de Développement Communautaire
Participatif (PROD EP). L 'ONG internationale, la Fondation
Panaméricaine de Développement (PADF) joue le rôle
d'accompagnateur technique des organisations bénéficiaires et
exécutantes des projets. Les activités de ce programme sont plus
concentrées dans la 3ème Section Communale Thiotte.
Les informations présentées au Tableau 2
concernent 6 projets non encore exécutés en 2008, sont fournies
par les responsables de la PADF. Leur phase d'exécution devrait
être réalisée en 2009 et 2010 par des organisations
communautaires paysannes en fonction des stratégies
générales du PRODEP. Le budget maximal agréé par le
FAES pour un projet est d'environ 2 millions de gourdes, tandis que la PADF via
le PRODEP conçoit des microprojets d'environ 700 milles
gourdes37. D'une manière générale, la
durée de la phase d'exécution d'un projet est de 3 mois à
1 an.
En fonction des informations obtenues auprès de la
population enquêtée, les activités de développement
économique et productif induisent une amélioration de revenus des
bénéficiaires directs. Les projets à caractères
sociaux sont exécutés au profit de toute la communauté
locale qui en tire beaucoup de bénéfices. L'unique projet
environnemental déjà réalisé contribue à la
protection contre l'érosion d'environ 75 ha de terres dans la zone et 15
milles arbres fruitiers et forestiers ont été plantés.
De plus, grâce aux séances de formation fournies
pendant l'exécution des projets, les élus de la
collectivité, les membres d'organisations communautaires paysannes ont
mentionné l'amélioration de leur niveau de connaissances,
particulièrement dans la gestion de projet et le renforcement
organisationnel. Les organisations communautaires paysannes
bénéficiaires des activités du PRODEP profitent au mieux
des séminaires de formation fournies en raison de leur rôle
d'exécutant des projets. Ces deux programmes incitent progressivement
la
population à mieux s'organiser pour participer au
développement durable de leur communauté. Mise à part,
un programme de formation intensive de 60 heures réalisé au
profit des membres du Comité de Développement de la Section
Communale, tous les acteurs cités
précédemment ont bénéficié
d'au moins 15 heures de formation sur des thèmes spécifiques
à
chaque projet réalisé.
Pour les bénéficiaires directs, les élus
locaux et les responsables des deux programmes rencontrés,
l'exécution des projets de développement a permis la valorisation
des matériels locaux et des petits jobs temporaires sont crées au
profit de la population locale. L'utilisation des matériaux locaux est
surtout réalisée dans le cadre des projets
d'élevage38 et de conservation des sols. La main-d'oeuvre
paysanne est quasi-totalement utilisée pour la réalisation de
tous les projets sociaux.
Globalement, ces représentants du pouvoir central (CASEC
et ASEC) jouent leur rôle dans le processus de développement local
en raison de leur implication obligatoire à
n'importe quels types de projets de développement dans
leur collectivité. Ils participent aux prises de décision
communautaire. Il s'agit d'un grand effort réalisé par
l'État central pour
intégrer ces représentants du pouvoir
décentralisé aux activités de développement local.
Leur forme de participation identifiée est de type interactive
(Jules Pretty et al., s. d.) car ils participent à la fois dans la mise
en place des activités c'est-à-dire depuis l'identification des
problèmes, leur priorisation, l'exécution et le
suivi-évaluation des projets (UNESCO, 1982 ; A. Dumas, 1983). Pour
l'exécution des activités, la main-d'oeuvre locale est prise en
compte et les ressources locales sont très valorisées. Cette
initiative de valorisation de ressources locales dans le processus de
développement local est signalée par les auteurs comme B.
Pecqueur (2000), G. Logié (2001) et A. Dumas (1983). Après la
phase d'exécution des projets, les élus locaux devraient
être capables de poursuivre les activités de développement
local grâce aux séances de formation reçues. La
participation populaire est utilisée comme un PRyen, ce qKi aKgPente
l'efficacitfi des piRAets ifialisfis (B. Gueye, 1999 in A. Jones, 2006).
Certains projets productifs et économiques réalisés
contribuent à une rentabilité économique et
d'autres projets sociaux prennent en compte une certaine dimension de la
viabilité écologique de la zone (B. Pecqueur, 2000).
Cependant, cette présentation a permis de
révéler les gros défis qui se présentent face aux
représentants du pouvoir central décentralisé pour
garantir leur autonomie. Leurs plus
38 Dans la construction d'abris pour les animaux
d'élevage
grandes infirmités sont jointes au manque de ressources
techniques et financières pour réaliser leur propre projet. Ils
demeurent dépendre des sources de financement extérieur comme l'a
soulevé P. Prévost (2003). La part du budget national qui leur
devrait être attribué tarde encore à venir. L'État
ne garantit pas suffisamment, la formation globale des élus locaux qui
pourra leur permettre d'être plus efficace dans l'accomplissement de
leurs fonctions. Les études de diagnostic participatif
réalisées à partir de l'année 2005 par le Fonds
d'Assistance Économique et Social (FAES) ont identifié de graves
problèmes à tous les niveaux de la vie sociale et
économique de la population. Le secteur éducatif et de la
santé souffrent de la carence des ressources techniques et
financières pour répondre correctement aux besoins de la
population. Les appuis du Ministère de l'Agriculture aux secteurs de
l'agriculture et de l'élevage restent inadéquats par rapport aux
besoins des habitants. Cette situation contribue à un déficit de
participation populaire comme dans UNESCO (1982). D'autres études
réalisées par des auteurs tels (A. Coq, 2006 ; V. Lamothe, 2007 ;
F. Dorvilier, 2007 & Y. Sainsiné, 2007), ont déjà
soulevé l'insuffisance de certains services de base disponible partout
en milieu rural. Il est vrai que les projets sont identifiés par la
population locale, la dimension culturelle du développement n'est pas
suffisamment prise en compte.
Pour conclure, des observations personnelles
réalisées permettent d'annoncer que les montants (14 000- 40 000
euros) requis pour un projet demeurent insuffisants. Quoique les
activités issues des deux programmes de développement local de
l'État central prennent en compte tous les coins des Sections
Communales, les projets réalisés sont trop fractionnés.
Dans le futur, l'État devrait penser à augmenter le budget de
financement des projets pour favoriser au mieux leur pérennité.
Malgré tout, ils sont suffisamment bien appropriés par la
population locale pour induire un niveau de développement
territorial.
4.1.2- Présentation et participation des acteurs
privés
La société civile, regroupant les
autorités religieuses, les associations professionnelles, les
coopératives et les groupements ou organisations communautaires
paysannes représentent les acteurs privés qui contribuent au
développement des Sections Communales de 3ème Thiotte
et 2ème Bois d'Ormes ; les ONG locales et internationales
représentent aussi d'autres acteurs importants. Hormis les ONG, tous les
autres acteurs regroupent des femmes, d'agriculteurs et des jeunes de la
zone.
Selon des informations obtenues lors de la réalisation
des entretiens, 4-5 autorités religieuses39 et quelques 10
notables par Section Communale ont été des pionniers du processus
de développement communautaire. Leur appui a été surtout
remarquable aux secteurs de l'éducation et de la santé. Durant
les décennies 1970-1990, des démarches ont été
effectuées de leur part et avec le soutien de la population locale, pour
exiger de l'État la disponibilité des services de base au profit
de la population rurale comme l'exige la constitution haïtienne. Pour la
réalisation du Plan de Développement de Section Communale (PDSC),
les informations disponibles dans ce document ont mentionné leur
participation active à toutes les phases d'élaboration (FA ES,
2005)40. Ce groupe d'acteurs font aussi partie des membres du
Comité de Développement de Section Communale (rappel à 40
%). D'une manière générale, ils demeurent des acteurs
utiles quant à leur implication dans toutes les rencontres et/ou les
débats orientés dans le sens du développement de leur
localité. Les entretiens réalisés avec une partie d'entre'
eux ont permis d'identifier que l'indifférence dans l'idéologie
politique constitue le principal handicap à leur unification de
toujours. Leur implication au processus de développement endogène
est vivement encouragée par l'État central comme le recommandent
les grands bailleurs de fonds internationaux tels que la Banque Mondiale, le
FMI et l'UNESCO.
a. ONG locales et internationales
Les ONG locales et internationales font partie d'un groupe
d'acteurs participant au développement local de la zone. Vu
l'incapacité de l'État à soutenir de manière
adéquate ces Collectivités Territoriales financièrement et
économiquement, ce sont elles qui financent en grande partie les
programmes et projets de développement avec un faible appui de la
population locale bénéficiaire. En général, elles
financent les projets de développement à hauteur de 85-90 % ; la
part restante est fournie par la population en ressources locales. Cet
état de fait, renforce leurs liens à la fois avec la population
locale et les élus locaux.
Les interventions de ces institutions se font soit directement
dans le milieu soit sous la demande de la population. Dans le premier cas, les
projets sont amenés de l'extérieur sans que la population ne
participe point à la fixation des objectifs et au processus de leur
décision. Cette participation populaire est de type consultatif
comme indiqué par Jules Pretty et al. (s.
d.) - parfois, elles établissent certaines relations
avec les autorités locales. Dans le second cas, souvent une partie de
la population locale identifie leurs projets sans ou avec les membres de
39 Pasteurs des églises protestantes et des
prêtes de l'église catholique
40 FAES (2005). Rapports de Diagnostic Participatif
des Sections Communales de 3ème Thiotte et de
2ème Bois d'Ormes, commune des Anse-À-Pitres,
Département du Sud-est.
leur association communautaire pour soumettre aux ONG pour le
financement -- ou parfois certaines associations oisives profitent de la
disponibilité des fonds offerts par les ONG pour réaliser des
projets. Ces formes d'organisations disparaissent généralement
après l'exécution des projets, c'est ce que Jules Pretty et al.
(s. d.) ont qualifié de participation fonctionnelle.
Malgré des faiblesses constatées dans le type de
participation populaire et dans les modes d'interventions des ONG, il est
important de souligner leur place au développement des Sections
Communales de 3ème Thiotte et de 2ème Bois
d'Ormes. Des bénéficiaires rencontrés ont affirmé
une certaine amélioration de leurs revenus grâce à ces
activités. Néanmoins, en raison des changements
opérés par l'État pour la réussite du
développement des Collectivités Territoriales depuis en 2005, les
élus locaux disposent le pouvoir de contrôler les actions des ONG.
Les places de ce groupe d'acteurs au développement local en Haïti
ont été déjà signalées à travers les
recherches produites par P. Prévost (2003), A. Coq (2006), V. Lamothe
(2007), F. Dorvilier (2007) et Y. Sainsiné (2007). Il est souhaitable
que des corrections soient initiées en encourageant, entre autres, une
meilleure participation populaire ce qui favoriseraient la durabilité
des projets réalisés. L'État central via les élus
locaux, doit mieux remplir son rôle en obligeant les ONG à
financer des projets qui rentrent dans le Plan de Développement de
Section Communale pré-élaboré.
Toutefois, d'autres formes de coopération
établissent entre des associations communautaires paysannes,
l'État et des ONG locales et internationales produisent des effets au
niveau local. La description de cette situation fait l'objet des lignes qui
vont suivre.
b. Associations communautaires paysannes
Le regroupement des paysans sous la forme associative
constitue le dernier groupe d'acteurs de développement local des
Sections Communales. Selon des informations fournies par les acteurs de la
société civile et des élus locaux, les premières
tentatives de regroupement des paysans dans ces zones rurales haïtiennes
avaient débutées avec la fin de la dictature, le
07 février 1986. La création d'association fut
ensuite encouragée par la Constitution du 29 mars 1987 qui stipulait
dr difMLg 0lrEERFirtiRn Mt 0M réuniRn ErnE rIP ME à 0ME 7iAE
SRditiquME, économiques, sociales, culturelles ou toutes autres fins
pacifiques est garantie (art. 31). Cette décision est
cohérente aux souhaits faits par B. Husson (2001) « dl? trt r
SRXr obligation de
IrvRriEML d'éP MriM1FM 01rEERFirtiRnE
FRddMFTivME ru nivMrY dRFrd » . Malgré tout, le mouvement
associatif dans cette région a été très
controversé de manière périodique. D'abord
par certains militaires du régime de facto41
de la période 1991-1994, ensuite par l'émergence des
Organisations Populaires (OP) du parti politique dénommé «
Lavalas » surtout pour la période de 2000-2004. Les diverses formes
de bouleversements crées par ces groupes, n'ont pas empêché
au mouvement associatif de connaître sa croissance dans la zone. Le
processus de développement local de ces deux Sections Communales est
passé du contrôle des acteurs individuels à des acteurs
collectifs.
Au mois de mars 1989, a eu lieu le premier regroupement de
diverses associations de base en la Coordination des Paysans de
l'Arrondissement de Belle-Anse (COPAB). « Sa mission était de
porter les principales revendications de la masse paysanne au plus haut niveau
vers les responsables de l'État ». Grâce au dynamisme
développé par les responsables et avec l'appui, la
compréhension, la participation de la population tant assoiffée
du développement pour la communauté, l'organisation a
exécuté de petits projets sociaux et environnementaux dont la
réhabilitation des routes agricoles et la conservation des sols.
L'exécution de ces projets a permis à l'association de
créer un certain nombre d'emplois provisoires au profit de la population
locale. La COPAB a aussi donné son appui au secteur éducatif en
appuyant l'établissement des premières écoles secondaires
publiques conjointement avec les notables de la zone.
Au cours de la courte période 1998-1999, toujours dans
le souci de satisfaire au mieux les revendications paysannes, les responsables
de la COPAB ont eu le soutien des organisations de base et des planteurs de la
zone pour créer à la fois la Fédération des
Organisations des Planteurs de l'Arrondissement de Belle-Anse (FOPLAB) et la
Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de
Belle-Anse (COOPCAB). Pendant les 3 premières années de leur
existence (1998-2001), ces deux unités de regroupement d'organisations
de base de tout l'Arrondissement de Belle-Anse ont reçu le soutien
technique et financier de 3 ONG pour la réalisation des projets
agricoles et environnementaux dont 1 projet agro-écologique et 1 projet
sur le caféiculture. Ces projets ont impliqué un niveau de
participation de la population, entre autres, les bénéficiaires
directs dont les agriculteurs et les caféiculteurs.
Pendant cette même période, le système
dynamique mis en place par ces 2 regroupements de paysans leur a permis de
bénéficier un programme d'intervention dénommé
Programme de Développement Rural Intégré de Belle-Anse
(PDRI/BA). Ce programme a été
41Il s'agit d'un pouvoir militarisé issu
d'un coup d'état opéré contre un président
élu constitutionnellement en 1991 avec beaucoup de répressions
provoquées par un groupe dénommé : Front pour l'Avancement
et le Progrès d'Haïti (FRAPH).
financé par deux ONG internationales : la
Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) et Action Aid
pour la période de 2001-2004 et une ONG locale, la Coordination
Régionale des Organisations du Sud-est (CROSE). Il « vise la
contribution à la mise en place dans
eg$
LLRQ3kkIPIQt-1d1-19efill-$Qke-1uQe-1FRRLdiQEURQ-1LéIIRQEle-1dgRLIEQisations
communautaires
mixtes, de femmes et de jeunes participant activement
à la gestion de leurs entreprises économiques et aux prises de
décisions sociopolitiques locales au bénéfice de leur
communauté ». La Fédération des Organisations
des Planteurs de l'Arrondissement de Belle- Anse (FOPLAB) et la
Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de
Belle-Anse (COOPCAB) ont été deux partenaires importants et
utiles pour l'exécution de programme. La première a
été utilisée pour la filière économique du
café et la deuxième pour les aspects socio-économiques.
Ces informations sont obtenues via les bases de données de la
Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement
de Belle-Anse (CODAB).
À la recherche de synergie et en qualité de
nouvelles orientations fournies par les 3 partenaires techniques et financiers
vus plus haut, les trois structures de regroupement d'organisations
présentées précédemment ont paraphé un
protocole de rapprochement qui a permis la création de la structure
actuelle nommée Coordination des Organisations pour le
Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODA B).
4.2- PRÉSENTATION DE LA COORDINATION DES
ORGANISATIONS POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'ARRONDISSEMENT DE BELLE-ANSE
(CODAB)
La Coordination des Organisations pour le Développement
de l'Arrondissement de Belle-Anse est un regroupement d'organisations paysannes
qui couvre totalement l'Arrondissement de Belle-Anse, l'une des régions
administratives du Département du Sud-est d'Haïti. Elle
étend ses activités au niveau de 4 Communes : Belle-Anse,
Grand-Gosier, Anses-à-Pitres et Thiotte ; douze Sections Communales y
compris les deux Sections Communales étudiées. Ses
activités couvrent une superficie totale de 765,33 km2 et une
population d'environ 150 000 habitants est touchée (IHSI, 2008). Elle
est reconnue par l'État haïtien depuis 2005 comme une institution
d'utilité privée à caractère social et est
localisée dans la Commune de Thiotte.
La dynamique associative a pris une recrudescence
d'intérêt collectif en Haïti et les acteurs locaux de la zone
de Belle-Anse sont bien concernés. Cette stratégie semble devenir
un vrai moyen utilisé par ces paysans eux-mêmes autour
d'associations pour apporter
certaines améliorations au niveau de quelques services
sociocommunautaires. Cette présentation est faite à partir de 4
principaux points :
(1) la présentation de la mission et des objectifs de la
CODAB pour mieux comprendre son existence ;
(2) la présentation du mode de fonctionnement et les
structures mises en place pour mieux appréhender ses stratégies
d'intervention ;
(3) la présentation du mode de création des
ressources, les stratégies d'acteurs et leurs logiques d'intervention de
l'institution ;
(4) cette dernière partie illustre les secteurs
d'activités prises en charge par l'organisation par une
présentation des projets/programmes de développement
réalisés y compris le niveau de participation des acteurs
bénéficiaires.
4.2.1- Mission et objectifs de la CODAB
Depuis sa création en 2005, la Coordination des
Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse a
eu comme mission « de travailler à l'aboutissement d'une
société unitaire, solidaire, plus juste et plus équitable
dans le respect mutuel et la valorisation de la culture haïtienne au
niveau local ».
Ses objectifs principaux consistent à :
- Construire une organisation représentative et
légitime couvrant tout l'Arrondissement de Belle-Anse ;
- Défendre et protéger les intérêts de
l'Arrondissement de Belle-Anse ;
- Charrier les revendications de la population en vue de la
recherche de solutions allant dans l'intérêt de la majorité
;
- Organiser l'espace de l'Arrondissement et encadrer la
population;
- Participer dans l'effort de reconstruction de l'Arrondissement
de Belle-Anse ;
- Elaborer un plan de développement régional qui
tienne compte de l'intérêt du secteur populaire ;
- Combattre la corruption, l'impunité et l'injustice et
faire promotion de valeurs morales, culturelles et des droits fondamentaux du
peuple Haïtien ;
- Rechercher et apporter la solidarité sur le plan
communal, départemental et national.
4.2.2- Fonctionnement et structure de la
CODAB
La Coordination des Organisations pour le Développement
de l'Arrondissement de Belle-Anse fonctionne comme étant une institution
bien décentralisée. Son fonctionnement s'appui sur un ensemble
d'unités présentes dans toutes les Communes couvertes à la
fois en milieu urbain qu'en milieu rural. Au niveau administratif, sa structure
détient :
V' Un Congrès ou une Assemblée
Générale, le nombre de membres reste à
déterminer, il se réunit tous les 3 ans et ayant pour
tâches de définir les grandes lignes d'orientation de la
coordination ;
V' Un Comité de Coordination, comme le
congrès le nombre de ces membres reste à
déterminer ; il a pour rôle de suivre et de sanctionner le travail
du comité exécutif dans l'intervalle de deux congrès ;
V' Un Comité Exécutif, il est
composé de neuf personnes élues par le congrès pour une
durée de 3 ans et a pour rôle de faire appliquer les grandes
lignes d'orientations définies par le congrès et de
représenter la coordination ;
V' Le secrétariat exécutif, une
branche du comité exécutif et est composé de 3 personnes
travaillant conjointement avec ce comité ;
V' Une Assemblée des
Délégués, composée de 60 personnes, elle
est formée à partir des délégués
mandatés par les organisations membres de la CODAB dans tout
l'Arrondissement. Au besoin, les membres de l'assemblée se
réunissent tous les 6 mois et ils ont comme principales attributions de
s'informer et d'informer les organisations membres à propos des
activités entreprises par la coordination régionale.
En outre, la technique d'appropriation du territoire par la
CODAB consiste à la mise en place d'un ensemble de comités
à tous les niveaux territoriaux (niveau urbain et rural). Il s'agit
d'une coordination par Commune qui regroupe une fédération par
section communale et une plate-forme par ville où sont
réalisées ses activités. Donc, ce sont 4 coordinations
communales, 12 fédérations Sections Communales et 4 plates-formes
villes qui forment la base de son existence. Par ailleurs, les organisations de
base sont membres des Fédérations de Sections Communales ou des
plates-formes ville et la population est liée à ces structures et
non directement à la CODAB. Sa structure générale de
représentation est bâtie à partir de la Figure 3.
Congrès ou Assemblée générale
Comité de coordination
Secrétariat exécutif
|
|
|
Comité exécutif
|
|
|
|
|
|
|
|
Assemblée des délégués
Coordinations communales
Fédérations sections communales
|
|
|
|
Plates-formes ville
|
|
|
Organisations de base
Membres
Figure 3 : Structure de
représentation de la CODAB Source : Enquête de l'auteur,
août 2008
Les membres de la CODAB font partie d'environ 400
organisations communautaires de base et de 3 catégories distinctes. Il
s'agit du Mouvement des Paysans de l'Arrondissement de Belle-Anse (MOPAB)
regroupant diverses catégories d'organisations d'agricultures des deux
sexes, du Mouvement des Femmes de l'Arrondissement de Belle-Anse (MOFAB)
formées uniquement à partir d'organisations de femmes, enfin du
Mouvement des Jeunes de l'Arrondissement de Belle-Anse qui regroupe des jeunes
de 15-25 ans. Cette forme de regroupements de paysans-agriculteurs est en
marche depuis l'existence de la CODAB en 2005, mais les 2 autres mouvements
(femmes et jeunes) n'existent qu'en 2007. Le mouvement des paysans et celui des
femmes représentent de vrais outils utilisés par les habitants
liés aux fédérations de Section Communale pour faire
passer leurs souhaits, mais le mouvement des jeunes n'est pas suffisamment
structuré. Toutefois, le dernier Recensement Général de la
Population et de l'Habitat a considéré la population
haïtienne comme étant jeune avec plus de 50 % âgée de
moins de 21 ans (IHSI, 2003). Cette caractéristique, étant
reflétée la situation générale d'Haïti, ce qui
a permis à l'organisation de porter une certaine considération
vis-à-vis de cette couche de la population.
D'après les déclarations faites par le
comité exécutif de la CODAB et celui des
fédérations de Section Communale, la coordination communale se
forme à partir de l'union de toutes les fédérations des
Sections Communales qui la composent et d'une plate-forme
ville en milieu urbain. Chacune des Communes
étudiées (Thiotte et Anses-à-Pitres) possèdent 2
Sections Communales, leurs coordinations communales comprennent trois
unités de base. Le nombre d'organisations communautaires membres d'une
fédération de Section Communale ou d'une plate-forme ville varie
avec la population de la zone et la quantité de personnes par
organisation communautaire est aussi variable. Environ 100 organisations
communautaires de 30-100 personnes sont membres des 2 fédérations
de Sections Communales étudiées. Le comité exécutif
d'une Fédération de Section Communale est formé de 7-9
personnes dépendamment du nombre d'associations communautaires paysannes
qui s'y trouvent. Les membres dudit comité sont élus
démocratiquement par la population membre faisant partie des
organisations communautaires qui se trouvent dans une Section Communale. La
durée du mandat d'un comité exécutif est de 3 ans et son
1/3 est renouvelé annuellement. La CODAB encourage la participation des
femmes dans le comité exécutif d'une fédération de
Section Communale à hauteur de 30 %.
4.2.3- Ressources, stratégies d'acteurs et
logiques d'intervention de la CODAB
L'existence de la CODAB est reliée à des
stratégies mises en place pour la mobilisation et la création de
biens communautaires dans ses zones d'activités. Ce processus
créatif de ces acteurs locaux s'inscrit dans la logique de F. Debuyst
(2001 : 118) qui conçoit la stratégie d'acteurs comme «
une démarche impliquant la conception et le mode
C11113Zli4IRRÇPCh4Pt.h44R3t.Fh4PFRFElÇéh4PSR3t.PEtteindre
un but ». Cette institution de
développement tient à valoriser les acquis
disponibles au niveau local en appliquant « des stratégies de
types relationnelles » répondant aux attentes des
bénéficiaires tout en impliquant ces derniers dans la conduite de
sa mission.
Les ressources et les stratégies de la CODA B reposent sur
3 grandes filières :
i. La caféiculture
Elle représente la plus importante source de revenus
des habitants de la zone. La CODAB s'engage dans cette filière à
travers la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement
de Belle-Anse (COOPCAB) qui possède un réseau de plusieurs
coopératives localisées dans 3, parmi les 4 communes couvertes
par les activités de la CODAB. Les détails concernant cette
filière économique se présente ultérieurement dans
l'étude.
ii. Le système crédit
L'Association des Banques Communautaires de l'Arrondissement
de Belle-Anse (ABCAB)42 est l'une des filières de la CODAB
qui offre des services particuliers, entre autres, aux organisations qui lui
sont affiliées. Elle est considérée comme l'une des plus
grandes banques communautaires de la zone par la disponibilité de ses
services d'épargne et de crédit à une couche importante de
la population. Composée de 78 Banques Communautaires dans tout
l'Arrondissement, son système de crédit couvre 95 % de femmes et
5 % des hommes. L'ABCAB met des fonds disponibles au profit de chacune de ces
banques communautaires qui sont utilisés pour aider les femmes. Ces
dernières sont bénéficiaires d'un système de
crédit43 pour encourager le petit commerce, l'élevage
et l'agriculture.
En 2008, environ 3 milles personnes des 2 sexes sont
bénéficiaires de ces formes de crédit fournies par cette
banque communautaire. Sous l'initiative de la CODAB, l'ABCAB a mis sur pied
depuis en 2006 un système de « crédit-élevage »
en impliquant 100 éleveurs pour l'achat des petits animaux
d'élevage domestiques (porc et caprins). Un montant de l'ordre de 5000
gourdes est accordé aux éleveurs pour l'achat de petits animaux
au renforcement de leur système d'élevage.
Les femmes membres d'associations affiliées à la
banque obtiennent leur crédit sous forme d'un système
dénommé « groupe solidaire ». Selon les informations
fournies par certaines femmes rencontrées, cette stratégie les
oblige à s'unir en un groupe de 5 personnes pour avoir accès
à un crédit remboursé au taux de 3 % par mois. La banque
garantie à chaque femme un dépôt mensuel de 1 % du montant
remboursé sur un compte d'épargne et le montant octroyé
à une femme bénéficiaire varie de 3000 à 50 000
gourdes44. Le montant est attribué en fonction d'une
évaluation individuelle sur la capacité d'absorption des
bénéficiaires pour garantir le remboursement. Cependant, au cas
où une femme bénéficiaire dans un groupe ne rembourse plus
son prêt, les autres membres de ce groupe perdent intégralement
leur montant disponible sur le compte d'épargne. Parfois, cette
situation débouche sur des conflits non seulement au sein du groupe
concerné mais aussi au niveau des organisations auxquelles les femmes
sont représentées. Lors de la réalisation des entretiens,
certaines femmes se plaignent de cette situation qui n'est pas toujours
à leur faveur ; c'est
42 Quoique localisée dans la commune de
Thiotte, l'ABCAB dispose ses services au profit de toute la population de
l'Arrondissement de Belle-Anse.
43 Crédit-commerçant,
crédit-éleveur et crédit-agricole
44 Un euro est égal à 50 gourdes
pourquoi, l'ABCAB possède comme perspectives de poursuivre
les prêts totalement de manière individuelle.
Mise à part ce système de crédit qui est
à la portée des femmes, elles se réjouissent de pouvoir
bénéficier des séances de formation sur des thèmes
comme l'équité de genre, les techniques d'animation et de
leadership. Annuellement, 2 à 3 séances de formation sont
organisées en leur faveur sous l'initiative de la CODAB.
iii. La transformation agro-alimentaire
La petite industrie agro-alimentaire est encouragée par
la CODAB à travers des minilaiteries de transformation du lait de vache.
Il s'agit des unités de transformation du lait, mises en place «
pour mieux valoriser la production laitière dans la zone en
encourageant particulièrement l'élevage de bovin, la gestion et
la protection des ressources naturelles ». Avant même
l'existence de la CODAB, une première industrie locale de ce type s'est
déjà mise en place par d'autres regroupements d'organisations
paysannes dans la 3ème Section Communale de Thiotte ; sa
présentation est faite à la partie 4.3.2.
Deux autres mini-laiteries de la CODAB sont en cours de
fonctionnement dans la 6ème Section Communale de Pichon et dans la
localité de Marre-Joffrey, respectivement des communes de Belle-Anse et
de Grand-Gosier. Les lieux d'implantation de ces unités de
transformation du lait de vache se fait en fonction de l'importance
particulière accordée à leurs habitants à pratiquer
l'élevage de bovins laitiers. Elles ont été
référées par un système de diagnostic
d'élevage réalisé par la CODAB avec la population locale
pour étudier la faisabilité et la viabilité des projets
avec une forte participation des femmes à en croire les
déclarations recueillies auprès des responsables du Mouvement des
Femmes. Les travaux de construction de la mini-laiterie localisée dans
la 6ème Section Communale de Pichon sont achevés
depuis la fin de l'année 2008. Sa gestion est attribuée par la
CODAB au Mouvement des Femmes de l'Arrondissement de Belle-Anse (MOFAB), sous
le contrôle particulier de l'Association des Femmes de Pichon.
Avec le financement d'Action Aid, de la
Fédération Luthérienne Mondiale, de l'OXFAM (3 ONG
internationales) et de la Coordination Régionale des Organisations du
Sud-est (1 ONG locale), la CODAB a déjà distribué à
75 femmes une vache de race laitière. L'animal est donné à
titre de dons à chaque bénéficiaire45 qui
s'engage à vendre exclusivement la production laitière à
la laiterie pour son prochain fonctionnement. Selon les
45 Les femmes bénéficiaires s'engagent
aussi à remettre le premier descendant de l'élevage à une
future bénéficiaire
informations recueillies auprès des responsables du
Mouvement des femmes, les premières bénéficiaires du
projet sont choisies suivant des critères définies avec les
organisations féminines et sans aucune influence de la CODAB. Le nombre
de femmes bénéficiaires d'une vache représente 60 % des
premiers bénéficiaires directs de la laiterie.
Ces trois grands pivots d'intervention et des logiques
d'existence de la Coordination des Organisations pour le Développement
de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB) permettent la création
d'emplois permanents ou temporaires partout dans la zone. Son appui est
donné au petit commerce, au secteur agricole et à
l'élevage des caprins et surtout de bovins laitiers. L'appui à la
création des mini-laiteries de transformation peut être
qualifié comme la mise en place des PME par la valorisation des
ressources locales.
4.2.4- Projets et/ou programmes accomplis par la CODAB et
participation des acteurs
Depuis environ 4 années d'existence (2005-2009), la
CODAB a toujours priorisé la prise d'initiatives communautaires dans
divers domaines et dans toutes les unités territoriales couvertes.
D'après les informations fournies par les responsables de la CODAB et
les habitants des Sections Communales, présentées au Tableau 4,
les activités de développement concernent les domaines du social,
de l'environnement et de l'économie paysanne.
Tableau 4 : Activités réalisées par
la CODAB dans la 3ème Section Communale Thiotte et la
2ème Section Communale Bois d'Ormes de 2005 à
2008
# Types Lieux Bénéficiaires
Exécutants
directs et indirects
1 7 Projets de réhabilitation de S.C.B.O
(4) et Population rurale ONG, CODAB,
routes agricoles S.C.T (3) F.S.C et O.C.B
2 2 Constructions d'écoles S.C.T 600
écoliers et ONG, CODAB et
communautaires population rurale O.C.B
3 8 Projets de conservation des
sols
5 Projet de distribution d'outils et
semences agricoles
S.C.B.O (4) et S.C.T (4)
S.C.B.O et
S.C.T
Population rurale CODAB, F.S.C et
O.C.B
Population rurale CODAB, F.S.C et
O.C.B
500 planteurs CODAB, F.S.C et
O.C.B
4 5 Projets de reforestation S.C.B.O (1) et
S.C.T (4)
6 1 Projet de crédit-élevage
S.C.B.O et 100 éleveurs ABCAB et O.C.B
S.C.T
Total 24 projets
F.S.C : Fédération de Section Communale
O.C.B : Organisation communautaire de base
S.C.B.O : Section Communale Bois d'Ormes S.C.T : Section
Communale Thiotte
Source : Enquête de l'auteur, août
2008
Ce Tableau regroupe 24 petits projets réalisés
dans la zone étudiée sous la direction de la CODAB depuis son
existence. Ils sont repartis en 9 projets sociaux, 13 projets environnementaux
et 2 petits projets pour l'amélioration de l'économie paysanne.
D'après les déclarations des responsables des
fédérations de Sections Communales et des
bénéficiaires directs rencontrés, ces projets
exécutés sont toujours identifiés à partir d'un
système de diagnostic local avec l'implication de la population via les
organisations de base. Après l'identification des problèmes, la
direction de la CODAB se charge de l'élaboration des projets et de leur
validation avec la population locale puis les soumettre à des ONG pour
le financement. Parfois, une organisation de base peut soumettre sa demande
à la CODAB qui elle-même se charge de rechercher le financement.
Dans les deux cas, l'exécution des projets est assurée par les
organisations communautaires paysannes sous la supervision de la CODAB. En
raison des exigences pour l'exécution des projets sociaux, des cadres
techniques externes sont soumis par les financeurs pour accompagner les
organisations paysannes. Les principaux partenaires financiers et techniques de
la CODAB sont : Action Aid International, la Coordination Régionale des
Organisation du Sud-est (CROSE), la Fédération Luthérienne
Mondiale (FLM), la Coopération de Suisse-Haïti et l'ONG allemande
GTZ.
Le budget de financement des activités est d'environ 11
000 euros pour les projets de reforestation et de 25 000 euros pour les projets
de conservation des sols et de réhabilitation de routes agricoles. Leur
durée d'exécution varie de 3-6 mois. Généralement,
la contribution de la population en ressources locales est autour de1 0 %.
V' Sur le plan social
Selon des données fournies par la direction de la
CODAB, quelques 61 kms de routes agricoles sont déjà
réhabilitées. D'une manière générale, la
réalisation de ses activités dans la zone engendre des effets
directs ou indirects sur la population bénéficiaire. Selon les
déclarations faites par les bénéficiaires, ses
activités créent un désenclavement de certaines
localités, ce qui permet aux agricultures de disposer une meilleure
facilité pour l'écoulement de leurs denrées agricoles vers
les marchés régionaux.
L'implication de la CODAB est aussi remarquable dans l'appui
au secteur éducatif et à des projets d'adduction d'eau potable
dans d'autres zones de son intervention. Sous son initiative, pas moins de deux
écoles primaires ont débuté leur fonctionnement en
septembre 2007 dans la 3ème Section Communale de Thiotte.
L'achat des terrains pour la construction de ces écoles, où les
enfants bénéficient de l'éducation gratuite était
assuré par la CODAB.
Dans un autre sens, la CODAB se charge d'appuyer certaines
familles monoparentales dont les plus pauvres à partir d'un programme
appelé « lien solidaire ». Ce programme vise à
aider un enfant par famille pour le paiement d'une partie de
l'écolage scolaire. Depuis 2006, quelques 10 000 familles membres
d'organisations communautaires reçoivent annuellement une modique somme
de 2500 gourdes avec le financement de ses principaux partenaires cités
plus haut.
Enfin, à partir de l'année 2008, la CODAB
participe à la gestion d'un programme de cantine scolaire dans tout
l'Arrondissement de Belle-Anse. Quelques de 30 écoles de la zone sont
bénéficiaires de ce programme, financé par l'État
haïtien et le Programme Alimentaire Mondiale (PAM). Le rôle de la
CODAB se situe dans la distribution de l'aliment aux écoles
concernées et de la supervision de la qualité de nourriture
distribué quotidiennement aux écoliers.
Les vacances d'été 2009 coïncident au
premier « camp d'été régional »
réalisé par la CODAB avec le soutien de la CROSE et du PAM. Cette
activité culturelle devrait réunir environ 500
élèves dont 75 proviennent des 2 unités territoriales
étudiées. Elle devrait permettre l'augmentation du niveau de
connaissances des bénéficiaires sur l'environnement et l'action
civique. Cette information est obtenue grâce aux communications
établies avec la direction de l'institution pendant le séjour en
Belgique.
V' Sur le plan environnemental
Pour les responsables de la CODAB rencontrés, les
projets exécutés dans ce secteur ont déjà
contribué à la protection contre l'érosion hydrique
d'environ 127 ha de terres. Les projets de reforestation sont concernés
par la plantation d'arbres fruitiers et forestiers (bambou, cèdre,
manguier et ananas, ...). De plus, la CODAB et ses organisations communautaires
membres, contribuent périodiquement à des campagnes de
sensibilisation pour la protection de l'environnement, d'une part et d'autre
part, elle participe aux campagnes de formation et de sensibilisation pour une
meilleure protection des populations les plus vulnérables aux
catastrophes naturelles. À travers cette dernière
activité, elle réalise conjointement avec ses partenaires un
programme d'éducation environnementale au profit des écoliers une
fois par an.
Selon les bénéficiaires rencontrés, ces
activités produisent des effets positifs sur l'environnement de la zone.
Les projets de conservation des sols, entre autres, permettent la diminution
des pertes des sols et entraîne une certaine amélioration des
parcelles de terres cultivées. Ils contribuent au mieux à la
protection de la vie et des biens de la population vis-à- vis des
catastrophes naturelles.
> Sur le plan économique
Le secteur économique est soutenu par la CODAB à
travers plusieurs formes de programmes en intégrant diverses
catégories de personnes. En référence au Tableau 4,
l'organisation a déjà mis réalisé un projet visant
l'amélioration de revenus des agriculteurs par la distribution des
semences, des outils agricoles et la prise en charge de la caféiculture
la plus importante source de revenus pour les agriculteurs. Les
activités de l'élevage sont également appuyées par
la CODAB à travers des programmes de distributions d'animaux vivants
comme caprins et bovins aux habitants. Les bénéficiaires ont
déclaré de l'augmentation de leurs revenus grâce à
ces activités.
Enfin, toujours dans le souci d'aider toutes les couches de la
population à améliorer leurs revenus, la CODAB a comme
perspectives d'appuyer le secteur de pêche marine et l'artisanat à
partir de la fin de l'année 2009. Ce dernier secteur d'activités
va contribuer à la valorisation de la culture locale.
À travers certains programmes comme la
réhabilitation des routes et la conservation des sols, la CODAB utilise
la main-d'oeuvre locale ce qui est bénéfique pour des chefs de
ménages ou des chômeurs par la création de petits emplois
temporaires pour subvenir à certains besoins primaires. Pendant
l'exécution d'un projet environnemental, généralement
l'organisation utilise en moyenne 18 équipes de 20 personnes à
raison de 125 gourdes par jour et par personne. Une seule personne peut
travailler pendant 15-20 jours.
À un certain niveau, toute cette dynamique d'actions
développée par la CODAB autour de ces secteurs
d'activités, lui a permis de suppléer aux actions de
l'État dans la zone. Cette situation semble appropriée à
l'idéologie soutenue par B. Husson (2001) autour de la pratique des
initiatives de développement local par des acteurs individuels ou
collectifs par la prise en compte des secteurs économique, social,
environnemental et culturel.
D'une manière traditionnelle, le choix des
bénéficiaires d'une activité de la CODAB se fait par les
représentants de la fédération de Section Communale ou de
la plate-forme ville conjointement avec les responsables des organisations de
base. La priorité est toujours accordée aux familles ou leur
situation est plus difficile. À travers ces projets
exécutés ensembles avec les membres des associations
communautaires, la participation populaire est utilisée comme
moyen puisque cette démarche influe sur l'efficacité des
projets (A. Jones, 2006). Cette stratégie d'intervention de ces acteurs
locaux, favorise l'intégration de toutes les catégories de
personnes dans la société (hommes, femmes et jeunes).
Actuellement, le Mouvement des femmes et celui des paysans de la zone en sont
les meilleurs bénéficiaires. La
population membre de ces deux mouvements affiliés aux
organisations qui forment la CODAB estiment adéquats leur niveau de
participation aux activités réalisées à leur
profit. Toutefois, les débats réalisés avec les
bénéficiaires ont permis de révéler certains points
faibles lors de la phase d'exécution des projets de conservation des
sols, entre autres. Les organisations se plaignent de ne pas suffisamment
participer à cette étape. Cette stratégie d'unification
des organisations communautaires de l'Arrondissement de Belle-Anse leur ont
permis de construire un territoire unique autour de toute la zone. Lors de la
réalisation des entretiens, il était important de s'informer que
les habitants associent leur fédération de Section Communale
à une « petite CODAB », c'est une manière de
témoigner leur implication à toutes les prises d'initiatives de
l'institution. Sa présence dans la « région » depuis en
2005, a permis l'arrivée de beaucoup plus de partenaires techniques et
financiers pour secourir aux besoins de la population locale et a
augmenté la diversité des actions de développement de la
paysannerie locale.
4.3- ÉTUDE DE CAS DE DEUX SECTEURS
D'ACTIVITÉS DES ORGANISATIONS PAYSANNES DE L'ARRONDISSEMENT DE
BELLE-ANSE
Dans cette partie de l'étude, sont
présentées deux filières d'activités importantes
prises en charge par la CODAB et par les organisations communautaires qui lui
sont membres. Le premier cas est lié à la présentation de
la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de
Belle-Anse (COOPCAB), localisée dans la 2ème Section
Communale de Bois d'Ormes et la seconde présentation concerne une
mini-laiterie, localisée dans la 3ème Section Communale de
Thiotte.
4.3.1- Présentation de la Coopérative des
Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle-Anse
(COOPCAB)
La Coopérative des Planteurs de Café de
l'Arrondissement de Belle-Anse (COOPCAB) ou « Koperativ Plantè Cafe
nan Awondisman Bèlans (KOPCAB) »46 rassemble un
réseau de coopératives situé dans la région
administrative de Belle-Anse d'Haïti. Fondée en juillet 1999, sous
l'initiative de 6 regroupements de producteurs de café et comprenait
près de 3000 membres, la COOPCAB possède en 2008, 4000
producteurs de café dont 800 femmes, regroupés sous forme de 10
coopératives. Ses stratégies d'intervention reposent sur 9
centres de traitement primaires gérés par les coopératives
de base et un centre de traitement final sous le contrôle de la
coopérative centrale qui en assure la liaison. Son siège social
se
46 C'est son appellation dans la langue créole
haïtienne.
trouve dans la Section Communale de Bois d'Ormes mais les
coopératives sont réparties dans 3 parmi les 4 Communes couvertes
par les activités de la CODA B.
La coopérative, étant l'une des filières
stratégiques et économiques de la Coordination des Organisations
pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB), cette
dernière lui apporte un appui institutionnel et organisationnel et s'en
charge aussi de lui soutenir financièrement. Le nombre de
caféiculteurs membres des coopératives de base ne cesse
d'augmenter en raison des avantages fournis par la COOPCAB. Lors des
entretiens, ces producteurs se sont déclarés
bénéficiaires de l'encadrement technique par des
séminaires de formation pouvant leur permettre d'augmenter leur
productivité. Chaque année, les caféiculteurs
reçoivent 3-4 séances de formation sur de nouvelles techniques de
plantation, sur la lutte contre les insectes nuisibles, sur le traitement de
café, etc. Selon leurs déclarations, ces séances de
formation sont réalisées grâce au financement de la CODA B
avec l'utilisation des coopératives de base.
La COOPCAB fournit certains supports logistiques et
matériels aux coopératives de base. Elle joue un rôle
majeur dans l'organisation de la filière en assurant le traitement
final, le marketing et la commercialisation du café. Des fonds de
roulement sont mis à la disposition de chacune des coopératives
de base pour permettre aux producteurs de vendre leur production au niveau de
leur localité. Les coopératives sont chargées de donner un
premier traitement au café à un taux d'humidité de 12 %
avant de l'acheminer vers le centre de traitement final. Une partie des fonds
mis à la disponibilité des unités de base proviennent de
la Coopérative d'Épargne et de Crédit (ABCAB) (une autre
filière d'activité de la CODAB). En 2007 et 2008, la CODAB a
effectué des prêts à un taux de remboursement d'environ 18
% l'an au niveau de la Banque de Crédit Agricole (BCA) pour secourir aux
coopératives de café. Toute cette dynamique certifie la
volonté de ces acteurs pour apporter leur support aux producteurs de
cette culture d'exportation qualifiée de l'or noir47 par
Alter Presse d'Haïti dans un article publié en 2008 autour de ce
sujet. Les coopératives de base ont eu leur reconnaissance légale
auprès du Conseil National des Coopératives (CNC) en 2008,
grâce aux démarches conduites par les responsables de la COOPCAB
en appui avec la CODAB.
+ Commercialisation du café par la
COOPCAB
Le café est commercialisé sous la forme
lavée. En 2009, la CODAB a trouvé un fonds pour permettre
à la disposition de la COOPCAB pour la commercialisation du café
torréfié. Ce fonds provient d'une organisation hollandaise du nom
de Fun De Progresso qui a octroyé
des prêts à la coopérative au taux de 8 %
par mois. Cette perspective de commercialisation du café
torréfié, a permis à la COOPCAB de
bénéficier de nouveaux partenaires techniques et financiers comme
la BI D, la Banque Mondiale, la Coopération de la Grande Bretagne et
Agronomes et Vétérinaires sans Frontières (AVSF).
Depuis son existence, la coopérative a eu «
comme mission de regrouper les planteurs
de café qui se trouvent dlLe/Ctl$trondissement de
Belle-$ gh/ChI/Cd'RLIlLnKshi/CllL/CfKlKgh /Chn /C trouvant un
marché pour les producteurs ». Elle s'occupe de la
commercialisation du café de ses membres vers les marchés du
Japon, de l'Italie, de la France, des Etats-Unis et du Canada sous les noms :
BLUE PINE FOREST et café du Morne la Selle. De 2004
à 2008, le prix de la livre de café est passé de 1.30 --
4.00 US $ en raison d'importantes négociations régulières
réalisées par les responsables de la COOPCAB avec des acheteurs
attentifs de café gourmet dans plusieurs marchés internationaux.
En 2008, les producteurs membres de la COOPCAB ont réjouit de
l'augmentation du prix de la livre de café et en ont profité pour
remercier tous les partenaires48 financiers et techniques de la
coopérative. Le café torréfié sera
commercialisé au prix de 2.50 -- 3 US $ par 500 grammes de produit. Ces
informations ont été fournies par les responsables de la
COOPCAB.
Le réseau de la COOPCAB est inscrit au registre de
FairTrade Labelling Organizations (FLO)49, ce qui l'autorise
à vendre également sur le marché équitable. La
période de traitement final et d'exportation du café
s'étend sur la période de décembre-août. En 2008,
l'exportation du café par la COOPCAB est estimée à 7
containers de 250 sacs/ 60 kg. Initialement, la coopérative de base
achète la livre de café entre 30-40 gourdes au près des
producteurs. S'il y a excédent après l'exportation, le surplus
est retourné à chaque producteur par la COOPCAB. À priori,
un producteur peur gagner quelques 30 000 gourdes pour une saison sur un
hectare de terres cultivées en café. Selon les données
fournies par les producteurs rencontrés, ce montant a été
au minimum doublé en 2008 à cause d'une ristourne
équivalente à 39 gourdes par livre de café qu'ils ont
bénéficié après l'exportation.
Avant le renforcement des coopératives de base et
l'organisation du marché par la COOPCAB, le café était
commercialisé de manière informelle à la frontière
haitianodominicaine. Pendant cette période, les Dominicains
achètent la livre de café autour de 18 gourdes et sans aucune
possibilité de bénéficier des ristournes.
48 Ces principaux partenaires sont : la Banque de
Crédit Agricole (BCA), la Fédération Luthérienne
Mondiale et Action Aid deux ONG internationales, la Coordination
Régionale des Organisations du Sud-est (CROSE) une ONG locale et
l'Ambassade du Japon en Haïti.
49 Fai rtrade Labelling Organizations International
(FLO), basé à Bonn en Allemagne, il regroupe des Initiatives de
commerce équitable labellisé en Europe, au Japon, aux Etats-Unis,
en Australie et Nouvelle Zélande, ainsi que des réseaux de
producteurs d'Amérique Centrale et Latine, d'Afrique et d'Asie.
L'État haïtien représente un autre acteur
intervenant dans la filière du café dans la zone de Belle-Anse.
Ses interventions sont opérées par le Ministère de
L'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural via
l'Institut National du Café d'Haïti (INCA H)50 qui a la
mission principale de travailler au développement dudit secteur. Depuis
sa création en 2003, l'INCAH a déjà réalisé
plusieurs programmes ou projets dans la région de Belle-Anse
axés, entre autres, sur la lutte contre les scolytes51 de
la cerise du café et un programme52 d'appui à
la compétitivité du café d'Haïti.
L'exécution de ses activités par l'État a impliqué
une certaine participation des réseaux de coopératives qui
charpentent la COOPCAB.
Bien que 60 % des coopératives de base existent avant
la Coordination des Organisations pour le Développement de
l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB), cette dernière joue un
rôle primordial quant aux supports fournis à la coopérative
centrale pour répondre aux exigences de la filière. Elle favorise
aussi l'arrivée de nouveaux acteurs qui se chargent de supporter
financièrement le secteur. Le projet de commercialisation du café
sous la forme torréfiée est l'oeuvre de la CODAB et il va
permettre au mieux l'amélioration des revenus agricoles des producteurs.
Elle favorise aussi l'organisation de la filière au
bénéfice des producteurs locaux de cette culture de rente.
4.3.2- Présentation de la mini-laiterie de la
Forêt-des-Pins
La mini-laiterie de la Forêt-des-Pins est une
unité de transformation du lait de vache, localisée dans la
3ème Section Communale de Thiotte dans l'Arrondissement de
Belle-Anse d'Haïti. Les premières tentatives pour la
réalisation de ce projet ont commencé en 2004 et les travaux de
construction ont été débutés en 2005.
Dans un rapport « d'étude sur le diagnostic de
l'élevage de bovins laitiers », réalisé en 2007
par le bureau régional du Ministère de l'Agriculture, le projet a
eu comme objectifs « d'apporter sa contribution à la
disponibilité de fourrages pour les herbivores pour une
50 L'Institut National du Café d'Haïti
(INCAH) est un organisme public, autonome à but non lucratif,
créé par arrêté présidentiel du 7
février 2003 suite à une campagne de mobilisation lancée
en 2001 par les différents opérateurs de la filière,
principalement les associations de planteurs et les ON G oeuvrant dans le
secteur café en Haïti. Il est placé sous la tutelle du
Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du
Développement Rural.
51 Le projet de « renforcement de la
stratégie de lutte contre le scolyte du café » est un projet
qui a été financé par l'UE à hauteur de 14 510 675
gourdes. Il visait le contrôle intégré du scolyte du
café par l'introduction de la lutte biologique et la
systématisation de l'utilisation des pièges. Le Ministère
de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural a
été l'un des exécutants de ce projet en partenariat avec
les réseaux des réseaux de coopératives.
52 L'Union Européenne représente l'un des
partenaires importants pour le financement de ces programmes en Haïti.
amélioration de leur productivité et la diminution
de la coupe anarchique des arbres par une meilleure valorisation de
l'élevage de bovins » (A. Jean-Baptiste, 2007 : 14).
Créée au mois de novembre 2006, ce sont des
organisations communautaires de base de la zone qui ont pensé à
l'implantation d'un système Agro-Sylvo-Pastorale. La Laiterie de la
Forêt des Pins SA est la propriété d'une instance
surnommée : SOCIÉTÉ ALLIANCE LAITERIE PRODUCTIVE qui est
affilié à la Coordination des Organisations pour le
Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB). Elle est
dirigée par un conseil d'Administration de 9 personnes dont un membre du
conseil exécutif de la CODA B en est le responsable financier. Un
directorat composé de 2 personnes est issu dudit conseil et dirige la
laiterie.
Les organisations communautaires qui ont introduit ce projet
étaient affiliées à la Fédération des
Planteurs de l'Arrondissement de Belle-Anse (FOPLAB)53 qui
elle-même a fournit le terrain pour son implantation. Après la
création de la CODAB en 2005, l'institution a contribué à
hauteur de 15 % dans les actions pour le fonctionnement de l'unité de
transformation54, d'après les déclarations faites par
les membres de son comité exécutif.
Au regard de ces objectifs, la zone environnante de la
Laiterie dispose d'environ 60 hectares d'herbes cultivées55
pour l'alimentation du bétail en association avec d'autres
espèces fruitières et forestières56.
Exceptionnellement, l'arrivée de la laiterie dans la zone a permis une
meilleure valorisation du lait de vache puisqu'avant, il était
pratiquement laissé au profit des géniteurs. Avec cette
unité de transformation, le lait de vache est devenu un outil
économique pour les éleveurs. De plus, ces derniers
bénéficient des encadrements techniques par
l'intermédiaire de plusieurs séances de formation et ils sont
regroupés au sein de l'Association des Éleveurs du Morne des
Commissaires (ASEM). Cette association fut créée sous
l'initiative de la laiterie pour favoriser des échanges entre les
éleveurs et comporte environ 100 éleveurs (A. Jean-Baptiste, 2007
: 14 & 15).
Les travaux de construction de la laiterie, le support en
matériels techniques et logistiques sont fournis par des ONG nationales
et internationales et l'État haïtien. L'ONG Veterimed, la Fondation
groupe 73 et la Fédération Nationale des Travailleurs Paysans
Haïtiens (FENATAPA) sont les principaux partenaires financiers et
techniques de la laiterie. L'État haïtien via le bureau
régional du Ministère de l'Agriculture a joué son
rôle en mettant à la disposition des responsables de la laiterie
10 génotypes de races améliorées depuis 2007
53 L'une des anciennes structures de regroupement
d'organisations qui a donné naissance à la CODAB
54 Les 15 % d'actions de la CODAB sont
équivalents à 60 000 gourdes
55 Les espèces cultivées sont : l'herbe
Guatemala, l'herbe Éléphant
56 Les espèces fruitières et
forestières sont l'avocatier, le pin et le bambou
pour favoriser la disponibilité en lait au profit de la
laiterie. Ces acteurs ont aussi assurés la formation des cadres
techniques pour le fonctionnement de la laiterie et pour les éleveurs
qui lui sont affiliés (A. Jean-Baptiste, 2007).
De part les stratégies générales de la
Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement
de Belle-Anse (CODAB) d'encadrer les organisations communautaires de base, elle
participe au renforcement SOCIÉTÉ ALLIANCE LAITERIE PRODUCTIVE
(organisation de gestion de la laiterie) et apporte sa contribution à la
formation des éleveurs.
+ Production de la laiterie
Dans le rapport préparé en 2007 par le bureau
régional du Ministère de l'Agriculture sur l'existence de la
laiterie, celle-ci est spécialisée dans la production de lait
stérilisé et de lait pasteurisé. De 2006-2008, la
quantité de lait transformée par jour est passée de 25
gallons57 à 60 gallons. Le lait stérilisé
fabriqué est vendu exclusivement au niveau local dans des bouteilles
d'une capacité de 10 oz au prix de 17 gourdes58 et sa
production a commencé depuis en novembre 2006. Par contre, il est vendu
à 25 gourdes au niveau des boutiques (A. Jean-Baptiste, 2007).
Quant au lait pasteurisé, sa production a
commencé en mars 2007 sous un partenariat avec l'État
haïtien par l'intermédiaire du Ministère de
l'Éducation Nationale. Il est produit dans des sachets d'une
capacité de 8 oz et est vendu au prix de 12 gourdes. Sa production est
destinée à servir le programme de cantine scolaire pour le compte
dudit Ministère au profit des élèves de façon
quotidienne. La livraison des produits transformés se fait à
domicile avec le support logistique de la Fédération
Luthérienne Mondiale (FLM), l'un de ses partenaires (A. Jean-Baptiste,
2007). La Coordination des Organisations pour le Développement de
l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB) assure la livraison du lait
pasteurisé aux écoliers par sa responsabilité de
gestionnaire du programme de cantine scolaire dans tout l'Arrondissement de
Belle-Anse.
Toujours en 2007, les résultats de l'étude
réalisée par la direction régionale du Ministère de
l'Agriculture, ont présentés les effets produits par la laiterie
de novembre 2006 à mai 2007. Les données obtenues à
travers cette étude ont montré d'importantes améliorations
à la fois sur les pratiques de l'élevage et sur
l'amélioration des revenus des éleveurs. Avec l'arrivée de
la laiterie, les éleveurs ont changé certaines pratiques du
système d'élevage pratiqué grâce aux séances
de formation qu'elles sont bénéficiaires. Les parcelles
d'herbes
57 1 gallon est égal 3.78 litres
58 Un euro vaut environ 50 gourdes
cultivées mises en place favoriseraient la
disponibilité de fourrages pour les bovins en période de disette
tout en contribuant à la réduction des pertes de sol par
érosion. Des calculs économiques effectués sur une
période de 6 mois de fonctionnement de la laiterie ont
révélé des revenus variant de 4, 479.00 gourdes à
14, 478.00 gourdes obtenus par un éleveur possédant entre 1-3
vaches en lactation (A. Jean-Baptiste, 2007 : 24).
Tout compte fait, malgré la diversité d'acteurs
identifiés à travers la présentation de la Coordination
des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de
Belle-Anse (CODAB) pour son existence, il est permis de dire qu'ils
construisent leur projet commun autour du développement de toute la
région administrative de Belle-Anse. Ils se font toujours le devoir de
s'unir autour de la construction d'un territoire. En vertu, de la conception
des habitants de deux Sections Communales, il est évident de dire que
toute la population de la zone construite leur identité collective
autour de toute la zone. Aucune situation de conflits n'a été
révélée par les responsables des organisations
communautaires avec la CODAB, non plus par les bénéficiaires
directs.
Globalement, les branches d'activités initiées
ou encouragées par les organisations communautaires paysannes dans
l'Arrondissement de Belle-Anse d'Haïti contribuent à
l'amélioration des revenus des habitants bénéficiaires de
leurs activités. Elles réalisent des projets durables qui
incluent une certaine appropriation de la population pour produire du
développement territorial. La continuité dans la prise en charge
du secteur caféiculture permet aux producteurs de
bénéficier des supports à différents niveaux ce qui
augmentent la productivité dudit secteur et l'amélioration des
revenus des caféiculteurs. L'innovation du secteur agro-industrie dans
la zone favorise l'implication des femmes dans cette sphère
d'activité. La participation des femmes est tout aussi encouragée
dans les prises de décision des organisations et dans l'exécution
des projets. La pratique de ces initiatives induit la participation populaire
à toutes les étapes de la mise en place des projets. Les
bénéficiaires seraient en situation de conduire la gestion des
activités grâce aux séances de formation reçue ;
cette forme de participation populaire est de type participatif (A.
Dumas, 1983 ; Jules Pretty et al., s. d.).
D'après ce qu'a annoncé J- P Platteau (2004 :
160), autour des pratiques « de détournements de fonds d'aide par
des élites locales », cette forme de regroupement d'organisations
dans la zone peut servir de référence pour l'exécution des
activités de développement au niveau local. La population locale
bénéficiaire n'est plus considérée comme un «
réceptacle » par rapport au modèle de
développement pratiqué jusque vers les
années 90. La CODAB via ses structures de base essaye
d'intégrer la population locale dans toutes les étapes
d'exécution de ses programmes et/ou projets exécutés, donc
un bon modèle de développement communautaire participatif.
Mise à part, les organisations paysannes comme acteurs
qui déclenchent les initiatives de développement endogène
via ces secteurs, l'État et les ONG apportent leur contribution au
niveau technique et financier pour la réalisation des activités
par les organisations paysannes. Les ONG demeurent des acteurs majeurs au
processus de développement en soutenant presqu'exclusivement les
organisations communautaires paysannes via la Coordination des Organisations
pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB).
CONCLUSION GÉNÉRALE
Le développement local est un processus qui implique
des interactions d'acteurs, motivés, à la recherche de synergie
pour produire le développement. Sa réalisation ne constitue pas
l'instauration d'un système « mécanique
élaboré à partir des politiques ou des programmes d'ordre
général » (F. Leloup et al., 2003 : 110). Il
représente un processus dont des pays comme Haïti doivent en
profiter.
Dans ce mémoire, la problématique de la
dynamique des associations paysannes en Haïti et le développement
local ont été abordés par une étude de cas au
niveau de l'Arrondissement de Belle-Anse. L'appréhension de cette
problématique se réalise grâce à certaines
théories du développement local et de la participation
populaire.
Comment les associations paysannes de l'Arrondissement de
Belle-Anse contribuent- elles au développement des Sections Communales
de 3ème Thiotte et 2ème Bois d'Ormes ?
Telle a été la question fondamentale de l'étude.
Cette question a permis de proposer la réponse suivante
: les stratégies d'intervention mises en place et pratiquées par
les associations communautaires pour l'exécution de leurs
activités favorisent le développement local dans ces
unités territoriales haïtiennes. Globalement, cette
hypothèse est confirmée.
Vu l'utilité de la décentralisation pour
réaliser le développement local par l'acteur public, sa dimension
économique est présentée à travers un passage
historique pour comprendre la situation actuelle. Les résultats ont
montré la volonté manifestée par l'État central
pour mettre en place ce processus capital pour la réussite du
développement local. Cette volonté peut être
témoignée à partir de la promulgation de lois en la
circonstance et de son encouragement à mettre sur pied deux programmes
de développement via certains bureaux des services
déconcentrés. Ces programmes soutiennent la participation des
autorités locales issues du pouvoir décentralisé et de la
société civile en l'occurrence les organisations communautaires
paysannes dans toutes les étapes de la mise en oeuvre des projets
identifiés par ces programmes. Certains projets de développement
financés par l'État et appropriés par la population dans
les Sections Communales de 3ème Thiotte et de
2ème Bois d'Ormes touchent les secteurs de l'économie,
du social et de l'environnement. Mais, des faiblesses ont été
identifiées quant à la contribution de l'acteur public à
la mise en disponibilité de certains services de base pour la
population.
Après l'État, comme acteur contribuant au
développement de ces Sections Communales, la société
civile représente un acteur important. Les organisations communautaires
paysannes demeurent l'un des acteurs de la société civile
favorisant le développement endogène de cette zone. Pour la
construction de leur territoire au niveau de tout l'Arrondissement de
Belle-Anse, formé de douze Sections Communales, les organisations
communautaires paysannes se regroupent au sein de la Coordination des
Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse
(CODAB). Depuis en 2005, les stratégies d'intervention de la CODAB via
ces organisations membres permettent la participation de la population locale
qui elle-même est liée directement aux organisations paysannes.
Les projets exécutés par la CODAB et les
organisations communautaires de base touchent le niveau social,
l'économie paysanne et l'environnement en impliquant toutes les couches
de la population (les paysans, les jeunes et les femmes) à toutes les
étapes d'exécution des projets. Certains projets comme la petite
industrie agro-alimentaire via des laiteries de transformation du lait de vache
constituent des projets durables appropriés par la population pour
produire du développement territorial. À l'image des structures
décentralisées mises en place par la CODAB et leur niveau
d'implication dans la planification des grandes lignes d'orientation et
d'intervention de l'institution, les associations paysannes dans cette zone de
la République d'Haïti interviennent dans un style original qui
mérite beaucoup d'appréciation.
Enfin, les bailleurs de fonds nationaux et internationaux
constituent le troisième groupe d'acteurs importants au
développement local dans l'Arrondissement de Belle-Anse de la
République d'Haïti. Ce sont eux qui financent quasi-totalement
toutes les initiatives de développement initiées par les acteurs
locaux. Leur financement passe à travers les organisations
communautaires ou à travers l'État central. La structuration des
organisations au sein de la CODAB favorise progressivement l'arrivée de
nouvelles ONG dans la zone.
Malgré les limites de l'étude qui consistait
à analyser uniquement des données qualitatives et sa
portée sur un échantillon de population jugée insuffisant,
elle mérite toute son appréciation et peut servir de boussole
pour susciter d'autres acteurs dans chaque région administrative du pays
à s'unir pour reproduire ce même modèle de
développement communautaire.
Toutefois, certaines modifications seraient utiles quant au
renforcement davantage des organisations communautaires de base
affiliées à la CODAB, surtout celles des femmes, la
structuration du mouvement des jeunes et la meilleure
participation des organisations à l'exécution des projets de
développement. Tous les acteurs de développement
identifiés pour la construction de ce modèle de
développement territorial, seraient appelés à encourager
davantage le développement de la culture locale.
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