INTRODUCTION
L'accélération de l'urbanisation dans l'Aire
Métropolitaine de Port-au-Prince (AMP) impose un mode de fonctionnement,
à ses résidents, dont l'un des éléments qui le
constitue est le système de transport en commun qui met en rapport
l'offre et la demande de transport. A ce sujet l'offre laisse à
désirer en raison du mauvais état, de l'insécurité,
de l'inconfort qui caractérisent les moyens de transport. Et la demande
reste insatisfaite du fait que les captifs du système sont non seulement
victimes de la mauvaise qualité de l'offre mais aussi de la congestion
routière qui implique une très faible vitesse, une diminution du
débit, un coût social (celui de la surconsommation de carburant et
surtout des pertes de temps qu'elle occasionne). C'est dans cette ambiance
qu'évolue le transport en commun et son image, selon toute
vraisemblance, est une projection de la réalité de l'offre des
services dans l'AMP.
L'une des scènes les plus humiliantes à
assister, dans le décor port-au-princien, surtout aux heures de pointes,
est la manière utilisée par les captifs des moyens de (TC) pour y
accéder. D'aucuns pensent que cela devait attirer l'attention des
pouvoirs publics, puisque partout ailleurs, le (TC) caractérise le
dynamisme de la mobilité de masse, assure l'accessibilité
minimale aux centres et est moins coûteux, sur les angles
économique, spatial, social et environnemental.
De ce point de vue, il participe à la forme urbaine ou
à l'organisation spatiale en termes de répartition
géographique de la population par rapport aux différents centres
d'activités économiques de la ville. Les pouvoirs publics, dans
cette logique, doivent être incités à le considérer
comme un élément indispensable de développement et
d'organisation de l'espace urbain et en conséquence mérite (au
même titre que les composantes de l'emploi et de la démographie)
des études, enquêtes et analyses tendant à assurer de
façon durable, le droit au transport des résidents de l'Aire
Métropolitaine de Port-au-Prince.
Cette finalité de l'étude nous
amène à deux objectifs : a) Montrez l'urgence de planifier
l'urbanisation de l'AMP pour faciliter d'ici 15 ans une meilleure
accessibilité aux centres b) Soulignez à l'attention des
pouvoirs publics la voie à suivre (en termes de modèles) pour
assurer le droit au transport des captifs du transport en commun.
Trois (3) parties, regroupant sept (7) chapitres,
explicitent globalement les objectifs de l'étude :
A la première partie - où le cadre
méthodologique de l'étude est élaboré - deux (2)
chapitres sont rédigés. Le premier fait ressortir l'ensemble des
problèmes confrontés par des utilisateurs de la voirie,
particulièrement des captifs du TC tout en présentant,
succintement, la situation de l'offre des TC dans l'AMP. C'est aussi dans ce
chapitre que sont présentées les hypothèses de notre
étude. Le second chapitre traite de la revue de littérature
où quatre (4) oeuvres de trois (3) auteurs différents ont fait
l'objet d'une analyse critique qui nous a orienté vers deux
méthodes en guise de marche à suivre pour donner un
caractère scientifique à l'étude. Il s'agit
de : `' la méthode de l'étude des traces'' et la
méthode prospective qui résident, respectivement, dans
l'observation ou la recherche et dans la prévision en termes de
projection sur le temps.
A la deuxième partie - où le cadre
théorique et conceptuel est bâti - deux (2) autres chapitres sont
conçus. Le troisième chapitre développe la théorie
des lieux centraux et la théorie des services publics. Il évoque
en ce sens l'approche socio-économique et spatiale qui fait de la
distance à franchir un élément fondamental dans les
interactions de la ville en raison des coûts qu'elle entraîne. Le
quatrième chapitre fixe les idées concernant l'utilisation de
certains concepts qui, dans l'étude, peuvent prêter à
confusion.
A la troisième et dernière partie de
l'étude nous arrivons à notre cadre d'analyse. Trois (3)
chapitres y sont insérés. Le cinquième analyse les
structures démographique, urbaine et économique de la ville de
Port-au-Prince. Dans ce chapitre, on a considéré tout ce qui est
susceptible de faire croître la population de l'AMP dans les dix à
quinze années à venir. Cela a amené au sixième
chapitre où la demande de TC des personnes, eu égard à la
tendance démographique future de Port-au-Prince, est projetée.
Cette projection, au septième chapitre, est analysée dans un
contexte de simulation et a permis de prévoir les éventuelles
mesures à adopter par les pouvoirs publics pour l'efficacité de
la fourniture du service des TC. En effet, le droit au transport relève
de la compétence des pouvoirs publics. Tout un train de mesures est,
alors, analysé et suggéré.
PREMIERE PARTIE : CADRE MÉTHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE ET
HYPOTHÈSES.
1.1.- Introduction
L'étalement de l'AMP se fait sentir au jour le jour
avec pour corollaire l'allongement des distances à parcourir.
Contrairement à des régions métropolitaines d'autres pays,
elle s'étale dans un grand désordre urbanistique. Mais, comme
toutes les régions métropolitaines, elle étend toujours
plus loin sa domination. Dès lors, se pose le problème de la
mobilité (le rapport de l'offre et de la demande de transport). Ses
résidents sont obstinés à trouver, d'abord comment relier
dans un temps relativement court leur lieu de résidence et le Centre des
Affaires et, ensuite, le moyen de transport qui leur permettrait d'arriver plus
vite à destination.
L'automobile conçue à cette fin malheureusement,
n'est pas à la portée de tous. De plus Port-au-Prince est une
ville à faible revenu. Même la possibilité de payer le
service d'un moyen de transport en commun serait très limitée
dans cette ville où le ratio de dépendance économique
(inactifs +chômeurs/actifs occupés) est de 156.4%1(*). Mais tous ont des motifs de
déplacement différents qui nécessitent le service d'un
mode de transport. Alors, il est à se demander, si le système de
transport en commun, lui même, répond convenablement à
l'attente des usagers ?
Une tentative de réponse à cette question
renvoie aux différents problèmes qu'affronte et pose le transport
urbain à Port-au-Prince.
1.2.- Diagnostic de la situation actuelle du
transport urbain à Port-au-Prince.
Le transport urbain à Port-au-Prince aurait
concerné environ une population de plus de 2.000.000 habitants selon
les données tirées de l'IHSI. De zéro à 65 ans et
plus, cette population utilise la voirie à des heures et des jours
donnés selon des motifs différents via des modes de transport.
Actuellement, 2003 on ne peut pas se dire exactement le nombre de
déplacement quotidien ni le choix de mode prioritaire. Toutefois, des
études antérieures menées par une firme d'étude
étrangère pour le compte de l'Etat haïtien évaluent
la demande de TC des résidents de Port-au-Prince à des taux de
croissance annuelle de 8.1% entre (1975 - 1981) et de 7.9% entre (1981 - 1991).
Alors que les taux de croissance pour la demande de transport par
véhicule privé, pour les mêmes années, sont de 10.4%
et 10.2%.2(*)
Les déplacements, au moyen de ces modes de transport
pour Port-au-Prince étaient respectivement de 39% pour les
véhicules privés et de 47% pour les véhicules de transport
en commun.3(*)
A propos de ces derniers, il faut mentionner un laisser
aller ; les véhicules y afférents sont pour la plupart
inappropriés, inconfortables. Jusqu'à date à notre humble
connaissance il n'y pas de mesures étatiques ou gouvernementales qui
rappellent ou définissent les limites de la qualité de l'offre.
Au contraire, l'inconfort de l'offre s'empire avec des moyens de transport
comme le « rachepwèl et le kokorat4(*) ». Deux titres
significatifs de l'entière déception et de la résignation
des usagers. Parallèlement, des services de transport du type de `'
Service Plus'' `'Transter'' et `'Transvert''5(*) viennent offrir, apparemment un meilleur service aux
usagers de T.C avec un nombre limité de véhicules. A cela il
faut ajouter un nombre considérable de motocyclettes et de bicyclettes
non recensées. Il faut mentionner que, même pour le parc
automobile, on a que des données approximatives quant à
l'effectif réel des différents modes de transport et qui ne sont
pas à jour. Toutefois, le tableau 1.1 donne une idée de ce qu'il
aurait été.
Tableau 1.1.- Parc d'automobile de l'AMP en nombre et %
respectifs des différents modes et de leur augmentation (années
1975, 1996).
Modes de transport
|
Année 1975
|
Année 1996
|
Augmentation
|
Nomb
|
%
|
Nombre
|
%
|
%
|
Voiture privée
|
13624
|
66.33
|
36454
|
70.16
|
167.57
|
Véhicule T.C
|
4163
|
20.27
|
8954
|
17.23
|
115.08
|
Autres*
|
2751
|
13.40
|
6552
|
12.61
|
138.16
|
Total
|
20538
|
100
|
51963
|
100
|
153
|
Sources de données :
MTPTC et Service de la Circulation
*Autres : désigne les véhicules
affectés aux transports de marchandises, au service de certaines
institutions etc.
Si le nombre de véhicules motorisés
n'intéresse pas trop des institutions créées à cet
effet, pour la marche à pieds cela est pire.
La carence de données récentes, à ce
propos, fixe d'avantage les observations et recherches sur la circulation des
véhicules et sur le réseau routier défonçé
de l'AMP. Lionel F. Henriquez dans un de ses textes datés de Septembre
1998 intitulé : Infrastructures et équipements de
transport urbain présente le réseau routier de
Port-au-Prince comme étant le plus sollicité des réseaux
du pays mais qui fait face à des problèmes de capacité.
A contrario, écrit-il, les voies créées
au cours de récents processus d'urbanisation sont construites avec des
largeurs d'emprise beaucoup plus faibles et remplissent une fonction ne
correspondant pas à leur géométrie. Il les
caractérise en des voies remplissant des fonctions d'artère
urbaine principale, de collectrice, de voie de quartier, (...) trop souvent
sans trottoir. Et dans son souci de comparer les réseaux urbains des
pays développés et des pays non développés, il a
présenté le tableau que voici :
Tableau.1. 2.- Comparaison de la hiérarchie des
composantes d'un réseau routier urbain et des équipements de
transport entre pays développés et pays non
développés
Niveau hiérarchique
|
Transports individuels
Automobiles
|
Transports collectifs
|
Transport non motorisés
|
Supérieur
|
·Autoroute
·Voies Express
Inexistantes à Port-au-Prince
|
·TC en site propre : Tranway,
Métro, Train de banlieu.
Inexistants à Port-au-Prince
|
·Pistes cyclables
·Rues piétonnes
Inexistantes à Port-au-Prince
|
Principal
|
·Voirie principale
Existante mais sans les caractéristiques physiques
qui conviennent
|
·TC partiellement protégé.
Autobus sur couloir réservé, tramway
Inexistants à Port-au-Prince
|
·Cheminement principal piétonnier, piste
cyclable
Inexistants à Port-au-Prince
|
Secondaire
|
·Collectrices
Existantes mais sans les standards correspondant à
de telles voies
|
·TC sur site banal : autobus urbain, minibus,
transports semi-collectifs
Port-au-Prince : tap-tap, camion, pickup taxi,
moto-taxi
|
·Cheminement collecteur
Inexistant à Port-au-Prince
|
Local
|
·Voirie de desserte de quartier.
Voirie existante, très souvent non revêtue,
avec des emprises réduites ou très faibles.
|
·Minibus et autres transports semi-collectifs.
Port-au-Prince peu ou pas
|
·Cheminnement de desserte locale
Inexistant à Port-au-Prince
|
Source : Lionel F. Henriquez, Infrastructures et
équipements de transport urbain « tiré
dans Ph. H. BOVY, Ecole Polytechnique de Lausanne, Suisse.
1981 »
Le réseau routier de l'AMP jusqu'en 1996 comptait
600 kilomètres de voie dont 240 kilomètres de rues revêtus
(2/3 en bicouche, 1/3 en béton bitumeux, béton hydraulique et
adoquins)6(*). Maintenant
avec les travaux d'amélioration de la route de carrefour jusqu'à
Bizoton 53, les travaux de réhabilitation de plusieurs rues, les travaux
de reconstruction et de prolongement de la rue du Champs de Mars, de Delmas 33,
de la route rail à carrefour, de la rue Bois Patate à
Canapé Vert, de la route de l'Aéroport, reliée à
celle du 15 Octobre, le réseau s'agrandit.
Cela n'a pas pu toutefois enrayer la congestion des voies
principales, ni non plus atténuer la pénibilité des
trajets. Aucun espace n'a jamais été aménagé
à la circulation des cyclistes, bien que la topographie de
Port-au-Prince ne s'y prête pas trop. En 1975 déjà, le
mouvement des véhicules dans l'AMP dessinait le spectre de la congestion
d'aujourd'hui en l'absence d'infrastructures adéquates. Il est à
noter qu'à l'époque Port-au-Prince produisait 64% de tous les
voyages en Haïti et presque la moitié du total des transports se
faisait dans Port-au-Prince.
Tableau 1.3.- Répartition du mouvement des
véhicules par type de transport
|
Véhicule privé
%
|
Véhicule publics
%
|
Véhicules de marchandises
%
|
Total
|
Nombre
|
%
|
Port-au-Prince - Autre*
|
39%
|
47%
|
14%
|
5888
|
16
|
Autre - Autre
|
34
|
48
|
18
|
8402
|
22
|
Intériur - Port-au-Prince
|
26
|
62
|
12
|
18150
|
48
|
Intérieur - Autre
|
35
|
44
|
21
|
5165
|
14
|
Total
|
11680
|
20326
|
5599
|
37605
|
100
|
Pourcentage
|
31
|
54
|
15
|
100
|
Sources : MTPTC
* Autre désigne les villes de province chefs lieux
d'arrondissement des principaux départements.
Sans parler, en profondeur, du trafic induit par le transport
des villes de province, une enquête menée auprès d'un
échantillon représentatif de chauffeurs de tap-tap sur la route
de carrefour a permis d'identifier aux heures de pointe les causes suivantes
comme responsable de l'embouteillage du réseau routier de
Port-au-Prince : l'indiscipline des chauffeurs, l'étalage de
marchandises à même la chaussée dans les zones de
marché, des tas d'immondices jetés sur la chaussée et/ou
apportés par des averses ; l'occupation des trottoirs par des
cahutes ou étalages (à ce propos voir annexe I et II), le
dépôt des matériaux de construction sur la chaussée,
l'insécurité des rues (le banditisme social), le
dysfonctionnement des feux de signalisation, les nids de poule
créés par les travaux de la CAMEP et de la TELECO,
l'exiguïté de certaines voies du réseau et enfin,
l'improvisation çà et là de gares routières en des
lieux non appropriés. L. F. Henriquez, dans son texte : Le
transport et la circulation dans l'agglomération de
Pétion-Ville, fait ressortir que « les principaux
problèmes du transport collectifs ne sont pas seulement liés
à la déficience de la gestion de la circulation, à la
carence d'une bonne régulation, à l'absence de la coercition mais
aussi et surtout au mode d'exploitation des TCU ». Des handicaps tout
à fait inconcevables dans la circulation routière ajoutés
aux "pointes normales" causées par des migrations alternantes.
D'autres motifs de déplacements sont aussi responsables
des pointes. Ils ne représentent qu'une minorité mais constituent
la part majeure de la mobilité tout au long de la journée. Ce
sont : les déplacements scolaires, les déplacements
effectués dans le cadre de la vie professionnelle, les
déplacements d'achat, les déplacements de loisirs et les
déplacements d'accompagnement
Tout cela complique le déplacement des captifs du
tap-tap. Anxieusement, aux heures de pointes, sur tous les circuits du
réseau routier de TC à Port-au-Prince, ils espèrent
prendre place à bord d'un tap-tap. Ils se bousculent, s'injurient tout
en bondissant massivement vers le ou `'les lieux'' (portes et fenêtres) y
accédant. Et le chauffeur ne perd pas son temps à observer leur
calamité. Il s'en soucie guère. Seulement, il veut s'assurer
que son tap-tap soit rempli d'usagers (au-delà de sa capacité
d'accueil) qu'il espère débarquer au plus vite, afin qu'il ait le
temps de réaliser un autre voyage. Voilà pourquoi souvent il
scinde et rescinde le circuit "légalement proposé". Et, si son
calcul lui permet de percevoir qu'avec l'embouteillage il ne fera pas le voyage
dans le temps escompté, il triple ou quadruple le "tarif légal
"que l'usager aurait dû lui payer au trajet.
Il procède, ainsi, à l'instar du vendeur ou de
l'employeur sur un marché monopolistique qui essaie de tirer profit de
la situation désespérée d'un affamé ou d'un
chômeur. (cf. L-N Tellier, 1994,81-84). En effet, à certaines
heures du jour, quelque soit le jour, le chauffeur de tap-tap (témoin
des difficultés auxquelles s'expose l'usager et imbu de ses
anxiétés quant aux risques éventuels encourus selon
l'heure, l'origine et/ou la destination) entreprend des tractations pour faire
payer aux usagers le tarif le plus élevé. Ainsi de cinq (5)
gourdes, le chauffeur fait payer le trajet à vingt et cinq (25)
gourdes.
Un surplus du consommateur évalué à vingt
(20) gourdes. Vingt gourdes de plus, sur le marché concurrentiel du TC
à Port-au-Prince, que l'usager accepte ou est prêt à payer
pour arriver à destination plutôt que de rester bloqué. Or,
d'après l'IHSI, "le revenu annuel par tête vaut, pour l'ensemble
du pays, huit mille cinq cent trente -six gourdes (8,536.6 gourdes) et se situe
en-dessous du revenu annuel par unité de consommation, soit douze mille
cinq cent quatre-vingt -trois gourdes (12,583.7 gourdes)." 7(*) Qu'adviendra t-il de la
mobilité d'un nombre d'usagers dont leur revenu vaudrait leur salaire et
quand on sait que le salaire de base est à soixante et dix gourdes (70
gourdes) par jour ?
1.3.- Hypothèses
Les résultats préliminaires du quatrième
recensement affirment que l'AMP absorbe plus d'un tiers (39%) de la population
totale du pays. Selon l'Enquête budget - consommation des ménages
(EBCM 1999-2000) publié par l'Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique (IHSI) ; la population de l'AMP est estimée à
59,3% de la population urbaine du pays. Les autres villes ne comptent,
seulement, que 15% et le monde rural 64%. Cette même publication permet
de constater que loin de vieillir la population de l'AMP présente toutes
les caractéristiques d'une jeune population. Elle compte 31.2%
d'individus qui ont moins de 15 ans, 65.1% de ceux dont l'âge est compris
entre 15 à 64 ans et 3.7% de ceux âgés de 65 ans et plus.
Comparée aux autres milieux de résidence, l'AMP connaît le
taux de chômage ouvert le plus élevé (20.4%) contre (9.7%)
pour les autres villes et (2.7%) pour le milieu rural.
Même dans deux (2) décennies la tendance peut
être, encore, la même surtout si l'on tient compte du flux
migratoire (en raison de l'effet revenu et des opportunités de services)
et du taux de natalité (eu égard aux progrès de la science
médicale sur le MST/SIDA). En conséquence la demande de transport
en commun sera à la hausse. Alors si l'évolution spatiale de
l'AMP continue dans le non-respect des normes d'urbanisme et si le
système de transport en commun n'est assujetti à aucune forme de
gestion partenariale : public- privé (PPP) d'ici 15 ans le droit au
transport des usagers ira de mal en pis jusqu'à provoquer une
réduction de la mobilité en raison de la mauvaise qualité
des services de l'offre, de l'insuffisance de l'offre et, du bas revenu des
ménages.
Ces hypothèses s'inscrivent dans une
démarche prospective de la demande de transport. A ce sujet, nous avons
passé en revue des textes complémentaires mais qui approchent
différemment le transport routier urbain.
CHAPITRE II.- CHAMP THÉMATIQUE ET APPROCHES
MÉTHODOLOGIQUES.
2.1.- Introduction
Les textes et livres consultés
permettent de circonscrire la démarche de l'étude dans un cadre
scientifique de transport urbain. Ils sont tour à tour
méthodologique, du fait qu'ils ont tracé les étapes
indispensables à franchir pour arriver à une bonne gestion du
transport urbain et, théorique en raison des idées et
réflexions émises par chaque auteur dans sa démarche pour
structurer `'la pensée du transport'' en proposant des paradigmes
à des fins d'analyse du système de transport dans les villes.
Des oeuvres de quatre auteurs sont alors analysées. Il
s'agit des oeuvres : a) Effet du vieillissement
démographique sur la demande de transport dans la région
métropolitaine de Montréal, 1986-2011 de Yves
Bussière, b) Démogaphie et prospective de la demande de
transport des personnes : le cas de Marrakech de Yves Bussière
et Jeanne M. Wolfe c) Les transports urbains de Pierre Merlin et, d)
Economie urbaine et régionale (Logique spatiales des mutations
économiques) de Mario Polèse.
L'analyse résumée de ces oeuvres nous a permis,
d'abord, de dégager l'orientation de notre méthodologie et,
ensuite, de situer théoriquement l'analyse de notre étude.
2.2.- Revue de littérature
2.2.1.- Analyse des textes de Yves
Bussière
Yves Bussière dans deux (2) de ces textes
publiés tour à tour, en 1990 et 1995, dans les `'cahiers
québécois de démographie'' et dans l'ouvrage
collectif intitulé : `'L'urbanisation des pays en
développement'' avec la collaboration de
Sylvain Lefebvre sous la direction de Mario Polèse et Jeanne M.Wolfe a
pu développer en guise de méthode : le modèle de
projection de la demande de transport.
Dans les deux (2) textes, il est alors question des
comportements de transport des populations Montréalaise et de Marrakech
qui sont déterminants dans la demande future de transport laquelle, dans
une région métropolitaine, ne dépend pas de la simple
croissance ou décroissance démographique. D'autres facteurs,
comme les caractéristiques socio-économiques des ménages,
les motifs de déplacement etc. sont pris en compte et des
modélisations, en guise de scénario, sont émanées
de ces facteurs là pour pouvoir dégager un certain nombre de
tendances. Ainsi, l'auteur arrive à schématiser la relation entre
démographie et comportements de transport en faisant interagir les
variables : âge, sexe, région, mobilité et mode de
transport. Tout ceci, intègre la formule mathématique (cf p.18)
de la demande de transport pour différentes régions à
partir d'une année de base en comparaison avec des années
futures.
Cependant, bien que les habitudes de transport semblent
être les mêmes « tant dans les villes du Nord que dans
les grandes villes du Sud » (Montréal et Marrakech par
exemple) les prévisions ne s'articulent pas autour des mêmes
paramètres en raison surtout des conditions socio-économiques
différentes. Si pour Montréal une croissance démographique
liée à la poursuite de l'étalement urbain peut stimuler la
progression de l'automobile au détriment du transport en commun, pour
Marrakech, l'ampleur des pressions démographiques et sociales met en
rapport les orientations des déplacements et la forme urbaine.
2.2.2.- Analyse de l'oeuvre de P. Merlin
Le livre de Pierre Merlin " Les transports urbains"
édité par les Presses Universitaires de France en 1992 dans la
collection Que Sais-je ? permet de cerner plusieurs dimensions du
transport urbain.
Depuis l'Antiquité à nos jours, on a pu
comprendre que le transport joue un rôle déterminant dans la
dimension spatiale des villes et en conséquence entraîne des
enjeux humains, économiques et environnementaux. En ce sens, des
méthodes de planification urbaine sont nécessaires pour
l'adéquation du système de fonctionnement de la ville. Des
données de l'offre et de la demande sont alors importantes pour assurer
le droit au transport de tous les citadins. Entendons par là, une
réduction des inégalités qui consiste dans un
système de transport commode pouvant faciliter aux citadins
l'accessibilité à tous les secteurs de la ville. C'est pourquoi,
au niveau de la demande, la démarche classique est imparfaite
puisqu'elle permet de recenser par enquête auprès des
ménages que les déplacements réalisés tout en
négligeant les déplacements éludés (latents). Il
faut pouvoir connaître la demande réelle résultante des
demandes réalisée et latente. De même que pour l'offre, la
démarche classique n'est pas suffisante. Pour trouver des informations
adéquates, en ce qui concerne le transport en commun, il faut recourir
surtout à des sociétés d'exploitation du système et
en ce qui concerne les transports individuels, faute de source fiable, il est
recommandé de procéder à partir des ventes annuelles.
Ainsi, la planification du transport urbain implique
l'étude et l'analyse économiques d'un ensemble de projets qui
doivent prévoir des flux de déplacements incorporés
à la capacité des infrastructures existantes pour pouvoir
déterminer les infrastructures supplémentaires souhaitables. Il
devient évident, à ce niveau, de définir l'ordre de
priorité des infrastructures et de tester leur rentabilité.
L'auteur souligne que la rentabilité financière ne suffit pas. Il
faut la dépasser, en mettant au point ou en adoptant des méthodes
de jugement adaptées comme les méthodes :
coûts-bénéfices, coûts-avantages, analyses
multicritères.
En effet, il ne saurait être question de simple profit
financier. Il faut, dans le domaine des transports urbains, déduire des
profits à caractères sociaux et humains, environnementaux et
spatiaux. Le rôle du planificateur des transports sera de faciliter
l'utilisation qui concilie au mieux les intérêts collectifs
(limiter les investissements, assurer le meilleur usage de l'espace public,
réduire les nuisances, accroître la sécurité et les
intérêts des usagers, gagner du temps, voyager confortablement,
dépenser le moins possible).
2.2.3.- Analyse de l'oeuvre de Mario
Polèse.
`'Economie urbaine et régionale (Logique spatiale
des mutations économiques), publié en 1994.'' Ce livre,
dégage l'importance des moyens de transport urbain par rapport à
l'interaction spatiale et l'interaction sociale. Les deux sont sensibles
à la distance et de ce fait impliquent des coûts de transport qui
sont explicables par les coûts de communication de l'information, par les
coûts de déplacements des personnes et par les coûts de
transport des marchandises. Tous sont assumés par le consommateur sous
forme de déplacements, ou par le producteur sous forme de coûts
réels de transport et de distribution. Donc, dans leurs échanges
économiques et leurs contacts interpersonnels, les hommes franchissent
une distance qui comporte un ensemble de coûts dont le coût
d'option du temps consacré aux transports.
Tout ceci traduit l'impact de la distance sur les
activités humaines tant économiques que sociales et la
nécessité pour les particuliers comme pour les entreprises de la
réduire au maximum.
Les concepts «agglomérations
géographique» et «centralité géographique»
expriment en peu de mots la possibilité qu'ont les agents
économiques pour réduire leurs coûts de transport et
d'interaction sociale. En un seul lieu, ils peuvent arriver à effectuer
un ensemble d'activités (de production, d'achats) qui leur favorise des
gains de productivité à partir d'économie d'échelle
réalisée en raison du regroupement des entreprises. La
possibilité de partager des frais fixes est, donc, l'un des avantages de
l'agglomération urbaine. Dans ce cas-ci, les gains de
productivité ne proviennent pas uniquement d'économies
d'échelle internes véritables, mais aussi des économies de
localisation ou de juxtaposition.
On comprend, aisément, qu'avec la localisation des
entreprises se développe une approche de proximité entre
entrepreneur et consommateurs. Ainsi, l'entrepreneur cherche à minimiser
la distance ou en d'autres termes cherchent à réduire ses
coûts de transport. De cette approche, découlent : la
théorie économique de la rente foncière, la
théorie des économies d'agglomération ... et la
théorie des lieux centraux. Toutes ces théories, sont
étroitement liées à la localisation, à la
distance franchie et au temps écoulé. Mais, celle qui explique le
mieux l'apport du transport urbain par rapport aux activités des agents
économiques est la théorie des lieux centraux.
Selon la théorie des lieux centraux, les entreprises
s'arrangent à s'installer là où, d'après leurs
calculs, elles peuvent attirer le plus grand nombre de consommateurs. Elles se
regroupent alors dans un même lieu pour former une place centrale. Leur
regroupement se fait à partir d'une économie basée sur une
gamme diversifiée de produits (biens et services) dont chacun a sa
fonction de production propre. Le résultat de ce processus aboutit
à une hiérarchie de lieux centraux de taille différente.
Plusieurs espaces de production ou plusieurs `'marchés'', en ce sens,
sont créés pour desservir les mêmes populations.
Alors, le consommateur, dans son souci d'exploiter au maximum
son temps et réduire le coût de ses achats et celui des
interactions spatiales, se déplace pour effectuer simultanément
plusieurs activités. En agissant de la sorte, il maximise le rendement
de son déplacement. Selon la terminologie économique il y a
là : la notion de coût d'option qui se dégage.
Entendons par-là un usage rationnel du temps face à des
transactions de toutes sortes. Les consommateurs comme la société
dans son ensemble, `'écrit l'auteur'' réalisent une
économie de temps si plusieurs besoins exigeant des déplacements
peuvent être satisfaits à partir d'un seul lieu.
L'analyse des oeuvres de Bussière, de Merlin et de
Polèse permet de dégager trois approches différentes mais
complémentaires sur le transport urbain. Riches en méthodologie
et en théorie, ces oeuvres ne réduisent, pas pourtant, le champ
de notre documentation. Elles permettent, tout au contraire, de contextualiser
les argumentations qui sont élaborés dans le cadre des approches
théoriques et analytiques de notre démarche.
2.3.- Méthodologie
La démarche de l'étude se situe dans le champ de
la Gestion du transport urbain et, fait référence à
l'utilisation du sol urbain qui suppose la répartition dans l'espace
port-au-princien de toutes les activités économiques et de
loisirs à des distances de desserte accessibles à toute la
population. Le transport en commun un des facteurs de cette
accessibilité est l'objet de l'étude.
Les informations y relatives sont insaisissables par le sens
d'un simple observateur. C'est pourquoi nous adoptons
la « méthode de l'étude des traces8(*) »
considérée comme une forme d'observation différée
résidant dans l'analyse de documents appropriées et de
statistiques officielles aptes à nous procurer des informations
nécessaires. Dans ce contexte, des visites de bibliothèques sont
réalisées et des personnes ressources sont entretenues. Toutes
les données découlant des visites et entretiens sont
abordées sous l'angle évolutif en vue de réaliser ou
d'obtenir certaines projections dans l'espace et dans le temps. Car il s'agit
de faire, une analyse prospective de la demande de transport en commun. Cela
suppose une mise en relation des projections de population avec des
comportements de transport. Ceux-ci, selon Y. Bussière, sont
schématisés en deux composantes, la mobilité,
c'est-à-dire le nombre de déplacement par personne et le choix de
mode. A ce niveau, des méthodes statistiques de calcul concernant la
croissance d'une population et le taux de croissance sont utilisées.
Ainsi, nous-nous sommes mis à envisager l'avenir de la demande de
transport en commun à Port-au-Prince. Ce qui nous a amené
à concevoir deux scénarios qui nous ont permis d'explorer des
futurs possibles, de délimiter des futurs réalisables et de
spécifier des futurs souhaitables. Il est évident que la
méthode prospective offre une double face : d'un coté, elle
construit des représentations des artefacts de situations futures, (...)
de l'autre, elle décline au présent, les voies à suivre ou
mieux, les embûches à contourner pour atteindre des objectifs. Le
cas échéant, elle décrit, avec plus ou moins de
précisions les modalités opératoires des actions à
engager . (S. Wachter, 1998,196) En effet, faute de données
actualisées et/ou inexistantes, surtout, en matière de mode de
transport et de déplacement par mode, par personne et par jour, nous
avons procédé par approximation en considérant des
données vieilles entre 8 à 21 ans
En résumé, grâce à la prospective
nous avons aussi formulé des recommandations, c'est-à-dire nous
avons proposé la voie à suivre pour assurer le droit au transport
et surtout au transport collectif des personnes. Dans ce contexte nous avons
fait intervenir la théorie des services publics et la théorie des
lieux centraux pour pouvoir, d'abord, situer et ou fixer les recommandations
dans une logique urbaine (celle de Port-au-Prince) ensuite, dégager
l'impact socio-économique d'une bonne gestion du transport collectif
dans le développement et l'étalement futur de l'AMP et enfin
bâtir un cadre de partenariat public-privé(PPP) selon la formule
recommandée par la Banque Mondiale incluant les pouvoirs publics et la
société civile tout en se basant sur le degré de
commercialisabilité du service offert par les tap-tap.
DEUXIEME PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET
CONCEPTUEL
CHAPITRE III.- DÉMARCHE THÉORIQUE
3.1. Introduction
La question du transport urbain suscite des idées qui
ne datent pas d'aujourd'hui. De l'antiquité à la
modernité, le besoin de relier deux lieux distincts (origine -
destination) le plus rapide se faisait toujours sentir. L'objectif primordial
pour l'homme résidait dans un gain du temps élément
indispensable à tout procès de production de services et de biens
lesquels sont tantôt à caractères privés,
tantôt à caractères publics. Mais ils visent tous deux
à satisfaire les besoins de l'homme. Franchir la distance est un besoin
qui, selon M. Polèse, exige des efforts, des ressources et du temps.
Comment peut-on concilier la distance et le temps pour arriver à la
satisfaction de ce besoin humain ?
3.2. La distance : base de la
théorie des lieux centraux.
Avec les nomades dans les sociétés
pré-historiques, la distance consiste dans un aller. Dans les
sociétés historiques ou sédentaires, la distance comporte
un aller et un retour. La distance est donc devenue, pour l'homme, une
contrainte de la quotidienneté qui participe à la vie active.
Elle comporte des coûts dont les coûts de déplacement des
personnes. Ces coûts sont variables et sont en règle
générale d'autant plus élevé que la distance
à franchir est grande9(*). Contrecarrer les coûts de la distance fait
naître chez l'homme, l'idée d'agglomérer autour d'un espace
vital à son existence. Et là, sous l'effet de
générations de nouvelles vies urbaines prennent de la propension
à travers un élément central.
« L'élément peut-être un centre urbain, un
équipement polarisant plus spécialisé (...).
L'accessibilité est une condition majeure ». (Cf, Dictionnaire
de l'urbanisme et de l'aménagement).
Donc les vies urbaines ou les nouvelles villes ne sauraient
être conçues de façon indépendante à la ville
originelle qui incarne le Centre lequel regroupe traditionnellement les
lieux du pouvoir, les mouvements, les commerces rares et de nombreuses
activités spécialisées. (...) Son rôle est
double : il permet aux habitants de s'identifier à la
communauté des citoyens d'une même ville ; il constitue pour
le visiteur une image résumée de la ville. (J.P.Lacaze,1995,15).
En raison de sa position et de son aire d'influence, ce centre constitue aussi
la Métropole régionale d'un réseau de villes lesquelles
s'auto-influencent tout en exerçant elles-mêmes leur influence sur
des zones restreintes. C'est dans ce contexte que J. Beaujeu a parlé de
centralités de premier, deuxième et troisième modes.
Abondant dans le même sens P. Merlin et F. Choay avancent que "la
centralité peut être unique (agglomération) ou
polynucléaire (cornubation). Elle varie en fonction des changements
techniques, économiques ou politiques". (Dictionnaire de l'urbanisme et
de l'aménagement).
Selon M. Polèse, l'agglomération
géographique des populations dans des villes ou villages tire, dans un
premier temps, ses origines de la possibilité qu'elle donne aux agents
économiques de réduire leurs coûts de transport et
d'interaction sociale. 1(*)0
« En effet, l'ensemble des problèmes urbains,
les localisations de diverses activités et des logements impliquent des
problèmes de déplacement. Plus s'accroissent les unités
urbaines en dimension et en complexité, plus s'approfondit la
ségrégation fonctionnelle de l'espace et plus les liaisons
internes prennent de l'importance1(*)1 ». Sur ce point de vue F.Ascher et
J.Giard n'ont pas d'avis différents. « La crise des transports
urbains, écrivent-ils, est donc d'abord le produit de la crise urbaine
dans son ensemble. Elle présente une acuité particulière
dans la mesure ou la majeure partie des déplacements dépend du
choix de localisation.»1(*)2
Donc les coûts qu'entraîne la distance engendrent
une localisation qui évoque toujours l'esprit de centralité
géographique lequel sous-tend la fulgurance du temps par rapport au
centre des activités, et des besoins ou intérêts de la
population urbaine. La maximisation des déplacements ou de
préférence la maximisation du rendement de chaque
déplacement voilà ce qui ressort de l'esprit
d'agglomération : corollaire du principe de la centralité
géographique. Ce principe, « ne se limite pas aux
activités marchandes. Il s'applique dès qu'il s'agit de desservir
efficacement une population (...). Par efficacité, nous entendons ici la
maximisation du temps de déplacement et des autres coûts
d'interaction spatiale pour le plus grand nombre d'utilisateurs.»1(*)3
Qualifié de théorie des places centrales ou des
lieux centraux, ce principe réfère à la compétence
des pouvoirs publics qui seuls ont les moyens et la capacité d'organiser
l'espace à de telles fins.
3.3.- La distance : une implication de la
théorie des services publics
Le temps, l'espace, le lieu sont des concepts qui s'organisent
en un tout autour de la distance pour former et expliciter la sphère
d'action de l'homme dans ses échanges socio-économiques. Cette
spatio-temporalité rend obligatoire l'interaction spatiale et
l'interaction sociale. Pierre Bourdieu parle des effets de lieu comme pour
stigmatiser ces interactions qui sont manifeste à partir des luttes pour
l'appropriation de l'espace tant physique que social. « L'espace, ou
plus précisément, les lieux et les places de l'espace social
réifié, et les profits qu'ils procurent, sont des enjeux de
luttes. »(P.Bourdieu, 1993, 256) La possession du capital est pour
Bourdieu l'élément déterminant pour la jouissance de ces
profits et pour la conquête de l'espace. Le pouvoir que le capital, sous
ses différentes formes, donne sur l'espace est aussi, du même
coup, un pouvoir sur le temps. Ceux qui en sont dépourvus sont tenus
à distance, soit physiquement, soit symboliquement, des biens
socialement les plus rares et condamnés à côtoyer les
personnes ou les biens les plus indésirables et les moins rares.(P.
Bourdieu, 1993, 258).
Donc le succès dans ces luttes dépend du
capital détenu (économique, social, culturel ...). C'est pour
atténuer ces effets de lieu ou de distance provoqués par la
possession du capital que les kénesiens et les libéraux se
prononcent pour l'intervention de l'Etat dans l'allocation et la distribution
des richesses. En effet, certains biens et services n'auraient
été bénéfiques à une large majorité
sans cette intervention. « La notion de service public (...) contient
l'idée de finalité sociale, de satisfaction des besoins
collectifs et peut donc être appréhendée comme pivot du
rôle de l'Etat. »(G.Dupuis et M-J Guedon, 1993, 439). Le
transport urbain fait référence au besoin collectif de
déplacement des citadins. Il engendre un ensemble de services qui sont
tous à caractères collectifs puisqu'ils sont indivisibles et
s'imposent à tous. Les plans et règlements d'urbanisme en sont de
bons exemples. Le transport en commun dans l'AMP est aussi dans la
lignée des services collectifs puisqu'il vise la justice sociale. Mais,
n'est pas pur.
La théorie des services publics, qui entend
restreindre le domaine de l'action administrative à la satisfaction des
besoins collectifs hors du jeu du marché économique, fait
obligation aux pouvoirs publics à assumer leurs responsabilités,
pour pouvoir permettre aux captifs du TC à banaliser la distance,
réduire le temps de voyage et atteindre leur destination à
moindre coût.
CHAPITRE IV : DÉMARCHE
CONCEPTUELLE.
4.1.- Introduction
La démarche conceptuelle vise la définition de
certains concepts utilisés tout au cours de l'étude en question.
Leur portée et leur signification sont dégagés afin
d'éviter des interprétations différentes de celles
intrinsèques à l'étude même. Bien que le
caractère de l'étude ne soit pas sociologique, notre
démarche s'y apparente. Alors, comme la sociologie, la Gestion des
transports urbains en tant que discipline scientifique « a affaire
à des objets construits, contre le sens commun, les apparences, les
explications trompeuses (...). Le donné doit être soumis à
un travail parce que premièrement, il est infini, chaotique et
nécessite un choix en fonction d'un point de vue, deuxièmement,
il induit en erreur du fait qu'il a été fondé sur des
préjugés, troisièmement, il dissimule des relations
cachées qu'il a pour fonction de masquer. Il s'avère alors
nécessaire de le déconstruire et de le reconstruire en le situant
dans un réseau conceptuel qui lui restitue son sens caché ou
simplement un sens.»1(*)4
4.2 Définition des concepts.
4.2.1 Aire Métropolitaine de
Port-au-Prince.
L'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince
désignent l'organisation spatiale de Port-au-Prince, la capitale, qui
entretient des rapports d'interdépendance socio-économiques avec
des communes avoisinantes dont leur rayonnement urbain favorise
l'évolution réciproque de leur aire d'influence
caractérisée par des flux de personnes, de marchandises, de
communications immatérielles et de capitaux qu'elles échangent
les unes avec les autres. Elles constituent ainsi un réseau urbain dont
Port-au-Prince est le centre autour duquel évoluent :
Pétion-Ville, Delmas, Carrefour, Kenscoff, Gressier ... Elle est, dans
le cadre de l'étude, synonyme de Port-au-Prince et par extension
d'Arrondissement de Port-au-Prince.
4.2.2.- Transport en commun (TC).
Système « organisé du transport»
qui fournit un service collectif selon un tarif déterminé par les
pouvoirs publics et qui assure la mobilité (origine-destination) de tous
ceux-là qui ne sont pas propriétaire, au moins d'une automobile
ou qui n'ont pas à leur disposition un véhicule motorisé
quand vient le moment de se déplacer pour quelque soit le motif.
4.2.3.- Captif du transport en commun
Tout résident de l'AMP qui pour se déplacer sur
une distance n'a d'autre choix que de solliciter le service
d'un moyen de transport en commun (tap-tap)
4.2.4.- Moyens de transport en commun.
(tap-tap)
Ce sont à Port-au-Prince des camionettes, autobus,
voitures etc. qu'on désigne sous des dénominations d'origine
populaire telles que : yole, bwafouye, bisjon, rachepwèl,
kokorat... Dans la terminologie du transport en commun à Port-au-Prince,
tap-tap1(*)3 est
l'expression générique qui désigne tous les
véhicules du système. ( voir Annexe IV )
4.2.5.- Motifs de déplacement d'une
population.
Ensemble de contraintes qui suscitent, bon gré,
malgré, le déplacement d'une population. Elles sont de divers
ordres et traduisent le dynamisme et le degré de modernité d'une
société. En fait, il n'est pas toujours aisé de fixer un
motif unique à un déplacement et on devrait parler de motif
à l'origine et de motif à la destination.1(*)5 Par contre, au nombre de ces
contraintes il y a habituellement :
les déplacements entre le domicile et le lieu de
travail,
les déplacements scolaires (entre le domicile et le
lieu d'études)
les déplacements pour achat
les déplacements pour affaires professionnelles
les déplacements à titre professionnel
les déplacements de loisirs (spectacles, visites,
promenades, sports, activités sociales, etc.)
les déplacements d'accompagnements (des enfants en
particulier.)
4.2.6.- Mobilité
La mobilité est la propension de la population de l'AMP
à se déplacer. Elle est un corollaire du motif de
déplacement et varie selon le développement
socio-économique d'une région et du revenu des ménages.
4.2.7.- Les pouvoirs publics
Ensemble d'institutions étatiques responsables des
questions de transport, de circulation, de signalisation, de voirie dans l'Aire
Métropolitaine de Port-au-Prince à savoir :
le Ministère des Travaux Publics transport et
Communication (M.T.P.T.C),
le Service de la Circulation et de Contrôle des
Véhicules (S.C.C.V),
l'Office Assurance des Véhicules Contre Tiers
(OAVCT),
le Service de signalisation routière (S.S.A)
les municipalités de l'AMP
le Ministère de la Planification.
4.2.8.- Centres des Affaires (Centre)
Zones d'intenses activités économiques de
production et de vente de biens et services dans l'AMP qui regroupent :
les industries, tout le commerce, les activités export-import, les
bureaux de services etc. En raison de l'effet revenu qu'ils dynamisent, les
centres des affaires attirent quotidiennement et pendant des heures des
résidents de presque toutes les régions d'Haïti. (voir
Annexe III )
TROISIÈME PARTIE : CADRE
D'ANALYSE
CHAPITRE V.- PORT-AU-PRINCE: STRUCTURE
DÉMOGRAPHIQUE, URBAINE ET ÉCONOMIQUE.
5.1.- Introduction
Dans la structure hiérarchisée, de dominance
entre les villes d'Haïti, Port-au-Prince en raison de son aire d'influence
et de son rayonnement économique est la seule capitale. Autour de cette
capitale évoluent : huit (8) métropoles simples, trente et
six (36) villes moyennes et quatre et vingt et huit (88) petites villes. Elle
reste jusqu'à date (2003) la seule ville d'Haïti dotée de
certaines infrastructures proches de la modernité. Elle incarne, en ce
sens, le mieux être, le rêve d'un lendemain meilleur, l'espace de
transition de mobilité sociale. Les habitants de toutes les villes, dans
ce contexte déferlent sur Port-au-Prince. Elle « absorbait
déjà en 1990 plus de 75% de la population des principales villes
du pays.»1(*)6 En
1997 sa population représentait 95.02 % 1(*)7de la population urbaine du département de
l'Ouest dans lequel elle est située. Actuellement 59 %1(*)8 de la population urbaine du
pays s'y retrouvent. Qu'adviendra t-il de son urbanisation, de ses structures
urbaines et économiques d'ici 2018 soit dans 15 ans ?
5.2.- Urbanisation de Port-au-Prince.
De par sa position dans l'armature urbaine ou dans le
réseau des villes d'Haïti Port-au-Prince représente une
métropole régionale. En tant que telle elle a une force
d'attraction qui va au-delà même de son site du fait de la
volonté de la population haïtienne à ne pas y vivre trop
distante. Graduellement et à un rythme effréné on assiste
à l'augmentation de sa population.
D'aucuns pensent qu'actuellement (2003) l'estimation
démographique de cette ville excède l'ordre de 2.000.000
habitants. Il faut, tout de même, attendre le résultat des
derniers recensements (2002) de la population pour le confirmer. Toutefois,
l'IHSI dans un document sorti en 1997 compta 1.556.588 habitants1(*)9 pour Port-au-Prince. Avec un
taux de croissance annuelle positive de l'AMP on s'étonnerait en effet
que l'effectif de population soit en deçà des 2.000.000.
Les fondements de l'urbanisation, nous dit M.
Polèse, sont en grande partie économique. (1994,11)
Présentant toutes les caractéristiques d'un centre
régional, Port-au-Prince est loin de connaître une faible
croissance démographique. Toutes les projections le démontrent.
D'ailleurs depuis plusieurs années déjà, une tendance
très nette se dégage dans la distribution spatiale de la
population urbaine du pays : les principes villes de province perdent
graduellement de leur importance au profit de Port-au-Prince, la Capitale et
ses satellites »2(*)0... Ainsi, les populations des villes de province
cherchent à éviter les coûts et à maximiser les
gains. C'est à dire, les déplacements des populations des villes
de province vers la capitale s'inscrivent dans la logique d'une recherche de
meilleures conditions d'existence socio-économiques. D'ailleurs, il est
vérifié par les enquêtes de l'IHSI que les limites des
déciles du revenu diffèrent entre l'AMP, les villes de province
et le milieu rural. Ainsi les ménages appartenant à un
décile quelconque dans l'AMP sont nettement mieux lotis que les
ménages correspondants dans les villes de province et en milieu rural.
La limite de revenu du premier décile de la capitale est trois fois plus
élevée que celle des autres villes et six fois plus que celle du
milieu rural. Et le revenu médian par unité de consommation de la
capitale vaut environ deux fois celui des villes de province et 4.4 fois celui
du milieu rural. Cela traduit un type de rapport entre la population et le
revenu.2(*)1
En effet, « La relation positive entre le revenu
moyen par habitants et taille urbaine a, maintes fois, été
confirmée par des études tant pour les pays industrialisés
que pour les PED. Manifestement, l'agglomération urbaine exerce un
impact positif sur la capacité de production de plusieurs secteurs
d'activités économiques. Ce gain de productivité se
répercute sur les salaires qui sont en moyenne plus
élevés dans les grandes villes » (ibid, P.69) C'est ce
que prouve le tableau 5.1 reproduit à partir de l'oeuvre de
Polèse.
Tableau 5.1. - L'importance économique des villes :
quelques indicateurs, divers pays, diverses années. a
|
(A)
|
(B)
|
(C)
|
|
Zones urbaines
|
Pays
|
Population % b
|
PNB ou revenu national (% b)
|
Rapport B/A
|
Sao Paulo
|
Brésil
|
8.6
|
36.1
|
4.20
|
Lima
|
Pérou
|
28.1
|
43.1
|
1.53
|
Guayaquil
|
Equateur
|
13.1
|
30.1
|
2.30
|
Mexico
|
Mexique
|
14.2
|
33.6
|
2.37
|
Toutes villes
|
Mexique
|
60.1
|
79.7
|
1.33
|
Port-au-Prince
|
Haïti
|
15.1
|
38.7
|
2.56
|
Toutes villes
|
Haïti
|
24.2
|
57.6
|
2.38
|
Casablanca
|
Maroc
|
12.1
|
25.1
|
2.07
|
Abidjan
|
Côte-d'Ivoire
|
18.1
|
33.1
|
1.83
|
Nairobi
|
Kenya
|
5.2
|
20.1
|
3.87
|
Toutes villes
|
Kenya
|
11.9
|
30.3
|
2.55
|
Karachi
|
Pakistan
|
6.1
|
16.1
|
2.64
|
Toutes villes
|
Inde
|
19.9
|
38.9
|
1.95
|
Shanghai
|
Chine
|
1.2
|
12.5
|
10.42
|
Manille
|
Philippines
|
12.1
|
25.1
|
2.07
|
Bangkok
|
Thaïlande
|
10.9
|
37.4
|
3.43
|
Toutes villes
|
Turquie
|
47.1
|
70.1
|
1.49
|
Sources : M. Polèse, Economie urbaine et
régionale (logique spatiale des mutations économiques)
« tiré dans, Banque Mondiale (1991) ; Coopération
française pour le développement urbain (1989). »
a) L'année sur laquelle portent les données
n'est pas toujours la même, mais se situe entre 1970 (Sao Paulo) et 1985
(Casablanca). Ces chiffres sont des estimations, que le lecteur doit
interpréter avec prudence.
b) Part du total national.
Partant de cette réalité, la richesse de
Port-au-Prince, comparée à celle d'autres villes du monde est, en
rapport à sa population, son agglomération. Apparemment on
aurait tendance à croire que les externalités contribueraient
beaucoup plus aux déséconomies de l'espace port-au-princien
plutôt qu'à des gains de productivité. L'affluence des
migrants combinée aux différents types d'entreprises de biens et
services prouvent tout à fait le contraire.
En dépit de l'insalubrité et de
l'insécurité, sous toutes ses formes, Port-au-Prince continue
encore à hanter des résidents tant du monde rural que des villes
de province et sera en conséquence, pendant longtemps, le seul espace
urbain en Haïti où la massification urbaine, pour
répéter Claude souffrant, sera produite à un degré
significatif. En effet les projections réalisées par l'IHSI
prouvent la supériorité démographique de Port-au-Prince
par rapport aux autres villes de province jusqu'en 2015. Une publication du
système des Nations-Unies en Haïti écrit :
« L'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince héberge plus
de 60% de la population urbaine totale avec un effectif 15 fois
supérieures à la 2ème ville du pays, le
Cap-Haïtien »2(*)2. Cette population qui ira grandissante (voir figure
5.1) fera déborder le cadre physique de Port-au-Prince en repoussant
chaque jour plus loin les limites de sa périphérie. Et,
graduellement, selon un processus de substitution certaines activités du
centre intégreront la périphérie et feront d'elle une
ville émergente celle où se dessinent les comportements urbains
du futur. 2(*)3
Fig 5.1
La figure 5.1 traduit en fait l'évidence de ce que sera
en 2018 la population de Port-au-Prince. Mais cette évolution
démographique sera t-elle en harmonie avec une structure urbaine
où tous les résidents auraient la possibilité d'avoir
accès à tous les services, particulièrement, le service du
transport en commun ?
5.3.- Structure urbaine de Port-au-Prince
L'urbanisation de Port-au-Prince passe par le bidonville. C.
Souffrant dans sa sociologie prospective d'Haïti résume
ainsi la structure urbaine de Port-au-Prince. Ce résumé renvoie
à la non application des lois d'urbanisme (même
dépassées) dont les premières datent de 1937. Toutes les
communes de Port-au-Prince ou de l'Aire Métropolitaine ont leurs
bidonvilles respectifs. Et parfois même elles s'y confondent.
Carrefour, dit-on, est un vaste bidonville. Même dans les milieux
officiels (exemple les études notariales ) elle est ainsi
considérée. En témoigne sa valeur foncière qui
selon la Direction Générale des Impôts (DG I) est la plus
basse. A 275 gourdes le m2 du sol la DGI ne voit aucun
inconvénient à accepter l'affaire (vente ou achat) et à
prélever des taxes. Contrairement à une affaire passée
à Pétion-Ville ou à Delmas, si la déclaration de
vente est en deçà de 400 ou de 350 gourdes le m2 elle
est contestable et peut être refusée par le Service des
Impôts Directs de la DGI.2(*)4 Bref, toutes les zones urbanisées de
Port-au-Prince font face aujourd'hui à un phénomène de
non-ségrégation spatiale. « Nous sommes là,
confrontés à deux formes d'aménagement spontanés
et / ou non réglementés qui se partagent les mêmes espaces
et qui produisent les mêmes effets. Les interstices abandonnés et
laissés inoccupés entre les propriétés des classes
aisées, sont remplis par des constructions érigées par les
classes sociales les plus défavorisées. Ainsi, dans cette
agglomération, il n'est pas rare d'observer dans certaines zones
d'urbanisation récente, de somptueuses villas côtoyées des
poches d'habitat précaire et très précaire. ( D.Bazabas,
1997,36) L'impact physique du bidonville sur l'espace port-au-princien peut
être apprécié à partir du tableau 5.3.
Tableau 5.3.- Importance spatiale des aires
bidonvillisées de cinq communes de l'Aire Métropolitaine de
Port-au-Prince.
Aire bidonvillisée
|
Superficie
|
% *
|
% **
|
Port-au-Prince
|
598.65
|
33.16
|
7.34
|
Pétion-ville
|
146.28
|
8.11
|
1.78
|
Delmas
|
574
|
31.81
|
1.05
|
Carrefour
|
403.20
|
22.34
|
4.94
|
Croix des bouquets
|
82.75
|
4.58
|
1.01
|
Aire bâtie totale de type bidonville
|
1804.88
|
100
|
22.15
|
Aire bâtie totale de l'aire urbaine
|
8146.04
|
|
100
|
* Pourcentage par rapport à l'ensemble des bidonvilles
** Pourcentage par rapport à l'aire bâtie totale
de l'aire urbanisée
Source : G. Lhérisson, Logement et
bidonvilles, « tiré dans Projet HAI-94-003 :
évaluation de la population de l'Aire Métropolitaine de
Port-au-Prince »
Les rues à l'instar des maisons, mis à part les
collectrices sont improvisées. Les rues locales sont
dimensionnées et conçues suivant le caprice de lotisseurs
informels qui, à l'insu de toutes normes élémentaires
d'urbanisme et de circulation érigent de nouveaux quartiers
bidonvillisées. En ce sens, toutes les infrastructures de base sont
absentes dans ces quartiers là. C'est ce qui fait qu'à chaque
averse, circuler dans les rues de Port-au-Prince devient une gageure. Cela
handicape la desserte du transport en commun et met à nu
l'incapacité de Port-au-Prince à satisfaire tant la demande de
transport que celle de l'offre de transport. D'aucuns disent de 1950 à
aujourd'hui, rien n'a été fait, en matière
infrastructurelle, pour que Port-au-Prince puisse répondre à la
croissance démographique actuelle.
5.4.- Structure économique de
Port-au-Prince
Dans la logique de la théorie des lieux centraux, l'AMP
comprend trois (3) grands centres d'activités économiques qui se
localisent en des lieux précis créant ainsi différents
Centres des Affaires équivalent au District Business Center (CBD) des
USA :
A.- le premier se situe au Coeur de la ville historique de
Port-au-Prince il regroupe indistinctement toutes les activités de
production de biens et de services,
B.-le second à caractère industriel avoisine le
centre historique et se situe dans une zone ; il y a cinquante années de
cela, considérée comme étant
périphérique,
C.-le troisième situé dans une zone autrefois de
renommée bourgeoise regroupe en par ticulier des activités de
services relatifs à l'enseignement primaire, secondaire, universitaire
et autres.(voir annexe)
Ces Centres de regroupement des entreprises engendrent une
forte augmentation de la valeur foncière des espaces en question au
point qu'il en résulte d'abord, une augmentation de la population au
m² c'est-à-dire une forte densité occupée par des
locataires à faible revenu, ensuite l'abandon graduel ou la
délocalisation forcée, au profit des entrepreneurs de tout espace
vital par ceux-là dont les conditions sociales et/ou économiques
d'existence ne permettent pas d'en supporter les coûts financiers et/ou
environnementaux, et enfin, la transformation de certaines maisons familiales
en micro entreprises. Ainsi la rente foncière et la rente de
localisation tout en convoitant les entrepreneurs font émerger d'autres
espaces intermédiaires et périphériques où
résident toutes les couches sociales en dehors des heures
d'activité de production, de vente et d'achat de biens et services.
Pourtant, distant des Centres, ces gens sont condamnés, quotidiennement,
à se déplacer en leur direction, via différents modes de
transport, particulièrement le transport en commun pour divers motifs.
Tous y vont pour effectuer, simultanément, plusieurs
activités car le regroupement des entreprises leur facilite la
réalisation d'économies d'échelle.
S.Wachter parle de ville émergente pour désigner
ce processus de mutations socio-spatiale et spatio-économique qui
affecte les périphéries de l'AMP par des activités
industrielles et commerciales dont les plus
caractéristiques selon l'IHSI sont réparties en
huit branches :
les activités de fabrication (fabrication de produits
alimentaires, de boissons et du tabac ; industries textiles et
habillements ; fabrication de produits chimiques ; imprimerie
édition- industries annexes ; autres activités de
fabrication)
gaz et eau
construction
commerces, restaurants et hôtels
transports, postes et communications
intermédiations financières,
immobiliers, locations et services aux entreprises.
« Ces industries de la zone métropolitaine
emploient un effectif de 33081 salariés repartis en 55% d'hommes et
45% de femmes avec un salaire moyen de 20 000 gourdes.
Près de 90 % des emplois industriels sont des emplois
d'ouvriers.(...)
«De plus l'industrie utilise un pourcentage non
négligeable de main- d'oeuvre temporaire qui représente 3300
emplois environ »2(*)5. En somme elle permet à beaucoup plus de
ménages dans l'AMP d'avoir un emploi quand on la compare à la
fonction publique qui embauche pour l'ensemble du pays, 34671 personnes dont
l'AMP à elle seule absorbe 16 026 soit 41% des employés.2(*)6
Tout compte fait, cette structure formelle embauche
très peu de gens contrairement à la structure informelle qui
dans presque toutes ses dimensions reste insaisissable. `'La nature
même de l'informel, selon J.M Hoerner, implique l'impossibilité
structurelle de pouvoir sérieusement l'évaluer. On
considère généralement qu'il représente au moins
les deux tiers de l'économie des grandes villes du tiers monde.''
(1995,125)
A ce propos, les données disponibles pour Haïti
font état pour l'année 1999 d'un effectif de 1432678 soit 51.4%
dans l'emploi d'Haïti.2(*)7 L'auto emploi qui comptait pour 42.3 % des effectifs
occupés selon l'EBCM de 1986-1987 devient la principale catégorie
socioprofessionnelle en 1999-2000 (48.7 %), loin devant les catégories
salariées prises séparément, et, en particulier, loin
devant les employés et ouvriers (37.1 %). 2(*)8
A supposer que l'ensemble des activités informelles
puisse être approximé par le travail à compte propre,
indépendamment de toute considération sur le statut juridique et
la taille des entreprises, cette extension de l'auto- emploi peut être
interprétée comme la poursuite et l'approfondissement du
processus de l'informalisation de l'emploi urbain.2(*)9
Au regard de ce processus évolutif des structures
port-au-princiennes que sera, d'ici 15 ans, la demande de transport collectif
des personnes dans l'AMP?
CHAPITRE VI.- LA DEMANDE DE TRANSPORT EN COMMUN A
L'HORIZON 2018.
6.1.- Introduction
Ce titre évoque l'avenir de la demande de transport
collectif des personnes dont la méthode d'appréhension la plus
sûre, dans le cadre de notre étude, reste la prospective. Tout le
cheminement démographique, urbain et économique de Port-au-Prince
est alors considéré pour bâtir des scénarios et /
ou choisir un modèle. `'Dans le vocabulaire de la prospective, souligne
C. Souffrant, le mot scénario désigne une méthode
d'analyse d'évolution d'une situation en fonction des données de
base variant d'une époque à l'autre et sous certaines
contraintes impossibles à modifier ou à éviter.'' (1995,
53).
Le modèle choisi, dans le cadre de notre
démarche, est le modèle de prospective de la demande de
transport, proposé par Y. Bussière, qui met en relation des
projections de population avec des comportements de transport. Ce modèle
a été appliqué à Montréal, plus
particulièrement dans la région métropolitaine et à
Marrakech une agglomération des PED en Afrique. Cela traduit
déjà les nuances qui peuvent en découler en raison des
différences de données. Le cas de Port-au-Prince nécessite
bien des considérations, puisque, `' toute démarche
prospective fait appel à des choix au niveau des hypothèses de
base. `'3(*)0
A la lumière des hypothèses formulées
(cf. p.4) nous allons observer et projeter des données
démographiques tout en décrivant, d'abord, le modèle
utilisé.
6.2.- Description du modèle
Il s'agit d'appliquer des comportements de transport à
des populations futures à partir de projections démographiques.
Ceux-ci sont schématisés en deux composantes : la
mobilité, c'est-à-dire le nombre de déplacement par
personne et le choix de mode.
On peut schématiser la relation entre
démographie et comportement de transport à l'aide de deux
relations :
1) Demande de transport = f (population, comportement de
transport)
2) Comportement de transport = f (mobilité, choix de
mode)
On obtient ainsi :
Demande de transport = f (population, mobilité, choix
de mode)
Posons que :
D= Demande de transport (nombre de
déplacement)
P = Population
PM = Population mobile
a = Groupe d'âge (varie de 1 à k)
m = Mode de transport
r = Région ou strate socio-économique
S = Sexe (1,2)
t = année
n = Période projetée (années)
Pour ce qui concerne notre étude :
a) m, le mode de transport reste invariable,
b) r, la région ou strate socio-économique est
considérée pour la commune.
c) s, le sexe est négligeable
Les relations précédentes peuvent s'exprimer
sous forme algébrique. Ainsi, la demande totale de transport d'un groupe
d'âge « a » pour un mode de transport
« m » au temps « t + n » est
égal (dans le cas de comportements constants au temps
« t ») à :
D = P x (1)
Par ailleurs, l'indice de mobilité
générale (D/P) peut également être
décomposé en deux volets : la proportion de mobile et la
mobilité des mobiles. La mobilité pour un mode
« m » au temps « t » est alors
égale à :
= x (2)
C'est-à-dire le produit de la proportion de personnes
mobiles et de la fréquence des déplacements des personnes
mobiles, ou de la mobilité des mobiles (). Ces deux ratios peuvent, au besoin, être introduits dans le
modèle et désagrégés par âge, sexe et mode.
Ils peuvent servir également dans le cas de manque de
données.3(*)1
Alors (1) et (2) deviennent :
D = P x
6.3.- Données démographiques
observées et projetées
6.3.1.- Situation observée
Actuellement 2003 la population de l'AMP âge et sexe
confondus est de 2.010.600 habitants. Cette population, selon les communes
(villes) composant l'espace port-au-princien est répartie de la
façon relatée au tableau 6.1. La structure par âge de cette
population, si l'on respecte les données de l'EBCM 1999-2000, serait de
31.2% pour les moins de 15 ans, de 65.1% pour le groupe d'âge 15-64 ans
et de 3.7% pour les 65 ans et plus. Toutefois, dans l'hypothèse que ces
données macro soient aussi vraies pour chaque entité communale,
elles sont distribuées à toutes les communes pour les besoins de
notre démarche.
Tableau 6.1.- Répartition de la population de l'AMP
suivant ses communes et grands groupes d'âge en nombre (année
2003)
Communes
Groupe d'âge
|
Port-au-Prince
|
Carrefour
|
Delmas
|
Pétion-Ville
|
Gressier
|
Kenscoff
|
0 - 14
|
359 257
|
126 102
|
107 602
|
30 823
|
1753
|
1700
|
15 - 64
|
749 604
|
263 115
|
224 663
|
64 313
|
3657
|
3548
|
65+
|
42 604
|
14 954
|
12 769
|
3656
|
208
|
202
|
Total
|
1 151 465
|
404 171
|
345 104
|
98 792
|
5618
|
5450
|
Source de données : IHSI
Comme on peut le constater, la proportion des moins de 15 ans
est très élevée comparativement à celle des 65 ans
et plus.
Le comportement de transport en commun pour l'année
2003 à appliquer sur les populations futures pour évaluer la
demande future du transport en commun fait défaut. En
conséquence, il revient de procéder par approximation tenant
compte des données vieilles entre 16 et 12 ans tirées des
études réalisées par Louis Berger International Inc. Pour
le compte du Ministère des Travaux Publics Transport et Communication
(MTPTC). En effet, selon ses études la demande de transport routier
aurait connu entre 1975 et 1991 un taux de croissance annuelle de 8.4% pour
l'ensemble du pays. L'AMP ou l'arrondissement de Port-au-Prince aurait
été à l'origine de 64% de tous ces déplacements et
presque la moitié du volume total de ses déplacements auraient
été faites à l'intérieur de cet
arrondissement.1(*) Il en
ressort que Port-au-Prince entre 1975 et 1991 connut un flux de
déplacement interne qui avoisinerait annuellement 57% du nombre total
des déplacements du pays et que le transport en commun interne à
Port-au-Prince aurait représenté, à lui seul, 62%. Un
article paru dans Le nouvelliste du 4 Août 1997 sous le titre :
Le plan directeur de la circulation de Port-au-Prince quel sort ?
écrit ceci : « il y a chaque jour environ un million
(1000 000) de déplacements motorisés qui entrent et sortent du
Centre-ville dont 80% en transport collectif.
« (...) selon les estimations grossières
qu'on peut faire le nombre de déplacement pourrait être
multiplié par un coefficient entre 2 à 3 dans les dix prochaines
années. »2(*)
Si l'on considère ces différentes données
on peut se rendre à l'évidence de l'ampleur de la mobilité
au cours des dernières décennies dans l'AMP et du brusque
changement qui serait intervenu en moins de dix ans. En effet, alors qu'entre
1975 et 1991(16 ans) la mobilité dans l'AMP connut une augmentation de
265.14% entre 1991-1997, au regard comparé des sources de données
sus-mentionnées elle aurait atteint une augmentation de 2455 %.
Tableau 6. 2 .- Tendances de la croissance approximative des
déplacements motorisés et part du TC en
nombre et % dans l'AMP (1975 - 2003).
Année
|
Dépl.*
(tout le pays
|
% dépl. induit
par l'AMP
|
Flux dépl. induit
par l'AMP
|
% dépl. interne
à l'AMP
|
Flux dépl. interne
dans l'AMP
|
Part du TC
%
|
Flux dépl. Du TC dans l'AMP
|
1975
|
6861244
|
64
|
4391196
|
57
|
3910909
|
62
|
2424763
|
1991
|
25 053274
|
64
|
16034095
|
57
|
14280366
|
62
|
8853827
|
1997
|
n.d* *
|
n.d
|
365000000
|
100
|
365000000
|
80
|
292000000
|
2003
|
n.d
|
n.d
|
547500000
|
100
|
547500000
|
80
|
437600000
|
Sources de données : les nombres résultent
à partir des calculs d'un ensemble de données de l'IHSI, MTPTC,
SCVC et Le nouvelliste
*Dépl : déplacement
** n.d : non disponible
En ce qui à trait à la population mobile de
l'AMP, particulièrement celle du TC, faute de données, plusieurs
considérations peuvent être faites. En revenant au tableau 1.1
(p. 3) le nombre de véhicules privés et Autres seraient d'une
grande utilité. Par exemple, en négligeant la double motorisation
des ménages et en tenant compte d'une constance dans l'augmentation
annuelle des véhicules privés (7.9%) et Autres (6.48%) et en
admettant que ceux qui sont des auto-passagers, ceux qui marchent, voyagent
à bicyclette et à moto représenteraient 40% du nombre
restant, on arrive à déterminer la population des captifs du TC
pour l'année 2003.
Tableau 6. 3 .- Augmentation en % et en nombre des
différents modes de transport et de la population mobile par
approximation (année 2003)
Mode de transport
|
Augmentation en %
|
Nombre des différents modes
|
Population mobile
|
Voiture privée
|
7.9
|
56 607
|
56 607
|
Autres*
|
6.57
|
9 565
|
9 565
|
APBM**
|
40
|
n.d ***
|
777 771
|
Véhicule de TC
|
5.48
|
12 384
|
1 166 657
|
Source : Les données sont des résultats de
calculs faits à partir de considérations de certaines
données en provenance de MTPTC et du Service de Contrôle de la
Circulation des Véhicules.
· Autres : Véhicules de transport des
marchandises, des véhicules affectés à des Institutions
etc.
** APBM : Auto-passager, Piéton, Bicyclette,
Motocyclette.
*** n.d : non disponible
A partir de ces considérations, 1 166 657 personnes
seraient des captifs du transport en commun pour l'année 2003 soit 58.02
% de la population totale. Suivant cette logique, il y aurait beaucoup plus de
personnes à solliciter le service du système de transport en
commun que le système serait en mesure à satisfaire leur besoin
de mobilité quotidienne. Beaucoup de déplacements sont , dans ce
contexte, éludés si l'on doit se fier à l'article du
Nouvelliste. De ce fait, la mobilité mécanisée dans l'AMP
par jour et par personne, via le système, serait de 1.04
déplacement pour l'année 2003.
Il faut s'attendre déjà à une hausse
importante de la demande de transport et surtout du transport collectif en
raison des conditions socio-économique des port-au-princiens. L'indice
de dépendance démographique ou le rapport entre l'ensemble des
jeunes de moins de 15 ans et des personnes âgées de 65 ans et plus
d'une part et la population de 15-64 ans d'autre part est élevé
pour l'ensemble du pays. Selon l'EBCM, 54 personnes, dans l'AMP sont à
la charge de 100 personnes d'âge actif.3(*)
6.3.2.- Situation projetée
Les comportements de transport selon l'approche de notre
étude sont réduits seulement au transport en commun. En ce sens,
c'est bien la propension à exploiter le service offert par ce dernier,
aux port-au-princiens, qui sera appliquée sur des données
démographiques projetées jusqu'à 2018. le sexe, puisqu'il
n'est pas considéré dans le document de référence
inédit de l'IHSI et puisque aussi pour nous il s'agit d'une demande
globale basée sur un comportement constant la ventilation par sexe est
superflue. En effet, si l'on suppose les comportements de mobilité et de
choix de mode constants, les projections qu'elles soient effectuées avec
ou sans ventilation par sexe, seront identiques tant que le poids des hommes et
des femmes seront identiques dans chacune des cohortes d'âge. (Y.
Bussière et al, 1987, 358). Cependant, l'âge et l'espace, pour
notre démarche sont d'une grande importance. Revenons à nos
hypothèses de départ (cf. p.4). Deux scénarios sont alors
envisageables :
? Scénario 1 (S1) : durant les périodes
quinquennales (2003-2008), (2008-2013) et (2013-2018) les taux de croissance
respectifs de la population de l'AMP sont ceux considérés par
l'IHSI et qui sont dans l'ordre de 4% à la première
période quinquennale, de 3.8% à la deuxième et, de 3.7%
à la troisième. Ce scénario étant officiel frise la
réalité démographique sans trop grand risque de biais.
? Scénario 2 (S2) : nous supposons, que
Port-au-Prince dans les quinze (15) années à venir, d'abord, ait
eu le temps de se doter d'équipements infrastructuraux très
modernes, générateurs d'emplois et de revenus, qui renforcent sa
centralisation au détriment des villes de province ; ensuite
bénéficie des progrès de la science médicale sur le
MST/ SIDA. Avec un tel scénario les taux de croissance pour les
périodes (2003-2008), (2008-2013) et (2013-2018) peuvent être de
l'ordre de 6% à la première, de 5% à la deuxième et
de 4% à la troisième. Ainsi, la réalité
démographique serait toute autre par rapport au scénario1. Cela
amènera Port-au-Prince à un accroissement de population qui
excèdera l'ordre des quatre millions (4 000 000) contrairement aux trois
millions (3 000 000) du scénario1.
Ces scénarios simulent une situation de croissance
forte dans un contexte d'évolution urbanistique désordonné
de l'espace de Port-au-Prince.
Tableau 6. 4 .- Evolution de la population totale et des grands
groupes d'âge de l'AMP selon les deux scénarios
(en
nombre et en %) 2003-2018
Nombre
2003 2008
2013 2018
S1 2010600 2450911 2960047
3562427
S2 2010600 2671066 3434810
4338339
Population de 0-14
S1 627307 764684
923535 1111477
S2 627307 833373
1071661 1353563
Population de 15-64
S1 1308901 1595543 1926990
2319140
S2 1308901 1738864 2236061
2824258
Population de 65 et plus
S1 74392 90684
109522 131810
S2 74392 98829
127088 160518
|
Source de données : IHSI
Le tableau suivant (6.5) reprend les données du tableau
6.4 mais avec des nuances démographiques de certaines communes de l'AMP
qui nous sont utiles pour dégager, spécifiquement, ce que
pourraient représenter la population mobile de chaque groupe d'âge
à travers ces communes et alors trouver la proportion de personne mobile
pour chacune de ces communes-là.
Tableau 6. 5 .- Taux de croissance Projetés de la
population de l'AMP par commune selon le scénario1 et poids en nombre de
chaque groupe d'âge (2018)
Communes
|
Taux de croissance
2003-2018
|
Population
0-14 15-64 65+
|
Port-au-Prince
|
3.4
|
600761
|
1253511
|
71224
|
Carrefour
|
4
|
229758
|
479398
|
27247
|
Delmas
|
4
|
195366
|
407639
|
23168
|
Pétion-Ville
|
4.7
|
61822
|
128995
|
7332
|
Gressier
|
4.6
|
3446
|
7191
|
409
|
Kenscoff
|
5.6
|
3890
|
8115
|
461
|
Source de données : IHSI
6.5.- Simulation à l'horizon 2018.
La demande future de transport en commun, tout âge
confondu, au regard du modèle défini :
D = P x sera comme indiquée au tableau 6.6
Tableau 6.6.- Evolution globale de la demande de TC suivant
les deux scénarios (2008, 2013, 2018)
Année
|
Scénario 1
|
Scénario 2
|
2008
|
533 171 179
|
581 063 697
|
2013
|
643 691 821
|
746 933 782
|
2018
|
774 400 318
|
943 068 131
|
Source : les nombres résultent à partir des
calculs d'un ensemble de données de l'IHSI, MTPTC, SCVC et Le
nouvelliste
Globalement, à chaque croissance de la population de
l'AMP les déplacements en transport en commun subissent une fluctuation
en rapport à la population mobile qui ne cesse à son tour
d'augmenter.
Tableau 6.7 ..- Croissance de la population mobile par
rapport à la demande de TC et fréquence de déplacement
(2003-2018)
Année
|
Population
|
Population mobile
|
Demande TC
|
D/PM (an)
|
D/PM (jour)
|
2003
|
2 010 600
|
1 166 657
|
437 600 000
|
375.08
|
1.04
|
2008
|
2 450 911
|
1 422 018
|
533 171 179
|
374.93
|
1.04
|
2013
|
2 960 047
|
1 717 419
|
643 691 821
|
374.80
|
1.04
|
2018
|
3 562 427
|
2 066 920
|
774 400 318
|
374.66
|
1.04
|
Source : les nombres résultent à partir
des calculs d'un ensemble de données de l'IHSI, MTPTC,
SCVC et Le nouvelliste
Cette légère constance - observée entre
2008 à 2018 dans la fréquence annuelle de déplacement des
captifs du TC si elle ne traduit pas, tout à fait la
réalité - permet tout de même de constater une tendance
à la réduction de la fréquence de déplacement par
personne dans l'AMP pendant qu'on assiste à une croissance de la
population mobile des captifs. L'effet de la distance lié à
l'effet spatial que sous-tend l'expansion géographique de l'AMP en
serait, peut-être, deux des éléments explicatifs. Une
explication qui n'ira pas dans le sens d'une organisation de l'espace
port-au-princien où la proximité des activités de service
sera prédominante. Mais de préférence, elle est à
rechercher d'abord dans l'insécurité du système de TC et
dans le désordre urbanistique auxquels est assujettie l'AMP ; et
ensuite dans l'absence d'une volonté des classes dominante et dirigeante
de contribuer au changement structurel (socio-économique et
environnemental du pays). Mis à part ce contexte, la motorisation des
ménages et/ou des personnes est aussi à écarter. Elle ne
peut pas non plus dans les quinze année à venir être
responsable de la baisse de la fréquence de déplacement des
captifs du TC pour la simple raison que les jeunes d'âge actifs sont pour
la plupart des chômeurs et l'infime pourcentage de ceux qui ont un revenu
ne peut pas se procurer une voiture vu le faible niveau de leur revenu. Or, en
2018, selon les projections, la population de l'AMP sera majoritairement une
jeune population. Si dans les pays riches à partir de 20 ans, les jeunes
ont une mobilité relativement élevée et sont en
général de gros utilisateurs d'automobile à
Port-au-Prince, la motorisation ne concerne qu'une minorité
privilégiée et restera longtemps encore dans cette situation.
Cependant, d'une commune à l'autre, selon l'ampleur de la motorisation
des résidents et la proportion de personnes mobile les
difficultés liées au déplacement peuvent être
variables. A ce sujet, revenons au tableau 1.1 (p.3) où les voitures
privées représenteraient 70.15% du parc automobile de l'AMP en
1996 soit 36454 véhicules dont les communes de Port-au-Prince
absorbaient 73.16%, Pétion-Ville et Kenscoff 16. 22%, Carrefour et
Gressier 3.9%, Delmas 6.4%. Avec une constance de 167.57% d'augmentation on
arriverait en 2018 à 61 086 voitures privées qu'on suppose
être reparties dans le même ordre. Donc, cela ne pourra en rien
contribuer à la baisse des fréquences de déplacement
annuel des captifs du TC dans l'AMP voire dans les communes.
Cependant comme les données du parc automobile en
provenance du MTPTC et du Service de la Circulation et de Contrôle des
véhicules ne sont pas distribuées par groupe d'âge mais le
sont pour certaines communes on considère que de 0 à 14 ans, les
déplacements motorisés sont dus à des motifs
d'accompagnement. Ainsi 35% de ce groupe font partie de ceux-là qui dans
toutes les communes sont soit des auto-passagers, des piétons etc. Ces
35% comme les propriétaires de voitures privées et ceux-là
qui conduisent des voitures et/ou camions d'institutions privées/
publics et autres sont exclus du lot des captifs de transport en commun et en
conséquence sont exclus de la population mobile des usagers de tap-tap.
Cependant dans la commune de Port-au-Prince vu la proximité plus ou
moins partagée entre les services et les résidences cette
même catégorie représente 42.94%. Donc ces exclus de la
population des captifs du transport en commun, qualifié par nous de APBM
(Auto-passagers, Piéton, Byicyclette, Moto) sont beaucoup plus nombreux
dans la commune de Port-au-Prince que dans les autres communes de l'AMP. Cela
s'explique du fait que la commune de Port-au-Prince se confond avec le centre
même des activités économiques dans l'AMP. Ceux-là
qui y résident font un choix d'exploitation rationelle du temps qui est
une ressource rare et une ressource économique propre selon
M.Polèse. Ce n'est pas sans raison que cette commune soit,
démographiquement la plus dense et la plus bidonvillisée en
témoignent les tableaux 5.3 et 6.1 de notre essai.
Dans les groupes d'âge 15-64 ans et 65 + tous les modes
sont inclus tenant compte des mêmes considérations au tableau 6. 3
(p. 20)
Tableau 6.8.- Population mobile approximative par grand groupe
d'âge et par commune pour les différents modes de transport dans
l'AMP (2018)
Mode de trans
|
Port-au-Prince
|
Pétion-Ville & Kenscoff
|
Carrefour&Gressier
|
Delmas
|
0 - 14 15 - 64 65+
|
0 - 14 15 - 64 65+
|
0 - 14 15 - 64 65+
|
0 - 14 15 - 64 65+
|
V.privée
|
|
43796
|
894
|
|
9710
|
198
|
|
2335
|
47
|
|
3831
|
78
|
Autres
|
|
7955
|
81
|
|
567
|
6
|
|
127
|
2
|
|
311
|
3
|
APBM
|
257966
|
538257
|
30583
|
22999
|
47988
|
2727
|
81621
|
170306
|
9679
|
68378
|
142673
|
8108
|
TC
|
342795
|
663503
|
39666
|
42713
|
89122
|
2931
|
151583
|
313821
|
17928
|
126988
|
260824
|
14979
|
Source : les nombres résultent à partir des
calculs d'un ensemble de données de l'IHSI, MTPTC, SCVC et Le
nouvelliste
La proportion des personnes mobile un des paramètres de
la demande, au regard du tableau 6.8, ne serait pas la même dans toutes
les communes et varierait à l'intérieur même des communes
dépendamment du groupe d'âge.
Tableau 6.9.- Proportion des personnes mobiles du TC par
commune et groupe d'âge (2018)
Groupe d'âge
|
Port-au-Prince
|
Pétion-ville & kenscoff
|
Carrefour & Gressier
|
Delmas
|
Pop. P. mobile PM/P
|
Pop. P.mobile PM/P
|
Pop. P.mobile PM/P
|
Pop P.mobile PM/P
|
0 - 14
|
342795
|
600761
|
1.75
|
65712
|
42713
|
.65
|
233204
|
151583
|
.65
|
195366
|
126988
|
.65
|
15 - 64
|
1253511
|
663503
|
.52
|
147387
|
89122
|
.60
|
486589
|
313821
|
.64
|
40769
|
260824
|
.63
|
65+
|
71224
|
39666
|
.55
|
5862
|
2931
|
.5
|
27756
|
17928
|
.64
|
231
|
14979
|
.64
|
Total
|
1669530
|
1303930
|
2.82
|
218961
|
134766
|
1.75
|
747449
|
483332
|
1.93
|
626173
|
40271
|
|
1.92
|
Source : les nombres résultent à partir
des calculs d'un ensemble de données de l'IHSI, MTPTC, SCVC et Le
nouvelliste
A souligner que la proportion des personnes
mobiles aurait traduit la dépendance forte ou faible du groupe
vis-à-vis des moyens de transport en commun. Ainsi, dans la commune de
Port-au-Prince les captifs du transport en commun les plus dépendant
appartiendraient au groupe d'âge (0 - 14 et 65+). Dans les communes de
Pétion-Ville et kenscoff, les plus dépendant se retrouveraient
dans les groupe d'âge(0-14 et 15-64), à Carrefour et Gressier
dans le groupe d'âge (0-14) et à Delmas dans les groupes
d'âge (0-14 et 65+).
La proportion des personnes mobiles n'est pas une variable de
la fréquence mais elle fait varier la demande. Alors, le taux de la
demande de mobilité, via le transport en commun serait beaucoup plus
grand chez les groupe d'âge (0-14 et 65+) dans la commune de
Port-au-Prince que chez le groupe (15-64) et, ainsi de suite selon l'ordre
PM /P des communes susmentionnées. C'est peut être dans cet
esprit que Y. Bussière a avancé : « une
population croissante n'implique pas nécessairement une hausse de la
demande de transport des personnes et inversement, une population
décroissante n'entraîne pas automatiquement une baisse de la
demande.» ? (Y.Bussière, 1990, 326)
De toute façon pour faciliter l'accès minimal
aux Centres des Affaires de l'AMP, les planificateurs urbains doivent tenir
compte d'un ensemble de paramètres dont l'espace de notre essai, en
raison de ses limites, est incapable d'approfondir. Toutefois, cela ne peut
nous empêcher de faire certaines recommandations.
CHAPITRE VII.- POUR LE DROIT AU TRANSPORT EN COMMUN
DES PERSONNES.
7.1.- Introduction.
La distance à parcourir implique l'interaction
spatiale manifeste par les déplacements des personnes ;
déplacements qui ne sont pas toujours faciles en raison de plusieurs
facteurs liés à la spontanéité et à la
ségrégation de l'espace port-au-princien qui rendent difficile
l'accès à presque tous les secteurs de la ville.
Tous les résidents de l'AMP sont victimes de cette
situation. Mais ceux-là qui ne peuvent pas se procurer d'une automobile
le sont encore davantage du fait de l'incommodité des moyens de TC, de
la "tarification excessive", de la modification des itinéraires, et
surtout du désordre urbanistique qui s'accentue au jour le jour. Ils
sont nombreux voire majoritaires, car l'automobile est de l'apanage exclusif de
gens à grand revenus. P. Merlin , citant Alfred Sauvy, a
dénoncé le rôle de prestige social joué par
l'automobile depuis longtemps. Elle est, dit-il, le mode
privilégié des déplacements hors du centre et aux heures
creuses. Alors, le confort, l'intimité et l'accès aux multiples
possibilités de la ville ne sont réservés qu'à une
minorité de privilégiés.(P.Merlin, 1992, )
Cette situation prévaudra longtemps encore. Cependant
comment doivent réagir les pouvoirs publics pour assurer une bonne
desserte aux captifs des moyens de TC de tous les secteurs de l'AMP ?
Une analyse succincte, des réalités
évoquées eu égard à la théorie des lieux
centraux et à la théorie des services publics, va nous permettre
de dégager des possibilités qui seront profitables à tous
les usagers du système de T.C de l'AMP.
7.2.- Le droit au transport en commun des
port-au-princiens.
Le droit au transport fait appel à un ensemble de
règles de conduite qui doivent régir les rapports d'une part,
entre conducteurs et usagers de T.C, d'autre part, entre utilisateurs de la
voirie mais aussi, elle renvoie, surtout, à la finalité du
transport en commun qui consiste à offrir à tous ces usagers
l'accessibilité minimale. Entendons par-là, une desserte de tous
les quartiers de la ville, à des tarifs accessibles à toutes les
couches de la société port-au-princienne.
Mais la structure urbaine de Port-au-Prince, dans ce
contexte, ne s'y prête pas trop. Toute sa problématique condamne
la majorité des port-au-princiens, quand ils ne résident pas dans
le centre ou dans la zone intermédiaire, à effectuer de longues
marches à pieds pour pouvoir atteindre l'une des lignes principales du
TC. Cela traduit non seulement l'absence d'une bonne politique de transport
mais aussi et surtout l'absence et / ou le non-respect des normes d'urbanisme.
Le rôle de l'Etat haïtien, en ce sens, laisse à
désirer. Car, il est de son ressort de concevoir la forme urbaine et de
faire implanter et édifier des infrastructures pouvant donner corps
à la ville. La tracé des rues, par exemple, quelque soit le
patron routier adopté est l'une des démarches fondamentales qui
peut témoigner de la volonté des pouvoirs publics à
faciliter l'accès à la ville.
Or, depuis la fin des années cinquante le tracé
des rues de l'AMP épouse la spontanéité des quartiers
érigés par des lotisseurs informels en marge de toutes normes
d'urbanisme. De Pétion-ville à Carrefour en passant par le Centre
historique de l'AMP le bâti précède toujours le
tracé. En conséquence, les voies de circulation deviennent le
fruit de l'improvisation et sont presque souvent implantées au mauvais
endroit avec des largeurs d'emprise nettement irrégulières.
D'où « l'expression de rues corridors »
évoquée en Haïti pour traduire dans ces quartiers-là
les difficultés des conducteurs de véhicules motorisés. En
effet il est souvent impossible à deux conducteurs arrivant en sens
inverse à pouvoir circuler, aisément, dans ces rues. De ce fait
l'entente ou la mésentente, entre les conducteurs, tient lieu de normes
et de signalisation routière. Des corrections de cet état de
chose sont nécessaires car `'la disposition du réseau routier (la
trame des rues) détermine très largement la morphologie
générale du tissu urbain, la localisation des activités
ainsi que la rentabilité et l'efficacité des autres services et
infrastructures.'' (P. Y. Goay, 1987, 162)
Selon la théorie des lieux centraux, eu égard
à la demande de transport en commun qui dans 10 à 15 ans sera
à la hausse, l'espace de Port-au-Prince devra s'organiser de sorte que,
de la périphérie au centre en passant par la zone
intermédiaire, les port-au-princiens puissent se déplacer sans
trop grande difficulté. Mis à part la grandeur de la distance,
le temps du trajet ne doit pas être pénible. Pour cela, les
pouvoirs publics ont tout intérêt à faire respecter des
normes d'urbanisme pour susciter un type d'aménagement qui, en
matière de classification de l'espace, trouvera le juste
équilibre entre le bâti, les fonctions urbaines et la circulation.
`'La création de quartiers intégrant dans un même ensemble
plusieurs fonctions urbaines, écrit P. Goay, permet de réduire
les temps et les frais de déplacement ( ... ) et de rendre plus
accessible la centralité urbaine.'' (1987, 143)
Il est évident que la population de l'AMP augmentera
considérablement dans 15 ans. Avec sa forte densité d'occupation,
l'AMP mérite d'être reconstruite ou du moins d'être
retracée tout en surveillant la proximité des aires à
haute densité et des voies de circulation importante. Ces aires doivent
bénéficier d'un accès direct aux voies collectrices ou
principales afin que la circulation qu'elles engendrent n'encombre pas les rues
locales des aires à plus basse densité. L'intervention de l'Etat
dans, ce sens, devra se rapprocher de la méthode d'Haussmann. En effet,
il faudra à partir de l'existant modifier la structure urbaine en
associant le plus étroitement possible les ensembles résidentiels
au réseau du TC de l'AMP afin de desservir le mieux possible le plus
grand nombre de personnes. Cela ne pourra pas être réalisé
en l'absence d'une certaine forme de violence. Par contre, les coûts
d'expropriation qu'entraînera une telle initiative seront moindres par
rapport aux avantages que la société port-au-princienne tout
entière en tirera. Les effets externes d'une telle
initiative seront à la fois positives et négatives mais
beaucoup plus positif. A ce sujet, L-N Tellier parle d'effet externe de
répartition comme pour expliquer le bon côté, pour
l'ensemble de la communauté, d'un ou de plusieurs changements qui ne
sont aucunement associés à des changements dans la
capacité de l'économie de répondre aux besoins des
citoyens.
En conséquence il serait bon que l'intervention, des
pouvoirs publics, soit faite sous l'égide du principe de
l'amélioration potentielle de Pareto. Suivant ce dernier :
`' Un projet contribue à s'approcher de l'optimum social s'il
permet d'augmenter l'efficacité générale de
l'économie tout en offrant la possibilité de dédommager
ceux qui sont affectés par le projet à l'aide de contributions
payées par ceux qui tirent profit du projet, ce qui implique qu'une fois
ces contributions payées, ceux qui bénéficient du projet
pourraient encore jouir d `une meilleure situation qu'auparavant.'' (L-N
Tellier, 1994, 169)
L'approche parétienne, à notre avis est
correcte et peut renforcer la démarche haussmanniene, avec bien entendu
une certaine nuance, car L-N Tellier dans le même paragraphe
souligne : `' Le critère de l'amélioration potentielle
n'exige aucunement que les transferts soient effectués
réellement ; il exige uniquement que ces transferts soient
possibles. `' (idem)
L'accès au centre, via le transport en commun, doit
s'inscrire dans la catégorie des projets qui pourront contribuer
à l'optimum social. Tous les enjeux relatifs au transport dans
l'ambiance port-au-princienne peuvent garantir cet optimum, il suffit que les
pouvoirs publics s'y engagent :
sur le plan humain, les inégalités face au
transport sont patentes. Seulement 17.20% du parc des véhicules de l'AMP
étaient consacrés aux véhicules publics contre 70.15% de
véhicules privés. Or ce pourcentage de véhicules
privés ne représentait qu'un effectif de 36454 véhicules
pour une population de 1498686 habitants de l'AMP en 1996. Déjà
en 1977, l'Etude nationale des transports, réalisée par Louis
Berger International pour le compte du MTPTC, prévoyait que le nombre de
propriétaires de véhicules dans la capitale, à partir de
1991, devant croître moins vite que dans les autres régions du
pays. Cela impliquera, d'abord, des taux de pourcentage moindre de
disponibilité complète d'une automobile et de ménage
motorisé (captivité relative) et, ensuite, l'augmentation du taux
de ménage non motorisé (captivité absolue) et d'exclus
(ceux n'ayant pas d'accessibilité minimale). Les captifs du TC, en
conséquence, seront en très grande quantité dans l'AMP.
sur le plan économique l'utilisation de l'automobile
est trois à quatre fois plus coûteuse en énergie que celle
des transports en commun.
sur le plan environnemental le coût social des
nuisances (bruit et pollution de l'air) est au moins dix fois (bruit), voire
vingt fois (pollution de l'air) plus faible pour les transports en commun que
pour l'automobile.
sur le plan spatial l'automobile consomme au moins quinze
fois plus (migrations alternantes) ou sept fois plus (déplacements pour
d'autres motifs) d'espace que les transports en commun.
Le rôle régulateur de l'Etat doit pouvoir
garantir l'optimum social du service public de transport en commun qui, sur les
plans économique, environnemental, spatial, est d'un grand
intérêt pour l'espace port-au-princien mais qui surtout satisfait
un droit au transport aux foyers non motorisés et plus
généralement à toutes les personnes ne pouvant jouir le
privilège offert par un véhicule individuel (à l'instant
où elles ont besoin de se déplacer). `'Les pouvoirs publics,
écrit Jacqueline Marchand, « détenteurs du pouvoir de
coercition, semblent même seuls capables d'imposer les solutions
collectives les plus efficaces pour transformer des équilibres non
satisfaisants, agir sur les comportements d'acteurs privés,
répondre à des demandes non satisfaites, et ainsi, modifier
l `allocation des biens, la redistribution des revenus et réguler
l'activité.`' (1999, 20)
En effet dans une synthèse de leurs fonctions
(affectation, redistribution et stabilisation) les pouvoirs publics pourront
participer à l'efficacité économique de la production du
service public des transports à Port-au-Prince.
Vu l'incapacité du marché de transport à
satisfaire convenablement les déplacements des port-au-princiens, les
pouvoirs publics, dotés des attributs budgétaires et fiscaux,
pourront suppléer les carences et les défaillances de ce
marché en intervenant au niveau de l'offre de TC par un mode
d'affectation ou d'allocation des ressources.
Les plus nécessiteux ou en d'autres termes les captifs
absolus du TC se sentiront, alors, assistés ou protégés
par l'Etat providence qui est acteur et partenaire des politiques d'assistance
sociale et des opérations de sécurité qui échappent
en grande partie au marché.
Les mécanismes spontanés du marché du
transport en commun à Port-au-Prince méritent, en effet,
d'être améliorés. En raison de leur fonction de
stabilisation ou de régulation les pouvoirs publics ne pourront pas
laisser évoluer l'offre de TC dans la situation actuelle.
L'instrument de justice sociale que représente la
fiscalité garantit toutes les marges de manoeuvre de l'Etat et son
efficacité.
A ce niveau intervient la question des finances publiques.
C'est de là que peut venir l'instrument de justice social que
représente la fiscalité (outil de redistribution des revenus et /
ou des patrimoines). Cependant, les pouvoirs publics s'en serviront tout en
tenant compte du dilemme efficacité équité.
C'est-à-dire, ils procèderont à partager l'impôt
soit en suivant la conception de l'équivalence, (au prorata des
bénéfices ou des coûts), soit en fonction des
capacités contributives, donc des revenus et / ou des patrimoines.
L'efficacité économique, écrivent G.
Gilbert et A. Guengant implique de rattacher les paiements aux avantages de
consommations collectives retirés ou aux coûts induits par les
usagers. Dans cette perspective, la tarification (ou plus exactement la
souscription) constitue le mode de financement le plus performant. " (1998,
22-23)
A Port-au-Prince l'intervention des pouvoirs publics, en
matière de TC, accepte cette logique, sans, pourtant, la faire
respecter. Les usagers du TC paient un service dont la production est de
très mauvaise qualité et dont le tarif fixé par les
pouvoirs publics n'est pas respecté. Nous avons, déjà,
évoqué `'le surplus du consommateur''comme pour expliquer le
côté inique dont sont victimes, particulièrement, les
captifs du TC dans l'AMP et, comme, aussi, pour dégager le paradoxe de
ce qu'ils n'auraient pas dû consentir sur un marché conccurrentiel
à l'instar de celui du TC dans l'AMP. Cependant, il est évident
que les pouvoirs publics n'ont rien fait pour l'organiser, c'est un
système abandonné à lui-même. Dans ce contexte les
règles de fonctionnement du système dépendent des caprices
du conducteur et le tarif ne fait pas exception à la règle.
L'accessibilité minimale devient un casse-tête. Captifs et
non-captifs du TC jouissent des avantages qui sont sous-payés et/ou
qu'ils payent exagérément si on reste dans la logique du surplus
du consommateur. Il y a un manque à gagner pour toutes les
collectivités du fait que les pouvoirs publics de l'AMP n'ont pas su
concilier efficacité et équité dans la gestion du TC en
laissant, aux mains des conducteurs et propriétaires de tap-tap, un
ensemble de décisions vitales au bon fonctionnement du
système.
La logique de l'optimum social doit inspirer les pouvoirs
publics de l'AMP quant aux décisions à adopter en faveur de la
collectivité. Aux dire de G. Gilbert et A. Guengant, ils doivent savoir
que `'les transports collectifs urbains procurent de l'utilité à
la fois directement aux voyageurs, sous la forme d'un service de
déplacement mais également indirectement aux automobilistes, en
réduisant la circulation des véhicules individuels, donc la
congestion du trafic et la pollution. Or l'usager des Transports collectifs
n'acceptera pas de payer le service rendu au-delà du bien-être
personnel retiré du déplacement et donc de financer
volontairement les économies, dites externes, créées au
profit des non-utilisateurs. Un financement fiscal complémentaire devra
par conséquent être institué pour répartir les
charges effectivement au prorata des services rendus conformément aux
règles de l'efficacité économique; même si la
tâche s'avère dans la pratique délicate faute de pouvoir
toujours évaluer avec précision le partage des avantages
personnels et collectifs. `' (1998, 23)
Donc le transport collectif à Port-au-Prince doit
être repensé et pris en charge par les pouvoirs publics. Ils
peuvent ne pas vouloir ou n'avoir pas la capacité financière de
s'impliquer entièrement dans le financement et la gestion du
système. Mais ils doivent pouvoir mobiliser les financements
privés pour alléger la charge imposée aux finances
publiques et, plus encore, pour favoriser un partage des risques, renforcer les
mécanismes de responsabilité et de suivi et améliorer la
gestion dans la fourniture du service. Un cadre de partenariat, alors, se
dessine et s'impose. Mais, quelle forme doit-il revêtir ?
7. 3.- Partenariat pour le droit au transport en
commun des port-au-princiens
Le transport collectif urbain est classé dans la
catégorie des services publics urbains avec externalités. Le mode
de financement approprié résulte de la combinaison de tarifs et
d'impôt (tarifs subventionnés) selon l'importance des
externalités. Partout, où les pouvoirs publics subventionnent le
transport en commun deux motifs sont visés :
favoriser son utilisation à la place des modes
individuels de transport (automobile, motocyclettes, etc.) plus souples, plus
rapides et souvent plus confortables mais qui créent de la congestion et
de la pollution ;
le rendre accessible aux usagers les plus pauvres qui ne
disposent pas d'autres moyens de déplacement.
Donc les tarifs relèvent des fonctions de l'Etat
particulièrement de sa fonction de redistribution qui vise
l'équité sociale. Car, partout ailleurs, la tarification est
décisive à partir de la capacité de payer relativement
faible des usagers. Elever le niveau de financement par une hausse du tarif
pénaliserait directement les usagers les plus pauvres. On comprend alors
pourquoi les tarifs ne permettent pas de récupérer les
coûts d'investissements et, dans certains cas les coûts
d'exploitation surtout dans l'AMP où les conditions
d'insalubrité, jointes aux inconvénients infrastructuraux de la
chaussée (problèmes d'urbanismes), hativent l'épuisement
mécanique de tout véhicule motorisé. Une telle situation
ne fait qu'attiser la méfiance de l'investisseur privé.
Pourtant, il est prouvé que les captifs du TC sont
prêts à payer beaucoup plus, soit pour gagner du temps, soit pour
voyager confortablement. Le coût d'option en ce sens est très
fort. Il serait, alors, opportun que les pouvoirs publics exploitent cet esprit
de surplus du consommateur pour favoriser une meilleure mobilité des
port-au-princiens en l'insérant dans un type de partenariat qui pourra
réunir le public et le privé (PPP).
La Banque Mondiale, à ce sujet, a défini cinq
(5) types de partenariats (la sous-traitance, la concession d'exploitation,
le leasing , la construction-exploitation-transfert et la privatisation)
dont le type de partenariat approprié à notre démarche
est : la concession d'exploitation (Contrat par lequel une
entreprise privée prend la responsabilité de financer
l'acquisition d'équipements, de gérer l'exploitation et de
collecter les recettes. Selon le cas, l'entreprise privée verse une
redevance à la municipalité ou reçoit une subvention)
Evidemment notre choix tient compte du mode de
propriété des moyens de TC qui est à caractère
privé mais atomisée. Les pouvoirs publics doivent intervenir dans
le sens de favoriser une transformation de la propriété
privée atomisée en propriété privée
collective ou associative. Voilà pourquoi aussi, parmi les quatre
options stratégiques (ABCD) définies par la Banque Mondiale pour
faciliter une bonne coopération entre les différents partenaires
nous proposons l'option `'C'' qui prévoit : la
propriété privée et l'exploitation privée et
dont les conditions d'exploitation exigent :
la restructuration éventuelle des secteurs
concernés en fonction des impératifs de la concurrence,
l'élimination des entraves matérielles et
juridiques à la privatisation ( par exemple, élimination des
restrictions d'accès au crédit et des systèmes
d'allocation de devises),
la mise en place d'une réglementation visant à
sauvegarder l'intérêt public lorsque la discipline imposée
par les lois de la concurrence n'est pas suffisante et à garantir au
besoin l'accès aux réseaux des entreprises privées
nouvellement implantées dans le secteur.
Dans ce contexte, nous proposons aussi aux pouvoirs publics de
mettre en oeuvre une politique qui viserait à inciter l'investissement
de capitaux privés (autochtones et/ou étrangers) dans les
infrastructures de transport. Bien entendu, il faut qu'ils soient capable de
prouver aux investisseurs, à partir des critères d'analyses qui
reflètent le potentiel plus ou moins grand de gestion d'un service
public sur une base commerciale, la possibilité qui leur est offerte de
participer à la fourniture des services d'infrastructure comme le
transport collectif. La Banque Mondiale a établi cinq (5)
critères caractéristiques qui déterminent la
commercialisabilité des activités d'un secteur d'infrastructure.
La moyenne des notations portées à chaque caractéristique
correspond à l'indice de commercialisabilité variable de 1
(très peu commercialisable) à 3 (très commercialisable).
Pour le TC le tableau 7.1 illustre ce que pourrait être l'indice de
commercialisabilité au regard des cinq critères.
Tableau 7.1.- La cote de l'indice de
commercialisabilité du service offert par les tap-tap* de l'AMP.
Type de service
|
Potentiel
de concurrence
|
Caractéristiques du service
|
Potentiel de recouvrement des coûts par la
tarification
|
Obligations de service public (souci
d'équité)
|
Externalités environnementales
|
Indice de commercialisabité
|
Tap-Tap*
|
Elevé
|
Collective
|
Elevé
|
Beaucoup
|
Moyennes
|
2.4
|
Source : Banque Mondiale (1994), Rapport sur le
développement dans le monde.(une infrastructure pour le
développement)
*Tap-Tap : Terme générique désignant des
moyens de TC routier dans l'AMP
L'indice de commercialisablité à valeur 2.4
dégage la possibilité de participation du secteur privé
à la fourniture des services d'infrastructure du transport en commun
(tap-tap)dans l'AMP. Pour assurer l'efficacité des services
d'infrastructure, la Banque Mondiale pense que : `'Lorsque les conditions
de l'activité économique sont incertaines ou en pleine
mutation(ce qui est le cas dans les économies à faible revenu et
dans les économies de transition), il peut être plus facile
d'inciter les entreprises privées à s'implanter dans les secteurs
d'infrastructure en leur proposant des arrangements contractuels - d'une part,
parce que les clauses des contrats peuvent être spécifiées
par avance et, d'autre part, parce que la formule n'implique aucun transfert de
propriété. Cette formule limite aussi le volume des capitaux
privés exposés.''(1994, 124)
CONCLUSION.
Le transport en commun à Port-au-Prince dans
l'état actuel des choses exige une remise en question
systématique de l'urbanisation et de l'urbanisme de cette ville. De ce
fait, les pouvoirs publics doivent chercher à établir à
moyen et long terme une certaine cohérence entre le spatial, le social,
l'économique et la mobilité. Ceci dit, planifier le TC passe par
la planification de la forme urbaine pour pouvoir assurer
l'accessibilité minimale.
Dans ce contexte, la distance entre les zones
résidentielles et de services doit être calculée en
fonction du temps à parcourir à pieds et/ou au moyen de
véhicules motorisés. L'espace port-au-princien, peut-on se dire,
est saturé au point qu'il ne laisse pas de marge à ce type de
calcul. Mais, les pouvoirs publics ne peuvent pas continuer à assister
à l'évolution désordonnée de l'espace dans le sens
de la bidonvillisation. L'impact d'une pareille situation sur le TC est
négatif. L'indicateur de base est sans conteste l'insalubrité de
cette ville qui renforce, au moindre averse, la paralysie totale de la
circulation. Deux (2) à trois (3) heures de trajet et parfois plus en
véhicules motorisés pour une distance qu'on aurait dû
franchir, même à pieds, dans une durée moindre. Les captifs
du TC en sont les principales victimes. Ils sont pénalisés, non
seulement, par l'incommodité des moyens de TC mais aussi, ils paient,
parfois, un tarif trois (3) à quatre (4) fois plus que celui
"légalement proposé". Cela peut être
interprété comme le surplus du consommateur ou le maximum qu'ils
seraient prêts à payer, perfas et nefas, pour arriver à
destination.
Voilà qui traduit l'absence quasi totale du droit au
transport des port-au-princiens. Cet état de non justice sociale est
appelé à perdurer si les pouvoirs publics n'agissent pas vite et
avec efficacité. Car, la population de l'AMP, non seulement, augmente
mais restera jeune pendant des decennies. Or avec le bas revenu per capita
l'automobile pendant longtemps encore sera de l'apanage exclusif d'une infime
minorité. Cela implique que la tendance à la demande deTC sera
à la hausse.
En conséquence, les pouvoirs publics ont tout
intérêt à agir dans le sens de l'optimum social. Leur cadre
d'intervention peut s'adapter aux conditions de l'efficacité des
services d'infrastructures définis par la Banque Mondiale. La concession
d'exploitation, dans ce contexte, est le type de partenariat approprié
au regard de l'option stratégique : la propriété
privée et l'exploitation privée.
Alors, pour une nette efficacité du système, il
faut dès à présent, à partir d'enquête,
auprès des transporteurs et des ménages, obtenir des informations
quant à l'offre et la demande pour une analyse de la mobilité et
du `'choix modal''. Le comportement du transport, ainsi obtenu, servira de
modèle à être projeté sur des données
exogènes au transport à savoir : l'évolution
démographique, économique et l'étalement de l'AMP. A ce
niveau s'impose toute une démarche prospective sur l'évolution
probable des comportements en guise de prévisions de la mobilité
globale, de la distribution géographique des déplacements, de la
répartition horaire, de la répartition par itinéraire.
Cette démache suppose être globale et itérative et se
traduira par la fixation des paramètres, des modèles
mathématiques, en vue de leur application aux prévisions
exogènes.
Voilà comment on peut arriver à connaître
sinon planifier, la demande future qui exigiblement fera appel à des
réseaux de transport optimaux. Ces derniers seront
déterminés `'par comparaison de la demande prévue à
l'offre actuelle puis par une évaluation des gains de coût
généralisé et des accessibilités, l'étude de
la rentabilité des infrastructures nouvelles ainsi envisagées, la
préparation d'une décision de réalisation(ou non) et d'un
échelonnement dans le temps des investissements.''(cf. Dictionnaire de
l'urbanisme et de l'aménagement)
On ne saurait prévoir ou planifier tout cela sans
envisager des études d'impact de façon à pouvoir limiter
les dégâts pour les générations futures.
Tout cela constitue la démarche à suivre pour
que dans dix (10) à quinze (15) ans, les pouvoirs publics ne soient pas
pris au dépourvu par une demande de mobilité excessive
occasionnée par des facteurs exogènes et qui pourraient,
éventuellement, inciter certaines personnes à éluder des
déplacements, qu'elles auraient souhaité effectuer, faute de
moyen de transport commode, faute des difficultés de la circulation et
faute d'argent suffisant pour payer les frais de transport.
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37) Textes de cours.
A- il embrasse le Blvd Jn-Jacques Dessalines à partir
de Portail Léogane Côté Nord et fini au Carrefour de
l'Aviation côté Sud. A partir de ces deux
extrémités, ce centre des affaires s'étend à
l'Ouest sur le Blvd Harry Truman, le Blvd La Saline qui rencontre le Blvd Jn
Jacques Dessalines au Sud, longeant la route de Delmas jusqu'à Delmas 2,
franchit la rue St-Martin, la zone du Belair, la rue Lamarre, l'Avenue Magloire
Ambroise, la rue Nicolas, l'Avenue Monseigneur Guilloux, la rue Oswald Durand
pour se refermer sur le Blvd Jn Jacques Dessalines (Portail Léogane).
C'est aussi dans ce centre qu'on retrouve les marchés publics aux
rayonnements national et régional (croix-des-bossales, vallière
ou en fer, Hyppolite, tête boeuf et marché Salomon),
B- . Il commence au Blvd Jn-J. Dessalines côté
sud, particulièrement au carrefour de l'aviation longeant à
l'ouest la route de Delmas jusqu'à Delmas 31 se dirigeant au Nord-Est
sur la route nationale 1 jusqu'au niveau de poste cazeau, bifurque vers la
route de l'Aéoport et se referme sur la route de Delmas carrefour de
l'Aéoport,
C- le troisième occupe les quartiers de Pacot, Turgeau,
Bas Peu de Chose, autrefois de `'renommée bourgeoise'', il y a plus d'un
demi-siècle. Il regroupe en particulier des activités de services
relatifs à l'enseignement primaire, secondaire, universitaire et
autres.
* 1 IHSI, EBCM 1999-2000
(population, ménages et emploi), Port-au-Prince, Nov 2000, Vol.I. P.
* 2 MTPTC, Etude Nationale
des Transports, Rapport définitif (Le secteur des transports en
Haïti), Louis Berger International inc, Août 1977, Tome II.
* 3 ibid tome 3
* 4 Nom donné à un
moyen de transport en commun dans l'AMP (Cf. T. Direny, Le tap-tap bwafouye
face à l'urbanisation de Port-au-Prince, Mémoire de licence,
UEH, Faculté d'ethnologie, Novembre 1999)
* 5 Transter et Transvert furent
deux compagnies éphémères de TC disparues avec les
coopératives 15% le mois
* 6 Coordination des
Unités Techniques de Planification et de Programmation (MTPTC),
Diagnostic sectoriel, Janvier 1999.
* 7 IHSI, EBCM 1999-2000,
Revenus, dépenses et consommation des ménages, Janvier
2001, Vol. II
* 8 R. Ghiglione et B. Matalon,
Les enquêtes sociologiques (Théories et pratiques),
Armand colin, Paris 1978, P.11
* 9 M. Polèse,
Economie urbaine et régionale (Logique spatiale des mutations
économiques), Economica, Paris, 1994. P.39
* 10 ibid P.40
* 11 F. Ascher et J.Giard,
Demain la ville (Urbanisme et politique), Ed. Sociales, Paris, 1975,
PP. 25, 100
* 12 idem
* 13 M. Polèse, ibid
P.50
* 14 J.P. Durand et R. weil,
Sociologie contemporaine, Vigot, Paris, 1978, P.226
* 15 P. Merlin et F. Choay,
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* 16 IHSI, Tendances et
perspectives de la Population d'Haïti au niveau régional
(département, arrondissement et commune 1970-2005), Port-au-Prince,
1992. P.27
* 17 IHSI,
Haïti : Projection de la population totale par arrondissement et
par commune, Port-au-Prince, 1997
* 18 IHSI, EBCM 1999-2000
(Population, ménages et emploi), Port-au-Prince, Novembre 2000.Vol.
I
* 19 IHSI, op cit
* 20 ibid
* 21 IHSI, EBCM 1999-2000
(Revenus, dépenses et consommation des ménages),
Port-au-Prince, Janvier 2001, Vol. II, P. 27
* 22 Système des Nations
Unies en Haïti, Haïti bilan commun de pays, Imp. Henri
Deschamps, Port-au-Prince, décembre 2000, P.39
* 23 S. Wachter, Economie
politique de la ville (les politiques territoriales en question).
L'Harmattan, Paris, 1998, P.55
* 24 C'est ce que nous a
révélé une enquête auprès du Service des
Impôts de la DGI et de 15 études notariales de l'AMP.
* 25 IHSI, Enquête
industrielle de 1999 (Résultats définitifs), Port-au-Prince,
Septembre 2000. P.3
* 26 IHSI, Recueil de
statistiques sociales, Port-au-Prince, Août 2000. P. 39
* 27 Système des Nations
Unies en Haïti, op. cit. P.3
* 28 IHSI, EBCM 1999-2000,
Novembre 2000, op cit
* 29 ibid
* 30 M. Godet, Crise de la
prévision essor de la prospective (exemples et méthodes),
PUF, Paris, 1977. P.51
* 31 Le modèle est
inspiré de Y. Bussière et est tiré de l'ouvrage :
L'Urbanisation des pays en développement, sous la direction de
M. Polèse et J. M. Wolfe avec la collaboration de Sylvain
Lefèbre, Editions Economica, Paris 1995, pages 355 -357.
* 1
* 2 E. André, Le
nouvelliste, 4 août 1997, p.10
* 3 IHSI, EBCM 1999-2000, vol.
I, p. 53
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